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 not yet corpses, still we rot (nox)

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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:55, édité 1 fois
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not yet corpses, still we rot
Il fixe le liquide ambré. Se noie les yeux dans ses bulles. Perdu, absent. Déconnecté. Il n'entend pas le brouhaha qui l'enveloppe dans une ambiance qu'on voudrait décontracté. Nox n'est pas spécialement tendu pour autant. Plutôt ailleurs. Il repense à ses rêves de la nuit passée. Pourquoi ne sont-ils plus aussi clairs qu'avant ? Il lui semblait si simple, autrefois, de les décrypter, les assembler, arborer un puzzle fièrement sorti de nulle part. Il fait tourner le verre entre ses mains. Dans les reflets ocres, deux corps qui se pressent, s'enlacent, s'unissent. Noximilian n'a même pas été capable de dire de qui il s'agissait. Il revoit parfaitement l'étreinte, pourtant, encore gravée dans son subconscient. Comme s'il rêvait tout éveillé, le loup. P't'être même qu'il s'agissait du sien, finalement. Il n'a pas bu depuis au moins une demi-heure, ne sent pas le regard curieux du barman qui le fixe, se demandant sans doute sur quelle planète il est parti. Il n'a pas tant bu, pourtant. Ou peut-être est-il venu déjà alcoolisé dans son bar ? Mais les yeux du tenancier se reportent bien vite sur une autre silhouette qui s'approche. Ces silhouettes qu'on aimerait toucher, frôler, avoir pour soi. Mettre là dans son lit, comme un trophée. Ces âmes sauvages qui n'appartiennent, définitivement, pas à notre espèce. Mais la dame n'a que faire de lui, derrière son comptoir et il repart essuyer quelques verres, sans doute l'âme en peine. Nox n'a rien remarqué, toujours absorbé. Il revoit les images, là directement projetée par la liqueur amnésiée. Un courant d'air vient là se poser sur sa nuque, y relevant les poils dressés tout le long de son échine quand il essuie un frisson qu'il ne saurait qualifier de dérangeant ou délicieux. Bonsoir, shérif. Cela suffit à le sortir de sa torpeur. Il reconnait la voix sans mal, bien que cela fasse plusieurs semaines - mois ? le temps lui semble si distordu - qu'il ne l'a pas entendue. Elle dégage un type posé près de lui qu'il n'avait même pas remarqué, trop absorbé par le néant. Ce dernier fait mine de s'opposer à cette décision qui le concerne sans pourtant lui être volontaire, et Nox observe Nora lever la voix. On n'a pas envie de l'affronter, Nora. Ou peut-être que si, mais différemment. Elle vient s'installer près de lui - trop près, ou pas assez - et l'animal se redresse, reprenant pied avec la réalité. Nora, souffle-t-il simplement en guise de salut, laissant son prénom glisser entre ses lèvres comme une invitation. Il esquisse une grimace dans laquelle on devine un sourire. Elle le titille sur son âge, et pour Nox, c'est important. C'est souvent à cause de ça qu'il l'a repoussée. Trop vieux pour elle. Ou trop jeune pour lui. Peu importe. Quand on a passé la barre des dix ans d'écarts, pour lui, c'est presque de la pédophilie. Mon âge ne t'a pas toujours dérangée, pourtant, je crois. Sourire pré-victorieux.

Il aime bien jouer avec les allusions, provoquer sans trop se mouiller, rentrer dans un jeu tout en gardant les issues de secours à portée de mains. C'est ce qu'il croit toujours, Nox. Qu'il maîtrise la situation, qu'il contrôle. Alors qu'elle commande, il fronce les sourcils et attrape son bras, un peu trop fermement peut-être. Soif d'autorité, Griffin ? Tu te crois où ? J'me souviens pas t'avoir invitée, qu'il réplique, toujours avec ce sourire provocateur suspendu à ses lèvres. Il attrape une gorgée de son propre whisky - on a bien entendu dans sa voix qu'il n'est pas contre sa présence, pourtant. Même s'il sait très bien qu'il s'en mordra les doigts. Ou peut-être peut-il se comporter en être normal, pour une fois ? Faire taire l'animal, les faims - parce qu'il y en a plusieurs qui se contredisent, des faims, surtout en présence de la petite Everdell. Il affermit la prise de son fessier sur le tabouret, cherchant déjà une nouvelle pique, une nouvelle attaque. Il se sent d'humeur joueuse ce soir, Nox. Elle tombe bien finalement, Nora. Mais plus que ça, il a envie de gagner. Et contre elle, cela ne s'est encore jamais vu en dix ans de rounds. Son pied effleure son mollet, bon sang. Il enfonce son regard clair dans le sien avec une détermination qu'il ne possède pas. Nox, il est sensible. Au moindre effleurement, à la moindre intonation un peu doucereuse. Il la fixe avec, déjà, du feu au fond de ces yeux glacés. Hmm, attends que je réfléchisse. Il fait mine d'hésiter, détourne même le regard comme pour tenter de la vexer - il lui en faut plus, pourtant, il le sait. Il la connait, au fil de la dernière décennie à la repêcher derrière les barreaux, à la faire quitter son lit à l'aube, quand la honte revient lui courir le long de la colonne. Il prend une nouvelle gorgée. J'ai à peine remarqué ton absence. Il lui offre un sourire carnassier. Pourtant, il ment avec subtilité. Son absence, il l'a remarquée, courant même le poste pour savoir si elle n'était pas enfermée de nouveau. Tu faisais l'ermite ? demande-t-il, cachant sa curiosité derrière un regard nonchalant. Pourtant, on pourrait presque saisir l'inquiétude malicieuse se glisser dans ses mots. Et si elle avait des ennuis ? Il se penche soudainement vers elle, posant ses doigts sur son avant-bras. Il détaille son visage, ancrant avec intensité ses pieux azuréens dans les siens. Il joue au grand, Nox. Sans doute a-t-il pourtant bien moins d'assurance que la demoiselle. Ou peut-être que... tu as trouvé un autre vieux pour te couvrir ? Nouveau sourire carnivore. Pourtant, clairement, la jalousie prendrait le dessus sur ses provocations innocentes s'il s'avérait qu'il touchait juste. D'où peut-il se permettre pareil sentiment, d'ailleurs ? Mais Nox est un animal. Nora est sa proie depuis si longtemps - croit-il, alors que les rôles sont bien inversés pourtant - qu'il ne voudrait pas la partager. Qu'il ne voudrait pas qu'elle le remplace. Il hausse les épaules, comme si la réponse lui importait peu. En tournant la tête pour récupérer son verre, il le finit et croise le regard du barman. Curieusement posé sur eux, comme suivant de près leur échange même s'il ne peut certainement pas les entendre clairement. Le visage de Nox se tend un peu. Qu'est-il en train de s'imaginer, lui ? Qu'il est un vieux pervers draguant une jeunette ? Est-ce qu'il est en train de le juger, ou de l'envier ? Le regard dérange l'homme, qui détourne immédiatement les yeux. Mais le flic le rappelle d'un claquement de doigts absolument insupportable pour du personnel. Il désigne son verre, pour en recommander un autre. Lui qui pensait passer par là, boire son coup et rentrer directement pour tenter de trouver un repos déchiré par les rêves et les angoisses, finalement, il va s'attarder un peu ici. Quel délicieux hasard l'a placée sur son chemin ce soir. Fixé droit devant lui en attendant son whisky, sa jambe vient juste se décaler pour rencontrer celle de Nora. Provocation silencieuse. Le pion timide qui avance sur l'échiquier. Lui aussi peut jouer. Lui aussi peut miser. À peine effleurée la sienne, sa jambe se remet à sa place. J'espère que ta soirée est libre. Tu t'es imposée, j'compte bien ne pas te laisser partir de sitôt. Sourire lumineux-obscur, teinté d'allusions sans savoir les assumer pourtant.
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not yet corpses, still we rot
Ce qu'elle peut être agaçante. Il fait grincer ses dents. Tiens, ça lui aurait presque manqué, cette obsession à toujours le contredire, quoi qu'il dise. Jeu d'enfant, sûrement. Justement, j'ai un rendez-vous bientôt pour les faire réviser, avec tout l'baltringue des vieux tu sais, la prostate, tout ça, qu'il rajoute avec un sourire carnassier sur le visage. Il a bien remarqué ses phalanges blanchissantes. S'en moque, Nox. Il a toujours éprouvé le besoin d'être un peu violent, avec elle. Pas la laisser croire qu'elle contrôle tout - qu'elle le contrôle, lui. Pas l'choix. Il l'a pas lâchée pour autant et bizarrement, elle ne lui a pas (encore) collé son poing dans la figure. Faut pas qu'elle puisse penser qu'il va se laisser faire, Nox. Qu'il est son pantin, son esclave, à être là quand elle a besoin. Chaque chose a un coût. Elle s'agite devant lui, se pavane. Il l'observe, l'air indifférent. Elle a une assurance telle que c'est parfois déstabilisant. Mais Nox n'en montre rien. Il se contente de la fixer faire son petit manège, mimant très bien l'ennui quand au fond de lui, il se délecte du spectacle. Il s'est penché vers elle, elle tend le menton et il lui adresse un sourire amusé, presque vexant. Que croit-elle ? Qu'il est si simple de l'avoir, de le charmer ? Dieu qu'elle a raison, au fond. Si faible, Nox. Toujours à tomber dans les pièges des gamines, les plus cruelles, les plus habiles. P't'être qu'il n'a pas peur de foncer, avec elles, parce qu'elles n'attendent pas de lui mariage et gamins. Pris au piège à son propre jeu, le Griffin. Il serre les dents parce que bien sûr, que ça le dérangerait si elle avait trouvé meilleur partenaire à se mettre sous la dent. Possessif, d'une façon plus tordue que ce qu'on oserait croire, il grimace en haussant les épaules. Il mime l'indifférence, mais on peut voir sous son sourire mesquin la revanche d'une jalousie taboue. Oh, vraiment ? Chouette ! Enfin débarrassé de toi. Il se permet même de rire, assassin. Il se demande si c'est vrai, même s'il craint simplement qu'elle ne profite de l'occasion pour l'enfoncer un peu. Ils ont toujours eu cette relation malsaine. Si ça m'emmerde ? qu'il répète en se tournant cette fois franchement vers elle. Il attrape son verre, s'en sert comme d'un bouclier pour mentir, encore et toujours. Là de suite pourtant, il lui ferait bien l'amour. Mais ça serait céder. Encore. Pas vraiment. Mais j'suis certain que tu t'ennuierais, avec les autres. Y en a pas beaucoup qui accepteraient de se mouiller pour ton minois, dénonce-t-il en sortant des crocs aiguisés pour parfaire son attaque. Il range sa jambe, maintenue brièvement contre la sienne. Pour la titiller. Parce qu'il sait très bien, Nox, qu'il est pas le seul à danser sur le fil tendu au-dessus du vide.

