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 (caul) fraternité de l'au-delà

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fraternité de l'au-delà
Sa main court sur le papier avec fluidité. Elle pose son regard sombre sur la femme assise en face d’elle sans que la course folle de la mine ne s’interrompe. Elle se délecte de sa fascination, toujours ravie d’être au centre de l’attention pour quelques minutes et d’en mettre plein la vue à des inconnus. Si la vie ne l’avait pas gâté, au moins lui permettait-elle d’arrondir les fins de mois avec des séances de spiritisme dont le succès réside principalement dans une belle mise en scène. Bougies allumées aux quatre coins de son petit studio, longue robe sombre, pierres de protection achetées au rabais dans un magasin tout à un dollar. Mais ça fait le travail, à en croire cette femme, les mains jointes, récitant une prière alors que la main de Rosheen s’affaire à contacter sa défunte mère et à recueillir un dernier témoignage, un dernier mot. La blonde finit par poser le stylo, attrapant le papier, sourcils froncés. « Votre mère était bavarde dis donc. » La femme abandonne la récitation de son psaume, le regard étonné. « Pourtant mère était si silencieuse de son vivant. » Rosheen lui adresse un regard sombre, agacée de se voir interrompre si prématurément. « Donc. Elle parle d’un frère... » « Etrange, je suis enfant unique. » Nouveau raclement de gorge de la médium médiocre. « …Elle dit de le retrouver. Dans des allées sombres, entourées des esprits du passé. » « Mais je n’ai pas de frère. Vous êtes sûre de bien interpréter son message? » La blonde pose le papier sur la table d’un coup sec. « Vous avez qu’à le lui demander vous-même si ça vous convient pas. Qu’est-ce que j’en sais ? Les gens sont pas toujours ceux qu’on croit. Elle a peut-être abandonné un gosse avant votre naissance. J’vais pas faire le taf de tout comprendre à votre place. » La femme prend un air outré, se redressant aussitôt. « Mère était bonne sœur avant ma naissance. » « Comme quoi, elle était pas si bonne que ça puisqu’elle a quand même dû se faire sauter à un moment ou à un autre. C’est pas la sainte vierge à ce que je sache. » Définitivement choquée par les propos de la médium du dimanche, la femme ne demande pas son reste, maugréant à demi-mot et quittant l’appartement à toute vitesse. « Et mon paiement sale truie ! C’est pas le secours populaire ici, je bosse pas pour le plaisir ! » Mais la porte est déjà fermée, laissant Rosheen seule avec son drôle de message. Elle lève les yeux au ciel, se saisissant à nouveau du crayon. « C’est toi c’est ça ? » Un Oui apparaît sur le papier. « Tu fais chier, je t’avais dit de me laisser bosser. Et c’est quoi ces conneries de frère dans des allées sombres ? Moi j’ai pas de frère et tu le sais très bien alors t’es gentil mais va hanter quelqu’un d’autre ! » Pour seule réponse, elle voit apparaître un amas de lettres. Pyhol Lowslee. Plissant les yeux, trop habituée aux messages obscurs de l’au-delà, elle replace rapidement chaque chose à sa place. Sleepy Hollow. « Et là tu crois peut-être que je vais courir au cimetière pour y comprendre quelque chose ? » Un nouveau Oui. Il la connaît trop bien.

Le jour décline déjà sur la ville alors qu’elle frappe le pavé de ses talons épais. Une grimace tord son visage alors qu’elle passe les lourdes grilles du cimetière, dessinant à la va-vite un signe de croix devant elle. Il ne manquerait plus qu’elle se retrouve avec un nouvel esprit accroché aux basques. L’endroit est désert. « C’est mort. Ca valait bien la peine de me bouger jusque là génial. » Elle lève ses deux majeurs tendus vers le ciel, s’apprêtant à tourner les talons quand un bruit métallique l’interrompt. Il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour le reconnaître. Son cauchemar pendant de longs mois avant qu’on ne décide de la changer de familles d’accueil. Le dos courbé, elle se cache derrière une grande tombe sur laquelle on a gravé un ange. Quel drôle de sens de l’humour que de l’avoir dirigé vers son frère adoptif pour de longues semaines où ils avaient joué avec leurs nerfs respectifs, multipliant coups bas et mauvaises farces. Elle sursaute en sentant quelque chose lui effleurer le mollet. Un chat tigré l’observe. « Dégage sac à puces. » Mais l’animal ne semble pas de cet avis, reculant d’un pas avant d’hérisser son pelage et de lui cracher dessus, émettant des miaulements si forts qu’elle est certaine d’être démasquée d’une seconde à l’autre. « Mais va te faire foutre ! » Elle dévoile ses dents, lui crachant dessus à son tour en l’imitant, faisant détaller l’animal. La blonde tourne des talons. Pour se trouver nez à nez avec lui. Caul. Comme dans ses souvenirs, en plus grand et plus vieux. « Waw. Caul. Quelle agréable surprise. » Ses prunelles sombres l’observent d’un air de défi, se demandant si elle ne ferait pas mieux de le pousser dans un buisson et de s’enfuir en courant.
