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 ask no questions, you'll get no lies (silas)

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Barbie Tarrare
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Barbie Tarrare
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damné(e) le : o07/10/2019
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Il s’est perdu entre les boîtes de médicaments, et des rouleaux entamés d’adhésif médical. La réserve n’est pas bien grande, mais contient tout ce dont Barbie a besoin pour mener à bien sa mission. Lors de sa dernière excursion dans cet hôpital, lorsque les festivités avec Frankie les avaient empêchés de mener leur besogne à terme, il lui avait été compliqué d’arriver jusqu’aux sous-sols afin de s’équiper de matériel encore sous plastique. Il avait beau être têtu, l’infirmier de fortune apprenait de ses erreurs et savait qu’il valait mieux revenir avec du matériel usagé, que bredouille. Il n’avait donc pas pris le chemin de la réserve complète, mais s’était contenté de celle à l’étage. Il y avait évidemment plus de passage, et des employés pouvaient entrer à n’importe quel moment ; mais Barbie avait prévu le coup. Il avait gardé sa blouse, celle qu’il portait lors de son altercation avec son collègue des mois en arrière. Celle qu’il avait laissé déteindre au lavage afin d’en chasser la pureté de cette couleur blanche qu’il exécrait par-dessus tout. Il n’aimait pas les hôpitaux, et essayait d’y entrer le moins possible depuis qu’il avait abandonné ses études de médecine. Tout y était bien trop blanc, immaculé, stérile. La phobie était pourtant calfeutrée derrière des lunettes aux verres teintés. Il aurait pu demander à Frankie de lui donner un peu de son sang, mais n’osait plus autant le faire qu’avant. Alors, il avait repris ses petites lunettes, afin de ne pas être oppressé par cette absence de couleur, et pouvait apprécier de voir la vie en rose. Le badge pendu à sa poche indiquait un nom factice, mais il l’avait trouvé par hasard sur une table mobile, et n’avait pas réfléchis avant de s’en emparer il y a déjà un moment. Il pouvait ainsi se faire passer pour un infirmier de l’établissement, en espérant que personne n’ait connu l’homme qui était nommé sur le morceau de plastique accroché à sa blouse. Depuis le temps, peut-être qu’il ne travaillait plus là, qu’il ne risquait pas d’être démasqué.
Il fouille ici et là, fourrant dans un sac trouvé au hasard d’un couloir quelques boîtes de produits, médicaments, et des ustensiles utiles à ses manoeuvres. Il lui fallait beaucoup d’éléments pour mener à bien son travail au sein du gang. Le sac se remplissait peu à peu, Barbie qui essayait de ne pas perdre de temps afin de ne prendre aucun risque. Il n’aimait pas être ici, les souvenirs de sa dernière mission à l’hôpital lui étant douloureux. Il s’active alors, les gestes vifs.

Il ne ralentit que quelques minutes plus tard, en entendant la porte de la réserve s’ouvrir. Il ne veut pas avoir l’air trop pressé, trop affolé. Il calme ses gestes, se fait plus dubitatif ; l’air de chercher quelque chose de précis. Il voit l’intrus arriver, du coin de l’oeil, et essaie de l’ignorer. Mais son regard est attiré par lui, pas parce qu’il a peur qu’il ne le démasque, mais parce qu’il reconnaît le visage qui se dessine sous les boucles folles. Il détourne la tête, essaie de faire en sorte qu’il ne puisse pas le voir. Il a envie de grommeler d’entre ses lèvres un eh merde. Il referme le sac, le met sur son épaule et essaie de s’en aller sans avoir l’air suspect. Mais il le sent que l’autre l’a repéré aussi, il sent son regard inquisiteur sur lui. Il essaie de ne pas montrer son malaise, et retourne à la porte en faisant mine de rien, comme s’il n’était qu’un employé venu chercher quelque chose en particulier avant de retourner s’occuper d’un patient.
Mais il n’en a pas le temps, ne peut pas s’échapper sans avoir à rendre quelques comptes. Il sent une main s’accrocher à son bras, prise qu’il regarde d’un oeil peu sévère. Il espère qu’il ne l’a pas reconnu, qu’il n’a qu’une question à lui poser, de collègue à collègue. Il plisse les yeux en se retournant afin de faire face à Silas ; respiration qui se veut calme. Il sent à son regard que ce n’est pas pour une bavette entre employés qu’il l’a pris ainsi par le bras. Alors, prenant son courage à deux mains pour affronter son passé, il prend un air un peu moins tendu et engage lui-même les hostilités, au cas où son ancien ami ait des reproches à lui faire. - Salut … Il n’essaie pas de faire semblant, a très vite compris qu’il l’avait reconnu malgré les années qui avaient légèrement modifié ses traits. Il se passe une main sur le visage, essayant de trouver une parade pour ne pas avoir à lui expliquer tout ce qu’il s’était passé. - J’imagine que tu m’crois pas si j’te dis que j’me suis perdu en cherchant les toilettes ? Il ne savait pas ce qu’il allait lui demander. T’es pas mort ? Qu’est-ce que tu fais là ? T’es venu voler ? Il se prépare à toute éventualité.

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Silas est un habitué des fantômes. Ils peuplent ses alentours depuis qu'il a l'âge de marcher, habitent juste hors de son champ de vision. Il sait bien, Silas, que les morts traînent sur Exeter, laissent quelques angoisses au fond de son cœur et s'il déteste les voir, il y en a quelques-uns qu'il a cherché. Armé de ses rituels empruntés, de ses phrases mal prononcées et de ses furieuses envies de les revoir. D'abord, y'a eu Cassian aux éclats de verre, pare-brisé sur l'asphalte, corps lambeau enterré. Silas aux mains ensanglantées, corps émacié cassé crevé sur la sépulture inhabitée, fantôme absent et manque au cœur tombe. Puis Octave. Pas de corps mais la famille éventrée, conclusions et gueule tirées, à peu près dix pieds de long. Pas de pierre pour épancher les pleurs, alors Silas gardait les babioles qui lui rappelaient Octave et pleurait sur les peluches qu'ils gagnaient l'un pour l'autre à la fête foraine, gamins. Ce fantôme-là non plus n'a jamais daigné répondre aux suppliques de l'apprenti medium aux talents minables. Et s'il a longtemps nourri l'espoir vain de croiser son regard au détour d'une rue ou d'un couloir, Silas a fini par se marteler la réalité au crâne, parce qu'il s'est trop pété le cœur contre des yeux qui n'étaient pas les bons. Alors aux fantômes qu'il lui arrive de croiser, à ceux qui répondaient parfois à ses appels maladroits, Silas fait toujours passer des messages. Portes et esprit grands ouverts, toujours quelques sourires adressés aux macchabées. Putain, c'est glauque.

Alors il y croit pas trop, Silas, quand c'est le visage d'Octave qu'il aperçoit dans la réserve. Journée banale s'il en est, son détour n'était rien moins qu'anodin, venu récupérer quelques compresses en prévision du reste de la journée. D'un coup d’œil, il aurait pu ignorer l'autre infirmier en blouse présent sur les lieux. Prendre ses provisions, lancer un petit mot, et repartir d'où il était venu, sans y prêter plus d'attention. Et si l'on aurait pu accorder à son second regard des propriétés divines, ou tout au moins divinatrices, si l'on aurait pu lui allouer des instincts affûtés et se dire qu'il avait senti qu'il y avait quelque chose, il n'en était rien. Ce n'était rien de plus qu'un regard distrait sur le chemin entre les boîtes de seringues et celles des bandes et compresses. Cette fois, par contre, il s'arrête. Fronce les sourcils et s'apprête à maudire ses espoirs illusoires, sauf que c'est bien lui. Là, dans la réserve de l'hôpital qu'il habite comme une seconde peau depuis presque huit ans, se tient Octave, et il lui semble bien qu'il veut se barrer. Main machinale agrippée au bras de l'apparition, Silas sent le sol qui ploie sous le poids des évidences qui s'apprêtent à lui tomber dessus. Il a vieilli, un peu, comme Silas, et c'est presque ça qui l'étonne le plus. Il a vécu. Y'a plus grand-chose, dans l'esprit de Silas, quand la voix d'Octave l'arrache à ses incompréhensions. Quelque paysage ravagé par des vents trop violents, quelques ruines tombées il y a sept ans.