Il reporte son attention sur le barman. Remarque avec satisfaction que celui-ci, visiblement, n'ose plus les regarder. Parfait. Il n'a pas besoin d'être observé et fliqué ici. Pas ce soir. Il n'en a pas envie. Son côté paranoïaque le pousse pourtant à se retourner, effectuant un bref coup d'oeil sur les alentours. Personne ne semble faire attention à eux - encore plus dangereux, comme situation. S'il a le champ libre, Dieu sait ce qui pourrait retenir la bête qui sommeille en lui comme un monstre tapi sous le lit. Ses doigts escaladant son coude le ramènent vers elle et il pose un regard profondément intense sur son visage. Il la fixe sans lui répondre, l'écoutant d'une oreille distraite, bien plus concentré en vérité sur le chemin que sa main dessine, de son bras à sa nuque. Il serre les dents un peu plus. Ses iris clairs se risquent, une micro seconde, à descendre sur ses lèvres. Il remonte les ancrer dans ses prunelles. Elle sait parfaitement, depuis le temps, comment agacer ses nerfs, les user, comment faire pour qu'il cède, pour qu'elle ait, finalement, ce qu'elle désire. Mais cela serait mentir que de dire qu'il ne le désire pas lui aussi. Il tente de se concentrer sur autre chose. Cette faim-là, qui le tenaille au creux de l'estomac. Faim qui se tait, pourtant, migrant vers une autre famille se logeant dans la caverne de ses reins. Nox n'sait plus vraiment, s'il a faim, de quoi ou de qui. Il lâche un rire bref, moqueur. Pour garder contenance. Je sais que ça a toujours été ton fantasme, les menottes, Nora. Sa voix s'est faite plus basse, prédatrice à son tour, vibrante presque.
Mais elle poursuit. Il finit son verre une nouvelle fois, alimentant son gosier avec la chaleureuse brûlure de l'alcool pour se concentrer sur autre chose. Fais signe au barman, de nouveau. En recommande deux. P't'être que la saouler un peu la fera ralentir. Parce qu'à ce rythme-là, Nox, il va pas faire long feu. Les verres se posent sur le comptoir devant eux dans un délicieux fracas et c'est là qu'il sent la main se poser sur sa cuisse. Il se crispe tout entier, Nox. Tourne vers elle un regard presque mauvais. Pas ici, grince-t-il en attrapant sa main pour la dégager de là. Mauvaise réponse, Griffin. Il aurait fallu dire non. Pas ici, ça suggère qu'ailleurs, c'est oui. Il a bien senti. Le frisson inexorable qui s'est glissée de l'intérieur de sa cuisse jusqu'à son sternum, remontant le long de son échine comme un frisson d'horreur. Pourtant, sa main, il la maintient dans la sienne un court instant - de trop. Il la fixe avec cette agressivité au bord des lèvres et des yeux, avec l'envie soudaine de lui briser quelques doigts - de frustration, d'agacement et, finalement, de ce désir malsain qu'elle fait naître en lui comme un brasier. Il la lâche avec insolence, la mâchoire serrée. D'un geste brusque, il attrape le dessous de son tabouret pour le tirer d'un seul coup vers lui. Les plateaux en bois se rencontrent dans un bruit confondu par le brouhaha de la salle. À cet instant, finalement, il se fiche de savoir si on le regarde. Plus grand chose à perdre. Il la fixe comme s'il allait la dévorer. Dans tous les sens du termes et elle ne peut imaginer à quel point le sens propre de ces mots pourraient lui être fatal. Ses jambes viennent écarter subtilement les siennes pour s'y placer en quinconce.  Son genoux imposant contre le sien, c'est à lui de venir poser sa main à plat sur celui-ci, l'entourant de toute sa surface. Il serre un peu, ses doigts alternant entre quelques caresses à peine dévoilée sur l'os de son genou, parfois ses doigts se refermant en étau sur celui-ci. Il se penche vers elle. Encore un peu plus, encore un peu trop. À quelques centimètres de son visage, il murmure d'une voix rauque : J'savais pas que je t'avais manqué autant que ça, Nora. On peut vite régler ça, tu sais. Comme une menace. C'est ça qu'elle veut ? Nox en serait soulagé, c'est vrai. D'savoir que même s'il est plus shérif - terrible vérité qu'il a du mal à assimiler parfaitement - elle pourrait encore avoir besoin de lui. Peu importe si c'est seulement pour satisfaire des besoins bestiaux. Nox a besoin de croire qu'il peut servir à quelque chose. Ses lèvres s'étirent lentement. Sourire provocateur, regard hypnotisant. Elle n'est pas la seule à avoir des armes. Pas la seule à savoir les utiliser. Pas la seule à vouloir la pousser à bout.
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" run me like a racehorse "
Tu m'connais par coeur. Il sait pas si elle est sincère ou si elle se fout de sa gueule. Toujours dur de savoir, avec Nora. Il part pour la deuxième option. Ils s'envoient tant de vacheries qu'à ce jour, il est quasiment impossible d'imaginer qu'elle puisse être sincère. La sincérité n'a pas de place entre eux, n'en a jamais eu. Elle a l'air presque surprise lorsqu'il la renverse presque. La rapproche de lui, de façon inattendue. Même pour lui, c'est spontané, pas habituel. Là tout de suite, il ne pense même pas aux regards. Pourrait-on le reconnaître ? Sans son uniforme, ses cheveux détachés, un peu emmêlés. Il la fixe comme si ses yeux pouvaient, simplement, la dévorer sur place. Elle sait pas c'qu'elle réveille en lui, Nora. Non, elle n'sait pas. Lui non plus, il n'veut pas trop savoir, finalement. Peut-être que là, ça le dérangerait vraiment. Elle renvoie une attaque. Aura-t-elle toujours la force de se battre ? N'en aura-t-elle jamais assez, jamais marre ? Nox espère à la négative, clairement. Il lui faudrait trouver un autre passe-temps, une autre obsession à se mettre sous la dent. Putain, elle est bien tombée, ce soir. Déterminé à boire jusqu'à plus voir, il a trouvé encore bien meilleure drogue pour s'anesthésier le cerveau. Il a plus envie, Nox. De penser, de ressasser. Plus envie d'rien sinon de se gorger jusqu'à même plus savoir marcher. Plus envie d'rien sinon se perdre dans ses grands yeux sauvages jusqu'au bout de la nuit. Pour oublier qu'il est bon qu'à ça. Sortir les crocs, montrer les griffes. Attirer à lui, déchiqueter à n'en plus finir. Hausser la voix, menacer d'yeux-tonnerre. D'ailleurs, il a comme un tic qui agite sa lèvre supérieure. Qui se soulève par tremblements irréguliers. Il soutient son regard narquois, laisse sa voix glisser sur lui comme il aimerait ses mains le couvrir. Ne se défile pas, enrôlé dans un jeu bien plus grand qu'lui, finalement. Bien trop complexe. Un labyrinthe dans lequel il s'est paumé y a d'ça une dizaine d'années, quand il a croisé le regard d'un chien battu enfermé dans une cellule grise. Pourquoi a-t-il ralenti ? Elle l'appelait si fort, ce jour-là. Pourquoi a-t-il rebroussé chemin, dans ce couloir crasseux qu'était encore le commissariat d'Exeter ? Et croiser ce regard, qu'il a immédiatement voulu posséder. Dévorer, de toutes les façons possibles. Il ne se l'avoue pas vraiment, Nox. Qu'y a eu cette décharge, déjà. À l'époque elle avait quoi, à peine dix-huit piges ? Il s'était trouvé sale, il s'était trouvé coupable. Pourtant, il l'avait sortie de là. Et les autres fois aussi. Il était presque prêt à jeter l'éponge, finalement. Fallait qu'elle l'allume, l'incendiaire. Il a beau s'chercher des excuses, Nox. Sûrement qu'il serait au même point quand même. L'attaquer, toujours. La jeter, toujours. Et revenir vers elle, toujours. Putain de cercle infernal. Il lui offre un sourire dérangeant, là sous son minois de poupon. Aux femmes ? Oh, pardon. C'est qu'avec toi, j'ai tendance à oublier à quoi je m'adresse. Clin d'oeil poussé, vicieux. Il a envie d'être mauvais, ce soir. Il a envie de creuser là où y a déjà des plaies. D'en créer d'autres, même petites, qui piqueront tout de même au réveil. Quand l'anesthésie sera passée. Sait plus vraiment s'il parle d'elle. Ou de lui. Ces blessures, toujours plus grandes, toujours plus profondes. Toujours plus venimeuses. Il surprend l'oeillade jetée par-dessus son épaule. Il plisse les yeux. L'observe avec minutie. On t'surveille ? Ton amant est dans l'coin, tu veux pas qu'il te surprenne ? Rire léger et fracassant pourtant. Il rit qu'à moitié. Elle se cambre, se penche. Lui avoue qu'il lui a manqué autant que ça. C'est ça. Nox ne lui accorde même pas le bénéfice du doute. Il sait que ça aussi, ça fait partie du jeu. S'offrir les mensonges les plus dangereux. Juste pour voir si le poisson est trop gros pour mordre à l'hameçon. Elle vient le narguer d'un souffle que pue la provocation. Nox reste de marbre, ne quittant pas ses yeux. Il n'répond pas, n'a rien à lui donner comme contrepartie.

