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 Situation 2 ▬ Down to the Sea

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The Black Parade
- you're dead and gone -
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damné(e) le : o02/05/2019
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Situation n°2 - Down to the Sea
les situations RP

Situation 2 ▬ Down to the Sea NmEqZPnQ_o
Citation :
Une bien jolie journée Printanière, malgré la fraîcheur d'Exeter. Porté(e) par les rayons du soleil, l'envie de vous dégourdir les jambes ou une raison qui ne concernerait à priori que vous, vos pas vous ont entraîné aux abords du Vieux Port. Entre les bateaux de plaisance, les petites barques de pêcheurs et les passants qui se promènent sur les quais, personne ne vous prête la moindre attention.
C'est alors que vous entendez clairement le bruit d'un objet lourd que l'on jette à l'eau. De tous les nombreux baladeurs, il n'y a qu'une autre personne qui semble avoir entendu ce son. En vous penchant, vous apercevez tous les deux une forme sombre sous l'écume. Humaine ? Les vagues se teintent de rouge tout autour d'elle. Quelques mèches de cheveux blonds disparaissent de la surface vers les profondeurs de l'océan.
Farce, meurtre, suicide, illusion d'optique ? Tenter de repêcher cette étrange forme ou, au contraire, passer son chemin ? Si personne n'a rien remarqué, cela ne signifie pas pour autant que cette journée soit banale.

Participants : @isaac cantor ; @silas dunham

Quelques infos complémentaires

- Ce RP est une Situation RP
- Par défaut, le premier nom mentionné ouvre les hostilités. Vous pouvez cependant voir entre vous si vous préférez vous organiser différemment.
- Il n'y a aucune intervention MJ prévue pour ce sujet. Ce topic vous appartient entièrement, à vous d'en faire tout ce que vous voulez.
- Cette situation rapporte un dollar de plus par réponse postée. Vous pouvez aller les demander juste ici
- Bon jeu à vous, amusez-vous bien casper


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Je suis une mouette.
Non, ce n'est pas ça...
Vous vous souvenez, vous avez tiré une mouette ?
Survient un homme, il la voit, et, pour passer le temps, il la détruit...

- Down by the water -
@Silas Dunham






Une simple photo, classique, sans prétention ni fioriture, un polaroid prit quelques instants, quelques minutes, avant que la Fatalité ne nous tombât dessus ; un Soleil se couchant, des quais plongeants dans une eau si lumineuse qui, pourtant, semblait refléter un miroir de pétrole. Une image carrée avec, au loin, le paresseux astre se couchant, rampant vers l’horizon qui, peu à peu, langoureusement, embrasait l’horizon, tapissant la lointaine et inaccessible écume d’or et des rayons ardents; il semblait alors que les embruns, virevoltant sous la caresse de la brise crépusculaire, s’élevait vers la voûte céleste et se transcendaient d’une castérisation sous nos yeux, éternellement pris, remémorés, par l’objectif de mon appareil. L’écume et les étoiles ne faisaient qu’un sous l’iridescence des dernières lueurs, s’unissaient entre ciel et mer, protégées des ténèbres de l’humanité qui, jour après jour, siècle après siècle, cherchait à s’emparer autant des océans que de l’éther, par une barricade de mâts, une muraille de voiles noirs au premier plan du paysage me rappelant à l’ordre car, quand bien même j’appréciais ces moments sous l’édredon des vagues à errer dans les abysses, je n’étais qu’un homme, anatomiquement plus à l’aise sur la terre ferme.
Sous la photographie, sur le maigre espace d’argentique immaculé, j’avais inscrit ces maigres mots annonciateurs des instants à venir : « Quelques minutes seulement avant la tragédie. »

27 Avril 2020

Tout a commencé comme une journée normale, si ce n’est le froid ambiant ; je ne sais ce qui se passe, au début je pensais à mon extrême frilosité, moi toujours enturbanné de plaids, de pulls et me nourrissant de boissons chaudes afin d’augmenter ma température interne mais, en ce moment, malgré le Soleil dardant, tout le monde a froid, aussi froid, ou presque, qu’en plein hiver. A croire que l’on exagère, un engouement commun pour l’hiver, un refus tacite et inconscient de porter des habits légers, des shorts et montrer nos poignets et nos avant-bras. Un refus catégorique de ranger nos bonnets au placard et d’avancer vers l’été.
C’est ainsi que sur les photos que je prends, étrangement, malgré la luminosité si printanière, malgré la flore resplendissante et la sensation émanant des clichés d’une chaleur gorgée de pollen, on est tous emmitouflés de laine.  