La pseudo-plaisanterie d'Octave tombe comme une brique au fond de son ventre. Silas étouffe, respire vite, mal et y'a une sueur glacée qui glisse entre ses omoplates. Sept ans. A être persuadé qu'Octave était mort avec le reste de sa famille, pendant qu'il... quoi? Impossible de foutre des mots sur le vif sentiment d'abandon qui lui transperce l'abdomen, mais c'est bien son cœur qui suinte par tous les pores de sa peau. Silas, il sait pas trop sur quel pied pleurer, alors il vacille. Entre l'envie de le prendre dans ses bras et plus jamais le lâcher, et l'envie de comprendre. Cent questions bloquées dans la gorge, et plus rien ne passe. Pas même le temps, semble-t-il, alors que Silas dévisage, les yeux humides rivés sur l'ami perdu. Les secondes qui s'entassent les unes sur les autres, terrifiées à l'idée de perturber le moment. Il a la gueule ouverte, Silas, prêt à gerber ses agonies au nez d'Octave. Les larmes coulent sans savoir à quelles émotions elles appartiennent, et Silas voudrait vraiment pouvoir faire autre chose que de lui pleurer au visage.

« Octave? » Syllabes tranchantes sur la langue sèche, questions qui menacent de tomber à leurs pieds et d'emporter l'infirmier chancelant avec elles. Deux, trois, moments de sursis passent entre eux, Silas indécis. Sept années entières de manque qui lui reviennent à la gueule. Mille et une nuits passées à chialer toutes les larmes d'un corps épuisé, et encore quelques-unes après ça. Silas, il lui tient plus le bras pour l'empêcher de partir, mais plutôt parce que s'il le lâche, il va sûrement s'écrouler. « T'es vivant, » qu'il murmure et quand il pensait avoir réussi à calmer le flot de ses larmes, elles repartent de plus belle. Y'a l'ombre d'un sourire qui n'ose pas y croire. « T'es vivant... » qu'il répète parce qu'il peut faire que ça, Silas. De sa main libre, il esquisse trois fois un mouvement qui s'efface dans le doute. Il voudrait le toucher, l'étreindre, l'effleurer, mais il se paralyse, l'infirmier. Émotions affolées qui se fracassent contre la réalité impensable, à bouffer des évidences indigestes. Il est pas venu, Octave. Il savait, pourtant, que la porte était ouverte, que ses portes lui étaient toujours ouvertes. Mais il est pas venu. « Je comprends pas, t'étais où ? » Il saurait pas les organiser, toutes les interrogations qui se bousculent, alors il espère qu'il aura le temps de les déballer une à une ou deux par deux, ou six par six. « Il t'est arrivé quoi ? Je croyais que... » La main de Silas retombe lâchement à ses côtés, et il prie pour qu'il ne parte pas. Qu'il lui offre quelques réponses en pâture.

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Il a souvent été peiné de quitter son ancienne vie, à bien y réfléchir. Ce n’était pas une question de nostalgie, ni même le besoin de retrouver l’homme qu’il était à cette époque ; Octave ne lui manquait. Il avait des similitudes avec l’homme qu’il était aujourd’hui, et il pouvait le remercier d’avoir amorcé tant de choses concernant des sujets que Barbie aurait eu du mal à traiter à l’âge adulte. Mais qui disait revenir à cette époque de sa vie, disait renouer contact avec ses parents. Ils étaient, à ses yeux, les monstres les plus hideux que la terre ait portés. Ils n’avaient laissé dans l’esprit de l’enfant que des souvenirs à bannir. Des années à lui répéter qu’il n’était qu’un gosse indésirable, une espèce différente parmi les hommes. Il était pas fait comme les autres, avec le rouge sur ses lèvres et son besoin d’appartenir à quelque chose qui ne lui était pas destiné. Il allait terminer en enfer, d’après eux. Mais pour lui, l’enfer valait mieux qu’une vie à leurs côtés. S’il avait envie de faire un bref retour en arrière, de laisser jaillir quelques souvenirs de ces années chaotiques, c’était pour quelques visages qui lui avaient paru bien plus amicaux. Le timbre de voix de son tuteur lors de ces mois passés à l’hôpital, Docteur Martin Everett qui avait été un support infini pour lui lorsqu’il n’allait pas bien. Les quelques marques d’affection de ses voisins qui lui prouvaient chaque jour que de bonnes personnes vivaient toujours sur cette planète. Mais surtout, l’intime douceur des bras de Silas, était un pansement dont Barbie avait besoin de temps à autre. Il se souvenait de ces journées passées à jouer, à prétendre être quelqu’un d’autre afin de faire rire l’autre. Le rire de Silas, un cadeau qu’il s’offrait bien souvent. Deux gosses, deux âmes bien trop jeunes pour l’horreur qui les attendait dehors.
La demeure de son ami avait toujours été un refuge pour lui, s’y échappant lorsque la pression de sa famille devenait insupportable. Au fil des mois, des années, ce cocon était devenu une deuxième maison pour lui, et Silas une once de bonheur dans son enfer ; une bouée de sauvetage. Il s’y était accroché de toute ses forces, avec la ferme intention de ne jamais laisser qui que ce soit se dresser entre eux. Il avait eu besoin de Silas pour exister tout ce temps, pour comprendre qui il était alors que les premières marques de ses préférences commençaient à pointer le bout de leur nez. Une douce présence l’avait conforté dans ses choix, lui avait montré la vanité de ses tracas. Des pleurs, des incertitudes, mais la main de l’enfant bouclé toujours présent pour sécher ses larmes et consoler son coeur. Il aurait pu passer des heures à ses côtés, soufflant les tempêtes pour essayer de ne se laisser embarquer par ce qui les empêchait d’être heureux, chacun de leur côté. Une amitié forte, comme on en faisait plus. En perdant son identité, Barbie avait également perdu son allié le plus précieux.

Il ne savait pas pourquoi il avait pris la décision de le laisser croire à sa mort. Il s’agissait certainement d’une envie de ne pas le mêler à sa nouvelle vie, à toutes les illégalités qui s’accumulaient dans son quotidien. Silas était quelqu’un de bien, que Barbie n’avait pas le droit d’embarquer avec lui dans le chaos qu’était devenu sa vie depuis les sept dernières années. Et puis, il avait honte. L’opprobre qui l’effrayait, cloué sur la place publique. Il ne voulait pas que son ami de longue date voit ce qu’il était devenu ; un tueur. Barbie avait beau se dire qu’il n’était que l’infirmier, qu’il n’avait pas à porter les armes pour faire son travail, c’était faux. Il avait tué lui aussi, en mission, pour le bien de tous, et parfois même pour le plaisir. Et il ne voulait pas voir la déception dans le regard de l’autre infirmier lorsqu’il l’apprendrait. Mort. C’était ça le solution. Ne plus donner signe de vie, laisser penser qu’il avait été abattu en même temps que ses parents.
Mais il ne pensait pas revoir Silas, il ne pensait pas le recroiser un jour. Les choses auraient été moins compliquées, plus facilement gérable s’il ne le voyait pas avec toujours la même tendresse. Il lui avait sauvé la vie, en l’acceptant ; l’avait aidé à prendre conscience que son existence n’était pas qu’un ramassis de conneries. Et lui l’avait abandonné, sans laisser d’espoir dans son sillage. Et il le sentait, qu’il avait eu tort. Il le voyait dans le regard que Silas baladait sur lui, et dans les larmes qui se faisaient épars sur ses joues. Il a un hoquet de remord, Barbie. Le sac tombe à terre, il reste interdit face à sa réaction ; n’avait pas conscience du mal qu’il lui avait fait. Il s’en veut de le mettre ans un état pareil, se sent tout-à-coup monstrueux de l’avoir privé de la vérité sur son enlèvement. Il fait un pas en avant, et ne résiste pas à l’envie de le prendre dans ses bras. Il passe ses deux bras autour de lui, et le plaque contre son corps en posant une main sur sa nuque afin de la caresser doucement. Il sait son coeur brisé à le voir dans un tel état. - Calme-toi, doucement … Il essaie de le calmer, de stopper les pleurs. Lui-même ébranlé par une vague de nostalgie qui lui donne envie de le suivre. Il le serre un peu plus fort et se défait de l’étreinte afin de le regarder. Il lui sourit, et prend sa main afin de le guider vers un coin de la réserve. Les deux mains de l’enfant viennent se poser sur les épaules de son ancien ami et font pression dessus afin de le faire asseoir sur un marche-pied laissé à l’abandon. Il s’accroupit afin d’être à sa hauteur. - On dirait que t’as vu un fantôme. Il tente de lui adresser l’ombre d’un sourire rassurant, pas très doué pour ce genre de chose. Il a eu peur qu’il ne s’effondre, bien trop fragile, a préféré le faire asseoir plutôt que risquer de le voir s’écrouler contre lui. Silas était trop grand pour qu'il ne puisse le retenir.