Elle vient encercler sa gorge de ses doigts fins. Il tressaille, conservant la proximité avec le doute qu'elle le morde. Il se tend face au cobra qui se dresse devant lui, fière, dotée de cette prestance qu'il a envie de lui arracher. Il ne cille pas devant sa nouvelle provocation - c'en est une, n'est-ce pas ? C'en est forcément une. Il ne se laissera pas berner. Il ne peut pas se le permettre - la honte, après, serait cuisante. Il ne lui laissera pas ce trophée. Elle a p't'être raison, de toute façon. Quel flic un peu droit vendrait son âme au Diable pour un corps qu'ils peuvent trouver à n'importe quel coin de rue ? C'est bien la chance de Nox, d'ailleurs. Qu'ils puissent penser pareille chose absurde. Nora, elle s'trouve pas au coin de la rue. Directement montée des égouts, la vipère. A planté ses crocs dans son mollet ; contaminé, depuis. Par son venin suffoquant. Pas seulement parce qu'il est shérif ? Le doute s'installe, fait son nid, creuse une tombe, déjà, pour son ego qui s'en retrouvera forcément piétiné à un moment ou à un autre. Parfois, il a envie d'abandonner ce jeu stupide. Malsain. De l'écouter, une fois. La protéger, vraiment ? Mais ils seraient quoi, sans ça ? Ils ne connaissent que ça, ensemble. N'ont rien connu d'autre, n'en ont pas eu l'envie - le courage ? Sa main sur sa gorge l'étouffe tant son contact le brûle. Il serre plus encore son genou, qu'il tient toujours au creux de sa main. Pour quoi, alors, Nora ? Si c'est pas seulement pour ça, faudra me faire un dessin, parce que j'vois pas... ose-t-il demander, souffle contre souffle, alors qu'elle avance ses lèvres comme pour l'intimer au silence. Elle vient le mordre - il avait donc raison de par sa crainte. Au creux de ses reins, la faim l'appelle. Confuse, bouillonnante. Il tenaille son genou, pour seule prise qu'il a tandis qu'il se sent glisser dans des abysses qu'il connait par coeur. Qui le noircissent un peu plus à chaque fois. Là où est née la colère, là où elle crépite. Le coeur du volcan. Le fond de l'abîme. Poisson des bas-fonds. Il penche la tête sur le côté. Tente de réorganiser son esprit, qu'elle éparpille si vite, feuilles envolées au vent bouillant des après-midi d'été. Il suit la trace vermillon qu'elle fait disparaître, d'un coup de langue fourchue. Nora, elle sait y faire. Sûr qu'il est pas l'seul avec qui elle use de tout ça. Comment il fait pour ne pas se lasser ? Pour s'laisser avoir à chaque fois ? Les mêmes numéros, manque de bol, ils sont gagnants. Elle sait réveiller l'animal, Everdell. Il sait même plus pourquoi il lutte tant c'est devenu une habitude, un rituel. Ce soir, il a envie de la pousser plus fort encore, de créer un gouffre qu'elle ne pourra pas enjamber. De la pousser à la chute ; lui, qui se trouve là juste au fond, à l'attendre. Requin affamé. Elle raffermit sa prise, il crache sur son visage un souffle confondu entre frustration et dédain. Son sourire s'étire ; il est vicelard. Il commence à comprendre son manège. Elle le prend à son propre jeu. La provoquer là, en public, n'a fait que dupliquer plus encore son envie de l'afficher, n'est-ce pas ? Comment réagirait-elle s'il la laissait faire ? Aurait-elle l'habitude qu'il n'oppose aucune résistance ? Ce soir, Nox veut bien laisser le monde savoir qu'il se tape la petite Everdell. Plus si p'tite que ça. Majeure, vaccinée, en quoi ça devrait le déranger ? L'est plus shérif, même s'il peut pas l'accepter. D'accord, répond-il, docile. Inhabituel. Un sourire presque attendri, il se laisse quelques secondes de répit. Pour être celui qu'il pourrait être, si seulement il en avait l'envie. Mais l'envie n'y est pas, n'y sera sans doute jamais. Il penche la tête un peu plus sur le côté, ses iris la couvent d'un châle presque chaleureux. Presque sublimant. Il délivre son genou, sa main se glisse, voluptueuse, le long de sa cuisse, de ses hanches, effleure son visage. Vient attraper avec délicatesse la base de sa nuque. Il se penche, en avant. Très lentement, sablier ralenti, temps suspendu. Le coeur au bord des lèvres - ou la hargne au creux du coeur. Il s'arrête juste avant que le dernier milimètre ne soit franchi. Juste pour que leurs lèvres se frôlent. Ses yeux s'ouvrent en grand, s'enhardissant en plongeant dans les siens. Alors, ça sera rien. Sourire narquois, presque moqueur. Balle tirée dans le pied. Il se lève, presque d'un seul bon. Enfonce la main dans sa poche, fini son verre cul-sec. Cerveau un peu éméché, regard qui se trouble, puis se rétablit. Sourire en coin, toujours, comme l'arme au poing. Sort quelques billets. Gardez la monnaie, qu'il les jette presque au barman. Il contourne le tabouret de Nora. Passe la main de son épaule à sa nuque, vient dans son dos. S'y colle presque. Se penche, un peu, ajustant son manteau. Cachant son jeu. Parce que c'est ce qu'elle veut, n'est-ce pas ? Du jeu. J'sais que t'as toujours aimé vivre dangereusement. Simple murmure à son oreille. Dieu qu'il a envie de l'assassiner, ce soir. De se venger de tous les désirs qu'elle fait naître en lui, qu'il ne peut plus repousser, qui le rendent fous, plus encore à chaque danse qu'ils mènent. Ce soir, il veut la mener lui. Un contact froid et métallique vient alors distinctement s'appliquer dans le dos de la dame. Protégé par les pans de sa veste, on n'y voit que du feu. Pourtant, il la braque bien. Embout de son arme de service, qu'il garde toujours sur lui, Nox. Par prudence, diront certains. Par paranoïa, surtout. Dégainé sans un bruit, comme le sourire assassin. L'appuie là, contre sa colonne. Pourrait la lui faire sauter. Il aurait moins envie de la bouffer, peut-être ? Une folie incendiaire tient son regard clair en éveil. Il fixe le barman avec dureté. Il va arrêté de les épier ? Il a détourné la tête, brave garçon de café. Se penche en avant, Nox. Le canon qui creuse une cambrure dans le contour des reins de Nora. Vient déposer ses lèvres au bord de sa gorge, lui offre un baiser empoisonné. Puisque tu veux jouer, on va jouer, Nora. Mais pas ici. J'aime pas faire ça en public, tu devrais le savoir... Tendre murmure au creux de l'oreille - de l'extérieur on croirait qu'il lui susurre mille sentiments enfin éclos. Pas si faux, peut-être. Collé contre la chaise, collé contre son dos, l'calibre entre leurs corps pourtant. Discret regard alentour. L'gars toujours appuyé contre le coin du mur. Ils sont deux à tanguer sur la piste improvisée, maintenant. Tiens, là-bas, sûrement une prostituée. Cherche futur client, future proie. Nox revient sur la sienne, de proie. Bien décidé à ne pas perdre le contrôle, ce soir. Même s'il crève de s'abandonner. De s'laisser aller. Il peut pas, Nox, pas vrai ? Il n'a pas le droit. Fixe le barman qui remplit ses frigos. Profite d'un doux fracas de bouteilles dans une caisse pour retirer la sécurité et qu'personne entende. Mais Nora, elle aura entendu, n'est-ce pas ? Il peut pas s'permettre qu'elle pense qu'il rigole, qu'il plaisante, qu'il n'est pas sûr de lui. Mais y a-t-il un moment, vraiment, où il est sûr de lui, l'Griffin ? Il doit paraître fort, bestial. Lui plaire toujours, n'est-ce pas ? Il rengaine toujours avec autant de simplicité. Ni vu ni connu - il s'en assure d'un bref coup d'oeil. C'est à peine si on devine son arme à sa ceinture. Discret alibi. Paraître féroce grâce à une arme ? C'est bas, simplement. Il se penche, s'appuyant cette fois-ci vraiment contre elle sans plus aucun obstacle pour faire l'impasse. Frôle son oreille de sa bouche. Je t'attends dehors. On va aller faire un tour. Il laisse planer le doute, le suspense. Improvise, en réalité. L'alcool le pousse dans ses propres retranchements. Comme s'il était curieux de savoir jusqu'à quel point l'être humain peut s'user lui-même. Hein, jusqu'à où t'es prêt à aller en enfer, Noximilian ?
Il réajuste son col, vient laisser le doute de ses canines sur sa peau cristalline, contre le début de sa gorge. Et s'envole, vers la porte, d'un pas décidé, à l'apparence assurée. Et si elle ne vient pas ? Il aura l'air bien con, Nox. À jouer au grand, dans une cour dont il n'a jamais accepté les règles.


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" strike me while i'm down "
@nora everdell

Sous ses crocs, il sent le passage du sang s'intensifier, s'accélérer, presque pulser dans cette jugulaire qu'il pourrait déchirer. Il sent la tension dans son dos, raidir ses muscles, les transformer en acier. Et ça l'excite, Nox. De la savoir à sa merci. Il a tant de fois l'impression que c'est l'inverse que faut dire que ouais, ça lui offre un moment de gloire inespéré. Malsain. Et puis il la libère de ce contact sûrement éprouvant. Il en faut plus pour effaroucher Nora, n'est-ce pas ? Il prend le pas vers le dehors, accueille l'air frais comme une gifle. Mais ça lui fait du bien. Le réveille un peu. Une minute passe, il s'allume une clope. Finalement, le doute s'installe. N'est-il pas allé trop loin ? Se griffer verbalement est une chose, mais c'est la première fois qu'il la menace d'une arme, quelle qu'elle soit. Est-ce que c'est vraiment ce qui le représente ? Est-ce qu'il a donc besoin d'un flingue pour reprendre le dessus ? Pour affermir son autorité sur une gamine ? Faut qu'il arrête de dire que c'est une gamine. Longtemps qu'elle est plus gosse, Nora. Et p't'être que de la voir autrement que comme une enfant sauvage, ça débloquerait quelques cases dans son crâne. Celles qu'il ferme à double tour. Celles qui, parfois, lui pose une question. Sa vie, elle serait quoi, avec Nora ? Mais la porte se referme toujours, brutale, cinglante. À en faire trembler les murs de sa maison mentale. Il n'a jamais répondu à la question. Il veut pas savoir, Nox. Peut pas se l'imaginer. Encore grand enfant, ado terrible martelant les coeurs et les âmes. À toujours aimer trop vite, aimer trop fort. Aimer plus violemment encore, toujours. À s'en déchirer les tympans, à s'en crever les yeux. S'est mis en retrait, quelques mètres en contrebas de la rue. Ses iris suivent les allers et venues à l'entrée du bar. Qu'est-ce qu'elle fout ? Y a qu'une sortie, il pourra pas la louper. Quitte à l'attendre à la fermeture, même si ça doit s'faire à quatre heures du matin. Et si elle avait eu vraiment peur ? Du genre, à s'demander si c'était pas un détraqué, finalement, s'ils avaient pas tous raison, d'le dire un peu fou, un peu instable ? Et si elle avait convaincu ce foutu barman aux yeux curieux de lui ouvrir par derrière ? Le doute le ronge, l'angoisse monte. Se sentait comme un roi, le Nox ; et là, comme un enfant de nouveau.

