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 eternal sunshine (trevor)

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Zachary Madden
- cousin machin -
Zachary Madden
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damné(e) le : o10/12/2021
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eternal sunshine (trevor)
Dim 17 Mar - 20:48

eternal sunshine --



Y a les mots qui se répètent en boucle dans sa tête. C’est flou et lointain, puis bien trop près, bien trop net. Il ne réalise pas bien ce qui vient de se passer alors qu’il arpente les rues d’Exeter en errant. Une fois de plus, comme depuis si longtemps maintenant. Pourtant cette errance à quelque chose de différent. Une fin qu’il n’a pas vue venir, un changement qu’il n’a pas choisi.

S’il est honnête, Zachary n’est même pas sûr que les événements aient eu lieu aujourd’hui, hier ou peut-être il y a une semaine. Il a des vides, des creux. Pas de ceux auxquels il s’est fait au fil des mois, ceux qui lui donnent l’illusion de flotter. Est-ce qu’il s’est rendu par réflexe à l’hôpital plusieurs jours ? Une seule fois ? Est-ce qu’il a fait demi-tour devant la porte ? Il n’en sait rien.

Alors peut-être que c’est la première fois, peut-être que c’est la cinquième fois, en tout cas, aujourd’hui il s’arrête dans une boulangerie. L’odeur des pâtisseries lui donnerait presque la nausée, nausée à laquelle il s’est habitué. Il remercie la vendeuse, du moins il pense, plus trop certain de ce qui est réel ou ne l’est pas.


La clé dans la serrure, elle, est bien réelle. Le verrou serre un peu alors que le colocataire fantôme rentre dans l’appartement qui est théoriquement en partie le sien. Pourtant, pour n’importe quel étranger, il serait difficile de croire qu’il y vit vraiment. On croirait même que Simone vit plus ici que lui.

C’est peut-être un peu vrai. Puisque Zachary n’est qu’un fantôme dans sa vie depuis tellement longtemps maintenant. Une ombre, un truc que ses colocs doivent savoir vivants en voyant ses affaires bouger, par ci par là. En vérité, Madden n’a aucune idée de la vision qu’ont ses colocataires de lui. Faut dire que si on lui demandait de raconter la vie de ses colocataires, lui aussi, il prendrait un joker.

Le brun dépose les clés avant de s’avancer à la cuisine et poser la poche avec les viennoiseries dedans. Il regarde le monde qui l’entoure, ce chez lui qu’il n’a jamais investi et sans trop savoir pourquoi ni comment, il se met à préparer la table du petit déjeuner - est-ce que c’est seulement l’heure du petit déjeuner ? Aucune idée.

Une minute, deux ou peut-être dix, passent puis Madden entend un bruit. Ses yeux fatigués se relèvent et croisent ceux de cet inconnu qui n’en est pas un : son colocataire. Celui qu’il devrait bien connaître, maintenant, et de qui pourtant, il ne sait rien, pas vraiment. L’infirmier sourit un peu maladroitement et lance « Salut Trevor. »

Sa voix s'enraye mais il ne fait même pas semblant d’être surpris, pas plus qu’il ne fait semblant de faire quelque chose pour changer ça. Ses doigts s’étirent péniblement pour montrer la table et il lance « J’ai heu… préparé le petit déjeuner. Pour Jax et toi. » Jax, il est là ? Aucune idée. Pas plus qu’il ne savait si Trevor était là avant de le voir planté face à lui.

Sa main retrouve l’arrière de sa tête pour gratter le crâne. Le brun tente de rassembler ses pensées, chasser les nuages pour retrouver la terre ferme. Sauf qu’il n’y arrive pas. Alors ses grands yeux noirs se plongent dans ceux de son colocataire et il ajoute « Je… c’est l’heure de petit déjeuner au moins ? J’suis… un peu à la ramasse j’crois. T’as faim ? »



hey brother
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Trevor McQueen
- très grand cafard-né-homme -
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eternal sunshine
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(cw; idéations suicidaires)

    La clé dans la serrure te réveille, comme souvent. C'est que t'as pris le pli de dormir que d'un œil depuis la taule, quelques mauvais souvenirs qui te font entretenir la vigilance de certains bruits qu'il y a. Tu te réveilles la nuit, plein de fois, et puis tu te rendors tout de suite après et tu t'en souviens pas, en général ; des fois tu te lèves un coup pour pisser ou te brosser les dents, avaler un verre de flotte ou remettre ton drap en place, comme il ressemble systématiquement aux rides d'un nonagénaire en fin de parcours sans qu'on pige trop comment.