Protégé d’un coupe-vent, je déambulai sur le port ; habillé d’un pull tricoté par une amie de l’Alliance, je frissonnais néanmoins dessous, et ce malgré le bonnet et l’écharpe assortis. J’étais aux teintes des cieux hivernaux, orné d’un pompon digne d’une boule de neige, et jurais ainsi avec l’azur du plafond céleste ; je grelottais presque sous mes atours mais j’accusai alors la fatigue et la peau encore moite et couverte d’eau. Sous mes pelisses, le sel marin grattait mon épiderme et semblait vouloir se loger dans les commissures de mon corps ; dans le pli de mes coudes et de mes genoux, sur les articulations de mes doigts gantés et s’encroûtant autour de mes orteils fripés et engourdis par les palmes, ils appelaient l’urgence de la douche. Je ne rêvai, le nez pointé vers les étoiles, que d’elle, de sa chaleur sur mes muscles contrits, sur mes cuisses épuisées et courbaturées, mes mollets à peine capable de me porter ; je n’avais qu’une hâte alors, rejoindre mon chez-moi, gaver mon poêle de bois et me réchauffer sous mes ablutions avant de boire un thé brûlant aux côtés de Pancake et de mon chauffage ronronnants.
L’appel de mon nom me tira hors de mes rêveries ; un collègue, encore debout sur le bateau, me lança un ultime « Au revoir » avant de sauter à terre, je lui répondis, déjà à mi-quai, en le saluant de la main et lui offrit sourire invisible sous la laine, avant d’enfiler mes lunettes de Soleil, raffermissant d’un geste sec mon sac dos lourd de ma combinaison encore trempée,  et de m’approcher de la marina.

Il me fallait juste rejoindre ma voiture, traverser pour cela tout le port, d’une extrémité à l’autre, longeant les quais et les spectacles des bateaux amarrés.
Je marchais, les yeux rivés sur le ciment, tortillant inconsciemment mon cou, quand soudain la très désagréable sensation d’avoir de l’eau coincée dans l’oreille s’ôta, libérant alors mon esprit en lui offrant son dernier sens ; dès lors, dès le moment où, comme une brise d’air fraîche dans une pièce trop chaude, j’eus cette illusion d’eau coulant dans le creux de mon oreille mes sens  déséquilibrés un court instant décidèrent sans mon accord d’utiliser la vue qu’au strict minimum, afin  d’éviter de choir ou de bousculer un lambda, et de peindre le paysage avec les sons.  Déambulant alors presque à tâtons, je remarquai, ou était-ce mon imagination, que les mouettes et les goélands chantaient plus fort qu’à l’accoutumée ; ils semblaient habituellement si loin dans les cieux, mais si près de la berge, là je pouvais les entendre fendre l’onde en-deça de la digue, prendre leurs envols depuis les vergues ou encore marcher maladroitement sur le macadam, s’arrêtant à chaque poubelle, devant chaque déchet et les retournant de leurs becs acérés afin de dégoter un repas plus aisé que ceux à chasser dans les cieux saturés par leurs frères. Ils étaient tout autour de moi, une véritable nuée comme une toile de tente qui constituait autant le sol, les murs et le plafond,  et pourtant, je percevais des myriades de détails et pouvais savoir jusqu’à quelle plume tel oiseau se nettoyait.  A mesure que je voguais, je saisissais les nuances du clapotis des vagues : suivant qu’elles léchaient de la mousse, de la pierre, du bois ou de l’acier, leurs chants différaient ; parfois, les cordes d’amarres venaient à claquer, emportée par la houle, sonnant à contretemps des poulies et des gréements, plus cristallins, plus hauts perchés dans les airs comment dans les tons. Répondant à cette mélopée, le grondement plus lointain et particulièrement uniforme dans son irrégularité de la vie humaine vrombissait. Il y avait d’un côté les conversations des passants, les discussions entre une mère et sa fille, un homme au téléphone ou des badauds se frictionnant les mains devant un marchand à la volette proposant du maïs au barbecue . Les braises crépitaient doucereusement. Les moteurs allaient et venaient au loin, poumon de la ville, et fredonnaient cet air serein, ce murmure lointain, rythmé par la signalisation. Du parking, ma destination, pourtant si loin, émanait déjà les sifflements des habitacles se déverrouillant ou les sonneries réconfortantes des alarmes installées.
Je fis une pause un court instant et sortit de mon sac mon appareil photo. Face à l’océan, au milieu de cet orchestre particulier, je marquai de mon objectif le temps et priai qu’à jamais je me souvienne, par cette image, de ce concert.

Lorsque j’appuyai sur le bouton pressoir afin d’imprégner l’argentique du spectacle devant mes yeux, j’entendis un bruit, un son, une note, si peu probable à cet univers qu’elle me sembla d’abord disgracieuse, puis cacophonique. Juste une note, celle d’un objet que l’on jette dans l’eau, juste un son, celui d’une masse tombant dans l’océan, juste un bruit, celui d’un corps qui chute par dessus bord et qui me glaça le sang. Mes iris s’électrisèrent, cherchant dans le dédale des coques un  tumulte à la surface. En vain. Une anomalie me perturba bien rapidement : la foule demeurait toujours aussi placide, les clients continuaient de regarder le maïs griller, l’homme prolongeait sa discussion au téléphone comme si de rien était et le duo génitrice/progéniture s’esclaffait et palabrait, se moquant des mouettes. Béat, la bouche mi-ouverte, les mains prises par le polaroid et la photo séchant, je ne savais quoi chercher, vagabondant du regard entre la surface et les quais sans jamais trouver quelqu’un paniqué à l’idée d’avoir un objet (ou un être cher) dans l’eau.
C’est là que je le vis, mirant son reflet dans l’eau, miroir de ma stupeur, égérie de ma panique tacite. Un peu plus loin sur les quais, lui aussi cherchait du regard d’autres passants ayant entendu la chute. Je m’approchai de cet être quand, à mi-chemin, je le reconnus. Fantôme d’un séjour à l’hôpital, infirmier si altruiste qu’il me pourchassa jusqu’à ma maison pour me rendre mes biens oubliés dans ma chambre, je le saluai du regard, figé par ce retour du karma. De mes mêmes orbites, je l’interrogeai, alternant entre la surface et sa silhouette, l’air inquiet sous mon écharpe que j’avais baissée pour mieux imprimer mes émotions sur mon visage quand je remarquai que je portai encore mes lunettes de Soleil. Je tentai alors de mimer de mes lèvres les mots « TU VOIS QUELQUE CHOSE, QUELQU’UN ? ». Je ne voyais ni n’entendais un mouvement depuis l’océan, peut-être que ce Silas avait un meilleur indice sur cette incident dans le paysage auditif du port, alors je me décidai de m’approcher de lui, toujours lorgnant sur le calme plat du port, l’inquiétude gravissant à chaque pas.

