mi casa es tu casa (louis)

@louisiana richardson

"Bienvenue au Khan & Jones, qu'est-ce que j'vous prépare ma p'tite dame ?" qu'elle jacte avec un sourire colgate aux lèvres, s'appuyant sur son plan de travail pour zieuter la vieille femme qui lorgne du côté des côtes de bœuf. Une petite fête en préparation peut-être ? Thanksgiving est passé mais nourrir la famille reste toujours un dilemme pour certaines personnes, et elle semblait être tout à fait de ce genre là. Elle pointe du doigt ladite côte, Za lui demande combien de bouches elle souhaitait nourrir, la redirige sur une double au vu de la pièce. Quelques informations sur la cuisson, des suggestions, ce qui suffit à la faire saliver même à cette heure-là faut dire, et puis le tour est joué. Jones s'occupe de la caisse et Za s'essuie sur le tablier (moins blanc que ce qu'on aurait bien voulu espérer).

Toute la journée a été un moulin, faut dire que la plupart des journées ici ressemblent à ça, et les week-end sont encore plus gratifiants en la matière. Le samedi se termine et l'horaire de fermeture se rapproche dangereusement, et avec elle ses retardataires prêts à tout pour récupérer leur bidoche dominicale. Puis y'a un visage qu'elle connait qui vient d'entrer, alors le sourire se fait plus franc encore, et professionnelle comme elle est (pas, parfois) lui fait un grand coucou peu discret. "Salut Louis !"

Elle salue la petite vieille qui s'en va et fait le même manège auprès de Louisiana, bien que ce soit d'une manière différente - parce qu'elle l'aime bien cette maman-là, y'a quelque chose au fond d'elle qui est presque sûre que si ça avait été sa daronne, sa vie aurait été vraiment moins déglinguée. "La forme ? Pas trop crevée de la semaine ?" qu'elle s'enquiert comme si ça lui importait vraiment. Zahra fait souvent ça par convenance, parce que y'a que son nombril qui compte, on le sait bien. C'est pas comme si elle avait oublié ce qu'elle lui avait demandé la dernière fois, si ça se trouve elle revenait pour lui annoncer qu'elle avait trouvé une coloc du feu de dieu pas loin de la boucherie, alors que toutes ses recherches à elle avaient été peu fructueuses jusque là. Squatter la maison de sa mère, la même où trop de choses merdiques se sont passées depuis des années, ça commençait à lui peser ; même si c'était juste pour y jouer aux jeux vidéos ou à y dormir. Tous les moyens étaient bons pour se casser de là, même si ça durait que six mois.

"Alors, dans quel bout j'te taille un trésor aujourd'hui ?" Le boulot d'abord comme on dit, et ensuite, on verra bien si les miracles existent vraiment.

@louisiana richardson

"Ta meilleure viande, pour quatre s'il te plait. - Ooook ! Bon, j'te demande pas le budget, je connais tes moyens sur l'échelle de la thune, hein ?" Meilleure viande, c'était peut-être bien un bon qualificatif pour s'attarder sur ce que Zahra pouvait penser d'elle-même la plupart du temps. Meilleure viande était aussi synonyme de réserve, et de bons dollars à aligner au oz près. Jusque là, rien de trop compliqué, puisqu'il s'agit de faire son métier, comme qui dirait. Aussi Zahra pense d'abord à la viande avant le chiffre étrange qui a agrémenté sa demande (trois, elle sait très bien que Louis c'est trois et pas quatre, sauf s'il y a rencard) - ce qui, de fait, aurait suffit à la faire jaser pendant au moins dix minutes si Louisiana n'était pas aussi pressée de lui expliciter le pourquoi de ce qu'elle n'avait même pas remarqué jusque là. "Bon y'a bien du filet mais sinon... - Il faut bien fêter ta future location. Si tu cherches encore, bien sûr et si tu acceptes d’avoir des voisins un peu étranges et des poules dans le jardin. - Hein ? Quoi ?" Elle papillonne un peu des yeux, vérifiant que son collègue ne l'entende pas aussi excitée, et replante ses sombres dans le regard de la belle dame aux locaux vacants. "Sérieux ??? Genre... où ? Chez toi ? Mais non ??? Wooo" elle se prend la tête entre ses deux mains, l'air complètement abasourdie, et puis soudain, l'impulsion est lancée pour que Za reparte dans ses tours. "Vas-y tu vas la voir, l'avoir et la goûter ma meilleure viande," qu'elle lui promet d'un jeu de regard tout à fait explicite quant au fait qu'elle allait vraiment la prendre au mot. "J'te propose un Black Angus et pas n'importe lequel, pour quatre pourquoi pas du bon filet, sinon on tape dans l'entrecôte. Qu'est-ce qui te fait le plus saliver, là ?"

Une fois la commande passée, Za disparait dans l'arrière boutique, poussant à vrai dire la porte de la chambre froide, hèle Jones pour lui demander s'il peut lui ramener ce Black Angus qu'elle avait en tête, et pas celui de la voisine. La vérification est plus que sommaire et il lui ramène ce qu'il faut assez rapidement, Jones salue Louis tandis que Zahra imite une présentatrice de téléachat devant le morceau qu'il a entre ses paluches, prêt à être préparé par l'artisane. "Alors ? Elle est belle hein ? T'as vu sa p'tite couleur ? C'est d'la bonne, ça !" ce n'est pas très pro, mais elle a quitté l'habit du pro dès lors qu'elle lui a fait l'aveu de lui avoir déniché un endroit où crécher, loin de chez sa conne de mère, et ça, elle pouvait franchement pas le nier, ça la rendait toute chose.

Coup de théâtre terminé et taillant la chair avec dextérité, l'œil vissé sur son ouvrage, Za poursuit quand même la discussion : "Pfiu c'est fou vraiment c'qui s'passe, mais vas-y, j'dois te payer combien par mois ? Tu veux combien de caution ? Promis j'ferais pas trop de bruit la nuit 'fin y'a des limites mais genre c'est bien insonorisé quand même chez toi ? On sait jamais quoi les oublis ça arrive et... tes gosses ils jouent aux jeux vidéo un peu ou pas ?" parce que c'était surtout la nuit qu'elle était la plus insupportable, soit à traîner dans les bars pour fuir sa mère, soit passer des heures indécentes à jouer à ses jeux-vidéos sur son PC - grand bien leur fasse, le temps des LAN était révolu, mais il n'en restait pas moins vrai qu'elle jouait en coop, ce qui justifiait ses excès de gras de voix, tard le soir.