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Dim 2 Mai - 23:17

La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée,
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, Faim à satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.

                  La nuit n’est jamais complète. Paul Eluard

musique



Il y a peu, Klaus s’est mit à redouter ces rendez-vous.

Se confier à son psychiatre devrait être un soulagement, non pas une punition, pourtant c’est comme cela qu’il considère ses consultations hebdomadaires avec le docteur Schuyler. Un châtiment régulier qu’il se doit de subir avec silence et réluctance, de simples confessions qui lui laissent un goût amer sur la langue. Il sait qu’il pourrait mentir, prétendre que les pensées morbides qui le taraudent depuis des années ont disparues et qu’il peut enfin respirer sans s’étouffer sous le poids d’une culpabilité injustifiée.

Mais il connait le docteur Schuyler, il sait que l’autre devinerait ses tromperies les yeux fermés. Aussi malheureux que cela puisse être, Asher Schuyler est devenu un point d’ancrage dans sa vie, comme la douleur lancinante qui lui permet de se fixer dans la réalité à défaut de se perdre dans les fantasmes d’une mort infligée.

La salle d’attente sent le désinfectant et la folie. Les hôpitaux lui rappellent la mort de son fils, le goût âcre de la mort et du sang. Il s’essuie les mains sur son pantalon, toujours hanté par le souvenir du carmin qui s’infiltre sous les ongles pour y loger plusieurs heures après la déclaration du décès. Il n’y a pas de magazines, seulement quelques cadres décoratifs et deux affiches de prévention contre le cancer du sein accrochés aux murs pastels. Quelques numéros sont gribouillés sur le petit tableau en liège qui pend près de la porte, des liens vers des groupes de soutient et leur propagande ridicule.

Il se surprend à penser qu’il devrait peut-être noter celui des alcooliques anonymes, mais sa fierté lui assure qu’il n’est pas dépendant, et que même s’il l’était, il n’aurait pas besoin des autres pour se passer de ce qu’il considère comme une indulgence fréquente et certainement pas comme une addiction.

Le tremblement de ses doigts en est la preuve du contraire.

Il est surpris par la voix douce de la secrétaire qui l’invite à rentrer dans le bureau du docteur Schuyler. Il sait qu’il n’aura pas l’occasion de voir le patient précédent puisque la sortie se fait autre part, comme un secret que l’on incite à dégager par la porte de derrière. Il serait question d’un soucis de confidentialité, mais Klaus pense simplement que ceux qui souffrent de l’intérieur ont tendance à être stigmatisés et balayés sous le tapis comme des amants honteux.

La pièce est familière dans son inconfort. Il déteste le modernisme imposé du bâtiment, ô combien les murs sont pales et la décoration spartiate. Il connait chaque tableau par coeur, combien de néons sont suspendus au plafond, quel siège ne grince pas sous les tressaillements nerveux et surtout, il en connaît le résident.

Docteur Schuyler est loin de l’image qu’il s’était initialement faite d’un psychiatre. L’homme est grand, tatoué, presque inélégant pour celui dont la fausse sophistication européenne a bercé l’enfance. Il ressemble à un de ces types qui font glousser les gamines à peine mature quand ils leur offrent un sourire.

Il sait déjà qu’il doit parler de ses contemplations nocturnes qui l’animent dès que le soleil se couche, celles qui le poussent à grimper sur le rebord d’un pont et à se demander si la chute lui ferait perdre connaissance avant qu’il ne s’écrase sur le béton chaud. La nervosité lui fait taper du pied et il se trahit dans sa gestuelle. Il est prévisible, simple, ennuyeux. Un cas comme des dizaines, et parfois il se demande pourquoi Schuyler s’acharne à essayer de le garder de la mort.

L’éloquence le quitte quand il s’assied dans ce siège, comme un pantin libre qui ne sait plus comment se mouvoir sans quelqu’un pour tirer les ficelles. Klaus peut se vanter de ne pas être idiot et il se rend bien compte que le marionnettiste se tient en face de lui, dressant le portrait négatif d’un homme qui a déjà tout perdu. Ô combien il doit être simple de le faire danser quand ses faiblesses sont écrites en gras dans un dossier médical. Il se sent las, fatigué ; il n’a plus rien à cacher à son interlocuteur et peut-être que c’est ce cru qui lui plait au final. La liberté d’être lui-même, fragile et abimé et laid. Il laisse échapper un soupir tremblant et s’efforce à fixer un point sur le front du docteur pour feinter une quelconque assurance.

« Dites-moi docteur … Pourquoi vous continuez à me recevoir? Il doit bien y avoir d’autres personnes comme moi qu’on ne peut pas sauver. Qui ne veulent pas être sauvées. Est-ce par simple conscience professionnelle? Au final personne ne peut vous reprocher la mort de quelqu’un qui s’est lui-même retiré la vie. »

Il repense au gamin du pont. Lui non plus ne voulait pas être secouru.

