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Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
Barbie Tarrare
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damné(e) le : o07/10/2019
hurlements : o4825
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons) fürelise (cs/gif/sign) tucker.
bougies soufflées : o34
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Il n’est pas arrivé à fermer l’oeil de la nuit. Le jour de son anniversaire était -en règle générale- le plus beau jour de l’année. Il était la corrélation entre deux évènements marquants ; sa naissance, et la célébration de l’union amoureuse. Il n’avait jamais été seule pour une occasion pareille, toujours accompagné par l’amour ou les collègues venus célébrer les années qui s’additionnaient. Pourtant, cette année faisait exception. Il n’avait pas rejoint le reste du groupe, n’avait pas défilé devant tous en sautillant et hurlant : C’EST MON ANNIVERSAIRE. Il ne savait pas s’il allait avoir la force d’aller vers eux dans la journée, d’organiser cette petite soirée qu’il faisait chaque année, en son honneur. Il n’avait pas pris la peine de prévenir les autres, n’avait pas demandé à quelques proches de lui tenir compagnie pour la journée. Wesley, lui, avait des tâches à honorer, et passait la soirée avec un ami à lui ; une tradition. Barbie n’avait pas envie de célébrer son anniversaire, et encore moins la Saint Valentin. S’il en avait ressenti le besoin, avec qui aurait-il pu partager la soirée ? Il aurait composé quel numéro pour quelques heures à offrir des mots doux et tout l’amour qu’il avait à partager ? Frankie, il n'osait pas. Zak, c’était trop risqué, hors de question. Devlin, l’idée ne devait même pas lui effleurer l’esprit, pas après les bleus qu’il avait répandu sur son corps. Il allait passer la journée seul, la soirée seul, et verrait s’il aurait encore le courage de vivre le lendemain. Il ferait certainement une promenade une fois la nuit tombée, irait marcher pour respirer un peu. Il pourrait même se rendre à l’endroit où il avait prévu d’emmener Devlin ce soir, mais seul, prendrait le temps d’une petite introspection.
Il avait répondu à quelques messages, remercié des amis, de connaissances, des osef, qui lui avaient souhaité son anniversaire -certains avec plus de convictions que d’autres. Il avait ouvert son premier cadeau, extatique à la vue de cette bague qu’il installa aussitôt sur son majeur. Il la portait fièrement, comme un roi souhaitant montrer sa couronne au monde entier. Ce geste venant de Wesley eu le mérite de lui remonter légèrement le moral. Même au milieu du chaos qu’était sa vie depuis quelques temps, il lui restait une personne ; un ami loyal. Il était heureux, avec cette bague qui lui correspondait si bien, et les gâteaux que son colocataire avait fait faire spécialement pour l’occasion. Il lui avait même préparé un petit déjeuner, connaissant les habitudes du jeune comme depuis le temps qu’ils vivaient ensemble.

Barbie attrape un post-it, et marque d’une écriture arrondie quelques mots de remerciement à l’attention de son ami :

Encore merci pour tout, tu peux pas savoir à quel point ça me fait du bien de t’avoir dans ma vie. J’veux pas te faire un long discours parce que j’suis pas doué pour ça, et j’sais que t’es pas chaud non plus pour ce genre de truc. Mais vraiment, merci pour tout, mec.
J’peux t’écrire un poème si tu veux, pour te remercier, mais généralement j’roule des pelles après les avoir lus. Donc à tes risques et périls, bel homme. ;)

Ah et si tu rentres avec une nana (ou un gars hein, je juge pas) après avoir vu ton pote, j’avais acheté des capotes avec des goûts, et des phosphorescents pour jouer dans l’noir. Ils sont dans l’tiroir de la salle de bains. Par contre, fais en sorte que la fille voit pas ce mot, tu vas passer pour un gros blaireau sinon.
J’risque d’aller me promener dans la soirée, donc j’serai certainement pas là à ton retour. Pour ça que j’te fais un p’tit mot pour te dire tout ça. Sauf si tu dors là-bas … Bref.

PS : Vu que t’as été un sucre, j’ai un truc à t’avouer. C’est moi qui ai (encore) cassé la lampe l’autre jour, c’était pas Trésor. Mais j’avais la flemme de me lever pour éteindre la lumière, donc j’ai balancé ma chaussure et … j’ai mal visé.

RE PS : C’est trop petit un post-it, du coup j’ai écris sur quatre. Tu me diras, j’aurai pu prendre une feuille, mais ça colle pas. J’sais pas si on a du scotch. J’ai peut-être un peu de patafix. J’en avais trouvé de la rose, l’autre jour. Magnifique.

Pourquoi on écrit PS à la fin d’une lettre ? Tu crois que c’est genre pour interpelé, genre « psss, hey, pssss » ? Ouais, c’est sûrement ça.

J’fais un nouveau post-it pour te tenir au courant, j’ai regardé sur internet et en fait ça veut dire post-scriptum. C’est du latin. Voilà.

Ah et, si tu as Devlin au téléphone, tu peux lui dire que … Ouais non. Lui dis rien. Dis-moi juste s’il va bien.

Bon, j’arrête d’écrire, j’ai un truc à nettoyer. J’ai encore fait tomber les oeufs.


Il pose son stylo et colle les quatre post-it sur la porte de la chambre de Wesley, en appuyant le plus possible afin qu’ils ne tombent pas. Il fait attention de les mettre en hauteur, de peur que Trésor ne s’amuse à sauter pour les attraper. Il revient ensuite dans le salon et attrape le téléphone qu’il avait laissé à l’abandon sur le canapé. Encore des messages, auquel il répond vaguement, avant de tomber sur ceux qui importent. Remercier Wesley pour son cadeau, faire semblant de ne pas avoir déjà ouvert le cadeau et profité du petit déjeuner. Puis un message qui lui serre le coeur, bien plus qu’il ne l’aurait cru. Il n’avait pas pensé que Devlin lui souhaite son anniversaire, pas après leur dernière rencontre. Il a du mal à répondre, a du mal à garder son souffle de manière stable. Il finit par l’appeler, en essayant de ne pas laisser sa voix trembler en même temps que son coeur. Il a la main qui se serre sur l’appareil, ses dents qui suivent. Il s’en mord la langue, s’en fait saigner l’intérieur des jours. Il mord pour ne pas craquer, le goût du sang dans sa bouche. Il raccroche, après l’avoir invité à passer pour discuter. Il ne sait pas ce qui lui a pris, ne sait pas pourquoi il ne lui a pas dit de mettre le cadeau directement à la poubelle et partir de la ville sans se retourner. Il aurait pu lui dire qu’il n’avait pas envie de le voir, qu’il ne pouvait pas lui pardonner ce qu’il lui avait fait, qu’il avait peur de se retrouver seul avec lui. Mais ce n’était que des mensonges, rien de plus que des mensonges.
Il attrape un tee-shirt dans l’armoire de Wes, et l’enroule autour du balais pour nettoyer les oeufs cassés. Il retire le plus gros puis attrape un paquet de lingettes et s’installe à quatre pattes par terre pour essayer de tout enlever, une grimace sur le visage. Il a la tête qui va exploser, peut pas s’empêcher de se demander quelle direction va prendre leur entrevue. Et s’ils n’en sortaient que plus brouillés encore ? Et s’ils s’apprêtaient à mettre un terme à leur relation, de manière définitive ? Il arrête, stoppe ses gestes, et ferme les yeux en soufflant. Ça va aller, Barbie. Ça n’peux pas être pire, de toute manière. Il termine de nettoyer, puis se redresse pour tout jeter à la poubelle. Il en a marre d’être maladroit, de toujours tout casser. Même les coeurs.

La sonnette retentit. Il relève la tête, Barbie. Les lèvres entrouvertes pour s’aider à mieux respirer. Un léger coup d’oeil sur sa dégaine, comme il l’avait fait lors de la soirée que Wesley avait organisé des mois en arrière. Il avait une allure encore moins fière, avec son pantalon de pyjama Bob l’éponge, et son tee-shirt, trop grand, à l’effigie des héros de Code Lyoko. Un dessin animé français, qu’il avait regardé pour faire plaisir à Devlin, en se disant qu’entendre du français pourrait l’aider à l’apprendre un jour. Il n’avait absolument rien compris à l’intrigue, mais était tombé amoureux du générique de début, et des beaux yeux du héros. Il n’avait pas eu le temps de s’habiller, n’avait même pas pris de douche encore. Mais il n’avait plus le temps.
Il marche jusqu’à la porte, et baisse la tête en l’ouvrant. Sa main tremble sur la poignée alors qu’il relève les yeux sur Devlin afin de le saluer très timidement. - Salut … Il ne sait pas comment l’accueillir, mais l’envie de l’embrasser pour mieux lui dire bonjour est présente ; horrible. Il fait un très petit pas en avant, et se penche pour déposer un baiser du bout des lèvres sur sa joue. Il ne pourra pas faire mieux pour l’instant, le geste lui demandant déjà bien des efforts. Il se recule ensuite très vite, et se cache presque derrière la porte pour le laisser entrer. Il referme la porte derrière lui, les doigts de ses deux mains qui s’emmêlent, qu’il tort dans tous les sens. Les pensées qui s’embrouillent. Il a du mal à rester en place, mais est dans l’incapacité d’agir normalement. Il a envie de le regarder, de le trouver toujours aussi beau, de lui dire, de vérifier que la lueur monstrueuse de son regard a bien disparu. Finalement, il ne lui lance que quelques regards, incapable de le regarder trop longtemps ; gêné. Il a envie de lui demander pourquoi il est dans un tel état, pourquoi il a des bleus, des marques, des blessures si visibles. - Tu t’es battu ? Il a une petite voix, fluette, lèvres à peine ouvertes. - Désolé, ça me regarde pas. Il reste loin de lui, contre la porte fermée. Il n’ose pas l’approcher, préfère garder ses distances pour l’instant. Il passe lui-même une main sur sa joue en lui disant ses quelques mots, effleurant la tâche qui s’étend sur toute sa joue. Il sait qu’il lui a laissé d’autres marques, et pas seulement cette joue luisante, sa mâchoire et surtout l’ombre qui s’étend le long de son cou. La marque de ses doigts toujours sur sa peau. Il essaie de ne pas y penser, se racle la gorge, mal à l’aise. - J’te sers ... quelque chose ? Il doit avoir l'air con. Si peu personnel comme demande. Il aimerait faire mieux. Parce que malgré tout, il est si heureux de le voir. Parce que malgré tout, putain qu’il est amoureux de lui.

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?


Dernière édition par Barbie de Ruiz le Mar 9 Juin - 17:49, édité 1 fois
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
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Il ne savait pas ce qui lui avait pris. La caravane était déjà attelée à son vieil SUV. Devlin s'était même assuré que tous les meubles qu'il y avait encore à l'intérieur soient fixés correctement aux murs métalliques. A son image, sa vieille compagne/demeure avait vécu des jours meilleurs. Un tourbillon de folie avait secoué ses vieux essieux, le chaos avait remplacé le désordre organisé. Le devin s'était même posé la question, quant à savoir s'il allait l'embarquer dans sa fuite ou la laisser sur place. Mais il l'aimait bien, cette vieille caravane. Elle avait vécu les premiers kilomètres de la nouvelle vie d'Ivory. Elle avait vécu ses premiers kilomètres de solitude à lui aussi, la jeune femme disparue du jour au lendemain. Elle avait traîné ses vieilles jantes anciennement chromées dans le désert, avait été taguée par des petits cons en Californie, avait vécu les forêts, les montagnes et les plages de tout le pays. Elle avait réceptionné une quantité phénoménale de paires de fesses de tous âges et de toutes confessions sur ses vieilles banquettes en simili-cuir. Sa plus vieille amie, si ce n'était pour tous ceux qu'il s'était faits pour mieux les abandonner. Peut-être, s'était dit le routard, peut-être qu'il était temps qu'elle vive sa retraite, elle aussi. Parce que ça faisait mal de la retrouver, ça faisait mal de voir son bleu pervenche, et tous les souvenirs qui s'étaient créés autour de la couleur. Il connaissait le sentiment. Il l'avait déjà expérimenté il y avait longtemps déjà, à une époque si lointaine qu'il lui semblait des fois qu'elle datait d'une autre vie. Ce n'était pas si faux, en soit. Ce n'était qu'à deux identités de différence.

Mais cette fois-ci était différente, elle aussi. Le cœur du devin était en miettes, mais la raison n'était pas la même. La fois d'avant, il n'y était pour rien. Cette fois-ci, il y était pour bien plus. Cette fois-ci, il ne se la pardonnerait probablement jamais. C'était bien pour ça qu'elle pouvait prendre une retraite amplement méritée, sa vieille maison sur essieux. Caressant les irrégularités de la peinture, là où le pinceau avait laissé sa denture, là où des mains trop hâtives, trop tendres, s'étaient retrouvés, il avait senti qu'il n'en serait pas capable. Il avait beau les avoir détruites, toutes ces vies d'avant, elles l'avaient marqué. Il en gardait une trace dans les recoins de cette maison de fer, des objets, des cadeaux, des impressions. Les bons souvenirs comme les pires. Barbie était comme lui, il aurait sa place dans le mémorial de toutes ses vies passées. Quand bien même ce mémorial avait la forme du foyer du devin. Quand bien même il aurait pu rester à Exeter avec tout le reste, la culpabilité, elle, invoquait que le souvenir perdure. Qu'il éprouve son poids aussi longtemps que durerait la peinture, aussi longtemps que durerait la caravane elle-même. C'était le prix à payer pour ce qu'il avait fait, à Exeter. C'était celui à payer pour ce que lui et Barbie s'étaient fait.

Il ne sut pas ce qui le prit. Le corps ankylosé de son rendez-vous surprise, nocturne, quelques jours plus tôt, et de toutes les blessures accumulées, il avait branché la bouteille de propane gracieusement payée par Wes et s'était retourné. Avait croisé son reflet dans le pare-brise de son SUV et ne s'était pas reconnu. Le visage pâle, strié de blessures provoquées tant par les autres que lui-même. Les yeux cernés, les mèches raccourcies d'une bonne vingtaine de centimètres. Silas avait été bien doux de faire le relais pour lui éviter l'hôpital. Mais il ne tiendrait pas longtemps à ce rythme. Il ne tiendrait pas longtemps tout court. Une inéluctabilité qui l'avait poussé, au devin, à anticiper son départ. Puis, tous les préparatifs terminés, il s'était assis sur le marche-pied de sa résidence à roulettes. Avait tiré une bouffée de tabac et son téléphone de sa poche, paré à prévenir Wes de tenir sa promesse. Si je disparais, promets-moi de ne jamais chercher à me retrouver. Il avait promis, son meilleur ami. Le regard éreinté s'était accroché à la date, sur son écran. Vendredi 14 Février. La Saint-Valentin. L'anniversaire de Barbie. Tétanisé sur son téléphone, à ne pas savoir quoi faire. Devait-il lui souhaiter son anniversaire ? Ou le laisser tranquille ? Après ce qu'il lui avait fait, après tout le mal qu'il lui avait fait, est-ce qu'il ne valait pas mieux choisir cette option ? Après tout, Devlin était un danger. Pour tout le monde. Ces deux semaines d'horreur constante, toutes les nuits, le lui avaient prouvé. Quel bien pouvait-il être pour l'Homme-Enfant, alors ? Ne valait-il pas mieux qu'il vive des jours heureux, en sécurité, avec quelqu'un qui puisse ne lui rendre que des tendresses, et surtout pas des coups ? Loin du danger. Loin de lui.

Il était resté planté sur son marche-pied, à enchaîner les cigarettes. Le souvenir de la soirée de pleine lune vissé à ses tripes et la culpabilité brûlante, dans son estomac. Mais il l'aimait, Barbie. Profondément. Et il lui manquait, Barbie. Prodigieusement. Il lui manquait, avec son grand sourire plein de dents qui illuminait les nuits les plus sombres. Il lui manquait avec son regard pétillant de malice, dès qu'il était prêt à sortir une connerie plus grosse que lui. Il lui manquait cet éclat de folie qui le prenait autant que son rire communicatif. Ce voile qui assombrissait ses yeux quand leurs baisers devenaient trop avides. C'était bien plus que ça. Ce n'étaient pas que des détails qui manquaient à Devlin, c'était Barbie tout entier. La courbe de ses lèvres et celle de ses hanches, le son de sa voix, ses messages au beau milieu de la nuit juste pour avoir un contact, rien qu'un seul. Ses maladresses et ses erreurs. Sa douleur. Comme l'impression de ne plus savoir respirer. Comme l'impression de ne plus savoir exister, depuis mi-Janvier. De ne plus mériter d'exister depuis la pleine lune.

Puis le regard du précogue s'était posé sur le cadeau qu'il comptait lui offrir. Pas une rivière de diamants. Pas une île, pas un château en Espagne, pas un voyage à Paris. Il avait hésité longtemps, s'était creusé la tête pendant des semaines, avait économisé tout l'argent qu'il ne perdait pas dans les factures médicales qui s'amoncelaient. Barbie était un être de lumière, un être de couleurs, un être de poésie. Barbie méritait le ciel et ses nuages, la voûte céleste et toutes ses étoiles. Leur relation était tapie dans le noir. Alors le cadeau s'était imposé tout seul. Il lui offrirait la galaxie, ses couleurs et ses étoiles. Parce que c'était la nuit que Barbie se sentait le plus libre. C'était dans la couleur qu'il se débarrassait des carcans, dans la poésie qu'il puisait ses forces. Un monde aux couleurs infinies, la couleur née du noir, un amoncellement de lumière perçant l'infinité de la pénombre. Le projecteur n'était pas énorme, il était facile à utiliser, mais, surtout, c'était le seul à avoir une galaxie aux éclats roses à proposer. Le devin s'était senti petit, une fois le paquet entre les mains. Wesley aurait probablement fait bien mieux que lui. Bien d'autres auraient probablement fait bien mieux que lui. Alors, faute de lui offrir le Soleil ou la Lune, Devlin lui avait trouvé une étoile. Le contrat d'adoption de "Barbara", décerné par une association d'aide à la recherche spatiale, trônait sagement dans sa petite enveloppe au-dessus du paquet.
Peut-être que ça lui ferait plaisir. Peut-être qu'il pourrait lui faire ce dernier cadeau avant de quitter définitivement sa vie. Barbie en ferait ce qu'il voudrait. Tout jeter, tout brûler, l'offrir à quelqu'un d'autre. L'oublier. Lui, il ne l'oublierait jamais. Putain ce qu'il lui manquait.

Le message s'était envoyé tout seul. La réponse le surprit autant que le fait de l'avoir envoyé. De messages en appels, de gorge serrée par une émotion trop forte à ce besoin impérieux d'y aller. A cette panique profonde, cet ouragan d'angoisse, qui le prit en réalisant ce qu'il était en train de se passer. La sensation d'être de coton dans un univers d'ouate alors que la voix posée de Wesley s'attachait à le calmer, et, pourtant, le moteur de son SUV bien vibrant sous ses pieds. Son coeur palpitant au fond de sa gorge, les entrailles nouées, le regard noir du devin s'était posé sur cet immeuble qu'il avait appris à connaître par coeur. Ils n'avaient rien à foutre sur le parking, lui et sa caravane. Ils n'avaient rien d'autre à foutre là que le fait que Barbie l'ait demandé. Pour son anniversaire. Ils parleraient un peu et Devlin partirait. Espérait qu'au fond, il y ait quelque chose à sauver. Leur relation. Cet amour qui le digérait au moins autant que sa propre maladie. Barbie. L'issue de la conversation déterminerait son choix, de ça, il en était certain. Mais de comment y survivre, ça, il n'en était pas sûr. Son cadeau entre les bras et l'envie de s'enfuir au creux des tripes, il gravit les escaliers quatre à quatre. Il était sale. Il était laid. Il nageait dans son unique jean troué, dans ce t-shirt des Doors qu'il remplissait deux mois auparavant. Il était pâle, de peau, de vêtements, d'âme. Mais il était là. Le coeur battant en pressant la sonnette. L'angoisse étouffante devant la porte de l'appartement. Ses doigts, tremblants, rayés de cicatrices encore fraîches, s'enfonçant dans le papier Hello Kitty du paquet.

-Hey...

La voix étranglée, en le voyant enfin devant lui. Le coeur qui se fit la malle devant la trace rouge, immense, qui dévorait la joue droite de l'Homme-Enfant. Une gifle, en pleine figure. Figurative, celle que reçut le devin. Bien trop littérale, celle qu'avait reçue son amant. Devlin détourna aussitôt le regard, incapable de savoir quoi faire. Lâcher le paquet pour l'attraper dans ses bras ? Se jeter à genoux à ses pieds et lui demander pardon ? Heureusement qu'il l'avait entre les mains, ce cadeau. Heureusement qu'il le serrait si fort qu'il put encaisser la caresse, si brève, des lèvres ourlées sur sa joue. Sa peau brûla aussitôt sous le contact. La démarche mécanique, il se faufila à l'intérieur de l'appartement. Se sentit immédiatement de trop dans cet univers où il s'était toujours senti chez lui, avant. Les codes avaient changé. Les regards, les attitudes, aussi. De brefs coups d'oeil sur celui qu'il aurait passé des heures à admirer, de peur que ça ne le blesse. Suffisants pour apercevoir la noirceur des hématomes sur ses bras, pour voir l'attelle à ses doigts, pour voir le collier que ses doigts avaient imprimé à même son cou. Suffisants pour lui donner envie de vomir, de fuir, ou même de rester pour embrasser chacune des blessures en espérant que ça puisse chasser le mal. La question de Barbie, ses doigts le long de sa joue blessée le confortent dans ses certitudes : il n'aurait jamais dû venir, Devlin. Il n'est plus à sa place, ici.

Il reste interdit devant la question, planté comme un piquet dans le salon. Se mord l'intérieur de la joue pour ne pas répondre que oui, que non, que certaines des blessures viennent de lui, d'autres, et qu'il ne saurait pas définir lesquelles. Alors il attrape la perche au vol, toute aussi impersonnelle qu'elle soit. Lève un regard perdu sur son ancien amant en hochant piteusement la tête.

-Juste un verre d'eau, s'il te plaît.

Si çe ne te dérange pas, si tu veux bien, seulement si c'est ce que tu veux.
Les pensées et les mots s'entrechoquant dans sa tête, avec les "je suis désolé", les "je t'aime tellement", les "je m'en veux", les "tu me manques" et les "je te mérite pas". Noyé dans sa haine contre lui-même, tandis que Barbie s'échinait dans la cuisine. Un roucoulement interrogatif suivi d'une tête tigrée attira son attention dans le salon. Sur la table basse, les restes d'un petit déjeuner royal et un paquet cadeau éventré. Les membres gelés du devin se réchauffèrent brièvement en apercevant Trésor renifler les restes de gâteau. Wesley était passé par là. Le meilleur des amis.

-Ca te dérange si je fume, B... arbie ?

Devlin ne savait pas si les codes avaient changé à ce point. Si c'était bel et bien ça qu'ils devenaient, par sa faute : des étrangers. Mais il savait ce dont il avait besoin. Que son ancien amant revienne dans cette pièce, quitte à ce qu'il se cale aussi loin de lui que possible pour sa sécurité. La seule notion de sa présence, toute aussi éloignée, atténuait la difficulté. Agacé par ce paquet dont il ne savait plus que faire, il le déposa sur le canapé. Laissa le chaton jouer avec le bolduc tandis qu'il se glissait vers la fenêtre entrouverte. Alluma sa cigarette avec des mains tremblantes. Et sentit son cœur se tordre entre tendresse et culpabilité en le voyant revenir. Un sourire faible.

-Je vois que Wes est passé par là. C'est quoi, qu'il t'a trouvé ?

Des banalités. Des platitudes pour ne pas mentionner la raison de sa venue. Il fallait qu'ils parlent. Et Devlin avait l'impression que c'était sa vie entière qui allait se jouer dans ce salon. Il coula un regard tendre sur les coups de pattes du chaton sur le bolduc chatoyant. Le perdit au fond des si beaux yeux de Barbie, par mégarde, par erreur peut-être, sentant cette bouffée d'amour irrationnelle lui couper le souffle. Comme avant. Mais rien ne serait comme avant, si ?

-Trésor va ouvrir ton paquet avant toi, partie comme elle est. Joyeux Anniversaire, sho... Barbie, j'espère que ça te plaira.

J'espère que ça te plait, que je sois ici. C'est ce que tu as demandé. C'est ce que j'espérais. Tu disais que je serais ton cadeau, mais...

Les nerfs si tendus que le seul moyen de respirer était à travers le tube de sa cigarette. Une bouffée de nicotine, puis une autre, le temps que Barbie ouvre le paquet. Le temps que Barbie décide ou non qu'il ait le droit d'exister.

Parce que tu sais, B ?
C'est ça, le vrai cadeau que je t'offre.
Celui de vie ou de mort. Achever cette vie ou la laisser perdurer.


-... Ta main te fait pas trop mal ?

Tu avais peur de te défiler, tout à l'heure au téléphone.
C'est moi qui me défile, maintenant que je vois ce que je t'ai fait.

-Et ta gorge... ?

Je t'aime.


-Je suis désolé...

Un filet de voix, étranglé par deux mains bien distinctes : celle de l'amour, et celle de la culpabilité.

Pardonne-moi.


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L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Il n’avait pas prévu de ressentir cette étrange chaleur en découvrant Devlin sur le seuil de sa porte. Il aurait dû s’en douter, lui qui lui avait demandé de passer afin de ne pas laisser les mois s’imposer entre eux, et les séparer de manière définitive. Il aurait dû savoir que les évènements étaient trop récents pour qu’il n’ait pas une boule au ventre en analysant les traits de son visage, cherchant partiellement la lueur sauvage qu’il avait découverte ce fameux soir. Il ne voulait pas avoir peur de lui, il ne voulait pas avoir à se méfier du moindre de ses gestes comme lui l’avait fait des mois en arrière. Pourtant, son coeur battait anormalement vite au creux de sa poitrine, une peur viscérale qui pointa le bout de son nez. Il avait l’habitude qu’on s’en prenne à lui, qu’on le batte, qu’on le mette plus bas que terre ; le problème ne venait pas de là. Le souci, c’était que Devlin n’avait jamais eu ce visage, il n’avait jamais pris les traits de la brute épaisse. Le devin était plutôt un synonyme de tendresse, et était celui qui apportait à Barbie toutes les nuances positives que la vie pouvait promettre. Il avait besoin de ça pour tenir le coup, pour ne pas devenir fou et tomber définitivement dans la violence que lui demandait son travail. Il y avait bien Frankie, qui se montrait plus aimant ces derniers temps, avec qui sa relation avait drastiquement évoluée. Les instants de bonheur qu’ils avaient partagés lui avaient fait un bien fou, mais cette nouvelle relation était bien trop récente pour que Barbie puisse encore s’y accrocher pleinement. Il avait besoin des bras de son ancien amant, des mains qui se glissaient souvent dans ses cheveux durant les câlins du soir. Il lui fallait sentir ses lèvres dans son cou, sur sa clavicule, lorsqu’il se laissait entraîner par un élan de tendresse. Il avait besoin de tant de chose que Devlin était le seul à lui offrir. Et cette peur, ces coups, cette violence, n’en faisaient pas partie. Il avait eu besoin de le voir à cause de tout cela, de toutes ces choses qu’il avait besoin de lui dire ; en face. Et tant pis si c’était la dernière fois qu’il posait les yeux sur lui, si tout venait à mal se passer, au moins il aurait été honnête avec lui, en mettant à plat leur différent. Il ne savait pas dans quel état d’esprit Devlin venait jusqu’à lui, mais les sanglots qu’il avait reconnu dans sa voix durant leur appel téléphonique étaient assez présents pour ne pas paraître factices. Il se doutait alors que le divinateur ne se ruera pas sur lui lorsqu’il ouvrira la porte, qu’il n’essaiera pas de le tuer ou de recommencer une bataille que Barbie avait lourdement perdue.
Alors pourquoi il a autant envie de le serrer contre lui ? Pourquoi il veut l’engloutir entre ses bras pour s’étouffer contre son torse ? Son corps a peur, mais lui ne rêve que d’abdiquer et fondre contre son corps pour s’y abandonner. Il n’en a pas le droit, il le sait. Ce lien qui les liait jusque là, qui en faisait les amants les plus lumineux et colorés, avait disparu derrière le souvenir de cette soirée sanglante. Leur relation avait été si belle, l’accord parfait qui promettait des années et des années d’amour. Il y a quelques semaines seulement, il se voyait à ses côtés pour la vie,bras-dessus bras-dessous, sans se soucier de tous ceux qui pouvaient leur en vouloir. Il se voyait pendu à son cou, accroché à ses lèvres, et partageant avec lui tous ses lendemains de rêve. Je t'aime, Devlin. Je t'aime, putain. En regardant son ancien ami, Barbie se demandait comment ils en étaient arrivés là. Il était si maigre, si affaibli. Il nageait dans ses vêtements, semblait à peine tenir debout ; une légère brise aurait pu l’emporter sans problème. Et même s’il devrait s’en moquer, s’il ne devrait pas se soucier de lui après ce qu’il lui avait fait, il ne pouvait s’empêcher d’avoir des frissons en regardant son corps brinquebalant. Il était déçu, de voir qu’il ne l’avait pas écouté, de voir qu’il se laissait mourir à petit feu. Il n’avait pas envie de le laisser faire, voulait prévenir Wesley, l’implorer de faire quelque chose pour empêcher leur ami de se faire tout ce mal. Mais il n’avait pas cette légitimité, qui était-il pour lui demander de prendre soin de lui ? Il n’était rien pour Devlin, absolument plus rien. C’était une pensée déchirante, et il aurait pu en pleurer si des tas d’autres sentiments anormaux ne se battaient pas déjà dans son corps. Seulement quelques minutes à partager le même air que lui, à se contenter d’un baiser volé sur une joue offerte, faisant taire le reste du corps qui demande à s’écraser lourdement contre l’autre. Et pourtant, ces quelques minutes suffisaient pour que Barbie se sente mal à l’aise et ne sache que faire de son corps. Sa question est maladroite, soufflée du bout des lèvres, comme s’il ne savait pas s’il devait le faire ou non. Il a le souffle court, il regrette un peu de l’avoir fait venir. C’était douloureux, putain. Il aurait préféré ressentir la douleur physique, se plier de d'affliction sous ses blessures béantes, si ça pouvait éteindre le feu de la passion qui brûlait toujours pour Devlin. Arrête de l’aimer, Barbie.

Il s’enfuit vers la cuisine afin de lui servir un verre d’eau, les membres qui se mettent à trembler comme des feuilles. Il a envie de rester là, à l’abri de son regard, et de se mettre à pleurer. Il ne pensait vraiment pas qu’affronter sa vue serait si douloureux, qu’il aurait autant de mal à contrôler les battements de son coeur. Il se trouvait à vomir. Il avait toujours été un grand romantique, mais ne pensait pas réellement que l’amour pouvait toucher les coeurs, physiquement. Pourtant, il avait réellement mal, il sentait une pression étrange enserrer son palpitant. Il avait envie de rire, se trouvait absolument ridicule de réagir ainsi, de ne pas pouvoir lui parler normalement sans que les sanglots ne montent dans sa gorge. Il avait été si sûr de lui au téléphone, et se trouvait si impuissant maintenant qu’il l’avait en face de lui. Il avait envie de rire, les nerfs qui menaçaient de lâcher. Un rire amer, quelque chose d'invraisemblable. Les lèvres étirées sur un sourire mauvais, quelque chose de tordu dans le regard. Le mal être, tout simplement. Est-ce qu'être triste suffit à rendre quelqu'un fou ? Il attrape un verre, fébrilement, sur l’étagère et va vers le frigo pour en sortir une bouteille d’eau. Il remplit le verre et referme le frigo en jetant un regard par la fenêtre. Sourcils froncés, il pose le verre sur le plan de travail, et se hisse sur la pointe des pieds afin de mieux voir à travers la vitre. La caravane. Il retient son souffle, se mord la lèvre à s’en déchirer les chairs. Il en tremble presque. Quelques respirations, alors qu’il entend la voix de son tortionnaire d’une nuit lui demander l’autorisation pour fumer. Il ferme les yeux un instant, et se masse les tempes en réfléchissant. Et s’il n’était pas venu seulement lui apporter son cadeau ? Et s’il était venu avec la ferme intention de lui dire adieu avant de partir ? Un adieu muet, silencieux, qu’il n’aurait jamais entendu. Parce qu’il ne le lui dirait certainement pas qu’il comptait s’en allait. Il se contenterait de lui parler, de lui souhaiter d’être heureux, en lui disant même qu’ils se reverraient un jour. Puis il franchirait la porte, sans se retourner ; à quoi bon ? Il rejoindrait sa caravane et disparaîtrait à tout jamais. Ses yeux deviennent humides, il se les frotte machinalement afin de ne pas laisser aux larmes le temps de s’installer. Il souffle un coup et reprend le verre d’eau entre ses mains.
Il revient de la cuisine, et d’entre les morts. Il évite méthodiquement le regard de l’autre, ne souhaitant pas qu’il décortique dans son regard tout ce qu’il se passait dans son esprit. Il ne voulait pas qu’il lise en lui, comme il savait si bien le faire. Quand ils existaient encore, l’un pour l’autre. Pourtant, il croise son regard un court instant, alors que Barbie pose le verre d’eau sur la table basse, n’ayant pas le courage de l’approcher. Il se racle alors la gorge, et tend la main vers lui. En temps normal, il lui aurait montré seulement son majeur, lui aurait fait un doigt d’honneur en ricanant et lui disant qu’il était le roi du fuck. La ville n’avait qu’à bien se tenir. Mais il n’en avait pas la force, il n’avait même plus le courage de sourire ; pas après avoir vu la caravane sur le parking. Il ne dit rien, se contenta de montrer la bague que son colocataire avait si gentiment acheté pour lui.

Il jette un oeil vers Trésor, attendri de la voir s’amuser ainsi avec le ruban blanc, et le papier cadeau Hello Kitty, en s'installant sur le canapé. Il tend une main vers elle, et sourit enfin légèrement en voyant l’animal frotter sa tête contre les doigts abîmés de l’artiste. Il grimace, pas à cause de la douleur, mais à cause de la vue de l’animal si innocent à côté de l’horreur de sa main qui ne rappelle que la destruction. Il retire sa main, sans répondre à Devlin. Il n’a pas envie de lui répondre. Il a trop mal de le savoir sur le départ. Lui qui avait relativement bien réagit en le voyant entrer, lui qui lui avait offert un baiser sur la joue, et aurait été capable de tout pardonner en bloc, n’arrivait même plus à lui parler après la découverte sur le parking. Il prend le paquet cadeau entre ses mains, s’excusant auprès du chaton de lui retirer son nouveau jouet. Il arrache le bolduc d’un geste vif afin de rendre l’objet à l’animal afin qu’il s’amuse. - Tiens, mon ange. Il sourit faiblement à l’attention de Trésor, et regarde le paquet, et la petite enveloppe qui traîne dessus. Il arrache le papier rose, et le laisse tomber à terre en entendant Devlin lui demander comment va sa main. - J’ressens pas la douleur, alors ça va. Il ne peut pas avoir mal à sa main, il ne peut pas avoir mal à sa gorge ; mais son coeur est en train de lâcher, par contre. Il regarde le cadeau, cligne des paupières et se passe une main sur le visage en comprenant ce qu’était l’appareil. Il savait viser juste, l’enflure. C’était exactement ce dont l’enfant avait besoin, exactement ce qu’il lui fallait pour illuminer ses nuits. Des étoiles, des galaxies, des couleurs vives à ajouter à sa vie. Et ça lui fait mal qu’il ait tapé si juste, qu’il lui ait offert un cadeau qui lui faisait tant plaisir. - T’es désolé de quoi exactement ? Il déchire l’enveloppe, pensant y trouver une carte. Il plisse le nez, surpris, en y trouvant une lettre à la place. Il commence à lire, le coeur qui se serre un peu plus. Il allait enchaîner, lui demander s’il était désolé de lui avoir plutôt brisé le corps, ou bien le coeur. Il allait se révolter de l’entendre lui dire les choses ainsi. Même si le cadeau lui avait fait un plaisir fou, même s’il rêvait de le remercier en le prenant dans ses bras. Mais cette lettre, ces mots, ce cadeau. Il a les larmes qui remontent si facilement vers ses paupières, la main qui s’étale contre ses yeux alors qu’il murmure. - Comment t’oses me faire un truc pareil ? Il pose la lettre, se relève du canapé pour se tourner vers Devlin, le regard triste. Tu m’as offert une étoile … On achète pas une étoile pour dire adieu … Il serre les dents, sent la colère le gagner mais n’arrive pas à y céder. Il avale sa salive, un geste à la fois douloureux et peu commode. La boule dans son ventre qui grandit.
Il rage de ne pouvoir le remercier comme il se doit. Il ne comprend pas, il n’arrive pas à comprendre comment il peut lui faire un coup pareil. C’est inhumain. Il a mal, putain. - M’offrir une chose pareille, avant de partir … On offre pas une étoile à une personne que l’on quitte. Il ne lui laisse pas le temps de réagir, pas le temps d’essayer de comprendre comment il le sait. Il enchaîne, sans pour autant avancer vers lui. La peur, très certainement. - J’ai vu ta caravane par la fenêtre. C’est pour ça que t’es venu ? Tu t’es dis que ça serait pas mal de rajouter une couche avant de partir ? Il renifle, une larme qui coule enfin. - Je t’ai dit de venir parce que j’voulais qu’on parle, parce que j’pensais qu’on avait quelque chose à sauver, moi … Je pensais qu’… J’sais pas … J’suis trop con …

Il sent son coeur accélérer encore un peu, a tout à coup plus mal encore à sa poitrine. Une main qui se pose sur son coeur, qui appuie dessus comme pour lui dire d’arrêter, que ça fait mal de le sentir s’affoler de la sorte. Il essaie de garder son calme, parce qu’il comprend ce qui se passe, il comprend ce qu’il va devenir s’il ne parvient pas à calmer ses mains qui tremblent. La crise. Cette putain de crise qui survient quand les émotions sont trop fortes, qu’il ne parvient pas à se contrôler. Il a besoin que quelqu’un lui vienne en aide, fasse un geste pour le rassurer, n’importe lequel. Wesley savait faire, il l’avait déjà vu dans un tel état. Il connaissait les gestes à adopter. Il suffisait de lui prendre la main, le prendre dans ses bras, ou juste lui dire des mots doux, lui répéter que tout irait bien, lui mentir s’il le fallait. Il crache entre ses dents, en essayant de mieux respirer. - T’en avais pas assez de m’avoir presque tué ? Tu voulais finir de me briser le coeur, avec ? C’est une manière de te venger de ce que je t’ai fait la dernière fois ? C’est réussi … Bravo … Tu peux partir maintenant … Il arrive même plus à contrôler ses larmes. La présence de la caravane qui lui broie le coeur, il en crève. Il reste debout, le corps tremblant, à se demander s’il aurait pas mieux fait de rester coucher, de ne pas répondre à ses messages, de rester dans le déni. Il se passe une main sur le visage, essaie de chasser ses larmes, qui ne font que s’écraser sur sa joue rouge. - Pourquoi tu m'fais ça ... ?

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
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L'idée était très simple, en venant jusqu'à l'appartement. L'idée était diablement simple. Retrouver les grands yeux de Barbie lui permettrait sûrement de savoir ce qu'il voulait vraiment. Il en avait une petite idée, le devin, il savait ce qu'il voulait. Il savait qu'il ne voulait pas partir, mais que c'était devenu une nécessité. Qu'en retrouvant son ancien amant, il ne ferait rien de plus que se tirer une balle dans le pied. Parce que rester impliquait de l'exposer à cette violence qui tiraillait sa vie depuis le début du mois. Ca impliquait de l'exposer à ce qu'il s'était passé lors de la pleine lune, au risque de le blesser à nouveau. C'était de ça que Devlin ne voulait pas. Il avait déjà provoqué tant de mal, et au nom de quoi ? De l'amour ? De la vengeance ? Du dépit ? Même pas. Juste au nom de cette force qui grouillait sous sa peau, ces milliers de piques de son propre sang dans ses veines qui lui ordonnait de détruire, encore et encore, détruire un monde qui n'avait jamais été qu'indifférent à ses problèmes. Indifférent à son existence.
Barbie n'avait pas été indifférent, pourtant. Malgré tout ce qu'ils s'étaient dit, malgré la violente dispute qui les avait séparés en danger. Malgré la morsure empoisonnée de ses mots. Il l'avait prouvé, quand le poison avait aveuglé le devin. Il l'avait prouvé par des mots qui n'avaient encore jamais franchi les lèvres ourlées. Mon amour. Il l'avait prouvé en ne cédant pas à la violence, quand bien même la réponse était aisée. C'était bien ça le pire, en réalité. Il ne s'était pas défendu.
Renvoyé à des mois en arrière, à une configuration similaire et pourtant si différente. Renvoyé à la caravane, à ces coups qui l'avaient envoyé aux Urgences, qu'il avait mis des mois à réparer, à payer, Devlin. Renvoyé aux mêmes éclats de voix, aux mêmes coups, avec une condition différente. Parce qu'avant, ils ne s'aimaient probablement pas autant. Parce qu'avant, ils pouvaient encore se sauver l'un de l'autre. Ils pouvaient encore sauver l'autre.

L'idée était simple, et elle n'en était pas moins mauvaise. Aller voir Barbie, lui offrir ce "cadeau" qu'il voulait. La présence du devin à ses côtés. Peser le pour et le contre, parler pour la première fois de leur relation. Et voir, en fonction, si les choses pourraient être différentes. S'ils pouvaient essayer de raccommoder ce qui s'était déchiré, leurs corps et leurs plaies. Et il le voulait, Devlin. Il le voulait si ardemment qu'il ne s'était pas posé la question, avait sauté au volant de son SUV aussitôt la requête de Barbie prononcée. Coeur au naufrage, crise d'angoisse pas bien loin, et la voix apaisante de Wesley en haut-parleur. Parce qu'il l'aimait, Barbie. Parce qu'il ne voulait pas l'abandonner, Barbie.
Et toute aussi simple que soit l'idée, elle était mauvaise. Hasardeuse. Il s'en rendit compte en voyant les yeux rougis, ternes de son ancien amant alors qu'il revenait de la cuisine. Sa peau si pâle autour de cette marque rouge vif qui s'étalait le long de sa joue arrondie. Les tremblements qui parcouraient son corps, et cette gêne, cette horrible gêne qui imposait une distance insupportable entre eux. Le coeur dans un étau, et la seule libération possible impossible. Parce que serrer Barbie dans ses bras lui semblait hors de portée. Terrifié à l'idée de le casser, de le briser encore plus avec son corps ou ses émotions.

Des excuses, et un regard plein d'espoir en voyant les doigts abîmés s'échiner sur le papier Hello Kitty. Des attelles autour de phalanges bleuies, et l'assurance que Barbie ne sentait pas la douleur. Mais Devlin, lui, la sentit. Une toute autre douleur alors que les mouvements de Barbie devinrent plus nerveux. Alors que son visage pâlissait à vue d'oeil, que sa mâchoire se tendait, que ses épaules s'affaissaient. Il n'aurait pas dû venir. Il n'aurait jamais dû venir, avec son coeur lourd et son cadeau réfléchi pendant des heures, des jours et des semaines. Il aurait dû partir. Le premier coup le lui confirma. Une tristesse d'une violence infinie au fond des iris marrons, et l'envie immédiate de se terrer à l'autre bout du monde.
Regarde ce que tu fais, Tarrare.
Tu n'en as pas fini de détruire tout ce que tu aimes.
C'est pour ça que tu n'as jamais laissé qui que ce soit de trop près.
C'est pour ça qu'il faut que tu reprennes cette habitude.
Tu fais vraiment trop de mal autour de toi.


Il allait rétorquer, s'expliquer. Se confondre en excuses. Lui dire que cette étoile, il la lui avait offerte avec le coeur, qu'elle représentait tant l'Homme-Enfant que le monde qu'il était aux yeux du devin. Que non, il n'avait pas l'intention de la lui offrir en le quittant. Que oui, il voulait la lui offrir en restant, et, si possible, toute sa vie à ses côtés. Mais Barbie ne lui en laissa pas le temps, enchaînant directement. La gifle suivante fut la plus puissante. Le secoua avec la violence d'un ouragan, feuille morte ballottée par la bourrasque. La caravane. Il l'avait oubliée, cette maudite caravane. La cendre de sa cigarette, accumulée tant, interdit, il n'y avait plus touchée, s'écrasa lourdement sur le rebord de la fenêtre. Le son lui parut s'il distinct qu'il fit monter tant la nausée que les larmes. Etreinte par la culpabilité, la gorge de Devlin ne semblait plus capable de laisser sortir le moindre son. Et Barbie, de continuer, lui rendant chacun des coups qu'il avait imprimés sur sa peau directement en plein cœur.

-C'est... je... moi aussi je veux qu'on parle...

Un gémissement étouffé, misérable. Une supplique devant la profondeur du mal qu'il continuait de causer, et l'envie de prendre ses jambes à son cou pour arrêter encore plus le massacre. Pour empêcher Barbie de souffrir encore plus. Wesley lui avait dit d'y aller. Wesley ne pouvait pas prévoir que Devlin ruinerait encore plus ce qu'il rêvait désespérément de sauver, trop lâche pour réussir à faire quoi que ce soit. Pour bondir de son rebord de fenêtre et empêcher le feu de consumer entièrement Barbie.
Incapable de protéger ceux qu'il aimait, parce qu'il était trop con, trop lâche, trop impuissant. Trop nocif, pour le monde entier.
Tu mérites de mourir, Tarrare.
Tu es un poison pour le monde entier, tu l'as toujours été.
C'est tout ce que tu mérites, Tarrare.
Le type de l'autre soir, il aurait mieux fait de t'achever.
Barbie, il aurait mieux fait de tirer.
Et toi, t'aurais mieux fait de mourir depuis des années.


Sauf qu'il la vit, cette main que Barbie posa sur son coeur. Il le vit, son souffle qui commençait à raccourcir, cette pâleur inhabituelle sur son visage tuméfié. Il vit son corps se courber un peu plus, à peine plus, à mesure qu'il continuait de s'exprimer. Son regard qui commençait à partir plus loin, toujours plus loin. Tant de signaux qui avaient provoqué une inquiétude si profonde qu'elle avait éclaté, mal, lors de cette dispute. Le début d'une de ces crises à l'origine inconnue, que Barbie avait chassées à coups d'excuses tordues, à chaque fois qu'ils se déclaraient, ces foutus signaux. Toujours une excuse différente. Toujours les mêmes éléments de départ, et cette crainte qui grimpait dans les entrailles du devin à l'idée qu'il ne fasse rien, strictement rien, pour se soigner. Ne t'inquiète pas. C'est rien. Ca va passer. Les signes disparaissaient, pour mieux revenir quelques jours plus tard. Devlin tendit une main doucement, vers son amant. Marqua un pas en avant, spontanément. La douleur de Barbie lui déchiquetait le coeur. C'était lui, tout ça. C'était à cause de lui que Barbie était dans cet état.

-Barbie...

L'instinct, par-dessus l'émotion. L'instinct d'un cœur qui n'en finissait plus de bondir dans sa poitrine, si violemment qu'il pourrait fêler ses côtes. Il n'existait plus, ne réalisa même pas la course chaude et humide de ses propres larmes le long de son visage abîmé, en continuant doucement. Il n'existait plus que pour Barbie, plus que pour cet homme qu'il avait tant blessé qu'il s'effondrait devant lui. La voix douce, comme avant. Les pas lents, de loup, en approchant de son ancien amant.

-B, t'es en train de partir... Ferme les yeux... S'il te plaît, ferme les yeux et concentre-toi sur ma voix...

Des paroles et un ton éprouvés, au fil des crises. Une douceur d'où perçait une profonde détresse, d'où perçaient les suppliques de son propre coeur. S'il te plaît, écoute-moi. S'il te plaît, calme-toi. Je t'ai fait tant de mal, laisse-moi au moins t'aider.
Laisse-moi au moins t'aimer.