   T'as seulement pris le temps de jeter un regard sur l'horloge de ton portable – cinq heures du mat' c'est sûrement Jax qui rentre de cuite, tu te dis : c'est presque tôt pour l'énergumène. Il faut dire que t'as l'habitude que ce soit comme ça ici. La porte d'entrée ventile tellement qu'elle pourrait alimenter une centrale mais y'a vraiment que toi qui crèche ici à l'année, avec des horaires vaguement casaniers, quand tu te fais pas sucrer tes heures au Diner. Quand tu rentres, tu bouffes seul ; tout seul, tu somnoles sur le canapé devant un docu sur les espèces endémiques de Madagascar dont tu vas rien te rappeler – et tout seul, tu vas pioncer dans ton lit qui a jamais vu passer une femme. Tu te considères pas comme un exemple mais quand on voit ce qui traîne à ton domicile, t'es finalement le prototype du type raisonnable. Comme un daron avec deux ados dont il sait foutre rien, qui laisse faire sans un gramme d'autorité et qui s'assure juste qu'ils trouveront toujours un truc à se caler dans la panse en rentrant, dès qu'ils auront fini de dégueuler.

    Puisque t'es réveillé, t'en profites pour aller pisser un coup. Mais quand tu reviens des chiottes jeter un œil à la cuisine allumée, c'est pas Jax que tu trouves – c'est Zach pour une fois, et c'est assez rare pour que tu t'arrêtes sur le seuil un temps. Salut Trevor. Ça se voit qu'il vient de rentrer, il a les tifs en pétard et l'air éclaté, mais il est fringué de la tête aux pieds. « Ouais, salut » tu marmonnes, la voix remplie de sommeil encore. Un œil fermé pour encaisser la luminosité, tu balayes la table du regard pour essayer de piger ce qu'il fout. Comme s'il devinait ta confusion, il t'explique qu'il a fait le petit dej' et plus surprenamment que ça : pour Jax et toi, ce qui te semble bien être une première. T'es au courant qu'il bosse à l'hosto, Zach ; tu connais rien de sa vie mais ça au moins, tu le sais, et ça te sert à justifier qu'il soit toujours absent et à côté de la plaque. Qu'il déjeune à des horaires à la con, tu le comprends – mais tu comptais pas te lever avant encore quelques heures, toi, et pour ce qui est de Jax, t'es même pas sûr qu'il soit rentré, du coup.

    C'est l'heure de petit déjeuner au moins ? J'suis... un peu à la ramasse j'crois. T'as faim ? Tu grinches un coup. Ça, pour être à la ramasse, il l'était. Tu peux pas dire que t'aies très faim mais ça t'a jamais empêché de manger. Y'a rien vraiment qui devrait t'y forcer pourtant, parce que tu lui dois rien à Zach. Vous êtes pas potes, vous causez jamais. T'as l'habitude qu'on te calcule pas quand t'es dans la pièce, c'est une rancœur que t'as pour toute l'humanité et pas seulement pour sa gueule, mais lui, c'était quand même le pire en la matière. Même lui causer en face, c'était comme laisser un message sur un répondeur et pour que ça atteigne les neurones, tu pouvais te lever de bonne heure. C'est horrible à dire, parce que t'es persuadé que c'est un bon gars, et Simone t'en a dit que du bien, même – mais tu préfères quand il est pas là. Parce qu'il s'accompagne d'un sentiment de vide qui te bouffe dans les tripes quand t'es autour, et même là que t'as pas encore les yeux en face des trous, tu commences déjà à pas être bien. T'as pas le cœur à l'envoyer chier pourtant, parce que t'es pas con : s'il est là, c'est qu'il a pas mieux ; s'il est en perte de repères, c'est qu'il a besoin de soutien.

    Et puis, t'as un mauvais pressentiment. Non pas que t'aies un instinct incroyable, et c'est peut-être parce que depuis Cecil tu fais chaque jour de ta vie avec des préoccupations de suicide tapissées dans le crâne. Mais quand tu vois ce changement de comportement, comme un besoin de bien faire, de mettre les choses en ordre, tu te dis que derrière, on est peut-être passé à un stade plus radical.

