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 finding god before god finds me (nick)

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La tête baissée vers le sol givré, le jeune homme resserra son emprise sur la rose rouge entre ses doigts pétris par le froid et franchit le seuil du cimetière sans se presser. Il arriverait bien assez tôt devant la sépulture. Il ne s’était lui-même encore jamais rendu sur place depuis son arrivée en ville, près d’un an plus tôt. Il n’en avait eu ni l’envie ni le courage. Il préférait lui rendre hommage le seul jour où il lui semblait naturel de le faire. Comble de l’ironie, il avait été incapable de sortir de l’appartement le jour de l’anniversaire de sa mort. Incapable de bouger sa carcasse du canapé, clouée à la matière par le chagrin, les remords et les regrets. Il avait essayé de prétendre que tout allait bien quand Andy était rentré du boulot ce soir-là, mais son cadet avait tout de suite décelé les tourments qui l’accablaient par il ne savait quel sixième sens. Peut-être parce qu’ils avaient tous deux grandi et mûri entre les flammes de l’enfer et qu’un lien fort, au-delà même de la fraternité, s’était créé entre les deux jeunes hommes. Arthur n’en savait trop rien. Andy était le seul de la meute avec lequel il avait repris contact, après s’être installé à Exeter. Les autres, il ignorait ce qu’ils devenaient. Aurait aimé s’en ficher avec la désinvolture qui semblait caractériser Andy. Mais hélas, il n’était pas Andy. Il était Arthur. Juste Delta, pas Sigma. Juste Arthur.
Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’anniversaire de la mort de Kappa, mais il espérait que de là-haut, elle lui pardonnerait son retard. Elle savait — avait toujours su — qu’il n’était pas le plus hardi ou le plus dégourdi de la meute. Elle l’avait tout de suite considéré comme son ami, pourtant. Sans le juger. Sans se moquer de lui. Peut-être la première personne à faire preuve de patience et d’indulgence envers lui, en-dehors de sa famille. À ses côtés, il avait eu l’impression, aussi brève fut-elle, d’être un gamin normal, comme tous les autres. Et puis, il avait fallu qu’Andy gâche tout, malgré toutes les bonnes intentions du monde. Sacrifier l’une des brebis pour sauver le reste du troupeau, tel était le plan qui avait germé dans sa cervelle. Arthur prétendait lui être reconnaissant de s’être porté garant de cette mission suicide, reconnaissant d’être un homme libre à l’heure actuelle. Mais en réalité, il aurait volontiers enduré mille ans de captivé auprès du Diable lui-même s’il avait eu Kappa pour le soutenir avec ses regards lumineux et ses sourires à la dérobée.
Là-haut, les nuages gris s’amoncelaient dans le ciel. Les bottes du jeune homme crissaient sur la fine couche de neige recouvrant le sentier. Le seul bruit dans le silence pesant et presque poétique de cette froide journée de février. Çà et là s’élevaient les pierres tombales et autres sépulcres. À chaque pas, il remontait les années.

2020. Il levait l’ancre de Montréal, sa terre natale.
2014. Il jonglait avec ses insomnies, ses idées noires et ses gagne-pain minables.
2008. Il envoyait la main à l’adolescence qu’il n’avait pas vraiment connue.
2004. Il assistait, impuissant, au schisme de la meute.

Ses pas s’arrêtèrent devant une pierre tombale enjolivée de fleurs et de peluches. Exeter pleurait la dernière victime d’Alpha pour la dix-septième année consécutive. Arthur, le visage grave, s’agenouilla devant la sépulture et y déposa sa modeste contribution, la rose rouge qu’il avait soigneusement choisie chez le fleuriste tout à l’heure. Un maigre cadeau, comparé aux autres offrandes. Il n’en avait cure; seule comptait l’intention. Kappa adorait les roses rouges. Sa fleur préférée, sa couleur préférée. Celles d’Arthur également, depuis ce jour. « Désolé de n’être pas passé plus tôt, » murmura-t-il dans le silence presque monastique du cimetière endormi. Il voulait croire qu’elle l’entendait, où qu’elle soit, et surtout qu’elle lui pardonne de n’avoir été qu’un pantin dans les mains d’un dieu par trop cruel. Il demeura agenouillé ainsi pendant un long moment. Incapable de verser la moindre larme. Figé dans le temps et l’espace. Égaré dans les réminiscences d’un passé palpable à mains nues, si on le voulait.