-Inspire... Expire... Ca va aller, B, ça va aller...

Pas de velours, en approchant lentement. Le regard rivé sur le visage de son amant, rivé sur sa cicatrice, sur ses paupières closes, sur sa poitrine qui s'élevait et s'abaissait difficilement. Le devin rompit la distance en quelques pas. De si près, les plaies de Barbie lui parurent insoutenable. De si près, il avait l'air si fragile que Devlin hésita. Avait-il le droit de faire ce qu'il faisait si naturellement, avant ? Avait-il le droit de le briser encore d'avantage, après tout ce qu'il avait détruit ? Barbie n'avait-il pas raison, au fond ? Ce n'était pas une vengeance. Ca n'avait jamais été une vengeance.
Un effleurement du bout des doigts, le long de la main de Barbie. Le long de la peau mouchetée d'hématomes de ses bras, le long de ses épaules. Un contact à tâtons, l'un de ceux qui avaient pavé toute leur relation. Le coeur en suspension dans sa poitrine qui lui sembla en pleine implosion alors qu'il se glissa dans le dos de son amant, enroulant ses épaules de ses bras. Parce que ça faisait mal. Putain que ça faisait mal de l'avoir enfin contre lui. De trembler autant en le serrant contre son torse. D'avoir aussi peur de le briser en essayant de le reconstruire.

-Inspire... Je suis là, je ne vais nulle part... Expire... Je suis juste le dernier des cons. J'ai attaché la caravane ce matin, mais j'ai jamais vraiment voulu partir. Inspire, Amour... Expire... C'est pour ça que je t'ai envoyé ce message, c'est pour ça que je suis ici. Pour nous, pour te demander pardon. Pour réparer ce que j'ai cassé. J'ai sauté dans ma bagnole aussitôt que tu m'as demandé de venir, j'ai pas pris le temps de détacher la caravane. Parce que je suis un con. Parce que quand il s'agit de toi, c'est mon coeur qui réfléchit à la place de mon cerveau. Et j'enchaîne les conneries. Et je te fais du mal alors que tout ce que je veux, c'est  être ici, avec toi.

Le corps secoué par la culpabilité. Ses lèvres qui se perdirent dans les boucles brunes, ses bras qui se serrèrent. Cette boule d'un désespoir âcre qui gonflait sa gorge, et, pourtant, cette chaleur infime au creux de ses membres glacés. Parce que Barbie était là, tout contre lui. Parce qu"il pourrait crever en l'ayant là, dans ses bras. Que son monde pouvait brûler tout entier, tant qu'il pourrait rester.
Mais en avait-il le droit ? En avait-il le droit, alors qu'il déposait baisers sur baisers dans les boucles de celui qu'il avait mis tant d'application à détruire ? Avait-il le droit de partager le même air que celui qui lui apprenait à respirer ?
Se resserrant contre le dos de Barbie, contre ce corps qui avait toujours épousé si parfaitement le sien auparavant. Se réfugiant le nez dans ses cheveux pour étouffer le ressac de la culpabilité, pour noyer toute la honte et le dégoût dans une tendresse infinie. Comme une protection, les cheveux de Barbie. Comme une maison qu'il crevait de retrouver, qu'il n'avait jamais vraiment eue, que son ancien amant lui avait donnée. Qu'il avait bousillée, Devlin, en pouvant plus se contrôler. Un sanglot, étouffé dans les bouclettes. Si amer.

-J'aurais dû réfléchir, j'aurais dû la détacher avant de venir... J'étais juste... Si heureux que tu veuilles qu'on parle. J'ai pas réfléchi... J'ai paniqué.

Besoin de lui prouver. Besoin de prouver que tout était en train d'éclater chez lui, de son coeur à son âme, de ses sanglots à ces sentiments bien trop forts pour être contenus. Qu'il n'était plus qu'une bombe, sans retardement, une grenade armée. Que Barbie tenait la goupille entre ses doigts et que son monde tout entier partait en fumée, juste pour ses lèvres ourlées. Lèvres ourlées qu'il approcha, ses lèvres imprimant des baisers toujours plus désespérés le long de sa tempe, le long de sa joue intacte. Qu'il attrapa pour les relâcher aussitôt, comme s'il n'en avait pas le droit.
En avait-il jamais eu le droit ?

-Je t'aime, B, je t'aime, tu peux pas savoir à quel point... Et j'en crève. Je crève de t'avoir fait tout ça, je crève de t'avoir fait mal comme ça... Je crève de t'aimer aussi fort et de pas savoir comment te le montrer... je crève d'être aussi con et de pas savoir par où commencer pour te supplier de me pardonner...

Sa vie, au creux des bras de Devlin. Une vie qui méritait bien plus que ce qu'il pourrait jamais lui offrir, bien plus que des paroles, des excuses, ou de maigres baisers. Qu'il avait détruite de ses poings, de ses mots, de ses maladresses. Toujours maître de qui il était jusqu'à Barbie. Il ne contrôlait plus rien à l'instant même où les iris marrons, si pétillants, s'étaient accrochés aux siens.

-Je veux rester ici, avec toi, moi. Je veux tout réparer. Mais aide-moi, B, je sais pas comment faire...






L O V E
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quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
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Barbie Tarrare
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Lorsqu’il lui avait demandé de venir le rejoindre, il n’avait pas prévu que les choses tournent si facilement au vinaigre. Il avait imaginé qu’ils seraient distants un moment, qu’ils n’oseraient s’approcher de peur de brusquer l’autre. Ils seraient les figures parfaites des ces héros qui ne perdent jamais, mais qui entament toujours des conflits capables de mener à l’échec. Leurs gestes auraient été calculés, et leurs lèvres utiles qu’à une seule besogne ; la parole. Ils se seraient parfois regardé, l’envie d’embrasser l’autre passionnément se confrontant à la raison. Ils se seraient ravisés. Ils auraient discuté, peut-être ri parfois. Il se seraient tout accordé, sans jamais rien se promettre. Ils se seraient pardonnés, auraient juré pourtant de chasser les erreurs. Ils se seraient peut-être embrassés. Une première fois, du bout des lèvres. Une seconde fois, avec plus de convictions. Puis une troisième fois, une quatrième. Ils se seraient caressés. Ils auraient été heureux de se retrouver, de savoir qu’ils n’étaient plus seuls.
Mais Barbie a regardé par la fenêtre, et il y a vu une trahison. Lui qui était prêt à pardonner le premier, malgré les coups qu’il avait si brutalement reçus. Il s’était juré de ne pas faire l’enfant, de ne pas bouder son plaisir en refusant à Devlin l’accès à ses bras, à son petit corps qui avait besoin d’une dose infinie d’amour. Il avait prévu de faire le premier pas, de commencer par présenter ses excuses. Il ne savait pas réellement pourquoi, mais il sentait qu’il le devait ; lui aussi. Il tendrait vers lui une main, lui demanderait de l’attraper et de suivre ce qu’il lui dirait. Il le guiderait peut-être vers cet endroit qu’il avait choisi pour eux, ces gestes qu’il avait prévu d’effectuer. Une main sur sa joue, l’autre dans ses cheveux. Les lèvres qui n’auraient pas quitté les siennes, un seul instant. Devant le couché de soleil, le sable sous eux, le bruit des vagues. Il aurait tué, Barbie, pour arriver jusque là. Il aurait tout donné pour ne pas regarder par cette fenêtre, pour ne pas tomber nez à nez avec une vérité qui lui faisait tant de mal. Il n’avait pas prévu de se mettre à pleurer, de sentir la crise d’insensibilité totale menacer de l’engloutir pour le reste de la journée. Il lui fallait reprendre ses esprits, arrêter de penser à cette étoile qui portait son nom -factice- mais ne brillerait que dans l’ombre d’un abandon. Il ne savait pas d’où avait pu lui venir ce cran, celui de lui voiler les yeux, d’en faire un aveugle consentant pour des raisons que Barbie ne comprenait pas. Il n’avait pas envie de crier, surtout pas quand Trésor était dans les parages. Il avait remarqué qu’elle comprenait mal les engueulades, et devait se plier en quatre pour la rassurer après chaque dispute. L’animal avait la même sensibilité que son maître, autant dire qu’il était à fleur de peau.

Il aurait aimé pouvoir tout garder pour lui, ne pas avouer à Devlin qu’il avait vu le véhicule garé sur le parking, et en avait déduit un avenir horrible. Mais il était comme ça, Barbie, incapable de prendre sur lui quand les sentiments étaient trop rudes. Il avait ce besoin d’expulser ce qu’il avait sur le coeur, même quand les autres ne pouvaient pas comprendre. Il s’en serait voulu de faire semblant, de ne pas lui dire ce qu’il avait sur le coeur, parce que ça modifiait absolument toutes les scènes que son esprit avait construites. Il n’y aurait pas les baisers, les caresses, et toutes les choses qu’ils avaient à se dire. Il n’y aurait que des cris, des non-dits, et toutes les saloperies qui les auraient menés vers une séparation définitive. Devlin serait parti, et l’enfant n’aurait plus jamais eu de ses nouvelles. Il ne l’aurait pas oublié pour autant, il en était persuadé. Il n’aurait jamais envoyé de message pour prendre des nouvelles, ou alors pour les anniversaire, ou les fêtes de fin d’année. Parfois, il aurait demandé à Wesley quelques nouvelles, l’air de rien, en masquant le tremolo de sa voix. Il aurait été si difficile pour lui de ne pas l’appeler, de ne pas lui dire à quel point il s’en voulait de l’avoir laissé partir sans lui avouer qu’il crevait d’envie qu’il reste. Il serait trop tard, il s’en voudrait pour le reste de ses jours.
Mais là, il n’était pas trop tard, pas encore. Barbie avait encore le pouvoir le changer les choses, de ne pas se laisser aller à ses idioties habituelles et embrasser son amour pour Devlin avec beaucoup de vigueur. Il devrait lui hurler qu’il l’aime, qu’il souffre d’avoir ainsi subit ses coups, mais qu’il souffre encore plus de le savoir sur le départ. Il a envie de pleurer, de fondre en sanglots. Mais il ne veut pas que Devlin ne le voit dans un mauvais état, pas maintenant, pas alors qu’il les pensait sur la voie de la réconciliation.

Même alors que la crise arrive, qu’elle pointe le bout de son nez avec les symptômes habituels. Tout se passait toujours de la même manière, Barbie faisant une crise d’angoisse qui laissait souvent place à la réelle crise qui le plongeait dans une forme de catatonie. Un état qu’il détestait. Il aurait pourtant été si simple de se laisser sombrer dans ces travers. Il n’aurait eu qu’à tout faire pour déclencher ses crises, et attendre que la léthargie ne l’emporte. Il voulait aller mieux, ne plus avoir le coeur brisé en permanence, mais savait qu’agir ainsi n’était pas la bonne solution. Il valait mieux surmonter une peine, que de tout faire pour ne rien ressentir. Les blessures finiraient par se refermer, un beau jour. Il pourrait réapprendre à aimer, ou même continuer. Aux bras de Frankie, agrippé à cet amour naissant qu’il n’arrivait pas encore bien à comprendre mais qui était important. Il lui faisait du bien, le Boswel. Mais ce n’était pas pour autant qu’il s’était senti prêt à lui dire au revoir. Certaines personnes s’accordaient à dire que les cicatrices les plus sévères ne guérissaient jamais. Barbie ne voulait pas prendre le risque, parce que malgré tout, il l’aimait. Il pouvait se raconter des histoires, et faire comme si ça disparition n’avait aucune importance pour lui. Il l’avait d’ailleurs fait, essayant de s’en convaincre durant toute une journée. Mais il avait terminé en larmes, le coeur battant. Il ne pouvait pas nier l’évidence. Il était amoureux de Devlin, fou amoureux.

Il a besoin d’aide dans ces moments-là. Il lui faut quelqu’un pour le soutenir, pour lui murmurer des mots doux et caresser ses cheveux. Il lui fallait une âme charitable pour ne pas le laisser s’enfoncer dans cet état qu’il n’arrivait pas à supporter. Il voulait ressentir, même si ça faisait mal. Il voulait pouvoir poser une main sur son coeur, et verser quelques larmes. Le fait de ne pas avoir de douleur physique était déjà un détail bien assez pénible en soi dans certaines situations. Il commence à paniquer, Barbie. Parce qu’il ne sait pas si Devlin sera là pour lui, il ne sait pas s’il prendra le temps de l’aider. Peut-être partira-t-il ? Il s’échappera par la porte, estimant que ce n’était plus son problème. Cette pensée prolongea sa crise d’angoisse, lui donna un hoquet de terreur qu’il ne put réprimer, alors que Devlin fit quelques pas de souris vers lui. Il avait encore la peur dans les yeux, mais la peur de chuter, pas celle de son amour. La panique le fait presque délirer alors qu’il entend la voix de son amour lui demander de fermer les yeux. Il devait se calmer, devait arrêter d’imaginer des choses, de s’enfoncer en plus plus. Il ne sait pas pourquoi, mais il l’écoute. Il ferme les yeux, essaie de ne pas s’effondrer. Il lui arrivait d’avoir de faire des malaises si les prémisses de ses crises étaient trop violentes. Heureusement, pour le moment il n’avait que des vertiges. Une main toujours sur son propre coeur, et l’autre qui essaie de chasser les larmes. Il garde ses yeux fermés, et essaie de respirer plus calmement. Il manque d’air, a l’impression que son coeur n’est plus alimenté en sang, et son cerveau en oxygène. Il a un frisson en sentant les doigts de l’autre sur sa peau, il ne sait pas si ça lui fait du bien ; ou plus de mal encore. Il ne se formalise pas, essaie de ne pas y penser. Il veut seulement se calquer sur la voix du divinateur, sur ce qu’il lui dit. Il inspire. Il expire. Il tousse. Il inspire. Il tend l’oreille pour l’écouter, essayer de capter ce que ses lèvres lui dictent. Il se laisse engloutir entièrement par ses bras, bascule la tête en arrière pour la poser contre son épaule et reprendre son souffle. Il comprend qu’il a merdé, qu’il a eu des conclusions trop hâtives. Il renifle, essaie de calmer ses larmes. Il n’arrive pas à être rassuré, parce que s’il ne comptait pas partir, rien ne prouvait qu’il n’avait pas changé d’avis en le voyant dans un tel état. Et s’il en avait marre d’avoir à s’occuper de lui ? Qui voudrait avoir un gamin à sa charge ? Un enfant qu’il fallait sans cesse rassurer, à qui il fallait donner de l’attention, de l’amour. Il fallait s’occuper de lui, qu’il ne se blesse pas, ne fasse pas de connerie. Et parfois, il fallait calmer ses crises, lui éviter de devenir complètement fou en enchaînant l’état de transe. L’enfant essaie de ne pas y penser, afin de ne pas paniquer.
Son coeur se calme légèrement alors qu’il sent les lèvres dans ses cheveux, le souffle contre sa joue. Il en tremble encore, mais a pu calmer la folie de son palpitant. Il en meurt de ces baisers contre sa joue, de l’hésitation qu’il sent dans le corps de l’autre, dans son incapacité à aller plus loin. Et les lèvres sur les siennes, un court instant, un simple éclair. Barbie, il ouvre alors les yeux. Il a besoin de le regarder, de scruter ses yeux. Il veut savoir s’il lui dit la vérité, ou si ce n’est qu’un mensonge dans le but de le calmer et pouvoir repartir plus vite dans sa caravane. La caravane qu’il ne reverra peut-être jamais, qu’ils avaient nappée de bleu. Et Barbie il y pense, à leurs ébats dans la peinture, à cette trace de main qui ne partira jamais, parce qu’il s’est appuyé sur la peinture fraîche. Et il a tellement mal de se savoir dépendant de tout ça, de cette vie de rêve qu’ils s’étaient construits en s’aimant.

Il renifle. Il avale sa salive. Il se calme enfin complètement, ferme les yeux une fois de plus pour vérifier que tout va bien, et les ouvre en comprenant que son corps s’est calmé. Merci Dev. De ses petites mains aux doigts abîmés, Barbie attrape les deux bras du médium afin de les desserrer, mais il ne les retire pas complètement. Il les laisse ainsi, dans l’air tout autour de lui. Il ne veut pas qu’il le lâche, il ne veut pas qu’il s’en aille. Il fait volte-face, pivote afin de se retrouver face à lui. - Excuse-moi… Merci … Il reste contre lui, face à lui, et pose son front dans son cou, les bouclettes qui doivent lui chatouiller le visage. Il s’en souci pas. Ses petits bras d’enroulent autour de lui, le serrent avec force pour le sentir contre son torse. Il essaie de retenir un hoquet de tristesse, essaie de se contenir. Il souffle dans son cou, profite de son odeur ; s’y baigne. Il a tant de choses à lui dire, mais par où commencer ? - Pardon d’avoir crié … J’ai cru … Il continue de pleurer dans ses bras, réclame la tendresse qu’il lui manquait. - Pardon que t’aies dû t’occuper de moi … Il joint ses mains dans le dos de Devlin, une manière de l’empêcher de partir, sûrement.
Son corps commence à être lourd, la fatigue qui le gagne. Il a envie d’arrêter de pleurer, mais c’est plus fort que lui. Alors, il recule la tête et la relève pour le regarder. Il est toujours aussi choqué de le voir si maigre, essaie de ne pas le montrer, ne veut pas qu’il s’en aille. Se détachant de lui, il fait quelques pas en arrière et passe une main sur son visage pour chasser les larmes qui ont continué de couler. Il est surpris de le voir dans un état similaire au sien, les larmes qui ont coulé pour lui aussi. Le visage sali par la peine. Alors, il se penche vers la table basse, et attrape un paquet de lingettes. Il en sort une et la passe doucement sur les traits marqués de son ancien amant. Il efface les larmes, retire les traces de leur passage, le visage ravagé par la folie. Une fois qu’il a terminé, il reporte son attention sur lui, préférant le voir ainsi débarbouillé. - On est ridicules. Il hausse les épaules, et jette la lingette sur la table basse avant de s’asseoir sur le canapé et réfugier sa tête entre ses mains. Il ne relève plus la tête, en parlant. Ils étaient ridicules, Barbie avait raison. - Pourquoi on se met dans cet état ? Pourquoi on peut pas se contenter d’être heureux ? Il relève la tête vers lui, les yeux toujours rouges, mais il a arrêté de pleurer. Il l’examine, le regarde de haut en bas comme si quelque chose clochait chez lui. Mais il l’a aidé. Malgré tout, il l’a aidé. Il ne l’a pas abandonné à sa crise, ne s’en est pas allé comme d’autres l’aurait fait avant lui. Puis ses mots. Barbie ne savait pas s’ils étaient vrais, mais ils faisaient du bien. L’enfant tend une main vers Dev, lui intimant de venir vers lui. Il fait signe ensuite avec son doigt de se pencher vers lui, toujours assis. Pour le frapper ? Peut-être. Mais non. A la place, l’infirmier attend que le devin soit à sa hauteur, il pose ses deux mains contre ses joues, et l’embrasse brusquement. Il retient son souffle, et pose ses lèvres sur les siennes pour les posséder quelques secondes. Il le relâche ensuite, laissant tomber ses deux mains sur ses genoux. - Pardon. J’en avais trop envie. Il reste assis, comme un enfant penaud, en attendant que l’autre parle, dise quelque chose, le sorte de son malaise. Mais finalement, comme s’il ne craignait qu’il ne dise rien, il prend les devants. - Est-ce que c’était toi ? Il doit savoir de quoi Barbie parle. Les marques sur son corps. Cet homme qu’il n’a pas reconnu, qu’il n’a pas pu relier à Devlin. Il avait son apparence, sa voix, son odeur, mais ça ne pouvait pas être lui. Il lui manquait sa tendresse, et tout le positif qu’il lui inspirait. Devlin n’avait pas pu le tabasser. Il n’avait pas pu le couvrir de coup, ignorer toutes les phrases à son encontre. Parce qu’il a supplié, Barbie, il a imploré pour qu’il arrête. Devlin ne lui aurait jamais fait ça. Pas vrai ? Barbie avait besoin de savoir, s’il avait été possédé, s’il avait un jumeau, n’importe quelle connerie qui pouvait l’innocenter. - J’ai besoin de savoir, Dev. Est-ce que c’était toi ? Est-ce que … Pourquoi ? Il plante son regard dans le sien, essaie de ne pas ciller.

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
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damné(e) le : o28/10/2019
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pronom(s) : oshe / her
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Il n'aurait jamais pu laisser Barbie faire une crise. S'il en ignorait l'étendue, ou même la finalité, même en ayant rompu ces insoutenables semaines auparavant, Devlin ne l'aurait jamais laissé dans cet état. Parce qu'il savait ce qu'elle faisait, l'angoisse. Il savait tout ce qu'elle était capable d'engloutir les rêves, les espoirs. La vie toute entière. Et il ne pouvait pas la laisser faire ça à Barbie, n'avait jamais pu s'y résoudre. Quand il avait vu les premiers signes des crises couper le souffle de son amant, il avait appris à les calmer. Des gestes simples, des étreintes, des paroles réconfortantes. Ce que Barbie n'avait jamais compris, c'était que ça ne le dérangeait jamais de l'aider à ces moments-là. C'était naturel, pour l'amant. C'était naturel de tout faire pour que l'Homme-Enfant aille bien, qu'il puisse respirer, que son monde ne s'écroule jamais. Il ne s'était jamais vu comme un pilier, un remède ou un infirmier. Mais juste cette paire de bras dans lesquels Barbie pouvait se réfugier pour reprendre des forces, et lutter contre cette angoisse qui le prenait à la gorge. Des bras qui l'aimaient un peu trop fort. Un gars qui l'aimait un peu trop fort, quand bien même il ne savait pas comment le lui montrer.

Aussi, en sentant les membres de Barbie se détendre, synonyme que l'orage était en train de passer, il se rasséréna un peu lui aussi. Parce qu'il n'était pas dans un bien meilleur état que son amant, niché dans son dos pour qu'il ne puisse pas le voir. Pour qu'il n'ait pas à se soucier de son regard, de ses larmes ou de ses blessures. Qu'il ne puisse que se concentrer sur son souffle, sur ce combat qu'il menait tout seul contre la tempête et que Devlin avait toujours admiré. Parce qu'il était fort, Barbie, malgré sa carrure fine et sa petite taille. Il était fort, malgré son regard d'enfant et ses traits chérubins. Il pouvait retourner le monde s'il le voulait, il avait retourné le sien, après tout. Même dans ses faiblesses, même quand tout partait en vrille. Il le lui avait prouvé avec ses cris, avec ses attaques, avec ses coups. Barbie pouvait dévorer le monde, et Devlin avait démoli le sien. Et pourtant. Pourtant, il ne l'avait pas repoussé. Le souffle en suspension en sentant les mains blessées écarter ses bras, le devin sentit son coeur se tordre un peu plus dans sa poitrine. L'étreinte rompue, la crise passée, et Barbie s'échappait. Un battement manqua probablement dans sa cage thoracique. Un autre résonna si lourdement qu'il le secoua tout entier, alors que l'Homme-Enfant revenait se blottir contre sa poitrine.
Des frissons, à la sensation familière de son visage au creux du cou, de ses boucles léchant son visage. Une boule dans la gorge, si douloureuse qu'elle l'empêcha de respirer. Ses bras toujours suspendus dans l'air, dans le temps, autour de la carrure frêle de son amant. Ce ne fut qu'en sentant des bras s'enrouler autour de sa taille que le devin se remit en marche. Qu'il enroula à son tour ses bras autour des épaules de son amant, le serrant contre son coeur pour épancher ses larmes. Un baiser contre sa tempe. Un autre. Un hoquet silencieux, un murmure étranglé, le nez niché contre les boucles brunes :

-T'excuses pas... T'as jamais eu à t'excuser, tu sais...

C'est le cœur de son agresseur que Barbie enlaça, en joignant ses mains derrière le dos de Devlin. Un cœur qui cognait si fort contre sa poitrine, rythmant chacune de ses inspirations difficiles. Il le tuerait, Barbie, un jour. Il le rendrait cardiaque, il l'avait déjà rendu fou. Il le tuerait d'amour, de cette incapacité à le lui communiquer, à savoir s'il avait le droit ou non de glisser ses doigts dans les bouclettes brunes ou de se lover encore plus étroitement contre lui. Après tout ce qu'il lui avait fait, le devin n'était absolument plus capable de savoir où étaient les limites. A quel point pouvait-il le conserver contre lui, alors que ce n'était que ça qu'il voulait ? Le pardonnerait-il un jour suffisamment pour lui autoriser cette tendresse dont il avait si désespérément besoin ? La sensation de ne plus avoir sa place auprès de Barbie, de ne plus la mériter complètement. D'avoir perdu le droit de respirer le même air que lui, et, celle, abominable, de réaliser à quel point ça lui était devenu impossible sans l'Homme-Enfant. Lui qui s'était toujours dardé d'être libre, de ne pas se laisser attacher, s'était laissé prendre à son propre piège. Ce n'était pas Barbie, le responsable de cette captivité. C'est la puissance des sentiments que Devlin éprouvait pour lui.

Parce qu'il la sentit, la fêlure. Quand Barbie, une fois apaisé, finit par se détacher de l'étreinte. Qu'il se faufila hors de ses bras, qu'il marqua quelques pas de recul. Son regard sur sa peau, sur son corps, mit aussitôt le devin mal à l'aise. Serrant ses bras autour de son torse comme pour garder la chaleur de son ancien amant, il détourna le regard, un poids au creux du ventre. Barbie le trouvait-il monstrueux, maintenant ? Il lui avait dit, à Devlin, qu'il le trouvait beau. Le routard s'était même senti passable, en captant la tendresse des regards de son ancien amant. Mais maintenant ? Maintenant qu'il avait tout fait pour ruiner ce qu'ils avaient, maintenant que la laideur qu'il contenait se voyait physiquement, qu'est-ce qu'il en pensait ? Il s'en mordit l'intérieur de la joue, de penser si fort. La mordit d'avantage pour ne pas aller au naufrage. Ses yeux sur ses Docs défoncées, la boule au ventre, le froid partout. Si Barbie approchait pour lui donner la claque qu'il méritait, il était prêt à la recevoir.
Mais il n'y eut aucune claque. Juste la douceur froide d'un tissu humide sur son visage. Il sursauta peut-être un peu, sous le contact. Se laissa débarbouiller comme un gosse, la gorge nouée, un regard où éclataient tous ses sentiments levés sur les traits abîmés de son ancien amant.
Je t'aime tellement, B.

Un sourire fêlé, un léger rire feutré. On est ridicules. L'évidence même. Devlin renifla sourdement, passa une main dans ses cheveux massacrés. Resta planté comme un piquet à côté du canapé, incertain de la marche à suivre maintenant que Barbie reprenait les rênes de ce qu'ils étaient. L'envie de le prendre dans ses bras et d'arrêter les frais. L'envie de prendre ses jambes à son cou et de lui foutre la paix. Les questions de son ancien amant se répercutèrent dans son esprit, bousculèrent ses idées noires. A trop réfléchir, ils finiraient par se faire mal. Avaient fini par se faire mal. Terriblement mal. Mais il fut incapable de savoir s'il s'agissait de questions rhétoriques ou s'il devait répondre. Alors il attendit la suite, chassant l'interrogation d'un lourd soupir. Laissant la mélancolie se perdre dans la confusion, devant le regard inquisiteur de Barbie.

C'est ça en fait, B ?
Tu me vois comme un monstre ?
Tu me vois comme je suis ?


Il se haït, sous se regard rouge. Se haït d'être aussi laid, d'être aussi mauvais, d'être aussi destructeur. Il haït sa maladie, ses visions, ses décisions. Chacun de ses mauvais pas, toutes ses maladresses. Mais il avança, malgré tout ça. Obéit au geste sans savoir à quoi s'attendre, se pencha, en comprenant. Il allait la prendre, sa gifle. Il espérait qu'elle lui déboîte les cervicales. Il était prêt. Les yeux fermés, pour recevoir sa sentence, à retenir son souffle comme un enfant. Des mains se posèrent sur ses joues endolories, mais pas pour le frapper. Des lèvres effleurèrent les siennes puis s'y posèrent enfin, et le devin crut perdre pied. Ce n'était pas une gifle. C'était bien pire que ça. Un élan de tendresse qu'il ne méritait pas.

-Barbie... ?

Perdu. Perdu en rouvrant difficilement les yeux, perdu en se glissant sur le canapé. Perdu d'en vouloir d'avantage, de ces lèvres, sans savoir s'il pouvait les réclamer. Perdu par ce malaise qui les empêchait de communiquer. Il se tordit les mains, Devlin, sans savoir qu'en faire pour le crever, cet abcès. Les codes avaient changé, mais personne ne lui avait donné le nouveau règlement. Mais avaient-ils tant changé que ça, au fond ? Parce qu'il était là, cet amour furieux qui lui coulait dans les veines. Elle était encore là, la tendresse de Barbie. Ses regards, ses gestes. Il voulait savoir pourquoi, le devin. Il voulait savoir pourquoi Barbie était aussi tendre, pourquoi il était toujours aussi doux, pourquoi il n'avait pas fui, pourquoi il n'avait pas catégoriquement refusé de répondre à son SMS. S'il fallait ou non qu'il parte. S'il voulait ou non qu'il reste.  

Son genou blessé se mit à battre une cadence nerveuse, à la première vraie question de leur entrevue. Passant une main dans ses mèches mutilées, puis sur son visage, le devin attendit quelques instants le temps de rassembler ses pensées. Tout tourbillonnait dans son crâne, l'amertume, le dégoût, la honte. La culpabilité, acérée, à chaque fois qu'il apercevait la marque rougeâtre sur la peau claire de Barbie. Une fébrilité qui ne lui ressemblait en même temps qu'elle lui ressemblait trop. C'était son âme qui dégueulait son mal-être tous les soirs, depuis le début du mois. Un mal-être qu'il tenta de canaliser en tendant doucement une main vers celle, valide, de l'Homme-Enfant. Pas de gestes brusques, pour ne pas l'effrayer. Barbie lui avait dit ne pas ressentir la douleur, il l'avait même répété plusieurs fois, mais il n'y avait rien à faire, l'information n'imprimait jamais. Ce fut avec douceur qu'il joua avec les doigts clairs, qu'il étudia le tracé des ecchymoses qu'il avait lui-même laissées. Une main abîmée par le manque de contrôle. Ses lèvres se posèrent d'elles-mêmes contre la peau mouchetée. Un lourd soupir, contre la peau fraîche.Je suis désolé. Je suis tellement désolé.

-J'aimerais pouvoir te dire que non, B, mais la vérité c'est que... j'en sais rien. Je comprends pas ce qui m'arrive, c'est comme si toutes les nuits je pétais un plomb. Je contrôle rien. Je sais juste quand ça commence, et les dégâts que j'ai faits quand ça se termine.

Ses doigts reprirent leurs manipulations, le long des phalanges de Barbie. Le temps de rassembler d'avantage ses pensées confuses, d'offrir une véritable explication à son ancien amant. Il était monstrueux, c'était ça, la vérité. C'était ce qui se disait dans sa tête, ce qui se murmurait au creux de son oreille tous les soirs. N'y tenant plus, il lia ses doigts à ceux de son ancien amant. S'offrit timidement un contact qu'il désespérait de retrouver, dans toute sa culpabilité.

-C'est comme si... Comme si dès que le soleil se couchait, toutes mes pensées s'accordaient pour me mettre la misère. J'ai comme une colère qui me vient, sans raison particulière, qui grimpe et qui grimpe. Arrive un moment où je peux plus la contrôler. Ma vision se trouble, mon corps part en pilotage automatique. Je peux plus le rattraper que j'ai déjà tout bousillé. Des fois, j'ai des coups de lucidité. Je vois ce que je suis en train de faire, j'essaie de me retenir. Mais la rage reprend vite du terrain, et tout ce que je vois, c'est du rouge. Y'a pas de cible particulière, de raison particulière, de situation particulière. Si j'ai personne en face de moi, si j'ai rien à défoncer physiquement, c'est à moi que je m'en prends.

Un soupir abattu affaissant ses épaules, le devin tira sur la manche de son blouson pour dévoiler son poignet. Au-dessus de leurs mains jointes, la trace droite et noirâtre laissée par les menottes avec lesquelles il s'attachait le soir, dans la cabane de Wes. Des marques de griffures profondes le long de sa peau brune, faites par ses propres ongles. Ses tremblements le reprirent. Son genou se remit à battre furieusement une cadence sans musique.

-Wes m'a filé la clé d'une "cabane" qui appartient à son daron, pour les crises. J'ai viré tout ce qui tranche, parce que le dernier soir où j'ai eu des ciseaux entre les mains, j'ai joué à Edward Scissorhands avec mes cheveux. J'avais des coupures partout, sur les doigts, sur les oreilles, dans la nuque. Si j'ai les ongles aussi court, c'est parce que je me griffe au sang sans m'en rendre compte. Je suis obligé de m'attacher au lit pour rien bousiller, ou pour pas me faire mal.

Des mains qui détruisaient, tout, sur leur passage. Devlin leva enfin les yeux vers son amant. Sentit cette boule revenir gonfler sa gorge, rendant sa respiration douloureuse. Levant sa main libre vers le visage de son amant, il se ravisa. La laissa tomber piteusement sur sa cuisse, relâchant son étreinte autour des doigts de Barbie, de peur qu'elle soit trop forte.

-Et j'attaque tout, sans distinction. Et je t'ai attaqué toi, et putain, ce que je me hais pour ce que je t'ai fait. Tu peux pas savoir à quel point je me hais, B, à quel point je suis désolé. J'ai jamais voulu ça. Ca a jamais été moi, ça.

Ses doigts s'échappèrent de la main de Barbie, de peur de la brûler. D'être de trop, de ne pas être à sa place. De ne pas mériter ni son pardon, ni sa pitié. Il joignit ses mains entre elles. Tenta de canaliser le dégoût, cette envie de pleurer qui le reprenait et celle, obsédante, de prendre ses jambes à son cou. Ils devaient parler. Ils devaient se dire les choses. Toute aussi difficile que soit l'épreuve, Devlin le devait bien à son ancien amant.

-La seule fois où ça s'est calmé, c'était quand... quand...

J'ai failli te tuer.

Il serra ses mains entre elles, si fort que ses phalanges blanchirent. Entendit plus qu'il ne sentit le bruit sourd que fit une larme, en s'écrasant sur son jean. Les images bien trop nettes, devant ses yeux. Il s'efforça d'en chasser l'horreur, la brume, les larmes du revers de la main, renifla lourdement, misérable. Il crevait de froid.
Tu aurais dû mourir, Tarrare.


-Pourquoi t'as pas tiré, B ? Pourquoi tu t'es pas défendu ? J'ai failli te tuer, putain... Pourquoi tu m'as pas arrêté ?

Qu'est-ce que tu aurais fait, si tu l'avais tué, Tarrare ?
Je me serais foutu en l'air.


Une nouvelle secousse. Il fourra son visage dans ses mains, incapable de soutenir d'avantage les effets de ses propres erreurs. Indigne de caresser du regard l'univers qui l'entourait, chargé de tant de souvenirs positifs qu'ils lui en filaient le tournis.

-Comment tu peux encore vouloir me voir, vouloir m'embrasser après ça ? Pourquoi est-ce que t'as pas peur de moi alors que ça pourrait très bien recommencer ? Que ça pourrait être pire, que je pourrais vraiment te tuer ? Prendre de l'ichor me calme un peu, mais qu'est-ce qu'on fait si c'est pas suffisant ?

Il ne comprenait pas. Il ne comprenait plus rien.
Rien qu'une seule chose : il était en train de s'effondrer.

-Je peux pas vivre dans un monde où t'es mort par ma faute, Barbie. Je peux vraiment pas...

Serre-moi, je m'écroule.
Je t'en supplie, serre-moi contre toi.







L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
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bougies soufflées : o34
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Il se sent mieux lorsque ses bras l’enlacent. Il peut sentir les battements irréguliers de son coeur qui survit à peine dans sa poitrine. En fermant les yeux, il peut profiter de sa chaleur, de son souffle, surtout de son odeur, du contact de sa peau, et de lui tout entier. Il aimait le sentir contre lui, pouvoir cacher son visage dans le creux de son cou et fermer les yeux en attendant que ça passe. Il aimait avoir l’impression d’être protégé par ses bras, qu’il ne risquait rien tant qu’il ne quittait pas le cercle de ses membres qui faisaient pression autour de lui. Il sait que c’est grâce à lui que la crise est passée, et peut-être que ce détail joue dans la décision que compte prendre Barbie. La possibilité qu’il s’en aille en quittant la pièce était encore établie, et rien ne lui prouvait qu’il ne lui disait pas toutes ces belles choses uniquement afin de l’endormir, et de ne pas avoir de nouvelles vagues avant qu’il ne mette les voiles. L’idée était mauvaise, et il se sentait sombrer dans une profonde tristesse en pensant à cette éventualité. Même une fois détaché de son corps, tantôt chassant les larmes du camp adversaire, tantôt assis à attendre que les tremblements de son corps ne s’éloignent totalement, il garde cette possibilité à l’esprit. Il essaie de le retenir, de soutenir le peu qu’il restait entre eux. L’enfant savait que l’amour était toujours présent, qu’il ne fallait pas grand chose pour le raviver et faire en sorte qu’il les éloigne de toute cette histoire. Un baiser ne suffirait pas, mais le besoin de poser ses lèvres contre les siennes avait été bien trop pressant pour qu’il ne le fasse pas. Mais il est déçu, Barbie. Il aurait aimé qu’il le suive. Il aurait aimé qu’il lui rende son baiser. Il aurait aimé qu’il se moque de ses questions, qu’il n’y réponde que plus tard. Il aurait aimé qu’il s’empare de lui, qu’il empoigne les boucles de ses cheveux et l’embrasse à lui en voler son souffle. Il aurait aimé le sentir, repérer chaque tremblement dans sa voix pendant qu’il s’élancerait contre lui. Il aurait aimé qu’il l’aime un peu plus ; assez pour prendre sur lui, se défaire de tous les codes qui l’empêchait de s’écraser contre son torse, et l’embrasser. Putain, qu’il avait besoin de l’embrasser.

Mais l’autre se contente de s’asseoir à côté de lui, et de formuler une réponse. Un élève obéissant qui prend le temps de répondre aux interrogations du professeur. Il continue de regarder devant lui, Barbie. Les yeux rivés sur un point invisible, quelque chose qui paraît pourtant plus palpable que ce qu’il se passe entre eux. Un mur qui s’est érigé. Il laisse échapper sa main, lui offre sans vraiment réagir. Son regard s’affirme sur ses propres doigts, sans réelle expression sur le visage. Juste un vide, qu’il camoufle derrière son regard baissé. Il ne peut pas le regarder dans les yeux, ne peut pas lui montrer ce qu’il attend de lui. Il l’écoute à moitié, étudiant avec quelle douceur il pose ses lèvres contre sa peau. Une douceur qu’il pensait perdue, qu’il n’avait pas ressenti ce soir-là. Une douceur qu’il avait pleuré, enterré sous l’autel de cet amour qu’il pensait brisé à jamais. Sa main tremble légèrement alors que ses phalanges se couplent aux siennes. Mains scellées, comme un secret qui les liait de nouveau. Il en ferme les yeux un court instant, le temps d’apprécier le contact qui lui avait tant manqué ces dernières semaines. Il a presque un mouvement de recul en voyant les marques maculer sa chair. Il revoit alors ses mains, ces mêmes mains qui caressent aujourd’hui, s’abattre avec fracas sur son visage. Il les revoit se serrer autour de lui, faire pression contre sa peau, et réduire en cendres les supplications qu’il lui adressait. C’est peut-être pour cette raison qu’i la un infime mouvement de recul en voyant ses doigts approcher son visage. Il s’en veut immédiatement, s’en veut d’être si faible. Lui aussi lui avait fait subir des choses similaire, et il lui avait pardonné. Il avait vécu bien pire, avait subi des sévices insurmontables dans le cadre de son travail. Il avait été torturé, il avait été malmené, il avait même été poignardé. mais aucune blessure n’avait été aussi douloureuse, parce qu’aucune ne venait de ces mains-là. Lorsque Frankie le frappait, lorsqu’il étalait lui aussi des traces rouges contre sa peau, cela faisait partie du jeu. Il s’agissait d’un accord commun, un consentement qu’il avait donné au début de leur relation. Mais avec Devlin, les choses étaient différentes. Barbie pose ses deux mains sur ses cuisses, ne sachant qu’en faire. La seule fois où ça s'est calmé, c'était quand... quand… Par réflexe, Barbie approche son pouce de ses lèvres et commence à le grignoter, un sanglot bloqué dans son ventre. Il n’a plus d’ongle à ronger, plus que sa peau à éliminer de ses dents tremblantes.
Il baisse ses yeux sur le tapis, celui qu’ils ont changé récemment parce qu’il avait renversé une bouteille dessus en fin d’année. Ils avaient dû jeter l’ancien, et Wesley en avait ramené un nouveau, en un claquement de doigt. Il laisse son regard se perdre sur la forme, sur la couleur, de demander pourquoi il l’a pris lui plutôt qu’un autre ? Son esprit qui essaie de fuir, de ne pas continuer à l’écouter. Mais il l’entend malgré lui, et lui répond sans savoir comment s’y prendre. Il ne se l’était pas posé cette question, celle de savoir pourquoi il ne l’avait pas tué. Il avait eu l’arme entre les mains, et savait comment s’en servir. Il ne lui aurait fallut que d’une simple pression pour l’arrêter, pour ne pas subir tous les coups qu’il lui a adressé. Mais il ne l’a pas fait. Et la réponse était évidente, la question ne se posant même pas. Il lâche un instant la peau de son doigt, le regard toujours rivé au sol. - Parce que, je t’aime. C’est une évidence. C’est putain de clair, pourtant. Il ne pouvait pas trouver de meilleure réponse, sachant qu’aucune ne serait aussi juste que cette dernière. Parce que je t’aime, idiot. Il reprend son pouce, mais ne l’attaque pas cette fois-ci. Il le met dans sa bouche, le suçote, l’écrase de sa langue contre son palais. L’enfant qui suce son pouce, il se sent ridicule.

Il relâche son doigt, essaie de se contenir. Il relève enfin les yeux, dévisage Devlin avec une question qui lui brûle les lèvres. Une question pour répondre à une autre. Une question pour reprendre une partie de la sienne. Une question qui lui arrache un souffle plus violent que les autres. Il le regarde, les yeux légèrement hagards. - Ça pourrait recommencer ? Il ne pensait pas, il n’y avait pas réfléchi. - Mourir me fait pas peur, vraiment … Je ne crains pas la mort, mais … Je veux pas que ce soit sous tes mains. Il lève sa main qui a l’attelle, et la pose dans les cheveux du divinateur. Doucement, il les caresse doucement en soupirant. Il a besoin de le rassurer, il a besoin de le voir sourire. Il se sent mourir un peu, de le voir ainsi désespéré. Un crève coeur, de ne pouvoir rien faire pour qu’il aille mieux. Il attrape quelques mèches de ses cheveux entre ses doigts, et étudie la longueur en soupirant. Au moins, il n’en avait pas enlevé plus. Il se rapproche de lui, sa cuisse se collant contre la sienne. Il pose une main sur les siennes, alors que l’autre est toujours dans sa crinière. Il lui fait relever la tête, lui fait baisser les mains. Il caresse son visage du bout des doigts, parcoure sa joue, son menton, son front. Il fait le tour, essaie de chasser tout le mal qui le ronge un peu trop. Il a tellement mal de le voir comme ça, de le sentir si désespéré par la situation. Il a presque envie de s’excuser, de lui dire qu’il n’y est pour rien et que c’est lui qui l’a poussé à bout. Il lâche son visage, et se penche légèrement pour attraper sa peluche à côté de la table basse. Il dépose l’éléphant brun sur les genoux du devin, mais laisse ses doigts dans ses cheveux en lui murmurant quelques mots. - Tiens, il est magique. Si tu le sers contre toi, il exauce tous tes voeux. Il n’a montré qu’à peu de monde qu’il avait encore une peluche pour lui tenir compagnie la nuit. Il avait peur du noir quand il était petit, et ses parents se moquaient bien de lui offrir une veilleuse pour dissiper ses cauchemars. Alors, il s’était rapproché de cette petite peluche qui n’avait pas encore de nom. Elle l’aidait à aller mieux lorsqu’il avait peur, lorsqu’il n’était plus sûr de lui, ou que simplement il avait besoin de quelque chose à serrer dans ses bras.
Il lâche ses cheveux, et se penche vers lui en passant un bras autour de lui. Il ne peut pas le rassurer concernant cette chose infâme qui semble s’être emparé de lui, il n’y peut absolument rien. Malgré tout, il peut le rassurer concernant le reste, il peut être là pour lui, il peut faire son possible pour le voir sourire à nouveau. Il garde son bras autour de lui, et lui fait pencher la tête, en posant sa tête par-dessus la sienne. Il parle tout bas, comme pour ne pas être trop brusque avec lui. Et pour une fois, il est franc, honnête. - Il y a une chose sur laquelle tu te trompes complètement, Dev. Il ferme les yeux, et soupire, rêvant de ne jamais briser le contact. - J’ai peur. Il prend une profonde inspiration avant de poursuivre. - Je veux être honnête, je suis terrifié. Encore plus maintenant que je sais que ça pourrait recommencer. Mais j’estime pouvoir surmonter ça pour toi. Il remet son pouce dans sa bouche, décortiquant sa peau une fois de plus. Un tic nerveux qui ne le quitte plus depuis un moment ; qui revient à chaque période de stress. Il essaie de ne pas trembler afin de ne pas aggraver la situation.

Il reste ainsi, n’ajoute rien. Il le tient contre lui, en ne faisant rien de plus que d’être présent. Que pouvait-il ajouter ? Rien qui ne lui serait utile. Il ne voulait pas l’enfoncer, il ne voulait pas empirer les choses. Alors, autant se taire, et attendre que la tempête ne passe. Finalement, il relève la tête, et pose sa seconde main contre le menton de son ancien amant afin de le forcer à la relever lui-aussi et à le regarder. Il murmure. - Moi je les trouve très bien tes cheveux, comme ça. Et il est sincère, il le trouve toujours aussi beau ; malgré tout. Il lui sourit légèrement. - Mais je t'interdis de couper plus court, ou je me rase le crâne.

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close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
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Tout était sorti d'un bloc, sans qu'il n'ait eu le moindre moyen de les retenir : l'angoisse, l'horreur, la honte, la culpabilité. La douleur. Des semaines d'errance pour une seule raison, des semaines d'horreur à ne rien comprendre de ce qui lui arrivait. L'air d'Exeter l'avait changé, il en avait une vague notion, le devin. Mais il avait sous-estimé à quel point, avec quelle intensité, à quel degré ces changements étaient profonds. Une vision des choses et du monde radicalement opposés à ce à quoi il s'était habitué. Des personnes auxquelles se lier entièrement différentes de ce à quoi il s'attendait. Des situations incompréhensibles, et tous ces changements dans la manière même dont son corps réagissait. Il était devenu à l'image de cette ville, celui qui n'avait jamais voulu y rester trop longtemps : changeant, comme tous ses résidents. Et il haïssait ce qu'il était devenu. Un être colérique, instable, incontrôlable. Il espérait que ça ne dure pas, que, comme cette étrange sensation d'empathie physique qu'il avait ressentie pendant les fêtes, ça finisse par s'estomper. Mais combien de fois cela durerait-il ? Combien de nuits devrait-il encore s'attacher aux barreaux du lit de Wesley, dans sa cabane à l'orée de la forêt, juste pour ne pas reproduire ses erreurs des jours passés ?
Ca le bouffait, cette dangerosité. Pas seulement la terreur à l'idée de faire pire, pas seulement cette montée d'angoisse qui accompagnait la fébrilité du crépuscule. Mais la perspective de refaire à Barbie ce qu'il lui avait déjà fait. Et s'il se doutait que cette conversation ne prenait certainement pas le tournant que son ancien amant aurait espéré, il n'y pouvait rien. La question une fois posée avait été cette pointe pour percer un abcès que le devin aurait préféré ne jamais crever. Parce qu'au final, quand avait-il eu l'occasion de mettre des mots sur ses troubles ? Jamais.
Quand avait-il eu l'occasion d'expliquer précisément à Barbie tout ce qu'il s'était passé, et tout ce qu'il avait sur le coeur concernant cette nuit abominable ? Jamais.