Il prend sa main dans la sienne, et caresse doucement le dos de cette dernière. Il ne sait pas ce qu’il est censé lui dire. Il n’est pas mort. Il n’a jamais été mort. Il a juste été un lâche. Il n’a pas voulu le mettre en danger. Il n’a pas voulu subir le poids de son regard, et celui de sa propre culpabilité. Il serre doucement ses doigts, remettant en place tout ce qu’il se doit de lui avouer maintenant qu’il l’avait revu. Il ne pouvait pas prétendre être un autre, ne pouvait pas faire semblant d’être un sosie, de ne pas être cet Octave qu’il avait eu l’air de vouloir retrouver. Il baisse la tête, déglutit et prend le courage de lui livrer un peu de ce qu’il est. - Excuse-moi, Silas. Mais je pouvais pas … Je pouvais pas te mêler à ma nouvelle vie. Il fait une moue dubitatif, semble réfléchir un instant avant d’ajouter. - Ça a été dur de te laisser, je te jure. Mais … Je pense que c’était le mieux à faire. Il soupire, pas certain de lui dire ce qu’il a envie d’entendre. - Mais tu m’as manqué, et j’ai si souvent eu besoin de toi. Il garde la tête baissée, pas capable de supporter son regard. Il avait souvent pensé à le retrouver, et renouer un lien quelconque avec lui. Mais trop de questions se posaient dans son esprit. Il avait besoin d’un ami, Barbie, mais n’était pas certain que son ami ait toujours besoin de lui.

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Mômes solaires, perdus au monde dans des danses hasardeuses, sourires placardés sur les gueules béantes que personne ne prenait la peine de regarder. Octave et Silas, dernier royaume avant la fin du monde. Le père Dunham, relégué aux portes de leur château, se désintéressait vite des gosses aux maquillages expérimentaux et aux rires infinis, parce qu'il savait faire que ça. Pourri de lassitude jusqu'au fond des veines, à l'éducation absente, impuissant face aux frasques du gosse qui ne rentrait jamais seul dans l'espoir de combler ses vides. A mille reprises il a trouvé à son retour un enfant de trop, endormi sur ou sous le sien sur le canapé du salon, bouilles maculées des restes d'un gâteau au chocolat né, à l'évidence, d'une explosion de la cuisine. A la force de leurs sourires, ils se sont construit un foyer à l'abri des orages, les gamins oubliés. Un foyer aimant, fait de tendresse et de réconfort, où l'on aime à l'envers, inconditionnellement. Pas comme font les grands. Pas à moitié, pas pour de faux, pas à mi-temps. Juste comme ça, avec le cœur. Idylle utopique main dans la main, ils la pensaient sûrement indestructible, les imbéciles. Échouée sur des rivages dévastés, pourtant. Silas naufrage, eaux salées au fond de l'âme. Noyé.

Créature aux portes ouvertes, Silas n'a jamais eu besoin que d'une seule clé. Faite d'os et de sang, aux dents acérées, qui ferme la porte de ses tourments. Qui laisse, derrière une lourde serrure, toutes les déchirures qu'il recueille dans ses mains tendues, toutes les blessures ballantes qu'il se traîne depuis des années, toutes les miettes de son cœur mâchonné. Grillage barbelé émoussé, qui cache quelques deuils derrière des sourires un peu grands.  
Il a rien d'autre à cadenasser, Silas, que le fardeau écrasant de ses chagrins.
Sauf qu'elle ferme mal, la porte, à force qu'on l'enfonce, qu'elle batte aux vents, qu'on la claque en partant.
Alors ça dégouline aux seuils de ses faux-semblants, et qu'il se casse la gueule, l'optimiste.

Octave l'enlace, et Silas s'y écrase comme mille vagues en fin de course aux flancs d'une falaise. Avec tout le désespoir d'une mer tourmentée.
Doigts noués à sa blouse, il a même pas la force de le serrer en retour. Se tient à lui pour pas s'écrouler. Il a la respiration hantée, Silas, par les fantômes de toutes ses larmes versées. Par les incalculables ah, il faut que je le dise à Octave soufflés morts sur des lèvres tremblantes, autant de messages laissés sur un répondeur sourd, autant d'appels à l'aide lancés à des ciels sans réponse. Mais il fait chaud, contre le cœur d'Octave, entre ses mots, il pourrait oublier. Se laisser étreindre et laisser sa présence réchauffer tous ses morceaux gelés, faire fondre toutes ses neiges éternelles.

Sauf que déjà, il s'éloigne, Octave. Soleil épars qui se refuse aux terres glacées.

Doigts lacés qu'il l'emmène, et Silas le suit sans la moindre résistance. Il l'aurait suivi aussi bien au bout du monde qu'à l'abattoir, pourvu qu'il ne le lâche plus. S'assoit comme on crève, Silas. « J'ai jamais été aussi heureux de voir un fantôme, » du bout des lèvres, saurait pas s'offusquer des mots maladroits. Parce qu'ils viennent d'un malaise quelconque, il le connaît, Octave. Quelles que soient les circonstances, ces instants doivent aussi lui peser sur le cœur. Peut-être qu'il l'espère seulement, qu'il ne connait plus l'homme accroupi face à lui. Le regard s'accroche au visage d'Octave, y cherche les changements infimes, les ridules creusées, les petites traces du temps qui passe, ce connard. Il a eu beau chercher, il en a pas trouvé les propriétés soi-disant salvatrices, Silas. Ingrat et infini, qui trace sans se pousser, marche sur les espoirs et les souvenirs dans sa course affolée. Alors il vérifie, l'infirmier, qu'il a pas oublié. Peut-être même qu'il a arrêté de pleurer.

Son cœur papier se froisse, à l'intérieur. Il regarde leurs mains pour pas avoir à regarder ses yeux. Silas, il aime pas trop les mots qu'Octave pose entre eux. Il sait pas comment les prendre, il saurait pas les comprendre. Alors il les dévisage. « Ta nouvelle vie... » écho affaibli par les années de silence. « Je comprends pas, Octave. » qu'il répète, impuissant. « J'étais là. T'avais les clés. Moi... » et merde, elles repartent de plus belle, les larmes terribles. « moi, je t'attendais, Octave. Combien de temps j'ai laissé les lumières allumées et la porte ouverte, au cas où. Je sais pas... » Il trouve pas trop sa place, Silas, entre Octave et ses absences. De sa main libre, essuie les cadavres humides morts sur ses joues; serre celle du fantôme entre ses doigts et enfin, enfin, retrouve son regard.

« J'étais là, Octave, t'étais où ? »

Quelques amertumes meurent avant d'avoir poussé leurs premiers cris, en arrière-plan de ses émotions. Bouffées par les élans de tendresse et de manque qui le prennent à la gorge.

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Barbie Tarrare
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Il s’était déjà demandé quelles seraient leurs retrouvailles. Il ne savait pas dans quelles circonstances ils se reverraient, ne savait pas s’ils étaient destinés à se retrouver un jour ; mais avait déjà pensé aux émotions qui l’ébranleraient en revoyant son visage. Il s’était imaginé sourire, le prendre dans ses bras et se réconforter entre ses bras, comme il le faisait autrefois, quand ils étaient deux face au monde. Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu, le sourire plus absent qu’il ne l’aurait cru. Parce que les lèvres de Silas n’en arborait pas un assez grand, et que ses yeux semblaient trembler d’avoir trop pleurer. Il ne pensait pas compter autant, Barbie. À aucun instant il s’était dit que son départ pourrait être une telle chute pour son ancien meilleur ami. Il avait envie de s’excuser des larmes qui ruisselaient le long de son visage ; lui demander pardon d’avoir été absent, d’avoir été assez bête pour croire qu’il avait le droit de décider pour lui. Il avait arraché la possibilité de choisir, de s’insérer dans cette vie tourmentée, qu’il aurait peut-être pu effleurer en sa compagnie. Il pouvait se répéter qu’il avait fait tout cela dans l’unique but de protéger Silas de ce qu’il était devenu, mais ce serait un mensonge. La décision avait également été égoïste ; le désir de ne pas être vu sous ce jour-là. L’enfant voulait que son ami garde l’image de son ancien visage, à l’esprit ; ne souhaitant pas qu’il rencontre le tueur qu’il était devenu. Silas était trop doux. Silas était trop tendre. Silas était trop fragile pour la vie qu’il menait aujourd’hui, surtout ces derniers temps. Barbie ne se sentait pas de le protéger de celui qu’il était dorénavant.
Il y avait un fossé entre ce qu’il avait imaginé, et ce qui existait réellement. Le visage de Silas comme souvenir qu’il gravait en lui, qu’il n’arrivait plus à regarder sans soupirer de culpabilité. Le besoin de lui demander pourquoi il pleurait, pourquoi il ne l’avait pas oublié comme il aurait du le faire. Il était toujours aussi beau, avec les boucles de ses cheveux, et la finesse des traits de son visage. Il n’avait pas vraiment changé, seulement grandi ; contrairement à lui qui était resté au ras du sol. Les doigts enlacés au sien, il reste accroupi en fixant leurs phalanges qui recherchent celles de l’autres. Il a un sourire tendre, qui s’éteint bien vite. Les mots lui manquent, il les cherche pourtant le long de sa langue. Il était censé lui parler, lui expliquer, lui dire ce qui n’allait pas chez lui. Il connaissait sa mort, venait de la frôler sans le vouloir. La mort d’Octave, qui avait donné naissance à Barbie. Il pouvait commencer par là ? Ou bien, par faire de plus amples excuses.