    Alors même si t'as pas faim, même si t'as pas spécialement envie de faire copain avec, surtout à cette heure-là – bah tu rentres quand même dans la cuisine et tu te tires une chaise en face de lui. « Il est quelle heure dans ta tête, là, pour info ? » tu demandes, peut-être un peu désagréable dans le fond, dans tout le glamour de ton caleçon et de ton t-shirt salement distendu. « J'te cache pas qu'il est un peu tôt pour moi là. T'as fait du café ? » Tu t'assieds quand même, en te passant les paluches sur la tronche pour achever de te réveiller – t'aurais bien pris une douche avant, mais tu sens que ça peut pas vraiment attendre. C'est peut-être ta seule occase de lui causer avant que lui aussi tente de se jeter d'un pont et ça te tuerait de la manquer. « Y'a une raison pour tout ça ? » tu demandes finalement, en le dévisageant avec insistance. Ça te ressemble pas d'en avoir quelque chose à foutre de moi. S'il a un sac à vider, t'es préparé à retourner tous les fonds de poches.




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Zachary Madden
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Tout est brumeux autour de Madden. Il a la sensation de flotter. Perdu dans un espace temps duquel il n'est pas certain de savoir sortir. Tout a perdu sens, lui le premier. Sauf qu'en se perdant lui, il a fini par perdre le sens de tout. Les barrières qu'il avait mis en place pour ne pas tomber plus bas de sont écroulées les unes après les autres. Et voilà qu'aujourd'hui il ne reste rien. Seulement lui et la brume.

Même Trevor, pourtant bien vivant en face de lui fait partie de cette brume. De cet irréel qui a perdu tout son sens il y a déjà trop longtemps. Les mots qu'il tente de lui lancer sont lointain mais ce n'est rien comparé aux mots qu'il reçoit. L'effort de concentration est presque surhumain pour Zachary quand il cherche à assembler les mots de son colocataire. Alors que le grand brun lui demande de répondre à sa propre question, l'irlandais hausse les épaules. Il n'en a absolument aucune idée.

L'heure n'existe pas dans le brouillard. Trevor finit par répondre lui-même sans heure précise mais avec une information suffisante : il est trop tôt. L'infirmier affiche une moue désolée et répond, toujours aussi à côté « Oui y a du café.» Il pointe la cafetière du doigt, de manière approximative.

Ce chez lui qu'il paie n'est pas vraiment chez lui et ne l'a jamais vraiment été. Ses colocataires sont plus des preuves qu'il fait encore partie de ce monde que de réels colocataire. À ne pas s'y méprendre. Madden, même dans son lointain brouillard a parfaitement conscience que c'est lui l'élément de trop. Lui qui ne devrait pas être ici, être différent. Il s'était demandé s'il n'allait pas un jour retrouver ses trois affaires sur le pas de la porte, la serrure changée et un mot disant qu'il ne fait plus partie de cet arrangement. Un truc du genre « surtout pas merci, et au revoir.»

Peut-être que ça leur avait traversé l'esprit. Peut-être même que ça rassurerait Zachary, de savoir que là aussi, si on ne l'a pas jeté c'est simplement parce qu'il y a des gens trop polis, trop bien élevés qui l'entourent. Ou peut-être que c'est à cause de Simone, celle qui a pris sa place au sein de cet immeuble. Simone qui cherche inlassablement à sauver son cul sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il est impossible à sauver, c'est pas faute de lui avoir répété.

Bref.

Alors que Trevor s'assoit, l'infirmer attrape une tasse qu'il lui sert. Concentré pour ne pas que son corps lâche dans l'effort. Et alors que les gouttes tombent avec une précision presque parfaite, sa voix se fait à nouveau entendre. Les mots surprennent le serveur qui laisse glisser une goutte sur la table.

