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 summer nights, some are dreams (grace)

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“Summer nights, some are dreams, some are heartaches, summer heals, some are love, some are here ☆ ☆ L'épuisement arrimé à la carne depuis une paire de semaines, ce qui a d'abord grignoté le don, puis la chair, semble désormais s'être infiltré jusqu'à la moëlle. Ténèbres poisseuses engluant ses pensées, personne pour l'en extirper, personne à qui se raccrocher. Derniers jours solitaires dans une ville dont elle ne retiendra qu'un brouillard opaque, une grisaille arrachée aux rares échanges ayant délié sa langue, et l'envie de plus en plus viscérale de se tirer. Instinct de survie cultivé depuis l'enfance, mélancolie n'ayant pourtant raison des vestiges de sa ténacité, à bousculer la faucheuse et tâcher de rattraper le fil de son existence. Des averses s'étant infiltrées à répétitions sous ses paupières pour tenter de la noyer, Nora perçoit toujours l'amertume étant allée crescendo à mesure que le séjour s'éternisait. Pas de lueur alentour sur cette seconde semaine, nulle présence pour la secouer et repousser ses angoisses phobiques, si ce n'était les interventions du room service. Il lui semble qu'elle s'est rarement sentie aussi triste de sa vie, ni aussi seule, depuis ces derniers contacts humains s'étant un à un estompés. Regret que d'avoir parcouru la distance pour ce qu'elle affilie à un rien cruel et implacable, l'urgence du retour s'est apparentée à un sursaut de raison, une fois l'information digérée, l'inutilité du voyage bien enregistrée dans son crâne. Assumer l'erreur d'avoir traversé l'océan dans cet état, d'avoir sacrifié sa liberté en remettant un pied au laboratoire et de leur avoir, sans doute, offert de nouveaux résultats sur lesquels travailler. Pour quoi, exactement ? Elle se le demande, bien après que ses dernières larmes, retenues aux aurevoirs échangés à l'aéroport avec Raz, aient tari dans la cabine de son vol de retour.

Un peu plus, certainement, à mesure que ses muscles restés endoloris se dénouent légèrement, que la terreur de s'éteindre se voit bousculée par la certitude de s'en sortir, une fois Boston annoncée, le trajet vers Exeter enclenché. Peut pas crever, à Exeter. Tout ce qu'elle en sait, à y avoir trompé la mort à de nombreuses reprises. Et p'tetre qu'à mesure que cette crainte s'amenuise, que déjà, l'obscurité coincée contre ses rétines semble s'éclaircir, elle percute à quel point elle n'a pas été elle-même, tout c'temps-là. A quel point les accès de faiblesse ont pu s'accumuler. A quel point elle a cru claquer là-bas, et comme personne ne s'en serait aperçu avant des jours entiers. Sûrement qu'ça la fout en rogne, au-delà du chagrin qui s'est imprimé jusqu'aux tréfonds les plus chaotiques de son âme, qu'elle met un certain temps à trouver quelle direction indiquer au taxi, une fois que sa ville natale se rapproche, et qu'elle regagne lentement un soupçon d'aplomb. Un certain temps à cogiter, à se demander à quel moment le scientifique reviendra la déloger pour la ramener au bercail. Sûrement pour ça qu'à l'entrée de la ville qu'elle ne distingue guère à travers la vitre, ça s'énonce sur une impulsion : « Changement de plan. » S'humecte les lèvres, la brune, une main posée sur le sac posé à ses côtés, la seconde se coinçant machinalement dans ses cheveux ébouriffés par le voyage, les démêlant entre les phalanges dans un geste distrait. « Déposez-moi au 22 Regent Street, à Wellhollow. »

Devrait p'tetre pas connaître son adresse. L'a pourtant trouvée dès ses premières recherches à son sujet, et bien d'autres informations hackées pour s'assurer qu'la psy n'avait rien à voir, de près ni de loin, avec les laboratoires. Dans un coin de sa tête, c'est resté, sans que la brune ne se soit jamais introduite dans sa maison par effraction - bien que l'idée ait pu l'effleurer une fois ou deux, lors des consultations plus emmerdantes que les autres, pour lui donner une sorte de leçon. Improbable que de se retrouver là, à tâtonner et trébucher en jurant contre les marches de son perron. Suffisamment pour que personne n'ait l'idée de la chercher ici. C'est ce qu'elle se dit, Nora, en sentant le souffle s'épuiser à ce seul effort, la douleur revenir lanciner contre ses os alors qu'elle abat la tranche de son poing sur la porte contre laquelle elle s'est échouée. Tente de se redresser, mais ça se contracte douloureusement dans sa poitrine et elle reste là, les mains posées sur le battant, à retenir son souffle. Incapable de savoir si oui ou merde, elle est déjà suivie, la paranoïa ne tarde pas à revenir l'étreindre quand elle frappe une nouvelle fois. « Putain, Rivers, allez. »

Et elle compte les secondes, tente de se concentrer pour ne pas vriller, tétanisée par ses prunelles entravées qui ne lui servent à rien, incapable de balayer les environs et de s'assurer qu'elle est en sécurité. L'idée que l'on vienne chez Grace par sa faute fait écho à sa panique et y'a bien que quand ça grince de l'autre côté qu'elle parvient à exhaler.

Les mains toujours en l'air, sans rien de tangible à quoi se raccrocher, en essayant de se donner une contenance que la brune articule, la bouche sèche : « C'est toi, Rivers ? » Et ça tourne, plus fort, dans son crâne, prunelles absentes se baladant dans le néant. Sait pas de quelle manière ça s'emmêle, gagnée par le vertige qui la saisit, à étendre son bras devant elle pour coincer sa main dans l'encadrement de la porte, quand ses jambes commencent à la lâcher. « C'est la brigade du mauvais goût qui m'envoie, on m'a dit que vous faisiez du recel de tableaux hideux, .. » Peut pas retenir le sourire qui grimpe en coin, tourbillon siphonnant ses méninges en achevant d'un : « Rivers, ... » Et ça chamboule, sous ses genoux, à s'effondrer en tentant de s'accrocher à quelque chose, contenance égarée sur le pallier.
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( call me what you want, when you want, if you want / @NORA EVERDELL
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L’a pas vue venir, l’ombre aux pieds de sa maisonnée. En aurait jamais été capable, dans le fond, de prédire ce qui s’est insidieusement présenté sur le pas de sa porte. C’est tranquillement installée dans l’un de ses fauteuils, au sein la chaleur maintenue de son salon, que Grace semble sortir de ses songes dès lors qu’un coup sec est porté au battant boisé. Les deux tranches de son livre sont pincées entre index et majeur. Son regard affûté se relève et domine les verres de ses lunettes, alors que ses prunelles se braquent vers l’horloge. Ses sourcils se froncent imperceptiblement, et c’est sans se presser qu’elle referme son bouquin et se redresse. Long corps qui se déplie, et s’étire. N’attend personne – et ne veut voir personne. Mais l’individu s’impatiente, et c’est un nouveau coup qui est fermement claqué contre la porte.

Voix qui prédit le tonnerre, et les galères. Et enfin, Grace commence à ressentir quelque chose. La surprise n’est pas désagréable – mais toujours déconcertante. « C'est toi, Rivers ? » La pensée est automatique, fulgurante. Putain. A essayer de déverrouiller la porte plus rapidement, à se demander ce qui amène Nora à se rendre chez elle directement. N’a remarqué aucun message sur son téléphone, une heure plus tôt. « C'est la brigade du mauvais goût qui m'envoie, on m'a dit que vous faisiez du recel de tableaux hideux, .. » Verrou qui se bloque, qui lui résiste. Qu’est-ce que tu fous ici ? Pourrait aussi bien l’ignorer, et prétendre que la limite qui sépare le cabinet de sa barraque n’est aucunement trouble. Qu’il y a un protocole à suivre, qui existe bel et bien, représentant sans la moindre ambiguïté une barrière bien dressée entre ce qui pourrait être et ce qui est.

« Rivers, ... » Appel à l’aide qu’elle entend, avant de parvenir à déverrouiller sa porte, et à l’ouvrir brusquement. Baisse les yeux, alors que les jambes de Nora semblent lâcher. Reste bouche bée devant le spectacle que sa patiente lui offre – ne l’a jamais vue dans un tel état, et n’est pas certaine que ça lui plaise. Son cœur se pince, se serre. Elle a du mal à déglutir, du mal à vraiment comprendre pourquoi elle lui a ouvert. « Tu fous quoi, là ? » Mais ça résonne mal dans le creux de sa bouche, langue qui frémit alors qu’elle peine à ne pas s’inquiéter. Grace se baisse vers Nora, et lui attrape les bras afin de la redresser. Lunettes toujours perchées sur le bout de son nez, yeux aux pupilles vaguement dilatées. Elle maintient l’étreinte plus longtemps qu’elle ne le devrait, sans doute, à s’assurer qu’il s’agit bien de Nora – à la dévisager par-dessus les verres. L’air ébahi, sans doute, de la trouver là alors qu’elle devrait être ailleurs. Partout, en l’occurrence, sauf ici.

Grace en perd ses mots, et le fil de ses pensées. N’est pas en mesure de se concentrer alors qu’elle soutient un corps qu’elle n’a jamais touché, et qu’elle essaie de maintenir en vie. L’attire dans l’entrée, ferme la porte du bout du pied, les doigts toujours enroulés autour des bras de la suppliciée. Voir Nora, la ressentir, dans un tel état de perdition la fout en rogne. Elle a mal au cœur, un peu, de la soutenir – parce qu’elle n’comprend pas ce qui aurait pu la pousser à s’mettre dans un état pareil. C’est une fausse idée, peut-être, que de s’imaginer qu’un individu peut supporter l’existence et ses dilemmes. C’est un coup porté à sa conscience professionnelle, alors que Nora semble lui filer entre les doigts. La traîne jusqu’à un fauteuil, et la pousse doucement. Bouche sèche qui peine à trouver le chemin de ce que cette situation lui inspire. « Nora..tu veux m’expliquer ? » S’écarte, alors qu’elle s’exprime. Pourrait poser un genou à terre afin de faciliter la communication, mais veut assembler les points rouges qui font tressauter son esprit assoupi. « Tu te volatilises, et tu..tu te pointes ici.. » Ses paupières se ferment brièvement, alors que ses doigts se tendent vers la branche de ses lunettes, et les retire d’un geste. « J’imagine que ça n’pouvait pas attendre ton prochain rendez-vous. » Ses lèvres frémissent, et s’étirent en un rare sourire. Pourrait hausser les épaules, face à la fatalité de ce qui se trouve sous son nez, et ne compte certainement pas la foutre dehors. « Et je ne vais pas te demander comment tu as fait pour trouver mon adresse. » Glisse-t-elle, sournoisement, pointe de la langue venimeuse. Avant que son visage ne se défroisse de nouveau, et que ses prunelles acérées dardent le visage pâle de sa vis-à-vis. « Tu veux en parler ? » Est prise au dépourvu, finalement, en dehors des murs de son bureau. Elle croise les bras sur sa poitrine, se redresse, mal à l’aise, danse d’un pied sur l’autre. Se sent gauche, à considérer l’une de ses patientes dans la familiarité de sa maison.

par non uccidere.

