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 Caleb & Joni | BEAUTIFUL STRANGERS

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⠂ ⠂  flash back : mars 2020 ⠂ ⠂

Depuis son arrivée sur ces terres qui n’étaient pas anglaises, il n’avait eu de cesse d’en explorer les moindres recoins qui retenaient son attention. D’une foret sauvage à moto à une usine abandonnée à pied, la musique enfoncée dans ses oreilles, Caleb tachait de s’imprégner de cette ville qui n’était pas la sienne. Et si tout avait un peu moins de saveur de visiter Exeter seul, un sourire s'étalait toujours sur ses lèvres à la découverte d’un bâtiment laissé à l’abandon qui n’attendait que lui. Ne pouvait pourtant pas s’empêcher de souffler un « Connor aurait kiffé » avec peu de peine dans la voix avant de se lancer à corps et cœur perdu dans une fouille approfondie et définitivement illégale des lieux. Il fallait d’ailleurs admettre qu’Exeter avait beaucoup à offrir, en terme d’escapades dangereuses, de bâtisses éventrées par le temps et autre aventures qui l’appelaient sans relâche. Ce soir, c’était le quartier de Wellhollow qui avait attiré l’anglais avec son mélange d’architectures, cocktails de trop vieux et de très récent. Capuche noir vissée sur la tête, écouteurs qui crachaient à ses tympans, Caleb foulait déjà des tuiles qui se plaignaient de son poids pourtant pas si conséquent. Ici, y’avait l’embarras du choix, ce coin regorgeait de baraques délabrées, y’avait juste à faire son choix, et compter aussi sur des fenêtres ouvertes, la proximité de maisons habitées le forçant à ne pas forcer son entrée.

Alors dans une discrétion qui ne lui seyait que dans ce genre de situation, Caleb cherchait une ouverture , une entrée dans un des bâtiments qui lui offrirait peut être, ce soir, sa dose d’adrénaline. Seulement armé d’une patience qui était aussi rare que son silence, le brun passait de toit en toit à la  recherche de la moindre faille. Et il l’avait trouvé, en forme d’un velux à moitié défoncé qui n’attendait que lui et ses doigts s’étaient déjà glissés dans l’interstice, s’offrant une ouverture avec une simplicité risible. Il jeta un coup d’œil rapide en contre bas pour essayer de se situer et dans un sourire et un hochement de tête satisfait, il se laissa tomber à l’intérieur. Ses chaussures avaient à peine claquées sur le vieux parquet, soulevant des volutes de poussières qui aurait pu lui chatouiller les bronches si il n’avait pas eu le réflexe de plaquer son bras sur son nez et sa bouche. Sa main était parti récupérer la lampe torche dans sa poche et dans un clic, un faisceau de lumière lui révéla enfin un bout de la pièce dans laquelle il avait atterri. Le vert et le jaune balayèrent le tas de vieux meubles décrépis tout en avançant avec prudence sur un sol qui semblait pourtant solide. Mais combien de fois était-il tombé au travers d’un plancher qui lui avait semblé robuste aux premiers abords ? Beaucoup trop qu’il était sain de l’admettre, alors chaque pas en avant était mesuré, venant même à retirer un écouteur pour être attentif au moindre craquement sinistre du bois sous ses pieds.

Après un « rapide » tour du grenier, une mine presque déçue vint se plaquer sur sa trogne en la présence de murs qui tenaient bien debout. A croire qu’il aurait préféré que le parquet ne s’effondre sous son poids. Mais sa curiosité d’un chat mal élevé l’invita à pousser plus loin son investigation. Alors, torche en main, Caleb s’enfonçait d’avantage dans une maison qu’il pensait abandonnée, ouvrant une à une des pièces parfois vides, parfois parsemées d’affaires. Aucun doute que ces chambres servaient souvent de squat à des âmes perdues, ou qui cherchaient à se perdre. Dans un petit rire triste et soufflé, il se remémora les crack house de Londres ou il avait l’habitude d’aller planquer son argent sale derrière un carreau de salle de bain, ou sous une latte de plancher et se demanda si c’était encore là, ou si ils avaient fini par comprendre qu’ils dormaient à côté d’un tas de fric monumental. Le britannique haussa les épaules, cet argent ne l’intéressait déjà pas à l’époque, alors que maintenant il était exilé par de-là l’Atlantique, ça n’avait vraiment plus aucune importance. Peut être viendrait-il cacher ici, un jour, ces liasses de billets tachés de rouge dont il ne voulait pas ?

Avec cette idée en tête, il descendait dans les entrailles de cette maison sans se rendre compte que cette dernière prenait de plus en plus vie à chacun de ses pas en avant. Les vieux murs s’étaient habillés, les affaires s’entassaient de plus en plus et jamais il ne s’était dit : il faut partir, man, parce qu’il restait persuadé d’être entré dans un squat et que personne ici n’avait le droit d’être là, alors pourquoi ne pas rester encore un peu ? Pourtant, deux détails importants aurait du lui mettre la puce à l’oreille : cette baraque était propre, et il n’y faisait pas froid, au contraire. Y’avait ce quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti dans d’autres battisses désertées : elle avait une âme, une histoire et il brûlait d’en découvrir ses secrets. Toujours avide d’en voir plus, d’en savoir plus, Caleb s’était aventuré plus bas dans les étages, retenant son souffle à chaque porte qu’il ouvrait, en ayant à la fois l’espoir et la crainte d’y trouver quelqu’un derrière.