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Soleil timide a le cœur froid, et Silas, caché dans ses atours hivernaux, a quitté l'hôpital sans savoir où chercher refuge. Clap de fin d'une nouvelle journée passée debout, à courir les chevets pour prodiguer les soins et avaler les misères, comme une large fosse toujours ouverte où s'entassent, dans un grand bruit ourlé de silence, les pleurs et les cris. L'échine usée sous les sourires, à trop souvent soigner sans guérir, Silas n'a pu se résoudre ni à rentrer chez lui, ni à troubler qui que ce soit avec son vague à l'âme. Besoins d'introspection toujours plus fréquents, surtout ces temps-ci, insensés et troublés de vides. Dévolu jeté sur le port qui n'est qu'à quelques minutes de l'hôpital, et bien vite il est assis en tailleur sur un banc, son sac abandonné à ses côtés. Silas, l'esprit ailleurs, contemple le rien. Tumulte des gens qui passent et des conversations bourdonne aux oreilles sans y laisser de mots auxquels accrocher ses pensées. L'océan qui porte son regard mène bien loin, au-delà des bateaux dans ses ports, au-delà des seules terres que l'infirmier ait jamais connu, et il s'y imagine un peu, Silas. Assis sur d'autres ports, à regarder d'autres bateaux et vivre d'autres vides.

Rare moment d'accalmie que s'offrent les habitants d'une ville toujours plus froide, toujours plus sombre. Ressenti hivernal au beau milieu du printemps; la lumière qui se dérobe à eux à tout instant. Et l'hôpital qui plonge dans le noir, c'est autant de machines qui ne sauvent plus rien ni personne, c'est des patients, des parents, des enfants qui se tordent de panique et que seul le retour du courant, quelques instants plus tard, semble apaiser, mais jamais qu'à moitié. Puis les nuits cadavres, étendues longues et froides tombées dans leurs lits de morts qui vident les rues de toutes leurs vies dès que le soleil s'en va réchauffer d'autres jours. Nuit qui les laisse à leurs sommeils troublés de cauchemars et d'inexplicable. Temps difficiles et insomniaques, à Exeter.

Pourtant, en cette fin d'après-midi, les minutes badaudes se prélassent devant lui, et avec elles badine la foule, passants alanguis déambulent sans but. Le voilà qui sourit à personne, l'infirmier. L'air marin qui lève, au moins pour quelques temps, les poids collés au corps par des années stagnantes. Pas à pas, il revient au présent, à un maintenant qui pourrait être pire et un demain qui ne fait pas si peur. Moins lointains, les yeux qui à présent détaillent les bateaux et les voiles auxquels il ne connaît rien, lui plus enfant du vent et de la terre que de l'eau et des marées.

Puis au milieu de son silence agité de bruit, alors qu'il a récupéré son téléphone et qu'il s'apprête à quitter le banc pour retrouver, plus serein, le confort de son appartement, résonne, sans qu'il puisse lui trouver d'origine, le son lourd d'une masse frappant la surface de l'eau. Choc sourd aux allures d'explosion, craché dans son esprit mais que, a priori, personne d'autre n'a entendu. Ils sont nombreux, pourtant, autour de lui, à converser comme s'il ne s'était rien passé. Dans les instants qui suivent, Silas s'arrache à son banc et hasarde un œil vers l'eau. Se fait inquiet entre l'océan, les bateaux et les gens, à scruter les passants à la recherche des mêmes interrogations tracées à la va-vite sur les traits. Solitude qui semble se réverbérer sur tous les visages étrangers à ses inquiétudes.

Enfin, il repère un homme qui s'avance vers lui et dont les traits, à mesure qu'il approche, lui semblent familiers. Un instant, il cherche sa trace dans le tumulte de sa mémoire, mais il n'est pas caché très loin. A peine quelques jours plus tôt quand il l'avait trouvé chez lui pour lui rendre quelques biens oubliés à l'hôpital. Sûrement plus d'efforts qu'il n'aurait dû en fournir, en tout cas d'après ses collègues, mais Isaac, étrange âme aux mains tuméfiées sans raison discernable, avait piqué sa curiosité. Un instant, Silas calme ses regards effrénés pour parvenir à lire sur les lèvres du jeune homme, secoue la tête négatif en réponse. Non, rien, et personne d'autre n'a rien entendu apparemment! Deux paires d'yeux rivées sur l'eau, à scruter l'océan en recherche de réponses. Si autour d'eux tout semble s'être tu, il n'en est pourtant rien.