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Il était passé acheter un petit bouquet. Comme chaque année. Un peu après son décès. Incapable d’affronter le jour fatidique. Comme si laisser passer quelques jours rendait la peine moins lourde. Plus facile à porter. Plus facile à supporter. On dit qu’le temps allège les peines, mais c’était pas l’cas. Non. Il avait l’impression que le fardeau pesait d’plus en plus lourd au fil des années. L’était l’seul à savoir qu’il avait fait, c’qui s’était passé ce jour-là. Pourquoi ça c’était passé.Plus que jamais à cette date-là, il avait l’impression de replonger en enfer. Comment aurait-il pu en être autrement.

Malgré le froid, il avait l’impression de brûler à l'intérieur. De haine contre lui-même. ça aurait dû être lui, pas elle. Elle n’avait pas à payer pour lui. Peut-être était-il le seul à ne plus pouvoir vivre dans cette enfer. Dans cette meute qu’il n’a jamais voulu. De courber l’échine sans jamais complètement se plier à ses délires, ses désirs. Trop vieux pour être modeler à son image, trop jeune pour réellement réagir. Ou pour réagir trop tard. Mais si ce n’était pas lui, ça aurait été un autre. Il le savait. Il n’avait pas pu quitter la ville d’ailleurs. Le savoir en vie lui suffisait à ne plus pouvoir partir. Sans pour autant revoir les autres. Non, il ne voulait pas, s’en sentait incapable. Des ombres dans sa tête, qu’il s’appliquait à oublier à coup de travail et de coke. Devenue sa meilleure amie par ces temps difficiles. Il avait presque réussi. S’reconstruire, laisser le passé derrière lui. Mais il avait débordé. Il déborde toujours quand on essaie de l'enfermer dans un vaisseau trop p’tit. ça explose, ça fait des dégats. Lui, les autres. Alors il s’était enfermé. Dans sa propre prison, là c’était confortable, là où il pouvait être juste Nick, et pas un enfant du Loup. Alors il coulait à petit feu, mais se complaisait dans cette douce tragédie.

Ses pas crissaient sur la neige, le regard bas, qui voguait entre les pierres tombales. Eux aussi avaient-ils souffert ? Il refusait ça. Une mort douloureuse. Refusant la douleur. La taisant au plus profond de lui. Plus jamais ça. Il regardait le bouquet de roses. Elles étaient rouges, profondes, et pourtant douces. Les aimeraient-elles ? Il espérait. Il faisait de son mieux, espérant pouvoir éponger son âme des remords et regret qu’il avait. D’la culpabilité omniprésente. Lui en voulait-elle ? Elle devait savoir, là-haut, que tout était de sa faute. Qu’il n’avait pas réussi, à tous les protéger. Qu’il était l’plus grand, qu’ça aurait dû être lui. Pas elle. Et il revoyait son visage doux, trop doux. Dans ses cauchemars. Il voulait juste oublier. Mais pourtant, il était là. Marchant des les allées, s’y dirigeant instinctivement. Il y allait une fois par an. Jamais ce jour-là. Trop peur des regards. Préférant être seul. à lui confier ses démons, dans l’espoir qu’elle les adoucisse. Seul toujours, s’assurant d’être toujours seul. Dix-sept ans avaient passé, et dans sa tête, il revoyait tout, comme si c’était hier. Il avait souvent espéré tout oublier, un syndrome post-traumatique. Mais non, comme une punition, il devait s'en souvenir. Toujours.