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« Tu n’as pas entendu un bruit ? »
Les mots venaient du lit, derrière moi. Je me donnai un instant avant de les laisser atteindre mon cerveau ; assise par terre, devant la fenêtre, je profitais de l’air frais. Ravie par la sensation de chaire de poule sur mes bras, je n’étais pas prête à remettre mon cerveau en route. J’avais passé la journée dans cette pièce, certes agréablement accompagnée, mais j’avais hâte de découvrir ce que la nuit avait d’intéressant à proposer. Si ça pouvait me faire sortir un peu, ça ne serait pas de refus.
« Tu n’as pas entendu un bruit », enregistrai-je enfin. Je me tournai vers le lit. Là, ma dernière invitée en date, Jenna, tendait l’oreille vers le plafond.
—Tu m’as entendue ? Demanda-t-elle puisque je ne répondais toujours pas.
—Oui oui. Non, j’ai rien entendu. Pourquoi ?
—Je crois qu’il y a eu un grincement en haut. Tu m’avais pas dit qu’il y avait personne aux étages supérieurs ?
—C’est peut-être un des chats,
dis-je pensivement en me grattant la nuque. Ou le vent.
Au moment où je finis ma phrase, un nouveau grincement retentit ; cette fois, sous nos pieds. Puis une seconde après, dans le mur derrière le lit.
—En fait ça grince tout le temps ici, me rappelai-je.
Jenna dû être satisfaite par cette réponse, car elle finit par sortir de sous la couette en affirmant que si je persistais à garder cette fenêtre ouverte j’allais nous tuer toutes les deux d’un rhume. Vu que j’avais la goutte au nez, je rejoignis son opinion - alors comme elle, j’allai enfiler des vêtements pour remplacer la robe de chambre dans laquelle j’avais passé les dernières heures. Nous avions écoulé des dizaines d’épisodes d’Adventure Time et j’avais la tête pleine de couleurs vives. Mais j’avais une faim terrible. Pas sûr qu’il reste quelque chose à manger dans la cuisine cependant, à part peut-être des céréales. Tiens, pourquoi pas des céréales, d’ailleurs… ou de la glace ?
Je m’apprêtais à poursuivre mes réflexions à voix haute, lorsqu’un bruit - un gros, cette fois - nous fit bondir toutes les deux. Comme une porte claquée, et des éclats de voix étouffés par plusieurs murs.


Ça faisait quelques mois que Rick vivait dans cette grande pièce Au Soleil, en compagnie de deux autres gars. Il ne comptait pas s’y éterniser, mais il est vrai qu’il y avait trouvé son confort. La vie n’avait jamais été facile pour le grand et taciturne sextagenaire, qui avait passé sa vie à gagner sa croûte en tant que pêcheur, et avait perdu son unique moyen de revenu lorsque son bateau avait été brûlé par des vandales. Bien sûr, la grande bâtisse de Joni Moon n’était pas d’un grand luxe - partager le lieu avec du monde, se passer de place et d’organisation claire de l’espace - mais il y régnait une ambiance chaleureuse de foyer qu’on ne trouvait pas dans la rue ou les centres d’hébergement par lesquelles il était déjà passé.
C’est pourquoi quand la porte de sa chambre, dans laquelle il se trouvait seul - ses deux colocataires étant de sortie depuis le début de la journée - s’ouvrit lentement comme si l’on s’appliquait à être discret, il se trouvait prêt à être indulgent. Des nouveaux arrivaient régulièrement, et il n’était pas rare qu’ils se lancent dans une exploration approfondie de la maison. Ça n’était pas bien grave.
Et puisque la porte s’ouvrait vers l’intérieur, il se trouvait dans l’angle de la pièce, assis dans le fauteuil dans lequel il avait passé les dernières heures à lire, que l’intrus ne verrait pas avant d’y avoir fait quelques pas. Il s’apprêtait donc à signifier sa présence d’un raclement de gorge ferme, mais calme, afin de minimiser un effet de surprise qu’il n’avait pas d’intérêt à causer. Mais alors une silhouette s’extraya de derrière la porte, marchant tout doucement, et Rick réalisa aussitôt qu’il n’avait jamais vu ce grand type de sa vie. Grand type encapuchonné qui avançait comme s’il savait ne pas avoir le droit d’être là.
Pour Rick tous ces signes déclenchaient instantanément le signal d’alarme. Lentement et silencieusement - même si les écouteurs enfoncés dans les oreilles de l’inconnu indiquaient qu’il y avait de bonnes chances pour qu’il n’entende rien - il se leva de son fauteuil, et en avançant à pas feutrés, il se baissa pour attraper, par terre, la ceinture à laquelle était accrochée son couteau qui ne le quittait habituellement jamais. Avec son mètre quatre-vingt dix, sa peau cuivrée, son visage taillé au couteau et ses cheveux argentés accrochés dans la nuque, Rick n’avait pas l’habitude de se laisser marcher sur les pieds - mais vingt centimètres d’arme blanche n’étaient jamais un élément dissuasif superflu.
Dans le dos de l’étranger, il put donc s’approcher assez près, jusqu’à ce que ce dernier se retourne enfin. Lorsque leurs regards se croisèrent, il laissa échapper d’une voix caverneuse et menaçante :
—Tu cherches quelque chose ?



—Tu devrais aller voir, me dit Jenna.
—Hmmf, me plaignis-je.
—Joni, c’est ta maison ! C’est peut-être grave, vas voir !!
Ma curiosité et mon sens du devoir étaient de son côté. Bon, alors, l’estomac attendra. Je me saisis résolument d’un sweat, que j’enfilai en me dirigeant vers la porte.
Lorsque je sortis de la chambre, les sons devinrent plus clairs, et il y avait effectivement des bruits bizarres, même si je ne pouvais pas vraiment les interpréter. En quelques grands pas, je parcourus le couloir et grimpai les escaliers, cherchant à me remémorer qui était présent à la maison à cette heure-ci. Au deuxième étage se trouvaient la chambre d’une femme avec ses deux enfants, qui se trouvaient le plus souvent en bas la journée, et des trois seniors de la maisonnée , dont seul Rick devait être présent pour le moment.
Lorsque j’atteignis le palier je m’exclamai avec flegme, comme pour m’annoncer :
—Peu importe de quoi il s’agit, j’espère vraiment que ça peut être réglé autour d’un bol de chocapics.

sherlock || www.



