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 Final Masquerade

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Enoch Sinclair
- castafiore wannabe -
Enoch Sinclair
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damné(e) le : o06/03/2020
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Final Masquerade
Sam 4 Avr - 20:34


 
Final Masquerade
Le bon sens aurait voulu qu'il ne s'enfonce pas seul dans les ruelles de Cherrytown, à l'heure où les échoppes étaient toutes en train de fermer. La capuche de sa veste rabattue sur la tête, sa silhouette râblée se fondant comme une ombre dans les pas des badauds. Le bon sens aurait préféré qu'il envoie un message au reste de sa fratrie pour leur signaler qu'il était sur une piste. C'était comme ça qu'ils fonctionnaient, qu'ils avaient toujours fonctionné. Eduqués dans ce sens, leur famille le point névralgique de toutes leurs actions. De tous leurs maux. Un pôle vibrant où se tenaient toutes les conversations, où se partageaient toutes les préoccupations. Les chasses étaient des battues, organisées et en nombre. Moins de risques de manquer leur coup, à plusieurs. Moins de risques de trahir le secret de leurs actions purificatrices. La Mission aimait le nombre, l'ordre et la discipline.
Mais Friday, lui, avait appris que pour mieux se fondre dans la masse, certains codes devaient être compris. Ne pas se déplacer en groupe pour éviter d'attirer l'attention. Se prétendre aussi avenant qu'accessible, pour mieux apaiser les soupçons. Vanité mal placée ou attrait de la solitude, après des années de chasse à courre entouré de sa propre meute ? Il n'aurait pas su mettre un doigt sur les raisons. Mais à défaut d'être l'alpha, une place campée sans justification autre que sa position d'aîné par Joel, Enoch avait choisi d'être l'oméga.
Il ne prévenait pas pour mieux guérir, Friday. Il prévenait une fois le fait accompli, et les preuves bonnes à être dissimulées. Qu'importait la méthode ou l'approche, qu'importaient les règles qui appelaient à la plus grande précaution. L'oisiveté prônée par Sunday était mère de tous les vices. Si la piste s'avérait bonne, autant la suivre jusqu'au bout sans s'embarrasser d'heures de traque aussi inutiles que chronophages.

Pour autant, cela faisait plusieurs semaines qu'il l'avait à l'oeil, cette cible-là. A trop passer devant la devanture de sa boutique, à trop s'interroger sur le bien-fondé d'une telle échoppe. Sudden Death prônait le blasphème, offrant à sa clientèle l'art et la manière de condamner son âme immortelle par le suicide. Ostentatoire et blasphématrice, elle avait pourtant pignon sur rue. Une simple blague, selon certain des patrons avinés accoudés au comptoir d'Enoch. Mixologue temporaire de ce club de Cherrytown, non loin de la fameuse boutique, pour tâter le terrain. Des habitués pour la plupart qui lui avaient confié que ce n'était rien de plus qu'un magasin de bricolage qui vendait pelles, pioches et cordes. Un joli décorum pour attirer la chaland. De l'humour plus noir que l'encre sans pour autant que le danger soit réel, ou que la grâce du Seigneur soit atteinte.
Rien de plus.

Rien de plus. Il aurait pu ne pas s'en préoccuper, Enoch. L'humour avait beau être un concept abstrait quand on en venait aux Sinclair, il avait fini par entrer dans le rang de ce qu'attendait la société. Pour être différent des autres, plus efficace. Se fondre dans la masse. Un sourire en coin, un gloussement rauque, en entendant les théories des âmes avinées. Mais toujours cette sensation contre sa nuque. Ses poils se hérissaient à chaque mention de cette boutique impie, et de son étrange propriétaire. Bo Gutierrez. L'on disait de lui qu'il avait un charme certain, en dépit de son humeur acide. L'on prétendait qu'il ne se laissait jamais approcher de trop près. Une capacité à manier le verbe certaine, une prestance toute particulière au-delà de sa grande taille. Du charisme à l'anormal, Enoch savait qu'il n'y avait qu'un pas, pour avoir lui-même été béni d'une telle capacité. Une interrogation de plus, sous les mèches brunes du Sinclair. Gutierrez était-il un Agneau de Dieu, ou un Faux Prophète ? Tout tendait vers la seconde théorie, à commencer par l'ironie blasphématoire tant de son commerce que de son patronyme.

Pourquoi l'attirait-elle autant, cette méprisable ironie ? Peut-être par souci du jeu. Par attrait du sang. Car elle était bien plus proche de ce même cynisme délétère avec lequel Enoch appréhendait la vie depuis la mort de Ruth. Confronter directement le problème était dans ses cordes, et il en manquait, de cordes. La voix impassible de Joel tonna dans ses oreilles à l'envoi du premier message, appelant son prénom à pleines lettres comme pour le sermonner. L'invectiva des termes habituels à la suite de l'échange, des réponses au tac au tac chargées d'une tension aussi délectable qu'haïssable. Les sermons de son frère plus qu'une arrière-pensée, comme à chaque fois que la traque en solitaire commençait réellement. Etranglés par une corde en titane, noyés dans le kevlar et cette bienheureuse appréhension des débuts de chasse. Chasse à l'homme, ou chasse au démon. L'impression était la même pour noyer l'ennui et la monotonie. S'il ne servait pas le Seigneur, ce soir, il se servirait lui-même. Enoch l'avait décidé.
Charité bien ordonnée commence par soi-même


La démarche fébrile, en retraçant la route vers Sudden Death. Parfaitement conscient de la caresse de son couteau papillon contre sa cheville, dans sa chaussure droite. Ses doigts s'envolèrent sur l'écran de son téléphone, tapotèrent un cri de ralliement familial, toujours le même, au cas où la situation tournerait au vinaigre. Une précaution qui ne l'avait jamais quitté, malgré qu'il ne l'ait utilisée que de trop rares fois en dépit de ses enseignements. Mais le message était prêt, comme d'habitude. Un simple mouvement de doigts et sa fratrie serait alertée, au cas où Gutierrez s'avère plus coriace que prévu.
Ou pour nettoyer ses déchets, pour peu que la Mission ait dû être accomplie. Il fourra le téléphone dans la poche de son jean, renfila ses gants de cuir. Le temps était encore frais, à Exeter. Que ses mains soient couvertes ne choquerait personne.

Le tintement d'un carillon annonça l'arrivée du Métatron dans la boutique. S'il l'avait longuement étudiée, au cours de ses passages répétés devant la devanture en se rendant au bar où il faisait un remplacement, il n'avait encore jamais mis le pied à l'intérieur. Un écrin cynique pour un magasin de bricolage. Des petites pancartes annonçaient vaguement des promotions sur des cordes bien plus solides que ce que l'on vendait chez le droguiste, d'autres édictaient la composition d'une mort aux rats importée d'Europe. L'écho d'une conversation entre deux personnes, au fond de la boutique. Retirant sa capuche, Friday laissa ses doigts glisser le long d'un étalage de couteaux en acier damassé. En soupesa un, au creux de sa paume gantée. Un équilibre parfait. Le fil de la lame parfaitement aiguisé, la garantie d'une mort rapide et sans bavure. Si Gutierrez était une cible à abattre, il fournissait d'office tous les moyens de ce faire. Si effectivement Dieu le voulait, Friday s'assurerait que la scène soit maquillée en cambriolage. Certains des produits mis en vente par la cible avaient toute leur place dans les réserves des Sinclair.

Une petite bonne-femme le dépassa à travers les rayons. Les yeux verts la suivirent, étudièrent sa silhouette voûtée. Une démarche rapide et nerveuse, en serrant ce qu'elle avait acheté contre sa poitrine. Quelles qu'aient été ses intentions, Enoch douta qu'elles fussent louables. S'efforça de n'en faire aucun cas en approchant du comptoir. Reconnut sans mal le fameux Gutierrez. Une vingtaine de centimètres de plus que lui, mais sûrement pas la même agilité. Ses points vitaux plus difficilement atteignables. Appui nécessaire pour planter un couteau entre ses côtes et tirer la lame vers le haut. Un sourire en coin, les mains dans les poches, l’œil émeraude pétillant de malice.

-Sept mètres de corde et un restaurant m'attendent, paraît-il.

L'air bon-enfant travaillé, étudié, testé à maintes reprises au fil des années. Une marque de fabrique aux accents de fierté pour le Garde de l'Aurore. Si l'aîné Sinclair lui reprochait son manque de méthode, c'était car il n'avait toujours pas compris qu'elle était là, sa méthode. La fausse bonhomie et l'air enfantin sous ses mèches poivre-sel. Un soupçon de Dieu sur le bout de la langue, lorsque sa voix se chargeait de pierres pour soumettre le monde entier. Faisant taire son envie de la faire ronronner, cette tonalité si particulière, le Chasseur se fit violence. Pas tout de suite. Seulement en temps voulu. Le plaisir de la langueur avant le déchirement, celui d'une lente agonie avant l'apothéose. Il poursuivit :

-Je suis Sunday. Il m'a semblé plus judicieux de n'arriver qu'en fin d'après-midi, mais je peux également patienter si vous avez encore à faire.

Ils avaient de grands projets, tous les deux. De grands projets qui dureraient toute la nuit, s'il le fallait.
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Saul Marsh
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Re: Final Masquerade
Lun 20 Avr - 19:14


Il a l’impression de la connaître depuis trop longtemps, cette petite femme à l’allure convexe. Les quelques rares cas à passer la porte de son magasin à plusieurs reprises, étaient souvent des personnes peu fréquentables, qui ne se servaient certainement pas dans ses stocks pour ce qu’ils prétendaient. Lorsque les plus silencieux souhaitaient repartir avec plusieurs armes du même calibre en prétextant un suicide collectif, Bo savait qu’il ne s’agissait que d’une excuse pour avoir le droit à un stock plus conséquent. S’il était pour l’industrie de la mort individuelle, il ne tenait pas à participer à celle des combats quels qu’ils soient. la règle était simple, jamais deux achats similaires à la fois. Il n’était pas vendeur d’armes, souhaitait simplement aider les plus démunis à passer à trépas. Il aurait été bien malheureux de savoir que ce qu’il vendait servait à d’autres tâches, bien plus blâmables. Mais cette dame, n’était qu’une éternelle indécise qui finissait toujours par choisir un élément au hasard ; pour le ramener quelques semaines plus tard. Elle tenait à se faire rembourser afin de prendre quelque chose de plus doux, prétextant ne pas avoir trouvé le courage de sauter le pas. L’arme à feu donnait un bien mauvais service après vente. Le couteau n’était pas vendu avec une notice, et elle était incapable de savoir où le planter exactement. Et lorsqu’elle avait ramené la corde entre ses mains tremblantes, Bo avait vite deviné qu’elle ne savait pas faire les noeuds coulants. Alors, en bon conseiller d’une boutique qu’il connaissait par coeur, il se sentait le courage de lui montrer un à un les mécanisme de ce qu’elle pouvait s’offrir. Jusqu’à ce qu’elle choisisse, le poison pour partir plus rapidement, avec moins de chance de se rater, et une injection très simple.
En la regardant s’en aller, Bo avait presque l’impression de la voir pour la dernière fois. Comme si elle ne lui trouvait plus aucune raison de venir le voir ; et parfois, il s’en sentait troublé de cet impression d’être le dernier messager avant la mort. Lui qui ne pouvait instaurer de système de fidélité, de crédit, ou toutes ces choses qui n’ont de sens que pour les commerces avec une réelle clientèle. Bo vendait le droit de ne jamais revenir. Celui de quitter la boutique, et de quitter ce monde avec comme dernier visage ; le sien. Il s’évertue pourtant à souhaiter une bonne journée, un sourire aux lèvres et main serré. Parce qu’à ses yeux, le repos éternel n’a rien de malheureux. Funeste ne rime pas avec pleurs, dans son jargon. Et s’il a déjà songé à inviter quelques clients à dîner, adresser des clin d’oeil appuyés, il savait qu’il ne devait pas jouer avec ce feu-là. Les visages lui demandant conseil n’avaient qu’une espérance de vie largement limitée, ce sur quoi Bo ne devait pas interférer. On ne se souci pas de la relation entre une personne et sa faucheuse.

