an ember in the ashes; don.

Sa dernière visite au cabinet Love & Mattheson s’était soldée par un échec, puis une réussite. L’homme qu’elle était venue rencontrer n’était pas là, forçant la jeune femme à rentrer chez elle bredouille. Elle aurait dû rappeler pour l’avoir en ligne, ne pas faire confiance en une standardiste qui soit s’était moqué de savoir qu’elle passerait, soit qui avait passé le message mais l’avocat n’avait pas pris ses paroles en compte. Après tout, elle n’avait pas pu avoir de rendez-vous précis, l’homme absent, s’était contentée de préciser qu’elle viendrait en communiquant des informations précises mais pas officielles. Elle avait commencé par passer de couloirs en couloirs à la recherche du bureau de ce Mattheson que Marlon lui avait tant recommandé, avant de tomber sur son ancien patient en question, plus en forme que jamais. Le retrouver avait été un plaisir, Dita se sentant proche de certains visages laissés à l’hôpital après qu’elle a abandonné ses études ; Marlon en faisait partie. La journée s’était prolongée bien rapidement, ne laissant pas à la nouvelle matriarche la possibilité d’aller au bout de ses investigations parmi la brume. Mattheson était un homme occupé, dur à joindre, ou simplement incompétent. Dita décida de lui laisser le bénéfice du doute, comptant sur un nouveau coup de chance – ironique – pour parvenir à ses fins. Elle avait alors rappelé le cabinet en demandant à avoir un rendez-vous avec l’avocat ; plus fermement, elle avait affirmé avoir l’intention d’appeler tant qu’elle ne l’aurait pas. Merci Meera. La jeune femme à l’autre bout du fil lui avait signifié que Mattheson avait eu des indisponibilités ces derniers temps, pour des raisons qu’elle disait personnelles, d’où son manque de joignabilité provisoire.

Elle était finalement parvenue à obtenir un rendez-vous, après maintes excuses et des questions impersonnelles pour s’assurer qu’il ne s’agissait de rien de grave. Cela ne la regardait pas, mais ce n’était que par politesse. La date, l’heure, toutes les informations importantes avaient été écrite dans un coin de son calendrier avant qu’elle ne raccroche en se laissant glisser au fond de son fauteuil. L’idée de démarrer de telles démarches auprès de la justice l’inquiétait, mais c’était ce qui avait été le plus prudent d’après ses conseillers, la jeune femme incapable de comprendre certains pans des malheurs qui s’étaient abattus sur eux. Il lui fallait confier ses responsabilités aux mains d’un autre, d’une personne qualifiée et capable de la soulager d’un poids. Si ses intérêts personnels lui indiquaient de passer à une vengeance sans attendre, sans se soucier du reste et tant pis si la ville prenait feu, elle devait rester cohérente avec ses idées et celles de sa communauté, en ne cédant pas à la tentation des flammes. Cela attendrait donc qu’elle en ait terminé avec le reste, que l’affaire arrive à son terme, loin des autres tracas.

Lorsque le bâtiment se dressa devant elle, elle leva les yeux pour en analyser la cime. Tout lui paraissait plus grand depuis la perte de Paisley, elle aurait aimé l’avoir à ses côtés dans cette épreuve, la guider vers les bons alliés, lui signifier comment aller au terme de ces rendez-vous qu’elle aurait préféré ne jamais avoir. Mais Paisley n’était plus là et elle se sentait incroyablement seul depuis sa disparition. Elle pénétra dans le cabinet en faisant la même inspection que la première fois, se dirigeant d’un pas plus sûr vers le bureau dont elle avait déduit qu’il appartenait à la réceptionniste et avait enfin pu s’entretenir avec elle, pour qu’elle lui indique le chemin vers le bureau du Maître Mattheson. Elle partit alors en suivant la jeune femme, lui emboîtant le pas le long du couloir où elle avait rencontré, de nouveau, Marlon quelques jours plus tôt. En arrivant devant la porte, elle attendit d’être annoncée pour enfin entrer dans le bureau ; heureuse d’être enfin proche du but. La main tendue pour serrer celle de celui qu’elle avait l’impression d’avoir attendu durant des années, elle la récupéra ensuite pour lier ses doigts dans son dos.
Elle était stressée, n’aimait pas ce genre de rendez-vous, surtout alors qu’elle n’avait aucune idée de comment annoncer la chose, toutes les premières démarches ayant été faites par Meera. Son problème avec l’administration était devenu handicapant concernant cette situation. « Hi! I'm Dita Bianchi, and your partner Marlon suggested I contact you if I needed help. » Elle baissa les yeux sur ses pieds, ne prenant pas même le temps de s’asseoir, trop agitée pour tenir en place. Mattheson avait une présence plus imposante qu’elle ne l’aurait cru et elle se retrouvait à chercher ses mots – après avoir pourtant répété son texte comme sur les planches d’une scène de théâtre.

Le charisme de l’autre homme n’était pas le seul facteur aggravant dans ce face à face. La main légèrement tremblante, elle passa ses doigts dans ses cheveux en prenant une grande inspiration, ne sachant si se retrouver face à cet avocat en particulier était une bénédiction, l’œuvre du destin, ou bien une manière de se rapprocher du diable. Le feu aux joues, bouleversée par tant d’éléments qu’elle ne pouvait contrôler, elle finit par reprendre la parole. « I recently lost a loved one and am very confused about the legal process. I require assistance. » Mais elle ne pouvait pas rester sur de telles remarques, pas alors qu’elle avait senti sa voix se briser vers la fin. Elle était aujourd’hui la matriarche d’un culte qui comptait sur elle, elle ne pouvait pas faire grise mine, passer pour une enfant, face à une personne qu’elle avait prévu d’impressionner.

Est-ce qu’il n’y avait pas la possibilité de tirer parti de cette situation ? Elle connaissait ce Mattheson, avait déjà eu l’occasion de s’adresser à lui quelques mois en arrière après avoir essayé d’entrer en contact avec le président des Cyclops. Ils n’avaient pas beaucoup échangé, Dita perdue dans les préparatifs de certaines cérémonies, devant également gérer le départ de Paisley d’une main douce mais sûre, et n’avait pas encore eu le courage de poursuivre ses idées auprès du gang de motards ; pas ainsi, pas seule. Elle avait alors remis la manœuvre à plus tard, espérant trouver le parfait moment pour s’entretenir avec celui qui gérait toutes les opérations, d’après ce qu’elle en avait entendu. Ils avaient un ennemi commun, c’était ainsi que la jeune femme comptait placer ses cartes, stratégiquement. « I know this may sound strange, but I know who you are. » Elle dit cette dernière phrase d’un ton plus doux, et surtout, en chuchotant. Pour cela, elle s’était rapprochée du bureau d’un air timide, s’était doucement penchée vers lui comme pour lui dire un secret sans être entendu dans les pièces à côté. « That may be a good thing, because I won't have to use analogies to explain my predicament to you. »