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 Half in the shadows, half burned in flames (ft. Alec)

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Half in the shadows, half burned in flames

Alec & Felix ☆ Each step I left behind, each road you know is mine. Walking on a line ten stories high, say you'll still be by my side. If I could take your hand, oh, if you could understand that I can barely breathe, the air is thin. I fear the fall and where we'll land. We fight every night for something when the sun sets, we're both the same
☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

Il y a une ombre qui me suit la nuit. Elle est là, tous les soirs, de l’autre côté du trottoir ou arpentant les mêmes pavés, parfois derrière moi, plus rarement, quelques pas devant moi. Je ne distingue sa silhouette que lorsqu’elle passe devant les quelques rares éclairages publics qui illuminent les ruelles d’Exeter, mais je peux sentir sa présence, même plongée dans l’obscurité. L’ombre est silencieuse. L’ombre a souvent la tête baissée vers le sol, le pas trainant, les mains enfoncées dans ses poches. L’ombre est la seule présence que je peux voir à cette heure-ci dans les rues sans vie de la petite ville du Massachusetts, et j’ai parfois l’impression qu’elle n’est qu’un fragment de mon imagination, un ami imaginaire que je me serais construit pour oublier la solitude lancinante qui coule dans mes veines. Mais non. L’ombre est bien réelle. Je peux la décrire, oh, sans rentrer dans les détails car je ne me suis jamais réellement approchée d’elle, mais les regards dérobés que je lui lance chaque soir me permettent de dresser un portrait-robot assez complet.
L’ombre est un jeune homme qui doit avoir à peu près mon âge, la vingtaine. Il est plus grand que moi de quelques centimètres à peine, il a les cheveux sombres, le visage fermé, comme s’il essayait de comprendre tous les secrets de l’univers en fixant le bout de ses chaussures. J’ai pu voir quelques tatouages orner ses mains, ses bras – j’ai toujours aimé les hommes tatoués. J’aurai aimé pouvoir m’en offrir un moi-même, mais je n’ai jamais eu les moyens de pénétrer dans un salon, et l’idée de choper une hépatite ou une saloperie de ce genre en l’faisant dans une p’tite ruelle m’enchante pas des masses. Bref, l’ombre est séduisante, je dois bien l’avouer, et ça ne fait que renforcer son aura énigmatique, fascinante, même.

Les jours passent (ou plutôt les nuits) et l’inconnu est là, inlassablement. Il est deux heures du matin quand je quitte le Tartarus Club. La ville est endormie, mais pas lui. Je pourrais lui parler, me calquer sur le rythme de ses pas pour le rattraper lorsqu’il est devant moi, mais je n’en éprouve pas l’envie. Je me surprends à imaginer qui il est, ce qu’il peut bien faire à arpenter les rues à une heure aussi tardive. Est-il insomniaque ? Un artiste qui prend son inspiration dans l’air de la nuit, pour mieux retranscrire ses ressentis sur le papier une fois le soleil levé ? Un travailleur du sexe qui va rejoindre ses clients avant que l’aube n'se lève ? J’en ai aucune idée. Je le saurai jamais, et je sais pas si ce fait m’attriste ou s’il m’enchante – car les gens que j’ai connu ont toujours fini par me décevoir, mais lui, je peux m’imaginer ce que je veux à son propos et il restera toujours fidèle à mes rêveries, puisqu’il n’existera jamais vraiment autre part que dans ma tête, cet homme fantasmé.
La première fois qu’il n’est pas là, je m’inquiète. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Et si une voiture ne l’avait pas vu quand il traversait à un passage piéton, si son sang maculait la chaussée quelques mètres en arrière, s’il ne venait plus jamais accompagner ma randonnée nocturne ? Mais non. Il finit par arriver quelques minutes plus tard, et nos regards se croisent. Je lui fais un petit signe de la tête, mais je ne l’approche pas. On se contente d’avancer dans le noir, je sors une cigarette, je l’allume. Et quand on arrive au croisement où l’on finit fatalement par se séparer, aucun mot n’a été échangé. Comme d’habitude.

