-- vers l’infini et au barft. @aella taylor “Comment ça, malade ?” Perplexe à l’autre bout du fil dans le bureau vide et silencieux, Castiel fronce les sourcils. S’il y avait bien quelque chose que les Ó Murchú n’étaient pas, c’était bien
malades, peu importait qu’il s’agisse là du membre de la famille qui n’en avait que le nom, à défaut de l’attitude, il n’y croyait pas vraiment. Une excuse, c’était bien tout ce que c’était.
“Si tu ne commences pas à prendre au sérieux les chances qu’on te donne, Nathan, bientôt on ne pourra plus rien faire pour toi.” La voix dure de l’aîné résonne, sans réponse de l’autre côté du combiné. Il soupire donc, peu enclin à se battre. Pas ce soir.
“ Ecoute, je comprends. Avec le divorce … Je ne suis pas à ta place, okay ? Je vais prendre le relais pour ce soir, mais s’il te plaît, joins-toi à moi pour le déjeuner demain. Je pense qu’on a beaucoup de sujets à aborder.” Il raccroche, après avoir arraché une confirmation à son frère. Il ne manquait pas d’envie de prouver sa valeur, il le savait. La haine qu’il ressentait à son égard, cependant, liée aux émotions négatives qu’il traversait, n’aidait pas à lui donner l’impulsion nécessaire pour se sortir du trou. Castiel savait tout ça, et aussi convaincu qu’il était de bien faire, il devrait probablement passer la responsabilité à Hecate s’il voulait que le deuxième fils de Gidéon s’en sorte.
Il n’y avait que la fratrie, pour l’instant, bien au fait de l’état du mariage de Nathan. Pas de grand-chose de plus, en réalité, celui-ci étant plus fermé aux confidences que ne l’était Castiel, mais c’était suffisant pour qu’ils lui laissent l’espace nécessaire. Une soirée sur le sol du country-club ne le tuerait pas. Il n’en voulait pas à sa belle-soeur d’avoir pris la fuite avec leur enfant, laissant Nathan seul face à ses démons. Il admirait sa patience, l’amour qu’elle lui avait un jour porté, alors que lui n’en avait probablement pas autant. ça ne changeait pas le fait qu’il n’y avait personne d’autres que les Ó Murchú pour réparer l’âme brisé de l’abandonné.
Le vendredi soir, le country-club ouvrait ses portes à la jeunesse dorée d’Exeter, ceux qui avait trop de moyens pour accepter de se rendre dans les bars du centre. Ces événements étaient rares, pour contenter les habitués qui, pourtant, étaient les premiers présents, observant, rapaces, ceux des générations suivantes, vivre la vie qu’ils n’avaient plus. C’était un spectacle tout autant qu’une soirée. Castiel se plaça au bar, commandant un verre, tout en donnant ses instructions, discrètes, à la jeune femme derrière le bar. Tant que la soirée se déroulait correctement, il n’aurait pas besoin d’intervenir, se contentant de serrer des mains et offrir des sourires, accueillant la silhouette gracieuse de sa sœur lorsqu’elle se plaça à ses côtés.
“Tu l’as encore fait fuir, à ce que je vois. Je ne te félicite pas de savoir garder tes employés.” Un rire le secoua alors qu’il secouait la tête.
“Ce n’est pas un employé, c’est mon frère, Hec.” Un geste de la main balaya sa remarque, alors que le verre de vin qu’elle s’était commandé se matérialisa presque instantanément devant elle. Elle n’avait pas besoin de posséder les lieux que tous se seraient pliés en quatre pour lui obtenir ce qu’elle voulait, sans qu’elle ait besoin ne serait-ce que de les regarder. Un pouvoir comme aucun autre, c’était certain. Castiel reprit la parole, pourtant, scrutant les yeux sombres de sa sœur, lui renvoyant son reflet en miroir. La conversation dura quelques minutes avant que le propriétaire des lieux ne s’en détache, se retournant par la même occasion pour observer le reste de la salle. Il y avait peu de personnes qu’il ne connaissait pas, tous plus ou moins ancrés dans le patrimoine de la ville. Les fils et filles des élus, les grands pontes de l’immobilier, les étudiants de droit et de commerce, supportés par leurs parents qui finançaient probablement la sortie du jour et tous les excès possibles, les politiciens à qui l’on avait promis l’interdiction de photos et de vidéos qui s’en donnaient à coeur joie. C’est d’autres, qu’il ne connaissait pas, qui attirèrent le regard de Castiel.
A une table de l’autre côté de la salle se trouvait une femme qu’il n’avait jamais vue, seule. Si le fait qu’elle semble attendre quelqu’un était évident, c’est l’impatience à peine contenue sur son visage et ses gestes qui l’empêcha de détourner le regard. Se trouvant l’excuse de chercher au fond de sa mémoire si Castiel l’avait déjà aperçue en ces lieux, il fixa ses yeux noirs papillonnant à la recherche de la personne disparue, presque fasciné. Il n’était pas dur pour lui d’apprécier la beauté lorsqu’il la voyait. Bientôt rejointe, cependant, les yeux de la brune se fixèrent un instant sur les siens, aussi subtilement que lui essayait de l’être. Aussi, il lui offrit un sourire, avant qu’elle ne se détourne.
“Tu m’écoutes ?” Évitant le sursaut mais tout de même un peu surpris, Castiel revint à lui. A sa place près du bar, tout du moins.
“Pardon, tu disais ?” Un soupir lui répondit, agacé. Légitime, si on lui demandait son avis.
“ Premièrement, je te demandais si tu avais pu voir avec le paternel pour les extraits de compte que je t’ai demandés. Deuxièmement, beaucoup trop jeune pour toi.” Un regard noir répondit au sourire malicieux d’Hecate. S’il n’avait pas encore eu activement l’envie de l’étrangler, ça ne devrait pas tarder.
La conversation, cependant, se tourna vers les affaires familiales et lorsque Hecate se leva enfin de sa chaise pour partir, plusieurs verres avaient été pris et vidés, tout comme le bar. Se passant une main sur le visage pour se sortir de la léthargie qui couvait, Castiel se remit debout également, acceptant l’accolade de sa sœur.
Il y avait encore du flux au bar. Pas si étonnant, à la vue de la fréquentation, il n’était pas rare que ceux venus fassent la nuit complète. Il n’en résidait pas moins que Sasha, la barmaid, semblait épuisée.
“Va manger quelque chose, Sasha, je prends le relais.” Ce n’était pas spécialement une requête, et elle ne chercha pas à argumenter, partant vers l’espace fumeur avec, dans l’idée très probable, de s’endormir vingt minutes sur une chaise un peu plus au calme.
Castiel ne sut pas dire combien de verres il servit avant de la voir arriver, la jeune femme à l’air de biche, pas tout à fait chancelance, mais probablement loin d’être sobre. Elle ne leva pas vraiment les yeux vers lui, ni en commandant ni après, aussi, il se permit d’en rire.
“ La soirée fut intense ? Il vous en faut un pour votre amie également ?” Les manches de sa chemise retroussées, Castiel entreprend de lui servir son verre..
“ Première fois ici ? Il ne me semble pas vous y avoir déjà vu. ” Admettant à demi-mots l’intérêt qu’il lui portait, laissant passer ça comme une attention particulière aux non membres venant passer leur soirée entre ses murs.