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Swallowed by a vicious vengeful sea
Darker days are raining over me
In the deepest depths I lost myself
I see myself through someone else

@Eden Lovelace & Silas Dunham

Enième soupir perdu pendu aux lèvres lasses, Silas arpente les couloirs de l’hôpital. Le pas sûr, le cœur lourd et le sourire à la dérive, c’est sans âme qu’il effectue son travail depuis quelques mois. Juste une carcasse inhabitée qu’il traîne d’un bout à l’autre de l’hôpital, du chevet d’un mourant aux familles en pleurs, à répandre ses émotions noires aux quatre vents. Pas faute d’essayer, pourtant. Face aux patients, la bonne humeur mensongère et les sourires taillés au scalpel, mais sa chorégraphie sonne faux, et sur son passage, les espoirs s’épuisent et les rires s’éteignent. La tristesse qui le possède est corrosive, contagieuse, et elle a une nouvelle fois pris toute la place dans ses entrailles nouées. Réveillée d’une torpeur millénaire, elle a pleuré et gratté à sa porte jusqu’à ce que, fatigué de nier l’évidence, il la laisse entrer. Nayati était parti. Téléphone coupé, boutique fermée, lit défait. Malgré toutes leurs promesses d’éternité, en dépit d’un quotidien qui lui avait semblé heureux, l’amant barré au milieu de la nuit. Des années d’une amitié fusionnelle, et quelques mois d’un amour paisible, balayés. Leur bonheur balancé aux chiens sans explication, déchiqueté entre les mâchoires puissantes des clébards galeux de l’indifférence.

Comme toujours, il avait à peine trouvé la colère en réponse à ses incompréhensions. Il l’avait effleurée du bout des doigts, caressant l’idée d’entrer dans une rage étrangère, d’en vouloir à Nayati et de nourrir envers lui un ersatz de rancœur à grands renforts de comment t’as pu, jusqu’à ce qu’elle grandisse et finisse par l’avaler tout entier, mais ça aussi, ça sonnait faux. Alors, dans le silence toxique de son appartement, Silas avait écouté son cœur se briser. Sans mélodie ni accords, juste le bruit déchirant d’un avenir éventré. Par deux fois, l’infirmier avait perdu son futur dans la disparition d’un être aimé. Sauf que Silas, il a jamais trop su exister pour lui-même. Il trouve substance dans les émotions qu'il vole aux autres, dans les regards qu'on lui adresse. Seul, il vivote de sourire un peu bête en trivialité docile. Alors, abandonné à ses armes émoussées, il s’émiette et se morcelle au fil des jours mornes qui passent en l’oubliant. Pour échapper à la solitude qu'il a en horreur, Silas cherche la compagnie partout où il ne faut pas, s’abandonne à tous les autres, offre le corps rejeté aux premiers cons qui passent. Mais c’est dans des cheveux d’ébène qu’il voudrait cacher ses doigts, dans des yeux tristes qu’il aimerait trouver des réponses, et sous des doigts musiciens qu'il crève de vibrer, de ceux qui joueraient quelques gammes sur sa peau pâle. Alors il quitte les lits à peine les étreintes finies, s'arrache aux amants de quelques heures, fleur fanée d'avoir été mal cueillie.

A beaucoup d'infirmiers, le service de nuit semble plus long, plus dur, marqué de temps morts et d'un silence presque inquiétant pour qui n'est pas habitué. Pas différent de ses collègues, Silas parcourt l'hôpital comme s'il y cherchait la mort, veille les patients sans sommeil qui requièrent assistance et envie les autres. La nuit est lourde et creuse, les urgences presque vides et, pour une fois, Exeter semble paisible. La journée apporte toujours son lot de blessures graves et autres tragédies, mais entre minuit et six heures, le café est sa seule arme contre le silence. Ces temps-ci, Silas prend ses pauses à l'écart, boit sa tasse au hasard des couloirs, trop agité pour s'asseoir dans la salle de repos, trop épuisé pour se relâcher, ne serait-ce qu'un instant. Parce qu'il a les rêves en horreur, le cauchemar en oreiller, la panique en livre de chevet, et la fatigue s'accumule à mesure que le sommeil lui échappe. Entre deux gorgées de café, un bruit qui traverse le silence et le tire de ses méandres, et, « Eden ? » qui débarque de nulle part. Bien qu'il ne l'ait pas vu depuis des années, il n'a aucun doute lorsqu'il l'aperçoit là, face à lui. Peut-être parce qu'il a été au centre de quelques conversations avec Sanya, ces derniers temps. Méfiant, Silas hésite. « Qu'est-ce que tu fais ici? Les heures de visite sont terminées. » La phrase-adage lui échappe, presque machinalement, légèrement incongrue étant donné l'heure que sa montre affiche. 02h24. « Tu t'en doutes, j'imagine. » Silas hausse les épaules, jette un oeil au café au fond de sa tasse, puis de nouveau pose ses yeux sur le jeune homme qui lui fait face. « Du coup, t'as pas trop le droit d'être là. » Depuis sa tasse, le café secoue la tête et se fout de sa gueule. A choisir, c'est dans d'autres circonstances qu'il aurait préféré renouer avec l'amant conflictuel de Sanya et, pris au dépourvu et sans sa bonne humeur habituelle, Silas ne sait pas exactement comment réagir face à la présence, a priori parfaitement illégitime, d'Eden.

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@Silas Dunham & Eden Lovelace


Crève la dalle.
Ben bouffe alors.

Faudrait rentrer surtout, ramener son cul au Foyer Rouge pour au moins dire qu’on existe encore. Faudrait mais il peut pas y retourner. L’envie n’y est plus et la force non plus. Fatigué qu’il est, un comble pour un wendigo censé ne jamais ressentir les affres de la fatigue. Petite crève mauvaise qu’il se traine dans le fond du bide sans le savoir, elle qui grignote gentiment le système pour s’y faire un nid douillet et ne plus en dégager. Elle lui creuse les entrailles et décuple sa faim, pour contrer aux faiblesses de la mécanique, l’appel de la bouffe devient violent.
Le cabot devenu mauvais après sa rencontre malaise avec le danseur aux yeux de biches. Putain d’Alekansdr. De Sanya, il sait plus vraiment comment il doit l’appeler. S’accroche un peu trop aux sonorités qui défoncent les oreilles d’un prénom venu de l’Est tout droit catapulté de son passé quand l’autre s’ancre dans son présent. Son futur. Toujours là pour faire chier.

