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 summertime sadness (murdon)

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summertime sadness (murdon)
Sam 6 Fév - 19:14

summertime sadness

--- oh when it's cold, i get warm just thinking of you. when i'm alone, i stare at stars and hope dreams come trues. sweet talk, everything you say, it sounds like sweet talk to my ears. you could yell "piss off! won't you stay away?", it'll still be sweet talk to my ears. ☾☾, icons : strangehell.


ischia, août 2015
Ses boucles brunes battues par la brise marine, accoudé au garde-fou de la terrasse, l'azur à perte de vue, la chaleur de l'après-midi danse contre sa nuque. Les jours passent et se ressemblent, en apparence. C'est ce que sa mère apprécie, ici, et il se souvient que c'était également le cas de son père, avant. Il y avait quelque chose de rassurant pour leurs vies en mouvement constant, à l'idée de rejoindre cette demeure en particulier, sur cette période en particulier, chaque année. Une bâtisse d'un blanc éclatant, apprivoisée depuis près de vingt ans, recueil de ces vacances partagées avec le couple Murdoch et leur unique enfant. Voyage rituel initié à l'aube du mois de juillet, Phineas avait vu les mêmes étapes constamment répétées, année après année. Une semaine avant le départ, les valises étaient disposées avec un soin particulier dans le hall de l'entrée, rappel incessant du départ à venir, et tout semblait s'alléger entre les murs du Manoir. Sa génitrice rechignait bien moins à y passer des soirées en sa compagnie, sachant la fuite inévitable quelques jours plus tard, et Finn pouvait constater que cette amorce de sérénité lui était contagieuse. Se sentait détendu, Falcon, à son tour, à subir ces nuits trop longues en s'imaginant celles, à la chaleur lourde mais silencieuse, qui ne tarderaient à venir. C'était sans l'ombre d'un doute l'une de ses périodes préférées, où l'évasion annoncée le paraît d'un aplomb à toute épreuve, allant jusqu'à faire claquer sarcasmes et injures à l'adresse des murmures qui lui collaient en train. Se foutait bien, alors, de les savoir agacés, plus acharnés encore à leur retour, après deux mois à ne pouvoir tourner qu'autour des gouvernantes. D'elles qu'il a rêvé, cette nuit, à inventer leurs corps saisis en plein vol, tournoyant dans une valse infernale d'un bout à l'autre du premier étage. Malgré les températures caniculaires, sûrement que ça lui dégringole le long de la nuque, sueur froide se mettant à sauter d'une vertèbre à une autre, le poussant à étirer son grand corps en tâchant de se ressaisir.
N'a pas envie d'y penser, Finn. Pas ici.

Parce que ça fait un mois, aujourd'hui, et qu'ils atteignent désormais ce qu'il considère comme le point culminant du séjour, depuis enfant. Quand, réjoui par les semaines écoulées, la peau dorée et les boucles éclaircies, c'était avec un sourire comblé qu'il déambulait dans la villa. L'avait dit à son père, un jour. Qu'il aimait ça, avoir profité depuis tout ce temps déjà, et s'enthousiasmer à l'idée d'en avoir encore tout autant, très exactement, devant lui. Pourtant, il y a quelque chose de déplaisant à cette pensée, sans qu'il ne parvienne à mettre le doigt sur ce qui l'ennuie. L'amertume coincée au fond de la gorge, la mine est légèrement fermée quand il rejoint le salon, pieds nus s'imprégnant de la fraîcheur des dalles, short de bain déjà vissé aux hanches depuis trente minutes qu'il patiente.

« Si tu ne veux plus venir, il suffit de le dire. » L'épaule coincée dans l'encadrement de la porte, ses yeux noirs accrochent ceux de Gideon, ou s'y essayent, du moins. Ne sait plus de quelle manière l'aborder, depuis qu'il a été reçu à l'université, que leurs jours ensemble sont certainement comptés. Finn aimerait le lui dire, que ça ne va rien changer. S'appelleront, s'écriront, et puis, peut-être bien qu'il pourra lui rendre visite, si l'envie lui prend de le rejoindre à Houston. Mais il y a bien des choses qui ne s'énoncent plus, depuis ce jour-là, et il ne sait jamais, Finn, depuis qu'ils sont arrivés à Ischia, si Gid est d'humeur massacrante, ou pas. Premiers mots empruntés à la Victoria, il reprend : « Tu sais comment c'est, il est déjà quinze heures, le temps qu'on descende le sentier, il y aura du monde à notre endroit. » Le leur, comme ils l'ont décrété il y a une décennie déjà. Un bail qu'ils harponnent cette plage comme ils le souhaitent, quand, à trop déléguer leur surveillance à d'autres, leurs parents ont souvent oublié de garder l'oeil sur eux. « Ou bien, je peux y aller seul, mais il faut que tu me le dises, Gid. » Parce que j'me doute bien que tu me fais attendre, exprès. Alors, la menace est formulée, dans la linéarité habituelle. Le prendra comme il veut, qu'il se dit, et il finit par esquisser quelques pas dans le couloir, comme s'il comptait bien se barrer sans lui.



Dernière édition par Phineas Falcon le Sam 6 Fév - 21:32, édité 1 fois
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all washed out.

--- Out drinking on the rooftop Faded like your old bad dreams. We said we'd live forever now it's just a memory -- All washed out, all washed out. ●● zaja (ic)


Arrête de te comporter comme un sale môme, bon sang ! Les mots incisifs de Victoria résonnent dans ses oreilles. Ecroulé sur le canapé, les pieds relevés sur le bras à l’autre extrémité du sofa, les chevilles croisées, la nuque écrasée sur l’un des deux coussins, tandis que ses bras croisés pressent le second contre son ventre. Les mâchoires serrées à s’en donner des douleurs – Gideon est certain de ne pas les avoir relaxées depuis leur arrivée à Ischia, un mois plus tôt. Rien ne parait susceptible de le dérider ; de l’étendue azurée sous leurs pieds ; à la chaleur de l’été ; jusqu’au goût de l’eau salée placardé sur ses lèvres mordillées en tout temps (lorsqu’il daigne à sortir le nez de la villa, cela dit). A l’image des entités spectacles à Exeter, Gideon hante les murs de la demeure immaculée de son humeur maussade. De ses réflexions hargneuses, et de son manque incorrigible de maturité ; autour de lui, il lui semble que l’on marche sur des œufs. On l’évite ; on le gronde comme s’il avait encore cinq ans ; on prétend ne pas savoir pour quelle raison il agit de la sorte. Comme si ce n’était pas évident.

Le cœur manque un battement, la cage thoracique éborgnée, lorsqu’une silhouette apparait dans le coin de son œil, regard rivé vers le plafond. La voix de Phineas se fait entendre, brisant le silence en un milliard de morceaux coupants. Rasséréné, de le savoir là – mais aussi férocement accroché à ses convictions, Gideon s’enlise dans son immobilité.

« J’ai l’impression d’entendre ma mère. » Il retorque alors, le nez qui se retrousse en remarquant les mots employés par sa génitrice dans la bouche de l’hériter Falcon – le fiel de ses propres mots n’engageant aucune once de sympathie. Le visage se tourne, la joue se colle sur le coussin, ses yeux rejoignant ceux de Falcon, l’épaule coincée contre l’encadrement de la porte. Aussitôt, son ventre se crispe (tu ne vas pas te mettre à pleurer, quand même), les entrailles semblent s’entortiller, se raidir, et le corps se suspend à ces semaines de pensées douloureuses ; à la perspective de sentir Phineas lui échapper. Et Finn lui échappe déjà. « Tu veux que je te dise quoi, Finn ? » La question est ponctuée d’un petit mouvement de sourcil ; ses yeux bleus scrutant avec application le visage angulaire de son ami, la peau brunie par le soleil. Ce n’est que lorsque Phineas s’écarte, et semble disparaître dans le couloir, que Gideon repousse le coussin qu’il est à deux doigts d’éventrer de ses doigts nerveux, plante des pieds rejoignant le sol en un sursaut d’effroi.

Forcé d’admettre que Gideon ne sait pas ce qu’il veut ; réclame l’attention de Phineas autant qu’il semble la rejeter ; tout se déroule dans les yeux, cette peine démesurée dans son intensité ; je veux que tu me reviennes pour que je puisse te repousser. Murdoch se pense suffisamment futé, s’imaginant bien naïvement que si Falcon remarque son désarroi, son chagrin, alors il restera ; s’il tient véritablement à lui, alors il ne peut que rester. Peut-être que Gideon n’a pas suffisamment dit à Finn qu’il tenait à lui – mais n’est-ce pas évident ? Manquant de s’étaler de tout son long sur le sol, les doigts de pied se prenant dans le revers du tapis, Murdoch rattrape Falcon en quelques enjambées. Souffle de soulagement qui vrille la poitrine, en remarquant sa silhouette dans le corridor, le bousculant un peu de l’épaule afin d’atteindre la porte d’entrée avant lui, « Dépêche-toi, tu sais comment c’est. » il rouspète, singeant le ton utilisé par Finn quelques minutes plus tôt, en enfilant ses tongs en coups agacés de chevilles. « Ah, mince, deux secondes, » Gideon lève l’index dans les airs, lui intimant un petit moment supplémentaire de patience – avant d’attraper les pans de son tshirt, et de le soulever, gigotant afin d’accélérer le processus. Bout de tissu qu’il accroche sur le crochet de l’entrée, puis il se saisit de ses lunettes de soleil qu’il fait glisser sur son nez, du bout de l’index tendu. « chop chop, on a pas que ça à faire. »

Gideon pince les pans de son short de bain entre index et majeur afin de le remonter, chute de reins qui se dévoile insidieusement – et réalisation un brin fébrile que, s’il ne fait pas attention dans l’eau, il se retrouvera certainement nu et à l’épreuve des vagues. Il jette un coup d’œil au-dessus de ses lunettes et par-dessus son épaule, afin de s’assurer que Phineas est à sa suite – et il se demande si, dans le fond, il sera toujours là. Avant qu’il ne se souvienne, encore, que ce n’est pas le cas s’il part à Houston ; que tout ça, ici et ailleurs, n’existera plus. La pensée l’élance, grésillement lancinant qui meurtrit ses poumons, ses organes, son cœur. La pensée dont il s’empare ; pensée qu’il rejette, lorsque le soleil caresse la peau nue de sa gorge, et que son front s’humidifie sous le ciel bleu d’Ischia.