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Nul visiteur ne vint tenir compagnie à Caul Whitby ce jour-là. Non pas que le Sleepy Hollow Cemetery fut d’ordinaire un lieu bondé ou même une attraction touristique, bien au contraire. Si on recherchait des sensations fortes, il valait mieux traîner dans le périmètre de la ville, la vieille ferme de Pat Douglas y compris. Au sein de la ville en elle-même, le danger était réel, mais moindre. Enfin, c’était ce que les résidents d’Exeter aimaient répéter aux touristes, histoire de faire rouler l’économie. Si un malheur arrivait aux péquenots pendant leur séjour, ô tristesse, comme c’était dommage, mais il s’agissait de s’assurer qu’ils aient payé une chambre d’hôtel avant de disparaître et/ou mourir. Il fallait bien vivre, comme on disait. Les factures ne se payaient pas d’elles-mêmes, pas plus que le loyer. Sur ce point, Exeter ne changeait pas tellement des autres petites villes américaines. Un fait toutefois demeurait certain : il existait bel et bien des endroits peuplés de fantômes en tous genres dans la petite ville d’Exeter, plutôt charmante si on mettait de côté les soupirs glauques et les bruits de pas douteux qui hantaient les ruelles, parfois, à la nuit tombée. Et pas que les ruelles, oh que non. Il ne faisait aucun doute que dans le plus vieux cimetière de la ville erraient bon nombre de fantômes à la recherche du repos éternel ou d’une victime à se mettre sous la dent, façon de parler. Mais Caul Whitby avait appris à travailler malgré leur présence quelque peu inquiétante dans son champ de vision ou ses angles morts. Il avait grandi avec eux, en quelque sorte. Les revenants, ses frères et sœurs de cœur. À cette pensée, un sourire ironique s’accrocha à son visage tandis qu’il continuait sa ronde, juste avant de verrouiller les immenses portes du cimetière. Le jour déclinait à l’horizon et il n’était pas rare que des petits malins décident de se cacher derrière les mausolées ou les saules pleureurs dans il ne savait trop quel dessein. Pour s’amuser. Se défier. Se donner des frayeurs adolescentes. Caul en avait vu des vertes et des pas mûres au cours de sa carrière et pouvait s’attendre à tout de la part d’abrutis juvéniles. Bon sang, ce qu’il détestait les enfants.
