Revenir en haut Aller en bas


AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €
anipassion.com

Partagez
 

 cigarette daydreams (grace/tw)

Aller en bas 
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Fréquente pas c'genre d'endroit en général, Nora. Connaît pourtant la devanture, pour être passée devant presque tous les jours quand elle bossait encore à l'hôtel de ville et devait aller choper son bus pas loin. Parmi les insolites d'Exeter, s'contentait de coups d'oeil jetés sur le ponton descendant jusqu'à la bâtisse montée sur pilotis. Un délire de bourges, qu'elle se disait, à froncer l'nez devant la carte positionnée dans la rue, les prix surtout. Pas l'sien, en tout cas, et elle passait son chemin. N'avait de toute évidence pas les moyens d'aller traîner dans l'coin. Personne dans son entourage n's'y serait senti dans son élément, non plus. Fallait attendre que l'adresse s'affiche sur son portable, des années plus tard, pour être invitée à s'y rendre, et en éprouver l'envie, surtout. Pas étonnant, qu'elle a marmonné en recevant le message, en s'acharnant sur une réponse qu'elle aurait aimé expéditive. Un peu comme le coup de fil. Sauf qu'elle peut pas s'retenir de s'étaler, Nora, une fois que les vannes s'ouvrent. Et l'moins qu'on puisse dire c'est qu'deux mois de séparation ont détraqué toute la dynamique établie depuis sa sortie de taule, le suivi débuté avec Rivers. C'est en tout cas c'qu'elle se dit, c'qu'elle aimerait dire à Grace, aussi. Tout est merdique, maintenant. Parce qu'elle se retrouve projetée sur la défensive à nouveau, comme aux premières heures de leur rencontre. A l'impression qu'toute l'aisance grapillée au fur et à mesure s'est envolée dès que la psychologue a reposé un regard inquisiteur sur elle, une fois le don dévoilé malgré elle. De nouveau analysée. De nouveau à devoir donner des réponses comme si elle était contrainte de s'justifier. Comme ça qu'l'a pris Everdell, à la minute où le ton a changé, ce jour-là. L'a senti se coincer, le rouage bien huilé de leur dialogue, au pire moment. Après avoir eu l'impression d'entrevoir des facettes encore inconnues chez Rivers, dévoilées une fois sous son toit, à s'imprégner de son univers, à titiller des réactions spontanées, moins guindées. Plus viscérales. Comme ça qu'elle les a perçues, qu'elle les a cogitées aux nuits tombées, à repasser le fil de ses journées avec une curiosité qui n'cessait de s'attiser.

L'a bien vue Rivers, une fois coincée dans sa propre demeure, qui s'détendait plus aisément qu'dans son bureau plein de tableaux douteux. L'a bien sentie plus encline à plaisanter au sujet d'ces aventures qu'elles n'auraient peut-être jamais - et s'est même dit, parfois, un gouffre creusant son ventre dans la pénombre de sa chambre, qu'cette certitude pourrait bien changer. A eu tout l'temps de focaliser ses pensées là-dessus, le temps que la vue lui revienne convenablement. Réinventer la silhouette de Grace à l'aveuglette, à s'demander si elle enjolivait pas son portrait, après quelques semaines sans avoir le loisir de la regarder. Mais elle n'a pas été déçue, Nora, c'matin-là, en poussant la porte de sa piaule pour laisser tomber un regard plus alerte sur elle. L'a trouvée encore plus belle que ce dont elle se souvenait. Peut-être bien parce que c'était le premier visage qu'elle percevait depuis l'incident au labo - c'est ce qu'elle s'est dit après, pour lui ôter d'ce charme démesuré. Aurait aimé n'pas la recontacter, si son putain de Dr Montgomery n'était pas la pire des plaies. Dirait probablement la même chose de tout psychologue recommandé par ses soins, puisqu'aucun ne pourrait convenir. Aucun n'étant elle. La seule face à laquelle, après un an de thérapie le plus souvent réinventée discussions et peaufinage de flirt, Nora aurait pu envisager d'se confier, une fois la confiance effleurée. Et s'dire qu'non, Grace ne pourrait pas lui nuire, jamais, parce que cacher son jeu d'la sorte, ce serait purement dégueulasse. Puis, y'avait sa conscience professionnelle qui la rassurait, aussi. Cette manière de n'jamais saisir les perches tendues pour accepter d'échouer son corps contre le sien - allez juste une fois, comme l'avait si souvent suggéré Nora, entre deux battements de cils. L'genre de deal qu'elle comprenait pas, mais qui commençait à lui convenir, à s'imaginer que d'une manière ou d'une autre, Grace pourrait finir par trouver une solution pour délier sa langue sur des mots, si ce n'était entre ses cuisses.

Peut pas s'empêcher d'lui en vouloir, alors, Nora. D'avoir eu l'air d'un espoir, et d'avoir reculé brutalement y'a deux mois d'ça. D'avoir pris peur, tout simplement. S'demande ce qui peut bien la pousser à vouloir le voir, désormais, vu sa réaction d'l'autre fois. Tend le dos, Nora, à enfiler une robe noire et s'assurer qu'la manche barrera son épaule, la cicatrice qu'elle y traîne aussi. N'a pas envie d'subir un interrogatoire, quand elle estime n'pas avoir à expliquer l'incompréhensible. Pourrait qu'lui foutre les jetons un peu plus, et c'pas c'qu'elle veut. Ou si, peut-être bien. Elle n'en sait foutrement rien, à rassembler ses cheveux pour les attacher d'une manière qu'elle estime convenable. Un bail qu'elle n'a plus fait l'effort, ne s'est plus apprêtée de la sorte, à s'farcir des sapes inconfortables pour prétendre être quelqu'un d'autre. Avant la taule, s'rappelle que ça avait l'air d'un jeu, de peindre ses lèvres de rouge, d'étirer ses cils de manière démesurée et de gagner un peu plus en hauteur, encore, sur une paire de talons. Doit faire quelques aller-retours dans l'appartement pour s'assurer une démarche naturelle, manteau passé sur le dos, paquet cadeau coincé dans la poche intérieure, à se sentir bien conne, tout à coup. Besoin de bouger instantanément, et c'est comme ça qu'elle se tire, Nora - un poids lui martelant la poitrine à chaque pas.

« Réservé au nom d'Rivers. » C'qu'elle a lancé au type venu l'accueillir, comme si elle n'était pas foutue d'trouver le chemin toute seule. A grogné, un peu, quand il a voulu lui prendre son manteau, à y accrocher ses mains férocement, s'demandant c'qu'il foutait à tendre ses doigts dans sa direction. Très calme, Nora, à glisser la veste sur l'dossier, refuser d's'en séparer. Sait pas si c'est elle qui est arrivée en avance, ou si l'repas de famille de Rivers s'est éternisé. En vient même à s'dire qu'elle lui a peut-être posé un putain d'lapin - auquel cas, elle ira la cambrioler. Finit même par s'dire que c'est pour le mieux, qu'elle s'pointe pas. Qu'ça leur évitera d'passer ce soir-là dans le conflit. Aime encore mieux s'bourrer la gueule et enchaîner ses clopes toute seule. Sauf qu'Rivers est là. Rivers est là, parce qu'elle la reconnaîtrait entre mille, sa prestance, quand celle-ci s'inscrit dans l'angle de son champ d'vision. S'évertue à regarder la mer qui s'aligne de l'autre côté d'la baie vitrée, Nora, les mâchoires un peu crispées. Sait déjà qu'ça va être compliqué d'la regarder. Et c'est l'cas, bien sûr, quand ses yeux clairs s'relèvent sur elle, une fois qu'elle n'peut décemment plus l'ignorer. « Et ben, putain. » Les mots dégringolent entre ses lèvres, peut pas les retenir. Ni l'ombre du sourire qui revient naturellement en coin, quand elle s'évertue à rester assise, les pieds tapotant le plancher. « T'as mis l'paquet. » Sa manière d'admettre qu'ouais, elle est plutôt canon, habillée comme ça, et elle ne tarde pas à venir croiser ses bras sur la table, à redresser l'échine, d'une manière qui pourrait presque lui filer des airs délicats. Doit juste s'rappeler d'pas finir vautrée contre le dossier à un moment d'la soirée. « Salut, Rivers. » Finit par le lâcher, en plongeant son regard dans l'sien, carte déposée dans leurs mains respectives par le putain d'serveur qui commence déjà à l'emmerder. Se saisit de la sienne d'un mouvement sec assorti d'un sourire forcé, à l'ouvrir pour n'laisser dépasser qu'son regard par dessus, et le planter à nouveau dans celui de la psychologue. « J't'écoute. » Toujours encline à lancer les hostilités quand elle ne sait sur quel pied danser.



Dernière édition par Nora Everdell le Dim 31 Jan - 22:02, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


Les pneus crissent sur la chaussée humide, en un coup de volant que Grace assène d’un geste vif. Les mâchoires sont serrées lorsque, d’une main assurée, elle porte le tube de rouge à lèvres à ses lippes qu’elle retrace de son bout mordoré. La route qui défile dans sa vision périphérique, focalisée sur le reflet que le rétroviseur lui renvoie plutôt que sur ce qui pourrait surgir sur son chemin et l’interrompre dans sa course folle. Son attention est étirée, pétillante du champagne ingurgité tout au long de sa journée en compagnie des Rivers, plus enjouée qu’à l’accoutumée, et certainement moins perspicace. Le sourire est fin, réhaussé par le maquillage qu’elle vient de penser à appliquer – indicatif personnel qu’elle s’est efforcée de suivre, malgré l’envie désabusé d’être, pour une fois, désinvolte. Rien, malgré ce qu’elle veuille bien en dire, n’est laissé au hasard. De sa tenue jusqu’au restaurant que Grace a choisi, et de cette soirée plutôt qu’une autre durant laquelle les retrouvailles allaient s’orchestrer. L’habitacle est fardé de chansons festives, qu’elle se surprend à reprendre, une fois le stick cuivré replacé dans sa boîte à gants. Le cœur, elle le reconnait, est chancelant ; et ce n’est pas du fait de sa conduite approximative, à filer à travers la ville plongée dans la pénombre, ni des nombreux verres dans lesquels ses lèvres ont trempé tout au long de la journée. Il lui fallait bien ça pour supporter ses parents.

Et la perspective de retrouver Nora. L’estomac s’ankylose encore à l’idée de rompre deux mois de silence. Si la peur n’évite pas le danger (à ce que l’on dit, bien que Grace ne soit pas certaine de la véracité de ces vieux adages), l’appréhension de ce qui reste encore à accomplir la dardait quelques semaines plus tôt d’un effroi qui serait, elle l’imaginait alors, susceptible de la paralyser. A cela s’ajoutait la certitude de commettre une erreur ; et le pressentiment était devenu, à ses yeux, prophétie. Il lui a fallu un certain temps avant de pouvoir faire la part des choses, d’appréhender ce qu’a toujours été Nora de ce que Grace aurait voulu qu’elle soit. Un certain temps aussi, qui lui était toutefois nécessaire, afin de rationaliser le don (à moins que cela ne soit une malédiction) d’Everdell. Aucune explication logique n’est cependant parvenue à apaiser la myriade d’interrogations affolées qui, dès lors, ont comblé ses longues nuits sans sommeil.

A ses oreilles, le tintement de l’argenterie résonne dans ses tympans. Sous ses yeux, le couteau frémit et fuse à travers la pièce ; l’imagine tranchant sa peau, déchirant ses chairs. La douleur fantôme est aigue, blanche. Ses mains pressent son abdomen. Contre ses paupières fermées, Nora ne rit pas – elle pleure. D’innombrables autres scénarios cisaillent ses heures creuses ; chacun se solde par la même finalité, amplifiée par les menaces crachées par Nora, avant que Grace n’ait pris le parti de la congédier et de la confier à l’un de ses confrères. Douloureusement amplifiée, aussi, par l’idée qu’il y aura toujours deux mesures dans leur relation ; elle aura toujours tort, et c’est sous le joug de provocations sinistres qu’elle obtempérera à ce que Nora revendiquera. Par ailleurs, si l’impétuosité de Nora lui plait, et qu’il serait hypocrite de prétendre le contraire, Grace sait cependant qu’elle s’apprête à s’engager en terrain hostile. Peut-être devrait-elle l’être également, usant de mimétisme afin de se rattraper à un semblant de contenance dont elle risque peut-être de manquer.

La voiture pile devant le restaurant, frein enfoncé jusqu’à ce que ses orteils s’endolorissent à force de pression exercée sur la manette. La portière s’ouvre dans l’instant, et Grace se contorsionne afin d’attraper son manteau sur la banquette arrière dont elle se revêt avant de s’extirper élégamment de son véhicule, sac à main coincé entre son coude et son flanc, clefs tendues au voiturier en un petit signe appréciatif de remerciement muet.

« Je sais où aller, merci. » Renseigne-t-elle au maître d’hôtel venu l’accueillir à la porte, resserrant brièvement les pans de son manteau autour d’elle, avant de l’enlever et de le lui tendre. Ca valait bien la peine de l’enfiler, pense-t-elle, considérant la possibilité de trottiner de nouveau jusqu’à sa voiture afin de fourrer son vêtement dans le coffre. Ne sait pas pourquoi elle y pense. Ne sait pas pourquoi c’est aussi important d’y songer maintenant.

Parce qu’au loin, Grace remarque Nora.
Et comment ne pas la remarquer,
Et comment ignorer l’effroi qui l’étrangle,
Et l’impudicité alimentée par la satisfaction de la revoir.

Comment penser que Nora la rend indifférente,
Et comment oublier ses menaces,
Et comment ne pas vouloir tourner les talons,
Et comment ne pas vouloir rester.

L’hésitation la laisse pantoise. Quelques secondes d’immobilité qu’elle s’octroie, le dos raide, avant de s’aventurer dans l’espace de réception. L’appréciation verbale de Nora, toute relative dans sa politesse, une fois à son niveau, la conforte dans son choix vestimentaire. Robe blanche qui n’a vu le jour qu’une petite poignée de fois, pour les grandes occasions, qu’elle arbore ce soir-là avec prudence. « Toi aussi, Nora. Tu es très, » belle, c’est ce qu’elle veut dire, tu es très belle, « élégante. » Le mot est soufflé avec application, une fois la chaise tirée, sur laquelle Grace prend place. Le regard clair de Nora est aligné sur le sien, et la psychologue bat des cils, attendant la tempête qui ne manquera pas de frapper ses pauvres exigences. Elle ne dit rien de plus, profite de ce court temps mort afin de la contempler ; serait bien incapable de lui dire qu’elle lui a manqué, et pourtant c’est ce que Rivers ressent au fond, tout au fond. Les mots peinent à sortir, quand l’attitude conserve un attrait professionnel. Après l’avoir saluée en retour, Grace se saisit de la carte que le serveur lui tend, et par-dessus laquelle les regards se rencontrent à nouveau. Les lèvres de Grace frémissent. « Tu ne veux pas un apéritif avant ? » Avant que tu ne m’envoies une fourchette dans la nuque. Le soupir qui menace de faire trembler la salle est réprimé, et la carte est refermée. « J’ai beaucoup pensé à toi, ces derniers mois. Je veux savoir comment tu vas, tout simplement, ce que tu fais aussi, si tu veux m’en parler. » Elle croise les bras sur la table, vaguement consciente du travail qu’elles ont accompli jusque là – un travail qui a fané, sous le coup de leur dernière rixe. « Ne va pas t’imaginer que tu ne comptes pas pour moi, ou que tu ne peux plus me faire confiance. » Grace se redresse, et ses prunelles s’affaissent légèrement vers l’argenterie, comme si le métal était susceptible de lui inspirer davantage de verve. Lorsque ses yeux se relèvent, la culpabilité a déjà bouffé une bonne partie de ses idées ; mais rien n’y fait, et rien ne reste à faire. « J’ai mal réagi, l’autre fois. » Elle s’humecte les lèvres – elle comprend, mais ne s’excusera pas, et ne blâmera pas non plus.

Les torts sont partagés.
C’est ce qu’on va dire.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Grace a mis une putain de robe blanche, et elle, une putain de robe noire. Sait pas quelle genre de conclusion d'merde on pourrait en tirer, mais sûrement qu'ça l'interpelle. Pourrait vanner à ce sujet, à propos d'cette tenue immaculée, témoin probable de cette pureté dont elle se targue - ou les conneries du genre. En tout cas, tout c'qui a toujours rendu Madame Rivers au-dessus d'tout ça, sans qu'Nora n'ait le loisir de la sentir s'ancrer au-dessus d'elle, réellement. Affolant comme, près de seize mois après leur rencontre initiale, Nora s'retrouve toujours aussi sciée par la prestance de Rivers. N'aime pas forcément ça, les femmes tirées à quatre épingles, d'ordinaire. Pourtant, doit dire qu'même dans un cocon d'ivoire qui semble avoir été tissé à même ses courbes, Grace dégage un truc. Un putain d'truc qui lui emballe le myocarde en coups douloureusement sourds, prêt à faire vriller sa respiration, lui arracher ses airs contenus qu'elle tente d'arborer. Un peu comme quand elle l'a vue lui ouvrir la porte de son bureau, c'jour-là, l'entraîner loin de la salle d'attente, quand les yeux de la brune en profitaient allègrement pour dévaler la ligne creusée de ses reins, avant de lorgner sur ses fesses. Les a jamais touchées, celles-là, pas une main baladeuse, rien. S'est rien permis en gestes, Nora - hormis l'attraper à la gorge mais c'était histoire de s'assurer qu'la psy était réglo, sans arrière-pensée. L'a toujours invitée à rompre la distance d'elle-même sans oser faire le premier pas, d'peur de la brusquer. Puis, parce qu'y'avait tout un cadre que Rivers s'était bien attardée à mettre en place, à lui répéter les choses comme à une enfant. Avait peut-être fini par enregistrer le message, Nora - rien de tel que la récurrence pour finir par lui ancrer des idées dans la tête - raison pour laquelle, même hébergée chez elle, deux mois plus tôt, y'avait pas eu un seul dérapage. Elle avait eu besoin d'elle, à ce moment-là, de bien des manières, dépassant encore l'attrait physique contre lequel elle s'est évertuée de lutter depuis plus d'un an. Besoin d'elle pour la guider dans la demeure, pour contrer ses terreurs viscérales en envahissant la pénombre de sa voix délicate, de ses mots toujours bien choisis, parfois plus incisifs et moins sur la réserve qu'entre les murs de son bureau. Puis, besoin d'elle aussi pour s'ériger contre le dessein que traçait son avocate, de sa signature, de son certificat, pour n'pas retourner en taule. Et Grace avait honoré tout ça, avait été là, jusqu'à ce que la porte ne se referme dans l'échine de Nora.

S'est demandée, une fois sur le perron, son sac à ses pieds, si les choses auraient été différentes sans qu'l'argenterie ne se soit mise à frémir sur le plateau, sans que Grace n'ait eu l'air de lui attribuer quelques prouesses diaboliques - avec le crucifix pendu au-dessus d'son lit, pouvait que se l'demander. Si Grace aurait fini par lui signer le certificat et qu'tout serait revenu à la normale. Si tant est qu'y'avait une notion de norme dans leur relation. Se l'est encore un peu demandé en regagnant son appartement, après avoir tourné en ville, en peinant à y remettre les pieds. S'interroge à nouveau quand, à la détailler sous toutes les coutures lorsqu'elle s'installe, son regard agrippe la lueur argentée qui trace une croix au bout d'une fine chaîne, sous sa gorge. « Ouais, merci. » Revient à elle en entendant le compliment. A essayé, ouais, d'lui montrer qu'elle peut l'être aussi. Quand elle garde les lèvres scellées, ça fonctionne mieux, ceci dit. C'est donc ce qu'elle s'évertue à faire, à l'abri derrière sa carte dressée en rempart entre elles, à avancer quelques mots avant de la boucler. Sauf que Grace rebondit d'emblée et elle cligne des yeux, Nora, avant de froncer légèrement les sourcils. « Tu veux m'saouler, Rivers ? » Interroge à l'évocation de l'apéritif, à s'demander si Rivers pense qu'elle digèrera plus facilement les nouvelles potentielles. Manque pas de lui poser la question, d'ailleurs : « C'est pour me détendre ? » La voit refermer la carte et, incapable de baisser les yeux, referme la sienne également - n'a rien choisi, n'saurais quoi prendre, de toute évidence, alors, s'dit qu'elle prendra comme Rivers.

