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 there is a light that never goes out (andy)

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Recroquevillé sur le canapé, Arthur n’osait pas bouger le moindre muscle, le regard perdu fixé dans le vide, comme pétrifié. Dans l’appartement, pas de bruit sinon l’occasionnelle voiture qui roulait à vive allure devant l’immeuble et qui s’empressait de s’éloigner loin, loin, loin de ce lieu déprimant à souhait. Arthur pouvait le comprendre; il se demandait même parfois pourquoi il s’entêtait à rester dans cette ville paumée loin des siens, restés à Montréal. Il n’avait pas tellement sa place à Exeter, Massachusetts. Ne l’avait jamais eue, sans nul doute. On l’avait forcé à y rester pendant de longues années — huit, pour être exact — et voilà qu’il y restait de son plein gré. Quel sombre abruti, cet Arthur. Masochiste jusqu’au bout des ongles. Cela faisait près d’un an qu’il essayait d’affronter ce passé qui l’avait marqué au fer rouge et jusqu’à maintenant, on ne pouvait guère affirmer que son entreprise était couronnée de succès. Au contraire, il semblait s’enliser dans les sables (mouvants) de ses plus vieux traumatismes à chaque jour qui passait. Mais il ne pouvait renoncer, pas maintenant. Pour la première fois de sa vie, il osait se battre contre ses démons de ses poings fragiles et tremblants. S’il rebroussait chemin, l’échine baissée, tout cela n’aurait plus aucun sens. S’il était revenu dans le coin, c’était bien pour affronter ce qu’il avait cherché à fuir ces dernières années, et non fuir encore et encore devant l’adversité.
Il plongea son pouce entre ses lèvres par pur réflexe, comme un bébé sevré trop tôt. L’appartement était toujours silencieux. L’était-il depuis quelques minutes? quelques heures? quelques jours, même? Difficile à dire. Arthur ne voyait pas le temps passer. Il ne profitait pas de la vie; la vie profitait de lui. Équation simple, mais ô combien évidente. Immuable, aussi. Il poussa un long soupir. À travers la fenêtre du salon, le soleil caressait son visage fatigué et semblait décliner à l’horizon. Andy ne tarderait pas à rentrer. Arthur, lui, n’avait pas eu le courage de partir travailler. Ce matin, il avait laissé un message sur le téléphone de Jill pour l’informer de son absence. Il n’en avait pas précisé la raison, n’en avait pas eu le courage non plus. Il ignorait si la jeune femme avait bien reçu son message, il n’avait pas osé consulter ses notifications de la journée. Mieux encore, il avait éteint l’appareil. Enfin, il pourrait toujours lui expliquer la situation de vive voix demain matin. Ou la semaine prochaine. Ou jamais. Difficile d’expliquer à votre patronne, même si vous la considérez comme une amie, que vous avez envie de cesser d’exister le même jour de chaque mois, chaque année sans exception, sans déverrouiller au passage une multitude d’autres questions, plus embarrassantes encore que l’aveu premier. Après réflexion, il valait prétexter une mauvaise grippe.
La porte d’entrée claqua. Arthur cligna des yeux, se réveilla de sa longue torpeur. Il voulut se dresser sur son séant, mais ses muscles protestèrent tous à la fois de son marasme prolongé. Il réalisa soudain qu’il mourait de soif et de faim, étant donné qu’il n’avait rien avalé de la journée, mais ce n’était pas grave. Enfin, si, c’était grave. Il fallait prendre soin de son corps; son psychologue le lui répétait souvent. Mais Arthur n’était pas exactement un partisan de cette doctrine, comme en témoignaient ses cernes et ses côtes protubérantes. Il s’étira longuement dans tous les sens avec la souplesse d’un chat, content de l’arrivée de son colocataire pour lui changer les idées. Andy comprendrait sa morosité en cette journée particulière pour les louveteaux; Andy comprenait toujours. Enfin, il se plaisait à le penser. Il s’accrochait parfois au jeune homme comme à une bouée de sauvetage, peut-être avec trop d’insistance… De peur de l’inquiéter, il attrapa la première chose qui lui tomba sous la main : son carnet de dessin, posé sur la table basse. Il fit défiler les pages jusqu’à tomber sur une feuille vierge, puis dégaina le crayon qu’il traînait en permanence sur sa personne, comme un fidèle compagnon. Il entendit le jeune homme l’appeler dans l’autre pièce. « Au salon, » lui cria Arthur. Il ne leva pas la tête en apercevant du coin de l’œil son ami s’approcher de lui. Il fit semblant de se concentrer sur son dessin, même si la pointe de son crayon demeurait figé dans l’air. Comme le silence se prolongeait, Arthur s’éclaircit la gorge et tenta l’amorce d’un dialogue, avec son humour (pourri) comme moteur :  « Oui, merci, j’ai passé une excellente journée, merci de demander. » Il releva la tête à ce moment seulement, le regard sombre dans le regard clair. Accalmie éphémère.

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