Et ce trajet anodin, celui qui relie mon lieu de travail à l’endroit où je crèche en ce moment, devient une rencontre, un rendez-vous quotidien. L’ombre et moi, moi et l’ombre. Peut-être que pour lui, c’est moi, l’ombre. Probablement, en fait, puisqu’il ne connait pas mon nom ou ce que je fais dans la vie, à moins qu’il ne m’ai déjà vu sortir du club, mais j’en doute, bizarrement. La curiosité commence à ronger mon esprit, comme un petit insecte embêtant qui ramperait à même ma peau : j’ai songé à rechercher son identité sur les réseaux sociaux, mais comment le retrouver sans le moindre patronyme ? Et rompre notre silence pour chercher à le connaître serait aussi le meilleur moyen de casser la magie de nos marches singulières, un rituel qui m’est devenu cher, que je l’avoue à voix haute ou non. Car je peux parler à personne de l’ombre. Oh tu sais, il y a ce mec qui prend le même chemin que moi, tous les soirs. Ça sonne terriblement impersonnel, voire anodin. Mais moi, je sais ce qui l’en est – et j’ose espérer que je m'imagine pas des choses et que je deviens pas totalement taré, après tout, y’a un facteur génétique dans les maladies mentales, j’crois bien, et c’est possible que j’suive le chemin de ma génitrice pour me mettre à parler aux voix dans ma tête.

Ce soir-là, je suis content. J’ai les poches pleines de billet, les clients ont été généreux : faut dire que lorsque je porte c’débardeur un peu trop moulant, que j’ai dégoté dans une benne derrière un café d’hipster, les bourses ont tendance à se délier. Comme si j’étais à vendre, quoi. Ils m’dégoûtent, en vrai, ceux qui essaie d’acheter mes sourires en me tendant des billets verts, ils sont pathétiques : et s’il m’est arrivé, quelque fois, d’accepter d’échanger des faveurs sexuelles contre de l’argent, ce n’était que poussé par une nécessité tout à fait ponctuelle. Enfin bref, je commence à marcher, j’arrive dans la rue où je finis toujours par croiser mon bel inconnu. Il est là, l’étranger, l’ombre. Et je marche, lui aussi, dans un ballet qui semble éternel tant il ne fait que recommencer.

Sauf que cette nuit n’est pas comme les autres. Cette nuit, alors que je passe à proximité d’une ruelle où l’éclairage public ne marche plus, je sens quelqu’un qui me tire par l’épaule et qui m’attire violemment contre le mur. Je suis surpris, je ne m’attends pas à une telle agression : et c’en est bien une, je vois la pointe d’un couteau qui se fait éclairer par le reflet de la Lune. Une voix grave, menaçante me murmure à l’oreille de vider mes poches, et j’sens mon sang qui se met à bouillir dans mes veines. Me faire voler, moi ? J’galère à me trouver à bouffer, j’trouve enfin un travail pour réussir à me construire une vie stable, et j’me fais détrousser par une p’tite frappe sans couille ? Non, ça se passera pas comme ça – et je sais que c’est bête, que j’aurai dû lui donner mes billets sans faire d’histoire et pas chercher à jouer au cow-boy, mais sur le coup, je réfléchis pas. J’essaie de repousser mon assaillant. Et l’instant d’après, je sens la morsure de la lame traverser mon corps.

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Half in the shadows, half burned in flames
Alec avait toujours eu des difficultés à sortir de lui-même – il avait si férocement cuirassé son âme, si fermement emmuré son cœur qu’ils avaient, cœur et âme, fait front tout au fond de lui. Non pas qu’il ne s’intéressât pas aux autres dans leur individualité – il admettait tout à fait leur singularité, et le fait qu’ils représentaient chacun une nuance différente, digne d’intérêt, belle à sa façon. Il avait toujours eu l’œil aiguisé, Alec ; il était capable d’une finesse d’analyse rare, du moins lorsqu’il parvenait à recueillir suffisamment de données exploitables – là se trouvait la cause principale de ses tourments. Oh, il les regardait, les autres, là n’était pas le problème – il pouvait passer des heures à contempler une foule ; il lui arrivait de se poster quelque part et de les regarder aller et venir. Il avait des heures de films dans la tête, à la manière d’un caméscope qui jouirait d’une mémoire infinie… Lui manquait cruellement, toutefois, une proximité, de celle que l’on partage avec ses congénères, de celles que l’on sent s’agiter au fond de nous au contact d’une altérité semblable ; Alec ne l’avait jamais réellement perçue en lui, cette sensation, cette appartenance ineffable. Alors, il se mettait en retrait, avec autour de lui la chaîne de son incompréhension des autres qui l’éloignait davantage encore de ceux qu’il s’appliquait à observer. C’était à la fois la raison de la pauvreté de ses relations et sa conséquence – et ces deux aspects se décuplaient l’un l’autre, condamnant le jeune homme à des échanges de convenances à l’indigence déplorable. S’était, de fait, ouvert un abîme au fond de lui – il sentait confusément que quelque chose lui manquait, que son identité s’était bâtie sur quelque chose de morcelé et de vacillant. Depuis son arrivée à Exeter et ses débuts au Old Harbor, il s’était essayé à porter un regard nouveau sur cette faune tout à fait nouvelle – visages, voix, sourires inconnus, qui ne savaient pas ses difficultés sociales ; c’était là l’occasion pour lui de tenter de s’insérer dans cette société nouvelle et fascinante.

