come as your are. (kayden)

Une invitation lancée, c'est sa mère qui lui a forcé la main pour accepter de se montrer à cette soirée. Vas-y Scar, ça te changera les idées. Et puis Noah tu le connais depuis longtemps, ça lui ferait plaisir de te revoir. Elle a soupiré devant le regard plein d'espoir de Maria, devinant l'intention de trouver un gendre idéal pour sa fille. Noah vient d'une bonne famille, Noah est sérieux, Noah est beau. Mais Noah l'exaspère au plus haut point avec son masque de perfection. Pourtant elle a accepté en serrant les dents, pas pour l'hôte, mais seulement pour l'occasion offerte d'éloigner ses chimères de son crâne. Il suffit de se coller un sourire aux lippes pour faire semblant de s'amuser, Scar connait bien ce genre de techniques. Se fondre dans la foule désinvolte pour s'approprier les avantages sans devoir subir les questions indiscrètes des autres invités. Un caméléon avec des crocs. Peu disposée à faire des efforts pour cette escapade nocturne, elle se prépare en quelques minutes avant d'affronter le froid d'Exeter. Vent givré qui lui mord la peau, douce crampe qui fait pointer les poils de ses bras couverts seulement par le tissu de sa veste. Les menottes sont serrées dans ses poches, elle tente de se persuader que ce n'est pas une mauvaise idée, que c'est une occasion pour elle de s'enfuir loin de ces murs qui suintent la colère et les souvenirs acerbes. La lâcheté qui semble se lire sur l'empreinte de ses pas légers. Paranoïa dangereuse qui compacte son encéphale, brouille les sensations déjà bien trop bancales. C'est à contrecœur qu'au bout de quelques minutes interminables, l'immeuble de ce Noah se dessine devant ses yeux. Bienvenue dans l'antre du loup. Il y a les quenottes parfaitement alignées qui semblent briller dans la pénombre, un sourire à l'intention de Scar qu'elle se force à rendre par pure politesse. Cette fête est la parfaite représentation de tout ce qu'elle déteste. Des faux-semblants, des bouts de tissus collés aux corps pour épouser les courbes féminines, des éclats de rire factices. Elle pousse difficilement sa carcasse en direction du bar pour noyer ses émotions négatives. N'accorde pas un seul regard chaleureux en direction de la foule qui lui donne la nausée. Tout est droit, tout est propre, aucun des mots prononcés ne dépasse les limites de la bienséance. Elle suffoque Scar, contient son besoin d'adrénaline du mieux qu'elle peut et cette impression de respirer dans un bocal qui oppresse son thorax. Sa patience arrive déjà à son terme.

Regarde ce que je dois subir, tu viens me sortir de là ? Quelques mots pianotés, une photo discrète jointe au message pour montrer l'étendue des dégâts. C'est un fin sourire qui se permet de naitre sur les lippes de la brune. Elle est persuadée que Kayden va débarquer d'une minute à l'autre pour l'extirper de cet enfer incontestable. Ils se connaissent depuis l'enfance, c'est loin d'être une relation simple, leurs deux caractères explosent trop souvent pour que ce soit serein, mais ce soir c'est la première personne à laquelle elle pense. Kay' c'est son meilleur allié pour la sortir de situations dans ce genre, les deux fauves sont habitués à s'enfuir pour refaire le monde à leur façon dans une insouciance presque enfantine, les gestes d'adultes en plus. Scar chasse ses pensées dans un nouveau verre de liquide translucide, le rhum finira par avoir sa peau. La chaleur de l'alcool coule dans le fond de sa gorge, retrace le chemin de ses entrailles jusqu'à son estomac. Ça semble l'apaiser pendant quelques instants, mais pas suffisamment pour faire taire les sentiments bouillonnants dans ses tripes profondes. Elle passe ses doigts frais contre ses cervicales contractées, ferme les yeux pour ne pas exploser en pleine soirée de la Haute, ce monde qui ne lui appartient que grâce à son nom de famille. La porte d'entrée ne tarde pas à s'ouvrir sur son complice du soir, dévoilant les canines de Scar dans un sourire plus authentique. Leur petit jeu habituel peut débuter, ils peuvent rester ici pour emmerder les invités qui se tiennent droits comme des piquets ou sortir, rejoindre l'air qui parait soudainement plus vivable. Où qu'il aille, elle le suivra, marchant dans son sillage.