Et puis, le silence. Chacune un temps d'parole, comme durant les rendez-vous. Parce que c'est un peu l'impression qu'ça lui file, d'être en rendez-vous. S'demande si Grace a pris au pied d'la lettre sa requête de la vouloir elle, et personne d'autre. En tant que psy. S'demande aussi c'que c'est que ce merdier. Sur quel pied danser. Si elle doit répondre pour s'faire analyser, ou si Rivers exprime un intérêt sincère envers c'qu'est sa vie, depuis la dernière fois qu'elles se sont vues. Saurait même pas par où commencer, qu'en dire, sait pas si elle doit encore lui faire confiance - et putain, c'est bien l'une des seules personnes à qui elle l'ait donnée, sa putain d'confiance, avant ses mouvements de recul. Lui avait confié son esprit, avec tous ses travers. Lui a probablement filé bien plus qu'elle ne s'en doute. Parce qu'putain, ça lui a fait mal, jusqu'au fond des os, de dévaler l'allée menant au portail, de rejoindre le trottoir en s'efforçant d'pas jeter un seul regard en arrière. Ses lèvres se pincent, et elle doit s'faire violence pour ne pas commencer à s'les bouffer nerveusement, en s'rappelant qu'elle les a maquillées. S'retrouve finalement à le baisser, son regard sombre, un frémissement chassant le masque glacial de ses traits, le temps qu'elle se concentre sur sa serviette de table, à en lisser les coins du bout de doigts appliqués. Compter pour Grace. C'qu'elle retient en premier, c'qui lui hérisse l'échine alors qu'elle se met à tracer, désormais, le contour de son assiette. Et quand elle relève le regard, c'est pour ne pas retrouver le sien. En suit l'alignement, pourtant, et l'ombre d'un sourire nerveux grignote le coin de sa bouche. Forcément, Rivers y pense, encore. L'a même plus ou moins mentionné en reprenant contact. Et putain, qu'est-ce-qu'elle n'a pas envie d's'expliquer sur ce point, Nora. Pas après sa réaction d'l'autre fois. Pas après qu'Larry ne lui ait toujours donné aucune réponse concrète à ce sujet, pouvant rendre les choses acceptables.

Alors, elle s'contente de lancer la commande d'une bonne bouteille de champagne pour chasser le serveur qui revient squatter leurs parages, avant de reposer son regard sur la psychologue. « Si j'comptais pour toi, Grace... » Doit marquer une pause, Everdell, en déportant son regard sur la mer qui va et vient de l'autre côté de la baie vitrée. « putain, t'aurais pas réagi comme ça. » Et sûrement que ses lèvres frémissent à nouveau, que sa narine également, dans un spasme qu'elle refoule immédiatement. A été blessée, probablement plus qu'elle ne l'admettra, de voir ce regard-là posé sur elle, venant de sa part. S'excusera pas, pour rien. Sait pas faire. L'heure n'est pas à savoir qui donnera son pardon la première, parce que la psy ne le demande pas non plus. Parfait, putain. Met un certain temps à reposer les yeux sur elle, à repasser le fil de ses mots, les mains posées sur ses genoux, les doigts enfoncés dans ses cuisses pour tenir en place, sur sa chaise. « J'vis ma vie, comme d'hab, qu'est-ce-que tu veux savoir, sérieux, y'a rien à en dire de plus. » Pourtant, y'en aurait à dire, évidemment. Si elle pouvait lui parler de Larry. Lui expliquer pour quelle raison l'ancien shérif lui a collé une balle dans l'épaule, en octobre, comme ça aussi, ça lui a fait du mal. Lui dire qu'c'est pas grave, finalement, parce qu'elle essaye de s'en sortir, comme elle l'a toujours fait : en jouant de manière sournoise, en utilisant autrui, en essayant de garder la tête hors de l'eau le plus longtemps possible. C'est pas c'qui sort, pourtant. « J'ai commencé à bosser pour Elijah. T'sais, mon ami du lycée, j't'en avais parlé, j'pense. Un d'ceux qui étaient venus m'voir en taule, là. Il m'a embauchée comme prévu, y'a pas eu d'faux plan. J'joue les assistantes pour son compte, j'bidouille les merdes informatiques, tout ça. » Trace des lignes sur sa serviette, fourchette en main, à se tendre en sentant le serveur revenir à leurs côtés. S'comporte comme si ça risquait d'être quelqu'un d'autre, presque, à lui jeter un regard suspicieux quand il s'affaire à remplir leurs flûtes d'un doré pétillant. « Bref, c'est une sorte de routine qui s'est remise en place. » Tente d'améliorer son langage tant qu'le type est dans les parages, en assortissant ses révélations certainement inintéressantes d'un petit haussement d'épaule mesuré. Jusqu'à ce qu'il se casse, disparaisse du tableau, et qu'elle vienne croiser ses bras sur la table, s'pencher un peu en avant, en s'enfonçant dans les yeux clairs de Rivers. « Voilà c'que j'fais, entre deux rendez-vous avec Rhodes, deux sessions au groupe pour parler d'notre violence, bla-bla-bla, en essayant d'pas m'jeter sur c'pauvre connard qui frappe toujours sa femme, t'sais, Josh, j't'en ai parlé, aussi. » Ne fait, finalement, qu'lui répéter ce qu'elle a pu lui dire durant d'autres séances, à n'pas daigner lui en livrer davantage. Lui témoigne probablement d'son manque d'intérêt pour la parlotte la concernant, cette fois. « Mais t'es plus ma thérapeute, Grace, tu l'as dit, alors, j'vois pas pourquoi tu m'poserais ce genre de question à nouveau. » Voit pas non plus, d'son côté, pour quelle raison elle rentrerait dans des détails plus intéressants, à la punir comme elle le peut pour la dernière fois. Pour l'avoir abandonnée.

« T'sais c'qui m'sidère ? » Les doigts se glissent délicatement autour du pied fin de la flûte. « J'pensais qu'tu pouvais tout voir, tout entendre. J'pensais que t'étais infaillible mais c'est pas l'cas. Pourquoi t'as réagi comme ça, Grace ? Qu'est-ce-que ça a bien pu réveiller en toi ? Est-ce-que ça aurait un rapport avec ton enfance ? Est-ce-qu'on t'force à faire ta p'tite prière tous les soirs et à n'croire qu'en un dieu quelconque, mais à n'croire en rien d'autre ? Mh ? C'est quoi ton problème, Rivers ? Y'a un truc dont t'aimerais m'parler ? » Un peu salope, probablement, à la hauteur de c'qu'elle a pu souffrir de l'éloignement. Renverse les rôles, à reprendre des tonalités bienveillantes qu'elle a déjà pu entendre dans sa voix. Et n'arrête pas, une seule seconde de la regarder. Parce que de toute évidence, quand Grace est dans sa ligne de mire, y'a rien d'autre qui saurait davantage l'intéresser.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


La dualité est évidente, bien que Grace ne daigne pas la relever. L’univers se compose d’une myriade de personnalités différentes ; et jamais elle n’avait songé que Nora, énigme pointue au répondant mordant, deviendrait centrale dans son monde. A bien y réfléchir, elle a aimé toutes ces heures passées en sa compagnie à creuser, à essayer de faire ressortir les informations refoulées, à les extraire afin de les analyser – et si Nora n’était qu’une patiente (pas des moindres, certes) à son arrivée, force est de constater que Rivers l’a prise en affection. Une affection toute relative, on pourrait le penser, alors que ses gestes sont mesurés jusqu’au moindre effleurement. Elle aime les choses carrées, les petites cases dans lesquelles les idées, et surtout les gens, peuvent s’agencer et s’aligner. Nora n’appartient à aucune case, et lorsque Grace pense être susceptible de la rattraper, sa cadette l’a déjà distancée. Si elle ne s’est jamais surprise à apprécier son absence de politesse, sa franchise est toutefois un atout rafraîchissant, qualité déstabilisante par son intensité. Nora ne se contente pas d’exister, elle vit ; elle vit sans s’y méprendre, et sans s’en excuser non plus. Ce que Grace a toujours espéré accomplir, le feu grondant dans ses entrailles, mais ayant appris à épouser la maîtrise de soi, comme on apprend un poème.

C’est ainsi qu’elle la considère – comme un modèle imparfait, un guide grossier, mais quelque chose de tangible, d’authentique, auquel elle pourrait se raccrocher. Nora, dans sa robe noire. Grace, dans sa robe blanche. Tant de choses qu’elle ressent, tout au fond, comme appartenant à son âme plutôt qu’à son corps, mais qu’elle serait encore incapable d’exprimer. Faisant preuve de retenue jusqu’à ce qu’elle soit bouffée par un recul idiot, et fardée d’une vulnérabilité dont elle se refuse à entacher son entourage ; et dans son sillage proche, étrangement, il y a Nora. En attendant, ses yeux affûtés l’observent un instant, essayant de sonder dans l’immédiat où cette conversation pourrait les mener, avant de se souvenir qu’il n’y a rien à attendre de cet échange. Imprévisible, ne saurait s’il s’agit d’une qualité, ou de ce qu’elle exècre le plus chez Everdell. Une conversation, une demande qui se veut innocente, qui tourne au vinaigre à la moindre parole déplacée. Au moindre refus.

Et tout lui revient, de nouveau, et presse si fort contre ses prunelles que Grace aimerait bien se les arracher de leurs orbites, lorsque Nora commande une bouteille de champagne. Immobile, regard hagard qui transperce ses paupières papillonnantes, son visage n’exprime aucune émotion, aucun ressenti. Feuille lisse, la commissure de ses lèvres se mouvant, reprenant la remarque de Nora en une impulsion honnête, alors que le silence aurait sans doute été préférable au revers. « Pour te détendre, oui. » Elle concède de mauvaise grâce, craignant encore – bien qu’elle ne veuille pas se l’avouer – de sentir la lame du couteau, ou les piques de la fourchette, transpercer la peau tendre de son cou. Une fois la carte refermée, geste imité par Nora dans l’instant, la psychologue entremêle ses doigts et pose ses mains jointes sur la table. Son dos se crispe imperceptiblement, lorsque son interlocutrice mentionne ce qui traîne dans l’ombre de son crâne bien éclairé, aux cases bien rangées, aux gens bien propres, et aux idées dépoussiérées. Ca, ce quelque chose qu’elle ne peut pas expliquer, et qu’elle ne saurait définir – et d’explications, Nora semble l’en priver. « Ce n’est pas vrai, tu n’en sais rien. » Elle rétorque, tranquillement, « Qu’aurais-tu voulu que je fasse, alors que tu me menaçais de me mettre un couteau sous la gorge ? » La demande est sincère – et l’accusation se fait sous-jacente. La violence de l’idée égalait la perspective d’être prise au piège. « Si je comptais pour toi Nora, tu aurais accepté que je te dise non. » L’estomac s’ankylose, à peine les mots redoutés prononcés. Les yeux ne s’affaissent pas. La linéarité des lèvres se retrouve, alors que, de son côté, le silence reprend ses droits.

L’intérêt qu’elle porte à l’égard de Nora est honnête – même si elle s’y prend mal. Elle le sait, elle le ressent dans chaque interaction. A poser des questions qu’elle poserait sans doute dans l’intimité de son cabinet, à essayer de voir où les choses peuvent être poussées, à analyser et essayer de proposer des explications. L’échange n’est pas naturel. Il l’a été un jour, pourtant, lorsque Nora s’était présentée à son domicile, aveugle à se reposer sur elle afin de se diriger dans sa maisonnée ; Grace avait appris à se détendre en sa présence, comme toutes les fois où elle parvenait à être plus drôle, moins guindée, en présence de Nihad ou de son frère, par exemple. Pour l’heure, Grace la laisse s’exprimer, s’efforçant de ne pas se focaliser sur un terme qu’elle pourrait astucieusement souligner plus tard. L’idée générale lui parvient, et tout lui convient, malgré l’angoisse qu’elle surprend à se faufiler à la lisière de ses lippes (es-tu certaine qu’il n’y a aucun faux-plan ?), remarque acerbe qu’elle parvient à réprimer tandis que le serveur remplit les deux flûtes de liquide ambré. En s’expliquant, Nora s’inscrit alors dans la réalité – la sienne, bien qu’elles soient éloignées. Grace marque les explications reçues d’un sourire frémissant, sans qu’elle ne se sente obligée de souffler mot – mais, évidemment, Nora se renfrogne, et son cœur se serre. « Parce que je veux savoir. » Les mots sont bas, épars, à l’instar du souffle qui passe sa bouche. Tout ce qu’elle parvient à dire, alors qu’elle assimile les noms et les informations – tout ce qu’elle veut savoir, dans le fond, si Nora est heureuse.

Et elle imagine que c’est le cas, maintenant.
Mais les mots ne sortent pas,
Et les idées s’éparpillent.


Sa respiration devient profonde, et lui donne l’impression que ses poumons sont sur le point d’éclater. Est-ce le cas ? Les questions s’alignent, alors que Nora pince le pied de sa flûte entre ses doigts. Grace est maintenant capable de ressentir chaque battement de cœur, sa cadette ayant relevé la seule chose susceptible de la mettre dans tous ses états – à l’aube du désespoir, que ses yeux se dirigent vers la vitre, vers la rue éclairée par les lampadaires, à la recherche d’une échappatoire qui ne vient pas. Parce que l’éducation prime sur tout le reste, et que rien ne pourrait la faire bouger de son siège.  Alors, Grace se redresse et sa main s’enroule autour de son propre verre, liquide qu’elle vide d’une traite, nuque renversée en arrière, yeux fermés sous les bulles qui lui hérissent les papilles. Le cul de la flûte tape contre la table. « Personne n’est infaillible. Je suis vraiment désolée, mais ce n’est pas le cas. » Elle secoue la tête, ferme les yeux – avant de les rouvrir et de tendre la main vers la bouteille de champagne, enfoncée dans les glaçons, et de s’en servir une nouvelle rasade. Remarque sans mal que sa main tremble. « Enfin, tu l’as constaté par toi-même, c’est déjà ça... » Sa langue claque contre son palais engourdi et, de nouveau, le verre est bu en une longue gorgée, bouteille dans l’autre main. « Si tu penses que tu as le monopole de la souffrance, Nora, excuse mon langage, mais tu devrais un jour songer à te sortir la tête du cul. » Il n’y a aucune amertume pourtant, dans ce qu’elle dit – étrangement, d’ailleurs, alors que ses récipients retrouvent la surface boisée, et qu’elle lutte à conserver son flegme habituel.

Elle veut parler – mais n’y arrive pas. Ça se bloque dans sa trachée, alors que les idées s’alignent et s’alimentent les unes et les autres. Mais elle n’y arrive pas. A quel moment devrait-elle mentionner Bobby ? Colt ? Les Rivers ? Qu’elle n’a jamais vraiment été Grace Rivers ; et que peut-être, Sawyer Malone n’aurait eu aucun problème à la prendre, tête cavalant entre ses cuisses, une fois la première rencontre orchestrée. Que Sawyer est sans doute plus drôle que Grace ; mais que Sawyer, aussi, ce n’est plus ce qu’elle est. « Je ne peux pas. » Elle articule. « Je veux, mais je ne peux pas, je n’y arrive pas. »



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Elle ne sait pas exactement ce qui l'a poussée à répondre aux questions de Grace, à l'époque. Se demande si c'est parce qu'il s'agit d'une bonne psychologue, capable d'interroger avec justesse, de prétendre à une conversation, à quelque chose de léger, quand tout devait probablement être consigné dans son dossier. Théorise sur cela mais, se demande alors, pour quelle raison ce Montgomery qu'elle lui a recommandé serait si incompétent, malgré tous ses diplômes étalés aux murs, le fait que ce soit un ami de Grace. Ne reconnaît pas sa mauvaise foi, Nora, parce qu'il faudrait se remettre en question pour ça et ce n'est pas le cas. Alors, elle ne peut que tisser des hypothèses, en oscillant entre la contemplation du paysage nocturne et du bleu de ses yeux. Serait-ce parce que Grace lui a plu, immédiatement, de manière totalement superficielle, que Nora a progressivement baissé les armes ? Se sentait-elle suffisamment à l'aise en sa présence - bien trop, même - pour commencer à causer quand ce n'était définitivement pas son genre ? Ou avait-elle eu besoin de cette thérapie, finalement, après deux ans de taule, et vingt d'une autre sorte d'enfermement ? Devait-elle parler, régulièrement, confier les émois trop lourds aux mains d'une autre pour continuer à avancer sans stagner ? Parce qu'en y réfléchissant, c'est bien ce qu'elle a fini par faire, sans réussir à se souvenir quand, exactement. Peut-être que c'était joué dès le départ, que Grace l'apprivoiserait pour la conduire à vider son sac. Qu'en lui demandant qui était venu la voir en taule, elle avait fait mouche, à peine une dizaine de minutes après leur rencontre. Alors, ouais, elle pourrait l'dire, Nora, que Grace, d'une manière ou d'une autre, pour une raison qu'elle ne s'explique pas exactement, a commencé à compter pour elle. Sait plus quand, parce qu'ça a sûrement été insidieux, incapable de calculer c'genre d'attachement-là. Les évite, en général, mais dans ce cadre, elle n'y était pas préparée. Trop habituée à c'que la psychologue repousse les avances et à ce qu'elle réitère un peu après, grand sourire aux lèvres, à s'renvoyer ce flirt à sens unique l'une envers l'autre. Les a dépassées, les limites, en foutant le pied chez elle. En entrant dans son univers, le vrai. Pas c'bureau aux murs couverts de pseudo déclinaisons artistiques qui n'ressemblaient en rien à Grace. Rien. Prétendrait presque savoir c'qui lui correspond ou non quand, elle s'en aperçoit désormais : Nora ne savait rien d'elle, et tout c'qu'elle a pu apprendre, elle l'a découvert une fois incrustée sous son toit. Alors, ça ne représente probablement pas grand chose, une fois ses maigres informations à son sujet mises bout à bout, mais ça n'veut rien dire. Parce que malgré tout, elle appréciait Grace, beaucoup, pour cette plénitude qu'elle ramenait avec elle au décours des entretiens. Elle était dans toutes ses pensées, une fois plongée dans l'noir d'une chambre d'hôtel londonienne et, dans sa tête encore, une fois allongée dans sa chambre d'ami, à suivre d'une oreille ses déambulations matinales.

Alors, putain, ouais, elle l'a menacée.
Mais Nora, elle a jamais tant menacé que ceux auxquels elle tient.

Et elle pourrait l'dire, cash. Que l'couteau sous la gorge, putain, y'en a pas beaucoup qui lui ont donné envie d'le dégainer. En dernier recours. Quand, à trop batailler avec des émotions trop vivaces, elle se retrouve mise au pied du mur par quelqu'un à qui, à sa manière, elle s'est attachée. Sa manière de s'défendre d'émois trop vifs, de laisser planer un présage de mort, une fois le myocarde pris au piège, les nerfs écorchés. Y'en a pas eu des masses, à qui elle aurait promis une lame coincée contre le gosier. Trois tout au plus, en réalité. Larry, Nox, et Grace. Les seuls à l'avoir désarçonnée, à leur façon. Les autres mériteraient probablement pas qu'elle s'mouille de la sorte, qu'elle sorte de ses gonds au point d'risquer de moisir au fond d'une cellule. Les autres lui donneraient pas des envies de meurtre au moment où un déluge d'impuissance et de colère se glisse contre sa langue, et sort en odieux chantage. Une fois cernée, sait plus que grogner comme un animal pris au piège, et c'est c'qui s'est passé ce jour-là. Au-delà du refus de Grace de rédiger son putain de certificat, c'était l'incompréhension qui l'a meurtrie, à n'pas capter pour quel motif la psychologue lui ôterait sa seule chance de n'pas retourner en prison. Et c'est bien la seule chose qu'elle parvient à exprimer, après une seconde à rester interdite. « C'est pas l'couteau sous la gorge, le problème. Mens pas, ça t'va pas au teint. » Parce qu'après tout, il lui semble pas que Grace ait paniqué à la menace, mais face à autre chose. Menteuse invétérée, souffre pas qu'on lui balance une baliverne pareille à la gueule, surtout pas Rivers. Et elle n'comprend pas tout à fait Nora, son point de vue, trop obnubilée par le sien. Alors, le reproche se renvoie avec autant d'aplomb : « Si je comptais pour toi, t'aurais jamais dit non, parce que t'aurais pas voulu que j'retourne en prison. » Souffle le dernier mot en baissant le ton, en se souvenant que le lieu n'est pas propice à ce genre de conversation. Surtout quand elle sait à quel point les oreilles peuvent se tendre vers les discussions au restaurant - leur petit jeu, à Andy et elle, de commenter les disputes des autres tablées. Là qu'était le problème, à ses yeux. Grace se foutait qu'elle disparaisse de sa vie. Et ses doigts pincent plus fermement ses avant-bras. Parce qu'elle peut pas tolérer que quelqu'un comme elle, quelqu'un d'si important pour elle, se foute de la savoir enfermée dans une cellule, à nouveau, et par conséquent loin d'elle.