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“Summer nights, some are dreams, some are heartaches, summer heals, some are love, some are here ☆ ☆ Retrouver sa contenance. Rassembler sa fierté. Ne pas se vautrer devant Rivers. Manque de bol, y'a déjà les chevilles qui trémulent et les doigts qui glissent dans l'encadrement de la porte tout juste ouverte. « Putain de merde de bordel de puterie. » A la vague impression de revivre sa première fois sur des patins à glace, accrochée de toutes ses forces au bras de Raziel, à manquer de se vautrer toutes les deux secondes et tâcher de rester digne. D'un mouvement de nuque, les cheveux se rejettent en arrière, à s'improviser mannequin pour une pub de shampoing histoire de ne pas débecter la psy. Malgré l'absence de douche depuis la veille, et l'allure qui a franchement rien de réjouissante. « J'me suis engagée chez les scouts, j'viens vendre des cookies. » Qu'elle peut pas s'empêcher de rétorquer à la question froidement lancée par Grace, de cet air malin dont elle abuse sûrement un peu trop depuis leur premier entretien. C'est même devenu pire au fil du temps, de l'année écoulée, à prendre ses aises et commencer, finalement, à baisser sa garde face à elle. Pointe pourtant un brin d'agacement, l'envie de ramper jusqu'à l'intérieur pour se mettre à l'abri, ou d'esquisser deux ou trois roulades en avant pour pas qu'la Rivers ne parvienne à l'intercepter. Sauf que ça se présente différemment, sursaut arrimée à la carne et mouvement de recul qui s'esquisse brièvement aux mains venant l'attraper, comme s'il pouvait s'agir de quelqu'un d'autre que Grace. Sale réflexe, vue amputée qui tente de s'accrocher aux zones floues de la silhouette penchée sur elle, ses doigts viennent en réponse cramponner ses bras en retour. Et puis, incorrigibles, gravitent sûrement vers ses épaules. Pas la force pourtant de se balader jusqu'à la nuque, tenterait bien le diable, Everdell, si elle n'peinait déjà pas tant à se redresser, avec son aide.

« Tu sens bon. Nouveau parfum ? » Entre deux pas chancelant, ça se lâche l'air de rien, une fois que la porte a claqué derrière elle et qu'elle suit Grace sans trop broncher. On va dans ta chambre ? Qu'elle est prête à demander, avant de trébucher contre son propre talon et de laisser les mots mourir dans sa trachée. Pas l'énergie de faire deux choses à la fois, meurt déjà de poser son cul quelque part - y'a bien une idée lubrique qui l'effleure à cette pensée - avant d'ouvrir à nouveau sa gueule. Soupir de soulagement arraché à ses lippes une fois abandonnée au confort d'un fauteuil, la nuque s'incline contre le dossier et c'est son être entier qui semble subitement se disloquer. À bout de force, la brune, à cela sans doute que la psychologue doit son temps de répit. Paupières tombant sur les prunelles opaques, l'écoute distraitement, Nora, à défaire la lanière de son sac et le laisser lourdement tomber à côté du fauteuil. Signe bien qu'elle a pris ses affaires avec elle, ce qui pourrait n'augurer rien de bon pour la belle Rivers. « J'me suis pas volatilisée, j't'ai prévenue, déjà, donc sors pas les grands mots. » Grogne un peu, parce qu'elle n'se serait jamais barrée sans la prévenir. Devait le faire, par souci d'engagement, pour pas qu'on vienne l'emmerder ensuite à propos d'un éventuel manquement envers un rendez-vous. C'est l'excuse officielle à ce message qu'elle lui a envoyé, quand la vérité, c'est sûrement que Nora s'est toujours bien foutue du respect. Souligne alors l'effort, qu'elle n'aurait pas fait pour tout l'monde. « Non, t'as raison, d'mande pas. » De mauvais poil, la hackeuse, n'empêche que ça se ponctue tout de même d'un : « J'ai juste flairé ton odeur dans tout Exeter, et j'suis arrivée là. J'ai une excellente mémoire olfactive, tu sauras. D'ailleurs, » Là seulement qu'elle rouvre les yeux, à les balader dans le vague, assise dans son plus beau naturel, guiboles écartées et la main qui vient tapoter sa cuisse. « ... reste pas debout, viens t'asseoir. Que j'puisse remettre à jour mes informations, au cas où j'doive revenir chez toi à l'aveuglette à nouveau. »

Gagne du temps, certainement. Se doute bien que non, Grace ne viendra pas s'poser sur ses genoux, pas son genre. Dommage. Les doigts enfoncés dans ses cheveux, Nora finit par venir se redresser, coudes plantés dans ses cuisses. Sait bien qu'il va falloir lui donner ce qu'elle attend, un minimum, du moins, pour justifier qu'elle se soit pointée là sans préambule. « J'reviens tout juste de Londres. C'est le décalage horaire que j'supporte pas trop, j'crois. » Haussement d'épaules, guette une quelconque réaction avant de préciser : « Et j'ai eu un p'tit souci du coup j'vois plus rien depuis deux semaines. » Palpitations erratiques en fond de poitrail en le disant à haute voix, la paume glisse de la tignasse aux paupières qu'elle camoufle le temps d'admettre : « J'veux pas rentrer chez moi, Grace. J'peux pas. Pas tout d'suite. »
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( call me what you want, when you want, if you want / @NORA EVERDELL
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Les retrouvailles sont étranges, comme tâchées de non-dits et de soupirs exagérés. Départ fardé de mystère, qui n’a toutefois pas inquiété Grace outre mesure (elle qui arbore un faciès impassible en toute circonstance), et retour impromptu qu’elle est incapable de contrecarrer. Elle lui crache un peu à la gueule, Grace, pour la forme seulement. A lui demander ce qu’elle fout ici, à éructer parce que les réponses ne vont pas tarder à affluer – et que, sans qu’elles ne soient entre les quatre murs de son bureau, elle perd un peu d’son répondant. Ne sait pas forcément ce qu’elle doit faire pour la réconforter, remarque l’évidence de son visage froissé, et de l’intensité des sentiments que Nora ne parvient pas à exprimer. Les emmerdes. C’est ce qui les attend, dès que Grace referme la porte derrière la suppliciée, à rouler des yeux dès que cette dernière lui répond (à juste titre) une connerie à ses interrogations multiples. « J'me suis engagée chez les scouts, j'viens vendre des cookies. » Qu’il serait facile, à ce moment-là, de décider qu’elle ne tolère pas ce genre d’insolence sous son propre toit, de décréter qu’il est temps d’rentrer chez elle avant d’la foutre dehors. En retour, c’est le silence malin qui répond à l’acidité de la cliente. Toute la force qui palpite sous l’épiderme pour conjurer le calme olympien qui crispe ses traits froids.

« Tu sens bon. Nouveau parfum ? » « Hm. » Grace approuve, sans prononcer la réponse qu’elle n’a guère l’envie (ni le besoin) de formuler. Sans souci qu’elle acquiesce, et se détourne de la jeune femme, alors que la chaleur du corps soutenu lui imprime encore la peau. « J'me suis pas volatilisée, j't'ai prévenue, déjà, donc sors pas les grands mots. » De nouveau, Grace roule des yeux. Sourire qui farde brièvement ses lèvres muettes. « Effectivement. Je suis de mauvaise foi, pardon. » Pourrait presque faire une génuflexion pour rire – mais on ne se fout pas de la gueule de l’Eternel. Jamais. Et c’est aussitôt que Nora l’arrête, et amplifie ses inquiétudes. « Non, t'as raison, d'mande pas. » « D’accord, d’accord. Chaque chose en son temps. » Elle approuve, sans vraiment le penser. Après tout, Nora est chez elle – elle lui doit une putain d’explication.

« J'ai juste flairé ton odeur dans tout Exeter, et j'suis arrivée là. J'ai une excellente mémoire olfactive, tu sauras. D'ailleurs, » Nora tapote sa cuisse, jambes bien écartées. « ... reste pas debout, viens t'asseoir. Que j'puisse remettre à jour mes informations, au cas où j'doive revenir chez toi à l'aveuglette à nouveau. » Grace sent sa mâchoire inférieure s’affaisser légèrement, avant de reprendre immédiatement la contenance que cette réplique vient de lui faire perdre. Elle lâche un soupir amusé, peut pas s’en empêcher. « Je ne vois pas en quoi mon cul sur ta cuisse t’aiderait à remettre tes informations à jour. » Rivers décrète ça d’un ton léger, plus léger qu’à son habitude – alors que la dureté s’échappe à mesure que le temps passe. Plusieurs commentaires l’alertent, mais c’est de marbre dont elle se pare. Attend patiemment la suite, mains croisées dans le bas de son dos, plantée comme un piquet. « J'reviens tout juste de Londres. C'est le décalage horaire que j'supporte pas trop, j'crois. » Grace acquiesce. Compréhensible, dans les faits. « J’imagine que tu ne m’as pas ramené un souvenir ? » N’importe quoi – sans forcément tomber dans le dramatique à outrance – qui pourrait expliquer sa présence fébrile sur le pas de sa porte. S’humecte les lèvres, et sent ses épaules se détendre. La conversation est fluide, et les répliques s’enchaînent sans y réfléchir à deux fois. Il y a quelque chose chez Nora – sublime dans son arrogance, et ses manières assez déplacées. Ce n’est peut-être pas Grace qui parle, elle qui se dissimule parfois au profit de Sawyer.