Mais la lumière au bout du tunnel est là. Un peu obscure, si c'est Nora, la lumière. Mais elle l'attire toujours, comme un papillon de nuit, toujours prêt à se brûler les ailes à sa clarté illusoire. Toujours prêt à crever au p'tit matin, comme un éphémère, ces insectes trop cons pour naître avec un estomac. Et toujours, renaître fois mille et recommencer. Répéter le même schéma, sans jamais vouloir apprendre. Elle allume une clope ; lui jette la sienne avec un sourire perché au coin de ses lèvres. Comme si c'était une victoire, qu'elle soit venue. Rien ne l'y forçait, n'est-ce pas ? Elle n'peut pas dire qu'elle craignait qu'il la descende, là au milieu d'un bar, aussi miteux soit-il. Donc, il a gagné. Mais gagné quoi, hein Nox ? Nora, elle t'laisse aucun trophée quand tu la vires de chez toi au petit matin. Vu le pas décidé qu'elle prend, pas tellement sûr qu'elle ait envie d'y venir, d'ailleurs. Mais l'flic se départit pas de son sourire narquois. Soudainement, il se retrouve pourtant plaqué contre ce qui semble être une poubelle. Il entend des éclats de verre, a fermé les yeux par pur réflexe de survie peut-être. Mais il les rouvre quand il sent sa main se glisser sous sa veste. Vraiment ? Elle veut vraiment... là, maintenant ? Il affiche presque un air salvateur mais l'estompe bien vite en voyant la hargne défigurer son visage. Ses yeux s'esquivent un instant, envisagent la bouteille brisée qu'elle tient à côté de sa joue comme une arme. Car bien sûr qu'à cet instant, c'est une arme. Il voudrait lui dire qu'il est fier d'elle, presque. Y a que Nora à pouvoir lui répondre, peu importe l'attaque, peu importe l'infâmie. Y a qu'elle à pouvoir le remettre à sa place quand il le mérite ; à savoir comment le surélever, aussi. Et face à elle, aucune peur de s'montrer vraiment. Pas besoin de déguisement, sauf si ce n'est pour pas lui montrer ses crocs qui n'attendraient qu'à se refermer sur un peu plus de chair. Ce qu'il aime pas faire en public ? Il lui offre un sourire presque menaçant. Te faire l'amour, Nora. J'aime pas te faire l'amour en public. T'es quand même pas une pute, si ? grince-t-il, mauvais, malicieux, pernicieux. Parce que ça lui faisait un peu penser à ça, cette façon de s'allumer mutuellement, de danser là si près du gouffre. Et Nox, il a beau lui faire mordre la poussière à chaque fois - encore plus ce soir, parce que ça lui a manqué, on dirait - il tolèrerait pas qu'on la perçoive comme telle.
Il soutient son regard. Sent ses mains s'animer du côté de sa ceinture, a un premier doute sur ce qu'elle manigance mais finalement, il comprend vite. T'as pas honte de me tripoter comme ça, au beau milieu de la rue ? Son regard souffle tu es si affamée que ça ? Car lui, il l'est. Mais de plusieurs façons. Il glisse sa main droite entre elle et lui, entre leurs deux corps qu'elle est venue confronter, pour le maintenir immobile. Il pourrait se dégager, il le sait. La laisse profiter de cet instant de supériorité qu'elle peut s'imaginer avoir sur lui. On entend à peine un clic. Il se met même à rire, sans regarder le verre fendu qui vient s'approcher dangereusement de sa gorge. Lui aussi, il aime ça. Vivre dangereusement. Il aime cette adrénaline instinctive qu'elle instille dans ses veines comme un poison, une drogue qu'il redemande sans cesse. P'tit calibre, p'tit calibre... ça te dérange pas, pourtant. Sa main vient agiter entre leurs deux visages la crosse du pistolet. C'est ça, qu'tu cherches ? Tu veux m'flinguer, Nora ? Il enfonce son regard dans le sien, avançant le menton, venant presque lui-même chercher cette entaille qu'elle lui crée sous le menton. Il sent une goutte de sang dégouliner dans son cou. Sensation viscérale, comme un serpent viendrait s'enrouler autour de sa gorge. Est-ce qu'elle va le saigner ? Nox n'en sait rien, réellement. Il l'a rarement vue aussi hargneuse, il doit dire. Pourtant, il ne semble pas mesurer la gravité de leur jeu. Ô combien en seraient choqués. Mais ils ne sont pas de cette espèce-là. Poissons des bas fonds, Nora et Nox. Dans les abysses, là où la lumière du jour n'perce pas. Là où on n'leur a donné aucun droit alors ils les revendiquent tous. On leur a fait croire qu'ils n'avaient pas de choix sur leur existence alors, ils prennent ceux des autres en contre partie. Ne dit-on pas une vie pour une vie ?

Il ne répond pas. N'sait pas vraiment dans quel ordre il est, le jeu. L'alcool lui embrume sévèrement les idées. Pourtant, son regard ne cille pas. Il affronte le sien comme une punition. Comme une bénédiction. Tant de contradictions... Son arme déjà raccrochée à la ceinture. N'a pas pris le risque, Nox. Y a pas plus imprévisible que cette gamine. Qui sait si elle le buterait pas, lassée de leur jeu ignoble. Qui sait si elle se flinguerait pas elle-même, usée par cette vie qu'on a choisi pour elle, quoiqu'elle en pensera toujours. Ses deux mains libres, il est toujours appuyé contre la benne. Le métal lui rentre un peu dans le dos, il se décale - pas bien difficile de contrer son corps qui semble squelettique face au sien. Il répond pas, ses questions l'ont piqué au vif, sans qu'il sache vraiment pourquoi. Mais ça l'irrite. De nouveau, ça fait bondir le lion en cage au fond de sa poitrine. Il la dévisage avec un air étrange, presque effrayant. Mais Nora, elle s'ra pas effrayée. Nox mettrait sa main à couper. C'que j'attends ? qu'il crache presque sur son minois. Elle semble si invulnérable. Il se demande, s'il l'a déjà blessée, s'il l'a déjà touchée là au fond, avec leurs conneries. N'aura jamais la réponse, certainement. Deux armures de fer forgé, bâties sur des ruines fumantes. Il passe d'un oeil à l'autre et ses mains libres viennent s'emparer de ses poignets, avec une facilité déconcertante. Ses doigts se serrent autour de son os. Mâchoire serrée, elle aussi. Et sans prévenir, il vient écraser ses lèvres sur les siennes avec brutalité. Il la force, peu importe. Elle se dégagera, au pire. Mais il n'en peut plus. La colère mélangée si subtilement au désir ; explosion chimique qui a raison de lui. Le baiser est court mais d'une intensité singulière. Il se détache de ses lèvres au bout d'à peine quelques brèves secondes, attrapant sa lèvre inférieure entre ses dents. Venant, à son tour, créer une blessure infime qui lui laisse son goût entre les lèvres. La famine qui s'hérisse.

Il se détache d'elle brutalement, la repoussant d'une main ferme. Sinon, il va dérailler. Passe sa langue contre cette goutte de sang dont il imprime la texture, l'odeur, le goût. S'allume une clope dans la foulée, espère que l'amertume du tabac viendra le lui faire oublier. Fait quelques pas, Nox, un peu chancelant - la faute à l'alcool, la faute à l'ivresse qu'elle lui provoque, même s'il avait été sobre. Si violent. Il se retourne, lui offre un sourire presque enfantin. Rien à voir avec le regard précédent, celui dans lequel on pouvait lire toute la colère du monde. Bon, tu viens ? qu'il demande, l'attendant avant de se mettre en marche. Il tire sur sa clope, dans le silence. L'air lui semble glacé maintenant que son corps est libéré de son emprise. Il dit rien, Nox. Garde le silence, réorganise ses pensées éparpillées. Se calme presque, l'garçon. Drôle d'effet qu'elle lui fait. Piqûre brutale. Anesthésiant bénéfique. Girouette infernale. À tanguer d'un océan à l'autre sans savoir lequel finira par le noyer. Ils s'éloignent du centre-ville, abordent ces ruelles un peu désertes, celles qu'on déconseille aux mioches. Passe une main contre sa barbe malmenée par le combat de leurs visages fondus l'un à l'autre. Le silence lui fait du bien, il s'éprend de cette quiétude contrebalançant le tumulte dans son crâne. Tourne un regard espiègle vers elle. Lui lance quelque chose, sans prévenir. Peut-être que l'objet tombera au sol, tant pis. Couve un clin d'oeil quand elle découvrira la forme du pistolet dans ses mains. Suffisait de me le demander. Voix calme, sans plus aucune agressivité. Sans plus aucun clous pour crever ses pneus. Il se rapproche, frôle son épaule de la sienne. Se penche pour murmurer à son oreille, contre ses cheveux dont il connait l'odeur par coeur. Il est chargé, donc... fais pas n'importe quoi. La bouscule même des flancs pour la faire trébucher, essuie un sourire enfantin. Presque docile, l'animal. Muselé, de nouveau.
Mais pour combien de temps ?
Combien de minutes s'écouleront avant que la cage ne suffise plus à la bête ?


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:56, édité 1 fois
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" i'm semi-automatic
my prayer's schizophrenic "
@nora everdell

Elle s'offusque. Quoi, il suffit d'une tournure de phrase pour la froisser, la si solide Everdell ? Nox en est soufflé, faut l'avouer. Y a qu'un mot capable de la déranger à ce point, dans cette appelation, la Nora. Et Nox affiche un sourire féroce. Ah oui, pardon. Excuse-moi. T'as raison, j'te ferai jamais l'amour, Nora. Toi, on te baise, rien d'autre. Clin d'oeil avec cils acérés de coupures profondes.
Elle s'énerve plus encore, Nox jouit d'avoir pu la toucher si facilement. Sans l'faire exprès. Parfois, il y met vraiment toute son âme pour la fracasser et il n'y parvient pas. Là, sans même y faire attention, finalement, il a réussi à taper juste. Il s'y attendait pas ; ça rend la victoire encore plus délicieuse. Se rend même pas compte qu'elle l'insulte. Est-ce que c'est vraiment lui qu'elle traite de pute ? Si oui, l'attaque est parée. L'flic, enrobé dans sa fierté, n'y voit là qu'une manière de s'insulter elle-même. Bon, c'est son rôle à lui de la rabaisser, faudrait pas qu'elle se mette à le faire toute seule. Sinon, il servirait plus à rien. Elle lui pose une question délicate. S'il veut la flinguer ? Il aimerait bien, oui. Parfois, il ne peut que se dire que ça règlerait pas mal de choses. Pourrait plus revenir vers elle, lui cracher à la gueule et accepter, comme un accord tacite, qu'elle le griffe en retour. Devrait plus supporter ça, Nox. Mais il f'rait quoi, alors ? J'répondrai pas, Nora. J'sais que t'as peur de rien, mais j'préfère ne pas te dire ce que j'aimerais te faire. Coup d'oeil presque salace, appuyé facilement pour la rabaisser encore, à sa triste condition de corps féminin. Peut-être n'entendra-t-elle même pas, finalement, qu'il n'parle pas que de ça. Nox n'sait pas trop, en fait. Lui viendrait tellement d'envies contradictoires. L'envie de lui faire l'amour, finalement, brutalement, vivement. L'envie de la bouffer, par instinct. Là aussi, ça règlerait le problème. Mais on se retrouve au même point. Il ferait quoi, après ? Il s'écarte au bon moment, on dirait. La tigresse qui revenait déjà à l'attaque de ses lèvres, crochets acérés. Pour toute réponse, il lui adresse un sourire débordant de moquerie. Il n'y croit pas un instant. Non pas qu'Nox se prenne pour un dieu du stade mais si elle avait tant envie de vomir que ça, elle reviendrait pas à chaque fois. N'est-ce pas ? Avec Nora, il n'est sûr de rien.

