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 Countdown #winnie

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Shane Wilde
- the beaten and the damned -
Shane Wilde
- the beaten and the damned -
damné(e) le : o29/04/2024
hurlements : o53
cartes : orollinginthedeep-swan
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Countdown #winnie
Ven 3 Mai - 0:42

Countdown
run - I will be the death of you

Des dieux et des hommes, ni rien, ni personne, elle sombre. Le sommeil creuse des sillons sur sa peau amorphe. Ses paupières sont si lourdes qu'elles semblent se fondre à la surface de ses yeux. Son coeur ralentit, progressivement, de plus en plus lent. Shane s'endort, sans musique pour la tenir partiellement éveillée, sans alcool pour euthanasier les limbes de sa psyché. Sans rien. Du sommeil des justes. De l'enfer des coupables. Elle tombe dans le puit maudit de son subconscient, s'effondre dans les royaumes de Morphée. Abdique, sans volonté, épuisée.

Ses yeux s'ouvrent. Le bleu est taché de rouge, elle voit le monde en écarlate. L'inquiétude grimpe. Elle se lève. Pourquoi elle est là ? Quand elle est là ? Quoi elle est là ? Elle ne reconnaît pas la lampe de chevet, ni le motif des draps. Shane se lève, son corps est plus fort. Cela la surprends, elle manque de tomber. Shane se rattrape au pied du lit, vertige. Le monde est bleu, le monde est vert, le monde est rouge. Les murs se couvrent d'argent. Pureté lourde, métal sacré, alliage de magie et de joaillerie. Les larmes grises roulent jusqu'au sol, et à l'instant où elles le touchent, un bruit métallique résonne, le métal se polie, se transforme, en miroirs immenses. NON. Shane se voit dans les reflets, ses cheveux blonds, ses babines rouges, ses yeux exorbités par la faim. NON, NON, NOOOON.

Fuir, le plus vite possible. Vite, ramasser un vêtement, l'enfiler les yeux fermés. Vite, attraper son sac à main, l'ouvrir, à l'aveugle. Vite, vite vite. Putain où sont les clefs ? Ses mains s'enfoncent dans les profondeurs du sac, cherchent à taton. Elle sent son porte feuille. Elle sent ses lunettes de soleil. Putain mais où elles sont ? Des mouchoirs, des gants, un tissu humide. Elle les sort tous. Merde, je perds du temps. Ses doigts fins s'enfoncent plus profondément. Un objet rond, humide, une dentelle de texture. Quelque chose qui fuit sous son touché. Un ongle érafle la paroi tendre d'un pancréas. L'autre main cherche désespérément du métal, extirpant mètre après mètre d'intestin. Fuck.

Et puis soudain, un battement. Shane le reconnaît, il est humain, il ressemble au sien. Les mains s'immobilisent aux berges du coeur languissant. Se crispent. Tout son corps n'est plus que statue de sel, tétanisé par le toucher. Ses paupières osent enfin s'ouvrir. Entre ses cils, elle les voit, ses mains, rouges sang, dans le désordre des viscères d'un corps de femme si blanc. Sa respiration s'accélère, sa panique fait battre ses tympans et trouble ses yeux. Fuir, il le faut. Mais elle ne peut pas, sur ses mains des lianes organiques se mouvant comme des serpents. Si elle les retire brusquement, elle va tuer la femme.

Shane. Un soupir, presque extatique. Et le visage de Shane suit l'appel de la voix. Lentement. Les yeux sur le ventre ouvert, puis la poitrine déchirée en deux, puis la gorge pale, et le visage. Ce visage. Elle le connait. Elle le reconnaît. Ce n'est pas la première fois que Shane le voit. Dans ses cauchemars, il a connu mille morts, mille faims. Shane, aides moi. Mais cette fois, c'est différent, il parle. C'est la première fois. Alors la peur l'emporte, son corps recule, ses mains déchirent ce qu'il reste de vie. Les prunelles de l'inconnue se grisent avant de s'étendre. Et c'est comme un cri d'un spectre. SHANE

Shane se lève en sursaut, le coeur en panique, elle court aux toilettes et vomit toutes ses tripes. Vite, oublier. Refermer le fil de ses pensées, avaler une gorgée d'une bouteille de vodka qui traine par là. Sortir. Dehors il fait jour. Elle frappe à la porte du bar le plus proche, rien. Fuck. il est trop tôt. La prophétesse en haillons a besoin de prendre l'air. Elle marche dans la rue, tourne, se retourne, parle à un clodo et l'amuse de quelques conneries. Il lui tend une clope, elle tousse plus qu'elle ne fume. Fuck, elle est en vie. Ce n'était qu'un mauvais songe. Elle oublie. Shane reprends sa petite habitude, dans une alcôve du petit bar de l'hôtel. Incognito. Un grand café - pour ne plus jamais dormir. Triple sucre - pour raviver la flamme de toutes ses fibres. Maxi gaufre - elle crève de faim.

Et enfin, voilà, elle est bien.

Sur sa langue, le sirop d'érable chasse les derniers embruns de souvenir. Ses yeux se ferment de plaisir. Ce n'était qu'un rêve, qu'un rêve, qu'un rêve. Il n'y avait rien de réel. Rien de vrai. Elle ne craint rien.

Shane Wilde ?

Cette voix, elle la connait, elle la reconnaît. C'est la voix de son cauchemar. Ses yeux s'ouvrent, emplis de terreur. L'angoisse serre son cœur, soudain immobile. La femme est là, assise en face d'elle, de grands yeux interrogateurs mais vivants. What the fuck is going on? Quelques secondes muettes, stupéfaites. Avant que finalement, elle n'ose reprendre une respiration. L'instinct est primitif, la première réaction fugitive. Shane lache la gaufre -qui tombe - elle repousse de toutes ses forces la réalité et la table -fixée au sol- en tentant de se lever. Ses longues jambes s'emmêlent, comme son corps, la chaise glisse, la table bloque, elle tombe. Et PAN, la tête cogne contre le mur de l'alcôve.

Au sol, un gémissement. L'étourdissement l'assomme. Elle tente de se redresser, mais retombe. Quelques secondes, dans les vapes.

Même fuir, elle n'a jamais su le faire comme il faut.


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