they tried to make me go to rehab, i said "no, no, no"

“ monstre aujourd'hui, héros demain. ”

Depuis quand ne s'étaient-ils pas enlacés ? Des lustres sans doute. Romeo était expressif, sans doute trop. Ismaël était bien plus sur la réserve, n’étant pas gêné par les marques d’affection, mais rarement en était l’instigateur. Il n’avait pas la chance de pouvoir succomber aux étreintes de l’innocence, trop paranoïaque pour cela. La candeur était un luxe que seul Romeo pouvait se payer dans cette famille. Larry, sans cesse, devait se méfier de ceux et celles qui se disaient collègues. Agate ne pouvait se fier qu’à son personnel, craignant chaque patient qui pourrait s’emporter, simplement tenter de la tuer avec une fourchette en plastique. Tamara, elle écrasait ses adversaires sans jamais baisser sa garde. Romeo, lui, n’avait pas de garde. Cette accolade, elle était baignée par les larmes de la joie incarnée. L’insensible, comme toujours, ne pouvait pas se permettre de fléchir maintenant. Il déposait un bras dans le dos de son frère, l’autre dans sa nuque, il pouvait alors laisser ses pupilles se vider. Chagrin d’amour qui ne durait qu’un jour, puis tout était oublié. Aujourd’hui, il allait pleurer et demain encore un peu plus chaque jour. Toutes ces émotions, explosions, simple expression de ses maux cachés par la drogue. Inébranlable, il devait l’être.

Devait-il dire à son frère que cet institut de luxe était un choix égoïste ? Que la terreur d’Isma pour la folie était la cause de cette prison dorée plutôt qu’une maison de fou ? Non, parce qu’il ne l’avait toujours pas réalisé et qu’à mesure que son frère allait rester loin de lui, il allait le nier plus fort encore.

“ Tu es inoubliable.   ”Libérant son frère, alors qu’une infirmière attendait à l’extérieur de la chambre. Petit sourire dans sa direction. Embrassant le front de son frère en l’observant avec amour. “ Danse chaque jour, ne serait-ce que dans tes pensées.  ” Lâchant alors son frère, lui tournant le dos avec le même indifférent que d’habitude. Saluer l’infirmière, traverser le couloir, ne pas tituber, ne pas se retourner et serrer les poings. Arriver au niveau de l’accueil en signant l’entrée officiellement de Romeo. Échanges de politesses, des mots jetés comme si de rien n’était, d’une rare banalité pour eux. Déposant un regard toujours souriant sur l’hôtesse. “ Je vais appeler tous les deux jours prendre de ses nouvelles. S’il se montre difficile, n’hésitez pas à m’appeler même en pleine nuit. Dans cette histoire, Romeo n’est pas le plus grand problème, si jamais quelqu’un venait à entraver sa cure, appelez moi également. Aucune sortie sans mon accord, je suis à une heure de route, je ne veux pas qu’on vienne vous importuner.  ” Ismaël avait une compassion immense, discrète, mais il refusait que cet institut subisse. S’éloignant en attrapant son téléphone pour appeler un numéro sans nom. Messagerie sans grande surprise. La pluie tombait, regardant son poignet tandis que l’autre main comprimait le cellulaire avec violence alors que la messagerie se faisait entendre. “ Sam, j’veux le matériel médical. Je passe le récupérer maintenant, j’ai ton argent.  ” Le rituel réclamait deux choses : de la pratique et du sang.

code by solosands, icons ethereal