Il reste un instant dans le fond de la boutique, retournant le poignard plusieurs fois entre ses doigts afin d’en analyser l’état. Elle ne s’en était pas servi, l’avait certainement laissé dans un coin ; à le regarder comme on regarde les ténèbres. Un oeil averti, l’autre implorant. La lame n’a aucune égratignure, et c’est avec un soupir outré que le gérant enroule une nouvelle ficelle autour du manche, annonçant le prix de l’instrument. Il revient ensuite vers sa petite caisse, servant d’accueil. Petit comptoir sur lequel il dépose l’outil, sans se soucier du mouvement de la boutique. Ce n’est qu’en entendant sa voix, qu’il daigne relever le nez de ses affaires. Un léger coup d’oeil afin d’étudier la bête, scandant sa morphologie, ses airs, ses traits, tout ce qui constitue cet homme qui semble en savoir plus sur lui qu’il ne voudrait l’admettre. Bo pose ses deux mains sur le comptoir, et penche légèrement la tête en plissant ses grands yeux bleus. L’analyse toujours en cours. - Eh bien, j’ai failli vous attendre. Il adresse un premier sourire, les lèvres qui s’élargissent alors qu’il repense à toutes les fois où il a tourné des regards vers la porte de l’échoppe, en se demandant si le mystérieux inconnu allait ou non lui faire honneur de sa présence. Il savait qu’il n’allait certainement pas arriver en début d’après-midi alors qu’ils avaient plutôt à faire le soir. Mais il aime ronchonner, Bo. Il aime montrer qu’il n’est pas satisfait, même quand il n’en a aucune raison. L’air détaché, de celui qui n’en a que faire mais souligne l’évidence. Il se détourne de lui, et lui fait un signe de la main, afin de lui intimer de le suivre sans rien ajouter sur le sujet.

Une fois arrivé aux cordes, il attrape quelques mètres enroulés et les temps à son étrange client pour le laisser juger de la qualité du cordage. - Très résistante, mais je vous conseille de la couper avant de vous en servir. Avec une telle longueur, vous allez toucher le sol. Les saphirs restent bloqués sur le visage, sur cet air que les autres n’ont pas. Il lui laisse attraper la corde et enfonce ses deux mains au fond de ses poches, comme un effet de mimétisme avec sa posture de quelques minutes plus tôt. - Même si vous n’êtes pas très grand. L’air toujours taquin, le sourire de travers alors qu’il pose un bras contre une des poutres apparentes, l’autre main posée contre sa hanche, en attendant qu’il réplique.   

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Re: Final Masquerade
Mer 22 Avr - 19:40


Une première impression en demi-teintes. L'incapacité de savoir si la montagne qu'était le propriétaire de Sudden Death était très sérieux, s'il était taquin ou s'il était menaçant. L'instinct du Chasseur toujours aux aguets, à chacun des messages pointant sur son écran de téléphone et pourtant. Pourtant il lui plaisait, cet énergumène. Ne jamais se connecter aux proies, toute connexion pouvant empêcher l'accomplissement de la Mission. C'était comme ça que le Diable fonctionnait. Tapi dans les détails et les nuances, il titillait l'imaginaire et envoûtait les esprits. Mais il aimait ça, Enoch. Il aimait les sous-entendus, il aimait valser sur les mots, il aimait les personnalités assez marquées pour étirer le voile du doute sur leurs ambitions. Peut-être parce qu'il était comme ça, lui aussi. Deux côtés d'une même pièce, le Mal contre le Bien, bâtissant un monde différent en utilisant les mêmes outils. C'était pour ça qu'il avait voulu partir seul sur cette Mission, pour ça qu'il s'était jeté dans cette conversation sans prévenir les autres. Le sens des précautions et l'instinct de préservation abandonnés devant la porte du magasin, et ses deux mains dans ses poches en posant un regard presque franc sur Bo Gutierrez. S'ils étaient taillés du même bois, il saurait comment anticiper ses mouvements.
Restait à savoir jusqu'à quel point ils pouvaient être similaires. Et à quel point ils étaient différents.

L'âme malheureuse ayant enfin quitté le périmètre direct de l'autre, Enoch considéra les lieux encore quelques brèves secondes. Il n'y avait personne d'autre dans la boutique. Ils étaient bel et bien seuls. Si l'autre lui avait promis de fermer aussitôt les lieux sitôt le faux Sunday arrivé, rien ne lui assurait qu'il le fasse vraiment. Lui-même l'aurait fait, au nom du jeu, au nom de la Chasse. Mais peut-être était-elle déjà là, leur première différence. A moins que ça ne soit pour plus tard. Haussement de sourcils sur le sursaut d'humeur du propriétaire des lieux. Si son sourire cabot, vissé sur les traits sombres du Sinclair, ne vacilla pas, il nota intérieurement l'éclat. Sincèrement agacé, ou simplement joueur ? Le Chasseur haussa les épaules en guise de réponse. Répondit du tac au tac, sa voix chaleureuse emplissant l'espace.

-L'attente ne rend-t-elle pas les surprises bien meilleures ?

Attente, appréhension, frustration, même, de ne pas avoir ce que l'on voulait en temps échu. Il aimait ménager ses entrées, Friday, il aimait arriver aux moments où on l'attendait le moins. Que l'impie manifeste son mécontentement n'entacherait pas tous ses projets. Sa taille, en revanche... Il l'observa alors qu'il se dépliait, le jaugea tandis qu'il se rapprochait. Une bonne quinzaine de centimètres de plus que lui, et une carrure qui semblait aller de paire, à peine visible sous ses vêtements. Il aurait le bénéfice de la taille et du poids, sur le Garde, si les choses venaient à s'envenimer. Mais il n'aurait ni la souplesse, ni l'entraînement. Emboîtant le pas de Gutierrez avec nonchalance, Friday étudia son dos. Une nuque solide, un cou qui l'était probablement tout autant. Sentit un frisson à l'arrière de la sienne, de nuque, son esprit analysant toutes les éventualités. L'excitation de la chasse, celle que tous lui reprochaient sans jamais la partager. Le Seigneur ne prenait pas les vies gratuitement, pas plus que son protégé. Confirmer l'utilité avant d'accomplir la Mission. Ce qu'il lui ferait, à cette nuque, ne concernerait bien que lui.

Les cordes qu'il avait commandées étaient une première alternative. Pas de côté, souple et silencieux, en se glissant à la droite de Gutierrez. Les iris noisette fixés sur la corde légèrement scintillante que les mains claires empalmaient à présent. Solide. Résistante. Quel que soit le but réel de ce magasin de bricolage, il ne lésinait pas sur la qualité. Une qualité impressionnante, compte tenu d'Exeter elle-même. Trouver des matériaux sans pouvoir en garantir la traçabilité était délicat, même pour les membres de la Garde, poussant certains d'entre eux à s'approvisionner à Boston directement. Une note mentale. Mettre le magasin à sac serait certainement réprouvé par le reste de sa fratrie, mais ne serait pas une si mauvaise idée sur le long terme. Laissant son regard couler le long de la corde, le long des doigts solides qui la tenaient, il hocha distraitement la tête aux conseils du commerçant. Une infime frustration frissonna dans ses veines. Il n'en était pas à son premier coup d'essai, il savait parfaitement comment se servir d'un tel objet. Gutierrez était-il aussi didactique avec toute sa clientèle ? Doigts mats contre doigts clairs, un effleurement juste un peu trop long en récupérant la corde entre ses propres mains. Un frisson contre la peau, durable et inédit, qu'il ne laissa pas transparaître, soupesant la corde en l'étudiant d'un oeil connaisseur. En tirant dessus, s'assurant de sa résistance, tandis que le vendeur s'offrait un nouveau commentaire désobligeant.
Pas très grand. Décidément. Le sourire cabot revint étirer le creux des lèvres du Garde de l'Aurore.

-Je préfère être précautionneux. Trop vaut bien mieux que pas assez, surtout pour ce que je m'apprête à faire avec cette corde.

Les noisettes suivirent le mouvement du géant, tracèrent le chemin de sa main jusqu'à la poutre apparente au plafond. S'élevèrent d'avantage, repérèrent un léger écart entre ce dernier et la poutre en bois. Un écart suffisant pour faire passer une corde, par exemple. Cette même corde qu'il déroula rapidement, se laissant du mou. Une impulsion, brève et précise. La boucle de corde, soulevée dans l'air, retomba contre la nuque solide de Gutierrez. Un amusement assumé au creux des noisettes tandis qu'Enoch attrapait chaque extrémité de la corde pour les rassembler et tirer dessus comme par jeu, poussant Gutierrez à se rapprocher de lui. Corps à quelques centimètres à peine l'un de l'autre. Courbé sous l'impulsion de son collier d'infortune, le géant était bien plus à son niveau. Le Garde pouvait presque sentir son haleine contre son visage. Un murmure, dans la boutique de bricolage.

-La taille me semble parfaitement adaptée, quel sera votre prix ?

Il ses doigts relâchèrent tant l'étau que Gutierrez. La corde roula au creux de sa paume, il en rattrapa une des extrémités. Un pas en arrière, pour restaurer une distance de précaution entre eux. Ses doigts qui s'enroulaient de nouveau autour du lien et feignirent n'avoir aucune idée de comment faire un noeud coulant. Oh, il savait parfaitement comment faire. Il ne faisait qu'entrer dans le jeu de sa cible, de cette boutique de bricolage supposée vendre la mort, dans son propre jeu interdit. Ne pas jamais jouer avec le Diable. Un enseignement qu'il avait tendance à vouloir mettre de côté, le chien fou de Dieu, quand cela l'arrangeait.

-J'ai peur que vous ne soyez obligé de me fournir une démonstration. Je n'ai pas votre expertise en la matière.

Quelle matière, précisément ? Le bricolage ou.. la Mort ? Regard en demi-teinte planté dans les saphirs, aussi amusé que confus. Tous les moyens étaient bons pour forcer l'autre à avouer que la venue du Metatron était entièrement justifiée dans la vie du présumé parjure.