Lui lance l'arme, qu'elle manque de faire tomber. L'imbécile, à jouer avec le feu comme avec une poupée. Pourtant, Nox il la regarde autrement, c'est vrai. Un soupçon de douceur dans ses iris glacials. Un soupçon de normalité, qu'ils pourraient être, sans vraiment l'assumer. Il croise les bras contre sa poitrine, la regarde sans bouger, comme appréciant de la voir s'amuser ainsi. Plus légère, plus détendue, plus apaisée. Comme si quelque chose avait fait taire les démons qui la rongent, le temps d'une seconde, une seule. Mince, t'as tout compris, qu'il sourit sans une once de sérieux pourtant dans la voix. Fais coucou à la caméra, tant qu't'y es. J'voudrais pas que mon plan tombe à l'eau parce qu'on ne te reconnait pas. C'est vrai qu'à cet instant, il ne la reconnait pas beaucoup. Nora et ses mille facettes. Dix ans qu'il la côtoie, dix ans qu'elle le surprend toujours. Peut-être que c'est ça qu'il aime tant, finalement, chez elle. Si tant est qu'il veuille bien s'avouer quoi que ce soit. Il se laisse aller, Nox. Se détend, entrouvre la porte où peuvent s'engouffrer les attaques. Il aurait été si aisé de le blesser, à cet instant. À découvert, l'coeur au bord des lèvres alors qu'il la regarde danser comme s'il n'existait plus. L'impression déguisée de l'observer sans qu'elle ne le sache alors que ça n'est ni un secret ni un fait caché. La fixe virevolter, encore et encore, dans cet air frais qui annonce l'hiver. Elle le soupèse, l'essaie. Nox n'sait plus ce que ça fait de tenir une arme pour la première fois. L'impression d'être né avec. Puis, la musique dans sa tête semble couper court quand elle le braque soudainement. Reste détendu, Nox. Stoïque, l'équilibre un peu chancelant dans l'fond, à cause du whisky qui s'immisce toujours plus loin dans son corps et sa tête. Il sourit même, comme s'il aimait la voir aussi effrontée. Assurément ce qu'il savoure le plus chez elle, peut-être. Qu'elle lui tienne tête, qu'elle le morde quand il montre les dents, qu'elle ait autant de cran. De ça qu'il a besoin, Nox. D'être secoué en permanence pour ne pas couler trop vite. Alors non, Nox, il s'y attend pas. Tout tranquille, il pense qu'elle mime. Même quand elle retire le cran de sécurité. Ne réagit pas. Leur jeu n'est pas innocent et pourtant, c'est Nox qui revêt une naïveté étrange. Se vexe pas. Affronte le regard du calibre fièrement, avec cette assurance qu'il n'possède pas, avec cette témérité qu'il a toujours devant elle.

Le coup de feu lui vrille les tympans.
Par instinct, ses yeux se ferment et le temps se suspend. Nox ne respire plus. Le silence est assourdissant. Alors, ça fait seulement ça, de crever ? Le noir est total, le temps ne veut pas reprendre son court. Est-ce qu'il va rester bloqué là pour l'éternité ? Trop vicieux pour le Paradis, déjà trop féroce pour l'Enfer. Il a arrêté de respirer, en effet, et lorsque l'air se fraye un chemin jusqu'à ses poumons, de force, ses yeux glacés s'ouvrent comme deux verrous. À longueur de bras, il la voit.
La balle. Suspendue dans l'air. Cela ne dure qu'une fraction de seconde, pourtant Nox a l'impression de regarder la mort en face des heures durant. De pouvoir détailler chaque morceau d'étain. Et comme on rembobine un mauvais film, ses prunelles suivent la balle faire chemin arrière à une vitesse folle. Si rapide qu'il peine à la suivre, jusqu'à-ce que la paume de Nora se ferme dessus. Il chancèle un peu. L'alcool, qu'il dira. La nausée, plus probablement. L'envie de vomir, là. Non pas qu'il craigne vraiment la mort, Nox - enfin, beau mensonge, tout le monde la craint - mais quelque chose s'est déverrouillé en lui. L'adrénaline brise des défenses qu'il croyait solides. Une vitre de fenêtre s'est brisée à l'intérieur de lui.
Jamais il n'aurait imaginé qu'elle puisse tirer. Et c'est, au-delà du fait qu'il a échappé à une balle et au-delà même du phénomène étrange qui a suivi le tir, ce qui le déstabilise le plus. Il la dévisage avec un mélange de surprise et de colère. Cette dernière prend vite le dessus lorsque Nox reprend le contrôle de son propre corps, que le temps s'est remis à l'heure. Sans ménagement, il se rue sur elle d'un pas hargneux. L'attrape par le bras en y enfonçant ses ongles. Voudrait le lui tordre, le briser. La briser, simplement. D'un geste mécanique, il l'attire vers lui brusquement. Plaque une main dans son dos, entend à peine le flingue tomber au sol. Il la transperce de son regard où n'erre même plus une lueur semblable à celui d'avant. Quand il la regardait danser. Seule une rage sourde semble y vivre. Il la tient là, contre lui, avec l'envie irrationnelle de fondre sur sa bouche. Ce qu'elle dérègle en lui est inouï. Mais Nox n'est pas décidé à la laisser gagner. Il ne peut pas laisser passer ça. D'un coup sec, il entraîne son bras vers le bas pour la faire chavirer, la jeter là sur la pierre de la rue. S'écarte vivement, comme d'un rat enragé. La considère d'un regard tout aussi méprisant. T'es vraiment malade. Dans sa voix, aucune provocation. Comme s'il venait à peine de s'en rendre compte. Il a l'impression de lui avoir fait confiance et qu'elle l'a ensuite piétinée. De quel droit ne se le permettrait-elle pas, d'ailleurs ? Et de quel droit, lui, peut-il penser pouvoir lui donner quoi que ce soit d'aussi précieux ? Il se baisse, récupère l'arme, l'étudie comme pour vérifier la présence d'une rayure sur ses flancs meurtriers. La range dans son fourreau, et s'éloigne.

Mais il n'va pas très loin, Nox. Son sang bouillonne. De l'acide injecté directement dans ses veines. L'envie de vomir toujours présente. De fracasser quelque chose, aussi. Besoin de destruction. L'myocarde qui s'agite, se dérègle. Pourquoi lui semble-t-elle encore plus désirable après ça ?
Il est déjà revenu sur ses pas. D'un mouvement hanté, le regard fou. Si elle n'est pas déjà debout, il la relève en attrapant son bras sans douceur, de nouveau. La lâche immédiatement, pourtant. Y a quoi qui va pas, chez toi ? La fait reculer, son corps contre le sien en guise de poussoir. La bouscule, s'il le faut. S'en fiche qu'elle trébuche, s'en fiche qu'elle essaie de résister. Il est plus fort et il le sait. La pousse jusqu'à ne plus pouvoir, quand son dos heurte ce qui semble être un lampadaire, peut-être un muret, peu importe en vérité. Nox s'écrase contre elle, aurait envie de l'étouffer, de la gifle, il n'sait plus bien. Un 'clic' de nouveau, discret, si vif. Sa main, de nouveau armée, qui vient poser le canon contre elle. Pas contre ses reins, cette fois. Juste là, contre sa tempe. La fixe toujours, plein de cette fureur dangereuse et instable. La sécurité saute dans la seconde suivante et son doigt là, sur la gâchette.
Si près d'appuyer. Tellement envie tant elle l'a pris de court, tant il la pensait capable de tout sauf de ça. La rage déforme les traits de son visage et il reste là quelques brèves secondes.
Mais il ne tire pas, Nox.
Il n'est pas comme elle, tentera-t-il de se convaincre. Approche son visage, souffle son haleine sur celui-ci en la détaillant comme s'il la découvrait pour la première fois. Voudrait lui demander comment elle a pu faire ça. Appuyer sur la détente autant que refaire venir la balle vers elle. Mais ses lèvres restent scellées. Il n'sait même pas quoi faire, à cet instant. Mais encore, il se le répète. Il ne peut pas laisser passer ça. Sinon, elle pensera qu'elle peut tout faire, avec lui. Qu'elle peut tout se permettre, qu'elle aura le dessus. T'as raison, Nora. Susurrés à même la peau de sa joue. Prend son menton dans sa main libre, un peu trop fort. Le tourne, comme pour l'étudier. Savoir s'il fallait acheter cette vieille chèvre trop belliqueuse ou la vendre à d'autres, plus offrants. J'pourrai te remettre en taule, avec ça. Pour plein de choses. Port d'arme en conditionnelle. Trouble à l'ordre public. Menaces sur agent de sécurité. Tentative d'homicide. Le dernier, bafoué comme une insulte - insulte qu'il a pris, réellement, comme une gifle.