Une main tenait la lampe de poche, l’autre était enfouie dans la poche de sa veste. Le vent d’hiver pouvait se montrer particulièrement pernicieux à ce temps-ci de l’année, il faudrait qu’il pense à sortir son bonnet et son écharpe à partir de demain. En plus, la première neige de l’année ne tarderait pas à tomber. Ses pensées tournées vers la météo, il prêta à peine attention au chat à la robe striée de rayures foncées à quelques mètres de lui, lequel s’enfuit parmi les pierres tombales sans demander son reste. Bah, qu’il se perde et bon débarras, songea le jeune homme avec une moue de dédain. Sa rencontre avec le félin aurait pu en rester là, mais coup de théâtre! Une voix méprisante s’éleva d’une tombe, de toute évidence à l’adresse de l’animal, lequel répliqua de moult miaulements courroucés. Un rictus enlaidit les traits de Caul, qui venait d’additionner deux et deux. En temps normal, il aurait simplement interpellé l’idiote, car il s’agissait d’une fille à en juger par son timbre de voix, mais il avait envie de la surprendre alors qu’elle s’y attendait le moins, à savoir quand elle se relèverait de sa cachette. En catimini, il se déplaça dans l’herbe gelée et s’approcha de l’intruse, occupée à châtier le chat de feulements. Absurde comédie. En silence, il attendit qu’elle se retourne en sa direction, mais malheureusement, elle ne sursauta pas à sa vue. En fait, elle ne paraissait même pas étonnée. En l’observant de plus près, il se fit la réflexion qu’elle lui disait vaguement quelque chose, sans pouvoir mettre le doigt dessus. Ce ne fut que lorsqu’elle s’adressa à lui qu’il réalisa à qui il avait affaire. « Rosheen? Eh ben, ça alors… Tu sais, si tu voulais me rendre visite, tu aurais pu frapper à ma porte plutôt que de te cacher derrière cette pierre tombale. Son propriétaire risque de t’en vouloir et de te hanter cette nuit. Tu sais comment les morts se montrent peu indulgents envers les vivants. » Sarcasme éculé. Leur langage à tous les deux.

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Il y avait plusieurs choses que détestaient profondément Rosheen. Les engagements amoureux en premier, boulet au pied empêchant définitivement d’avancer sur la seule voie de la liberté individuelle. Le fait de se faire prendre pour une idiote et d’être menée en bateau. Malheureusement pour elle, son ex fantasmagorique avait décidé de lui imposer ces deux choses. Liée dans la vie et dans l’au-delà, par la malédiction qu’il lui avait transmise, condamnée à répondre bêtement à ses provocations et à ne se satisfaire que de réponses vagues et approximatives. Et la blonde en est sûre, ce chat n’a pas choisi de se planter là par pur hasard. Elle sait très bien qui guide ses prunelles mordorées et qui le poussent à feuler et à s’agiter, ne faisant qu’augmenter sa colère profonde pour l’être volatile qui gravite sûrement autour d’elle en ce moment sans qu’elle ne puisse le voir. Et hors de question de lui offrir le privilège d’une nouvelle conversation écrite avant un long moment au vue du mauvais tour qu’il venait de lui offrir.
Ce n’est pas une surprise d’être découverte par le promeneur impromptu ou du moins celui qu’elle imagine comme elle, simple visiteur des lieux. Un rapide coup d’œil au trousseau de clés qu’il transporte et à sa lampe de poche lui font remettre en perspective la raison de la présence de Caul dans cet endroit. Elle lève les yeux au ciel, s’apprête à répondre et finalement se ravise. Le corps se raidit. Le regard fixe un point imaginaire, traversant le crâne de ce frère adoptif qu’elle espérait pouvoir perdre à tout jamais dans les méandres de son cerveau torturé. Elle tend une main vers l’avant, doigt pointé vers lui. « Je le sais Cauuuuuul. Ne le vois-tu paaaas ? Je suis revenue d’entre les morts pour te délivrer un messaaaaaage. » La blonde lève les bras vers le ciel , le regard toujours vide. « Tu dois te retourner et partir Cauuuuuuul ! Ne paaaaaarle jamaaaaaaais de ma venuuuuue ou tu seras hanté pour le reste de tes jouuuurs ! » Elle esquisse un pas en arrière, bras tendus à l’avant dans une caricature grotesque de fantôme. « Je disparaaaaais – parais -parais -parais …. » Elle continue sa lente marche arrière dans sa mise en scène improvisée. C’était sans compter sa méconnaissance des dédales du cimetière, heurtant de plein fouet une pierre tombale. « Putain de vieux caillou ! » Elle se frotte le bras, oubliant un instant l’absurde de la situation. Mais la présence de Caul la rappelle brusquement à la réalité. La blonde hausse des épaules, balayant sa longue chevelure en arrière. « Ca aurait eu vachement de gueule avec un fumigène. » Les poings sur les hanches, loin de se laisser démonter par sa prestation médiocre, elle le détaille de haut en bas. « Bon on va picoler ou on va rester planter là à faire semblant d’être contents de se voir ? Sauf si t’avais rencard avec un mort vivant. J’voudrais pas interrompre une partie de cul enflammée sur la tombe de Mémé Georgette. » Elle tire une cigarette d’une de ses poches, l’allumant de son briquet à arc électrique, loin de tout danger des flammes maudites, inspirant la fumée mortelle puis tourne les talons. « Allez amène-toi. Qu’est-ce que tu fous là de toute façon ? Et j’ai pas dit que je t’invitais ! » Fauchée comme les blés, la blonde, mais un talent pour trouver toute sorte d’occasions pour enchaîner les verres.