C’est Mattie qu’il a laissé, mis dehors par le veilleur un peu trop teigneux et à cheval sur un règlement dont il se fout. A la voir s’agripper à son cou comme elle peut le faire à chaque fois, y enfouir sa jolie bouille de poupée, et lui murmurer des je t’aime papa à lui niquer le cœur dans les règles. Le faire fondre gentiment pour se retrouver avec un machin tout mou, tout gluant entre les doigts. Et lui donner l’envie de ne pas la lâcher, se tirer pour de vrai avec elle.
Pour aller où ?
Sait pas. Dans son petit studio de merde déjà. Se tirer ensuite. Piquer une caisse, même s’il sait pas vraiment conduite et roule. Embarquer Sanya dans sa fuite à la con. Sûrement pas, plutôt crever.
Bien sûr que si.


Il râle, tout seul en réponse à ses pensées parasites qui l’emmerdent. Orphelinat à un décor plus glauque il n’y a qu’un pas. Une fenêtre mal fermée à forcer pour se glisser à l’intérieur. Les semelles de ses rangers en silence sur le sol aseptisé. L’odeur lui retourne le ventre, ce mélange d’antiseptique et de mort. La mort, elle pue, c’est tout. Y a rien pour en cacher les senteurs, c’est ce qui la caractérise et la rend si dégueulasse pour ceux qui la détestes. Pas lui. L’homme sent mauvais une fois qu’il est crevé, un peu comme ceux qui s’entassent dans les frigos qu’il a ouvert, l’un après l’autre jusqu’à tomber sur ce qu’il cherchait. Son McDo à lui, la bouffe en libre-service. Et plonger la pogne pour récupérer sa commande. Sans payer, les morts s’en foutent de toute façon.
Crue et trop froide pour être agréable, la viande se déchiquète, saigne sur les longs doigts jusqu’aux poignets. Lui barbouille le museau alors qu’il a posé son cul sur une table d’autopsie. Décor morne, des outils de torture partout, une balance à côté de lui qu’il lorgne avec l’envie d’y balancer son repas juste pour voir combien il en ingère.

S’en fout.
Il lui en faut, c’est tout. Aussi répugnant que ce soit. A lui coller la nausée mais il peut rien faire, c’est gravé dans ce qu’il est, émane de cette foutue tache noire qu’il a sous la langue. Le ronronnement de la ventilation lui tape sur le système, envoie valser le silence pour le rendre gênant. Lourd. Comme si les morts derrière les lourdes portes couleur acier le fixaient, respiraient du rien pour le juger de leurs yeux trop éteints. Frissons le long du dos, il se redresse un peu et balance ses pieds dans le vide pour se remettre debout. Termine son repas à l’arrachée et se rince mains et gueule dans le grand bac tellement rutilant qu’il peut se voir dans le fond.
Sale gueule. Il a l’air tellement vieux tout à coup, abîmé dans le fond de son regard délavé. Il renifle une nouvelle fois et se détache de sa contemplation tordue. Referme le frigo en tapotant dessus du bout des doigts.
Merci… Trevor, pour la bouffe. N’importe quoi mais ça le fait sourire. D’une grimace un peu tordue pour masquer la gêne.

Et voilà qu’il refait le chemin allé en sens inverse Eden. Longe les murs comme une ombre, la main contre le crépi pour se guider. Son nom qui explose dans le calme nocturne lui défonce les tympans. L’oblige à lever le museau pour poser des yeux écarquillés de stupeur sur celui qui lui arrive droit devant.
Même pas vu.
Merde.
C’est quoi son nom déjà à celui-là ? Il le connait, le sait mais peine à savoir d’où. Remonte le fil de sa mémoire pour se retrouver onze ans en arrière. Silas. Putain de chiée. Les babines s’ourlent à nouveau, sourire crevard et franchement mauvais, enterre le malaise qui pointe sous la peau. Pris comme un con dans un piège qu’il a pas vu venir.

« - Ouais je sais. Mais ma tata Greta, elle est nocturne, ça oblige à faire des impairs. Je partais de toute façon. » Hausse une épaule, sait même pas quelle heure il est, et il s’en tape. « - Tu m’as pas vu, ça sera plus simple pour nous deux hein. » C’est un ordre qu’il donne. Une menace classique dans l’ordre des choses qui sont les leurs, le frisé en bas de la chaine alimentaire et Eden à son sommet.
Sale brute.

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Silas, il connaît pas le langage de la violence. La maison qui l’a vu grandir ne parlait que déceptions fatiguées et indifférences lasses, et le môme n’a reçu que des haussements d’épaules en réponse à ses babillages. Dans ses errances enfantines, autour de lui, ça vivait d’amours coups de poings et d’amitiés féroces, ça s’éclatait le gosier à gueuler contre son prochain. Lui, c’était la mauvaise herbe entre les dalles de ces trottoirs-colères. Silas-pissenlit qui volette dans l’univers en oubliant qu’on y crève, que les hommes en tuent des autres et qu'on ne se saigne jamais autant que lorsqu'on s'aime. Au lieu d’explosions et d’intolérance, il est fait d’inattentions et d’empathie, d’inaptitudes et de douceur. Glissé entre les doigts poison de cette ville cauchemar, il a grandi libéré de ses chaînes, un peu excentré, un peu déphasé. Alors il tourne en rond, Silas, à contre-sens du monde. A son rythme boiteux fait de pauses et de sourires, clopin la gueule en l’air à contempler le ciel, clopant dans la vase où il s’embourbe volontiers. Virevolte les pieds dans la fosse à oublier que ça empeste la mort autour de lui. Que certains s'aiment avec les dents et ne s'expriment qu'au travers d'ecchymoses laissées sur d'autres peaux, toile infinie de bleus, de violets et de noirs. Face à l’agressivité de ses pairs, Silas s’efface et se taille avant de se casser, façade de verre craquelée par trop de poings venus cogner à ses portes ouvertes. Disparaît derrière ses indifférences dans des haussements d'épaules héréditaires.

