We're gonna have a good time tonight || Blackwell

Les journées au commissariat sont de plus en plus remplies de paperasses et d’intervention à l’approche d’évènement particulier à Exeter il faut rester sur ses gardes et mettre en place les dispositifs adéquats. Tu commences le boulot vers 6h du matin et termine le soir à 23h si ce n’est pas minuit le plus souvent et même le Dimanche tu prends l’habitude d’aller au bureau. Un wendigo ne peut pas se fatiguer mentalement et son corps est plus résistant et endurant que la normale, mais il n’est pas invincible et tu vas bientôt commencer à te rendre compte de la limite qu’il peut atteindre. Une partie de ta conscience doit penser sûrement que ta famille sera présente pour te rattraper au moment opportun et qu’aucun d’eux ne te laissera t’écrouler au sol sans réagir. Une belle façon de ne pas lâcher l’affaire et de continuer à écourter les nuits pour te concentrer sur la recherche de celui qui par la main de dieu comme il aime le pensé, t’as privé de tes parents à tout jamais. C’est encore plus compliqué de contrôler la faim quand elle pointe le bout de son nez depuis que tu n’as plus cette mère qui dans le même bateau avait toujours des mots justes capables de te faire revenir sur le droit chemin. Il aura fallu une expérience dramatique avec ton amie d’enfance pour te rendre compte qu’il ne faut pas se nourrir d’humains vivants au risque de le regretter pour le reste de tes jours. Une belle expérience malgré un traumatisme qui ne pourra jamais plus se faire oublier. Il faut toujours une bonne raison, pour ne pas aller travailler et laisse les adjoints se charger de la structure et de l’organisation des patrouilles, une raison toute trouvé. L’anniversaire de Soledad, cette gamine qui n’arrête pas de te faire des problèmes et t’oblige à te rendre au poste alors que tu es sur une enquête importante. La même sœur qui peut passer des heures à crier si elle n’a pas ce qu’elle demande, capricieuse et survolté. Pourtant tu l’aimes, et tu ferrais n’importe quoi pour elle, c’est une certitude. C’est la même chose pour Jill, de toute évidence et depuis les premiers jours.

Tu n’es pas très doué pour préparer un anniversaire, heureusement que la grande sœur de la famille sait comment faire, tu n’avais qu’à te montrer à l’heure et dans une tenue respectable. Elle devait faire allusion au costume de Shérif qui évidemment ne peut pas plaire à tout le monde, c’est pour ça que tu attrapes une chemise pour être un minimum présentable. Tu n’as pas l’habitude de t’habiller convenablement, seulement dans des repas pour riches auquel vous n’avez pas le choix d’assister pour faire perdurer l’image de l’empire Blackwell. Et pour cette occasion, pour tes parents, tu es toujours prêt pour faire ce genre d’effort. Une fois hors de la chambre, tu prends le chemin de la grande salle pour aller retrouver tes sœurs, Dante n’a même pas pris la peine d’accepter l’invitation ce qui n’est pas surprenant. Il mérite une paire de claques parfois. « Bon, c’est suffisant ? » Tu plantes le regard dans celui de Jill et écarte les bras presque pour te faire fouiller et analyser en espérant qu’elle ne t’envoie pas à l’étage pour changer de vêtements. Tu ne pourrais pas dire non de toute façon. Soledad ne va pas tarder de toute façon, il faudrait un miracle pour avoir une nouvelle fois le temps de te changer. C’est le moment qu’elle prend pour arriver, quand on parle du loup il montre le bout de son museau et dévoile même son sourire en rentrant, comme quoi c’est toujours mieux que de l’observer à travers des barreaux de prison.

« Surprise. » C’est complétement loupé, mais au moins la joie peut se lire sur son visage et c’est tout ce qui compte. « J'suis contente que tu sois sorti de ton poste de police... Je devrais fêter mon anniversaire plus souvent...Même si ça ne me plaît guère de vieillir... » Tu hausses les épaules et ne comprend pas cette envie purement féminine de ne jamais prendre de l’âge. Tu rêves d’avoir des cheveux blancs et de t’asseoir sur un banc dans un parc pour cracher sur les gens qui passent. « Je pouvais bien faire une exception pour toi. » Un diner caritatif pour Jill et l’anniversaire de Soledad, et tu ne pourrais ça pour personne d’autre. Iris peut être et encore, c’est trop tôt pour le dire.