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Dim 9 Mai - 17:06

Asher, il ressemblerait presque à un automate insensible condamné à l’errance jusqu’à la fin de ses jours. Un guignol seul et ravagé par la perte, qui emprunte des sentiers de perdition d’une blancheur mortifère. Les yeux injectés de sang, les lèvres desséchées, le cœur glacé de solitude. La voix traînante, le teint cadavérique, les membres engourdis par la fatigue, tandis qu’il entre dans sa sombre torpeur. Cloitré durant des jours entiers dans son bureau, à trop plonger dans la mélancolie, à se noyer dans les regrets. La désagréable sensation de manque continuant d’obstruer sa cage thoracique. L’ex épouse lui faisant subir un sort peu enviable, en allant vivre à l’autre bout du continent. Libéré de ce harnais conjugal castrateur, mais incapable d’envisager de rayer le petit joyau de son existence. Aleah. La voix de la fillette s’affole dans sa tête à chaque seconde. Secoué d’une force virulente, instrumentalisé jusqu’à l’usure, par une puissance qui le dépasse encore. L’amour paternel qui s’est propagé dans ses veines comme un poison mortel qu’il est incapable d’extraire. Maux qui le frappent encore de plein fouet et ne lui laissent aucun répit. Aucune issue de secours. La gorge serrée, il devrait chialer à s’en déchirer les cordes vocales. Laisser libre cours à ses émotions mais cette simple alternative le pétrifierait presque.

Aussi dur que du marbre, il jette un œil au bureau obscur et dénué d’éclat. Aux meubles à l’aspect vieilli, sans aucun charme, sans authenticité, qui semblent ployer sous le poids des cadres qui emprisonnent ses souvenirs, des amulettes de valeur, des trophées sacrés. Tant de promesses de joie qui n’ont plus lieu d’être. S’affaisse dans son fauteuil en cuir usé, les dossiers à boucler devenant sa principale préoccupation. Et voilà qu’il tapote frénétiquement sur le clavier d’ordinateur, la mine sombre. Entre deux entretiens barbants et répétitifs qui viennent une nouvelle fois ternir son humeur. Les minutes passent et les mégots de cigarette s’entassent dans le cendrier. Et la potion qui remplace les heures de sommeil, le café, lui permet de consacrer davantage de temps à élaborer des hypothèses plus farfelues les unes que les autres. Une fois la mission accomplie, Asher reporte son attention sur son agenda électronique. Tension palpable, excitation muette et solennelle. Il l’anticipe, la présence de l’être chimérique tout droit sorti de ses songes.

A franchement besoin de se sentir revigoré pour affronter les dangers et les difficultés. Actionne la porte coulissante qui sépare la salle d’eau du bureau contigu. Prend place dans la cabine de douche. La rasade d’eau froide ne suffisant pas à le libérer de ses lourds fardeaux. Il imagine ses doigts descendre jusqu’à la lisière de son pantalon. Klaus qui lui lance un regard implorant, tout en lâchant un grognement d’envie. La séduction est inscrite dans chacun de ses traits, et il déglutit difficilement devant ces représentations gorgées de tentation. Tendre et dangereuse obsession. Flashs délicieux envoyant de délicieux frissons dans sa colonne vertébrale. La transpiration dégoulinant sur son front, le crâne endolori, sa respiration irrégulière pouvant s’entendre à des kilomètres, il en est certain. Voilà qu’il se perd dans des rêveries aussi défendues qu’invraisemblables.

Interrompu par la sonnerie stridente qui résonne dans ses oreilles et ébranle les murs épais de la bâtisse. Il réajuste sa chemise en soie bleu foncé qui contraste grandement avec son jean usé et fragilisé. Incapable de se comporter comme un citoyen modèle vivant dans le luxe et l’élégance. Dépassant les stéréotypes et les idées toutes faites. Le voilà enfin. Le moment tant attendu. Le cœur serré par les émotions diverses et variées, il fait face à cette silhouette un peu trop familière. Déstabilisé par des questionnements intérieurs qui ne font que raviver ses doutes et ses incertitudes. Le visage de marbre, il veille à garder une attitude professionnelle. Se mord la joue pour éviter de jubiler de satisfaction devant Lui. Veille également à ce que certains mots restent bloqués dans sa gorge. Attrape une feuille machinalement, et hausse les épaules pour feindre l’indifférence.

Avant de prononcer quelques mots d’une voix lourde. « Je vous renvoie la balle, monsieur Meyer. Sauf erreur de ma part, vous avez fait le choix de vous engager dans un contrat thérapeutique auprès de moi, et maintenant que le rendez-vous est pris, je vous sens réticent à l’idée d’y assister et d’être ‘sauvé’, selon vos propres mots. Comment expliquez-vous ces contradictions ? ». Il le détaille de haut en bas, le regard curieux et inquisiteur, comme s’il s’apprêtait à se faufiler dans chaque recoin de son esprit. A lever le voile sur les zones d’ombre et décoder les informations contenues dans Sa tête. Le corps également crispé par l’attente, obnubilé par ses refus catégoriques, l’adrénaline procurée par l’interdit se déversant dans son système sanguin. « Continuez-vous à prendre votre traitement ? Avez-vous repéré des effets secondaires ? Je vais devoir vous ausculter, pour effectuer quelques vérifications ». Prêt à mettre en place tous les stratagèmes possibles pour arriver à un rapprochement.