Les sourcils s'arquent, sur la défensive, une fois son petit récit livré de manière insipide. Grace veut savoir. « Pourquoi ? » Le demande comme un défi. Un pourquoi de môme s'alignant dans une multitude de questions répétées sur le même ton. S'fout bien de mettre les pieds dans l'plat. Si elle cause, que Grace veut savoir, alors, elle devra au moins lui dire pour quelle raison ça l'intéresse. Qu'ce soit bien clair entre elles. Voilà c'qu'elle se dit, Nora, en portant enfin le verre à ses lèvres, prenant son temps pour savourer le champagne - elle n'en a jamais goûté d'aussi bon. Elle essaye toujours de faire bonne figure, aussi, coincée dans ce restaurant pour elle ne sait combien de temps. S'en foutra bien avant de partir mais n'veut pas faire scandale là, tout d'suite, quand elle se lance dans l'attaque, fatiguée de se tenir sur la défensive. Constate avec surprise que Rivers ne met pas trois secondes à s'enfiler la flûte, et s'imagine que ses mots ont frappé juste. Parce que c'est bien ce dont il s'agissait, probablement : d'un coup porté sans avoir prévenu, à la déloyale. Le fragment de vulnérabilité qui se disperse ne lui est pas familier. N'a jamais connu Grace chancelante, sous sa carapace bien ajustée. Et c'est franchement étrange, et elle observe ses gestes avec curiosité, à noter son trouble, le petit claquement agacé que fait sa langue contre son palais. Mélange de détails qu'elle connaît, et qui lui sont totalement étrangers. Au moins, l'attention est détournée de son cas pour un moment et la brune s'en satisfait, à siroter son verre en tentant de demeurer impassible - comme Grace sait si bien l'faire, d'ordinaire. Manque pourtant bien de s'étrangler entre deux gorgées, à la saloperie qui lui arrive dans les dents.

S'met même à tousser, à s'asséner une claque contre le thorax, en reposant son verre vide sur la table, à s'essuyer les lèvres avec la serviette. Y étouffe sa quinte de toux, en esquissant un geste vers le serveur qui semble déjà prêt à accourir, visiblement impatient de mettre en pratique les cours de secourisme qu'il a reçu il y a quelques années. « Putain d'merde. » Se ressaisit comme elle le peut, Nora, et sûrement que Grace échappe de peu à la première salve qui se serait échappée si elle ne s'était pas mise à suffoquer. Un mal pour un bien, jusqu'à ce que la brune ne retrouve l'usage de la parole - d'une voix franchement éraillée. « Le monopole de la souffrance. Dommage, c'est l'nom que j'voulais donner à ma biographie, tu sous-entends qu'c'est déjà pris ? On peut partager les droits d'auteur, s'tu veux. » Tapote délicatement la lisière de ses cils aux larmes venues les picorer avec les secousses de sa cage thoracique, avant de reposer la serviette. S'empare du couteau, à contempler son reflet, s'assurer qu'aucune traînée de mascara ne vient s'étaler sous ses yeux, avant de les relever vers Grace. « Me fais pas dire des trucs que j'ai pas dit, c'est l'genre de phrase que tu sors d'habitude, non ? » Rancunière comme pas deux, se rappelle de tout, en détail, s'agit juste de le ressortir au bon moment. « J'ai pas b'soin de me sortir la tête du cul, comme tu dis. Par contre, ton langage m'inquiète, t'es sûre que t'as pas d'fièvre ? » Le dit de manière assez sérieuse, étrangement, à ne pas reconnaître la Grace incisive qui lui cause comme elle lui a rarement causé. Et merde, elle peut pas dire que ça lui déplaît, Nora, en venant leur servir deux nouveaux verres. « Après, franchement, t'excuses pas pour ton langage, on aura l'air rustres à deux, comme ça, pas une pour rattraper l'autre. » Comme ça qu'elle s'imagine qu'on pourrait les nommer, ici, si elles continuent - et ça lui fait plaisir, dans l'fond, d'être potentiellement rangée dans cette case avec Grace.

Mais Grace, elle, n'a pas l'air de rire. Et Nora, de l'entendre le dire - qu'elle voudrait s'confier mais qu'elle ne peut pas, qu'elle n'y arrive pas - ça éveille chez elle un sentiment d'effroi bien connu. En reste muette, en constatant ce désarroi qu'elle a exprimé, de son côté, à tant d'reprises qu'elle ne les compte plus. L'nombre de fois où elle aurait aimé tout raconter à Andy, pour qu'il comprenne qu'ils ont plus en commun qu'il ne pourra jamais l'imaginer. L'nombre de fois où elle aurait voulu parler à Raziel, lui expliquer les choses dans l'détail, avant qu'il ne reparte pour New-York, y'a à peine trois jours. Comme elle aurait aimé confier ses maux à Nox, comme il aurait peut-être pu l'aider plus aisément en comprenant ce qui la ramenait, réellement, à la colère, et par conséquent au poste, à répétition. Comme elle aurait voulu tout dire à Grace, en un an, pour qu'elle parvienne à tisser des liens entre ces fragments d'elle, peut-être réussir à les recoller, même. Un frisson se saisit de son échine et elle retourne au champagne quelques secondes, à sentir ses pommettes s'échauffer doucement. « Ouais, j'vois à peu près. » La sensation. Le sentiment de blocage. « C'est d'la merde, putain. » Soupire, en venant croiser ses bras sur sa poitrine, quand les notes de piano envahissent l'atmosphère au musicien s'installant derrière l'instrument, un peu plus loin. « C'est un putain d'film de Noël, ou quoi. T'as payé c'type-là, avoue, pour qu'il déboule pile au bon moment, pour l'air dramatique ? » Elle n'peut retenir le rictus qui se trace sur ses traits fermés, à espérer détendre le visage de Grace - n'aime pas la voir dans cet état, même si elle se dit qu'elle l'a peut-être mérité ben, ça n'lui convient pas, finalement. « J'suis pas encore prête pour être psy, on dirait. Dommage, j'voulais prendre la place de Monty, incognito, après l'avoir dépecé. C'est qu'sa baraque a l'air charmante, ainsi qu'sa femme. » Le sourire se fait plus carnassier, le ton pince-sans-rire et elle étend ses jambes délicatement sous la table, à rencontrer le genou de Grace contre le sien. Sa cuisse se tend instantanément et elle n'amorce pas réellement de mouvement supplémentaire, trop consciente que celle-ci pourrait se braquer pour un rien. Feint donc l'indifférence, en maintenant le contact tout en venant croiser délicatement ses mains, pour y soutenir son menton. « Il t'est arrivé un sale truc, hein. » La forcera pas au détail, Nora. Pas tout d'suite. Plus fort qu'elle, pourtant, d'aller gratter dans les plaies des autres. Des autres qui l'intéressent autant que Rivers, et certainement qu'elle l'intéresse énormément.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


L’aisance n’avait pas été innée. La conversation, chancelante dès les premières paroles, il y a de ça quinze mois, avait été fardée d’un travail composé, maîtrisé, sans qu’aucun relâchement ne soit de mise. Si Nora était spéciale, et elle l’est toujours, Grace savait que le moindre délassement de sa part serait synonyme d’une langueur qu’elle ne pouvait décemment pas accepter dans leurs rendez-vous. Pointues, ses questions ; acérées, ses remarques ; et prendre tendres, ses analyses. Une myriade de facettes qu’elle avait pris le parti d’offrir à Nora, faisant fi de l’entichement visible de cette dernière à son égard (qui n’est, elle le suppose toujours, que l’ombre d’un jeu de séduction dans lequel elle se refuse à se laisser entraîner). Elle y a songé quelques fois, ces deux derniers mois, yeux levés vers le plafond, corps encastré dans le matelas moelleux ; à se dire que, quand même, elle n’avait pas fait l’amour depuis un certain temps ; incapable de dire, dans le même élan, si elle pouvait considérer Nora de la sorte, alors que la relation professionnelle peinait à se disloquer au profit d’une simplicité dont Grace manque toutefois cruellement. N’est-elle pas trop jeune ? Sans doute. N’est-elle pas trop imprévisible ? S’il n’est question que de sexe, Rivers peut s’en accommoder. Et s’il n’est pas question que de sexe ? Il ne peut être question que de sexe.

Parce que les cases, dans lesquelles les gens et les idées sont soigneusement rangés, l’aident à considérer les rapports qu’elle entretient aux autres. Nora veut de l’amour, alors pourquoi pas lui en donner – et ce, même de manière momentanée ? Toutefois, puisque ce n’est guère le style de Rivers d’écumer les bars à la recherche d’une fille à son goût, elle peine à appréhender ces pensées qui peu à peu prennent forme au sein de son crâne. Pourquoi y songer, dans le fond, alors que Nora l’a menacée ? alors que rien, strictement rien, ne parvient à expliquer ce qu’elle a vu et l’effroi ressenti au travers de son estomac malmené ? Si Grace dit avoir mal réagi, et il est vrai qu’elle aurait certainement dû conserver un sang-froid qui lui a échappé, elle attend des explications qui ne viennent guère. Peut-être s’agit-il de ces choses que l’on ne parvient pas à clairement expliquer, sans faire intervenir la génétique ou l’ADN cisaillé par une quelconque tare ? Mais est-ce une tare, d’ailleurs, ou est-ce l’opération de Dieu ? Dieu a bon dos. A peine la pensée fuse, que Grace se mord la langue.

Aussitôt, ses dents relâchent leur prise, et son front se plisse – on peut continuer encore longtemps comme ça – et, dos maintenant calé contre celui de la chaise, ses bras se croisent fermement contre sa poitrine. L’une des rares, avec son frère, à la faire sortir de ses gongs ; à lui donner l’impression que, dans son corps, sous la lisière de sa peau, un gouffre s’ouvre et absorbe toutes ses bonnes intentions qui, elle l’espère, sont légion. « Effectivement Nora, c’est normal de menacer quelqu’un qui vient de t’héberger sous son toit. » Elle lâche, lèvres qui s’entrouvrent à peine sous le grondement qui s’en extirpe, « Qui te dit que je voulais que tu retournes en prison ? » Grace arque un sourcil – sait que Nora voit et comprend des choses qui n’ont pas lieu d’être. Sait aussi que ça l’agace de devoir s’expliquer alors que, selon elle, ses torts sont moindres face aux siens. « Il y avait certainement une autre solution mais, eh, on ne le saura jamais parce que tu as eu la bonne idée de me forcer la main, » Le ton monte inexorablement, et Grace se fait violence afin de reprendre une intonation basse, dans la sphère de l’intime, plutôt que de laver son linge sale en public. « alors que j’ai dit non. » Elle n’en démord pas ; et pourrait débattre de ça toute la soirée, ce qu’elles feront certainement, d’ici jusqu’à la porte de sortie, en traçant leur chemin dans la rue, jusqu’à la portière de sa voiture. Tu as tort.

Le glas sonne, et la question des raisons qui soulignent son intérêt à propos de Nora est posée. La sensation est étrange, à l’instar de ce trou béant qui se creuse sous la peau, paradoxalement Grace se sent alourdie ; comme si son corps, bien que vide, pesait cependant une tonne. Ne peut pas l’expliquer ; n’a ressenti cela qu’à la mort de Bobby, en comprenant dans l’immédiat que son frère y était pour quelque chose. Anesthésiée, à la fois légère comme une plume et lourde, comme si elle avait mangé des cailloux. « Ca ne te regarde pas. » Enfin, Grace comprend son problème ; celui qu’elle n’a jamais pris soin de régler, ou qu’elle a toujours voulu ignorer. Cette impulsion à rejeter toute forme de vulnérabilité, à ne pas vouloir s’ouvrir plus que de raison, à garder une distance entre elle et les autres. Et pourquoi ? Parce que, si elle laisse Nora entrer, ça lui fera mal lorsqu’elle en sortira. Mais la dureté de ses propos lui saute également aux yeux, c’est pourquoi elle se décide à alimenter sa réflexion davantage : « Je veux juste savoir, Nora. N’essaie pas de trouver des raisons, il n’y en a aucune. »

Alors qu’il y en a tellement.
Aucune qu’elle ne voudrait prononcer, cependant.


Sa réponse semble ébranler Nora qui, surprise, commence à s’étrangler. Grace écarquille les yeux, prête à appeler le serveur à la rescousse, main à moitié levée dans les airs, prête à décoller de son siège afin de lui porter secours elle-même si elle le pense nécessaire. Nora tape sur son thorax, et continue à tousser contre sa serviette. D’emblée, à peine sa respiration réhaussée, qu’elle attaque son ancienne psychologue avec la ferveur que cette dernière lui reconnait. Tais-toi un peu, tu veux ? Le silence est de mise, du côté de Rivers, la bouche engourdie par les bulles de champagne qui ont tranquillement tracé leur chemin contre sa langue, tandis qu’elle observe Nora se tapoter les pommettes humides de sa serviette, et vérifier son maquillage dans le reflet de son couteau. T’es très bien comme ça, mais les mots ne sortent pas. Nora vient alors remplir les verres, s’amusant de la situation et ce, même si le ton qu’elle adopte se farde d’un sérieux qui, en retour, inquiète Rivers. « Rustres à deux, d’accord, ça me plaît. » Elle souffle en pinçant le pied de la flûte entre le pouce et l’index, incapable d’alimenter ses pensées comme elle le voudrait pourtant ; la carapace est dure, et elle n’est pas certaine qu’elle veuille la casser maintenant.

Grace se décide pourtant à renchérir les dires de Nora, en venant poser la paroi du verre contre ses lèvres. « C’est de la merde, oui. » Gronde-t-elle, plus bourrue sans doute qu’elle ne l’a jamais été, avant de s’enfiler le champagne en une rasade bienvenue. Un musicien s’active alors derrière le clavier du piano, et le rire qui l’éprend menace de la faire s’étouffer sur la gorgée qu’elle vient d’avaler ; à moins que cela ne soit à cause de la remarque de Nora qui, elle l’imagine, est suffisamment drôle pour la faire se marrer. « On peut rien te cacher. J’espère que tu apprécies l’effet de surprise. » Elle repose le verre sur la table, et vient tapoter ses lèvres humides de sa serviette blanche qui, à force d'être utilisée, se farde d’une couleur mordorée. Elle relève ses yeux vers Nora, et c’est à peine si elle remarque son genou cognant contre le sien, et le contact qui perdure. Non, elle ne sent rien. Rien que la sensation enveloppante de l’alcool autour de son cœur qui, peu à peu, reprend un rythme normal, calme, rassénéré. « Sa femme est charmante, j’aimerais bien avoir la même. Sa maison, un peu moins. La mienne est mieux, s’tu veux mon avis. » Aussitôt, elle se dit qu’ouais, la femme de Monty – elle aimerait bien se la faire. Et Nora aussi, tiens. Et toutes celles qui croisent son chemin. Pourquoi pas, hein ? Pourquoi pas ? Elle peut tout faire, avec un peu d’courage. « Un sale truc... » Grace le répète, et hésite à se reprendre un autre verre. Un verre de trop cependant, et elle risquerait de babiller des conneries. Et pas d’ça, non, non, pas d’conneries. « Ouais, ouais,..j’imagine qu’on peut dire ça comme ça, » Elle glisse son index recourbé contre ses lèvres pincées, et commence à agiter son genou, qui cogne frénétiquement contre celui de Nora. Mais elle ne s’en rend pas compte – ou plutôt, elle s’en fiche. « et si j’te disais que je ne m’appelais pas vraiment Grace Rivers ? » Son poing se ferme, demi-lunes rougeâtres se creusant dans ses paumes sous l’injonction de ses ongles. Les lèvres se font taquines, en un sourire presque désabusé, le regard pétillant d’une ivresse amorcée. « Tu penses que je m’appelle comment ? »

Je m'appelle comment ?
Tu crois qu'je suis qui, Nora ?



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Nora est faible, avec les femmes. Y'a pas une seconde où t'es pas en rut en voyant une nana, à peu de choses près ce que Raz pouvait lui signaler dès qu'ils venaient à croiser une demoiselle à leur goût mutuel. C'est toi qui m'dit ça, mec ? Voilà à peu de choses près à quoi se résumaient leur discussion, avant que leurs yeux ne se remettent à se balader. Que leur cul ait été vissé sur un banc, dans l'herbe d'un parc en se roulant des joints, ou sur le tabouret d'un bar, c'était toujours la même rengaine. Pas un pour rattraper l'autre, à ne rester sagement côte à côte que parce qu'ils étaient ensemble, et que c'était plus important que d'aller courtiser des inconnues. Pour ce qui était des hommes, l'histoire était bien différente, à ne jamais avoir concurrencé son meilleur ami dans le domaine, ou rarement. D'ailleurs, quand elle y réfléchit - après une oeillade songeusement descendue le long de la poitrine de Grace formant de bien jolies montagnes sous le tissu immaculé - ça n'a pas vraiment changé. Le lui a dit, à son départ, qu'ça ferait juste deux fois plus de femmes à mettre dans son lit, sans lui dans les parages, mais qu'il viendrait à manquer aux hommes, probablement. Parce que de ceux-là, la brune n'en voudrait pas à sa place, et une vague de dépression ne tarderait pas à s'emparer d'Exeter, en l'absence du blond - et la frapperait elle la première, pour d'autres motivations. Sous son front, le compteur s'agite. Parmi les mâles, il n'y a plus que Nox pour froisser ses draps et ses nerfs tout à la fois. Parmi les femelles, merde, y'a bien eu cette rouquine, dans c'bar, en novembre, et cette collègue pour animer une après-midi aux archives. Putain d'merde, y'en a eu que deux, en autant d'temps. Hausse les sourcils, Nora, effarée au constat, ramenée à la conversation par leur joute verbale qui se relance. T'en fais pas, va, j'me suis punie toute seule pour c'que j't'ai fait, j'ai arrêté d'baiser. C'est ce qui menacerait de sortir à l'afflux des pensées diverses et contraires qui se bousculent dans sa boîte crânienne agitée. « Sous prétexte d'héberger quelqu'un, tu peux tout te permettre à son égard sans craindre la moindre menace ? C'est drôle, on dirait mon père. » Le lâche comme une énième saloperie, quand ça a tout de véridique. N'a jamais apprécié cette manière qu'il avait de songer qu'elle lui devait un profond respect, et fermer sa gueule, aussi, sous prétexte qu'elle dépendait de lui. « C'est pas la base même des relations toxiques, de jouer de son ascendance ? » Pousse un peu loin, et s'en rend compte, oui, le museau camouflé dans son verre et un petit regard remonté dans celui de Rivers.

Probablement que Grace est plus douée qu'elle à ce jeu-là, a plus d'années d'expérience, aussi, c'que Nora pourrait dire si elle ne se faisait pas rabattre le putain de caquet. En reste ébahie, en venant protester avec des arguments qui lui donnent des airs d'adolescente en crise : « Une autre solution ? C'est à toi qu'a parlé mon avocate pendant genre, une heure, du fait qu'c'était ça ou rien ? » Le ton est certainement insupportable, comme elle sait bien l'être, surtout quand elle ment éhontément en prétendant que Liddell ait évoqué le certificat comme seule sortie de secours. Bon, sans doute Jillian n'aurait-elle pas misé l'essentiel de leur réussite sur cette option si Nora ne lui avait pas garanti qu'elle était réalisable, mais c'est une autre histoire. « Mais ouais, sûrement que j'pouvais toujours proposer à Rhodes de la payer en nature pour son silence, ça marche bien sur les autorités, faut croire. Sauf avec toi. » S'mord les lèvres, Nora, pour la boucler, cette fois. Presque à mentionner Griffin, ou toutes les petites magouilles entretenues avec Blackwell pendant un long moment, pour éviter qu'on l'emmerde trop pour ses conneries. Chasse la pensée avec brutalité, à n'pas avoir envie de remonter le temps jusqu'à ce moment-là, quelques semaines plus tôt, lorsqu'Asta a décidé que débarquer chez elle était une bonne idée.