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Ce ne furent pas les traits vieillis de la peste qu’il reconnut en premier, mais sa voix pleine de mépris et de dédain envers lui. Non pas qu’il en voulut, le sentiment était partagé, l’avait toujours été, du plus loin qu’il s’en souvienne. Dans les premiers jours de leur cohabitation forcée, initiée par sa chère mère qui désirait sans doute contrebalancer la perte de son enfant arrachée par les griffes cruelles de la maladie, oui peut-être que dans cette période d’essai le jeune Caul n’avait-il ressenti qu’une profonde indifférence envers sa nouvelle sœur. Que ce soit clair, il ne l’avait jamais considérée, encore moins appelée, comme telle. Elle n’était tout au plus qu’une intruse sous le toit des Whitby, dépouillés de père et de sœur jumelle dans des circonstances trop tragiques pour être mentionnées au premier venu.
Et Caul étant ce qu’il est, il n’avait pas tardé à le lui faire comprendre, glissant des vers de terre sous ses draps ou volant sa serviette et ses vêtements quand elle prenait sa douche. Il n’avait simplement pas envisagé qu’elle réagirait avec autant de fougue et de malice. Les filles qu’il connaissait n’étaient pas aussi cruelles et vindicatives. Mais Rosheen n’était pas comme les autres filles, justement. Elle ne connaissait aucune limite. Comme lui, au fond. Peut-être se ressemblaient-ils trop pour s’entendre, au fond? Alors quand le travailleur social avait décidé de replonger la gamine dans le système, Caul s’était réjoui de son départ, même si une très minuscule partie de son être regrettait sa présence. Car Rosheen l’irritait et l’amusait tout à la fois. Elle apportait un peu de vie dans la maison par trop silencieuse des Whitby.
Alors, la retrouver dans ce cimetière, des années plus tard? Il n’avait jamais cru possible une telle éventualité. Bon, il ne l’avait pas non plus souhaitée. Encore un peu et on penserait que la jeune femme lui avait manqué. Beurk. Absolument pas. Mais il était curieux de voir qu’à l’âge adulte, elle non plus ne s’était pas éloignée bien loin d’Exeter. À croire qu’une fois prisonnier de cette ville maudite, on était condamné à y revenir tôt ou tard. Il arqua un sourcil étonné devant sa petite comédie de boulevard. Croyait-elle sérieusement que les fantômes étaient un sujet sur lequel on puisse plaisanter aussi allégrement? À Exeter? Allons donc. À la connaissance de Caul, elle n’y avait pas vécu bien longtemps étant gamine, mais elle devait se douter qu’il s’y passait des événements quelque peu douteux, non? « Si seulement tu pouvais disparaître pour de vrai, » soupira-t-il, nullement amusé par son petit numéro.
Soudain, l’écervelée trébucha contre l’une des tombes et manqua de s’étaler face contre terre. Caul ne put contenir un long rire moqueur, la lampe de poche toujours dans sa main. « De quoi tu parles? Tu sais bien que c’est Mémé Georgette elle-même que j’avais l’intention de baiser, » rétorqua-t-il, un sourire provocateur sur le visage. « Et de toute façon, qui a dit que je voulais aller picoler avec toi? » Mais il savait d’ores et déjà que c’est ainsi que sa soirée se terminerait. Rosheen pouvait se montrer très têtue, quand elle s’y mettait. Il l’avait appris à ses dépens. Elle venait de s’allumer une cigarette, scène qui lui rappela aussitôt un certain shérif de sa connaissance, fumant dans ces mêmes lieux il n’y avait pas si longtemps que cela.