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--- oh when it's cold, i get warm just thinking of you. when i'm alone, i stare at stars and hope dreams come trues. sweet talk, everything you say, it sounds like sweet talk to my ears. you could yell "piss off! won't you stay away?", it'll still be sweet talk to my ears. ☾☾, icons : strangehell.


ischia, août 2015
La résidence est familière en tout point à celle qui s'est incrustée dans ses souvenirs, année après année. Elle lui semblait plus imposante, lorsqu'il avait six ans - y étaient déjà les années précédentes, mais il n'en garde que de trop vagues souvenirs. Pour autant, c'était les mêmes étendues de murs blancs, sertis de cadres accrochés avec goût, les mêmes meubles de bois brut, les mêmes tissus de qualité courant le long des fauteuils et du canapé juste assez fermes, juste assez moelleux. Lorsque le soleil tapait trop fort entre midi, Phineas y avait passé de longues heures à lire, tous ces bouquins qu'il ne pouvait garder en ligne de mire aux Manoirs, déconcentré par les murmures alentours. Et puis, il y avait toujours cette odeur persistante de vacances, les brumes solaires ramenées à l'intérieur par la brise des hauteurs, mêlées aux embruns. Le même silence, éloigné de toute circulation, à bénéficier d'un accès de choix pour dégringoler jusqu'à la plage, sans avoir à passer par la route. Pourtant, depuis un mois qu'ils sont là, tous les cinq, Falcon se sent perdu dans cette bâtisse ayant pourtant accueilli chacun de leurs étés. Parce qu'il n'y a plus l'écho de leurs voix entremêlées, leurs pas empressés dans les couloirs, à se bousculer pour passer en premier sous la douche aux retours de plage. Plus de supplications à l'égard de leurs parents pour qu'on leur accorde de sortir le soir - juste pour se promener un peu, quand leurs courses folles les menaient au centre-ville en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, excursions tenues secrètes, prenant des allures de jeu. Plus de rires pour vibrer sur la terrasse, résonner jusqu'aux bâtisses alentours, ravivés dès que leurs mères pouvaient leur souffler des tenez-vous un peu, enfin ! Parce que Gideon et lui ne se tenaient pas, à Ischia. Ne s'amusaient jamais tant qu'au zénith de leurs années moroses, et Finn n'était jamais si bavard, si enclin à se dérider qu'une fois bercé par ces heures de sérénité. Ici, ni l'un, ni l'autre, n'aimantait les spectres de passage, temps de répit autorisé, loin des terres de leurs ancêtres.

Mais cet été, rien ne fonctionne comme d'habitude. Tu es drôlement calme, es-tu sûr que tout va bien ? C'est ce que sa mère lui a demandé par trois fois déjà, elle qui, d'ordinaire, ne s'inquiète jamais de rien. Mais ça va, c'est ce qu'il répond. Après tout, il n'aurait qu'à décréter qu'il ne part pas, finalement, pour que tout s'apaise, du côté de Murdoch. Plus que certain que son attitude est entièrement liée à un sentiment d'abandon, Phineas n'a eu de cesse de lui proposer tout un tas d'activité, à faire seulement tous les deux, au cours des dernières semaines. Parfois, quand l'ami le pousse dans ses retranchements, taquine ses limites avec application, il serait presque prêt à lui annoncer, Finn, de la plus froide des façons. Tu savais le nombre de Falcon et de Murdoch qui sont morts brutalement ? Moi, oui. Tu savais l'âge qu'ils avaient ? Tous très exactement ? Comme c'était tous des hommes, depuis Frederick et Cotton ? Depuis les Manoirs Miroirs ? Et il le rumine, la nuit surtout, à croire que celles-ci ne peuvent qu'être meublées de ses propres élucubrations, une fois le silence autorisé par les morts. Et la mort, c'est tout ce qu'il porte sous la peau, à la sentir sillonner ses veines de manière prématurée, enserrer son myocarde de plus en plus fort. Ne peut pourtant s'imaginer le lui confier, malgré son comportement des plus désagréables. Quand ses regards s'attendrissent à la vue de son visage, quand bien même contrarié. Quand son coeur se contracte douloureusement dès qu'il se perd un peu trop à sa contemplation. Comme à cet instant.

« Complimenterais-tu mon imitation ? » A bien compris que non, mais le ton reste calme, patient. Pour combien de temps, ne saurait le dire, Falcon à l'impassibilité constante. « Je ne compte pas répéter ma question une troisième fois. » Dépourvu d'animosité qu'il se retourne, s'engage dans le couloir, à récupérer dans un grand panier en osier deux serviettes de bain propres, les caler sur son avant-bras, avant de baisser ses lunettes de soleil sur son nez. La porte prête à s'ouvrir, la chair encore brûlante de son torse nu à retrouver la chaleur extérieure, souhaitant presque se retrouver carbonisé sur le seuil. Ce sera toujours moins pénible que de voir cette expression sur le visage de Gid.

Le tumulte qui s'élance dans son dos lui ravit pourtant l'échine d'un frisson d'anticipation, affairé à se chausser, quand l'ami se retrouve subitement posté devant lui, à jouer au plus malin. « T'as quand même pris tout ton temps. » Le constat s'impose, en réponse à l'affront lancé, interrompu aux mouvements entrepris, au torse qui se dénude, sur lesquels ses yeux s'attardent avant qu'il ne s'arrache de manière abrupte à cette contemplation. Rien de bon à le regarder, à l'admirer, à le désirer, rappel à l'ordre incessant qui s'amène depuis leur arrivée. Ne s'en privait jamais, auparavant, presque certain que ses oeillades éperdues passaient inaperçues, tant qu'aucun de leurs parents ne se tenait dans le coin - pour éviter qu'ils ne s'offusquent à ce propos. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Phineas l'a toujours trouvé beau, en toute circonstance, et ses prunelles s'autorisent à happer l'étendue de son dos, butant sur les lombes dévoilées. Le short est remonté, comme une réprimande inconsciente à ses pensées qui divaguent, et Finn se retourne, le temps de verrouiller la porte, de camoufler la clé à l'endroit habituel. Lèvres entrouvertes sur des mots qu'il ne dira jamais, des soupirs qui doivent se ravaler, il traîne un peu, à égarer son regard sur les environs, les serviettes serrées contre son torse. Les choses sont bien trop compliquées, et quand son regard se pose sur Gideon, déjà en marche, celui-ci a déjà cessé de l'observer.

Les pas s'enchaînent, chemin par mille fois abordé, jamais dans ce silence là, jamais jusqu'à cet été. Ne sait plus où se trouve sa place, à suivre l'ami en pressant le pas, pour se retrouver à ses côtés, tantôt à cheminer en tête, tantôt en retrait. Impression pénible que leur démarche ne sait plus s'accorder. « Tu voudrais qu'on aille quelque part, ce soir ? » Ultime tentative, en reportant son attention entière sur lui, peu adepte des oeillades en biais quand rien ne vaut un regard franc et assuré. « Je crois qu'ils ont parlé d'aller au restaurant, mais si tu veux, on pourrait essayer de négocier quelque chose ? » Marche sur des oeufs, malgré les airs dégagés qu'il cherche à épouser, le torse moite contre le tissu éponge. « Par exemple, faire un tour à ce bar qui a ouvert, sur la plage ? » Comme il lui semble le lui avoir proposé environ un milliard de fois déjà. Et la pente abrupte s'annonce, celle le long de laquelle les semelles des sandales glissent, à s'y être écorchés les genoux plus que de raison durant l'enfance. Tant entêté à charmer Gideon de ses propositions que ça n'y manque pas, sa tong droite dérape dans la poussière mêlée de sable, sa main droite s'élance, se rattrape à l'épaule de Gid, la paume qui s'en éloigne en réalisant son geste, instantanément, à rattraper son équilibre de manière précaire, se retrouver un bon mètre plus bas, toujours debout, le coeur battant. Idiot. Et sans un mot, il se remet à avancer.

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all washed out.

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Gideon ne veut rien faire. Ombre aux bras croisés, et à la moue renfrognée, rien ne semble être susceptible de le dérider. S’il remarque que Phineas s’évertue à lui proposer une myriade d’activités, à rester dans son sillage malgré son comportement exécrable, et si ce n’est pas pour lui déplaire, Murdoch a décidé de ne pas lui octroyer une once de répit. Et qu’il est douloureusement compliqué de garder les lèvres scellées en tout temps – même lorsque Finn s’essaie à le faire rire, ou lui adresse la parole (à lui, lui, rien qu’à lui), recherchant une réaction de sa part. Mais Gideon ne donne rien – la gorge vibrant sous les grondements, grognements épars pour seules réponses, ses lippes ne se décollent que pour l’accabler de sarcasmes. Blessé, il l’est ; ça brûle, ça tape, ça déconne sûrement un peu dans la carne ; l’impression est dérisoire, placardée contre le myocarde à l’agonie, lorsque ses prunelles s’égarent et accrochent la lumière dansant dans les boucles de Phineas – et que Gideon se demande, comment est-ce que je pourrais faire sans toi ?
Les questions s’enchaînent, mais ne trouvent aucune réponse, depuis que la date du départ a été annoncée. Force est de constater que sa gorge serrée ne veut plus lâcher le moindre son ; que ses lèvres ne s’agitent que pour mordiller l’intérieur de ses joues ; et qu’au loin, il a l’impression que son cœur lui a été arraché. Mais non – son cœur est toujours là. Il lui fait tellement mal qu’il ne peut qu’être là.