Ah, là ! cri du cœur qui suit le mouvement de son doigt alors qu'il repère, enfin, un amas sombre disparaissant sous les eaux teintées de rouge. Merde, y'a du sang! Panique grimpe comme les marées dans la tête infirmière, Silas souffle court aperçoit également une nuée de filaments blonds tendus vers la surface, rais de soleil avalés par les abysses. Je crois que c'est quelqu'un! lancé cassé dans la gorge. L'océan, il préfère l'observer, détailler ses reflets et ses nuances, laisser les vagues venir mourir à ses chevilles, plutôt que d'aller à sa rencontre, à son encontre. Pourtant, il n'a pas d'hésitation, juste le temps d'enlever veste et sac et de lancer un regard à Isaac, avant de se laisser descendre dans l'eau, sans grâce ni technique, et de s'élancer vers la zone où il a aperçu l'ombre. Tu la vois? lancé à l'autre homme alors que les yeux sondent sans voir, qui s'arrêtent juste de temps à autre sur Isaac à la recherche d'une réponse.

Pire qui s'imagine et se dessine en teintes de rouge et de blond, cadavre remonté des eaux.


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Je suis une mouette.
Non, ce n'est pas ça...
Vous vous souvenez, vous avez tiré une mouette ?
Survient un homme, il la voit, et, pour passer le temps, il la détruit…

A. Tchekhov
- Down by the water -
@Silas Dunham


Les pas sur le bitume, lentement, approchaient de l’infirmer, de la silhouette à l’ouïe aussi efficace que la mienne ; alors que ma semelle mordait le macadam, j’entendais ses mots, les uns après les autres, que je lisais dans le vent, qu’il m’envoyait avec une teinte de panique dans sa voix. Il le confirmait, nous étions les seuls à avoir entendu ce bruit, si concret et effrayant, désormais encore plus infâme pour mon âme ; s’il ne s’agissait d’une interprétation de mon esprit et qu’une autre personne en avait été témoin, il existait concrètement un objet, une masse, tombée dans l’eau. Mais alors, pourquoi personne ne l’avait entendue ? Sur la berge, sur la pointe de béton où paressaient quelques navires amarrés, nos deux paires d’orbites miraient la surface en quête d’un indice, d’une trace, d’un reflux improbable afin de trouver l’origine du son qui nous avait attiré ici.
Soudain, le cri de mon partenaire inspecteur improvisé interpella mon attention. Là, disait-il, là ici, flottant à la surface, une flaque de sang luisait. Vermeille et sombre, je fus aussitôt hypnotisé par la marre carmine. La mort dans les mains de Neptune me tétanisa aussitôt, relent de mes souvenirs, saveur de la tragédie de mon adolescence.
Le bruit des mouettes.
Le chant des vagues.
L’odeur d’iode.
Mes poings se serrèrent, je désirai fermer les yeux, clore mon âme, oublier mes souvenirs.

Les noyer.

Le temps s’arrêta, immobile je fus, épouvantail sur le quai. Écho du passé, si proche, trop proche, encore ancré en moi ; écho du présent, l’onde fut brisé de nouveau. Mes yeux ouverts s’éveillèrent et je vis Silas dans l’onde, ses mots parvinrent jusqu’à moi. Mais où étais-je ? Je m’insultai intérieurement et mordis ma joue. D’un geste habitué, je me défis de mes chaussures, de mes trop lourds atours de laine ainsi que de mon sac et, délesté de ce qui pouvait se gorger trop aisément d’eau salé, je plongeai dans l’océan, les mains fendant la surface.

Mes iris dans l’eau ne voyaient rien, un navire étant beaucoup trop proche pour laisser passer suffisamment de lumière et la mer se voyait garnie désormais d’une myriade de bulles que j’avais emportées avec moi depuis la surface. Je cherchais, déjà, à voir les traces de sang, en vain. Alors, je revins à la surface. Ma tête nia le propos de l’infirmier, que j’amplifiais par un geste de l’index, indiquant la négation.
Le froid mordant de l’eau réveilla mes muscles engourdis, je fus galvanisé par ce retour dans mon élément de prédilection. Presque transcendé par l’adrénaline, je tentais de percer le miroir impeccable de l’eau afin de trouver une maigre consolation ou un semblant d’espoir.  Mais ce fut Silas qui découvrit en premier les reflets d’or au loin. En toute hâte, je me dirigeai vers l’endroit où ils se trouvaient, fendant l’écume avec une vélocité qui aurait pu surprendre pour un scientifique. Cependant, brassé de crawl par brassé de crawl, comme un Orphée cherchant à s’échapper des ténèbres, je voyais les lueurs de blé de son Eurydice s’éloigner et s’enfoncer dans les enfers. Stabilisé, je plantai mes orbites dans ceux de l’infirmier et d’un geste lui intimai que j’allai plonger à sa recherche, tout en lui interdisant de me suivre, les ondes sombres étant bien trop dangereuses.