Sans répondre, il se dirige d'abord pour attraper une éponge, nettoie en silence puis attrape de nouveau la cafetière. Dos à son colocataire, il s'appuie sur le plan de travail pour se servir une tasse avant d'enfin se décider à l'ouvrir « Je sais pas ce que tu veux entendre. Je sais pas ce que je suis censé dire. »

Il repose la cafetière à sa place et se retourne pour faire face à celui qui s'est levé trop tôt. « J'sais pas ce que Simone t'a raconté ou pas mais ouais, on peut dire qu'il y a une raison. Il soupire avant d'avaler une gorgée du café et reprend, j'pense que même si tu m'connais pas t'as compris que j'étais plus en train de gâcher ma vie plutôt que la réussir. Les yeux noirs croisent celui de l'homme, il hausse les épaules. Après tout, c'était pas tellement un secret, pas vrai ? J'suis pas certain de pouvoir tout arranger mais y a des choses que j'peux améliorer. J'ai pas été un bon coloc, j'ai même pas été un coloc du tout et si vous voulez pas m'foutre à la porte j'pense que j'peux changer ça. »

Madden n'a aucune idée de comment il trouve la force de lui dire. Lui qui n'a réussi à aligner aucune pensée depuis des semaines, celui qui n'a admis son mal être et ses problèmes vis à vis de personne finit par en parler calme et posé, avec une des personnes qu'il connait le moins. Pourquoi exactement ? La question est trop compliquée.

Le brun se gratte l'arrière du crâne, n'ose malgré tout pas s'asseoir face à l'autre, pas vraiment chez lui. Il se mordille l'intérieur de la lèvre en fixant l'étalage de nourriture et repend « J'comprendrais que vous vouliez plus de moi et d'ailleurs, avant que tu me dises de me tirer ou rester faut que... Faut que j'avoue un truc. Les doigts se resserrent autour de sa tasse, alors qu'il tente une gorgée de courage, puis une deuxième. Si j'ai autant pris de distance c'est que j'avais peur que vous, tu réagisses mal. T'étais attentionné et clairement tu voulais bien faire et j'savais pas comment gérer. »

Il tourne autour du pot, pas pour faire monter le suspense mais parce qu'il ne sait pas comment dire ce qu'il a à dire. « Je... J'sais même pas comment dire ça. Comment t'expliques à quelqu'un que t'es plus tellement humain? »



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    Si y'a bien le corps de Zach planté dans la cuisine, que c'est bien sa voix qui t'a mâchonné des mots, t'es pas non plus certain que y'a quelqu'un là haut et y'a des fritures sur la ligne. Il a pas foutue idée de l'heure qu'il est. C'est rien de très nouveau, depuis des mois que sa carcasse vide vous fait des caméos sans teasing. De temps en temps, il vient vous laisser une bribe d'existence pour signifier qu'il est toujours vivant, et tu sais jamais où il retourne se fourrer, ce qu'il y fout et avec qui. Chaque fois que quelqu'un te demande, que tu fais des plans sur la comète, t'as toujours la même réponse à leur sortir. Ils sont pas là tes colocs ? Jax est sorti picoler, et Zach j'en sais foutre rien, comme d'habitude. T'aurais donné de la voix si t'avais eu des raisons de trouver ça intolérable, mais y'a pas de clause amicale sur le bail et c'est pas tes oignons tant qu'il paye son loyer. Ça t'empêche pas de cogiter : t'en aurais sûrement plein, des questions, mais des questions qui se posent pas vraiment quand on est pas concerné. C'est pas faute d'avoir tenté de l'alpaguer, de lâcher une corde pour voir s'il était tenté de la saisir. Sauf que le rejet t'affecte salement, et t'as le malheur de le sentir dans tes tripes quand tu déranges, que tu fous mal à l'aise les gens – alors assez rapidement, tu arrêtes d'essayer.