« Et j'ai eu un p'tit souci du coup j'vois plus rien depuis deux semaines. » Putain. Le choc qui fait frémir le minois normalement indomptable, alors que Grace se penche légèrement vers Nora, plantant son regard clair dans celui – plus sombre – de sa vis-à-vis. L’inspecte avec une curiosité qu’elle jugerait professionnelle, et peut-être un peu malsaine. Se redresse, et se gratte la gorge, avant de lâcher un croassement dont le bruit étranglé prend soin de l’étonner. « Bordel, t’as d’autres nouvelles comme ça ? » Qu’elle finit par lâcher, abandonnant peu à peu l’attrait rigide que sa profession exige. Se masse le front en désespoir de cause, jetant de fréquents coups d’œil à son invitée, paupières plissées et sourcils froncés. Se demande si elle ne se fout pas un peu de sa gueule, aussi. « Il s’est passé quoi pour que tu perdes la vue ?..t’as eu un accident ? c’est quoi pour toi, un p’tit souci ? » A du mal à ne pas la singer, alors qu’elle adopte – sans vraiment s’en rendre compte – son intonation détachée. « J'veux pas rentrer chez moi, Grace. J'peux pas. Pas tout d'suite. »

Nora sent ses lèvres s’écarter, d’entre lesquelles un soupir bref passe. Elle tend la main, voudrait la poser sur l’épaule de son interlocutrice mais se ravise au dernier moment, recule d’un pas. « Je ne vais pas te foutre à la porte, Nora. » Que ce soit dit – elle voudrait bien, mais n’en a pas le cœur. Et peut-être que ça lui fait plaisir, aussi, que ce soit elle vers qui Nora se tourne en cas de besoin. N’y aurait jamais songé, un an plus tôt, à leur rencontre. « Et comme je te disais, chaque chose en son temps. Alors, » se détourne de la jeune femme, et se dirige vers la petite table sur laquelle deux bouteilles de whisky se dressent. « je pense que tu as besoin d’un verre. Et évidemment, je n’ai pas besoin de te dire que ça, toi et moi, toi chez moi, doit rester entre nous. Ce n’est pas forcément très déontologique d’accueillir un patient chez soi. » Elle parle – ne sait pas si à tort, ne sait pas si dans le vent – alors qu’elle tapisse ceux verres en cristal de liquide ambré. Peut sentir les arômes sans s’en rapprocher. C’est alors qu’elle se détourne de la table et se rapproche de Nora de nouveau, avant de lui flanquer un verre dans le creux de la main. « J’espère que tu aimes le whisky, il n’y a que ça chez moi, » esquisse un sourire contre la fraîcheur du verre, à caler ses fesses contre l’accoudoir du fauteuil dans lequel Nora est installée. « ça, ou de l’eau. » Cheers.


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“Summer nights, some are dreams, some are heartaches, summer heals, some are love, some are here ☆ ☆ Se pince les lèvres, la brune, quand Grace remet en question l'utilité de poser son cul sur ses cuisses. Envie de rire qui s'fait nerveuse, fière de sa connerie sans doute, suffisamment éreintée pour s'comporter en sale mioche. Les mains s'élèvent un peu, le temps de se canaliser, et de reprendre un semblant de respiration. Peut pas se retenir de jouer avec le feu, surtout quand c'est Grace qui se retrouve dans les parages. Passion certaine à agacer la psychologue depuis un an, à y aller toujours plus lourdement dans ses attitudes et commentaires graveleux. Presque un équilibre trouvé au fil du temps, à baisser leur garde respective, en semblant s'y habituer. Nora flirte, Grace recadre. Mais de cadre, il ne semble y en avoir entre ces murs, réellement. Déjà, parce qu'elle le sait bien, que c'est complètement déconnant de s'être pointée là sans prévenir, dans cet état. Livrer son âme volatile aux mains de la psychologue, c'est se départir de toute responsabilité, facilité dont la brune pourrait abuser. Lui file tout, de ses dires énigmatiques, à sa fatigue, à son aveuglement, au chagrin sourd qui gronde dans sa poitrine. N'a qu'à se débrouiller avec ça, et bon courage.

Mais ça n'fonctionne pas tout à fait de la sorte. Pas un jouet, Grace, semble avoir sa volonté propre. Ne pas se plier à ses petits jeux de manipulation. Sûrement l'apprécie-t'elle pour ça, Nora, même si elle ne l'dira pas. Se prétend déçue en essuyant les multiples râteaux sans jamais s'en vexer - les instant charmeurs se teintant inévitablement de cette nuance d'impossibilité. Pourtant, cette fois, c'est Grace qui la taquine sur son propre terrain, et elle se revigore, la brune, instantanément. « T'es déçue ? » Riposte du tac au tac, saisissant la perche quand il ne s'agit pas seulement de se l'inventer, pour une fois. S'amuse de l'échange, quand la situation n'a absolument rien de comique. Douée pour donner le change, jusqu'à un certain point. Sans prévenir, la silhouette floue de Grace s'approche, près, et elle se tend, Nora. Ne peut s'empêcher de souffler quand les centimètres de rigueur se conservent, et qu'elle comprend plus ou moins ce dont il s'agit, mais détourne le propos : « T'allais m'embrasser, on l'sait toutes les deux. » Rictus narquois pour laisser oublier le véritable problème, n'aime pas tellement que Grace aborde ses sonorités nonchalantes, comme ça. « T'es en train de te foutre de moi là, hein ? C'est pas très pro. Pas top pour l'alliance thérapeutique. » Celle qu'elle est la première à piétiner par sa seule présence en ces lieux. « Un accident, ouais, on va dire ça comme ça. » Se forcerait qu'elle ne pourrait la sortir, la vérité cloisonnée au fond de sa trachée. Impossible de définir le contexte, se contentera donc d'un : « C'est pas la première fois qu'ça arrive, c'est assez fréquent depuis que j'suis gosse. D'habitude, c'est réglé en deux jours, mais cette fois c'est un peu plus long. » A bon espoir, cependant, que le retour à Exeter, et la récupération de son affection améliore rapidement le sens égaré. En attendant, ne distingue pas grand chose, faut l'admettre. N'a plus vraiment conscience de la réalité de son corps ankylosé, non plus. En somme, n'envisage nullement un retour dans sa tanière, pas pour le moment. Pas quand elle est à peine en état d'aligner un pas devant l'autre. Que ferait-elle, si l'on venait l'y chercher ? Pourrait même pas faire mine de se défendre, pour sauver l'honneur. Puis, y'a aussi tout le poids des derniers jours qu'elle trimballe. La solitude qu'elle ne s'est expliqué qu'à moitié, qu'elle n'veut certainement pas retrouver tout d'suite. Alors, quand Grace répond favorablement, la nuque se relève instantanément. N'a sûrement pas idée du soulagement qu'elle lui insuffle, la belle Rivers, mais ça doit s'lire sur son visage trop expressif, malgré tout. Même pas capable de rétorquer une connerie, sur le coup. Rare qu'elle soit reconnaissante envers quiconque, mais c'est certainement à ça qu'ça ressemble.

« D'puis le temps que j'attends qu'tu me le proposes. » Boire un verre, pour de vrai. Pas juste cette tasse de café formellement offerte en début de séance. Calme de courte durée, s'amuse à effilocher les limites, comme à son habitude. Le signe qu'elle n'va pas sombrer de suite, faut croire, quand elle réceptionne le verre entre ses mains, vient le humer avant de le porter à ses lèvres. « Merde, Rivers, t'as pas acheté ça au supermarché du coin. » Rien à voir avec les bouteilles qui traînent en s'empoussièrent dans son appartement. Y revient de plus belle, Nora, à savourer la brûlure agréable de ses papilles. La sent, la présence de Grace, juste à côté d'elle. Pourrait sûrement, en dépliant son bras, l'enrouler autour de sa taille, et ça lui arrache l'ombre d'un sourire machiavélique.

« Bon, attends. » Qu'elle se décide, à tenter de reposer son verre sans dégât sur la table basse, pour mieux récupérer l'anse de son sac à tâtons. Le museau se fronce, quand elle peine à retrouver le p'tit souvenir qu'elle a clairement volé, à Londres. Après avoir extrait quelques fringues mélangées, appartenant tant à Raziel qu'à elle, qu'elle fout négligemment par terre, à côté de son siège, voilà que le pouce et l'index capturent enfin le présent. « Tu croyais quand même pas qu'j'allais rien te ramener ? » Petite tasse de thé dérobée à l'hôtel, embarquée tant par pur besoin d'assouvir une pulsion kleptomane que dans l'idée de la filer à Grace en rentrant, pour son bureau. La lui tend, à l'aveuglette, en esquissant son plus beau sourire. « Tu penseras à moi en buvant ton café, ou ton whisky. » Haussement d'épaule, commissure qui frémit, incorrigible : « Ou sous ta douche, si tu veux penser à moi, c'est un bon endroit. » Risette tout ce qu'il y a de plus angélique aux lèvres, pur instinct que d'incliner sa nuque et de venir poser sa tempe contre le dos de la psychologue. Là, probablement, que les paupières achèvent de tomber. Premier instant de sérénité effleurée depuis longtemps, le sommeil l'embarque, tout simplement.
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( call me what you want, when you want, if you want / @NORA EVERDELL
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A peine sa propre bouche refermée, que Nora reprend la contenance que Grace lui connait habituellement. Et c’est comme voir une ombre se réveiller – c’est aussi surprenant dans l’absolu qu’éclatant. « T'es déçue ? » Evidemment. « T'allais m'embrasser, on l'sait toutes les deux. » Me tente pas. La pensée est machinale, fardée d’un automatisme qui la surprend, et d’un naturel qui lui alourdit étonnamment l’estomac. Sa réponse est silencieuse, cependant ; rien de ce qu’elle pourrait dire ne l’aiderait, surtout face à la verve de Nora qui aurait vite fait de la noyer. C’est au ralenti que Grace appréhende chaque répartie, chaque réplique.

« T'es en train de te foutre de moi là, hein ? C'est pas très pro. Pas top pour l'alliance thérapeutique. » Ses lèvres se fissurent en un rictus vaguement amusé. Pas très pro, plus les secondes s’épuisent, plus la critique se fait davantage  agréable à l’oreille. « Peut-être que j’ai envie de prendre des vacances, » Avant d’aller fermer les rideaux du salon, mains agrippées au tissu – seul contact réel qui la pousse à assimiler plus facilement la présence de Nora dans son foyer. Maison qui ne connaissait qu’elle, son frère et les Rivers. Son époux, également, mais c’est à peine si elle lui accorde la moindre pensée. « et à l’heure actuelle, j’ai plus l’impression d’être la gérante d’un Bed and Breakfast gratuit plutôt que ta thérapeute. » Remarque-t-elle, venin claquant contre ses lippes en une plaisanterie soulignée par un sourire bref que Nora ne serait pas susceptible de voir – satisfaisante qu’est la sensation de se détendre, et de redevenir maître dans son royaume. Lisse sa chemise du bout des doigts avant de se détourner de la fenêtre à présent couverte, croise les bras et penche légèrement sa tête sur le côté. Paupières qui se plissent alors qu’elle inspecte religieusement les traits marqués de fatigue de son interlocutrice, essaie de lui deviner des intentions et des aventures. Intéressée par ce que Nora pourrait lui dévoiler, attentive après les frasques de l’angoisse. Reconnaissante de la retrouver, en somme, malgré le côté rébarbatif de ses remarques graveleuses. Peut-être que Grace aurait pu rajouter qu’en tant que gérante de son B&B privé, ça n’la dérange pas qu’elle soit là, tout compte fait. En guise de compagnie, elle pourrait difficilement espérer mieux.