L'impression de s'être éparpillé en morceaux dans ce salon qui n'avait jamais respiré que la joie, mais, aussi, celle que ce faisant un poids monumental s'échappait de ses épaules. Il ne respirait pas plus, le souffle haché par la douleur. Mais l'abcès était crevé. L'abcès était en train de se vider, petit à petit, tout doucement. La question de Barbie, en écho à ses propres terreurs, arracha un frisson au devin. Oui, ça va recommencer. Enfonçant d'avantage son visage entre ses mains, Devlin entreprit de rassembler ses forces pour y répondre. Se heurta à un aveu qui le conforta dans son propre malaise. Une fêlure, un murmure :

-On est deux, alors.

Deux à ne pas vouloir que le plus jeune meure sous les coups de son amant. Deux à être d'accord sur les risques, sur le danger qu'ils courraient s'ils étaient ensemble. Est-ce que ce serait le synonyme de la fin ? Un commun accord, pris à deux, pour éviter l'inconcevable ? Si c'était ce que désirait Barbie, il partirait. Pour sa sécurité, il reprendrait la route et irait se perdre quelque part dans une forêt, une montagne ou un désert. Là où il n'y aurait personne d'autre que Devlin puisse blesser sinon lui-même. La caravane était déjà prête, il n'avait qu'à le dire. Il s'y était préparé, le précogue. Il l'avait presque vu venir, à ce titre. Ce qu'il ne vit pas venir, toutefois, ce fut la douceur des doigts blessés sur ses mèches noires. Un geste apaisant, si paradoxalement apaisant compte tenu du risque que Barbie courait. Il n'avait pas peur de la mort. Il le prouvait, en caressant un animal qui vivait de sa rage tous les soirs depuis des semaines. Il se prouvait se sentir capable de dompter la bête sauvage de quelques caresses. Conscient du soulagement qu'il provoquait chez elle. Inconscient des conséquences de son geste.
Anesthésié par ses larmes, anesthésié par l'inconscience de Barbie, le devin se laissa faire. Ferma les yeux en retenant son souffle sous le tracé des doigts sur son visage, ses sens aiguisés ne percevant que trop bien la chaleur de cette cuisse contre la sienne. Le cœur battant ses "je t'aime" à pleine puissance dans sa poitrine, si fort qu'il le faisait trembler. Marionnette, sous les doigts de son marionnettiste. Animal retrouvant sa domesticité à chaque nouvelle tentative de son soigneur. Des yeux noirs qui se rouvrirent, encore brumeux, sur le visage abîmé de son ancien amant. Chargés de toute cette reconnaissance qui l'étouffait. Toutes ces excuses qui le suffoquaient.

Pardon, Barbie.
Pardonne-moi de t'aimer aussi mal.
Pardonne-moi de t'avoir fait si mal.
Pardonne-moi d'être moi.


Un petit éléphant brun atterrit sur ses cuisses. Un sourire fragile s'étira sur les lèvres du devin, un de ces sourires à deux doigts de se briser. Il le connaissait bien, ce petit éléphant. L'avait remarqué quelques fois en venant dormir à l'appartement, niché entre deux oreillers, caché plus ou moins savamment selon l'heure de ses visites. Ne l'avait vu qu'une seule fois au creux des bras d'un Barbie assoupi, cette vision si innocente soulevant une nuée de papillons dans l'estomac de Devlin. L'Homme-Enfant n'avait jamais eu besoin d'avoir honte de dormir avec cette peluche, même maintenant qu'il avait atteint la trentaine. L'idée même était si adorable qu'elle avait fait sourire le routard plus d'une fois. Ses doigts noueux s'enroulèrent autour des pattes de l'animal en peluche. Il déposa un baiser humide sur la fourrure synthétique, exactement comme il le faisait avec Trésor. Il avait de l'importance, cet éléphant. Que Barbie le lui confie lui réchauffait le coeur. Un premier vœu se manifesta, qu'il ne garda qu'entre lui et la peluche magique : Petit éléphant, fais que ton maître ne perde jamais sa si belle âme. Obéissant à la règle, il le serra contre son cœur. En formula trois autres, chassant les idées noires en se focalisant sur ce remède enfantin.

Petit éléphant, fais que Barbie ne souffre plus à cause de moi.
Petit éléphant, fais que tout s'arrange.
Petit éléphant, fais que j'aie encore le droit de l'embrasser.


Il n'était pas sûr que ça marche, pas plus qu'il n'était sûr qu'un petit éléphant brun en peluche ait autant de pouvoir. Pourtant, il sentit la tension accumulée ces derniers temps s'échapper progressivement. Elle avait une origine, cette fuite des idées noires. Elle se trouvait dans ce bras que Barbie venait d'enrouler autour de ses épaules, dans sa tête qu'il venait de caler contre celle de Devlin. L'éléphant toujours serré contre son coeur, il se laissa fondre dans l'étreinte. Sentit ses muscles se dénouer un à un, l'odeur de Barbie de nouveau tout autour de lui. Un de ses bras se détacha de l'éléphant, s'étira naturellement en travers des hanches de son ancien amant. Sa chaleur lui manquait tellement. Sa tendresse lui manquait terriblement. Cruellement. Les yeux fermés, blottis contre Barbie, et l'impression de retrouver progressivement sa place dans l'univers. Ses doigts agrippèrent une patte de la peluche en captant ses murmures.

Parce qu'ils faisaient aussi mal qu'ils donnaient de l'espoir, ces murmures. Lourds de vérités, lourds de cette vérité toute particulière qui planait sur leur relation : il y aurait ce danger permanent, à chacune de leurs nuits. Il y aurait ce risque, cette terreur, dès que les rayons de la Lune perceraient les nuages. Et Barbie était terrifié. Par lui, par ce qu'il était capable de faire. Mais Barbie voulais le surmonter. Pour Devlin. Personne n'avait jamais fait le moindre sacrifice pour le routard. Il y avait eu des gestes dans sa direction, des mains tendues, des coups de pouce. Mais personne n'avait jamais décidé de faire un geste aussi conséquent, aussi important pour lui. On ne bravait pas le danger pour lui, normalement. On le laissait se démerder avec ses problèmes, ses cauchemars, ses traumatismes. On le laissait dans ses souffrances, pas parce qu'on s'en foutait, mais parce que c'était ce qu'il imposait.
Mais pas Barbie. Petit éléphant, fais que je ne me remette pas à pleurer comme un gosse. Parce que Dieu seul savait à quel point il en avait envie, touché comme il était. Le cœur gros comme une montagne, comme une planète, et à deux doigts d'éclater. Il entendit le bruit humide et les secousses d'un pouce qui se faisait malmener avant de l'apercevoir. Lutta contre le flot d'émotions qui le secouait pour murmurer, la gorge trop nouée pour faire mieux.

-T'as pas à surmonter ça tout seul, B. Je t'aiderai.

On l'a déjà fait, toi et moi.
Pas pour les mêmes raisons, pas de la même manière.
Mais on sait qu'on l'a déjà fait.
Et je t'aime trop pour te laisser lutter seul contre mes erreurs.


Non, il ne le laisserait pas se débrouiller seul. Oui, il se battrait bec et ongles pour le protéger. Quoi qu'en dise la lune, quoi qu'en dise son corps qu'il ne parvenait pas à contrôler. Pour Barbie, il trouverait des solutions. Les événements de la pleine lune lui avaient appris que cette substance, l'ichor, le calmait. Il avait déjà commencé à faire des tests, la nuit précédente. Menotté à son lit, la substance au creux du ventre, il avait tenu le coup pendant quelques heures. Lorsque la crise l'avait pris, la nuit était suffisamment avancée pour qu'il ne se blesse pas autant que les fois d'avant. Ils pourraient s'en sortir. Il suffisait de trouver une parade. De s'adapter. Parce que c'était ça qu'il venait de faire, Barbie, en étant aussi beau. En étant aussi incroyable qu'il l'avait toujours été, avec ces mots qui touchaient en plein coeur, avec cette tendresse qui donnait toujours plus envie au devin de passer ses nuits, sa vie, pendu à ses lèvres. Il avait ravivé l'espoir.
Un cadeau magnifique, bien plus beau qu'une galaxie qui se brancherait sur secteur, ou le contrat d'adoption d'une étoile. Un cadeau si beau que, quand deux doigts se posèrent sous son menton, Devlin leva un regard d'une tendresse infinie vers son ancien amant. Il était beau, Barbie. Peu importaient les blessures, peu importait le poids de la culpabilité. Ce n'étaient pas seulement ses traits, c'étaient ses manières, ses paroles, ses convictions.

C'étaient ces réflexions, aussi, qui lui donnaient l'illusion d'être beau, à Devlin. Des petits mots de rien qui faisaient un grand tout. Une moue boudeuse sur les traits, il répliqua, le cœur bien plus léger qu'auparavant :

-Et je fais comment si j'ai envie de savoir si j'ai une tête d'oeuf ?

Son bras quitta la taille de son amant pour mieux laisser ses doigts glisser entre les boucles brunes. Un sourire amusé, le premier, s'étira sous les moustaches noires du devin. Un sourire un peu tordu, un peu abîmé, mais sincère, en caressant les cheveux de Barbie.

-Mais je les aime mieux sur ta tête, tes jolies bouclettes. Alors je te promets que t'auras pas à sortir ta tondeuse, pour leur survie.

Ses doigts jouèrent doucement avec le rebond des boucles, glissèrent finalement le long de la tempe de l'Homme-Enfant. Effleurèrent à peine le tracé rougeâtre de la marque qu'il lui avait laissée le long de la joue. Comme si le contact brûlait, ils se faufilèrent jusqu'à la nuque et Devlin attira le visage de son amant contre le sien. S'autorisa un baiser lourd de gratitude, de tendresse et d'affection contre les lèvres ourlées. L'impression d'abattre le dernier mur qui les séparait. La sensation de se liquéfier contre cette bouche qu'il avait tant tardé à retrouver. Il ne le relâcha qu'une fois à court de souffle, qu'une fois rassasié. Le goût de Barbie chassant les doutes, et permettant à ce murmure de se faufiler entre deux soupirs :

-Je te promets de tout faire pour que tu n'aies plus à avoir peur.

Sa main toujours dans la nuque de Barbie, il se redressa lentement. Lâcha le petit éléphant, s'installant plus confortablement sur le canapé. Ses genoux contre la cuisse de son ancien amant, alors qu'il prenait son visage en coupe entre ses mains. Il ne sentait peut-être pas la douleur, ça ne l'empêcherait jamais de compenser tout le mal qu'il avait pu faire en étant particulièrement doux. Il avait peut-être peur, mais ils avaient appris tous les deux comment marcher sur des oeufs. Un rituel auquel ils s'étaient déjà rompus ensemble, pour des raisons différentes. Et s'il guettait déjà la moindre trace de crainte ou d'inconfort dans les grands yeux marrons, le devin redoubla de délicatesse en revenant savourer ses lèvres. En capturant de nouveau sa bouche. En lui offrant enfin un de ces multiples cadeaux qui étaient supposés accompagner son anniversaire.

Peut-être étaient-ils toujours aussi ridicules. Mais si ça signifiait de relâcher le visage de Barbie pour attraper sa main valide dans la sienne, le devin était d'accord pour être ridicule. Si ça signifiait de relâcher ses lèvres pour savourer son souffle contre sa peau, Devlin était prêt à s'en couvrir, de ridicule. Si pour pouvoir glisser une traînée de baisers le long du rouge qui marquait le visage angélique de son ancien amant, il devait être ridicule, Devlin était le meilleur des clowns. Pire, il était mime. Silencieux exécutant de l'amour, ses lèvres se perdant le long de cette joue abîmée. Silencieux exécutant de sa culpabilité, en demandant pardon du bout des lèvres tant à cette cicatrice qu'à son propriétaire. Son pouce explora le dos de la main de Barbie, s'arrêta sur les aspérités d'une bague jusqu'alors inconnue. Le cadeau de Wes, probablement. Un rappel à l'ordre, pour ne pas trop se perdre. Il finit par relâcher la main abîmée puis par déposer un dernier baiser sur le front orné de bouclettes, avant d'enrouler ses bras autour de son amant. De l'attirer contre lui, compensant enfin le manque de proximité de ces dernières semaines. Le menton calé au creux de son cou, et le nez dans ses bouclettes. Une bouffée de Barbie dans les poumons, et la sensation que le monde recommençait à tourner correctement.

-J'aurais dû faire ça à la minute même où tu m'as ouvert. Désolé de t'avoir fait perdre tout ce temps.

Une vive saillie de douleur, au niveau du genou, le ramena à sa réalité. Une grimace, il pâlit. S'il avait réussi à se procurer quelques antidouleurs grâce à quelques contacts, Devlin n'était pas un surhomme. Il relâcha l'étreinte à regret pour se réinstaller plus confortablement dans le canapé. Reprit la main de Barbie dans la sienne, tirant doucement dessus comme une invitation à se blottir contre lui. Une compensation, que ces bouffées de tendresse. Une manière de repousser un peu plus l'inévitable, cette conversation qu'ils devaient continuer.





L O V E
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quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
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Il avait besoin de tendresse, après toutes ces épreuves. Il ne demandait pas des gestes insurmontables, ni des années de caresses ; seulement un baiser ou deux. Il avait besoin de se sentir soutenu, de ressentir l’amour qu’il prétendait lui porter. Les coups avaient annulé tous les gestes tendres qu’il avait reçu jusqu’ici de la part de Devlin. C’était comme s’il n’avait jamais posé ses mains sur lui que pour le briser ; le souvenir de leurs nuits d’amour masqué par celui de ses poings durcis par la rage. Il ne voyait plus que les yeux sombres qui s’étaient posés sur lui comme des balles prêtes à siffler. Il avait senti chaque coups portés, l’ichor étalé sur sa joue faisant toujours effet. Ils n’étaient pourtant pas faits pour ça, ces beaux yeux. Ils lui manquaient ces regards, ceux qui le faisaient se sentir aimé. Il y avait dans sa manière de le regarder, quelque chose d’indescriptible. Il se sentait beau, durant ces moments-là. Il en oubliait ses poignées d’amour, et tous les détails disgracieux qu’il pouvait trouver à son apparence. C’était la magie de son expression face à lui, le pouvoir qu’il avait sur l’estime de lui. Il se sentait grand, et fort, aux yeux de Devlin. C’était agréable, d’être autre chose que le minus. Mais pour retrouver tout cela, pour se replonger dans cette magie qui avait tant à lui offrir, il lui fallait oublier la douleur de ses phalanges contre sa peau. Il lui fallait oublier le bruit qui avait raisonné entre ses oreilles, à chaque nouvel assaut, pour accepter de retoucher à ces mains. Il les aimait tant, ses mains. Il aimait tant les sentir contre lui, apprécier chacune de leurs caresses. Mais il ne savait pas s’il y avait toujours droit, à cette non-violence, à ce qu’il lui offrait dans un temps pas si reculé.
Mais au fond, il s’en moquait que tout cela revienne. Il n’en avait que faire de savoir si oui ou non il allait pouvoir goûter à ses lèvres, ou sentir sa peau contre la sienne. Le plus important n’était pas là, et il le comprenait en voyant dans quel état se trouvait l’homme qu’il aimait. Le visage baigné de larmes, inondant ces mains qu’il aurait voulu baiser pour leur rendre leur douceur d’antan. L’important n’était pas de savoir s’il l’aimait encore, s’il l’avait aimé un jour, s’il l’aimerait toute sa vie. Non. L’important était de sécher ses pleurs, de lui rendre ce sourire qui le faisait tant craquer, et s’assurer que la joie revienne dans ses iris. Il avait beau avoir toujours été égoïste, Barbie savait ce qui comptait réellement. Il savait s’effacer derrière le bonheur de ceux qu’il aimait. Et même si ce qu’il lui avait dit au téléphone était vrai, il était également certain qu’il donnerait tout pour sauver le devin du mal qui l’habitait la nuit tombée. Il était prêt à tout, pour ne plus jamais revoir cette lueur animal dans ses pupilles noires. Mais ce n’était pas pour sa propre survit, pas à cause de ce qu’il avait subit. Non. Au même titre que son désir de retirer de l’esprit de Frankie toutes les pensées négatives, toute sa honte, toute sa culpabilité ; il voulait redonner le sourire à Devlin. Mais pour le bonheur du devin, et non le sien. C’était peut-être ça le véritable amour ? Faire passer son plaisir avant le sien ? Et si pour cela, il fallait que l’un des deux saute le pas, qu’un des deux fasse le geste capable de redonner de l’élan à la tendresse, alors Barbie était prêt à se sacrifier. Il était prêt à braver la peur, les doutes, les frissons.

La main dans ses cheveux noirs, la peluche sur ses genoux, le bras autour de ses épaules. Il s’agissait de tant de gestes capable de servir son dessein. La tête contre la sienne, les coeurs à l’unisson dans leurs poitrines. Il lui fallait bien plus pour le ramener à sa réalité, mais c’était le début de ce que Barbie était prêt à faire pour reconstruire cette relation qui avait été si merveilleuse. Il essaie également une plaisanterie sur ses cheveux, l’humour ayant toujours été une base importante de ce qui les liait. Il veut le voir rire, plus que tout. Il a besoin de ça pour se réchauffer le coeur, pour se dire que rien n’était perdu. Il continue de caresser ses cheveux du bout des doigts on lui faisant la réflexion. Il le trouvait si beau, même avec les cheveux plus courts. Il préférait peut-être même. C’était terrifiant de le voir aussi séduisant malgré les coups, la fatigue marquée et la perte de poids. Barbie vint même à se dire que c’était injuste de goûter à une telle beauté aussi facilement. Lui qui se battait pour ne pas peser cent kilos, et était forcé de compter sur l’aspect enchanteur de ses bouclettes pour ressembler à quelque chose de décent. - Entre nous, tu ressemblerais plus à un kiwi, qu’à un oeuf. Il fait une moue dubitative, faisant semblant de réellement y réfléchir. Puis il sourit, profite de la caresse dans ses boucles, contre sa joue, contre sa nuque. Il ferme les yeux en sentant les lèvres se mêler aux siennes. Il en a le souffle coupé. Un baiser à l’amener au bord du malaise, d’une charge émotionnelle si lourde. Il en profite, fond contre lui. Complètement hypnotisé par sa langue, par les doigts qui restent pressés contre sa nuque dans un désir de le garder au plus près de lui.
Il garde les yeux fermés, appréciant le contact de ses lèvres sur le reste de son visage. Cette tendresse qui lui avait manqué, était de retour. Mais elle était douloureuse, elle rappelait qu’il y avait eu une cassure qui s’était formée, que seul le temps pourrait colmater. Et pourtant, ses lèvres lui apportent de l’espoir. Barbie n’ouvre les yeux qu’en sentant le contact rompu. Il se sent bien ainsi, Barbie. Il a l’impression de revivre, contre son corps, contre ses lèvres. Il serre sa main entre ses doigts, et se rapproche de lui en le voyant se réinstaller. Et il ne sait pas si c’est son besoin d’attention qui s’exprime, ou son esprit enfantin, mais il ressentit le besoin de se mettre à califourchon sur son ami afin d’être au plus près de lui. Il était capable de braver toutes ses peurs, pour cela. Il s’installe donc sur lui, et relève son tee-shirt afin de se glisser en-dessous. Yeux fermés pour ne pas voir son torse, il ne les ouvre à nouveau qu’une fois la tête passée à côté de celle de Devlin. Il enroule ses deux bras autour de son torse et fait un sourire de gosse en posant sa tête contre son épaule. Il se sent si bien, entouré de sa chaleur, et de son odeur. Il reste ainsi, contre son torse nu, le visage dans son cou, à le frapper de son souffle alors qu’il parle. - Si je te dérange, tu m’enlèves. Mais j’avais besoin de me retrouver au plus près de toi. Il dépose un baiser dans son cou, en se serrant toujours contre lui, la ferme intention de ne pas bouger à moins qu’il ne le lui ordonne. Il serait capable de s’endormir dans cette position, les yeux déjà en train de se fermer. Il n’avait pas beaucoup dormi ces dernières nuits, avait à peine fermé l’oeil la veille au soir. Mais il lutte, sachant qu’ils avaient encore des choses à se dire avant de pouvoir se laisser porter par la douceur.

Il a tant de choses à lui demander, des questions qui restent sur sa langue. Il a aussi envie de pleurer un bon coup, pour détendre ses épaules. Il n’a pas encore tout expulsé, et sait qu’il faudra qu’il termine de verser toutes les larmes que son organisme retenait toujours. Mais il ne voulait pas briser l’instant, ne voulait pas être stupide. Alors il essaie de garder son sourire, alors qu’il pose la première question de la liste, celle qui lui fait tant mal. - Alors, tu restes ? Tu le promets ? Il ballade sa main dans le dos sec de son amant d’une vie, caresse sa peau qui n’est plus aussi rebondie qu’avant. Il passe par ses cotes, et remonte sa main contre son torse en appréciant la douceur de sa peau. Les doigts se retrouvent contre sa clavicule, puis sur son épaule alors qu’il continue d’explorer ce corps qui lui avait tant manqué. Il plisse le nez, signe qu’il reste dubitatif, et enchaîne avec une question qui faisait tout aussi mal. - Est-ce que tu continues tes expériences ou ... ? Tu recommences à manger ? Il a peur de sa réponse, il a peur de s’énerver si la réponse ne lui convient pas. Il soupire, retombe dans ses travers ; son inquiétude. C’était l’inquiétude qui les avait mené jusqu’ici, qui les avait déchiré d’un seul coup. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher, sa santé passant avant toute chose. Il a envie de continuer à balancer des questions, ne même pas lui laisser le temps d’y répondre. Mais …. ce serait contre productif. Il aimerait pourtant savoir, ce qu’il a fait ces dernières semaines, s’il se sent mieux depuis son dernier malaise. Est-ce qu’il est allé à l’hôpital, comme il le lui avait conseillé ? Pourquoi il était en si piteux état ? Qui lui avait fait ça ? Il se doutait qu’il n’avait pas pu s’infliger toutes ces blessures lui-même.
Il s’en veut presque de lui poser la question, conscient que ça ne le regardait pas vraiment. Il pensait bien que ce n’était pas parce que la tempête était passé qu’ils pouvaient redevenir un véritable couple, et qu’il n’avait donc aucun droit de lui dire quoi faire ou non. Il se mord légèrement la lèvre, l’air gêné. Il relève la tête et pose son menton contre son épaule en soufflant. - Je m’appelle pas réellement Barbara. Barbie est une imposture. Il ne sait pas pourquoi il le lui a dit, mais il a besoin de se confier. Autant que d’en apprendre sur lui, il ressent l’envie de lui en dire lui-même davantage.

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
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Il aurait voulu que les choses soient différentes. Que le petit éléphant magique ait le pouvoir indécent d'effacer tout ce qu'il s'était passé, quelques nuits plus tôt. Quelques semaines plus tôt. Qu'il parvienne à chasser les souvenirs malheureux, la violence des paroles qu'ils s'étaient échangé, la douleur des coups qu'il avait donnés. Effacer le passé pour se concentrer sur le présent, pour que tout redevienne comme avant. Oublier tout ce qui faisait mal et ne plus avoir que ce qui était beau. C'était beaucoup de responsabilités pour un seul petit éléphant. Tout aussi puissant qu'il ait été, même s'il était supposé exaucer tous les voeux, Devlin doutait qu'il n'arrive pas à faire exactement tout ce que lui désirait. Il arrivait un temps où il fallait se confronter à ce que l'on avait fait. Assumer ses erreurs, les expliquer, se les faire potentiellement pardonner. Il n'était pas habitué de ce type de comportement, celui qui était rompu à la fuite. Mais la situation était extraordinaire. Le jeune homme qu'il tenait contre lui était extraordinaire. Ce qui s'était construit entre eux l'était tout autant, et valait cet effort malgré qu'il n'en ait jamais fait de similaire. C'était pour tout ça que Devlin n'avait pas formulé ces souhaits-là, quand il tenait encore le petit éléphant en peluche tout contre son coeur. Non seulement parce qu'il préférait tenir son maître entre ses bras, mais surtout parce que ce dernier méritait que rien ne soit oublié. Ni les peurs, ni les pleurs, ni l'amour qui s'étirait entre eux. Parfois moche, souvent beau. Magnifique, la majorité du temps.

Les lèvres encore vibrantes de leurs baisers, et la sensation d'avoir tout arrêté trop tôt. Barbie au creux du palais, et ses yeux radoucis où se surimposait encore leur expression terrifiée de la nuit où tout avait basculé. Il était prêt à faire l'effort, Devlin, pour lui. Il était prêt à se rapprocher avec une douceur infinie, il était prêt à se plier en quatre pour le revoir sourire. Pour avoir de nouveau une chance de marcher dans ses traces, d'être son ombre quand il irradiait de lumière. S'il voulait encore de lui, parce que c'était Barbie qui décidait. C'était toujours Barbie qui déciderait. Quand il aurait faim, quand il aurait soif. Quand il faudrait s'étreindre ou quand il faudrait dormir. Le maître de son univers reprenait enfin ses droits et Devlin se sentait enfin à sa place dans sa propre peau. Tout n'était ni parfait ni beau, encore, il y avait encore des ombres sur lesquelles étendre une lumière trop crue qui ferait certainement plus de mal que de bien. Mais tant qu'ils étaient ensemble, le lâche aurait la force de ne pas fuir. Tant que Barbie voudrait encore de lui, il tenait sa raison de rester. Le coeur pendu à ses lèvres, suspendu dans l'espace en le voyant revenir. Il avait toujours eu le don de faire sauter toutes ses barrières, l'Homme-Enfant, avec son attitude enfantine. Il parvint à faire sauter de nouvelle celle de ce faux éloignement en deux mouvements, arrachant un sourire amusé au devin. Tirant sur son t-shirt trop grand, Devlin l'aida à s'installer plus confortablement. Glissa aussitôt ses mains sous le t-shirt Code Lyoko du plus jeune, enroulant ses bras autour de sa taille arrondie en frissonnant sous le contact. Du tissu en guise de protection. Leur bulle de tendresse qui se reformait doucement, chassant à grands coups de cœur la douleur maladive qui les avait rongés pendant si longtemps.
Putain, qu'il l'aimait, ce gosse.


-Et louper la chance de te chatouiller sans que tu puisses filer ? T'es complètement fou, toi.

Il pressa sa tempe contre les boucles brunes, savourant le contact de ses lèvres contre son cou. Le sentir blotti contre son coeur, aussi fort, ravivait la douleur de ses hématomes, mais il n'aurait changé de position pour rien au monde. Serra d'avantage un bras autour de sa taille pour l'attirer d'autant plus contre lui, avide de sa chaleur. Sous le t-shirt, sa main se faufila le long de sa colonne vertébrale. Caressa le dos d'ordinaire sec de l'Homme-Enfant pour n'y trouver qu'une douceur confortable. Peut-être que c'était le devin qui avait trop maigri, peut-être que non. Mais Barbie était plus moelleux qu'avant, et ça lui allait bien, du léger arrondi de ses joues à la courbe de ses hanches. Devlin était certain que même sans ses bouclettes, même avec quinze kilos de plus ou de moins, Barbie serait toujours aussi beau. Il l'était déjà, même avec toutes ces traces qu'il avait laissées sur sa peau claire. Il l'était déjà, même quand il ne faisait ou ne disait mot.
Ils n'étaient pas faits pour la violence, tous les deux. Elle n'avait rien à faire entre eux. Il ne pouvait y avoir que des éclats de rire, des coups de coeur, des baisers et toutes ces caresses qu'ils échangèrent dans un silence confortable. Que ces lèvres que le devin reposa dans les boucles de son ancien amant, que ces doigts qu'il sentit ripper sur son ossature un peu plus marquée. Les explorations à tâtons avaient beau être l'un des piliers de leur relation, il eut envie de se soustraire aux doigts de son amant. Mal à l'aise qu'il remarque aussi bien les dégâts laissés par ses erreurs. Douloureux à chaque fois qu'ils effleuraient la peau rendue sensible par les coups qui l'avaient marquée. Il se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas se défiler. Plongea son visage dans les cheveux du plus jeune pour mieux se souvenir de pourquoi il n'était pas parti. Pour cette chaleur que Barbie seul savait instiller. Pour cette odeur qui n'était qu'à lui, et qui lui avait si cruellement manqué. Pour ces lèvres qu'il crevait d'envie de reprendre, qui se rouvrirent enfin. Redressant la tête, il s'efforça de retrouver le regard de son ancien amant. Hocha lentement la tête, les yeux dans les yeux, avant de souffler doucement :

-Je te le promets. Je peux même détacher la caravane sur ton parking pour te le prouver, mais c'est pas dit que tes voisins apprécient la blague.

Contre toi, tant que tu voudras de moi.
Dans ta vie, aussi longtemps que tu le voudras.


Il ferma les yeux sous la progression des doigts, grimaça légèrement en sentant une saillie de douleur sous ses côtes. L'une d'entre elles devait être fêlée, depuis la nuit où il avait reçu ce type qui hurlait après une dénommée Earleen. A moins que ça n'ait été un autre soir. Il s'était tellement blessé dernièrement, il avait cessé le compte de ses blessures. Mais cette côte, il la sentait au moins aussi bien que son genou ou la plaie qui cicatrisait sur le dos de sa main droite. Une nouvelle question, Barbie qui enfonçait son doigt là où ça faisait mal. Figurativement et littéralement. C'était à cause de ses expériences qu'ils en étaient là, tous les deux. C'était en partie à cause de ses expériences qu'ils avaient fini par se déchirer. L'autre partie étant...
Refusant d'y penser, tout du moins pour l'instant, Devlin finit par rouvrir les yeux. Il secoua mollement ses mèches noires, s'étonnant toujours de les sentir fouetter le haut de son visage. Est-ce que Barbie les préférait vraiment aussi courtes ? Il n'arrivait pas à se faire à cette idée, l'Homme-Enfant ayant si souvent caressé sa crinière, avant.

-Y'a deux jours. Je me force à manger un peu plus régulièrement. Des petites quantité, sinon je recrache tout, mais ça va aller vite mieux.

L'envie de le rassurer, de minimiser le problème. De ne pas s'étaler sur ce que c'était, de recommencer à se nourrir vraiment après avoir passé un mois à s'affamer autant qu'il affamait sa maladie. De ne pas lui dire que c'était sa perte de contrôle totale, lors de la nuit de pleine Lune, qui l'avait terrifié au point de vouloir arrêter ses conneries. Son entrevue avec le blond colérique avait achevé de le convaincre, vu ce qu'il s'y était passé. S'il comprenait à présent mieux le fonctionnement de ces étranges visions du futur qu'il lui arrivait d'avoir, s'il avait compris un des éléments nécessaires à leur déclenchement, elles aussi étaient en train de le tuer. Leur fréquence était aussi bien une bénédiction qu'une malédiction. Les entretenir dans son état relevait de la mort programmée d'avance.
Tout concordait à le tuer, et lui voulait mourir. Avant de retrouver Barbie. Avant de l'avoir de nouveau contre lui. L'amour plus que la survie comme raison de vivre. Le devin n'y aurait jamais cru, même s'il avait eu lui-même cette vision de son propre futur.
Mais à cette réalité s'en superposaient mille autres. Il recommençait à manger, mais son estomac affamé n'arrivait pas, lui, à supporter les quantités. La majorité de ce qu'il consommait finissait au fond de l'évier, ce qu'il restait digéré par la maladie. Outre tout ça, il y avait cette dispute, qui revenait sans arrêt. Cette inquiétude mordante qui les avait séparés l'un et l'autre. Barbie qui enchaînait les crises d'angoisse, qui en avait fait une quelques minutes plus tôt. L'envie de lui demander s'il avait lui-même vu un docteur qui lui rongeait les entrailles, celle de lui demander s'il continuait d'en faire autant, celle de lui demander la raison de ses troubles. Est-ce que c'était à cause de ce gang, auquel Devlin avait découvert par hasard que l'Homme-Enfant était rattaché ? Est-ce que ça avait quelque chose à voir avec ce gars qui cherchait une nana appelée Earleen, le même prénom que son ex-femme ?
Quels sont tes problèmes, Barbie ? Sont-ils si gros que tu n'as jamais osé m'en parler ?

Ses doigts filèrent le long du dos de son amant, tirèrent doucement sur son t-shirt. Le sentir contre sa peau était agréable, mais vaguement frustrant. L'envie de le sentir tout contre lui, réellement contre lui, sans la barrière d'un t-shit en coton. Ce n'était que peau à peau qu'ils s'étaient toujours le mieux exprimé, tous les deux. Un menton chérubin au creux de l'épaule, et le monde de Devlin se mit brutalement à basculer. Barbie est une imposture. Ses doigts, enroulés autour du t-shirt de son amant, s'arrêtèrent aussitôt de tirer dessus.

-Ca veut dire qu'il va falloir changer le prénom de ton étoile ?

La langue plus rapide que ses pensées, sur ce coup-là. L'aspect pratique avant la réflexion, pour le type plus qu'habitué à changer de vie comme il changeait de kurta. Une grimace gênée s'étira sur ses traits, en réalisant le ridicule de sa propre réflexion. En réalisant à quel point ce n'était pas la première des priorités, cette première étant surtout :

-T'as envie de me le dire ? Ton vrai prénom ? Même si Barbie est une bien jolie imposture.

Aucune malice, malgré l'ombre de sourire au creux de ses moustaches noires. Rien de plus qu'un coeur gros d'appréhension, lourd de cette étrange révélation. Lui qui crevait tant de savoir qui était Barbie, il réalisait à présent qu'il ne pouvait pas savoir précisément de quoi il était fait à cause de ce seul fait. Tout le monde était capable de se cacher derrière quelque chose. S'il n'avait jamais réussi à saisir complètement l'Homme-Enfant, était-ce tout simplement parce que lui aussi s'était rendu insaisissable, en cachant quelque chose d'aussi élémentaire que son prénom ? D'aussi fondamental. Il libéra sa main libre du t-shirt de son amant. Glissa de nouveau ses doigts entre les boucles brunes, les caressant tendrement. Un secret, comme pour l'encourager à se dévoiler.

-Je sais ce que c'est, de se réinventer. J'ai jamais eu de vieille grand-mère spirite qui m'ait appris à tirer les cartes, tu sais. La seule grand-mère que j'aie connue était vendeuse de chaussures à Vancouver. Alors d'imposteur à imposteur, ton secret est bien gardé.

Une information qu'il n'avait lui-même jamais donnée à personne. Un échange sans conditions, que Barbie pouvait garder pour lui ou dévoiler à la face du monde, qu'il pouvait conserver sans offrir de contrepartie. Ils trompaient tous les deux leur public, chacun à leur manière. Mais, cédant à l'appel de la vérité, de cette boule qui se formait dans son estomac et ce visage si doux, malgré ses blessures, si proche de lui, il finit par craquer. Déposa ses lèvres tendrement sur le front de Barbie, une façon de le remercier d'avoir déjà osé aller aussi loin. De le remercier s'il voulait continuer.

-Il était comment, ton toi d'avant ? Est-ce qu'il m'aurait donné autant envie de t'embrasser que ton toi présent ?

Chacun avait ses raisons d'être différent. Devlin en avait eu un millier, en ce qui le concernait. Quelles que soient celles qui aient animé Barbie, il ne l'en aimerait pas moins. Il en était persuadé. Parce qu'on ne tombe pas amoureux d'une photo délavée sur du papier. On tombe amoureux d'une âme toute entière, que ce soit pour ses blessures, pour son sourire ou sa radiance. Pour ce nez pointu sur lequel le devin déposa un léger baiser. Le Canadien, plutôt.

-Mais surtout, toi, c'est avec quel prénom que tu te sens le mieux ?

L'envie d'en savoir toujours plus, mais sans vouloir y toucher. Sans vouloir déranger. Parce qu'il avait fait une multitude d'erreurs, Devlin, au fil du temps. Des identités. Et il ne voulait plus en faire aucune concernant l'homme qu'il tenait contre lui.





L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
damné(e) le : o07/10/2019
hurlements : o4825
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bougies soufflées : o34
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Il était difficile pour certains de trouver leur place dans ce monde. Les plus chanceux naissaient avec une case faite pour eux, un emplacement qu’ils n’avaient plus qu’à intégrer. Une marche à suivre, des pas dans lesquels marcher qui sont sans embuches. Mais pour d’autres, les choses étaient plus compliqués. Barbie faisait partie de ceux qui ne savait pas vraiment qui ils étaient ; du moins au commencement. Il avait passé bien du temps à se chercher, à tâtonner ici et là pour essayer de comprendre quelle place leur était attribuée. Et la réponse était terrifiante ; aucune. Les personnes comme lui devaient se créer cette place, parvenir à la forger pour ensuite s’y sentir chez soi. Les jours étaient alors longs, mais le chemin était nécessaire. Pourtant, depuis quelques mois, Barbie avait l’impression de ne plus avoir à se battre si fort pour sa survie, pour attester qu’il avait le droit d’être celui qu’il était, et que rien ne pourrait le faire changer. Depuis sa relation avec Devlin. Parce qu’il lui permettait d’être qui il voulait. Il ne se moquait pas de ses manies d’enfant, et trouvait même certaines de ses immaturité mignonnes. Il pouvait être aussi efféminé qu’il le souhaitait, n’avait plus à bomber le torse, et prendre une voix grave. Il était à sa place, entre les bras de cet homme. Et là qu’il le retrouvait peu à peu, l’envie de se blottir contre lui pour se remémorer cette « place » était plus forte que tout. Il ne savait pas s’il allait l’accepter, s’il allait lui demander de se retirer de son tee-shirt. Mais il devait prendre le risque, pour avoir la chance de fondre contre son torse. Il avait besoin de poser sa tête sur son épaule, et enrouler ses bras autour de lui. Et une fois installé, il sentit à quel point ça avait pu lui manquer.
Il ricane légèrement à la réponse que son ami lui fait. Les yeux fermés en sentant les doigts parcourir sa colonne vertébrale. Il se sent légèrement mal à l’aise avec ses kilos en trop, a peur qu’il ne les ressente en le caressant trop longtemps. Pourtant, il est trop bien installé pour fuir. Il attend, blotti contre lui, oubliant ses complexes pour ne pas rompre ce moment de grâce. Il aurait même pu s’assoupir, ainsi contre son torse. Les bras enroulaient autour de Devlin, dans un geste bien trop tendre pour les récents évènements. Il se serait même senti encore plus ridicule, en se voyant d’un oeil extérieur. Mais pour rien au monde il aurait quitté cette place-là, il aurait fallut le tirer de force. Et certainement, il se serait agrippé à Devlin en criant. Ainsi lové contre son coeur, il garde les yeux fermé lorsqu’il le rassure en lui disant qu’il ne comptait pas partir. Il sourit à l’évocation de ses voisins. - Ils seraient capable de mettre en pièces ta caravane pour que tu l’enlèves. Et j’y tiens trop, à cette caravane. Il se souvient de la fois où il l’a rejoint avec les bidons de peinture. Bleu pervenche, la couleur qu’il voulait. Il avait voulu lui acheter une caravane de cette couleur, mais n’en avait pas trouvé. Alors, l’idée lui était venue. Il était allé choisir les nuances de couleur dans un magasin de bricolage, et avait acheté le nécessaire pour transformer la caravane en le véhicule dont il rêvait. Les pinceaux, les bandes adhésives, il n’avait oublié aucun détail. Et s’il avait voulu s’en charger seul, un jour où le devin était absent, il avait trouvé plus judicieux de l’attendre. Cela pourrait créer un souvenir qu’ils pourraient se remémorer ensuite. Ils s’y étaient mis de suite, riant, profitant de cette corvée pour échanger des plaisanteries et quelques mots doux. Ils s’en étaient recouvert, maladresses ou attaques surprises. Deux extraterrestres bleus se courant après pour une étreinte. Le rouge monte aux joues de l’enfant alors qu’il pense à ce qu’ils avaient fait ensuite. Les mains pleines de peinture qui avaient caressé les corps.

Il ne sait pas s’il lui dit ça pour le rassurer, ou si c’est la vérité. Il a recommencé à manger ? Alors pourquoi Barbie sentit-il les os sous ses doigts ? Alors pourquoi il a mal de découvrir son air maladif ? Normal, s’il n’avait repris une bonne alimentation que depuis quelques jours seulement. Mais Barbie ne pouvait pas s’empêcher de se faire du souci, quoiqu’il arrive. Il avait peur de le sentir s’effondrer contre lui, il n’aurait pas la force de surmonter sa perte. Il l’avait cru mort il y a quelques mois, et l’idée lui avait paru largement supportable. Mais depuis qu’il l’avait retrouvé, qu’ils avaient passé la soirée dans cette décharge à chercher Trésor, de nouveaux liens s’étaient créés. Ils agissaient comme un couple, et non comme deux inconnus voulant seulement profiter de la chaleur de l’autre. Et cette différence avait tout changé, les sentiments s’étaient bien trop développés. Et aujourd’hui qu’il l’aimait, il ne pouvait pas penser à l’idée de le perdre. Incapable de ne pas s’inquiéter en le voyant grimacer sous certaines de ses caresses. Il aimerait pouvoir lui transmettre son don, lui permettre de ne ressentir aucune douleur à son tour. Ce serait si satisfaisant, de calmer ce qui lui faisait du mal, de soigner toutes ses blessures. Sans qu’il n’ait le contre coup, grâce au pouvoir d’un bisou magique. Il aurait même pu tout absorber, et souffrir à sa place sans la moindre hésitation. - Alors, tu arrêtes tout ? C’est vrai ? Il ferme les yeux et sourit doucement. S’il dit vrai, alors il est le plus heureux du monde. - Tu m’as fais tellement peur … L’inquiétude avait été difficile à dissimuler, avant qu’elle n’éclate et foute tout en l’air. Il était heureux que tout soit terminé, et avait hâte que Devlin reprenne son ancienne mine. Il voulait retrouver ses contours d’antan. Ce n’était pas une question d’esthétique, Barbie voyait en lui un homme magnifique quoi qu’il arrive. Mais en voyant la peau s’étirer un peu plus, l’enfant saurait que la santé est revenue.
Il se demande s’il a le droit de lui demander d’où viennent les marques que sa peau a accusé si violemment. Les traces bleues étaient récentes, et certaines ne pouvaient pas avoir été faites par lui. Barbie savait que certains de ses collègues l’avaient malmené également, mais les blessures qui s’étendaient sur certaines zones n’étaient pas là lors de la soirée d’horreur. Il se contente d’y glisser avec douceur, pour les étudier de la pulpe de ses doigts. Il n’appuie pas, ne tient pas à lui faire mal. Est-ce qu’il était au moins allé voir un médecin ? Lui pouvait s’inquiéter des dégâts faits en surface, mais n’avait pas le matériel nécessaire pour approfondir les analyses. Et s’il le lui demandait, et qu’il ne l’avait pas fait, finiraient-ils par s’en prendre l’un à l’autre ? Il avait peur de l’énerver, avait peur de dire la phrase de trop qui le ferait grogner. Il l’avait dit lui-même, l’horreur risquait de recommencer. Alors il y avait certaines choses qu’il n’osait pas dire, s’en voulait déjà d’avoir montré son inquiétude. Il savait où ça les avait amené la première fois. Ne t’énerve pas … Il n’ose pas lui dire, se contente de supplier intérieurement. Il essaie de faire passer ce qu’il pense être une maladresse, grâce à l’humour. Une réflexion bien choisie, ses mains qui le caressent toujours. - Si t’as besoin de quelques kilos, je peux t’en donner un peu. J’ai compensé en ton absence. Il ricane, préfère en rire et espère que ça fera passer les choses, s’en voulant d’avoir montré son inquiétude.

Il sent que la pression contre son tee-shirt se fait plus dure. L’effet de son aveu, qu’il a offert avec les lèvres tremblantes. Il a peur de ce qu’il pourrait lui dire, des reproches qu’il pouvait lui adresser. Il était difficile pour Barbie de parler de sa vie d’avant, de celle où il n’était qu’un enfant comme les autres qui attendaient de commencer une vie sans embûche. Bizarrement, il n’avait pas été plus heureux durant ses années d’innocence. Il n’avait jamais été qu’un enfant rejeté par sa famille, et un amoureux transi. Il n’avait que peu d’attention, était solitaire, à cette époque. Aujourd’hui, il était heureux, et dans les bras d’un homme qui ne lui faisait pas de mal -ou presque. Pourtant, il avait ressenti le besoin de lui dire la vérité, d’avouer que Barbara était un autre, quelqu’un d’aimé, que ses parents avaient toujours préféré. Il ne lui devait rien, et n’avait pas à s’étendre sur le sujet, mais l’idée qu’il soit dans la confidence lui plaisait. Il voulait qu’il sache, même si ça ne changeait rien entre eux. Il voulait qu’il soit au courant, que ce prénom ne soit plus un mensonge mais un accord. Parce qu’il en lui demandait pas de l’appeler autrement, ne lui demanderait pas d’être Octave, seulement d’accepter qu’il n’est pas un Barbie de naissance. Et la réponse qu’il reçoit lui arrache un rire sincère. Incompréhension, mais il continue de rire. Il calme son rire et dépose un baiser sur les lèvres grimaçantes de Devlin pour le rassurer, lui montrer qu’il ne l’avait pas mal pris.  - Tu as toujours su poser les bonnes questions. Il relève la tête, et reste droit face à lui, se détachant très légèrement de son torse. Il continue de sourire, amusé. Il ne répond pas immédiatement à ce qu’il lui dit ensuite. Il ne sait pas s’il doit se contenter de son prénom, ou bien en dire plus. Peut-être que quelques mots pouvaient faire l’affaire, pas besoin de s’étendre sur ce qu’il avait fait depuis son enlèvement, sur ce qu’il était devenu au fur et à mesure des morts. Il avait tué, il avait pillé, il n’était pas devenu quelqu’un de bien. Et ça, il ne voulait pas que Devlin en prenne conscience complètement. Mais ce qu’il lui dit ensuite lui donne sa réponse, il lui devait plus qu’un simple prénom donné au hasard. Il plisse les yeux en l’écoutant, surpris qu’il lui parle de manière si transparente. Il n’avait rien demandé en échange de son aveu, mais était heureux qu’il prenne la peine de s’ouvrir également. - Alors c’est faux ce que t’as pu m’dire en me tirant les cartes ? J’vais pas devenir président ? Il fait une mine choquée, ébaubie, et sourit à nouveau. Machinalement, par habitude, il bloque son doigt entre deux mèches de cheveux de son partenaire et les fait tourner autour de son index. Il aime cette coupe qu’il s’est faite, et ne se plaindra pas tant qu’il aura toujours de la matière pour s’agripper. Longueur acceptable, et il aime l’air que ça lui donne. Il le trouve plus beau que jamais, et sait qu’il le trouvera toujours plus beau de mois en mois, qu’il l’aimera toujours plus de mois en mois.
Il essaie de rester le plus proche possible de lui, afin de ne pas trop tirer sur le tissu du tee-shirt ; de peur de le déformer ou de voir les fibres lâcher. Une excuse. Il restait proche de lui surtout parce qu’il mourait lorsqu’il ne pouvait pas se lover contre lui. Et à se dévoiler, à faire tomber le masque qu’il avait installé lors de leur première rencontre, alors qu’ils n’étaient personne l’un pour l’autre, qu’ils pensaient ne jamais se revoir, Barbie se sentait plus proche de lui qu’il ne l’avait jamais été. Malgré la peur qui circulait toujours dans son corps, la culpabilité qui l’enlaçait également, ainsi que toutes les pensées négatives capables d’obstruer les pensées de l’enfant. Il ne l’aimait que plus encore depuis qu’ils s’étaient tout deux montré sous un jour nouveau, avec une sincérité marquée. Alors il se sent libre de lui en dire plus, de lâcher enfin le poids qui commencer à peser trop lourd sur sa conscience. - Je ne sais pas s’il t’aurait plu. Il s’appelait Octave, et avait vingt-trois ans quand on est venu le chercher. C’était un garçon comme les autres. Il suivait des cours de médecine, mais rêvait de devenir illustrateur et poète. Il paraît qu’il était doué mais … Il n’a pas eu le temps de réaliser ses rêves. C’est plus facile d’en parler ainsi, que d’admettre par un « je » forcé qu’il était ce garçon. Il hausse les épaules, et baisse légèrement la tête en cherchant un point à fixer ; mal à l’aise de le regarder en face. Il regarde sa clavicule, y passe son doigt en essayant de ne pas se faire de mauvaises réflexions sur le fait qu’elle soit si apparente sous la peau à cause de la malnutrition. - Je pense que lui t’aurait beaucoup aimé, et peut-être que … vous auriez pu être heureux ensemble. Parce qu’il était moins bancal que je ne le suis aujourd’hui. Parce qu’il aurait eu les clés pour te rendre heureux. Il continue de passer son doigt sur sa peau un instant, jamais rassasié de son contact, puis se défait de son étreinte en s’évadant. Il passe sous le tee-shirt à nouveau, mais dans le sens inverse, afin de se désolidariser de lui. Il se relève, essaie de ne pas être trop brusque pour ne pas lui faire mal, et disparaît dans sa chambre quelques minutes.

