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 cold like war (dinaul)

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cold like war (dinaul)
Mar 26 Jan - 22:35


Dès qu’il poussa la porte, la clochette suspendue au-dessus sa tête s’agita dans tous les sens, créant un tintement clair et audible dans la vaste pièce s’offrant à ses yeux blasés. Aussitôt, le jeune homme s’immobilisa, banda ses muscles comme pour passer à l’offensive. Il imaginait le propriétaire de la librairie tapi dans quelque sombre recoin, en train d’épier sans piper mot son nouveau client, peut-être le seul de sa triste journée. Ennemi de ces reliques du papier qu’étaient les livres d’encre et de papier, il ignorait si la boutique, dont il venait de traverser le seul, jouissait d’une bonne réputation auprès de la population d’Exeter, encore moins si elle attirait plus de cinq ou six personnes par mois. Car enfin, qui, en ce XXIe siècle s’intéressait encore à des bouquins poussiéreux? Qui voulait réellement gaspiller son argent acquis à la sueur de son front dans de telles inutilités? Pas lui, en tout cas.
Voilà sans doute pourquoi il se surprenait lui-même à pénétrer au cœur du Wyrd Fine Antiques & Rare Books en ce début d’après-midi de janvier venteux et glacial. En temps normal, il se serait volontiers passé d’une telle visite et contenté d’une recherche google pour assouvir sa curiosité. Mais même le célèbre moteur de recherche avait ses limites sur les sujets les plus obscurs de l’univers, même s’il rechignait à l’admettre. En toute honnêteté, il avait mieux à faire de ses journées que de bouquiner. Par exemple, emmerder ses voisins. Rattraper ses heures de sommeil perdues dans un job monotone et répétitif. Emmerder ses voisins. Capturer des encéphales frais et délicieux. Emmerder ses voisins. Se masturber sur de la porno de mauvaise qualité. Emmerder ses voisins. Un imbroglio d’emmerdes et de mauvais coups en tous genres. Ainsi se résumait la vie pathétique de Caul Whitby. Non, s’il franchissait aujourd’hui le seuil de l’antre de prédilection des losers de cette ville paumée, c’était pour la simple et bonne raison qu’il en avait entendu les échos auprès d’autres membres de l’Église de Minuit. Il paraissait que la librairie renfermait des ouvrages intéressants sur la magie noire, en particulier sur les rituels que seuls osaient exécuter les sorcières et sorciers de haut niveau. Le zombie n’était certes pas (encore) qualifié pour s’essayer à l’un ou l’autre de ces rituels, mais ça ne lui coûtait rien de s’informer d’ores et déjà, non? En tant que simple recrue du culte, il tenait à faire ses preuves et montrer qu’il prenait son engagement envers l’église très au sérieux. Un élève sérieux et appliqué, en somme. Loin de l’image qu’il dégageait pendant ses années adolescentes, ça oui.
Un rictus amusé se dessina sur son visage pendant qu’il s’avançait dans la boutique. Sous ses bottes humides de la neige fondue, le plancher de bois craquait à chacun de ses pas lourdingues. Derrière les hautes étagères et la montagne d’objets insolites ici et là, personne en vue. Le sentiment d’être observé continuait pourtant de le hanter. Enfin arrivé au comptoir où trônaient une vieille caisse enregistreuse ainsi qu’une pile de livres laissés à l’abandon, le jeune homme pianota, l’air distrait, sur la surface de bois. « Hello, y’a quelqu’un? » s’enquit-il d’une voix forte au bout d’un moment. Seul le silence lui répondit, à la fois obstiné et un peu inquiétant. Il savait mieux que quiconque qu’Exeter rimait avec manifestations de l’au-delà, et ce, à tout moment du jour et de la nuit. Pour une fois qu’il ne voulait embêter personne et simplement acheter un bouquin, ne pouvait-on pas lui foutre la paix? Mais peut-être s’imaginait-il des trucs? Soudain, il sentit une présence étrangère dans son dos. Sur le qui-vive, il fit volte-face et se retrouva nez à nez avec une jeune femme d’à peu près son âge, au visage familier. Un peu trop à son goût. Mais il aurait dû savoir, aurait dû anticiper que s’il la recroisait un jour, ce serait autour de tourelles livresques et pas ailleurs. « Hermione Granger, quel déplaisir de te revoir, » proféra-t-il d’une voix traînante et railleuse. Bien sûr, il n’avait jamais lu les romans du petit sorcier à lunettes, seulement vu les films. Mais il se trouvait intelligent de caser une référence culturelle dans sa phrase.

