La journée a commencé normalement, elle s'est réveillée, s'est préparée et est descendue pour ouvrir sa boutique. Rien de très compliqué ou de très original, mais cela ne lui dérange pas. Puis, cela c'est ensuite compliqué. Marisol n'est pas quelqu'un de très compliqué. Elle aime presque tout. Et quand ce n'est pas le cas, elle essaie ou elle peut comprendre si un goût diffère du sien. Elle n'y parvient pas avec les fourmis par contre. Elle comprend leur rôle et leur utilité... mais elle ne les aime pas. C'est même plus que cela, elle en a peur. Elle ne sait pas pourquoi. Elle a peur d'elles. Pourtant, elles sont petites et peuvent passer assez inaperçues. Elle ne sait pas trop comment cela a commencé ni comment. Après son arrivée à Exeter, de cela elle est certaine. Elle ne se rappelle pas avoir eu peur des fourmis petite, elle les aimait bien, leur donnait des miettes et les regardait les prendre et les rapporter. Ensuite... peut-être le changement de ville surprise ? Elle ne sait pas. C'est arrivé de façon graduelle de ce qu'elle peut se rappeler. Elle n'a jamais trop cherché à comprendre pourquoi, se casser la tête ce n'est pas trop son truc. Elle peut gérer deux-trois fourmis, elle s'est habituée. Elle n'aime pas, a la trouille, mais elle y arrive tout de même. Là, c'est une invasion (à cinq qui en paraît cinquante) et elle n'a aucune idée de quoi faire. Pourtant, la journée a commencé comme d'habitude. Rien d'anormal. Rien qui a annoncé cette immense arrivée de fourmis surprises.
Elle a changé des fleurs de terre et elles sont apparues dans les pots. Cela arrive de temps à autre, mais pas en aussi grand nombre. Cinq. C'est... beaucoup trop pour elle. Elle recule rapidement, surprise, le cœur qui bat trop fort. Pourquoi autant d'un seul coup ? Une grimpe plus que les autres. Elle se met à crier, elle est trop proche à présent cette horrible petite bestiole. Elle secoue les fleurs pour faire tomber les fourmis. Une tombe sur sa main et elle se met à crier. C'est trop. C'est horrible de sentir toutes ses petites pattes sur sa peau. Elle a envie de pleurer. Elle n'a pas entendu la clochette de l'entrée qui indique que quelqu'un vient d'entrer trop occupée à avoir peur et elle ne porte pas attention à rien d'autre. Elle se rend compte qu'il y a quelqu'un. Elle ne peut pas dire qui c'est, elle ne regarde pas vraiment, elle voit juste une forme humaine. Elle va dans cette direction rapidement et l'entoure de ses bras. « Y'a des fourmis partout ! » se met-elle à pleurer, contre l'épaule inconnue. Elle ne fait pas la fière en ce moment, elle est morte de trouille.
flowers for the house, to get a little life inside, to forget that every second there are ghosts hauting these empty rooms
A peine mon dernier patient de la journée hors de mon cabinet -je n'en avais que trois ce matin, donc il n'est même pas dix heures-, je file chez le fleuriste. Je n'ai pas pour habitude d'acheter trois bouquets par semaine, mais là, avec le printemps qui arrive enfin, j'ai besoin de mettre un peu de vie dans cette maison si triste et désolée. Oh, nous avons fait du bon travail avec Cassidy, les pièces ne sentent plus trop le renfermé et la plupart des cartons ont été remisés au grenier, mais il y a toujours une ambiance un peu morte que j'ai envie de chasser.
Et pour ça, quoi de mieux que des fleurs et des plantes vertes ? En plus, avec les beaux jours qui reviennent, elles ne devraient pas mourir tout de suite, puisque le soleil brille de plus en plus longtemps au cours de la journée -enfin, quand il ne pleut pas.
Heureusement, le fleuriste que j'ai repéré n'est pas très loin de mon cabinet, aussi j'y suis assez rapidement -j'ai prévu de faire des lasagnes pour ce midi, sans herbes puisque Cass est un poil difficile, et il me faudra du temps pour les faire et les cuire.