27 Avril 2020.

Je n’en ai déjà perdu une, il y a fort longtemps, comme si c’était hier pourtant, et à ce moment précis, malgré la panique, malgré l’adrénaline, je pense déjà en avoir perdu une seconde. Alors, j’interdis à Silas de venir, de peur d’en perdre un troisième, si rapidement, si vite.
Quand ma tête tombe sous la surface de l’eau, je suis allé promptement chercher la forme, la personne, qui peu à peu coule, choit comme un être sans air dans la mer. Une force nouvelle, presque titanesque, me pousse à nager prestement, à avancer vers elle, suivre les fils blonds de sa chevelure pour me guider dans cette eau saumâtre dans laquelle je n’aperçois presque rien, cette eau si sombre, dans laquelle je peux me cogner aisément à une coque, une carlingue ou un déchet dérivant sous les navires, je la suis malgré la nausée que me procure les odeurs d’essence et la sensation de baigner dans une flaque d’hydrocarbure souillée de son sang ; j’oublie toute ces pensées, je vide mon esprit afin de le gorger d’air et me permettre une plongée plus longue, plus rapide, où l’apnée ne me pose aucun problème.
Avec le recul, je le sais, il n’est pas compliqué de le comprendre, je devine ce qui m’a permis de me propulser ainsi, quel a été mon carburant, mon énergie nouvelle : la volonté de, cette fois-ci, la sauver, comme s’il s’agissait de ma sœur, comme si, si elle continuait à vivre, ma jumelle me pardonnerait. Et, peut-être, en la faisant respirer de nouveau, permettre d’imaginer ma propre sœur respirer ainsi, à travers ses lèvres, ses poumons.


Comme un fil d’Ariane, allant de la surface aux profondeurs, un filet écarlate et doré gisait en volute et s’étiolait à chacun de mes battements de cœur. Je le suivais, nageant, animé d’une incroyable rage, vers la pelote mère et, après ce qui me paru une éternité dans ces ténèbres aquatiques, pu saisir l’épaule de la victime. Je l’entourai des mes bras et, avec la vigueur du désespoir, battait de mes jambes pour remonter à cette invisible surface, à ce terrain de vagues masqué par l’ombre des bateaux où seules des lueurs irisées me troublaient, mirages des sillages de pétrole des carcasses d’acier dormants ici. Je me guidai, suivant les maigres bulles qui sortaient de mes lippes, les ultimes traces d’air encore dans mon corps, et j’imaginais le pire, le désastre, alors que ma vue se floutait et mes tempes battaient atrocement, où mes doigts la lâchaient et mes jambes cessaient de répondre.
Finalement, j’atteins la surface. Une grande bouffée d’air me fit du bien. Je relevai aussitôt la créature, l’humaine, dont je ne pouvais savoir si elle était encore vivante ou avait succombé de ses blessures ou de sa noyade. Je m’approchai de l’infirmier, trop gourd encore pour utiliser mes savoirs de premiers secours.

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L'eau est froide, qui lape à son corps, qui trempe les vêtements et la peau en-dessous, mais ça s'enregistre à peine alors qu'il est mu par l'urgence, par un minuteur invisible qui pourrait arriver à son terme à tout moment, si ce n'est pas déjà le cas. Habitué, de par sa profession, aux situations stressantes, aux instances de vie ou de mort où quelques réactions bien placées peuvent faire la différence. Sûrement que le plus raisonnable, face au danger, face à l'immensité de l'océan étalée devant lui, à l'horizon chamarré de bateaux, aurait été de rester au bord, d'assurer un soutien terrestre pour quand - si, Isaac parvenait à remonter avec. De loin mauvais nageur, Silas, tout juste bon à maintenir la tête hors de l'eau, à faire quelques brasses lors de ses occasionnelles baignades. Ca fait partie de ces nombreuses aptitudes qu'aucun parent n'a cultivé chez lui, le paternel trop occupé à tout, sauf à son fils. Alors c'est bon gré mal gré que l'enfant s'était jeté à l'eau, apprenant juste les rudiments pour survivre, plutôt que d'en faire une véritable compétence. Pourtant, sous l'urgence, sous la menace d'une vie, il n'a pas hésité un instant. S'est jeté à l'eau comme on y tombe, plus préoccupé pour l'instant par l'idée de retrouver ce qu'il suppose être un corps, que par la suite des événements. Tout ce qu'il s'est dit, en apercevant l'ombre disparaître sous l'eau, c'est qu'il fallait la sortir de là, cette masse informe qu'il n'a pas vu tomber, et qu'ils y arriveraient sans doute mieux à deux qu'Isaac seul.

Pour autant, et sans doute plus vite que s'il était resté au bord, il l'a aperçue, et promptement Isaac s'est élancée à sa rescousse, lui intimant d'un geste de l'attendre ici, au milieu des coques de navire et de l'essence, à regarder l'autre homme disparaître sous la surface de l'eau à la poursuite de cet être aux cheveux blonds et au sang versé. Il n'aurait jamais pu l'atteindre, et il retient son souffle, se maintenant à flot en attendant qu'il refasse surface, seul ou accompagné. Déjà, dans sa tête, déroule les possibilités qu'il faut envisager, selon ce qui va remonter des eaux. Tirer la personne, si c'en est bien une, jusqu'à la terre ferme, et déterminer son état. Morte, vivante, et à quel point son état est critique. Puis, selon, prévenir les secours, et assurer la survie.

C'est flou sous la surface, mais il finit par voir l'ombre d'Isaac remonter avec, dans les bras, ce qui prend de plus en plus la forme d'un corps. Il se prépare, Silas, à son arrivée à la surface, à ce qu'ils la hissent sur le port et avisent. Surface fendue des eaux, et aussitôt sans mot dire, ils se dirigent vers la terre ferme où, à part quelques regards curieux, rien ni personne ne semble les attendre. Je grimpe, puis j't'aide à la monter, voix calme, malgré l'urgence en sous-courant, malgré l'inquiétude et le stress qui montent à mesure que les secondes s'étalent. Y'a pas d'explications à la chute de cette personne, inaudible de tous sauf eux deux, éloignés pourtant sur la jetée, et il ne sait à quoi s'attendre, ne comprend pas les implications de ces constats.