Il fouille dans quelques boîtes, soulève quelques couvercles. Il sait où sont rangés ses anciennes affaires, ne sait pas pourquoi il ne les a toujours pas jetées. Une histoire de nostalgie, certainement. Il aimait parfois relever le bois afin d’en retirer quelques photos. Il aimait parfois les regarder, et essayer de comprendre ainsi où il en était. Il y en avait une avec Zak, mais il n’avait pas le courage de la brûler, et se contentait de la regarder parfois avec une boule au ventre, et le coeur serré. Il attrape la boîte à souvenir, et en sort une enveloppe. Il revient ensuite dans le salon et s’installe à côté de Devlin, les jambes pliées sous lui, sur le canapé. Il sort son ancienne carte d’identité et pose l’enveloppe contenant le reste des photographies sur la table basse. Il tend la carte d’identité à Devlin, en posant sa tête sur son épaule. - Ce n’est plus moi, je suis Barbie maintenant. Il attend qu’il prenne la carte, et enlace ses doigts libres aux siens, son pouce qui caresse le dos de sa main. Il baisse sa deuxième main contre sa cuisse, afin de ne pas fatiguer ses doigts entourés par l’attelle. - T’auras pas à changer le nom de l’étoile, bonne nouvelle !

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
damné(e) le : o28/10/2019
hurlements : o4501
pronom(s) : oshe / her
cartes : oava fürelise la perfection // sign exordium // montage par jiji la plus jolie // moodboard par le plus parfait des maris
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Il n'avait pas pensé que ses décisions puissent avoir autant d'impact sur Barbie. Quand Devlin avait décidé de commencer ses expériences, il savait parfaitement ce qu'il faisait. Taquiner le monstre tapi dans son patrimoine génétique avait été amplement réfléchi compte tenu des circonstances. L'affamer, quitte à ce qu'il se retourne entièrement contre lui avait été pesé et considéré pendant des heures, pendant des journées. Etait-ce risqué ? Jusqu'où pouvait-il aller, à trop taquiner Tarrare pour qu'il ne le dévore pas entièrement ? Il connaissait les risques, Devlin. Il connaissait les histoires de ses ancêtres, puisque Michel n'avait jamais éludé le sujet avec ses enfants. Sur cinq, deux seulement étaient atteints de son mal. Sur les deux, Devlin seulement était le plus porteur de risques. Mais il les avait entendues, les histoires de son père. Il les avait vus, les bulletins médicaux de l'époque, avait vu les nombreuses gravures relatives à la légende qu'était devenu un de ses ancêtres. L'homme-gouffre, celui qui avalait des boeufs entiers pour satisfaire une faim inextinguible. Devenu fou d'avoir trop faim, sur les champs de bataille. Il flanquait une peur bleue, le Monstre Tarrare.
Il était terrifié à l'idée de devenir comme lui, son héritier, lorsque les premières visions s'imposèrent. Fou d'avoir faim, à se dévorer de lui-même tout en dévorant le monde entier.

Alors il avait tout réfléchi, avait tout étudié, avait évalué ses forces et ses capacités. Mais jamais il ne s'était attardé sur la question des autres. Habitué de tracer la route sans regarder en arrière, malgré les pincements au coeur ou toutes les relations qu'il laissait dans son dos. Solitaire accompagné depuis des années, depuis presque toujours, même au sein du cocon familial. Egoïste des premières heures, jusqu'à ce que vienne Exeter. Jusqu'à ce que vienne Barbie. L'aveu de sa peur concernant sa santé le frappa comme une gifle. Il avait pensé à tout, oui, mais pas à ça. Pas à l'inquiétude que pourraient avoir ses proches, et encore moins à celle que l'Homme-Enfant pourrait éprouver vis à vis de lui. Si le sujet avait vite dévié sur autre chose, l'information, elle, resta gravée dans un coin de son esprit. Il avait décidé d'arrêter ses conneries parce qu'avec l'énervement qu'il subissait tous les soirs, il ne tiendrait pas le coup. C'était une question de survie, égoïste, encore une fois. Mais si Barbie était aussi inquiet ? S'il était aussi inquiet, il était temps d'agir. De se reprendre en main. Pas pour lui, le solitaire. Mais pour l'amour, l'Amour avec un grand A, qu'il tenait si fébrile entre ses bras. La promesse n'avait pas été difficile à faire. Elle ne serait pas non plus difficile à tenir, maintenant que la raison ne concernait plus seulement le lâche.

-Ca serait dommage de me les donner, ces kilos, ils te vont si bien.

T'es toujours aussi beau, B.
Quoi que tu fasses, comment que tu sois.
Même aussi abîmé que je t'ai laissé, t'es toujours aussi beau quand tu souris.


L'envie de le lui prouver, chassée par la conversation. Le sourire qui s'effaça pour mieux revenir, comme un ressac, à chaque nouveau détour de la conversation. L'humour pour mieux masquer les faiblesses, pour mieux étouffer la vérité, ils le connaissaient bien. Mais liés comme ils étaient, sous le t-shirt trop grand, ils ne pouvaient pas se défiler bien longtemps. Un détail pour certains qui avait son importance pour eux deux. Habitués à se protéger trop longtemps de la vérité, maintenant qu'elle éclatait dans leur bulle de tendresse, ils devaient s'y adapter. Une nouveauté qui faisait pourtant battre le coeur du devin comme jamais, à mesure que la voix de Barbie résonnait contre sa poitrine. Il pouffa à sa mine faussement déconfite. Passa une main dans ses bouclettes en répliquant, du tac au tac.

-Si, si, tu deviendras Président, mais pas des USA, du fanclub de Britney Spears. C'est carrément mieux.

Sa main s'attarda dans les boucles, coula le long de la mâchoire arrondie de son ancien amant. Un visage tout en courbes, tranché ça et là de la rougeur de ses blessures. L'envie d'apposer ses lèvres sur les cicatrices comme pour en chasser le mal, comme si ses baisers pouvaient les effacer, mais Devlin n'en fit rien. Ferma les yeux en laissant Barbie jouer avec ses cheveux. Se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas lui demander pardon, une nouvelle fois, la culpabilité revenant lui ronger les entrailles avec la même application que sa maladie. Il la trouvait hideuse, sa crinière massacrée. Il se trouvait hideux, avec toutes ses plaies, tous ses hématomes, tous ses maux et ses troubles. Et s'il avait fallu qu'ils se retrouvent, il aurait essayé de faire autre chose pour se rendre plus présentable à l'Homme-Enfant. Parce qu'il méritait bien plus que ce que le devin lui offrait. Il méritait cette tendresse infinie qu'il lui offrait. Lui qui était si beau, même quand leurs regards se croisaient. Qui lui donnait l'illusion de l'être aussi, un peu, alors même que toute la noirceur et les craquelures qui habitaient le devin se dévoilaient maintenant au grand jour.

Il méritait tellement plus que ça, Barbie, qu'un type qui lui apposait toute la violence qu'il s'infligeait déjà à même sa peau claire. Il méritait tout l'amour du monde et bien plus. Le monde toute entier, toutes les étoiles de la galaxie, une nébuleuse toute entière. Qu'importait au final qu'il ait changé de nom ou de vie. Celle qu'il menait à présent et l'homme qu'il était maintenant méritait tout l'amour que l'on pourrait lui offrir et même bien plus que ça. Il rouvrit les yeux, Devlin, rouvrit un regard d'une tendresse infinie sur le jeune homme en l'entendant reprendre la conversation. Ecouta attentivement chacun de ses mots, les savourant d'une curiosité jamais repue. Des mois cachés dans l'ombre, à ne s'ouvrir que rarement, et voilà qu'il lui faisait ce cadeau. Il s'appelait Octave. Si Devlin n'était pas certain de mériter ce cadeau, il ferait tout pour le chérir jusqu'au bout. Il ferait tout pour que cette vérité là soit conservée et dans son coeur, et dans son esprit, juste parce qu'elle venait de Barbie.
Et il avait l'air d'avoir été beau, lui aussi, cet Octave. Il ressemblait beaucoup au jeune homme qu'il tenait entre les bras, tout en étant différent. Un portrait du passé, dont au parle de loin, dont on ne s'approche pas vraiment parce qu'on ne le peut plus. Parce qu'on ne le veut plus, aussi. Une impression lointaine et vaguement nostalgique, comme chacune des vies précédentes de Devlin. On en parle sans trop y toucher, le passé appartenant au passé. Fermé dans sa petite boîte puis remisé dans un coin des pensées. Le devin acquiesça en silence, laissant rouler le prénom dans ses pensées, le long d'une langue muette. Octave. Un prénom français, Octave. Typiquement masculin, Octave, à des lieues de Barbie, à des lieues de l'homme qu'il tenait encore tout contre lui. Etranger sans l'être tout à fait, un côté de l'Homme-Enfant ignoré mais qui pourtant sonnait différemment.

-Il a l'air d'avoir été aussi doux que toi, cet Octave.

Caressant toujours le dos de son amant du bout des doigts, un soupir échappa au devin en sentant les doigts clairs sur sa clavicule. Creusée, sous la peau hâlée. Bien plus visible qu'avant, quand elle était entourée d'une pellicule de graisse protectrice. Sensation du passé, dans son corps revenu à ce qu'il était avant, quand tout ce qu'il avait était sa volonté et son camion bleu. Qu'il crevait la faim en essayant de joindre les deux bouts, d'un champ à l'autre, sans se préoccuper du lendemain. Octave touchait-il la clavicule de Tarrare, ou Barbie considérait-il Devlin ? Malaise, malgré la tendresse du contact, malgré l'appel de sa propre peau à recevoir d'avantage de chaleur. Il soupira aux pensées de Barbie, s'autorisa un baiser sur sa tempe avant de le laisser s'échapper de l'étreinte. Un murmure de protestation, tant contre la fraîcheur qui s'installait que contre ce qu'il venait de dire.

-Ou peut-être qu'on aurait jamais pu se blairer, lui et moi.

Un sourire taquin, en voyant Barbie se redresser. S'échapper. Pincement au coeur en sentant ses doigts se refermer sur le vide, en voyant la silhouette de Barbie disparaître dans les profondeurs de l'appartement. Laissé seul dans le salon, Devlin glissa un regard circulaire sur la décoration. Quelle proportion d'Octave marquait ces murs qui respiraient si fort l'odeur de Barbie ? A quel point cette personnalité avait-elle marqué le jeune homme ? Qu'est-ce qui avait fait qu'Octave n'ait jamais pu réaliser ses rêves, alors même que Barbie était là, bien réel, devant lui ? Tant de questions éludées, la vérité apportant sa dose de mystères. Mais aurait-il vraiment pu le rendre heureux, Octave ? Aurait-il été aussi beau, aussi coloré, aussi imprévisible que le jeune homme duquel le devin était tombé aussi désespérément amoureux ?
Regrettait-il Octave, des fois, Barbie ? De ne pas être lui, de ne plus être lui ? C'était des questions qu'il connaissait bien, le devin. Qu'il s'était souvent posées dans le confort étriqué de sa caravane. La notion de disparition était belle, celle de se réinventer tout autant, mais elle apportait sa dose de douleurs. Et si des fois devenir un autre était attirant, d'autres fois, les maux qui accompagnaient cette renaissance étaient aussi intenses qu'une mort. Est-ce que c'était ce qu'avait vécu Barbie, pour qu'Octave n'appartienne plus qu'au passé ? Avait-il dû tuer Octave ?

Le coeur dans un étau de peine, Devlin tendit le cou pour s'assurer que Barbie aille bien, dans les profondeurs de l'appartement. Commençant à se déplier difficilement du canapé pour le rejoindre, au cas où le poids de l'aveu ait été trop difficile à supporter, il finit par se rasseoir en le voyant revenir. Une bouffée de chaleur diffuse, tendre et affectueuse, en apercevant la silhouette de son amant dans l'encadrement de la porte. Ses doigts qui se lièrent naturellement à ceux de la main valide de Barbie, en attrapant la carte plastifiée de l'autre main. Il posa naturellement sa tête contre les bouclettes, retrouva naturellement le contact tendre de ses doigts pressés entre les siens. Etudia la carte avec bien plus d'attention qu'il ne devrait, la curiosité battant les pensées sous ses mèches brunes.

-Alors voici Octave. Enchanté.

Octave Berserk. Le devin scanna malgré lui toutes les informations notées sur la carte périmée, du nom à la date de naissance, du lieu de naissance aux informations annexes délivrées sur le petit carton plastifié. Intérêt réel lié à une déformation professionnelle. Délivrée au début des années 2010, la carte. En faisant un bref calcul, Barbie, enfin, Octave devait avoir une vingtaine d'années tout au plus au moment où la carte avait été faite. Né à Exeter, Octave Berserk, et pourtant le besoin de changer complètement d'identité tout en y restant. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour le pousser à un renouveau aussi marqué, dans un univers qu'il avait toujours connu ? Son regard s'attarda enfin sur la photographie en noir et blanc. A l'époque où il pouvait encore sourire sur les photographies officielles, Octave, lui, ne souriait pas. Engoncé dans les nuances de gris et de noir, ses traits fins presque féminins renvoyant son jeune âge au devin, il ressemblait à Barbie. Mais quelque chose frappa le devin en plein coeur. Son regard.
Il ressemblait à Barbie. Mais il n'était pas Barbie. Il était bien loin d'être Barbie, le petit Octave, avec son regard terne, avec son ombre de sourire tendu, avec ses bouclettes savamment coiffées. Avec ses vêtements trop neutres malgré la douceur de ses traits. Il a l'air... si triste. Pas perdu. Pas confus. Mais triste. Le même regard qu'avait Adalind avant de devenir Ivory. Le même regard qu'avait Devlin avant de prendre la clé des champs. Une profonde inspiration en posant la carte sur ses cuisses. Le cœur contrit de peine pour le jeune homme sur la photographie, pour celui qui était blotti contre lui.

-Il est extrêmement séduisant, ce jeune homme. Mais il a l'air si triste. Si je l'avais connu à l'époque, je l'aurais fait monter dans mon camion bleu pour lui montrer toute la beauté de l'Amérique, rien que pour le voir sourire. Pour lui dire que ça ira mieux. Parce qu'il lui manque quelque chose que tu as et qui lui manque cruellement...

Ce disant, il se redressa légèrement, se désolidarisant de l'étreinte. Se tourna vers son amant pour mieux le voir, glissant une main avec lenteur jusqu'à sa joue intacte. Caressant du pouce sa peau, il plongea son regard dans les iris marrons, les scrutant comme s'il cherchait quelque chose. Se fendit d'un sourire en les voyant toujours aussi lumineux qu'avant.

-Ca. C'est ça qu'il manque à son regard. T'as une lueur au fond des yeux qui n'appartient qu'à toi, qu'à Barbie. Il va la trouver, cette lueur, mais toi, elle est tellement éclatante qu'on ne peut voir qu'elle.

C'était cet éclat dans les yeux de Barbie qui l'avait toujours attiré chez l'Homme-Enfant. Une lueur de spontanéité, l'éclat de son innocence, la fébrilité de tout cet univers qu'il canalisait au fond de ses veines alors qu'il les faisait bouillir. Une luminosité sans pareille qui manquait à son passé et qui avait toujours ramené le devin jusqu'à lui. Même aujourd'hui. Même alors qu'il était à deux doigts de quitter définitivement cette foutue ville.

-T'as tellement de lumière dans les yeux, B, t'as une galaxie toute entière dans les yeux. C'est pour ça que ton étoile peut pas s'appeler autrement que Barbara, en vrai. Ca n'aurait pas de sens de la renommer alors que t'es aussi lumineux qu'elle.

Est-ce que c'était bancal, comme manière d'expliquer un cadeau qu'il avait mis des semaines à élaborer ? Certainement. Aussi bancal que le sourire gêné qu'il rendit à son ancien amant, réalisant à quel point ce qu'il disait pouvait être le genre de niaiseries qu'on entendrait dans des films à l'eau de rose. Mais son coeur déchirait le silence, tant il cognait fort dans sa poitrine. Mais les mots étaient sortis tous seuls, résolument vrais dans sa bouche, malgré toutes les années à s'astreindre à savoir parfaitement les manipuler. Barbie le rendait simple, quand il le regardait comme ça. Il le rendait vrai.  
Aussi vrai que ce baiser qu'il lui vola finalement, l'air de ne pas y toucher. Une caresse du bout des lèvres dans l'espoir de capturer un peu plus cette lumière qui étincelait même dans la nuit noire.

-J'crois pas qu'Octave me rendrait plus heureux que toi t'arrives à le faire, tu sais. Parce qu'à cette époque, j'étais pas le même gars non plus. Je lui aurais fait fumer son poids en beuh pour cacher la misère et couper la faim, mais j'aurais pas su l'aimer correctement. Il aurait traîné de plan foireux en plan foireux. Il aurait pas été heureux, lui. Parce que je ne crois sincèrement pas que j'aurais réussi à lui mettre les étoiles que toi t'as dans les yeux.

Jeune, con et insouciant. Il avait réussi à aider Adalind, mais à quel prix ? Ivory avait fini par partir, du jour au lendemain, peut-être à cause de la vie chaotique qu'était celle sur la route. Il n'aurait pas su aimer Octave à sa juste valeur, n'aurait pas su le respecter suffisamment pour l'aider à devenir Barbie. Devlin le routard était un être d'amour, mais il était con, et égoïste. Il l'était toujours à peu près autant, mais il savait qu'il ferait tout, dans cette vie, pour entretenir les étoiles que Barbie avait au creux des yeux. Même s'il avait failli les ternir à tout jamais en perdant le contrôle, quelques nuits plus tôt.
Il finit par se rasseoir dans un soupir. Enroula un bras autour des épaules de son amant, fourra distraitement son visage dans ses bouclettes pour y déposer un baiser en repensant à ce qu'ils auraient pu être. Ce qu'ils n'auraient pas été. Des hypothèses dans un monde de constantes et de variables infinies. Non, Octave n'aurait jamais été heureux avec lui. Mais est-ce que Barbie l'était, lui ? Faufilant sa main libre dans la poche de son jean, il attrapa son téléphone portable. Le visage boudeur de Barbie, la dernière selfie qu'il lui avait envoyée avant leur rupture, s'afficha en fond d'écran. Il n'avait jamais eu le cœur de le changer. De quelques mouvements du pouce, il n'eut pas à chercher bien longtemps pour trouver une vieille photo d'avant. Pris d'un élan nostalgique, il avait demandé à Geeta si elle avait encore des photos d'eux. La jeune femme s'était empressée de lui envoyer ses rares trésors et le cœur du devin de se serrer en réalisant que tout datait de bien des années en arrière.

L'une d'entre elle représentait le frère et sa soeur, en train de décorer le camion bleu. Piqué de rouille, mais chargé en couleurs. Geeta, lumineuse comme son habitude, souriait de toutes ses dents, empêtrée avec son frère dans un rideau qui venait manifestement de tomber du camion en même temps qu'eux. C'était Vikram qui avait pris la photo. Le seul autre de la famille à avoir été dans la confidence de cet achat spontané, le seul autre de la famille qui ait approuvé le geste. Il était parti quelques temps plus tard, Devlin, laissant les Tarrare derrière lui. Un Devlin si jeune, sans barbe, le cul dans la neige d'être tombé en même temps que le rideau, qui ricanait comme un gosse. Il glissa le téléphone dans les doigts valides de son amant, reposant sa tête contre son front. Le sourire radieux de Geeta lui réchauffait le coeur.

-Regarde-moi cet idiot. Il savait déjà pas s'occuper de lui, il aurait jamais été capable de s'occuper correctement d'Octave.

Il n'avait jamais montré Geeta à qui que ce soit d'Exeter. Partager son plus grand secret avec Barbie était un cadeau qu'il était prêt à faire, aujourd'hui. Pour lui. Pour la mémoire d'Octave. Pour l'Amour, qui était encore en jeu malgré qu'ils se soient retrouvés. Un éclat du passé qui trancherait ou non l'avenir d'une relation, voire d'une vie toute entière.

-Mais le moi de maintenant, il veut apprendre à te rendre heureux. Il a merdé, beaucoup, mais il veut vraiment essayer.

Même si pour cela, ça impliquait d'ouvrir encore plus son âme qu'il ne l'avait jamais fait.





L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
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damné(e) le : o07/10/2019
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pronom(s) : oshe/her.
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bougies soufflées : o34
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Ça lui avait manqué, pendant un mois, de ne plus pouvoir balader ses doigts contre sa peau selon ses envies. C’était rien pourtant un mois, à peine le temps de se retourner, et d’appréhender le cycle suivant. Mais depuis que Barbie s’était réveillé dans cette sale de repos, qu’il avait retracé le déroulement des évènements de la veille au soir, sans omettre un seul détail afin d’essayer de comprendre, le temps lui avait paru capricieux. Il lui semblait que le vide engendré par son absence, avait commencé il y a une éternité. Les jours avaient été sans fin, le monde était bien trop grand pour qu’il ne se sente pas si éloigné de celui qu’il rêvait de retrouver. Un mois sans pouvoir le regarder, et se demander comment il faisait pour le faire craquer à ce point. Il trouvait étrange que le monde entier ne soit pas tombé amoureux de lui. En le regardant, en scrutant les traits de son doux visage, il trouvait des milliers de raisons de l’aimer à en crever. Même avec ses kilos en moins, avec son air affaibli, et ses cheveux en moins. Il le trouvait magnifique, capable de séduire en une oeillade les plus récalcitrants. Ce mois, à ne pas pouvoir lui murmurer à quel point il l’aimait. Ce mois, à attendre qu’une tempête vienne le faire vaciller, entre les doigts d’une culpabilité qu’il n’aurait pas du ressentir. Il ne savait pas si c’était la fierté qui l’avait empêché de l’appeler, de lui demander de revenir vers lui malgré les saloperies qu’ils s’étaient adressées. Il aurait pourtant été prêt à tout oublier, se contenter de l’embrasser et de retrouver dans son sourire tout l’amour qu’il lui devait encore. Peut-être qu’il aurait fini par le faire, entre deux sanglots afin d’enfin relâcher la pression, et la torpeur dans laquelle il s’était enfermé en ne s’autorisant pas ce bonheur. Jusqu’à ce fameux soir, cette lune qui les avait éclairés d’une violence nouvelle. Il l’avait retrouvé, et perdu aussitôt. Il avait mis le doigt sur ce qui lui manquait tant, et ce qui l’avais empêché de dormir durant de longues semaines. Et s’il n’arrivait pas à le formulait, c’était uniquement pour ne pas qu’il puisse s’échapper si facilement. Il avait l’impression de franchir un seuil interdit en prononçant cette évidence. Aucun retour en arrière possible. Et il serait resté ainsi, prostré contre ses doutes, si Devlin ne lui avait pas envoyé un message pour lui souhaiter un heureux anniversaire. Peut-être que ce manque aurait mis un terme à leur relation, que Barbie n’aurait jamais revu l’ombre de cette caravane dans laquelle il avait aimé l’autre avec tant de force. Alors s’ils en étaient là, à essayer de reconstruire une forteresse assiégée par la souffrance, c’était en partie grâce au devin. Il avait eu le courage d’envoyer ce message, de ne pas se contenter d’oublier ce jour qui était si cher au coeur de Barbie. Et rien que pour ça, l’enfant devait lui laisser le bénéfice du doute. Il devait le croire sur parole, lorsqu’il disait être désolé. Il devait se plonger tout entier dans le regard de cet amant qu’il n’arrivait pas à garder assez longtemps contre son coeur, et faire mine de ne pas avoir peur de le perdre à tout moment. Et une fois de plus, il devait se mentir à lui-même en croyant à un mensonge de plus. Ca serait dommage de me les donner, ces kilos, ils te vont si bien. Il se contente d’un sourire, d’un hochement de tête. Une manière de lui signifier qu’il le croit, qu’il se sent un peu plus beau à chaque compliment qu’il lui fait. Et parfois, ça lui arrive de se sentir beau, lorsqu’il le regarde avec autant de tendresse.
Barbie ne s’était jamais trouvé spécialement beau, mais grâce à des gestes et des murmures, il se savait mignon. Il avait vu le regard de ceux qui le comparaient à un enfant, à une poupée, et avait su comprendre qu’il était mignon à sa manière. Il avait la bouille de celui que les vieilles dames aiment chatouiller, emprisonner les joues rondes entre le pouce et l’index, et demander de faire risette. Il savait s’en servir, arrondir ses grands yeux ronds afin d’attendrir, de passer pour un animal à adopter. Mais ce n’était pas à cet aspect là qu’il s’accrochait lorsque Devlin le regardait avec autant d’insistance. Parce que face à lui, il ne se sentait pas seulement mignon, mais se trouvait beau. Et ça lui faisait du bien, parfois. Lorsqu’il s’abandonnait aux bras de cet ange, et qu’il faisait tout son possible pour être à la hauteur, même quand une petite voix intérieure lui murmurait qu’il ne mériterait jamais de se tenir aux côtés d’une beauté pareille. Il avait ce pouvoir incomparable, Devlin ; celui de donner de l’éclat à tout ce qu’il touchait. Mais il ne s’en rendait pas compte, et Barbie trouvait insoutenable l’idée qu’il puisse vivre sans comprendre l’importance qu’il avait aux yeux de certaines personnes ; lui en particulier. Les doigts dans ses cheveux qui ravivaient des souvenirs, qui le faisaient s’accrocher un peu plus à lui, comme on se retient à une bouée que l’on a peur de laisser s’échapper. Il voulait garder l’emprise, ne plus le laisser partir en emportant avec lui le coeur brisé de l’infirmier qui ne s’en relèverait certainement pas. C’était pour cette raison qu’il s’était emporté, qu’il n’avait pas eu le courage de prendre sur lui en apercevant la caravane garée sur le parking. C’était pour cette raison qu’il s’agrippait aussi lourdement à son corps. Il était prêt à se jeter à ses pieds si l’autre venait à prendre le chemin de la porte.

Parce que c’était lui qui lui donnait le plaisir de rire, ce sourire indescriptible qui éclairait son sourire et remontait ses joues rebondies. Il devait lui montrer alors ce qu’il était, quand il ne souriait pas grâce à lui. Il devait le mettre nez à nez avec celui qu’il était avant de devenir Barbie. Il n’avait parlé de cette autre part de sa vie qu’à très peu d’âme vivant à Exeter, mais il avait besoin que le devin soit au courant. S’il l’aimait toujours, s’il ressentait ne serait-ce qu’une once d’amour pour lui, alors Barbie voulait qu’il sache pour qui il laissait battre son coeur. L’enfant avait appris que certains gestes valaient mieux que des mots, alors il avait trouvé sa carte d’identité périmée dans sa boîte à souvenir. Elle restait là, dans cette enveloppe laissé à l’abandon trop longtemps, entre des photos de son enfance, de son adolescence, et des derniers mois de la vie d’Octave, l’enfant périlleux. Une carte qu’il n’utilisait plus, qu’il aurait peut-être dû brûler après tout. Il avait peur de lui tendre, peur qu’il ne juge les quelques lignes qui éclaircissaient une vie qui n’était plus la sienne. Sa tête retrouve avec plaisir la sienne, tout deux regardant dans la même direction ; cette carte qui renferme un lourd secret, celui de son enlèvement. Il attend que l’autre parle, qu’il l’aide à reprendre son souffle afin de le sauver d’une suffocation intempestive. Il se mord doucement la lèvre, se demandant s’il avait bien fait de lui dévoiler son passé aussi brusquement. Et s’il lui en voulait de lui avoir menti ? Et s’il lui balançait la carte au visage avant de s’enfuir ? Et s’il n’aimait pas ce qu’il y lisait, ce qu’il pouvait analyser sur le carton. Il regarde un instant la photographie, déglutit en y voyant son visage. Le visage de celui qui a déjà été piétiné, si jeune. Jeté tristement, trop jeune, entre les mains d’une vie bien trop cruelle pour lui. Il aurait pu être quelqu’un de bien, si ses parents n’avaient pas été des personnes odieuses. Il aurait pu faire le bien, et ne pas être cet amas infernal prêt à tuer à la pelle sans le moindre scrupule. Il enchaînait les victimes, aussi facilement qu’il enchaînait les conquêtes, durant un temps ; avant de rencontrer Devlin et son sourire.
Mais le divinateur prend enfin la parole, apaise la tension qui musclait les membres de l’infirmier. Pourtant, il ne reprend pas totalement son souffle, sentant les doigts bagués de son amour caresser sa joue. Il ose affronter son regard, pour y chercher des réponses et le réconfort dont il a besoin pour avancer. Il sent le sang paralysé sur son visage, chercher à s’évader, rougir ses joues. Il en a marre de devenir écarlate à chaque regard, d’avoir l’air d’un enfant quand il se sent épié par ce regard pour lequel il pourrait sombrer dans la folie. Et c’est à cet instant précis, alors que les yeux de Devlin ne quitte pas le visage de l’enfant, qu’il comprend qu’il pourrait mourir pour lui. Il a envie de lui dire à quel point il l’aime, à quel point il se sent bien quand il lui parle avec autant de douceur. Mais il ne veut pas le couper, ne veut pas qu’il arrête de lui parler sur ce ton. Il bégaye alors à peine quelques mots, mais se sent stupide. - C’est … C’est toi qui met ces étoiles dans mes yeux, tu sais … Il ne sait pas si c’est la vérité, parce qu’il ne les voit pas briller ses yeux. Lorsqu’il se regarde dans le miroir, lorsqu’il inspecte ce qu’il reste de lui, il ne voit que la destruction de sa peau, les rondeurs de ses hanches, et soupire de voir sa mâchoire se faire de plus en plus carrée au fil du temps. Il ne regarde pas ses yeux, de peur d’y lire une mauvaise nouvelle. Il y restait une lueur d’espoir ? Il y dansait quelques flammes à raviver ? Barbie n’en était pas certains. Mais il avait eu besoin de lui adresser ces quelques mots, de lui rendre toute la tendresse qu’il lui offrait en parole. Il n’était pas habitué à ce genre d’échange, et savait plus facilement adresser des blagues ou des injures, plutôt que des mots chargés d’amour. Mais il avait voulu essayer, pour prouver qu’il était prêt à changer pour lui, à devenir plus amoureux encore qu’au premier jour. Il soupire d’aise, le baiser déposé contre lui. Il a besoin d’en sentir toujours plus sur le sommet de son crâne afin d’être pleinement heureux, vivant à nouveau.

Il arque un sourcil en le voyant attraper son téléphone, évite de regarder son écran afin de ne pas y voir des choses qui pourraient le blesser. Il ne supporterait pas de voir le nom d’un autre s’afficher, ou bien le visage d’un inconnu comme nouveau fond d’écran. Il préfère ne pas regarder, ignorer si un autre a pris sa place en seulement un mois. Lui n’avait pas eu le coeur d’aller voir un autre. Il y avait bien évidemment Frankie qui planait sur son existence, mais ce n’était pas à relever. C’était différent. Il ne regarde l’écran qu’une fois que l’autre lui tend, allumé sur une photographie qu’il regarde minutieusement. Il ne peut s’empêcher de sourire en regardant la photo, celui de son ami étant très communicatif. Il a envie de rire avec lui, sur cette photo. Il a aussi envie de s’enrouler dans ce rideau, pour le tenir tout contre lui. Le visage d’une femme apparaît juste à côté, rayonnante. Il penche légèrement la tête sur le côté, intrigué par cette apparition soudaine avant de se souvenir de quelques mots qu’il lui avait lancé au hasard d’une conversation téléphonique. Il avait une soeur, était-ce cette beauté ? Il relève les yeux sur lui, une moue dubitative alors qu’il lui demande directement. - C’est ta soeur ? Il se doute que oui, alors n’attend pas pour enchaîner. - Elle est magnifique. Elle vient te voir des fois ? Il reporte son attention sur le jeune homme, sourit de sa dégaine et de son air si fragile. Il ressemble à un enfant, bien plus que lui à son âge. Ce n’est pas à cause d’un point physique, mais évidemment son rire. Ce rire que Barbie chérit tant. Ce rire qui se termine bien souvent en un sourire qu’il aime plus encore. Lorsqu’il sourit, c’est le monde entier qui reprend du sens ; Barbie adore ça. Il aurait aimé le connaître à cette époque, il aurait aimé grandir à ses côtés au lieu de le rencontrer si tardivement. Presque trente ans sans l’avoir dans sa vie, c’était bien trop pour l’enfant. Il lui jette un coup d’oeil, grand sourire en constatant qu’il n’avait pas tant changé que ça, du moins, pas à ses yeux. Il passe une main sur le menton de son ancien amant, caressant les poils s’y étalant. - T’étais si mignon, je t’aurais suivi avec grand plaisir dans ton camion bleu. Et t’as bien fait d’arrêter de te raser, t’avais l’air d’un enfant comme ça et … y’a pas la place d’un deuxième enfant dans notre couple. Il sourit, mais grimace presque, s’en voulant d’avoir dit ça. Un couple ? C’est ce qu’ils avaient été ? Ce qu’ils ne sont plus, quoiqu’il arrive. Il n’en sait rien, à vrai dire.
Il lui rend son portable, profitant de sa dernière confidence pour rebondir. Il aimerait y croire, et se dire que tout allait bien se passer. Après tout, ça ne pouvait que fonctionner, non ? Ils n’avaient pas à craindre quoi que ce soit, alors qu’ils s’aimaient ? Il se racle la gorge, prononçant quelques mots qu’il regrette déjà, sentant une vague d’insécurité l’ébranler lourdement. Il amène son pouce à ses dents, et le mordille légèrement. - Tu crois que c’est possible ? Tu crois que … Et si on était juste pas faits pour être ensemble ? Le problème ne vient peut-être ni de toi, ni de moi mais juste … Je sais pas. Il laisse retomber sa main contre sa cuisse, regarde son pouce qu’il maltraite à chaque assaut. - J’ai tellement peur que ce soit le cas. Je t’aime, mais … j’ai l’impression que c’est pas assez pour te garder avec moi. Il garde la tête baissée, a honte de lui dire ce qu’il a sur le coeur. En temps normal, il l’aurait gardé pour lui, et aurait fait semblant de croire en tout ce qu’ils pouvaient construire ensemble. Mais il tenait trop à lui pour lui offrir un mensonge de plus. Il a la voix qui se brise un peu, essaie de contrôler ses tremblements afin de ne pas montrer à quel point il est effrayé à l’idée que leur amour ne puisse jamais aboutir à quelque chose de plus stable. - Après tout, on est différents. J’suis un tueur, et toi t’es … Peut-être que c’est cupidon qui nous sépare, parce qu’il estime que tu mérites quelqu’un d’autre. C’est toujours un bordel dans la tête de Barbie, et il a du mal à tout gérer lorsque les pensées s’emmêlent ainsi. Il souffle légèrement, est presque désolé de lui livrer ses conneries de manière si transparente. Mais il le pense réellement, l’enfant. Il pense vraiment que quelque chose de supérieur s’amuse peut-être à les séparer. Sinon, pourquoi se faire autant de mal alors qu’ils semblent s’aimer si fort ?

Il aimerait effacer ce qu’il venait de dire, faire en sorte qu’il ne l’ait pas entendu. Il adresse un regard en biais à Devlin, un regard désolé, un regard voulant dire : pardon, j’voulais pas être si naze. Il essaie alors de le faire penser à autre chose, de changer de sujet le plus rapidement possible. Il se relève brusquement, et passe une main sur son visage l’air de rien, comme pour réfléchir, alors que ce geste n’est là que pour essuyer les larmes qui menaçaient de perler sur sa joue à tout moment. Il attrape la boîte de lumières à l’image de la galaxie entre ses mains, un merveilleux cadeau qu’il veut essayer immédiatement. Il sautille presque sur place un instant avant de contourner le canapé pour prendre la direction de sa chambre. - Viens, on va l’essayer ! J’veux voir comment ça rend ! Il file à toute allure dans sa chambre, et s’assied dans un coin de sa chambre, prêt d’une des prise électrique. Il ouvre la boîte et en sort tout le contenu avec la concentration d’un enfant essayant de monter le jouet de son kinder surprise. - Viens m’aider, j’sais pas comment ça marche. Il sait que ça doit pas être bien compliqué, mais déroule quand même le mode d’emploi et le lit doucement. En réalité, il ne lit pas. Il survole. Il pense à ce qu’il a dit. Il pense à ce qu’il aurait du garder pour lui. Il pense trop. Il relève les yeux une fois que la silhouette du devin apparaît à la porte de sa chambre et lui sourit en essayant de paraître le plus sûr de lui possible. Il veut pas qu’il voit à quel point ça lui a fait du mal de penser une chose pareille. Il veut paraître fort. Mais il sent que ses yeux sont légèrement rougi, alors il évite de trop le regarder, fixé sur la notice. - Ils disent qu’on peut l’allumer en rose, ça doit être si beau !

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close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
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Oui, elle était là, cette lueur si particulière. Perçante à travers les joues cramoisies de Barbie, magnifiée par la douceur de son expression. Jamais elle ne serait entachée par rien, pas même par les cicatrices qui rougissaient la peau habituellement si claire de son visage. Parce que cette lueur, elle éclairait le monde. Ses yeux illuminaient le monde du devin depuis la première fois qu'il les avait croisés. Naufragé de la solitude, il avait trouvé ce phare dans la nuit. Avait cru ne jamais pouvoir en retrouver la radiance, et, pourtant, elle était bien là. Devant lui. A peu de choses, il aurait pu les attraper, ces étoiles. Mais elles étaient plus à leur place dans les yeux de Barbie. Et s'il doutait que ce dernier ait raison en prétendant que c'était de sa faute, au devin, Devlin se fendit d'un sourire maladroit en prétendant accepter l'évidence. Un pieux mensonge, un de ceux qui ne font ni du mal, ni du bien. Parce qu'il savait, au fond, qu'il n'y était pour rien.
La lumière de Barbie, celle qui irradiait de ses gestes, de ses traits, de toute son attitude, elle était bien à lui. Elle était là depuis bien plus longtemps que l'arrivée du routard dans sa vie, et elle méritait d'y rester aussi longtemps que possible. Gardien de ces étoiles. Un métier qu'il aurait bien plu au polyvalent d'exercer. Mais s'il avait réussi à en attraper une pour l'offrir à l'Homme-Enfant, il n'était pas certain de mériter un poste aussi important. Parce que celles qui se tenaient dans ses iris marrons, elles, méritaient de rester libres. Parce que l'Homme-Enfant lui-même méritait de rester libre, aussi libre que toujours. On ne capturait pas la lumière. On s'étirait dans son dos, comme son ombre, pour la protéger silencieusement. Un rôle que le devin avait embrassé avec plaisir, un mois plus tôt. Qu'il avait saccagé avec une violence aussi inouïe qu'injustifiée, et qu'il ne méritait pas encore de retrouver.
On ne prétend pas vouloir protéger la lumière quand on a failli l'éteindre. Quand on n'est fait que d'ombres, et qu'on menace de l'étouffer aussi facilement. Quand bien même on en crèverait, de la retrouver, cette place auprès des étoiles.

Roses, les joues assombries d'ecchymoses, grisées par la malnutrition. Roses d'un mélange de plaisir et de honte en se laissant bercer par la chaleur du souvenir. Ce n'était pas qu'une photo qui s'étirait sur l'écran de son téléphone. C'était un de ces moments qui construisaient une vie toute entière, immortalisé par un appareil photo de mauvaise qualité. L'un de ces moments de douceur juste avant que tout ne bascule. A quelques instants, ici quelques jours, du chaos. Un geste à la portée symbolique qui n'effleura pas tout de suite Devlin, mais dont il prit la mesure en entendant Barbie parler de Geeta. S'il n'avait fait que lui montrer une photo, le devin n'aurait pas senti son coeur se serrer comme il le fit dans sa poitrine. C'était des présentations, ce qu'il faisait. Le premier contact entre les deux amours de sa vie, Barbie qui rencontrait Geeta, Geeta qui, solaire, lui souriait en retour. Un secret si profondément dissimulé que les paroles suivantes le soufflèrent en plein vol. Elle vient te voir ? Le devin baissa le nez, laissa ses mèches maltraitées voiler son visage. Paravent de la honte, un drap jeté sur le dégoût. Non, elle ne venait pas le voir, parce qu'elle ne savait même pas ce qu'il faisait. Ni où il était, ni qui il était. Geeta, solaire et spontanée, radieuse et honnêtes, battue constamment par les mensonges que son frère lui glissait au creux de l'oreille. De belles histoires auxquelles il voulait qu'elle croit, pour qu'elle ne sache pas que ce frère qu'elle aimait tant était le dernier des connards. Pour la protéger d'un monde qu'elle ne comprendrait certainement pas, de toute la violence qui l'entourait, lui. La protéger de toutes ses mauvaises décisions. Elle le croyait quelque part en Californie, dans un trois pièces tout neuf payé par l'argent qu'il gagnait honnêtement, en bon commercial qu'il était hypothétiquement devenu. Elle avait voulu venir lui rendre visite une, dix, cent fois déjà, et il avait toujours trouvé des excuses pour qu'elle ne saute pas dans le premier avion.
Comme Barbie, elle ne connaissait rien de qui Devlin était devenu. Perdus tous les deux à aimer une image, ce qu'elle représentait, mais non pas ce qu'elle signifiait réellement.

-Non, ça doit faire huit ans qu'on ne s'est pas revus.

Amer, en répondant à la question de Barbie. Évasif, volontairement ou non, en voulant récupérer son téléphone. Mettre un terme à cette rencontre qui lui faisait trop mal. Mais il y avait Barbie. Il y avait ce sourire tendre, sur le visage de son ancien amant, alors qu'il étudiait encore la photo. Un frisson électrique le long de sa peau. Une certitude presque physique. J'ai envie d'arrêter de mentir pour vous deux. Pour que vous puissiez vous rencontrer. Ils s'entendraient si bien, Geeta et Barbie. Deux être de lumière, assombris seulement par la nuit. Sa nuit. Il n'osa qu'à peine lever les yeux vers son ancien amant quand il attrapa son menton. La radiance de son sourire lui brûla presque les rétines. Sourire forcé, sous les boutades bonne-enfant. Jusqu'à ce qu'il retombe,son cœur avec lui, un mot qui n'avait jamais été prononcé venant de s'échouer entre eux.
Couple.
Notre couple.

Les yeux noirs s'agrandirent. Un couple. Est-ce que c'est ce qu'ils étaient ? Ce qu'ils avaient pu être ? Ou ce qu'ils auraient dû être, sous de meilleurs auspices ? Le mot sonnait bien, malgré qu'il semble irréel en ce qui les concernait. Trop gros, trop officiel. Couple. Si beau, en réalité, que Devlin n'aurait jamais osé le prononcer. Est-ce que c'était comme ça, un couple ? Deux êtres qui s'aiment mais sont à la fois trop cons ou trop maladroits pour réussir à se l'admettre ? Il rattrapa son téléphone d'une main tremblante, le rangea approximativement dans sa poche, s'accordant un temps de réflexion. A mesure de secondes, l'idée s'insérait plus facilement dans son esprit. Notre couple. Pas une relation, pas un coup d'un soir, pas un plan cul qu'on appelle pour combler le manque de contact. Mais un couple, de ceux qu'on voit dans les films ou qu'on lit dans les bouquins. Un concept qu'il s'était toujours refusé, dans toutes les vies qu'il avait vécues, qui n'avait jamais eu sa raison d'être. Pas avec Ivory. Pas avec lui. Mais avec Barbie ? Oh, avec Barbie, il avait toutes ses raisons d'être.

Une étincelle dans le regard. Elle ne dura pas. Parce qu'il y aurait un mais, parce qu'il y avait toujours un mais. Parce que Barbie recommençait à s'agiter, et, si Devlin sentit le besoin viscéral de reprendre cette main qu'il commençait à martyriser dans les siennes, il sut qu'il valait mieux attendre. Il le voyait venir, le mais. Et même s'il savait qu'il arriverait, il n'était pas prêt à ce qu'il soit aussi douloureux. Une bouffée d'espoir sitôt étouffée. La sensation qu'on venait de lui reprendre la capacité de respirer après l'avoir laissé inspirer trop profondément. Du froid, dans tout son corps. Son regard glissa jusqu'à ses genoux tandis que la voix de Barbie résonnait encore, lointaine et pourtant bien trop proche, à ses oreilles. Arrête. Je t'en supplie, arrête. Le corps trop endolori, l'esprit trop anesthésié pour l'interrompre. Pas assez fort, plus assez, après tout ce qu'il avait enduré. Peut-être que Barbie avait raison, dans le fond.
Peut-être que l'espoir n'était pas fait pour eux. Qu'elle était là, toute leur vérité. Ils avaient essayé sans jamais réussir à faire du concept une réalité. Leur couple, si tant est qu'il existait, n'avait jamais tenu. Le regard désolé de Barbie, dernier clou planté dans un cercueil que Devlin n'avait pas prévu d'enterrer.

Tu n'es qu'un con, Devlin.
T'y as cru, à ces histoires de réparer ce qui était cassé.
Tu t'es laissé prendre à l'espoir, mais tu sais ce que ça fait.
Tu sais qu'à chaque fois qu'il y a de l'espoir, ça va forcément mal tourner.
Parce que c'est toi qui as tout détruit, Devlin.
A chaque fois qu'il y a de l'espoir, c'est à cause de toi qu'il s'éteint.
Et toi avec.


La sensation de se briser un peu plus sans rien pouvoir y faire. De manquer de force pour se rattraper, pour s'éviter de se faire plus mal. Fut une époque, il aurait supporté tout ça. Après des années sur la route, après tout ce qu'il avait vécu, il aurait pu l'encaisser. Mais peut-être était-il devenu trop fragile. Peut-être qu'Exeter l'avait rendu trop fragile. Une chape de béton sur les épaules, il leva un regard qu'il aurait voulu moins terne sur son ancien amant. Energique, lui. Un rebond. Il le connaissait, ce manège. Parfaitement. Barbie éludait les problèmes en se consacrant avec trop d'énergie sur autre chose. Il faisait ça, quand les problèmes devenaient trop difficiles à gérer. Quand ils faisaient mal, ou qu'ils faisaient peur. Quant à avoir la force de le confronter... La fuite en avant du plus jeune à travers le couloir lui apparut comme un soulagement. Comme un signal, celui que la pression pouvait se relâcher. Qu'il n'y avait plus besoin d'être fort, qu'il était temps de laisser la fêlure achever de tout briser et se laisser, à son tour, partir en morceaux. Presser ses paumes contre ses yeux ne servirait à rien. Il confia un sanglot douloureux au secret de ses mains, y étouffa le suivant. Puis ravala difficilement son désespoir, essuya ses yeux du revers de sa manche en se relevant. Considéra un instant la porte d'entrée de l'appartement. Depuis sa chambre, occupé avec le projecteur, Barbie ne l'entendrait pas partir. Peut-être que ce serait mieux. Peut-être que ce serait mieux pour son ancien amant qu'il batte en retraite, lui aussi. Après tout...