Il est peut-être trop tard pour se confondre en excuse. Les erreurs sont inscrites, gravées, et Barbie n’avait rien pour les effacer. Même avec les meilleures histoires, il ne pourrait trouver le moyen de se faire précieux sous son regard. Il ressentait pourtant le besoin de tout réparer, de rattacher toutes les pièces éparses de son coeur qu’il avait si brutalement anéanti. Il caresse le dos de sa main, la douceur dans l’instinct ; comme à son habitude. - Je sais bien … Il déglutit, avec beaucoup de difficulté. La mâchoire qui tremble de trop se retenir. Il n’en finit pas de vibrer, de se faire tremblant sous la pression de son regard qu’il sent le parcourir un instant. Il soupire, un souffle qui se veut relaxant mais manque pourtant d’air. - Et j’ai gardé les clés, tout ce temps. Je sais pas trop pourquoi, mais j’ai pas pu les jeter. Il avait attaché la clé principale de sa maison à son trousseau de tous les jours, comme un souvenir à ne surtout pas oublier. Il lui arrivait de se tromper, et de l’insérer dans la serrure de son appartement, avant de se remémorer toutes les fois où il en avait fait usage pour rejoindre Silas dans ses draps. Parfois en pleine nuit, lorsqu’il se sentait seul, qu’il n’avait aucune chaleur humaine pour l’aider à dormir. Il se glissait dans la chambre de son ami, dans son lit, et profiter de sa compagnie. Il n’arrivait à dormir que contre lui, à l’époque, serein seulement au contact de sa peau. Mais cette clé n’avait rien ouvert depuis bien trop longtemps. Elle était à l’abandon, ne servant plus qu’à un souvenir. La mémoire qui a besoin d’être stimulée, d’avoir toutes les odeurs de leurs nuits, tous les sourires de leurs journées, tout ce qui en faisait un duo mémorable.
Il se rapproche un peu de lui, les doigts qui effleurent doucement sa joue, alors qu’il essuie ses larmes comme il peu, à l’aide de son pouce. Il s’en veut d’être à l’origine de ces perles salées. Une main sur sa joue, l’autre tenant toujours ses doigts tendrement. Il en oublie le sac qu’il a laissé tombé dans un coin ; qui n’a plus aucune importance alors que son passé est coulant face à lui. Resté en appui sur ses jambes, accroupi afin d’être à sa hauteur. Il plisse les lèvres, réfléchissant à ce qu’il pouvait dévoiler, sans en dire trop. - Je suis tellement désolé, Silas. Si tu savais. Il baisse la tête. - Je crois que j’ai juste honte de ce que je suis devenu, et je voulais pas que tu vois ça. Je suis plus le même, et j’ai fait des choses qui ne me rendent pas fier. Tu comprends ? Il soupire et se met sur les genoux, le corps qui se balance en avant pour le prendre contre lui. Il l’enlace, le serre entre ses bras en fermant les yeux pour profiter de l’odeur qui lui avait manqué. - Tu mérites tellement mieux, j’avais peur de ce qui aurait pu t’arriver. T'as été mon sauveur, tu sais ...

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Il l'a gardé pour lui, Octave.

Même s'il donne souvent aux autres l'impression d'être un livre ouvert, que l'on lit sans forcer, qui se laisse dévorer sans détours, sans non-dits planqués entre les lignes, Silas, il se dévoile peu. Se fait plus journal intime vierge où les autres viennent poser leurs maux, coucher leurs haines et leurs peines sur ses feuilles blanches. Page après page, infinité d'auteurs qui griffonnent quelques douleurs pattes de mouche dans ses marges, ou qui crachent des paragraphes entiers, encre sang à ses chapitres. Silas, il a perdu sa voix, perdu son coeur à tous les alinéas qu'étaient pas les siens, au point de n'être qu'une collection de nouvelles écrites par d'autres mains. Il s'est cherché dans les points qui mettent fin aux horreurs, il s'est pendu à toutes les majuscules qui racontaient l'amour, jusqu'à n'avoir plus que des mots empruntés pour exprimer ses vérités.

Alors, sa douleur, sa souffrance indicible à la mort d'Octave, il l'a gardée pour lui. Au chaud au fond d'un coeur défoncé boiteux, pour pas la perdre dans les émois d'autrui. Pour se retenir d'y appliquer des phrases, des métaphores et des raisons, pour pas avoir à mal décrire l'abîme qu'il a au coeur, avec des mots jamais justes, jamais vrais, jamais siens. Il se serait haï d'y avoir chialé des je l'oublierai jamais, serait mort une, deux, mille fois à tous les temps qui auraient soi-disant effacé les meurtrissures purulentes qui l'ont tailladé. Comme s'il suffisait d'un milliard d'heures, de quelques pansements et de trois pauvres sourires attendris pour panser des plaies qui n'ont de cesse de suinter, de gicler bile et sang aux pieds de lendemains impossibles. Octave, il l'a pas partagé. Pas offert en appât pour récolter des sympathies mal placées, pas lancé en pâture à qui n'aurait pas compris. Et personne n'aurait compris.

La perte d'Octave, il l'a soufferte en silence. Dans les néants béants au fond de son âme, sur la tombe vide du disparu, dans les solitudes infinies de ses nuits esseulées. Sans un cri, sans un mot, abîmé de mutisme offert à personne. Toute l'horreur qu'il aurait pas su dire, le manque à s'en faire exploser le crâne, les heures passées à rassembler toutes les photos, vidéos et babioles qui portent ses empreintes, sans jamais pouvoir les regarder, sans jamais pouvoir souffrir de voir sa gueule sur papier, sur écran. Pourtant, il était bruyant, son deuil. Saturé de sanglots, sali de nuits passées à gerber, de litanies d'Octave suppliés à la lune. Mais il a jamais dit qu'il avait mal à en crever, Silas, il s'est jamais arrêté pour donner une saveur au manque, métallique et sucré, sang et bonbons. La Lune, elle l'a regardé sans rien dire, écho miroir à ses suppliques éteintes.

Quelque part, dehors, la tombe vide d'Octave est parée de fleurs fanées.

Il trouve pas les mots, de le savoir vivant. Pas ceux des autres, encore moins les siens. Pas faute de remuer les plaies à mains nues, dix doigts qui triturent et tiraillent sans merci les suées de souvenirs à la recherche de ce qu'il veut dire. Parce que, putain, il en sait rien. Parmi les encyclopédies d'émotions qui encombrent ses étagères, y'a pas de définition pour ça. Et, à travers le silence épais et étouffant de ses affres, ça hurle à l'agonie.

Souffrance dégueule à ses yeux sans discontinuer, et toutes les réponses qui pourraient sortir crèvent et tombent de ses lèvres ouvertes, sans bruit. Ça lui semble impossible, après sept ans d'un silence malsain, de trouver quelques mots qui exprimeraient tout ce qu'il s'est refusé à dire. Baisse les yeux vers leurs mains mêlées, Silas, et pense à ces clés qu'il a pas pu jeter. Imagine bien que ça se veut rassurant dans la bouche d'Octave, mais Silas s'y blesse encore plus, et il sait pas pourquoi. Parce qu'il repense à toutes les fois où elles ont servi, à toutes les larmes qu'elles ont essuyé, à toutes les conneries qu'elles ont vu. Parce qu'il se voit encore, fier et rieur, lui remettre, aussi solennellement qu'un môme peut l'être, les clés de son domaine, et surtout, surtout, surtout, lui faire une promesse. Tu es toujours le bienvenu. Promesse générique que d'autres ne pensent qu'à moitié mais qui, pour l'infirmier, en cachait tant d'autres. C'était la promesse de trouver des bras pour réchauffer le cœur, la certitude d'avoir quelque part où aller, de trouver quelqu'un pour essuyer des larmes. Il s'est voulu pilier, Silas, bien avant de savoir qu'il avait pas la force de résister aux orages, et bien après également. Se serait laissé détruire par toutes les tempêtes pour Octave. Et il savait, savait, qu'il en aurait fait de même. Pour l'avoir vu, à maintes reprises, défendre un honneur qui n'était même pas bafoué, avec bien plus d'efficacité que ses piètres tentatives, pour avoir enfoui d'autres pleurs et d'autres peines dans le creux de son cou. Compagnons d'aventure aussi bien que d'infortune, leur histoire faite de premières fois main dans la main. Doigts enlacés pour batailler le monde qui les rejetait, paume contre paume dans les nuits essoufflées où ils se sont découverts.

Là, dans la réserve de l'hôpital, où Silas ne conçoit qu'à peine les agissements d'Octave, c'est une première fois amère, parce que Silas la vit seul.

Première fois qu'il l'abandonne.