En mai dernier, dans sa fébrilité à l’approche de l’été, Gideon avait écrit certaines choses qu’il voulait absolument faire à Ischia – et ailleurs. Quitter l’île, pour rejoindre le continent, explorer la côte italienne en compagnie de Finn – Finn, et rien que Finn. Il s’imaginait déjà dans les rues étroites de Naples, lunettes de soleil vissées sur le nez, épaule heurtant celle de Phineas par intermittence, son coude s’enfonçant ponctuellement dans son ventre à chaque œillade qu’il aurait reçue d’une fille ; les fesses coincées sur les marches du musée Cappella Sansevero, à partager une glace ; à s’essayer à des poses ridicules sur la Piazza del Plebiscito. De grands projets, aux petits riens. Il avait tout prévu, tout pensé, tout imaginé comme s’il y était. Une liste, minutieusement gribouillée, puis froissée et déchirée dès que l’idée de perdre l’ami de toujours s’était faite imminente. Mitigé, pourtant, mais surtout terrifié en songeant qu’il s’agit peut-être du dernier été qu’il passe en compagnie de Finn, puis rassénéré dans sa confiance aveugle : il n’y a pas de Murdoch sans Falcon. Persuadé que Phineas ne partira pas ; que ses pas le mèneront vers lui, plutôt que vers le taxi. S’imaginer l’enlacer, en guise de dernier adieu, les mains fixées à ses omoplates, le consume d’une appréhension qu’il ne comprend qu’à peine. Les mots sont simples. L’idée est fixée.
Ne me laisse pas seul, je t’en prie.

« Si ça te fait plaisir, ouais. » Gideon rétorque, de son ton le moins guilleret, le visage se détournant de la silhouette longiligne de Phineas, reportant son attention sur le plafond nacré. « Je ne savais pas que tu avais posé une question. Faut être plus clair dans la v- » Déjà, Finn lui échappe, amorce une sortie que Gideon n’avait pas escomptée de sitôt – pris au dépourvu, mécontent mais angoissé, comme un môme qui voudrait bien continuer d’alimenter la dispute, dans l’optique de se voir donner raison.
Il lui semble qu’il n’a pas le temps, alors, de s’arrêter. Bousculant Phineas, lui laissant le soin de penser à tout, comme à son habitude, Gideon toujours plus prompt à se laisser aller à l’enthousiasme du moment, plutôt qu’aux points techniques qui pourraient entraver la joie de l’activité à venir. Il ne pense pas aux serviettes, ni à la crème solaire. « Je fais ce que je veux. » Réponse donnée au commentaire injuste – regard de givre qu’il accorde à Phineas par-dessus ses lunettes, avant de les remonter sur le nez – un peu honteux de lui faire vivre un calvaire. Se sait injuste, se sait sec et pinçant ; Finn doit bien le voir, qu’il ne va pas bien. Pour autant, la conversation n’a jamais été amorcée. Gideon, au comble de la frustration, ne fait qu’attiser le feu d’un brasier déjà incandescent. Demande-moi si je vais bien, bon sang. Intéresse-toi à moi, s’il te plaît. Essaie de me comprendre, je t’en supplie.

L’humeur devrait être à son zénith. Le front moite, sous le soleil d’Italie, les maisons d’un blanc cassé qu’il passe de son pas traînant. Le nez pointé vers l’horizon azuré, entre ciel et mer, s’enlisant dans le même silence qui l’incombe depuis quelques semaines. Phineas dans son dos, ce qui le rassure, même s’il n’en dit rien. Gideon remarque, non sans en être embarrassé, que le silence est tout aussi pesant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la villa. Les lèvres recourbées, l’œil parfois attiré par la nuque dégagée de Finn, la respiration qui se mesure, qui se tranquillise alors qu’il s’habitue à l’alourdissement de l’atmosphère.

Phineas réamorce la conversation – et Gideon s’aperçoit qu’il déteste le voir patauger de la sorte, le cœur qui suffoque à moitié à l’idée d’être la cause de son malaise. Il remonte les lunettes sur son front, et tourne légèrement la tête, regard qui harponne celui de son ami. « Comme tu veux. » Aucun sourire, aucune once de sympathie, juste un regard qui se veut délibérément las – alors que ça commence à grouiller un peu, sous la peau, que ça commence à se tordre dans le ventre. Il y tient, Gideon, à ses principes – comme il tient aussi farouchement à Phineas. « On verra. » A peine les mots s’extirpent-ils de ses lippes, qu’il se collerait une claque s’il le pouvait – ne sait pas vraiment par quel miracle Finn ne s’est pas encore détourné du chemin, afin de remonter jusqu’à la villa. Il a la patience d’un saint, c’est ce que Victoria a susurré, quelques jours plus tôt, dans l’oreille tendue de Gideon – et elle a raison. C’est le cas. Dans ses efforts démesurés à contrarier Finn, c’est à peine s’il prend garde à la descente qui commence à se raidir sous ses semelles. Prudemment, il se tend en arrière, et entreprend le sol glissant de ses pas mesurés – jusqu’à s’immobiliser complètement, la paume de Finn agrippant son épaule dans sa chute.

Par sursaut, Gideon tend précipitamment les bras, prêt à le réceptionner contre lui s’il s’apprête à s’étaler de tout son long. Les doigts de Finn le quittent, comme si sa peau l’avait brûlé, et il finit sa course un mètre plus bas, retrouvant un équilibre que Murdoch juge curieusement précaire. La moue fermée, le garçon accélère l’allure, sa main venant s’arrimer au bras de son ami qu’il enlace brièvement de ses phalanges encore fraîches. « Te fais pas mal, dis. » Puis, comme s’il était responsable de sa chute, Gideon se racle la gorge, et décrète : « Et tu disais, le bar sur la plage, ça me semble pas mal...surtout si ça peut te faire tenir debout. » Œillade appuyée qu’il accorde à Falcon, avant de se redresser, épaule contre épaule, immédiatement captivé par l’étendue bleutée qui se découvre à quelques mètres de là.

Gideon ne perd pas de temps – maintenant que la mer parvient à lui faire oublier ce qui l’attend plus tard ; autant dans une heure, que dans un mois. Il bouscule Finn de l’épaule, de nouveau, ses lèvres se rapprochant inexorablement de son oreille. L’odeur de sa peau, mêlée à celle des embruns, l’enivre. Le menton se loge dans le creux de son cou, à la naissance de l'épaule – comme avant, n’ayant cure de savoir s’il est de bon ton d’agir comme ça ; mais c’est ainsi qu’il a toujours agi. « Le dernier dans l’eau perdra ses cheveux à cinquante ans. » Avant de fourrager ses doigts dans les boucles de Phineas, et de détaler comme un lapin, semant ses tongs dans sa course effrénée sur le sable. Manquant de s’éclater, à force d'éclats de rire et d'accélérations, puis reprenant sa fuite vers l'étendue idyllique.

Le dernier dans l’eau doit rester avec moi.
Le dernier dans l’eau est pas autorisé à partir.


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ischia, août 2015
Phineas sait à quoi Gideon joue. Cette manière de répondre, encore, et encore, d'alimenter de remarques la moindre des siennes, pourrait s'éterniser des heures. Pour autant, Falcon n'a jamais donné grande importance à l'idée d'avoir le dernier mot, ne comprenant l'acharnement avec lequel certains pourraient s'y entêter. Peu lui importe, réellement, quand la lassitude grignote la moindre de ses journées, plans tués dans l'oeuf dès qu'il s'ose à les énoncer, prenant la porte comme si, finalement, peu lui en importait. C'est faux, et sa manière de s'éloigner n'est pas honnête, il se doit de le reconnaître. Sait sur quelles ficelles tirer pour que Gideon le rejoigne, et ce n'est pas d'une grande noblesse d'agir de la sorte. Poussé dans ses retranchements, il faut croire que le garçon bien éduqué se retrouve à user d'un brin de fourberie pour attirer l'ami dans ses filets - même s'il n'aime pas y penser de cette manière-là. Peu agréable de s'imaginer manipulateur quand tout ce qu'il désire réellement, viscéralement, est de profiter de sa présence avant le départ, inévitable à ses yeux. Et si, dans la douceur d'Ischia, l'idée pourrait être reconsidérée, ce n'est bien que parce que Falcon mesure à quel point Murdoch pourrait lui manquer. Quand, dans ses silences et son indifférence apparente, c'est un peu comme s'il était déjà parti, comme s'il n'était plus en mesure de l'atteindre, de cheminer à ses côtés. La seule perspective lui est déplaisante, et lui lamine sévèrement les entrailles dès qu'il réalise à quoi cela pourrait ressembler, de vivre sans Gideon. Un peu le cas, actuellement, quand il n'est là qu'à moitié, imprévisible dans ses humeurs et le traitement qui lui sera réservé. Pour autant, Phineas ne s'y méprend guère et sait que le retour à Exeter sera des plus terribles, désormais certain de la suite des événements pour les années à venir. Le jeune homme n'a aucune envie de déceler plus de menaces dans les paroles assassines de ses ancêtres, poser un sens précis sur ces phrases entendues et rabâchées depuis l'enfance. Il ne le supportera pas, pas plus que de continuer à côtoyer Gideon, à vivre pratiquement sous le même toit, quand ça s'écrase de plus en plus lourdement dans sa cage thoracique à son contact.

Paradoxal, alors, que de le rechercher à tout prix, aujourd'hui encore. Pourrait s'y brûler qu'il l'accepterait sans broncher, tant que l'ami de toujours s'invite à ses côtés.