Je peux pas te laisser te faire du mal, B.
J'ai jamais pu.
Je pourrai jamais.


Un dernier coup d'oeil à la porte. Ca non plus, il ne le pouvait pas. Partir sans un mot, sans une explication, sans un adieu. C'était précisément cette impossibilité qui l'avait mené jusqu'à cet appartement. Une impossibilité croissante à mesure d'avoir appris à connaître Barbie. D'avoir compris qu'il était amoureux, désespérément amoureux, de l'Homme-Enfant. Qu'il donnerait tout ce qu'il avait, de ses secrets à son âme, qu'il l'avait même déjà fait. La Lune lui criait constamment ce que le monde lui avait pris de force, chaque nuit depuis le début du mois. Sa dignité, son identité, sa joie, son essence, son corps, de nombreuses fois. Mais Barbie ne lui avait jamais rien pris. C'était Devlin qui lui avait tout donné, elle était là, toute la différence. Et il continuerait, aussi longtemps qu'il aurait une place dans le coeur de son ancien amant.
Chancelant, en s'appuyant contre l'encadrement de la porte. Les yeux rouges et humides, mais ils l'étaient déjà avant, Barbie ne verrait probablement pas la différence. Dos tourné à la sortie, à sa dernière possibilité de s'échapper. Coulant un regard sur les gestes vifs, bien trop nerveux de l'Homme-Enfant, sur ce sourire trop sûr pour être vrai, il sentit toute volonté de fuir fondre comme neige au soleil. Il avait besoin de lui. Mais pas seulement pour faire fonctionner le projecteur.

-On va trouver, t'en fais pas.

Son genou et sa côte fêlée émirent une saillie de douleur en signe de protestation, quand il s'agenouilla à côté de son cadet. Encore tremblantes, ses mains attrapèrent le câble d'alimentation, le déplièrent puis le branchèrent à l'arrière du projecteur. Devlin renifla, malgré son expression impassible. Il brancha l'alimentation à la prise murale, palpa les flancs de l'appareil pour trouver le bouton pour l'activer. S'étonna en sentant ses lèvres s'étirer dans un léger sourire, sous les commentaires de son ancien amant. Un filet de voix, feulement étranglé mais tendre :

-C'était le seul qui avait une option rose. J'ai de suite su qu'il était pour toi.

Un claquement, quand il trouva enfin le bouton. L'effet fut immédiat. Une lumière colorée, bleue, tapissa les murs et le plafond de la petite chambre. Des sillons lumineux comme des vagues, mobiles, mais pas encore couverts d'étoiles. Pas encore roses, non plus. Ca viendrait. Tout viendrait toujours. Même l'espoir. Même le chaos. Plus sûrs, ses doigts, en attrapant la télécommande. Les piles n'étaient pas fournies, mais Devlin avait ouvert la boîte en la recevant. Bien sûr qu'il avait testé le matériel avant de l'offrir à Barbie. Il était hors de question de lui offrir quelque chose de défectueux ou, pire, qui ne déverse pas de galaxies roses comme promis. Il ne se serait jamais pardonné une telle erreur.

-Allonge-toi sur le lit et ferme les yeux, à mon signal, tu auras la tête dans les étoiles.

Encore assis sur le sol, tandis que Barbie escaladait le bord du lit. S'il avait les yeux fermés, il ne le verrait pas partir. Allongé sur le lit, il ne pourrait pas le rattraper s'il décidait de reprendre sa liberté.
Devlin se redressa lentement. Chacun de ses membres hurlant au supplice, ce faisant, et toujours cette impression maladive au creux du ventre. Installé confortablement, les paupières closes, Barbie était toujours aussi beau. Malgré tout le mal qu'il lui avait fait. Malgré cette balafre qui s'étirait sur sa joue si belle, presque infinie sous la lumière mobile émise par le projecteur. Violacée et sombre, changeante. La preuve qu'avec toute la tendresse qu'il portait pour lui, le devin, qu'avec tout cet amour qui n'explosait dans sa poitrine que lorsqu'il était question de Barbie, il n'était pas capable de l'empêcher de souffrir. Pas quand c'était lui qui en était la cause, de cette souffrance.

Je peux toujours fuir.
Je peux toujours partir.


Inspiration hachée, en faisant un pas en arrière. En en faisant un autre, vers la porte de la chambre. Il tendit un bras vers la porte. La referma définitivement, et sa liberté de fuir avec elle. Glissa un doigt sur l'interrupteur pour plonger la pièce dans le bleu des vagues, mobiles mais silencieuses, le coeur tambourinant avec violence dans sa poitrine. Il le pouvait, fuir. Mais il ne le voulait pas.
Avec une infinie précaution, le devin rejoint le bord du lit. Se glissa contre Barbie, retrouva l'ondée électrique que provoquait toujours son contact contre sa peau. Gestes mesurés ou habitudes, il ne savait plus où se situer en l'attirant contre lui. Comme toutes ces fois où ils s'étaient retrouvés dans cette chambre. Le besoin de retrouver sa place, en rendant à Barbie celle qu'il avait toujours eue contre son coeur. Celui de fourrer son nez dans ses boucles en espérant que son ancien amant ait toujours les yeux fermés. Ce serait plus simple pour ce qu'il espérait être capable de lui dire. Poussé par le remous des vagues lumineuses, il se jeta à l'eau.  

-Ce que tu disais tout à l'heure... Je suis pas d'accord avec toi. Je crois qu'on est faits pour être ensemble et qu'on est pas si différents que ça, en réalité. On a tous les deux vécu des trucs qui nous ont poussés à être ce qu'on est maintenant. On a tous les deux fait pris des décisions de merde, on a tous les deux choisi un chemin qui n'est pas forcément enviable. Mais de là à croire qu'une force supérieure veut pas qu'on soit ensemble ? J'y crois pas.

Ses doigts manipulèrent nerveusement la télécommande, pressèrent les boutons jusqu'à ce qu'une galaxie d'un rose vif clairsemé d'étoiles tapisse enfin la pénombre. Une couleur qui ne collait plus qu'à l'Homme-Enfant, qui n'appartenait plus qu'à lui aux yeux du devin. Une inspiration contre les boucles. Une bouffée de Barbie, pour se donner du courage. Après avoir écumé les routes et tenter toutes les drogues imaginables, aucune n'avait jamais été aussi puissante que le parfum naturel de l'Homme-Enfant. Aucune ne lui avait jamais donné autant de forces pour démêler le vrai du faux dans ses propres paroles.

-Je crois que rien n'est écrit à l'avance, que c'est l'humain qui écrit sa propre histoire. S'il y a un divin, une force extérieure, ou même un Cupidon, c'est qu'un con. Parce qu'il nous a donné le libre-arbitre. Et c'est un branleur qui a des visions du futur qui te dit ça. Même le futur que je peux voir, des fois, il peut changer. C'est bien la preuve que rien n'est écrit, sinon l'histoire qu'on a envie d'écrire. Et moi, l'histoire que je veux écrire, c'est la nôtre, B. Parce que je t'aime et tu m'aimes, et c'est plus que suffisant pour que tu m'aies dans les pattes pendant encore longtemps. Et si rien de supérieur n'existe pour nous en empêcher, y'a pas de raisons qu'on s'en empêche nous-mêmes de l'écrire, notre histoire.

Rien, à part eux-mêmes. A part leur passé, leurs blessures, leurs maladresses. Rien, sinon une multitude de raisons qui ne relevaient pas du divin mais bien de l'Homme, et contre lesquels Devlin se savait prêt à se battre rien que pour avoir la chance de revoir les étoiles dans les yeux de Barbie. Il ne croirait probablement jamais être la raison de leur apparition. Mais il était prêt à le lui laisser croire, juste pour qu'elles soient toujours là, aussi pétillantes et magnifiques que leur propriétaire.

-Tu sais, j'ai jamais cru en rien. Dieu, Shiva, Cthulhu, le Grand Appendice Nouillesque, pour moi c'est des conneries. Mais tu m'as appris à croire en l'amour, toi, tout ton beau toi tout entier. Tu m'as appris qu'il dépassait tout, la distance, le temps, les frontières, les corps... Les erreurs, les peines ou la peur. Et je crève de trouille en me disant qu'un jour, peut-être, tu m'aimeras plus. Mais ça m'empêchera pas de me battre pour toi, pour nous, parce que... Parce qu'on s'en fout des dieux, c'est toi que je mérite, c'est en toi que je crois et c'est toi que je veux.

L'impression d'en dire trop, et pas assez. L'impression de se perdre dans les boucles de Barbie tout autant que de le perdre tout entier. La peur aux tripes qu'il s'éloigne, que ces mots qui n'avaient jamais été prononcés entre eux le fassent fuir à son tour. Car c'était beau, d'avoir réussi à céder à l'appel de la fuite. Barbie en était capable lui aussi. S'ils avaient le choix de leur propre liberté, rien ne l'empêcherait de la saisir.
La peur au ventre, en glissant finalement la télécommande entre les mains de son ancien amant. Une passation de flambeau alors qu'il ne lui confiait plus seulement son monde à lui, mais l'univers tout entier.

-Je t'aime, Barbie. Ta galaxie n'attend plus que toi, tu peux rouvrir les yeux. Joyeux anniversaire.

Lente et régulière, la galaxie rose se déployait à l'infini dans la pièce sombre, mouchetée d'étoiles lumineuses. La première fois que le devin l'avait lancée, dans le confort relatif de sa caravane, il avait trouvé que le cadeau serait absolument parfait. Puis la sensation s'était progressivement estompée, teintée par l'impression que ce ne serait pas suffisant. Que Barbie méritait bien plus qu'une illusion, qu'il méritait non seulement le ciel mais aussi ses étoiles. "Barbara" avait été adoptée, comme pour compenser ce manque. Mais la vérité était bien au-delà d'un simple projecteur, ou la possession hypothétique d'une authentique étoile. Plus profonde, alors que Devlin découvrait la chambre de Barbie sous la lumière rose. Ce n'était pas ses cadeaux qui étaient insuffisants. C'était lui qui se sentait loin d'être à la hauteur pour l'Homme-Enfant.
Déjà avant, quand tout allait bien. Surtout maintenant que tout allait mal. Il l'aimait, Barbie, il l'aimait à un point qu'il ne se serait jamais cru capable d'atteindre. Mais lui, était-il suffisant pour l'Homme-Enfant, ou n'était-il au final que comme cette galaxie lumineuse : un ersatz ?

Le besoin d'étouffer ses réflexions en fracassant le silence. De compenser le mal-être par des excès pratiques, les vieilles habitudes qui revenaient. Les mains dans le cambouis pour se vider la tête. Ses doigts tremblants guidant déjà ceux de Barbie sur les boutons de la télécommande, trop pressés de lui expliquer, de peur qu'il s'échappe après tout ce qui venait d'être dit. Une forme de fuite en avant, là aussi.

-Y'a plusieurs modes en fait, pour ton projecteur. Tu peux enlever les étoiles et ça passera en mode vagues, t'as juste à appuyer sur ce bouton.

Précautionneux mais nerveux, en guidant le pouce de Barbie sur la télécommande. Il l'avait manipulée, le devin, il savait comment elle fonctionnait. A moins que ça ne soit que pour se rassurer lui-même.

-... Et tu peux changer la couleur aussi, y'en a quatre... non, cinq. C'est ce bouton, là. Le gros. T'avais aussi un modèle qui faisait haut parleur, mais comme t'as déjà des enceintes, j'étais pas sûr que ça te plaise. Ah, et il te faudra des petites piles pour la télécommande. J'en ai mis des rechargeables, t'en as de rab' dans la boîte, mais j'ai pas retrouvé mon chargeur pour te l'offrir avec le reste...

Puis on s'est disputés.
Puis on s'est séparés.
Puis ça ne servait plus à rien.


Un vent de panique tranché par un éclair de peine. Il y avait pensé, au chargeur. Puis la tempête les avait séparés, rude et implacable. Le cadeau avait fini dans le coffre de son lit escamotable avec son cœur et tout ce qu'il voulait offrir d'autre à son ancien amant. Ses dents cherchèrent l'intérieur de sa joue, mâchonnèrent nerveusement la chair tendre. Même pour ça, il avait merdé.

-Ca te plaît ? Sinon je file te trouver autre chose...

Ce n'était rien un projecteur au rabais et un paquet de piles. Rien, un chargeur qui n'était même pas neuf, qui n'était même pas dans la boîte. Aveuglé par la lumière des étoiles, il baissa les yeux. Barbie méritait mieux. Tellement mieux qu'un bout de plastique, un bout de papier et un mec approximatif qui ne savait même pas où il en était.
C'était une vraie galaxie qu'il méritait.
C'était une personne réelle qu'il lui fallait.





L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
damné(e) le : o07/10/2019
hurlements : o4825
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons) fürelise (cs/gif/sign) tucker.
bougies soufflées : o34
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Il aurait aimé pouvoir le rassurer, après tous ces mois à se faire du mal sans raison apparente. Il aurait aimé pouvoir lui dire que tout irait bien, qu’ils n’auraient plus à vivre ce genre d’incident s’ils décidaient de respecter l’amour qu’ils accordaient à l’autre. Ils avaient une capacité toute particulière lorsqu’il s’agissait de se faire du mal ; malgré le bonheur qu’ils pouvaient également se transmettre simplement en s’octroyant quelques moments où le temps ne comptait plus. Lorsqu’ils passaient des heures, enlacés l’un à l’autre, et se trouvaient surpris en constatant que la journée les avait rattrapés. Il ne leur en fallait pas plus pour être heureux, pour se répandre en tendresse. Mais s’il était aisé de partager des instants de bonheur, il était était bien facile de mettre un voile dramatique sur leur relation. Et Barbie ne pouvait rien y faire, même avec les plus jolis poèmes. Il aurait pourtant tout donné pour le réconforter, pour oublier qu’ils n’avaient aucune chance de vivre paisiblement jusqu’au restant de leurs jours, et que des séismes reviendraient forcément se défier d’eux. Il ne pouvait que faire en sorte que l’heure soit douce, et que son amant éternel cesse de le regarder comme s’il n’était qu’une victime de ses faiblesses. Il avait ramassé, s’était débattu pour ne pas rester à terre après les coups qu’il avait reçus quelques jours plus tôt ; mais il n’était pas la seule victime pour autant, et voulait que Devlin le sache. Il ne savait pas encore quel monstre avait pris possession de cet être de tendresse, et n’avait aucune idée de la portée que ses gestes pouvaient avoir encore aujourd’hui ; mais il ne pouvait pas le blâmer entièrement. Il avait relancé l’assaut, sans que le devin n’ait à le forcer. Il aurait pu lui donner un tranquillisant alors qu’il était attaché, ou bien trouver une parade pour le faire sortir de leur quartier général avant que les évènements ne tournent au drame ; mais il ne n’avait pas fait. Il avait attendu, avait remué le couteau dans la plaie. Sa langue se déliant sur des mensonges, des vérités qu’il n’aurait jamais avoué si elles avaient été vraies. Il s’entend presque encore lui cracher des inepties au visage, des mots qu’il ne pourrait retirer qu’une fois la tempête adoucie. Il aurait peut-être le loisir de le faire, aujourd’hui ; en ce jour si particulier. Si seulement il était plus courageux, et trouvait la forte d’enfin tout affronter. Il préférait pour l’instant se cacher dans l’obscurité d’une chambre qui avait accueilli bon nombre de ses chagrins. Il n’a pas réussi sa mission, a lamentablement failli à la tâche. Il ne l’a pas rassuré, n’a pas été la main caressante dont l’autre avait besoin. Non. À la place, il s’est fait égoïste, avouant ses peurs au lieu de prendre celles de l’autre en compte. Il ne le voyait pas, Barbie, à quel point il pouvait se montrer nombriliste lorsqu’il s’agissait de ses terreurs. Il était un enfant capricieux, qui criait à l’horreur lorsqu’il se retrouvait plongé dans l’obscurité. Il n’avait pas peur du noir, il avait peur de ses sentiments ; et c’était bien plus terrifiant encore.
Il n’a pas su empêcher le flot de ses pensées de se déverser sur eux, de briser cette coquille de douceur dans laquelle ils étaient parvenus à entrer de nouveau. Il était de plus en plus étouffant pour lui de rester seul, et si Devlin ne le rejoignait pas dans sa fuite, Barbie risquait de se remettre à pleurer. Il avait douté un instant, la boîte du projecteur entre ses deux mains incertaines. Et s’il partait ? Et s’il prenait la décision de prendre soin de lui, et non de supporter les remarques maladroites d’un homme qui n’avait rien à lui apporter de positif. Il n’aurait pas pu lui courir après, aurait seulement entendu la caravane démarrer, et l’aurait vu s’éloigner après s’être enfin relevé pour regarder par la fenêtre. Il en aurait été fini de leur amour, et Barbie aurait terminé la journée dans l’insensibilité, à se demander pourquoi il avait été assez con pour laisser partir la seule personne qui se souciait réellement de lui. Il ne l’aurait jamais revu, et aurait parfois demandé à Wesley de lui donner des nouvelles, d’avoir au moins la certitude qu’il aille bien.
Mais Devlin n’est pas parti, malgré les conneries débitées par son ami. Il est venu vers lui, il s’est installé à ses côtés en faisant mine de ne pas avoir eu le coeur labouré par ses pensées. Il cède le projecteur, Barbie, afin de le laisser examiner la bête. Il garde la notice entre ses doigts, se racle la gorge afin de ne pas être trahi par sa voix lorsqu’il reprendrait la parole. Il ne pleure pas, mais son corps entier en a les signes. Il sourit en apprenant qu’il lui avait choisi ce modèle spécialement pour l’option rose. Il le connaissait si bien, savait comment lui faire plaisir malgré leurs différents. Ce n’était pas le cas de Barbie, qui se prenait de panique lorsqu’il s’agissait de trouver de quoi satisfaire ses proches. Il n’y avait que Trésor qu’il contentait assez facilement, d’un jouet choisi méticuleusement, ou bien d’un morceau d’aluminium roulé en boule et jeté au hasard dans le salon. L’animal courant après, lui rapportant, et demandant ce manège durant des heures. Il ne savait pas comment faire plaisir, trouver le cadeau idéal. Mais il faisait des efforts, et essayait de faire de son mieux afin de tomber juste lors des anniversaires et autre évènements.

Il se vautre sur le lit à sa demande, et ferme les yeux. Il est paisible ainsi, tant qu’il entend des bruits près de lui lui prouvant que l’autre est toujours là, qu’il ne s’agissait pas d’une ruse pour faire marche arrière. Il triche un peu, et ouvre doucement les yeux en le sentant s’installer contre lui. Il passe un bras autour de lui, se rassure de sentir sa chaleur si familière et blotti son visage contre son cou en le sentant humer ses cheveux. Il pourrait s’endormir ainsi, et rattraper tout le sommeil qu’il n’avait pas pu satisfaire à cause de tous les problèmes qu’il n’arrivait plus à gérer ces derniers temps. Il était épuisé, et se sentir abandonné contre le torse de son amour avait le pouvoir de le faire sombrer bien vite. Il était comme un enfant à qui l’on donnait une peluche pour calmer les pleurs, et s’endormait instantanément. Mais il lutte, essaie de ne pas s’en aller aussi vite dans les bras de Morphée, préférant rester dans ceux de Devlin. Il reste attentif, l’écoute alors qu’il répond aux interrogations qu’il se posait plus tôt. Il n’avait pas besoin de faire cet effort, Barbie ne méritait certainement pas que le divinateur prenne la peine de le rassurer. Mais, il lui en était reconnaissant. Il pose sa main sur son torse, toujours niché contre lui pour respirer son odeur. Les doigts cherchent les battements de son coeur, et s’y posent pour apprécier le rythme de son palpitant. Il referme les yeux, se laisse bercer par le son de sa voix en sentant la télécommande rejoindre ses doigts. Il retire alors la main de son coeur, et se laisse guider. Mais lorsqu’il ouvre les yeux, après avoir eu la permission de Devlin, ce n’est pas pour relever les yeux vers le plafond clairsemé d’étoiles, mais pour le poser sur le visage de son amoureux. Il ne le voit pas totalement, seulement éclairé par les lumières dansantes de son cadeau d’anniversaire. Il l’observe, effaré de le trouver toujours aussi beau malgré les marques qui s’étalent sur son visage. Il dépose ses lèvres dans son cou, en continuant de l’écouter parler. Les yeux qui se ferment et s’ouvrent, essaient de luter contre la fatigue. Il relève légèrement son visage, afin de déposer un nouveau baiser, contre sa mâchoire. Il rebaisse son visage, mais le relève quelques secondes à peine plus tard ; ne peut se satisfaire de ses paroles, réclamant une autre forme d’attention. Il n’écoute pas ce qu’il lui dit, se moque complètement de pouvoir passer du rose au bleu, ou même de pouvoir transformer les étoiles en papillons. Il garde la télécommande dans sa main, uniquement pour la joie de sentir ses doigts être guidés par les siens, sur le petit appareil. Mais il finit par soupirer, déplacer légèrement son corps afin de glisser une de ses jambes par-dessus la sienne. Il cherche le contact, a besoin de sentir qu’il est présent à ses côtés et ne s’échappera pas malgré ses maladresses. Il prend appuie sur sa deuxième main, ignorant l’attelle qui peine à rester en place à cause du contact contre le lit. Il se rapproche ainsi de lui, son torse presque sur le sien alors qu’il redresse la tête pour placer son visage si près du sien. Sa main qui lâche la télécommande, à l’abandon à côté d’eux, se pose dans le cou de l’homme. Il aimerait lui poser directement sur les lèvres, mais a donne projets pour elles. Il reste ainsi contre lui, les lèvres à quelques millimètres de leurs jumelles. Il les frôle presque en parlant ; un sourire indescriptible sur le visage. - J’ai pas besoin de savoir comment ça fonctionne. Il pose son front contre le sien, et remonte la main qu’il avait délaissé sur sa nuque, afin de déposer ses doigts sur sa bouche. Il joue de son index contre les deux morceaux de chair qu’il rêve de mordiller. Il s’amuse à passer son doigt dessus, doucement. - J’ai pas besoin de toutes tes explications, tant que je t’ai toi. Tu seras là, pour gérer la télécommande, pas vrai ? Il soupire, et pose son coude vers l’épaule de Devlin, afin de reposer ses doigts. Ils avaient beau ne pas être douloureux, Barbie savait qu’il ne devait pas les brusquer s’il voulait guérir le plus rapidement possible.
Il essaie de ne pas échapper tout son poids contre lui, sait ne pas être un poids plume. Il se retient alors avec son coude, et son genoux plié entre les jambes de l’autre. Il enlève son doigt, caressant sa joue à la place. Il retrace les lignes de sa blessure, frôlant à peine afin de ne pas lui faire mal. Il lui a déjà fait trop de mal, a déjà trop étendu la douleur sur ses jolis traits. Il ferme les yeux, et l’embrasse enfin en posant la paume de sa main contre sa joue. Il lui offre le baiser qu’il rêvait de lui sacrifier durant ce mois ; qui lui avait paru une éternité. Il est doux, la bouche qui réclame mais ne vole pas. Elles attendent que leurs soeurs réagissent, préférant partager plutôt que de se servir.  Il a les yeux toujours aussi larmoyants, à cause de ses mots. Toutes ces belles choses qu’il venait de lui dire, et qui signifiait tant à ses yeux. Il sépare son visage du sien, se déchire au passage, et relève le visage afin de découvrir enfin les lumières dansantes sur la surface lisse du plafond. La tête en l’air, dans les étoiles, il sourit comme un gamin. L’extase d’un enfant à qui on a offert bien plus qu’un projecteur, mais un ciel étoilé. Il baisse son visage vers lui, se demandant comment le remercier convenablement. - Il est parfait, ton cadeau. Et je ne l’échangerai pour rien au monde, je te jure. Il caresse sa joue doucement, continuant du dos de sa main en faisant attention de ne pas appuyer sur les marques. Il ne veut pas être trop brusque, ne pas être le Barbie maladroit. - Et puis, je te l’ai déjà dis : c’était ta venue mon cadeau. Il était sincère, bien trop heureux que le devin ait accepté son invitation lancée à la va-vite, entre deux sms. Il avait eu peur qu’il ne se défile, et décide de ne pas répondre présent. Il n’avait aucun moyen de le retenir, si l’autre choisissait de prendre la fuite sans lui donner de nouvelles. Et ça avait été sa plus grande crainte, en s’éveillant dans la salle de repos du quartier général des Cyclops. Vous l’avez retrouvé ? Il avait demandé, mais personne ne l’avait vu. Il s’en était félicité, Barbie, lui ayant donné le moyen de s’enfuir sans avoir à croiser qui que ce soit. C’était une sortie que prenait parfois Barbie lorsqu’il n’avait pas envie de croiser du monde, et juste s’éclipser en ayant comme témoin que ses propres pensées. En lui indiquant ce chemin, l’infirmier savait qu’il pourrait s’en aller sans se faire prendre. Il ne voulait pas qu’ils lui fassent plus de mal. Il s’était lui-même laissé assaillir par ses coups, n’avait pas riposté, ne s’était pas défendu ; ce n’était pas pour réaliser qu’ils l’avaient battu à mort en sortant de sa torpeur. Il n’aurait pas supporté une telle perte.

Il emprunte une nouvelle fois le chemin de ses lèvres, en un baiser bien plus furtif que le précédent ; à peine le temps d’un frôlement. Il se redresse, libérant son corps du sien avec grand regret. Il n’est pas sûr de lui, pas certain de prendre les bonnes décisions, mais c’est ainsi qu’a toujours fonctionné son quotidien. Il quitte le lit, en faisant bien attention de ne pas s’appuyer sur lui ; l’idée de le blesser l’inquiète. Il s’approche de sa commode et en sort une petite boîte qu’il s’est embêté à emballer. Le papier est froissé, le scotch tient à peine, et les rubans qu’il a essayé de dresser tombent platement sur un côté du cadeau. Il n’est pas arrivé à faire quelque chose de présentable, mais il tenait à le faire lui-même, ne pas laisser quelqu’un terminer ce présent. Il prend une enveloppe marron, format A4 ; referme le tiroir de la commode. - C’est rien d’aussi parfait que mon étoile, mais je pensais pas qu’on devait se faire des cadeaux parfait alors … Il s’approche doucement du lit, et s’y assoit en tenant le présent entre ses mains. - Je comptais plus te l’offrir, il n’est plus … Il ne sait pas comment terminer sa phrase. Tu n’as plus à t’en servir. Je trouvais ça marrant, et je me disais que ça te ferai rire. Il tend le petit paquet à Devlin, et rougit déjà à l’idée qu’il ne découvre l’objet caché sous les couches informes de papier cadeau. Il garde la grande enveloppe sur ses genoux, n’osant pas lui donner. Ce sera bien moins facile à assumer, à affronter, qu’un cadeau fait seulement pour la plaisanterie. Il prend pourtant l’enveloppe entre ses doigts, tête baissée. - J’ai failli tout brûler, mais … J’ai pas pu. Il lui tend enfin l’enveloppe, les doigts qui tremblent d’appréhension à l’idée qu’il ne voit son travail pour la première fois. Il ne savait pas s’il avait déjà laissé son regard s’attarder sur ses dessins, ceux qu’il laissait parfois trainer sur son bureau entre deux séances d’inspiration. Mais il ne lui avait jamais montré son travail terminé, achevé, ni même ses poèmes qu’il gardait plus secrètement au fond de ses tiroirs. Ce n’était pas réellement un secret, et il n’en avait pas honte, mais il avait toujours peur du jugement des autres. Et il avait voulu partager son art avec Devlin. Alors, pour la Saint Valentin, il avait voulu lui offrir un présent plus personnel que quelque chose acheté en commerce. Il lui avait écris un poème, et fait un dessin. L’esquisse le représentait avec ce sourire qui lui allait si bien, et qui faisait craquer Barbie à tous les coups. Il mourrait pour ce sourire. Il lui arrivait de dessiner sans prévenir, de s’installer dans son coin et observer les traits de visage de chacun en les recopiant sur le papier. Il l’avait fait avec Zak des années en arrière. Il l’avait fait avec Frankie, en faisant bien attention qu’il ne s’en rende jamais compte ; de peur d’être jugé. Et il le faisait également avec Devlin. Il le dessinait même parfois durant ses insomnies, lorsque l’autre dormait paisiblement. Lui qui était si beau en dormant. Il avait également fait quelques dessins de Wesley, mais avait eu peur qu’il ne prenne peur en le voyant faire, pensant que son colocataire devenait fou. Il les avait donc caché avec les autres, dans le tiroir à secrets. Le paquet, lui, contenait une petite cloche couvertes de strass où s’inscrivait les lettres ring for sex. Il attend que Devlin attrape l’enveloppe, et commence déjà à redouter. Il regrette même, d’avoir cédé à l’envie de tout lui donner. - T’es pas obligé de les garder. Tu peux les jeter, si tu veux. C’est pas grand chose. Il ne peut plus lui souhaiter une joyeuse Saint-Valentin, et maudit presque l’écriture arrondie sur l’enveloppe marron. Joyeuse Saint-Valentin, mon sucre. Je t’aime. Il regarde ailleurs, ne veut pas le regarder lui directement. Il a envie d’en rajouter, de lui dire à quel point il est désolé de lui offrir quelque chose d’aussi minable. La clochette n’était qu’une plaisanterie, un moyen de le voir sourire une nouvelle dois. Mais le poème, et le dessin, venaient du coeur, il y avait mis tout son amour. Il avait peur que ça ne lui plaise pas, qu’il ne comprenne pas l’intérêt, ou n’apprécie pas son travail. Il attrape fébrilement la télécommande du projecteur entre ses mains, et appuie sur tous les boutons en levant la tête pour admirer l’effet que ça provoque. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait, n’a pas écouté ses explications. Il s’arrête un instant, et penche la tête sur le côté en voyant d’autres étoiles s’étaler doucement face à son regard. - Dis, s'il y avait des tremblements de terre sur Mars, est-ce qu'on les appellerait des tremblements de mars ? Il garde la tête levée vers son plafond, pour avoir une excuse pour ne pas le regarder. Il part, pour avoir une excuse pour ne pas fuir.

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
damné(e) le : o28/10/2019
hurlements : o4501
pronom(s) : oshe / her
cartes : oava fürelise la perfection // sign exordium // montage par jiji la plus jolie // moodboard par le plus parfait des maris
bougies soufflées : o35
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Trop dans sa tête, et cette dernière pas suffisamment dans les étoiles. Il n'avait pas toujours été comme ça, le devin, il l'était devenu. Par la force des choses, par nécessité. A battre le pays de long en large sans trop y penser, il avait dû l'apprendre, la pensée. Parce qu'il n'aurait pas survécu longtemps sans un peu de plomb dans la cervelle. Parce qu'il avait voulu se dire que l'imagination pouvait compenser les longues heures d'ennui de son enfance, passées entre stéthoscopes et murs bien trop blancs, et suffire à lui donner finalement la clé des champ. Mais aussitôt enfui, aussitôt rattrapé par les obligations de la vie. Un pragmatisme qu'il aurait préféré laisser derrière lui, aussi. Il avait été obligé de le devenir, pragmatique. Puis, d'imaginatif, il était devenu réfléchi. Pas sur tout. Pas suffisamment pour beaucoup de sujets. Mais à trop rester seul avec sa propre cervelle pendant des années sur la route, il n'avait jamais appris à ne pas se laisser submerger par sa propre cervelle.
Trop penser, et pourtant, ne pas penser suffisamment. Barbie avait rendu toutes les choses de l'amour si faciles, si naturelles, avec son sourire, ses yeux pétillants et sa lumière. Il balayait les doutes d'un mouvement de la main, il chassait les idées noires d'un simple regard. Une bouffée d'air frais quand la vie le suffoquait. Ne pas avoir à se préoccuper d'autre chose que d'eux, du présent seulement, passé collés l'un à l'autre. Ne pas avoir à penser à lui, s'oublier au profit de Barbie, pour l'unique plaisir de le voir heureux. C'était une drogue à bien des égards, l'amour. On se laissait porter par sa douceur, on se laissait emporter par la sensation de chaleur et de légèreté qu'il procurait. Puis venait la chute, le manque et l'enfer du sevrage, quand il n'était pas à proximité. Puis revenaient les pensées, noires comme de l'encre, furieuses d'avoir été abandonnées.

Il l'aimait, Barbie. C'était indéniable. Mais s'il doutait qu'il ait raison quant à la présence d'une force contraire à leur relation, Devlin n'était pas certain d'être le bon. Même lorsqu'ils étaient heureux, avant la violence, avant les coups, il n'était pas certain d'être le bon. Serait-il capable de maintenir le sourire sur les lèvres ourlées de son amant ? Serait-il capable d'entretenir cette relation qui lui était si importante ? Ou Barbie finirait-il par se lasser ? Ils l'abandonnaient tous, Devlin. Il y avait toujours un point de rupture, dans toutes les relations qu'il avait façonnées. Ivory était partie sans la moindre explication, par deux fois. Le premier homme à lui avoir fait comprendre ce qu'était l'amour avait disparu du jour au lendemain, emportant son coeur dans son sillon. D'amants en copine, de conquêtes en coups d'un soir, ils partaient tous de sa vie à chaque fois que la relation se teintait de vérité. Alors Devlin s'était fait une raison. Il n'était intéressant que lorsqu'il mentait. Il n'était accessible que lorsqu'il se le refusait. Mais maintenant qu'il venait de tout dire, Barbie partirait-il, lui aussi ? Après tout ce qu'il lui avait fait, le devin, après tout ce qu'il avait détruit, aurait-il toujours envie de reconstruire leur bulle de tendresse rien qu'à eux ? Il n'en était pas sûr. Ses pensées négatives et sa propension à fuir le lui dictaient avec la même vigueur que les murmures de la Lune, tous les soirs.
Un jour ou l'autre, il va se lasser.
Un jour ou l'autre, il ne va plus t'aimer.
Et cette fois-là, tu vas tomber de haut, Tarrare.
Parce que contrairement aux autres, tu as décidé de ne pas te protéger.


Combler le silence de trop de paroles pour ne pas s'entendre penser. Sa voix physique s'emmêlant à celle dans sa tête, dans un combat que le devin n'était pas sûr de gagner. Une myriade d'explications pratiques dont Barbie devait probablement se contrefoutre, juste pour gagner du temps. Juste parce que c'était comme ça qu'il avait toujours fonctionné. Les sentiments, l'amour, la fièvre, étaient des concepts si éloignés de la vie toute factuelle qu'il s'était créée. Bien plus difficiles à gérer qu'un couple de piles dans une télécommande, et un cadeau ridiculement inadapté. Sa voix filant le long de sa gorge, il remarqua les mouvements de Barbie. L'ennuyait-il ? Il se mordit la lèvre en entendant la télécommande glisser dans les draps. Sentit l'orage se dissiper en sentant une cuisse se faufiler entre les siennes et en retrouvant ces deux billes marrons, pétillantes, qui arrivaient toujours aussi facilement à chasser ses nébulosités cérébrales. Il sentit ses joues s'empourprer, remercia la lumière rosâtre du projecteur d'atténuer la chaleur qui traversa tout son visage. Un sourire crispé s'étira sous la moustache du routard en l'entendant l'interrompre. Tu parles trop, Devlin. Non seulement tu parles trop, mais en plus tu le saoules. Il avait eu raison de s'inquiéter. Si Barbie ne voulait rien savoir du fonctionnement de son nouveau jouet, c'était qu'il ne lui convenait pas, si ?
Non. Des doigts pâle le long des lèvres pour l'empêcher d'en dire trop, et Barbie qui n'en disait pas assez. Qui en disait suffisamment pour pousser le stressé à se détendre, son corps accueillant naturellement celui de son ancien amant tandis que son sourire se décrispait sous ses doigts.

-Ca veut dire que tu veux que je sois là tout le temps, ça ?

Une bouffée de tendresse au creux du cœur. Ses bras qui se nouèrent au creux des reins de Barbie, l'attirant contre lui avec précaution. Et cette gratitude, toujours cette gratitude qui balayait les doutes. Un remerciement silencieux qui prit la forme d'un baiser puis d'un autre sur le bout des doigts. Merci, B. Merci de savoir toujours aussi bien me sortir de ma propre tête. Un phare dans la nuit noire, l'Homme-Enfant. Ce n'était pas qu'une bête étoile qu'il méritait, c'était l'Etoile Polaire, mais la NASA ne l'avait pas mise à l'adoption, celle-là. Il aurait pourtant payé avec toutes ses possessions pour que ce soit elle qui revienne à son amant. Elle et aucune autre, tant le jeune homme était une constante qu'il voulait avoir dans sa vie. Tant il était celui vers qui le voyageur revenait constamment, même après s'être perdu dans l'obscurité.
Coeur et souffle en suspension, en le sentant s'agiter. Ses bras qui se relâchèrent pour le laisser faire, ses reins qui se tendirent sous ce genou qui le déconcentrait, logé entre ses cuisses. Un frisson de douleur au passage de ses doigts sur ses balafres, et, pourtant, toujours cette tendresse diffuse au fond des yeux. Toujours cette gratitude dans les iris du devin, toujours cette tendresse en le voyant si doux malgré tout ce qu'il s'était passé. L'amour chassant la violence, la colère et le désespoir. La sensation de pouvoir mourir sur l'heure, quand leurs lèvres se retrouvèrent enfin. Des retrouvailles comme un cadeau partagé, un de ces baisers rares au goût d'infini et d'inéluctable. Parce que c'était ici que Devlin voulait rester, en réalité. Au creux de ces lèvres, à partager l'infini avec celles de Barbie. Le monde pouvait éclater, se fendre ou imploser qu'il s'en foutait. Il était déjà à sa place dans l'univers que Barbie avait créé. Un univers qui n'attendait que lui, rose et pétillant comme lui, que le devin se prit à retrouver en suivant le mouvement de l'homme enfant. Un pincement au coeur de le sentir s'éloigner, un autre de le voir aussi comblé. Un dernier de l'entendre bien plus heureux qu'à son arrivée dans son appartement, et d'en être un peu responsable, malgré les circonstances.
Rien n'équivalait la lueur que le bonheur laissait au fond de ses iris marrons. Rien.

-Tu peux dire ce que tu veux, B, que je sois là c'est tout sauf un cadeau. Mais je suis content que tout te plaise. Vraiment content que t'aies voulu que je sois là.
 
Sa main se détacha du dos de son amant, ses doigts papillonnèrent le long de la mâchoire, le long de cette plaie qui entachait sa joue. Doucement, du bout de la pulpe. Barbie avait beau prétendre ne pas ressentir la douleur, Devlin ne s'y ferait jamais. Quand il voyait les traces qu'il avait laissées sur sa peau claire, quand bien même la lumière du projecteur en atténuait la rougeur, il avait mal pour son amant. C'était lui, tout ça. L'attelle à ses doigts, les marques sur son cou, la balafre sur la joue. C'était lui, et il ne présenterait jamais assez d'excuses pour que son cadet le pardonne. Il mettrait probablement des mois, peut-être même des années à se le pardonner. Parce qu'il savait ce que ça faisait, de se faire rouer de coups par l'amour. Une frontière qu'il n'aurait jamais voulu franchir, qu'il n'avait pas pu se retenir de franchir. Il en ressentait la morsure dans chacun de ses membres, de son échec à se contrôler. Et se jura intérieurement de ne jamais, plus jamais blesser Barbie.
Il lui avait fait promettre, des mois plus tôt. De tirer une balle à qui lui faisait plus de mal que ce que Barbie lui-même lui avait fait. En le voyant si beau et lumineux malgré ses blessures, il sut à qui elle était destinée, cette balle qu'il avait promis de tirer. S'il échouait à tenir sa promesse, chuchotis de la Lune, possession ou quoi que ce soit d'autre, elle finirait logée entre ses mèches noires.

Un grognement de protestation, en sentant Barbie s'échapper. Devlin se redressa toutefois pour s'asseoir en tailleur sur le lit, ses membres engourdis criant au supplice. Profitant que son amant soit occupé à farfouiller dans son armoire, il tira une petite boîte de pilules de la poche intérieure de sa veste. Des antidouleurs. S'il avait été moins à cheval sur les horaires concernant ses repas, ces dernières semaines, il savait devoir respecter scrupuleusement les conseils de Silas. Les pilules au fond du gosier, et Barbie qui revenait. Son regard s'illumina en voyant le paquet artisanal de son ancien amant. S'il l'avait vu sous un sapin, il aurait de suite su qu'il venait de lui. Une attention toute particulière et toute personnelle que Barbie seul avait. Cette petite étincelle d'enfance qui transparaissait dans tout ce qu'il faisait, et le rendait si beau aux yeux du devin. Sautillant jusqu'au bord du lit, il accueillit le premier paquet avec surprise. C'était l'anniversaire de Barbie, non ? Pourquoi lui offrait-il quelque chose ?

-Mais... Pourquoi un cadeau ?

La Saint Valentin. La pensée s'imposa d'elle-même dans l'esprit confus du devin, comme une évidence. Devlin avait oublié son existence, à cette fête, à ne jamais la célébrer. Ca le touchait même que son ancien amant ait pensé à lui dans de telles circonstances. C'était son anniversaire. Et pourtant... Les paroles suivantes de Barbie tranchèrent ce soudain éclat de lucidité. Son coeur se serra. Le paquet atterrit sur ses genoux, son bras s'enroula naturellement autour des épaules de Barbie. Un baiser s'échoua contre la joue pâle, tendre et doux, une tentative d'apaiser les peines. Il ne pouvait rien dire, concernant son envie de tout brûler. Ne pouvait pas prétendre ne pas y avoir pensé concernant le projecteur, ne pouvait pas nier être touché par le fait qu'il n'ait pas réussi. Sûrement que quelqu'un d'autre que lui aurait les mots pour apaiser les siens, de maux. Devlin n'eut que les gestes, cette étreinte volée au plus jeune, cette main qu'il glissa dans ses cheveux, et cet autre baiser qu'il déposa contre sa tempe, dans l'espoir de chasser un peu la tristesse.

Posant l'enveloppe sagement sur ses genoux, il commença par déballer le plus gros paquet. Eclata de rire en extirpant une petite clochette pleine de strass, ornée d'un magnifique ring for sex. Un cadeau bombe atomique, le genre de présents à transformer tout l'appartement en champ de bataille. Dépliant le battant de la clochette, il la fit tinter doucement du bout des doigts. Barbie ne se rendait pas compte de ce qu'il venait de lui offrir. Wes allait s'en arracher les cheveux, le divinateur le prédit d'avance.

-On en avait pas parlé de ça, l'autre jour ? D'avoir un code secret ou une alarme pour se dire qu'on veut se grimper dessus sans que d'autres soient au courant ? T'as exaucé tous mes vœux, là !

L'autre jour. Il y avait plus d'un mois, quand le chaos n'avait pas remplacé la tendresse. Quand le sourire de Barbie n'avait pas failli s'éteindre définitivement à cause des erreurs de Devlin, qu'ils n'avaient pas failli ne plus jamais s'offrir quoi que ce soit. Le coeur serré, le sourire pourtant toujours vissé sur son visage pour n'en rien laisser paraître. Une illusion de proximité mue par l'habitude, par le besoin, aussi, que tout redevienne un peu comme avant. Ce ne serait pas le cas tout de suite. Ca prendrait sûrement un certain temps. Mais il ne comptait pas quitter cet appartement avant d'avoir fait résonner cette clochette dans chacune de ses pièces, pour peu que Barbie le lui permette. Ses lèvre précédant ses mouvements, il cala finalement sa tête sur l'épaule de son amant avant de reprendre l'enveloppe. Le papier kraft crissa sous ses doigts tandis qu'il défaisait les deux feuilles de papier qu'il contenait. Les inquiétudes de Barbie au creux de l'oreille alors qu'il tirait la première de son contenant, le devin glissa un bras sous celui contre lequel il s'était installé. Un geste anodin pour mieux le rassurer. Il ne partirait pas. Barbie n'avait pas à fuir, lui non plus. Ni se cacher.

La feuille extirpée, et le devin tomba nez à nez avec lui-même. Les yeux noirs s'agrandirent en sentant son coeur manquer un battement. Il avait vu les oeuvres de Barbie, le long des murs d'Exeter. Certaines de ses oeuvres, des poèmes pour la majorité. S'il lui était arrivé de croiser un croquis ou deux, abandonné par mégarde dans l'appartement, il n'avait encore jamais eu l'occasion de voir une véritable oeuvre de l'Homme-Enfant. Mais c'était lui. C'était indéniablement lui. Il y avait une telle application dans les traits qu'il ne pouvait qu'avoir pris longtemps, ce portrait. Tambourinements sonores contre ses côtes. Il avait dû y mettre du temps et beaucoup d'application. Et, sous les crayons de Barbie, Devlin se sentit beau. Pour la première fois de sa vie. C'était comme ça qu'il le voyait, son amant ? Quand il ne dormait pas, la nuit, qu'il s'extirpait des draps parce qu'il subissait ses insomnies ? C'était ça ce qu'il était pour lui ? Il avait du mal à y croire. Et, pourtant, le cœur battant et les mains tremblantes, il tira le second feuillet de l'enveloppe. Sa gorge se serra en lisant le poème. Barbie avait de l'or entre les doigts, le devin l'avait toujours su. Une plume aussi délicate que les coups de crayons qui ornaient l'autre feuille de papier. Des mots qui touchaient juste, chargés d'une tendresse et d'une poésie qu'il n'aurait jamais cru mériter. Ce n'était pas seulement le talent de Barbie qui le rendait beau. C'était Barbie tout entier qui le trouvait beau, lui, Devlin.
Et tout ce qu'il avait reçu en échange, c'étaient des coups.

-C'est... Putain, c'est magnifique...

Les mains encore fébriles, les yeux perdus dans les mots et le long des lignes, le coeur noyé dans l'encre et le graphite. Gros dans sa poitrine. Savait-il seulement à quel point il était talentueux, l'Homme-Enfant qui s'occupait nerveusement avec sa télécommande ? Savait-il à quel point il était magnifique, et à quel point il se plantait ? Les couleurs flottèrent et changèrent à l'infini, tout autour des murs. Mais tout ce que le devin fixait à présent, c'était le visage de son amant, perdu à mi-chemin entre la mer et les étoiles. Les doigts hâlés, abîmés, se posèrent sur la télécommande. L'extirpèrent de leurs pairs et la laissèrent retomber quelque part dans les draps.

-Oui, tout comme les tremblements de Lune s'appellent des tremblements de Lune.

Se contrefoutant de la couleur de la galaxie, de si elle était rose ou verte ou bleue, il s'éloigna pour poser les deux feuilles sur la table de chevet. A l'abri, là où elles ne risquaient absolument rien. Il les encadrerait, ce dessin et ce poème. Il les garderait non loin de son cœur, les accrocherait au plafond de sa caravane, au-dessus de son lit, là où il pourrait les voir le plus souvent possible. Où il pourrait contempler à l'infini tous ces fils d'amour tissés par les doigts de fée de l'Homme-Enfant. Mais en attendant, ce furent les siens qui bougèrent, de doigts. Qui s'attelèrent à attraper le menton du plus jeune pour l'arracher avec douceur à ses contemplations, tandis qu'il s'imposait devant lui. Il s'en était déjà douté avant, Devlin. Mais il était plus que sûr, maintenant. Il pourrait mourir pour Barbie.