Lui aussi, il tremble. Ecoute sans entendre les excuses et les justifications d'Octave. Il sent, il entend la sincérité lacée à ses mots, la désolation qu'il devine être réelle. Vaillant et triste qu'il combat les je comprends mécaniques qui rêvent de mentir à ses lèvres. Parce qu'il comprend rien, Silas. Alors il hoche la tête de droite à gauche, hurle des non, je comprends pas qui restent silencieux. Parce qu'il avait promis qu'il prendrait tout, Silas. Le bon, le mauvais, l'horrible et l'ignoble. De nouveau, y'a les bras d'Octave qui le serrent et à l'intérieur, y'a quelque chose qui se brise. Quelque chose de vieux, de précieux et d'infiniment triste. Se lève en panique, Silas le calme, s'éloigne, s'échappe de ces étreintes qu'il a peur de reconnaître. Le sauveur échoué.

Je mérite mieux? Tu crois vraiment que j'étais mieux sans toi, Octave? Arpente la réserve de long en large, les yeux plantés au sol, et qu'il déborde et que les larmes coulent et qu'il a l'impression féroce et insoutenable que ça s'arrêtera jamais. La voix panique et il parle vite, sûrement trop vite. C'est pas de la colère, c'est le désespoir qui trouve  enfin quelques mots. Je méritais de t'enterrer? De vivre sans savoir ce qui t'était arrivé? Je méritais d'avoir qu'une tombe pour te rendre visite? De... Ça bouscule aux portes et ça s'essouffle au cœur. Il a trop de choses à dire et y'a des arrête! qui lui parviennent entre les pensées tumultueuses qui se font la guerre à l'intérieur. Il pensera plus tard qu'il n'est sans doute pas le seul à avoir souffert, pour l'instant y'a pas assez de place, y'a trop de douleur. J'ai cru mourir, Octave. J'ai voulu crever. J'étais plus rien sans toi. C'est le plus noir qui sort finalement et ça le surprend. Les heures les plus sombres, quand toutes les larmes et tous les sanglots avaient coulé, quand y'avait plus que l'horreur, le manque et l'absence d'horizon qui dansaient devant les yeux. Que les je veux que ça cesse noyaient toutes les autres pensées jusqu'à ce que ça semble être la meilleure, la seule solution. S'arrête dans ses déambulations erratiques, regarde enfin l'Octave retrouvé, éclats pétés au fond des yeux. Tout ce qui m'en a empêché, c'est l'idée que t'allais peut-être revenir. Silas planté au milieu de la pièce, à deux doigts de se briser. Plus fragile et vulnérable que jamais, bras croisés en maigre défense et lèvres tremblantes. Alors dis-moi, si t'es plus le même, t'es qui? Regarde ailleurs, Silas, pour essayer de pas s'écrouler à ses pieds. Ca respire fort à l'intérieur, pourtant il a pas l'impression d'être vivant. Que c'est Octave qui pourra lui redonner la vie.


Parce que j'ai vraiment besoin de toi.



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Barbie Tarrare
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don’t walk behind me; i may not lead.
don’t walk in front of me ; i may not follow.
just walk beside me and be my friend.

Le pire n’était pas les pleurs, ni même cet air effaré qui s’était peint sur le visage de Silas. Il y avait bien des fois où il l’avait vu dans cet état, dégoulinant de tristesse, revenu d’une bataille perdue d’avance. Chercher le réconfort entre les bras de son ami de toujours, celui qui était prêt à s’offrir entièrement aux ravages qu’amenaient certains périples. Il s’était toujours jeté à corps perdu dans les pires galères pour sauver son compagnon bafoué. Prêt à revenir recouvert de bleus, ou même avec des blessures parfois plus grave. Des plaies ouvertes, il ne savait pas combien de fois il s’était présenté face à Silas, la gueule en sang, un simple : il avait pas l’droit de parler mal de toi pour se justifier. Ses traits ont vieilli depuis leur dernière rencontre, quelques minutes que Barbie n’avait pu oublier. Ils ne savaient pas, à ce moment-là, qu’ils posaient des mots sur une absence qui allait se prolonger durant de longues années. Ils se seraient certainement enlacés dans le cas contraire, se seraient habillés d’audace, afin d’affronter les minables tracas qui allaient bientôt les séparer. Mais cet air sur son visage devenu anormalement pâle, ce n’était rien à côté de la culpabilité qui l’empêchait de respirer correctement. Ils s’étaient fait une belle promesse, à l’époque de l’école élémentaire. Toujours être là pour l’autre. Toujours être présent, contre le reste du monde. Et Barbie n’avait pas respecté cette promesse. Et même si ça venait d’une bonne intention, qu’il ne s’agissait que d’une manière de le protéger de ce qu’il était en train de devenir, il avait échoué. Il l’avait abandonné, s’émerveillant simplement devant les fleurs et les bonbons déposés sur sa tombe qui n’avait rien de lui ; seulement son ancien nom. Et il le sent qu’il l’a blessé. Et c’est pire que tout. Il l’a déçu. Et putain ça lui donne envie de vomir.
Le vide se creuse entre ses bras, alors que Silas s’échappe de son étreinte. Il l’a mérité. Il reste ainsi, à genoux un instant, juste le temps de fermer les yeux pour reprendre ses esprits. Il aurait préféré qu’il lui hurle dessus, qu’il lui crache une colère insoluble à la tronche. Ça aurait fait moins mal que l’idée de l’avoir déçu, de ne pas avoir été à la hauteur de leur relation si spéciale. Les meilleurs amis d’un monde trop dur pour eux. Et Silas n’avait peut-être pas changé. Peut-être était-il le même enfant qu’autrefois, sans personne pour le protéger aujourd’hui. Et tout était de la faute de Barbie.

Il se relève douloureusement, et s’assied à l’endroit où Silas était installé. Les deux coudes sur ses jambes, et la tête dans ses petites mains. Il l’écoute toujours, mais n’arrive plus à le regarder sans avoir envie de se foutre en l’air. Son coeur était composé à 90% de culpabilité ; ce qui devenait difficile à endurer. Il ne sait pas ce qu’il est en droit de lui dire ou non, ce qu’il doit garder pour emporter dans sa tombe. L’enfant avait compris que les secrets avaient le pouvoir de tout laisser s’écrouler, mais la vérité était parfois également terrifiante. Il en avait peur, Barbara. Persuadé qu’il n’était pas assez bien pour engager certaines vérités, pour les offrir sans avoir à en rougir. Mais il savait que Silas méritait qu’il lui raconte tout, qu’il s’ouvre entièrement ; comme quand ils n’étaient que des mômes. Quand ils étaient assez proches pour n’être qu’une seule et même personne.
Mais il ne savait pas où son ami s’était arrêté dans sa folle course. Sa disparition. La mort de ses parents. Les recherches, très vite arrêtées sur un corps introuvable. Les battues afin de retrouver une trace à suivre. Mais les rumeurs commençaient à gonfler. Et si l’enfant avait lui-même tué ses parents avant de quitter la ville ? Barbie s’était enragé face à cela, assez proche des autorités pour avoir déjà eu accès au dossier de sa disparition. Le nom sur le la couverture, et l’incompétence dans les actes. Il l’avait feuilleté un moment pour constater que l’affaire semblait close. Il ne savait même pas qui avait demandé à ce qu’une tombe à son nom lui soit accordée, mais se doutait qu’il ne s’agissait pas d’un membre de sa propre famille. Silas ayant été un des seuls à déposer de quoi encourager sa mémoire.

Il essaie de refaire un chemin à rebours dans son esprit, de revoir les images de ces dernières années, avant que tout ne prenne fin, ou que tout ne recommence. Il se tient prêt à tout lui raconter, retire son visage de ses mains afin de le regarder enfin, d’affronter ses erreurs. Il s’humecte les lèvres, peu satisfait de ce qu’il voit dans les mimiques de l’autre. Grande inspiration, ça fourmille d’angoisse dans ses tripes. - Je venais d’être enlevé, mes parents avaient été tués et j’ai jamais plus eu de nouvelles de Barbara. Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Je pouvais pas revenir et redevenir celui que j’étais avant, ils ne me l’auraient pas permis. Il repense aux premiers mois auprès des Cyclops, à ces longs moments à servir de larbin avant d’avoir droit à un surnom, un pseudo, une place parmi eux. Barbie qui est devenu un membre gradé, de ceux qui se font connaître parmi les premiers, dans les rangs du groupe. - Octave est mort. Il ne pouvait pas survivre après tout ça, il fallait qu’il disparaisse. Si j’étais revenu, les autorités m’auraient collé le carnage sur le dos, et tu le sais. J’devais changer de vie, et de nom. Il approche son pouce de ses lèvres, commence à en mordiller l’extrémité. Vieille habitude, lorsqu’il est angoissé, qu’il se sent acculé.
Il reste assis, de peur que ses jambes ne le tiennent pas assez longtemps, en position debout. D’une main tremblante, il fait un mouvement vers lui afin de prendre ses doigts dans les siens. Il aimerait le réconforter, faire passer la tempête, mais ne sait pas comment s’y prendre. Il brode, raconte les bases d’une vie devenue trop compliquée. - Je suis Barbie maintenant, je travaille avec eux. Ceux qui m’ont kidnappé. Ceux qui m’ont enlevé à ma famille. Ceux qui nous ont séparés. Il serre ses doigts dans les siennes, le regarde enfin dans les yeux. Il aimerait y lire autre chose que ce désespoir. Rallumer les étincelles de sa jeunesse, cette joie qui ne le quittait pas à l’époque. La félicité de leurs jeux d’antan, quand ils ne se souciaient que du bonheur de l’autre, qu’importe les sacrifices. - Je suis venu devant chez toi, parfois. J’ai souvent hésité à venir te chercher mais … Je savais pas si c’était une bonne idée. J’aurais aimé que tu sois témoin à mon mariage, que tu partages les grands moments.



YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Il aurait voulu pouvoir lui offrir les retrouvailles qu'ils méritent, à Octave. Enfilades de sourires, embrassades foison, récits mouvementés et chaleureux de tout ce qu'ils ont raté de leurs vies respectives. Pour Silas, sept ans de riens et de relations vides, sept ans routine d'un quotidien déraciné, à flotter au monde sans vraiment y planter les pieds. Y'avait bien Nayati qui a tenu les bouts ensemble un moment, puis qui s'est barré avec, mais il le raconterait sans rancœur. Octave et Silas, ils seraient allongés côte à côte sur un lit ou dans l'herbe, mains enlacées comme lorsqu'ils se pétaient les yeux et le cœur à vouloir déchiffrer les nuages.

Pas ça, jamais ça.

Pas la réserve impersonnelle de l'hôpital, pas des larmes à plus voir clair, pas des douleurs et des secrets crachés comme des reproches juste parce qu'il a trop manqué à sa vie, Octave. Il voit bien qu'il fait du mal, Silas, avec ses fuites et ses larmes, et il peut pas l'effacer. Il a mis l'océan dans ses vases, goutte à goutte sanglant d'espoirs amputés et de vides infinis, et voilà qu'enfin il déborde, l'infirmier. Se déverse aux pieds de l'Octave revenu parce que c'est toujours lui qui a recollé ses morceaux.

Planté de regard alors qu'il écoute les vérités qui dégueulent de la bouche d'Octave et s'arriment à ses douleurs avec la violence de balles tirées pour tuer. Immobile en face à face qu'il a arrêté d'espérer, prend dans la gueule la réalité atrophiée de son meilleur ami. Il a rien oublié, Silas, des heures terribles d'attente, en apprenant la disparition d'Octave, ses propres recherches vaines et stupides à travers la ville, ses supplications fréquentes aux officiers qui ont abandonné les recherches trop vite à son goût et n'ont jamais donné crédit à ses affirmations véhémentes que, non, Octave n'avait pas tué ses parents. Journées passées à faire les mille pas dans son appartement, en long en large et en travers de gorge pléthore d'angoisses. Et il avait essayé d'imaginer, Octave vivant, quelque part. Pas à Exeter, parce qu'à coup sûr, à Exeter, il serait venu le voir, pas vrai? Non, toujours loin, vivant mais vague, écho perdu au lointain. Il arrivait pas à le visualiser, à le détacher des ombres. Puis y'avait pas ses émotions pagailles qui claquaient contre sa cage thoracique avec la férocité des orages d'été, pas sa bouille et sa voix, trop peu changées et pourtant si différentes. Alors, il faut se rendre à l'évidence, qu'Octave, il a vécu une autre version de la même histoire.

Fixe dans le silence, jambes chandelles chancellent, et dans les mots, et dans les gestes, et dans la voix et le silence, il le retrouve, un peu. Enfin. Il l'aperçoit dans les dents qui rongent le pouce, dans les doigts qui le cherchent, dans l'Octave avoué mort. Deux genoux tombent au sol pour se retrouver à la même hauteur qu'Octave assis. Bras s'enroulent autour du corps déterré et, cette fois, il serre Silas. De toutes ses forces tremblantes, et peut-être qu'il fait mal, peut-être qu'il serre un peu fort, mais ils sont vivants, et il a besoin de le savoir. A sa nuque qu'il laisse un tu m'as tellement manqué voix sincère cassée, parce qu'il l'a pas encore dit alors que c'est le plus important.

Il l'a perdu sept ans plus tôt, Octave. Étrange de ne lui dire adieu que maintenant, alors qu'il vient de le retrouver.
Parce qu'il a raison Octave, Octave, Barbie. C'est pas le même homme qu'il a entre les bras.

Finalement Silas s'arrache à l'étreinte, pose ses lèvres sur le front d'Octave et offre un sourire. Timide et lourd, qui caresse les yeux sans vraiment les atteindre, mais un sourire malgré tout. Puis il prend la main d'Octave, et s'assoit le long du mur, une jambe pliée sous l'autre tendue, et l'invite à l'y rejoindre. Il s'en fout pas mal qu'on les trouve là, Silas. Tête qu'il pose sur l'épaule d'Octave, et il contemple leurs mains un moment, doigts qui jouent ensemble. Il prend le temps de choisir sa question, Silas, parmi toutes celles qui pullulent dans l'esprit encombré, parmi toutes les informations douloureuses qu'Octave lui a offert. Il veut tout savoir, tout comprendre. Sauf qu'il veut pas trop s'abîmer, abîmer, dans le passé. Il voudrait croire qu'ils auront le temps. Alors il prend les sentiers qui semblent moins sombres. Tu t'es marié ? Vaguement incrédule en bouche, traînée de sentiments contradictoires qui traversent sa gueule champ de mines, et éclatent à tous les pièges. D'abord aux lèvres qui démarrent en sourire et hésitent, aux yeux qui se voilent de nouvelles larmes qui atteignent jamais vraiment les joues, aux traits qui se froncent et s'apaisent. Pour ça qu'il voulait pas rester en face, Silas, parce qu'il veut pas qu'il le lise, Octave. Ils en avaient parlé, de mariage, ils avaient parlé de tout, à la lueur d'une lampe de chevet, dans l'obscurité des nuits sans lune et dans les rues gelées qui ne menaient nulle part. Ils s'étaient amusés à les imaginer, ces mariages dont Octave rêvait et que Silas comprenait qu'à moitié, ils les avaient même planifiés et joués. Tout gamins, costumés et parés de bijoux qui avaient appartenu à maman Dunham et dont son père n'avait jamais pu disposer, placards qu'ils pillaient régulièrement dans leurs jeux et leurs peines. C'était aussi beau que tu le rêvais? Il voudrait pouvoir détacher les émotions qui collent à ses mots. Parce que ça l'attriste, Silas, d'avoir raté ça. D'avoir tout raté. Et que les aveux d'Octave, bien qu'il les entende et les comprenne, n'enlèvent rien aux peines et à l'abandon qu'il ressent.

Puis y'a autre chose, derrière. Qui vient de plus loin encore.

J'suis tellement désolé, Oct-, je veux dire, je veux dire... Bute sur le patronyme volé au frangin, syllabes qui se dérobent alors qu'il les cherche, qu'il voudrait les offrir comme gage de paix. Parce qu'ils ont survécu à trop de guerres, tous les deux, et que Silas, il laissera rien les séparer à nouveau. Alors il voudrait offrir des Barbie faciles, laisser l'inconnu connu remplacer celui qu'il a perdu, accepter que c'est plus le même. Il est de ceux là, Silas, ou il le voudrait. Ceux qui prennent les changements les bras ouverts, qui s'appliquent à n'utiliser que les noms choisis par les autres. Il comprend, qu'on peut crever à l'intérieur, entend bien qu'il faut parfois mettre d'autres noms sur des plaies trop larges. Il se demande juste si ce qu'ils avaient est mort avec Octave, enterré dans une tombe sans corps qu'il a désespérément réclamée et payée, quand les autorités l'ont déclaré mort. C'était la moindre des choses. Alors l'Octave traîne sur la langue, et Silas, il est pas prêt à le laisser partir. Soupire et abandonne. C'est peut-être un peu con, sûrement qu'Octave, il lui en tiendra pas rigueur, mais il a rien d'autre à offrir. Que des mains blessées, des yeux tristes et des incertitudes. Il sait pas ce qui les attend, dehors. De l'autre côté de cette porte qui les protège encore, qui les isole des mondes cruels auxquels ils ont si mal survécu, chacun de leur côté. Est-ce qu'ils se feront avaler, quand elle s'ouvrira? Est-ce qu'il aura le temps pour toutes ses questions? Il ferme les yeux, Silas, sur la raison de ses excuses.