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Il le savait, Caleb, qu’à chaque porte qu’il poussait, il jouait de plus en plus avec sa chance et les probabilités de tomber nez à nez avec un junkie se faisaient toujours plus menaçantes. Mais n’en était-il pas un lui même, de junkie ? C’était juste que son shot à lui, il se prenait ni dans la veine, ni sous sur la langue, ni dans une pipe en verre. Elle s’injectait directement dans l’coeur, à chaque pas vers un danger délicieux qui finirait sans doute un jour par l’emporter, un dernier sourire sur le bord de ses lèvres. Et ça montait doucement, à chaque fois que sa main se pressait sur la poignée d’une porte et qu’il entrait dans des chambres visiblement plus habitées que celles des étages supérieurs, ça en devenait même évident que la chaleur de cette maison ne réchauffait pas forcement que des âmes acides en quête d’un coin pour s’enfuir, l’espace d’un trip, ou deux. Malgré la curiosité maladive et son besoin de toujours voir, de savoir, Reid fini par prendre conscience que cette baraque qu’il aurait voulu abandonnée, était bien loin de l’être et qu’il était temps de repartir par la ou il était arrivée. Réalisation tardive, trop même.

Et même s’il avait emporté la conviction de croiser quelqu’un dans un creux de son ombre, le brun se permis de sursauter quand en faisant volte-face, se retrouvant nez à nez avec un gars impressionnant de part son allure, mais aussi par le petit plus mortel qu’il tenait entre ses doigts. En réflexe, Caleb fit tomber sa capuche et tira d’un coup sec sur ses écouteurs pour se libérer de sa musique avant de lever les deux mains, dont une toujours armée de sa lampe torche, dans une tentative d’apaiser autant la situation que les battements qui s’emmêlaient avec violence et délice sous ses cotes. « Alors, pas les emmerdes, déjà. » qu’il répondit sans hésitation, mais un léger tremblement dans la voix. Le vert de ses yeux étaient tombé sur la lame et d’instinct, l’anglais recula d’un pas. Ses prunelles avaient parcourut l’homme qui le tenait en joug autant par sa prestance qu’avec son couteau, et un sourire bienveillant essayait de se peindre sur ses lèvres qui affichaient pourtant déjà tout le sérieux de la situation. « Look, j’pensais que c’était abandonné ici. Et d’habitude quand je rentre dans une baraque, y’a jamais personne... » il ne se rendait pas compte de comment sa vérité sonnait, sous ses traits innocents. Et y’avait aucune trace de mensonge ni dans sa voix, ni dans son regard, parce que c’en était tout simplement pas un. Tout en jetant un regard derrière lui, il désigna du pouce la fenêtre dans son dos alors qu’il fit encore un pas en arrière. « J’passe par la, s’vous voulez, mais faites pas un trou dans mon hoodie, il est tout neuf ! » dans une recherche de détendre l’atmosphère, il haussa doucement les épaules tout en tournant les paumes vers le plafond dans une expression mélangeant supplique et amusement mal dosé.

Et derrière le grand gars, y’avait une voix qui leur était parvenue et encore une fois, Caleb sursauta, moins violemment qu’en s’étant retrouvé face au premier gaillard, mais son être fit tout de même un petit bond. Mais il ne pu s’empêcher de se lever sur la pointe de ses pieds pour tenter d’apercevoir au-delà des épaules carrées la personne qui avait proposé  la meilleure des manières de régler un conflit. Le vert fini par revenir sur l’homme au couteau. « Moi ça m’va l’bol de chocapics, si ça vous va aussi. Sinon on peut rester là, vous, votre couteau et moi, c’est cool aussi pour apprendre à s’connaître. » y’avait même pas d’insolence dans son intonation la ou ça hurlait injustement à la rébellion derrière chaque mot. Il n’avait pas attendu une quelconque réponse, répondant à la voix de la femme dans le même ton que le sien. « J’suis chaud pour les chocapics ! » et dans le ridicule de la situation, le brun pouffa de rire, essayant d’envoyer un regard complice au grand bonhomme avant de lâcher un « Allez, quoi, z’avez pas faim ? Parce que votre menace, moi ça m’a creusé. » Il ne savait pas bien si c’était la perspective de manger qui lui fit baisser son arme, la venue imminente de la propriétaire de la voix ou la bouille inoffensive de Caleb, mais il laissa aussi retomber ses mains le long de son corps en miroir à son geste d’apaisement.

Contournant le mec dans des mouvement tout de même prudents, il se glissa dans le couloir, se retrouvant enfin face à celle qui avait proposé un casse dalle nocturne. Et ça le frappa tout de suite ce qu’elle dégageait, cette nana. Y’avait une confiance en elle et un calme qui le laissa sans voix, ce qui était assez rare pour le souligner. Comme un idiot les bras ballants au milieu du couloir, il l’observait sans retenu, mais ce n’était pas des yeux d’adulte qui l’examinaient, mais un regard de gosse, comme émerveillée par cette petite femme qui devait avoir à peu près son âge. Ou plus jeune ? Ou plus vieille ? Aucune idée. Et les lèvres entre ouverte, il fini par battre à plusieurs reprises des paupières avant de se reprendre, se raclant doucement la gorge. « C’est par ou, les chocapics ? » avait-il balancé avec légèreté dans un sourire en se grattant le côté du crane. « J’suis désolé d’m’être introduit ici. Mais l’velux dans le grenier il est... » il s’était interrompu, conscient que ce n’était en rien une excuse et qu’un velux mal entretenu dans une maison à plusieurs étages étaient rarement une menace et encore moins une excuse pour une violation de domicile. « Moi c’est Caleb. Tu habites ici? » fini-t-il par lâcher d’une voix enfantine en tendant sa main vers la jeune femme.