Caul soupira et lui emboîta le pas, le cliquetis du trousseau de clés résonnant à chacun de ses pas. « En passant, je ne t’accompagne pas, je me dirige simplement dans la même direction que toi, » tint-il à rectifier, comme si ça changeait quoi que ce soit à leur affaire. Quand ils eurent traversé la grille noire du cimetière, il verrouilla les gigantesques portes derrière eux. Cette tâche terminée, il se tourna vers elle. « Par pure curiosité, tu manges encore comme un porc? Je n’ai pas oublié que pendant le peu de temps où tu t’es invitée chez nous, tu avais l’habitude de dévaliser notre réfrigérateur alors que ma mère avait du mal à joindre les deux bouts. » Ce n’était pas tout à fait vrai. Comme n’importe quel enfant à l’aube de la puberté, Rosheen avait eu besoin de manger pour deux, voire trois. Et Caul n’avait pas échappé à cette règle de la nature, toute ingrate fût-elle. Mais c’était drôle de lui faire porter le chapeau et d’essayer de la faire culpabiliser un peu.

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Non Caul ne lui avait pas manqué. Parmi toutes les familles dysfonctionnelles dans lesquelles elle avait atterri comme un fardeau de plus permettant d'arrondir les fins de mois, ça n'avait pas été la pire et de loin. Au moins avait-elle trouvé un adversaire à sa hauteur qui ne s'enfuyait pas en courant dès qu'elle sortait un mauvais tour de son chapeau. Mais tout cela n'avait été qu'éphémère comme toute forme de stabilité dans la vie de l'enfant terrible d'Exeter. La blonde ne cache pas sa grimace de dégoût lorsque celui qui fut un jour son frère d'adoption évoqua la possibilité d'un acte de chair avec Mémé Georgette, sûrement sous terre depuis bien avant la naissance. "Franchement .... Immonde. Même pour toi Whitby." Elle tire la langue, mimant de s'enfoncer deux doigts dans la bouche pour se faire vomir. "Et dire que je vais devoir vivre toute ma misérable vie en t'imaginant te taper une vieille en décomposition. Tu te rends compte du traumatisme de devoir t'imaginer à poil ? Putain, qui aurait cru que ce serait pire que les vers de terre ?" Un sourire sarcastique étire ses lèvres alors qu'elle croise les bras sur sa poitrine, évoquant leur petite guerre enfantine qui aurait sans aucun doute fini par prendre des proportions peu bénéfiques pour leur santé mentale plus que branlante. La blonde lève un sourcil, presque surprise qu'il se mette à marchander sa proposition si généreuse de s'enivrer jusqu'à en perdre la mémoire. En souvenir du bon vieux temps où ils n'avaient pas accès aux méthodes des adultes pour oublier leurs nombreuses failles, bercer dans les bras tendres et cruels de l'ivresse. "Ouais, c'est clair que t'as tellement d'autres plans. Sûrement avec tes amis imaginaires. Allez ramène toi Whitby, m'oblige pas à te tirer par la peau du cul." Elle échappe un frisson d'effroi. "Encore une image d'horreur." Tournant les talons, clope au bec, main libre enfoncée dans la poche de son manteau. Les mots du fantôme, couchés sur papier, hantent toujours son esprit. Un frère. Même pour Louis, l'humour était particulièrement de mauvais goût.