« Certainement, oui. » Laconique, Falcon au constat sans appel. Gideon fait bien ce qu'il veut, et il s'en est toujours accommodé. A suivi ses états d'âme sans sourciller, n'a jamais rien eu à en redire, entièrement dévoué à son éternel pilier. A remballé ses sentiments là où ceux-ci ne pourraient pas gêner leur amitié. Les a étouffés tant en regards qu'en paroles, quand bien même à trop les entasser sous sa peau, celle-ci lui semble désormais prête à craquer d'un instant à l'autre, déversant dix-neuf années de gestes avortés, de déclaration interceptée. Un brin amer, en refermant derrière eux, avant de s'élancer d'un bon pas à ses côtés. La nostalgie semble baigner chaque parcelle du sentier, au gré de ces détails assimilés depuis l'enfance, sur les façades immaculées, les bicyclettes toujours bien alignés devant la dernière bâtisse, à se demander s'il ne s'agit finalement pas que d'un élément de décoration. Ultime tentative qui s'amorce, et les réponses brèves de Gideon ne manquent pas de l'égratigner davantage. Soutient son regard clair, lunettes soulevées sur la marque de bronzage qu'ils partagent, à se dire que c'est la dernière fois qu'il s'acharne pour aujourd'hui. Fatigué de se battre contre vents et marées ciselant l'acrimonie de son vis-à-vis, la chute est presque amorcée de bon gré.

S'affaire pourtant à ne pas se rétamer, trop persuadé que ça pourrait contenter Murdoch, de le voir se vautrer, il dégage la prise initialement amorcée, comme s'il devait désormais apprendre à faire sans lui. Presque déterminé, l'adrénaline battant encore sa chair, il ne faut rien de plus que les doigts de Gideon contre sa peau, sa remarque plus aimable pour désarçonner cette ébauche de plan. Effarant comme Murdoch peut brouiller ses émois avec aisance, et Phineas ne peut pourtant se résoudre à s'arracher à sa prise. Pas quand la chaleur de sa paume se presse contre son épiderme et qu'un frisson l'hérisse jusqu'à la nuque, dans un contentement dérisoire. « Je ne suis pas certain de mieux tenir debout après le bar, mais je m'en accommoderai. » Tant que tu es avec moi.

La mer est là, les deux garçons aussi. Tant d'années à lui faire face, postés là, à la contempler dans l'anticipation d'y noyer leurs peaux échauffées. Tant de courses amorcées, celle qui se présage à l'attitude de Murdoch, taquinant sa peau brûlante de son souffle tiède, brutalisant sans l'imaginer chaque fibre nerveuse qu'il asticote dans la proximité. C'est bien plus intense, bien plus intense qu'avant. Avant que la nouvelle ne les éloigne. Quand les contacts étaient monnaie courante et que Phineas y était habitué. Sans y être entièrement désensibilisé, à force de les voir se répéter, probablement que c'était plus facile à gérer qu'à l'heure actuelle, quand il n'accède qu'à ceux que Gideon daigne bien lui offrir. Et malgré la canicule qui les écrase, ça dévale ses artères en cascades grelottantes, en frémissements incessants courant jusqu'au fond de son ventre. Perdrait la tête au seul contact de son menton près de son cou, la seule sensation de son corps là, si près du sien, et ces mots bien plus avenants que tous ceux qu'il a pu lui servir depuis un mois. Ne demande pas grand chose, Finn, ne l'a jamais demandé. Pourtant, aujourd'hui, il le devine. Ne pourrait le lui cacher éternellement, même s'il le veut, même s'il n'a aucune envie de les gâcher.

Incline un peu la nuque, à se pencher vers son oreille, se soumettant volontairement à la promesse qui s'énonce, tournant la tête pour reposer son regard dans le sien, en biais, douleur lancinante sous les côtes. N'auront jamais cinquante ans, tous les deux, et ça se glace dans les os, ça se glace dans les veines, et ça se glace dans la tête. Etourdi par ses mots, Gid s'éloigne et Finn est toujours là. Observe sa silhouette s'élancer sur la plage, les tongs s'abandonner au passage. L'imagine disparaître, pour de bon, un jour, et c'est ce sursaut-là, précisément, qui délie ses muscles, et amorce sa propre course.

Les sandales sont abandonnées, à quelques mètres des serviettes jetées au-dessus de son épaule, à sprinter comme rarement dans sa vie, se moquant bien d'envoyer du sable à la tronche d'un homme allongé, ou d'écorcher la tour d'un château de sable en s'élançant dans les airs. En oublierait toutes ses manières quand il l'entend rire, et ça le fait rire, lui aussi, et malgré tout, il le rejoint avec un peu de retard - de toute évidence, Phineas l'a toujours laissé gagner. S'infiltre dans l'eau salée en vives éclaboussures, à s'y enfoncer jusqu'à y plonger, cramponnant la taille de son ami au passage pour les engouffrer ensemble sous la marée translucide. S'y noie les bronches dans l'empressement, à émerger en toux rauque, des picotements plein les yeux, à réaliser qu'il s'accroche toujours à ses hanches. Le lâche, en réalisant que ses lunettes se sont égarées, profitant de l'instant pour aller les récupérer un mètre plus loin, flottant tranquillement à la surface. « T'as perdu, tu sais ? » Le demande, en faisant volte-face, enfonçant ses lunettes sur son nez du bout de l'index, avant de revenir en crawl jusqu'à lui. La nage est aisée, après tant de temps passé dans les étendues claires, depuis l'enfance. Tranquillement, Finn se redresse, fossette creusée dans la joue droite, témoignant d'un sourire sur le point de naître. « Quand tu dis dans l'eau, j'estime qu'il s'agit d'y pénétrer en intégralité. Il me semble avoir atteint cette finalité avant toi, mon cher ami. » Un coup d'épaule asséné dans la sienne, avant d'oser une main dans ses cheveux noirs, y enfouissant ses phalanges en chatouillis agréables. « Dommage, ils ont toujours fait ton charme, je trouve. » L'air faussement déçu, avant de s'allonger sur le dos un moment, se laissant bercer par la tranquillité des flots, l'oeil vrillé sur le ciel, sur le soleil éclatant, avant de tourner la tête vers Gideon. Aimerait bien oublier la fatalité, ne serait-ce qu'un instant. S'imaginer un univers de possibles, rien qu'en le regardant. Puiser la force de rester en un morceau, à son seul contact, et respirer à nouveau.

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La culpabilité commence insidieusement à lui griffer le cœur. La douleur lui scinde la colonne vertébrale. L’estomac s’ankylose. La colère, quant à elle, ne dépérit aucunement, à la lumière des prétentions respectives. Si Gideon est farouchement campé sur ses principes, positions au sein desquelles il sombre, à raison – il l’imagine, force est de constater qu’il ne peut décemment ignorer la moue chagrine qui peint parfois le visage de l’ami de toujours – et il n’a jamais aimé le voir triste. Son départ imminent signe à la fois une trahison insidieuse, passée sous silence par l’un et l’autre – et la perspective d’être loin l’un de l’autre, alors que Gideon ne sait vivre qu’à deux. Il le sait, le ressent ; l’œil accroché à Falcon en tout temps, l’angoisse agonisante lorsque sa silhouette s’extirpe de ses environs. Il ne sait vivre qu’à deux, et ne sait également subir l’effroi que lorsque les paumes de Phineas se calent contre ses paupières frémissantes. En sa présence, il se sent suffisamment brave pour affronter ce qui le glace de terreur – sans lui, que deviendra-t-il ? L’accord tacite de ne jamais se séparer ne semble avoir été accepté que d’un côté – celui le plus chancelant, celui qui ne tarde jamais trop à grésiller sous l’impact des visions sinistres.

Car Finn a toujours été le plus fort des deux. Flanqué par une admiration grandissante que Gideon l’a toujours observé, lorsque son comparse jouait du violon et qu’il l’observait, le menton calé dans le creux de sa paume, soupir d’aise à la lisière des lèvres ; jusqu’à blottir son nez entre ses clavicules, toujours à deux doigts d’attraper le tissu de son t-shirt entre ses dents afin de ravaler les hurlements d’effroi.

Alors, lorsque ses doigts froids rencontrent l’épiderme brûlant de Finn en une brève étreinte qui se veut rassurante, c’est tout un monde de pensées qu’il essaie de lui faire passer, ses yeux bleus cherchant les siens avec fébrilité – qu’il comprend, notamment, mais qu’il n’accepte pas. Il aimerait pouvoir poser des mots sur chaque élan d’émotion, chaque battement raté du cœur qui lui raidit l’estomac ; il se souvient à quel point l’éloquence lui semblait innée, petit garçon, lorsqu’il assurait à Phineas que tout irait bien. Malgré les joues humides, et sa voix vibrante d’épouvante, ses mains venant chercher les oreilles de Falcon qu’ils cherchaient à camoufler. Je suis là, je pars pas. La réciproque était vraie, la solitude ne l’ayant jamais autant affecté que cet été-là, leur dernier, à la merci du ciel d’Ischia et de cette appréhension grandissante de voir son binôme lui être dérobé.