Alors face à l’Eden blasphème et son encyclopédie de tempêtes, Silas vacille d’un pied à l’autre, cherche où mettre le poids de ses menaces. Hésite. Si, de jour, ou encore aux urgences, il faut parfois faire face à des hommes virulents, agressifs ou ivres, ils sont souvent bien assez nombreux pour les empêcher de faire du mal à qui que ce soit. Là, il n’y a qu’Eden et ses intentions douteuses, l'infirmier et son café tiède, et le bruit assourdissant des néons qui les éclairent. Puis Silas, il a jamais été courageux. Il pourrait fermer les yeux et le laisser partir. Retourner à sa pause et à sa perdition, sans se soucier des agissements d'Eden entre ces murs. Mais au fond de son bide, ça chouine à l'idée. « Ouais... Mais tu sais, je peux pas trop faire ça. Tu es entré par les urgences ? On fait pas trop de dérogations pour les visiteurs nocturnes, normalement. Pour la sécurité des patients, tu vois. » Y’a de la sueur qui lui coule dans le dos, et, mieux que jamais, il perçoit l'aura de danger qui émane d'Eden et qui lui avait échappé, une décennie plus tôt. Pourtant, déjà à l'époque, il s'était méfié sans mesure du premier amour de Sanya. Il lui semble cependant bien plus inquiétant là, dans ce couloir d'hôpital désert, des desseins inconnus cachés derrière ses airs intimidants. « Sinon, n'importe qui pourrait venir et les massacrer dans leurs lits. On n'est pas très nombreux, pour le service de nuit. Ce serait facile. » Silas débite ses inquiétudes un rien trop vite en regardant avec détermination l'espace entre Eden et lui. « Mais bon, » et sa voix s'étrangle pour tenter de le faire taire, « c'est pas pour ça que t'es là, y'a même pas de chambres, par là. » Il désigne du bout des yeux le couloir d'où Eden a semblé arriver. A regarder l'infirmier gesticuler, difficile de s'imaginer que c'est lui qui est dans son bon droit.

« Sanya m'a dit, pour vous. » qu'il glisse en cherchant le regard de l'autre homme, tentative malhabile de dénouer la situation et de laisser l'air revenir jusqu'à ses poumons oppressés. Il en oublie d'ajouter des émotions à sa déclaration. De toute façon, il n'est pas certain de ce que lui inspire cette relation. Sanya qu'il aime d'un amour protecteur, presque fraternel, qui ne lui ressemble pas, lié à cet homme qui l'a menacé sans sourciller deux phrases après leurs retrouvailles impromptues. L'idée grince dans sa caboche affolée. Le liquide brun qui remue dans sa tasse au rythme de ses agitations ne lui est d'aucun secours.

@Eden Lovelace

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@Silas Dunham & Eden Lovelace


C'est qu'il peut même pas se tirer, jouer aux oreilles bouchées et reprendre sa route. Direction la fenêtre qu'il a joyeusement forcée et enjambée. Il est presque sûr que le frisé et son café se mettront à beugler pour crier au drame s'il bouge un peu trop ou tente de se barrer.
Fait chier.
Il reste en place Eden, pose son regard de porte de morgue sur l'infirmier qui débite tellement de mots qu'il en a mal au crâne. Se demande même comment ça peut sortir aussi facilement alors qu'il a clairement l'air de se faire dessus. Lève un sourcil, le cabot et baisse les yeux, vers la tasse, les doigts qui y sont crispés. Le froc, pas taché. Presque déçu, petite moue de sale gosse sur les babines et il rebalance ses yeux dans ceux de Silas.

Et il accuse, l'infirmier. Désigne de ses bouclettes le couloir d'où il vient, le wendigo. La morgue et ses occupants figés. Plus malades, plus vivants. Ca trébuche dans la poitrine abîmée, le cœur se serre et repart, pousse l'adrénaline et la fureur dans les veines. Ses doigts se referment, lentement puis s'ouvrent. Recommencent, pour se détendre. Un peu. Pour estimer ce que ferait son poing dans la jolie trogne du gars qui parle trop devant lui. «- Je me suis perdu. Je suis passé par une fenêtre, je me disais que c'était étrange comme entrée.  Comment tu sais pourquoi je suis là hein ? » Il hausse une épaule, et pour occuper ses pognes les fourrent les poches de son jean fatigué.
On a terminé ?
Il est presque sûr que oui, de toute façon il a jamais eu grand-chose à lui dire. Déjà minots, il lui inspirait pas grand-chose. De la méfiance, et une énorme dose de jalousie quand il se prenait à le voir, Silas, traînant avec Aleksandr. A en avoir mal au cœur et se prendre une violente envie de massacre dans la poitrine. Mettre ça sur le compte de la possessivité de la brute qui ne supporte pas de voir sa victime proche de qui que ce soit.
Connerie.
Jaloux tout simplement.

Et ça vient, la phrase de trop. Le prénom qui fait mal, encore plus maintenant. Ca se casse sur la figure fermé, Eden qui vacille le temps d'une inspiration coup de poing qui lui défonce le ventre.
De quoi ?
Il papillonne un peu des cils et se reprend, renifle tout son dédain et fait grincer ses crocs, mauvais. « - Il t'a dit quoi ? » Rien. Parce qu'il n'y a rien à dire. L'espace d'une seconde, le cabot a la trouille. Que sa pédale russe ait trop parlé, raconté en détail leur petite affaire pourrie dans la loge. Sexe dégueulasse qui lui laisse une ignoble sensation de manque dans le fond du corps et une gerbe mauvaise dans le bide. Celle de la honte. Du déni.
D'une acceptation en morceaux qui peine à se recoller.

Renifle une nouvelle fois et Eden s'avance. Bifurque dans le couloir occupé par Silas, sous les ombres criardes des néons, avance jusqu'à se poster devant lui. A distance de bras tendu, de quoi rester assez loin et en même temps suffisamment proche pour lui éclater le nez si jamais il ose lui dire un truc qui passe pas. Et il y en a tellement que Silas est presque certain de tirer le gros lot.