Ses pensées sont dissipées par les mots, sans doute à l'intention assassine, de son interlocuteur lui rappelant qu'il ne cède pas à sa proposition. Ou plutôt à son injonction. Elle hausse nonchalamment les épaules. "Raconte-toi l'histoire que tu veux si ça soigne ton égo malade. Je m'en fous." La fumée toxique s'infiltre dans ses poumons alors qu'elle patiente. Presque trop calme, la tempête ne demande qu'à éclater, préférant le faire entre deux shots de tequila qu'au milieu d'une rue déserte devant les grilles imposantes d'un vieux cimetière. Visage impassible, elle l'écoute répandre son venin loin d'être touchée par cette attaque gratuite sur ses habitudes alimentaires. Un pas dans sa direction, le détaillant de la tête aux pieds. "Bouhouhou, comme t'es méchant, j'vais le dire. Ah ben non, j'ai oublié. La pleureuse, c'était toi en fait." Elle laisse échapper un rire moqueur. "Des porcs, j'en mange des comme toi au petit-dej. Et va savoir pourquoi, la connerie rend leur cerveau super savoureux. Alors fais gaffe à ta caboche Whitby si tu veux pas te retrouver comme le cavalier sans tête." Sourire démoniaque sur les lèvres, révélant ses canines pourtant pas plus impressionnantes que d'autres. Elle ne prend pas la peine de mentir, plus depuis qu'elle a compris que la grande majorité des habitants de cette ville se contenteront de la regarder comme une illuminée parmi tant d'autres, une junkie en manque, une folle échappée de l'asile. "Et pas la peine d'essayer d'être sympa. Toute façon, y avait que ta soeur qui était cool. Dommage que ce soit elle qui soit morte." Nouveau haussement des épaules, savourant son coup de massue comme on se délecte du délicieux chocolat qu'on vient d'attraper au hasard dans une boîte. Et pourtant, ce n'est pas un mensonge. Il lui est arrivé plus d'une fois de converser avec la cadette Whitby, conversations privées couchées sur le papier qu'elle s'est bien gardée de transmettre au frère de la défunte. Elle tourne les talons, dégoulinante de satisfaction. Il y avait quelque chose de bien plus exaltant à faire mal qu'à faire le bien, une sorte de plaisir immédiat et intense bien qu'il ne laisse qu'un vide noir une fois évanoui. "Bon allez ramène toi. T'es d'une lenteur." Le pub le plus proche n'est qu'à quelques mètres et elle entend déjà les rires et conversations agitées des habitués, sûrement déjà à leur troisième tournée. "T'as qu'à rester sur le trottoir, j'vais pas te supplier de me suivre." La blonde balance sa cigarette au sol, l'écrasant du bout de sa chaussure, avant de s'engouffrer dans l'établissement bruyant. Avec ou sans Caul, elle ne ressortira pas avant d'y avoir laissé toute forme de raison.
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Devant l’air choqué de sa chère sœur, Caul ne put s’empêcher d’éclater de rire sans retenue aucune, le corps entier manipulé par son hilarité soudaine, entre ses entrailles crispées et les soubresauts de ses épaules. Il adorait offenser son prochain, Caul, c’était plus fort que lui. Et puis, cette fois, il n’avait même pas eu besoin de faire un effort particulier; la blonde lui avait tendu une perche et il l’avait saisie de ses deux bras. Il se rappelait le genre de conneries qu’il déblatérait dès que sa mère avait le dos tourné, c’était du même niveau que sa dernière boutade en date. Neuf fois sur dix, la blonde lui répliquait sur le même ton et c’était ce moment que le garçon choisissait pour hurler, tel un perroquet, les propos vulgaires à sa mère, laquelle s’empressait de réprimander la fillette pendant que lui se contentait, le visage angélique, d’observer la scène en retrait. C’était si facile de la mettre dans le pétrin, un jeu d’enfant. Car enfin, qui la pauvre femme croirait-elle : la gamine qu’elle avait recueillie sous son toit par excès de bonté ou son propre fils? Poser la réponse, c’était y répondre, assurément.
Peut-être Caul devrait-il aujourd’hui présenter ses excuses à la jeune femme pour toutes les fois où elle avait dû supporter des sermons sans broncher ou exécuter des tâches ménagères en guise de punition. Il supposait qu’une personne normale, c’est-à-dire saine d’esprit, serait tentée de lui tendre une branche d’olivier, passer l’éponge et tourner la page, ce genre de conneries que les êtres humains s’acharnaient à accomplir pour que se taise enfin leur sale culpabilité. Mais Caul, lui, ne ressentait rien de cette nature à l’égard de la jeune femme qui continuait de l’insulter sans aucun répit. Il ne ressentait rien du tout, à vrai dire, sinon un léger mépris envers elle qui allait grandissant. Il ne comprenait pas ce qu’elle faisait là, dans ce cimetière, à se cacher derrière une pierre tombale et à feindre l’apparition d’un fantôme. Elle s’emmerdait? Elle s’ennuyait de lui? Bah, c’était son problème, pas celui de Caul. Pour toute réponse, il singea ses paroles avec exagération tout en calquant ses pas sur les siens. Elle fumait en attendant qu’il ferme boutique, enfin façon de parler. Il effleura de ses doigts son trousseau de clés par pur réflexe, simplement pour s’assurer qu’il ne l’avait pas perdu en chemin; ce serait pénible de devoir faire marche arrière pour les retrouver dans le noir.