Corps enfin étalé, sur le dos, installée sur la chaussée, c'est effectivement une femme à la longue chevelure blonde, au haut gorgé de sang. L'infirmier ne perd pas une seconde, dégage les cheveux du visage, ainsi que les voies respiratoires, puis s'élance dans un massage cardiaque. Dans le même temps, il interpelle un passant dans la foule qui, enfin, commence à leur prêter attention, et l'enjoint de prévenir les secours. Il ne sait pas si Isaac sait prodiguer les premiers soins, mais n'a pas pris le temps de vérifier, préférant prendre les devants pour éviter de perdre du temps précieux. Pendant de longs instants dont il perd la mesure, secondes ou minutes, à échanger quelques regards avec l'autre homme dégoulinant de ce sauvetage, il masse en rythme et tente d'insuffler la vie dans le corps saignant aux blessures dont il ignore encore l'étendue. Il ne connaît rien des circonstances qui l'ont menée là, à tomber dans l'eau en cadavre sans être vue, ou entendue, rien des blessures infligées au corps, rien. Alors il est pas certain, Silas, de l'utilité de ses gestes, mais s'accroche à l'inconnu et au hasard, espérant que cela suffise. S'il a déjà, trop souvent, perdu des patients, il n'a jamais véritablement su s'habituer à la douleur, la culpabilité et la tristesse qui se logent au fond de son ventre face à la mort. Alors il compte, un, deux, trois, et pompe en rythme, suit les protocoles ancrés dans sa tête depuis bien plus de dix ans à présent, espérant que ses collègues arrivent à temps, ou que la femme reviendra à la vie avant. Autour d'eux, la foule s'amasse et se presse.

le dééé:

Au détour d'un énième regard anxieux passé à Isaac, la victime inspire et crache et tousse, se débat contre l'eau qui a envahi ses poumons.

Elle est vivante.




Dernière édition par Silas Dunham le Mar 22 Sep - 20:48, édité 1 fois
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Le membre 'Silas Dunham' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'dé à six faces' : 6

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Mais ces résurrections prodigues et quotidiennes
portées par l’oiseau intime
soulevées par le flux du sang
De ces résurrections venues des ondes de l’âme et des semences du cœur
Je connais sèves et goût
Je sais l’ardent retour

A. Chedid
- Ah que la vie est belle -
@Silas Dunham


27 Avril 2020.

Lorsque mes mains se sont posées sur le béton du quai, je n’avais plus d’espoir. J’ai senti, sous le derme humide et fripé de mes phalanges, l’aspérité du sol heurter mes doigts, m’empêchant alors de m’agripper confortablement. Qu’importait, pense-mon esprit, puisque la dame, la noyée, est rescapée sur la terre ferme, aux mains expertes de l’infirmier. J’ai fait mon devoir. J’ai perdu mon souffle, je me suis imprégné d’hydrocarbure et des déjections des navires, mais qu’importe, j’ai fait mon devoir, mon possible.
Mon esprit s’est éteint. Une fois de plus, endormi par la panique, la terreur, la compréhension de frôler une mort certaine et de l’avoir tenue dans les bras. D’avoir porté un cadavre. Et de ne pas avoir pu le sauver. Mon âme est hagarde. Déboussolée et noyée. Elle retient son souffle et, je le sais, ne pourra le reprendre qu’en même temps que la jeune demoiselle. Et si elle n’y arrive point, alors me voilà damnée à la folie, à la mélancolie comme disent les aïeux, à la tristesse la plus pure. Car, dès lors, à jamais la joie serait gommée de ma vie.



Je m’agrippai au rebord du quai, les mains humides et salées, afin de remonter à la surface. Je refusai l’aide de Silas, l’inconnue de l’Atlantique avait besoin de ses soins bien plus que moi. Mes coudes heurtèrent la texture désagréable de l’avancée bétonnée sur l’océan, ornant mon chandail détrempé de petites étincelles carmines et, malgré mon corps exténué et dégorgé d’oxygène, mes bras me poussèrent hors de l’eau. Je mis un premier genou au sol et pu alors voir le spectacle de ce qui se passait sous mes yeux encore brouillé et iodé.
Allongée sur le sol, la noyée était aux prises altruistes d’un Silas véhément envers son cœur et ses poumons ; dès mes premiers cours de premiers secours, la violence  de l’acte, la puissance des paumes contre les côtes qui se plient alors telles des branches de saule sous la fougue de l’infirmier, cette violence pouvait donner la nausée à qui n’avait l’habitude de l’avoir, ou lui faire craindre d’entendre le craquement des os sous la pression des mains. Mais je n’en avais aucune crainte, aucune peur, au contraire, voir Silas exécuter parfaite ces gestes, enivré par l’adrénaline, me rassurait et me donnait un maigre espoir quant à la survie de notre ingénue repêchée. Il lui fit ensuite un bouche-à-bouche parfaitement rythmé avant de reprendre son effréné massage ; là, les yeux tournés vers la foule, Silas héla du regard un passant qui, enfin, était intrigué de la scène et du vacarme que nous faisions.