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Re: automate
Dim 9 Mai - 19:22



La remarque l’agace, ennuyé par les réflexions perspicaces d’un homme qui sait toujours rebondir sur des constats qu’il pense pourtant certains. Cela se lit sur son visage ; le léger pincement de lèvres déjà trop fines, le froncement de sourcils qui plisse un front à peine marqué par l’âge. Il se tient de répondre trop rapidement, porté par une soudaine colère qu’il a envie de cracher au visage du docteur. Peut-être que c’est cet exact sentiment qui le pousse à redouter leurs séances et à mépriser le psychiatre. Mais qu’il est libérateur de savoir que quelqu’un le connait assez pour lire entre les lignes, pour pointer du doigt les mensonges et les supplications silencieuses de celui qui intérieurement, crie à l’aide.

« Je pense que je retrouve ici une certaine consolation. Vous êtes le seul à connaître ces pensées dérangeantes, et le fait que vous soyez cette entité liée à un lieu précis me rassure sur le fait qu’elles ne sortiront jamais de ce bureau. »

Klaus ne sait pas s’il se ment à lui-même en nonobstant le fait que la présence du docteur le rassure autant que le terrifie. Chaque rendez-vous est rempli de non-dits, d’une tension malsaine qu’il devrait fuir et qui pourtant comble chaque désir d’être vu et reconnu. Il se basque dans les regards et l’attention comme une vipère au soleil, tente et pointe du doigt le professionnalisme de leur relation ne serait-ce que pour narguer l’autre et lui montrer l’inaccessible. Ils savent tous les deux que ce bureau est et restera le seul endroit où les rencontres seront possibles. Quelque part, il espère qu’il en restera ainsi, que cela n’ira jamais plus loin que des discussions qu’il considère stériles.

C’est pour cela que l’incitation à l’auscultation le surprend. Une tentative grossière et presque vulgaire qu’il rebute, et pourtant qu’il ne conteste pas. La métaphore en est d’autant plus vrai qu’il obéit comme un pantin à chaque commande et chaque geste de son marionnettiste. Une envie de plaire aussi ridicule que toute puissante qui le pousse à perdre pied et à hocher la tête mécaniquement. Sa gorge est sèche quand il répond. Il déglutit trop fort pour que ce semblant de confiance derrière laquelle il se masque ne soit totalement crédible.

« Juste une légère fatigue et quelques vertiges que j’assume être liés à une baisse de tension. Rien de plus. »

Et peut-être qu’il omet le fait que chaque prise est souvent rincée par un verre de whisky sans glace, que les petites pilules roses sont fréquemment oubliées sur le rebord de son lavabo dans l’espoir que cette lassitude sans émotion s’en aille avant que le manque ne se rappelle à lui. Peut-être que dans les mauvais jours il avale plusieurs de ces petits bonheurs chimiques juste pour ressentir ne serait-ce qu’un sursaut de satisfaction avant que le sommeil ne l’arrache à la réalité.

Il ment et il le savent tous les deux. Cela se voit dans les tremblements de ses mains et dans un regard légèrement fuyant, dans l’inconfort général qui se traduit par un tressaillement nerveux. Il pourrait suivre le traitement à la lettre, mais quel serait le plaisir ? Il se complet quelque peu dans cette routine de malheur, et il ne peut empêcher la satisfaction malsaine d’une désobéissance si délibérée. Il veut goûter aux reproches subtiles du docteur Schuyler, humiliantes et délicieuses, comme un gamin qui attire l’attention de ses parents en enchaînant les bêtises. Juste un dernier rejet pour s’assurer que plus rien ne le retient.

Il n’est pourtant pas fier quand il se rend à la table d’auscultation, soudainement gêné à l’idée d’être touché, lui qui ne fait que débourser pour un geste tendre. Chaque vérification est une épreuve car le manque d’affection le fait toujours pencher vers cette main tendue pour une simple confirmation que la mort qui grignote son âme petit à petit ne s’est pas encore attaqué à un corps pourtant maltraité.

Il s’assied sur le divan d’examen matelassé, les pieds dans le vide qui l’empêchent de s’ancrer dans la réalité et de fuir une situation pénible. Il y a toujours une sorte d’humiliation quand le patient doit se laisser manipuler. Il n’y a pas de raison de se plaindre après tout, il s’agit simplement d’une vérification parfaitement professionnelle, malgré cette brisure d’intimité.