« - Y a rien à dire, sur nous. Il t'a raconté quoi, ses fantasmes à la con qu'il prend pour des réalités ? » Ta gueule Eden. A cracher sur Sanya comme il est en train de le faire pour rendre l'affront plus facile à supporter, c'est à lui qu'il fait mal en premier. Nie en bloc comme il sait si bien le faire sauf que cette fois, c'est affreusement douloureux. S'arracher un bout de cœur à chaque mot, le sentir se décoller aussi fort qu'il a senti les muscles se détacher sous ses dents un peu plus tôt. Il était pas frais Trevor, le wendigo en a la nausée. Envie de gerber et regard intéressé en direction de la tasse.
Si jamais.
En attendant, il serre les dents et attend la suite. Faussement patient. Ecrase du poids de son regard mauvais les jolis yeux du frisé qui osent soutenir les siens. Téméraire ou suicidaire. Ou les deux

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Ca s'affole sans se cacher, sous les traits de Silas. Sur la peau délicate, buvard réticent qui boit les émotions jusqu'à plus soif, la peur panique peint du noir avec des doigts sales. S'il me tape, Naya viendra même pas me venger. Pensée parasite qu'il regarde traîner des pieds dans le couloir. Nayati, il doit pas en avoir grand-chose à foutre, de l'état dans lequel il finit. De ce qu'Eden fait de lui. Après toutes ces années et autant de promesses, Silas peut bien crever là, à quelques dizaines de mètres de la morgue. Sauf que le cynisme et l'ironie, ça lui parle pas vraiment, à l'infirmier, alors ça se casse vite la gueule, dans sa tête. Il voudrait bien calmer ses inquiétudes à grands coups de logique, de il va rien t'arriver et de raisonnements pseudo-sensés, mais ça palpite derrière ses côtes, des boum, erratiques frénétiques, boum, explosifs abrasifs, ça brûle chauffe serre, et il sait pas s'il a déjà eu aussi peur de s'en prendre une. Pas autant. Pas comme ça. Il ose pas trop bouger, Silas, reste immobile pour ne pas embraser la situation d'un faux mouvement. Ils sont pas faits pour se côtoyer, Eden et lui. Opposés polaires, y'a bien que Sanya pour faire le lien fragile et superficiel entre eux. Pont de cordes au-dessus d'un vide infini. Sans Sanya, ils ne se seraient même jamais aperçus, auraient gravité autour de leurs orbites sans que leurs routes ne se croisent, jusqu'à cet instant. Est-ce qu'ils auraient réagi de la même manière, s'ils ne s'étaient jamais vus? Sans doute. Silas paralysé d'appréhensions, Eden paré de menaces. Tous les deux figés dans une chorégraphie prudente et sans issue. Il aurait pas grand-chose à faire, Silas, pour décanter la situation. Un geste de la main, quelques pas de côté. Laisser Eden à ses occupations macabres, curiosité et prétendus sentiments de courage oubliés. Il est pas dupe, l'infirmier un peu frêle, un peu pâle, aux poings et aux bras toujours ouverts; il n'a pas vraiment de résistance à opposer à l'homme qui lui fait face.

« J'ai pas dit que je savais pourquoi t'étais là. J'ai dit que t'étais pas là pour massacrer des gens, j'ai pas, je sais pas, justement, si je savais pourquoi t'es là - T'es pas là pour ça, hein? » Ça appelle pas vraiment de réponse, c'est juste la trouille qui sait plus par où sortir. La peur, elle a jamais assez de place, dans le corps de Silas. Elle enfle trop, trop vite, et ce n'est qu'au travers de babillages à peine intelligibles qu'il peut l'évacuer et ne pas imploser. Puis dès qu'ils se taisent, c'est le silence qui hurle. Pourtant habitué des silences, Silas n'aime que ceux qui susurrent et qui apaisent. Les instants de pause tranquilles entre deux amis proches, les heures de tranquillité passées seul, tous les soupirs et les sourires qui se taisent entre les mots. Il ne sait pas quoi faire, en revanche, de ces moments lourds, de ces secondes engorgées et poisseuses suspendues entre eux. Silas, il voit pas trop comment ça va finir.

« Rien, il m'a juste... dit. » Crache quelques injures destinées à ses bonnes intentions. Il oublie, toujours, toujours, comment sont les autres. Silas, comme souvent, il s'inquiète un peu pour Sanya. Les réactions d'Eden le mettent toutes plus mal-à-l'aise les unes que les autres, et il voit bien qu'il n'y aucune branche à laquelle il pourrait se rattraper pour sauver quelques miettes d'amitié, ou au moins de tolérance, entre eux. Alors il pourra dire à son ami qu'il a essayé, réitérer quelques encouragement à la prudence, qu'il ne saurait déclamer trop souvent, parce que ça lui ressemble pas de dire aux autres qui aimer. Puis il pourra s'évertuer à ne plus jamais le croiser. A supposer qu'ils ne meurent pas ici, coincés en cabots de faïence, destinés à se dévisager jusqu'à ce que le temps les fossilise ou que le soleil se lève.

Eden s'avance et Silas, il aurait pas pu reculer s'il l'avait voulu, les jambes rivées au sol. A bout de bras. Il pourrait toujours lui jeter les restes tièdes de son café à la gueule, si besoin. Les mots suivants sont acerbes et blessants. Le visage de l'infirmier se ferme un peu plus, frustration et agacement qui viennent tenir compagnie à ses craintes. Sous ses doigts, dans son regard, y'a une détermination inhabituelle qui trouve sa place. Silas, flâneur invétéré devant l'éternel, trouve toujours du sens dans la défense de Sanya. S'ancre un peu plus fermement dans le sol, comme si son existence se justifiait pour quelques brefs instants, une vague illumination, un ah, c'est pour ça qui soupire de soulagement. C'est si subtil qu'il en a à peine conscience, mais les coups lui importent soudain moins que l'honneur bafoué de Sanya. « J'suis désolé, mais je comprends pas. » La tête qui hoche négativement et les épaules qui se haussent presque malgré elles. C'est pas le plus doué pour les leçons de morale, Silas, lui qui s'emmêle entre ses idéaux, mais il y a quelques affronts, très spécifiques et presque tous liés à Sanya, qu'il ne peut pas laisser passer. « Il y a quelque chose entre vous, ça date pas d'hier. » L'instinct de survie qui donne quelques coups de pieds dans son bide le fait vaciller dans ses convictions, une, deux, trois secondes. Puis il replante son regard dans celui d'Eden. «Et moi, moi je comprends pas trop comment on peut nier l'évidence pour des concepts arriérés. » Pendant des années, il a pas compris l'homophobie, il a pas compris l'intolérance en général. Encore aujourd'hui, ça le dépasse un peu. Finalement, et sans surprise, ses ersatz de colère fondent en quelques onces de compassion, même pour Eden. « Ca doit pas être facile, d'être aussi peu en accord avec soi-même. » Il sait pas faire autrement. Il sait pas garder ses rancœurs, les nourrir et les pourrir jusqu'à ce qu'elles prennent le contrôle. Alors, à la place, il comprend. Sans le vouloir, sans le savoir.