Je me relevai, tant bien que mal, les jambes flageolantes et fixai alors l’homme venu à notre rescousse. Il n’y avait, dans le ciel, plus de mouette qui chantait ; dans l’océan, les vagues avaient cessé leur infini ressac ; les voitures, au loin, s’était toutes arrêtées ; il n’y avait plus que lui à qui je devais expliquer la situation. Alors, je lui criai d’appeler à l’aide, je lui expliquai qu’elle était noyée, qu’il fallait simplement appeler les secours. C’est quand je vis ses grands yeux exorbités que je compris que mes mains avaient parlé cette langue inconnue de la plupart. Alors, je montrai l’allongée au sol de gestes bien plus expressifs, pointant de mes mains la victime d’un sort inconnu et, après avoir fait comprendre qu’il fallait l’aider,  mimai une personne se servant d’un téléphone.
Je tremblai comme une feuille, autant de panique que de froid, et cela se ressentait dans ma gestuelle saccadée et électrique ; on m’aurait pris pour un fou, un illuminé. Cependant, et malgré mes yeux exorbités, il sembla s’exécuter.

Soudain, je l’entendis. Ce son, si particulier, que j’avais autrefois tant espéré, tant prié,  mais jamais entendu, ce son parvint à mes oreilles. Cette toux douloureuse. Ce crachat d’eau salé. L’étouffement puis la goulée d’air frais salvatrice. Juste une inspiration, une simple inspiration, pour prouver que la vie demeurait. Je soupirai de joie à mon tour, soulagé.

Le chant des goélands devint insupportable, les vagues semblèrent une tempête à mes oreilles, la circulation fit grincer mes tympans, le crépitement du maïs du barbecue lointain m’apparut comme des milliers d’obus tombant sur un immense no man’s land alors que j’essayais de percevoir la respiration de l’inopinée survivante. Ou le battement de son cœur. Juste quelque chose, juste un signe de vie pérenne. Ces par mes yeux que je vis son ventre se lever et se baisser lentement, chose qui me soulagea un tantinet.
Il me fallait désormais, désormais que la vie s’assumait dans son frêle corps, aider Silas à mettre la demoiselle en position de sécurité. L’instinct, car mes yeux se fixait à ce balancier de chair, me dicta d’ouvrir son jean gorgé d’eau et sa ceinture bien trop serrée afin que la respiration se fasse sans accroc. J’avais l’habitude, l’expérience, d’ouvrir les pantalons trempés, bien trop humides pour se défaire aisément, l’habitude de traîner plus souvent dans l’eau que sur terre. Ensuite, mécaniquement, comme je l’avais fait des dizaines de fois, j’exécutai les gestes de premiers secours et mis l’inconnue sur le côté afin que sa respiration ne se fasse obstruée par quelques restes de liquide ou, pire, sa propre langue.

Je tremblai encore. Encore plus qu’avant.
Et je vis, en la retournant, sur son crâne blond, une auréole de sang. Ce même sang qui m’avait servi de fil d’Ariane pour la retrouver dans l’onde sombre du port. Un fin ru coulait le long de sa joue depuis sa tempe. Agissant comme un buvard, le liquide carmin se répandait sur sa peau encore nappée de l’océan, dessinant une étrange forme écarlate.

J’attrapai par sa bretelle mon sac en tout hâte, tirant jusqu’à moi cette besace imperméable, utilisée par les nageurs et les plongeurs. Je fouillai rapidement dedans, me faufilant entre mon masque et divers ustensiles afin de prendre ma serviette, malheureusement encore humide. , Agenouillé à côté de son visage, je la dépliai et tamponnai délicatement ses joues, ses lèvres et son front pour éponger le surplus d’eau et de sang, autant pour me donner une action à faire et ne pas laisser mes émotions déborder, autant pour essayer de trouver les détails de la forme de sa plaie.

Mais je n’y arrivai guère, je tremblai trop. Et je voyais ma sœur, là,  allongée sous moi, gisant collée à mes genoux. Elle vivait, elle. J’avais réussi. Et il n’y avait plus rien que je puisse faire exceptée attendre. Mon corps entier semblait secoué de spasmes, de frissons frigorifiés. Me échine paraissait se contracter et vouloir imploser tandis que, de mes reins à mes épaules, un fourmillement rampait sur mon dos telles mille aiguilles s’enfonçant dans ma colonne. Je claquai des dents.
Je la fixai, sans la voir. Mes yeux s’embrouillaient. Mes mains cherchaient un refuge dans la serviette ; mes ongles la mordaient. Je m’écroulai ; mes chevilles s’écartèrent, mes hanches chutèrent, mes paumes fracturèrent le sol. Je l’embrassai de mon corps, entièrement. Et je me mis à pleurer à chaudes et lourdes larmes, bruyamment.

Comme si je la connaissais.
Comme si, toutes les émotions que j’avais enfouies des décennies durant, sortaient maintenant, surgissant de derrière la plus nécrosée et nécrotique des carapaces.

Je voulais la prendre dans mes bras, la remercier de respirer, de vivre. Je ne connaissais son nom, j’aurais espérer le connaître ; et là, au fond de moi, une idée honnie, regretter qu’elle ne soit ma sœur, regretter qu’on ne soit pas quinze ans plus tôt. Alors, je priai, je demandai, j’invectivai, de l’échanger. Pourvu qu’elle porte son prénom, pourvu que ce soit elle, qu’elle surgisse, telle une épiphanie improbable, et vivent à mes côtés. Qu’elle meurt, cette inconnue, en échange de celle qui n’aurait dû succomber. Je détestai cette idée et me mis à frapper du poing le sol, amplifiant d’une peine physique les marques de mon affliction psychiques coulant de mes pupilles.

