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 Dead Ringer | Vicky

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Basil Egerton
- chérubin de la trépas-nation -
Basil Egerton
- chérubin de la trépas-nation -
damné(e) le : o27/08/2023
hurlements : o380
pronom(s) : oelle
cartes : oavatar (c)corvidae (c)WALDOSIA lyrics (c)des rocs
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Dead Ringer | Vicky
Sam 30 Mar - 12:57

dead ringer
-- Hell caught a shadow of a guy
Can't find him one little break (c)desrocs
    L'éclairage au néon créait l'illusion d'une parenthèse crépitante au temps suspendu. Au dehors, le chemin que tu avais suivi depuis les locaux de Sacred Heart s'était fait en silence sous un ciel passant du noir au gris, étouffant toute nuance de couleur. Il n'était pas encore six heures ; il ne restait dans le parking souterrain qu'une poignée de véhicules et la plupart y finirait la nuit. Tu n'entends que tes propres pas, les semelles lisses offrant occasionnellement un couinement désagréable sur la surface en résine. Mais s'il devait s'avérer que tu n'es pas seul, c'est que tu n'es pas non plus tout à fait dans l'instant – éprouvant, revivant dans ta mémoire des événements récents, aussi vivaces que si tu y étais encore.

    Tes phares reconnaissent ta présence à quelques mètres ; sur ta nuque courbée se resserrent des serres indolores. Est-ce que tu vas enfin aller dormir ? « Mh-mh. » A mi-chemin du oui et du non. On nierait difficilement l'épuisement qui te peint la figure, en rendant plus pâle encore une peau qui ne voit déjà pas suffisamment le jour, à force de se reclure dans les pièces sans fenêtre servant à la préparation des corps. Les interminables sessions en lumière artificielle, les missions sans horaire du Macadam Macchabée, toutes tes propres lubies et la fuite de ta chambre ont pour conséquence d'annihiler tout ce qui s'apparente à un emploi du temps – alors le sommeil, tu n'en fais plus l'expérience que lorsque poussé au bord de l'inconscience à force de repousser les limites de la sanité. Récemment, tu lui as pourtant trouvé une utilité neuve : de faire taire celui qui te piaille par dessus la tête depuis des semaines qui te paraissent interminables. Une preuve, selon toi, que cet oiseau était à ta fatigue ce qu'un mirage était à la soif, un fruit explicable de la détresse et de la démence plutôt que quoi que ce soit de surnaturel et d'étrange. Tu l'admets du bout des lèvres sans non plus chercher à t'en guérir, mais tu n'es plus le même aujourd'hui qu'il y a dix ans, et tu n'es plus vraiment à un symptôme près.

    Tu marques un premier arrêt à hauteur de ton coffre, pour y entrouvrir rapidement ton épaisse valise de thanatopraxie et y replacer une housse mortuaire neuve, la précédente ayant servi à une urgence pendant la nuit. Un second arrêt à ton rétroviseur au niveau duquel tu te penches, écartant le col remonté de ton pardessus noir, et celui plus léger d'un chemisier à tulipes, pour estimer sur ton cou quelques griffures rosâtres et l'empreinte ponctuelle d'un ongle. Elle t'a pas raté, la salope. Ça te fait sourire. Une fois dans l'habitacle, un peu plus à l'ombre, c'est autre chose encore que tu remarques : le nuage laissé par ton souffle à chaque respiration. A quel moment les températures avaient-elles chuté si bas ? A l'extérieur, il faisait plutôt bon – à croire que la bêtise américaine allait jusqu'à mettre la climatisation en milieu de nuit dans un parking. On est un peu frileux ? Roulements d'yeux alors que tu t'obstines à mettre le chauffage. C'est pourtant vrai que tu le dois à l'habitude, si tu as tardé à t'en rendre compte. « Je ne vais pas me priver du confort, je ne suis pas stupide. » Les mains sur la nuque, le front sur le volant, pour quelques secondes ; un soupir. Etais-tu seulement assez alerte pour conduire ? Tu portais encore en travers de ta poitrine le souvenir d'un accident récent qui t'avait brisé quelques côtes. Tu sais que ce n'est pas raisonnable, mais tu n'as jamais voulu prétendre à ce qualificatif.

    Ce n'est qu'en atteignant la sortie que tu réalises vraiment quelque chose d'anormal, que tu as manqué en empruntant l'accès piéton : le rideau métallique est affaissé, et tu sais pourtant qu'en principe, ce parking-ci est accessible en permanence. « C'est une plaisanterie ? » Il ne faut pas être impatient comme ça, peut-être qu'ils viendront ouvrir à 6h00. Ou 7, ou 8... Impatient tu l'es pourtant, et tu saisis ton téléphone portable, bien décidé à dénicher un numéro joignable pour que l'on vienne t'ouvrir – ou plutôt, vous ouvrir, puisque dans le peu de temps que tu mets à réfléchir à une solution, un second véhicule s'aligne après le tien, bloquant l'alternative d'en retourner à une place de parking. Tu devines dans ton rétroviseur central un visage féminin. Elle ne devait pas être plus informée que toi de la situation, mais si tu ne fais rien, elle finira par s'impatienter à son tour et se poser des questions sur ton immobilisme.

    Relevant une nouvelle fois l'épais col noir pour te rendre plus présentable – au risque de donner l'effet inverse – tu sors de ton véhicule et rejoins le sien, sans vraiment te soucier de l'impression que cela pouvait donner, qu'un homme seul rejoigne, dans un parking, de nuit, une femme seule, après avoir bloqué son véhicule. Tu n'y penses pas, toi, bien sûr, alors que tu es pourtant la pire espèce de raclure, au point de te baisser à la fenêtre du côté conducteur et de taper deux fois contre la vitre. « La sortie est condamnée, ils ont abaissé le volet roulant. » C'est finalement tout ce que tu comptais lui dire, sous le néon grésillant, la fumée de ton souffle tiède peu à peu plus épaisse alors que le froid te gagne inexplicablement. Tu t'écartes de quelques pas tout de même, cherchant des yeux un panneau informatif qui puisse te fournir un numéro de téléphone. C'est au dessous de toi, de dormir à l'arrière d'une bagnole ? « Je ne dors déjà pas dans un lit... » tu marmonnes avec une pointe d'irritation, scellant ta bouche immédiatement après, te rappelant qu'il valait mieux ne pas parler à tes délires quand tu avais de la compagnie.




half a man and half apocalypse, the chase, the thrill that you cannot resist, that one there is a natural-born thriller.
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