Il y a d’autres choses qui sont en suspens. Beaucoup de questions qui affluent les unes après les autres, mais qui ne trouvent aucune réponse. Grace ne s’en offusque pas, brandissant sa patience et son flegme en guise d’étendard. Sa curiosité est piquée, et s’agite en elle comme une flamme qu’elle compte bien éteindre, à force d’obstination. « Un accident, ouais, on va dire ça comme ça. » Son front se plisse, et ses lèvres se pincent, mmm qui n’exprime finalement que son incertitude face à la nouvelle. Voudrait pousser davantage, mais ne voudrait pas la braquer. Alors c’est en silence qu’elle accueille l’explication branlante, prête à revenir à la charge le lendemain. « C'est pas la première fois qu'ça arrive, c'est assez fréquent depuis que j'suis gosse. D'habitude, c'est réglé en deux jours, mais cette fois c'est un peu plus long. » Nouveau mmm qui fait vriller ses joues creuses. « Je vois, je vois.. et j’imagine qu’aller à l’hôpital ne fait pas partie du programme ? » Grace tente, malgré tout, sans attendre grand-chose de cette proposition. C’est avec bienveillance pourtant, qu’elle exprime son inquiétude maintenant palpable à propos de son état de santé.

Sans attendre, alors, que Nora se jette sur la perche que Grace lui tend, sous couvert de whisky. « D'puis le temps que j'attends qu'tu me le proposes. » Acquiesce, verres en main. « Tout vient à point à qui sait attendre. » Des proverbes dont le père Rivers regorge et qui, par la force de l’habitude, ont inscrit ses papilles de leur mécanisme. Pourrait lui en clamer mollement une dizaine d’autres, mais se retient de justesse. C’est immobile, et nuque tournée jusqu’à ce que son cou craque, que Grace examine le visage de Nora. Y cherche une appréhension, un dégoût – ou une appréciation qui ne se fait pas attendre. « Merde, Rivers, t'as pas acheté ça au supermarché du coin. » Ses lèvres frémissent sous le sourire qui menace de s’afficher – et c’est discrètement qu’il apparaît, et tout aussi discrètement qu’il disparaît. Heureuse de savoir que Nora est en mesure d’apprécier la boisson qu’elle vient de lui servir. Elle aurait été déçue, sans vraiment se l’avouer, si le whisky n’avait pas eu l’effet escompté. « Effectivement, dis-toi bien que je suis allée chercher ça directement en Ecosse pour te faire plaisir. » Alimente, sciemment ou non, le caractère grivois de Nora – qui lui manquerait, peut-être bien, s’il venait à s’assagir. Et l’humeur, tout d’abord morne en ce début de soirée, devient pétillante d’une allégresse que Grace ne pensait pas ressentir de sitôt après avoir accueilli sa patiente. Son visage se détend également, à mesure que ses épaules s’étirent et craquent.  


« Bon, attends. » Grace fronce le nez, et obtempère sans dissimuler sa curiosité. Nora se tend, et cherche son sac à tâtons – il lui faut conjurer toute la force dont elle est capable afin de ne pas se jeter sur la sacoche au cri de laisse-moi t’aider. Elle attend, tranquillement, lèvres qui s’humidifient épisodiquement au gré de ses gorgées brûlantes. Lorsque Nora l’attrape enfin, elle en sort des fringues qu’elle pose sur le sol, et en ressort une petite tasse de thé qu’elle lui tend à l’aveuglette. Sans attendre que Grace la saisît d’une main, sourire qui ne s’étire que d’un côté, en coin. « Tu croyais quand même pas qu'j'allais rien te ramener ? » Le rire qui s’échappe de ses lèvres la surprend. N’est pas certaine d’avoir déjà ri en présence de Nora. « J’apprécie le geste, merci. Une vraie tasse de thé londonienne, je pense que je n’aurais jamais pu espérer meilleur souvenir. » Pourrait bien caler ses lèvres contre l’une de ses joues, en guise de remerciement, mais l’idée est chassée aussi vite qu’elle est arrivée. Se demande si boire un coup justifie un dérapage aussi anodin.

« Tu penseras à moi en buvant ton café, ou ton whisky. » Certainement – serait bien capable de lui faire une place de choix dans son bureau. « Ou sous ta douche, si tu veux penser à moi, c'est un bon endroit. » Tu ne t’arrêtes jamais. Mais la remarque meurt à la naissance de sa bouche, alors qu’elle sent la tempe de Nora se reposer contre son dos. Elle ne rougit pas, Grace. Ne dit rien non plus, alors que ses lèvres s’étaient entrouvertes. Elle pourrait lui foutre la paix, aussi, maintenant qu’elle y réfléchit. Finit son verre d’une traite avant de le poser sur la table basse. Vrille son regard embué vers l’horloge. « Si t’es fatiguée, autant que tu ailles dormir, » suggère Grace en attrapant d’une main le sac de Nora, avant de quitter le bras du siège. L’endroit où Nora avait posé sa tempe se farde immédiatement d’une fraîcheur à laquelle elle ne préfère pas songer. Pose un genou à terre, afin d'y récupérer les fringues que Nora avait parsemées ici et là autour du fauteuil. « et non, je sais ce que tu vas dire, mais tu ne vas pas finir dans mon lit. J’ai une chambre d’amis à l’étage, le matelas est un peu dur mais j’espère que ça ira. Sinon, tu peux toujours dormir sur le sofa. » ajoute-t-elle, non sans une pointe de malice, en glissant la bandoulière du sac sur son épaule après en avoir terminé avec les vêtements froissés.

par non uccidere.

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“Summer nights, some are dreams, some are heartaches, summer heals, some are love, some are here ☆ ☆ Aimerait voir son visage, distinguer ses gestes, tenter de la lire à travers ses attitudes, quand au fil de ses réponses, Grace la perd. Et si ses réponses attisent inévitablement les sourires satisfaits de sa patiente, cette dernière ne sait réellement qu'en attendre. Habituée à la répartie de sa psychologue, mais jamais sur ce terrain glissant qui est le sien - même après avoir fait des pieds et des mains pour l'y entraîner, la voir chuter à ses côtés. Toujours encline à faire trébucher les autres. Mais Grace est habile, a un certain talent pour se jouer de ses tours, sans pour autant les ignorer, ou les éviter. La plupart du temps, pourrait clouer le bec à l'Everdell qui ne s'en offusque même plus, à la longue. Ainsi que s'est bâti leur lien, et elle l'accepte, s'autorisant à outrepasser la limite de temps à autre pour constater que Grace la recadre toujours avec autant de fermeté. Mais cette fois, elle ne sait pas, Nora. Si c'est elle qui abuse plus que d'habitude, et manquerait d'avoir la belle Rivers à l'usure, si c'est le cadre, ou si, et c'est la pire hypothèse, Grace ne serait pas en train de la prendre en pitié. Une fois que ça l'effleure, c'est plus compliqué d'oublier cette perspective et elle se retrouve un peu prise à son propre jeu, faut l'avouer.

Les rideaux se ferment, et mine de rien, elle se détend davantage. Se méfie des voisins curieux, ceux qui contemplent et bavassent, susceptibles aussi d'alerter. Aucune envie qu'on la retrouve ici, ou que la psychologue se retrouve dans la merde par sa faute. Ne le dit pas, Nora, qu'elle craint bien qu'il ne s'agisse d'un vulgaire embarras, mais de conséquences bien plus désastreuses si les mauvaises personnes apprenaient que Rivers héberge Everdell. Raison de plus pour ne l'impliquer dans rien de bien concret, à éluder le sujet de sa cécité inhabituelle, pour aboyer au mot hôpital : « Absolument hors de question. » La simple évocation lui file une sueur froide. Déteste ça, l'hosto. Déjà, parce qu'elle n'a aucune confiance dans la sécurisation de son dossier médical, et qu'leur système ne serait pas aisé à pirater, pour l'effacer. Se mord les lèvres pour ne pas aller au bout de sa pensée, concentrée sur le verre qui lui est offert. Aversion certaine à l'égard des êtres en blouse blanche, plus particulièrement, pour n'avoir vu tomber de leurs lèvres que des nouvelles douloureuses, généralement. Le décès de sa mère, d'abord. L'overdose de Raziel, ensuite. Aucune envie de les entendre énoncer qu'la vue ne lui reviendra pas, ou n'importe quelle autre crainte bien arrimée à sa phobie, qu'elle peine déjà à gérer. Sans doute les gorgées brûlantes aident-elles à anesthésier celle-ci de manière illusoire, suffisantes pour que Nora achève de se détendre, et de se laisser aller. « J'me disais bien, que ça sentait l'Ecosse. » Sait pas trop c'qu'elle raconte, mais le dit avec aplomb, en replongeant ses lèvres dans le breuvage une nouvelle fois avant d'abandonner le récipient.

Et merde, Grace rit à côté d'elle, et elle se tourne, Nora, par réflexe. Comme si elle s'attendait à voir ses lèvres s'étirer, ses dents bien alignées attraper la lumière. Mais rien, rien si ce n'est la grisaille, ce qui la renfrogne un peu, même si elle est plutôt contente de son petit effet. « Tu vois, j'sais t'faire plaisir. » N'en loupe pas une, et c'est tout sourire qu'elle instaure un contact qu'elle ne s'était encore jamais permis. Ne s'est pas gênée, lors de leur premier rendez-vous, pour plaquer une main menaçante contre sa gorge gracile. Mais se reposer contre son échine, ça ne lui était jamais arrivé. Et c'est presque étrange de ne pas sentir Grace s'éloigner d'emblée. Malgré tout, ça ne tarde pas, et elle relève une paupière après l'autre, en se rappelant qu'y'aura, de toute manière, rien à lorgner en douce. D'un mouvement naturel, les bras s'étirent, et puis, les jambes aussi, avant qu'elle ne se lève, la main accrochée à l'accoudoir. « Une chambre d'ami, et ben. » Commente parce qu'elle ne peut s'en empêcher. S'demande bien à quoi ressemble la baraque de Rivers, vue de l'intérieur. « T'inquiète le matelas s'ra sûrement moins dur qu'en taule. » Peut s'permettre d'en rire, c'était déjà le cas quand elle y était, va pas s'en priver maintenant. « J'ai besoin que tu m'aides un peu, Rivers. » Tend une main dans le vague, les jambes suffisamment chancelantes pour ne pas tenter de se montrer vaillante une seconde fois.