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Re: Final Masquerade
Dim 24 Mai - 1:20


Il voyait en cet inconnu bien plus qu’un client aux réclamations étranges. Les âmes qui allaient et venaient dans sa boutique avaient parfois des questions qu’il ne comprenait pas, auxquelles il lui était impossible de répondre, en dehors de son domaine d’expertise. Les plus joueurs essayaient de le provoquer, tâtonner les défenses d’une bête dont ils rêvaient de mesurer l’ardeur. Il était un animal de foire dans une boutique qui avait des allures d’une cage. Parfois, il voyait des curieux entrer dans le simple but de se rincer l’oeil du spectacle d’un homme qui ne ressemblait à aucun autre. Il n’avait pas à ouvrir la bouche, pour que le charme opère ; se contentait bien souvent d’un regard dans la direction des téméraires, ceux ayant osé se frotter à la bestiole.
Mais ce n’était pas de la curiosité qu’il déchiffrait en lui. Il y avait plus que l’envie puéril de déranger un commerçant avec des énigmes et autres clins d’oeil. L’intelligence se lisait dans son regard, avec une étincelle d’espièglerie qui eu le pouvoir de faire sourire le stoïque. Son jugement sur autrui se faisait toujours très rapidement, pas totalement prêt à passer du temps avec chacun de ses contemporains pour décider s’ils auraient assez à offrir pour obtenir une place dans ceux que Saul qualifiait d’objet d’étude ; assez intéressants pour retenir son attention plus de quelques minutes.

Il avait beau regarder ce petit bout d’homme des pieds à la tête, il ne trouvait rien qui puisse lui donner assez d’informations. Il savait que sa journée de travail était terminée, prêt à fermer boutique afin de se concentrer sur cette affaire qui semblait urgente ; apprivoiser cet être venu d’un autre temps. Les conseils qu’il donne comme à un débutant, ne se doutant pas de ce que comptait faire l’autre de cette marchandise qu’il avait commandé de manière si énigmatique. Il ne voyait pas dans son regard la lueur que dégageait tous les autres. Ceux qui venaient avec le désir de mettre fin à leurs jours. - Seulement si la surprise est à la hauteur de l’attente. Mais l’autre avait raison. L’attente avait attisé sa curiosité, un désir de le connaître qu’il n’aurait peut-être pas eu si l’autre s’était pointé dès l’ouverture. Mais impossible de lui avouer qu’il avait raison, il se contente de lever les yeux au ciel en le laissant évaluer la marchandise.
Il a envie de lui adresser une nouvelle plaisanterie, prêt à l’emporter sur un terrain qu’il connaissait déjà trop bien. Mais la surprise lui coupe la parole, l’empêche de s’exprimer comme il le voudrait. Il se baisse légèrement, cou épris de cette corde qui l’abstient de se redresser. Sourcils froncés alors qu’il se retrouve tout-à-coup bien trop proche de lui. Le regard qui fuit sur les contours de son visage afin de ne pas le regarder droit dans les yeux.

Il se redresse, passant sa langue contre ses lèvres afin de les humecter. Il ne sait pas quoi dire, galvanisé par le culot de l’intrus. Il s’était invité dans son espace personnel, chose que Saul détestait au plus haut point. Il était le seul à décider de qui pouvait l’approcher ou non, de qui avait l’autorisation de l’approcher à plus d’un mètre de distance. Il se réveille enfin, bouge à nouveau, se redressant complètement. - Vous semblez plus habile que vous ne le prétendez, je suis certain que vous n’aurez aucun souci à vous en servir. Mais si vous souhaitez me voir à l'oeuvre, je vous laisserai l'opportunité de me convaincre. Il lève un doigt, lui mimant de ne pas bouger. Le voilà traversant son échoppe pour retourner la petite pancarte indiquant que l’entreprise venait de fermer pour la journée. Il sort le trousseau de clefs de sa poche, et verrouille la porte avant de revenir vers son client.
Il dépose les clefs sur le comptoir, et s’y adosse en l’examinant sans aucune pudeur. Il a envie de jouer, de passer la soirée à analyser le moindre de ses gestes afin d’y mettre des significations. Il referme sa caisse en pivotant du buste, et éteint l’écran de son ordinateur. Il est prêt à fermer, prêt à quitter les lieux, mais ne semble pas pressé pour autant. - Loin de moi l’idée d’être indiscret, mais je ne suis pas certain de vous laisser partir d’ici sans savoir ce que vous comptez faire de cette corde. Sa langue claque contre sa joue, comme le tic tac de ce qui semblait être un sablier invisible. Le temps qu’il lui restait avant que Saul ne change d’avis, avant qu’il ne reprenne ses clefs et ne retourne ouvrir la porte afin de le laisser partir.

Il tend la main, afin d'attraper la corde restée dans les mains de cet inconnu dont il avait déjà oublié le nom. Il ne se souvenait pas l'avoir entendu, ou bien l'avait-il lu dans ces messages qu'ils s'étaient échangés. Il tire sur la corde afin de le faire avancer vers lui de peu de pas, mais assez pour que le charme opère. Son sourire s'élargit, se fond dans la cicatrice de ses traits. - Pour le prix, il dépendra de vous. Montrez-vous intéressant, surprenez-moi, et le prix baissera significativement.



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Re: Final Masquerade
Dim 31 Mai - 22:26

L'impulsivité en arme, le culot comme bouclier. Enoch avait décidé de partir en croisade, et, Dieu lui en était témoin, il ressortirait quelque chose d'intéressant dans ce coup qu'il venait de porter. Il en ressortait déjà une première observation. Non seulement l'homme s'était retrouvé déstabilisé dans sa propre zone de confort. Son corps en avait dit bien plus que les mots qui s'échappaient jusqu'à présent de ses lèvres. Déstabilisé, Marsh s'était raidi. Corps sur la défensive et regard fuyant, deux témoins de la future marche à suivre dans leurs échanges. Soit Enoch continuait sur sa lancée, soit il respectait les règles de distance qu'imposaient tant la bienséance que la relation commerciale. Mais il savait, à présent. Le meilleur moyen d'accéder directement à l'étrange propriétaire de cette boutique impie était de le déstabiliser.
Et pénétrer sa zone de confort était une méthode particulièrement efficace.

Remisant l'observation dans un coin de sa mémoire, le chasseur avait relâché l'étau. Laissé couler la corde dans sa paume pour libérer l'autre, attendant d'observer sa superbe se reconstruire maintenant qu'il était de nouveau en contrôle de la situation. L'illusion de la supériorité. Un jeu auquel il s'astreignait encore avec Michael, le Metatron. Auquel il était si rôdé qu'il n'eut aucun mal à couler dans un rôle bien plus satisfaisant pour l'autre. Soumission volontaire en prétendant ne pas s'y connaître. Mais toujours cette étincelle bien réelle au fond des noisettes en évaluant chacun des gestes, chacune des mimiques sur ce visage coupé au couteau. L'amusement et l'intérêt, sous les cils noirs. A bien des égards, un regard bien plus vivant perçait le visage mat que celui de la majorité de la clientèle habituelle du dénommé Saul Marsh.
Saul Marsh qui reprenait doucement en superbe, maintenant libéré de ses chaînes. Une contenance progressive, graduelle, alors que son attention semblait maintenant appartenir toute entière à Enoch. Grisante, en voyant l'homme s'activer à fermer boutique pour n'être plus qu'à lui. Un comportement aussi agréable que flatteur. L'Orgueil avait toujours été le plus grand péché, jamais avoué, de Gabriel. Obéissant au doigt, il se tapit dans le silence. S'adossa à un des nombreux étals en attendant que l'autre ait fini son petit manège, ses doigts enroulés distraitement autour de la corde. Elle était de bonne facture, cette corde. Son regard embrassa le reste de la pièce, s'accrocha à certains objets qui n'avaient strictement rien à faire dans un boutique de bricolage. Il y avait des armes de différent calibre, derrière une vitrine. De bonne facture, pour la plupart. On pouvait s'offrir les balles, on pouvait choisir son poison. Un frisson dévala le long de l'échine du Chasseur. S'il était tout à fait anodin de trouver des cordes ou des pelles dans ce type d'échoppe, des armes ou du poison... Peut-être que ce magasin était effectivement un magasin de suicide.
Auquel cas, son laconique propriétaire était effectivement un marchand de péché.

-Il semblerait que nous n'ayons pas le même usage en tête, vous et moi. J'apprécie cependant votre générosité. Si ma manière de faire vous convainc, je pourrais grandement bénéficier de la démonstration d'un professionnel.

Un sourire au creux des lèvres, l'homme et son regard revenus dans son périmètre. L'envie de lui demander directement s'il était effectivement un marchand de mort lui brûlait le bout de la langue. Mais il préférait encore l'étouffer de sous-entendus, pour le moment. C'était toujours plus simple que de risquer de perdre tant sa crédibilité que l'avantage que pourrait lui donner son impulsivité naturelle, s'il s'en servait au bon moment. Ses doigts relâchèrent la corde renforcée, la déposant tranquillement à sa place. Parfaitement conscient que l'autre le dévisageait sans la moindre gêne, et nullement gêné, lui-même, de sentir la morsure de ses iris trop bleus. Une question impérieuse. Un claquement de langue. Toute la nonchalance du monde en guise de réponse.

-Attacher quelqu'un.

La vérité crue, admise les yeux dans les yeux, était souvent la meilleure des armes en ce qui concernait le chasseur. Saul Marsh ne semblait pas homme à tolérer les jeux qui duraient pendant des heures, les minauderies ou les beaux discours. Il voulait savoir ? La vérité était bien plus complexe que ce qu'Enoch lui offrait. Elle impliquait généralement une nuit sans lune, ou un coin reculé d'Exeter. Des hurlements, des suppliques, et le bruit caractéristique d'un couteau papillon tranchant l'épiderme du démon. Les cordes les plus renforcées étaient un atout non négligeable dans son domaine. A bien des égards, il s'offrirait également un des couteaux affûtés qu'il avait repérés dans la vitrine, mais cela risquerait d'éveiller un peu trop les soupçons. La corde lui fila d'entre les doigts, échoua entre les mains de son propriétaire légitime. Tant que l'accord n'était pas conclu, elle ne risquait pas d'être sienne. Pour l'instant.

Le visage coupé au couteau s'illumina sur une proposition infiniment plus honnête que le prix affiché sur la pancarte, là où se tenait autrefois le produit. Un sourire tout aussi déchiré sur le visage de Marsh. Et un dilemme sous les boucles noires. Il lui plaisait bien, ce type. Il y avait quelque chose dans son attitude qui résonnait avec l'homme, aussi bien qu'elle dissonait avec la Mission. Une sorte d'entre-deux permanent, gouffre sans fond, au-dessus duquel était tendu cette corde. Funambule, Gabriel. Ange aux pieds plats cherchant son équilibre sur cette fameuse corde. La volonté de Dieu au bout du chemin, et le gouffre de la tentation prêt à l'engloutir tout entier. La voix de Michael déchira ses pensées. Ne jamais se rapprocher de sa cible. Si Enoch avait respecté cette règle sans y faire la moindre entorse, son tableau de chasse ne serait pas aussi diablement rempli.

Surprenant, hein ? L'Agneau de Dieu jaugea son comparse avec le même manque de pudeur qui lui avait été accordé. L'ombre d'un sourire toujours vissée au creux des lèvres, il répondit, du tac au tac.

-Vous m'avez percé à jour, je n'ai rien de votre clientèle usuelle. Ma monnaie d'échange pour une corde de cette facture serait à la hauteur de votre capacité à lâcher prise.