@Eden Lovelace

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@Silas Dunham & Eden Lovelace


Pue la trouille, ça lui emplie les narines si fort qu’il arrive plus à sentir l’odeur aseptisée de l’hosto et du café qui s’agite dans la tasse. Fauve affolé par les relents de la proie, le nez se plisse et le sourire de travers de clown dément se crispe un peu plus sur les babines dévoilant les quenottes trop bien rangées pour un cabot comme lui. Il hausse une épaule Eden, regarde un peu ailleurs, comme s’il cherchait la réponse à la question qui n’attend pas vraiment de mots pour acquiescer ou démentir. « - Peut-être que si… Et que t’es sur mon chemin. Peut-être que tu vas finir la gueule éclatée sur le mur parce que c’est le but de ma visite. Tu vas faire quoi, te mettre à couiner très fort pour alerter tes copains ? » Il se penche un peu en avant, de cette façon de faire qu’ont toutes les brutes de lycée, en général plus grandes que leurs victimes et qui s’amusent à les surplomber de toute leur méchanceté. Ecart de taille de rien, c’est juste un réflexe, de l’intimidation gratuite qui sert à rien tellement le frisé se chie dessus de malaise.

Juste dit. Il aime pas ces mots Eden. Parce qu’ils veulent tout dire, et rien à la fois. Il a envie de lui éclater la gueule, au bonhomme en blouse blanche. Pour éclater celle de Sanya par procuration. Imbécile qui va raconter ses histoires de cul comme une gonzesse, sans seulement se dire que, peut-être, la deuxième partie du duo n’a pas envie que ça se sache.
Ne parvient pas à accepter l’évidence même si elle est encore plus imposante qu’avant leur petite incartade dans la loge. Elle bat si fort contre son cœur que ça résonne à deux dans sa poitrine. « - C’est ça, y a rien à dire. » S’arrache d’entre les crocs serrés, crispés. Trop. De cette douleur de ceux qui mentent, refusent et s’enlisent dans le déni. Ce mot qui lui va si bien et qui lui colle à la peau. Depuis le début, il se ment, refuse seulement d’admettre qu’il l’aime, le russe. D’un amour crasse et cassé, de sa façon à lui. Qu’il l’avouera jamais, ça reviendrait à admettre qu’il est pédé.
Faible.
Raté.

Alors il crache, entend bien le voir se décomposer, ce joli visage qui se referme un peu. Etrangement déterminé tout d’un coup. Point sensible que Silas a touché, chez lui comme chez les cabot. Il aurait dû le fracasser quand ils étaient encore gosse, au moins lui, puisqu’il a été suffisamment con pour épargner Sanya.
Et ça l’ouvre, encore. Balance une incompréhension qui heurte comme un coup dans les couilles. Tu comprends pas quoi ? Tu veux un dessin ? C’est pourtant lui qui fait la gueule. Se crispe d’un seul coup et soutient le regard qui le poignarde. Il y voit du défi dans le fond de ces yeux, une arrogance qui pue et qu’il veut faire taire en lui crevant les globes. Des deux pouces enfoncés dans les orbites.
Ta gueule.

« - Putain vous êtes pareils tous les deux c’est pas possible. Deux gonzesses qui causent et racontent de la merde. » Ca doit pas être facile… Non ça l’est pas, il en souffre, à en crever mais il a appris à vivre avec, à l’ignorer. Cette douleur sourde dans le fond de ce qu’il est. Ou qu’il croit être. Les mâchoires se contractent, creusent à la serpe les joues déjà cisaillées d’une maigreur faussement cadavre. Nausée, toujours en fond de gorge. Putain Trevor. « - Occupe-toi de ton cul, qui doit être tellement crispé à l’heure qu’il est… Détend-toi, je vais pas te bouffer. » Il pourrait, pour faire passer la carne plus très fraîche du cadavre qu’il a grignoté. Il aime pas ça mais ne dira pas non plus que la viande fraîche est pas bonne. Encore tiède, directement prise sur les os, c’est meilleur. Presque à saliver rien que d’y penser, ravaler l’envie et juste le regarder, un peu, comme on reluquerait un poulet en train de rôtir sur le petit tourniquet devant la boutique du coin de rue.

« - Y a rien à comprendre, c’est pas parce qu’il m’a baisé qu’il y a un truc entre nous, je suis pas pédé, rêve pas. » Eden merde. Il vient de le dire, à voix haute. Pas fort, normalement mais il a l’impression de l’avoir gueulé. Devient livide, et recule d’un pas de rien du tout. Il l’a baisé, jusque dans le fond des tripes qu’il le sent encore quand il se laisse aller à y repenser. Masochiste qui se brise tout seul, se blesse volontairement avec l’espoir qu’à un moment ça deviendra dégueulasse au lieu de lui soutirer des frissons d’un plaisir qu’il revit à chaque fois.
Fantasme douteux. Violent.  

Casse-toi maintenant.
Le frisé, qu’il s’agrippe à son petit café qui sent pas très bon et fasse demi-tour sur ses guiboles tremblantes pour repartir de là d’où il y vient.
Le cabot, qu’il s’arrache du sol pour se glisser par la fenêtre et se tirer. Passer devant l’orphelinat en ombre qui surveille, la rôde de nuit classique et ensuite aller se jeter sans grâce sur le matelas lui servant de lit. Aussi fatigué que lui. Sauf qu’un wendigo n’est jamais fatigué. C’est dans sa tête que la fatigue gronde, le prend à la gorge pour lui faire comprendre que ça commence à pas aller si bien que ça. Rattrapé par tout Eden, et il est en train de se noyer. Juste à battre des bras et des guiboles comme un clébard jeté pour la première fois à la flotte. Sait même pas s’il sait nager, il a jamais essayé.

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A la vérité tapie dans son cœur, Silas a construit des cages colorées et des masques bariolés qui cachent les cicatrices d'où s'égoutte le vide. Bien barricadé derrière des murs qu'il voudrait infranchissables, Silas range son néant intérieur à côté d'un bric-à-brac de trouvailles sans importance. Quelques sourires, deux trois étreintes, une fossette au creux d'une joue, jetés là comme un drap sur un cadavre. Puis il se plie à la danse, celle de la compassion qui est devenue seconde peau, celle de la bonne humeur pour laquelle il faut parfois se battre. Il se prend au jeu des danses de l'innocence, à la chorégraphie des sourires de circonstances qui se transforment presque sans efforts sur les lèvres habituées. Et c'est ainsi qu'il traverse les jours, Silas, d'un mouvement volé en une émotion dérobée. Sauf qu'il a bâti sa forteresse sur des failles, Silas, des crevasses entre ses fondations, qui laissent passer le rien, de temps à autre. Alors, quand les vents soufflent et déchirent, que les êtres l'abandonnent, ses barrages ne sont plus que des planches écroulées, ses toiles de bonheur, quelques coloriages hasardeux, et l'infirmier titube au-dessus du vide quand personne ne le rattrape. Et, remparts effondrés, c'est le roi sans royaume qui tombe, pièce ébréchée d'un jeu sans adversaire.