Il pencha la tête sur le côté, sa main autour de son oreille. « Hein? Quoi? Tu disais quelque chose d’intéressant, pour une fois? » Rien de tel que de feindre n’avoir pas saisi les paroles de l’autre personne pour l’agacer davantage. Une phrase, toutefois, retint son attention. Il fronça les sourcils. « T’as une obsession pour les têtes et les cerveaux? T’essaies de compenser quelque chose, peut-être? » Il s’avança vers elle, son visage redevenu sérieux. « Tu sais, si j’étais toi, je ferais attention à ma caboche également. Parce que ce petit jeu, il peut se jouer à deux et tu sais très bien que face à moi, tu ne vaux pas le poids. » Comble de la condescendance, il se baissa vers elle et lui administra une pichenette sur le front. Mais bien sûr, il aurait dû se douter que leur petite querelle n’en finirait pas là. Comme pour se venger de cet affront, Rosheen contre-attaqua sous la ceinture en mentionnant sa sœur jumelle. Caul se raidit, bien qu’il essaya de n’en point laisser paraître. Il détestait parler de cette sœur qu’il ne connaissait pas vraiment, parce que partie trop tôt, seulement quatre ans après leur naissance. Ça réveillait de vieilles blessures en lui. Oh, il ne s’ennuyait pas d’elle en tant que tel, non, mais ressentait en permanence le sentiment d’être vide — incomplet — depuis sa mort. Comme si une partie de lui-même agonisait encore, à six pieds sous terre. « De quoi tu parles? Tu l’as jamais connue, à ce que je sache. »
Mais elle ne sembla pas vouloir lui répondre de sitôt, toute pressée qu’elle était d’aller se saouler au bar le plus près. Caul, lui, n’en avait pas tellement envie. La présence de Rosheen l’agaçait trop pour qu’il puisse relaxer. Il continua cependant de marcher dans son sillon, traînant un peu les pieds pour montrer sa mauvaise humeur. Il leva la tête. Le bar trônait à quelques mètres d’eux et le tumulte des voix et de la musique rock lui parvenait par une porte qu’on venait d’ouvrir, puis de refermer. Resté immobile sur le trottoir, il soupira un bon coup. Il donnerait tout pour se débarrasser de cette sœur pour la seconde fois de sa vie, mais ne pouvait nier que ses propos énigmatiques à propos des cerveaux et de sa jumelle piquaient doublement sa curiosité. Alors comme un bon toutou, il la suivit à l’intérieur, où il ne tarda pas à reconnaître sa silhouette près du comptoir, sans doute en train de commander son premier verre de la soirée. Caul roula les yeux avant de s’approcher d’elle, le pas encore traînant. À son niveau, il croisa les bras, une moue sur le visage. Comme un gamin mécontent. « T’as pas répondu à ma question, l’alcoolo. Ma sœur jumelle. Comment ça se fait que tu l’aies connue? Je sais qu’il se passe des trucs chelous dans cette ville de merde, mais quand même… » Il n’acheva pas sa phrase, l’air inquisiteur.

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Après toutes ces années sans se voir, elle n'aurait pas imaginé prendre un tel plaisir à torturer celui qui fut un jour son frère. Ces voûtes verbales avaient quelque chose de satisfaisant sans qu'on puisse autant dire que cela lui avait manqué. Caul avait été très loin d'être tendre avec elle durant les quelques mois où ils avaient partagé le même toit. Il ne lui avait jamais donné de raison de développer un attachement plus ou moins profond pour lui ou pour sa famille. Mais au moins chez les Whitby, elle n'était pas totalement invisible. Les bras croisés sur la poitrine, les sourcils froncés, elle le défit du regard. Soudain, la blonde a de nouveau une dizaine d'années, dur retour en enfance, dénuée de toute capacité de réflexion avancée quand bien même cela soit possible en temps normal. Et c'est à elle de reprendre ses paroles quand il tente d'insinuer un besoin de compenser ses capacités intellectuelles limitées, reprenant ses mots avec une voix qui agace même ses propres oreilles. Loin d'être effrayée par sa vaine tentative d'intimidation, il lui faut inspirer profondément pour conserver un semblant de sang froid et ne pas lui sauter à la gorge pour lui faire ravaler sa suffisance. La haine viscérale se joignait à la colère. Si ces sentiments n'étaient pas particulièrement agréables, au moins avaient-ils l'avantage de lui donner la sensation d'être vivante.