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Re: automate
Dim 16 Mai - 18:04


Un sourire satisfait s’étire sur ses lèvres, alors qu’une énième remarque énigmatique lui embrouille vaguement l’esprit. Les émeraudes le scrutent avec une vive insistance. Nouvelle tâche qui lui donne du fil à retordre. Les signaux sont flous, complexes à analyser. Asher, il passe en revue chaque geste, chaque clignement de sourcils, attache une importance démesurée à la communication para verbale. Tente de remettre de l’ordre dans ses idées, de comprendre la scène qui se déroule sous ses yeux. ‘Le seul’. Asher, il en tremble tellement fort qu’il pourrait perdre l’équilibre. Lutte de toutes ses forces pour ne pas basculer dans l’idiotie la plus totale en élaborant des théories aussi farfelues que foireuses. Comme recroquevillé derrière son bureau, à attendre que le danger s’écarte au dehors. Repasse sur les lignes de ses divers calepins pour s’empêcher de flancher. Parce qu’il le sent monter en lui. Ce feu ardent, cette possessivité qui coule dans ses veines. Désireux d’éliminer tous les concurrents de manière déloyale. Pour détenir le monopole, sans pour autant signer un contrat d’exclusivité. Parce que nourrir de tels sentiments pour un patient est absolument contre nature. Comme chercher à le déstabiliser. La flamme du combat renaît en lui.

L’envie de sortir vainqueur, en dépit de la présence de cet opposant valeureux.  D’avoir des réponses à des questions qui lui brûlent les lèvres. De lever le voile sur les mystères qui l’entourent. « Le secret et la confidentialité sont en effet des éléments fondamentaux du cadre ». Asher, il maîtrise parfaitement l’art d’utiliser un jargon professionnel pour cacher des intentions peu louables ou tricher sur des sentiments. Voilà qu’il lui tend son adorable sourire et tente de lui transmettre son énergie rassurante. Enfile le masque du bon samaritain entouré d’une grande lueur blanche, dont l’unique but est d’instaurer la paix dans le monde, de préserver l’innocence le plus longtemps possible, pour mieux les rouler dans la farine. Parce que les rumeurs fusent à son sujet. Il s’extirperait bien de cette situation périlleuse le plus rapidement possible. Agacé par les remarques désobligeantes de ses confrères. Il tend régulièrement l’oreille, à l’affut du moindre signe l’avertissant d’un danger. Guette désespérément le moment où leurs tisons assassins se frayeront un chemin dans son crâne. Ne souhaitant pour rien au monde gâcher son précieux travail. Incapable également de renoncer à l’emprise exercée sur Lui. Dépendant de ce jeu compulsif qui pourrait lui coûter très cher. A la recherche d’un indice qui pourrait leur indiquer la bonne direction à emprunter.

Décode chaque comportement, détecte chaque mensonge et non-dits qui entourent sa vie. Esquisse une légère grimace de frustration. « Veillez bien à respecter la posologie et la régularité des prises, pour une réduction des symptômes rapide et effective. Les ruminations pourraient sinon persister. Vous donner l’envie d’avoir recours à d’autres substances aux propriétés apaisantes qui vous soulageraient sur du court terme, mais pourraient aggraver la problématique de base ». Le tout est de savoir lire entre les lignes. Inspirer le respect et la confiance, avant de réduire sa proie au rang de marionnette grandeur nature soumise aux désirs du genre humain. Non, je ferai preuve de professionnalisme. Les instincts bestiaux qui se libèrent, les fantasmes inavoués et inavouables qui ont finalement raison de lui. Pour se libérer un tant soit peu du poids qui fait pression sur sa conscience, Asher enfile sa blouse blanche avant de procéder à l’auscultation. Comme pour garder une distance de sécurité, se cacher derrière un masque d’hypocrisie pour se dédouaner de toute responsabilité à son encontre et balayer les doutes des futurs collègues suspicieux. Il s’empare de sa trousse médicale et la vide sans ménagement sur le divan. Il prend une voix douce et rassurante.

Enfile le masque de la bienveillance, ajuste son stéthoscope sur ses oreilles. « Je vous en prie, venez et mettez-vous à votre aise ». Il baisse légèrement les yeux. Tente de masquer le trouble qui l’agite à chaque fois qu’il se trouve à proximité de Lui. Happé par la puissance des visions érotiques qui défilent en boucle dans son esprit embrouillé. Pression insidieuse au niveau du bas ventre. L’odeur de Klaus comme bourrée d'effluves chimiques addictifs.  Il essaye de retrouver ses esprits, la concentration étant de rigueur au cours d’une consultation. Il enroule le brassard autour de son bras nu, son cœur semblant louper un battement à chaque nouveau rapprochement. « Hum…une petite tension, en effet. Avez-vous noté des problèmes de sommeil ? Je vais maintenant procéder à une auscultation avec mon stéthoscope. Veuillez relever votre haut, s’il vous plait ». Il prend une voix rassurante, destinée à le mettre instantanément en confiance, et pourtant le vice transpire par tous les pores de sa peau. Il laisse sa main frôler son abdomen, dans le but d’y placer son stéthoscope. Il ne désire qu’une seule chose. Qu’il réprime des légers frissons. Qu’il lui lance un appel qui sonnerait comme une supplication. Extirper des soupirs de soulagement une fois ses pulsions satisfaites.