C'est sans défense et à genoux que Silas écrase les heures qui passent et poussent, à attendre qu'on vienne verser quelques gouttes d'émoi sur ses sols desséchés. La colère qui se pose sur son estomac n'est pas la sienne. Il le sait, sent la différence, la virulence de celle qui trouve sa place dans sa cage thoracique, qui abreuve ses terres craquelées. La sienne est toujours sourde, diffuse et éphémère, elle s'évapore comme des ricochets à la surface de l'eau. En revanche, celle qui coule par tous les pores d'Eden est acharnée et décharnée, créature émaciée qui se jette contre les mains tendues, et Silas la sent mâcher ses côtes, ronger les os pour se frayer un chemin jusqu'à un nouveau cœur à noircir. Dents usées, acérées pourtant, qui mordent et déchiquettent la chair à vif. Myocarde grand ouvert qui se laisse bouffer, parce que la tristesse qui a pris possession de l'infirmier, elle saurait pas lever les bras pour empêcher les émotions viciées de le contaminer. Alors il a l'âme qui noircit un peu, Silas. Les traits qui se tirent, s'éloignent de leurs sourires habituels et s'entaillent sur des sourcils froncés. Elle est lacée de douleurs, cette colère, pour ça qu'elle lui tient si bien au cœur.

Sous les railleries d'Eden, la peur de l'infirmier s'amenuise. Parce qu'elles lui passent au-dessus, les piques lancées dans sa direction. Les menaces glissent sur sa blouse sans y laisser de taches. « C'était pas évident, de prime abord, que t'allais pas me bouffer, comme tu dis. » Silas hausse des épaules indolentes, laisse un sourire rouler sur ses lèvres. « Continue d'écouter les gonzesses qui racontent de la merde et on pourra peut-être faire quelque chose de toi, malgré tout. » Silas prend de l'assurance, bouffe à pleines dents tout ce qu'Eden garde au fond de lui. C'est ça qui lui donne l'indécence de pencher la tête aux révélations qui coulent des lèvres de l'intrus. De le regarder dans les yeux, retenir du bout des lèvres quelques moqueries empruntées et qui ne feraient que relancer la machine infernale des insultes et des dénis. Tu vois, c'était pas si dur, qui siffle dans sa tête et c'est pas lui. Lui, il prendrait quelques mots doux entendus à droite à gauche, verserait quelques encouragements entre les crocs serrés, et il dirait que l'admettre, c'est la première étape pour l'accepter. Sauf qu'accepter les bêtes enragées sans jugement, sans retenue, sans condition, ça suffit pas toujours.

Alors il s'essaie au crachin, Silas. « Tu sais, c'est ton rêve, pas le mien. Moi, sur le principe, j'en ai vraiment rien à foutre, de qui tu baises. » Cette fois, c'est la proie qui fait un pas en avant. Change juste légèrement ses appuis, dénoue les doigts toujours accrochés à la tasse. Il lui prend ses mots, l'infirmier, s'envenime au fur et à mesure. Laisse passer quelques secondes timides qui se font bousculer. « Sauf que t'as choisi Sanya. Et Sanya, j'voudrais pas que tu lui fasses encore du mal. » Pourtant ils vont se blesser encore, Silas le sait. Ils le portent sur leurs gueules. A trop s'aimer pour se lâcher, à trop se battre pour pas se griffer. C'est un combat doucereux qui les attend, et lui, il peut que les regarder se détruire et espérer qu'ils renaîtront de leurs cendres. Puis finalement, ça le fatigue, d'être sur la défensive. Alors il soupire, « Mais bon, après t'avoir revu, j'ai peu d'espoir. »



@Eden Lovelace

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@Silas Dunham & Eden Lovelace


Dans la cour de récré, deux types de mômes se croisent. Ceux qui jouent tranquillement avec leurs billes, et ceux qui viennent foutre des coups de pieds dans les billes. Plus tard, il y a ceux aux bras chargés de livres et ceux qui font tomber ces livres puis bousculent ensuite contre les casiers. Ceux qui subissent et ceux qui agissent. Les premiers étant souvent plus petits, plus fragiles, aux différences trop marquées ce qui les rend facilement attaquables. Ils ont aussi cette odeur étrange que seules les brutes semblent capables de sentir.
La peur.
Celle qui transpire par tous les pores, fait glisser les lunettes sur le pif des intellos, courir des frissons sur les bras maigrelets, baisser les yeux. Trembler les doigts aussi un peu. Et ils l’adorent, cette odeur, ceux qui sont les seigneurs des bacs à sable et des préaux. Qui deviennent ensuite des tyrans, des gros cons, des vainqueurs dans un monde où les dés sont truqués et où la justice se pratique souvent à coups de poings. Ou à l’aide de coups de pute.

Et Silas, même hors de la cour de récré, il se place dans la catégorie des mômes pisse-dessus et trouille au bide. Sauf qu’elle fout un peu le camp la trouille, Eden le sent. Fronce les sourcils devant l’insolence, dévoile ses crocs, prêt à mordre. Le bouffer. Le frisé et son épaule qui se hausse. Son assurance et ses mots merde qu’il balance sans se rendre compte qu’il est en train de creuser sa tombe. Prêt à rejoindre Trevor, la brute en a les poings qui démangent.
Vérité qui blesse, Eden renifle et ricane. Mauvais. « - Par gonzesses, tu parles de toi j’imagine ? Parce que les autres, je les écoute pas, elles ont autres à faire que causer quand je les croise tu vois. » Penche la tête, entendu. T’en fais trop. Ouais sûrement, même lui n’y croit plus vraiment à ces histoires de culs fictives pour s’acheter de l’hétérosexualité bon marché.
Presque sûr que l’autre y croit pas, il a fini de se pisser dessus, et ça l’emmerde Eden. De perdre son ascendant sur un petit frisé à la con qui fait un pas en avant. Et lui qui se redresse encore, en réflexe, déploie toutes ses vertèbres pour toiser. Ecraser du regard, celui en mélange de bleu et d’acier prêt à frapper.