Et fascinant, c’était le terme qui qualifiait le mieux cet inconnu qu’il croisait de manière quotidienne ; chaque nuit, tous les deux solidement emmitouflés dans les ténèbres de la nuit, sous les fenêtres des assoupis. Chaque nuit, sans mot, sans geste – silhouettes rendue monochromes, pénombre salvatrice pour Alec que son apparence physique a toujours angoissé. Trop peu de muscles, les os qui font parfois des saillies inquiétantes, et puis cette masse de cheveux trop sombres, qui lui mangeaient le visage. Cette peau laiteuse et presque translucide qu’il avait fait consteller de tatouages afin de se réapproprier sa chair… Alors oui, il la bénissait, cette nuit-là, autant qu’il la regrettait : car, réciproquement, le visage de l’autre lui restait inconnu, et, de fait, indéchiffrable ; et pas une fois la nuit ne lui fut clémente : soir après soir, elle poursuivit son entreprise de dissimulation, méticuleuse et attentive à ne laisser aucun rai de lumière tomber sur l’inconnu, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Il y  eut même des fois où elle lui dérobait, son inconnu, son énigmatique – rien de régulier, mais il était des soirs comme ça, qui finissaient par jeter une âpreté nouvelle dans la gorge d’Alec, amertume presque suffocante qu’il n’avait jamais véritablement goûtée auparavant et qui lui était d’autant plus insupportable qu’il ne la comprenait pas. C’est que cela avait vite pris des airs d’habitude, comme un rituel tacite entre eux, et le jeune homme se surprenait à se réjouir, parfois en pleine journée, à l’idée de ces quelques secondes arrachées à la nuit et à sa solitude, à l’idée d’une altérité réelle, concrète : il y avait bien un homme sur son chemin lorsqu’il rentrait du travail, une autre âme, qui partageait son monde et sa réalité, qui le rappelait à sa propre chair, à sa propre matérialité.

Ce soir, pourtant, il eut, en sortant du travail, un étrange pressentiment, quelque chose de hurlant et de viscéral qui fit trembler tout son être de haut en bas. Si c’était lié à la ville et à sa formidable énergie, Alec n’en savait rien ; le fait était, cependant, que depuis qu’il y avait déménagé, son intuition s’était développée d’une manière à la fois inquiétante et mystérieuse, le sorte de mystère qui fait frémir une curiosité, attire un cœur bien accroché. Et ce soir, à l’instant même où il quitta le bar et fit un pas dans la nuit, dans ce milieu interlope et périlleux qui était le leur, son intuition lui souffla qu’aujourd’hui, le péril de leur nuit serait décuplé, d’une manière ou d’une autre. Ce furent donc ses aptitudes sensorielles dans toute leur acuité qui se virent réveillées, au service de l’attention du jeune homme. Il marcha quelques minutes sans croiser âme qui vive, ce qui n’avait rien de bien surprenant compte tenu de l’heure avancée ; car ce qui rendait si envoûtantes à leur façon ces brèves rencontres sous la Lune, c’était bien le caractère désert des rues la nuit.