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Re: cold like war (dinaul)
Sam 30 Jan - 22:57

« C’est la d e r n i è r e fois que je vais seule chez la vieille Cholodenko. » La voix menaçante de Bonnie s’élève dans la petite boutique dès qu’elle en passe le pas de la porte, le visage illuminé par l’écran de l’iPhone qu’elle pointe dans la direction de Dinah en un geste accusateur dès qu’elle l’aperçoit s’approcher du comptoir avec une lourde pile de livres. « T’as ramené des choses intéressantes ? » De là où elle se trouve, elle l’observe pendant quelques secondes, l’air penaud — la voit se tordre pour maintenir en équilibre une vieille boîte en carton contre sa hanche avant de ranger son portable dans la poche arrière de son jeans. « J’ai le livre aux images un peu dérangeantes qu’elle avait promis, si c’est c’que tu demandes », fait-elle en venant déposer la caisse sur le comptoir avec fracas. Elle ôte son bonnet, ses gants et puis sa vieille veste de cuire qu'elle trimballe depuis la nuit des temps aussi. « J’ai aussi quelques trucs qu’elle aurait pu refourguer aux Arcades. C’est dingue, on fait comment pour dire non aux vieux ? » Dinah, qui a déjà ouvert la vieille boîte, fronce les sourcils en s’apercevant que le carton a pris l’eau. « Impossible, pour ça que c’est toi que j’envoie en général », se contente-t-elle de répondre en sortant un candélabre aux branches tordues, une petite statuette en marbre (« ehhh, touche pas, paraît qu’elle est hantée »« tu me dis seulement ça maintenant ? J’viens littéralement de la t o u c h e r ») et, finalement, le livre, après avoir fouiné. Entre mythes et abominations : les prédateurs des profondeurs.
Le coeur de Dinah se serre un peu dans sa poitrine, bat même plus rapidement quand elle passe l’index le long de la reliure aux inscriptions mordorées, mais ça ne l’empêche pas d’adresser un sourire entendu à Bonnie lorsqu’elle arque un sourcil sceptique — ton père te laissait vraiment lire ce genre de trucs quand t’étais gamine ? — puis s’éclipse à l’arrière boutique pour trier ses trouvailles (« tu vas pas m’aider ? »« moi j’touche pas à tes trucs hantés à la con, tu viens de dire qu’fallait pas y toucher »).