« Bah, si, moi j'trouve que ça m'regarde, vu qu'ça me concerne. » Toujours plus profondes, les remarques, n'empêche qu'elle n'en démord pas, toujours en quête du dernier mot.

Ne peut se retenir de sourire, un peu, quand Grace acquiesce, accepte qu'elles soient rustres à deux. Peut-être que ça lui fait plaisir, plus qu'elle ne le montre - non seulement que Grace accepte de délaisser sa parure de perfection, mais qu'elles le fassent ensemble. Et elle s'attache à son rire, Nora, qui lui coule dans les oreilles et carillonne jusqu'au fond de son poitrail, comme toujours. Comme avant. « Ouais franchement, c'est fabuleux, darling. » Rit de plus belle, Nora, à s'exprimer comme elle songe qu'il en est coutume, par ici, avant de s'enfiler en miroir sa deuxième flûte de champagne - quand Grace la devance toujours. Ne l'a jamais vue boire, réellement, et elle s'demande si elle n'finirait pas par être encore plus grossière qu'elle, à terme. Pourraient même faire un concours, presque. Les pensées pétillent, un peu plus encore lorsque Grace n'a de cesse d'appuyer ses propos et que son sourire se fait carnassier, les prunelles scintillantes. « Elle est passée lui apporter l'déjeuner, l'autre jour, j'te jure que j'en aurais bien fait mon quatre heures. » Ce que Monty avait bien noté, d'ailleurs, s'empressant de congédier son épouse. « Mais oui, ta maison est plus impressionnante, je te l'accorde. Et d'ailleurs ton... » Se rabroue mentalement, au ton qu'elle élève involontairement, pour se pencher sur la table en enfonçant un peu son genou entre ses cuisses, dans l'mouvement. « ton cul est quand même mieux qu'celui d'sa femme, s'tu veux mon avis. » Bonne joueuse qui achève de vider la bouteille dans leurs deux verres. N'aura même pas tenu jusqu'à l'entrée, le champagne, déjà à réchauffer ses veines et lui filer bien meilleure mine qu'en entrant.

Sa jambe est toujours coincée entre les siennes quand elle s'attarde sur l'aveu qu'lui fait Grace, l'agitation se propageant de son genou agité à l'intérieur de la cuisse de la brune qui se redresse brusquement sur sa chaise. « Ah ouais tu t'appelles pas Grace Rivers. » La voix déraille un peu, quand une main se glisse sous la nappe pour tirer sur sa robe noire et la réajuster - réajuster le fil de ses pensées enivrées, aussi. Sauf qu'à la manière qu'a Grace de s'agiter, à en noter son poing serré, merde, elle pourrait presque croire qu'elle dit vrai. « Vraiment, tu t'appelles pas Grace Rivers ? » Le demande sur le ton de la confidence, Nora, quand sous la table ses pieds se défont de ses chaussures qui lui écrasent les orteils, sous ses bas. « Jure, Rivers. Ou pas Rivers. » S'y embrouille, la brune en venant tremper les lèvres dans son ultime verre, pour se donner une contenance. Se demande si c'est une sorte de jeu, mais songe tout à la fois qu'y'a un fond de véracité dans cet air qu'elle se donne. Alors, elle prend le temps, suffisamment pour qu'le serveur déboule à nouveau, profitant vraisemblablement de l'accalmie pour prendre leur commande. « Qu'est-ce-qu'on a l'air d'avoir envie de déguster, mh ? » Le lui demande de tout son aplomb, Nora, en le fixant de ses prunelles claires et clairement éméchées, en reportant son regard sur la psychologue, en glissant doucement son genou contre ses cuisses dans une caresse appuyée. « Qu'est-ce-qu'on a envie de déguster, dis-moi ? » Et ça lui cramponne le ventre, en harponnant son regard, dans un spasme presque lancinant qui se propage à tout son abdomen. « Bon, surprenez-nous, mh ? » C'est ce qu'elle propose au serveur, en attendant qu'il se décide à disposer, après leur avoir demandé ce qu'elles souhaiteraient boire après cela - du vin, bien sûr, et du cher !

« Jeanne De la Rose. » Récupère son accent français du fond de ses cours de lycée, avant de se mettre à rigoler, le champagne tournant dans la flûte qu'elle agite en mouvements circulaires. « J'te vois bien avec un nom français, un truc un peu pompeux. » Savoure le fond d'son verre, Nora, en remontant sa cheville contre son mollet, l'air de rien. « Mais j'crois que tu dois avoir un nom badass, probablement, un nom rustre, hein ? Dis-le moi, allez. Que j'sache comment t'appeler » quand j'devrai crier ton nom.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


Sourcil arqué à la remontrance de l’intéressée, Grace balaie ses lèvres entrouvertes de son index recourbé, en calant davantage son dos contre le dossier de sa chaise. L’envie d’établir la relation comme il se doit se fait féroce ; si elles ne sont plus patiente et thérapeute, cela ne signifie pas pour autant qu’elle peut lui parler comme ça. Toutefois, Rivers se surprend à comprendre ses réactions – a-t-elle été juste ? Non. Pour autant, Nora n’est pas l’exemple d’une sainteté inébranlable, loin de là.  Puis, les deux sourcils s’haussent, impassibilité retrouvée venant grignoter son expression rafraîchie. « Et que me suis-je permis, exactement, à ton égard ? » Demande de mensonge qui a été refusée – contre menace, et démonstration de quelque chose de si particulier que les explications s’égrènent et disparaissent aux quatre vents. Les torts sont partagés, mais dans le fond, Grace est certaine du bien-fondé de son refus. « Oh, relation toxique, très bien… je vois. Et menacer quelqu’un de lui trancher la gorge, on appelle ça comment ? » Elle passe le bout de sa langue le long de sa lèvre inférieure, pupilles dardées sur le visage de Nora, à moitié plongé dans son verre. Qu’elle relève d’ailleurs aussitôt, prompte (comme à son habitude) de s’élancer dans une myriade de protestations que Grace essaie d’arrêter d’un mouvement de main, doigts tendus et dressés dans les airs. Le flot continue, et continue, et l’absorbe dans ce qui lui semble être une autre dimension. « Donc, ce que tu essaies de me dire, c’est que...tu utilises le sexe comme moyen de pression pour te dégager de situations que tu as, toi-même, créées ? » Un gloussement plus tard – parce que, bordel –, un sourire nait enfin au coin des lèvres, la commissure se soulevant légèrement. « Ecoute, » Elle se redresse, et chasse les plis que la robe a formé sur ses cuisses de ses paumes, « j’imagine qu’on ne sera jamais d’accord. Alors, si on arrêtait tout simplement d’en parler ? » Nez pointé vers l’arrondi de ses jambes, elle relève les yeux vers son interlocutrice, à la robe noire et à l’air beaucoup trop farouche pour leurs alentours. Mais j’ai raison, et tu as tort. Grace ne lui laissera jamais l’opportunité de s’en tirer aussi facilement, quitte à y revenir insidieusement plus tard. Jamais.

Elle soupire, roule ostensiblement des yeux, essaie de s’extraire de cette situation dans laquelle Nora vient de la plonger. Rien ne lui va – aucune réponse qui lui convient, ou qui conviendrait à Everdell. « Tu m’intéresses. » Révélation exprimée comme une révélation – comme si Nora aurait dû s’en douter. Et jamais Grace ne se perdra dans des détails inutiles – parce que ces quelques mots vibrent comme elle le veut sur le renflement de sa langue.

La discussion dévie inévitablement sur Monty, et sa femme, que Nora semble apprécier, ce que Grace note, fossettes creusées en un air chafouin, l’humeur devenant pétillante – plus légère – plus agréable aussi, sans le moindre doute. Elle remarque également que sa vis-à-vis n’a pas besoin d’autant de verres qu’elle pour se détendre, son rire se joignant au sien, dans l’espoir vain de se comporter comme ceux qui les entourent. Que cela soit une bonne ou une mauvaise chose, Nora n’est pas comme les autres – pas comme ceux-là, ni ceux dehors, ailleurs, ici ou plus loin. « Nora, Nora, Nora… » Grace secoue la tête, retenant le sourire qui menace de s’élargir, « s’il se passe quelque chose entre toi et sa femme, tu peux compter sur mon silence pour te couvrir. » Et l’idée lui semble drôle, soudain, comme si les mariages étaient faits pour ça ; être brisés. « Le tien l’est aussi, » N’écoute qu’à moitié les élucubrations de Nora – à moins que Grace n’ait tout assimilé, et ait décidé de renchérir. Ne l’avouera jamais. « peut-être même mieux encore. » Les mots lui brûlent les lèvres, et la douleur est agréable, surtout lorsque le genou de Nora s’enfonce davantage entre ses cuisses, et qu’elle ressent cette proximité dans toute son intensité ; et qu’après un moment bancal de réflexion, Grace ne s’en déloge pas.

Un éclat de conscience qui frémit dans la torpeur grandissante ; la sensation d’être allée trop loin. Incapable de définir, pourtant, l’impression du corps anesthésié et du désordre des pensées. Les mots ne viennent pas, bloqués dans la gorge, et immédiatement ravalés lorsqu’ils atteignent la jonction des lippes.

La réalité lui est arrachée – à moins que cela ne soit Grace Rivers, finalement, qui se détourne de ce qu’elle peut toucher, se noyant sous les émois adolescents et sous les souvenirs qui brûlent ses rétines. Everdell lui rappelle cette fille, la première contre lequel son corps s’est écrasé un soir d’été, sur la plage d’Exeter. L’étendue mordorée à perte de vue, le ciel s’assombrissant à mesure que le soleil se couche, couleurs chaudes se mêlant les unes aux autres. Ses lèvres contre son cou salé par les flots. Ses paumes arrimées à ses reins, à sa peau brûlée par le soleil, devenue moite sous la pulpe de ses doigts. Elle peut encore ressentir le vent qui se lève et caresse sa nuque tendue. Ses lèvres glissant du cou, à l’angle de la mâchoire, jusqu’à ce qu’elles rejoignent celles de cette fille, se surprenant à venir caresser sa langue de la sienne à peine les lippes jointes. Ses phalanges s’enfonçant dans la cascade de cheveux roux, lorsque les souffles s’apprivoisent et se mêlent.
Cette fille ne ressemblait aucunement à Nora – Grace reconnait pourtant le même élan de danger qui étreint ses idées, probablement facilité par les quelques verres de champagne qu’elle vient de s’aligner. A l’époque, ses préférences sexuelles venaient d’un autre monde ; ne se reconnaissait pas, ne se comprenait pas, craignant d’attiser un courroux qui aurait vite fait de la démunir de tout ce dont elle avait besoin. Jamais rien n’avait semblé plus viscéralement juste que d’embrasser cette fille et de fourrager son visage entre ses cuisses, doigts agrippés à ses hanches, haletante dans son exploration – comprenant enfin qu’il n’y avait rien à expliquer.

Et peut-être est-ce à cause de l’alcool ; mais Nora lui inspire la même sensation. Le danger. L’appréhension. L’envie de la sauter, maintenant, sur cette putain de table. Et elle se perd, et elle pense à des choses auxquelles elle ne songerait pas forcément, sobre et les semelles bien ancrées sur le sol ; à chaque battement de cœur, Grace se trouve une nouvelle raison d’agir. – Nora n’est plus ta patiente. Tu n’as pas à être sa pote. Elle ne veut pas être ta pote. Elle te veut, et peut-être que tu la veux un peu aussi. – Et demain, de quoi sera fait demain ? – Demain, tu seras sobre. T’as pas à penser à demain. – Alors, Grace voudrait abandonner le lendemain à la sobriété, au regret anxieux d’avoir commis une erreur ; et peut-être que c’est le cas, finalement, mais en cet instant, au moment précis où son regard malicieux s’aligne sur celui, presque laiteux, de Nora, Grace se dit que ce n’en est peut-être pas une. Une erreur.

Il y avait cette fille,
Et ses mains contre son dos nu,
Et ses lèvres contre son cou,
Et la plage,
Et rien d’autre.

Maintenant, elle ne voit que Nora,
Et tout ce qu’elle pourrait lui faire.


Le genou s’agite, avant que la surprise ne fasse son petit effet. Pour l’occasion, Grace se saisit de nouveau de la bouteille, et remplit sa flûte jusqu’à ce que la dernière goutte tombe. « Mm, mm. » Se contente-t-elle de répondre, en adoptant un ton presque chantant, s’arrêtant net en voyant le serveur s’élancer vers elle dans sa vision périphérique. Une fois à leur table, les « qu’est-ce qu’on veut déguster, alors, » et les « c’est bon, ça ? » sont légion, chaque phrase appuyée par la caresse prononcée du genou de Nora contre sa cuisse. Sa gorge se serre, et son abdomen se contracte, perdant le fil de la conversation. Acquiesce finalement à la proposition d’Everdell, en renchérissant à propos du vin – trouvant la conversation plus fluide, lorsqu’elle n’est pas dans son état normal.

Et putain, qu’c’est triste de se dire ça.

Mais il y a Nora – et Nora la fait sourire, la fait rire parfois, même lorsqu’elle n’est pas au bord du suicide social. « Très bon accent. » Elle rit ; et ça fait du bien, dans le cœur, sous la peau, là où ça sonne un peu creux parfois. Ça se détend, ça l’emplit d’une félicité qui n’a rien de faux, comme elle aime le songer afin de se protéger de la moindre blessure. « Un nom rustre, ouais, on peut dire ça, » La blonde ferme les yeux – et elle n’a rien d’une Grace Rivers, en a douloureusement conscience, à venir glisser sa main gauche sous la nappe afin de cramponner ses doigts autour du genou de Nora, venant glisser sa paume jusqu’à la naissance de sa cuisse, doigts taquinant des étendues encore inexplorées – qu’elle n’aurait jamais osey touchey en temps normal. « tu peux m’appeler Sawyer Malone, si ça te fait plaisir, » ou ce que tu veux, j’m’en branle, « tout ce que tu veux. » Pour le moment, en tout cas, alors que le monde s’ébranle d’une nouvelle béatitude – quelque chose de factice, à force d’enfoncer ses lèvres dans le champagne, alors que le goût lui semble tellement vrai. Mais ça ne peut être que faux, vraiment. Que du sexe, Rivers, tiens-toi tranquille. Grace se penche légèrement en avant, calant son menton dans le creux de sa paume libre, l’autre étant arrimée à la naissance de la peau de Nora, s’étirant au-delà de ses bas. « Et si, » ses yeux se détournent brièvement vers le serveur, cherchant fébrilement la plus belle bouteille à leur proposer, « on prenait la bouteille, je payais et on partait ? » Les chiottes, chez toi, chez moi – j’m’en fous.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Grace est inaccessible. I-na-cce-ssi-ble. L'décompose mentalement au cas où ça n'se serait pas encore suffisamment bien imprimé dans son crâne, putain. Et si elle a pu s'dire que, finalement, pas tant qu'ça, elle s'est trompée. Parce que merde, v'là qu'elle rétorque dans son habilité habituelle et qu'bientôt - fait rare - Nora s'retrouve à chercher ses mots. S'humecter les lèvres, même, plantée là, assise sur sa chaise, à la dévisager. C'que Grace s'est permis. Bonne question. Bien joué, Rivers. Pourrait l'dire, si elle n'était pas tant tête de con, comme le disait son père à l'époque où elle le voyait encore. N'aime pas ça, perdre son bagout, peiner à répliquer, parce que personne n'lui fait jamais fermer sa gueule, et elle n'sait pas réagir dans ce genre de cas. Y'a bien qu'Larry qui y arrive et elle n'a définitivement pas envie d'ranger Grace dans cette case-là. Inaccessible, c'est mieux, c'est plus acceptable. Lui donne des airs de majesté impossible à toucher, et, même si ça lui donne encore plus envie d'la toucher, ça lui permet au moins d'reprendre son souffle, et de tenter un : « Tu t'es permis de » Et ça reste en suspens, un instant, une fraction de seconde, presque imperceptible. Quand ça n'sort jamais si habilement que spontanément. Et là, elle n'a qu'une chose en tête, Nora, la vérité : Tu t'es permis de me dire non. Et ça en dira sûrement long sur son propre cas, alors, étranglée par l'inconfort, elle l'achève différemment, sa phrase : « pas m'faire confiance. » Voilà qui sera une réponse à tout, certainement, quand ça lui semble cohérent. Lui a pas fait confiance pour le certificat. Lui a pas fait confiance en paniquant, quand les couverts ont commencé à s'agiter, comme ça. Et bordel, c'est pas fini. Sait bien, Nora, que Grace n'est pas n'importe quel adversaire. Impitoyable, quand elle s'y met, à la désarçonner, lui extraire insidieusement des vérités sans même qu'elle soit en mesure de les retenir. « J'ai jamais dit qu'j'allais te trancher la gorge, extrapole pas, » Lui a juste dit qu'elle allait lui mettre le couteau tout contre, c'tout. « j'sais m'tenir, quand même. » Et étonnamment, c'est vrai. A souvent menacé d'le faire, qu'ce soit avec Grace, avec Nox, avec Mark, même, n'empêche que les trois respirent encore et qu'aucun n'a eu à se plaindre qu'elle l'ait fait. C'est l'idée qui lui traverse l'esprit, d'ailleurs, dans un sursaut d'aplomb : « Puis, j'aurais pu le faire, mais j'l'ai pas fait. » Tu penses seulement que j'en aurais été capable, Grace ? Elle sait pas trop, sur le moment, ce qu'elle aimerait qu'elle en pense, vraiment. Si la menace doit planer, encore, ou s'il est temps de s'en défendre pour de vrai. Parce que lorsqu'elle le veut, vraiment, elle ne s'encombre pas de menace, ne prévient pas, et fonce. « Puis, tu sauras que j'me plains pas des relations toxiques, j'disais ça pour toi, en tant que psychologue, c'est quand même le comble. Un peu comme les cordonniers mal chaussés, tout ça. » Se perd dans son verre, la brune, l'esprit bouillonnant de plus belle, à venir lâcher des mots, insister davantage au geste de Grace visant à l'interrompre. Pourrait presque rompre la distance et les mordre, ses doigts qu'elle ose lever pour lui intimer l'silence. Se tait pas, Nora, jusqu'à ce qu'elle ait terminé. C'comme ça. Hausse même les épaules quand Grace semble s'amuser de ses révélations, et qu'elle vient poser ses coudes sur la table, avance un peu, assez pour ancrer son regard dans le sien. « J'ai jamais dit qu'le sexe était un moyen de pression, ça, c'est toi qui le dit. J'vois plutôt ça comme une source de satisfaction qui, c'est vrai, peut, à certaines occasions, permettre de coupler l'utile à l'agréable. » Le débite volontairement comme si elle lisait une définition dans le dictionnaire, avant de reculer dans son siège l'air pas peu satisfaite de son explication. Voit pas l'mal, réellement, surtout qu'malgré ce qu'elle pourra bien prétendre, y'a qu'avec Nox qu'elle peut en jouer, de cette corde sensible. Utilise pas ça en monnaie d'échange dans toute la ville, même si, mine de rien, prétendre le contraire et contempler la réaction de Rivers lui plaît bien. « Si tu préfères qu'on arrête d'en parler, qui suis-je pour refuser ? » Sous-entendu, j'ai gagné.