Un claquement de langue appréciateur. Il finit par abandonner son point d'appui pour se rapprocher, à nouveau, de Marsh. Rompit la distance en quelques pas tranquilles, sans le lâcher des yeux. Progressa en funambule sur la corde tendue par le Divin au-dessus du précipice de la tentation. Dans une salle remplie d'armes, le geste pourrait être malvenu. D'autant que Marsh avait prouvé lors de sa petite démonstration avec la corde à quel point la proximité pouvait le mettre mal à l'aise. Il ne suffirait pas de grand chose pour que le malaise atteigne son paroxysme, et devienne rapidement une occasion pour que toute cette entrevue vire au bain de sang. Etait-il aussi entraîné que le Sinclair, le marchand ? Ou n'avait-il qu'une connaissance passable des objets pourtant si efficaces qui tapissaient sa boutique ? Tout restait encore à prouver. Une réflexion achevée en même temps que sa course, son corps de nouveau à une poignée de centimètres du marchand.

-N'avez-vous jamais eu envie de perdre complètement le contrôle, l'espace d'un instant ? Oseriez-vous seulement vous le permettre ?

Murmure au creux des lèvres en reprenant un pan de la corde entre ses doigts habiles. En mimant l'effort de nouer un de ces noeuds que les chasseurs avaient pour habitude d'enrouler autour de leurs cibles les plus récalcitrantes. Il serait à même d'en faire la même chose, de Saul Marsh. L'attacher dans un coin de sa boutique, maintenant que toutes les issues en étaient closes. Il doutait que l'homme dusse être rejoint bientôt par qui que ce soit, d'employés à proches, pour avoir si promptement fermé son magasin. S'ils étaient seuls, il ne serait pas difficile de le pousser à s'attacher lui-même puis de lui faire cracher tous ses petits secrets.
Son sourire s'aiguisa à cette idée. Il se pencha vers l'autre, juste assez pour revenir envahir son espace. Laissa sa voix si particulière s'emplir du roulis des roches, celles qui rendaient la volonté des autres si délicieusement malléable. Roulis rauque au creux de l'oreille de Marsh, en lui remettant la corde entre les mains.

-Montre-moi comment on doit se servir de cette corde. Noue-la autour de ton cou et serre bien le nœud.

Il revenait, le picotement si agréable de la traque. Il hérissait délicieusement les poils sur sa nuque à l'idée que l'autre perdre pleinement et simplement le contrôle de la situation. Prendrait-il peur, une fois le geste accompli ? Jouerait-il aux cons ? Le couteau papillon qu'il conservait toujours dans sa chaussure s'enfonça dans la peau de sa cheville droite. S'il devait servir, ce soir, il était aussi prêt que son propriétaire. Délicieux, de voir les mains de Marsh s'activer sous sa seule volonté. Délicieux de capturer les saphirs, et d'y lire l'amoncellement d'émotions contraires qu'il y devinait. Sourire rictus. Une langue passée sur les babines du prédateur en capturant chaque expression de sa proie autant que l'autre extrémité de la corde. Il l'enroula fermement autour de ses doigts.  

-A ton avis, dois-je tirer ou tout relâcher ?




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Re: Final Masquerade
Lun 15 Juin - 22:10


Il ne l’écoute qu’à moitié, trop absorbé par les stimulations visuelles. Les yeux s’égarent partout sur le visage adverse, s’accroche à des lèvres qui parlent avec grâce et précision. L’homme avait toujours le mot juste, bien pensé. L’esprit pesé. Les termes millimétrés. Ça ne lui faisait pas peur à Saul, au contraire, ça l’attirait. Il aimait les joutes, les séances de verbes ; tout ce qui pouvait prouver au monde entier qu’il n’était pas simplement le patron d’une boutique atypique, mais également un esprit élevé. Il se pensait parfois supérieur aux autres, plus à même de comprendre les secrets de l’univers que ces pêcheurs invétérés qui ne savaient plus pourquoi ils souhaitaient vivre, ou prenaient la décision de passer l’arme à gauche.
L’autre semblait fait du même bois ; coulé dans un moule semblable au sien. Et loin de l’agacer, il s’en sentait profondément grisé. Un étourdissement qu’il ne pensait pas frôler ce soir, pas alors qu’il n’avait pas pris ces messages échangés au sérieux, se contentant d’y voir les égarements d’une âme qui ne se pointerait certainement jamais à la boutique malgré les précisions à ce sujet. La preuve en était dans l’intégralité de son être. Il avait la carrure trop droite pour plaisanter, trop pincé pour ne pas avouer une vérité qui devrait lui donner des frissons d’effroi mais ne fait qu’attiser le feu dans ses prunelles.

Il le trouvait ainsi de plus en plus intéressant ; flattant son égo à l’idée qu’il prenait de son temps pour lui. Tout devait déjà être réfléchi à l’avance, trouver le parfait timing pour se montrer et mener cette partie. Saul se contente d’arquer un sourcil, comme si la réponse à ses interrogations n’avais pas été si surprenante que cela. À bien y réfléchir, il n’allait pas s’en servir pour tenir ses plans de tomates, ni même pour en faire une balançoire. Et si Saul semblait si bien avoir lu cela en lui, l’autre donnait l’impression de déchiffrer également la moindre de ses réactions. Il devait avoir lu en lui comme dans un livre ouvert, avoir compris que le stoïque propriétaire n’avait pas pour habitude de céder les rennes à autrui. Non. Il aimait tout contrôler, et ne rien laisser au hasard des mains inconnues. Il avait eu des soucis avec son employé à cause de cela, n’acceptant qu’il ne touche à rien, et tolérant tout juste sa présence dans les locaux.
Était-il capable de se laisser aller ? Pouvait-il relâcher la pression un instant, sous peine de se rendre vulnérable bien trop rapidement ? L’intonation de l’autre l’invitait à le faire, à se rendre accessible afin de mieux apprécier les festivités. Mais plus facile à dire qu’à faire, ce genre de processus ; long et douloureux pour celui qui n’en a pas l’habitude. En avait-il seulement envie ? Lui qui n’avait le sourire que mauvais pour calculé, qui ne s’offrait à personne ; si ce n’est à cette femme dont il ne connaissait pas le visage. Il n’a pas le temps de se poser la question trop longtemps, ses mains prenant la décision à sa place.
Le coeur lâche prise, saute quelques étapes avant de recommencer à battre normalement. Les gestes qu’il a l’impression de ne pas contrôler, qui ne répondent plus aux signaux envoyés par son cerveau. Il ne comprend pas, mais essaie d’y trouver une explication rationnelle pour ne pas être confronté à la dure réalité des choses.

Il aurait aimé lui dire de reculer, de ne pas s’immiscer si brutalement dans son espace personnel, mais les réflexions ne sont plus à ce stade d’étonnement. Il essaie de ne rien laisser paraître, ne pas montrer à quel point il est décontenancé. Tout est une question d’apparence dans ce genre de duel aveugle. Il calme les pulsations de son coeur ; ne sachant s’il s’agit de peur ou d’excitation. Une chose était certaine, il n’aimait pas l’air satisfait dont se parait l’autre. Vêtu du contentement d’être parvenu à le mettre en laisse comme un vulgaire chien. Tu t’attends peut-être à ce que je remue la queue ? Il essaie de garder sa contenance, un sourire imprimé sur ses lèvres qui ne perdaient jamais cet air de défi qui le caractérisait tant. - Vous ne m’invitez pas à boire un verre, avant ? Le cupidon planta son regard dans le sien, tête légèrement penchée sur le côté, usant d’un pouvoir dont il n’avait pas même conscience. Le charme d’un sourire qui se fait de plus en plus grand, aux yeux parfaitement plissés. Les ridules autour qui se creusent, rend son visage bien plus séduisant encore.
Sa main se pose sur celle de l’homme, qui tenait la corde fermement dans sa paume. Il se rapproche encore un peu, assez près pour ne plus pouvoir voir son visage, seulement sentir son odeur. Il serre ses doigts autour des siens, d’un air autoritaire en mimant le geste de tirer -sans le faire complètement. - Vous pensez me tenir en laisse ? Vous pensez que je vais vous supplier de ne pas me faire de mal ? Allons, vous êtes bien plus intelligent que cela. Il a pris la décision de ne pas suivre son tutoiement. Pas encore, du moins. Pas tant qu’il n’en saurait pas plus sur lui, qu’il n’aurait pas démêlé le mystère de ses intentions à travers ce petit manège.

Saul n’avait pas peur de mourir. Lui qui avait justement créé cette boutique pour dédramatiser les habitants de la ville concernant le grand voyage qu’ils finiraient tous par faire. Il avait si souvent eu envie d’en finir, lui-même ; et ne serait plus de ce monde si cet acte ne constituait pas un déshonneur sur sa famille. Il ne pouvait faire ce malheur à sa mère, malgré le mépris qu’il lui portait parfois si facilement depuis toujours.
Incapable de se servir d’un don qu’il ne connaissait pas, qu’il n’acceptait pas, les actes n’étaient que le résultat de ses propres pulsions. Éveiller la haine ou l’amour, éveiller la passion surtout, quelle qu’elle soit. Forcer autrui à accomplir ce qu’il désirait le plus, ce pour quoi il aspirait plus que tout. Il recule la tête afin de le regarder, pas totalement maître de ses gestes, mais n’en fait pas de commentaire. Il ne veut pas montrer que la proximité le dérange, qu’il a envie de lui ordonner de faire une dizaine de pas en arrière ; malgré l’attraction qu’il sentait passer entre eux, et le désir qu’il savait naître dans son propre regard. - Alors allez-y, tirez. Si c’est ce que vous souhaitez. Il lève le doigt un instant, comme pour l’empêcher de répondre de suite, et se caresse le menton, mimant celui qui réfléchit. Les yeux qui se lèvent pour accompagner la réflexion, et il plisse doucement les lèvres, la proposition bien placée. - Mais avant cela, laissez-moi déboucher une bouteille de vin et mettre un brin de musique, je dois bien en avoir une qui traine dans l’arrière boutique pour les soirées … comme celle-ci. La corde commence sincèrement à le gêner, la peau le grattant légèrement. Il n’apporte pas ses doigts à l’endroit précis, pour ne pas l’indiquer à son ennemi. Ennemi, vraiment ? Il hausse les épaules, accompagnant sa proposition d’une autre. - Vous verrez si après cela vous avez toujours envie d’accomplir … la tâche.



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Re: Final Masquerade
Dim 12 Juil - 18:27


Satisfaction vissée au creux des reins, devant la gêne manifeste de l'autre homme. Iris noisettes enfoncés au creux de ceux, bien trop bleus, de Marsh, et cette envie grandissante de tester la moindre de ses réactions. Il n'était pas homme à perdre le contrôle de la situation, Enoch l'avait bien compris. Mais jusqu'à quel point se laisserait-il avoir à son petit manège avant de se rétracter complètement ? Il avait besoin de le savoir, le Chasseur. Enfant capricieux qui arrache les pattes des insectes pour voir comment ils fonctionnent une fois amoindris. La nonchalance du chat jouant avec sa souris, juste pour sa satisfaction personnelle.
Et Marsh, il devait le reconnaître, était une bien belle souris. Piège autour du cou et son regard devenu glacier, il émanait de lui cette aura caractéristique des âmes dangereuses. Impossible à saisir mais bien à sentir. Une imprévisibilité qui n'avait rien de celle d'un Wendigo ou quelque autre créature démoniaque, non. Bien supérieure, cette aura. Celle de ceux qui savent ce qu'ils veulent, quitte à prendre des chemins différents de ceux habituels. La même que celle du Chasseur.