C’est alors que quelque chose parvient à ses oreilles – c’est étouffé par la nuit, cette féroce traîtresse d’obsidienne, et c’est presque inaudible ; mais il l’entend Alec, le souffle qu’on découpe, le corps qu’on malmène, que l’on presse violemment contre une paroi, la chair que l’on attaque, que l’on poignarde – et il ne peut qu’imaginer le ruisseau écarlate, d’un bordeaux presque noir sous la Lune, qui fuit ce corps blessé… Une ou deux secondes durant, c’est une réaction de complète sidération qui s’empare du jeune homme ; heureusement, il parvient vite, malgré tout, à retrouver ses esprits et à courir jusqu’à la source du bruit presque sourd, deux ruelles plus loin. Il y voit deux ombres, l’une penchée sur l’autre, qu’il a plaquée contre le mur le plus proche ; elle brandit ce qui a tout l’air d’être un couteau, lequel a visiblement été utilisé contre sa victime. Sans plus réfléchir, il se lance en direction de l’assaillant, sans plus de considération pour sa carrure robuste ni pour le ridicule de sa propre stature, il tire sur sa veste pour attirer son attention, avant de sortir son téléphone :
– J’te conseille de dégager, j’ai appelé les flics, ils seront là d’une minute à l’autre.
Il s’agit évidemment d’un coup de bluff, mais il ce dernier semble s’avérer relativement efficace, puisque l’agresseur finit par déguerpir, préférant sûrement ne pas courir le risque d’être pris en flagrant délit. Un soulagement immense jaillit en Alec, dont c’était là l’unique espoir – il sait pertinemment qu’un corps à corps aurait fini par la défaite du sien. Il se rue sur l’inconnu – est-ce son inconnu ou une vulgaire autre personne ayant commis l’erreur d’emprunter ce dédale dangereux de ruelles de nuit ? – qui a manifestement été poignardé à l’épaule, avant de s’adresser à lui :
– Désolé, j’ai pas du tout appelé les flics… Mais j’pense qu’on va appeler les urgences pour ton épaule du coup… Est-ce que t’arrives à te redresser ?
Alec a du mal à évaluer la profondeur de la blessure ; fort heureusement, le jeune homme n’a pas été touché au thorax ; la plaie est cependant d’un rouge profond qui exacerbe les inquiétudes du jeune Rhodes, le poussant à tendre la main au blessé, faute de connaître, pour l’instant, l’intensité réelle de sa douleur et ses capacités.
code by EXORDIUM. | imgs by chelsea blecha



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Alec & Felix ☆ Each step I left behind, each road you know is mine. Walking on a line ten stories high, say you'll still be by my side. If I could take your hand, oh, if you could understand that I can barely breathe, the air is thin. I fear the fall and where we'll land. We fight every night for something when the sun sets, we're both the same
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Fascination pour l’hémoglobine qui s’écoule doucement d’une plaie ouverte pour tomber à même le sol, comme un fleuve paisible qui se jetterait dans une mer de béton : mes yeux sont rivés sur le manche du couteau à peine éclairé par les rayons de la Lune, qui ressort de mon bras comme s’il avait toujours été là, comme s’il était la prolongation voulue de mon membre offert. J’ai pas mal, pas vraiment. J’crois que je suis sous le choc, en fait, j’en suis sûr. Je vois à peine le visage de mon agresseur, j’entends une voix inconnue retentir tout près de moi mais j’ai l’impression que c’est un murmure, un écho qui s’envole dans la brise. Par contre, à mes oreilles j’écoute sans mal la symphonie de mon cœur qui bat la chamade, de mon pouls qui résonne tout contre mes tempes – et mes pensées s’envolent dans la stratosphère en des milliers d’étoiles filantes. J’vois ma mère, bizarrement. J’ai pas pensé à elle depuis longtemps, mais là, planté dans une allée en pleine nuit, j’sais pas, j’me demande où elle est, ce qu’elle devient, si elle se souvient que j’existe. Peut-être qu’elle est morte. Ou alors, qu’elle est tellement bourrée d’médocs qu’elle se rappelle même plus qu’elle a eu trois gosses dans une autre vie – j’sais pas ce qui serait le pire, en fait, qu’elle ait oublié ou qu’elle s’fasse bouffer par des vers dans la terre meuble. Et puis, mes pensées voguent vers Ava et Marco : la dernière fois que je les ai vu, ils n’avaient même pas encore dit leurs premiers mots, et aujourd’hui, ils doivent avoir atteint l’âge adulte. Ils doivent pas s’douter une seule seconde que leur grand frère est quelque part dans une ville moyenne du Massachussetts, à pisser l’sang parce qu’un type s’est dit que c’était une bonne idée de l’taillader.