-Eh, shonu. Tu dis que je suis beau, dans ton poème. Mais c'est pas tout à fait vrai parce que t'as oublié quelque chose d'essentiel : c'est toi qui me rends comme ça. C'est pas les astres ou le Canada, c'est rien que toi.

Toujours debout devant lui, sa main libre se faufilant dans les bouclettes. Repoussant celles, bien plus longues qu'il y avait un mois, pour dégager le visage en coeur de son amant. Il aurait voulu être capable de dessiner aussi bien, d'être capable de retranscrire aussi bien que lui tous ces sentiments qui papillonnaient jusque dans son essence à chaque fois qu'ils étaient ensemble. Cette euphorie qui le transportait quand Barbie le faisait rire, cette tendresse qu'il éprouvait à chaque fois que le plus jeune s'endormait dans ses bras. La mélodie de ses soupirs, le joyeux fracas de ses joies, la tempête de ses passions ou les remous de ses peines. Il aurait voulu lui chanter dans toutes les langues du monde, et pourtant, il savait que les mots ne suffiraient jamais. Et pourtant, Barbie était bien capable de les capturer sur papier, lui. Alors à défaut de mots, Devlin se pencha pour capturer ses lèvres. Offrit plus qu'il ne prit, partagea plus qu'il ne garda. Insuffla entre elles tous ces mots qui n'existaient pas, ses mains en coupe autour de son visage, et le cœur au bout des lèvres. D'hésitations en réponses, de tendres en déclarations, les baisers communicant plus qu'il ne l'aurait jamais pu.
Le devin qui avança, s'imposant naturellement entre les cuisses du plus jeune. Le basculant naturellement à travers le lit, courbé au-dessus de lui pour mieux reprendre ses lèvres. La douleur plus qu'un lointain souvenir, chassée par l'amour et les antidouleurs. Un chuchotement, souffle contre souffle.

-T'as de l'or entre les doigts, je l'ai toujours dit. Mais si je saurai jamais dire aussi bien que toi à quel point je t'aime, j'ai une idée de comment te le montrer.

Un sourire chafouin au creux des moustaches. La main qui jouait avec les bouclettes se faufila entre les doigts. Un tintement cristallin retentit comme un appel dans le silence de l'univers. La clochette luisante au bout des doigts, il pouffa, pas peu fier de son élan d'inspiration. Déposa son front entre les bouclettes, le regard noir rendu lumineux par l'amoncellement d'étoiles contenu dans un aussi petit espace. Il pourrait contempler Barbie à s'en brûler les rétines.

-Dis, à ton avis, un tremblement de lit ça s'appelle un tremblement de lit ? Parce que c'était la deuxième partie du cadeau d'anniversaire que je voulais t'offrir, à l'origine.

Il y avait réfléchi, à tout ça. Peut-être trop réfléchi à ce qui irait à Barbie, non, ce que mériterait Barbie pour son anniversaire. Mais tous ses projets n'avaient jamais eu grâce à ses yeux. Parce que quoi qu'il pense, Devlin, il ne trouvait jamais quoi que ce soit qui lui semble suffisant pour montrer la portée de son amour à l'Homme-Enfant. Pas que ça le soit maintenant. Appuyé sur ses mains, soucieux de ne pas s'étaler de tout son poids de son amant, il le contempla encore un instant. Une idée folle, dans la tête. Son coeur en suspension avec le reste de son corps, alors qu'il la partageait enfin.

-Est-ce que tu crois qu'on pourrait oublier ce qu'il s'est passé ? Juste pour aujourd'hui, juste pour ton anniversaire ?

Juste pour que ce soit une belle et bonne journée, pour toi.
Juste pour que tu te souviennes de tout ça non pas comme la fois où j'ai failli partir, mais celle où je suis vraiment resté.


Un frisson de terreur en comprenant l'énormité de ce qu'il venait de proposer. Mouvement de mèches brunes. Il se redressa, prêt à partir, de peur que Barbie refuse. De peur de l'avoir blessé, encore une fois.

-C'est... Excuse-moi. J'aurais jamais dû dire ça.

Sombre connard, Tarrare.






L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
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Barbie Tarrare
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Il n’était pas fort pour étaler ses sentiments autrement que sur le papier. Apprivoiser les mots afin de les rendre émouvant, d’en faire des discours à coeur ouvert, était une besogne dont il avait l’habitude depuis qu’il savait tenir un crayon entre ses mains. Les croquis et autres esquisses également, doué pour donner vie à l’inanimé. Il dessinait ce qui l’entourait, ou ce qui obstruait son esprit et l’empêchait parfois de réfléchir. Il étalait sur ses carnets, les traits de ses proches, de ceux qu’il aimait, à ceux qu’il craignait, comme pour exorciser ce qui l’effrayait. Un acte cathartique qui l’avait aidé jusqu’ici mais qui avait transformé son bureau en un amas de feuilles gribouillées. Il y avait les traits de Zak qui revenait depuis quelques semaines, depuis qu’il l’avait revu de manière inopinée. Il ressentait le besoin de retirer son visage de son esprit, pour arrêter de penser à lui, pour éviter de trembler à l’idée qu’il puisse réintégrer sa vie et ses crises devenues plus fréquentes. Il avait récemment ressenti le besoin de dessiner Ivory, de se remémorer tous ses tatouages afin de ne faire aucune erreur en recopiant sa silhouette. Et ça lui avait fait un bien fou de repenser à sa meilleure amie disparue. Il aurait aimé l’appeler, lui parler de tout ce qui n’allait pas dans sa vie actuellement ; mais il ne voulait pas l’ennuyer avec ses problèmes. Il savait qu’il ne pouvait pas lui parler du retour de Zak, ni de sa relation avec Frankie, ni même de ses changements de températures avec Devlin. Et pourtant, il en avait besoin. Lorsqu’elle était partie, il avait perdu un des piliers de son existences, et ne se remettait toujours pas de ce manque. Il n’avait eu personne à qui parler, et ses dessins s’étaient révélés d’une aide indéniable. Il avait passé des heures dans sa chambre, à tracer des traits, courber des lignes. Wesley était là pour lui, évidemment, et il se sentait libre de lui parler de tout ce qui obscurcissait ses journées depuis quelques semaines, mais il avait eu peur de le blesser. L’enfant savait que son colocataire et son amant étaient de bons amis et ne se sentait pas d’exposer les blessures qui s’étalaient sur sa peau, sans avoir à blâmer le devin pour ses gestes d’une rare violence. Il avait décidé de ne pas s’étendre sur le sujet, et ne lui en avait touché que deux mots lorsqu’il avait demandé pourquoi il ressemblait à un chien écrasé. Barbie se doutait qu’il devait en savoir plus, mais au moins il n’aurait pas eu à lui donner de détails lui-même, et c’était ce qui comptait. Il avait laissé Wesley en paix, ne l’avait pas inquiété avec Zak, ni alerté pour tout le reste, et était fier d’avoir eu la présence d’esprit de ne pas le mêler à ses galères.Et maintenant qu’il se retrouvait en présence de Devlin, qu’il pouvait enfin penser à lui sans se demander s’il était toujours en ville ou non, ou se faire du souci concernant ce qu’il était capable d’entreprendre, il sentait que son coeur se libérait d’un poids. Il avait eu peur qu’il ne se fasse tuer, à trop chercher la merde au hasard, comme il l’avait fait avec ses collègues ce fameux soir.
Le fait que Barbie soit si incapable de dévoiler ses sentiments, n’était pourtant pas un problème dans ce genre de situation. Le divinateur connaissait son ancien amant, et même lorsque ce dernier prenait différents détours pour signifier quelques évidences, il savait lire en lui pour savoir où il voulait en venir. Alors oui, c’était ce qu’il avait essayé de dire, un peu maladroitement. Il voulait le garder à ses côtés, le plus longtemps possible. Les mots exacts étaient : pour toujours ; mais il n’était pas certain d’avoir le droit de penser à un pareil bonheur. Il n’aurait jamais osé les prononcer à voix haute, et se couvrir de ridicule lorsque Devlin le traiterait de fou ; mais c’était Barbie tout craché, de croire en des chimères. Il se contente de hocher la tête, afin de lui montrer qu’il avait raison. Il le voulait avoir lui à chaque instant, et pas seulement pour l’aider à se servir du projecteur d’étoiles. Il le voulait pour partager sa vie, pour rire avec lui, s’amuser à ses côtés, s’endormir entre ses bras et se réveiller par terre à force de trop bouger.

Les paquets dans les mains, et Barbie sourit du visage déformé par une expression singulière sur le visage de celui qu’il aimait. Il y avait une lueur de bonheur que l’enfant aurait aimé photographier afin de ne jamais la laisser s’échapper de ses souvenirs. Il était si beau, Devlin, lorsqu’il lui souriait ; mais peut-être n’est-ce que par surprise ? Il se rapproche légèrement de lui, essayant d’épouser la distance qui s’était trop longtemps imposée entre eux. Barbie avait besoin de contact, et le temps lui était compté pour le combler. Les yeux qui papillonnent un instant, fauché alors qu’il courrait vers lui. Mais… Pourquoi un cadeau ? Il n’a aucune réponse à lui fournir, lui même ne sachant pas réellement ce qu’il espérait. Il aurait aimé être sûr de lui, et lui dire que c’était tout simplement parce qu’il l’aimait, qu’il n’avait pas arrêté de penser à lui durant ce mois passé à douter. Il aurait aimé ne pas avoir cet air ahuri sur le visage, avec ses lèvres légèrement ouvertes, à la recherche d’une excuse à offrir ; rien de minable, si possible. Mais rien ne lui vient, alors il ferme la bouche, et baisse le visage vers ses mains -posées à plat sur ses genoux. Il ferme les yeux, en sentant les lèvres amicales se poser sur sa tempe, resserrer l’étreinte autour de ses épaules. Il fait claquer sa langue au fond de sa bouche ; vertigineux. - Je croyais que … Les paupières baissées, il prend une grande inspiration en essayant de ne pas en rajouter. Qu’aurait-il pu dire, de toute manière ? Il n’était pas stupide, Barbie, et savait qu’ils avaient trop de différents pour se considérer comme un couple, malgré le terme qu’il avait employé quelques minutes auparavant. Mais s’il ne pensait pas que quoi que ce soit se soit installé entre eux, il avait eu l’audace de penser que l’amour s’était imposé dans leur relation ; aussi bancale soit-elle. La question posée lui donna un coup effroyable, en plein dans le coeur. Il n’aurait pas du lui offrir ce présent, n’aurait pas du céder à l’amour qu’il ressentait pour lui. Et en analysant la situation, il se rendait compte qu’il avait été stupide de croire ce geste légitime. Tu n’as pas le droit de fêter la Saint Valentin, avec lui. Tu n’es rien pour lui. Il pensait pourtant qu’ils avaient passé un cap dans leur relation, avant que tout ne s’écroule autour d’eux. Barbie avait eu tort de penser qu’une accolade et quelques baisers échangés suffisaient à donner l’autorisation d’un amour retrouvé ? Il pensait ne pas avoir à être régit par des clauses pareils, lui qui n’avait rien signé ; si ce n’est l’obligation d’être amoureux pour le restant de ses jours. Un contrat intérieur qu’il s’était efforcé de mettre au feu, il y a quelques jours seulement. Il suffisait pourtant d’un regard, d’un souffle, d’un rire, pour que Barbie tombe de ses convictions. Il était l’exemple parfait de celui jurant de ne plus jamais boire, un lendemain bien arrosé ; mais termine un verre à la main le soir même. Il sombrait bien trop vite, bien trop tôt, dans son champs de regrets.
Il se voyait déjà attendre des mois de plus avant d’avoir le droit de l’effleurer à nouveau de son amour. Il serait alors obligé de s’installer loin de lui, à attendre que le soleil ne revienne d’entre les nuages. Il était trop tôt, sûrement, pour ce genre de présent. Il y avait mis son coeur dans ces trouvailles, en traçant chaque ligne, chaque ombre. Il avait esquissé bien des soupirs, des sourires, des tourments en dessinant ses petites moustaches qu’il adorait parcourir de ses lèvres. Il avait murmuré quelques je t’aime, entre deux coups de gommes. Il avait vu les fleurs d’un travail acharné, perdu contre le papier qu’il avait noircit au fil des soirs. Il s’était souvent demandé si ce n’était pas une erreur, de ne pas acheter des objets utiles, qui serviront réellement au devin. Il avait peur qu’il trouve son cadeau ridicule, qu’il lui dise à quel point il n’avait aucun talent, à quel point il ne servait à rien de perdre son temps à glisser sur sa copie des croquis qui ne représentaient que l’échec. Pourtant, à l’entendre, Barbie aurait préféré qu’il lui dise ces mots. Il aurait préféré qu’il lui crache son bonheur à la gueule, qu’il lui demande d’arrêter d’être aussi con à essayer de faire plaisir avec autre chose que le nécessaire. Il aurait tout donné pour qu’il hurle, qu’il lui vomisse quelques niaiseries, plutôt que ce mépris qu’il avait l’impression de recevoir contre toute attente. Il hoche la tête lorsque l’autre lui rappelle qu’ils avaient parlé de ça quelques temps plus tôt. Il essaie de ne pas faire trembler sa voix, de la concentrer entre quelques notes qu’il ne veut pas chantantes. - Oui, justement. Il avait repensé à cette conversation, aux rires, à tout l’espoir qu’ils s’étaient donnés à ne pourtant rien se promettre. Il se moque tout à coup des lumières, des étoiles, de tout ce qui danse au-dessus de leurs têtes. Il sent le regard de Devlin sur lui, alors il essaie de feindre un sourire, essaie de cacher son amertume et son dégoût de lui-même derrière un léger sourire. Il se sent con. Il ne se sent pas en sécurité. Et pire encore, il se sent seul. Il a froid, une main qu’il pose sur son bras pour en étudier les frissons, pour comprendre d’où vient le tremblement de ses mains. Il se sent plus stupide encore de poser toutes ces questions. Il se sent stupide d’être un enfant. Il se sent stupide de ne savoir comment agir dans ces moments-là. Il se sent incroyablement honteux de ne même pas avoir le courage de le prendre contre lui et de lui avouer que ce cadeau vient de son amour, et qu’il ne devrait pas avoir à s’expliquer pour ça.

Il remonte la tête vers lui, lâche les valseuses bleues, brille de ses yeux dans les siens. Il garde son sourire timide, ce rictus fait de mensonges. Il a le regard étrangement doux, étrangement pathétique. Le voilà, le mot qu’il cherchait pour se définir ; pathétique. Le refus de ce qu’il pensait évident, alors que Devlin agissait comme si de rien n’était. Il avait la même tendresse, les mêmes signes d’affection, après avoir été assez sincère pour lui faire comprendre que ses cadeaux, que son amour, que sa stupidité n’avait pas sa place entre eux. Il se demandait s’il se moquait de lui, s’il tenait à lui faire plus de mal encore. Il se demandait s’il ne s’agissait que d’un mal entendu, si Devlin n’avait pas voulu tout ce merdier. Il aurait aimé pencher vers cette option, mais son esprit choisissait toujours le plus dramatique. Il l’écoute pourtant, il analyse son visage ; du moins, le peu qu’il arrive encore à voir dans la pénombre. Il le laisse le surplomber, l’accueille contre lui machinalement. Il ne réfléchit plus, n’en a pas le loisir après de telles pensées. Il attrape les cheveux de l’autre afin de les bloquer derrière sa tête, comme il l’a fait si souvent ; dégage les mèches rebelles de son visage pour l’admirer, épouser sa beauté. Il est en pilotage automatique, incapable de contrôler ce que ses gestes font. Le bruit de la clochette le réveille pourtant de sa torpeur, et il lui sourit pour de vrai. Il lui sourit parce qu’il le voit heureux, et qu’il pourrait donner sa vie pour le savoir heureux jusqu’à la fin des temps. Il a entendu un je t’aime glisser contre ses lèvres, mais ne l’a pas retenu. Il n’arrive plus à le faire sien, alors que l’ami s’effondre presque contre lui pour mieux lui prouver son affection. Il garde ses doigts dans ses cheveux, dans l’intention de l’embrasser, de coller son visage contre le sien afin de cacher ses yeux devenus troubles. Mais l’autre s’éloigne, après avoir posé sa bombe. Il lâche sa tignasse, Barbie, et serre les dents en essayant de comprendre le sens de ces mots-là. Il cherchait quoi au juste ? Barbie était perdu, entre tellement de choses qu’il n’arrivait plus à nommer. Il pose une main contre sa nuque afin de le garder au plus près de lui, qu’il ne s’échappe pas. Il a envie de tout oublier, mais pas seulement pour aujourd’hui. Il veut passer sa vie à oublier, à ne plus penser à rien d’autre que son amour grandissant pour lui. Et putain que c’est douloureux, putain que ça fait mal de se rendre compte que l’on aime assez pour en crever. Il se laisse bouffer, Barbie, il se dévore entre culpabilité et rage. Il prend une grande inspiration, et lui murmure sagement. - Non, reste. J’ai besoin de toi, pour oublier. Il serre son poing, celui qui ne s’est pas posé contre l’autre en désespoir. Il plante ses ongles dans sa chair, demi-lune qui prouve sa bonne foi. Il a envie de le supplier de rester, malgré son regard. Il n’aurait été que plus pathétique encore, big deal. - Il faut que tu m’aides à oublier … Même si c’est que pour aujourd’hui. C’est ce que je veux, moi aussi ; tout oublier. Il passe ses deux bras autour de lui, et embrasse sa joue. Il ne veut pas qu’il puisse le voir, de peur qu’il décèle les larmes dans l’obscurité. Il ne s’en est pas rendu compte, l’enfant, mais elles coulent ses larmes. Elles auraient baigné ses mains s’il avait pu les recueillir. Il pleure, mais en silence. Il se mord la lèvre, afin de ne pas attaquer celle de Devlin, ses lèvres pressées contre les siennes. Il sent que ça ruisselle sur ses joues, que ça ne lui laisse aucun répit. Il ne veut pas qu’il parte, alors il s’offre corps et âme, il essaie de rattraper ses erreurs, ses échecs, ses douleurs. Il embrasse sa joue, sa mâchoire, son cou. - On a mieux à faire, tu crois pas ? Il essaie d’installer un brin de malice dans sa voix, de masquer tout le reste. Il veut du sexe ? Alors Barbie lui en donnera, et tant pis s’il doit faire taire son coeur et arrêter de parler pour ça. Il parle trop, il le sait. Il l’enlace, descend ses deux mains le long de son dos afin de poser ses doigts sur ses fesses. Il fait pression, le serre contre lui à s’en rompre les phalanges ; besoin de ce contact qu’il réclame bien trop fort. Il le serre contre lui, baisse sa tête afin de bloquer son visage contre son cou, les larmes essuyées par la peau de l’autre, larmes qu’il continue de cacher pourtant en essayant de faire illusion.

Il remonte ses mains pour les poser contre son dos, et enroule un peu plus ses bras ; le serrant avec énormément de force. Il sait qu’il peut lui faire mal, qu’il peut raviver des tas de blessure dans le corps du devin, mais il n’y pense pas pour l’heure. Il a trop besoin de ça. Il a trop besoin de noyer son chagrin dans son odeur, et se meurt de ne pouvoir le faire autrement qu’en cédant. Jusqu’à ce que les barrières cèdent ; elles aussi. Il laisse échapper un sanglot, les épaules qui se soulèvent légèrement avant de s’abaisser à nouveau. Il renifle, mais ne fatigue pas. Il prend une grande inspiration, et relève la tête en restant assez près afin que l’autre ne puisse pas le regarder. Il reprend possession de ses lèvres, les malmène en dévorant ses sens. Il a besoin de contrôler sa langue contre la sienne, d’avoir l’impression de ne pas se soumettre entièrement à ce qui le maintient au sol. Il l’embrasse avec rage, essaie de se donner entièrement à lui afin qu’il ne parte pas. Mais il s’en rend compte tout à coup. C’était exactement ce qu’il faisait avec Zak, durant leur relation. C’était ainsi qu’il passait du temps avec, qu’il arrivait à le maintenir contre lui afin qu’il ne s’en aille pas. Il se déshabillait avant même que l’autre ne demande, avait bravé sa phobie une fois, avait fait une crise, s’était détesté pour cela. Simplement pour ne pas perdre l’autre, ne pas être seul, ne pas ressentir ce froid significatif. Cette idée semble si effrayante, qu’il fond en larmes. Il ne veut pas associer Devlin à Zak. Alors, pourquoi il y pense ? Pourquoi il réagit de cette manière ? Pourquoi il se met dans cet état ? Pourquoi il se remet à cette place ? Celle de l’homme qui offre son corps pour ne pas avoir à reprendre la parole, pour ne pas avoir à dire au revoir. Il était venu pour ça, le devin ? Barbie était prêt à tout tenter, à se faire même esclave de ses peurs. Il s’en foutait, il était prêt à tout risquer. Il était prêt aux pires choix pour le garder contre lui. Il pleure un peu plus bruyamment, serré contre Devlin, les larmes ruisselants, et son coeur en miettes. - Excuse-moi, j’dois être trop émotif en ce moment … Il se remet à l’embrasser, dernière menotte qu’il a trouvé. - Reste, je vais me calmer, promis … Il a la voix qui tremble, il essaie de se reprendre, mais glisse quand même ses deux mains sous le tee-shirt de Devlin pour montrer qu’il se sent quand même de continuer leurs ébats, qu’il se sent de faire tinter la clochette dans tout l’appartement. - J’suis désolé de t’avoir offert ça, je pensais pas que … Il a besoin de lui dire quand même, de ne pas le garder pour lui. - J’aurai pas du penser à cette fête, c’est trop … Je comprends que ça te gêne, mais j’suis juste qu’un putain de romantique. J’voulais te dire que je t’aimais, mais j’sais jamais comment faire. Et même là, j’suis qu’un con qui sait pas fermer sa gueule. J’m’accroche à toi, mais de la mauvaise manière, j’suis même pas capable de comprendre que …  Il arrive pas à finir sa phrase, ne sait pas ce qu’il comptait dire. Il est perdu. Il commende à avoir mal au crâne, il panique totalement. - Oublie les cadeaux, c’était stupide. J’voulais te faire plaisir, j’voulais te voir sourire …   Il a envie de disparaître sous terre, se mord violemment la lèvre pour se forcer à se taire. - Tu t’en veux de ce que tu m’as fait, mais on sait tous les deux que je l’ai mérité. Je t’ai raconté des saloperies. Je t’ai menti, j’ai pas été correct avec toi. Et après j’me ramène avec mon dessin et mon poème à la con alors que tu m’as offert une étoile et plus encore … Et j’fais ça comme si ça pouvait suffire, comme si t’allais accepter que j’sois fou amoureux de toi …Il n’arrive pas à calmer ses pleurs, alors se dit qu’ils partiront d’eux-même, recommence à l’embrasser en attendant.

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
damné(e) le : o28/10/2019
hurlements : o4501
pronom(s) : oshe / her
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Le coeur encore battant du cadeau de Barbie. Inattendu et unique, véritable témoin de l'amour qu'il éprouvait pour le devin. Le coeur encore battant de se sentir aussi aimé, et, pourtant, les mots qui manquaient pour le lui avouer directement. Il n'avait aucun talent, sinon celui de manipuler les foules, Devlin. Il n'était que bon à répéter des conneries qu'il avait lues sur Wikipédia ou dans de vieux bouquins volés dans les bibliothèques, pour faire croire au monde qu'il croyait bien plus qu'il ne le prétendait. Pour s'inventer autrement, différent de qui il était. Ce qu'avait fait Barbie lui avait prouvé à quel point ils étaient différents, de ce côté là. Contrairement à lui, le plus jeune savait manier les mots pour qu'au lieu de clamer des mensonges, ils ne soient qu'empreints de vérité. Contrairement au devin, il savait habiller les couleurs plutôt que s'en draper, et les restituer avec l'éclat qu'elles avaient dans son coeur. Un être tout de poésie et de lumière, Barbie, il l'avait toujours été. C'était dans cette sensibilité que le devin avait toujours cru, celle qui avait toujours prouvé qu'au-delà du fard ou des attitudes de mauvais garçon, il y avait un être fragile caché sous les bouclettes. Un être inatteignable, avant. Qu'il avait pu effleurer de la pulpe du doigt lorsque mouraient les lumières, et lorsque la pénombre lui laissait la possibilité de se dégager de ses carcans.
Un être d'une beauté sans pareille qui faisait cogner son coeur contre sa cage thoracique, qui avait l'art et la manière de lui couper le souffle autant que de raviver le sourire sur son visage. Barbie, invocateur du vrai malgré tous leurs silences. Barbie, qui subjuguait son âme autant qu'il magnifiait l'amour, qu'il l'incarnait tout entier. Devlin savait qu'il était foutu, à l'instant-même où ils avaient arrêté de se cacher et avaient décidé d'ouvrir leur coeur l'un à l'autre. Parce qu'il avait été là, le point de bascule. Celui où tout avait commencé, où le fuyard avait décidé de vraiment rester.
Pour l'amour. Pour une personne. Pour Barbie. Pour l'Amour.

Il n'avait jamais ressenti de sentiments plus puissants que ceux qu'il éprouvait pour Barbie. Ne s'était jamais senti aussi dépendant d'une personne, aussi impuissant lorsqu'elle n'était pas là. Une fièvre qui grimpait si vite qu'il ne savait pas comment l'endiguer, qu'il ne voulait pas endiguer lorsque l'Homme-Enfant était dans les parages. Il aurait pu fuir, il l'aurait fait, dans d'autres circonstances. Mais il revenait toujours, inexorablement attiré par les prunelles marrons. Qu'elles le détruisent ou qu'elles le désirent. Qu'elles soient tendres ou colériques. Barbie pouvait créer ou détruire leur monde à sa guise qu'il reviendrait toujours. Même cette fois-ci, où tout aurait été prêt, où tout était décidé, il était revenu, Devlin. Mais tout ça, il était incapable de le lui dire. Les mots n'étaient pas une des constituantes de leur relation, ne l'avaient jamais été. Au contraire, ils détruisaient bien plus qu'ils n'affirmaient. Ils se découlaient, honteux et malhabiles, d'entre leurs lèvres. Alors Devlin avait trouvé ça judicieux de se servir d'une méthode de communication qui ne mentait pas. Qui était la leur, celle de la peau contre la peau, éteignant une fièvre qui était de toute manière inextinguible. Le langage du corps comme étendard de leur amour. La meilleure manière qu'ils avaient de se le prouver, à quel point ils étaient perdus l'un pour l'autre.

Mais quelque chose clochait. Quelque chose clochait depuis que Barbie lui avait offert ses propres cadeaux, ou aux alentours de cet instant précis. Comme un changement dans l'atmosphère, un frisson qui l'accompagna alors que le devin découvrait les cadeaux, puis qu'il décidait d'en faire un autre. Un pressentiment au creux du vendre, et l'esprit qui se mettait en alerte. Barbie tout contre lui mais pourtant si lointain. Qui se reprenait comme le ressac, ferme et agressif, avant de disparaître à nouveau. Un sanglot, si lourd qu'il mit tout l'esprit du devin en alerte. Trop intense pour être du bonheur. Trop chargé pour être heureux. L'océan débordait des prunelles marrons, et Devlin ne comprit pas de suite l'origine de la tempête qui provoquait de tels remous. Se redressa malgré que Barbie l'empoigne, gémit malgré lui sous sa précipitation. Quelque chose n'allait pas, et il perdait pied, Devlin. Habitué à analyser les gens et pourtant incapable de comprendre quelle crise forçait son ancien amant à tant de précipitation. Des mouvements saccadés et colériques, et ces larmes chaudes et salées qu'il sentait contre les joues pâles. Une fêlure au coeur, à chaque baiser empressé. Une de plus à chacune de ces larmes qui s'écrasèrent contre la peau du devin.
Tout oublier. Un doux rêve qui se transformait en nécessité impérieuse, dans chacun des mouvements de Barbie. Perdu par cette agressivité qu'il ne connaissait pas, le devin songea à reprendre aussitôt sa proposition. Lâcha un gémissement douloureux en sentant ses muscles écrasés par l'étreinte du plus jeune, chacune de ses blessures protestant vigoureusement. Les antidouleurs, pris trop récemment, pas encore intégrés par le système. L'envie de lui dire qu'il lui fait mal, mais la gorge trop nouée pour en faire quoi que ce soit.
Parce qu'elles étaient partout, ces dissonances dans ce qu'ils étaient. Est-ce que c'était ça, l'effet de ses coups sur l'homme qu'il aimait plus que la vie elle-même ? Est-ce que c'était le cumul de ses erreurs qui avait brisé le plus jeune à ce point ?

Même quand tu essaies, tu déconnes, Tarrare.
Même quand tu dis ce que tu es, tu lui fais mal, Tarrare.


-Barbie... Barbie attends...

Ecrasée sous des baisers trop impérieux, sa supplique. L'instinct en alerte en sentant venir une crise bien plus grande que les précédente, à mesure de morsures. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose ne va pas. L'océan était bien trop déchaîné, sous les étoiles. La tempête faisait trop rage pour ne pas éclater. Aussi, quand Barbie finit par éclater, il était prêt, Devlin. Il se resserra naturellement autour de son amant, cala ses bras autour de sa tête, voila le monde de ses mèches martyrisées en posant son front contre celui du plus jeune. Une protection contre le monde autant que lui-même. Lui offrit ses lèvres en réconfort autant que nécessaire. Un sifflement au creux des oreilles autant qu'au creux du coeur. Ce dernier qui hurlait en silence, affolé dans sa prison, à deux doigts de s'en échapper. Que se passait-il ? Avait-il dit, ou fait quelque chose qui ne fallait pas ? Il ne faisait jamais rien qui aille, Devlin. Il ne faisait que blesser Barbie, encore et toujours, c'était ça qu'il faisait.
Mais il n'en dit rien, des idées noires au creux de son crâne. Enroulé autour de son amant, il fourra ses doigts dans ses boucles, lui rendit chaque baiser, le serra contre lui autant que possible jusqu'à ce que la tempête s'apaise. N'exista plus que pour et par Barbie, s'effaçant aussi naturellement qu'il s'oubliait. Barbie n'allait pas bien, non. Et il ne voyait aucune autre raison à cette peine monumentale que lui.

-Hey... Hey Barbie, ça va aller.

C'est toi qui as fait ça, Tarrare.
C'est toi qui lui fais tout ce mal, Devlin.


Silencieux en recueillant les premiers mots, les premières excuses de Barbie. Autant de maux que de gifles alors que le plus jeune s'excusait d'être émotif, alors que c'était l'homme qui pesait au-dessus de lui qui avait provoqué tout ça. Une douche froide sur les épaules, le devin acquiesça lentement, la gorge trop nouée pour répondre quoi que ce soit. Le corps trop glacé, le coeur trop paniqué pour lui offrir ce qu'il avait l'air de vouloir. Barbie de nouveau présent, et pourtant. Pourtant ses gestes insistants n'avaient pas le coeur qu'ils avaient pu avoir auparavant. Presque des réflexes. Presque des automatismes. Un coup en pleine poitrine en se demandant si c'était ce qu'était devenue leur relation.
Une habitude. Le besoin de se perdre dans les problèmes de son ancien amant, pour ne pas se perdre dans ses révélations. De le bercer dans ses bras et de s'oublier dans son odeur. Un feulement au creux de la gorge, cette dernière trop nouée pour que sa voix ne se brise pas autrement :

-C'est pas grave, t'en fais pas.

Mais il ne parut pas l'entendre, l'Homme-Enfant. Ou peut-être l'entendit-il, que déjà il essayait de le rassurer. Qu'il faisait tout pour exaucer son souhait complètement dérisoire de tout oublier. Des excuses cascades, vives et martelées, qui s'enfoncèrent comme autant d'échardes dans la peau du devin. Mais il discerna une raison à tous ces maux. C'était bien lui, la cause de cette tempête. C'était à cause de la Saint Valentin.
L'idée même lui glaça le sang. Devlin se raidit en recueillant chacune des excuses de Barbie, perdu devant l'immensité de sa propre bêtise. Rompu à ne jamais la fêter, cette maudite Saint-Valentin, il n'avait pas compris le pourquoi du cadeau du plus jeune. C'était en partie de là qu'elle venait, toute sa peine. La fête des amoureux. Une fête qui n'avait jamais fait que plus de mal au devin qu'autre chose. Il déglutit lourdement, chercha une faille où se glisser. Mais Barbie parlait, parlait. Et dans chacune de ses syllabes, le poids de vérités jamais dites écrasa un peu plus les épaules du devin.
Il lui avait plu, ce cadeau. Il lui avait terriblement plu, il l'avait touché à un point qu'il n'aurait jamais pu traduire en paroles. Il lui avait fait comprendre tant de choses sur ces regards qu'il avait captés, quelques fois, que Barbie lui lançait quand il croyait que Devlin ne le regardait pas. Il n'avait pas besoin de le dire pour que le devin les comprenne, ces regards. C'étaient les mêmes que les siens. Mais il encaissa, Devlin. Il encaissa la vérité sans rien dire, ses lèvres perdues sur le front du plus jeune, entre les bouclettes. Toujours occupé à le bercer, alors que ses certitudes volaient en éclats.

C'était cette vérité, mi-Janvier, qui l'avait poussé à partir.
C'était ce mensonge, mi-Janvier, qui avait achevé et la dispute, et leur relation.

Barbie le lui avait dit, quelques nuits plus tôt. Les yeux écarquillés par la terreur alors que Devlin n'était plus capable de se contrôler. Mais, aveuglé par cette colère qui hantait toutes ses nuits, le devin n'avait pas pu réagir autrement que par elle. L'information était entrée, malgré la douleur et la culpabilité. Tout ça pour quoi ? Tout ça pour... Des mensonges. Peut-être qu'il aurait mieux fait de partir, en réalité. S'ils n'étaient tout juste bons qu'à se dire des horreurs, quand les choses n'allaient pas bien, s'ils étaient tout juste bons qu'à se mentir, est-ce qu'ils n'étaient pas toxiques l'un pour l'autre ? Malgré tout leur amour. Malgré qu'ils soient aussi fous amoureux, tantôt l'un, tantôt l'autre, souvent les deux, l'un de l'autre. Parce qu'il était là, le problème de Devlin. Parce qu'il était là et Barbie venait de mettre le doigt dessus en parlant de ses propres tares.
Devlin aussi était fou amoureux de Barbie. Fous au point d'être différent de d'habitude. Fou au point d'être enfin lui-même.

Anesthésié, sous les baisers du plus jeune. Le corps toujours en protection autour de lui, mais l'âme loin, si loin. Tout juste ramenée par la sensation humide des larmes, par leur goût salé. Incapable de savoir que faire pour endiguer celle-là, de crise, toutes ses forces déjà épuisées.
Brisé. Ereinté. Terrifié. Une lassitude au fond des membres qu'il avait toujours abhorrée, qui revenait à chaque fois que le monde devenait trop difficile. Un début de dissociation. Et pourtant...

-Bien sûr que ça suffit. Bien sûr que je l'accepte, putain, j'ai jamais voulu que ça, moi.

Pourtant l'envie de se raccrocher au monde. De ne pas les fuir, ni lui, ni Barbie, ni leurs problèmes. L'envie de se raccrocher à chacune de ses vérités autant qu'à ses lèvres, même en n'ayant plus la force de continuer à lutter. Même sans avoir de voix, brisée sur la boule d'émotion qui s'était formée au fond de sa gorge.

-Bien sûr qu'ils comptent, tes cadeaux. Ton poème ? Les mots que t'as marqués dedans ? C'est pas que ton talent qui m'a touché Barbie. C'est que t'as su écrire exactement ce que je ressens pour toi dans chacun des vers. Ton dessin ? C'est pas moi que t'as dessiné, B, c'est tout ce que je ressens quand je pose les yeux sur toi. Et t'as pas idée d'à quel point ça me fout la trouille, quand je vois qu'on est tous les deux dans le même état. Et je sais pas réagir à ça, moi, j'ai jamais connu un truc pareil. Je sais pas ce que c'est quand quelqu'un m'aime aussi fort, je sais pas comment lui dire que c'est pareil pour moi, je sais pas comment te montrer à quel point y'a que de toi que j'en veux, de cet amour.

Des chuchotements pour briser le silence, pour laisser suppurer l'abcès, pour déverser autant de mots que de pardons. Qui ne suffiraient probablement jamais, qui seraient toujours trop maladroits, qui manqueraient de l'élégance ou de la justesse de ceux de l'Homme-Enfants. Autant de ces témoins qui avaient toujours prouvé à Devlin qu'il n'était pas fait pour ces choses-là. L'Amour avec un grand A. Et pourtant il était là, encore inondé de larmes, juste entre ses bras. Le corps empreint d'une profonde lassitude, mais de retour dans ses propres membres. Le devin se laissa basculer à côté de Barbie, dans le lit. Serra ses bras autour du plus jeune pour l'attirer tout contre lui, ses jambes emmêlées aux siennes. Coeur contre coeur bien plus que bassin contre bassin. La clochette retentirait bien plus tard. Mais pour l'heure, il ne voulait rien de plus que sécher les pleurs de Barbie.
Ou au moins lui expliquer à quel point il était tordu. Bancal. Cassé. Au point d'oublier quelque chose d'aussi doux et important pour l'Homme-Enfant. Ses mains se faufilèrent sous le t-shirt de son ancien amant. Caressèrent doucement la peau chaude de son dos alors qu'il nichait de nouveau son visage dans les boucles brunes. Balançait lentement leurs corps emmêlés, berçant tantôt l'amour, Barbie, et lui-même.

-Pardonne-moi. Pardonne-moi pour la Saint Valentin. Mais va pas te dire que ça me gêne, ou que ça me gêne que tu sois romantique. C'est un des milliards de choses que j'aime chez toi, que tu sois romantique, alors t'arrête pas de l'être. Mais cette fête, c'est... On a jamais été copains, elle et moi. La preuve, j'ai réussi à te blesser en posant une question débile.

Un léger rire désabusé. Ce n'était pas que le devin et la Saint Valentin étaient mauvais amis c'était juste... Que les circonstances avaient souvent été telles qu'ils avaient préféré rester étrangers l'un à l'autre. Etranger à l'amour, de manière générale. Il n'y avait jamais eu rien de bon qui ait pu découler de ces sentiments, avant. Avant Barbie. Avant que l'Homme-Enfant ne parvienne à le toucher en plein cœur, au point qu'il lui donnerait sa vie sans ciller, le lâche. Bien trop conscient de son propre corps, à cette réflexion, il retira ses mains de sous le t-shirt du plus jeune. Enroula ses bras autour de ses épaules pour le serrer d'avantage, inspirant profondément. Il ne pouvait pas dire une chose pareille sans en dire d'avantage.

-Faut que tu saches un truc. L'amour et moi, c'est... Disons que ça a toujours fait mal. C'est pour ça que je sais pas faire ou dire. J'ai jamais eu le temps d'apprendre, soit les gens partaient, soit la vie me les prenait. Alors j'ai appris à aimer tout seul, de loin, sans rien dire, le coeur barricadé pour que ça fasse moins mal. A donner ce qu'il me restait, et on me l'a pris quelques fois sans que je le veuille, ça aussi.

Des images et des sensations plein la tête, plein les yeux, en surimposition sur la nébuleuse colorée, percée d'étoiles, au plafond. Un pied dans le passé, un pied dans la chambre. Nausée grandissante, un frisson le long des membres, des larmes impuissantes au creux des yeux. Sa main tremblante glissa du dos de Barbie jusqu'aux draps, les palpa à la recherche de la télécommande. Les couleurs défilèrent rapidement, sous un reniflement, pour s'arrêter sur le rose. Une protection contre les ombres, cette galaxie qui portait tant le nom que la couleur de son amant. Amant autour duquel ses bras se resserrèrent immédiatement. Des bras d'enfant serrant un doudou, pour mieux se rassurer. Il s'en était passées, des choses dans d'autres vies. C'était bien pour ça qu'il les assassinait toutes une à une, les bons comme les mauvais moments, pour mieux pouvoir respirer. Mais tout était différent, à Exeter. Tout était différent depuis que Barbie était entré dans la vie du devin.

-J'étais pas plus qu'un objet plus ou moins consentant qu'on consomme puis qu'on jette. Mais toi, tu m'as fait devenir quelqu'un. Tu m'as déjà appris tellement de choses. Tu m'as appris toute la beauté d'un sourire, tu m'as appris qu'il n'y avait rien de plus beau qu'un rire en particulier. Tu m'as appris qu'il y avait des tas de petits gestes anodins qui pouvaient compter, que des fois rien qu'un regard était capable de dire "putain ce que je t'aime". Que des mots pouvaient percer le cœur, que des yeux pouvaient me rendre plus beau que je l'ai jamais été. Et j'ai envie d'apprendre, moi, maintenant que t'as ouvert la soupape je veux que tout me vienne en pleine gueule. Je veux tout savoir, de toi, de l'amour, de comment on fait. Comment c'est, une Saint Valentin où on est pas seul, comment c'est, de pas avoir à se planquer. Ce que c'est, un couple de gens qui s'aiment. J'veux que tu me l'apprennes ou qu'on le découvre ensemble, main dans la main.

Il se sentait si petit, devant l'immensité de cette galaxie. Devant l'infinité de ces sentiments qui le bouffaient jusqu'à la moelle, quand il s'agissait de l'Homme-Enfant. Au point que la soupape s'ouvrait elle aussi de son côté, déversant vérités crasses et abus déguisés. On l'utilisait, Devlin, c'était son quotidien. La vie de la rue, celle de la route, celle qu'il avait choisie. Des fois ceux qui traversaient sa vie en disparaissaient sans qu'ils ne l'aient voulu. Des fois d'autres l'abandonnaient. Mais s'il y avait bien une personne qui lui avait fait comprendre qu'il pouvait en choisir une bien différente, de vie, c'était Barbie.

-Dis-moi un truc qui te ferait plaisir. N'importe quoi. J'ai merdé, je veux me rattraper.

Pour ça, pour le reste, pour toi.
Pour sécher tes larmes, retrouver l'éclat de ton sourire.
Pour moi, pour nous, pour toi.
Pour ces papillons qui se déploient à chacun de tes éclats de rire.






L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
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bougies soufflées : o34
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Les réactions qui s’enchaînent sans être réfléchies. Il a du mal à faire taire son corps lorsque ce dernier lui intime de s’indigner. Il lui prend parfois le besoin de se rouler en boule dans un coin de sa tête, afin de faire le point sur les évènements. Mais ce soir, il n’en a pas eu le temps. La question de Devlin avait à peine franchi le seuil de ses lèvres, que les sanglots étaient déjà à l’honneur au fond de la gorge du plus jeune. Il ne lui avait pas fallu plus de quelques secondes pour que son coeur ne prenne mal l’information, et envoie des signaux contradictoires dans tous les sens. Quelques points vitaux étaient touchés, s’acharnant sans aucune pitié sur les zones les plus douloureuses. Il était alors aisé pour Barbie de considérer la situation comme perdue d’avance. Ce n’était pas son cerveau qui le lui soufflait, mais son coeur qui lui hurlait puissamment. S’il n’avait pas été si impétueux, il aurait pu se justifier et attendre la suite des explications avant de se mettre dans un tel état de faiblesse. Mais Barbie restait un enfant, avec des réactions excessives et le besoin de détruire le mal à l’instant même où il se présente. Il avait passé sa vie à pleurer avant de comprendre, à s’énerver avant d’assimiler les nuances. Il ne voulait peut-être rien insinuer, Devlin, en lui demandant pourquoi il lui offrait un cadeau en ce jour lui étant pourtant dédié. Il n’avait peut-être pas l’intention de lui signifier qu’ils n’avaient rien à s’offrir parce qu’ils n’étaient pas amoureux. Il aurait pu être adulte, pour une fois, et éviter d’en tirer des déductions trop hâtives ; mais il était un enfant bien trop impatient pour laisser s’écouler le temps de la réflexion. Les larmes s’étaient imposées entre eux, sans qu’il ne puisse les dissimuler assez longtemps. Les gestes de plus en plus brutaux, dirigés par sa conscience défectueuse. Il ne veut pas lui faire mal, simplement fracasser son amour contre lui. Il voulait qu’il sente à quel point il l’aimait ; malgré tous les coups qu’il lui assénait parfois sans le vouloir. La maladresse d’un jeune âge qu’il n’avait plus. Il le connaissait, Devlin, et pouvait sans grande difficulté comprendre qu’il n’avait pas de mauvaises intentions en le serrant ainsi contre lui, et se satisfaisant de ses soupirs contre ses lèvres. Il devait avoir senti les tremblements dans ses mains, les vibrations dans sa gorge alors qu’il s’évertuait à ne pas lâcher son corps dans l’espoir de le posséder.
Les doigts se sont repliés contre lui, par instinct, comme un moyen de l’empêcher de s’en aller. Il voulait garder l’emprise qu’il exerçait sur lui, maintenir fermement ce qui faisait qu’il était toujours là après le mal qu’ils s’étaient faits. Barbie n’aurait jamais eu son courage, ni même sa persévérant à rester debout après tous ces coups bas. Il aurait sauté dans son véhicule, et aurait fui sans se retourner vers ceux qui semblaient compter. Mais Barbie n’était pas un voyageur, il n’avait jamais quitté Exeter plus de trois jours, et ne se sentait pas de changer de vie si facilement. Il avait tous ses repères, ici et cela incluait Frankie à qui il avait juré de ne jamais s’évaporer. Alors, même si les Cyclops n’étaient pas là, s’ils ne risquaient pas de l’abattre en cas de désertion, Barbie n’aurait jamais trouvé la bravoure de reconstruire un foyer ailleurs que sur les pavés de cette ville qu’il chérissait autant qu’il détestait. Il y avait de son travail sur les murs, et les souvenirs de toute une vie dans les recoins les plus sombres de la ville. Il y avait son premier baiser gravé contre un des murs, lorsqu’il n’était encore qu’un enfant. Il y avait sa première cigarette, premiers toussotements, assis sur les escaliers d’un bâtiment. Il y avait tous ces souvenir qu’il ne pouvait pas laisser s’effacer sous prétexte qu’il devait tout recommencer à zéro. Une preuve de plus que le divinateur était bien plus courageux que lui, malgré ce qu’il en disait. Il avait une capacité à affronter les choses que Barbie n’aurait certainement jamais.

Les bras réconfortants, il sentait chacun de ses gestes dédiés à son bonheur. Il devait calmer ses pleurs, se ressaisir s’il ne voulait pas que la crise d’angoisse ne s’installe et laisse place à bien plus grave encore. Il en pouvait plus de cette épée de damoclès qui restait suspendu à chacun de ses pas, comme un avertissement. Il se sent stupide de ne pas pouvoir le rassurer à son tour. L’égoïsme toujours présent, jamais bien loin, alors qu’il attend que l’autre se plie en quatre pour sécher ses larmes, alors que lui n’entame aucun geste pour lui rendre la pareille. Il connait pourtant la notion de partage ; en amour. Il sait qu’il faut donner autant que ce que l’on prend, mais n’a plus toute sa tête durant ses crises de larmes inopinées. Il lui faut toujours un moment avant de revenir à lui, une fois que les paupières sont humides. Il renifle, écoutant ce que l’autre a à lui susurrer. Il ressent son amour dans chacun de ses mots, et se trouve tout à coup stupide. Il se sait con, et irraisonné, mais pensait avoir assez de jugeote pour ne pas se laisser écraser sous des suppositions. Il ne le regarde pas, yeux détournés afin de ne pas montrer toutes les couleurs s’enchevêtrer derrière ses iris. Il se laisse embarquer entre ses bras, bercé autant par ses gestes que par ses paroles qui lui réchauffent le coeur. Il a ce pouvoir, Devlin. Le pouvoir absolu de chasser les démons qui le faisaient agir comme le plus parfait des abrutis. Il le laisse faire, le laisse résoudre tous ses tracas. Il ne lui suffit que de quelques mots, quelques baisers, pour calmer les battements si brusques de son coeur qui tambourine dans sa cage thoracique. Il ferme les yeux en s’installant plus confortablement contre lui, les deux bras entourant son torse comme un enfant réclamant un câlin. Il aurait pu s’endormir contre lui, contre quelques notes de berceuse. Un morceau bien choisi, qui aurait accompagné à merveille la voix de son amour ; qu’il osait vouloir retrouver. Il bouge légèrement, afin de s’installer sur le flanc, une cuisse chevauchant les siennes. Un bras en travers de son torse, et la tête perdu dans son cou. Une position qu’il affectionnait particulièrement. Elle lui permettait de ressentir le contact de l’autre, sa présence, tout en s’envoûtant dans les fragments de son odeur. Il y a pourtant un détail, pas si évident que cela, qui entache son calme. Il fronce son petit nez, passe une nouvelle main contre ses joues pour en chasser les dernières larmes, et relève la tête pour essayer de voir son visage. Il n’arrive pas à scruter ses traits, la position qui ne lui permet pas assez de liberté de mouvement. Il repose alors sa tête et continue de l’écouter, les yeux grands ouverts cette fois-ci. Une culpabilité qui s’installe entre eux, que Barbie regrette déjà.