Les mains serrées autour du bouquet, il arrive devant la sépulture. Levant les yeux, trop absorbé dans ses pensées, il ne réalise pas tout de suite qu’il n’est pas seul. Reste quelques mètres en arrière. La silhouette est familière, trop familière. Il n’a pas oublié, ils étaient jeunes pourtant. Arthur. La panique le prit. Pourtant son corps refusait de bouger. Au bout de quelques minutes, il s’approcha, en silence, espérant passer pour un badaud, déposant un énième bouquet, parmi ceux déjà présents. Il aurait voulu rester peu. Il repassera demain. Pourtant, parfois, il fallait saisir le destin, ou peut-être le secouer un peu. Se secouer un peu. L’on aurait attendu d’eux qu’ils soient proches. Pourtant la rupture de la meute, avait mit, pour lui, fin à tout contact. Refusant purement et simplement de les revoir. De faire face au cauchemar.
Mais la langue se délie. Son cerveau arrête de penser, alors que ses lèvres se mettent enfin à bouger pour le nommer. Son cœur cogne si fort qu’il est sûr qu’il lui arrachera la cage thoracique. “Arthur…” In fine, ce n’est qu’un souffle, un murmure, alors que ses jambes veulent prendre la fuite, tout comme son cœur et son cerveau, passé en pilote automatique. Le froid gèle ses mains, la peur son corps.

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Il resta agenouillé sur le sol enneigé qu’il eut l’impression de prendre racine, de se transformer à son tour en l’un des innombrables angelots de pierre çà et là disséminés dans le lieu si funeste qu’il en devenait déprimant. Il ne pouvait toutefois nier les bienfaits de ce silence prolongé, loin de l’agitation du centre-ville où voitures et piétons se pressaient pour se rendre à leur prochain rendez-vous ou rentrer chez eux. La même rengaine, à Exeter ou à Montréal. Le jeune homme poussa un long soupir, le regard posé sur la pierre tombale qui commençait à se flétrir, les saisons usant le matériau sans que l’être humain n’y puisse grand-chose. Au final, même les inscriptions funéraires finissaient par redevenir poussière, elles aussi. Lentement, mais sûrement. Elles s’érodaient, à l’instar des os et des organes rongés six pieds sous terre par les vers. L’image d’une Kappa à moitié mangée par les lombrics et autres créatures le dérangeait et il secoua la tête, pressé de s’en libérer. Son imagination trop débordante lui jouait des tours, une fois de plus.
Ce fut alors qu’il sentit une présence dans son dos; la seconde d’après, il entendit quelqu’un s’approcher de lui, ses bottes crissant dans la neige fraîche. Arthur se raidit et tourna la tête vers ce nouveau venu — ou cette nouvelle venue — qui venait sans doute rendre hommage à la jeune fille partie trop tôt. Il dévisagea l’homme un peu plus âgé que lui sans doute, aux cheveux longs et à la barbe bien découpée. Un homme qui dégageait une certaine prestance par sa seule présence. Pas comme Arthur, qui avait tendance à baisser le regard et courber l’échine en toutes circonstances. Il se mordit la lèvre inférieure — vieux réflexe qui refusait de l’abandonner — et se releva pour faire face au visiteur. Les mains plongées dans les poches de son manteau, il se déplaça sur le côté pendant que l’autre déposait un bouquet de roses rouges parmi le reste du jardin improvisé. Le bibliothécaire fronça les sourcils. Aurait-il dû acheter un bouquet, lui aussi? Question plus importante encore : comment se faisait-il que ce type offrait des roses rouges à Kappa? C’était plutôt inusité comme choix floral, vu les circonstances.
Le mystère se résolut néanmoins lorsque l’inconnu prit enfin la parole, s’adressant à lui avec une familiarité des plus déconcertantes. Arthur fronça les sourcils, l’impression soudaine d’être mis à nu sans qu’on lui ait demandé la permission au préalable. Il observa son interlocuteur et ce fut finalement son regard bienveillant, presque protecteur, qui le trahit, davantage que le reste de sa physionomie. « Nick… Ou devrais-je dire Gamma? » s’enquit-il dans un souffle qui se transforma en buée autour de sa tête. « Je ne savais pas que tu vivais à Exeter. À moins que tu aies fait un voyage exprès pour… pour elle? Enfin, tu n’es pas obligé de me répondre, je suppose que ça ne me regarde pas. Pardonne-moi. » Il pencha la tête sur le côté, soudain nerveux. Il n’avait pas cherché à reprendre contact avec son aîné, ni avec aucun autre des enfants du loup. Seul Andy avait croisé son chemin par un hasard assez cruel, compte tenu du fait qu’Arthur ne cherchait pas spécialement sa compagnie. Mais les deux étaient devenus colocataires, peut-être parce qu’Andy, lui, se réjouissait à l’idée de rattraper le temps perdu, peut-être aussi parce qu’Arthur ne savait pas dire non. Toujours était-il qu’il regrettait de renouer avec Gamma de façon si aléatoire et imprévisible. Il avait cherché à le fuir, lui et les autres, et voilà qu’il tombait nez à nez avec lui. Qui plus est, dans un cimetière. Il ne savait pas quoi (lui) dire. Alors il balbutia la première chose qui lui vint à l’esprit, c’est-à-dire Kappa. « Elle me manque beaucoup, tu sais. À tous les jours. Je… Je voudrais qu’elle ait survécu, elle aussi. Elle le méritait. Elle plus que n’importe qui d’entre nous. Plus que… que lui. Tu sais de qui je parle. » Sa voix baissait en octaves au fur et à mesure qu’il s’exprimait. Il regardait Nick sans vraiment le regarder. L’esprit perdu dans les méandres de ses souvenirs. Ceux d’une petite fille trop candide pour mériter un destin aussi tragique. Et ceux d’un monstre au cœur encore battant, enfermé derrière les barreaux comme un animal en cage.