« Hello, y’a quelqu’un ? » Dinah a bien entendu la clochette s’agiter, et le vieux parquet craquer sous la masse du nouvel arrivant — potentiel client. Elle tend l’oreille, écoute les pas se stopper et reste figée un court moment sur cette petite échelle à l’équilibre précaire, juste le temps de voir si Bonnie est remontée de la cave lugubre qui leur sert d’arrière boutique.
Well.
Les mains de Dinah glissent le long du bois vernis de l’échelle qu’elle abandonne en faisant la moue pour slalomer entre les quelques rayons qu’offre la wyrd fine antiques & rare books. Elle émerge du fond de la boutique une quinzaine de secondes plus tard, tout au plus — reconnaît la haute silhouette de Caul Whitby avant qu’il ne s’aperçoive de sa présence. Super.
Génial.
Dinah a un petit mouvement des épaules — un peu comme un sportif de haut niveau s’apprêtant à entrer sur le ring et accomplir la performance de sa vie — avant de glisser les mains dans son dos, de nouer ses doigts comme des petits crochets qui s’emboiteraient à la perfection. Aux dernières nouvelles Caul Whitby ne savait pas lire. Bon, elle exagère sans doute un peu — Caul Whitby ne se donnait pas la peine de lire. « Hermione Granger, quel déplaisir de te revoir. » Les lèvres de Dinah s’étirent en un petit moqueur, dégoulinant d’un dédain qu’elle n’a pas encore eu l’occasion de savourer pleinement. « Caul », fait-elle en inclinant légèrement la tête, détachant ses doigts un à un avant de venir joindre les mains devant elle. « Toi, dans un lieu de culture. » Elle a un nouveau sourire, le désigne d’un petit geste de la main qui, en d’autres circonstances, servant à dialoguer avec quelqu'un d'autre, se voudrait bienveillant. « Quelle surprise. » Elle s’approche un peu, le contourne pour venir se positionner derrière la vieille caisse enregistreuse qui devait déjà être là à l’époque de son père et, en fait, c’est un peu dingue qu’elle soit encore là, ou qu’elle fonctionne toujours d’ailleurs. Bonnie trouve que ça donne du charme à la boutique, que ça renforce le côté mystique de l’endroit et elle ne sait plus trop quoi. Peut-être bien qu’elle a raison, Dinah s’en fiche un peu de tout ça — si ça ne tenait qu’à elle, elle s’en serait débarrassée le jour où ses vieilles converses usées se sont plantées sur le parquet pour la première fois. Qu’importe. « Je t’écoute. » Son regard, curieux l’espace d’un court instant, finit par tomber sur le livre que Bonnie a rapporté plus tôt dans la matinée. Elle le fait glisser le long du comptoir d’un geste nonchalant, soulève la pile abandonnée non loin de là et le glisse habillement tout en-dessous, avant de relever des yeux impatients sur Caul.