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“Alors, pas les emmerdes, déjà”, avait dit l’intru en retirant capuche et écouteurs. Il était surpris, aucun doute là-dessus. Et la vue de l’arme de Rick ne le laissait clairement pas de marbre. C’était une bonne chose, ça validait l’idée qu’il n’était “pas venu pour les emmerdes”. Mais Rick avait déjà vu ce genre de panique maîtrisée sur le visage de personnes qui savaient très bien la jouer pour se faire passer pour inoffensif. Il plissa les yeux, méfiant, restant silencieux pour indiquer qu’il attendait de plus amples explications.

-Look, j’pensais que c’était abandonné ici.

Ça, Rick n’y croyait pas : plein de signes indiquaient que cette maison était habituée : les affaires, le chauffage, les bruits... Il n’aurait pas pu les louper, à moins d’être particulièrement distrait. Ses doutes sur les raisons de la présence de l’étrange type n’étaient pas calmés.

-Et d’habitude quand je rentre dans une baraque, y’a jamais personne...

-Ah ouais ? Tu rentres souvent dans des baraques où y’a personne ? Pour quoi faire ? Faire du repérage ? Voler des trucs ?


En parlant Rick leva un peu son couteau, et l’autre fit un pas en arrière.

-J’passe par là, s’vous voulez, dit-il en désignant la fenêtre, mais faites pas un trou dans mon hoodie, il est tout neuf !

Des blagues ! Rick ne voyait que deux façons d’interpréter l’humour dans ce genre de situation : l’habitude, ou la bêtise. Il avait alors tous les arguments dont il avait besoin pour attraper le type par le col et l’immobiliser, quand la voix de la maîtresse des lieux leur vint du couloir.

Voilà qui arrangeait à la fois rien, et tout. Sans qu’il s’en rende compte, Rick laissa instantanément retomber les efforts qu’il faisait pour se montrer extrêmement dangereux, et revint à sa neutralité de “suffisamment menaçant”. C’est certainement pourquoi l’intru se sentit assez à l’aise pour dire :

-Moi ça me va le bol de chocapics, si ça vous va aussi. Sinon on peut rester là, vous, votre couteau et moi, c’est cool aussi pour apprendre à se connaître.

Et avant que Rick ait pu répondre, il lança en direction du couloir, “J’suis chaud pour les chocapics ! Allez, quoi, z’avez pas faim ? Parce que votre menace, moi ça m’a creusé”, et le contourna pour quitter la pièce. Rick grommela, récupéra sa ceinture par terre pour l’attacher autour de sa taille, y ranger son couteau, et suivre l’inconnu.




Mince, pensai-je en entendant la voix inconnue s’échapper de la chambre des trois seniors, j’espère que je ne suis pas en train de me tromper et qu’on a vraiment des chocapics. La possibilité pour que, en l’absence de la denrée promise, la tension reparte de plus belle, ne me semblait pas absurde. Est-ce que j’allais trop loin ? J’avais du mal à me remémorer ce que donnaient les comportements normaux, parfois.

Et le propriétaire de la voix déboucha dans le couloir. C’était bien un inconnu, je n’avais jamais vu ce gars de ma vie. Un grand brun en sweat, avec un regard d’enfant et un sourire énorme - enfin, à présent il était plutôt surpris, mais il avait typiquement le visage rieur de quelqu’un qui sourit tout le temps. Alors instantanément, et encore plus quand il demanda, “C’est par où, les chocapics ?”, je lui retournai un rictus joyeux avec toute ma confiance.

-En bas ! indiquai-je en commençant à me tourner pour qu’il m’y suive.

-Joni, fit Rick. (le grand Rick sortait à son tour dans le couloir, l’air grave et suspicieux) Tu laisses encore rentrer n’importe qui.

-Alors viens avec nous,
répondis-je, comme ça tu le surveilles.

Rick posait sur l’inconnu un regard appuyé quand je me retournai complètement pour descendre les deux étages.

-J’suis désolé d’m’être introduit ici, fit le grand brun dans mon dos par-dessus le bruit de nos trois pas sur le parquet grinçant. Mais l’velux dans le grenier, il est…

-T’es monté par le toit ? La classe !


Grognement de Rick.

-Moi c’est Caleb. Tu habites ici ?

-Ouep ! On habite tous ici. Moi c’est Joni ! Et lui derrière c’est Rick.


Enfin arrivés au rez-de-chaussée, je nous emmenai jusqu’à la cuisine, où il y avait Jenna, qui nous observa d’un air à la fois surpris et (je crois ? ) blasé, et Antony, un ado qui était là depuis deux semaines. Jenna avait un thé dans les mains, Antony un paquet de chips.

J’ouvris les placard, et poussai un “Yes !” rassuré en tombant sur trois boîtes neuves des chocapics espérées. Je n’arrivais vraiment pas à garder le compte de ce qu’il y avait dans ces placards. Peut-être était-ce pour cette raison qu’on se retrouvait ce soir avec trois boîtes pleines ? Est-ce que je craignais de ne plus en avoir chaque fois qu’on faisait les courses ? En tout cas ce soir là je ne le regrettais pas. Je sortis les trois boîtes et les plaçai au milieu de l’ilôt central de la pièce, récupérai cinq bols et cuillères, et du lait, avant d’aller m’asseoir avec les autres sur un des hauts tabourets.