Ta gueule putain.
Parle trop, il aime pas ça. C’est comme Sanya, faut toujours qu’il l’ouvre. Pédés à la con, toujours obligés de causer quand ils ont rien dans le fond du gosier… Les doigts crispés se détendent un peu, il le voit, souffle son exaspération et se racle la gorge. Louche sur la tasse et le café en train de se refroidir, il a envie de taper dessus. Du plat de la main pour envoyer se fracasser la tasse à leur pied, en dégueulis caféine pour saloper les jeans et le mur. T’as choisi Sanya.
Oui. Le cœur répond tout seul, d’un coup sourd et lourd. Qui se répercute dans toute sa carcasse trop maigre. Fait valser le bide, les reins, la tête, tout. C’est lui qui recule, d’un pas malhabile, l’évidence en coup dans le museau que le cabot digère pas.

« - Je l’ai pas choisi, putain on est pas mariés, c’est quoi ce délire… » Il crache en défense, regarde ailleurs, ce couloir vide et morne.
« - Tu parles d’un truc qui remonte à une autre époque, on était des gosses. » Un peu une façon détournée d’admettre, que ouais, il s’est passé un truc entre eux à ce moment. Une connerie de jeunesse, débile et sans importance. Tellement qu’elle lui colle encore aux basques, qu’il l’a dans la peau, le russe fantasque et son monde trop coloré pour un sombre comme lui.

« - Il se fait du mal tout seul, il a pas besoin de moi, c’est un grand garçon. » Vrai. S’il est suffisamment con pour se retrouver dans la merde, tant pis pour lui. Hausse une épaule lui aussi, désinvolte, parce qu’il s’en fout, que Sanya ait les ennuis coller à son cul.
Faux. Il en crève à l’idée qu’un truc puisse lui arriver. Jalousie de la brute qui tient à son jouet et refuse qu’un autre vienne le péter. C’est l’excuse qu’il se balance, se la répète encore et encore pour faire passer la pilule d’une addiction bien plus nocive. « - T’en as pas marre, d’être son chien de garde ? T’espères quoi en faisant ça, te laisser le champ libre en faisant dégager tous les autres ? » C’est petit, plein de cynisme crachat mais il attaque, repose son regard sur l’infirmier. Les éclats néfastes de son aura massacre. Eden au sourire tordu de démon fracassé, se retient encore de frapper malgré les éclairs courant dans ses phalanges cadavres.
Juste une bonne raison pour apposer sur la peau de bébé la trace de ses articulations.

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Silas a parfois voulu être fait de rage et de tonnerre. D’être fait de la même trempe que ces brutes qui pullulent dans les paysages viciés où il a grandi, ces gamins pourris élevés comme des bêtes sauvages, prêts à déchaîner leurs haines universelles sur toutes les autres créatures de leur royaume auto-proclamé. Ne pas être la proie facile aux excentricités dociles, mais bien un des nombreux rejetons tyranniques accrochés au monde ; ne pas se contenter de vaquer, vague, sans se soucier des regards qui passent à ses travers. A plusieurs reprises il aurait voulu pouvoir faire gronder les ciels de la même manière qu’Eden avait fait gronder ses quelques instincts maladroits, rien que par sa présence. Inquiéter simplement à se tenir là, gueule menace affichée sans effort. Plus rarement encore, il a désiré être un écueil de violence, un mauvais présage, suffisamment brutal et cruel pour briser des échines à la seule force de ses phalanges.

Toujours les mêmes déclencheurs à ces rêveries barbares. Les insultes et les maux-couteaux lancés à la gueule ont jamais été assez tranchants pour attiser ses feux éteints, sauf accolés aux noms de ceux qu’il aime. Parfois il arrive à se convaincre qu’ils sont pas nombreux, ceux qu’il aimerait avoir le courage de défendre avec sa vie. Que malgré toutes les douleurs aspirées et les mômes errants recueillis, il est toujours resté détaché des autres, des myriades de planètes gravitant à ses horizons, lui comète, solitaire entouré, accroché aux ciels putrides d’Exeter. C’est des conneries, rien de plus qu’une faible protection contre tous les au revoir qu’il a pas pu dire, toutes les dernières fois qu’il avait pas vu venir. Il s’insurge, pourtant, dresse les oreilles et fronce le nez quand on profane un Octave, un Nayati, un Sanya. S’élève face aux invectives, mais Silas, il a jamais fait peur à personne. Ses quelques tentatives de rébellion vite tues et tuées par quelques coups de poing çà et là sur la couenne. Pourtant, là, face à l’autre qui crache sur Sanya, Silas, l’a pas envie de baisser les armes. Pas grave si les siennes sont en plastique, il a la lâcheté en fuite, et des comptes à régler. Trop d’années à foutre le camp qui reviennent balancer leurs restes de culpabilité dans les décharges de ses erreurs.

Pas fielleux, Silas. Plutôt douceurs débiles qu’amas de ronces, reste planté pourtant. « Même toi, t’y crois pas. » Pas dupe, entend les sous-entendus, jamais aussi ingénu qu’on le pense, Silas. Puis il l’a trop vu, le type qui croit qu’être mâle s’ancre et se sème entre les cuisses des femmes, qui est intimement persuadé qu’être une gonzesse est une honte et une insulte, mais ça lui paraît un peu débile, à l'infirmier. Sont bien costaudes, les femmes, bien plus que les mecs à l'ego si fragile.

Pas mariés. Saurait pas imaginer les fiançailles, Silas. Saurait pas imaginer la vie de couple, Sanya et l'Eden cloîtrés ensemble entre quatre murs. Frisson. Au vicié criminel face à lui, il pense bien qu'il fera jamais confiance, Silas. Sait toujours pas ce qu'il fout là, d'ailleurs, et ça lui revient vaguement que c'est de ça qu'il aurait dû s'occuper. Y'a les priorités qu'il y a, dans la tête assurée, et l'hôpital et ses morts passent au dernier plan. P't'être un peu fou, l'infirmier, avec son sang qui se calme dans les veines et les inquiétudes qui sautent comme des verrous qu'on force. « Non. J'te parle de la semaine dernière, du mois dernier, du j'sais pas quand où vous vous êtes revus. Ça a commencé gosses, m'enfin tout le monde sait que c'est pas fini. » L'exagère un peu, sans doute, pousse un peu trop fort, sans doute, emporté par les débuts d'aveux tombés d'entre les lèvres de l'Eden cauchemar. Soupire, Silas. Sait bien qu'on s'accroche à ce qui fait mal. Sait bien qu'ils se sont choisis à deux, Sanya et Eden.

