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 for neither ever, nor never, goodbye (patience)

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“find out i was just a bad dream.” & Hargne collée aux lippes, oubliés, les sourires des premiers jours, premiers mois, premières années, piétinés avec les vestiges de ce qu'ils étaient. De ce qu'il prétendait être. Masque effrité lentement, sous les lèvres aimantes et les caresses. Elle qui le lui a ôté, sans augurer des méandres se bousculant sous la surface immaculée. Lui qui s'est laissé faire, tout amouraché qu'il l'était. Rien de beau, rien de poétique dans le déclin programmé, à chaque heure à se laisser deviner, faire oublier le personnage façonné pour lui plaire, et la garder à ses côtés. Trois années et pourtant, lourdeur flanquée à l'estomac, l'agitation ne décroit pas à la croisée des chemins. Il ne sait plus qui a lancé les hostilités le premier. Lui, probablement. Souvent lui, en réalité. A se demander s'il est encore capable de communiquer sans grogner, faire mine de mordre, planter ses crocs assez férocement puis la relâcher. Parfois, il lui arrive de se souvenir à moitié de ce qu'ils étaient, sur les bancs de l'université. Mémoire sélective rejetant les images, ramenées à la surface devant la tranche d'un livre dans sa bibliothèque, une photo oubliée entre deux pages, quelques mots griffonnés. Désormais que l'appartement est parti en fumée, il n'y a plus grand chose qui le ramène vers cette époque en réalité. Tout juste les clichés glissés dans un album, emporté avec lui le soir de l'incendie. Au milieu des visages éparpillés de sa fratrie, c'est celui de Patience qui resplendit. Il l'a rangé soigneusement chez Jillian, l'a glissé au pied de son lit, entre le matelas et le sommier, de crainte de révéler les points d'ancrages de son passé. Alors, ce soir, c'est en passant devant le vieux cinéma que ça l'a frappé. La mort aux trousses. Lettres s'éteignant tout juste sur le titre du dernier film à l'affiche depuis deux mois, Eva Marie Saint et Cary Grant enlacés sur papier brillant. Des lustres et pourtant, c'est remonté comme une déflagration partant du médiastin pour décimer ses côtes.

Inutile de chercher plus loin. Il n'en fallait pas plus pour justifier quelques mots sortis de travers dans l'angle reculé du petit café, accueillant le plus souvent leurs retrouvailles mouvementées. Livre jeté sous son nez, celui avec lequel il calait le pied d'un guéridon dans son bureau au boulot. A en faire tournoyer leur verre respectif sur le bois, manquer de les renverser. « Tiens, le voilà, ton maudit bouquin. » Ponctuant les dires salées ayant afflué entre eux depuis une bonne dizaine de minutes sans s'arrêter. « Si tu veux le prêter au prochain abruti qui aura la chance de croiser ton chemin. » Mesquinerie supplémentaire, déchaînement sans fin depuis qu'il s'est assis en face d'elle, ne laissant que de rares silences hanter l'échange acide. Se souvient presque, avec un effort pour contrer les barricades érigées entre elle et lui, du jour où elle le lui a remis. Celui qu'il ne lui a jamais rendu, jusqu'à aujourd'hui. « Avec un peu de chance, il tombera dans le panneau. » Lisser sa chemise d'un geste doucereux, miel glissant entre les canines sans que le fond ne s'apaise. « Je crois que ça ne te ferait pas de mal, je trouve que tu te négliges. » Vacherie sur vacherie, les doigts tremblent légèrement et viennent se caler fermement sur la table. Parce que tout ce qu'il voit, à mesure que le ton se durcit, que ses prunelles percutent celles de Patience, c'est l'affiche du vieux cinéma, comme des années plus tôt. Et que plus il entend le son de sa voix - même s'il essaye de garder l'ascendant, et d'emplir le néant de ses propres remarques - plus il se rappelle. Et plus l'échine s'hérisse. Et moins il supporte d'être là, après des mois sans se voir, sans trouver un truc à se rendre, un rendez-vous à poser. Alors, il ne sait pas comment ça a dégénéré cette fois, mais il le sent au fond de son ventre. Que le désarroi qui l'anime s'intensifie. Que les mots ne resteront pas enfermés dans le café, trop ancrés dans la peau, trop douloureux à prononcer. « C'était déjà un peu le cas sur la fin, remarque. » Parce que Bram a mal, et que Bram ne souffrira pas seul. Bram ne souffre jamais seul.
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Elle l’observait du coin de l’œil, comme pour prévenir le prochain coup ; quelques minutes d’échange avec Bram lui avaient déjà donné le tournis. Sous les assauts constants, s’abattant par vagues, elle avait croisé les bras sur sa poitrine, un peu tremblante. Il s’agissait là d’un réflexe plus que d’un bouclier efficace -car les mots de Bram parvenaient à percer ses défenses, et à se ficher dans son cœur par éclats, encore des années plus tard.