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Crachin d'eau salée entre les lèvres blondes, soupir pointillé d'entre celles de l'infirmier. Sourire éternel à la vie retrouvée, alors qu'il dénoue ses phalanges et se rassoit sur ses chevilles. Ils l'ont, grâce à des réactions rapides, précises, et efficaces, sauvée. In extremis, à n'en pas douter, et très certainement que sans eux, elle ne serait ressortie des eaux que quelques heures, au mieux, ou quelques jours, au pire, plus tard. Flottaison cadavérique, les lèvres bleuies, visage boursouflé, emportée par la mort dans les courants du Styx. Bateau sans passager, épave débris au milieu des autres, à barboter les quais jusqu'à ce que les yeux passants finissent par la remarquer. Personne d'autre qu'eux, pour des raisons sur lesquelles il leur faudra sûrement bientôt s'attarder, n'a semblé entendre sa détresse. Esprits mêlés, à décider presque sans se concerter de la marche à suivre, enchaînement rapide et efficace de mouvements, presque avec des airs d'habitude. Ca en a un peu l'allure, pour l'infirmier chevronné, mais pas comme ça, jamais comme ça. Alors il a l'coeur agité sous les côtes, à tambouriner bien plus vite que celui de la jeune femme rescapée. Que lui est-il arrivé? D'où est-elle vraiment tombée?  Un revers de poignet, encore humide, vient sans grand succès essuyer la sueur qui a perlé à ses tempes sous l'effort. Puis, sans perdre plus d'un instant pour prendre la mesure de leur victoire sur la mort, il se joint à Isaac pour faire basculer la jeune femme en position de sécurité, sur le flanc. Vérifie la continuité de ses respirations difficiles, laborieuses, mais présentes. Vivante.

Epis de ses mèches trempées brouillés d'une tache rouge, coulant de son visage et, qui leur a sans doute de la retrouver, et peut-être celle qui a causé sa chute. Il observe alors qu'Isaac fouille dans son sac à la recherche, il imagine, de quelque chose pour aider, et se décale pour lui laisser de la place une fois la serviette récupérée. Mais les gestes tremblent, du nageur improvisé sauveteur, le corps agité et imprécis, et il s'en doute avant que ça n'arrive. Bientôt, c'est l'homme tout entier qui s'écroule. Choc, sans doute, relâchement des nerfs, probablement. Circonstances personnelles, il n'en sait rien. Il sait pas non plus pourquoi il n'avale pas sa peine comme d'habitude, en oie gavée qu'on engraisse pour l'abattre. Là, il n'y a rien de plus que l'empathie habituelle, chagrin qu'il partage sans le comprendre mais qu'il n'aspire pas véritablement. Distinction difficile de toujours, entre le don comme certains se sont plu à l'appeler, et le lui. Rares, ceux qui font obstacle aux travers de son corps, et paisibles. Agréable de ne pas être perpétuellement assailli d'une peine qui n'est pas la sienne. 

Instinctivement, sa paume trouve le dos du jeune homme, l'autre restant en suspens au-dessus de la victime. Isaac, Isaac, écoute-moi, qu'il lui demande, la voix douce, l'attention partagée entre le plongeur et la noyée. Qu'il répète, peut-être, jusqu'à être certain d'avoir son attention, son regard dans le sien. Tout va bien. Sourire tendre offert en réconfort. Tend les doigts, après, pour récupérer d'entre ses mains la serviette, et reprendre ce que le plongeur avait entrepris quelques instants plutôt. Il lâche son dos pour se concentrer sur leur jeune rescapée, un œil toujours sur Isaac. Profondes respirations, concentre-toi juste là-dessus, sur ma voix et ta respiration.  Plus préoccupé, de toute manière, par la plaie qu'il localise rapidement sous les mèches, et qui poisse toujours le long du visage éteint. Tu l'as sauvée, t'as réussi. Mais la peine qu'il démontre a l'air de venir d'ailleurs que du là et du maintenant, alors il est pas certain que ses mots vont véritablement l'apaiser, le rassurer, le ramener. Quand il lui semble suffisamment disponible, il lance: Surveille-la un instant, d'accord? J'vais chercher ma veste pour faire un bandage. Tout ce à quoi il peut penser qui soit sec, dans l'urgence. Se lève et va à peine plus loin, là où il a abandonné toutes ses affaires dans sa précipitation de se jeter à l'eau.

Spoiler:

Récupère ses affaires dans une expiration soulagée, et revient vers Isaac et la jeune femme pour pouvoir faire un bandage de fortune avec sa veste et l'empêcher de se vider de son sang. Une fois fait, il replace sa main dans le dos d'Isaac, entre les deux omoplates. Bien joué. Puis quelques instants plus tard, ça s'agite sur le sol. Les muscles se contractent comme en réponse à un choc, une toux brusque qui secoue les poumons déjà lésés, et les yeux clos qui s'ouvrent, lentement, imprécis.

Madame, tout va bien. Restez tranquille.



Dernière édition par Silas Dunham le Dim 8 Nov - 12:20, édité 1 fois
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