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Que ce soit bien clair. Il ne détestait pas Dinah Holbrook, pas vraiment. Il ressentait de l’agacement envers cette jeune femme au regard sans doute trop hautain pour être aimable, oui. Il méprisait son vocabulaire trop élargi pour être compris du commun des mortel, oui. Il s’exaspérait de sa tendance à prendre tout le monde de haut, comme si Mademoiselle appartenait à une caste supérieure du fait de ses A+ et des regards approbateurs des professeurs sur sa personne où qu’elle aille, ça oui. Mais il ne la détestait pas en tant que tel. Il allait de soi que lui, il se serait passé de l’espèce de tutorat qu’on lui avait fait subir dans l’espoir bien naïf que ses notes grimpent en flèche. (Était-il besoin à ce stade de mentionner que l’entreprise avait fait chou blanc?) La faute d’un professeur un peu trop zélé qui avait un jour jugé utile de jumeler la première de classe et le cancre assis dans la dernière rangée dans un simulacre de mauvaise fanfiction rédigée à la hâte à trois heures du matin. Il supposait que sans ce malheureux épisode, Miss Perfection n’aurait jamais daigné lui adresser la parole. Et en toute honnêteté, lui non plus. Ils ne naviguaient tout simplement pas dans le même monde, elle et lui; c’était là un fait aussi flagrant que le nez au beau milieu de la figure. Pourtant, contre toute attente, voilà qu’ils gravitaient de nouveau autour du même orbite, ne serait-ce que le temps d’un après-midi.
Et elle osait lui sourire, cette garce. Il aurait voulu lui arracher son sourire de ses mains nues, il avait la sale impression qu’elle se moquait de lui. Enfin, sans doute était-ce le cas. Il n’avait jamais manifesté le moindre intérêt pour la lecture, il était vrai, que ce soit à seize ou à trente ans. On pouvait donc aisément comprendre que sa présence dans cette boutique avait de quoi étonner. Il détendit ses muscles, une fois la surprise passée. « T’as vu ça? C’est parce que je suis plein de surprises, » se vanta-t-il sur le même ton. Il aurait voulu lui répliquer qu’il ne considérait pas cette boutique des plus minables comme un lieu de culture, mais la vérité, la triste vérité, c’était qu’il ignorait à quoi ressemblait un lieu de culture, dont la définition lui échappait complètement. Sur le coup, il avait songé à un champ de maïs, il y en avait pas mal dans les environs d’Exeter, mais ce n’était de toute évidence pas ce à quoi elle faisait référence. « À vrai dire, je suis une surprise à moi tout seul et je ne demande qu’à être déballé. » Bon, il poussait sans doute le bouchon un peu trop loin. Mais en présence de Dinah Holbrook, il avait toujours eu cette envie de faire le con, simplement pour l’énerver et lui prouver que sa soi-disant bonne influence ne l’atteindrait pas, lui. Une vieille habitude restée ancrée en lui, apparemment.
« Tu n’as pas besoin de ça, je suppose? » Sans attendre une réponse, il se saisit du premier bouquin sur la pile qu’elle venait de replacer et en fit tourner les pages sans grand intérêt, une moue sur les lèvres. Encore une fois sans demander la permission, il attrapa un crayon à mine qui traînait près de la caisse enregistreuse et se mit à gribouiller sur l’une des pages, ses grossiers coups de crayon donnant peu à peu naissance à une forme phallique. Il se doutait qu’elle lui arracherait son œuvre d’art d’une seconde à l’autre, non sans lui hurler dessus au passage, mais ce que c’était grisant de l’embêter comme autrefois. Immature, lui? Absolument. « Je suppose que tu ne me croiras pas si je te dis que je veux offrir un bouquin sur la sorcellerie à ma copine? » lâcha-t-il à brûle-pourpoint, le regard bien sérieux malgré le mensonge gros comme Jupiter qui venait de s’échapper de sa bouche. Il voulait voir sa réaction. La jauger, surtout. Sans se compromettre, lui. L’existence de l’Église de Minuit demeurait un secret pour l’habitant lambda d’Exeter, après tout. Autant faire passer la véritable raison de sa venue pour une quelconque lubie d’une petite amie imaginaire. Ce n’était pas comme si Dinah Holbrook en avait quelque chose à foutre, n’est-ce pas?

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Re: cold like war (dinaul)
Mer 17 Fév - 19:42

« T’as vu ça? C’est parce que je suis plein de surprises », fait Caul, un peu trop vantard au goût de Dinah. Plein de surprises ? Elle ne sait pas trop.
Ou, si elle sait, n’a pas envie de lui donner raison, en tout cas. Alors, elle reste plantée là un petit instant supplémentaire, à faire craquer le vieux parquet à force de changer de point d’appui — elle se balance sur le pied gauche, puis sur le pied droit, lui lance un sourire narquois et finit par plisser légèrement les yeux quand il ajoute : « À vrai dire, je suis une surprise à moi tout seul et je ne demande qu’à être déballé. » Dinah retrousse le nez en une grimace dédaigneuse, ne peut s’empêcher de s’imaginer dans une drôle de série B — bas budget, personnages peu développés, quelle poisse. Si elle voulait être totalement transparente, elle dirait à Caul Whitby que la seule surprise serait qu’il ne tente pas de déblatérer le plus d’âneries possible en un temps considérablement restreint. Mais comme Dinah est une fille bien — une fille qu’on admire pour sa (fausse) sympathie, qu’elle l’a déjà mal accueilli, et qu’elle se sent un peu coupable (ou qu’elle a peur du qu’en-dira-t-on, même s’ils sont pratiquement seuls dans la boutique) —, elle ne dit rien. Elle se contente de le contourner, de se positionner derrière la caisse enregistreuse et de le juger dans le plus grand des silences, comme elle le fait habituellement avec ces personnes qu’elle dit ne pas pouvoir supporter, mais qu’elle ne parvient jamais à détester entièrement.