Laisse comme planer un suspense qui n'existe pas. Laisse tomber un silence court, presque théâtral. Est-ce que ça te manque tant que ça, d'être à l'ombre, Everdell ? Il lâche son minois, non sans avoir un peu tiré sa peau vers le bas. J'aurais dû te laisser moisir dans cette cellule, y a dix ans. Gratuit et mauvais, mais le coup a été trop fort pour lui. Trahi et blessé, il laisse la bête en lui prendre les rênes, sans plus chercher à l'épargner. Sans plus aucun espoir que la soirée se déroule autrement que comme ils ont l'habitude de la passer. Il va lui rappeler. Qu'elle ne lui manque pas. Qu'elle ne lui sert à rien. Va ravaler l'enfant qui hurle, au fond de lui, contre tout ça. Qui aurait envie de la serrer dans ses bras quand l'animal ne pense qu'à la déchirer en petits morceaux. Mais bon, c'est comme ça, entre nous, pas vrai ? qu'il soupire presque, laissant apparaître une certaine lassitude. Et si c'était lui qui se lassait, finalement ? Usé de cette relation qui lui coûte trop. En énergie, en calme, en agitation, aussi. Tu fais la con parce que tu n'sais faire que ça, et faut que j'te sorte de la merde. Puis, tu payes, parce que t'as compris depuis longtemps que rien n'était gratuit. Nouvel arrêt, le rasoir sur les lèvres, prêt à couper, à taillader. L'estime-t-elle donc si peu pour pouvoir l'éliminer comme ça, froidement ? Il ignore s'il pourra un jour passer au-dessus de ça. La page qu'il essaye depuis une année d'écrire où leurs deux noms figurent côte à côte, elle vient d'y mettre le feu. Il jette un regard à droite puis à gauche. Les ruelles sont désertes et puis, qui s'inquièterait du sort de quiconque, ici ? Et comme t'as qu'une seule façon de payer, on ne va pas changer les bonnes vieilles habitudes, hein. Il rapproche de nouveau son visage du sien. L'enfant crève d'envie de s'appuyer là sur ses lèvres et le monstre, visage tordu par un air cruel, décide d'être impitoyable. Il veut lui faire peur, presque. Si c'est possible. Déshabille-toi. Ordre sec et ferme. Appuie un peu plus le métal glacé de l'arme contre sa tempe, au cas où son tempérament effronté voudrait lui tenir tête.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:56, édité 1 fois
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" where we're from, there's no sun
our hometown's in the dark "
@nora everdell

Forcément, qu'y a rien qui va.
Y a jamais rien qui n'est allé, entre eux. Ni le jour où il l'a sortie de cette cellule, où il l'a trouvait trop jeune pour y être scellée. Ni le jour où elle est sortie elle-même d'un long passage derrière les barreaux. Là aussi, il l'avait trouvée trop jeune. Pour lui. Et pourtant, le voilà toujours autour d'elle à tournoyer, à errer les griffes sorties pour parer la moindre attaque. Va te faire foutre. Bon, au moins, ça a le mérite d'être clair. C'qu'il aime, chez Nora - entre dix-huit autres choses qu'il ne peut s'avouer. Pas besoin de tourner autour du pot et elle ne le fait pas non plus. Tout est toujours vrai, spontané, rude et violent. Parce que c'est ce qu'ils ressentent. Nul besoin d'emballer leurs émotions dans des papiers cadeaux pré-faits. Ils peuvent être vrais. Vrais et acharnés. Vrais et cruels. Personne ne les r'met en question, l'un face à l'autre. Personne pour juger. Personne pour dire qu'ils vont trop loin, que la limite est franchie. Non. À la terre d'un train de marchandises lancé à vive allure, les deux ont abandonné le panneau de contrôle. On leur a dit. Qu'ils fonçaient dans un mur et pourtant, ça a semblé les galvaniser plus encore. Pourtant, il a cru voir dans son regard brillant. Comme de l'hésitation. Comme de la peur. Comme de la rétention. Comme, comme, comme. Rien ne correspond à Nora, pourtant. Alors, il n'compte pas vraiment là-dessus, Nox. La connait trop pour savoir qu'il ne la connaitra jamais vraiment. L'flic qui reste impassible, muselant tout ce qui rugit quand ses mots cognent à ses tympans. Il a l'impression qu'elle hurle tant il les prend avec férocité. Alors, vraiment ? Elle regrette de ne pas avoir été jusqu'au bout ? Il la considère sans réagir, lui offrant une neutralité dépassée. Va-t-elle jouer la victime longtemps ? Il lui a demandé de se déshabiller. Il ne lui a pas tiré dessus, lui. Mais elle semble avoir déjà oublié. Il tient toujours le flingue fermement contre sa tempe mais ne cille pas. Les crises d'hystérie, il a l'habitude. A-t-elle oublié qu'il est flic ? Vingt ans de carrière, dix en tant que shérif. Reste concentré, essaie d'absorber ses mots jetés comme des pierres. N'en saisit pas vraiment le sens, pourtant. Pas le lâcher après ça ? Que veut-elle dire par là ? Il espère bien, qu'elle ne le lâchera pas. Après ça ou pas, d'ailleurs.

Mais la différence entre les bandits et Nora, c'est qu'Nora, elle sait viser. Elle sait toucher juste. Elle sait tirer la flèche dans la blessure et l'y faire tourner encore et encore. Et ses mots commencent à le crisper. À faire monter la colère, à lui rappeler qu'elle lui a tiré dessus. Qu'elle a voulu le tuer. Mais le doute se saisit de lui. Harpon venu de l'océan, tribal acéré venant le choper là, autour du coeur même. Et si elle avait tout prévu ? Il ne peut comprendre comment elle a pu faire ça, reprendre la balle en sens inverse mais... et si elle n'avait pas vraiment voulu le buter ? Il a les idées qui se mélangent, Nox. Sait plus vraiment ce qu'il fait là, à tenir son arme contre sa tête. Sait plus vraiment pourquoi il lui a demandé ça. Sait plus vraiment pourquoi il lui arrive des trucs comme ça, toujours, avec elle. Mais ça, c'est la première fois. On en a tous. Croyez-moi, Nox s'en souviendra longtemps, de celle-ci. Pour lui, la balle, il l'a prise. Là, droit touché dans le myocarde. Et elle est restée coincée, parce qu'il a l'impression que depuis qu'elle a tiré, il a du mal à respirer. Qu'son coeur loupe un battement sur deux. Qu'il s'est mis en grève, le con. Tais-toi... murmure-t-il, l'cerveau coupé en deux. D'une part, un désert ankylosé par un brouillard épais. D'autres part, ses mots tranchants qu'il reçoit comme autant de couteaux lancés dans sa chair. Elle le provoque. Et sait bien le faire. Cruelle Nora. Elle fait sortir la colère, l'appelle. Attise la hargne, sans vouloir dompter l'animal. Et elle continue, elle ne s'arrête plus. Ne s'arrêtera jamais. Peut-être qu'elle a raison. Y a pas grand chose à faire, finalement. Presser un peu le doigt et sa voix s'achèvera d'un seul coup. C'est facile, finalement. Elle l'a agrippé par le col, l'a même pas bougé, Nox. Anesthésié. Nora, ta gueule... qu'il essaie, vainement, de l'intimer au silence. La faire taire, bordel. Par n'importe quel moyen, mais lui fermer sa grande gueule qui le dévore. Les mots sont devenues dents aiguisées qui le grignotent, parcelle après parcelle. Assume. Il aimerait bien assumer quelque chose dans sa vie, Nox. Assumer s'être planté trente fois. D'avoir fait un gosse à une prostituée. Assumer d'avoir eu des relations avec son meilleur pote - assumer, surtout, aimer ça. Assumer la bête qu'il est devenu. Assumer d'avoir bouffé sa mère. Assumer qu'il a perdu sa grosse étoile, l'shérif. Assumer qu'Nora, il peut pas s'en passer. Assumer, hein ? Mais ça demande un trop gros effort. Assumer, pour Nox, ça voudrait dire qu'il est déjà mort. Non. Bute-moi. Et ça résonne dans sa tête. Il se sent chanceler mais ce n'est pas l'alcool ni le choc.

Non, c'est le poids de Nora qui se fait plus fort contre lui. C'est sa main qui se fraye un chemin contre la sienne. Non, pas comme dans un joli film de Noël. Mais là, combattre ses doigts pour les faire appuyer. Pris de court, Nox panique. Ses yeux clairs enfoncés jusque-là dans ceux de Nora s'écarquillent. Pupilles dilatées, comme après un rail. Putain, qu'il lâche entre ses dents serrées. Veut pas retirer son doigt de la gâchette de peur qu'elle appuie toute seule. On ne sait pas vraiment pourquoi il ne pense pas à simplement baisser son bras. Peut-être parce qu'il hésite encore ? Est-ce qu'il pourrait vraiment la buter, Nox ? On ne le croirait pas, en le connaissant un peu. Pourtant, qui pourrait prévoir, prédire ? Trop instable, l'animal. Son index essaie de faire barrière entre la gâchette et la pression du doigt fin mais déterminé de Nora. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Est-ce qu'elle veut vraiment mourir ? Nox ignore bien des tourments qui la rongent, comme l'inverse, d'ailleurs. Qui est-il pour lui refuser ça ? Presque une supplication, qu'il entend, l'flic. Comme si l'achever serait un service rendu, une bénédiction. Mais Nox n'a jamais su l'écouter, encore moins aller dans son sens. Et c'est peut-être son cruel esprit de contradiction, qui la sauve, à cet instant. D'un geste vif, il joint sa deuxième main à la bataille. Agrippe le poignet de Nora, de nouveau. Essaie de la dissuader, d'écarter sa main du bouton mortel qui ne lui laisserait aucune chance. Faut pas être un champion pour savoir que rien ne pourrait la sauver, là. Le canon collé contre la tempe. L'aurait pas l'temps pour son tour de magie, hein, la vicieuse ? Bute moi putain ! Nox montre les dents et sans détacher ses doigts de l'arme, tente toujours de l'autre main d'écarter celle de la forcenée. L'flingue commence à se décoller de son crâne, chavire, revient. On n'sait pas bien dans quel sens il part, de quel côté du fil il va se retrouver, agrippé par trois mains contradictoires. Deux qui cherchent à le combattre, une qui veut le glorifier. TA GUEULE, PUTAIN ! qu'il hurle soudain.
Et ça couvre presque la détonation. On ne saura pas.
Non, on n'saura pas qui a appuyé. Avec le choc, l'arme tombe au sol dans un fracas singulier, comme amplifié par le silence assourdissant qui a suivi le coup de feu.

Nox chancèle légèrement. Il sent encore le choc dans son bras, malgré l'habitude, malgré l'usure. Il.. Il n'est pas mort. La balle ne l'a pas touché lui. Lève les yeux vers le ciel ; le temps est suspendu, de nouveau. Cherche le regard de Nora, soudain. Ne le trouve pas.
Elle est au sol. Une panique effroyable s'empare de son être, comprime ses poumons, menace de faire exploser son crâne. Il jauge l'arme à ses pieds. Et s'il se flinguait aussi, lui ?
Il a les mains qui tremblent. Est-ce que c'est lui qui a appuyé, cessant enfin de résister, l'écoutant finalement ? Est-ce que c'est elle, réussissant à se frayer un chemin jusqu'à la gâchette ? Est-ce qu'ils ont appuyé ensemble ?
Nora ? Sa voix tremble. Il n'fait plus le fier, là, notre ancien shérif. Le temps est arrêté et pourtant, il a l'impression de revivre toute la soirée. Sa faute, il ne pourra jamais la nier. Quelle idée de l'avoir braquée, dans le bar ? Quelle idée de lui avoir filé le flingue, pour jouer ? Quelle idée de l'avoir posé contre sa tempe, après qu'elle lui ait tiré dessus ? Quelle idée, d'la voir toujours alors qu'il ne lui apportera jamais rien de bon ? Quelle idée de s'acharner à la côtoyer quand il ne peut que la détruire ? Ce soir, c'était le soir de trop. Poussé en avant par un pressentiment étrange, il s'approche pourtant. S'agenouille. Elle respire. Il la secoue doucement. Puis moins doucement. Il lui semble qu'elle bouge, qu'elle gémit ? Est-ce que c'est dans sa tête ? Peut-être la bête gémit-elle, elle aussi. Ne sait plus différencier chimères de la réalité. L'impression de perdre la vue tant celle-ci devient floue. L'angoisse lui serrant la poitrine comme un étau, il attrape son bras avec bien plus de délicatesse que lorsqu'il l'a relevée du sol avant. Tire un peu dessus, la retourne ; et voilà qu'elle remue.