Retient, pourtant, que Grace avoue être intéressée. De quelle manière, s'risque pas à le demander, Nora. Peut-être par peur de l'intéresser sur le plan professionnel, en tant que profil psychologique à étudier. Des fois, vaut mieux s'taire, et c'est ce qu'elle fait, à dériver vers des sujets plus légers - notamment, leur crush commun, la femme de Monty. « Me couvrir ? Mais j'assume tout, moi, Rivers. » Sait pas ce qu'elle peut sous-entendre par là, mais l'balance, comme ça, prunelles brillantes, l'esprit échauffé. « En plus, j'aimerais bien voir la tronche de Monty s'il venait à l'apprendre. Peut-être même qu'il voudrait plus m'suivre, si j'commence à lui faire le compte-rendu détaillé d'nos ébats, à sa femme et moi. » Et elle sourit encore plus franchement, les doigts venant déposer la flûte presque vide sur la nappe bien lisse, à se laisser flatter des compliments qui lui parviennent en retour. Peut pas se retenir de prendre la pose, la nuque bien droite, une main délicate venant tapoter ses joues pour se redonner des couleurs - qui sont déjà bien présentes à ses pommettes empourprées. Comme si Grace, en complimentant son cul, la complimentait elle, en entier. En tout cas, elle note soigneusement qu'elle n'a toujours pas repoussé son genou de plus en plus envahissant.

Lorsque le serveur revient près de leur table, et s'enfuit aussi rapidement, Nora a eu le temps d'établir deux constats.
Grace est inaccessible.
Mais pas indifférente.

Sûrement qu'ça joue beaucoup dans sa manière de glisser sa cheville contre son mollet, d'lui faire du pied sans exprimer la moindre retenue, d'plaisanter sur son identité comme s'il s'agissait d'un sujet léger - sait pas encore, Nora, qu'ça l'est pas. « T'as vu ça, un peu. » Vantarde qui s'invente des talents linguistiques, pas là pour lui compter fleurette dans son plus parfait français, clairement, et il semblerait que Grace-au-nom-en-fait-rustre-Rivers non plus. S'tend, Nora, au contact qui s'initie contre son genou, à percevoir la tiédeur de ses doigts qui s'y invitent, sans préambule. « Un nom rustre. » Répète, prise à son propre piège, à attraper la carte des vins pour s'occuper les mains. Ou s'cacher avec ? Finit par s'éventer avec, vaguement, pour s'donner une contenance Bordel. L'sent bien, qu'elle est en train de dire adieu à ses moyens, ceux qu'elle essaye tant d'rassembler depuis son arrivée pourtant, pour avoir l'air de quelqu'un de bien. Mais la main de Rivers, contre sa cuisse désormais, n'aide en rien à s'concentrer. Sait pas combien d'fois elle a pu se l'imaginer, c'genre de geste égaré, toujours à songer les initier la première et se voir repoussée. S'est jamais dit, Nora, qu'Grace serait peut-être la plus effrontée des deux, mais il lui semble que là, tout d'suite, c'est l'cas. Ouais, elle confirme, c'est l'cas, à avancer son siège l'air de rien, au cas où Grace aurait besoin de s'assurer une meilleure prise. Et ça la fait sourire derrière la carte, Nora, à s'retenir de rire, les nerfs tendus, prêts à disjoncter. Sans doute que ça sonne attrayant, à son oreille : Sawyer Malone. Là qu'elle reporte, dans un battement de cils, son regard dans celui de sa comparse.  « J'aime bien, Sawyer. » Le souffle d'une voix plus basse, en la regardant. Un geste s'esquisse, à venir attraper une mèche de ses cheveux entre l'index et le majeur, à simplement dégager les traits fins de Grace réinventée Sawyer. S'est jamais permis c'genre de contact et ça lui fait drôle, à les initier prudemment, comme si d'un instant à l'autre Grace allait s'réveiller, s'éloigner, disparaître. Et c'est pas c'qu'elle veut, Nora, pas c'qu'elle a souhaité, y'a des mois d'ça, quand la porte s'est refermée entre elles, qu'elle s'l'est dit, qu'elle allait peut-être jamais la revoir.

« J'trouve même que ça t'va bien. » Tend sa cuisse, un peu plus encore, comme pour l'inviter à s'en saisir sans s'priver, la lui offrir sous la table quand ses prunelles étincèlent sous le balancier des loupiotte, au-dessus de leur tête. « Et si ? » L'encourage, Nora, à n'plus tirer de plans sur la comète depuis belle lurette, avec la psychologue, s'demander même si elle est pas en train d'rêver tout c'qui s'passe, là. Parce qu'elle l'a fantasmé plus que d'raison, ce moment-là, l'avouera jamais, à quel point, réellement. Et la proposition lui sied, forcément, étale ses airs enjôleurs sur son minois, élargit un sourire carnassier. « Allez, on s'casse. » Sûrement qu'les promesses qui s'dispersent contre sa peau la poussent, avant même que l'serveur n'arrive, à lui faire signe de s'dépêcher. Pour le reste, laisse Grace, ou Sawyer, sait plus, gérer, trop occupée à se lever, déjà, et enfiler à nouveau son manteau. Sera jamais allée aussi vite à s'rhabiller, à n'pas regretter d'avoir gardé sa veste à portée d'main. Oublie presque ses talons sous la table, à esquisser deux premiers pas dans la salle en tirant très élégamment sur l'bas de sa robe noire, pour poser ses yeux sur ses pieds. « Merde, putain. » Voilà qu'le naturel revient au galop, à aller chercher ses chaussures à l'aveuglette sous la table, jambe et orteils tendus sous la nappe. Et une fois debout, probablement qu'ça tangue encore plus qu'assise, excuse dont elle abuse allègrement pour venir glisser son bras sous celui de Grace, quand elles finissent par s'éloigner de la grande salle, du restaurant tout entier.

Le froid s'incruste contre ses joues mais elle le sent à peine, Nora, trop grisée par ce début d'soirée, par le corps de Grace qui avance au même rythme que l'sien, à tenter d'y aller d'une démarche aussi élancée que d'ordinaire, malgré ses talons. « On part, où ? » L'demande, Nora, en tournant la tête vers elle, à mesure que les pas s'alignent sans vraie direction. Sait pas si c'est elle qui initie l'mouvement de la sorte à ce qu'elles se retrouvent à n'pas s'décider, réellement. « Tu peux pas conduire. » Le dit en riant de bon coeur, à venir se poster devant elle, les mains glissées contre sa nuque pour l'encourager à la regarder, détailler ses traits. « T'as trop bu, Sawyer, on va aller droit dans l'mur. » Et ses bras se posent tranquillement contre ses épaules, à arborer un sourire en coin. Lui semble qu'elles n'ont qu'rarement été si proches. Depuis ces semaines passées à évoluer sous l'même toit. Et elle en profite pour la regarder, Nora. Pour redécouvrir ses traits, son regard plus pétillant qu'dans son souvenir. A encore, contre sa cuisse, le souvenir de cette main qui devrait y revenir, elle pourrait même l'exiger, là, tout d'suite, la bouteille coincée dans une main, quand la seconde glisse contre le boutonnage de son manteau. La retient de reculer, en même temps, au cas où. « Chez moi, c'pas possible non plus. » Parce qu'elle a toujours du mal, Nora, à inviter qui que ce soit chez elle. Surtout dans c'genre de contexte. Puis, elle a pas envie que Grace voit son appart. Son appart merdique. Y'a un truc qui la retient, même si, finalement, ce serait pas loin, sur leur chemin. Et ses doigts continuent à triturer son manteau, à la rapprocher d'elle, un peu plus, reculer à son tour, s'appuyer contre le mur, dans son dos. Ramène Grace contre elle, comme elle le peut, dans la fébrilité éméchée, dans la crainte, toujours, qu'elle finisse par s'tirer. « On peut toujours aller à l'hôtel. » Et ça se suggère comme ça, sans avancer plus d'argument. Estime qu'sa poigne sur son genou était assez équivoque. Pour sa part, c'est en venant glisser son nez contre le sien qu'elle le suggèrera le mieux, à recueillir la vapeur que forme la respiration de Grace contre ses lèvres. Sentirait presque les siennes, dans la proximité. En devinerait la saveur, à simplement recueillir ses exhalations, et leur relief, à trop les regarder. Relève les yeux dans les siens, Nora, un sourcil arqué. « N'importe lequel, n'importe où. » S'en fout, s'en fout tellement, quand ça s'impose en retenue légendaire, à harponner sa veste, deviner son corps sous l'épaisseur des tissus, deviner ses lèvres à l'orée des siennes. « T'en dis quoi, Sawyer ? » Insiste, Nora, en glissant sa main contre sa hanche, avant de la poser bien fermement contre ses reins, pour l'ancrer plus franchement contre elle, sans plus de détour.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


Il ne s’agit rien de plus qu’une bataille des volontés – à moins que cette amorce de conversation ne soit du fait que de leur orgueil respectif, ni l’une ni l’autre ne souhaitant lâcher le morceau. Sourcils haussés, mains jointes et posées sur la table, Grace sent sa patience se dissoudre petit à petit. Etrange, le ressenti qui l’accapare lorsqu’elle ne rencontre pas Nora dans son bureau aux murs bien délimités, au sein duquel la réflexion peut être amenée. Ici, visiblement il n’y a aucune réflexion ou remise en question. Nora, persuadée que Grace lui a causé du tort ; et s’il y a un peu de vrai, dans le fond (après tout, rien ne lui coûte de l’admettre), la psychologue tient à s’élever au-dessus de la masse. Tient à lui rappeler que, en prenant un peu de hauteur, Nora sera sans doute susceptible de constater à quel point son comportement était tout sauf acceptable ; évidemment, d’autres facteurs entrent en jeu, desquels Grace accepte une part, bien que chancelante, de culpabilité. Il y a des choses dont elle ne souhaite toutefois pas démordre. Le raisonnement de Nora sort d’ailleurs difficilement d’entre ses lippes, comme si elle s’évertuait à lutter contre ses propres fautes.

Le nez retroussé, Grace se penche légèrement vers son interlocutrice, ses yeux cherchant les siens. « Es-tu digne de confiance ? Tu peux me l’assurer ça, mm ? » Sourcils de nouveau haussés, attendant la réponse comme on attend le jugement dernier ; même si cette révélation n’aura rien de divin. Elle se surprend à jouer, Grace, de son intonation plus enjouée qu’à l’ordinaire. « D’ailleurs, j’ai bien fini par rédiger et signer ton justificatif, » comme si j’étais ta mère, mais ça elle ne le dit pas, « j’imagine que tu me dois quelque chose en retour. Et ayant agi sous la menace, je pense que tu me dois en fait une existence de services. » L’éclat pétille dans ses prunelles ; préfère s’enfoncer dans une plaisanterie qui, au bout d’un moment, n’aura que trop duré, plutôt que de causer une scène dans son restaurant favori. Ses mâchoires se contractent toutefois en songeant à ce matin-là, deux mois plus tôt, la perspective de ressentir la lame du couteau rencontrer la peau de son cou. « Ah, t’aurais pu le faire. » Elle répète, prenant soin d’énoncer chaque mot avec exactitude ; et de les appréhender comme il se doit : en considérant Nora comme une potentielle menace, une personne qu’elle ne parviendra jamais à vraiment comprendre, à en capturer l’essence comme elle pensait le pouvoir en la rencontrant. Son discours à propos des relations toxiques la prend d’ailleurs au dépourvu, incapable de maugréer les protestations qui doucement s’amoncèlent dans sa bouche. Mais Grace les réprime, l’air farouche, en se disant que Nora ne sait pas de quoi elle parle. C’est un silence buté qui accueille les commentaires de la jeune femme, alors que ses coudes avancent sur la table et que Grace se recule, comme désireuse de maintenir une certaine distance entre elles. Comment l’en blâmer, alors que ses rétines brûlent encore de leur précédente rixe ? « Autrement dit, tu utilises le sexe comme moyen de pression et tu prends ton pied dans la foulée. » Elle sourit, sincèrement, les zygomatiques la chatouillant. « Je trouve ça drôle mais je suis d’une autre époque, pardonne-moi. » Dix ans d’écart, ça ne se refait pas. Puis, les esprits échauffés semblent se détendre lorsque, d’un commun accord, la décision d’arrêter les frais se fait égale ; mais j’ai raison, et elle le sait.

C’est forte de cette idée inébranlable, cette vérité absolue, que la femme de Monty est énoncée ; détaillée ; inspectée ; tant et si bien que Grace a l’impression d’être l’un de ces étudiants libidineux, joueur de football américain, pendant une frat party. Ne saurait le dire avec exactitude pourtant, le nez plongé dans les bouquins pendant ses années universitaires, n’a que rarement vu la lumière – ou l’ombre d’une fête estudiantine. « Il me semble que Monty est amateur de fusils de chasse. Il en a une grande collection. Tous chargés, et tous en état de marche. » Ne dira rien de plus, Grace, à vouloir étouffer l’enthousiasme de Nora dans l’œuf ; parce qu’elle prend peur, soudainement, d’être responsable de la fin d’un mariage. Même si c’est ce pour quoi les mariages sont célébrés ; pour être brisés. Même si, au fond, Nora fait ce qu’elle veut, et que Grace se surprend à apprécier l’idée que son ancienne patiente soit aussi expansive et ouverte, tant avec ce qu’elle aime, qu’avec ce qu’elle n’aime pas. Le choix est cependant vite fait entre sa conscience professionnelle (amicale, également, Monty ayant fait ses débuts à ses côtés), et l’attrait que Nora lui inspire.

Parce que, merde, c’est qu’elle ne sait plus où se mettre. Les pommettes réchauffées par les flûtes de champagne alignées, et l’impression que la jambe de Nora se détend davantage entre ses cuisses. S’y accroche par réflexe, à la cuisse étrangère, à ressentir le tissu du bas puis la chaleur de sa peau. Sérieuse, Grace, dans son exploration inédite ; même si elle ne sait plus de quoi elles viennent de parler, de ce qu’elle vient de révéler, essayant de capturer l’air que Nora s’évente à l’aide de la carte des boissons. Il lui semble reprendre une certaine contenance lorsque sa cadette lui dit bien aimer Sawyer, parce que jamais Grace n’a songé posé un tel jugement sur son nom originel, et son nom de baptême ; c’est son nom, c’est tout. Elle se tend aussi au contact orchestré par Nora ; c’est une chose de s’animer sous la table, c’en est une autre de se parer d’une tendresse inimaginée jusqu’à présent. Du bout des doigts, la brune vient écarter une mèche de son visage, et Grace bat des cils, incapable de mettre des mots sur son ressenti. Bouche bée, on pourrait le dire. Mais ça lui plait ; et ça, elle le sait, elle n’a pas à en douter. Hausse un sourcil, alors que ses phalanges glissent davantage sur leur prise, laissant des sillons rougeâtres sur la peau de Nora. Désinhibée, habituée qu’elle est à prendre son temps ; poussée, aussi, par le vice. Par l’appel que la brune lui lance depuis des mois, intéressée, et si Grace est honnête, intéressée aussi, même lorsque la sobriété pourfend les dernières traces de retenue. Intéressée mais pas pressée, en se pointant sous les lustres du restaurant, contre exigeante d’une étreinte maintenant que les flots de champagne remontent jusqu’à ses derniers neurones. « On se casse. » Grace répète, comme Sawyer pourrait le faire ; Sawyer qui se réveille, et se libère de ce qui la retenait jusqu’à présent. S’écartant d’un même geste, se lève après que Nora ait hélé le serveur, maintenant accaparée par la recherche de ses chaussures. La torpeur la saisit dans l’estomac ; à avancer comme dans un rêve. Dissèque chaque émotion, chaque émoi également, avec ferveur. Payant, demandant à ce que son manteau lui soit remis et, après l’avoir enfilé, réceptionnant Nora contre elle. Bras enroulés, qu’elles sortent d’une même démarche du restaurant huppé où, Grace en est certaine, elles ne remettront plus jamais les pieds.

Nouveau souffle, sous le joug du froid de décembre. Grace se dirige tout naturellement vers sa voiture, clefs reprises au voiturier, avant d’être interceptée par Nora. La psychologue secoue tranquillement la tête, avant que celle-ci ne soit prise en coupe par les paumes de Nora. Nuée de frissons qui se logent dans le creux de son cou, alors que ses sourcils se froncent. « J’ai pas trop bu, mais soit. » En grande altesse que Grace range ses clefs dans la pochette de son sac-à-main, se débattant avec le cran d’ouverture une fois qu’il est question de le fermer. Instinctivement, après avoir glissé la lanière de son sac sur l’épaule, ses paumes s’arriment aux reins de Nora. Un coup d’œil vers leurs pieds pour s’assurer qu’elle a bien pris la bouteille de vin ; et le regard, étincelant sous la lueur des réverbères, se relève dans l’instant. Comme une seule entité, Nora recule – et Grace avance. Arrêtées par le mur contre lequel le dos cambré de sa cadette se pose. Ne pense qu’à elle, qu’à Nora, pas à où elles pourraient aller – et ça lui va, finalement, l’hôtel. Elle prendrait tout et son contraire. S’en fout. Les nez se frôlent, et Grace déglutit – lèvres entrouvertes, les souffles se rencontrent et se mêlent. Ses doigts se perdent dans ses mèches d’ébène, le visage venant se glisser contre la peau tendre de sa nuque. « J’en dis que ça me va, y en a un à deux minutes. » Elle susurre contre l’épiderme, enivrée par son parfum, par la texture de la peau contre ses lèvres. Par ce qu’elle ressent aussi, abdomen douloureusement cisaillé et l’imagination en pagaille. Elle se redresse, l’œil fou et, d’un mouvement de pied, se débarrasse de ses talons sur lesquels elle chancèle. Elle se baisse et saisit les bords de ses chaussures entre l’index et le majeur recourbés puis, sa main libre cherche celle de Nora, l’entraînant dans son sillage. Et Rivers ne saurait pas dire, vraiment, si elles ont bien mis deux minutes à s’y rendre, à ce foutu hôtel ; combien elles ont payé pour la nuit ; s’il y avait bien un réceptionniste ; car rien n’importe, pas autant que la paume de la brune dans la sienne, et la perspective de l’avoir ; de la prendre ; et de ne rien regretter. C’est derrière ses rétines que tout se passe, que la silhouette de Nora s’éprend d’elle – et que rien ne serait susceptible de la faire se déloger de ce qu’elle désire.

« Et bien, » Grace souffle, refermant la porte de la chambre derrière Nora, qu’elle prend soin de bien fermer à clef – comment on a fait pour arriver ici, déjà ? Un coup d’œil curieux aux alentours ; la chambre est blanche, sobre, comme l’un de ces modèles aseptisés que l’on ressort à toutes les sauces, dans toutes les villes du monde. Et ça la prend viscéralement, loin dans le bide, la réalisation qu’elle n’a jamais fait ça – qu’elle n’est jamais allée à l’hôtel pour expressément consommer une relation qui pourrait tout aussi bien être éphémère. Et ça la surprend, son manque d’assurance, alors qu’elle se serait sentie capable de prendre Nora dans la rue quelques minutes plus tôt. Ou sous la table. Ou dans les toilettes du restaurant. « et bien. » Elle répète, en posant son sac sur la table, et laissant tomber ses chaussures sur la moquette. Grace relève les yeux vers Nora ; et elle se dit qu’elle est bien loin, l’époque où elles étaient en sécurité dans son bureau. Parce qu'elle se met en ligne de mire pour se faire mal, s'enfonçant dans une relation qu'elle n'a jamais connue ; et peut-être aurait-ce été mieux, pour elle, pour son cœur, pour ses grands idéaux, de ne pas s'y prêter.

Pourtant, ses grandes réalisations ne l'empêchent pas de se saisir de la nuque de Nora, ses doigts agrippés à son cou, et à attirer ses lèvres aux siennes. A grand fracas que les lippes se rejoignent, pour la première fois dans cette vie, et qu'il lui semble respirer à nouveau. Du goût de sa bouche sur sa langue, jusqu'au parfum qu'elle hume, à ses cheveux noirs qu'elle fourrage de ses doigts ; pourra rien regretter, surtout pas ça.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


« Tout dépend avec qui. » L'dit de manière assez sèche, les yeux dans les siens. « T'aurais été surprise. » Si tu m'avais laissé plus de temps pour t'le montrer. Parce qu'elle sait l'être, loyale, quand l'jeu en vaut la chandelle. Promets en l'air que quand elle s'en fout, qu'y'a aucune conséquence possible. En a tenu quelques-unes, quand même, dans sa vie, d'celles qui comptent. Et s'perd pas à en proférer lorsqu'elle voudrait les tenir, en étant pourtant d'emblée certaine de n'pas y arriver. « Une existence de service, rien qu'ça. Et après on dit qu'c'est moi qui exagère. » Peut pas réprimer un rire, quand c'est sans doute vrai qu'elle exagère, mais qu'il lui semble que Grace, quand elle le veut, n'est pas en reste non plus. « Tu m'prépareras une liste alors, d'tous les services que j'devrais t'rendre, j'verrai bien si y'en a pour lesquels je signe. » Surtout avec son genou entre les siens, avec ses prunelles qui crépitent, avec l'alcool qui s'met à conjuguer ses fantasmes sur le ton des possibles. « Alors si jamais j'disparais brutalement, tu sauras qui dénoncer aux flics, avec ses fusils d'chasse, tout ça. » Aimerait sourire plus sincèrement, plaisanter sur l'éventuel coup d'feu qui la fauchera Nora. Si y'avait pas l'souvenir d'une plaie par balle encore trop récente dans son épaule gauche, si y'avait pas la sensation de brûlure, la détonation, l'incompréhension, tout ça coincé sous sa peau en douleur fantôme.