« Tu n’as pas besoin de ça, je suppose? » Dinah tend le cou et incline la tête. « Qu’est-ce que tu fais ? » Elle l’observe quelques secondes sans comprendre, hissée sur la pointe des pieds, les mains à plat sur le petit meuble derrière lequel elle s’est retranché un instant plus tôt, et qui les sépare désormais. Son regard passe du livre au visage de Caul, puis tombe à nouveau sur ce qui lui semble être la naissance d’un gribouillage peu catholique.
« Tu sais », fait-elle en refermant le livre qu’elle lui a arraché des mains une dizaine de secondes plus tôt, passant presque par-dessus le comptoir, « parfois tu te comportes vraiment comme un gros naze. » Ça lui rappelle un peu le lycée, et elle doit faire un gros effort pour calmer la petite voix émane des tréfonds de son corps, et lui hurle de lui arracher la main. Alors, elle se concentre sur le passé : la bibliothèque et les cours de soutien auxquels il traînait sa carcasse, semblait-il, contre vents et marées, alors que Dinah non plus, n’avait pas envie d’être là. Ses fiches de révisions, qui traînent dans une vieille boîte en carton au fond de la cave de la demeure familiale des Holbrook, sont toujours intactes : pleines des pattes de mouche de Whitby, et de ses dessins particulièrement éloquents.
« Je suppose que tu ne me croiras pas si je te dis que je veux offrir un bouquin sur la sorcellerie à ma copine? » Tout en éloignant la pile de livres d’un revers délicat de la main, la plaçant volontairement hors d’atteinte du jeune homme, Dinah laisse échapper un petit rire, perdu entre sarcasme et condescendance — classique. « Toi, t’as une copine ? » Elle dépose ses avant-bras sur la surface polie du comptoir, ce qui lui permet de s’incliner dans sa direction, un peu comme si elle lui prêtait une attention nouvelle. « Toi, Caul Whitby, dessinateur de phallus professionnel », poursuit-elle tout en désignant d’un geste du doigt la couverture du livre refermant son oeuvre blasphématoire, « tu veux me faire croire que t’as réussi à séduire quelqu’un ? J’achète pas. » Elle arque un sourcil et croise les bras, peu encline à se laisser duper aussi aisément. « Tu sais ce qu’on disait au lycée, non ? » Ils n’y sont plus, mais avec son comportement, elle a l’impression d’avoir fait un fameux bond en arrière, d’avoir à nouveau seize ans, alors elle a le droit. De toute façon, Dinah a tous les droits. « Photo sinon c’est du mytho. » Elle incline la tête et hausse les épaules en un petit geste faussement impuissant, puis tend la main dans sa direction, agite les doigts, l’air de dire donne. « T’as bien une photo de ta copine dans ton portable non ? J’veux la voir. » Et à nouveau, elle agite les doigts, un petit narquois au coin des lèvres.

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Il ne comptait certainement pas tomber sur la Holbrook dans cette boutique, mais maintenant qu’il l’avait retrouvée par le plus pur des hasards — enfin, était-ce vraiment un hasard? la vie semblait prendre un malin plaisir à lui envoyer des personnes qu’il ne supportait pas, comme pour tester ses limites —, il n’entendait pas la laisser partir de sitôt. Ça l’amusait beaucoup trop de l’emmerder, que ce soit avec des paroles dégoulinant d’arrogance ou un dessin vulgaire dans l’un de ses bouquins. Au moins, il avait eu la décence de tracer son œuvre d’art à la mine plutôt qu’au stylo; ça prendrait deux secondes à effacer. Enfin, il supposait que dans le cas contraire, elle le forcerait à payer le livre pour l’avoir endommagé à jamais, au nom d’il ne savait quelle loi non écrite des librairies. Même qu’elle le ferait avec un grand plaisir, la Holbrook. Il la connaissait assez pour le savoir.