-Du coup tu viens d’où Caleb ? Je suis nulle pour les accents, mais t’es pas d’ici, on est d’accord ?

Je distribuai les bols, dont le nombre indiqua à Jenna et Antony qu’ils étaient invités à nous rejoindre, et ils vinrent donc prendre place à leur tour.

-En tout cas, dis-je ensuite, c’est pas grave que tu sois rentré ici. C’est pas abandonné, mais c’est ouvert, tu peux même rester ce soir si tu veux, ou revenir quand t’as envie !

Un peu rapide, probablement, voire même flippant peut-être. Mais c’était sorti tout seul : le garçon avait l’air d’avoir mon âge, il était rentré par le toit ce qui était super cool, il s’était retrouvé par hasard à un endroit où il n’aurait pas du être, ce qui laissait penser qu’il vivait plein d’aventures… Cool, vraiment. Et surtout, eh ben, maintenant que j’y réfléchissais… il avait dit oui aux chocapics. Pas “hein ?”, pas “Joni, c’est pas le moment”, pas “haha c’est chelou mais OK”. Juste : “Chaud ! ” Je ne m’en étais pas rendue compte sur le moment, mais maintenant que nous étions tous en train de remplir nos bols autour d’une table, ça me rendait super contente.  
Mais Rick désapprouva.

-Tu recommences, dit-il. Utilises au moins la liste.
Je levai les yeux au ciel.

-Encore la liste !

Rick m’ignora, et dit sombrement à l’intention de Caleb :

-Joni est trop gentille. Elle invite dans sa maison n’importe qui. Des criminels. Des pyromanes.

Je m’étouffai sur une céréale.

-Antony est juste là ! protestai-je. Tu ne peux pas t’excuser et lui avouer que tu t’étais trompé sur son compte, et revenir là-dessus le lendemain !

-Ouais mec,
dit Antony. Pas cool.

-Il en reste,
continua Rick, que tu dois utiliser la liste. Tu as promis.

Je poussai un long soupir, et lançai à Caleb un regard d’excuse.

-Bon, désolée. Si c’était que moi… Enfin, tout le monde est sous ma responsabilité paraît-il.

-Je vais la chercher,
fit Jenna en se levant.

Elle sortit, et revint une seconde après avec un bloc note dont une seule page avait été utilisée. Elle me le donna et reprit sa place.

-Bon, ça fait vachement intrusif, et interrogatoire, mais on me force, OK ? Promis, après tu pourras me poser n’importe quelle question en retour.

Je me râclai la gorge.

-Ok, alors… D’où viens-tu ? Qu’est-ce qui t’a amené ici Au Soleil ? C’est le nom de la maison, précisai-je. As-tu un casier judiciaire ? C’est débile, notai-je, vous avez presque tous un casier judiciaire ici. (regard lourd de Rick) Hem, la chose que tu préfères au monde. Poétique ! La chose que tu détestes le plus au monde. La meilleure chose que tu aies faite de ta vie. Et pour finir (je posai le bloc-note sur la table avec un large sourire) la pire chose que tu aies jamais faite.
sherlock || www.



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En dehors de sa troupe d’équilibristes de Londres, peu de gens auraient trouvé ça classe qu’un petit con du genre de Caleb se soit introduit quelque part par le toit. Mais cette jeune femme, si, et ça avait agrandit le sourire de l’anglais alors qu’il s’enfonçait un peu plus dans la maison qu’il avait cru abandonnée, et cette fois ci, il n’était plus seul pour la arpenter. «  Ouep ! On habite tous ici. Moi c’est Joni ! Et lui derrière c’est Rick. » tous ? Ils étaient donc bien plus que deux, et vu la taille de la maison ça n’avait rien d’étonnant, et à cette évidence grotesque, l’anglais vint taper son front du plat de sa paume. Il avait senti la chaleur de ce foyer, il avait vu l’état de cette baraque, s’enfoncer dedans en se persuadant qu’elle était vide de toutes vies était une erreur à la fois de débutant et de parfait crétin. « Enchanté Joni ! » qu’il lâcha après s’être copieusement jugé et il tourna doucement la tête vers l’homme qui avait voulu défendre ces murs par la lame, lui offrant un petit geste du menton, le bonheur toujours placardé un peu au dessus. « Et Rick, pareil! » s’il n’y avait pas encore quelque part la menace de son couteau rangé pas loin, , il lui aurait mis un petit coup d’épaule en soulignant qu’il sentait un lien spécial se créer entre eux, mais Reid eu la présence d’esprit de ne pas trop jouer ni avec sa chance, ni avec la patience du vieux monsieur foutrement imposant. Son regard s’était reporté sur la drôle de demoiselle qui marchait à leurs côtés, non, elle ne marchait pas, Joni avait l’air de … sautiller ? Danser ? Caleb avait du mal à mettre des mots ou des pensées sur sa démarche si légère, son pas si aérien. C’était hypnotisant et il dû faire un effort considérable pour se détacher d’elle alors qu’ils empruntaient les escaliers, sinon pour sûr qu’il se serait étalé dès la première marche.