J't'ai pas assez cherché, j'ai pas trouvé, j'ai pas...

Fin de phrase se perd dans le silence, il a jamais eu les mots de l'autre pour s'exprimer. Culpabilité incendiaire qu'il cache derrière des bontés naturelles, mais qui a brûlé une partie de ses forêts intérieures. Sa mère, Cassian, Octave, et Silas l'inutile qui leur a survécu. Qu'était pas assez pour l'une, qu'a perdu le contrôle de la voiture pour le suivant, et qu'était trop pauvre pour acheter la liberté du dernier. C'est pas raisonnable, il s'en rend vaguement compte, et pourtant ça l'a bouffé rongé.

Puis bien vite, il offre un sourire à personne.

Parle-moi de Barbie.

Ils parleront du sale plus tard.
Demain, peut-être.

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Les bras enroulés autour de lui ont un effet maïeutique, arme un besoin infini de lui raconter chacune de ses aventures, sans omettre le moindre détail. Il y avait des mots qu’il avait besoin d’entendre, pour se convaincre qu’il n’avait pas été le seul à espérer. Le souvenir olfactif lui revenait à la gueule, plus vite que tout le reste, alors qu’il sent le corps de son ami se resserrer autour du sien. Il a envie de fermer les yeux, et de respirer l’odeur de sa peau à pleins poumons. Nul besoin de plus que de quelques secondes à se défaire de certaines grandes peurs à coups de souvenirs qui lui feront pourtant plus de mal que de bien. C’était ce qu’il redoutait, Barbie. Il avait peur de se laisser prendre au jeu de son souvenir. Les années avaient été si longues, depuis leur dernière embrassade. Tant de choses lui avaient manqué, de l’extravagance de son sourire, au pétillement de son regard. Il ne pouvait plus rien voir d’autre, maintenant qu’il se trouvait dans la même pièce que lui. Il suit alors ses envies, ses bras d’enfant qui enlacent cet être qu’il pensait ne plus avoir la bénédiction de revoir un jour. Les yeux se ferment, essaient de ne pas verser une rivière de peine, cascade qui ne ferait que rosir un peu plus ses joues déjà écarlates de pudeur. Il se sent stupide de n’avoir osé lui revenir plus tôt ; toujours faisant demi-tour face à sa porte d’entrée, les clefs tremblants dans sa main serrée.
Il aimerait lui répondre, et préciser qu’il lui avait manqué ; lui aussi. Mais les mots refusaient de s’échapper de sa gorge, comme agglutinés à sa trachée qui seule se rappelait des nuits à pleurer sa solitude. Il lui avait tant manqué. Il lui avait été si difficile de ne pas envoyer chier ses principes, pour s’empresser de le retrouver. L’étape de son mariage ayant été la plus compliquée. Il le voyait déjà, dans son beau costume fait sur mesure pour l’occasion, s’occupant de le rassurer pendant les instants de doute, lui répétant qu’il n’avait plus à avoir peur ; parce qu’il n’était plus seul. Les étapes de sa vie, passées sans son guide, sans sa main à serrer durant les pires secousses.

Il a l’impression de ne pas avoir tout perdu en sentant les lèvres humides contre son front. Il sourit comme un enfant que l’on récompense de pas grand chose. L’impression de ne pas mériter cette douceur, seulement les pleurs et les cris qui ont précédé la félicité. Il le suit pourtant, pantin de ses envies toujours plus extatiques. L’enfant s’installe aux côtés de son ami, de celui qui avait manqué à chacune de ses journées. Puis, elle arrive, la question. Celle qu’il attendait, mais dont la réponse lui arrachait la tronche. Il laisse tomber sa tête contre la sienne, bouclettes mêlées en même temps que leurs doigts qu’il regarde comme on analyse un magnifique tableau.
Il lui faut quelques secondes de réflexion afin de remettre toutes ses pensées en place. Il avait envie de lui mentir. De prétendre que tout s’était bien passé, et qu’il n’avait pas divorcé. Qu’il avait été follement amoureux, et que son prince charmant n’avait pas été une vulgaire nuée de poussière, qu’il avait épinglée plus pour se rapprocher d’un frère inaccessible, que par réel amour. Il aurait aimé lui sortir de belles photos, d’une danse aux bras d’un homme qu’il regarderait avec tendresse, qui lui donnerait des milliers d’étoiles dans les yeux, et de raisons de se battre pour la vie. Mais il a déjà trop menti, le gosse. Alors, il baisse la tête, sourire écartelé d’un air de ceux qui n’ont plus rien à dire que les déceptions rompues. - J'ai divorcé. Il a honte d’avoir à lui dire ça, regarde fébrilement son doigt sans anneau. Il n’avait pas gardé l’alliance, s’en était séparé très vite, afin de tout oublier un jour. - Je suis allé trop vite. Tu me connais, j’suis un romantique. J’ai épousé une femme que je n’aimais pas, un mariage minable qui n’avait rien à voir avec celui de mes rêves. Il repense à Earleen et ne voit en sa relation passée qu’un tremplin vers quelque chose de bien pire. Ils avaient recouché ensemble, plusieurs fois, un divorce qui n’avait été que la signature d’un papier qui avait autant de sens que celui du mariage. Une relation qui n’avait aucun sens, tout comme la perte d’un enfant qu’il n’aurait pas assumé par immaturité. Mais il ne veut pas en parler pour le moment, de cet enfant. Il ne veut pas le noyer sous ces brouillons de futur.

Il prend une grande inspiration, essayant de ne plus penser au visage d’Earleen et aux cris qui ont suivi cette union. Il serre ses doigts entre les siens, avec la force du désespoir. Il a pourtant eu tant envie de l’aimer, et de devenir quelqu’un de bien par amour. Il plisse les lèvres, en enchaînant. - J'ai eu une liaison avec quelqu’un d’autre, tu sais que je tombe facilement amoureux. Mais je sens que ça ne me mènera à rien, et j’ai plus envie de souffrir en m’accrochant à ce genre d’homme. Le petit Octave qui avait toujours des bleus au coeur, qui ne savait où se mettre quand il comprenait que s’attacher faisait plus de mal que de bien dans un monde où être enfant des sentiments était une erreur. Il ne précise rien d’autre au sujet de Frankie, il aurait l’occasion de faire cette révolution dans d’autres circonstances.
Et surtout, il a mieux à lui dire. Il a un autre nom à prononcer, à rêver de lui présenter. L’envie de faire se rencontrer ces deux hommes qui étaient si important dans sa vie ; Silas et Devlin. Il les pensait tant capable de s’entendre, de l’émouvoir à chaque rencontre. Il continue de se confier, n’arrive plus à s’arrêter. Mais il ne veut pas le couper, sent qu’il a bien plus à lui dire. Et surtout, il sent le malaise d’utiliser un prénom qu’il ne connaissait pas quelques minutes auparavant. Il fait la moue, Barbie, passe un bras autour des épaules de Silas pour resserrer leur étreinte, lâchant ses doigts au passage. - Appelle-moi Octave si c’est plus simple, pour toi. Il ne veut pas lui imposer ces choses-là. Il ne veut pas lui faire plus de mal encore. Il n’ose pas le regarder, trop peur de croiser son regard et tout ce qu’il renferme de plus tortueux. - T’y es pour rien, poussin. J’suis doué pour disparaître, un grand magicien. L’humour comme protection, mais c’est pas le moment. Il voit que son ami a besoin de parler d’autre chose, alors il attrape la perche qu’il lui tend.

Il se défait de leur étreinte, afin de se retourner face à lui. Il attrape ses deux mains, comme pour lui annoncer une bonne nouvelle, quelque chose de joyeux dans ces ténèbres. Il ne sait pas si c’est ce qu’il avait envie d’entendre, en lui demandant plus de détails sur le Barbie d’aujourd’hui ; mais c’était ce qu’il crevait d’envie de lui dire pour l’heure. Il se lance alors, en essayant de ne pas se laisser aller à de trop grands discours sur ce qu’il ressentait. - Je sais pas quoi te dire qui ne soit pas sordide vu mon quotidien, mais … Il rougit sévèrement. - J’suis amoureux. Je sais que tu dois te dire que ça m’arrive trop souvent, mais c’est différent. J’avais pas aimé à ce point depuis … Zak. Le prénom qu’il avait encore du mal à prononcer, surtout devant Silas qui avait dû en entendre parler trop souvent à l’époque. Un amour pareil ne se gardait pas secret, il avait si souvent chanté son amour pour lui, admettant si tôt que Zakhar était l’homme de sa vie, et qu’ils seraient certainement liés pour la vie. Mais ce qu’il disait était la réalité, Barbie n’avait véritablement aimé que deux personnes sur cette terre, d’un amour aussi fort ; Zak et Devlin. - J’aurais jamais du me marier si vite, j’aurais du attendre de le rencontrer, et lui offrir à lui cette alliance. Mais j'suis pas sûr que ça l'intéresse ce genre de truc ... Il s’arrête de parler, se trouve déjà trop bavard.
Il s’installe en tailleur, et souffle un coup en essayant de ne pas faire une tirade de plusieurs pages sur son amour naissant. Il a envie de l’entendre lui, un peu. Lui qui avait toujours été doué pour blablater à n’en plus finir, toujours parlant, l’autre écoutant. - Excuse-moi, je suis toujours trop bavard. Mais je t’écoute, qu’est-ce que tu deviens ?



YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Sûrement qu'avec un peu de temps, il verra que le beau, Silas. L'inespéré, le rêve réalisé, l'impossible; Octave lui est revenu d’entre les morts. Le temps érodera le premier instinct de fuite de son ami quand ils se sont reconnus, adoucira la douleur des années passées dans l'absence, le deuil jamais véritablement accompli. Il s’efforcera de comprendre les raisons qui l’ont poussé à ne pas lui revenir, à rester invisible et mort malgré le possible, et il aura plus les yeux tristes et le sourire à moitié. A base d'Octave retrouvé, il se fera des pansements qui se voudront indestructibles sur des plaies qui n'étaient plus destinées à guérir. La peine qui pâlira face au bonheur d’être réunis, vieilles cicatrices qui feront plus mal que quand on y pense un peu trop. Déjà persuadé que l'acide et le violent de ses réactions à chaud feront pâle figure face à l'Octave dans sa vie.

Posé tout contre lui, à l’écouter parler, y’a du bon vieux temps qui pince le cœur comme il pince les lèvres à penser au mariage qui se conte comme un échec. Sa main qui joue avec les doigts sans alliance d'un Octave qu'est allé jusqu'à l'autel sans Silas pour l'y escorter. Pas été là non plus pour le divorce, pourtant putain il l'aurait voulu marié heureux, Octave. A un type bien qui saurait aimer autant que lui aime, à savoir un peu trop. Antipodes d'un Zakhar connard qu'il a toujours haï, et pourtant il déteste jamais personne, Silas. Haine viscère irrépressible. Y'a rien qui sort en réponse au divorce qui se digère mal dans le ventre infirmier. Alors il serre ses doigts pour l'inviter à continuer autant que pour le rassurer de sa présence et de son soutien. Il entend le confus et le triste, il les sent venir se déposer à côté des siens. Chapitre qui méritera qu'ils y reviennent plus en détails, qui s'esquisse prémices mais qui s'écrira plus tard. Puis la suite qui se fait liaison et il sait pas trop si c'était pendant ou après le mariage, mais ça change pas grand-chose. Lui-même habitué des infidélités, Silas toujours trop pressé de se faire mal dès qu'il parvient à construire des ersatz de relations. A vouloir tout péter parce qu'au moins, au moins, dans ces cas-là, il a contrôlé le départ. Pas d'imprévu, pas de mort brutale, rien que la conséquence naturelle d'actions dégueulasses. De la douleur qui s'explique et se mérite. Tout le monde qui se barre, mais des fois c'est fait exprès.

Le bras d'Octave qui se glisse autour de ses épaules, et il pourrait se remettre à chialer, Silas. Fragile et minable contre le brun, et il hoche la tête, parce qu'il dira sûrement pas Barbie tout de suite. Y'aura encore beaucoup d'Octave qui se lâcheront sans qu'il le veuille. La blague qui passe mal et c'est lui qui voudrait disparaître, alors il change de sujet.

Assis face à face à présent, bouts de sourire qu'il retrouve parce qu'à visage découvert il préfère souvent sourire. Sauf que y'a le sordide du quotidien qui se mentionne en passant, l'Octave qui change de chemin sans l'avoir emprunté, et Silas serre les dents. Il aurait voulu qu'il lui conte des années tranquilles avec des éclats de bonheur, et il ose pas imaginer le sordide, il s'y refuse. Il attendra que les mots viennent du concerné avant d'affabuler. Mais il a pas tant changé, Octave, alors c'est l'amour qui reprend le dessus de la conversation, qui vient se raconter, les joues rouges et le cœur en paume ouverte. Alors même s'il grimace sec au Zak qui se colle à l'idée d'amour, il se laisse vite prendre d'un sourire, Silas. Parce qu'Octave amoureux, ça lui fout toujours le vertige. Ça déborde dans ses mots et ça ramène l'infirmier des années en arrière, à d'autres sols où ils traînaient le cul en se contant l'amour de toutes les couleurs. Petit rire qui lui échappe en le voyant souffler. Peut-être que ça sera comme avant, après tout. Quelques années dans la gueule mais les mêmes cœurs bleus.

Surpris plus que de raison de se retrouver ainsi à nouveau acteur de la conversation, lui qui s’était mis en retrait pour laisser la place à Octave. Il aurait préféré tout entendre, tout savoir, de l’Octave d’aujourd’hui. Ses passe-temps, ses occupations, la raison de sa présence ici. Laisser les détails de cet amour avoué inonder la réserve. L'écouter jusqu'à ce qu'ils se séparent, avec sans doute au bide la trouille de le voir disparaître à nouveau. Mais dans l'ici et le maintenant, il lui demande ce qu'il devient. Moi ? Euh.. L’insipide d’une vie passée dans l’attente qui le frappe de plein fouet maintenant qu’il faut la raconter. Pourtant rarement malheureux, Silas, malgré les douleurs en coin de cœur. De ces bonheurs tranquilles, aussi peu extravagants que lui. L’heureux vague d’années sans encombre, qui passent sans se presser, presque sans blesser. Avec ses quelques ombres fantômes toujours accrochées aux pensées solitaires, cachées dans les sourires tristes offerts à personne. Mais il a rien fait, Silas. Empilé les heures et les semaines et les années à l’hôpital, comblé ses soirées d’amis qu’étaient jamais Octave et d’amants qu’étaient jamais les bons. Vie vécue sans passion, presque à attendre qu’elle se décide à commencer. Jamais habité d’ambitions, jamais brûlé du même feu que les autres, Silas. Môme passager clandestin des rêves d’autrui, toujours à se laisser porter par l’enthousiasme de ses proches. Alors y’a l’regard qui s’perd dans le sol entre eux, le brin de honte venu d’il sait pas où qui fait tache sur la gueule déjà rouge de ses larmes enfin taries. Toujours tout qui s’est dit, entre eux, sans retenue et sans jugement. Y’a jamais eu rien de plus ouvert que les bras d’Octave, mais il se sent coupable, Silas. Aussi bien d'avoir vécu sans lui que de ne l'avoir fait qu'à moitié, paradoxe brouillon qui rend la voix fébrile. Rien de bien glorieux, j’bosse ici depuis.. depuis. Un peu avant sa disparition, après le Cassian éclaté. Récemment j'ai été quelques mois avec quelqu'un. Tu te souviens de Nayati? Lui et Silas s'étaient rencontrés ados, proches contre toute attente, les deux trop différents pour que leur amitié fasse sens dans la tête de beaucoup. Puis sûrement qu'il s'était enflammé trop vite, Silas, au lendemain de leurs premiers jours, à s'imaginer des pour toujours parce que ça paraissait pas long. Mais il est parti. Épaules qui se haussent dans un sourire bouffé de triste, parce qu'il a perdu l'amant et l'ami en même temps. Celui qu'a été là quand le monde s'est peint de noir et quand il a retrouvé ses couleurs.

Je suis désolé que ton mariage ça ait pas été le bon, j'espère que le prochain le sera. Puis t'excuse pas. Ca fait sept ans que j'rêve de t'entendre me dire que t'es amoureux, tu t'en sortiras pas avec si peu d'infos. Cette fois y'a les yeux qui s'illuminent avec le reste du visage. Finalement, malgré le tout terrible, c'est toujours que deux gamins assis en tailleur, aux genoux qui se touchent et à l'amour facile. Faut que tu me dises tout. Il est comment? La facilité qui se choisit d'elle-même, qui balance à nouveau l'attention sur l'autre, rarement sur lui. Plus à l'aise à l'écoute qu'à la parole, sûrement un peu lâche, parce que lui il sait pas trop quoi dire. Ca fait combien de temps que vous êtes ensemble? Comment il s'appelle? Avide de détails et de temps avec lui, à l'écouter, à profiter. Temps perdu qui se rattrape pas, pourtant il court après quand même.

Le sobre qui le retrouve d'un seul coup. La main qui glisse sur la joue d'Octave, Silas incrédule au bout du bras. J'en reviens pas, t'es vraiment là. L'envie de le supplier de jamais repartir qui coince sur la langue. Inconcevable de l'imaginer disparaître à nouveau, pourtant ça se conçoit en fond de crâne. Ca s'imagine one shot sans suite, épilogue tragique qui ferme enfin un bouquin fini sept ans plus tôt.

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