« Je fais pas le chien de garde. Sanya, il sait très bien se défendre tout seul. » Puis il a pas les crocs pour arracher des bras et repousser les menaces, Silas. Se contentera d'aboyer à l'approche des tempêtes et de regarder passer les vaches assis sur le porche, vieux clebs avant l'heure. Ca l'empêche pas d'essayer, de pas laisser passer, de s'imposer, de riposter avec une voix empruntée. « Ca te ferait chier? Que j'essaie de te dégager ? » Sanya, c'est le frangin qu'une mère fantôme lui a refusé. Tant pis si y'a pas le sang dans les veines, ça revient au même pour lui. Considère même pas l'idée, ça l'a jamais effleuré. « Ca frustrerait le petit homophobe qui assume pas ses envies? » ça se crache d'entre ses lèvres, acide et provocateur. Y'a plein de signaux d'alarme qui s'affolent dans sa tête, un rien trop tard. Réalise les mots alors qu'ils sortent et reçoit sa propre surprise au coin de la bouche. Peur qui cogne aux tempes. Sait pas ce qu'il fout, à insulter des cinglés. Se reconnaît pas trop, Silas, dans les piques lancées. Alors il s'empêche de reculer et essaie de fermer les traits pour pas laisser voir que y'a déjà des regrets qui chouinent. Lâche la tasse d'un bras qui descend le long du corps. Sont putain de loin, les sourires imbéciles.

« Parce que t'aimes bien, toi, l'idée d'avoir le champ libre, hein? »

Lance des flammes qu'il contrôle pas, Silas.
Peur de cramer.

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@Silas Dunham & Eden Lovelace


Tout le monde sait. Savoir quoi ? Qu’il est pédé ? Ca vrille dans le fond du cœur, dans le sac de bidoche qu’il se traîne, totalement déréglé et qui frappe trop fort quand le nom vient polluer l’air ambiant. Le chewing-gum emmerdant sous la godasse qu’il se traîne depuis onze ans sans réussir à le virer. Parce qu’il veut pas le virer. Parce qu’il peut pas. Peut-être que c’est lui, le chewing-gum de l’autre, il en sait rien, mais ça l’emmerde. Le rend dingue d’imaginer que d’autres puissent savoir. Le simple fait que le frisé devant lui soit au courant lui retourne le bide. Les crocs grincent, le venin remonte le long de la trachée, vient lui engluer la langue pour le pousser à déglutir tout son malaise. Ravaler sa haine, les pulsions de morts qui électrisent ses doigts, en phalanges cadavres qui se referment sur les esquisses d’un poing dangereux. Dans sa gueule.
Il se retient, encore un peu. Ne sait pas d’où vient la patience de pas cogner, lui réduire sa jolie gueule en bouillie arrosée de café et le planter là, dans le couloir. C’est un hosto, il sera pris en charge plus rapidement au moins comme ça, l’avantage d’être sur place. Presque à en ricaner si seulement les babines n’étaient pas aussi crispées.

Sûr qu’il sait se défendre. Se marre encore un peu plus mais ne dit mot. Le clébard grogne un peu, se retient de mordre. Se bouffe la langue de toute la gêne et la rage qui lui lavent le cœur. Des ferme-là en fond de crâne, à cracher à la gueule du petit infirmier qui s’est trouvé une paire de couilles dans le fond de sa tasse à café. Tu parles.
La question prend de court, fous un peu plus en l’air le neurone qui ne sait plus, ne veut plus. Rester là et écouter, préfère se tirer. Provocation merdique, facile. Mais qui marche. Balance un éclair de lucidité sale qui pulse dans tout le corps tendu à s’en péter nerfs et muscles. Ca part, sans réflexion ni hésitation. Le poing dans la gueule. Là sur la jolie pommette de bébé tout propre. Attrape entre sa pogne le petit cou et pousse, contre le mur, de toute sa force pas humaine. Dangereuse. Il souffle, expire son élan de rage. Le café qui a giclé, un peu partout. Un peu comme lui, quand le russe lui démontait les reins. Grogne encore. Le regard rivé à celui du téméraire qu’il aurait envie de démolir pour de vrai. Pour de bon.
Peut pas le faire, il le sait. Faire dégager le bouclé, c’est foutre en l’air le semblant de truc dégueulasse qui pendouille et le raccroche à Sanya. Aleksandr, il l’aime pas cet autre nom de gonzesse minable.

Alors ouais, peut-être qu’une part de lui a envie d’avoir le champ libre. De se croire le seul dans l’univers de sa pédale russe. Pas qu’il soit jaloux, en fait si, au fond il en sait rien. Etre jaloux, ça revient à dire qu’il se passe vraiment quelque chose, là-dedans, dans la poitrine. Dans ce truc mou et un peu fou qui tape fort contre les côtes. L’appel des chicots qui volent et de la gueule pétée qu’il dira mais c’est pas vrai. Et l’autre le sait.
Petit con. La main se lève, prête à frapper une seconde fois. A défaut c’est l’autre qui repousse encore en arrière, enfonce le dos dans le mur et relâche, dans une saccade mauvaise. Eden qui recule, l’œil noir et le visage aussi fermé qu’une porte de taule.

« - Je ai rien à foutre, il peut baiser toute la ville si ça le chante, ça changera pas ma vie. » Crache, mauvais. Paumé. Renifle alors et pose les yeux sur le café et la tache sur la blouse de l’infirmier. Sur son sweat aussi. Fait chier. « - Retourne à ton café, Silas. » Et oublie-moi. Implicite, l’ordre caché sous le conseil d’ennemi. L’oublier. Il n’a jamais été là, juste une ombre qui a traîné dans le couloir pour en disparaître. Qu’il l’oublie, le morceau sale qui traîne dans le sillage du russe à protéger.
Pas un mot. En menace silencieuse qui s’échange dans les regards. Un sourcil un peu levé pour bien appuyer sur les mots qui n’existent pas. Et il se tire le cabot. Marche arrière et emprunte le couloir en sens inverse. Plus rien à dire, ce serait avec ses poings qu’il continuerait la discussion et il a pas envie d’avoir du sang sur les mains. Pas ce soir.
Trevor toujours sur l’estomac. C’est que ça se digère pas aussi facilement qu’un steak, le macchabée. Fenêtre ouverte, s’y faufile et atterrit l’étage en-dessous. Presque chat plutôt que chien dans le geste.
Parce que t'aimes bien, toi, l'idée d'avoir le champ libre, hein?
Surtout pas.
Rien à foutre.

Si un peu…

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