Pourquoi était-elle venue, déjà ? Immanquablement, elle se posait la question à chaque fois. Et, comme à chaque fois, la réponse restait la même.

Il n’y avait qu’à les voir pour comprendre. S’il restait là à lui balancer des vacheries, quand partir aurait été plus simple pour tout le monde, c’était bien pour quelque chose : par simple plaisir, par désir de vengeance, pour avoir le dernier mot -tout ça à la fois. Et si elle restait là à les entendre, si elle prenait même la peine de se déplacer pour le voir, c’était qu’elle ne valait pas mieux, elle non plus. Là comme si elle n’avait pas eu son mot à dire, alors qu’elle répondait à ses messages, ses appels, ses provocations puériles. Là pour lui rendre la monnaie de cette pièce durement avalée lors de leur rupture -amoureuse, amicale, une rupture qui, au lieu de s’effacer, se creusait un peu plus lors de leurs entrevues. Alors chaque prétexte était bon pour se revoir ; et Patience se retrouvait à les attendre avec une nervosité ambiguë, frôlant dangereusement l’impatience, et, parfois même, l’espoir.

Le livre vint s’écraser sur la table, arrosé de nouvelles insultes. La biologiste déglutit amèrement ; ses yeux abandonnèrent le recueil de Cummings pour revenir à Bram. Il la fixait de ce même air terrible, celui qui lui donnait envie de s’arracher le cœur tant il lui semblait enflé, dans son torse. « Avec un peu de chance, il tombera dans le panneau. » « C’est bon, tu as fini ? » Elle décroisa ses bras pour reprendre son verre, d’un geste qu’elle aurait voulu moins nerveux. Elle en avait soupé, des crises de jalousie, sur la fin, surtout. Une fois lancé, Patience savait jusqu’où Bram pouvait aller ; et elle ne se sentait pas la force de l’affronter sous ce mauvais jour.

Se négliger. Elle but une gorgée de bière, espérant faire passer la pilule ; malheureusement, la colère, la nuque brûlante, tout était encore là quand elle revint à son vis-à-vis. Peach n’avait jamais été con-nue pour sa coquetterie ; ni le temps ni les relations n’avait vraiment bousculé ses habitudes et son style. Pour l’avoir fréquentée depuis l’université, Bram le savait au même titre que ses proches -et il en jouait aujourd’hui, la mettant mal à l’aise dans son pull gris chiné et son simple jean, lui rappelant l’air fatigué qu’elle avait aperçu dans le reflet d’une vitrine, les cernes sur son visage pâle, les cheveux fins et secs, supportant difficilement, comme elle, le passage de l’automne. « Personne ne t’a demandé ton avis, surtout quand tu joues au con sexiste. » Ses sourcils blancs s’étaient légèrement froncés ; elle détestait le voir se comporter en idiot fini, quand il avait pu être si doux, si compréhensif auparavant.

Un acte, avait-il craché au moment des révélations ; il l’avait manipulée, trompée, une mascarade rondement menée selon ses dires. Mais Patience, elle, croyait en ce qu’elle avait vu, au fond de ses yeux -et senti tout contre lui.
Il y avait certaines choses qu’on ne pouvait pas feindre, elle en était persuadée. Naïvement, peut-être. « Tu devrais plutôt être content d’être débarrassé de moi, dans ce cas, et te soucier de tes affaires. J’aurais l’air moins fatigué si tu arrêtais de me chercher des noises. » Une autre gorgée de son verre comme pour ponctuer l’expression démodée ; il en faudrait encore quelques-unes pour dé-tendre ne serait-ce qu’un peu ses muscles nerveux. « Je croyais vraiment qu’on arriverait à se parler comme des adultes. Mais là, ça fait trois ans que tu te comportes comme un idiot. C’est la même chose à chaque fois. » Sans faute : les vacheries, la tension presque tangible, les éclats de voix, et, toujours, la même conclusion ; des larmes de colère pour Patience, une fois réfugiée chez elle.
Elle desserra les mâchoires, et, en le fixant toujours, but une nouvelle fois.