C'était peut-être pour cela qu'il voulait tester le moindre des retranchements de sa potentielle proie. Qu'il voulait voir cet homme tout de contrôle et de suffisance se laisser aller. Indirectement, c'était un cadeau qu'il lui faisait. Combien d'âmes pouvaient se targuer d'avoir réussi l'exploit de relâcher complètement les rênes pour se laisser guider par qui que ce soit d'autre ? L'archange lui-même n'était pas de ceux-là. Jalousie inconsciente en l'étudiant passer la corde à son cou. Un frisson le long de la nuque alors que Marsh n'avait pas dit son dernier mot. Tout à son honneur, et tout au plaisir non dissimulé de son compagnon nocturne.

-Rien n'exclut cette éventualité, une fois la démonstration effectuée.

Concession liquoreuse du spécialiste en poisons alcoolisés. Il se sentait d'humeur plus magnanime que joueuse, devant tant de verve. Non seulement ce type de personnalité lui plaisait mais, maintenant qu'il y regardait de plus près, Enoch ne trouvait pas la proie sans charme. Quelque chose dans le feu qu'il lisait derrière les iris glacier. A moins qu'il ne s'agisse de cette fossette qui creusait sa joue, pareille à une cicatrice laissée par la lame d'un couteau. Se laisser apprivoiser. Loin de compter dans ses habitudes, le Chasseur trouvait toutefois un certain charme à cette idée. Aucune opposition avec sa Mission, rien qui ne réprouve ou n'annule les actions qu'il avait prévues si tant et que Marsh soit moins Humain qu'escompté. Après tout, il arrivait même à Dieu de détourner le regard quelques fois. Un état de faits que le Croyant avait parfaitement assimilé, et qu'il revendiquait les fois où cela l'arrangeait.  
Frisson en sentant les doigts frais de Marsh sur sa propre main. Le coeur dans la gorge en captant aussi bien sa chaleur que son odeur, et les sens bien plus aiguisés qu'il ne lui aurait paru. Incompréhensible docilité du corps, alors qu'il s'approchait à son tour, venant à sa rencontre sans toutefois le toucher. Du miel dans les naseaux, du miel à ses oreilles. Et ses cheveux de se dresser agréablement sur sa nuque alors qu'un sourire creusa les lèvres d'Enoch.

-Tu te méprends sur mes intentions. Je n'ai nullement envie de te faire du mal, bien au contraire, ni même de te tenir en laisse. La seule chose que je désire, c'est voir jusqu'à quel point tu es prêt à t'abandonner.

Petite ou vraie mort, quelle qu'elle soit, il souhaitait s'improviser guide et non pas bourreau. Exécuteur occasionnel d'une mort aussi douce qu'agréable, son esprit divaguant dans une toute autre forme de pensées que celles qui le traversaient initialement en arrivant dans cette boutique. C'était investi d'une Mission qu'il avait franchi le seuil de Sudden Death. C'était motivé par une toute autre qu'il se laissait aller à serrer d'avantage la corde, fasciné par le manque évident de peur dans le regard de l'autre homme. A croire qu'à trop vendre la Mort, dans sa boutique plus qu'originale, il en était devenu l'émissaire. A moins qu'il ne s'agisse que d'une façade, là encore. Propre et polie, presque dangereuse, comme Sudden Death, une fermeté revendiquée pour mieux planquer quelque chose de tendre et fébrile à l'intérieur.
Qui es-tu à l'intérieur, Saul Marsh ? Pupilles dilatées par la curiosité et la gourmandise en jouant toujours avec l'extrémité de la corde, le Chasseur. L'autre qui continuait de dégoiser, mais, à en juger par la rougeur que marquaient les fibres solides contre sa peau claire, ne devait pas être bien à l'aise. Plus intrigué qu'autre chose par ses louvoiements, Enoch finit par s'exécuter. Relâcha finalement les liens, souplement, une étincelle au creux des prunelles noisettes.

-J'accepte ta proposition, à la condition que tu ne profites pas de partir chercher ta bouteille pour te faire la belle. Tu ne m'as pas l'air d'être quelqu'un que le danger effraie. J'espère qu'il ne s'agit pas seulement d'une illusion.

Sincérité dans le ton, en ôtant finalement la corde d'autour du cou de Marsh. Electrochoc en effleurant la peau claire du bout des doigts, ce faisant. Coulée de lave dans les veines, en relevant opposant la chaleur des noisettes à la fraîcheur glaciale de ses prunelles. Impulsion adroite pour le débarrasser entièrement de son lien. Le geste nonchalant malgré la fascination, son regard s'arrachant difficilement de la fossette au creux de la joue de Marsh pour se concentrer sur la corde. Il la ré-enroula adroitement. Le témoin manifeste de nombreuses années d'expérience.

-La "tâche" ? A laquelle fais-tu allusion, en particulier ?

Railleur, le ton. Railleur, le sourcil noir élevé dans la direction de Marsh. Parfaitement dans son élément, le Chasseur reposa finalement la corde sur l'étal. Recula d'un pas pour lui laisser de nouveau l'illusion d'un espace personnel parfaitement respecté, et fourra ses mains dans ses poches. L'autre ne passait pas par quatre chemins, et ça aussi, ça lui plaisait. Bien trop à son propre goût. Il passa une main sereine dans ses boucles noires. Gratta sa nuque en embrassant la boutique du regard avant de le planter de nouveau dans les iris clairs de son hôte.

-D'autant que si nous parlons de ce genre de choses, ne crains-tu pas que des passants puissent nous voir, à travers la vitrine ? Pas que je craigne pour mon honneur, je n'en ai plus depuis des années. Mais cela pourrait entacher la respectabilité de ton activité de savoir que de telles choses ont cours par ici.

Si l'homme était ce qu'il prétendait, il répondrait certainement qu'il s'en foutait. Mais s'il avait une once de scrupules, ce sur quoi Enoch n'était pas certain de pouvoir miser, il l'entraînerait probablement dans un espace plus reculé. Plus privé. Quelle que soit la mise à mort qu'il préférerait, quelle que soit la durabilité de ladite mort, au moins ils n'auraient pas à se soucier de témoins gênants. Et si la faim qui commençait à naître dans son bas-ventre réclamait un tout autre programme que celui qu'il avait initialement prévu, pour peu qu'un couteau se loge dans la carotide de Marsh, Enoch n'était pas contre éviter qu'on voit ce qu'il se passait dans le coin.
Pourtant, il n'en trahit rien. L'air toujours parfaitement détaché, malgré que ses yeux glissent sans la moindre gêne sur le corps de l'autre. Il était bien fait de sa personne, Marsh, les faits étaient indéniables. Il lui semblait même qu'à mesure que le temps passait, il devenait bien plus agréable à contempler, malgré qu'il ne soit pas du tout le type du Chasseur. Le type d'hommes pour lesquels on pourrait si facilement se damner.
Qu'était un petit péché de luxure, une fois, de temps en temps ? Dieu saurait certainement détourner le regard si cela signifiait poursuivre sa Mission. Et, en se rapprochant autant que possible de Marsh, il pourrait, à défaut d'obtenir la preuve de son inhumanité, au moins récolter quelques informations salutaires pour sa fratrie.
Convaincu par ses propres mensonges. Une langue passée sur ses lèvres pour les humidifier, asséchées qu'elles étaient par cette gourmandise inopinée contre laquelle il ne se sentait pas de lutter.

-Je peux tout aussi bien t'accompagner pour aller la chercher, cette bouteille.

Quitte à ce qu'il y ait une tâche, rien ne les empêchait de l'accomplir en deux temps, si ?




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Re: Final Masquerade
Mer 12 Aoû - 15:42


Il n’avait pas pour habitude de laisser le contrôle lui échapper. Depuis toujours, dès l’enfance puis plus singulièrement lors de son adolescence, sa famille s’était imposée comme un mode de vie à suivre pour accéder à ce qu’ils appelaient : l’état de grâce. Ils ne lui avaient jamais demandé son avis, se servent de lui comme d’un outil pour s’acheter une conduite auprès du seigneur, et lui refusant l’amour sincère d’une famille unie. Il s’était éduqué tout seul, reniant en bloc les croyances de ceux qui auraient du être présents dans les instants les plus sombres de son existence, et ne s’étaient dévoilé qu’à l’image d’un futur perdu d’avance. Il avait grandi trop vite, sans personne pour s’assurer du bon fonctionnement de ses automatismes primaires. La méfiance comme vecteur principal, dans un premier temps, à voir en chacun un potentiel danger pour celui qu’il était en train de forger ; l’homme qu’il devenait à force d’apprentissage. Mais ça, c’était avant que le verdict final ne tombe, comme une bombe dans son champs doré. Il ne se méfiait plus, parce que la vie n’avait plus qu’une saveur sur sa langue.
L’ancien Saul ne se serait pas laissé aller aux divagations que proposait ce client atypique. Il lui aurait fermé la boutique au visage, et aurait certainement cherché de quoi se défendre, en cas de représailles de sa part. Mais quand on côtoie la mort tous les jours, qu’on en a fait sa plus fidèle alliée dans les affaires, et qu’elle ne signifie plus un modèle terrifiant, la méfiance se fait de plus en plus secondaire. Il ne lui restait qu’à vivre, en gardant un contrôle total, mais éloigné.

Il ne lui pose même pas la question de savoir ce qu’il avait exactement en tête en s’invitant dans son échoppe en tant qu’invité de marque. Il lui semblait déceler dans le comportement total de l’homme un brin d’animosité qui penchait tantôt en sa faveur et celle de jeux qu’il aimait mener à la perfection, tantôt vers un dénouement plus sombre ; qui n’aurait pas manqué de le surprendre. Il préfère attendre que ce soit l’adversaire qui l’informe de ses intentions. Il était prêt à se faire maître du jeu, et l’accompagner dans toutes les démarches propices à son amusement. Peut-être que c’était ça le réel emploi de Saul Marsh. Il ne vendait pas que la mort et la délivrance, mais tenait la main de chacun pour les y accompagner. Il était un guide, celui prenant en main les évènements, et les besoins de chacun pour faire surgir les solutions les plus élémentaires. Il était celui qui guidait les âmes, une sorte de messager qui avait la main sur tout absolument tout.
Alors, céder les rênes ? Les abandonner à un inconnu pour laisser s’écrouler toute une vie, en une seule soirée ?