Nero ne pouvait nier être tombé des nues en recevant une invitation pour la petite fête organisée au manoir pour l’anniversaire de la jeune Soledad. Il n’exécutait plus la moindre tâche sous le toit des Blackwell et n’avait plus revu les quatre orphelins dans la même pièce depuis… oh, lui-même n’arrivait pas à s’en rappeler. Les fragments de sa mémoire s’éparpillaient ici et là, sans qu’il ne puisse les reconquérir. Ce n’était pas qu’il avait coupé les ponts avec les quatre enfants dont il avait eu la charge pendant une bonne partie de sa vie, bien au contraire. Lorsqu’il croisait l’un d’eux dans la rue ou un commerce quelconque, il le saluait volontiers avec toute l’affabilité dont il était capable, ses vieux réflexes de majordome reprenant le dessus. Il ne refusait pas non plus de prendre de ses nouvelles, de même que celles du reste de la fratrie, cette fois non par politesse, mais par réel intérêt. Il s’agissait des rejetons de William, après tout, la chair de sa chair. Parfois, en observant le regard austère de Jill, la démarche fière d’Asta, les cheveux en bataille de Dante et le sourire en coin de Soledad, il avait la fugace impression non sans un pincement au cœur de revoir son vieil ami, dont les os pourrissaient aujourd’hui six pieds sous terre, parmi les lombrics affamés.
Son absence lui pesait comme au premier jour et quand bien même la vérité quant à ce damné Archange venait-elle à être révélée, il sentait au plus profond de son être que le vide abyssal, qui l’accueillait chaque matin au réveil et qui l’accompagnait chaque nuit avant de sombrer dans les bras de Morphée, ne le quitterait jamais vraiment. Et pourtant, chaque minute passée loin des dossiers soporifiques dont il avait la charge, il la consacrait à la recherche du démon ailé, comme il aimait à le surnommer dans ses heures les plus sombres. Mais hélas! Ses mains semblaient repousser non seulement les fantômes peuplant Exeter, mais également la vérité qui jetterait enfin le point final sur cette histoire sordide. Dieu, si tant est qu’il existât et qu’il eût le moindre pouvoir en ce bas monde, lui déniait toute justice. Las de ces échecs cumulés sur près de quinze ans, Nero avait besoin d’un jour de congé, pendant lequel serait interdite toute mention à la tragédie qui avait frappé la maisonnée dont il avait autrefois eu la charge. Aussi l’invitation à la petite fête de Soledad, tout aussi imprévue fût-elle, le réjouissait-il. Il ne pourrait s’empêcher de penser à l’homme et la femme partis trop tôt, mais pourrait se forcer à tirer plaisir de la compagnie des vivants plutôt que des morts, pour une fois.
À l’heure prévue, il gravit le large escalier du manoir, un paquet à la main, et faillit oublier de frapper à la porte par pure habitude. Ce fut l’aînée qui vint lui ouvrir. Il s’efforça de ne rien laisser paraître en sa présence, mais jamais, oh jamais il ne pourrait évincer de sa rétine l’image de l’adolescente de seize ans s’approchant un peu trop près de lui, un certain jour de janvier… Mais ce n’était ni le lieu ni le moment de se laisser aller à ces réminiscences. Soledad. Son anniversaire. Bien sûr. « J’ai cuisiné un gâteau au chocolat pour mademoiselle, je crois me rappeler que c’est celui qu’elle préfère, » annonça-t-il avec un sourire placide. Il avait même pris le soin de le décorer avec des dessins de golden ticket et d’Oompa Loompa, pour rappeler à la jeune femme l’un de ses films fétiches de son enfance, Charlie et la chocolaterie. Asta arriva sur ces entrefaites et Nero l’accueillit d’un sourire, heureux de voir que le jeune homme semblait bien se porter.
En attendant l’arrivée de la benjamine, Nero s’éclipsa à la cuisine comme jadis pour parer son gâteau de bougies. Pendant un moment, il eut l’impression que rien n’avait changé au manoir, et pourtant… Il jeta un regard désapprobateur à la montagne de vaisselle sale qui trônait dans l’évier de la cuisine. Bientôt, Jill et Asta vinrent le rejoindre pour préparer les derniers préparatifs de la fête, mais n’eurent guère le temps d’amorcer quoi que ce soit : la porte d’entrée claqua et la blonde les interrompit quelques secondes plus tard. Nero, qui avait déposé le gâteau sur le plan de travail, tenta de le cacher de sa haute taille pour ne pas gâcher la surprise. Elle aussi semblait en pleine forme. Pendant que le frère et les sœurs conversaient, il se dépêcha de planter les bougies dans le généreux crémage et de les allumer. Le gâteau prêt, il entonna la célèbre chanson d’anniversaire tout en s’avançant vers elle. Le résultat était peut-être puéril, mais qu’importe. À ses yeux, Soledad était encore une enfant, malgré ses vingt-quatre ans nouvellement atteints.