Grace a des secrets. C'est un truc que Nora pourrait s'targuer d'avoir deviné, dès l'premier pas posé dans son bureau, quand elle détonnait franchement dans l'décor. Se souvient de son tailleur noir, de ses longues jambes, de cette putain d'élégance naturelle qui lui a dégommé les mirettes au premier coup d'oeil. S'rappelle aussi des tableaux absolument dégueulasses pendus au mur, d'à quel point cette pièce ne ressemblait pas à Grace - puisqu'en une oeillade, Nora était certaine de savoir mieux qu'elle c'qui pouvait lui convenir, ou non. Par exemple, elle-même pouvait lui convenir, dans son lit, l'premier soir. Mais ce n'était pas aussi facile avec Rivers, avait eu tout l'temps de se l'ancrer dans l'crâne en essuyant ses refus permanents. Et, désormais qu'la psychologue confesse son identité, certainement qu'Nora s'en retrouve captivée, curiosité en alerte, à tout vouloir connaître d'cette Sawyer qu'elle lui agite sous l'nez, qui promène sa main sur sa cuisse. Dégage son visage d'un geste délicat, l'genre qu'elle peut esquisser qu'dans un lieu comme celui-ci, toute en retenue mal maîtrisée, quand ses gestes hurlent à l'empressement permanent. Libère ses traits de ses mèches rebelles comme si elle s'attendait à lever le rideau sur un autre visage, une autre personne, qui aurait toujours été tapie là, sous les airs mesurés, sous la bonne éducation. Aimerait peut-être trouver en cette révélation toute la justification d'ces échos familiers, d'ces réparties parfois plus tranchantes vibrant jusqu'à effleurer sa corde sensible. Tous ces instants où, peut-être, l'voile a déjà pu s'lever brièvement, sans qu'elle ne parvienne à saisir que Grace n'était pas tout à fait Grace, réellement. Et ça la rend plus accessible, certainement, et elle se rend plus accessible aussi, apparemment. Parce qu'Nora n'est pas naïve au point d'se dire que c'est elle, à force de ténacité, qui arrive soudainement à renverser la tendance. Pense qu'c'est juste l'moment propice, aux yeux d'la psychologue, l'alcool aidant, pour livrer une information susceptible de lui peser. Parce qu'elle n'peut qu's'imaginer aisément, Nora, c'que ça doit être de vivre en prétendant être une autre. En tout cas, c'est c'qu'elle se dit, qu'elle l'imagine, même si elle est loin d'le comprendre. Aucune foutue idée des zones d'ombres qui s'camouflent encore sous sa mine rayonnante, toutes celles qu'elle crève d'envie d'aller explorer parce que c'est encore là qu'elle se sent l'plus à l'aise : dans les ténèbres d'autrui, où les siennes sont moins perceptibles, reléguées au second plan.

Alors, ouais, elles se cassent, sans trop attendre, s'tire de là, bouteille sous l'bras, sans qu'Nora sache bien c'qui s'ensuivra. Improvisation brandie en étendard de leurs pas, tout juste ordonnés parce qu'elles se cramponnent l'une à l'autre, s'dit que Grace, ou Sawyer, doit pas avoir la moindre idée de ce qu'elles foutent, non plus. En tout cas c'qu'elle espère, la brune, que Grace n'en est plus à calculer, à peser l'pour et l'contre, presque à s'réjouir du champagne sifflé en un temps record, persuadée qu'elles n'seraient pas là, pas si rapidement, à s'étreindre dans la rue. « Ouais, s'tu l'dis. » Parce qu'elle a beau avoir trop bu, elle aussi, qu'elle voit bien qu'c'est l'cas de Grace également. Qu'elle lui laisse le loisir d'pas l'assumer, tant qu'ça veut dire qu'elle peut la garder dans ses bras, quelques minutes supplémentaires. Réalise qu'à moitié, Nora, quand toute son existence ressemble à un putain d'film depuis des mois. Qu'y'a eu Londres, qu'y'a eu les semaines aveuglées, qu'y'a eu le coup d'feu, qu'y'a eu les promesses de Nox, qu'y'a eu les confessions d'Asta, qu'y'a eu Larry au bord des quais, qu'y'a maintenant les lèvres de Grace contre sa nuque, son odeur partout, partout autour d'elle. Comprend pas comment ça défile, comment ça s'organise, comment remettre de l'ordre dans des événements trop rapidement enchaînés, à tout confondre, tout mélanger, au pied d'ce mur contre lequel elle s'enfonce, les mains bien accrochées aux reins de Grace, qui est en fait née Sawyer. Bordel de merde. Les yeux qui papillonnent, le palpitant à l'agonie d'ces émotions en pagaille, s'retrouve à fixer la voûte céleste, ses nuages épais, prêts à craquer d'une neige qui tombera dans la nuit. Bordel. de. merde. « Un à deux minutes. » Répète, Nora, comme si les mots n'pouvaient faire sens qu'une fois digérés et recrachés par ses soins, comme si la notion d'deux minutes venait un peu plus la bouleverser, égarée dans tout c'qui se ressasse en silence, meurtrit ses pensées. S'demande si, à trop en vivre, elle va pas finir par claquer là, l'parfum de Grace, son souffle dans son cou, la détermination d'Sawyer, comme coups d'grâce de mois à bout de souffle.

En moins de deux, ce sont ses chaussures qu'elle ôte à nouveau, mimétisme instauré entre elles, à les cramponner d'une main ferme, avant d'sentir les doigts de Grace s'emmêler dans les siens. L'entraîner vers l'avant. Et ça lui remonte en frisson féroce, des phalanges entremêlées à la tension instinctive de son poignet, de son avant-bras, à verrouiller son coude, grimper contre l'épaule et lui cingler la nuque. L'coeur qui agonise, les pas précipités et ses doigts qui glissent d'eux-mêmes, se faufilent entre ceux d'la psychologue, s'libèrent quand elle se refera pas, Nora. Qu'personne lui tiendra plus la main, jamais, sans qu'elle n'ait l'impression d'être conduite dans un piège, un piège d'ivoire prêt à s'refermer sur elle. L'dira jamais, pour quelle raison sa main s'dégage de la sienne, comme si c'était la faute à l'alcool, à la maladresse de leur déambulation jusqu'à l'hôtel. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'ses paumes sont à l'abri, dans ses poches, quand elles entrent dans l'hôtel. Qu'ça n'l'empêche en rien de trépigner, à venir caler son menton sur l'épaule de Rivers qui cause à la réceptionniste, le regard brillant d'une anticipation démesurée. L'genre d'allégresse qui la suit jusqu'à la chambre, après qu'les étages aient défilé dans l'ascenseur, qu'elle ait dû s'retenir, probablement, d'entamer les hostilités avant l'heure. S'dit qu'il suffirait d'un rien pour qu'l'instant s'achève, à s'dire qu'elles sont déjà allées plus loin qu'elles ne l'ont jamais été - parce que Nora sent encore son souffle contre le sien, sa bouche contre sa peau, ses mains posées contre ses lombes. Et bordel, elle doit s'faire violence pour réprimer les élans carnassiers qui lui perforent les prunelles, les envies brutales qui s'immiscent dans ses reins. S'invente patiente jusqu'à ce que la porte se referme derrière elles, qu'ses yeux se baladent sommairement sur la piaule, à s'en foutre éperdument, certainement. « Tu viens souvent, par ici ? » L'demande, un fin sourire au coin des lèvres, en faisant demi-tour en s'déséquilibrant un peu, pour braquer son regard dans celui d'Rivers. Tentative d'accroche digne d'un vieux lascard au bar, ou vraie question, sait pas trop, Nora, ses chaussures dans une main, son sac dans l'autre. Elle, en tout cas, n'était jamais venue là, et sûrement qu'ça se voit. Parce qu'elle n'a pas encore décidé de c'qu'elle devrait faire de ses affaires, que Grace la devance. Que Grace est là, contre ses lèvres, et qu'elle en exhale de surprise, de soulagement, presque.

Y'a ses chaussures qui tombent à droite, son sac à gauche. Sa nuque qui suit l'mouvement et c'est l'baiser qui s'rend avec ferveur. Une main qui vient s'enfoncer dans ses cheveux longs, en retour, quand la seconde s'empresse déjà d'déboutonner son manteau, de le laisser tomber à leurs pieds. Bordel. En a l'souffle coupé, Nora, à tout juste confondre des expirations désordonnées contre la langue de Rivers, désœuvrée par l'effet qu'ça lui fait, d'assouvir une pulsion qui lui semble exister depuis une éternité. Pouvait qu's'imaginer ce que ce serait, d'embrasser Grace un jour, de l'attraper comme elle le fait en avançant contre elle, à se confondre en pas désordonnés, sentir d'la résistance quand, probablement, la psychologue finit par buter contre la table. Parce qu'elle chemine à l'aveuglette, Nora, comme si d'rouvrir les yeux allait tout effacer, qu'y'aurait rien, rien à contempler devant elle, qu'ce serait qu'un rêve, d'ceux qu'elle a pu faire déjà bien trop d'fois à son sujet.

Et elle les veut, encore, ses lippes qui capturent les siennes, les dévorer en retour, d'tout l'appétit qu'elle a trop longtemps refoulé en sa présence. Les veut encore, ses hanches sous ses mains, à froisser sa robe blanche en s'y agrippant, dans l'urgence qu'ça lui inspire. A l'enfoncer davantage contre la table, empoigner ses jambes pour l'y asseoir, s'faufiler entre ses cuisses. Celles qui s'empoignent, contre lesquelles ses paumes conquérantes se glissent, quand elle s'presse contre elle. « Putain, Rivers. » Entre deux baisers fébriles qu'ça se souffle, à ouvrir les yeux, les plonger dans les siens. Grace est encore là, toujours là, s'volatilise pas quand sa poigne empressée remonte sur ses jambes, qu'ses phalanges se dessinent sous l'tissu immaculé, à gagner du terrain, à s'embraser dans l'désordre, dans ces instincts voraces, dans c'besoin d'profiter, d'profiter avant que Grace n'ait l'temps d'lui échapper.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


Les pensées sont en désordre, et Grace peine à les rassembler sous les néons de la chambre. La lumière artificielle lui bouffe les yeux, alors qu’elle essaie d’appréhender ses alentours immédiats. D’abord, le corps gainé de noir de Nora, puis le reste ; le lit au carré, les deux tables de chevet, le bureau un peu rogné sur les côtés, la fenêtre qui pourrait lui faire percevoir l’étendue de la ville à leurs pieds si elle s’y penchait. Ambiance aseptisée lorsque le manteau glisse le long de ses bras, et qu’elle a l’impression qu’une odeur de javel lui titille les narines.

Dans l’esprit, pourtant, tout s’agite en une constellation d’idées dérisoires. Sujette à ces fameux verres de trop, Rivers est persuadée que c’est ce qu’elle veut – qu’à force de discussions, d’apprivoisement respectif, c’est Nora qu’elle veut. Dans le ventre que ça agonise, avant même qu’elle ne s’emploie à mêler son souffle au sien. La délivrance est étrange, comme fardée du Jugement qu’Il lui réserve, elle qui n’est que pauvre humaine – et qui maintenant préfère ressentir le relief de la poitrine de Nora contre la sienne, que de prier, mains au ciel et yeux rivés la pierre froide. Nora n’est pas froide. Sous sa bouche, ses lippes sont brûlantes, et son corps s’embrase à son contact. Le souffle, d’abord lancinant, se pare d’hérésie lorsqu’elle ose venir caresser sa langue de la sienne ; et qu’elle oublie à quel point, ça l’effraie, d’avoir chaud. Réminiscences qui lui barrent parfois la vue, lorsque son front devient moite, et que ses membres frémissent sous la pesanteur de la fournaise. Bobby est mort. Presse ses lèvres, se rapproche davantage de cette femme qu’elle va faire sienne ; Bobby a brûlé.

Tout s’immobilise, pourtant, lorsque la peau de Nora glisse sous ses doigts tendus, qu’elle en savoure la douleur sous la pulpe de son épiderme quémandeur, et que les phalanges s’enfoncent lentement dans ses cheveux noirs. L’odeur de Nora l’enivre, cœur qui chancèle et s’effondre sous l’impulsion de ces effluves ; elle en veut, en veut toujours plus. Il n’y a plus de place pour Bobby, ou pour Lui, lorsque, dans le fracas des corps qui s’épousent, Grace bute contre le bureau à force d’avoir reculé. En un glapissement de surprise, étranglée par un rire vite étouffé par les lippes d’Everdell qui lui reviennent, qu’elle se retrouve assise sur le bureau, empoignée par Nora. L’anticipation lui racle la gorge de râles, d’un souffle douloureusement dur. Les mains de la brune se vont braves, explorent, la chair de poule couvrant la peau de Rivers à mesure que les doigts d’Everdell l’étreignent. Entre deux baisers, que les mots de son ancienne patiente l’enivrent. Entre deux baisers, que Grace se rend compte que ça ne fait pas mal, pas mal du tout, de s’abandonner à quelque chose qu’elle ne parvient pas forcément à expliquer. Instinct en berne, poitrine en sursaut lorsque les doigts de Nora dessinent un cheminement incandescent sous sa robe blanche.

Mais Rivers, ce n’est pas elle – pas maintenant, pas sous les néons de la chambre, ni à la merci des émois d’Everdell, le dos courbé et les ongles raclant le bois du bureau. « Sawyer Malone. » Elle souffle, les lèvres endolories d’avoir trop embrassé – Sawyer, l’identité abandonnée au profit de cette image angélique, irréprochable, qu’est Grace Rivers. Comme celle qui courbe l’échine à l’église, empiétant sur la première rangée – là où est sa place habituellement, prétendant de ne se parer d’aucune faute, viscéralement bousculée par le malin qui s’est épris de Nora lorsque les couverts ont gigoté sur l’assiette. Besoin de se détacher de l’emprise que cette existence, bâtie sur des cendres. Besoin d’être, de ressentir, de prétendre être une autre entité – alors que les deux sont jumelles. A la fois Sawyer et Grace ; à la fois Malone et Rivers ; à la fois, tout et rien, car l’une ne peut pas exister sans l’autre. « Appelle-moi Sawyer. » Ses yeux harponnent ceux de Nora, en une bénédiction muette. Sa main se lève, venant s’accrocher à sa nuque, le pouce enfoncé dans ses cheveux noirs, avant de l’attirer à elle. Ses lèvres s’éprenant d’abord de sa bouche rosie au gré de leur contact appuyé, de l’angle de sa mâchoire, jusqu’au creux de son cou dégagé. Ses cuisses frémissent, l’abdomen tendu.

Avant que Grace ne la dévore, langue et dents s’abattant sur la peau tendre de la nuque de Nora, elle se dégage de son étreinte, mains venant se poser sur les épaules de la jeune femme, la tenant à bout de bras lorsque ses pieds retrouvent le sol. En quelques enjambées, pousse Everdell sur le lit, dont les ressorts crissent sous l’impact du corps sur le matelas, Grace à sa suite, relevant sa robe afin de faciliter ses mouvements. Le tissu se froisse sous ses doigts empressés, lorsque ses genoux se glissent de part et d’autre des hanches de Nora, cascade de cheveux blonds-roux qui pleut sur le visage d’Everdell. Tombe en avant, lèvres qui se fracassent sur celles de Nora en un gémissement, frisant l’impatience d’un moment qui tarde à arriver ; puis sur la ligne tendue de sa gorge, suivant celle invisible de son ventre qu’elle suit fébrilement. Ses doigts remontent la limite de sa robe noire, en découvre les bas, et le sous-vêtement qu’elle ne tarde pas à enlever, sans prendre plus de précautions, sans y réfléchir, agissant sous ce qui lui pulvérise les côtes, sous le désir de se sentir, enfin, vivre. Pulsions incandescentes qui la font vibrer, quand ses lèvres frôlent l’intérieur des cuisses de Nora, les embrasse, son souffle traçant une nuée de frissons à l’abord de l’épiderme qu’elle remarque dans sa torpeur ; et qu’enfin, Sawyer respire. Lippes tendues lorsqu’elle fond sur les muscles, ses bras s’enroulant autour des jambes d’Everdell, ses doigts s’incrustant dans la peau découvert, là où ses ongles et la ferveur de ses gestes creusent des sillons rougeâtres dans sa prise.

Elle respire, mon Dieu, elle respire enfin. Alors, ça s’entrechoque au gré de ses battements de lippes, de langue ; ça s’intensifie lorsque les rumeurs deviennent glas d’une lasciveté qui lui tord le ventre, à mesure que ses cils papillonnent et se ferment. A mesure que ses doigts relâchent les cuisses et enserrent les hanches de Nora. A mesure qu’elle respire et oublie ; remontrances ; morts ; fantômes et démons dans son placard ; à mesure qu’Everdell devient la seule ligne de mire essentielle, celle contre qui tout son être se tend ; pour ce soir, se permet de rêver, d’être celle qui s’est endormie des années auparavant,

Se reveille,
le temps d’une soirée.




Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Elle aimerait le dire, Nora, peut-être. Non, elle n'est pas toujours aussi empressée, comme si elle allait manquer de temps. Non, elle ne force pas toujours son corps contre celui d'autrui dans une telle urgence, non, elle n'agrippe pas toutes les femmes avec autant d'ardeur, non, elle ne s'emmêle pas les pas à avancer, avancer, jusqu'à ce qu'un obstacle leur barre la route, susceptible de l'intercepter. Non, elle n'a pas toujours peur que l'on s'enfuit, que l'on abandonne ses bras pour d'autres horizons. C'est Grace qui lui fait peur, c'est toi qui m'fais peur, qu'elle pourrait souffler contre ses lèvres. Rivers n'a eu de cesse de lui échapper, encore, et encore, l'idée de la serrer contre elle devenant presque illusoire. Nora n'a jamais su prendre son temps, réellement. Elle ne saurait dire, sincèrement, si elle serait revenue à la charge avec autant de véhémence si elle l'avait seulement croisée dans un bar. S'il y aurait eu un coup de foudre immédiat, la poussant à quémander son numéro, à ranger son baratin pour essayer de trouver des phrases bien pensées. Doutait, déjà, que la belle fréquente le même genre d'endroit, qu'elles aient une chance de s'y croiser au hasard - en témoignait ce resto putain d'chic de ce soir. Peut-être, peut-être que s'il n'y avait pas eu l'obligation d'honorer ces rendez-vous, de flirter en attendant avec certitude de finir remballée, Nora ne se serrait pas acharnée. Parce qu'elle n'a pas que ça à faire, c'est ce qu'elle se dit, de perdre son temps. Mais lui avait-on vraiment dit non, avant Grace ? Pourrait essayer de retracer le fil de ses conquêtes, rencontrées au détour d'un comptoir, qu'aucune ne s'illustrerait par un éventuel refus. Trop certaine de ses charmes, Everdell, quand il s'agit d'passer une nuit. N'a jamais eu l'ambition de s'éterniser au gré d'une vraie relation, la seule s'étant révélé être un échec cuisant, du haut de ses vingt-deux ans. Se rappelle de sa copine de l'époque, nettement, au caractère certainement assez mordant pour qu'elles mettent six mois à abdiquer, et se séparer, après s'être bien laminées. Mais elle ne se souvient pas l'avoir désirée comme elle a pu désirer Grace, tout au long de cette dernière année. Avec l'idée de la savoir inaccessible, se satisfaisant du temps grapillé, au fil des séances, à se répandre en allusions salaces, remarquer que la psychologue majorait son temps de parole et ne l'interrompait plus aussi tôt que prévu.  Mais elle s'faisait pas d'films, Nora. Pas comme celui-là, celui qui s'joue entre leurs corps enlacés, leurs lèvres qui se découvrent et se capturent avec avidité. J'suis pas en train d'rêver, obligée de se le demander, quand le champagne lui fait pétiller l'encéphale et qu'elle ne saurait faire preuve de lucidité. C'est le rôle de Rivers, comme ça qu'elle s'en dédouane, Nora, peu à l'aise avec les responsabilités. Sauf que celle-ci étouffe un rire contre son visage, une fois installée au rebord du bureau, et que la brune ne peut réprimer le sourire qui s'étale sur ses lèvres, avant de repartir à l'assaut. Y'en aura, alors, aucune pour rattraper l'autre.