Il éclata de rire de nouveau pendant qu’elle lui arrachait le bouquin vandalisé. Avait-il imaginé la lueur moqueuse, presque amusée, jouant dans les prunelles de la jeune femme? Peut-être, peut-être pas. Il se plaisait à imaginer qu’au fond d’elle-même, elle se marrait de ses blagues puériles sans oser le montrer en public. Peut-être que s’ils se retrouvaient tous les deux quelque part, seul à seule, elle se laisserait aller au rire qui certainement la gratouillait la gorge… Non pas qu’il voulût se retrouver seul à seule avec elle. Bien sûr que non. Hors de question. Il ne faisait qu’explorer une (très) hypothétique mise en situation. Ce n’était pas interdit, à ce qu’il sache.
Un rictus anima ses lèvres. Il ne prêtait pas attention aux mots d’autrui, en général, sauf quand ça le concernait directement. Et là, ça le concernait plus que beaucoup. Quoi, cette expression ne se disait pas? Rien à foutre, Caul Whitby réinventait le vocabulaire et la sémantique du XXIe siècle, poussez-vous, ça va faire mal. « Parfois? J’en conclus donc que parfois, je me comporte pas comme un gros naze. C’est bien de le souligner, non? » En fait, il se fichait bien d’être un gros naze, pour reprendre l’expression, et il se fichait encore plus que Dinah Holbrook le considère comme tel ou pas. Il ne faisait que l’emmerder un peu. Il avait un certain talent pour ça, Caul. Emmerder les gens. Emmerdeur professionnel.
Un métier que semblait également exercer la libraire en face de lui, à en juger par sa curiosité dévorante au sujet de cette soi-disant copine. Caul plissa les yeux, se sentit malgré lui agressé, et même vexé, par cette multitude d’interrogations et contre-interrogations. Soit, il était célibataire comme un pauvre con dont personne ne voulait, et alors? De quoi elle se mêlait, la Holbrook? Voilà ce qui l’énervait tant chez elle : elle se croyait supérieure au commun des mortels, toujours. L’idée de lui dévorer le cerveau traversa celui du zombie un instant, ne serait-ce que pour qu’elle se la ferme. Il se croisa les bras, sur la défensive, l’œil torve. Pas prêt pour un sou de dégainer son portable. « Évidemment, je te parle de bouquins sur la sorcellerie et c’est seulement ma copine qui pique ton intérêt. Édifiant, comme réaction, Holbrook. » Il se pencha sur le comptoir entre eux, la seule barrière à leurs corps, plongea son regard glacé dans celui, provocateur, de la jeune femme. Laissa quelques secondes planer, en suspens. Cracha le morceau, enfin. « On pourrait presque croire que t’es… jalouse. » Il haussa les sourcils, l’air suggestif. « Désolé, si t’étais intéressée, fallait venir me voir plus tôt et sortir ton nez de tes bouquins poussiéreux qui n’intéressent personne. » Il haussa les épaules, pas le moins du monde désolé. La Holbrook ne l’intéressait pas. Trop intellectuelle, trop méprisante, trop lèche-cul auprès des professeurs et aujourd’hui, sans nul doute, de son employeur. Trop tout, en fait. « Et en parlant de bouquins, tu me les montres, tes bouquins sur la sorcellerie? J’ai pas que ça à faire de ma journée, moi. » Et par ça, il entendait dessiner des pénis et s’imaginer une petite amie.