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Re: automate
Lun 17 Mai - 21:00



La requête est déplacée, incongrue. Les touchers sont discrets mais ils languissent sur la peau plus qu’il n’est nécessaire. Klaus ne proteste pas. De légers tremblements le secouent, sensibilité décuplée par le manque et l’envie. Quelques miettes d’attention jetée dans sa direction et voilà qu’il est prêt à manger dans la main du docteur, si facile à manipuler quand pourtant il y voit clair.

Il veut presser, se blottir dans les caresses. Ce n’est pas Schuyler, seulement la flatterie qui le pousse à lever les yeux vers l’autre, suppliques silencieuses dans le regard. Enfin le toucher qui n’est pas guidé par l’argent ou l’idée d’un travail accompli, mais bel et bien d’un désir pour l’esprit bafoué.

Schuyler, lui, ne le trouve pas répugnant pour ses pensées morbides.

C’est cet argument qui le pousse à obéir et à dévêtir son col roulé, poussant la limite du convenable quand il expose un corps à peine sculpté. Les épaules délicates, la proéminence discrète des clavicules qui tranche avec une poitrine peu développée. Il y a de la douceur sur son ventre et ses hanches, à peine de quoi s’agripper mais assez pour deviner que l’âge le rattrape gentiment. C’est le corps d’un homme dont la quarantaine grignote les années, le corps d’un homme qui ne mange pas assez mais boit beaucoup trop.

Cette fameuse brûlure autour de son cou, souvenir macabre d’une soirée pathétique. Il se protège inconsciemment du regard inquisiteur en y plaçant sa main. Il camoufle ses cicatrices, tente d’ignorer ce passé trop lourd, juste pour quelques minutes.

Puis il se rappelle que cela ne sert à rien. Schuyler connait sa vie dans les moindres détails, qu’ils aient été avoués ou non. Il lit en lui comme dans un livre ouvert, tout comme Klaus peut deviner les tourments qui harcèlent l’esprit du docteur.

Il n’y a pas de honte dans ce bureau, il n’y en a jamais eu.

Il retire sa main de sa nuque, en profite pour exposer ses moindres faiblesses, comme un chien qui se soumet enfin.

Peut-être que c’est le cas après tout. Lui qui rend les armes et fait fondre la froideur pour s’équiper d’un arsenal bien plus dérangeant.

« Je doute que mes cycles de sommeil vous intéressent vraiment, docteur Schuyler. »

La tentation est là, à portée de main. Le stéthoscope parcourt sa poitrine et lui presse contre l’instrument, ignorant les frissons déclenchés par le contact de sa peau avec le métal glacial. Il est sûr que le tambourinement incessant de son coeur inquiéterait le docteur si la situation ne venait pas juste de déraper.

Ce qui fait cogner l’organe contre sa cage thoracique n’est pas la peur ni la nervosité, c’est l’attente. L’appréhension d’un mouvement, d’une simple fissure sur le visage du professionnel, cet éclat qu’il aperçoit souvent dans les yeux du docteur quand ce-dernier pense qu’il ne le voit pas.

Il veut le faire craquer. Pas parce qu’il le désire, pas parce qu’il veut sentir le toucher exigeant de l’homme sur son corps, mais tout simplement pour se rassurer. Pour se dire qu’il n’est pas le seul à avoir des défauts, qu’il n’est pas le seul à faire des erreurs. Qu’il n’est pas mort, mais bel et bien ancré dans l’instant, désirable et désiré.

La provocation va plus loin, mais il n’est pas celui qui craquera en premier. C’est un jeu du chat et de la souris, une danse interdite où la proie n’attend qu’à être dévorée. Il n’a pas valsé depuis longtemps, mais il se souvient toujours des pas. Comment faire céder, la négociation son champ de prédilection. Si Schuyler est un excellent psychiatre, lui n’en reste pas moins l’un des meilleurs businessmen d’Europe. Ce n’est qu’un contrat à signer, la promesse du secret en échange de l’intimité convoitée.

Sa main glisse sur celle de Schuyler, retraçant du bout des doigts les phalanges délicates, la peau fine qui rejoint l’articulation. Il agrippe son poignet avec fermeté, mais au lieu de l’éloigner, de prendre la bonne décision, il plonge dans le délit et guide le pavillon du stéthoscope, toujours tenu par le docteur, jusqu’à son cou, où les marques sont à peine visibles mais ô combien embarrassantes.