Je passe donc la porte de la boutique avec le tintement d'une clochette, à l'ancienne, et laisse la porte se refermer derrière moi. Enfin, elle n'a pas le temps de se fermer qu'une jeune femme se jette dans mes bras en pleurant à cause... de fourmis ? J'ai envie de lui répondre que, oui, dans un endroit avec des plantes, c'est assez fréquent, mais elle paraît vraiment en détresse, alors je lui frotte doucement le dos en répondant d'une voix apaisante :
« Je peux les chasser si vous voulez... Où est ce qu'elles sont ? »
Même si la peur des fourmis est bien moins fréquente que celle des araignées, je sais que je peux être totalement paralysée en voyant ne serait-ce qu'une minuscule bestiole à huit pattes, donc je ne juge aucunement la jeune femme.
« Vous savez où je peux trouver un vendeur ou une vendeuse ? » je demande pour changer de sujet.
Et aussi parce que j'ai repéré une bonne dizaine de plantes qui m'intéressent, mais il faudra que je programme une livraison, je ne pourrai pas toutes les emporter avec moi...
Cette arrivée tombe très bien. D'autant plus qu'elle semble la prendre au sérieux et qu'elle veut l'aider. Marisol réussit à s'éloigner un peu, venant de se rendre compte de l'invasion qu'elle vient de faire sur la jeune femme, puis elle pointe du doigt les dites fourmis sur la dite plante et sur la terre de cette dernière. « J'peux plus au moins les gérer jusqu'à trois, mais... là elles sont trop. » Sa voix tremble un peu, elle a toujours peur même si elles ne sont plus dans son champ visuel. Elle sait qu'elles sont là et cela lui suffit. La jeune femme s'éloigne afin de s'occuper de façon très courageuse des indésirables. Quelques instants plus tard (secondes, minutes ou éternités elle ne sait pas trop, elle a pas regardé ce qu'elle faisait), elle rouvre les yeux lorsqu'elle lui dit que tout est bon. Elle a un soupire de soulagement, se sent déjà un peu mieux. Confiante envers la nouvelle arrivée, elle ne pense pas qu'elle a pu ne rien faire. Cette dernière demande où elle peut trouver un vendeur ou une vendeuse. « Moi. » Elle travaille la majorité du temps seule, elle a quelques employés, mais pas à toutes les heures. « C'est... c'est ma boutique. » Ce qui rend la situation très étrange suppose-t-elle, surtout pour quelqu'un qui ne la connait pas.
Elle prend une grande inspiration, se sent un peu plus calme et expire par la suite. « J'suis un peu ridicule là. » Elle l'admet sans problème, elle se met même ensuite à rire. « J'vais me moucher j'suis à vous. » Parce qu'elle a réussi à pleurer de peur. Elle disparaît derrière le comptoir où il y a la caisse, se mouche et prend un gel désinfectant pour se nettoyer les mains. Elle retourne ensuite vers sa sauveuse. « Merci. » Elle aurait peut-être dû commencer par cela. « J'ai vraiment peur des fourmis... et je sais pas pourquoi. » Une explication est de mise. Ce n'est peut-être pas la meilleure, sauf qu'elle n'en a pas d'autres. « En quoi puis-je vous aider ? » fait-elle. Elle ne doit pas être entrée comme ça dans sa boutique juste parce qu'elle savait qu'elle avait besoin d'aide. Cela doit être juste une très bonne et heureuse coïncidence, elle ne va pas s'en plaindre. « J'suis Marisol. » qu'elle se présente, un sourire apparaissant sur son visage.
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Le soulagement qui émane de la jeune femme quand je lui dis que je peux m'occuper de chasser les fourmis me tire un léger sourire, et je m'avance dans la direction qu'elle me désigne. Effectivement, la plante qu'elle pointe du doigt est « envahie » par cinq, non, six insectes à six pattes. Je jette un coup d'oeil autour de moi pour voir si je peux trouver quelque chose pour les mettre dehors, avant de me rappeler que je tue les araignées pour ne pas imaginer qu'elles reviennent. Alors j'écrase les six fourmis, regarde sous les feuilles et dans la terre, en tue encore deux, et me tourne à nouveau vers la jeune femme, qui a fermé les yeux.
« C'est bon, je les ai toutes tuées, » j'annonce doucement.
Elle s'annonce comme une vendeuse, et je penche légèrement la tête de côté, un peu inquiète du fait qu'elle doit vivre l'enfer au quotidien à trouver des fourmis dans ses plantes... Comment est-ce qu'elle fait quand aucun client providentiel n'arrive pour éliminer les insectes ?