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“find out i was just a bad dream.” & Est-ce-qu'il est fier de lui à cet instant précis, probablement pas. Ni d'être revenu à la charge avec cette histoire de livre à lui rendre, ni des saloperies qui foisonnent sur ses lippes trop enclines à blesser. Peut-être n'est-ce qu'une vague excuse lui permettant de décharger ses nerfs sur elle, après ces années à tâcher de l'épargner. Un retour de flamme pour tous ces compromis qu'il a pu s'évertuer à trouver avec lui-même, à ne pas laisser l'ombre s'inviter sous leur toit, grignoter le bonheur qu'ils ont pu s'inventer et dévoiler l'atroce réalité. Ou bien n'est-ce que la lâcheté de ne pas assumer ces prétextes toujours plus variés, improvisant des rencontres sans parvenir à réellement s'en éloigner. Prétendre oublier que Patience a pu compter, sans pourtant cesser de lui manifester de l'intérêt, dépourvu de l'affection passée. Et Bram ne sait pas vraiment sur quel pied danser. De quelle manière l'aborder, si ce n'est de la plus odieuse, celle qu'il connaît et maîtrise depuis si longtemps désormais. Ce sont ses réactions qu'il suscite, qu'il attend dans une impatience palpable, sans pourtant s'en satisfaire. S'il a le fantôme d'un sourire narquois ancré au coin des lèvres lorsqu'elle commence à s'agacer, rien ne parvient à combler le vide qu'elle a pu lui laisser. Plutôt se complaire dans la mesquinerie que d'accepter de la laisser partir, pour de bon. Rayer de son existence l'une de ses rares parcelles lumineuses, et renier tout sentiment, d'amour ou d'amitié, qu'il a pu lui porter. La perdre définitivement, c'est égarer à nouveau l'un de ses fragments. Et il en crève, de ce gouffre qui n'a de cesse de progresser depuis l'enfance, à rendre au néant tout ce qui a pu l'animer. Des derniers éclats de rire dispersés durant l'adolescence, et puis, à ses côtés. Et de la ténacité à préserver sa fratrie de la cruauté du monde, là où il a inévitablement fini par échouer également. Et son goût pour la musique, le cinéma ou le théâtre, dispersé pour ne laisser qu'un sentiment de temps perdu, de frivolité. Que reste-t'il de lui, s'il la laisse s'évaporer elle aussi, et avec elle, ces souvenirs partagés, ceux dans lesquels il avait l'air d'être encore en vie ?

« Je dis simplement ça dans ton intérêt. » Affront du mensonge qui agite les paroles insipides, il fait mouche, certainement,  à trop forcer. Avec un effort, il se rappellerait pourtant l'avoir aimée dans toute sa désinvolture, ne jamais s'être permis de juger de ses tenues. Pas quand elle irradiait en permanence, lui offrait la chaleur de sa présence, celle à laquelle on ne l'avait jamais habitué jusqu'alors. Et ça le bouscule, quand elle suggère qu'il pourrait la laisser tranquille. Comme ça qu'il en vient à se réfugier dans son verre, lui aussi, laisse les gorgées s'enchaîner avant de le reposer sans la délicatesse habituelle. Il n'est que désordre en sa présence, et ça aussi, ça l'horripile. Rigide comme il l'est, sentir son estomac se nouer et ses tempes pulser de plus en plus fort, ça lui laisse un goût acide. Les mains sont crispées sur la table, et quelque chose se rompt dans les billes glacées. Malgré tout ce qu'il a pu prétendre, sans doute qu'elle le connaît. Au moins suffisamment pour sentir qu'elle a dû s'immiscer dans une faille, raviver une plaie, de sa dernière remarque.

« Si tu souhaites que l'on ne se voit plus, il suffit que tu me le dises. » Et ça palpite dans son torse, à mesure que les dires s'extirpent à reculons, viennent envahir l'air déjà chargé de tensions. « Dis-le, Patience. » Son prénom sort de travers, chargé de non-dits, et il réalise subitement que ça fait longtemps qu'il ne l'a plus prononcé à haute-voix. Fracture du palais sur ces deux syllabes, il se tait. Laisse les secondes s'égrener sans pourtant cesser de s'agiter, dans son immobilité. « Pour une fois que nous serons d'accord. » Et ça monte en intensité dans sa gorge, l'orage qui gronde et l'envahit, à finir par se lever brutalement, heurter la table de ses genoux empressés, étouffer un juron. Il ne sait plus quoi faire de son corps, Bram, submergé par la colère, à passer avec empressement les manches de son manteau, tâcher d'en ajuster le col sans trembler. « On n'a jamais réussi à se parler tout court. » Dernière salve venimeuse qui claque, alors qu'il la dévisage de toute sa hauteur. Il aimerait garder une contenance, parvenir à rassembler le sang-froid qui se fait la belle, et lui adresser un de ces adieux glacés dont il a le secret. De ceux sur lesquels on ne revient pas, jamais.

Les mains s'enfoncent dans les poches, comme pour cesser de dévoiler sa nervosité de leurs gestes mal assurés. Entre ses doigts qu'il la retrouve, la morsure de l'acier. Sur le briquet que se canalisent les phalanges, dans son crâne que défile l'affiche du petit cinéma. « ... » Lèvres entrouvertes sur le silence, ça reste coincé dans sa gorge, et tout ce qu'il parvient à cracher : « Tu sais quoi ? Va te faire foutre. » Non, ça ne lui ressemble pas. Du tout. Et c'est une tempête qui s'éloigne et laisse claquer dans son dos les portes du café, qui battent la salle d'un courant d'air glacial. Elle n'aura qu'à payer, ça lui fera les pieds. Pensée fugace qui le traverse, quand une douleur toute autre le transperce.

