I'm feeling like a villain (ft Kas)

Tu n’en peux plus d’attendre la fatigue. Tu commences à croire qu’elle ne viendra pas. Elle ne viendra plus. Ca fait partie de ta nouvelle nature. Celle que tu ne veux nommer de peur de la garder indéfiniment. Comme si tu avais le choix Marla...

Tu te tournes encore une fois dans ton lit avant de finir par te lever. Et quelques minutes plus tard, tu te retrouves dans les rues désertes de la cité maudite. A déambuler telle une âme en peine. Tu tentes de te vider la tête, d’oublier la vérité qui te lacère la gorge chaque fois que tu dois t’alimenter de viande humaine. Tu aimerais dire que ça te file la gerbe, que ça te donne envie de vomir à t’en brûler l’œsophage mais c’est faux. Totalement faux. Voilà ce qui te dérange autant : d’aimer tellement. Comment peux-tu encore te regarder dans un miroir ? Sans avoir honte, sans avoir peur. Les émotions contradictoires te font vaciller pendant une heure sous les réverbères en fin de vie d'Exeter. C’est dans un café du centre-ville que tu termines ton périple. Certainement l’unique café ouvert à trois heures du matin.

Tu aurais pu te rendre dans un bar bondé, te fondre dans la foule ivre en alignant les verres à ton tour et trouver dans l'alcool un peu de répit mais tu crains de perte le contrôle. Et si la faim prenait subitement le dessus au point de commettre l'irréparable ?

Perdue dans tes pensées, tu n’as pas le temps d’éviter la collision. Au moment d’entrer dans le café ton corps en percute un autre avec toute la violence de ta confusion. « Oh pardonnez-moi… » Tu te précipites pour rattraper le gobelet avant qu’il ne tombe à terre mais c’est trop tard. Le contenu se vide littéralement sur le trottoir. « Laissez-moi vous en recommander un autre. » Et là, ton regard rencontre le sien. Il te faut quelques secondes seulement pour reconnaître les traits de ce faciès familier. « Kas ?! » Ce n’est pas vraiment une question. Tu n’attends pas vraiment une réponse. C’est seulement tout ce qui te vient là de suite. La dernière fois que tu t’es retrouvé seule avec lui, tu as pratiquement pris la fuite. Depuis tu l’évites sans vouloir l’admettre parce que c’est bien lâche de ta part. Hélas.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » Ici ? Maintenant ? A cette heure ? De toute évidence, l’univers aime particulièrement te torturer alors tu ne devrais pas être étonnée de le revoir. Il fallait bien que tu te retrouves à nouveau dans une situation compliquée.

La vérité c’est que tu apprécies beaucoup l’homme face à toi. Seulement, il te rend mal à l’aise. Enfin non, il te fait te sentir bien. Trop bien pour que tu ne sois pas mal à l’aise. C’est difficile à décrire. Quand tu es proche de lui, tu as la sensation qu’il peut aspirer toutes les émotions négatives qui te minent le moral. Tu as la sensation qu’il peut t’en décharger complètement. Et ca te terrifie parce que tu crains qu’il ne devine leurs origines, qu’il ne lise en toi comme un livre ouvert. Encore plus depuis que le wendigo partage ton quotidien. Malheureusement, cette fois, partir précipitamment n’est pas une option. Tu risquerais vraiment de l’offenser voire de l’offusquer et ce n’est pas ton intention. Tout ce qu’il te reste à faire, c’est garder un minimum tes distances.

Quoi que, tu ne sais pas du tout comment ça marche. « Tu vas bien ? » T’es vraiment à court d’idées pour lui demander s’il va bien alors que vous vous trouvez dans un café au beau milieu de la nuit comme des insomniaques en mal d’amour.