« Oh, non, vous n'êtes pas ridicules... J'ai une peur bleue des araignées, et comme j'habite une vieille maison, j'ai toujours mon spray d'insecticide sur moi vous savez, » je ris doucement.
Peut-être qu'elle devrait faire ça, aussi. Mais je ne suis pas sûre que les plantes apprécieraient beaucoup... Trop de produits toxiques, elles finiraient probablement par jaunir ou brunir. Pas génial pour les ventes.
Je lui souris sincèrement quand elle revient après s'être mouchée, et me présente à mon tour :
« Ethel Evans, je suis la nouvelle docteure, je viens d'ouvrir mon cabinet. Et je souhaiterais des plantes pour ma vieille maison pleine d'araignées -j'espère que vous avez de la menthe poivrée, j'ai lu sur Pinterest que c'était très répulsif pour ces monstres à huit pattes- et pour mon cabinet. »
Tomber sur des fourmis comme ça... ce n'est pas la première fois, mais Marisol ne s'y attend jamais et elle ne s'y habitue jamais non plus lorsque cela arrive. « Merci ! » Elle se sent déjà un peu mieux à présent que les fourmis ne sont plus là. Elles sont mortes, c'est nul, mais elle ne va pas faire la difficile alors qu'elle a de l'aide inopinée. « J'ai pas de problème avec les araignées. » Car de elles aussi elle en rencontre. Ethel se présente, indique pourquoi elle est là. Une docteure, elle est un peu impressionnée, les études, cela n'a jamais été son fort. « C'est surtout en huile essentielle que ça révulse. Une dizaine de gouttes dans un pulvérisateur. Ou bien avec du vinaigre blanc. Il y a la lavande aussi. » Elle prend un instant pour penser à d'autres trucs. « Hum... les feuilles de châtaigne qui les éloigne, ou encore les pelures d'agrume, la cannelle... » Elle pense que cela fait le tour, se sont les trucs les plus communs pense-t-elle et un peu moins étrange. « J'ai de la lavande ici et je peux commander des petits plans de châtaigner si vous avez de la place. » Elle continue de la renseigner, toujours avec le sourire, elle lui doit au moins cela ! « J'ai des pulvérisateurs vide si jamais. » Ce qui lui fait réfléchir au pourquoi elle a vu des fourmis. « J'ai oublié de faire ça ici... » Elle hausse les épaules, les mains dans les airs. Il y a aussi des trucs pour éloigner les fourmis, mais elle n'y a pas pensé. Quand elle n'en voit pas, elle ne s'en occupe pas.
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« Je ne sais pas comment vous faites, » je pouffe quand elle me dit que les araignées ne lui posent aucun problème. « Rien que d'imaginer leurs huit pattes poilues... Berk, » j'ajoute en grimaçant.
Je n'ai pas peur des autres insectes, mais ces bestioles là... C'est au-dessus de mes forces. Vive la menthe poivrée, l'insecticide... et Cassidy, quand il est à la maison. Mais j'ai appris à ne plus m'aventurer seule dans le grenier depuis que je suis tombée sur une recluse brune et que j'ai failli exploser les carreaux tant le cri que j'ai poussé était strident et sonore.
« La lavande, je ne savais pas ! Mais pour l'huile essentielle de menthe poivrée, oui, j'en pulvérise régulièrement dans la maison -diluée, évidemment. Ca marche plutôt bien... tant qu'il ne pleut pas. C'est pour ça que je cherche des plantes, » j'explique avec un sourire timide.
Je me fais une liste mentale lorsqu'elle m'énumère d'autres moyens de repousser ces monstres à huit pattes. Les feuilles de châtaigne ? J'ignorais totalement ça... Peut-être qu'elle vent des châtaigniers. Je pourrais en planter un dans le jardin, à la place de l'hortensia mort...
« J'ai un jardin et un arbre mort, je pense que je peux planter un châtaignier à la place sans problèmes ! » je souris en hochant la tête. « Tout pour repousser ces bestioles, » j'ajoute dans un léger rire.
Il faudra que je voie avec Cassidy, mais je ne pense pas que ça lui posera de problèmes.