Et il n'y a pas de doute sur la destination. Rien qui ne l'arrête, plus maintenant. Ainsi que l'ombre, déployée sur elle depuis des mois, s'engouffrera clandestinement dans l'enceinte du vieux cinéma.
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Patience put voir la cassure sur son visage. C'était comme si ses traits, tendus jusqu'alors, rompaient brusquement, éclatant en une colère mal contenue – sauvage. Oh oui, elle connaissait Bram en dépit de ce qu'il avait bien voulu croire, en dépit de ce numéro savamment orchestré qu'il lui avait servi durant deux longues années. Le masque n'avait pas été toujours infaillible, et parmi les fissures décelées au détour d'un sourire branlant, d'un pic de rage soudain, Patience avait su que transpirait chez lui une blessure profonde – et maintenant qu'ils en étaient là, qu'il lui avait jeté l'horreur en pleine figure, Patience aimait également se dire qu'elle n'avait jamais été dupe, quand de toute évidence, cela avait été le cas. Un sursaut de fierté salvateur pour se protéger et se dire que bien sûr que oui, elle avait toujours su, comme si elle avait pu deviner qu'elle partageait sa vie avec le protagoniste d'un conte terrible.

La vérité, c'était qu'elle s'était faite avoir comme une idiote. La vérité, c'était que ses quelques doutes et les suspicions d'un mal ancré en Bram n'avaient su l'aiguiller assez pour comprendre avant qu'il ne soit trop tard.

Maintenant néanmoins, leur situation était différente – sa situation à elle, détachée de Bram, ses actes et ses motivations vues par le prisme d'un recul bienheureux, et surtout d'une visite hebdomadaire chez le psy pendant deux longues années. Maintenant, Patience pouvait venir voir la crise avec toute la lucidité nécessaire (avant, ce n'était qu'une sensation floue, bercée par l'incompréhension profonde que suscitaient ces accès dont il ne voulait, bien évidemment, jamais parler ensuite) ; et les traits de Bram avaient précédés les mots qui claquèrent comme un coup de fouet.

L'ultimatum venait d'ordinaire beaucoup plus tard – s'il venait tout court, car plus d'une fois et Bram et elle avaient serrés les dents pour, finalement, ne pas laisser filtrer les mots poison. Et cette fois encore, il parvint à la faire douter ; est-ce qu'elle devait mettre un terme à ces entrevues idiotes ? Les prétextes s'amenuisaient, devenant, à chaque fois, de plus en plus idiots – et elle n'était pas sûre que le revoir lui fasse plus de bien que de mal.

Et pourtant... Pourtant, Patience peinait à tourner la page. En dépit des recommandations de sa psy, des remarques de ses proches, elle n'était, à vrai dire, pas certaine de supporter de couper définitivement les ponts. Bram, avant toute chose, avait été un ami précieux, un confident attentif – et sa douceur lui restait collée à la peau comme un souvenir, « un parasite » avait corrigé sa sœur plus d'une fois.

Alors face au doute, Patience se tut d'abord, résistant aux assauts répétés de Bram. Dis-le, dis-le ; autant de raisons de se taire encore, buvant une gorgée de sa boisson, se dérobant au regard avant de l'affronter de nouveau. Ce qui l'alerta fut ce nouveau claquement sec, ce geste brusque, pour occuper son corps, lorsqu'il se leva sans prévenir. « Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... » commença-t-elle, ses yeux de nouveau arrimés aux siens. Mais déjà il ne l'écoutait plus, tirait sur ses manches, enfonçait ses mains dans ses poches alors qu'un « Bram... » lui échappait, plus bas, accompagnant l'inclinaison soucieuse de ses sourcils clairs.

Le dernier coup fut brutal, et il ressemblait si peu à Bram et au déroulement ordinaire de leurs rendez-vous que Patience en resta coite. Les mains dans sa poche. Le déclic, dans son regard brûlant.
Oh non. Mue par un pressentiment terrible, Patience attrapa sa veste à son tour. « Attends, Bram ! » Il avait déjà claqué la porte, et la biologiste, qui s'était levée d'un coup, farfouilla dans ses poches à la recherche de son porte-feuille – introuvable, comme en toute situation d'urgence. « Merde merde merde... » scanda-t-elle en retournant son manteau, puis fouillant dans le coussin de son fauteuil, avant de jeter un œil à terre – le tout en jetant de brefs coups d'oeil pour accrocher la silhouette fuyante de Caldwell.