Et y’avait aucune prudence sur ses traits alors qu’il suivait les pas des deux âmes qu’il venait de rencontrer, imperméable à l’idée que ça pourrait bien être dangereux d’être aussi insouciant aux côtés de ceux chez qui il était entrain par infraction. Mais elle, Joni, elle avait dit que c’était cool d’être passé par le toit, donc c’était ok, non ? Avec cette certitude, il était entré dans la cuisine avec eux, et le vert s’était posé sur les deux personnes déjà présentes. Instinctivement, Caleb leva la main et fit un petit geste un peu ridicule pour les saluer, le bord des lèvres dressés sur ses joues. « Yo ! » qu’il balança avec joie alors qu’il s’asseyait sans la moindre gène sur un des tabourets autour de l’îlot. D’ailleurs, c’était bien classe un îlot central, il nota dans un coin de sa tête d’en avoir un, un jour. Et pour sûr qu’il l’oublierait d’ici demain.  « Du coup tu viens d’où Caleb ? Je suis nulle pour les accents, mais t’es pas d’ici, on est d’accord ? » ses prunelles s’étaient détachées de la surface lisse pour se reporter sur Joni, et son sourire s’était étiré davantage. Son accent était presque sa fierté, un bout de son chez lui qu’il avait dû quitter, ce quelque chose que jamais personne ne pourrait lui retirer. « Yep, j’viens d’Angleterre ! Tout droit v’nu de Londres. » même s’il n’en avait pas besoin pour qu’il se remarque, le brun appuya exagérément sur son accent avant de pouffer de rire tout en attrapant un des bols qui lui était tendu. « Merci. » qu’il murmura après l’avoir saisi entre ses deux mains comme un enfant prêt à manger ses céréales, gosse qu’il était jusque même dans le regard qu’il glissa vers le contenant. « En tout cas, c’est pas grave que tu sois rentré ici. C’est pas abandonné, mais c’est ouvert, tu peux même rester ce soir si tu veux, ou revenir quand t’as envie ! » « Merci. » qu’il répéta sans la moindre hésitation alors que ses yeux remontaient vers Joni, avec déjà un peu de rouge qui se peignait sur ses joues. Caleb, il n’était pas souvent bienvenue, et depuis son arrivée sur ces terres inconnues, il ressentait encore plus le poids de cette vérité. Et d’entendre de la bouche d’une inconnue qu’il pouvait l’être, ça avait quelque chose de… rassurant. Peut être que tout dans cette ville ne le rejetait pas, finalement.

Il avait fini par détourner le regard, allant l’égarer ça et là de ce qu’il pouvait apercevoir de cette maison atypique, ce qui sentait le havre de paix à plein nez, qui avait cette aura presque palpable qu’il ne saurait désigner, ni en comprendre l’origine. « Joni est trop gentille. Elle invite dans sa maison n’importe qui. Des criminels. Des pyromanes. » Son attention se reporta sur Rick et ne se laissa pas le temps de réfléchir avant de répondre « Moi aussi j’suis trop gentil, on m’le dit souvent. », murmure jeté entre les mots des uns et les bruits croustillants des autres. Et il braquait le vert de son regard sur chaque personne qui ouvrait la bouche pour parler, les yeux écarquillés par la curiosité et l’amusement. Ca s’voyait sur sa tronche qu’il ne comprenait rien à l’échange qui se déroulait devant lui et son bol de chocapics qu’il se plaisait à vider lentement mais bruyamment, la cuillère à la main, le petit doigt levé. « Bon, désolée. Si c’était que moi… Enfin, tout le monde est sous ma responsabilité paraît-il. » de sa main libre, il était venu se gratter la tempe. « T’as pas l’air d’avoir le choix, hein, et moi non plus, pis Rick il est armé alors faut p’tetre pas jouer avec ses nerfs ! » il lança un petit regard en coin au concerné. « Non pas que ton couteau il est pas joli, mais j’suis pas certain de vouloir le revoir une deuxième fois… ! » il eu un petit rire détendu, soulignant son intervention d’un petit clin d’œil avant de fourrer une nouvelle fois une cuillère pleine de céréales dans sa bouche trop grande et trop souriante. « Bon, ça fait vachement intrusif, et interrogatoire, mais on me force, OK ? Promis, après tu pourras me poser n’importe quelle question en retour. » « Deal ! » qu’il répondit, la bouche pleine.