Pour autant, Gideon a beau y songer – rien ne sort, rien ne fait danser sa langue en une vérité qu’il peut difficilement refouler mais qui, inlassablement, peine à être qualifiée. Il espère, l’espace d’un instant, que Finn finisse par s’apercevoir de son erreur, et revienne inévitablement sur sa décision. Avant de comprendre, la mort incrustée dans l’âme fissurée, que, malgré tout ce qu’il se surprend à imaginer, Falcon le comprend déjà. « Je te porterai sur le dos, alors. » rétorque-t-il, l’esprit ailleurs revenant derrière la courbure de ses yeux, esquissant une courbette. Il n’est que trop conscient, pourtant, du temps qui leur est imparti, qu’il bousille au gré de ses humeurs moribondes. Plus qu’un mois. Les doigts, de la peau, filent dans les cheveux en une ultime étreinte, le jeu accroché aux lippes, ses yeux harponnant une derrière fois les reliefs de son visage, avant de s’en détourner, le diable à ses trousses.
Il y a quelque chose de salvateur, à battre la plante de ses pieds en une course effrénée sur le sable, les doigts encore chauds de la tignasse fourragée, la peau salée sous le soleil d’Italie. Le rire dégringolant le long de ses lèvres, battant sa gorge tendue, puis les mains tendues vers les cieux en signe de victoire dès que ses pieds s’engouffrent dans l’eau fraîche. La sensation est douce, quoique fardée d’amertume – la félicité lui échappe, le vertige d’un monde nouveau à sa porte. Une réalité dépourvue de Falcon, qui l’entraîne dans un trépas certain – qui l’arrache aux sourires partagés et aux œillades appuyées. Il songe, les pieds dans l’eau, que plus jamais il ne ressentira ça ; ce mélange détonnant où, invincibles à deux, l’horizon lui semble tant accessible.

Derrière lui, le sol tremble, et Gideon s’aperçoit trop tard de son équilibre précaire lorsque les bras de Phineas l’enserrent, l’entraînant dans le même mouvement sous les flots, tous les deux avalés puis régurgités par les vagues. Le corps se heurte à la surface, puis la brise. La bouche ouverte en un cri de surprise, Murdoch se redresse, les cheveux collés au front, les paupières fermées, tout d’abord l’os saisi par l’eau froide, avant de s’en sentir réchauffé sous le point culminant du soleil. Du bout des doigts, il récupère les lunettes qui flottent et les flanque sur son front, les branches coincées derrière ses oreilles. Il regard autour de lui, cherchant la silhouette de Finn qui réapparait enfin d’entre les remous – déferlement de soulagement faisant ainsi vriller le palpitant, et tendre les muscles, alors que son bassin se fait balayer par une seconde vague. Pointe de nostalgie étirant ses lèvres en un fin sourire, entre éploré et serein, lorsqu’il se souvient avoir appris à nager avec Phineas – lui, toujours plus prompt à s’accrocher au rebord du bassin, attendant toujours après son ami avant d’entamer une brasse. Les réminiscences qui enveloppent ses synapses, font palpiter le crâne ; l’arrachent au moment présent, ou à venir ; lui font dire que, dans le fond, il a toujours le passé auquel se raccrocher. Nombreuses ont été les fois où, ébranlé par l’appréhension, Gideon attendait que Finn réapparaisse avant de se forcer à nager vers lui, coulant à moitié après avoir vainement battu des pieds pendant cinq minutes.

Bras croisés sur le torse, le corps qui se veut immobile mais pourtant battu par les aléas maritimes, Gideon arque un sourcil désabusé. « T’es juste mauvais joueur. » Ses yeux roulent jusqu’à la fossette naissante – heureux, en fin de compte, de le voir heureux. Aussitôt, ça recommence à se tordre dans le ventre, le cœur douloureusement éclaté dans sa cage. « Non mais t’entends ce que tu dis, Finn ? » Faussement outré, paume se calant contre la poitrine afin de satisfaire son besoin de théâtralité, puis dos de la main rejoignant son front. Son ami bouscule son épaule de la sienne. Il se sent bien. Pour la première fois depuis des semaines, il se sent réconforté ; la gorge moins serrée, les idées davantage égayées. « Comment oses-tu me dépouiller de ma victoire ? » Gideon se redresse, sujet à un frisson dévalant du haut de sa nuque jusqu’à la naissance de ses reins, lorsque les phalanges de Finn s’étirent et se mêlent à sa tignasse mouillée. Il n’y pense rien, et se contente de miner la grisaille, lèvres courbées en arc-de-cercle, et cils battant, mains jointes en signe de prière avant de ramener ses cheveux en arrière, immédiatement collés à son crâne sous le joug de leur humidité.

Force est de constater que Gideon ne sait pas combien de temps l’accalmie peut durer, et s’il se sent suffisamment d’aplomb pour la maintenir à bon port le temps d’un après-midi. A chaque fois que son regard croise celui de Phinas, le myocarde l’élance ; à chaque fois que les peaux s’effleurent, la perspective de ne plus pouvoir loger son menton dans le creux de sa nuque, le nez dans ses boucles, devient menace immédiate. Les yeux fermés, le nez pointé vers le ciel, Murdoch se contente de se laisser bercer, ne remarquant qu’à peine son short de bain qui commence à se faire la malle, finissant toutefois par le pincer entre ses doigts agacés et le remonter de nouveau. « Je vais finir à poil si ça continue. » bougonne-t-il, avant que son visage ne reparte à la recherche de celui de Phineas, sur le dos, porté par le mouvement de l’eau. Machinalement, il lui enserre l’une de ses chevilles afin de le ramener à lui. « Ca ne te manquera pas, tout ça ? » plus abrupt qu’il ne souhaite, l’intonation n’est pourtant pas agressive – curieuse, et frappée par quelque chose de plus profond, de plus discutable comme le dirait sa mère. La véritable question est pourtant dissimulée, la bouche se refermant, les dents s’occupant de la déchiqueter en un milliard de possibilités. Et moi ?


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ischia, août 2015
Le sourire de Gideon s'annonce, passant du frémissement faiblard à quelque chose de plus franc, ne laissant guère de place à la méprise. Il ne sait depuis combien de temps celui-ci ne s'est plus inscrit dans son champ de vision, à le quémander au gré de ses innombrables propositions, tombant pour la plupart à l'eau. Et ça lui fait du bien de sentir l'atmosphère se détendre, même si ce n'est que pour quelques instants. Espère toujours, naïvement, que viendra le moment où leur sérénité habituelle s'installera à nouveau, balayant la rancoeur exprimée en sourdine par l'ami de toujours. Si Finn ne recherche nullement la confrontation, incertain quant à ses facultés à gérer l'éclat de leur conflit, il lui vient parfois l'envie d'entendre son compagnon s'époumoner, déterrer des tréfonds du médiastin le moindre de ces reproches jusqu'alors formulés à moitié. Parce que la situation lui pèse, à la longue de cet éloignement insidieux mais indéniable, fragmentant lentement mais sûrement toutes les certitudes qu'il peut entretenir sur eux. Eux deux. Cette entité indissociable, l'un n'allant certainement pas sans l'autre, comme ça se chante en légèreté entre les murs des Manoirs depuis qu'ils sont mômes. Le garçon sait pourtant à quel point il pourrait être fâcheux de continuer à penser à lui de cette façon, s'estimant malhonnête de n'avoir jamais su le dire. Préférant préserver l'amitié en s'inventant une vie où chaque émoi se verrait habilement camouflé, la réalité l'a heurté de plein fouet, et il ne devrait se laisser aller. Il serait plus sage d'accepter cette distance imposée, de cesser de venir le titiller pour l'avoir à l'usure, en sachant pertinemment sur quelles ficelles tirer, comme plus tôt, à la maison. Tu ne peux pas tout avoir.

« Tu exprimes toi-même les propos d'un mauvais joueur, actuellement, je tiens à le signaler. » Peut-être l'est-il dans le fond, Finn, mauvais joueur, même s'il ne l'admettra guère. Ce n'est pas dans les manières que lui a inculqué sa mère, de rejeter la défaite et les sentiments désagréables y étant intimement liés, puisqu'il n'est finalement question que de gagner, lorsque l'on naît Falcon. Il en va de même, certainement, pour un Murdoch, et le jeu devient alors complexe quand l'affront rassemble deux adversaires portant ces noms. S'il ne s'agit que d'une bataille sans grande importance, il semble à Phineas que ce qui se trame sous l'ombre de leurs sourires n'a rien d'une farce. S'affole à l'idée de sentir Gideon lui échapper pour de bon, plus émotionnellement que physiquement, finalement. N'appréhende la distance géographique qu'en se persuadant d'ainsi le maintenir en vie, à s'imaginer pourtant des contacts réguliers, parsemant ces années à venir comme si rien n'allait changer - et il se ment, il se ment, terriblement. Tu ne peux lui dire que tu pars, et vouloir qu'il reste, en attendant ton départ. « Je ne te dépouille de rien du tout, puisqu'il s'agit de ma victoire. » Persiste et signe, pourtant, le coeur gonflé à le voir s'agiter en comédien qu'il est, feindre l'outrage et arracher à Finn son premier éclat de rire de la journée. Ne peut pas tout avoir, mais le souhaite tout de même. Plus fort que lui, quand il se révèle incapable d'agir autrement que de manière égoïste, sur ce coup-là. Refuse à Gideon son droit à l'agacement pour le garder pour lui, encore un peu. Juste un peu. Même si, d'ici une heure, il lui échappe à nouveau.

Sûrement tiraillé par ses propres dilemmes, incapable de trop en dire, incapable de leur faciliter la tâche en acceptant de s'éloigner avant l'heure, les flots le bercent et les yeux s'aveuglent au chatoiement solaire. Voudrait y carboniser l'image de Gideon, de la superbe de son visage, tant quand les sourires en délient la charpente crispée, que lorsqu'il boude, la mine tissée de ces ridules contractées. Expressif, plus que lui, sans doute, il a toujours été aisé pour Falcon de déceler le moindre changement d'humeur de son pair. Pour cela, il n'a même plus besoin de le regarder, et ce depuis des années. A trop avoir laissé leurs sens se compléter, il s'imagine qu'une certaine connexion s'est tissée, à se comprendre sans avoir à l'exprimer de manière audible. Ne peut donc feindre ne rien avoir remarqué, comme lorsqu'il répond à sa remarque, en se refusant à le suivre des yeux pour le constater par lui-même : « La plage naturiste est un peu plus haut, si ça peut te faire plaisir qu'on aille y faire escale. » Les mâchoires se crispent, aux doigts enroulés autour de sa cheville, combinés à l'image du short de bain abandonnant les lombes et s'aventurant dans les entrailles marines. Peut-être l'interrogation ne saurait-elle plus mal tomber, qu'à cet instant où Falcon tente d'effacer la nudité de Murdoch incrustée contre ses yeux fermés, jusqu'à ce que l'étendue rougeâtre ne revienne tapisser l'envers de ses paupières, l'autorisant à respirer.