Bien entendu, il fut d'abord introuvable ; Patience courut sans savoir vraiment où aller, d'abord, criant son nom dans la rue sans se soucier des regards – il y avait là plus important, et depuis longtemps elle avait à Exeter hérité d'une gentille étiquette « d'originale », pour ce que cela voulait dire.
Puis elle s'arrêta, et, préférant la réflexion à ses capacités physiques de maigrichonne, passa en revue les options qu'offraient le quartier.

Il y avait ce café, où ils allaient parfois quand ils étaient encore étudiants, le restaurant italien où ils avaient eu leur premier rendez-vous officiel – mais il avait fermé, comme le cinéma où...
Son cœur rata un battement. Patience, rationnelle, mit de côté cette impression désagréable, et se décida à passer les trois lieux.

Rien au café.
Rien au local de l'ancien restaurant – dont on n'avait pas encore repris le bail.
Puis vint le cinéma.

Patience prit un chemin de traverse, abordant les lieux loin des regards ; elle passa les barrières de sécurité, de simples banderoles qui flottaient vaguement au vent, et s'enfila dans le bâtiment abandonné depuis peu. « Bram ? Bram ! » Ses appels reprirent, plus discrets maintenant qu'elle n'avait pas à s'opposer aux bruits de la rue ; des couinements et des galopades discrètes lui répondirent, mais pas de signe de lui. Alors Patience s'enfonça plus avant, jusqu'au cœur de l'une des deux salles de ce cinéma ancien, éclairant les lieux de la lumière de son portable. « Bram ? », souffla-t-elle, l'impression de voir une ombre se faufiler devant elle.

Les fantômes n'étaient jamais loin, à Exeter ; aussi Patience avança-t-elle avec prudence, parmi les ombres effilées et l'empreinte des souvenirs de milliers de corps encore dans l'air.

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“find out i was just a bad dream.” & Ce n'est pas ce qu'elle a voulu dire. Au moment même où Patience cherche à rattraper les mots qui se sont, peut-être, enchaînés un peu rapidement, Bram ne fait pas l'effort de la croire. Il le pourrait, pourtant, et sent même très clairement la seconde de latence qui s'invite à ses dires. Celle qui sonne comme une éclaircie dans les nuées opaques envahissant son esprit. Mais il la rejette, par colère, refuse de saisir la perche qu'elle lui tend, parce qu'il le sent, cette fois. Qu'il n'y aura plus de retour en arrière. Il s'en persuade, au gré de son empressement à quitter les lieux, fuir son odeur qui lui parvient, même de l'autre côté de la table, ses prunelles claires qui se retirent pour mieux revenir s'éclater sur ses récifs impénétrables. Comme si tous les récepteurs s'activaient subitement en même temps, signaux alarmant qui le bousculent plus que de raison, c'est la fuite qui s'opère quand l'aplomb lui manque. Patience a réussi à lui ôter toute réflexion, à lui faire fermer sa gueule, ce qui aurait forcé l'admiration de tous ces autres, ceux qui n'osaient s'y risquer, finissaient par se taire, ou n'y parvenaient guère. Ceux qui ne comptaient pas, et ne compteraient jamais. Là était bien le véritable problème à ces heures accumulées, toujours à se retrouver pour mieux s'écharper. Patience n'est pas une inconnue. Et elle ne le sera jamais. Des rares êtres à avoir trouvé une place dans sa vie, c'est en accélérant le pas qu'il la revoit, encore et encore, marcher vers lui dans les allées de l'université, auréolée de cette lumière qui l'attirait inévitablement à elle, et lui faisait peur, aussi. Il le savait pourtant, comme une évidence née de ses premiers incendies :  les seules étincelles qu'il pouvait côtoyer sans risque étaient celles qui claquaient au bout de ses allumettes. Celles qui le perçaient à jour, certes, mais sans qu'aucun spectateur ne soit invité à le constater. Il n'y avait que dans la pénombre qu'il pouvait déambuler sans risque, dans la solitude qu'il se départait de ses craintes. Mais il s'y était risqué. A s'engouffrer dans son sillage et la garder à ses côtés. Et sûrement s'était-il épanoui, en s'efforçant d'entretenir cette amitié. En se risquant à l'embrasser, lui qui n'avait connu que des étreintes déconnectées. Prétendre appartenir à son monde, s'intégrer à un univers dont il n'avait jamais maîtrisé les codes, mais qu'il avait appris à feindre durant toute son adolescence. Utile pour faire mine d'être adapté à la société. Et resplendir de ces airs tissés pour lui par ses parents adoptifs, offrir le fils Gallagher à Patience parce que c'était un pari moins risqué que de lui présenter l'aîné des Caldwell. Et il s'y est perdu. Y a cru, un peu. Un peu plus qu'il ne le pensait, en réalité.