Le choc initial passe, mon esprit se focalise un peu sur l’instant présent, un peu comme un appareil photo qui f’rait le point, et là, j’commence à douiller niveau douleur. Serrant les dents, j’remarque que mon agresseur s’est barré, ou en tout cas, qu’il est plus dans mon champ d’vision. Par contre, y’a quelqu’un d’autre. J’sais pas si j’hallucine ou quoi que ce soit, après tout, il parait qu’la douleur produit des visions plus bizarres que n’importe quel champignon ou drogue dure, mais l’ombre est là. L’ombre, c’est lui. L’inconnu d’mes nuits, et dit comme ça, on dirait qu’on est dans Twilight ou une connerie du genre, mais c’est pas des blagues, y’a ce type qui accompagne mes trajets nocturnes et que je ne connais absolument pas, tout en ayant forgé dans ma tête une sorte de… persona fictive quant à son identité, son vécu. Et il m’parle, et j’dois me concentrer pour comprendre le sens de sa phrase. Mes yeux s’attardent sur les traits de son visage et l’intonation de sa voix. Putain, Felix, est-ce que c’est l’moment de te dire qu’il est encore plus beau de près que de loin ? T’es là, à avoir un couteau dans l’épaule et à l’regarder comme un con, tu penses pas que ça serait un peu plus judicieux d’écouter ce qu’il a à te dire ? J’capte la moitié de son laïus, il m’dit qu’il faut appeler les urgences, tout ça. Et ouais, techniquement, c’est ce qu’il faudrait faire, mais… bon, j’avoue, j’aime pas beaucoup les médecins. J’ai une putain de cicatrice qui court le long d’ma hanche, d’une fois où, y’a quelques années, j’me suis pété la gueule et où j’ai refusé d’aller me faire faire des points, laissant la plaie se cicatriser toute seule : et maintenant j’ai une longue ligne à la Frankenstein qui m’barre l’côté du ventre, tout ça parce que j’suis con et j’avais pas envie d’aller à l’hosto. Puis à cette… j’vais pas dire peur, mais appréhension médicale, y’a la question de l’argent. Ça va m’coûter combien, une blessure à l’arme blanche ? J’sais pas, mais rien que d’imaginer la facture à v’nir, je sens que je vais tourner de l’œil. Mais bon, j’vais pas dire cash pistache à l’ombre que je suis fauché comme les blés et que j’ai pas l’moyen d’aller aux urgences, alors tout ce que je trouve à faire, c’est d’faire le fier. Si j’arrive à m’redresser ? Voyons, c’est qu’une égratignure, j’suis un bonhomme moi, un vrai.

« - Ouais, ouais, ça va, c’est rien. J’me rends compte que j’suis plus ou moins prostré sur le mur dans une position tout à fait inconfortable et ridicule, et j’me dis que j’vais pas réussir à vendre mon mensonge, si je reste comme ça. J’vois la main de l’ombre, je la saisi pas pour pas passer pour un faible. Pas besoin d’appeler les secours, c’est plus impressionnant que ça en a…

J’laisse échapper un gémissement de douleur entre mes dents alors que j’râcle mon dos contre le mur derrière moi – putain, c’est raté niveau discrétion là. Mais bon, en même temps, difficile de faire le fier. J’ai mal. Très mal. J’me suis fais démonter la gueule plus de fois que je peux l’compter, mais là, c’est différent, j’ai l’impression que tout mon corps est en feu et que le centre du brasier, mon épaule, menace d’exploser. Mes jambes flagellent sous mon poids et j’me sens tomber sans que je puisse rien faire pour arrêter ma chute : c’est raté pour faire genre que tout va bien dans le meilleur des mondes, visiblement. J’ai envie d’crier tellement j’souffre et bon dieu, j’dois me retenir de toutes mes forces pour pas l’faire. J’espère que c’est pas grave, ou alors que c’est tellement grave que j’vais caner et qu’on en parlera plus. Vous imaginez, si j’perds l’usage de mon bras ou un truc du genre, simplement à cause d’un connard dans une ruelle sale ? Vous m’direz, connaissant mon karma négatif, ça serait pas si étonnant, j’ai toujours eu la poisse donc j’vois pas pourquoi ça changerait maintenant.

- Bon, ouais ok appeler une ambulance c’est p’têtre plus sage, j’dis en mordant ma langue pour avaler la douleur. J’tapote de ma main valide la poche d’mon jean, j’sors mon téléphone de mon jean un peu trop serré en maudissant intérieurement la vie d’mon agresseur sur sept générations. J’le balance à l’inconnu en espérant qu’il le rattrape, parce que j’aurai pas les moyens de le remplacer – encore moins si j’dois vendre mon âme pour payer mes factures d’hôpital. Tu peux appeler le 911 pour moi ? Pis tu peux y aller hein, j’veux pas te… gâcher ta nuit. »

J’tousse un peu. J’ai froid, mon corps est secoué de tremblements que j’arrive pas à contrôler. Malgré tout, ça m’arrache la tronche de devoir lui demander de l’aide, à l’ombre. Personne m’a jamais rien donné dans ma vie, personne m’a jamais tendu la main, et j’doute que ça arrivera ce soir : alors j’préfère ne pas être déçu en attendant rien d’cet homme à qui j’ai forgé une identité dans mon esprit, mais qui a probablement rien à voir avec l’image fantasmée que j’ai créé de toute pièce. Qu’il reste un mythe, un mirage, une chimère née dans les ténèbres de nuits silencieuses dans des rues désertes. Qu’il continue, éternel, à marcher quelques pas devant moi sans que l’on n’échange jamais un seul mot. Qu’il soit une ombre plutôt que quelqu’un qui finira forcément par me décevoir.

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