« Suffisant et parfait. Il est rare de vous voir sans votre uniforme, monsieur le shérif. » Un sourire léger qui vient doucement comme pour lui rendre son compliment, douce et chaleureuse comme toujours. C’est vrai que tu n’as pas l’habitude de prendre soin de toi et de passer du temps devant la commode à chercher des vetements qui soient adapté à ce genre de soirée. Le plus souvent, le premier haut et pantalon passant devant ton nez peuvent faire complétement l’affaire. Tu le sais. Vous arrivez alors dans l’autre pièce après l’énumération de l’arrivé de Nero, homme que tu n’as pas vu depuis longtemps. Ce n’est pas que tu as quelque chose véritablement contre l’ancien majordome de cette famille, simplement comme un gout d’inachevé qui s’évapore dans l’air alors que tu aperçois ses traits après plusieurs semaines. Pour toi, il n’a jamais fait ce qu’il fallait concernant le meurtrier des parents, il devait protéger cette famille et n’a tout simplement réussi sa mission. C’est à toi maintenant de prendre en main les membres restant de la fratrie pour protéger et couver de ta bulle protectrice ce manoir et ses habitants. Tu n’as plus besoin d’un garde du corps et même s’il avait passé des années à t’apprendre l’art du combat dans le jardin de l’habitation, tu ne pourras jamais complétement pardonner. C’est utile cependant de savoir se défendre multiplié par une force de Wendigo qui vient se mêler à une technique appréhendée et enregistrée pendant tes jeunes années. « Salut, le vioc. » Comme tu l'appelais avant, quand tu étais jeune et insouciant. C’est tout ce qui peut sortir de ta bouche alors qu’il te rend ton bonsoir d’un mouvement de tête, toujours fidèle à lui-même.

Rapidement un autre sujet émerge dans ton esprit alors que l’heure n’est pas aux chamailleries, mais à la célébration d’une nouvelle année pour la cadette de la famille. Cette jeune femme pleine de vie et de vices qui n’arrête pas de grandir devant tes yeux de grand frère agacés. Bientôt, elle n’aura même plus besoin de vous pour faire sa propre vie, légère douleur d’un père de substitution qui ne peux pas voir son enfant prendre son envol. C’est encore trop tôt. Tout le monde rigole, surtout en voyant la réaction de la jeune femme qui débarque et ne s’attend pas à ce genre d’attention, comme si elle pouvait penser que vous ne feriez rien. Impossible. « Tu remontes dans mon estime de meilleur des frères... » Attention que tu acceptes avec une certaine joie, Jill, Soledad et Iris étant les seules femmes ayant l’autorisation de t’approcher d’aussi prêt et de pouvoir déposer un baiser sur ta joue. Pour Iris, c’est encore autre chose, mais ne rentrons pas dans les détails. « Content de l’entendre. » Tu savais tout ça, mais l’entendre de ses lèvres possède une tout autre saveur bien plus agréable que ne peut le faire ton imagination. Et tu n’es pas en reste tant Jill possède cette même faculté de montrer combien vous comptez pour elle.

C’est alors que tout se passa très vite, à commencer par un discours comme vous avez l’habitude de le vivre avec Soledad, ce n’est plus un secret. Nero et Jill qui commencent à chercher une bonne bouteille, c’est ce qui commence à réveiller cette curiosité chez toi. Toujours partant pour une bonne coupe de champagne et un peu d’alcool, comme un second visage dans les forces de l’ordre. Plus qu’un mythe, une réalité. Elle veut que tout le monde soit ensemble et puisse profiter, ce qui est le cas en ce moment même, ce qu’elle avait évoqué pendant votre petite discussion au commissariat l’autre jour et avait eu pour bonne finalité de rapprocher deux personnes possédant déjà un lien inébranlable. Un jeu d’alcool ? Pourquoi pas. La dernière fois au lycée tu n’avais pas fait le malin longtemps, mais depuis tu as eu le temps de t’entrainer à encaisser les verres. Reste à voir si Nero peut te suivre tout au long de la soirée, un léger rictus apparaît sur tes lippes alors que tu attrapes le verre qu’on te propose. « Merci. » Soledad fait rapidement les équipes, du coup vous serez ensemble. Tu lèves une main pour qu’elle puisse taper dedans comme dans vos jeunes années. « On va tout démonter, princesse. » Les hostilités sont lancés.