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À moitié affalée sur le comptoir derrière lequel elle s’est retranché, Dinah a bien l’impression que plus elle met de distance entre Caul et elle, et moins il y a de chance qu’elle lui arrache un membre — le bras, la main ou les doigts qui lui servent à donner vie à ses obscènes petits traits qu’il laisse un peu partout autour de lui depuis qu’il a seize ans, qu’importe. « Parfois? J’en conclus donc que parfois, je me comporte pas comme un gros naze. C’est bien de le souligner, non? » Elle lève dans sa direction de grands yeux sombres et accusateurs, porteurs d’un jugement qui s’affute un peu plus à chaque échange se tenant entre eux depuis le lycée.
Peut-être qu’elle devrait faire un petit effort, peut-être qu’il n’est pas si détestable que ça. Et peut-être même, très hypothétiquement bien entendu, qu’elle a toujours pris un malin plaisir alimenter  cette drôle de relation. « Qu’est-ce que t’attends, Whitby ? Une médaille parce que t’es pas encore totalement naze ? » Dinah se redresse un peu, laisse sa main glisser le long de la surface polie du comptoir tout en se demandant si elle déteste Caul Whitby ou si elle fait juste semblant. C’est qu’elle ne s’était jamais réellement posé la question avant et elle trouve ça un peu bizarre que ce genre de pensées traversent son esprit. Ça ne devrait pas avoir d’importance.
Et soudainement, comme elle surprend l’étrange regard qu’il pose sur elle, et que ça la met un peu mal à l’aise — comme s’il réfléchissait à ce qu’il allait avaler ce soir au repas (ça doit être le genre de regard qu’elle a posé sur son bras quand elle a hésité à le lui arracher une dizaine de minutes plus tôt) —, elle lui demande, légèrement méfiante : « qu’est-ce que t’as ? T’as pas envie d’admettre que t’es un menteur en plus d’un gros naze ? »
Techniquement, elle connaît Caul depuis le lycée, donc techniquement, elle ne devrait pas avoir à se faire de soucis. M’enfin… On lui avait aussi dit que techniquement, on ne lui ferait jamais de mal au labo, que techniquement, ils resteraient tous soudés à vie et que par extension, techniquement Three aurait jamais dû se faire la malle. Alors les techniquement, ça va deux secondes. « Évidemment, je te parle de bouquins sur la sorcellerie et c’est seulement ma copine qui pique ton intérêt. Édifiant, comme réaction, Holbrook », fait Caul en se penchant sur le comptoir, la forçant à se redresser un peu plus pour établir une nouvelle distance de sécurité entre eux. « On pourrait presque croire que t’es… jalouse. » Dinah a un petit instant de flottement durant lequel ses sourcils se froncent et ses yeux se collent au plafond, comme si elle réfléchissait intensément. « Quoi ? » Son regard glisse à nouveau sur Caul et elle secoue la tête un peu trop vite et un peu trop fort. « Mais pas du t o u t », se défend-t-elle avant d’ajouter rapidement : « tu dis vraiment n’importe quoi, je…désolé, si t’étais intéressée, fallait venir me voir plus tôt et sortir ton nez de tes bouquins poussiéreux qui n’intéressent personne. » Elle roule des yeux, prend une grande inspiration pour se calmer. Vraiment n’importe quoi. Des inepties, Caul en a déblatéré un certain nombre depuis qu’elle le connaît, mais alors là… La cerise sur le gâteau, comme aurait dit son père s’il était encore là. « Et en parlant de bouquins, tu me les montres, tes bouquins sur la sorcellerie ? J’ai pas que ça à faire de ma journée, moiça va, les morts de sleepy hollow vont pas quitter leur tombe en ton absence, du calme. »
Et d’ailleurs, s’il était encore là, peut-être qu’elle n’aurait même pas à se coltiner cet emmerdeur de Whitby, quel connard. « Et puis, t’es sûr de toi ? Je pensais que mes bouquins poussiéreux n’intéressaient personne ? » Elle marque une pause, désigne d’un bref geste du menton les petits rayons qui se dessinent dans le dos de son interlocuteur et arque un sourcil inquisiteur.  

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