Mais la vérité, c'est qu'il a l'intérieur qui se désagrège, par toutes les failles qui se sont créées en dedans depuis bien trop longtemps. Depuis les coups et les cris, et puis, les blessures de sa soeur après les siennes, la naissance d'un troisième môme dans l'horreur du foyer. Autant de plaies qui suintent et qu'il n'a pas été capable de réparer, à reculer comme un animal blessé sans même laisser Patience les déceler, lui laisser l'opportunité de les panser. Alors, il le sait, comme il le savait aussi lorsqu'il était petit. Que si on ne badigeonne pas les béances d'alcool et qu'on n'y emmêle pas des fils à temps, on s'infecte. C'est ce qui lui est arrivé, sans qu'il ne cherche à l'empêcher, peut-être parce qu'il le sait, qu'il le mérite. Il s'est laissé pourrir, jusqu'à devenir tellement infect qu'il n'a plus vraiment cherché à le dissimuler.

Ce n'est plus la même odeur, depuis que le cinéma a fermé. Ou bien, depuis le temps qu'il n'y a plus mis les pieds. C'est ce qu'il constate, et ça l'agace, autant qu'il s'en complaît. Il aimerait ne rien reconnaître de ces lieux si souvent retrouvés, à se guider à la lueur de la flamme qui danse sur son briquet, tremblote quand son pas s'accélère pour mieux se stabiliser au gré de ses arrêts. Il n'y voit pas très clair, mais ça lui suffit. Il a besoin de s'acclimater à l'ambiance déserte de cet endroit qu'il a aimé, écho à la solitude qui se rappelle à lui dès qu'il en explore un nouveau recoin. Tout semble s'être figé et il ne fait pas un bruit, même lorsqu'il s'ose à pénétrer dans l'une des salles de projection, contemple les premières rangées de sièges, jusqu'à celles qui disparaissent de son champ de vision après quelques mètres. Et c'est un bond en arrière qui finit par franchement lui déplaire, pour tout ce que ça vient remuer dans son crâne. Pas doué pour les rétrospectives, il ne sait pas ce qu'il fout là. Ou plutôt si, mais c'est l'instant qu'il retarde. Il prend son temps, toujours. Jusqu'à ce que l'attente lui devienne si intolérable, qu'il n'y a plus que ça à faire pour apaiser son être.

Jusqu'à en frôler la folie. Il ne sait déjà plus bien d'où c'est parti. Moins méthodique, parce que pour une fois, il essaye de se contenir, de réprimer la pulsion démesurée qui l'a saisi depuis qu'il s'est tiré. Mais déjà, ce sont les câbles qui s'emmêlent, les fils qui se mélangent. Le projecteur qui rougeoie, et puis, les vieilles pellicules stockées depuis trop longtemps qui craquent et viennent lui mordre les doigts, bobines qui se répandent ci et là. Les poubelles encore remplies qui crépitent les unes après les autres. Il le sème partout où il passe, errance qui éparpille les départs de feu tout autour de la plus grande des deux salles. Là qu'ils ont vu leur dernier film, il y a trois années de ça. Là qu'ils ont vu leur premier film, il y a plus longtemps encore.

Il jubile, pendant de longues minutes de pèlerinage. Jusqu'à ce que la fumée ne commence à se propager, trop épaisse, de la salle de projection qui entre en éruption subitement, entraînant avec elle la vitre, et puis, dégueulant son courroux vers les sièges inhabités. Avant le fracas du verre et le vagissement des flammes, il est presque persuadé, Bram, d'avoir entendu son nom. Au point de se retourner, hagard, et de tendre l'oreille un instant. De faire quelques pas dans le couloir, contraint de s'arrêter, de reculer. Comme une traînée de poudre qui ronge le sol, déchire la moquette et s'installe tranquillement le long des tapisseries, voilà que l'incendie lui refuse désormais le droit d'avancer. « Patience ? » Qu'il hèle, persuadé d'halluciner. Ça ne peut être qu'elle, et il le sait. Mais il l'a rêvée. Il l'a rêvée. Et il recule, encore. Et il fuit, encore.
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/!\ TW : incendie, asphyxie


Elle allait finir par y laisser la santé, lui répétait inlassablement sa sœur. Il fallait qu'elle le lâche, l'envoie paître avec sa gueule de raton laveur contrarié, avant qu'il ne soit trop tard. Sur l'instant, Patience avait balayé d'un vague geste de la main, agacée par les comparaisons inappropriées de Tilda (le raton laveur était l'une des plus récurrentes, depuis les premières étincelles du béguin à l'université). Ce n'avait été que la manifestation d'un fait simple, enfoncé profondément dans le cœur de la cadette Brown comme une épine douloureuse, mais qu'on a fini par chérir malgré tout : Patience était tout aussi incapable de mettre fin à leur histoire que lui. Oh, elle allait lui faire payer cette fuite précipitée, cette course folle, et lui lister tout ce qui faisait de lui le pire des crétins, et le plus inapte des compagnons, amis, êtres humains de ce monde, même, lors de leur prochaine rencontre ; elle allait appuyer sur les plaies béantes qui suintaient sous sa peau fragiles, creuser les failles qu'elle connaissait presque par cœur, et le dégoûter si fort de cet épisode, d'elle et de ce fichu cinéma, que Bram n'y remettrait plus jamais les pieds de la vie.