Il passe sa main sous le tee-shirt de Devlin, et trace des arcs de cercles contre sa peau, du bout de ses doigts. Il ne les pose qu’à peine, effleurant chaque parcelle comme à la découverte de quelque chose capable de les sortir de cette mauvaise passe. Il réfléchit, prend sur lui pour ne pas réagir de manière excessive alors qu’il n’a qu’une envie ; celle de se redresser et lui demander des explications sur-le-champs. Mais, de quel droit pouvait-il réclamer de pareils aveux ? Il n’avait aucune légitimité à exiger qu’il lui livre ainsi tous ses secrets, et lui déclare ce qu’il cachait en son sein ; en son coeur. Le naturel revient pourtant au galop, malgré ses tentatives pour le chasser, et le voilà qu’il se redresse, et s’appuie sur son coude afin de le regarder. Il a un regard inquiet, mais essaie de le dissimuler en esquissant l’ombre d’un sourire. Quelque chose de triste, mais qui se veut rassurant. Devlin ne lui en a pas dit beaucoup, caché derrière des phrases qui donnent seulement l’impression d’une confidence. Mais Barbie s’en contente, n’a pas besoin de plus que cela pour être alerté par les élans que l’autre semble ne plus vouloir contenir. Il essaie de ne pas être maladroit, l’enfant, renifle une dernière fois avant de s’exprimer. - On t’a souvent fait du mal ? Il ne sait pas s’il pose réellement la question, ou s’il essaie de lui faire remarquer qu’il a lui-même compris. Il retire sa main de son torse, la chassant de son tee-shirt, et prend son menton au creux de sa main pour lui faire tourner la tête vers lui. La peur d’être maladroit ne le lâche pas, il n’est même pas sûr que ce soit une bonne idée qu’il essaie de communiquer sur un sujet aussi houleux. Mais il sait qu’il ne peut pas l’ignorer ; pour se protéger. Il n’en a pas le droit. Il ne peut pas faire comme s’il n’avait pas entendu, comme s’il n’avait pas compris où il voulait en venir. - Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé, de tout ça ? Il mordille sa lèvre, en arrachant la peau qui dépasse à force de trop tirer dessus, par angoisse. Il garde son menton dans sa main, libère son pouce afin de caresser sa mâchoire, picotements de sa barbichette que Barbie affectionne tant.

Il aimerait en savoir plus sur lui, connaître chaque détails qui l’avaient mené jusqu’ici aujourd’hui. Il voulait savoir comment il était devenu celui qu’il était aujourd’hui, et chaque information comptait. ll voulait connaître son enfance. Est-ce qu’il avait d’autre frère et soeur que cette personne que Barbie avait eu le loisir de contempler sur la photo ? Il voulait tout savoir de son adolescence, de sa vie de jeune adulte. Est-ce qu’il avait beaucoup voyagé avant d’arriver ici ? Pourquoi il était parti ? Pourquoi il avait quitté sa famille pour venir se perdre à Exeter ; et pourquoi il y était resté ? Il avait été marié, lui-aussi ? Est-ce qu’il avait eu de longues relations, des expériences notables ? Barbie aurait aimé se dire qu’il n’y avait que quelques zones d’ombre sur son passé, mais en réalité il n’en connaissait presque rien. Ils étaient des inconnus l’un pour l’autre, et n’avaient offert à l’autre que ce qu’ils avaient scrupuleusement choisi. L’enfant lui-même n’avait jamais réellement parlé de ce qui l’avait conduit jusqu’ici. Il ne lui avait pas parlé de son enfance à se morfondre dans l’ombre d’un frère, son adolescence à se faire insulter et bousculer parce qu’il était différent, ni la raison pour laquelle il s’était laissé embrigader dans un gang à la réputation salée. Ils avaient esquivé avec brio les anecdotes les plus marquantes de leur vie, n’exposant que des pensées futiles. Une couleur préférée. Un film favori. Un plat adoré. Mais rien concernant le coeur et l’esprit. Barbie voulait construire une relation stable avec Devlin, il voulait bien plus que des étreintes échangées et quelques mots doux lancés à la va-vite. Il voulait pouvoir considérer leur amour comme palpable, avec le droit de lui avouer chaque jour à quel point il l’aimait plus à chaque heure.
Il savait ce qu’il allait demander à Devlin. Il lâche son visage afin de passer une main dans ses cheveux qu’il caresse distraitement, entortillant quelques mèches autour de son index en continuant de le contempler. Lui qui parlait des regards signifiant des milliers de je t’aime était servi. Ces yeux transpiraient de tendresse, et d’une douceur peu commune. L’infirmier avait encore les yeux rouges, les pleurs qui avaient colorés son globe oculaire. Il essayait pourtant de ne pas avoir l’ait trop amoindri, pathétique après sa crise de larme et ce qu’il comptait lui demander. Il dépose un baiser sur la joue de son amant en glissant sa main contre son cou. Il a envie de ne jamais briser ce lien, de garder sa peau contre la sienne pour le restant de leurs jours. Le besoin d’avoir la garanti que rien ne pouvait les séparer, pas même sa stupidité. - Il y a une chose qui me ferait plaisir, mais … je veux pas que tu te sentes obligé. Il allonge son bras, stoppant l’appuie de son coude afin de se rallonger contre lui. Il replonge son visage contre son cou, son petit nez contre sa peau, devant le chatouiller à chaque expiration. Il n’ose pas lui demander, a peur de sa réaction. Il avait la certitude qu’il aimait, s’il avait toujours l’impression de ne pas être à la hauteur, il avait compris que Devlin ne feignait pas son affection pour lui. Il serait déjà parti dans le cas contraire, et aurait abandonné le sourire qu’il faisait toujours naître sur ses lèvres. Et pourtant, il ne savait pas comment définir leur relation ; avaient-ils quelque chose de solide sur lequel bâtir un futur ? Et si oui, auraient-ils la force d’aller jusqu’au bout de cette démarche ? Il soupire, et prend son courage à deux mains de lui faire enfin cette belle demande. - J’aimerais que tu me parles de toi. Il n’y a rien dont il rêve plus que ce geste-là. Il voulait apprendre à le connaître, et ne plus se demander ce qu’avait bien pu être son histoire. - T’es pas obligé de tout me raconter, s’il y a des choses que tu ne veux pas que je sache. Je peux comprendre. Il attend un court instant, avec de se redresser légèrement, comme ayant oublié quelque chose. Il lève un doigt, lui intimant de ne pas bouger, et file au salon en ouvrant rapidement la porte. Il s’élance vers le canapé et attrape son éléphant en peluche, rapidement, avant de faire demi tour. Il laisse entrer Trésor qui pointe son museau à la porte, et referme derrière eux avant de s’installer de nouveau contre son ami, la peluche contre son coeur pour écouter l’histoire. - Je t’écoute. Je veux savoir tous les détails que tu peux me donner. S'il venait à lui refuser, Barbie saurait quoi faire, mais il n'était pas encore l'heure.

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YOU BELONG WITH ME
close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
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Justifier par l'amour sa raison d'exister. Il y avait pire comme concept, il y avait pire comme manière de vivre sa vie. Mais, depuis quelques temps, c'était cette impression qui tenait le devin encore en vie. Une impression au creux de la poitrine, aussi chaude que légère, qui pouvait se transformer en oppression insurmontable. Des sentiments d'une telle intensité qu'il lui était impossible de retenir, de canaliser, voire même d'éteindre. Qu'il avait cru surmonter sans s'en savoir vraiment capable. Un déni d'affection quand la nécessité fait rage. Mais avec Barbie dans les parages, de déni, il n'y avait plus grand chose. Parce qu'ayant fait naître ce sentiment au creux de sa poitrine, l'Homme-Enfant n'était pas seulement le créateur mais aussi le maître de cet amour chez le devin. Apprenti sorcier sentimental, lui aussi. De ses doigts de fée s'étiraient tous les filaments qui tenaient le coeur de Devlin, prisonnier volontaire d'une magie contre laquelle il ne voudrait jamais réellement lutter. Mais si avant cet amour l'étouffait, si avant les filaments tendus autour de son coeur s'enfonçaient dans l'organe pour mieux le faire saigner, il avait appris, Devlin. Ce n'était pas Barbie, ce n'était pas lui, l'origine de ses maux. C'était l'immensité d'un sentiment trop difficile à contenir, qui éclatait à la gueule au moindre faux pas.
C'était cet éclat qui avait provoqué ces larmes chez l'Homme-Enfant. C'étaient ces larmes auxquelles le devin n'avait jamais résisté qui le poussaient toujours à s'oublier pour mieux apaiser son ancien amant. Aucune force pour lui même, mais tout ce qu'il lui restait pour le bien-être de Barbie. L'urgence comme champ de bataille, et l'amour comme bouclier à mettre entre son amant et le monde. Si les sentiments étaient suffisamment importants pour s'échapper par ses yeux, ils l'étaient aussi pour l'envelopper tout entier. Plus que son corps. Plus que son âme. Aussi, quand les pleurs se calmèrent, Devlin se rappela qu'il était en train de parler. Devint bien plus conscient de tous les mots qui s'échappaient de sa gorge, de l'état dans lequel ils le mettaient. Cette nausée grandissante à l'approche de la dissociation. Du dégoût en fond de palais, mais toujours cet amour qui revenait tout éclabousser. Comme si le courant naturel de l'amour pouvait tout effacer. Comme si ses remous déjà tumultueux pouvaient emporter le passé au loin, le noyer dans un océan de tendresse. Il l'aurait voulu, ça, que le présent chasse le passé. Espéré que Barbie s'accroche à tout ce qui lui sortait du coeur pour ne pas se concentrer sur ce qui venait de sa tête. Une petite bribe d'un passé hideux, qui lui avait laissé des marques au creux de la peau, cachées depuis sous l'encre de ses tatouages. Une époque révolue, la morsure du licol de la violence et de la culpabilités assourdie par la drogue et les rencontres.

Des doigts le long de sa peau, un frisson désagréable. L'envie brusque de les chasser de sous son t-shirt, tout en souhaitant plus que tout au monde qu'ils restent là où ils étaient. Ambivalence de l'amour. Avec son besoin de fuir au même problème, Devlin s'était tiré une balle dans le pied en ne réfléchissant pas à ce qu'il disait. Ou en y réfléchissant trop. Parce que le regard que lui lança Barbie en se redressant était bien plus éloquent que tous les mots qui auraient pu sortir de ses jolies lèvres ourlées. Un sourire triste, sur les traits angéliques. Et le coeur de Devlin qui se serra si fort qu'il eut envie de fuir, de nouveau. Prétendre que c'était une blague, qu'il ne lui était rien arrivé, qu'il fallait tout oublier. Prétendre et mentir, encore, avant de trop en dire, toujours. La dualité de toute sa vie qui se soulevait pour celui qui crevait autant d'envie de dire la vérité que de s'en cacher. Lointain, jusqu'à ce que des doigts attrapent son menton et le ramènent au visage d'enfant. Il déglutit difficilement, en captant cet éclair de compréhension dans le regard de celui qui a chamboulé son monde. Il n'en parlait jamais de ce genre de choses. Personne n'avait besoin de savoir. Un leitmotiv qui lui avait permis de tenir dans la Ferme du Foyer Rouge quand, sous les pattes sales et libidineuses de Drake, il avait été prêt à se salir à nouveau rien que pour que les yeux marrons qui lui faisaient face puissent encore se charger d'étoiles. Une boule douloureuse au fond de la gorge. La sensation d'être vu pour la première fois, tout en se sentant abominablement exposé. Et ces mots qui éclatèrent bruyamment dans son esprit, résonnèrent jusque dans les prunelles noires.

Putain, qu'est-ce que je t'aime.


-Je sais plus... C'est pas des conneries, je sais vraiment pas. J'étais drogué h24 à cette période. De temps en temps y'a des bribes qui reviennent, mais... C'est du passé, tout ça.

Et cette envie de s'échapper qui revint s'insinuer dans ses veines, empoisonnant cet aveu impuissant, pourrissant les quelques substrats de fierté qui auraient pu lui rester. Indigne, Devlin, sans la moindre dignité depuis toujours. Il y avait eu des choses faites sur la route dont il valait mieux qu'il ne se souvienne pas, et d'autres dont il se souvenait même en ayant espéré les bloquer suffisamment pour qu'elles ne refassent jamais surface. Il n'avait pas compté les coups, les humiliations et les souillures, parce que la vie sur la route était difficile. Que des fois, il fallait faire des sacrifices pour pouvoir manger, ou, à défaut, se doper suffisamment pour oublier. Des fois aussi parce qu'on lui volait ses papiers, son innocence ou sa dignité. Amertume dans le système, en entendant la question suivante. Faute de pouvoir faire mieux, son regard se déroba des iris marrons. Barbie dans sa vision périphérique, comme avant.

Pourquoi B ?
Parce qu'avant, tu t'en foutais.
Parce que ça n'a jamais été important.
Ou intéressant.
Parce que je suis pas intéressant.
Et tu mérites bien mieux que tout ça.


L'ongle de son index raclant la peau autour de celui du pouce pour la faire sauter. S'il avait pu se tordre les mains, peut-être qu'il l'aurait fait. Peut-être que cette main le long de sa mâchoire n'aurait pas été aussi agréable, ne l'aurait pas incité à admettre ce qu'il a toujours pensé. Un argument qui ne serait probablement pas recevable alors qu'il a toujours mené chacun de ses pas, jusqu'à arriver à Exeter.

-Parce qu'on en a jamais parlé, de ces trucs-là. Du passé.

Un état de fait qu'il était douloureux d'admettre, et qui, pourtant, n'était pas faux. Attelés qu'ils étaient à profiter du présent, à éviter avec une application bornée tout ce qui était vrai, ou ce qu'ils avaient vécu. Ils savaient ce qu'aimait l'autre. Ce qui le faisait rire. Ce qui le rendait triste. Quelles séries ils regardaient, à quoi ils jouaient quand le temps était à l'orage. Devlin connaissait Barbie tout en ne sachant de rien, et vice-versa. Et ça leur avait suffi, avant que tout ne s'intensifie. Que l'amour s'en mêle et fasse exploser régulièrement leur bulle de confort, marque tour à tour leur corps. D'abord Devlin, au début. Puis Barbie, lors de ce qui avait paru être la fin. Les coups comme introduction et conclusion à une relation toute faite à danser autour des problèmes, funambules du déni et de l'ignorance. Mais maintenant, qu'est-ce qu'il en était ? Il en crevait, Devlin, de savoir qui Barbie était avant. Ce qu'il avait vécu, ceux qu'il avait connus. La raison pour laquelle Octave était devenu l'homme qu'il tenait entre ses bras. Mais était-il prudent de s'exposer d'avantage ? De montrer à Barbie qu'il n'était pas le gars tout en couleurs, en fanfreluches et en boniments qu'il avait toujours présenté ?
Qu'il n'était pas qu'un corps, alors que c'était comme ça qu'il s'était toujours considéré ?

Deux enfants jouant avec insouciance à travers un champ de mines. Chacune d'entre elles une blessure du passé, et, à trop louvoyer, ils allaient tout faire exploser. Perdraient des membres dans la bataille, assurément. Leur innocence pour commencer. Dégageant sa main libre du dos de Barbie, Devlin posa sa main sur celle contre son cou. Ferma les yeux sous le baiser, ses doigts autour de leurs pairs. En extension l'un de l'autre, toujours. Le besoin de changer de sujet sous forme de proposition, et Barbie qui attrapait la perche avec précaution. La caresse de son nez contre son cou, Devlin aurait pu lui accorder n'importe quoi. Même la Lune, maintenant qu'il lui avait déjà offert une étoile. Elle manquait à cette galaxie qui tapissait le plafond.
Un "hm" en fond de gorge pour signifier qu'il acceptait le deal, un baiser dans les bouclettes en guise de paraphe sur le contrat. Jusqu'à ce que la clause s'abatte entre eux. Des petites lignes qu'il n'avait pas lues, le devin, en signant trop vite. Il regretta instantanément sa décision autant que sa proposition.

Parler de toi, mais pour quoi dire ?
T'es pas intéressant, Tarrare.
T'as rien d'intéressant, ni même d'exceptionnel.


-T'es sûr que tu préfères pas autre chose ? On pourrait envoyer des sms à la con à Wes, c'est Dylan qui a son téléphone vu qu'il est en réunion.

Il ouvrit la bouche pour protester en sentant Barbie se redresser, la referma à l'index levé vers le plafond. L'envie de renégocier le contrat noyée dans la certitude absolue qu'il ne pourrait jamais aller outre les envies ou même les intentions de l'Homme-Enfant. S'étalant bras en croix sur le lit, il fixa le plafond. Réfléchit à une parade pour s'échapper, là encore. Raconter sa vie. Une idée qui ne lui serait jamais venue à l'esprit. Laquelle, de vie, pour commencer ? La belle histoire qu'il servait à tout le monde depuis son arrivée en ville ? Ou celle, bien plus prosaïque et déprimante, qu'il traînait à sa cheville, la cachant aux yeux de tous.
Personne n'a besoin de savoir.
Mais Barbie a envie de savoir.


Le retour du plus jeune comme une bouffée d'oxygène. Comme une chape de béton sur le thorax en l'entendant insister. L'accueillant de nouveau contre lui, dans cette position qu'ils appréciaient autant l'un que l'autre, le devin consulta les étoiles. Glissa ses doigts le long de la nuque de Barbie, caressant distraitement les bouclettes naissantes en se mordant la lèvre. Il n'avait pas eu le temps de réfléchir correctement à une parade. La peur que son ancien amant comprenne qu'il n'était rien de plus qu'une contrefaçon chevillée au corps, elle s'exprima à la place de sa raison.

-Y'a vraiment rien à dire tu sais...

Je suis pas quelqu'un d'intéressant.
Je serai jamais aussi passionnant que toi.


-Puis il paraît qu'il faut entretenir un peu de mystère, dans une relation. Si je te dévoile tous mes secrets, qu'est-ce qui me garantit que tu vas encore m'aimer ?

Un sourire chafouin, pour cacher la détresse qui lui noircissait les yeux. Il ne les verrait pas, Barbie, le nez au creux de son cou. Il ne verrait pas les iris trop noirs scanner toute la pièce à la recherche d'une alternative, d'une opportunité pour changer définitivement de sujet. Mais Barbie voulait ça. Devlin avait proposé tout, n'importe quoi. C'était lui qui n'avait pas été clair en établissant le contrat.
Et il lui avait déjà fait suffisamment de peine comme ça. Un soupir résigné s'échappa sous la moustache noire. Dernière tentative de négociation pour le renard, avant qu'il ne redevienne renardeau.

-Si je te raconte mon enfance, tu me racontes la tienne. Donnant-donnant.

Comme s'il avait le choix. Comme pour se donner une forme de consistance qu'il n'avait, de toutes façons, déjà plus. Le nez niché dans les bouclettes, il ne lui laissa pas le choix. Une touffe duveteuse, solide, se pressa contre sa main libre. Trésor était de la partie, elle aussi. Naturellement, elle progressa en travers de son estomac et s'y installa royalement. Lovée entre eux deux et l'éléphant, ses ronronnements comme un encouragement.
Personne n'a besoin de savoir.


-Quand j'étais petit, je dessinais sur les murs. Des maisons, des fleurs, des montagnes, des collines, à peu près tout. Je déchirais des photos dans les magasines des salles d'attente et je les fourrais dans mes poches. Et je volais des stylos à tout le monde, autant de couleurs que je pouvais trouver. Comme ça, quand les infirmières étaient loin, je pouvais dessiner les photos sur les murs de mes chambres. Les couleurs c'était un peu comme à la maison. C'était tout ce qu'il me restait quand on me plaçait en observation, parfois pendant plusieurs jours, parce que je supportais plus le blanc des murs. J'te dis même pas comment je me faisais engueuler. Ca m'empêchait pas de continuer.

Un léger rire, pouffé, feulé, impossible de vraiment le définir. Une grattouille sous le museau de Trésor, puis sa main délaissa le chat pour glisser le long de la cuisse de Barbie. Il joua distraitement avec les trous de son jean, ses doigts effleurant la peau claire sous le tissu. Si blanche, elle aussi, mais pourtant si belle en comparaison aux murs de son enfance.

-C'était cool quand j'étais minot. Trois grands frères, jusqu'à l'arrivée de Geeta, quelques années après moi. Quand je l'ai vue pour la première fois, elle était tellement petite, et si rose. Un bouton de fleur dans la neige. Quand je l'ai entendue rire pour la première fois, c'était comme le chant d'un rossignol. Alors c'est devenu mon Bul Bul à moi. J'ai juré de la protéger avec tout ce que j'avais. J'faisais même du bon boulot à l'époque. Puis la maladie est arrivée, et toutes ses emmerdes avec. Ca saute les générations, cette saloperie, un gène dominant qu'ils disent. Mais dormant. Notre père nous l'a filé à tous mais à des degrés différents. Pas de bol, tous les autres étaient plus Kapoor que Tarrare, ils étaient pas assez touchés pour que ça impacte leur santé. Moi, oui. A partir de là, mon enfance était moins cool, mes parents aussi. Ils avaient tellement honte qu'on soit tous mal foutus, tout juste si mon père me regardait quand il a su que ça venait de lui.

Il revoyait la honte et la culpabilité sur les traits sombres de son Français de père. Il l'avait pris comme un échec, Tarrare le Père, d'avoir transmis sa malédiction à tous ses rejetons. Personne n'a besoin de savoir. Un leitmotiv qui coulait dans ce côté de la famille depuis des générations, sur le vieux continent. Si les enfants n'étaient pas touchés, ils n'avaient pas besoin de savoir que ce mal coulait dans leurs veines. Ce ne fut qu'après que Devlin soit passé de mains en mains de spécialistes, pendant des années d'angoisse permanente à ne pas savoir ce qu'il avait, qu'ils avaient su. Michel, expatrié depuis toujours, avait renoué contact avec cette famille qu'il avait fuie à l'autre bout du monde. Ils lui avaient dit. A bien des égards, Devlin était le portrait craché de son père.

-Mais c'est pas marrant, une enfance passée à jongler entre l'école et l'hosto. C'est un peu comme vivre au ralenti, par procuration. Les potes que tu te fais, ils se lassent parce qu'ils te voient jamais. On t'invite aux anniversaires par pitié, les parents te jettent toujours des regards en se disant que tu vas leur claquer entre les doigts. Sans parler d'être à moitié indien. Ca détonne dans la neige Canadienne. Alors j'tirais toutes les photos de paysages que je pouvais, et je me disais que ce serait ça la vie. Puis ça s'est étouffé, à l'adolescence, l'espoir. Le cumul, la différence, le mépris, l'idée que de toutes façons j'aurais pas d'avenir avec cette saloperie. J'avais peu de potes, j'avais pas de meuf, pas de vie sociale autre que ma famille. J'ai raté mes études, j'ai rien branlé, mon oncle m'a choppé par la peau du cul pour que je bosse dans sa boutique de réparation de téléphones. J'y aurais crevé si j'avais pas trouvé un vieux camion aménagé sur Craigslist, je pense. Celui de la photo. J'ai tout foutu en l'air, je me suis tiré aussi loin que possible des hostos et du Canada. C'est là que j'ai commencé à vivre.  

Son grand sauveur, ce camion bleu. Celui qui trônait au centre de la photo qu'il avait montrée à Barbie, piqué de rouille, chargé de souvenirs bien plus beaux que tout ce qu'il avait vécus avant. Des moches, aussi. Mais les couleurs dégueulaient dans ce monde là. Les couleurs étaient plus vives dans cette vie-là.
Il avait la gorge sèche, d'avoir trop parlé. D'avoir déballé toute une enfance qu'il jugeait insipide, juste parce que Barbie le lui avait demandé. Barbie qui aurait probablement mieux fait de s'assoupir que d'écouter tout ça. Parce qu'il n'y avait rien à faire. Il n'était pas aussi intéressant qu'il le prétendait, Tarrare, c'était pour cela qu'il inventait toutes ces histoires. Il était mieux de se prétendre charmeur de serpents que malade chronique enfermé dans des salles aseptisées pendant un bon tiers de sa vie. Il soupira lourdement, glissa ses doigts de la cuisse à la hanche, le long du dos jusqu'à l'épaule de Barbie, puis lui nicha contre sa mâchoire. Risqua un sourire en lui relevant le museau, en retrouvant son regard. Il aurait mieux fait de dormir. Comme une excuse, il glissa ses lèvres sur son front. Y déposa un baiser d'une tendresse infinie, une tendresse qu'il n'aurait jamais pu lui offrir, avant. Une tendresse qui appartenait au présent.

-Pardon, c'était ni drôle, ni passionnant. T'as même le droit de plus l'aimer parce qu'elle était nulle, mon histoire. La suite sera mieux, promis. Mais je veux t'entendre, toi, avant. Je veux savoir tout ce que tu voudras me dire sur qui tu étais jusqu'à maintenant.





L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
- skip, petit mais puissant -
Barbie Tarrare
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damné(e) le : o07/10/2019
hurlements : o4825
pronom(s) : oshe/her.
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Il n’avait pas conscience de tout le mal qu’il pouvait provoquer en se drapant de curiosité. Lui qui avait vécu des moments difficiles, surmonté des épreuves qui avaient menacé plus d’une fois de tout faire voler en éclat, n’imaginait pas qu’une personne avec un sourire si vrai puisse avoir traversé des torrents à la hauteur des siens. Il comprend que la vie n’a pas été un rideau de joie, et qu’en passant à travers, Devlin avait été de ceux ne se relevant qu’à moitié. Il ne savait pas s’il avait eu quelqu’un pour l’épauler, pour sécher ses larmes et apaiser ses tourments. L’amour l’emportant sur la jalousie, il espérait que l’autre avait eu quelqu’un à ses côtés pour l’aider à surmonter tous les torrents que la vie pouvait lui imposer. Il voulait être certain qu’il ait avancé enlaçant les doigts de quelqu’un, même si ce n’était pas les siens. Parce que personne ne devrait à endurer de telles souffrances sans une personne à qui s’accrocher, une épaule sur laquelle s’abandonner le soir, et des lèvres à écouter. Il y avait ce paradoxe insensé dans l’esprit de Barbie qui était capable de mettre sa jalousie de côté, pour être sûr que les dommages faits sur l’homme qu’il aimait ne soient pas irréparables. Un égoïsme absent, parce qu’il n’y avait rien de plus important à cet instant que de s’assurer du bien être de Devlin. Il était prêt à mettre tout le reste de côté, ses angoisses avec. Il avait pourtant tant à lui dire, à lui confier, de ses peines du moment à toutes les pensées abominables qui s’ancraient dans son coeur depuis qu’ils avaient si brutalement mis un terme à leur relation. Seulement, il ne voulait pas parler de lui, ce n’était pas lui qui comptait pour le moment. C’était Devlin.
Il aurait pu choisir n’importe quoi, Barbie. Il y avait tant de choses qu’il voulait vivre avec lui, des moments qu’il souhaitait passer dans des endroits plus ou moins différents. Ils avaient abandonné bien trop de temps à gâcher leur amour. Ne pas sortir, lorsqu’ils se retrouvaient dans la caravane exiguë. Ils tournaient en rond, comme lion en cage, en attendant d’être enfin qui ils voulaient. Il s’en moquait bien, Barbie, qu’on puisse les voir ensemble. Il n’y avait que les membres de son gang qui ne devaient pas découvrir leur liaison, l’homophobie qui le tuerait certainement à force de jugements. Il n’avait pas assez confiance pour se livrer à ce hasard, sachant qu’ils étaient capable de l’enfouir six pieds sous terre, pour une raison aussi futile que son attirance prépondérante pour la gent masculine. Mais pire encore, il savait que Devlin serait encore moins en danger, avec ou sans lui. Il se voulait utile, protecteur, mais n’était pas toujours à ses côtés pour cela. Certains regards ne devaient pas s’attarder sur eux et leurs mains liées. Mais pour le reste, Barbie voulait tout vivre à ses côtés. Il voulait voyager, découvrir le monde, l’admirer à travers des milliers de prismes différents. Il ne pouvait plus se mentir en s’inventant des raisons de ne pas le suivre, maintenant qu’il était divorcé, qu’il n’avait plus rien d’officiel pour le retenir en dehors de son travail si dangereux. Alors oui, il aurait pu lui demander de sortir, d’aller dans un bar, dans un cinéma, faire n’importe quoi pourvu qu’ils soient ensemble à vivre à deux.

Mais il y avait plus urgent pour l’heure. Parce qu’il était déçu de ne pas avoir de visage à mettre sur les relations de Devlin, ni de mots à encourir concernant ce qu’il avait vécu jusqu’à aujourd’hui. Il avait besoin de réponse, et si la question était compliqué à poser, la réponse devait être plus difficile encore à extirper. Barbie n’a pas pensé que ça pouvait faire du mal, de repenser à tous ces détails. Il exige, sans savoir. Mais il n’aurait rien dit si son amour avait refusé, s’il lui avait avoué ne pas vouloir se livrer à de telles introspections pour le moment. Il aurait été extrêmement déçu, mais n’aurait fait aucun scandale pour autant. Il lui aurait été bien trop compliqué d’imposer une injonction aussi personnel alors qu’ils venaient de se retrouver et n’avaient pas encore mis des bases assez nettes concernant ce qu’ils étaient à partir d’aujourd’hui. Mais en apprendre plus sur lui était le plus beau des cadeaux, et un exercice parfait pour le jour de son trentième anniversaire. Il ne demandait rien de plus. Il caresse Trésor du bout des doigts, s’attardant sur la forme arrondie de cette si jolie frimousse que l’enfant avait appris à aimer avec tant de tendresse. Installé confortablement, à écouter ce qu’il voulait bien lui livrer sur ce qu’il était, ce qu’il avait été, attendant de savoir ce qu’il serait ensuite ; à ses côtés, il l’espérait. Il ferme les yeux, profite de sa voix comme d’une berceuse pour l’apaiser et le faire oublier tous les remous subvenus durant cette journée si spéciale à ses yeux. Il ne s’endormira pas, parce qu’il est bien trop intéressé par ce que l’autre dit, l’oreille attentive qui le maintient toujours en vie. Il peut même se faire les scènes dans sa tête, essayer d’imaginer quelle allure pouvait bien avoir sa famille, les traits de leurs visages. Il visualisait parfaitement ce qu’avait du être son quotidien durant toutes ses années, dans une chambre d’hôpital, seul, à l’abri d’un besoin moins vital que le besoin de vivre. Barbie fronce le nez à certains mots, pas satisfait, presque prêt à réprimander. Il a envie d’effacer tout ce qui lui a causé de la peine à cette époque, pour réécrire toutes les pages du roman qu’était sa vie.
Il n’ouvre les yeux qu’en sentant les bagues contre sa mâchoire, et les yeux plantés dans les siens. Il a envie de lui souffler à quel point il l’aime, malgré son histoire qu’il n’estime pas bidon du tout, de son côté. Elle lui plaît son histoire. Elle ne comporte pas les rires que Barbie aurait aimé entendre, ni toute la vie qu’il lui avait souhaité d’avoir, mais elle était la sienne, et cela suffisait pour qu’elle soit formidable. Elle lui appartenait, et elle avait ses couleurs. Son seul regret était de ne pas en faire partie. Il sourit en sentant les lèvres sur son front, mais ne sait comment réagir. Il ne pensait pas avoir à se livrer à son tour, mais avait accepté l’accord de manière muette en le laissant raconter son passé sans l’interrompre. Il se redresse Barbie, taille indienne, éléphant posé à côté du lit. Il tend une main vers Devlin pour lui intimer de le suivre. Attrapant doucement Trésor contre lui, il dépose un doux baiser contre sa fourrure avant de la poser contre les draps. Il attrape la main de Devlin, leurs doigts qui s’accrochent, et l’attire vers lui. Le dos contre la tête de lit, Barbie écarte les jambes et invite son amant à s’installer contre lui, le dos contre son torse. Il a besoin de le serrer dans ses bras, et la position qu’il occupait plus tôt l’empêchait de se servir d’un de ses bras. Il entoure ses deux bras autour de son torse, joignant ses mains sur son ventre. Sa bouche se pose sur son épaule, alors qu’il murmure. - Je le supporte plus ce mystère qui plane, et je sais que je t’aimerai quoi que tu me dises. Une fois que je saurai tout de toi, jusqu’à la marque de tes céréales préférées, on pourra envoyer tous les messages que tu voudras, à Dylan. Mais pour l’heure, sache que je l’aime beaucoup moi, ton histoire, pour le moment. Il dépose un baiser sur sa joue, les bras toujours autour de lui pour l’avoir au plus près de son corps. Un besoin constant de contact entre eux. Il fait une moue dubitative, en essayant de trouver comment commencer son monologue. Il ne sait pas ce qu’il devrait lui dire ou non, sur quoi mettre l’emphase. Fallait-il laisser certains détails sous silence ? Ou alors, se dévoiler entièrement, se faire porte-parole de cet enfant qu’il avait été et avait une histoire à raconter malgré tout. Il le se lance, berçant l’autre entre ses bras. - Je n’ai pas grand chose à dire non plus, tu sais. Je suis né dans une famille bouffée par le fric. Mon père était un connard. Ma mère était une connasse. Mon frère était … Il cherche ses mots, a encore du mal à aborder le sujet alors qu’il n’a que peu de réponses et ne sait pas s’il est toujours en vie ou pas. Il ne termine pas sa phrase. - Il a toujours été au centre de tout, le petit chouchou de la famille. Tu comprends, c’était un homme lui, un vrai. Et moi, j’étais trop une gonzesse, la honte de la famille. J’ai passé mon enfance enfermé dans ma chambre à dessiner, écrire, et … chercher comment les rendre fiers. Il désolidarise ses mains, et passe quelques doigts dans les mèches brunes de son ami, jouant avec la longueur encore acceptable de sa tignasse. - Heureusement, j’avais un ami pour m’aider à tenir le coup. J’ai passé beaucoup de temps avec lui, à l’époque. Il m’a aidé à accepter que c’est pas parce que j’étais différent que j’étais quelqu’un de mauvais. Silas, un pilier dans sa jeunesse, sans qui il serait probablement au fond d’un trou à l’heure qu’il est. Un ami qui lui manquait, qu’il aurait aimé garder dans sa vie malgré le danger qu’il représentait aujourd’hui.

Il fait une pause, se racle la gorge, assez gêné de lui dire toutes ces choses qui n’étaient pas drôles non plus. Il ne devait pas s’arrêter à son enfance, pour encourager Devlin à aller plus loin. Il devait continuer, entamer une part de son adolescence, de sa vie d’adulte, des aventures d’Octave. Il attrape sa main de celle toujours libre, et joue distraitement avec ses mains, comme pour se concentrer sur autre chose et ne pas trop réfléchir aux mots qu’il emploie. Il aurait peur de perdre son courage, et arrêter par perte de bravoure. - Et puis, je suis tombé amoureux, et j’ai été assez stupide pour croire qu’il m’aimait en retour. Il me faisait peur, et pourtant, j’étais prêt à mourir pour lui. Il sert ses doigts autour de ceux du devin, un sanglot bloqué au fond de son ventre. Il avait toujours peur, toujours aussi effrayé par ce que Zak représentait, un visage qu’il avait croisé mais qu’il se gardait d’avouer à Devlin pour le moment, de peur de lui faire peur à son tour. Il hausse les épaules, pour changer le plus vite possible de sujet. - Je … Il rit, un rire jaune. - Je suis pas doué en amour, comme tu peux l’voir. Alors, il va falloir que tu m’aides. J'ai envie de t'aimer correctement. Il enfouit son visage dans les cheveux de Devlin, respirant son odeur pour se rassurer, comme un enfant cherchant son doudou pour aller mieux.
Il pose son menton sur l’épaule du devin, ayant une réclamation à lui faire ; une de plus. Il lâche ses cheveux, ainsi que sa main. Les deux mains se posent sur les cuisses de son amant, d’une manière tendre et sans aucune pensée déplacée. Il ne sait pas comment aborder la chose, a du mal à trouver les mots pour que ses paroles ne soient pas mal interprétées. Il prend une grande inspiration, et ferme les yeux pour se donner du courage. - Il y a quelque chose qui me dérange, dans ton histoire. C’est la manière que tu as de la raconter, et de la vendre. Ton histoire n’est pas nulle, parce que tu es quelqu’un d’exceptionnel. Ton histoire est passionnante, parce que toi-même, tu es une personne en or. Il se mord la lèvre, et souffle. - Je veux te l’entendre dire, mon sucre. Je veux t’entendre dire que tu es quelqu’un de merveilleux. Il lui fait tourner la tête doucement, afin de mieux le voir, passant un doigt sur les lèvres de l’autre en les regardant, un sourire sur ses propres lèvres. - Répète après moi, s’il te plaît : Moi, Devlin Tarrare, suis quelqu’un de merveilleux. Il a un sourire tendre, et le besoin de voir dans ses yeux qu’il mérite cette tendresse. Il a perçu la difficulté de l’autre à évacuer les mots de son histoire, certainement parce qu’il ne l’aimait pas, mais aussi parce qu’il devait avoir peur que Barbie ne l’aime pas. Et ça lui fait mal, de penser ça, l'enfant. Il veut l'encourager, faire en sorte que le reste de son histoire sorte de manière plus naturelle, et surtout qu'il n'en ait pas honte. Barbie était prêt à tout entendre. - Et je te préviens, je refuse de te raconter la suite de mon passé, si tu ne le fais pas.

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close your eyes, give me your hand, darling. do you feel my heart beating ? do you understand? do you feel the same ? am i only dreaming ? is this burning an eternal flame ?
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
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damné(e) le : o28/10/2019
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En d'autres circonstances, il n'aurait jamais parlé du trou noir qu'était son enfance. Une époque peuplée de rêves fracassés par la réalité, d'allers-retours incessant vers les hôpitaux, spécialistes et autres marabouts, à écraser chacune des désillusions de l'enfance à cause de sa différence. A cause de sa maladie. Il n'y avait rien de drôle ni d'intéressant dans une enfance démolie par le pragmatisme. Il n'y avait rien d'édifiant ou de spectaculaire qu'il aurait pu raconter à Barbie, parce que de la vie tourbillonnante de n'importe quel gamin, Devlin n'en avait connu que des fractions. Trop emmuré dans les chambres des hôpitaux pour se faire des fractures. Trop entouré des bras maternels, sur-protecteurs, pour avoir la possibilité de vraiment s'ouvrir aux autres. Le regard chargé de honte de son père quand il avait appris que tout était de sa faute l'avait changé, au petit Devlin. Lui avait fait comprendre que dans cet univers, il était temps de grandir plus vite que la moyenne, et de poser un regard d'une noirceur indifférente sur le monde. Etouffer la curiosité dans le trou noir, étouffer l'innocence et la naïveté. Et de noir, le regard expressif du bambin s'était fait vide.

Une enveloppe vide. Un corps, comme on avait pu le lui répéter plus d'une fois. Un objet quelque fois inconvenant, quelques fois pratique, qu'on prenait pour l'utiliser et le poser quelque part plus loin. Qu'on jetait, des fois. Aucune considération pour lui-même, mais laquelle aurait-il pu se façonner, de considération ? S'il commençait à s'ouvrir, les gens définissaient Devlin par sa belle gueule ou sa maladie. Jamais en tant que personne à part entière. Alors qu'avait-il d'intéressant à raconter à Barbie, en soit ? Il s'y était fait, à la vérité. La seule qu'il aurait préférée cacher à son amant. La vérité était qu'il n'avait rien d'intéressant, et n'aurait probablement rien d'intéressant à raconter.

Une coquille vide, Tarrare.
T'auras beau tenter de la remplir avec des chimères, elle ne sont rien d'autre que du vent.
Et toi qu'un palais de courant d'airs.


Docile, il se laissa emporter dans les bras de Barbie. Se lova naturellement le dos contre son torse, ses doigts courant le long des cuisses de son amant. Enroulé qu'il était de Barbie, le monde lui parut un instant bien moins cruel. Il avait ce don, l'Homme-Enfant. Celui de ramener la couleur dans l'univers, et de faire croire au Vide qu'il ne l'était pas autant. De la magie au bout des doigts, de la lumière au fond des prunelles. Investi de ce pouvoir de repeupler les coeurs d'un espoir qu'ils ne méritaient probablement pas. Le coeur battant, en relâchant les trous de son jean pour poser ses mains sur celles, claires, de son amant. Avec d'infinies précautions, pour ne pas abîmer d'avantage les doigts enveloppés dans leur attelle. Et l'impression, criante et profonde, de ne pas mériter toute cette affection. Comment un être aussi complet, aussi profond que Barbie pouvait-il l'aimer encore malgré ce qu'il venait d'apprendre ? Comment ne pouvait-il pas avoir eu envie de fuir quelqu'un d'aussi vide ? La réponse arriva tout simplement, dans un murmure comme un frisson sur son épaule. Une tension le long des muscles, un haussement de sourcil circonspect. L'envie de lui demander pourquoi il l'aimait beaucoup, cette histoire sans intérêt, que Devlin laissa mourir au fond de sa gorge.
Parce qu'il faisait mal, tout cet amour. Il faisait peur. Il laissait croire à un monde sans heurts, un monde où ils pouvaient se voir l'un et l'autre entièrement. Un désir que le devin avait caressé depuis leurs retrouvailles dans sa caravane, bien des mois plus tôt. Il en crevait, de ne pas connaître Barbie. Il en crevait de ne pas savoir qui il était profondément, ce qu'il avait vu, connu, vécu. Les parfums de son enfance, l'origine de cette fracture qu'il percevait quand la violence sous-tendait la tendresse. Une fêlure visible, cette violence que l'Homme-Enfant dirigeait contre lui-même, à laquelle Devlin aurait souhaité avoir une explication. Pour l'aider. Pour l'aimer correctement. Il n'avait seulement pas anticipé que pour savoir tout cela, il devrait s'ouvrir lui aussi.
Il le devait, mais il n'y avait rien à dire.

L'amertume au fond du palais, il joua distraitement avec les doigts de son amant. Le laissa prendre le temps de se lancer à l'eau, à son tour. Dévora toutes les informations qu'il voulut bien lui donner avec une avidité sans pareille. Une vague d'indignation se déversa du creux de ses tripes, dans tout son système, alors que les images se précisaient dans son esprit. C'était pour ça qu'il avait l'air si triste sur la photo malgré sa jeunesse, Octave. Il en fallait beaucoup pour éteindre la lumière dans le regard d'un gamin. Et c'était précisément ce qu'avaient fait les parents de Barbie. Une injustice à la fois. Les doigts clairs s'échappèrent des siens, alors que tout ce que Devlin aurait voulu aurait été de les garder entre les siens. De les presser pour lui rappeler qu'il n'était rien de tout ce que ses parents lui auraient reproché. Bien plus que ça, bien plus qu'une honte, bien plus qu'un fardeau. Un être magnifique à côté duquel ses connards de parents étaient passés, qui n'avait absolument rien à prouver.
Le laissant jouer avec ses cheveux, le devin pencha sa tête en arrière. Coula une main le long de la joue de Barbie, ses lèvres contre sa mâchoire. Un murmure, simple et sincère :

-Heureusement que tu l'as eu, cet ami. Heureusement qu'il a été là pour te montrer à quel point t'es un gars incroyable, et que c'était juste les autres qui étaient pas capables de s'en rendre compte.

Ses doigts glissèrent le long du cou de son ancien amant, se laissèrent happer par sa main libre. Fourrant son nez contre sa peau, Devlin ferma les yeux, se laissant porter par les vibrations de sa voix au creux de sa gorge. Son coeur se serra à la mention de l'amant. Comme cette nuit, l'année dernière. La morsure noirâtre de coups le long de la peau blanche, l'époque où l'Homme-Enfant était panthère. La situation était bien différente, mais elle expliquait bien des choses. L'envie de s'excuser à nouveau, pour n'avoir pas été différent des autres. L'envie de tout effacer pour mieux recommencer, pour prouver à Barbie que l'amour pouvait être beau sans avoir à être laid. Qu'il méritait toute la délicatesse du monde.
Mais qui était-il, Devlin, pour lui dire ça ? Après ce qu'il lui avait lui-même fait ? L'hôpital qui se foutait de la charité.
Et pourtant, Barbie n'en cessait pas de lui tendre la main. Par ses gestes, par ses mots. Pourtant Barbie voulait essayer, Barbie voulait son aide. Le goût amer de la culpabilité étroitement lié à celui, sirupeux, de la tendresse. Son coeur qui se fissurait un peu plus à chaque battement d'espoir, à chacun des aveux qui sortirent de ses lèvres :

-J'suis pas plus doué que toi, mais moi aussi, je veux t'aimer correctement. T'es tellement plus que tout ce qu'on t'a dit ou ce qu'on t'a fait, je veux apprendre à te le montrer. Je suis sûr qu'on peut y arriver, tous les deux.

Ce n'étaient pas des paroles en l'air. C'était les maux du coeur, ceux qui font aussi mal qu'ils apaisent. Ce paradoxe de vouloir tout en sachant pas faire, cette ambivalence d'un coeur avide d'en savoir plus tout en sachant qu'il fera du mal au passage. Mais rien ne les forçait à souffrir pour être heureux. Rien ne les obligeait à s'entre-déchirer alors qu'ils s'aimaient aussi fort. Une intensité douloureuse qui emportait tout sur son passage, même la raison. Mais c'était une promesse de coeur à coeur, qu'il faisait, le devin. Celle de rendre Barbie heureux, quoi qu'il en coûte. Une promesse qu'il s'était faite des mois plus tôt, qu'il ne verbalisait qu'à présent. Qu'il avait cru ne pouvoir jamais réaliser, un mois auparavant. Ses doigts emmêlés à ceux de Barbie, il les laissa partir en sentant leur besoin de se libérer à nouveau. Les retrouva naturellement, posant ses mains sur celles de son amant en le sentant à deux doigts de s'exprimer.

Son coeur manqua un battement aux mots qui suivirent. Parce qu'il se trompait, Barbie, il se plantait royalement en disant tout ça. Rien de tout ça n'était vrai, et ils le savaient, tous les deux. La seule personne en or dans cette chambre n'était personne d'autre que Barbie. La seule histoire qui ait réellement valu la peine d'être racontée, c'était la sienne, celle de l'Homme-Enfant. Il n'y avait rien de passionnant, ni dans l'histoire du devin, ni dans sa personne. Aussi, quand Barbie insista, le coeur de Devlin manqua-t-il un autre battement. La mâchoire serré en se faisant relever le museau, en croisant ce regard tout en sourire que Barbie lui adressa. Il y croyait, lui. Il y croyait sincèrement à ce qu'il disait, à ce qu'il demandait. Le devin sentit ses membres se geler progressivement, puisa des forces dans le doigt posé contre ses lèvres. Y laissa un baiser avant qu'il ne disparaisse.
Subjugué par la tendresse qui réchauffait les prunelles marrons, et, pourtant, sa requête lui fit l'effet d'une gifle. Il détourna le regard, le manoeuvra le long de la pièce, le coula dans la galaxie synthétique qui colorait les murs. Il ne savait pas ce qu'il lui demandait, Barbie. Il ne savait même pas à quel point il se fourvoyait, Barbie.