« Ok, alors… D’où viens-tu ? Qu’est-ce qui t’a amené ici Au Soleil ? C’est le nom de la maison. As-tu un casier judiciaire ? C’est débile, vous avez presque tous un casier judiciaire ici.» Au fur et à mesure des questions dignes d’un interrogatoire, il avait plongé son menton dans le creux de sa main, le coude vissé sur le comptoir. Caleb essayait de noter les questions, luttant pour ne pas la couper pour répondre tout de suite, étant assez persuadé que ses maigres capacités d’attention le rentraient incapable de ne pas en oublier. Et déjà, contre le tabouret, sa jambe s’agitait de hâte, ne se demandait pas si il fallait répondre, mais quand il pourrait répondre. « Hem, la chose que tu préfères au monde. Poétique ! La chose que tu détestes le plus au monde. La meilleure chose que tu aies faite de ta vie. Et pour finir la pire chose que tu aies jamais faite. » une fois le bloc note posé, les questions toutes laissées en suspend, Caleb se fendit d’un sifflement impressionné, la moue qui allait avec. « Hé ben, ça en fait un beau, de questionnaire ! » de l'autre bout de la cuillère, il était venu gratter son crâne, essayant déjà de se remémorer la première question. « Alors je m’appelle Ca… ah  non ça t’as pas demandé, euh… » il marqua une pause avant de brandir l’ustensile en métal, dans un signe victorieux, fier d’avoir lutté contre sa mémoire à trop court terme. « Je viens de Londres, comme j’disais, mais j’y suis pas né. J’y ai grandis, et j’y vivais ya encore deux mois de ça. Maint’nant je vis à Downtown. Et pour ce qui est du… Au Soleil ? » il se pencha un bref instant au dessus du bol « Très joli nom, by the way, comme je disais à notre ami Rick, je pensais que c’était abandonné ici, c’est mon kiff de visiter des trucs laissés dans son jus, j’suis un amoureux d’urbex et d’parkour, tout c’qui est aventure nocturne, ça m’fait kiffer. » chaque mot, chaque intonation était souligné par un coup de cuillère dans l’air, comme pour se donner un rythme à garder, à suivre mais surtout pour ne pas perdre le fil. « Je n’ai pas de casier judiciaire. » ce n’était pas une mensonge, même si ce n’était pas vraiment la vérité non plus, son oncle avait toujours fait passer l’éponge sur ses petits délits liés à ses activités illégales qui n’impactaient personne d’autre à part lui même, le laissant vierge de tout casier. Et si avant ça l’arrangeait bien, aujourd’hui il en avait honte, car à côté de son nom, il devrait y avoir marqué meurtrier. Le trouble était la, dans son regard, et après la pause très légère qu’il tenta de masquer en retournant plonger dans ses céréales, se gonflant les joues avec une bouchée, il reprit après avoir avalé. « Alors ensuite… ce que j’préfère ? Le daaaaaanger ! » qu’il dit avec un mystère ridicule, agitant ses doigts libres devant lui. « Ou plutôt l’adrénaline que j’en tire. Monter sur des toits, par exemple, ça m’en apporte pas mal ! J’déteste rien faire, être enfermé, inutile. J’sais généralement pas quoi faire de moi même et j’pourrais manger un meuble, je crois ! Sinon la meilleure chose… j’dirais d’avoir trouvé ma propre famille à moi et d’avoir toujours tout fait pour l’aimer, et la protéger.  » Ses amis laissés en arrière, c’était sa plus grande réussite et il transporterait leurs absences dans le creux de son ombre chaque jour à Exeter. La pire, il la connaissait, elle lui avait transpercé le bide et ça avait crée un courant d’air dans sa poitrine depuis. Mais même si y’avait une étrange confiance qui s’était installé autour de cet îlot, même si Caleb était une andouille crédule, ce terrible secret, il mourait avec lui. Pourtant y’avait un truc qui le poussait ne pas mentir, une envie, peut être, de pas trahir cette confiance qu’on lui offrait les yeux presque fermés. Il se fendit d’une demi vérité alors qu’une ombre avait pris place sur sa trogne. « Et la pire… les quitter, abandonner Londres, sans l’ombre d’un doute. » Le brun resta hagard un instant, le vert dans le vide, la cuillère pendant tristement au bout de son bras ramollie par ce qui était remonté à la surface, sans même avoir eu vraiment le temps de s’enfouir quelque part.

Il secoua deux trois fois la tête pour revenir à lui, reconstituant un sourire un peu moins authentique, cette fois. Il pointa fièrement son « arme » vers Rick. « Alors, j’ai passé le test ? Non parce que si tu ressors ton couteau, j’préfère être prévenu ! » d’un geste large de cuillère, il tenta d’englober la totalité de la maison en un seul geste. « Qu’est-ce que c’est ici ? Y’a ce quelque chose entre les murs, j’saurais pas l’dire quoi, mais ça fait dix minutes que je suis là et… j’me sens bien. Mieux que depuis qu’j’ai débarqué à Exeter, y’a deux mois.  » le vert était venu se reperdre sur Joni. « C’est juste ça, ma question. J’veux en savoir plus sur cette maison, ça m’intrigue. » Caleb marqua une légère pause, la lueur d’une idée gamine au fond des yeux. « Ah et aussi, si tu veux que j’te montre comment rentrer ici… par le toit! »