Mâchoires serrées dans le noir, Patience s'accrochait à cette hargne factice, caduque en l'instant, car tout était bon pour se distraire de cette peur sourde qui, dans le cinéma silencieux, lui tordait le ventre. S'il faisait encore une connerie, s'il osait ne serait-ce que casser un foutu verre pour faire éclater sa colère... « Bram ! », fit-elle avec plus de force, cette fois, remontant le long de l'allée déserte après un bref tour du propriétaire. « Sors de ton trou bon sang, arrête de faire le con ! » La sensation terrifiante continuait de grandir, pression lourde sur son abdomen ; Patience pressa le pas pour s'engouffrer dans l'espace de projection, où traînaient des vieux meubles, et un air vicié par la poussière et l'obscurité.

Ce fut alors qu'elle sentit. Un filet léger, une petite pichenette contre ses sens ; elle s'immobilisa sur place, et inspira brièvement, une fois, puis deux. Non, pensa-t-elle d'abord, avant de réitérer l'expérience, non, c'était impossible. Non non non... Et au travers l'air renfermé, saturé de l'espace, Patience décela la fine odeur de brûlé. Coeur battant, sens en alerte, elle ouvrit brusquement la porte de la cabine de projection ; le filet se transforma en grandes bouffées incendiaires, saisissant violemment son odorat – et elle constata avec horreur que de sous la porte filtraient d'épaisses volutes de fumée. « BRAM ! » Elle ouvrit la première des deux portes à battants qui la séparaient de l'extérieur ; le sas était empli d'une fumée grise et noire, qui lui arracha une toux violente tandis qu'elle fendait son chemin jusqu'à la seconde porte.

Les flammes avaient déjà englouti la moitié du hall et, lorsque les battants s'ouvrirent, elles se précipitèrent pour s'inviter à l'intérieur de la salle où s'était réfugiée Patience. Elle poussa un cri, terrifiée, et battit rapidement en retraite. Elle toussa, toussa encore, et sortit son portable en dévalant l'allée. Quelques secondes d'une marche rapide pour entendre, au téléphone, un "bip bip bip" inédit. Coup d'oeil à l'écran : pas de réseau, dans les tréfonds de ce vieux bâtiment. « Non non non non... », psalmodia-t-elle en recommençant une nouvelle fois. Bip bip bip. Nouveau coup d'oeil - réseau à zéro. Glacée d'horreur, Patience remis, tremblante, le téléphone dans sa poche ; les fréquences désastreuses d'Exeter frappaient aux moments les plus dramatiques.
Il y avait en contrebas une sortie de secours, au-dessus de laquelle trônait un EXIT cassé ; elle s'y précipita et poussa la porte, y mettant d'un même mouvement le poids de son corps. Elle rencontra une résistance imprévue, qui manqua de lui faire heurter le battant immobile. Croyant à une porte capricieuse, elle réitéra encore l'exercice.

Cette fois la porte grinça, et lui céda un centimètre.
Puis buta aussitôt contre un quelque chose dans un bruit métallique, plombant l'espoir de Patience.

Clonk, clonk clonk ; la battant cogna contre le même obstacle sous les assauts répétés, vaguement anxieux de Patience.
Clonk clonk clonk clonk ; Patience jeta son épaule contre le battant, une fois, deux fois, trois – puis quatre, avec une exclamation de douleur étouffée. Allez allez allez allez – la panique commençait à la gagner. La fumée la faisait tousser de façon inquiétante, et elle commençait à avoir extrêmement chaud – ce n'était, malheureusement, pas le fait de son angoisse ou de son effort.

Clonk clonk clonk – « BRAM ! » Elle secouait la porte, lui donnait des coups, lui lançait des insultes, désespérait un instant devant la fatalité qui lui fonçait dessus, avant de reprendre avec plus de véhémence encore – les larmes aux yeux, la gorge serrée, irritée par la fumée et la chaleur. Les flammes gonflèrent en envahissant l'espace projection, courant sur le mur molletonné de la salle ; Patience tambourina contre le battant, entre deux secousses. « AU SECOURS ! AIDEZ-MOI ! A L'AIDE ! JE SUIS ENFERMÉE ! AU SECOURS ! » Elle hurla, toussa encore, sentit la fumée envahir ses poumons, obscurcir sa vue, pénétrer l'air jusqu'à la dernière parcelle d'oxygène – et Patience, peinant à reprendre son souffle, se tapit au sol, y chercha à grandes inspirations une goulée d'air salvatrice, une, deux inspirations, la poitrine gonflée de terreur. Il fallait trouver un autre moyen, il y avait forcément un autre moyen, elle ne pouvait pas mourir, elle ne pouvait pas, pas comme ça, pas maintenant, pas...