« J’admire votre professionnalisme, vraiment. » Il sourit. L’arrogance personnifiée. L’envie d’effacer ce rictus narquois de son visage pour n’y laisser que désastre et merveilles. « Mais je le trouve un peu surfait. »

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Re: automate
Lun 24 Mai - 18:47

Sous ses paupières à demi closes, il voyage paisiblement vers un univers onirique. Sent l’adrénaline puiser dans ses veines. Gagner tous ses nerfs. Chacune de ses cellules tyrannisées par des pulsions ancestrales contre lesquelles son esprit ne peut pas lutter. A trop contempler la beauté de ce regard promettant sans aucun doute une entente sauvage et brûlante. A trop vénérer son nom. Le corps qui tremble dans une euphorie éclatante. Le cœur encore palpitant. Klaus. Chimère, créature mythique descendue sur terre. Ballottée par les flots chaotiques, programmée pour assouvir son voyeurisme, ses ambitions humaines, ses fantasmes de grandeur et de maîtrise. Il le sent de plus en plus. Le besoin viscéral, incroyablement violent, de Le briser dans sa masculinité grâce à une débauche sexuelle qui le dépasserait complètement. Les souvenirs de ce jeu subtil éternellement frais dans sa mémoire. Incapable de se purger de ses obsessions, la peau brûlante de ce même désir clandestin. Alors même que la culpabilité le rappelle à l’ordre. Couvert d’une pellicule de sueur froide après chaque entretien, il sent aussitôt le désespoir lui saisir le cœur. Se sent tributaire de ces élans incontrôlables qui lui font perdre la tête et sont susceptibles d’engendrer de véritables sanctions.

Pour autant, tout en lui respire la joie du moment présent. Le souffle court face à toutes ces visions électrisantes, il presse davantage le stéthoscope sur la peau au grain incomparable, un hommage à l’élégance masculine. Prêt à détruire les dernières barrières mentales qui l’empêchent de Le découvrir entièrement. Laisse aller tes envies, Klaus. Sans retenue, sans masque de froideur, sans fausse pudeur. Qu’il se dit, Asher, les souffrances abdominales muées en plaintes silencieuses. La patience atteignant ses limites, à tel point qu’il s’apprête à ôter son masque d’hypocrisie, d’une minute à l’autre. Il en rêverait. De voir Ses muscles crier au supplice. De déchirer la fragile muqueuse jusqu’à ce qu’Il se cambre en une violente secousse de plaisir. Pas clairement pour flatter son égo de quadragénaire ou réchauffer ses instincts dominateurs, mais parce qu’Il force la convoitise. Asher, il se surprend même à le regarder comme une marchandise, avec envie et bestialité. Prêt à évacuer son trop plein de frustration et d’excitation sans trop tarder. Sa façon de se mouvoir frôle l’indécence.

Chaque geste de Klaus est une invitation au plaisir, à la lutte et à l’abandon. L’esprit qui s’égare, les images qui traversent le psychiatre. Tous les fantasmes possibles et inimaginables qui lui trottent dans la tête. La bouche entrouverte dans l’attente. Tandis que Klaus, il est imprégné d’une désinvolture frôlant l’indécence. « Vous étudiez chaque mot avec une grande attention, Klaus, comme si vous cherchiez à percer l’obscurité, déceler mes intentions. Comme si vous désiriez être à l’écoute de mes envies, au plus près de mes intérêts. C’est inutile. C’est mon rôle. Je dois me concentrer sur ce qui compte pour mon patient, pour lui offrir les meilleurs soins ». Dit-il, le sourire torve, les allusions grotesques. Toujours à vouloir prendre définitivement les rênes du pouvoir. Une lutte féroce pour obtenir le contrôle. Les tremblements reprennent de plus belle, à son contact. Cette montée de chaleur en dit long sur ses spéculations. Asher apprécie chaque instant, chaque frôlement sur sa peau. Il en salive d’avance. S’apprête à apprécier le goût unique et exquis de la chair tant convoitée. Entend déjà le bruit des peaux moites de sueur qui se frappent avec hargne.

Il a franchement du mal à résister à tentation, alors que Klaus est entouré d’une onctueuse enveloppe sensuelle. Le narguant avec une extravagance contagieuse. « Je me contente de respecter chaque devoir mentionné dans le code de déontologie, monsieur Meyer, alors que je sens la déception vous envahir progressivement. Demandez-moi tout ce que vous voulez, et je tâcherai de m’adapter ». Rétorque-t-il, tandis qu’il appuie doucement sur le stéthoscope, le laissant partir à la rencontre de Son cou, rougi et marqué par des récents traitements infligés. « Je remarque la présence de plusieurs blessures, voire plusieurs rougeurs, superficielles. De quoi s’agit-il ? ». Qu’il demande, en prise à une curiosité obsessionnelle. Un désir de possession maladif. Voilà qu’il laisse les doigts impatients parcourir Son épiderme, glisser délicatement contre l’échine dorsale du patient, contre les hanches. Son souffle chaud vient chatouiller la nuque, ses lèvres taquines viennent s’enfouir dans le creux de son épaule. La frontière entre le réel et l’illusion affaiblie, alors qu’il en vient à ressentir Sa présence.