C'était petit de ramener sa défunte soeur sur le plateau, même pour elle. Mais les mots avaient franchi ses lèvres avant qu'elle ne puisse les retenir. Et vu le visage interdit de Caul, elle sut qu'elle venait de taper au bon endroit pour enfin lui faire ravaler sa suffisance. Sourire arrogant sur les lèvres, la blonde tourne les talons, ne relevant pas ses interrogations. La perche qu'elle venait de trouver pour le torturer était bien trop intéressante que pour la lâcher de si tôt. Si ses yeux avaient pu lui adresser un doigt d'honneur provocant, ils l'auraient fait alors que la lourde porte du pub se referme sur la blonde. Dans le bar, le bruit est omniprésent, noyant le flux de ses pensées. Odeur de cigarettes, de bière renversée et de sueurs, l'endroit est loin d'être raffiné mais suffisant pour lui permettre d'oublier. De s'oublier. Son activité favorite une fois la nuit tombée. Se faufilant jusqu'au bar, elle tente d'attirer l'attention du barman, en grande conversation avec un groupe d'hommes. Ses lèvres s'étirent dans un nouveau sourire diabolique alors qu'elle aperçoit du coin de l'oeil Caul qui a fini par se sortir de sa léthargie pour la rejoindre. "Rosheen, tu pourrais m'expliquer comment tu communiquais avec ma défunte soeur quand tu habitais avec nous ? Allez, on en parle autour d'une bière ? Je t'invite." Ca tu vois, ce serait une façon correcte de demander." Elle hausse des épaules, retournant à sa tentative désespérée d'attirer l'attention du barman sans prendre la peine d'esquisser un semblant de réponse à sa question. Il était bien trop plaisant de poursuivre le suspens cruel qu'elle avait déjà commencé à installer.

Enfin, l'homme, un torchon sur l'épaule, leur adresse un regard blasé, sûrement contrarié d'avoir été interrompu dans les pronostics du score du prochain événement sportif. "Deux bières et deux shots de vodka. C'est lui qui paie." Elle désigne Caul d'un doigt tendu par-dessus son épaule, descendant immédiatement son shot avant de partir à la recherche d'une table, sa bouteille de bière à la main. Enfin, elle finit par apercevoir une banquette disponible, s'y affaissant pour descendre une longue gorgée du liquide ambré. Méritait-il seulement qu'elle lui livre quelques détails de ce don qui avait fait de sa vie un enfer bien avant qu'elle ne soit mordue ? Sûrement que non. Mais le torturer était un divertissement plaisant, elle dût bien se l'avouer. Penchant la tête sur le côté, elle fronce à nouveau les sourcils en se décalant pour lui laisser une place. "Donc t'as jamais lu mon journal intime. J'pensais que c'était le B.A-BA de l'emmerdeur pourtant." Ou peut-être en a-t-il conclu que l'enfant terrible était bel et bien dérangée, à retranscrire des dialogues sans queue ni tête. A s'inventer des discussions avec une soeur inconnue. Et pourtant. "On s'écrivait c'est tout." Elle hausse à nouveau des épaules, sans chercher à éclairer sa lanterne, pour déglutir une nouvelle gorgée de bière. "Elle avait rien de spécial à te dire. Mais elle était cool. J'lui ai dit de passer de l'autre côté et j'ai plus eu de nouvelle. Fin de l'histoire. Merci pour le verre. Maintenant tu peux disparaître de ma vie à nouveau, tu seras gentil. Bizarrement tu me manquais pas du tout tu vois." D'un signe de la main, elle lui indique le chemin de la sortie. Elle se débrouillerait très bien toute seule pour s'embrouiller l'esprit jusqu'au petit matin et peut-être trouver des bras inconnus dans lesquels se perdre un peu plus.
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