Et ça lui va, bien entendu, qu'ça lui va. Pouvait pas rêver mieux comme cadeau d'Noël, que de déballer Grace Rivers de sa petite robe blanche, les mains courant ses cuisses, pour s'retrouver face à Sawyer Malone. Parce que Sawyer ressemble à Grace mais pas tout à fait. Lui semble l'avoir déjà entraperçue, quelques fois, en retrouvant son regard, en se disant que cette étincelle là, elle l'a déjà décelée. Ou peut-être, simplement, est-ce Grace qui la lui a déjà dévoilée. Ne saurait le dire, Nora, si c'est quelque chose qui s'intercepte au bon moment, libérée de manière spontanée, ou si la psychologue calcule ces instants à se révéler. Pour être honnête, quand Sawyer la regarde comme ça, elle s'en fout. N'a pas l'esprit suffisamment clair pour se poser dix mille questions, et n'est pas sûre que leur résolution ait un intérêt, là, maintenant. Quand les doigts se glissent contre sa nuque, harponnent ses cheveux, la rapprochent d'un nouveau baiser, d'un nouveau rapprochement. Sawyer ne la repousse pas, ne s'enfuit pas, et c'est même tout le contraire, et ça se tord au fond de son ventre, et ça s'embrase dans ses reins, à creuser ses lombes pour enfoncer son bassin contre le sien. Un peu plus fort, un peu plus intensément encore quand le souffle s'égare contre son visage, finit par érafler la ligne de son cou et qu'ses mains empoignent les hanches de la psychologue en retour. « D'accord, Sawyer. » Le soupire, l'épiderme électrisé, le coeur affolé, les paumes incrustées contre la peau nue qu'elle devine, les pouces qui glissent contre son ventre, désormais bien invitée sous l'tissu. Peut que s'imaginer à quoi ressemble Sawyer, une fois dévêtue, à crever d'envie de déchirer cette robe qui doit coûter une putain de blinde, pour remplacer ses fantasmes par d'vraies images, pour n'plus avoir besoin de son imagination.

Rapidement, pourtant, quand la brune n'en est encore qu'à son exploration, le souffle accéléré, à traîner ses lippes contre la tempe de la psychologue, pour mieux enfouir son museau dans ses cheveux clairs, la navigation dérive et c'est le lit qui recueille son dos. Et elle recule, un peu, à prendre ses aises sur le matelas, en appui sur ses coudes. La dévore du regard, sans la moindre retenue - n'en avait déjà pas des masses, sûrement. Pour ces quelques secondes à la contempler, certainement que Nora ne l'a jamais trouvée si radieuse, si époustouflante. Et tout se détaille, sur le fil de sa mémoire alcoolisée. De ces rayonnements d'or et de cuivre qui harponnent la lumière, aux azurs crépitants qui la captivent. Aux gestes venant dévoiler ses cuisses au tissu soulevé, à la chaleur qui s'installe avec plus de ferveur entre les siennes, quand Sawyer la rejoint. Plus déesse qu'humaine aux yeux subjugués d'Everdell, l'a toujours trouvée belle, mais jamais à ce point. Jamais, à en sentir le ressac de ses envies frapper sa chair avec autant d'intensité, phalanges ramenées contre ses jambes, au galbe de ses fesses, à la cambrure de son dos. Veut la sentir sur elle, contre elle, jumeler leurs peaux et ne plus se dissocier l'une de l'autre. Veut tout, tout de suite, en témoignent ses gestes empressés contre ses hanches, la bataille de sa bouche contre la sienne, et de ses exhalations tremblantes. « Il était temps, Sawyer. » C'est ce qu'elle gronde entre deux soupirs, à se tendre au cheminement amorcé, une main frémissante encore glissée à sa nuque, qui tarde à s'en défaire. Et le gouffre lui grignote l'abdomen, à se tortiller pour lever ses pieds successivement au sous-vêtement retiré, à crever de ces attentes longtemps inassouvies, à darder son regard dans celui de son ancienne psychologue en s'rappelant le lui avoir dit, oui, sans plus de cérémonie, qu'elle pouvait la prendre, ici, maintenant, lors d'leur première rencontre, et-

Et ça s'accélère sous ses côtes, à laisser retomber sa nuque contre le lit dans un gémissement, doigts venant harponner les draps en cherchant à s'retenir, parce qu'elle le sent, qu'elle partira à la dérive, qu'y'a pas de scénario dans sa tête où Grace se retrouve à lui embrasser les cuisses, à s'glisser entre ses jambes, à s'livrer à de tels égards à son intention. Qu'ça ne peut être vrai qu'si c'est Sawyer, et qu'cette perspective lui convient, qu'elle s'demande pas c'qu'il adviendra d'ici quelques heures, ou au matin, quand Grace devra réendosser l'nom de Rivers. Y'aura peut-être de nouveau plus de place pour ce genre d'ébats et elle en soupire de plus en plus lourdement, de plus en plus fort, guibolles frémissantes aux assauts qui se mènent, à se livrer aux mains qui lui agrippent les hanches. « Putain, Sawyer, » Sait pas, Nora, si elle supplie, si elle encourage, si elle crève, si elle vit. Si à tenter d'rester immobile, d'se la jouer dans la retenue, elle n'en a pas le ventre qui se creuse encore plus fort, la gorge qui s'égare aux plaintes d'un plaisir inévitable. Et ça s'chante en tonalités saccadées, à n'savoir combien de temps ça dure, combien d'temps ça lui fracasse le bas-ventre et qu'ça ricoche en suffocations sonores contre les murs de la chambre.

D'une main franchement tâtonnante qu'elle revient la chercher, reposant un regard brûlant, brillant, dans le sien, pour la ramener sur elle avec empressement. S'emmêle entre ses jambes, à renverser la tendance, planter ses dents contre sa nuque, égarer ses respirations rauques contre son oreille. « T'as mis trente-six jupons ou quoi, » L'demande en grognant, gestes empressés se débattant avec les pans infinis de sa robe, à n'plus savoir où elle commence, où elle finit, comment ça s'assemble, comment ça se défait surtout, « putain, » Et y'a un rire qui lui monte contre les côtes, se répand à celles de sa comparse, inévitablement, à revenir poser ses lèvres encore fébriles contre les siennes, caresser sa langue en finissant par trouver son chemin sous l'amoncellement de tissu. Sans doute qu'c'est pas si compliqué qu'ça mais qu'Nora, à ce moment-là, n'a pas envie de s'égarer mille ans. Finit bien par les relever, ses jupons, comme elle dit, le bassin saisit par la houle, confronté au sien, un instant déphasée, un instant éloignée de son but premier, revenant lui gronder toute l'étendue de son désir, à l'attaque des lèvres réamorcées. Met un certain temps à s'acharner, pour lui retirer sa robe, idée fixe, certainement, depuis qu'elle l'a vue entrer au restaurant avec celle-ci. Faut du temps, une paire de jurons, avant qu'ça passe au-dessus de la tête de Sawyer, qu'Nora se retrouve à la regarder, la regarder pour de vrai, à appréhender son corps d'une main vagabonde, amorcer des chemins qui lui coulent le long de la gorge, s'attardent contre sa poitrine, traînant contre le sous-vêtement, balayant son ventre. S'invitant sous le tissu, plus bas, quand son corps entier semble enclin à se fondre au sien, à se soutenir, mais à peine, d'un coude appuyé d'un côté de son visage. « T'es encore plus belle que Grace, Sawyer, » qu'elle lui soupire contre les lippes, à effondrer son front contre le sien, aligner ses caresses avec attention, à se presser contre elle, l'oreille tendue aux soupirs, à tout c'qui pourrait s'incruster dans ses souvenirs.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


Douloureux de se dire qu’autour d’elles, le monde continue de tourner. Le silence de la chambre est ponctuellement fissuré par les coups de klaxon, que l’on entend plus loin en ville, ou les habitants imbibés qui expriment leur joie, plus bas, aux pieds de l’hôtel. L’atmosphère est cisaillée par les soupirs et le froissement des draps sous leurs doigts, qui roulent contre leurs jambes. Et tout continue à couler, avancer, évoluer ; alors que Grace semble en oublier toute substance, son existence qui frémit sous ses lèvres entrouvertes à chaque baiser déposé dans le creux des cuisses auxquelles elle se raccroche, Nora contre laquelle elle se presse, peau qui rougit sous la poigne de ses doigts tendus, qui frémit sous l’impulsion de sa langue, et de sa bouche tendue. Les idées qui s’étirent, et pétillent ; intuitivement guidée par les gémissements, les mouvements suivant les râles. Le cœur qui semble se distendre dans sa poitrine, lorsqu’elle oublie l’effroi que Son jugement lui inspirerait, au profit de ce qui pourrait éventuellement plaire à Nora. Puisque telle est son obsession, celle qui creuse une crevasse dans son ventre, qui fait tordre ses entrailles ; qu’est-ce qui plairait à Nora ? Qu’aime-t-elle ? Que veut-elle ? Qui est-elle ? Idée fixe qui se glisse insidieusement sous sa peau, cadence qu’elle tient sans faillir, paupières précautionneusement fermées, ses cheveux défaits lui recouvrant une partie du visage.

L’abandon a le goût de salvation. Nora qui l’encourage, ou qui se veut suppliciée ; n’en a cure finalement, quand le cœur semble vibrer comme un diapason, loin dans la carne – lui parait d’habitude si loin, si froid, qu’elle en avait oublié qu’il existait. Contre son front, le ventre d’Everdell est brûlant. Sous ses phalanges, l’incendie se décuple. Doucement, Grace perd le fil des râles, des souffles, et ne revient à la réalité que lorsque Nora revient la chercher. Les paupières se rouvrent, et son regard vient chercher le silence. Alors – elle remonte, se saisissant des pans de la robe noire de Nora, dessinant un trait du bout de la langue, du bout des lèvres, en suivant la ligne de son ventre, jusqu’au creux de sa gorge. Chaque seconde inscrite dans ses prunelles – de ce corps qu’elle découvre lentement, à la texture agréable du tissu sous ses paumes. D’un mouvement ferme, quoiqu’empressé, Grace fait passer le vêtement par-dessus la tête de la brune.

C’est alors que les positions s’inversent, le dos de Rivers retrouvant le matelas, le sommier vibrant de leurs mouvements. Les jambes emmêlées, renversant sa nuque dans l’oreiller lorsque les dents de Nora s’enfoncent dans sa gorge, et que ses doigts se perdent et s’emmêlent dans les cheveux noirs. L’amorce du râle est avortée par le rire qui lui est arraché, le grognement de Nora pour seule véritable ancre dans cette vague qui menacer de l’absorber toute entière. « J’avais pas envie de te faciliter la tâche. » Elle souffle, les mots secoués par les halètements passés, et l’éclat de rire qui continue à jouer de ses vibrations. Et elle l’entend enfin – le rire de Nora – et il s’agit, maintenant, alors que le monde continue de tourner, et que personne ne s’intéresse à ce qu’elles font, de la plus belle mélodie qui ait jamais fracassé ses tympans. Jusqu’à ce que les lèvres se retrouvent, et que le goût de sa langue revienne étreindre la sienne ; jusqu’à ce qu’elle se retire de nouveau, râle de frustration barrant sa bouche entrouverte. Le visage retrouve son sérieux, concentration marquée par l’entre-deux sourcils ponctué de rides qui se creusent ; se tortillant comme elle le peut afin de faciliter la tâche que Nora vient de s’octroyer, les jupons qu’elle finit enfin par passer au-dessus de la tête de Grace, elle-même bras levés afin de parfaire l’échappatoire du tissu qui la couvrait, qui lui échappe désormais.

La peau est mordue par la fraîcheur de la pièce, rapidement réchauffée par le corps de Nora qui lui revient. Les mains commencent à explorer, et tracent des chemins sur le relief de sa poitrine, le creux de son ventre, jusqu’à la naissance de son abdomen, paume se faufilant sous le tissu de son sous-vêtement. En suspension jusqu’à ce que le contact ne se fasse, Grace sent ses membres se détendre subitement, les cuisses s’écartant à mesure que Nora se fracasse contre elle. Les regards qui s’alignent, lorsqu’elle vient replacer une mèche de ses cheveux d’ébène derrière l’une de ses oreilles. Et qu’elle la regarde ; se demande si l’on peut crever de trop regarder quelqu’un. Le contour de son visage, jusqu’à l’éclat qui vrille ses yeux si clairs.

Les lippes se joignent de nouveau, soupir qui échoue contre son menton. Ses doigts s’attardent dans les cheveux de Nora, puis glissent jusque dans le creux de son dos, à frôler la chute de ses reins. Silencieuse, d’abord, aux paupières qui papillonnent avant de se fermer ; jusqu’à ce que chaque baiser, déposé sur la bouche tendue d’Everdell, ne soit ponctué d’un bruissement guttural, de soupirs d’abord lents puis égarés, ses papilles frémissant sous les sons qu’elle émet. Sans plus de retenue, et ce, même si elle ne souffle mot au commentaire de Nora – et qu’il lui semble, sous la peau, que Sawyer s’agite et raffermit sa prise sur ses hanches. Le bassin se mouvant, suivant la danse menée par la brune, les cuisses éprises de tremblements, le ventre ne tardant pas à être pulvérisé par l’étincelle qui nait, et qui se répand, l’être à la merci de cette douloureuse sensation d’alanguissement. La peau s’hérisse, alors que l’écho de sa satisfaction ricoche contre les lèvres de Nora, et lui revient dans l’instant. Lorsque ses yeux se rouvrent, des éclairs paraissent vriller l’air. Bat des cils, et retrouve le visage de Nora, qu’elle caresse du bout des doigts. Grace voudrait se souvenir de tout. De sa peau sous ses phalanges, de ces mouvements, de l’odeur de ses cheveux.

Son nez frôle celui de Nora, le sourire rassénéré à la lisière de ses lèvres. Les mains toujours logées plus bas, les pouces vaquant sur la peau découverte, suivant les frissons que ses frôlements esquissent. « Si j’avais su… » je t’aurais dit de me prendre sur mon bureau la première fois que tu me l’as proposé ; mais la phrase est suspendue dans les airs, se coince dans le fond de sa gorge. Grace ne suppose pas qu’il lui faudrait se déguiser de la sorte ; elle n’avait pas envie d’elle à l’époque, et maintenant oui. Alors que son parfum lui brûle le nez, étreint son corps, et se languit dans sa bouche ; pourrait en ravoir, en redemander jusqu’à s’écrouler de fatigue. Pourrait tout aussi bien la regarder, jusqu’à ce que l’alcool glisse en dehors de son système. Jusqu’à ce qu’elle commence enfin à ressentir la torpeur de ce qu’est réellement l’existence – celle qui fait mal, celle qui n’est pas aussi simple. La vie ne peut pas être résumée à une chambre d’hôtel, ne le sait que trop bien lorsqu’elle s’imagine ressortir pieds nus du bâtiment, le lendemain matin, d’une démarche précipitée, lunettes de soleil couvrant les cernes bleutés qui souligneront assurément ses yeux fatigués. « On a pas une autre bouteille à ouvrir ? » Saute d’un sujet à un autre, sourcil arqué en une interrogation taquine – demande sous-jacente de faire perdurer le moment.

Quelques minutes, encore,
Juste quelque minutes.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Grace n'est pas partie. Pas tout à fait. Sawyer l'a remplacée, mais ce sont pourtant les mêmes cheveux blonds entre ses doigts, les mêmes prunelles profondes qui la regardent, les mêmes taches de rousseur parsemant l'arête de son nez, à mesure qu'elle relève le visage dans sa direction. En cela, le sentiment d'urgence décroît, canalisé par la brutalité du plaisir, par la langueur qui s'incruste au fond de ses muscles, lui abandonne un temps de latence. S'attarde au souffle propagé contre son ventre, remontant l'épiderme à la découverte de son corps, les bras levés pour sentir le tissu noir, moite, passer au-dessus de sa tête. Souffle comme une gamine sur les mèches sombres qui s'électrisent, retombent en désordre devant son visage, avant de renverser la psychologue sous son poids. La crainte de jouer contre le temps, d'affronter l'éventuel doute que pourrait manifester Rivers, en si bonne voie, s'évapore lentement. Aux regards arrimés, aux souffles entrechoqués. Si les gestes qu'alignent Nora demeurent déterminés, c'est bien qu'la brune n'a jamais été que pulsions empressées, brasier insatiable, sa manière à elle de fonctionner, dans ce genre de moment. Un peu plus encore, certainement, quand c'est Grace qu'elle se retrouve à empoigner de la sorte, la chaleur de son derme qui s'imprime contre ses doigts, sa voix qui se rappelle à elle et son rire qui n'a jamais manqué de la charmer.

Tout, tout en elle semble voué à l'attiser, si bien qu'elle se le dit, que ça pourrait bien durer toute la nuit, qu'elle ne faiblirait pas. Certaine de l'énergie qui s'manifeste à son contact, elle sait pas, Nora, si ç'aurait été la même chose, sans ces mois d'absence. Si l'envie n'avait pas eu le temps de maturer de la sorte, si la terreur de la voir s'envoler, de ne plus jamais la revoir, ne l'avait pas menacée. Peur, peut-être, qu'après la manifestation de son don, de sa particularité scientifiquement explicable - elle en vient à l'espérer - au mouvement de recul de Grace, l'hypothèse de la toucher un jour se mette à relever de l'impossible. N'était déjà rien de plus qu'un fantasme à sens unique, aux yeux d'Everdell, l'genre auquel elle songeait s'être accoutumée, mais faut croire que c'est pas le cas. Pas quand elle réalise tout ce qu'elle aurait manqué, les muscles en coton des minutes précédentes, des étendues de peau claire à sa portée, émergeant entre les sous-vêtements. « Pour sûr qu'tu me l'as pas facilitée. » Sait pas si elle parle de ses jupons, ou d'la convoitise entretenue à son égard depuis ce qui ressemble à une éternité. Le gronde contre sa bouche, l'éclat tant réprobateur qu'espiègle dans ses yeux clairs, avant de dégringoler en caresses retraçant les contours d'un corps jusqu'alors imaginé. Les a longuement contemplées, ses courbes, le regard égaré aux encolures de ses pulls - et mieux encore, en été, de ses robes - durant ces longues heures d'entretien, à relever les yeux, comme une adolescente prise sur le fait. En a le coeur qui palpite, aux doigts finalement égarés plus bas, à s'inventer distillatrice de plaisir à son tour, revenir hanter son ventre dans toute sa complaisance, et recueillir le souffle de Sawyer contre le sien. Et quand les doigts repoussent une mèche, la rangent derrière son oreille, la mâchoire frémit, mais elle se retient, Nora. Fond contre ses lèvres, à abaisser les paupières, pour renvoyer au néant tout ce que peut bien lui évoquer ce geste. Il n'y a pas de place pour la salle blanche, pas de place pour Anderson, ici, et ses yeux se ferment plus fort encore, en chassant son image fugace de son crâne.