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Re: automate
Lun 24 Mai - 22:48



L’addiction est mutuelle, silencieuse. Klaus qui n’a pas attendu pour se faire désirer, le désespoir qui mène à l’envie, une compréhension sans jugement. Le docteur le veut, malgré ses défauts, ses secrets, cet attachement mortel et le goût de whisky sur sa langue. Tout est ignoré pour quelques caresses et une manipulation nocive qui le met à l’aise. Il veut rendre les armes et être vulnérable, baigner dans l’abus et la poigne trop douce d’un homme qui risque une carrière pour lui voler quelques baisers. On lui demande ce qu’il veut et il ne peut répondre. Il veut trop, tout, rien. Il veut oublier sa propre existence et pourtant être accepté pour ce qu’il est : abimé, fragile, laid, misérable.

Il frissonne quand une main s’égare sur son dos, en suit la courbe pour s’établir sur ses hanches. Le métal froid retrace les souvenirs de ces maîtresses sans passion, la cicatrice d’une pendaison sans conséquence. Marqué par le désir et la mort, sacrifice souillé pour l’homme qui s’évertue à creuser la pourriture et raviver des braises froides. Klaus a besoin de ça, a besoin de quelqu’un qui le connait pour ce qu’il est et tente malgré tout de le garder et de l’utiliser de façon égoïste. Une servitude qu’il taquine et qui le pousse à se laisser explorer du bout des doigts.

Il a envie de rire aux mots du docteur. Des mensonges volontairement fastidieux qu’il débite sur le ton d’une mauvaise plaisanterie. Il a envie de les boire directement à la source, faire taire le débit de conneries en lui mordant la lèvre et en repeignant les siennes de carmin. Le sourire se dessine et il lève des yeux brillant vers Schuyler, une brève animation, sous entendu de vie dans une âme éteinte.

« Je ne doute pas que tout ce que vous faites soit dans l’intérêt de votre patient, docteur. »

L’ironie est palpable, elle pointe du doigt le ridicule de cette affirmation tandis que son regard se fixe sur les preuves d’une satisfaction parfaitement personnelle. Ce n’est pas un reproche, juste un constat sur lequel il s’appuie pour soumettre l’indécence de la situation et bannir les faux-semblants. Il est à nu face au docteur, mentalement exposé et il n’acceptera pas que l’autre se cache derrière une justification ridicule. Il veut, il veut et Schuyler n’est pas autorisé à céder pour autre chose que sa propre envie.

Il libère le poignet prisonnier pour saisir la mâchoire du docteur, peut-être trop fermement, peut-être trop brusque. Menace ou retenue, l’étreinte sévère quand il se redresse et toise l’autre avec un rictus moqueur. Il expose les marques sur sa nuque, les suçons rubis qui décorent la peau fragile de sa clavicule et parent sa cicatrice de bijoux carmins. Ils savent tous les deux de quoi il s’agit.

« Ca vous dérange que d’autres que vous me baisent, docteur? »

Le language est cru, si loin de ses parades verbales. La situation n’est plus à la fioriture. Il présente ce nouveau territoire à explorer et invite l’autre à retourner à ses ministrations. Les traces des précédents rivaux sont à effacer, remplacer. Klaus veut être possédé, au point de ne plus se souvenir de qui il est, au point de se faire pardonner quand son corps n’est qu’une offrande au seul homme qui le connait si parfaitement.

« Je vais vous dire ce que je veux, docteur Schuyler. »

Il guide son autre main derrière la nuque du psychiatre, presse pour le forcer à s’abaisser et frôle l’indécence en privant d’un baiser. Tout ce que Schuyler reçoit, c’est un sourire faux, pathétique et à peine contrôlé, un rictus de sanglot contenu qu’il camoufle en pressant ses lèvres contre le menton de l’autre homme. Il laisse derrière lui qu’un chaos certain, une relation bafouée et teintée par quelque chose qui ne devrait pas exister, un début d’histoire qui commence par une morale ignorée.

« Juste pour aujourd’hui, je veux que vous me fassiez me sentir en vie. »

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Re: automate
Dim 30 Mai - 22:33

Une lutte de chaque instant contre le plaisir, qui s’avère être vaine, quand tout est prétexte au désordre, à l’agitation, au chaos sous toutes ses formes. Contagion émotionnelle qui se répand aussi rapidement que les eaux sombres et turbulentes d’un fleuve indomptable. Une solitude toujours plus profonde, l’énergie d’un désespoir incommensurable qui incite à commettre l’irréparable, dans l’intimité réconfortante d’un cabinet thérapeutique. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un cœur vertueux rongé par le deuil et la tristesse. Il n’y a rien de plus dangereux qu’une âme érudite rongée par la perte et la rancœur. Trop occupé à goûter aux délices des amusements libertins pour penser à la malédiction qui s’abattra sur lui, une fois les sombres secrets révélés au grand jour. Pourri jusqu’à la moelle et corrompu par les vices. Prêt se perdre dans l’abyssal de cet érotisme mettant ses sens à feu et à sang. Il l’entendrait presque. La pointe de reproches percer dans le ton de voix du Patriarche, marteau frappant contre les parois de son crâne.