Il se relève d'un seul bond, comme si elle l'avait piquée. Parcoure son corps de ses yeux clairs et galvanisés par l'adrénaline. Si au départ, elle ne semble pas blessée, il finit par apercevoir la tâche rougeâtre qui perce à travers son t-shirt. Là, près de l'épaule. Ou dans le bras, peut-être. Pas à la poitrine, s'il vous plait. Il prie, Nox. Lui qu'a jamais cru en rien. C'que sa mère lui rappelait parfois. Ne pas croire en Dieu ne te protègera pas du Diable, mon garçon. Et si le Diable était en lui, aujourd'hui ? Nora, réponds-moi, qu'il ordonne, comme s'il pouvait vraiment faire usage d'autorité dans ce moment-là. Il la regarde là, du dessus. Ne veut pas s'approcher. Ne peut pas s'approcher. Déjà, l'odeur a réveillé ce qui sommeille en lui. Ce qu'il repousse. Combien de jours, qu'il n'a pas bouffé ? Dix, peut-être douze. Plus ? Peut pas dépasser les trente-deux, Nox, il le sait. A essayé. A trouvé la limite extrême. Quand les cornes déforment son crâne.
Tic nerveux, bestial. La lèvre supérieure qui se lève, se rabaisse. Ses iris qui semblent se rétrécir pour ne devenir que deux fentes dans ses prunelles bleues. Il recule encore d'un pas. Il peut pas. Non, il n'peut pas faire ça, avoir envie de ça. Nora, il a eu envie d'elle de centaines de manières différentes - et même de celle-ci, d'ailleurs. Mais jamais comme ça. Sa jambe fait un pas en avant. Peut pas la contrôler. L'esprit omnibulé. Focalisé sur une chose. L'odeur du sang. Le goût de la chair. L'instinct de survie qui ne lui appartient pas qui repousse toute raison, toute sensibilité. Il se jette presque sur elle. Se place au-dessus, de telle façon ambiguë qu'on ne sait pas s'il va la secouer, la dévorer ou la violer. Le regard un peu fou, il lutte. De toutes les maigres forces qu'il possède face à pareil désir insurmontable. Suffirait de rien. Elle est si près, juste-là, sous lui. Suffirait de s'approcher encore un peu. Se pencher. Enfoncer enfin les dents dans la chair. Il croise le regard de Nora, ça ne dure qu'une seconde. La bête se rétracte, comme effrayée par une torche dans l'obscurité. Recule, se plaque contre le mur et Nox profite de cette brèche pour s'engouffrer dans son propre esprit et en reprendre le contrôle. Viens, j'connais un médecin. Peut pas l'emmener aux urgences. Poseraient trop de questions. L'gars dont il parle, il n'en pose pas lui, des questions. Un peu l'gars de la brigade. Qui règle les cas trop sensibles. Qu'a l'habitude, des blessures par balle. Qu'a l'habitude de lui, aussi. Et la bête ressurgit, montre les dents, repousse Nox au fond de son esprit. Il parvient, comme il peut, à se reculer de nouveau, faisant buter son dos contre une poubelle. Se décolle pas de là, s'y attache presque mentalement. Détourne le regard, tente de canaliser cette énergie noire qui le malmène. Le ronge, le dérange. Y a plus de tension dans l'air. La colère s'est évaporée avec le coup d'éclat, les mots jetés comme des insultes se sont envolés, eux aussi, comme une nuée d'oiseaux avant un tremblement de terre. Il fait presque doux, soudain. C'est sans compter la pluie, qui se met à tomber. Une fine bruine, suffisante pourtant pour déjà humidifier leurs vêtements, commencer à plaquer leurs cheveux sur leurs visages. Tente un regard de plus vers Nora. Et si elle se rebellait de nouveau ? Et si elle ne voulait pas de son aide ?
Qui en voudrait, d'son aide, d'ailleurs ? Pour tendre une main pourvue de griffes trop longues, pour approcher un minois de ses lèvres d'où dépassent presque ses crocs acérés. Son souffle est court, il s'en aperçoit seulement maintenant et tente de le contenir, de le calmer. De museler la bête, de reconnaître l'odeur de la pluie quand celle du sang a pris tout l'espace cognitif. Il faut qu'on y aille. N'ose pas faire un pas vers elle. Tu peux te lever ? Et si elle peut pas, on fait comment ? Putain, elle marche pas avec le bras, quand même ! qu'il se dit. Encore sous le choc, on croirait presque qu'il a repris ses esprits, qu'son boulot lui octroie un sang froid extrême mais tout ça, c'est des conneries. Nox est toujours dans un état second lorsqu'il tire sur quelqu'un.
Parce qu'il lui semble se souvenir, maintenant.
De la gâchette qui se plie sous son doigt courbé.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:56, édité 1 fois
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" look into my eyes
it's where my demons hide "
@nora everdell

Il y a ce long moment où elle ne bouge pas. Où il se demande ce qu'il va faire - parce qu'il va bien falloir faire quelque chose. Assurément, avec ça, il va perdre son boulot pour toujours. Finir derrière les barreaux, sûrement. Est-ce qu'il peut fuir, s'en aller maintenant, prendre ses jambes à son cou comme l'animal effrayé qu'il est, finalement ? Est-ce qu'il pourrait cacher son corps pour toujours ? Il y a bien moyen pour ça, malheureusement. La faire disparaître, entière. Au creux de ses molaires. La garder avec lui - en lui - pour toujours. L'enterrer à même ses boyaux. Faisable. Trop piètrement faisable, d'ailleurs. Et il aimerait se flageller juste pour y avoir pensé. Mais bien sûr qu'il y a pensé.
Il n'sait pas si elle l'a vu. Se jeter sur elle comme un lion sur une gazelle blessée. Il n'sait pas. Si elle sait quelque chose sur lui, si elle pourrait s'en douter. Vous pensez bien qu'il lui en a jamais parlé, Nox ! Jamais parlé à personne, sauf à Ambrose. Et il se promet qu'il sera le seul à emporter son secret dans la tombe. Un rire nerveux flotte jusqu'à ses tympans alors qu'il s'est éloigné d'elle. Bon, au moins, elle est en vie et consciente si elle peut rire, n'est-ce pas ? Même s'il trouve pas que c'est une situation qui se prête bien à se marrer. Mais bon, on revient toujours au même fait : il s'agit de Nora. Rien n'est normal, avec elle. La preuve ! Sortir boire un verre finit avec une balle dans l'bras. Putain. Il aurait dû rester chez lui, ce soir. S'assommer le crâne avec quelques anti-douleurs qu'il aurait pris sans raison, juste pour faire un cocktail explosif avec le bon bourbon qu'il garde dans son placard. C'lui qu'est déjà entamé. Qu'il aurait fini, pour s'ankyloser l'crâne. Mais non. Le froid humide qui le mordille lui rappelle qu'il est bien là. Et que maintenant, quoi qu'il ait envie de faire, il doit assumer. Un minimum, disons. Au moins s'assurer qu'elle survive. Au moins s'assurer qu'il ne va pas la manger. Elle demande si c'est urgent et il ose enfin reposer son regard meurtri sur elle. Un peu, ouais, qu'il répond avec un sourire sans joie. La porter comme une princesse ? Ben voyez-vous ça. Tu rêves, grince-t-il entre ses dents. Il a envie de lui dire qu'tout ça, c'est d'sa faute. Qu'elle l'a forcé, que c'est son doigt en forçant contre le sien qui a appuyé, qu'elle n'avait qu'à pas lui tirer dessus la première, qu'elle aurait dû le laisser moisir dans c'bar. Mais il s'tait, Nox. À son tour de jouer aux muets. Tu l'as fait ? La mâchoire qui se rétracte, les dents douloureuses à être comprimées les unes contre les autres. Détourne le regard, répond pas, plongé dans un mutisme effrayant - effrayé ? Par ce qu'il a fait. Donc, elle sait ? Il lui fera croire le contraire, Nox. L'écoute plus, déjà. Elle répète son prénom, c'est tout ce qu'il comprend. S'agrippe à la poubelle comme à une bouée de sauvetage. Se concentre sur l'odeur de la pluie, sur le goût amer qu'il a dans la bouche pour ne pas penser à se délecter d'autre chose ce soir. Parle de garrot et il tourne vivement la tête vers elle. Elle a raison. Mais peut-il vraiment s'approcher d'elle ? Comment prendra-t-elle sa distance ? Alors, il prend sur lui. Malgré les risques. Malgré le désir inconcevable de planter les crocs acérés dans ce bras, dans ce corps. De la dévorer d'une autre façon qu'il l'a fait jusque-là. Il est froid, sec. Retire sa ceinture - elle va encore s'imaginer des choses, la détraquée. La lui passe autour du bras. N'regarde pas la blessure, le trou, qu'elle a mis à découvert. N'peut pas affronter la vision de c'qu'il a fait. Passe la boucle dans l'attache. Serre, fort. Les mains qui tremblent. Comme ça qu'il faut faire, il parait. Nox, il n'a jamais fait de garrot à personne. Les balles perdues, rarement arrivé avec lui, faut dire. Dans sa carrière, il est connu pour ça. Savoir viser. Savoir toucher. Savoir tuer. Vivant ou mort, l'coupable, rarement blessé. Jamais, sûrement. Puis les cours des premiers secours, c'est trop loin dans sa tête, maintenant. L'était tout jeune, le con.