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L'atmosphère pesante du cimetière lui avait donné envie de rebrousser chemin à chaque pas. Comme si la culpabilité qui pesait sur ses épaules était de plus en plus lourde. Presque à l’étouffer, le broyer, l’écraser. Même une fois devant la pierre  tombale, l’envie lui tordait encore le ventre. D’autant plus qu’il n’était pas seul. Ou alors, c’était plus facile, ne pas avoir l’air triste, ne faire face, comme s’il n’avait rien à se reprocher. Comme s’il n’avait été que victime et pas bourreau, même indirectement. Mais c’était pas un inconnu qui se tenait à genoux devant la tombe. Non, c’était Arthur, c’était Delta. La culpabilité le rongeait plus que jamais, seulement en posant son regard sur lui. Celle qui avait cherché à enterrer, à cacher, à oublier, à noyer, à droguer.

Une fois le bouquet posé sur la tombe, il resta silencieux. Était-ce trop ? Pas assez ? Non, ça ne rachèterai pas ce qu’il avait fait, certainement pas. Mais comme ça, il ne l’oubliait pas elle. Comment aurait-il pu de toute façon ? Elle hantait ses rêves, habitait ses cauchemars. Son souvenir planait au-dessus de lui. Il n’était pas prêt de l’oublier. Il n’était pas prêt à l’oublier.  Finalement, (enfin ?) il posa son regard sur Arthur. Avait-il bien fait de parler ? Aurait-il dû repartir, sans un mot ? Il ne l’avait pas reconnu. En même temps. Combien de temps avait passé depuis qu’il avait coupé tout contact ? Sûrement trop. Sûrement pas assez. C’était cruel, de renouer comme ça, au bord de la tombe de Kappa. Ou alors elle le voulait ? Il lança un coup d'œil à la sépulture. Comme s’il s’agissait d’une blague. Une blague pas drôle.  

Pourtant, revoir Arthur, ça lui faisait plaisir, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être les souvenirs protecteurs ? Sûrement trop protecteur. Ou pas assez. Il s’était souvent posé la question. Avait-il toujours bien agi ? Y avait-il le bon comportement à avoir là-bas, avec lui ? Pourtant son regard restait chaleureux quand il se posait sur Arthur. Une moue s'empara de ses lèvres quand il l’appela Gamma. ça n’avait jamais été son prénom. Ce n’était pas lui. Juste une affabulation d’un tordu. “Nick c’est très bien” qu’il souffla un riant nerveusement, son regard allant et venant encore Arthur et la pierre. Lui aussi était aussi nerveux devant le garçon. Non l’homme, c’était un homme. C’était plus un gamin, ni un ado. Pourtant, il ne pouvait pas s’enlever l’image du garçon qui a grandi avec lui. Il l’écouta parler en souriant. “Tout va bien Arthur, j’ai pas quitté Exceter depuis qu’on est sorti. J’ai pas pu, pas tant qu’il est en vie.” Il avait l’impression que l’Alpha pouvait apparaître à chaque coin de rue. Sorti de prison. Cette idée lui retournait le ventre “Je viens tous les ans, quelque jours après, pour ne croiser personne… ” qu’il avoua, presque honteusement. "Et toi ?" Le regard fuyant. N’assumant pas avoir coupé les ponts, si vite. Mais c’était plus facile comme ça. Moins douloureux sûrement. Ranger huit années derrière un mur de verre, lui était apparu comme sa meilleure solution. Pourtant, le voilà face à face avec Arthur, à discuter devant la tombe de Kappa. La vision devait avoir des air comique, d’un autre point de vue.  Les mains dans les poches, il ne savait pas non plus quoi lui dire. S’excuser ? Avouer. Il chassa cette idée quand il prit les devant.