    C'est presque insurmontable de le regarder mobiliser tout ce qu'il a pour te remplir une tasse, puis t'en foutre à côté à la première réflexion comme un môme qui risque de s'en prendre une. Même si t'étais mû par une appréhension gonflante, y'avait pas non plus grand chose à lire entre les lignes, y'avait pas de piège dans ta question. Il garde son silence, éponge sa bêtise et te jette pas un regard, à croire que t'allais le bouffer si la réponse te plaisait pas. C'est pas un feeling très nouveau quand on porte ta tronche, mais tu t'attendais pas vraiment à ce qu'il te le confirme. Je sais pas ce que tu veux entendre. Je sais pas ce que je suis censé dire. T'es confus, et pas encore suffisamment dedans pour jouer à deviner ce qui lui pose problème. « Mec, c'est oui ou non, stresse pas. » Tu brilles pas par le tact non plus, même si t'es sincère dans l'intention. Y'a pas de mauvaise réponse, sûrement qu'en plein d'aspects tu gagnerais à suivre tes propres conseils, mais c'est tellement plus facile de les refiler aux autres sans les entendre. C'est pourtant faux que c'est qu'un petit dej, c'est une anomalie dans le pattern et tu veux surtout savoir si t'as de vraies raisons de t'en inquiéter. Tu comptes pas qu'il te déballe sa vie, t'as déjà du mal à lui tirer un bonjour – tu sais que la confiance ça se gagne et que t'as rien gagné du tout, même si t'aimes bien te dire que c'est pas forcément foutu.

    Pourtant cette fois, il a quand même l'air de vouloir se lancer. Alors quand tu sens que ça peut venir, tu décides d'absolument fermer ta gueule, une fois n'est pas coutume. Sa vie qu'il flingue, c'est de secret pour personne, et le regard qu'il vient te chercher porte pas tellement de trace d'étonnement. C'est pas de Simone que tu le sais, t'as juste deux yeux pour voir et un cœur trop calibré sur les émotions des autres – mais tu crois pas qu'un aveugle arriverait à le manquer, tellement c'est évident. T'as qu'à le renifler pour savoir qu'il crame la vie par les deux bouts, après tout tu t'es parfumé longtemps toi-même à pas mal de conneries. J'ai pas été un bon coloc, j'ai même pas été un coloc du tout et si vous voulez pas m'foutre à la porte j'pense que j'peux changer ça. Il te marque une pause que tu passes à soupirer, les doigts dans le bouc médiocre à contempler l'éventualité d'aller te chercher une clope avant la deuxième partie. Le fait est que t'as jamais eu de colocataires avant Jax et lui, seulement des frangins et des compagnons de cellule, qui t'en ont fait baver et t'ont pas laissé des attentes très hautes. T'es persuadé que si quelqu'un devait briser l'accord, c'est plutôt lui qui déciderait de partir vers des horizons plus fréquentables. Ça te semble évident que s'il est là, c'est qu'il a pas le choix – et à vrai dire, si t'es là aussi, c'est que t'as pas trop le choix non plus, mais tu peux pas t'attendre à ce qu'il le sache. « Donc c'est pas que tu comptes te flinguer » que t'as confirmé à mi-voix comme le seul truc qui importait vraiment.

    Le second truc qui devait compter, c'était que tu décides pas de le foutre dehors dans dix minutes, mais pour toi l'angoisse sort de nulle part. Avant de décider pourtant, il faut que j'avoue un truc, qu'il dit, avec des mots du genre à faire monter la pression. Si j'ai autant pris de distance c'est que j'avais peur que tu réagisses mal. Aïe. T'étais attentionné et clairement tu voulais bien faire et j'savais pas comment gérer. « Oh ta gueule un peu » que t'as pesté avec un temps de réaction quasi-nul, l'intonation voilée par l'embarras. Tu vois pas dans quel monde ton exemple le fait complexer, quel niveau de désillusion il fallait pour te prendre pour un modèle de care. Même si t'avais à cœur de t'en soucier, il suffisait de tourner l'œil à soixante degrés pour tomber sur le bout de mur éclaté depuis nouvel an par tes soins ; désormais les bras croisés sur la poitrine, acculé dans une chaise différente de ses voisines, que t'avais dû remplacer quand la dernière avait pas survécu à la crise de nerfs. Fallait même pas causer de la vaisselle cassée, de la télé explosée à la barre de fer pas si longtemps après qu'il débarque ici - t'avais fracassé presque personne mais le mobilier avait pris, témoin que t'étais pas le premier des anges. T'avais quand même plus de raisons de croire que tu passais pour un danger public que pour une daronne en tablier, même si concrètement t'endossais résolument les deux rôles. J'sais même pas comment dire ça. Comment t'expliques à quelqu'un que t'es plus tellement humain ? Franchement, toi non plus, tu sais pas trop ce qu'il espère entendre après ça. Tu le prends pas au pied de la lettre d'ailleurs, plutôt comme la métaphore de sa lamentable estime de soi. Mais tu le connais vraiment pas assez pour savoir l'argumenter dans l'autre sens.