L'matelas n'est pas dur, du tout. C'est c'qu'elle se dit, en retirant ses fringues les unes après les autres, pour se glisser sous les draps en sous-vêtements et chaussettes. Et les draps sont doux. Et les draps sentent bon. Sentent Grace. Se laisse happer dans un sommeil profond, comme elle n'en a pas connu depuis longtemps.

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Le réveil est rude. Le souffle court, le coeur tambourinant à la poitrine, la tête qui tourne, d'un côté, puis de l'autre, avant de rouler dans le lit jusqu'à son extrémité. Les pieds au sol, un, deux, cinq, sept pas jusqu'à la fenêtre. Habitude de compter retenue du conseil de son avocate, pour mieux se localiser, ses mains accrochent les pans du rideau opaque et les écarte dans la fébrilité. Immédiatement, le bras s'érige et lui barre la vue, éblouie par le soleil qui cogne aux carreaux, et aux rétines. Il lui faut quelques secondes pour se remettre à respirer convenablement, une main contre sa poitrine, la seconde toujours accrochée au tissu. Une poignée supplémentaire pour relever la nuque, plisser les yeux, tâcher de distinguer la maison d'en face. Un peu plus de détails qu'hier, à tracer les lignes de l'allée, les marches, le losange imprimé aux vitres de la porte d'entrée.

Sept jours depuis son retour de Londres. D'autres problèmes à régler que ceux qu'elle y a laissé. S'agit de gérer ceux qu'elle a ramené, désormais. N'a pas franchement évoqué les détails de son entretien avec Liddell à Grace, à repousser l'échéance comme elle sait l'faire, mais faudra bien, pourtant. Le rendez-vous avec l'agent de probation s'annonce dans l'après-midi, et Nora ne compte donner aucun motif à celle-ci d'la renvoyer en taule, comme l'a menacée son avocate. Alors, faut bien l'choper, c'putain de courage qui lui manque un peu, là, de suite, en passant sur ses épaules un peignoir volé à Grace, le nouant à sa taille de manière sommaire.

La nervosité la gagne, un peu, à se plier en deux dans l'escalier pour voir si le rez-de-chaussée est dégagé. Regain certain d'ardeur depuis que les yeux se rétablissent, termine de dévaler les escaliers à la hâte, en se retenant à la rambarde pour ne pas se casser la gueule. Pas encore tout à fait remise sur pied, n'empêche qu'actuellement, ça ne l'empêchera pas de foncer. Sait que l'urgence s'impose, en rejoignant la cuisine, et commençant à s'affairer. Presse des oranges comme elle le peut, à s'en gicler dans l'oeil et hyperventiler, se coller la tronche sous le robinet pour éviter toute catastrophe. Fait couler un café, pas trop serré, pour être sûre d'pas trop l'énerver non plus. Répète, une à une, les préparations qu'elle a pu la voir réaliser depuis une semaine.

D'un geste mal assuré qu'elle frappe avant d'ouvrir la porte de la chambre de son hôte, sans s'y être osée jusqu'alors, malgré sa grande gueule. Comme si c'était la chose la plus normale du monde, la voilà qui se poste au seuil, plateau en mains. « T'as bien dormi ? T'es fraîche, en tout cas. » Un p'tit compliment n'a jamais fait de mal à personne, et voilà que Nora s'approche sans invitation du lit de la psychologue, pour y déposer le tout. « Tiens. C'pour te remercier. » De ce que tu vas encore faire pour moi, qu'elle pense, en restant postée au pied du lit, les mains croisées dans le dos, d'un air sage, malgré le peignoir qui lui tombe de l'épaule. « J'vois mon agent d'probation cet aprem. Rhodes, tu sais. Pour faire le point. » Lance la nouvelle comme si de rien n'était, en tâchant de canaliser les salves de panique qui reviennent régulièrement la hanter depuis que Liddell à ancré le mot prison dans son crâne. « On en a parlé avec mon avocate, comme quoi j'suis rentrée précipitamment, qu'il faut l'justifier tu vois, sinon Rhodes va être casse-couilles. » Et ça se sent sûrement depuis son entrée dans la piaule, qu'un truc cloche, même si elle-même se trouve plutôt habile dans la manoeuvre. « Mon avocate aimerait qu'tu rédiges un certificat comme quoi tu m'as bien vu l'jour de mon retour, histoire que j'sois pas rentrée comme une voleuse, c'qui serait louche, bien sûr. » S'humecte les lèvres, à ne pas vraiment se sentir coupable de tout mettre sur la volonté de son avocate. Finit par lui sortir son plus beau regard de chien battu pour l'occasion, en ajoutant d'une traite : « Puis, des formalités, genre, attester qu'je suis rentrée en urgence parce que j'ai eu un problème de vue, un truc psychosomatique, de psy, quoi. » Vraiment rien de bien important, non.
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( call me what you want, when you want, if you want / @NORA EVERDELL
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‘…il vous suffit d'un mot pour que je vous prenne ici et maintenant sur ce bureau.’ C’est derrière les paupières que ça s’agite depuis près d’une semaine. Et, dans tout ça, ce n’est qu’un mot, un mot, un seul putain de bon Dieu de mot.

Le juron fait frémir ses lèvres, sans s’en extirper, alors que ses paupières s’ouvrent et qu’elle considère de ses yeux effarés le plafond fardé d’un faisceau de lumière. Grace se redresse sur ses avant-bras, distingue plus clairement sa chambre. N’a jamais aimé tirer les rideaux, par superstition sans doute ; à se dire que si un feu se déclare, elle perdrait peut-être un temps précieux à se débattre avec du tissu granuleux. Trois secondes qui lui coûteraient la vie – trois secondes où la paranoïa prend le dessus, à ressasser certains matins la manière dont Bobby est mort. Aucune intervention divine, juste celle de l’aîné. Peut-être que s’il avait au préalablement ouvert les rideaux, il aurait pu se barrer. Et ça lancine un peu dans l'un des recoins les moins bien gardés de son cœur, à se sentir chavirer vers une ombre, un passé à propos duquel on ne souffle mot, un truc révolu mais qui l’accapare parfois. En ce sens-là, la présence de Nora lui est bénéfique. Trop occupée qu’elle est, Grace, à veiller sur son invitée qu’elle en oublie de flipper. L’esprit anesthésié souvent, l’attention dissipée dès qu’elle franchit le pas de sa propre maisonnée, et le sourire plus vraiment grinçant. A décidé depuis longtemps qu’elle l’aimait bien, Nora, sans compter la farandole d’emmerdes qu’elle se cogne. Distrayant vraiment, de l’analyser ou, plus simplement – surtout dans ces conditions, de l’écouter.

La porte grince, s’ouvre, et dévoile Nora, plateau en mains. Grace bat des cils – verve mise en berne, alors qu’elle voudrait bien faire remarquer à la jeune femme qu’elle est habillée de son peignoir. Négligemment attaché d’ailleurs, dont l’épaule se dévoile, illustrant certainement les prémices de quelques fantaisies. Aucune remarque grivoise ne vient souligner son entrée, cependant, et c’est rassénérée que Grace se redresse davantage, légèrement penchée en avant afin de mieux discerner le petit-déjeuner que Nora lui a visiblement préparé. Courbe ses lèvres, impressionnée par l’effort – la double-pensée grossissante, à mesure que la fatigue s’estompe. Trop calme, qu’elle pense.

Ca se tord un peu, dans le bide. Instinct qui se réveille, Sawyer se tend, visage curieux aux yeux qui se voilent d’une interrogation muette : c’est en quel honneur ? « T'as bien dormi ? T'es fraîche, en tout cas. » Sourire qui se veut bref, tandis que le regard s’aiguise. Nora se rapproche de son lit, y dépose le plateau. « Tiens. C'pour te remercier. » Interdite, Grace l’observe de ses yeux ronds. Son mari lui apportait le petit déjeuner au lit, lui aussi – les premières années, du moins, quand elle consentait encore à remplir son devoir marital. Connerie qui l’afflige encore, alors qu’elle avait l’honnête impression de crever, cuisses ouvertes et dents serrées, à se demander si c’était ça – vivre. Ça lui soulève le cœur encore, ça lui fout la gerbe. Elle s’adoucit un peu, cependant, et rabat le drap afin de s’en extirper, à ramper jusqu’au pied du lit pour s’y installer. « C’est gentil, merci, mais il n’y a pas de quoi vraiment. » Assise en tailleur, hésite entre les boissons, et commence à siffler son café.

La suite ne se fait pas attendre, initiée tandis que sa langue trempe encore dans le liquide brûlant. Fronce le nez et ne relève pas la tête vers Nora, trop occupée à détailler ce qu’elle lui a préparé. « J'vois mon agent d'probation cet aprem. Rhodes, tu sais. Pour faire le point. » Prunelles qui se lèvent brièvement vers l’intéressée. « Ouais ? » Ses sourcils se froncent imperceptiblement. Mille idées lui passent en tête, et elle se demande si elle n’est pas en train de s’faire avoir. « On en a parlé avec mon avocate, comme quoi j'suis rentrée précipitamment, qu'il faut l'justifier tu vois, sinon Rhodes va être casse-couilles. » Evidemment, qu’elle pense en reposant la tasse dans le plateau et à étendre ses bras en arrière. Besoin vivace d’enfoncer ses doigts dans le matelas afin de ne pas taper un scandale. « Mon avocate aimerait qu'tu rédiges un certificat comme quoi tu m'as bien vu l'jour de mon retour, histoire que j'sois pas rentrée comme une voleuse, c'qui serait louche, bien sûr. » Acquiesce en retour – malgré les tics nerveux qui agitent son visage qui se ferme petit à petit. « Puis, des formalités, genre, attester qu'je suis rentrée en urgence parce que j'ai eu un problème de vue, un truc psychosomatique, de psy, quoi. » Réprime le rire mauvais qui s'apprête à faire vrombir sa poitrine, laissant ses doigts s’enfoncer plus profondément dans le drap.