Ce fut comme si ses poumons se figèrent ; une ultime toux la saisit, plus violente que les autres. Elle toussa, toussa encore, essaya d'inspirer, mais il n'y avait dans l'air plus que du carbone et cette chaleur insupportable qui lui plombait les muscles et le corps. Elle inspira, inspira l'atmosphère saturée de fumée et de flammes, en avançant avec le vague espoir que plus loin se trouverait...

Un vertige la saisit ; et sans parvenir au bout de ce dernier espoir, Patience s'évanouit.

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“find out i was just a bad dream.” &  « Patience. » Patience. Comme une évidence. Comme la première fois qu'il a prononcé son prénom, celui qu'il n'avait jamais entendu jusqu'alors, en appréciant la sonorité, et le répétant, encore. Pour la héler d'un bout à l'autre des couloirs, ponctuer ses bonsoirs et ses aurevoirs d'un bout à l'autre de leurs heures studieuses puis de leurs rancards. Et puis invoquée au coeur de ces nuits qui ne ressemblaient à aucune autre, syllabes étouffées dans son cou, dans leurs draps. Empruntes de courroux quand tout a fini par se détériorer, après un certain temps à faire semblant. « Tire-toi de là, Patience ! » Il s'égosille, à s'en meurtrir les cordes vocales, celles qui ne sont plus habituées à hausser le ton parce qu'il ne s'en donne jamais la peine en général. Peu habitué à hurler, plus enclin à disperser des morsures venimeuses sans avoir à gueuler. La voix se brise en mille morceaux dans toutes ses déclinaisons rauques, lui ordonne de se barrer derrière les nappes de fumées épaisses qui l'aveuglent. Ça ne peut pas être la dernière fois qu'il l'appelle. Qu'il prononce ainsi son nom, celui qu'il a tant chéri que maudit, sans pour autant songer la perdre. Bram a besoin de Patience dans sa vie. Et c'est cette certitude qui lui revient en pleine gueule, comme au café, au moment où elle se disperse, où aucun geste de sa part ne saurait chercher à la retenir. Pas doué pour ça. Jamais. Pourtant, c'est face à la fatalité qu'il se révèle plus obstiné, s'avance en placardant un bras à sa figure, protège ses voies respiratoires en cherchant à progresser vers la salle incendiée.
Mais il connaît le feu, Bram. Et dans le fond, il sait déjà. Il n'y a rien qu'il puisse faire pour le contrer, cette fois.

Il a encore dans les oreilles ses plaintes lointaines, celles qu'il songe presque avoir rêvées. Les poumons encrassés finissent par le contraindre au demi-tour forcé, à dégager le plancher, file faire le tour du bâtiment en évitant les cartons entassés dans la ruelle, les vieilles affiches enroulées sur elles-mêmes que la pluie a déjà délavé. Il a le coeur qui palpite et la raison qui menace de sérieusement flancher, les gestes qui s'empressent mais rien n'y fait. Les bennes à ordure débordent à l'arrière du cinéma, entravent toute espoir de sortie, blindées de détritus à en ployer sur leurs charpente métallique, prêtes à dégueuler leur contenu sur le pavé. C'est une frénésie certaine qui le saisit, les muscles tendus qui peinent à tirer, pousser, tirer encore, sans que rien n'y fasse. Poussée d'adrénaline inefficace. Et bientôt, il ne l'entend plus. La litanie claquante de la porte contre laquelle on pousse et l'on force dans un désespoir palpable. Il n'y a plus qu'une épaisse fumée noire qui diffuse par l'interstice, le nargue et le tient au supplice. « C'est de ta faute. Tu n'avais qu'à pas me suivre. Jamais. » Il murmure, la main posée sur le front, à tituber en enchaînant les pas de recul, finissant par se réfugier à l'abris d'une ruelle, à garder un oeil sur l'entrée du cinéma. « C'est de ta faute, Patience. » Il répète, la gorge nouée, à attendre que les sirènes se mettent à hurler entre les bâtiments pour se barrer, rentrer chez lui, s'asseoir sur son canapé, et attendre.

Son téléphone sonne, et c'est une voix ensommeillée qui retentit dans son portable. « Il y a eu un incendie, » qu'on lui dit, « tu peux t'y rendre tout de suite, on vient d'emmener le corps, tu n'seras pas dérangé. »

Le corps. Pas dérangé. Là qu'il finit par se précipiter vers les toilettes pour y vomir, tant et si bien que d'une manière ou d'une autre, il finit par s'effondrer dans le cabinet, dans des suffocations silencieuses qui font écho aux siennes, une angoisse sans nom arrimée aux tripes.
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