Aveuglé par le soleil à nouveau, ses pieds tapotent mollement la surface, sans chercher à se soustraire à son emprise. « Ischia ne va pas disparaître, ni ton nombre incalculable de défaite sur cette plage. » D'un geste, les lunettes sont baissées devant son regard, détourné dans la direction de l'ami, alors qu'il se redresse. Les pieds reviennent harponner l'étendue sableuse, vertige le prenant en se confrontant à l'expression de l'ami, s'imaginant sans peine que chaque mot est voué à compter. « Il me semble qu'elle est là depuis assez longtemps pour qu'on soit certain de la retrouver. Et puis, si on ne la quittait pas, elle n'aurait pas le loisir de nous manquer. » Tient à le signaler, la langue passant lentement sur ses lèvres salées, le temps d'y réfléchir. « Nous reviendrons à Ischia, je te le promets. » Et maladroitement, sa main vient chercher la sienne, sous l'eau, les phalanges effleurant les siennes, avant de s'y couler avec incertitude. « Et bien évidemment, ça me manquera. Je n'ai jamais voulu quitter cette île, tu le sais aussi bien que moi. » Je n'ai jamais voulu te quitter, non plus, mais je le dois. Achève d'étreindre sa paume de la sienne, à se rapprocher d'un pas, pour se planter face à lui, le regarder dans les yeux. Sentirait presque son torse émaner en ondulations de chaleur près du sien, peinant à déglutir lorsqu'il l'articule enfin : « Ce n'est pas parce que je pars, que je disparais. »

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Dans la patience de Phineas, Gideon y perçoit quelque chose de particulièrement réconfortant et ce, même si Falcon est la source de ses tracas. Comme un point d’accroche vraiment, alors qu’à la lumière des derniers événements, le monde semble s’effilocher doucement sous ses doigts. Si Murdoch n’imagine pas manquer de maturité – malgré ce que lui dit sa mère, toujours prompte à lui rappeler qu’il n’est encore qu’un enfant –, les émotions qui le jalonnent sont effrayantes d’intensité. Il pourrait sans nul doute passer du rire aux larmes en un instant – mais la colère, la rancœur, le sentiment d’abandon qui creuse le myocarde à mesure que les jours le rapprochent inexorablement du départ de Finn, sont des tares sous lesquelles il courbe volontiers l’échine. Phineas a souvent été celui susceptible de limer les contours de son désarroi, jamais celui à l’origine de ses angoisses. Jamais celui obligé de subir ses humeurs en retour, jamais celui à qui Gideon se sent désormais incapable de se confier. Ce n’est pas faute d’essayer, mais les lippes restent résolument scellées, regard tantôt éteint, tantôt acéré, la moue qui se détourne même lorsque les mots lui sont adressés. Gideon a mal. Au cœur, dans le ventre. Le soleil d’Ischia et le sel de mer sur ses lippes n’y changent rien. Il a mal, a l’impression que son corps se disloque sous les battements nerveux du myocarde et l’angoisse pesante qui s’éprend de ses membres, et n’a jamais prétendu le contraire.

A la merci des flots, force est toutefois de constater que Gideon a besoin de ces moments où l’amitié prime sur la poésie du supplice interne, douloureusement viscéral. « Falcon, je n’arrive pas à savoir si tu te fiches de moi. » remarque-t-il en remontant de nouveau de l’index ses lunettes sur le bout de son nez. L’ombre d’un sourire qui retrace son chemin le long de sa bouche, les muscles de ses pommettes s’égayant à l’idée d’être secoués. Taquin, tout en restant inconsciemment sur la réserve. En d’autres circonstances, l’été dernier sans doute, Gideon n’aurait pas hésité à s’agripper à Phineas par les épaules, essayant de le couler en retour, afin d’assoir sa victoire incontestée. Il n’en est rien à présent, se faisant tranquillement balloter par les mouvements de l’eau claire, la peau réchauffée par le soleil à son zénith. « Tu ne lâches jamais le morceau, mm ? » Gideon l’interroge, comme s’il ne le connaissait pas – et déjà, ses mots commencent à se façonner sous le joug de l’aigreur sous-jacente, sciemment oubliée l’espace d’une heure ou de deux ; ou peut-être de moins. Pourtant, le rire de Phineas le détend immédiatement, les muscles tranquillisés par la musique qui s’extirpe des lippes de l’ami, se contentant de s’agiter en grand prince bafoué. Les humeurs placardées au visage, Murdoch n’est pas de ceux qui, mesurés, peuvent prétendre une émotion fallacieuse. Il n’a jamais prétendu – encore moins avec Finn.

A cette pensée, le cœur se contracte avant de s’emballer dans sa cage. Le regard s’affaisse vers Phineas, dont le corps est échoué à la surface. Bouffée de nostalgie qui le traverse, alors que son ami est toujours là, qu’il n’est pas encore parti. Chaque souvenir commun semble s’incruster contre le revers de ses yeux, les brûler, lui faire si mal qu’il voudrait se les arracher afin de ne plus ressentir – ne plus voir, surtout. Parce qu’au travers de ces nombreuses journées à arpenter les manoirs, les nuits à se protéger, les trajets jusqu’à l’école ponctués de courses effrénées et de rires haletants, les rires qui se répondent en écho et les regards entendus – l’existence de Gideon est finalement résumée. L’évidence est telle qu’il n’a pas envie d’en imaginer une autre. Il ne peut pas tenir sans Finn. Alors, sans doute est-ce motivé par la crainte d’être seul, et de ne pas savoir appréhender cette solitude à venir, lui qui n’a jamais agi qu’en tandem. Et peut-être est-ce l’envie aussi, infiltrée dans les veines, de constater que Finn a réussi là où il a préféré échouer. A ses yeux, fardés d’une admiration qu’il n’a que très peu souvent exprimée, Phineas est probablement tout ce que Gideon n’est pas – et tout ce qu’il aurait voulu être. Plus patient, calme, drôle. Plus attrayant, il lui semble, surtout lorsqu’il se surprend à enrouler son index autour de l’une de ses boucles noires, mécanisme arraché à l’enfance, lorsque ses paumes étaient beaucoup trop souvent écrasées contre les oreilles du supplicié. Et son rire – son rire qui cisaille l’atmosphère, résonne dans ses tympans, lui met du baume au cœur. « Je n’ai pas envie de brusquer tes petits yeux innocents. » réplique-t-il, la moue tendue en un sourire chafouin, l’œil brillant décelé au-dessus de ses lunettes, alors que sa main s’agrippe à la cheville de l’ami, le ramenant à bon port – auprès de lui.

Et la musique commence – la valse des mensonges, éhontés pour la plupart. La valse du miel, et de ce que Gideon peine à comprendre. La cheville de Phineas lui échappe, lorsqu’il se redresse enfin, les torses alignés, les regards s’harponnant dans la foulée. Même si Murdoch s’entête à n’entendre que ce qu’il ne veut bien comprendre, les mots de son ami le percutent, quand ses doigts viennent frôler les siens. « Finn… » sa voix s’éteint dans le creux de sa gorge, lorsque la paume de Falcon vient étreindre la sienne et qu’enfin, ses phalanges s’agrippent à leurs jumelles avec ferveur. Sous ses doigts, la peau de Finn lui semble chaude, malgré la fraîcheur modérée de l’eau. Respiration bloquée dans ses poumons, avant qu’il ne retire doucement sa main de l’étreinte – à regret, de le sentir si loin, énième affliction d’une longue liste. « Tu trouves vraiment réponse à tout, n’est-ce pas ? » soupire-t-il, enlevant ses lunettes afin de pincer l’arête de son nez entre son pouce et son index recourbé. « Tu te rends compte que tout ne peut pas être si facile que ce que tu dis ? Que tout n’est pas aussi simple que tu aimes l’imaginer ? » Les mots s’entrechoquent, l’émotion le gagnant plus rapidement qu’il ne le souhaitait. Son regard clair ne lâche cependant pas celui, sombre, de son vis-à-vis. Sous ses côtes, ça balbutie au gré du calvaire subi. « Si tu pars, alors tu disparais. Tu disparais, sachant parfaitement ce que tu abandonnes derrière, plus loquace maintenant que la discussion a été ébauchée, pourtant il n’y a aucun goût de salvation qui vient s’éprendre de ses maux, et c’est tellement facile de dire que tu ne disparais pas, que tu reviendras, alors qu’on sait tous les deux que tu ne reviendras probablement pas. Et même si tu veux revenir, Finn, même si tu veux revenir, les lèvres sèches, la langue qui s’ankylosent, l’air marin plein les narines, je refuserai de te voir. Si tu pars, Finn, tu es mort pour moi. »

You'll be dead to me,
Perhaps you already are.