Elle parle toujours et il aimerait l'assommer pour la faire taire. Flippe trop de la savoir inconsciente, d'pas la savoir vivante ou morte vraiment. S'contente de sortir son téléphone et lui adresse une grimace menaçante quand elle lui propose, si gentiment pour le déculpabiliser, de l'abandonner ici. Ben oui, bien sûr. Passe un coup de fil, rapide. Un deuxième, à peine plus long. L'premier, un taxi. Parce qu'Nox, il n'a pas de bagnole. Nox, il conduit pas, il conduit plus d'puis que la dernière fois, il a tué sa mère et l'homme qu'y avait en lui, aussi. Il essaie de garder les idées claires malgré le froid, malgré la nuit avancée, malgré le choc, malgré l'alcool. Pas facile, autrement dit. Pourtant, il le faut. Et s'il veut pas s'dire que c'est pour elle, au moins pour lui. L'deuxième, c'était le fameux médecin. Rendez-vous chez lui dans dix minutes. Pile le temps qu'il leur faut pour faire le ch'min. L'écoute plus, Nora. Fait abstraction. Il retire sa veste. Va bien falloir camoufler son bras blessé aux yeux du chauffeur. Prétextera qu'elle est trop saoule, la fille. Qu'il la raccompagne chez lui. Passera pour un gentleman, Noximilian. Pas pour le meurtrier qu'il est. Il se rapproche avec prudence pour la lui enfiler, l'entourer autour du bras, il sait pas. Mais c'est sans compter qu'elle lui tombe littéralement dans les bras. Les poils de son échine se hérissent. Dira qu'c'est le froid. La faim qui tape à la porte de sa conscience, pour se frayer un chemin. La repousse, Nox. Finalement plus fort qu'il ne l'croit, l'gamin. Sa tête contre sa poitrine, il se raidit tout entier. Pourtant, dans un geste presque robotique, ses bras viennent se refermer sur elle. Comme un pansement. Comme les barreaux d'une cage dorée. Pas envie qu'elle s'écarte et il sait pas bien, Nox, c'qui lui dicte cette envie désordonnée. Si c'est la faim ou si c'est autre chose. Dira qu'c'est l'instinct de l'animal. Peut pas s'l'avouer, Nox. Elle relève la tête et il se retrouve confronté à son regard. Y plonge, sans gilet de sauvetage, acceptant d'être emporté dans les flots d'ses prunelles. S'y noie déjà, Nox. Tant et si bien qu'il peine à comprendre c'qu'elle lui dit. Hoche la tête. Elle croit vraiment qu'il va aller raconter à tout l'monde qu'il lui a tiré dessus ? Fixe la rue, n's'attend pas au coup qui percute son menton - comme une caresse, pourtant. Calme-toi, qu'il lui ordonne. Un jour, j'te buterai. Il met quelques secondes - une éternité - à assimiler ses mots. Si sincères et c'est ça, peut-être, qui le secoue. Pourtant, il n'semble pas enclin à accueillir colère ou hargne. Semble las, soudain. Résigné. Je sais, qu'il répond seulement, passant une main dans ses cheveux déjà mouillés pour l'appuyer plus fort encore contre son torse. Paraîtraient presque attendrissants, là, vu de l'extérieur. Sa veste sur ses épaules, au creux de ses bras, le temps qui se suspend de nouveau. Presque mignons, les deux enfants égarés. Presque. Si elle se vidait pas d'son sang par le bras, sûrement. Mais l'sang semble bloqué, il coule plus. Nox peut pas vraiment vérifier. Peut pas se le permettre. Pas assez assuré d'se contrôler pour faire ça. Allez, viens. Mais elle peut plus marcher, il le voit bien. Se décale d'un pas pour comprendre qu'elle se tient déjà qu'à lui. Mais Nox, il n'a rien d'un preux chevalier. Nox, c'est plutôt l'voyou planqué dans le buisson pour tendre un piège vicieux. Il resserre l'emprise de sa veste contre ses épaules, essaie d'y emballer son bras, pour pas qu'on l'voie. Espère qu'y aura pas une seule trace de sang dessus. Putain, dans quoi il s'est fourré, encore ? Ecarte ses cheveux, approche son visage du sien, tient d'une main son épaule valide pour pas qu'elle s'écroule, et de l'autre, vient dégager son regard. C'est la seule fois que j'ferai ça, Nora, c'est clair ? Avec un soupir, comme si ça l'faisait chier, il passe alors soudainement ses bras sous ses jambes et la soulève. Putain, t'as jamais pensé à faire un régime ? Peut pas s'en empêcher, Nox. Pour donner le change. La brimer quand il aimerait juste se confondre en excuses qui sortiront sûrement jamais. L'a jamais portée comme ça. N'a jamais porté personne comme ça, Nox. Comme une princesse, comme elle disait juste avant. Rêvait pas tant qu'ça, la gamine. Sans s'en rendre compte, enfonce un peu trop ses ongles dans la peau de son épaule qui se dénude un peu.

(...) Le chauffeur de taxi n'a pas posé plus de questions qu'ça. Content, sûrement, d'avoir du boulot un mardi soir à cette heure. Pensait bien qu'la demoiselle, elle était ivre. À bredouiller sur l'siège arrière, qu'Nox essuyait des rires gênés alors qu'il aurait voulu l'étouffer pour la faire taire. Divague, sûrement. N'a pas trop écouté c'qu'elle raconte. A enchaîné l'gars sur son boulot pour faire diversion. Diversion d'la blessée qu'il trimballe dans sa caisse. Diversion de l'odeur insoutenable que Nora dégage. A essayé de se concentrer sur son parfum plutôt qu'sur son sang. D'la voir comme une femme plutôt que comme un bout de viande. Clairement, son self control est mis à l'épreuve comme jamais. Pourtant, on dirait qu'il tient l'coup, Nox. Heureusement qu'il habite au rez-de-chaussée. Aurait p't'être pas pu la porter jusqu'au sixième étage, quoi. Il avait choisi l'rez, à l'époque, quand il rentrait ivre mort à six heures du mat', s'était dit que c'était plus simple. Même que ça lui arrive encore. Et finalement, c'est plus simple aussi pour trimballer un poids mort. La pénombre de l'appartement un peu étroit est vite chassée par la lumière de la chambre. Il la dépose, en espérant qu'elle ne va pas s'écrouler. Pas l'occasion de protéger ses draps, sa couette. Pas l'temps de rien. Nox, il se sent plus là. Il la pousse presque sur le matelas. N'ose pas la regarder. N'a pas le temps de se trouver une excuse qu'ça tape discrètement à la porte. Timing parfait. S'enfuit pour aller ouvrir, écartant ses cheveux collés à son visage. Il grelotte, maintenant qu'il est à l'intérieur, qu'il s'rend compte qu'il crève de froid. Salut, Doc. Merci d'être venu. Le laisse entrer, l'regard sombre. Il a l'habitude, ce gars. La cinquantaine, sûrement plus satisfait d'être payé une misère à oeuvrer dans un cabinet merdique. L'enveloppe est sur la commode. Elle est dans la chambre. Blessée par balle, au bras. J'ai essayé d'faire un garrot mais... Mais s'est déjà enfuit, le médecin. Il s'gratte la barbe. Resté professionnel, l'gaillard. S'aperçoit qu'il tremblote, Nox. S'enfuit vers la salle de bain. Reste au moins une demi-heure sous l'eau brûlante. S'frotte à s'écorcher la peau. Comme si son sang le recouvrait. Inhale les vapeurs brûlantes, se calme, peu à peu. Fait taire la bête, la remet en cage. C'pas pour ce soir, le festin avec Nora en plat de résistance. Enfin, il espère. Imagine son lit plein de son sang. L'angoisse l'envahit de nouveau comme une fièvre tenace. Eteint l'eau. Prend son temps.

Quand il s'extirpe de la cabine, s'rend compte qu'il n'a pas pris de change. Ses fringues détrempées gisent sur le carrelage comme autant de preuves à conviction. Entrouvre la porte. Fait l'pudique, Nox. C'est pas comme si elle l'avait pas d'jà vu à poil des dizaines de fois. Centaines ? Sait plus, Nox. Dans la chambre, seule la lumière pâle de la table de nuit est allumée. L'doc est parti. Dans l'coin de la pièce, il voit un film plastique tâché de rouge. Putain. Il est prévoyant, l'gars. L'aura pas fait une tâche sur le lit, certainement. Y a la ceinture aussi, sur le tas rougeoyant. Dégoulinante de sang, enfin Nox l'imagine mais ne s'en approche pas. On verra ça demain. Ou dans dix ans. Attrape un t-shirt, un slip, un jogging troué. Trouve un mot sur la commode où l'enveloppe, vide, est barrée d'une écriture penchée. Dès demain. Toutes les deux heures. Sans alcool. Il attrape la boîte d'anti-douleurs. A dû remarquer, l'Doc, qu'elle avait pas mal d'alcool dans le sang. A dû l'sentir à son haleine. Ou p't'être qu'elle a déliré, raconté n'importe quoi et qu'il a mis ça sur le compte de l'alcoolémie. Et si elle avait tout raconté, cette garce ? Ose enfin poser ses yeux sur la silhouette sur le lit. Elle y a souvent été allongée, sur ce putain de matelas. Pourtant, c'est la première fois qu'elle y est de la sorte. Il note un pansement épais comprimer tout le tour de son bras. Un autre à l'épaule - p't'être que la balle a ricoché ? Ou ses ongles l'ont-il réellement blessée, quand il la portait ? Sait pas quoi faire, Nox. L'ose pas savoir si elle dort, si elle est dans les vapes, si elle l'écoute. S'assoit au bord du lit, fixe la fenêtre. La nuit est avancée - pas assez pour prétendre au matin, pourtant. Deux heures dix-huit, qu'ça affiche, sur le réveil. Penaud comme un enfant coupable, il se prend la tête entre les mains. Ses cheveux trop longs gouttent sur les draps et sur son dos. Putain. Il aurait envie de chialer, là. Y a tout qui retombe. La pression, l'angoisse, l'adrénaline. La colère, la faim, le désir. Y a tout qui s'émancipe de son crâne et ça le laisse vide comme une coquille, Nox. T'es vraiment une.. une... Mais les mots restent coincés. Il voudrait l'insulter, la frapper, l'étouffer. Mais bon, il a payé cher le Doc, c'pas pour finir le travail derrière. Il finit par s'allonger, presque timidement. Dos à lui, il peut pas voir si ses yeux sont ouverts. Voit son dos se soulever - au moins, elle respire. Il le fixe, son dos. Sans pouvoir fermer l'oeil, l'esprit trop éprouvé. Aimerait presque poser son bras sur elle. Voir c'que ça fait. S'ils pouvaient s'endormir ensemble. Sans s'griffer. Hésite, comme un gamin. Se demande si elle dort, encore. S'il va pas la réveiller. Et puis, sérieux Nox, t'en as pas d'autres des envies à la con ? Se reprend, soudain. S'trouve sacrément stupide, alors.
À s'demander ce que ça ferait de vivre avec elle alors qu'il vient de lui perforer le bras. Et puis, personne peut vivre avec lui. Pas vrai ? T'as pas intérêt de crever, Nora. Sinon, j'vais te chercher et j'te bute une nouvelle fois, qu'il menace, la tête sur l'oreiller. Il espère qu'elle dort, finalement. Rapproche sa tête de son dos. Se concentre sur son parfum. Puis si tu crèves, tu pourras pas me buter.


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