Il ne lui en fallait pas plus pour passer d’un état d’intrigue, à celle de la fascination. Il laisse la corde quitter son cou, passe une main sur sa peau rougie en faisant mine de ne rien avoir senti quand bien même la pression avait été désagréable. Mais s’il ne sait pas où l’autre veut en venir, il ne peut s’empêcher de vouloir faire durer. Il n’a pas besoin de temps pour lui, ce soir. Il n’a personne qui l’attend à son loft, et s’offre ainsi -grâce à sa compagnie- une soirée loin de la solitude et l’insomnie. Il se voit alors ravi qu’Enoch accepte sa proposition, aussi étrange soit-elle. Il ne sait pas lui-même ce qui est en train de naître entre eux, la promesse d’une chose sur laquelle ils ne mettent aucun nom. La tâche. Un joli mot pour ne rien dire.
Il a la tête légèrement penché sur le côté, comme quelqu’un attentif au moindre mot qu’on lui envoie. Un sourcil relevé, allant d’étonnement en étonnement. Il ne bouge pas. Statue planté dans un décors improbable. Il continue de le détailler des pieds à la tête, regardant parfois à l’extérieur de la boutique, les passants qui devaient certainement rentrer chez eux après une journée harassante ; à essayer de se maintenir en vie. Il se moquait éperdument de ce qu’ils pouvaient bien penser, allant jusqu’à mépriser chaque âme qui pouvait émettre un jugement sur ce qu’il était, ou ce que sa boutique représentait. - Je suis touché de voir que vous vous souciez de mon image. Il plonge les deux mains au fond de ses poches de pantalon, plus décontracté qu’il ne le devrait. Il n’a pas peur, malgré les sous-entendus, et ce qu’il lisait dans le regard de celui lui faisant face. Il n’était en aucun cas effrayé par la situation, et gardait l’attitude physique de celui parlant de la pluie et du beau temps avec un voisin quelconque. - Je suis déjà une des bêtes noires de la ville. Les habitants passent quotidiennement devant la vitrine en pointant du doigt ce qu’ils considèrent impie, et calomnieux. Mais ils ne savent pas combien ils sont pathétiques. Leur avis ne m’intéresse pas. Il fait un pas en avant, rompant le périmètre de sûreté qui lui était pourtant si cher. Il se retrouve au plus près de lui, un bref instant, pour pouvoir lui dire ce qui est pour lui une évidence. - Je n’ai de compte à rendre à personne, alors nous pouvons faire ça où bon vous semble.

Il recule et prend la direction de l’arrière boutique, assez lentement pour laisser le temps à Enoch de s’engager à sa suite. Il ne lui faut que quelques pas pour atteindre la porte qu’il ouvre sans cérémonie. Il sait que tout y est en ordre, à l’image de son loft où tout a une place. Arrière boutique atypique, de celles qu’on ne voit jamais. Il n’y a pas le bordel de cartons entassés qui traînent depuis des mots, ni les bon de commandes à trier, et tickets jetés après une journée de travail. Bien trop organisé, consciencieux de tout, pour laisser le hasard s’installer dans sa vie. A force d’ordre, il a pu libérer de la place pour se faire un espace ou s’abriter quand la vue de l’être humain devient trop effrayante. Ces primates lui donnaient envie de vomir, il avait besoin d’un endroit à lui ou retrouver de quoi reprendre des forces.
Il attrape une bouteille de vin, qu’il lui présente en s’adossant au plan de travail qui servait plus d’espace pour ses pérégrinations mentales, que pour une réelle activité professionnelle. Les livres d’histoire, de science, de toutes les connaissances qu’il pouvait amasser pour enrichir une culture déjà bien fournie. Il pousse un livre pour y déposer deux verres. - Laisse-moi deviner, du rouge ? Il accepte enfin le tutoiement, en ouvrant la bouteille sans attendre sa réponse. Le liquide dans le verre, il en tend un à son invité spécial, en tendant la jambe pour refermer la porte derrière eux. - Une question me trotte dans la tête. Il plonge les lèvres dans son verre, un court instant, et reprend la parole. - Je ne suis sur aucune liste d’annuaire, alors comment as-tu eu mon numéro ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi moi ? Il aimait rester dans le vague sur ses intentions, ne pas savoir pourquoi exactement il avait poussé la porte de la boutique ajoutait du piment à sa venue. Mais la question qui le démangeait n’était pas « pourquoi es-tu là ? » mais plutôt : pourquoi moi ?



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Enoch Sinclair
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Re: Final Masquerade
Ven 30 Oct - 18:22


Il pouvait sentir son ombre, au Pasteur Sinclair. Le nez enfoncé dans son missel, si silhouette noueuse courbée au dessus des mots, noyés dans l'encre. Son regard acéré et divin qui se relevait aussitôt que les enfants pépiaient contre le silence, pour leur inculquer les bases de leur enseignement. Ne jamais s'approcher de trop près de leur proie. Certaines d'entre elles possédaient des dons inimaginables, inhumains, conférés par le Diable en personne pour qu'elles puissent accomplir ses basses besognes. A traverser l'Eden créé par Dieu sur Terre dans l'espoir d'étendre l'hégémonie de leur père, elles pouvaient captiver autant que perdre les purificateurs. Nombreux étaient ces frères de la Garde qui s'y étaient laissés prendre, à se frotter de trop près au démon dans l'espoir peut-être de mieux les atteindre. Mais Enoch n'était pas comme eux. Il n'était pas investi de la même Mission, pas plus qu'il n'était accompagné de la même manière. Dieu s'était penché au-dessus de lui et lui avait offert Sa protection. Un don du ciel qui avait été d'une aide indéniable dans l'accomplissement des devoirs Sinclair. Sans sa résistance à la sorcellerie, Gabriel n'aurait pas été aussi efficace qu'il l'était à présent. N'aurait jamais pu s'infiltrer au plus près de l'ennemi comme il le faisait. Une capacité à double tranchant. La peur s'effaçait au profit de cette certitude qu'il n'était pas possible à atteindre. Mais Dieu Lui-même accompagnait Son émissaire. Que pouvait-il risquer si le Père était aussi bien son berger que son bouclier ?

Rien. Encore moins Saul Marsh. Mais il y avait une faille chez le Chasseur, il y en a toujours une en chaque homme. Même béni de Dieu, il n'était rien de moins qu'un homme. Créature imparfaite pétrie de suffisance en engrangeant chaque parole de Marsh, certain de ses propres capacités. La curiosité sur la manche, guidant ses actions avec toujours plus d'emprise. Il était protégé de la sorcellerie, c'était un fait avéré. Mais Dieu ne le protégeait ni de la tentation, ni même de sa propre vanité. Aussi, quand le regard de Marsh avait fini par s'illuminer d'une étincelle d'intérêt, Enoch avait-il cédé à sa propre curiosité. Un vilain défaut, assurément. Une très mauvaise stratégie, certainement. Réprouvée du reste de la meute, et, pourtant, si utile à leur Mission. C'était en se frottant au diable qu'ils avaient accompli leurs plus beaux faits d'armes. Le poids de son couteau papillon contre sa cheville lui donnait l'assurance d'une sécurité supplémentaire, au cas où Marsh serait bel et bien une créature impie. Mais la Mission s'éloignait toujours plus de son esprit à mesure qu'il parlait. Si Dieu guidait son bras, il ne s'abattrait probablement pas sur la nuque de Marsh, en cette fin de journée-là. La tentation avait bien trop fait son bonhomme de chemin sous les boucles noires, bien plus qu'elle n'aurait dû.

Il ne manqua pas une parole, dévorant les rares expressions qui passaient sur les traits acérés du vendeur de mort. Mains dans les poches à l'instar de ce dernier, fasciné par le flegme de l'individu. Il aurait eu toutes les raisons du monde de prendre peur, de se méfier voire de rejeter Enoch, après tout ce qu'il avait fait. Pourtant il reprenait la conversation sur le même ton badin que s'ils discutaient autour d'un bon café. Contrôle absolu sur la situation, ou l'illusion de s'en foutre ? L'Agneau de Dieu en voyant souvent, des âmes qui prétendaient être aussi détachées que l'homme en face de lui. Mais rarement possédaient-elles cette sincérité que dégageait Saul Marsh. Un je m'en foutisme qui ne semblait pas feint. Haussement d'épaules à la mention de ses considérations. Comédien, Enoch, en prétendant à son tour que c'était pour Marsh qu'il avait fait une telle proposition. Il s'en contrefichait du regard d'autrui. Tout ce qui l'intéressait était d'approcher encore d'avantage de Marsh, de trouver la faille sous sa carapace pour mieux s'y infiltrer, même si pour cela il donnerait de sa personne. L'ombre d'un rictus sous la barbe noire, le témoignage d'une compréhension qu'il n'aurait jamais crue possible. Cette carapace ressemblait beaucoup à celle qu'entretenait le chasseur. Les Sinclair aussi étaient pointés du doigt pour leur piété, lui-même l'avait été au cours des trois années de lycée par des gosses qui ne comprenaient rien au monde qui les entouraient. La bête noire. Pas que. Parce que les commentaires qui semblaient n'atteindre que si peu Marsh n'étaient pas infondés. Si Sudden Death n'était qu'un simple magasin de bricolage, la boutique n'en tapait pas moins dans une iconographie qui n'avait rien d'enviable. Magasin de Mort. Le suicide était péché, et l'image grossière. Condamnerait-il pour autant le jugement des autres, Gabriel ? Non. Parce que le mépris affiché de Marsh lui plaisait, tant il pouvait aisément le partager.
Peut-être même un peu trop.

Un frisson d'excitation lui dévala le long de la nuque lorsque Marsh pénétra de lui-même dans sa zone de confort. Son sourire s'élargit. Belle, très belle assurance du propriétaire des lieux. L'envie de rétorquer du tac au tac qu'ils pouvaient s'y mettre ici et maintenant, s'il n'y avait que ça. Son regard coula le long du dos de sa proie tandis qu'elle ouvrait le chemin. Un dos qu'il devina solide, contrairement aux apparences. Noyé sous la matière impeccable de sa chemise, et, pourtant, visible à qui s'attardait à le contempler. Marsh était raide sur ses appuis, lors de l'épisode de la corde. Mais la découpe de sa silhouette, elle, laissait penser à un homme bien plus fort qu'il n'y paraissait. Moins que lui. Son port droit, presque altier, pourrait être un avantage pour peu qu'il l'attaque par derrière. Toute attaque avait plus de chances de réussir entreprise dans le dos d'un adversaire. Les prunelles noisettes s'attardèrent plus bas, parfaitement sereines. A chaque combat, sa stratégie. Même celui qui impliquait cette tâche qui avait si bien rempli la bouche de Marsh, quelques instants plus tôt.

Marsh qui l'entraînait dans l'arrière-boutique, à présent. Marsh qui prétendait se contreficher du regard des autres pour finalement se terrer dans les confins de son magasin pourtant fermé à double-tour. Un doux paradoxe qui aurait pu témoigner un manque d'assurance, tout en étant un en même temps : après tout, il ne savait pas qui il attirait dans les profondeurs de son existence. Ami ou ennemi ? Il n'avait aucun moyen de le déterminer avec leurs échanges. Pourtant il le fit pénétrer dans ce qui semblait être une sorte de remise avec autant de facilité que s'ils se connaissaient depuis toujours. Une remise d'une organisation édifiante, où chacun des éléments était parfaitement rangé. Observation minutieuse du Chasseur. Une pièce dans laquelle rien ne dépassait, à la propreté étudiée, presque clinique. L'homme était soit précautionneux, soit maniaque. Et Enoch de pencher pour cette dernière option, au vu de ce qu'il avait constaté plus tôt. Il ne se laissait pas aller, Saul Marsh. Toujours en contrôle, quelle que soit la situation. Difficile à déstabiliser. Une note mentale au fond de ses pensées.

Trouver ses boutons et les pousser un à un pour le forcer à sortir de ce contrôle illusoire. Quitte à le forcer.


L'ordre avant le chaos. A mesure que la carcasse de Saul Marsh s'activait, Enoch n'avait plus que cette idée qui pulsait sous les boucles noires. Cette envie qui creusait son abdomen en imaginant à quoi pourrait ressembler l'autre une fois qu'il perdait entièrement le contrôle. Il n'était pas différent de lui, Enoch, s'astreignant à un minimalisme monacal pour tout ce qui touchait à sa nature profonde. Mais si Marsh était taillé dans le même bois que lui, quel animal se cachait alors sous la discipline ? Il se mordit la lèvre inférieure, laissant son imagination vagabonder.