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ischia, août 2015
La réponse est non, soufflée du bout des lèvres, une fois en train de flotter à la surface, les doigts de Gideon autour de sa cheville pour seule ancre. Non, Finn ne lâche jamais le morceau, habituellement. N'estime d'ailleurs pas que ce soit le cas en choisissant d'aller étudier dans une bonne université, proposant un bon programme d'architecture, nécessitant son éloignement temporaire. Pourrait se bercer de ce genre de prétexte lorsque d'autres écoles lui étaient accessibles, plus prestigieuses, même. Certain d'y être admis après avoir étudié dans cette académie privée aux côtés de Murdoch, tous frais réglés par leurs parents, semblant se satisfaire d'évoquer dans leur cercle proche où étudiaient leurs enfants. S'il s'en va, c'est aussi pour préserver l'ami, les préserver, tous les deux. Se préserver lui, aussi, lui-même, bien qu'il n'aime guère y songer sous cet angle-là. Il lui semble s'être toujours fait passer au second plan, face aux désirs - ou aux non-désirs - de Gideon. N'avoir jamais forcé les choses, les sentiments en berne pour ne pas le brusquer, depuis ce seul et unique baiser l'ayant fait trembler pour leur amitié. Préférait se contraindre à une vie de silence plutôt que de se confronter à son mépris ou son absence, à l'époque, et pourtant, il lui semble désormais tout cumuler. N'a rien exprimé, Gideon n'en sait foutrement rien, et pourtant, c'est tout seul qu'il se tire, et son mépris qu'il récolte. A loupé le coche quelque part, loin de vouloir admettre que les voix ectoplasmiques jouent également un rôle certain dans son départ. Ne veut pas leur attribuer le moindre mérite du genre, à souhaiter les réduire à néant, elles et toute cette influence qu'elles ont probablement eu précédemment. Ne veut pas crever dans quinze ans par leur faute, et encore moins assister à la chute de son meilleur ami, avant de rendre l'âme. Ainsi qu'il y pense, le coeur glacé d'effroi malgré la canicule martelant sa peau, se redressant dans un sursaut terrorisé, pulsations anxieuses sous les côtes. « Mes petits yeux innocents en ont probablement vu d'autres. » Rétorque Falcon, le tout assorti d'un brin de sourire, quand les hallebardes gelées continuent de lui ruiner les veines. « Admets plutôt que c'est toi qui aurait trop peur de brusquer ton regard innocent en risquant d'apercevoir quelques touristes nus. » Quelques secondes encore à l'humour, sachant la discussion sur le déclin.

Pour un instant, quelque chose vacille à l'intérieur. Au prénom énoncé, aux doigts mêlés aux siens, Phineas se sent prêt, prêt à se laisser chavirer, pour de bon. Se maudirait s'il ne l'était déjà, pour cette facilité à se laisser happer par le moindre geste affectueux, la douceur d'un ton rivalisant avec l'aigreur des jours passés. Pourrait presque rester, et ça se chasse mentalement au même rythme que l'étreinte de leurs phalanges se délient : il ne sera pas faible, il s'en ira, et peut-être, peut-être qu'ils pourront vivre.

Mais quelle vie, sans Gideon ? Quelle vie, sans l'ami éternel, sans cette moitié inscrite dans ses os, métronome de ses jours et de ses nuits aux pulsations insubordonnées de son coeur ? « Je n'ai jamais prétendu que c'était simple. » Car rien ne l'a jamais été, dans l'existence de Phineas Falcon, si ce n'était dans la certitude de ses sentiments, pourtant battus à revers avec véhémence. Les lèvres se scellent, finalement, laissant la parole à Gideon, à tout ce qui ne s'est pas exprimé de manière audible, avant. Ne pensait pas, Finn, qu'ils allaient devoir tenir telle discussion. Oeillères bien mises à l'égard de leurs derniers échanges, il leur reste quelques semaines et il se le dit, c'est du gâchis. Ne veut pas retenir de leurs jours à Ischia l'orage annoncé dans la menace que formule Gideon. Estomaqué, Falcon en reste un instant interdit, le corps alangui par la baignade, le crâne fissuré par le soleil de plomb, pourrait tourner de l'oeil dans la seconde.

Et les seconde s'étirent, quand le calme se disloque. Sensation désagréable de bientôt perdre ses moyens, c'est si rarement arrivé auparavant que ça a toujours quelque chose d'effrayant, et pourtant. C'est de manière honnête que ça palpite sous ses côtes, quand autour d'eux, la vie continue, mais qu'il n'en perçoit plus rien. Il n'y a plus que les yeux clairs de Murdoch dans sa ligne de mire, et ses molaires qui peinent à se décoller, pour laisser les mots s'en extraire. « Je serai mort pour toi ? » Et si je reste, tu seras mort pour moi, littéralement. Prend le temps d'inhaler par le nez, et d'exhaler par la bouche, sans que ça ne parvienne à canaliser ses émotions. Ce n'est déjà pas efficace lorsqu'il essaye de descendre un escalier, ça ne fonctionnera sans doute pas en essayant de ne pas se casser la gueule sur la pente glissante de leur conversation. « Tu entends ce que tu dis, Gideon ? » Parce que ça le déchire en deux, qu'il est presque certain que ses viscères sont en train de se désolidariser de son buste, tant le gouffre s'y creuse. « Tu devrais apprendre à peser tes mots, tu sais. » En a les poings qui se serrent sous l'eau, coincés contre ses cuisses, les lippes tremblant sur des mots en pagaille, à tenter de les ordonner quand ça se mélange. « Je ne pars pas seulement pour étudier, je pars parce que je ne peux pas rester, et. » Et il devine, derrière l'air décidé de l'ami, que ses propos n'ont rien d'un chantage. S'imagine, Finn, qu'à ce moment précis, Gideon le pense. Ne tient pas à le vérifier, quand pourtant, il n'a d'autre choix que de se barrer, c'est ce qu'il se répète, à détailler ses traits, les imprimer une énième fois dans sa tête, quand ça résonne encore et encore, tu seras mort pour moi. « Et tu t'en fous, pas vrai ? Des raisons pour lesquelles je pars. Tout ce que tu souhaites, c'est que je reste là, parce que sinon, si j'ose m'en aller, ça me réduit à quoi, mh ? Au néant auquel tu me condamneras ? »

Il n'a que rarement haussé le ton sur Gideon, mais aujourd'hui, c'est le cas. Et ça le brûle, de ne rien expliciter, à vouloir tout lui déballer, dans la plus amère cruauté. Mais il ne peut, il ne peut pas, parce qu'il ne veut pas le blesser, ne veut pas le condamner à savoir, comme lui-même sait, et à ne plus jamais vivre de la même manière. Ne plus jamais vivre, tout court, quand il semble à Finn qu'il meurt chaque jour depuis qu'il a compris, qu'il a réalisé. Et il l'aime trop, Phineas, il aime trop Gideon pour ça, et ça s'embrouille entre ses cils, quand il plonge.

Sans s'en apercevoir, à mal avoir calculé la distance, son torse heurte celui de Murdoch avant que ses lèvres ne viennent s'écraser contre les siennes. Et sa main est glissée contre sa nuque, comme ce jour-là, et le sel lui brûle les lippes, et ça lui écorche toute la carne. Ne pas recommencer, parce que c'est crade. Résumé de ses pensées à ce sujet, mêlées au ressenti de Gideon, n'empêche qu'il l'embrasse, l'embrasse avec ferveur, même, à récolter les embruns glissés sur sa bouche, de cette langue qu'il y invite. Et ça menace de s'écouler entre ses paupières férocement scellées, tout le temps que ça dure, à le lui imposer et se l'imposer également, se faire mal, de manière délibérée, le coeur battant, l'âme meurtrie, d'imaginer son regard, déjà, posé sur lui. Parce qu'ils ne sont pas seuls, ici, que leurs parents pourraient bien s'inviter sur la plage et en faire une syncope, mais que sur le moment, Finn s'en fiche. Quand tout ce qui se répète, dans la danse amorcée, à laisser son souffle se saccader contre sa peau, c'est qu'il doit partir, c'est que c'est pour ça qu'il doit partir, qu'il n'a d'autre choix, vraiment, que de partir.

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all washed out.

--- Out drinking on the rooftop Faded like your old bad dreams. We said we'd live forever now it's just a memory -- All washed out, all washed out. ●● zaja (ic)


Les propos de Finn se fardent d’une véracité dérangeante – de quelque chose dont Gideon ne devrait peut-être pas se défendre. Pourtant, ce sont ses pensées qui dégueulent face à l’affront, et c’est son cœur qui se fissure en s’apercevant de ses failles. Tu ne peux pas le laisser dire ça. Mais c’est vrai, si douloureusement vrai ; il se fiche de ses raisons, et peut-être bien qu’il le pense vraiment. Ne veut pas les entendre, ne veut pas les effleurer, et surtout pas les subir. Dans le crâne, l’effroi commence à marteler, lorsque l’intonation de Phineas s’aggrave et que Murdoch, subjugué par l’humeur changeante de son comparse qui commence tout juste à briser la capace de patience, s’immobilise. Conscient du soleil sur sa peau rafraîchie par l’eau, des flots remuant autour de son bassin – conscient de l’accusation aussi, et de sa gorge étranglée de laquelle ne s’extirpe qu’un bredouillement guttural.

« Je ne m’en fous pas, c’est pas vrai- » coupé dans son élan, bouche entrouverte à l’aube de ses protestations erratiques, paniqué à l’idée que l’on puisse supposer qu’il s’en fiche – éreinté à l’idée que Finn lui échappe, alors qu’il se rapproche sans qu’il ne le réalise, focalisé sur ce qu’il essaie de lui exprimer dans sa torpeur fébrile, et qu’il se rapproche toujours jusqu’à heurter son torse, et que Gideon ne comprend toujours pas, et n’a jamais rien compris. Qu’il voudrait protester, encore et encore, jusqu’à ce qu’il finisse par babiller du sang ou cracher de la bile ; qu’il lui dise qu’au final, il veut le voir rester parce qu’il ne se sent en vie qu’avec lui ; et que sans lui, sans Falcon, il n’y a plus rien de Murdoch, juste un brasier éteint, des cendres laissées à l’abandon ; qu’il va avoir peur sans lui, qu’il va crever probablement – et que lui, il n’a jamais voulu mourir, qu’il veut vivre. Mais sans Falcon, que vaut-il ?