-Mais... B...

C'est faux, tout ça.
C'est toi qui es merveilleux, je suis rien, moi.
Je veux pas te faire croire à un mensonge.


La constatation de l'évidence même, spontanée, presque enfantine. Au cours de sa trentaine d'années, il était arrivé à ce constat. Il avait fini par l'accepter. Certaines personnes sont entières, et d'autres parfaitement creuses. S'ils se rejoignaient sur beaucoup de choses, ils se complétaient là-dessus. Un état de fait que rien ne pourrait probablement jamais changer, pas même le fait de répéter quelques mots à voix hautes pour faire plaisir à son amant. Si son pragmatisme naturel se serait insurgé et lui aurait répondu du tac au tac que c'était parfaitement faux, Devlin le retint en plein vol. Il avait déjà fait suffisamment de maladresses, son pragmatisme. D'autant que Barbie y croyait si fort. L'amour qu'il avait perçu dans les prunelles marron n'avait rien de feint. Même sans la promesse d'en entendre d'avantage sur le passé de son ex-amant, le devin n'aurait pas soupesé le pour et le contre bien longtemps.
Alors il pouvait bien le lui concéder ? Faire plaisir à Barbie.

C'est ce que veut Barbie.


Pourtant elle était désagréable, cette concession. Elle n'obéissait pas à sa logique, elle lui laissait une impression âcre sur le palais. Comment des mots aussi simples pouvaient-ils changer le cours naturel des choses ? Comment pouvaient-ils décemment changer ce qu'il était ? S'extirpant de l'étreinte chaleureuse et protectrice de Barbie, ce malaise au creux du ventre, Devlin se retourna. Attrapa les mains de son amant pour jouer distraitement avec, incapable de se résoudre à lui mentir les yeux dans les yeux. Il l'avait tellement fait, à tant de gens, avant. Il avait bercé tant de coeurs de douces illusions, sa soeur comprise. Mais Barbie ? Le fait que ce soit lui qui le lui demande était bien la seule raison pour laquelle il s'y força. Un marmonnement, les yeux posés sur les doigts clairs entre les siens.

-Moi, Devlin Tarrare, je suis quelqu'un de merveilleux...

Il sut immédiatement que ce ne serait pas suffisant pour l'Homme-Enfant. Qu'il ne l'avait pas dit assez fort, ni avec assez de conviction. Qu'il fallait qu'il fasse mine d'y croire, à cet odieux mensonge, pour que la pilule passe. Mais cette concession lui écorchait le coeur, quand il leva enfin les yeux vers Barbie. Il chavira devant l'immensité de sa tendresse, son palpitant. Sombra dans les eaux d'une honte toujours plus intense alors que Devlin lâcha d'une voix faussement enjouée, celle qui trompait tout le monde :

-Moi, Devlin Tarrare, je suis quelqu'un de merveilleux.

Et l'impression de mourir un peu de l'intérieur, ce disant. L'impression d'avoir prononcé le mensonge le plus ignoble, le plus immonde qu'il n'avait jamais prononcé à la figure même de son amant. Il n'avait jamais rien eu de merveilleux, n'aurait jamais rien de merveilleux. Et s'il n'en trahit rien, un grand sourire placardé sur le visage, s'il n'en trahit rien, en ricanant avec une fausse bonhomie, il entendit quelque chose se briser distinctement sous son crâne. Parce qu'il l'aimait, le type en face de lui. Il l'aimait si fort, si déraisonnablement, qu'il ferait tout ce qu'il pourrait pour lui faire plaisir. Même si ça impliquait cracher sur ses convictions profondes, sacrifier ce qu'il était, ou lui mentir les yeux dans les yeux.
Il le savait depuis longtemps, tout ça. Il ne le réalisa qu'à cet instant précis. A l'instant où les mots avaient franchi ses lèvres, à l'instant où il sentit ses muscles faciaux prétendre ce qu'il ne ressentait pas. Barbie pouvait faire tout ce qu'il voulait de Devlin, aussi longtemps qu'il vivrait. Même si pour cela, il devait y sacrifier de petits bouts de son âme. C'était déjà arrivé quand l'Homme-Enfant lui avait glissé une arme entre les mains, ça arrivait encore, mais il en avait encore, des bouts d'âme qu'il pouvait lui donner. C'était à ce point qu'il l'aimait, Devlin.
Au point de tout lui consacrer si cela signifiait qu'il sourirait.
Même sa vie, s'il la lui demandait.

-Et toi, Barbie de Ruiz, t'es quelqu'un d'exceptionnel !

Dissociation. Le corps qui riait, le cœur qui saignait. La vérité, lancée sur le ton du jeu, avec la spontanéité avec laquelle Barbie avait fait sa requête. Avec ce besoin qu'elle comble de toute son infinité la fêlure laissée par cet odieux mensonge. Il pouvait s'y raccrocher à cet espoir là. A cette vérité inéluctable qui faisait de Barbie ce qu'il était, qui l'avait toujours rendu aussi beau. Un être de lumière luttant contre l'obscurité. Attrapant les doigts pâles, il les porta à ses lèvres. Les couvrit de baisers, les façonna en puits. Leur confia tant d'autres vérités pour expier ce qu'il venait de faire. Par amour.

-Toi, Barbie de Ruiz, je t'aime comme j'ai jamais aimé qui que ce soit. Plus que tout au monde. Et tu le mérites, d'être aimé plus fort que la vie. Tous ceux qui pensent le contraire ne sont rien de plus que de sales cons.

Se perdant dans les gestes enfantins, pour mieux oublier le chaos. Un jeu auquel ils jouaient, avec Geeta, quand ils étaient petits. Pour occuper le temps entre deux consultations, quand la fillette accompagnait son grand-frère. Relevant le nez des doigts de Barbie, il coula un regard redevenu plus pétillant dans les prunelles qu'il aimait tant. Etira un sourire sous sa moustache noire.

-C'est un jeu qu'on a inventé avec ma soeur quand on était petits. On appelait ça le "puits à bisous". Tu dis ce que tu veux au puits de l'autre, comme ça, quand il met le puits contre son oreille, il peut entendre tes mots portés par l'écho. Mais attention, on ne dit que les bisous dans le puits à bisous. C'est la règle la plus importante.

Bien plus soulagé, en se tortillant pour accompagner les doigts du plus jeune jusqu'à son oreille. Bien plus serein, en ayant laissé la tendresse balayer le malaise. Quand bien même il était toujours en fond, sourdant quelque part au creux de son cœur. Comme une souillure d'encre sur un beau tableau. Une discordance qu'il n'était pas sûr de réussir à effacer de lui-même.

-T'entends ? J'y mettrai encore plus de bisous plus tard, si ça te plaît.

Un jeu tout aussi illusoire que tant d'autres choses. Et pourtant, le bien qu'il faisait était indéniable. Comme toujours avec Barbie. Lorsque l'imagination prenait le pas sur le réel, la bulle de tendresse se reformait d'elle-même, tout autour d'eux. Certain que Barbie ait bien entendu chacun des mots qu'il avait confiés à ses paumes, le routard se réinstalla contre son torse. Cala son nez contre son cou, le seul endroit à même d'achever de combler la fêlure.

-Tu me racontes la suite ?

S'il te plaît.
Inonde mon vide de ta lumière.






L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Il se moquait bien de tout ce que les gens pouvaient penser de lui. Il estimait n’avoir de compte à rendre à personne, et n’avait pas à se soucier de l’image que les autres pouvaient garder de son passage. Il était toujours cet enfant, un peu trop immature que l’on s’amusait à moquer malgré sa capacité à ôter la vie. Le gang n’en avait pas peur, s’autorisait alors des réflexions, ou même des regards parfois trop insistants sur celui qu’il était, et ce qu’il s’efforçait d’être. Parce qu’il n’arrivait pas à bomber le torse assez longtemps pour faire illusion, parce que ça se voyait qu’il n’était pas celui qu’il prétendait être au milieu de son groupe. Mais si ces regards ne comptaient pas, s’il n’y portait aucun intérêt ; l’image de ceux qu’il aime a bien plus d’importance. Non pas celle qu’ils renvoient aux autres, mais celles qu’ils perçoivent eux-même. Le besoin de les savoir heureux, de savoir qu’ils sont bien dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leurs vies. Une leçon de moral que Barbie ne suivait clairement pas, mais qu’il avait pour but d’instaurer dans l’esprit de tous ceux qui marquaient son coeur. Il s’était surpris à s’énerver d’un comportement pourtant banal, d’une personne ne sachant à quel point elle était exceptionnelle. Silas qu’il avait parfois repris, à qui il aurait aimé hurler à pleins poumons à quel point il était important pour que l’univers continue sa ronde. Il lui fallait beaucoup de temps pour apprendre à aimer les autres, incapable de s’aimer lui avant tout. Mais les autres devaient s’aimer en retour, c’était la règle. Et lorsqu’il s’infiltrait dans le regard de Devlin, qu’il tentait d’y apercevoir le reflet qu’il avait de lui, il se perdait dans des choses bien trop négatives pour être acceptables. Il y avait des mots qu’il ne devait pas prononcer, des pensées qui étaient proscrites lorsqu’il s’agissait de lui. Il aurait tant donné pour lui faire comprendre, pour qu’il se rende compte de tout ce qu’il était pour lui. Il lui aurait conté mille et une histoires dans lesquelles il aurait été le héros, pour lui montrer qu’il avait la possibilité de sauver le monde ; par la force de son simple sourire. Ce sourire dont Barbie était tombé si follement amoureux, qui le faisait tomber en pâmoison à chaque fois. Il aurait offert sa vie pour que son sourire ne s’efface jamais, qu’il reste à jamais gravé sur ces jolies lèvres qu’il se plaisait bien souvent à embrasser. Il prendrait ce rôle à coeur, et ferait en sorte que son ami comprenne le pouvoir qu’il avait sur ses congénères. Il était bien plus que tout ce qu’il pouvait imaginer à ses yeux, bien plus que ce que les gens lui montraient. Il était un amant, mais également un ami, un proche, un confident. La preuve, parler de Silas lui avait fait du bien. Evoquer cet ami au visage qui devenait de plus en plus flou. Il ne le reverrait certainement jamais, alors le mentionner, parler de lui, avait le pouvoir de le maintenir vivant dans ses pensées. Et c’était si bon, un souvenir qu’il souhaitait garder à jamais.
Alors il ne cèderait pas, ne lâcherait rien pour l’entendre prononcer quelques mots. Ce n’était pas grand chose, et Barbie ne savait pas à quel point ce qu’il lui demandait était difficile. Il ne voulait pas lui faire de mal, ne pas lui faire de peine, mais il était impossible pour lui de l’écouter se dévaluer avec autant de ferveur. Il était merveilleux à ses yeux, il était grand. Mais Barbie pensa à une erreur, subitement, quand le devin échappa à son étreinte. L’envie de vite refermer les bras autour de lui, de s’excuser et lui demander de ne pas le laisser seul. Mais il ne comptait pas partir, et il le comprit bien vite, l’enfant. Il le laisse jouer avec ses doigts, un sourire tendre éclairant ses traits juvéniles. Il va pour mimer le fait de n’avoir rien entendu, lorsque la voix penaude de l’autre s’élève entre eux. Mais il semble avoir deviné, Devlin. Il a pourtant le sourire qui s’affaisse légèrement, comprenant les efforts de l’autre pour prononcer une phrase pourtant si banale. Arque un sourcils, surpris par la forme que prends ses mains sous le pouvoir de Devlin. Il ne comprend pas de suite, puis rit véritablement en l’entendant prononcer des paroles qui se font pourtant étouffées par ses doigts. Il joue le jeu en laissant ses doigts glisser contre son oreille. Fais semblant d’avoir quelque chose à écouter et sourit.

Il le laisse s’installer à nouveau contre son torse, le bonheur de le sentir contre lui. Il voulait le garder ainsi le plus longtemps possible, ne jamais se défaire de cette étreinte qui voulait dire tant de choses pour lui ; pour eux. Il voulait bien lui raconter la suite de son histoire, mais était déçu que Devlin n’en ait pas dis plus sur la sienne, sur ce qu’il était, ce qu’il aimait, ce qui le rendait heureux. Alors, il tente une plaisanterie, en attrapant son visage avec sa main qui ne porte pas l’attelle, la droite. Il relève son visage afin d’avoir accès à ses lèvres, et y dépose les siennes en murmurant. - Et c’est qui l’enfant, maintenant ? Il ricane, se moque gentiment. Lui que l’on qualifiait, à raison, de gosse. Lui qui était un si grand enfant. Lui qui n’avait rien d’un adulte, se plaisait à sentir cette nouvelle étincelle chez son amour. Entre ses bras, ainsi bercé sur son torse, Devlin paraissait également enfantin, et Barbie adorait ça, et s’en moquait avec joie. - Il est tout niais, mon p’tit sucre. Il attrape une de ses joues et la pince gentiment comme on ferait avec un enfant. Il ricane pour montrer qu’il plaisante. Il aime le voir ainsi, a l’impression de le voir heureux. C’est tout ce qui compte. Il prend son menton dans sa main, et se penche un peu plus pour intensifier son baiser. Sa main qui lâche son visage pour descendre dans son cou, et se frayer un chemin tout trouvé sous son tee-shirt. Les lèvres qu’il ne lâche plus, qu’il dévore presque de sa bouche. Il recule légèrement, les joues rougies par son élan de fougue. Il se racle la gorge et retire la main de son torse, afin d’attraper les deux mains de Devlin et les amener jusqu’à ses lèvres afin de dire à son tour, quelques mots dans son puit à bisous. - T’as certainement le plus beau boule de toute la ville. Et le coeur le plus tendre. Il relâche ses mains, et lui saute presque dessus. Il se soustrait de son dos, le laissant échouer doucement contre l’oreiller. La position se fait instinctive, au-dessus de lui, corps contre le sien alors qu’il ne peut s’empêcher de fondre sur sa bouche comme un accro au sucre ayant trop longtemps été privé de sa friandise. Il n’avait pas prévu ça, voulait entendre son histoire. Mais ses lèvres réclament, incapable de leur refuser ce droit.
Mais il se souvient qu’il voulait la suite de la sienne, d’histoire. Il ne pouvait pas lui bouder ce plaisir. Alors, il relâche ses lèvres, essaie de calmer le désir qui embrase déjà son corps. Sa tête se recule légèrement, de ses doigts il replace quelques mèches de cheveux échouées sur le visage adverse. Il ne sait pas comment raconter la suite sans lui faire un choc, ne sait pas comment assembler les mots sans que le tout ne devienne critique. Alors, il ne prend pas vraiment de précaution, et se jette à l’eau. - J’ai pas grand chose à dire de plus que ce que tu ne sais déjà. Je me suis lancé dans des études de médecine pour devenir chirurgien, illustrateur c’était pas assez chic pour mes parents. Mais … Le plus dur reste à venir, il essaie de balancer les mots comme si ce n’était rien, comme si ça ne signifiait que du vent pour lui. - J’ai été enlevé à vingt-trois ans, contre une rançon que mes parents n’ont pas accepté de payer. Ils ont été abattu, faisant de moi un joyeux orphelin. Il pose ses lèvres sur les siennes, un quart de seconde, pour faire passer la pilule plus facilement. - Je devais être tué, moi aussi mais … Je me suis rendu utile pour qu’ils me gardent. Je les ai soigné, j’ai essayé de me fondre dans la masse, de devenir comme eux. Il fait un sourire qui se veut sûr, un regard triomphant en façade. - J’ai changé de nom, et voici comment je suis devenu Barbie, le bel homme que tu connais. Il recommence à l’embrasser, essaie de faire passer la nouvelle derrière la douceur. Il avait eu du mal à surmonter tout ça. Le changement de vie. La fuite d’un frère. La mort des parents. Le déracinement total. Il espérait que l’histoire était plus aisée à entendre, qu’à vivre.

Il plonge le visage dans le cou de son amant, et embrasse la peau si tendre qui s’offre contre ses lèvres. C’est un geste plein de lâcheté, le meilleur moyen de se cacher, de ne pas affronter son regard, de ne pas être vu. Il ne sait pas pourquoi, mais il a toujours honte de ce passé, de cette histoire, de ce chemin qu’il a emprunté sans réellement le vouloir. Il aurait pu aller voir la police, et tout leur raconter, demander à être protégé et recommencer une vie loin de tous ces trafics. Mais il avait trouvé quelque chose qui lui convenait dans ce gang de violence. Il avait trouvé une famille, des membres qui l’acceptaient malgré les moqueries, et qui seraient prêts à tuer si on s’en prenait à lui de la mauvaise manière. Il avait trouvé un groupe, l’impression d’enfin faire partie de quelque chose, être une pièce à sa place. Et Devlin pouvait ne pas le comprendre, et se demander pourquoi continuer une vie si dénuée de sens, malgré sa liberté retrouvée. Et Barbie avait peur de cela, peur de ce qu’il pouvait penser de lui. Il aurait pu miser sur la carte du danger, ce qui avait l’air de tant plaire aux filles que Frankie soulevait ; juste à murmurer qu’il faisait partie d’un gang pour les faire tomber. C’était différent avec Devlin, les choses étaient toujours trop différentes entre eux ; et Barbie pensait bien que la révélation n’allait pas avoir cet effet là. Il voulait couvrir le feu qu’il venait de créer, l’estomper avec sa tendresse, avec ses lèvres tendres contre les siennes. Ou alors, changer de sujet, faire dévier ce qu’ils pouvaient se dire. - Maintenant, c’est à ton tour. Les lèvres qui reprennent leur place dans son cou, pour le laisser parler. Il mordille légèrement la chair afin de le taquiner, assouplir avant de dévorer. Il glisse une main contre sa cuisse, souffle contre sa peau. - J’ai prévu une petite surprise qui devrait te plaire, mais si tu veux l’avoir, il va falloir tout me dire sur toi. En disant cela, Barbie se penche afin de jeter un oeil à l’heure, ne souhaitant pas louper le coucher de soleil. Autant pousser le romantisme jusqu’au bout, quitte à prévoir des niaiseries pareilles. Il faisait comme s’il le faisait pour Devlin, comme s’il avait prévu ça uniquement pour lui faire plaisir. Mais la vérité était qu’il les aimait ces enfantillages. Ce qui faisait d’eux des gamins, capable d’aimer bien plus fort que n’importe quel adulte.
Il relève légèrement la tête, et le regarde enfin. Il enlève sa main de sa cuisse afin de la poser doucement contre sa joue qu’il effleure de son pouce. Doucement. Avec tendresse. Il soupire en le regardant si amoureusement. - Je veux pas te mettre mal à l’aise, et je veux pas te forcer non plus. Mais je pense que ce sont nos secrets qui nous ont séparés. Tu crois pas que ça vaut la peine d’essayer ? Tout se raconter, pour nous laisser une chance ? Il dépose un dernier baiser sur ses lèvres et étend le bras pour atteindre la clochette laissée à l’abandon dans les draps. - Et ne dis rien de méchant sur toi, ou je te confisque ça. Et quelque chose me dit que tu risques dans avoir besoin, pour ce soir.

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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
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L'amertume de ce que Barbie lui avait demandé de faire comme un goût âcre sur le palais s'effaçait pourtant peu à peu. Des enfantillages pour faire passer le besoin d'être adultes, une des fondations de leur relation. L'envie d'être à nouveau cet enfant qu'il n'avait pu être que sous condition, dans le passé, qui revenait au galop au contact de Barbie. Il était là, le rêve de Devlin, dans cette liberté presque totale qu'il éprouvait au contact du jeune homme. Qu'il retrouvait dans l'éclat de ses yeux marrons. Une liberté de rire, de faire des conneries, d'être soi-même, entièrement, sans avoir peur d'être jugé pour ce qu'on est ou ce qu'on fait. Ils avaient construit cette bulle d'insouciance à tous les deux, l'avaient faite éclater, l'avait ressoudée, l'avaient détruite à nouveau. Enfants capricieux avec le coeur de l'autre, et pourtant, terriblement liés. Profondément liés. A s'aimer de la force des gosses avec des coeurs de grands. Des fois la vie qui revenait les rattraper, mais trouvait toujours un moyen de les remettre côte à côte. Et Barbie, sa radiance, son sourire, ses attitudes... Barbie tout entier lui avait manqué, au devin.
Comme une part de lui qui lui aurait été arrachée pendant un mois. Une fraction de coeur ou d'âme, alors qu'il était persuadé de ne plus en avoir.

-C'est pas un truc qui se dit dans le puits à bisous, ça !

Les joues embrasées par la confession dans le puits à bisou, bien au-delà de l'innocence enfantine originelle du jeu, Devlin pouffa doucement. Se laissa retomber dans les oreillers pour mieux le recevoir à bras grands ouverts, son coeur retrouvant sa légèreté, son corps retrouvant des réflexes qu'il ne perdrait certainement jamais. Ses bras s'enroulèrent autour de la taille de Barbie, ses lèvres se perdirent contre les siennes, affamées depuis bien trop longtemps pour ne pas fondre sous ses baisers. Ils n'avaient rien de précipité, de dur, de forcé, cette fois-ci. Ils ne semblaient pas issus d'un vieux réflexe ou d'une mauvaise habitude, n'attisèrent pas l'instinct trop réactif du devin. L'impression de retrouver Barbie tout entier et ce brasier qu'il savait si facilement allumer dans son abîmé. Il s'y serait laissé embraser, Devlin, repoussant les confessions à plus tard le temps de retrouver la peau de l'Homme-Enfant. Mais ce n'était pas au programme, apparemment.

Il se redressa sur ses coudes, Barbie toujours installé au-dessus de lui. Glissa ses doigts le long de sa nuque, jouant distraitement avec les boucles plus longues que la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Chercha le regard de son amant au milieu de ses paroles, les trouva voilés derrière un passé qui semblait n'avoir rien eu de commode. Pincement au coeur en entendant enfin la suite de l'histoire d'Octave. Le point de rupture qui avait fait naître Barbie n'était rien d'autre qu'un enlèvement. Rien de plus que l'histoire classique d'enfoirés de parents qui n'avaient rien à foutre de leur gamin. Un baiser volé ou offert, pour l'aider à continuer. L'envie d'en faire bien plus mais le souffle court, en suspension, alors que la voix de Barbie s'étouffait dans son passé. Un sourire et un regard franc, mais une fêlure dans le coeur. Si réellement, si savamment dissimulée que le devin en sentit son coeur se serrer. Une histoire d'abandon et de meurtre, d'errance et de reconstruction aussi importante ne pouvait pas ne pas avoir laissé de séquelles. Elle ne pouvait pas avoir été aussi simple à vivre que Barbie le prétendait. Les mains du devin se posèrent de chaque côté du sourire crâne de son amant, tandis que son regard, lui voyait bien au-delà de l'illusion. Il n'avait pas besoin de l'avoir vécu pour se douter que ça avait été une période douloureuse, Devlin. Il n'avait pas besoin d'entendre les vibrations dans la voix, ou la fragilité de l'assurance qu'on lui présentait pour comprendre qu'elle l'était probablement encore. On n'oubliait pas des souffrances aussi importantes, il était bien placé pour le savoir. Aussi se jura-t-il une chose, en lui-même. Un secret autant qu'une promesse qu'il se faisait, que son amant ne saurait probablement jamais.

Tu en as déjà tellement bavé, B.
Je te promets de faire tout mon possible pour que tu n'aies plus à souffrir comme ça.
Même si c'est du passé, même si c'est compliqué.
Même si tu ne m'en parles.
Je te promets d'ouvrir les yeux, et de tout faire pour te protéger.


Le souffle de Barbie glissa contre son cou, les lèvres de Devlin en firent de même contre sa tempe. Au frisson de sentir des baisers contre peau répondit un murmure, au creux de l'oreille du plus jeune.

-Je t'aime. Merci d'avoir eu le courage de me dire tout ça.

Peu de choses en réalité, devant l'immensité de la confession de Barbie. Bien peu en comparaison de tout ce qu'avait apporté cette réponse aux questions du devin, d'à quel point il se sentait profondément peiné par ce qu'il venait d'apprendre. Mais Barbie avait tout fait pour atténuer le choc, tout fait pour se montrer brave en plus du courage qu'il avait fallu pour parler de tout ça. Par respect, par pudeur, peut-être un peu des deux, Devlin n'en ajouta pas plus. Retint toutes les interrogations qu'il aurait pu avoir sur la manière dont il avait vécu tout ça, sur les détails qu'il aurait voulu entendre, sur l'abomination qu'étaient ses maudits parents. Si Barbie le voulait, il pourrait lui raconter le reste, Devlin était prêt à l'entendre. Mais il ne le forcerait pas, ne le pousserait pas à parler de tout ça s'il ne le désirait pas. S'il voulait l'aider à panser ses blessures, il ne serait pas celui qui mettrait volontairement son doigt là où ça faisait mal. Si Barbie émettait le besoin de partager ses blessures, Devlin serait toujours prêt à l'écouter.
Ses doigts courant toujours le long du dos de l'Homme-Enfant, ses lèvres toujours contre sa tempe. Il laissa le silence s'installer entre eux jusqu'à ce que Barbie se sente de le briser, présence chaleureuse et réconfortante pour mieux résister à l'envie de poser tant d'autres questions. Il comprenait, maintenant. Il comprenait, à présent. L'ambivalence de l'Homme-Enfant, cette violence sous-jacente qu'il apercevait parfois dans les moments d'abandon. Cette pièce surprenante, une sorte de laboratoire, dans laquelle il avait été fourré par les mecs en blouson de cuir. Il n'y avait aucune peur, presque de la fierté dans ce sourire qui se voulait franc. Sous bien des aspects, il comprenait, le devin. Il comprenait qu'il y avait bien plus de sens dans cette aide qu'il avait fournie à ce gang. Mais s'il avait encore du mal à poser le doigt sur ce sens précis, il garda la question pour plus tard.

Parce que c'était bientôt son tour de parler de soi. Et s'il avait réussi à retarder l'échéance, il était certain que Barbie ne lâcherait pas l'affaire. Une grimace passa sur le visage du divinateur à l'annonce de la sentence. Il n'y couperait donc pas, malgré tous les mouvements de Barbie tendant à annoncer le contraire. Pas de trève agréable, pas de peau contre peau avant qu'il n'ait lâché ses secrets. Il tenta tout de même :  

-On peut pas commencer par la surprise, t'es vraiment sûr ?

Une bouteille à la mer, noyée dans les vagues colorées se mouvant lentement sur les murs de la chambre. Elle s'immergea totalement d'un simple regard de son amant. Il y avait tant de mots dans ces yeux marrons. Une tendresse rare et infinie dans laquelle les doutes et les incertitudes du devin achevèrent de se noyer. Un éclat de bon sens jaillit entre eux, poussa Devlin à acquiescer. Parce que c'était vrai. C'était le silence et les secrets qui les avait poussés à se détruire. C'était le vide qui avait forcé l'éloignement, toutes ces incompréhensions basées sur le manque de la vérité. Ils avaient joué avec un feu bien trop important pour eux, insouciants et amoureux d'une illusion. Il était temps d'être des adultes, pour mieux redevenir des enfants.

-Non mais tu as raison. C'est ce que je pense aussi. C'est ce qu'on doit faire, toi et moi. Arrêter de tenter d'échapper à la vérité et tout mettre à plat pour apprendre à vraiment nous connaître. Même le plus douloureux.

Un ricanement en voyant la clochette, juste assez pour soulager vaguement l'appréhension qui tenait son coeur en étau. Il tendit des doigts joueurs vers la clochette, faisant mine de vouloir l'attraper. Emit une moue boudeuse en la voyant s'éloigner, l'opportunité de s'échapper à ses propres responsabilités. Mais elles étaient là, et il devait le faire. Mais Barbie s'était jeté à l'eau, et, si Devlin se jugeait bien moins courageux que son amant pour bien des choses, il se devait de suivre son exemple. Son bras retomba dans les coussins. Il leva les yeux au plafond dans un soupir, noya son regard dans les nébulosités de la galaxie rose. La présence rassurante de Barbie contre lui. Barbie était si courageux, oui. Bien plus qu'il ne le serait jamais.

-J'en étais au camion, c'est ça ? J'savais pas où j'allais, mais j'y allais. J'ai coupé les ponts avec ma famille. J'ai quitté le Canada, j'ai bousillé toutes mes économies en quelques mois. J'ai zoné d'un coin à l'autre des Etats-Unis, de festivals en squats, jusqu'à ce que j'aie plus une thune. J'me suis rendu utile, services à droite, travail dans les champs à gauche. Y'a eu des moments drôles, et d'autres beaucoup moins.

Ses doigts se nichèrent entre les bouclettes, retrouvèrent leur douceur pour mieux jouer avec. Il les revoyait, les champs. Sentait à nouveau la morsure du soleil sur sa peau, des regards sur sa couleur, des insultes racistes sur ses origines.

-On m'a traité de tout et n'importe comment. Y'a eu un gars dans le Sud, il engageait que des immigrés. Il prenait nos papiers, si on voulait les récupérer, on devait bosser nuit et jour dans ses champs et on était même pas payés. Y'a eu des gars qui payaient qu'à la capacité à se mettre à genoux. Mais y'en a eu des honnêtes, au milieu. J'alternais les champs et la manche dans les grandes villes. Les joies des squats, de la dope et des matins à se réveiller sans savoir comment tu t'appelles. J'ai retrouvé un vieux tarot dans mon camion, j'ai décidé de devenir divinateur.

Les Etats-Unis, le pays de la Liberté. La Liberté totale n'était rien de plus qu'une illusion, c'était ce que le routard avait fini par comprendre. On s'arrachait de certaines chaînes pour être lié par d'autres bien pires que les précédentes.

-J'ai vu des trucs si beaux, croisé tant de personnes incroyables. J'ai grandi sur la route avec mon pote Arlo, j'ai assisté aux premiers pas d'Adalind alors qu'elle devenait Ivory, tant d'autres. Ca valait tout le reste, les humiliations, les abus, la dope et la misère. Puis quelqu'un m'a brisé le cœur, mais c'était pas sa faute, plutôt celle d'un Etat qui aime pas que ses citoyens soient différents. J'ai fui le Texas et j'ai atterri à Exeter.

Trop parler pour en dire si peu. Le regard toujours perdu dans les nébuleuses, la tête enfoncée dans les oreillers et son bras lové autour de la taille de Barbie, Devlin ne savait plus s'il était encore sur la route ou bien installé à Exeter. Il y avait eu tant de belles choses dans sa vie pour compenser les plus hideuses. Mais ce qu'il vivait à présent était bien au-delà d'elles. La plus belle d'entre toutes était l'Homme-Enfant. S'il avait fui les autres sans chercher à se battre pour elles, pour lui, le devin était prêt à arrêter sa course folle contre le temps. Pour Barbie.
Se serait-il arrêté pour lui ? Ce gars qui avait été capturé par un système injuste qui haïssait si bien la différence qu'il supposait être capable de la traiter ? Il n'en avait jamais rien su, n'avait jamais eu l'opportunité d'y songer. Mais pour Barbie, il l'était, prêt. Remuer un monde tout entier pour une seule personne. S'il avait remonté le temps et l'avait annoncé au Devlin du passé, ce dernier lui aurait probablement ri au nez. Nez qu'il enfonça dans les bouclettes de son amant, retrouvant la sensation rassurante de leur caresse sur sa peau. La perspective que le plus jeune lui avait promise, avec cette clochette, lui donnait sacrément envie. Mais après s'être lancé à l'eau, il avait la sensation d'être...
Vide.
Une enveloppe de chair et d'os, de peau, de muscles et de tendons. Un corps. Il n'avait jamais rien été de plus, avant. Il était bien plus, maintenant. Mais de là à l'admettre, il y avait encore un gouffre que le devin ne se sentait pas prêt de franchir.

-J'ai une tantine qui a fini à Slab City, au milieu du désert de l'Arizona. Avec toi, vous n'êtes que deux à savoir tout ça. Même Geeta n'est pas au courant de qui je suis alors qu'on se téléphone régulièrement. Ca demande un courage que j'ai jamais eu de s'ouvrir aux autres. C'est toi qui viens de me l'apprendre.

Une révélation qu'il n'aurait jamais eue, avant que Barbie n'aborde le sujet. Tant de sujets qu'ils devaient aborder tous les deux, encore. Tant de mystères et de zones d'ombres à éclairer. Pour une relation qu'ils avaient toujours vécue cachée, noyée dans l'aura protectrice de la pénombre, la déchirer doucement d'éclats de lumière devenait essentiel. Vital. Pourtant, il avait la sensation que son fardeau n'en était pas plus léger. Au contraire, la crainte d'en avoir trop dit, de s'être trop montré. Habitués qu'ils étaient d'aimer une vision chimérique de l'autre, ne risquait-il pas de fuir, l'Homme-Enfant ? Les doigts du devin s'enroulèrent autour de la clochette, la tirèrent doucement hors de ceux de son amant. Il déposa un baiser à la naissance de ses cheveux, sur son front, avant de murmurer :

-T'avais quoi en tête pour la suite du programme ? A moins que tu ne veuilles tout arrêter, maintenant que tu sais ce que tu as dans ton lit.

Un lâche. Un moins que rien. Barbie était brave, lui. Fort, courageux. De l'image que Devlin s'en faisait à ce qu'il avait raconté, il avait compris, le devin. Que son amant valait bien plus que tout ce à quoi Barbie pourrait prétendre. Il n'était rien, lui, un grain de poussière ballotté par les éléments.
Et Barbie était un monde tout entier.





L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Barbie Tarrare
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Il avait envie de le croquer, à le voir ainsi entre ses jeux d’enfant et ses joues empourprées par ce qu’il venait de lui dire. Le garder contre son corps n’était plus assez, il ressentait avec cela le besoin de redécouvrir chaque parcelle de son anatomie. Toucher sa peau, petit à petit, en mémoriser chaque contour, en s’attardant sur les parties les plus charnues. S’il n’avait pas eu tant à lui dire, et cette envie insoutenable de l’entendre lui raconter celui qu’il était avant, certainement se serait-il embrasé depuis longtemps déjà, les lèvres qui n’en pouvaient déjà plus de se retenir de mordiller la chair. Il voulait le dévorer sous cette nuée d’étoiles qu’il venait de lui offrir, l’avaler tout entier pour ne plus jamais oublier ni son odeur, ni le goût qu’il lui laissait en bouche après chaque étreinte. Il avait peur de lui faire mal, à rester ainsi sur lui ; avec ses kilos en trop, et Devlin qui semblait avoir maigri à l’inverse. Mais il ne pouvait pas s’échapper de ses bras, ne pouvait pas s’en aller de sa chaleur alors que son corps entier lui intimait de se serrer un peu plus contre lui, de s’y fondre sans retenu, et de ne faire plus qu’un. Et si leurs corps tenaient à s’unir, et ne plus jamais communiquer qu’à travers le prisme de la tendresse ; leurs coeurs faisaient un voeu similaire. C’était ce « je t’aime » qui éveille tout, qui force Barbie à être aussi fébrile entre ses mains. Un « je t’aime » qui n’avait rien de factice, qu’il pouvait même appréhender comme un aveu sincère. Et il pourrait en chialer, Barbie. À trop y réfléchir. À trop se demander en quoi ces quelques mots pouvaient changer sa vie instantanément, avec une violence inouïe. Quelques mots qui pouvaient tout construire, ou bien tout renverser, forcer son monde à s’écrouler en un claquement de doigts.
C’était pour cette raison qu’il s’était confié sans réfléchir. Qu’il avait mit tant d’énergie à se soucier plus de ce qu’il allait offrir à Devlin, qu’aux mots qu’il projetait de laisser échapper. Quelques sanglots qui restent gravés au coeur, bloqués dans son ventre, et refuse de se révéler. Parce que tout n’est pas si facile à vivre, les jours n’ont pas été aussi agréables que son sourire aimerait le faire croire. Il en a mal de retenir tout ce qui bouleverse les noeuds de son estomac. Mais il ne peut faire autrement, que de faire bonne figure, la mine haute et les lèvres détendues. C’est l’amour qui le force à être fort, et ne pas inquiéter sa moitié. Pas prêt à tout raconter, à exposer les détails de cette vie qui l’avait changé d’une manière brutale. L’envie de s’effondrer pourtant, de sucer son pouce en lui demandant de ne pas le juger, de ne pas faire comme tous ceux qui le prenaient pour une fragile poupée de chiffon. Il sourit alors, secoue la tête, les bouclettes qui bougent en rythme. Il savait que l’autre ferait tout pour échapper à ce moment, à l’obligation de se confier à son tour. Il était trop facile de le laisser se jeter à l’eau, et ensuite compter sur sa bouille pour faire craquer Barbie, et le faire céder.

Barbie comptait rester fort, ne pas écouter son instinct, ne pas s’écrouler sur son ami pour le dévorer avant qu’il n’ait pu lui dire quoi que ce soit de sa vie. Il devait calmer ses ardeurs, demander à son corps de ne pas l’engloutir sous le désir ; pas encore. Il aurait tout le loisir de s’éprendre de son adversaire ensuite. Il surveillait toutefois l’heure sur le cadran de son réveil, ne souhaitant pas arriver trop tard pour profiter de sa petite surprise. Le sourire se fait plus tendre encore devant la moue boudeuse, la clochette qui s’échappe, qui se fait fuyante lorsqu’il essaie de l’attraper. L’air d’un enfant à qui l’on a confisqué son jouet préféré ; de quoi faire craquer Barbie qui ne rêve que de lui rendre la clochette et l’aider à la faire sonner des heures durant. Mais il tient bon, trop heureux à l’idée de mettre des images sur ce qu’avait pu vivre Devlin avant leur rencontre, leur histoire, et toutes leurs erreurs. Il s’installe contre lui, confortablement, comme un gosse qui est prêt à entendre son histoire du soir. Ses yeux se ferment en sentant les doigts s’aventurer entre ses mèches, se serait même certainement endormi s’il n’avait pas eu autant envie d’écouter la suite. Instinctivement, sans réfléchir, il cale son pouce dans sa bouche, en suce l’extrémité en continuant de se laisser bercer pas sa voix. Peut-être pour se donner du courage, celui de ne pas lui demander de se taire. De ne pas le stopper dans son élan pour lui réclamer de lui dire des choses plus joyeuses. Savoir qu’il n’avait pas eu la vie qu’il méritait était une torture pour l’enfant. Il voulait lui offrir de nouveaux souvenirs, qu’il ne puisse plus se rappeler ces désastreuses années. Si Barbie avait pu absorber ses peines, pour les garder pour lui, il l’aurait fait sans la moindre hésitation. Ne pas laisser à son amant de quoi être triste, et s’enivrer de son sourire pour le reste de ses jours.
À l’évocation de deux personnes du passé, Barbie fronce les sourcils. Il ne bouge pas pour autant, refusant de l’interrompre. Mais deux émotions bien distinctes se sont emparées de lui ; tout-à-coup. La joie de repenser à Ivory, et l’aigreur qu’il adressait toujours à un certain Arlo. Il savait qu’il ne devait pas s’agir des même fantômes que ceux de son propre passé, mais s’en voulait de repenser à eux. Peut-être parce qu’ils ne sont que des pions de plus qui n’auront aucune place dans la balance de ce qu’était ses jours. Ou alors parce qu’il ne voulait pas y repenser ; la première lui manquait, le second lui insufflait plus de haine que de joie. Il attend alors quelques minutes, avant de murmurer. - C’est marrant, j’ai eu une meilleure amie qui s’appelait Ivory. Mais elle est partie il y a quelques mois et … j’ai plus de nouvelles. Il a un sourire enfantin en y pensant, retire le pouce d’entre ses lèvres en perdant son rictus pour parler cette fois-ci de ce qui fâchait. - Et j’espère que ton Arlo était meilleur que celui que j’ai connu, quel fils de pute. Il ne sait pas si c’est pour faire dévier ses pensées, s’il s’agit simplement d’une constatation. Il se redresse légèrement, s’appuie sur son coude pour pouvoir le regarder. Il ne dit rien, le contemple simplement un moment. Il ressent la même pudeur que celle qui semble barricader les curiosités de Devlin. Il n’ose pas lui poser de question, n’ose pas imaginer ce qui se cache derrière certaines zones d’ombre. Il n’est pas certain d’avoir tout compris, d’avoir saisi tout ce qu’il essayait de lui dire. Mais le peu qu’il avait intégré lui faisait réellement mal. Imaginer qu’il ait pu vivre de telles choses était un réel supplice. Il n’arrive plus à penser à ces gestes qu’il avait amorcé. À cette clochette, et tout ce qu’elle leur promettait. Alors il se contente de le regarder, un long moment. Il aurait presque envie de pleurer, plus touché par ce qu’avait vécu le divinateur, que par ses propres tourments. L’amour qui fait vriller. L’amour qui rend totalement fébrile. Il lève une main et pose deux doigts sur sa pommette, un air très concentré sur le visage, comme s’il étudiait réellement chacun de ses traits. En réalité, il se posait une question, bien stupide mais à laquelle il ne trouvait aucune réponse. Comment ont-ils pu faire du mal à un visage pareil ? Il retire ses doigts, et remonte un peu son corps afin de placer son visage tout près du sien. Il dépose un premier baiser, rapide. - Comment te faire comprendre que je ne désire rien de plus que cet homme dans mon lit ? Il cale son front contre le sien, et glisse une main le long de son bras pour attraper sa main. Ses doigts s’y nouent avec force. - Et tu y auras ta place tant que tu le souhaiteras. Pas seulement dans mon lit, mais dans ma vie. Sourire qui se perd sur ses lèvres, alors qu’il l’embrasse une nouvelle fois, plus doucement encore.

Il se redresse, position à califourchon sur le corps de l’autre. les deux mains plaquées contre son torse, toujours le visage si proche du sien, se retenant de le dévorer pour ranimer l’éclat de ses yeux. Essayer de redonner vie à ce regard qu’il avait senti trop vide. Sa lèvre termine entre ses dents alors qu’il serre doucement ses crocs, fait attention de ne pas lui faire mal. L’envie de le gober tout entier qui se fait de plus en plus pressante. Ne pas céder, ne pas anéantir cet instant de bonheur. Il ne devait pas tout gâcher, une fois de plus. Il recommence à l’embrasser obligé de faire quelques pauses pour reprendre sa respiration, ne pas se laisser absorber par le désir qui commence déjà à ronger sa patience. Un mois sans profiter de son corps, de sa bouche, de lui tout entier ; c’était bien trop. Il laisse ses mains encercler le visage de Devlin, déposées sur ses joues alors qu’il le regarde droit dans les yeux en lui murmurant quelques mots. - Je suis désolé que t’aies eu à subir tout ça … Un bisou sur son nez. - Je peux pas te promettre que tout ira mieux à partir d’aujourd’hui, mais … j’espère avoir toutes les qualifications requises pour te rendre heureux. Les lèvres retrouvent leurs jumelles, les mains s’aventurent de nouveau sur son corps ; comme pour sceller une promesse qu’il n’a pourtant pas prononcée. Et si l’envie de baptiser la clochette dans chaque pièce de l’appartement le titillait, et que cette pensée était un réel bonheur, ce n’était pas ce qu’il avait prévu.
Bien avant qu’il ne le voit sur son pallier, le cadeau à la main. Lorsque tout allait bien entre eux, que Barbie s’était demandé comment le rendre heureux. Il avait pensé à toutes les choses romantiques qu’il aurait pu lui offrir, pour faire oublier ce stupide cadeau qui avait au moins le mérite de faire rire. Il y avait tant de possibilités étaient venues à l’esprit de Barbie, lui qui était très fleur bleue depuis toujours. Mais il ne voulait pas lui offrir un bouquet, ne voulait pas céder à cette facilité qui aurait pourtant fait son effet ; il en était certain. Il avait alors prévu un pique-nique, quelque chose de préparé, d’organisé, un rendez-vous amoureux comme son amant le méritait. Ils n’avaient pas eu droit à de vrais sorties, de retrouvailles galantes. Seulement des moments passés à s’aimer trop fort, assez fort pour en venir à se déchirer avec toujours plus de ferveur. Il aurait tout de même acheté un rose, lui aurait offerte à ce moment-là. Un drap étendu sous eux pour ne pas être embêtés par le sable chaud. Il aurait même pu lui lire quelque chose de beau, lui ouvrir enfin son coeur en essayant de ne pas faire d’erreur de parcours. Mais les choses s’étaient passées autrement. La rupture d’une relation qui n’avait jamais officiellement commencé ; mais qui durait pourtant depuis des mois déjà pour Barbie. Et s’il était trop tard pour tout préparer, pour encore faire les choses bien, le soleil lui serait au rendez-vous, le sable également.

Il arrête sa main aventureuse qui avait commencé à se frayer un chemin tout tracé sous son tee-shirt, et calme la pression de son bassin contre le sien. L’excitation présente dans le regard, désir qu’il essaie de chasser en se relevant du lit. Il attrape Devlin par la main, lui intimant de se relevant en tirant légèrement dessus. - J’ai envie de te prendre tout de suite, mais j’ai besoin de te parler, et je veux pas le faire ici. Elle était sûrement là, la surprise. Dans l’aveu qu’il pensait lui faire, dans tout ce qu’il avait prévu de lui dire, ce soir. Le temps était passé trop vite, et il voulait rattraper ces quelques heures, rattraper le soleil avant qu’il ne disparaisse. Il le tire hors du lit, ouvre la porte en appuyant sur le projecteur afin de l’éteindre. Une fois dans le salon, il lui lâche la main et ouvre le tiroir de la table basse pour y plonger la main à la recherche de ses clés. Il les perdait toujours au fond de ce bordel, mais les remettait tout de même au même endroit. Une vieille habitude. Mettant enfin la main dessus, il enfonce les clés de sa moto au fond de sa poche, et va déjà vers la porte d’entrée afin d’enfiler ses chaussures. - Prend tes affaires, on file. Il siffle un coup bref, et regarde à ses pieds pour y retrouver sa petite boule de poils grise. - On revient vite, princesse. Une caresse à l’animal, et le voilà prêt, le blouson enfilé. Il installe son sac à dos sur l’une de ses épaules et sort de l’appartement après avoir attrapé la main de Devlin une nouvelle fois, afin qu’il le suive. Il se rend compte qu’il ne lui a même pas demandé son avis, mais sait qu’il aura tout le loisir de s’en aller, si l’endroit ne lui convient pas. Les pas qui le conduisent jusqu’à sa moto paraissent trop lent, il aimerait ne pas avoir à les faire, et se téléporter tout simplement à la destination souhaitée. Ce serait si pratique, de se contenter de la destination sans se soucier du voyage.

_______________________________

Il gare la moto à l’entrée de la plage. Assez proche tout de même pour avoir un oeil dessus, en cas de problème. Barbie voulait pouvoir fuir le plus vite possible en cas de souci, s’ils venaient à être vus, par exemple. Il n’avait pas réfléchit à toutes les éventualités, préférant se convaincre que tout se passerait bien, quoi qu’ils fassent. Il descend de la moto en faisant bien attention de mettre la béquille, et tout faire dans les règles ; marre de se prendre des brasses par Diesel. Sa main se tend vers Devlin afin qu’il l’attrape. - Le soleil va bientôt se coucher, il paraît que c’est joli vu d’ici. Il apporte la main de Devlin à ses lèvres pour y déposer un baiser. Il garde ses doigts emmêlés aux siens en commençant à marcher vers le bord de la plage, le sac toujours à son épaule. Après quelque part, le sac à son épaule qui bouge au rythme de ses pas, la cadence accélérée, un bruit se fait entendre. La clochette que Barbie a discrètement glissée dans le sac qui produit un dling dling imprévu. De quoi faire rougir Barbie qui sourit, gêné ; pris la main dans le sac. Non, il n'était pas là seulement pour regarder le soleil se coucher.



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