    « J'vais pas te jeter dehors, sois pas con. » T'as pas commencé sur les meilleurs mots, probablement que ça foutait une part de toi sur la défensive, de te retrouver dans cette situation. T'étais pas à l'aise, il l'était probablement pas non plus. Il venait pourtant de faire un exercice pas facile, même toi faut que tu salues l'effort, et tu te trouves assez lamentable en retour. Alors t'as un autre soupir du fond de l'âme en tapotant la tasse du bout des doigts, poussant du pied la chaise d'en face pour qu'il se sente autorisé à s'asseoir. Tu devrais même pas avoir à lui donner la permission.
    « Ça devrait pas m'étonner parce que je vois bien que t'es à la ramasse, mais je crois que tu mesures pas au milieu de qui t'es tombé quand tu me dis ces trucs-là. Que ce soit Jax ou moi, je te promets qu'on a pas beaucoup plus nos vies en ordre. Vas pas croire que c'est pour le plaisir qu'on se divise les charges à presque quarante piges. On essaye de se sortir de la merde et je te souhaite la même chose, mais c'est pas à nous que tu le dois. »
    T'es attaché à Jax, t'aimes bien avoir un pote à domicile – mais s'il fallait choisir, t'aimerais quand même amplement mieux avoir une famille et quelque chose de stable, sûrement que lui pareil. Vous êtes des fauchés ; vous connaissez les dettes, les interdits bancaires, et toutes les joyeusetés du criminel dont on a condamné le crédit à perpétuité. Ce que tu devrais épargner de ta thune partait dans le loyer de ta sœur et tu savais pertinemment qu'elle se servait de la moitié pour s'acheter de la cocaïne. Jax, tu sais pas comment il fait ses rentrées, mais tu sais que y'a probablement une raison pour que tout transite par toi en argent liquide.
    « C'est pas un concours mais comprends bien qu'on a pas de leçon à te donner, je sais pas pourquoi tu te fous la pression. T'es mon coloc, t'es ni mon pote, ni ma bonniche. Tu payes ton loyer et tu me tapisses pas les murs de merde, moi je vérifie que t'as un toit au dessus du nid que t'as sur le crâne, et j'peux pas vraiment t'en demander plus. Enfin, j'le dis quand même : j'apprécie ce que t'as tenté là, c'est mignon et tout – mais te sens pas obligé de me mettre le couvert pour avoir le droit de dormir ici. »
    Nerveusement, tu te pinces le lobe d'oreille, le genou agité par l'appel de la cigarette. C'est que c'est pas léger comme conversation, mais t'essayes quand même d'y aller plus doucement dans le ton que t'emploies par compassion. « Pour info, Simone me tient pas au courant de ton programme, j'suis pas là pour te fliquer. Mais elle m'a raconté un peu comment vous vous êtes rapprochés. Vite fait, le truc avec son père. » Les détails te regardent pas, mais t'as apprécié de pouvoir appuyer ton opinion de Zach sur quelque chose, faute d'avoir de vraie occasion de lui parler. « Moi j'te connais mal, mais tu me donnes pas l'impression d'être une sale race et chez moi ça compte plus que d'être un bon coloc. Si tu me donnes des raisons d'en douter, là je penserai peut-être à te dégager. Mais je t'assure qu'après toi, ça va pas non plus se bousculer au portillon pour prendre la place. C'est toi qui nous fais une fleur, honnêtement. » T'avais eu un petit défilé de têtes avant de ramasser les deux morceaux, et t'as la certitude que ta gueule aurait pas beaucoup plus de succès aujourd'hui sur le marché de la location. « J'vais me chercher une clope, bouge pas. Je t'en ramène une ? » que tu demandes en te relevant de la chaise, sur une gorgée de café, amplement mieux réveillé que tantôt. « Et, Zach... » t'hésites un coup, ça rentre dans le trop personnel mais tu peux jamais t'empêcher d'être sentimental. « Rien t'oblige à me dire ces trucs-là, mais ça me va si tu veux qu'on en parle. Je sais pas contre quelle saloperie tu te bats et j'pourrai probablement rien contre, mais j'en ai entendu d'autres. » Quoi que ça devenait jamais plus facile, hélas.




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