Pourtant la conversation lui tordit les entrailles un peu plus. “Elle me manque aussi. Je… J’aurais dû… ça aurait dû être moi. Pas elle. Elle aurait dû vivre.” La haine et la culpabilité le faisaient tressaillir, tandis que tout son corps se bandait de rage. Contre lui même. Il en était arrivé à un point ou il n’en voulait plus à l’Alpha de l’avoir tué, mais à lui-même. “ Si je pouvais échanger ma place avec elle, je le ferais tu sais.” Les yeux collés sur la tombe de l’enfant, son regard devanant incapable d’affronter celui de son ancien compagnon d’enfer. S’il n’avait rien fait. Ils seraient sûrement tous en vis aujourd’hui. Ou bien on les aurait retrouvé. Tous les cinq.

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Il eut l’impression de voir le regard de l’aîné s’assombrir à la mention de son défunt surnom. Gamma. Arthur pouvait aisément le comprendre. Lui-même s’efforçait d’oublier les anciennes habitudes, pourtant encore ancrées en lui — comme les souvenirs, d’ailleurs. Il avait eu beau s’exiler dans le nord pendant des années, plus longues encore que celles de sa capture aux mains d’un monstre à l’apparence humaine, il n’arrivait pas à tourner la page. Il s’y était employé, pourtant. Thérapie après thérapie, il essayait de se libérer de ses vieux démons et finissait toujours par revenir vers ce patelin qui lui avait tout pris, des années plus tôt. Exeter. La ville maudite, la ville hantée. Ce trou perdu méritait sa sale réputation. Après les horreurs sans nom dont il avait autrefois été témoin et qu’il avait parfois orchestrées avec l’aide de ses quatre camarades, bien sûr qu’il le méritait. Peu importe l’année, peu importe la décennie, Exeter demeurait mauvaise et corrompue. À jamais. Et voilà qu’Arthur était de retour dans son giron, contre toute attente. Après un an à parcourir son périmètre et sa surface, il espérait réveiller ses vieilles blessures pour mieux les cicatriser. Jusqu’à présent, son entreprise n’était guère auréolée de gloire et de succès. Loin s’en fallait. Mais il continuait d’espérer, avec peut-être la même candeur qui le caractérisait jadis.