-Excellente déduction !

Il n'était pas le seul à étudier minutieusement son adversaire, il en aurait mis sa main à couper. Main qui s'enroula autour du verre qu'on lui tendit. Quelques mouvements du poignet, pour donner de l'amplitude au liquide. Il y plongea le nez par réflexe pour s'assurer qu'il ne soit pas bouchonné. Le parfum tannique, prononcé, attira un claquement de langue approbateur. Validation du barman pour le breuvage. Marsh ne proposait pas d'infâmes piquettes aux gars qu'il attirait dans les profondeurs de son intimité, et ça, c'était une qualité indéniable. Enoch ne suivit toutefois pas le mouvement, laissant le vin s'éventer un peu avant de le goûter. La première goulée n'était jamais bonne au sortir de la bouteille. Et si l'envie de cracher cette fameuse première goulée sur le sol impeccable de Marsh lui donnait terriblement envie, rien que pour voir s'il allait réagir, il n'en ferait rien.

-Je t'écoute.

Bien sûr que la question de Marsh serait sensée. Mais un véritable sourire s'étira sur les traits du rédempteur. La réponse était toute simple. La Garde de l'Aurore avait de nombreux contacts dans toutes les administrations. Une pieuvre aux tentacules très longues qui fournissait toutes les informations nécessaires à qui savait comment les demander. Quelques mots clés dans la base de données de la Garde, une vieille contravention à l'adresse de Marsh et le tour avait été joué. Certes, rien ne garantissait que l'homme ait gardé le même numéro, mais en général...

-Par des amis qui partagent ma passion pour les cordes de bonne facture.

Ni entièrement vrai, ni parfaitement faux. Il porta finalement son verre à ses lèvres, goûta le vin maintenant que son parfum semblait plus déployé. Ce n'était effectivement pas une infâme piquette.

-Quant au pourquoi, je ne saurais t'apporter une réponse exacte. Au-delà du produit ou de le réputation de ta boutique, c'est... Dieu qui a guidé mes pas vers toi, afin que j'accomplisse Sa volonté. ... ta manière de t'exprimer qui m'a intrigué. Ca aussi. Et m'intrigue toujours autant, je dois bien le reconnaître.

Les noisettes se déposèrent, chaleureuses, dans le regard d'acier de son comparse. En jaugèrent la dureté, cherchant à savoir si le métal allait ployer immédiatement ou s'ils avaient la possibilité d'échanger encore un peu plus. Il se doutait bien que Marsh ne l'avait pas chassé pour une raison. Estima qu'elle devait être similaire à celle qui l'avait poussé à le suivre jusqu'ici. Si leurs manières de faire se rapprochaient, peut-être leurs intentions n'étaient-elles pas si différentes.

-Pourquoi toi ? Pourquoi pas ? C'est parce que nous sommes aussi curieux l'un que l'autre que je suis venu jusqu'à toi, et que tu m'as attiré jusqu'ici pour me faire boire. Excellent pinot noir, d'ailleurs. Un Bourgogne, non ? Bien plus subtil que ces infâmes sirops que les Californiens qualifient de vin.

Inutile de lorgner sur l'étiquette de la bouteille. Enoch était sûr de lui en ce qui concernait les alcools. La première qualité d'un barman était de savoir ce qu'il vendait à sa clientèle. La qualité essentielle d'un chasseur, elle, était la curiosité. Il savait de quoi il parlait, tout comme il était certain que Saul n'avait pas choisi cette bouteille au hasard. Pas en ce qui concernait leurs projets, non. Pour son plaisir personnel, Marsh n'aurait eu aucune raison de pencher du côté de la piquette boostée aux sucres plutôt qu'un vin plus racé, avec son caractère bien à lui. Pourtant n'importe quel Américain aurait mis une bouteille de vin Français de côté pour une situation un peu plus importante qu'attirer un inconnu dans sa cave. Son sourire s'élargit. Si Marsh était un connaisseur, il attisait sa curiosité.

-Et toi, pourquoi moi ? Tu aurais eu toutes les raisons du monde de me vendre de la corde comme à n'importe quel client. A moins qu'il ne s'agisse de ta manière habituelle de gérer tes affaires.

Une nouvelle gorgée du liquide carmin, un nouveau hochement de tête appréciateur le temps d'une réponse qu'il n'écouta qu'à moitié. La démarche souple et détendue, le chasseur reprenait du service. Rompit la distance qui le séparait de Marsh pour mieux envahir à nouveau son espace personnel. Quelques centimètres seulement de l'homme, et l'odeur du pinot sur ses lèvres lui chatouillait déjà les narines.

-Quid de cette tâche dont tu parlais tout à l'heure ? Quelles en sont les spécificités ? Doit-on payer de sa personne ou suffit-il juste de passer à la caisse pour la voir s'accomplir ?

Son verre s'entrechoqua à celui de sa proie, ostentatoire. Avant de s'élever jusqu'au plateau d'étagère le plus proche où il reposerait pour les minutes à venir. Il ne servirait à rien de gâcher quelque chose d'aussi bon. Pas alors qu'il rompait le peu de distance qui les séparait encore, ne laissant plus qu'un maigre centimètre entre son torse et celui de Marsh. Il pouvait sentir la chaleur de son corps filtrer à travers ses vêtements. Marron contre bleu, les noisettes sondèrent à nouveau les prunelles glacier du vendeur de mort.

-Quelle mort vends-tu précisément dans ton étrange boutique, Saul Marsh ? La petite, ou la définitive ?




But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down

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Re: Final Masquerade
Sam 31 Oct - 20:51


Il ressentait toujours une forme de méfiance concernant le monde qui l'entourait. Il savait, par empirisme, que les apparences étaient souvent trompeuses, et qu'il ne fallait se fier qu'à soi-même pour survivre dans cette jungle infernale qu'était la vie. Mais s'il décelait un contre-sens dans le comportement adverse, il ne prenait pas la fuite pour autant. Le danger était une source d'excitation supplémentaire, qu'il soit létal ou non. Il émanait du client quelque chose de contradictoire, balançant le coeur de Saul de l'intrication à l'excitation. Il voyait en lui une nouvelle source de distraction qui pourrait le sortir de quelques minutes de rumination muette. Lui n'avait pas l'air pressé de quitter l'échoppe, et Saul ne disait pas non à une si charmante compagnie. Les heures pouvaient être longues quand l'idée de former des liens était rebutante. Il savait qu'après cette entrevue, il irait dans son grand loft, et s'installerait à son bureau pour continuer d'étudier des savoirs qui ne lui serviraient probablement jamais. La culture était plus avenante que les conversations triviales avec des personnes tout aussi inintéressantes.

Mais l'intérêt était présent, avec ce dénommé Michael. Il sentait que la soirée pouvait bien se profiler, et qu'il n'aurait pas à se plonger dans des pérégrinations culturelles pour se tenir compagnie durant ces heures d'insomnie. Il fallait seulement pour cela se montrer charmant, un minimum avenant, et éviter de le faire fuir avec son mépris habituel. Une bouteille d'un bon vin, quelques mélodies de serpent, et il ne suffirait que d'une bonne dose d'oeillades pour parfaire le tableau de la séduction.
Il semblait réceptif, ne l'aurait pas suivi dans les profondeurs de sa boutique sans cela. Mais avant de poursuivre les festivités, Saul avait une question à retirer de son esprit. Ce n'était pas une marque de méfiance, il se moquait bien de savoir qui avait pu lui fournir son numéro, ou quelles avaient été ses démarches pour le retrouver par ses propres moyens. Mais ce qui l'intriguait surtout, était la raison pour laquelle il s'était donné tant de mal pour le trouver ; lui. Et maintenant qu'il avait pénétré dans une part de son intimité, était-il déçu ? Et que cherchait-il au fond ? Le marchand refusait de rester sans réponse, malgré l'heure qui se prêtait à autre chose qu'à un interrogatoire.

Un sourcil arqué au-dessus d'un regard toujours aussi incisif. L'invité d'honneur s'y connaissait en vin, à en juger par la rapidité avec laquelle il avait deviné l'origine du breuvage, s'en s'inquiéter de l'étiquette encore accrochée à sa bouteille. - Mais tu l'as dis toi-même, tu n'es pas un client comme les autres. Il observe son verre un instant, avant de reporter ses billes bleus sur le visage de son client. - Tu n'es pas entré dans ma boutique par hasard, tu savais exactement ce que tu cherchais. Ce n'était pas le cas de beaucoup de ces personnes qui entraient par curiosité, ou bien avec l'envie de trouver un moyen propre de quitter ce monde. La plupart du temps, la demande était toujours la même : j'aimerais partir, mais sans que ce soit douloureux. Non seulement cet homme n'était pas venu pour en finir avec la vie, mais il s'y connaissait assez en arme pour ne pas lui poser de questions inutiles.

La posture nonchalante, séant adossé à un angle du bureau, il restait dans son coin à le regarder évoluer dans son environnement. Il semblait apprécier cette bouteille qu'il avait ouverte pour eux, ne lésinant jamais sur la qualité du vin, même pour les plus petites occasions. Il pouvait bien faire flamber la carte bleue de ses parents, ils n'y verraient que peu de différence ; alors Saul ne se chargeait que du meilleur, refusant de s'abaisser à une qualité de vie plus modeste alors que l'argent lui tombait du ciel.
Mais lorsqu'il avance vers lui, Saul se redresse légèrement, dans un réflexe qu'il n'aurait su expliquer. Il n'aurait pourtant pris la fuite pour rien au monde, mais son corps se préparait à toute éventualité. La proximité était, une fois de plus, devenue bien trop restreinte. Il pouvait sentir son souffle contre lui, et regrettait de ne pouvoir reculer, le bureau lui barrant le passage. Il essaie de ne pas montrer que ce brusque rapprochement le dérange, et se contente de sourire en posant une main sur le bureau derrière lui pour ne pas se laisser tomber contre ce dernier. - Sans vouloir t'effrayer, c'est ton âme que tu laisseras derrière toi. Il sourit en plongeant ses lèvres dans son verre, le regard braqué dans celui de cette apparition intrigante dans sa vie.

Il repose son verre près de celui d'Enoch, et tend le bras vers un bocal duquel il ressort deux bonbons. Il connait sa marchandise par coeur, sait quelle pilule endort, et laquelle rend heureux. Ses yeux ne le lâchent toujours pas, alors qu'il garde les deux friandises entre ses doigts. - Quelle importance, quand tu sais que je peux t'offrir les deux ? Il enfourne une des sucreries sous sa langue, et coince l'autre entre ses deux doigts. - Certaines personnes ont peur de la mort, alors qu'ils ne la connaissent pas. D'autres aiment flirter avec. Tu dois être de ceux-là pour avoir accepté de boire dans un verre servi par un parfait inconnu. Alors que, j'en suis certain, tu connais ma réputation. La mort. Il laissait planer le doute, sourcil arqué. Il aurait pu avoir le temps de verser quelque chose dans son verre, après l'avoir servi, ou bien d'avoir administré le poison directement dans la bouteille. Il avait bu avant lui, mais qui sait si le démon qui distribue la mort n'est pas immunisé à cette dernière ?
Il avale le bonbon gardé dans sa bouche, et rapproche le deuxième des lèvres d'Enoch en poursuivant. - Prends-tu le risque, Michael ? Il n'avait pas mis de poison dans le vin, et ne comptait pas le droguer. Mais, qu'en savait-il ? Les deux bonbons venaient du même bocal, mais ne se ressemblaient pas, et Saul était le seul à connaître les couleurs mortelles. Il lève une main qu'il pose derrière sa nuque, forçant légèrement pour réduire à néant l'espace entre leurs visages. Il se retient de l'embrasser, mais laisse leurs corps se rejoindre, sentant presque le coeur adverse battre contre sa poitrine. Il détestait que l'on pénètre dans son espace personnel, mais cela ne l'embêtait plus lorsque la situation devenait plus lubrique. - Es-tu prêt à flirter avec la mort ? Il murmure, presque contre ses lèvres. - Si oui, prends-le. Sinon, tu sais où est la porte.