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Il faudrait un formulaire en fait, pensai-je en voyant Caleb cogiter pour se remémorer les premières questions de la liste. Ou que je les dise une par une ? Je n’étais pas fan de ce questionnaire, je n’allais pas en plus me casser les méninges à le rendre efficace. Et ça révélait des choses sur l’interlocuteur, aussi. Je ne savais pas pour Rick et les autres, mais moi, constater que le nouvel invité n’avait pas enregistré mon discours au mot près me donnait spontanément l’impression qu’il n’avait pas de mauvais desseins, et qu’il n’était pas en mode “tous les sens éveillés” pour gagner notre confiance avant de mettre feu à la maison. Après, si la situation inverse s’était produite, n’aurais-je pas pensé que se faire accepter était si important pour lui qu’il voulait donner son maximum ? Ah, foutue liste, ça ne veut rien dire et ça m'énerve.
J’engouffrai une cuillérée de céréales pour faire taire mes pensées le temps que Caleb nous fasse ses réponses. Il commença par là d’où il venait. Londres ? Tellement génial. Je n’avais jamais quitté les Etats Unis. L’Europe, Londres, ça devait être si cool. Et voyager en général. Découvrir des nouveaux endroits. Je poussai un soupir.
-C’est mon kiff de visiter des trucs laissés dans son jus, j’suis un amoureux d’urbex et d’parkour, tout c’qui est aventure nocturne ça m’fait kiffer.
-Aaah, mais c’est trop bien ça !
ne puis-je m’empêcher de m’écrier. J’aimerais trop faire des trucs comme ça. Mais je sais pas trop par où commencer toute seule, tu as des coins ?
-Laisse-le continuer la liste, dit Rick. On arrive à la partie intéressante. Vous échangerez vos stratégies de délinquance plus tard.  
-Foutue liste,
grognai-je à nouveau.
La Liesse n’annulait pas l’impatience.
-Je n’ai pas de casier judiciaire, poursuivit Caleb.
Tout le monde le sonda pour tenter de détecter du mensonge. Personnellement, je n’excellai pas à cet art, donc je me contentai d’observer leur réaction. Personne ne dit rien.
Caleb donna aux questions suivantes des réponses qui me parlaient grandement, même si je fis un effort cette fois pour ne pas l’interrompre. Je ne pouvais cependant pas m’empêcher de sourire bêtement. Le danger, l’adrénaline, tout ça n’était pas hors de ma portée évidemment, la sensation forte, c’était accessible, comme il le disait ça pouvait se résumer à monter sur des toits. Il y en a partout, des toits. Mais toute seule, ça m’intéressait moins. Surtout que comme on me le répétait assez souvent, je n’étais pas capable de gérer efficacement la notion du danger sans regard extérieur. Partir à la chasse à l’adrénaline, mais en bonne compagnie, c’était partager l’excitation, et s’entre-protéger, s’entre-assurer les arrières, tout ça. C’est en écho à cette pensée qu’il cita la famille qu’il s’était trouvée, à Londres, ce qui m’inspira l’image d’une bande de silhouettes riantes sautant de toits en toits dans la nuit. Mais une ombre passa sur son visage alors que se profilait sa réponse à la dernière question. Là, l’attention avec laquelle tout le monde le scrutait s’intensifia, car au final toutes les étapes précédentes de la liste n’étaient qu’une préparation à cette réponse-là.
-Et la pire… les quitter, abandonner Londres, sans l’ombre d’un doute.
Il y eut un silence. Et puisque personne ne s’était mis à hurler au bullshit ou au mensonge, j’en conclus que les autres étaient pour le moment convaincus. Ils se lancèrent des regards appuyés, comme pour se transmettre un message préalablement admis entre eux.
-Alors, j’ai passé le test ? Non, parce que si tu ressors ton couteau, j’préfère être prévenu !
Rick sortit de quoi se rouler une cigarette et grommela en plaçant un filtre entre ses lèvres. Jenna haussa les épaules.
-T’as fait dans l’authenticité et l’émotion. C’est mort pour notre avis : t’as Joni dans la poche.
Je fronçai les sourcils, et ce fut à mon tour de grommeler en plongeant le nez dans mon bol.
-Ca a rien à voir avec l’authenticité et l’émotion, il m’avait déjà dans la poche avant ça.
Personne ne réagit, car Caleb me rappela alors à ma promesse de répondre à toutes ses questions par la suite, et m’interrogea à son tour, à propos d’Au Soleil. Il conclut avec la rapide remarque qu’il pourrait me montrer comment rentrer ici par le toit, alors je me redressai avec un grand sourire et tapai la table en signe d’approbation.
-Grave ! Alors. C’est la maison de ma famille ici. Mais vu que maintenant j’ai plus de famille, elle est à moi. Et elle est beaucoup trop grande pour juste une personne, donc…  j’ai proposé à des amis de venir vivre ici, des amis qui en avaient besoin. Certains sont repartis, d’autres sont restés, d’autres sont arrivés… Ça tourne pas mal. Et si tu t’y sens aussi bien… Hm, j’imagine que c’est qu’il y a une bonne ambiance, ici. Ça fait un cercle vertueux.
Difficile de dire si ma Liesse avait ou non une influence sur cette “bonne ambiance”. C’est l’impression que ça pouvait donner, mais il n’y avait pas de preuve. Je me disais surtout que les gens me faisaient confiance, et que ça leur permettait de se débarrasser de certaines de leurs angoisses, eux aussi. Et puis, répondre “C’est grâce à moi”, imagine l’arrogance.
Je vidai mon bol d’un ultime coup de cuillère, et me levai d’un bond.
-Bon alors ! On va sur le toit ?

décembre 2020
Ca faisait un bail que j’avais pas mangé de chocapics.
En fait, personne n’avait touché le dernier paquet restant, qui avait été repoussé au fond du placard. Machinalement, je me mis sur la pointe des pieds pour l’attraper et le sortir, et le contempler un peu bêtement. Les souvenirs me revinrent de cette soirée où Caleb avait débarqué pour la première fois Au Soleil, et nous avions fait connaissance autour de bols de céréales, avec Jenna, Rick et Antony. Ces trois derniers étaient toujours là, et pas mal d’autres personnes étaient arrivées, puisque c’était l’hiver et qu’il faisait froid. Caleb par contre, je ne l’avais pas vu depuis un moment. Je me souvenais que le goûter nocturne avait laissé place à une virée sur les toits, qui s’était étendue au lendemain, et peut-être un peu plus longtemps. Après, il était régulièrement revenu passer un moment Au Soleil, manger des chocapics, si bien que finalement on n’avait jamais réparé le velux. Souvent ses passages se poursuivaient par une nouvelle vadrouille dans des endroits stylés. Mais depuis un moment, rien. Il avait arrêté de venir, et je ne l’avais jamais recroisé en ville. J’étais allée me balader dans des endroits qu’on avait explorés ensemble, à moitié pour voir si je pourrais l’y trouver, mais aussi pour constater que ça n’avait aucun intérêt toute seule. Je me demandais s’il allait bien : des disparitions aussi soudaines, ça avait rarement des explications positives. Mais même s’il avait été aux abonnés absents depuis l’été, personne n’avait proposé de réparer le velux.
Ce soir-là, j’étais pieds nus dans la cuisine sombre, seule puisque malgré l’obscurité, il n’était pas encore tard, et la plupart des invités étaient dehors. On avait fait quelques décorations de Noël, et depuis le salon des guirlandes électriques récupérées de la poubelle, et réparées par Jenna qui suivait une formation en électronique, clignotaient lentement, créant une ambiance un peu spéciale. Silencieusement, je posai le paquet de céréales au milieu de la table, peut-être dans une volonté inconsciente de recréer un souvenir agréable, ou un désir d’invoquer les absents.

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