Tout est brutalement ravalé en un grondement décontenancé lorsque les lèvres de Phineas heurtent les siennes. Son geste de recul est réprimé par la main de son ami se logeant fermement contre sa nuque, le maintenant contre la bouche assassine, les souffles se mêlant et les langues se rencontrant en une férocité éprouvée. Gideon attend, à l’agonie, immobile, les mains tremblantes venant se caler contre les hanches de son comparse, essayant de lui imposer une résistance dans cette valse au goût étrange de déjà-vu. Ses doigts s’enfoncent dans la peau chaude de Finn, créant des sillons blancs dans l’épiderme, ses yeux ouverts observent ses paupières fermées jusqu’à ce que sa vision ne se brouille ; regard azuré qui se voile de larmes, qui s’extirpent d’entre les cils et se mêlent à l’eau salée maculant ses joues. Il s’efforce de se raccrocher à la réalité, mais les sensations accumulées lui semblent inédites : l’odeur de la peau de Phineas plein les narines, se mêlant à celle des embruns, la fermeté de son torse contre le sien. Son souffle envahissant sa bouche. Cette proximité déjà appréhendée des années auparavant, rangée dans un recoin de son crâne, dans l’un de ces tiroirs qu’il n’a que très rarement ouverts. Tout est saisissant de familiarité, dans un monde qui semble toutefois perdre de son sens. Et ça lui fait du mal, de le sentir aussi proche, de pouvoir discerner tous les reliefs de son corps ; ça lui fait du mal, de comprendre qu’il est probablement la source de tourments, de nuits sans sommeil et d’interrogations agonisantes. Et enfin, ça lui fait du mal d’écoper de ce baiser, sans être susceptible d’y échapper, les nerfs à vif et les chairs sur le déclin. De sentir sa langue s’éprendre de la sienne, de racler ses saveurs jusqu’à ce qu’elles lui appartiennent, de se contenter de respirer quand Phineas, enfin, s’octroie le droit d’exister.

Et lorsque la bouche de Phineas s’écarte, et que, le souffle court, Gideon reprend une grande goulée d’air jusqu’à ce que ses poumons l’élancent, il considère son ami sous un jour nouveau – le battement effréné du cœur, les sanglots qui manquent à présent de l’étrangler, la conscience brutale d’avoir perdu sa moitié car incapable de lui offrir ce que cet échange semble lui intimer. Et ça lui fait si mal qu’il voudrait enfoncer sa tête sous les flots, et se laisser porter loin du large par les vagues – le nom de son ami qui marque ses lèvres entrouvertes, rosies par le baiser, humifiées par la marée. Phineas entre les lippes, Phineas encore dans la bouche, incrusté dans le torse là où le sien est venu se heurter.

« Je-, les mots lui manquent, et il lui semble évident de vouloir briser le silence assourdissant – ne sait plus quoi dire, quand la personne qui lui est la plus importante, la plus essentielle, lui échappe sans qu’il ne soit en mesure de la rattraper, j’arrive plus à te regarder. » Il lâche, peinant à aligner ses pensées, le sanglot lui secouant la langue – a bien dû pleurer une bonne dizaine de fois, le nez collé contre l’épaule de Phineas, à la merci des gouvernantes ou de ce qu’il voyait approcher, dans l’ombre des couloirs alambiqués. Il n’avait jamais pleuré à Ischia, pourtant, avait toujours couru, ri – et aimé, bon sang. Il a toujours aimé Finn, les boucles humides, et la peau brûlée par la canicule. A toujours aimé Finn, autour duquel ses bras s’élançaient pendant la nuit, et contre lequel il se blottissait, le front coincé entre ses omoplates. A toujours aimé son odeur, sa présence, ses yeux foncés, ses fossettes, sa patience, ses doigts pinçant les cordes du violon, son rire, ses soupirs.

Gideon a toujours aimé Finn.
Pas comme ça, non, non, non –
Non, bon sang, non,
Pas comme ça.


« Je suis désolé. »
Je suis désolé.

Mais ça, ce n’est pas moi.
Mais ça, ce n’est pas nous.


C’est ce que Murdoch répète en relâchant les hanches de Phineas, s’apercevant de cette proximité imposée comme s’il s’était brûlé, le fantôme de sa peau encore imposée dans le creux de ses paumes. C’est ce qu’il répète en le contournant, et en rejoignant la rive, venant s’emparer de sa serviette et se chausser de ses tongs. C’est ce qu’il répète, lorsque les larmes reviennent mouiller ses cils, et marquer ses joues. C’est ce qu’il répète, tout le long du trajet, jusqu’à la villa. C’est ce qu’il se répétera, tous les jours, jusqu’à leur départ.

Incapable de te regarder.
C’est crade, c’est crade, c’est crade.
Je n’ai jamais voulu, et je n’y ai jamais pensé,
Je peux plus te regarder.

Et je suis désolé,
Tellement désolé.



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ischia, août 2015
Phineas ne sait ce qu'il cherche, réellement, à improviser, s'élancer de manière spontanée à la rencontre de ces lèvres déjà adorées il y a deux années, qui lui reviennent au gré de souvenirs aussi doux qu'à la férocité assumée. Cherche-t-il à se faire mal, ou à blesser Gideon ? Ou les deux à la fois ? Voudrait-il le retenir, de ses doigts accrochant sa nuque, ou l'encourager à s'éloigner le premier ? Parce qu'il se souvient de cette soirée et de la réaction de son ami, ne peut que s'attendre à la répétition d'une scène similaire, plus cruelle peut-être, une fois que le baiser n'est plus placé sous l'étiquette du jeu. Cela n'a rien d'un amusement de passage, d'un défi, quand ça crie de sincérité dans la caresse qu'il amorce contre ses lippes. Voilà, voilà, pourquoi, et ça se raffermit, à perdre le contrôle usuel, s'éprendre avec ferveur de sa bouche quand Gideon, pourtant, ne le lui rend guère. A tout d'un comportement désespéré, dans sa manière de l'embrasser, mais il peine à reculer, Finn, quand bien même attend-il de se confronter une fois de plus au jugement sévère. Celui qui sera pourtant honnête, quand à trop faire l'autruche, trop se museler, il est grand temps de se dévoiler.

Et les yeux de Gideon sont emplis de larmes, quand ceux de Finn se sont déjà asséchés, au gré de ces nuits lui laissant miroiter sa mort, au gré des chuchotis d'Harriet, ne le quittant plus depuis qu'il a eu l'audace de feuilleter son journal. Sa voix étranglée pendue à l'oreille, lui murmurant comme ce serait bientôt leur tour, comme quinze années, ce n'était rien, rien de plus qu'un moment rapidement balayé. Comme, sans s'en apercevoir, ils se retrouveraient déjà là, au seuil de leurs trente-cinq ans. Et qu'il n'y avait pas de raison, non, pas de raison qu'ils en soient épargnés, quand elle a perdu son propre gamin à l'époque. Quand elle voit comme Phineas regarde Gideon, de cette manière qu'avait Frederick de regarder Cotton, et que ce ne sera que juste retour de flamme. Pourrait prétendre vouloir être repoussé, de manière claire et déterminée, quand le regret l'agrippe dès que l'expression de Gid lui apparaît. Les mâchoires scellées, dents bien imbriquées sur un silence lourd de sens, s'use les rétines, Falcon, sur le désarroi de Murdoch. Veut ne rien en oublier, tout emporter avec lui pour ces jours où il viendra, inévitablement, à lui manquer. Pour ces soirées de doute à feuilleter ses cours, incapable de s'y concentrer. Pour ces avances que l'on pourrait lui faire, qu'il aurait envie de repousser, peut-être, le coeur allant au rebours de ce qui pourrait être attendu de lui par sa mère. Se trouver une fille, une fille adéquate, quand il n'a jamais souhaité les regarder que pour les admirer, c'est à dire de loin, c'est à dire en reculant lorsqu'elles voudraient s'approcher.

Fabule sur tout ce qu'il pourrait accomplir, à Houston, puisque Gideon ne veut pas de lui, et qu'il aura beau être mort pour lui en partant, que Murdoch vient déjà de le tuer, semble-t-il.

Gideon ne peut plus le regarder, c'est ce qu'il dit, c'est ce qu'il pleure, et la gorge de Phineas se noue, quand lui, lui continue à le dévisager, à happer le moindre éclat vacillant contre ses iris, le moindre frémissement aux coins de ses lèvres, qu'il s'imagine ne plus jamais voir sourire. Et il aimerait dire quelque chose, rembobiner dans une certaine forme de lâcheté, trouver le courage de rire, d'inventer une bonne blague qu'il lui aurait fait, et tout effacer.

Mais Gideon s'éloigne, et Finn, cette fois, sait qu'il ne faut pas le rattraper. Parce que la déchirure est bien fraîche sous ses côtes, et que c'est bien ce qu'il faut. Ne plus jamais regarder Gideon, lui non plus, au risque de l'observer de manière déplacée, comme leurs ancêtres avant eux. Alors, l'échine se tourne, à ne pas vouloir suivre sa trajectoire sur la plage, à plonger, tête la première, s'écorcher les yeux contre l'eau salée.

Et nager, nager loin, perdre pied, nager encore, à s'en épuiser les bras, les épaules, le dos, les jambes, pour finalement s'arrêter, le souffle court, la plage si loin qu'il se demande, Finn, s'il pourra bien revenir au rivage. S'il ne faudrait pas simplement continuer, toujours plus vers l'horizon, vers la ligne du soleil qui glisse contre le ciel, à mesure que l'après-midi avance.
Il n'y a plus rien pour lui, ici.
Il n'y a plus rien pour lui, là-bas.

Et partir s'avèrera plus facile, ainsi, c'est comme ça que Falcon se rassure.
Mais ça ne le sera pas, pourtant. Absolument pas.

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