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Re: Final Masquerade
Dim 1 Nov - 14:01


Bien étrange soirée qui s'amorçait d'une toute aussi étrange manière. Le pinot noir encore sur la palais en observant son hôte, et ce courant électrique qui dévalait encore le long de son échine. Adrénaline en fond de pensée, et attrait de la chasse en fond de train. Il suffirait de peu que la soirée ne dérape complètement, quel qu'en soit le sens. Suffisamment d'outils au potentiel létal, dans la petit boutique bien organisée. Au moins tout autant dans cette réserve savamment rangée. Il ne suffirait probablement que de tendre le bras. Ne suffirait finalement de pas plus non plus que ses propres mains. Machine à tuer, machine à satisfaire, le soldat. Il écouta son hôte, s'étira d'un sourire énigmatique à sa réflexion. Bien sûr qu'il savait parfaitement ce qu'il cherchait, en pénétrant l'intimité de Marsh. Une preuve. Il n'avait toutefois pas encore arrêté son choix sur ce qu'elle était sensée démontrer, cette preuve. S'agissait-il d'une nature impie à châtier, ou de la preuve manifeste de la noirceur de l'âme du vendeur de mort ? Sa réputation, sulfureuse, ambiguë, n'était plus à faire. Même les patrons avinés à son comptoir avaient confié à Enoch que Saul Marsh était tout sauf un enfant de choeur, malgré l'image qu'avait toujours distillée sa famille. Preuve de sa déchéance, ou preuve de celle du Chasseur lui-même ? Dieu ne lui avait montré aucun signe jusqu'à présent pour le faire cesser. C'était que quelle que soit la méthode qu'il avait entreprise, Enoch avait choisi la bonne pour accomplir la Mission.
Tâtonner pour trouver ce qu'il cherchait. L'enseignement du Pasteur Sinclair à moitié entendu, à moitié appliqué. Il avait compris avec le temps qu'à certains moments, il fallait donner de soi pour obtenir les informations dont ils avaient besoin. Eclaireur de la meute, le chien fou de Dieu. Marsh était une cible qu'ils pourraient prochainement inscrire à leur radar, quand il aurait rapporté un os suffisamment important à ronger au reste de sa fratrie. Il ne tenait qu'à lui de le déterrer, cet os. Et il comptait donner tout ce qu'il avait, toute l'énergie qu'il possédait, pour ce faire. Même si cela impliquait de se salir un minimum. Il n'était plus à ça près, et l'autre homme lui plaisait, malgré l'aura de doute qui l'enveloppait. Quelque chose dans cette déstabilisation permanente, à chaque fois que le Chasseur l'approchait. Un besoin de contrôle constant dont Enoch était certain qu'il pourrait l'utiliser. Le lâcher prise. On en avait tous besoin à un moment donné. Et s'il ne se confiait pas la mission d'apprendre à Marsh à lâcher du lest, n'étant pas non plus Mère Theresa, il était certain qu'il pourrait le détendre suffisamment pour qu'il lâche sinon une, au moins deux informations pertinentes.

Délicieuse tension dans le corps tout entier de Marsh, alors qu'il rompait la distance. Encore cette dureté dans les iris trop bleus de l'autre homme, cette mise en garde silencieuse contre son propre culot. Mais le culot était sa marque de fabrique, à Enoch. Traquer les limites, les repousser toujours plus, centimètre par centimètre, pour voir jusqu'où serait leur point de rupture. Il ne l'avait pas encore atteint pour Marsh, malgré les mises en garde. S'avança d'autant plus, sourire aux lèvres, soutenant le regard avec un plaisir non dissimulé. C'était une fois acculées que la plupart des créatures se révélaient. Si Marsh en était une, il n'aurait probablement plus longtemps à tenir avant de dévoiler ses cartes. Sourire contre sourire, dans ce combat pour le contrôle. Un haussement d'épaules, et le Chasseur qui ronronna tranquillement. Il était parfaitement dans son élément, lui.

-Je ne m'inquiète pas pour elle. Je m'en suis défait avant de franchir la porte de ta boutique.

Remise aux mains de Dieu, avant que ne soit enfilé le masque du soldat. Son âme éternelle ne risquait absolument rien tant qu'il écoutait et observait les signes, l'agneau de Dieu en était plus que certain. Rares étaient ceux qu'Il avait bénis comme il l'avait été, Enoch. Pétri d'orgueil et de vanité, et incapable de réaliser à quel point il péchait par vice. La Mission justifiait un tel comportement, après tout. La Mission justifiait tout.
Comme accepter son Salut, pour peu que son heure soit venue. Aucune peur devant les menaces sussurrées entre les lèvres charnues. Un éclat de défi au fond des prunelles, et déjà, il sentait le mouvement des vêtements de l'autre tandis qu'il se tordait. Il n'avait pas peur de la mort, l'Archange. Savait qu'elle n'était pas une finalité, mais seulement une étape. Si Dieu devait le rappeler à lui dans l'instant, qu'il en soit ainsi. Il était parfaitement prêt à entendre les trompettes du Jugement Dernier. Attendait d'en découvrir l'heureuse tonalité depuis presque toujours, depuis que les Sinclair l'avaient fait renaître. Mais une chose lui disait qu'elles ne seraient pas pour lui, ce jour précisément. Marsh avait beau l'air d'être parfaitement sérieux dans son approche de la chose, il semblait bien trop intrigué pour attirer un homme dans ses filets pour l'assassiner aussi sec. Il n'était pas suffisamment renseigné, l'Archange, mais il avait compris une chose : il n'avait rien à craindre de Saul Marsh. Tout n'était qu'un gimmick, de la poudre aux yeux, et si sa réputation sulfureuse le précédait, il n'allait probablement pas jouer avec le feu.
Il n'était pas idiot. C'était peut-être cela qui le rendait aussi intéressant aux yeux du Chasseur.

Yeux qui se posèrent sur les petites billes de sucre colorées que Marsh imposa entre eux. Suivirent celle qui se lova entre les lèvres charnues, qui disparut sous la langue du vendeur. La sucrerie restante n'avait pas la même couleur, il la voyait dans sa vision périphérique. Mais les iris noisettes, eux, restaient fascinés par l'éclat qui venait de s'allumer au fond des prunelles pourtant gelées de Saul Marsh. Croyait-il sincèrement en ce qu'il racontait ? Il ne tiendrait qu'à peu de chose pour le savoir exactement.

-Aurais-tu réellement couru le risque de devoir nettoyer une scène de crime en m'empoisonnant, Marchand de Mort ? Tu ne me parais pas du genre à t'abaisser à ce genre de besognes.

Il était trop altier, Marsh. Drapé dans son flegme, dans son besoin de contrôle. L'imaginer devoir tirer un cadavre par la seule force de ses poignets pour s'en débarrasser ne paraissait pas envisageable pour le tueur. Lui, il savait ce que c'était, une scène de crime. Lui, il savait ce que ça coûtait, de devoir tout nettoyer pour ne laisser aucune trace. Et le Chasseur n'allait même pas remettre en cause sa capacité à donner la mort, pour peu qu'il le fasse réellement. Car l'homme était intelligent. Assassiner qui que ce soit dans sa boutique finirait par créer des vagues, et Enoch aurait mis sa main à couper que Marsh n'aurait pas apprécié ces dernières. Une question de contrôle.
Décharge d'adrénaline, en sentant le vent tourner. Légère résistance sous la main de Marsh, sous l'impulsion qui tendait à les coller l'un à l'autre. Brûlant contre lui, le vendeur. Il se laissa porter, le Chasseur. Pressa son poids contre le sien, devinant une carrure nerveuse, musclée, contre la sienne. Ses mains se posèrent de chaque côté de ses hanches, sur le bureau. Regard toujours lové contre les iris glacier, il laissa ses lèvres glisser le long du bonbon coloré. Un rictus sous la barbe noire. D'un mouvement de langue, il coula la friandise dans son bec, l'enroula sous sa langue. Le goût acidulé de la cerise chimique lui éclata dans la bouche.

Et d'achever toute forme de rapprochement entre eux, ses lèvres venant cueillir celles de Marsh. A trop se chercher, une autre forme d'intérêt s'était réveillé au creux de ses reins. Un intérêt bien plus profond, plus primal, plus viscéral. Engagea son bassin entre ses cuisses en le pressant contre le bureau, le Marchand de Mort. Le baiser vorace, dévorant les derniers millimètres de distance. Le parfum de la cerise se mélangea à ce qui semblait être du citron. Du sucre et Marsh plein la bouche en se redressant pour reprendre son souffle. Un rictus. Ses mains glissèrent le long des cuisses de l'autre.

-Si je pars, nous partons tous les deux.

Et il avait l'intention qu'ils partent, Enoch. Quelle que soit la méthode, quelle que soit la manière. Agrippa les cuisses de l'autre pour le tirer contre lui, parfaitement conscient de ce qu'il faisait. Inversa les positions. Le contrôle. Il n'était pas question de laisser l'autre se défiler mais de l'accrocher. Le meilleur moyen restait encore de la lui laisser, cette illusion de contrôle. Qui était maître et qui était sujet ? La réponse n'était plus aussi évidente, malgré que le bureau s'enfonçât à présent dans le dos du Chasseur. Malgré qu'il offrit à Marsh ce contrôle qu'il souhaitait aussi ardemment, sur la tâche, sur eux, sur lui. Il avait toujours le dessus sur ses sens, Enoch. Tout du moins s'en était-il persuadé, tandis qu'il écrasait de nouveau lèvres, bonbons et reins contre celui qui avait juré de lui apporter la mort. Une main contre sa nuque, l'autre déjà fourrée entre ses cuisses, chacune occupée à ne pas lui laisser le loisir de s'échapper. Brasier contre brasier, contrôle contre contrôle. Et la mort de s'approcher toujours plus, petite comme grande, quel qu'en soit l'émissaire.

***

Tous les deux juges, exécutants et bourreaux. Tous deux récipient, présumé innocent ou victime. Ni gagnant ni perdant dans cette lutte souffle contre souffle. Seulement cette nuée d'endorphines à la fin d'une tâche sous contrat, et le verre de pinot noir, échoué contre le sol, qui n'avait pas survécu à leur combat acharné. Quelques paroles, bien peu, échangées une fois l'autre pleinement consommé. Inutile de s'embarrasser de mots après une telle soirée, les esprits parfaitement au diapason l'un de l'autre. Sa corde dans un sac, payée de la plus agréable des manières, Enoch franchit le seuil de Sudden Death. Une certitude lovée au creux de son cerveau et de ses reins repus. Il ne manquerait pas de revenir prochainement.



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