Deviendrait facilement la cible de la haute société, petits bourgeois tyranniques opposés aux communautés minoritaires, sur un fond d’intolérance et de méchanceté gratuite. Habitués à estimer la valeur d’autrui, selon des critères nuisibles. John Schuyler serait franchement répugné, en le voyant s’adonner à des pratiques qu’il jugerait comme ‘peu conventionnelles’. Arborant le rabaissement comme une religion. Sentences prononcées qui s’écraseraient contre un mur d’indifférence. Asher, il en oublierait presque que les rumeurs les plus honteuses sont encore en train de se propager, en ce moment même. Les coups de tonnerre qui résonnent dans le lointain, et les éclairs qui illuminent le ciel au sens figuré. Il ne prêterait pas attention aux pluies de balles tirées dans toutes les directions, aux effusions de sang multiples. Sans doute à cause de la flamme d’excitation se frayant un chemin au creux de son ventre. Attraction hypnotique qui lui fait découvrir une autre facette de lui-même dont il ignorait l’existence.

Joutes verbales qui ne font qu’accroître les frissons d’envie qui le font trembler de la tête aux pieds. Le besoin de réaffirmer sa domination sur Lui, de s’attaquer à son cerveau bourré de réflexes conditionnés. « L’utilisation de la présomption comme stratégie de défense… ». Le menton emprisonné avec violence, il détaille le quadragénaire le plus arrogant et le plus insolent qui soit, dominé par une soif inextinguible. Klaus, il se plairait presque, à alimenter la fournaise de colère et de sensualité qui dévore chaque battement de cœur. Difficile d’ignorer les trémolos de désir inondant plus encore le bas-ventre avec obscénité. Cette succession d’images dégoulinantes cette fois ci de vulgarité, avec des scènes de sexe explicites qui fusent dans son esprit. Le sarcasme comme seconde nature, d’une froideur glaçante qui gèle les os, il rétorque. « Il ne s’agit que d’un processus de sabotage et d’autodestruction, monsieur Meyer. D’une contrainte de répétition qui fait sans doute obstacle au principe de plaisir ». Il entrouvre les lèvres. Tombe dans son piège, le piètre adorateur.


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Re: automate
Mer 16 Juin - 21:50





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Re: automate
Dim 20 Juin - 21:27

Au comble de l’outrage. Prêt à crucifier son irréprochable éthique pour satisfaire ses pulsions libidineuses. A piétiner l’honneur de sa famille pour des accouplements dégueulasses, si peu glorieux, et une satisfaction éphémère. Sauter sur l’occasion de se libérer des frustrations engrangées depuis plusieurs mois, quitte à repousser tous ses principes moraux et raisonnés. Commettre la pire folie de sa vie, renoncer à tout enrichissement personnel et professionnel, pour une débauche charnelle et primitive. Homme des cavernes rustre et obscène emporté par le plaisir brutal et archaïque de le posséder enfin. Il s’apprête à rentrer dans un monde qui lui est totalement inconnu, à bousculer les mœurs d’une société prônant une liberté totalement factice. Jusqu’à présent, il s’était toujours conformé aux standards habituels. Formaté rapidement pour suivre le même chemin que le patriarche. Faire partie de sa sphère impliquant obéissance, sacrifices et devoirs. De se métamorphoser en une poupée de porcelaine hermaphrodite dénuée de libido, ou d’accepter toutes les responsabilités légales et conventionnelles imposées par le mariage. Projets audacieux, repères familiers et rassurants, balayés comme un misérable fétu de paille.

Nouveauté qui dérange et qui bouscule l’ordre établi jusqu’ici. Klaus, ce foutu briseur de chaînes. Il a l’art d’aspirer le peu de dignité qu’il lui reste, jusqu’à la dernière étincelle. Il fait pourtant pâle figure, à côté de tous ces gros tas de muscles exposés sur tous les panneaux publicitaires. Instruments de séduction réveillant l’appétit de bien des hommes. Il est toutefois plus magnétique que l’attraction terrestre. Cette touche discrète d’inquiétude, il la laisse au silence, au lointain et à la mort. Les lèvres assaillies par l’autre dans un baiser brutal. La gueule qui virerait presque à l’écarlate. Douleur à peine perceptible qui éclate, jusqu’à ce qu’un léger goût de fer se déverse dans sa bouche. Il les archive. Les vieux dossiers qui l’éloignent du territoire de paix et le confrontent aux effets de la solitude. Vœux de fidélité jetés dans les oubliettes. Il n’est plus question d‘honorer ses promesses et d’affronter le prix de ses erreurs.


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