Ses dents s’enfoncent dans le bout de sa langue, essaie de maîtriser son tu te fous de ma gueule ?, qui menace de percer les tympans de sa suppliciée. Elle évite de perdre le nord, Grace, et sait aussi qu’elle ne veut pas blesser Nora – ou la foutre dans la merde. « Tu ne perds pas de temps pour me demander des trucs, toi. » Remarque-t-elle, sobrement, en relevant un peu le menton. Enfin, elle soupire – et laisse entrapercevoir l’humaine qui se dissimule sous ses regards sérieux, et ses mâchoires contractées. « Nora, je sais que ta situation est compliquée, je sais que tu as besoin de mon aide, mais.. » Elle se racle la gorge, consciente qu’aucune de ses explications ne tiendra la route – Nora aura l’impression d’avoir été trahie, et peut-être qu’elle n’aura pas tout-à-fait tort. « Je ne peux pas mentir, ça ne serait pas bon pour toi, ou pour moi. Je suis certaine qu’on peut trouver une solution, » nouveau soupir qui passe la barrière rosée de ses lèvres – c’est que la mise au point est plus compliquée à appréhender qu’elle ne le supposait, « mais tu ne peux pas me demander de faire ça. » Atteste-t-elle fermement, mains maintenant contractées autour de ses genoux repliés. N’a plus l’envie de toucher au café, ou au jus d’orange que Nora lui a pressé quelques minutes plus tôt. N’a plus franchement envie de parler non plus, alors que le jour vient à peine de se lever.

Ses lèvres s’entrouvrent un peu, et Grace glisse un faible : « Je suis désolée. », parce qu’elle l’est. Parce qu’elle l’est, vraiment. Et que ça la fout en rogne, d’être mise face au fait accompli, mais qu’elle n’a pas l’cœur à la renvoyer chier complètement.


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“Summer nights, some are dreams, some are heartaches, summer heals, some are love, some are here ☆ ☆ La bouche sèche, quand Grace s'extirpe des draps, longues jambes venant se rassembler au bord du lit, attirant son oeil avec un peu trop de ferveur. « Ah ben si, quand même. » La remercier pour cette vision agréable offerte de bon matin, déjà, à mesure que son regard, naturellement prédateur, remonte la ligne de ses cuisses, du tissu satiné tombant sur ses hanches, aux fines bretelles scindant ses clavicules délicates. N'a jamais su résister, Nora, devant une belle femme. Et de toutes celles qu'elle a eu l'occasion de rencontrer dans sa vie, il n'y a aucune concurrence qui tienne, devant la psychologue. Lui a tapé dans l'oeil dès la première où elle l'a vue, quand elle s'est laissée cueillir dans la salle d'attente de meilleur gré que prévu. Ne la connaissait qu'apprêtée, aux allures distinguées, jusqu'à ce qu'elle se retrouve sous son toit. La découvre autrement, depuis que les masses opaques abandonnent son horizon, à la laisser apparaître en première silhouette depuis des semaines. Tignasse pas encore domptée, tenue de nuit sur le dos, elle est encore plus sublime qu'à l'accoutumée et elle peine à déglutir, sur le coup, Nora. Peut-être aussi parce que ça fait bien un mois qu'elle n'a touché personne, comme ça. L'idée est saugrenue mais vient lui secouer les neurones, quand elle se retrouve à s'éclaircir la voix, prête à déclamer son discours. Sauf qu'à peine le monologue débuté, qu'elle sent déjà qu'un truc va merder. Dans la ligne affaissée de ses sourcils, sa manière de lui lancer ce ouais qui n'augure rien de bon. Tâche de ne pas se renfrogner, la brune, parce que de toute évidence, il n'y a plus le temps de reculer. Aurait peut-être dû amorcer cette discussion avant, mais n'en a franchement pas trouvé le courage, et elle s'en mordrait les doigts, si elle parvenait à formuler un regret.

Et imperceptiblement, les détails de l'expression de Grace changent, sous ses yeux. Ne s'arrête pas pour autant, à continuer jusqu'à ce qu'elle en ait terminé, silence pesant faisait suite à ses requêtes négligemment formulées. Massacre ses propres doigts dans son dos, à gratter ses paumes du bout des ongles dans un mouvement nerveux. Plus le goût de redessiner les courbes de Grace sous le tissu, pour les capturer entre ses cils histoire d'occuper quelques nuits de solitude. D'un oeil plus soucieux qu'elle l'observe s'étirer, prendre son temps pour lui répondre. Les premiers mots ne lui plaisent pas, évidemment, mais elle assume, Nora, en oscillant d'un pied à l'autre, à frotter son mollet du bout de ses orteils pour regagner une contenance. « Alors, justement, j'ai perdu un peu de temps. C'pour ça que j'te presse un peu, là. » Insolente sans le vouloir, à simplement expliquer à quel point elle a attendu, repoussé l'échéance, et comme elles n'ont pas le temps d'en discuter maintenant. Besoin d'un accord, d'un document stipulant l'exactitude de sa déclaration, de sa vérité. Ce n'est certainement rien, de trafiquer un certificat. Ni vu, ni connu, qu'elle se dit, et puis, ce n'est qu'un petit mensonge, de rien du tout. Pour avoir pris grand nombre de risques illégaux depuis l'adolescence, elle ne mesure pas vraiment l'étendue de ce qu'elle lui demande, et ne comprend pas ce mais qui la tient en haleine. Le regard alerte, captive de ce silence qui s'ensuit, elle commence à avoir les mains moites, Everdell. Dans la chambre de Grace, c'est pas vraiment l'idée qu'elle se faisait d'éventuelles sueurs, et ça la chamboule brusquement, d'réaliser que Rivers n'a pas l'air encline à coopérer.

Et le refus tombe, suivi d'explications qu'elle n'écoute que d'une oreille, d'une excuse qu'elle entend à peine. Inimaginable. En reste bouche bée, prise au dépourvu, et les nerfs se tendent à l'unisson, jusqu'à lui perforer la moëlle. « Dis-moi qu'tu blagues. » Y'a qu'ça, comme explication. Grace ne peut pas lui faire ça. Pas quand elle a déjà assuré à son avocate que ce serait fait, après en avoir elle-même suggéré l'idée, en rebondissant sur l'idée d'un certificat médical. Son joker devant Rhodes, pour ne pas repasser par la case prison, et espérer continuer son bout de chemin sans trop d'encombre. Mais Grace n'a pas l'air de plaisanter, ça transparaît dans sa posture, dans son regard. Elle ne comprend pas Nora, pourquoi diable Grace lui ferait ça. S'imagine qu'y'a un truc contre elle, tant la démarche initiale lui semble simple, enfantine, même. Pourrait s'en charger elle-même, d'ailleurs, tamponner le tout du cachet de la psychologue, imiter sa signature, dans son dos. Aurait peut-être dû, qu'elle se dit, maintenant que ça sonne comme une sentence prématurée. « Tu sais c'qui sera pas bon pour moi ? » Les dents serrées, à décoincer ses maxillaires pour articuler un :  « Retourner en taule. Et c'est c'qui m'attend, d'après Liddell. » Et ça lui file une sale envie de gerber, de l'exprimer pour de bon, pour la première fois depuis que la menace s'est annoncée. En tremble un peu de nervosité, à s'approcher sans respecter cet espace qu'elle n'a pas rompu depuis son arrivée. Vient se planter bien en face d'elle, les poings serrés, bras tendus contre son corps, prunelles claires teintées des prémices d'un orage. « Tu vas m'laisser retourner là-bas, tout ça parce que t'as pas envie de signer un putain de certificat dont tout l'monde se battra bien les couilles ?! J't'ai fait quoi, en fait, Grace ?! » Et le ton monte, inévitablement, quand elle remonte rageusement la manche qui glisse davantage sur son épaule, à mesure qu'elle s'enflamme, et se met à faire les cent pas autour du lit. « C'est même pas un mensonge, en plus. Déjà, parce que j'suis bien venue chez toi en premier, ouais, c'est chez toi que j'suis allée parce que j'étais persuadée qu'c'était le seul endroit où j'serais en sécurité. » Comme un reproche qui sort de nulle part mais qu'elle lance, sans se soucier d'être injuste. « Vrai aussi que j'suis rentrée urgemment parce que j'en pouvais plus d'rien voir. J'étais toute seule, j'étais dans l'noir, forcément, j'avais l'impression d'crever parce que c'est ma phobie, d'avoir des yeux en carton et d'rien capter, et fallait qu'je rentre, parce qu'ici, y'a qu'ici, ici, à Exeter, que j'peux m'soigner. » Vocifère et ça part en pagaille, quand la colère monte lentement mais sûrement, que sur le plateau, les couverts se mettent à trembler tout seul, vaisselle s'entrechoquant en réponse à l'émotion qui la gagne.  « Alors, tu vois, y'a rien de sorcier, y'a rien de faux, qu'du vrai, et faut qu'tu le fasses, Grace, faut qu'tu le fasses, t'es obligée d'le faire, même si j'dois te foutre un putain d'couteau sous la gorge pour qu'tu signes, j'le ferai, sache-le. » Et elle s'en arracherait les cheveux par poignée si elle ne réalisait pas, subitement, que ses doigts accrochent sa tignasse si violemment, à lui brûler le cuir chevelu. Ses bras retombent, lourdement, regard furieux planté sur la psychologue, le menton bien droit, à attendre une réponse favorable, avant qu'le contrôle ne s'égare pour de bon, quand tous les couverts s'immobilisent sur le plateau, sauf la lame scintillante près des toasts.
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( call me what you want, when you want, if you want / @NORA EVERDELL
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Ses doigts s’imprègnent de ses genoux, traces blanches laissées ici et là sur sa peau nue, alors que ses yeux expriment une sympathie rare. Sans que ses lèvres ne se relèvent, sans que ses pommettes ne rosissent. A toujours eu une certaine retenue, à vivre avec les séquelles laissées par Bobby – souvenirs qui viennent la hanter, au saut du lit, à lui foutre la gerbe, à lui donner l’envie de téléphoner à son frère pour qu’ils se barrent d’ici – et à appréhender une existence qui ne lui était pas destinée. Etrange impression qui se loge dans le fond de son estomac, à lui couper l’appétit après avoir sifflé une première gorgée de café, à penser que Grace est un mensonge – se demande si Sawyer aurait été moins dans la déontologie, et plus dans la loyauté. Une loyauté toute trébuchante, toute chancelante. N’a jamais su sur quel pied danser avec Nora, au début en tout cas, et maintenant que leur relation semble se renforcer, s’alimenter de mots qui n’ont jamais été échangés jusque-là, ce qui passe ses lèvres est acide. Sournois. En remarque les prémices dans les prunelles claires, plus claires que les siennes lui semble-t-il, de l’invitée. Autour de ses genoux que ses phalanges se crispent davantage, vent de désolation qui la fait se tendre.