l'impression d'être le vilain petit canard. la tâche d'encre sur un tableau ivoirin, même des ongles aiguisés ne peuvent l'effacer de cette toile. la sensation ne date pas d'hier. des mois, des années, des décennies que ça pèse sur les épaules qui s'efforcent de rester droites. intruse depuis son enfance, la gamine rebelle qui sort du moule en refusant de marcher sur un chemin tout tracé. dans un monde idéal, elle serait devenue une notaire brillante, une habituée des soirées mondaine où le malaise n'aurait pas eu sa place. échec. rien dans ce rassemblement de superficialité ne vient faire écho à l'existence qu'elle mène. elle n'est tout simplement pas conçue pour côtoyer cet univers. pourtant c'est dans cet appartement que la boxeuse se trouve, indésirable qui a cédé à la pression maternelle. la sauveur du dégoût vient irriter ses papilles, respiration qui siffle un peu trop fort pour espérer une distance de sécurité avec les enfants de bonne famille. eux ils sont bien considérés, au moins. sos virtuel qu'elle envoie rapidement à kayden. il viendra, c'est certain, il l'a toujours fait, attiré par l'odeur de l'aventure qui doit lui chatouiller les narines. bonnie and clyde des temps modernes, môme qu'on ne peut pas séparer malgré les coups de sang. et l'impatience gagne du terrain au fil des minutes étouffantes qui défilent. son gosier assoiffé se retrouve vite apaisé, juste le temps pour son ami de débarquer à la façon d'un sauveur. ça colle un rictus sur les lippes crispées de scar. maintenant, rien ne sera pareil. bougez pauvres pantins, dansez pour décoincer vos esprits, riez avant que l'on vous force à grands renforts de cynisme, maintenant c'est nous les maitres du jeu.

silhouette masculine qui se dessine près de l'entrée, ne tarde pas à se frayer un chemin jusqu'à scar. il est là et elle ne voit plus que lui. sauveur composé de la même noirceur qu'elle, promesse d'un revirement de soirée bien plus agréable. les lèvres se trempent une nouvelle fois dans l'alcool qui lui permet de supporter l'agitation ambiante sans risquer d'exploser. cocotte-minute qui feint un contrôle alors que ça bouillonne à l'intérieur. « je t'ai attendu. » reproche évaporé dans un sourire, l'impatience teinte la plupart des mots qu'elle lâche sans les peser. princesse sans trône, reine sans en avoir le titre. les soupirs se retrouvent pour se confondre face à la réalité qui s'impose devant leurs yeux. « c'est une torture oui, il faut être fou pour venir de son plein gré. » c'est sûrement une forme de démence qui l'a poussée à accepter la suggestion prononcée de sa mère. pour ne pas la décevoir, une fois de plus. l'éclat de ses pupilles brille un peu plus fort quand kayden lance officiellement la partie, quelques mots lancés innocemment qui suffisent à tout faire démarrer. il ne leur en faut pas beaucoup pour se jeter à corps perdu dans la fosse aux lions. le contenu du verre de scar est terminé d'une traite. « si, elle voit noah comme le gendre idéal. elle s'en remettra. » ce noah ne provoque rien dans son estomac, pas de douces étincelles dans le myocarde. trop parfait, trop droit, trop tout. pas assez mauvais, trop équilibré. la noirceur est irrémédiablement attirée par la même noirceur, scar n'est pas une exception. « allons gâcher cette superbe réception. » les canines se dévoilent un peu plus quand elle commande une coupe de champagne. pas pour s'oublier, pas cette fois. le liquide pétillant entre les griffes de la maline, elle laisse son compère sur place pour se mêler à la foule. maladresse artificielle quand son épaule percute le buste de noah, renversant l'alcool hors de prix sur sa chemise trop bien repassée. la moue navrée qui se calque sur son visage n'est qu'une mascarade, à cet instant précis elle devine sa place dans le classement du bourgeois dégringoler. les traits contrariés, elle attend une réaction, n'importe laquelle. un coup d'oeil en direction de kayden suffit à lui confirmer que le jeu est bien lancé. montre-moi ce que t'as dans le ventre pour les mener à la folie.