« Nick… » souffla-t-il lentement, s’habituant au goût biscornu qu’avait le prénom dans sa bouche. Il s’y habituerait. Il s’habituait à tout. Il jeta un regard curieux mais nerveux à son aîné dont il reconnaissait les traits. Ce regard bienveillant, ce sourire maladroit. Les années l’avaient délabré, mais il demeurait le même. Le premier à s’être fait avoir par leur soi-disant père, le premier à avoir essayé de protéger la meute du gros méchant loup. Protéger Arthur, surtout. Arthur qui pleurnichait souvent, trop peut-être. Andy et Novia, bien que plus jeunes que lui, ne pleuraient presque jamais. Ils étaient forts, maîtres de leurs émotions en tout temps. Nick aussi. Alors qu’Arthur, lui, se laissait parfois aller après un coup ou une insulte. Il était trop sensible. Oh, il avait fini par apprendre les dures leçons de leur père adoptif. Lentement, mais sûrement. Refuser les leçons, c’était la mort absolue. Une équation simple et facile, même pour un môme. Et mômes, ils l’étaient tous. Arthur déglutit à la confession de son compagnon d’armes, faute d’un meilleur terme. « Je… C’est la première fois que je viens me recueillir sur sa tombe. Je n’ai pas pu rester ici après… après… tu sais. Je ne suis pas fort comme toi. Ou comme les autres. Je ne l’ai jamais été. » Le regard triste, les lèvres amères. Il ne désirait pas la pitié de Nick; il n’émettait qu’une vérité depuis longtemps comprise de tous, mais jamais prononcée à voix haute. Ses mains, dans ses poches, se crispèrent en deux poings. Même si Alpha se matérialisait comme par miracle devant lui, il n’oserait pas le frapper. Il était bien trop peureux, bien trop lâche.
« Moi aussi. En fait, ça n’aurait dû être aucun d’entre nous. » Une poignée de sagesse dans les paroles du plus jeune. Il offrit un maigre sourire à Nick, qui de toute évidence se blâmait d’un crime qu’il n’avait pas commis. Le meurtre de Kappa. Le dénouement d’une tragédie qui leur avait attiré plus de curiosité que de compassion de la part du grand public. Fouineurs et journalistes ne voulaient qu’une seule chose : des détails croustillants, rien de plus. Comment Alpha les maltraitait-il? Comment s’organisaient le rapt, puis le meurtre des victimes? Quels étaient les rouages de ce trafic d’organes dans les coulisses de la ville? Arthur était reconnaissant envers ses parents d’avoir tout fait pour le rapatrier le plus vite possible en sol canadien, loin d’Exeter, après les procédures judiciaires et policières. Il n’avait plus jamais entendu parler des autres gamins. Jusqu’à aujourd’hui. Il s’approcha de Nick à pas feutrés et posa sa main sur l’épaule de l’autre homme, un peu plus grand que lui. « Ce n’était pas de ta faute, tu sais. S’il y a bien une personne à blâmer, c’est lui et seulement lui. Et il croupit derrière les barreaux à l’heure actuelle. » Il fronça les sourcils, finit par cracher le morceau : « Enfin, non, ce n’est pas tout à fait exact. Sans Andy, peut-être serait-elle encore en vie. » Il prononça ces mots durs, dénués de toute pitié, sans le moindre remords. Ça ne lui ressemblait pas, d’être aussi hargneux. Un trop-plein de rancœur et de haine écrasait l’océan de bonté en lui.

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The Black Parade
- you're dead and gone -
The Black Parade
damné(e) le : o02/05/2019
hurlements : o2842
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intervention spectrale
friends from the other side
félicie upton (ectoplasme) - des yeux perdus au milieu d'un visage hagard. elle semble chercher quelque chose, dans ce cimetière où son corps doit certainement reposer ; mais pas en paix, à en juger par sa présence. son apparence est humaine, à l'exception de ces yeux anormalement enfoncés dans leurs orbites, et cette bouche qui semble être infinie. elle porte un sourire inquiétant, sur une rangée de dents trop petites pour son rictus. dissimulée derrière la pierre tombale, seul le haut de son visage apparaît. un front pâle, des cheveux noirs et gras, et ces yeux qui donnent froid dans le dos.
à côté de cette tombe où se retrouvent les deux amis, on peut lire son nom. félicie upton. la photo est ressemblante, mais bien plus réaliste ; moins macabre. il n'y a plus de fleurs sur la sépulture, pas même le mot d'un proche qui regretterait son trépas. alors elle attend, la bouche rieuse, que quelqu'un échoue jusqu'à son chevet. peut-être ces individus tourneront la tête jusqu'à sa tombe, afin de lui redonner vie ? ou alors, peut-être poseront-ils leurs yeux sur elle, cette apparition risible. et alors, elle disparaîtra après deux secondes seulement ; après leur avoir adressé un rire d'une extrême gravité.

en tendant l'oreille, ils pourraient presque l'entendre, ce rire qui s'échappe. seulement quelques notes, d'un froid glacial, histoire de mettre en garde : je suis là.

membres concernés : @nick ferell et @arthur helstorm

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