Aussitôt qu’elle y pense, aussitôt que l’enfer la damne. Que Nora vienne se planter devant Grace, forte d’un venin qui lui est propre et que la psychologue n’est pas en mesure minimiser, suffisamment proche pour qu’elle ressente la chaleur de son corps. Et remarquer qu’elle ne porte vraisemblablement rien sous son peignoir. Déstabilisée, sans doute que son cœur rate un battement, sans doute qu’elle perd un peu l’nord. Sans doute qu’elle n’aurait jamais dû accepter de l’accueillir chez elle – ses propres limites sont bousillées, et elle le sent jusque dans les tréfonds de ses veines, à palpiter fort sous l’épiderme, à lui donner le tournis. A pas vouloir détourner les yeux, mais à le faire quand même. Par pudeur, par trouille de glisser, par l’envie de bien faire. Le menton s’affaisse alors, regard captivé par ses pieds nus, posés sur le plancher froid. A encaisser chaque coup sans frémir – parce qu’elle a vécu pire, parce qu’ils sont encore en vie pour en parler. Les pieds de Nora se retirent et, enfin, Grace relève le nez. Elle l’observe faire les cent pas autour du lit, mâchoires serrées afin de ne pas l’interrompre, cœur balbutiant et ombre désolée couvrant ses œillades.

Puis, en un éclair, elle n’est plus certaine de ce qu’est Nora. Grace saute sur ses pieds, lorsque les couverts s’agitent et s’entrechoquent en un concert métallique sur le plateau. Esquisse un pas en arrière, yeux exorbités. You shall not permit a sorceress to live. Première pensée qui la traverse, qui la gagne, tout en pensant qu’ce n’est pas vrai, que ce n’est pas possible. « Alors, tu vois, y'a rien de sorcier, y'a rien de faux, qu'du vrai, et faut qu'tu le fasses, Grace, faut qu'tu le fasses, t'es obligée d'le faire, même si j'dois te foutre un putain d'couteau sous la gorge pour qu'tu signes, j'le ferai, sache-le. » Elle sursaute, en réponse, esquisse un nouveau pas en arrière. L’espace d’un instant, la fuite lui semble être la meilleure solution – la seule, à vrai dire, alors que les couverts s’immobilisent, mais que le couteau continue de frémir. Croise les bras en travers de sa poitrine, paumes arrimées à ses épaules en posture défensive. N’est plus certaine de ce qu’elle voit – de ce qu’elle a cru y percevoir, du moins. I’m fucking losing it. Et ça tape, et ça mord, et ça lui fait peur. Effroi qui couvre ses avant-bras de frissons déstabilisants, alors que ses lèvres tremblent, gorge serrée, incapable de prononcer quoi que ce soit de cohérent. Les pensées s’entremêlent, et elle se recule davantage, dos qui rencontre le mur et contre lequel elle se repose. Suffisamment loin de Nora pour réfléchir, cogiter. Prunelles toujours rivées sur la lame du couteau.

Et puis, c’est la négociation qui prend l’avantage – sur tout, vraiment. Sur l’instinct de préservation, sur ses protestations naissantes, sur ce qui fait vibrer l’être et suffoquer l’âme. « J’te signe ton certificat, si tu m’dis la vérité. » Dévisse enfin son regard ahuri du plateau jusqu’à la silhouette longiligne de Nora qui, les doigts fourrés dans les cheveux, est aussi à deux doigts d’perdre la boule. Et peut-être est-ce ça, la putain d’maison de fous dans laquelle les Malone ont grandi. Et peut-être que c’est ça à quoi elle a échappé. Comprend Ambrose, dans le fond – si ça tenait à elle, elle foutrait le feu au plumard et laisserait Nora cramer sans se retourner. « C’é-c’était quoi, ça ? » De l’index tendu (sorcière, sorcière, sorcière), elle désigne le plateau. « T’as fait quoi, avec les couverts ?.. pourquoi..pourquoi ça..putain, j’perds la tête, » it runs in the family, ses paumes couvrent ses oreilles, alors que ses paupières se ferment jusqu'à l'en faire grimacer de douleur. « J’perds la tête, je perds la tête. » elle suffoque, mais se redresse, toujours bien calée contre le mur qu’elle n’a pas l’intention d’abandonner – de peur de déclencher les foudres de la sorcière, ou de ce qu’elle prétend être. N’en a plus rien à foutre, elle l’a décidé – mais c’est faux, et elle n’a pas suffisamment de foi pour ne pas se sentir déchirée par ce à quoi elle vient d’assister. Que ce soit l’instrument du malin, ou d’une créature divine, elle n’en a cure. Le spectre de l’inquiétude épousant sa peau en une étreinte épouvantable, le silence vient l’étouffer. A bien conscience de la menace qui presse sa nuque, Nora se faisant à la fois juge et bourreau. Alors, elle le répète, d’une voix plus claire. « Dis-moi la vérité, tu m’dois la vérité. C'était quoi, ça ? » Et si j’signe ton certificat, et si t’es un putain d’monstre, j’veux plus jamais te revoir.


par non uccidere.

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“Summer nights, some are dreams, some are heartaches, summer heals, some are love, some are here ☆ ☆ Ne s'attendait pas à ça, Nora. Cette réaction-là. Lui semble que Grace est suffisamment solide, d'ordinaire, et elle capte pas immédiatement ce qui pourrait la pousser à bondir comme ça. N'a même pas encore formulé de menace que la psychologue semble chercher à mettre un maximum de distance entre elle. Y'a rien qui lui plaît, dans cette fuite, dans cette posture. C'pas Grace, ça. Pas la femme chez laquelle elle est venue demander asile, en songeant qu'elle serait en sécurité sous son toit. Sous son influence, aussi, qui l'impressionne toujours un peu, mine de rien. Affaire de prestance naturelle, de charisme inné. L'genre avec lequel la belle est sûrement née, ou qui lui a été inculqué suffisamment jeune pour que ça sonne vrai. Aurait aimé savoir le feindre avec autant d'authenticité, Everdell, mais faut croire qu'elle-même a trop traîné dans la crasse jusqu'à l'âge adulte pour qu'ce soit un terrain sur lequel elle donne mal le change. A pourtant tenté, durant l'enfance, de s'imprégner de cette classe naturelle dégagée par Larry Calloway. C'qui laissait immédiatement deviner qu'il s'agissait d'un homme aisé, éduqué. Pas n'importe qui. Voulait pas non plus être n'importe qui, Nora, déjà du haut de ses sept piges. Finit pourtant toujours par laisser la vraie nature affleurer la surface, peu douée pour contenir ses nerfs. Et putain d'merde, ça fait reculer Grace Rivers, et ça, elle l'a pas vu venir. « Qu'est-ce-que tu fous ? » Peut pas s'retenir de le lui demander, à la voir aussi paniquée, à n'rien sentir de ce que son don a pu réellement déclencher. N'a pas dit qu'elle allait la planter, non plus, juste la menacer d'une lame. Serait bien incapable de l'égorger, même si elle le souhaitait. Et c'est pas c'qu'elle veut, loin de là. Use juste de mots durs, en espérant obtenir gain de cause, comme ça. Mais ce n'est pas la menace qui tétanise Rivers, c'est ce qu'elle réalise en suivant son regard.

Le voit, le couvert encore fébrile, autant que ses propres veines. Merde. Comprend toujours pas pour quelle raison Grace se retrouve aussi mortifiée, quand aux yeux d'Everdell, ça semble pas bien dangereux. A tant évolué dans les couloirs blancs, auprès des quatre autres, à les voir user de leur don quand l'ordre était donné, qu'aujourd'hui il semblerait que rien ne puisse réellement l'épater. Pas après avoir entendu la voix d'un autre dans sa tête, contemplé des flammes danser entre des phalanges, ou vu des cornes, des putain de cornes fracturer le crâne de quelqu'un en s'en extrayant. Immunisée à c'genre d'événement, oublie peut-être parfois que c'est pas la norme de tout le monde. L'a pourtant avertie, Larry, depuis toute môme, que c'était le genre de chose que tous ne pouvaient accepter, tant que le mécanisme logique n'avait pu être démontré. C'est pourquoi il était si important de se plier aux expérimentations. Pour la science. Ce à quoi l'homme voue toujours sa vie. Il lui semble enfin comprendre ce qu'il voulait dire, par là, en voyant l'air déphasé de Grace. Pire que si elle venait de voir un mort revenir à la vie - la seule chose que Nora pourrait trouver affolante, aussi. Alors, quand Grace exige la vérité, elle n'sait pas trop si elle a envie de la lui donner.

D'autres seraient moins compréhensifs que moi. Contre son crâne, les mots de Larry ricochent. Et elle n'a pas envie que Grace la regarde comme ça, à pointer sa bêtise du doigt, en lui demandant des explications. Acculée, la brune, essaye de canaliser sa concentration sur ses doigts qu'elle tord, plutôt que sur le cliquetis incessant sur sa droite. « La vérité sur quoi ? » Effrontée qui ne se refera pas, sourcils haussés, l'air de ne pas comprendre. Ne peut trop en dire, alors, elle tente, même si elle le sait, qu'à la clé, y'aura son putain de certificat. Et p'tetre que ça la met mal à l'aise - quelle sensation étrange - de voir Grace murmurer pour elle-même, esquisser ce genre de geste. Pourrait se radoucir, Nora, là, immédiatement. Sent toute hargne se suspendre, à la voir comme ça. Voudrait la rassurer, s'approcher, la toucher, lui dire qu'y'a rien qui déconne, chez elle. Faut l'accepter, c'est tout, mais elle ne perd pas la tête. Peut pas perdre la tête. Sans que Nora la perde à son tour.