« Oh, j'ai ce qu'il faut en pulvérisateurs, ne vous inquiétez pas ! Vous voulez, euh, de l'aide pour pulvériser contre les fourmis ? J'ai fini ma journée, je peux vous aider si vous voulez, » je souris doucement.
Si elle me permet de repousser définitivement ces horreurs à huit yeux de chez moi, je peux bien passer une heure, ou même deux, à l'aider à chasser les fourmis de sa boutique.
La jeune femme ne sait pas comment elle fait avec les araignées, Marisol hausse les épaules, elle ne sait pas non plus. « Sûrement de la même façon que vous faites avec les fourmis... » Car elle ne voit pas trop comment la jeune femme peut faire avec ces dernières. Elle frissonne, juste à y penser. « Une chance qu'on a pas tous les mêmes peurs, sinon personne pourrait s'aider. » Une chance que personne n'est pareil en fait. « Vous savez où je suis si jamais y'a des araignées chez vous. » On ne sait jamais et cela ne va pas lui déranger de retourner cette faveur. « Les feuilles fonctionnent, mais on peut moins en mettre partout, c'est plus gros un plan. » Et séparer les feuilles faut les remplacer aussi une fois de temps à autre pour éviter qu'elles ne pourrissent dans un coin. « Oh ! Pauvre arbre. » Ce n'est pas parce que c'est un arbre qu'elle ne l'aime pas, elle aime toutes les plantes. C'est juste moins pratique dans sa boutique, cela prend beaucoup plus de place. Elle hoche ensuite la tête, la jeune femme n'a pas besoin de pulvérisateurs, alors elle ne va pas essayer de lui en vendre tout de même. Elle sait qu'elle devrait essayer de pousser ses ventes un peu, mais elle n'aime pas cela. Puis bon, elle lui en a doit beaucoup, elle l'a sauvée. « Oh ! » Elle ne s'attendait pas à cette offre. « C'est vraiment très gentil ! » fait-elle, en souriant. « Mais vous devez être épuisée après votre journée... » Être médecin ça ne doit pas être de tout repos. « J'vais commander ce que vous avez de besoin et vous allez pouvoir aller vous reposer. » Elle lui sourit une nouvelle fois et elle lui fait signe de passer vers l'avant afin de pouvoir rejoindre le comptoir où est la caisse.
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Je me retiens de lui dire que les fourmis n'ont que six pattes et ne dépassent pas une longueur d'un demi-centimètre, alors que les araignées, en plus d'avoir huit pattes et huit yeux, peuvent être aussi grandes que des assiettes et rien que l'idée me fait frissonner. Heureusement qu'elle change de sujet.
« Oui, heureusement ! Et puis ça serait infernal, si tout le monde avait peur des araignées par exemple, à la moindre trace d'arachnide des villes entières seraient brûlées, » je ris. « Et ne vous inquiétez pas pour chez moi, mon frère s'en occupe en général... Et puis avec toutes les plantes répulsives que je vais avoir grâce à vous, elles n'oseront même pas s'approcher de la maison ! »
Je hausse les épaules lorsqu'elle plaint l'arbre mort. En vérité, ça ne me touche pas beaucoup, même si on jouait dedans avec Cassidy étant enfants. J'ai bien plus de souvenirs dans la maison, et je vois un peu la mort de l'arbre comme un signe de notre passage à l'âge adulte.
« Ne vous inquiétez pas, je ne consulte que jusqu'à quinze heures, j'ai encore de l'énergie pour vous aider ! Et puis, mis à part mes patients, je ne vois que mon frère... C'est agréable de pouvoir parler entre filles, pour une fois, » je pouffe doucement.
Non pas que mes conversations avec Cass m'ennuient, au contraire ; sauf qu'on parle principalement de boulot, lui comme moi, et de ce qu'il faut faire dans la maison pour nous y sentir chez nous. Les conversations légères comme celle-ci ne sont pas légion avec mon frère... Et ça me fait du bien.
Je suis cependant Marisol jusqu'au comptoir, pour qu'elle puisse commander ce dont j'ai besoin pour éloigner les monstres à huit pattes de ma maison.
« Merci pour votre aide... Je devrais bientôt pouvoir me coucher sans faire trois fois le tour de ma chambre avec un arachnicide ! » je ris doucement.
@Marisol Ortiz désolée du temps de réponse ! J'ai eu une angine qui m'a mise K.O. pendant une semaine ;w;
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