« Grace. » Le ton claque, fébrile. Tremble encore, Everdell, en venant serrer ses bras sur sa poitrine, avant d'esquisser quelques pas dans sa direction. N'a jamais su se tenir à distance, et y'a bien que quand Grace se redresse qu'elle s'arrête brutalement. Sent bien qu'il n'en faudrait pas un de plus, sans réellement comprendre ce qui pourrait se passer. N'a pas très envie de tester, dans les circonstances, et elle s'immobilise les deux mains levées devant elle, comme lorsqu'il s'agit de se rendre. « Ben, c'était moi. » Le dit comme ça, parce qu'elle ne saurait pas comment l'exprimer autrement, prise à vif. « Ça. C'est moi. » Et ça mérite pas qu'tu me regardes comme ça. Vraiment pas. C'est elle, saurait pas le dire autrement, ça fait partie d'elle. Comme elle avouerait avoir renversé la moitié du sachet de café dans la cuisine tout à l'heure. C'est elle. Et ça l'énerve, de plus belle, parce qu'y'a le certificat à rédiger, à signer, et qu'à sa manière de la jauger, elle a pas franchement l'impression que Grace va le faire. « Pas la peine d'en faire un drame, en fait. » Même quand le couteau continue à osciller lentement, sur le plateau. Ne l'fait pas exprès, Nora. N'a pas envie d'utiliser ça sciemment, depuis qu'la dernière fois lui a coûté trois semaines de cécité. Alors, et parce qu'elle songe qu'elle n'a de toute manière rien à perdre, elle s'approche. S'fout bien que Grace proteste, car à la voir aussi effrayée qu'ça, elle s'dit qu'elle a p'tetre l'ascendant, cette fois, bien au-delà de la relation professionnelle établie. « C'est rien d'fou, j'comprends vraiment pas ton délire, c'est rien d'autre que moi ? » Se poste bien devant elle, Nora, à incliner la tête sur le côté, essayer de capter son regard, quand ses mains n'ont de cesse de se tendre, de se fermer, et de se réouvrir. « T'as peur de moi ? » C'est ce qu'elle a sur le bout de la langue depuis que Grace s'est levée comme ça, et ça lui fait mal, au fond du poitrail, de prononcer ces mots-là. Et les moins compréhensifs pourraient être cruels. Se l'demande, Nora, si Grace pourrait être de ceux-là. Être cruelle. Parce qu'elle a l'impression de crever sous son regard et qu'elle avait jamais ressenti ça, avant. Y'en avait pourtant bien eu quelques-uns, des moins compréhensifs, dans sa vie. Son père, d'abord. Des élèves de sa classe. Des filles, en taule. Rien d'insurmontable. Pourtant, de comprendre que c'est elle qui fout les jetons à Grace, putain, ça la dévore, là, sous les côtes.

Pourtant, elle n'est pas foutue de reculer, Nora. Parce que l'urgence n'est pas de rassurer Grace, quand les minutes défilent. L'urgence est de ne pas retourner à l'ombre. Alors, elle reste là, menaçante dans sa seule présence, à relever le menton pour articuler froidement : « Je t'ai dit la vérité. J'ai pas menti. » Les mâchoires se crispent, alors que les yeux se mettent à briller, que le regard s'évertue à ne pas papillonner, mais à rester bien ancré sur Grace. « Maintenant, mon certificat. Et après ça, j'me casse de chez toi, t'en fais pas. »
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( call me what you want, when you want, if you want / @NORA EVERDELL
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Ne se souvient pas de Bobby comme étant un homme particulièrement dévot. Encore petite, Grace avait accueilli Dieu avec ferveur – à vouloir échapper aux Rivers, qui l’effrayaient, et à Colt, qui la répugnait. Lippes scellées, à suivre les préceptes sans toujours bien les comprendre – à vouloir les maîtriser jusqu’à s’en sentir malade, à se concentrer sur ces bribes d’apprentissage, à s’y retrouver dans certains passages bibliques, à vouloir y alimenter certaines comparaisons pour… pour quoi, au juste ? Se sentir moins seule. C’était donc ça, qui la motivait. A se raccrocher aux branches avec les moyens du bord, même chancelants, à se demander si Cain aimait Abel – s’il l’aimait vraiment, malgré tout.

Doigts entrecroisés, Grace (sois putain de bénie) a cependant toujours eu un certain recul sur le monde environnant. Persuadée de l’existence de Dieu, mâchoires toutefois serrées à la moindre mention de paranormal. Foutaises, d’après elle. A toujours trouvé une explication cohérente, rationnelle surtout, aux petites anomalies du quotidien. N’en trouve aucune, à l’instant où les mots appris quelques dizaines d’années auparavant dégueulent maintenant une vérité absolue. Ne croit que ce qu’elle voit – et, malgré la nuitée écourtée, sait ce qu’elle a vu. Des couverts qui s’entrechoquent au gré des humeurs de Nora, suivant sa bonne volonté, à moins qu’il n’y ait aucun contrôle derrière les bruits métalliques. Et Grace, forte d’un an en sa compagnie (bien que ponctuelle), penche pour la seconde option. L’assimilation de ce qu’elle voit, à ce qu’elle croit, lui soulève l’estomac. So, this is it ? Si l’écho de la sorcière se répercute derrière ses paupières qui papillonnent, elle n’est pas en mesure d’ignorer ce doute qui se pointe. Qui lui donnerait presque envie de s’avancer, alors qu’elle ne fait que reculer, omoplates logées contre le mur.

Nora lui parle, ne comprend certainement rien. Grace voit ses lèvres se mouvoir, et elle, se rapprocher. Intensifie son contact pressant contre le mur, à vouloir s’y fondre pour lui échapper. Le cœur bat, lourdement, et lui donne l’impression de s’engouffrer dans son estomac. Réalisation soudaine d’être en mauvaise posture, elle ne dit rien, attend que la damnée s’insurge. J’comprends pas, c’est rien d’autre que moi. Rivers la croit, dans l’fond. Ça a toujours été Nora – rien d’autre que Nora – et ça, elle en est persuadée. Pas besoin d’un certificat, d’une preuve irréfutable, pour en avoir conscience. Grace qui ne voit rien, qui ne considère que ce qui l’arrange. Incapable de formuler une réponse qu’elle babille, et ravale tout ce qu’elle voudrait lui dire – lui demander. Mais qu’est-ce que t’es, au juste ? Devine que la question ne sera pas bien accueillie par la brune, toujours lotie dans son peignoir (bouge de là, c’est mon peignoir), éclat d’incompréhension vrillant ses prunelles curieuses. Parce que Grace y décèle de la curiosité, et peut-être un brin de chagrin. Ou peut-être se fait-elle des idées car, à l’évidence, Nora est décidée à avoir ce qu’elle veut. Rien que de la véhémence réprimée, calée derrière les yeux qui n’ont jamais été spécialement innocents – mais que Grace se sent incapable de soutenir.

Déjà beaucoup trop de choses qui s’établissent comme porteuses d’un évangile dangereux. La gorge se serre, elle voudrait se l’arracher pour échapper à la douleur qui ankylose sa langue, et engourdit le gosier. Jambes qui, vaillantes par habitude, ne demandent qu’à s’affaisser sous son poids. Pensées qui tourbillonnent également, qui obsèdent jusqu’aux prémices de la folie, qui tournent en dérision chaque moment qui se voulait complice. Nora se rapproche, « T'as peur de moi ? » Regards qui s’alignent enfin – brièvement seulement, rupture poussée au vice par Grace qui s’en sent encore incapable. Plus envie de parler, plus envie de la regarder. Aucune moindre mesure, aucune hésitation dans son refus catégorique de lui octroyer une réponse qui pourrait, si seulement, leur épargner un monde d’amertume. L’affliction est nécessaire cependant, le temps que l’information soit considérée, appréhendée. Acceptée. If only, God, if only. Le ton froid de sa vis-à-vis lui arrache un long frisson, perpétuée jusqu’à la naissance de sa nuque où l’explosion s’orchestre, et la déstabilise. « Je t'ai dit la vérité. J'ai pas menti. » Le venin l’ébranle – au niveau du cœur, sans comprendre pourquoi. Sans vouloir ressentir, ou savoir.

Alourdissement des sens, au profit d’une relation qui, sans être idyllique, lui a beaucoup appris. Les mots refusent de sortir, et Grace s’étrangle avec ses jolies phrases. « Maintenant, mon certificat. Et après ça, j'me casse de chez toi, t'en fais pas. » Possédée, certainement, que Grace acquiesce et, à l’instar d’un automate, s’attèle à la tâche. Refuse de la regarder, refuse de la considérer (you have a witch in your home, you dumb bitch), tandis qu’elle s’installe derrière son bureau, à empoigner stylo et feuille immaculée. Appliquée à retranscrire ce que Nora vient de lui dicter, à user des bons mots, de ceux qui tapent dans l’mille, qu’elle en vient à oublier l’angoisse qui enveloppe le myocarde en une étreinte funeste. Lunettes réhaussées sur l’arête du nez, qu’elle comprend enfin qu’à tout vouloir, elle finit par se perdre sur un chemin qu’elle n’aurait jamais imaginé emprunter. « Ce serait préférable que tu changes de psy. » Qu’elle souffle, à puiser dans ses dernières ressources afin de ne pas s’effondrer. C’est dans le buste que ça lui donne l’impression de crever. Veut pas savoir, veut pas comprendre. Trop d’heures passées à ses côtés, relation qui s’étiole sans qu’elle ne l’ait prévu. Ne prévoit pas de la rafistoler non plus – pas après ce qu’elle a vu, du moins, ce qui ne manquera pas de la hanter de jour, comme de nuit. « Je vais contacter quelques personnes, » juron murmuré qui s’échappe d’entre ses lippes lorsque le revers de sa main droite barbouille l’encre du stylo, signature apposée sans hésiter, « en attendant, efface mon numéro, » Elle se redresse, papier glissé entre ses doigts qu’elle tend à bout d’bras à l’ancienne taularde. Se permet de la toiser, une dernière fois. Pour la forme, qu’elle se dit. Pas pour se souvenir de ses moindres contours. « et n’essaie plus de me recontacter. T’en as assez fait, avec tes menaces et tes intimidations. Et.. » sorcière, sorcière, sorcière – yeux qui s’égarent loin, se perdent sur le plateau, « tout ça. Barre-toi. » Le ton est sec, le venin tapisse la langue, alors qu’elle croise les bras contre sa poitrine. Dernier geste de défense – refuse le dialogue, refuse de la voir s’approcher.

Pourrait bien la brûler aussi,
Pourrait bien suivre l’exemple du frère,

C’est c’qu’on fait quand on veut s’débarrasser d’un désagrément.

Et ça pourrait la faire chialer, ça, alors qu’elle n’a pas pleuré depuis longtemps. De penser à Nora comme l’on pense à une vermine, à un truc que l’on écarte facilement d’un revers de main.

Mais c’est pas l’cas, et sans doute que ça l’a jamais été.


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