Ne veut se rappeler que de ses expirations en saccades, de ses côtes agitées en respiration désordonnée, alignant leurs suffocations contre les siennes. Se souvenir de son propre souffle, rugueux contre sa langue, des éclats balayant l'espace et le temps, concentrée sur Sawyer, à imprimer son corps contre le sien, recueillir les échos de sa satisfaction en gravure indélébile de ses tympans. En oublie jusqu'au lieu, jusqu'à ce qui a pu les mener dans cette chambre d'hôtel, à ne plus se souvenir avoir passé la réception, couru dans les rues, s'être tirées du restaurant sans même y partager le repas convenu. Saisie d'un vertige, que ses yeux s'ouvrent à nouveau, mouvement fugace intercepté, à l'angle de son champ de vision. Les pupilles se rétractent instantanément, à percevoir la table de chevet, les prospectus qui y étaient posés, auxquels elle n'avait pas prêté la moindre attention, jusqu'à ce que deux d'entre eux se mettent à léviter au-dessus de leur putain de support. Renforce sa prise entre les cuisses de la psychologue, redouble d'intensité en forçant contre ses tempes, jusqu'à ce que les feuillets se décident à regagner leur place initiale. Bordel de merde. Le coeur en secousses anxieuses, ça tambourine fort entre leurs poitrines, à l'apogée qui s'annonce, à s'dire qu'il manquerait plus qu'ça, qu'un petit accès de télékinésie mette à mal leur perte de contrôle. Mais c'est bien là que ça se passe, bien là qu'elle ne maîtrise rien, quand les émotions prennent le dessus, qu'tout pourrait trembler autour d'elle. Que Sawyer pourrait flipper, à nouveau, et qu'elle ne peut le concevoir, quand ses grands yeux clairs s'ouvrent à nouveau dans les siens, qu'Nora manquerait ça pour rien au monde.

Sawyer sourit, et Nora sourit aussi, non sans un brin de fierté affiché. Lève un peu l'menton, quand la suite de la remarque n'arrive pas, qu'elle n'a d'autre choix que de l'inventer : « ... y'aurait pas eu besoin de passer par la case resto ? » Et ça s'imprime en expression malicieuse, à s'mordre la langue avant de rire franchement, pour mieux rouler sur le côté, les jambes entremêlées, à entraîner Sawyer face à elle. « ... tu serais venue me rejoindre quand je dormais chez toi ? » Ne s'arrête pas, incorrigible, prise dans l'euphorie du moment, qui met un certain temps à redescendre. « ... tu m'aurais pas confiée à Monty ? » Sans doute qu'ça pourrait durer longtemps, à fabuler sur des hypothèses diverses et variées, avant de glisser sa main contre sa nuque, pour aligner leurs regards. « ... t'aurais pas eu peur de moi ? » Et le sourire persiste, même si son regard semble moins assuré, pour une seconde, que la requête résonne d'une crainte enfantine. T'as encore peur de moi, Grace ? Lentement, ses yeux se détachent, naviguent dans la pièce, comme si elle venait de prendre connaissance des lieux, à achever de s'allonger sur le dos. Fait l'inventaire de tout objet, bien à leur place, comme pour se rassurer à l'idée que rien ne se soit remis à bouger. C'est qu'elle ne le sent pas toujours, quand l'esprit s'emporte, met en branle tout ce qui peut se trouver à portée. « Eh, merde, ouais, élémentaire, ma chère Rivers. » Se redresse, à la remarque qui concerne la bouteille, à l'inscrire un peu plus précisément dans sa tête, cette image d'elle allongée là, sur le même lit où elle se trouve assise, un sourire persistant trop longtemps contre ses lèvres.

En un mouvement agile, Nora se retrouve debout, à dégrafer son soutien-gorge, s'en délester quand ça l'emmerde plus qu'autre chose, de continuer à le porter. Dans son plus simple appareil, elle rejoint la salle de bain, avant de lâcher une exclamation - ponctuée d'un gros juron. « Putain d'merde Rivers, faut qu'tu t'prépares mentalement. » Il lui faut environ cinq minutes pour ressortir, peignoir duveteux sur le dos, pause lascive qu'elle initie dans l'encadrement de la porte, à basculer sa nuque en arrière, jouer des épaules pour que le coton lui glisse sur l'épaule, avant de reporter une oeillade explicite vers sa compagne. « J'ai l'impression d'être quelqu'un, là. » Avec un putain de peignoir portant les initiales de l'hôtel sur le dos. The Siren Night Hotel. Et qu'elle se tourne, à improviser une petite danse sans musique, pour que Grace ait tout le loisir de les voir, les trois lettres reliées qui sont cousues sur le tissu blanc. « S, N, H. Non mais t'as vu ça, c'est pour nous, ou merde ? » Et qu'elle rigole de plus belle, à rafler la bouteille d'une main, pour revenir se jeter à genoux sur le lit, faire osciller le matelas sur son sommier grinçant, en déposant le deuxième peignoir sur les jambes de Sawyer. « Tu crois qu'ça veut dire quoi ? » S'affaire à débouchonner leur nouvelle ration alcoolisée, en lui coulant quelques regards en biais, sourire malin naissant contre sa joue gauche. « Sawyer, Nora, hot ? » Et qu'ça ricane, en achevant d'extraire le tube de liège, le regard pétillant, planté dans celui de son ancienne psychologue. On pourrait presque penser qu'elle est heureuse, Nora, à s'en fier à l'expression paisible de son regard, le genre qu'elle n'a plus arboré depuis un bail.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


Pressée contre les muscles de Nora, puis à la merci de la bataille menée à l’encontre de sa robe, tissu vaporeux qui lui est retiré en quantité, il lui semble que rien d’autre n’existe. Le corps étendu sur le matelas, une bouffée d’affection l’éprend quand, cuisses qui s’écartent instinctivement à mesure que les doigts de la brune tracent des sillons incandescents sur sa peau, le ventre vibre en accord avec les mouvements orchestrés. Le moment est simple, sans enjolivement superflu, ou calcul plein d’appréhension déconcertante. Comme souvent, en compagnie de Nora, Grace se libère – entre ses lèvres, les soupirs deviennent râles coriaces, la gorge tendue s’écorchant sous la force de ses exhalations. Il n’y a rien de plus doux, dans la torpeur raide qui engloutit sa perception habituellement rigoureuse de son entourage, que de sentir ; ressentir ; sombrer dans la félicité naissante, puis croissante, jusqu’à ce que les frissons s’étendent, et se répandent du haut de ses cuisses jusqu’à la naissance de son échine. L’euphorie est sonore, l’arrière du crâne enfoncé dans l’oreiller sous le joug de l’aise décuplée, l’un de ses bras plié sous le coussin auquel elle s’accroche, ongles froissant le linge immaculé ; l’autre raffermissant sa prise autour de la nuque de Nora, les doigts s’enfonçant peu à peu dans sa chevelure noire, de laquelle les effluves de son parfum lui parviennent.  

Les paupières de Grace se rouvrent, puis papillonnent brièvement sous la lumière de la chambrée, jusqu’à ce que les étoiles environnantes disparaissent. Les pommettes rougies par l’effort, et la béatitude persistante, sa nuque pivote, visage rencontrant celui d’Everdell dans le mouvement. Elle déglutit – et n’y pense encore rien, les sensations encore présentes dans son système, les jambes couvertes de chair de poule, et le ventre ébranlé de frissons. L’espace d’un instant, si bref pourtant, Grace voit Nora comme elle l’a vue le premier jour où la porte de son bureau s’est ouverte sur sa silhouette filiforme et sa moue griffée par l’insolence ; sans être éprise de la moindre attente dérisoire ou, en l’occurrence, de la moindre appréhension. A l’aube de ce contact inédit, le passif lui parait négligeable. Elle ne songe pas à l’effroi conjugué puis multiplié dans le myocarde, à la vue de l’inexplicable ; ou que ces retrouvailles sont le fait de semaines de silence obstiné. Non, Grace n’y pense rien – son regard harponne celui de Nora, essayant d’en apprécier tous les reflets, toutes les nuances – un rare sourire s’immisçant sur ses lèvres, s’y perdant allégrement le temps d’un battement de cils.

Evoquer les possibilités lui semble ainsi plus facile, une fois la tempe incrustée dans l’oreiller. La malice peint les traits de Nora, et celui de Grace, en retour, se fait grivois. Dans un ultime battement de cœur, elle se dit qu’elle pourrait bien y retourner ; et encore ; et encore ; et encore, jusqu’à ce que le petit matin éclaire la chambre de ses rayons, et que la fatigue s’éprenne de ses muscles agréablement endoloris. « On avait besoin du resto pour se retrouver, » elle remarque, d’une voix basse, plus qu’un souffle caressant le menton de Nora, « je ne suis pas du genre à profiter de la vulnérabilité des femmes que j’héberge – dis que je suis vieux jeu, » le sourcil s’arque, l’arc-de-cupidon s’animant sous un rictus qu’elle peine à réprimer, « et tu peux être certaine qu’on ne serait pas si tu étais encore ma patiente, » Grace se détourne, s’étirant, les bras en l’air et les jambes un peu relevées avant de retrouver sa position initiale, une main calée sous son crâne – puis le cœur s’affole à la dernière éventualité, quittant ainsi le monde des possibles pour quelque chose de plus douloureusement cruel. Le regard de Nora lui échappe, et préoccupée par l’affliction qu’elle semble lui inventer, c’est assurée que Grace lui répond : « ..est-ce que je te donne l’impression d’avoir peur de toi ? » Elle se redresse, frôle ses lèvres des siennes, laissant leurs souffles se mêler avant de lui voler un baiser du bout des lippes. Repose-moi la question demain matin.

Conversation dirigée intuitivement vers d’autres horizons, focalisée qu’elle est maintenant sur l’autre bouteille qu’elles n’ont pas encore entamée, Grace se laisse de nouveau tomber sur le matelas lorsque Nora se redresse. Ses fossettes se creusent, l’œil revigoré par le soutien-gorge qu’Everdell décroche et fait glisser le long de ses épaules, tant et si bien que Rivers finit par se caler sur ses avant-bras, la suivant ostensiblement des yeux, brûlée par la frustration lorsqu’elle rejoint la salle de bain. Et ça lui fait drôle dans le bas du ventre, de se dire qu’elle la mate, à s’en brûler les prunelles, à ne pas vouloir s’octroyer le mérite de se détourner de la vue, par élan inné de pudeur. Car de pudeur, il n’y en a plus aucune, après avoir logé sa tête entre ses cuisses ; et avoir senti sa main s’activer contre son bassin. Aucune, dont elle pourrait se parer. Aucune, qu’elle voudrait évoquer, malgré la petite croix en argent logée entre ses clavicules.

Dans la salle de bain, ça s’agace – juron qui attire l’attention de Rivers, lorsqu’elle rejoint le bout du lit à son tour, assise, jambes croisées, l’un de ses bras étendu derrière elle. La nuque se penche, et le sourire se fait plus grand encore, quand Nora émerge de la pièce inconnue, se jouant du peignoir qu’elle vient d’enfiler. Sans souffler mot, Grace étouffe d’un rire – le regard rivé sur l’épaule qui se découvre, agitant l’imagination derrière les prunelles qui, pourtant, connaissent déjà les contours du corps qu’elle vient de découvrir. « S, N, H – ça m’a l’air familier. » Elle le confirme, avant de retrouver le milieu du lit lorsque Nora s’y jette à genoux, les ressorts grinçant sous l’animation des corps. Grace glisse ses mains sur le peignoir qu’Everdell vient de lui déposer sur les cuisses, lissant le tissu sans pour autant s’en habiller – le déposant à ses côtés, sans s’y attarder outre-mesure. La bouteille qui se libère du bouchon en liège, et Rivers qui s’en empare, œillade malicieuse soulignant ses yeux clairs. Ses lèvres viennent se poser sur le goulot. La rasade balaie sa bouche, puis sa gorge, avant que le récipient ne soit donné à sa vis-à-vis – qu’elle mate, putain, elle la mate – afin qu’elle puisse également en profiter. « Sawyer, Nora, hot ? » Répète-t-elle, son pouce glissant le long de sa lèvre inférieure, prétendument subjuguée par l’idée. Un éclat étonnement roublard vrille ses prunelles. « j’en sais rien, mais ça me plait, » avant de s’étirer, les paumes se logeant de part et d’autre des genoux, plantés dans le matelas, de Nora, « tu comptes le voler, celui-là ? » la question est subtilement énoncée, lorsque ses doigts entourent les lanières de maintien du peignoir, et que ses lèvres se posent à niveau de la poitrine, là où la peau est découverte, remontant jusqu’à l’entre-deux des clavicules, enfouissant sa bouche dans le creux de son cou. Les poumons fardés de son odeur – chaque effluve lui inspirant une réminiscence, la plupart dans son bureau, puis dans son salon, jusqu’à l’encadrement de la porte de sa chambre. Lèvres tendues, les baisers sont semés de la ligne de son épaule découverte, jusqu’à son oreille où ses dents accrochent momentanément le lobe. « T'es belle, mais tu le sais déjà. » souffle-t-elle, la respiration chevrotante. Contre sa peau, le sourire s'étire davantage, avant que les baisers ne reprennent, longeant l'épiderme en sens inverse, de l'oreille à l'épaule, de l'épaule à ses clavicules, jusqu'à la poitrine qu'elle découvre. Le souffle alcoolisé qui ricoche sur le corps qu'elle embrasse, qu'elle apprend à connaître du bout des lèvres, sous la pulpe de ses doigts.



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty



grace & nora
“did you stand there all alone? oh i cannot explain what's going down, i can see you standing next to me in and out somewhere else right now. you sigh, look away, i can see it clear as day, close your eyes, so afraid, hide behind that baby face. you can drive all night, looking for the answers in the pouring rain, you wanna find peace of mind looking for the answer.” (c) (song), drake & pinterest


Pas de demi-mesure. Ni d'un côté, ni de l'autre. C'est ce qui s'exprime entre les cordes vocales de Grace, en exhalations vibrantes percutant Nora jusqu'au fond des os, encouragée à poursuivre, à redoubler d'effort dans le seul but de la satisfaire. Nulle question d'ascendant quand c'est bien l'envie de lui plaire qui s'est inscrite dans son mode de fonctionnement à son égard, tantôt illusoire, tantôt tangible comme ce soir. N'éprouve aucun besoin de la dominer, de s'imposer en maîtresse de ses plaisirs pour mieux la tenir au supplice de ses propres désirs. Il n'y a pas de ça, pas avec Grace, pas avec Sawyer, même, qui lui semble encore bien plus coriace que ce qu'en laisse transparaître la surface. Ne demeure que son souffle en ricochets de plus en plus lourds contre ses lèvres, qui sillonnent les bronches d'Everdell et les rétractent, chassant son souffle en retour. Cela pourrait durer des heures ou des secondes qu'elle n'en capterait rien, trop attachée à ces réactions dictées au rythme des caresses éparpillées avec passion. En crève, elle aussi, happée par la spirale dans laquelle elles s'enfoncent, peinant à retrouver ses esprits une fois allongée sur le flanc, quand les corps se sont détachés depuis bien deux minutes maintenant. « Les réponses à tout, c'est quelque chose que t'apprends à l'école de psy ? » Le demande une fois que Grace achève de répondre à chacun des points énoncés, avec un sourire en coin, un sourcil haussé. Bien des choses qu'elle aimerait lui répondre, Nora, s'il n'y avait pas une appréhension muette toujours bien installée au fond de sa poitrine. Ne saurait la définir, sur le moment, trop anesthésiée par les vestiges de leur danse lascive, par le champagne sifflé en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Alors, elle se lève, s'étire lentement, achève de se dévêtir. N'a jamais vraiment été pudique - sauf devant Mark - et ça se ressent, à cette manière de déambuler en assumant parfaitement ce corps offert à la lumière blafarde du plafonnier. Nul excès d'orgueil, quand l'indifférence portée à cette enveloppe dans laquelle elle est née prédomine sur toute envie de se montrer. N'a que faire des muscles qui cisèlent la finesse de ses gambettes, à de trop nombreuses reprises tranchés par le passé, en série de bâtons alignés puis barrés, cinq au total gravant la chair de stries blanchâtres ayant pour la plupart disparu à l'heure actuelle. Égale quant à sa taille élancée, cette silhouette trop longiligne s'étirant sur la hauteur, quand tout ce qui l'a toujours le plus intrigué était ce qui pouvait se cacher à l'intérieur. Saignant sa peau en espérant presque effriter ses vaisseaux en nuées charbonneuses, aisé d'afficher des étendues d'épiderme mis à nu quand Nora le sait : le pire est invisible à l'oeil, et gronde au revers de la charpente appétissante.

Elle s'imagine pourtant, qu'à trop avoir traîné le bureau de la psychologue, celle-ci aurait bien pu déceler les ténèbres en-dedans, les songes en torture incessante, et ne s'offusquerait pas de percevoir des bribes de ce qu'elle est vraiment, une fois écorchée vive. Parce que non, Sawyer n'a pas l'air d'avoir peur d'elle, mais ça a été le cas, avant. Et Nora préfère sûrement s'esquiver un instant, disparaître pour revenir parée de sa plus belle assurance, plutôt que de lui montrer quel trouble l'étreint à cette idée. Parce que si Grace a peur, à nouveau, cette nuit sera oubliée à la récidive des terreurs. Si Grace a peur, le traitement du silence lui sera réservé à nouveau, c'est en tout cas ce que la brune se dit.

Et bordel, qu'elle préfère la faire rire. L'amuser de ses gestes improvisés, de ces initiatives imposées dans la légèreté. Nora s'rappelle l'époque où c'était facile de blaguer, d'oeuvrer avec spontanéité sans qu'ça ne rime avec agressivité. Quand y'avait encore de la place pour l'accumulation de ses sourires, pour s'esclaffer de manière bien audible, à s'en tordre les côtes. Pour la tendresse, pour baisser sa garde sans craindre de déambuler les poings baissés, les crocs desserrés. Dans cette chambre, tout semble possible, pourtant. Ici, Grace ne la regarde pas comme un extraterrestre, et elle ne la voit plus comme sa psy. Ici, il est autorisé de déboucher une deuxième bouteille, de ne pas appréhender la suite, et d's'autoriser à la regarder avec tranquillité, comme si elle n'allait finalement plus disparaître au matin.

La bouteille est récupérée, portée à ses lèvres, sans que plisser les yeux ne soit nécessaire. Du bon vin, certainement, le serveur s'est pas foutu d'elles, qu'elle se dit. Le regard à nouveau planté dans celui de Rivers, qui se rapproche de manière progressive, ça ne peut que crépiter de plus belle en fond d'iris. « C'est une vraie question ? » Elle se penche sur le côté, assez pour venir déposer la bouteille sur la table de chevet. Libère ses mains, pour mieux les poser sur les genoux dénudés de sa compagne, au tête à tête retrouvé. « J'vais pas l'voler, j'vais juste l'emporter en souvenir. J'veux dire, c'est quand même nos putains d'initiales dessus, j'estime qu'on est en droit d'les garder. T'as pas l'intention de prendre le tien ? J'croyais qu'il te plaisait. » Débite ses explications de son air, à elle aussi, d'avoir réponse à tout, domaine dans lequel elle n'a jamais cessé d'exceller - à son humble avis. Le souffle plus laborieux aux lèvres qui se glissent le long de sa gorge, le derme en territoire marqué sous les baisers de Rivers. « Mais j'pourrai t'rendre le tien, à l'occas', s'il te manque. » Parce que de toute manière, ça fait un bail qu'le satin n'recèle plus l'odeur de Grace, et que Nora ne prend plus la peine de l'enfiler. Ses doigts se crispent insidieusement sur ses cuisses, y laissent des traînées exsangues en se calant plus fermement contre ses muscles, aux lippes arrimées à son cou, et puis, aux mots qu'elle abandonne à son oreille. N'a pas tort, Grace, Nora est consciente de sa beauté, bien consciente même, bien trop, diraient certains. Pour autant, sait pas si c'est de l'entendre dire par ses soins, ou la course qui reprend en sentiers épars sur sa peau tiède, mais ça se rétracte un peu plus fort entre ses poumons. « J'suis quoi d'autre, dis-moi. » Le ton est détaché, quand ça revêt pourtant une certaine importance. Se laisser définir par Grace, s'ancrer à sa perception, s'y rattacher plus tard, dans ces heures irréelles où ses propres contours se séparent.

Cheminement de ses propres gestes contre ses hanches, remontant les flancs jusqu'alors harponnés, qui se découvrent désormais dans une attention qui s'y attarde. Se rapproche insidieusement, Nora, la respiration fébrilement rattrapée quand le visage de Grace disparaît contre sa poitrine, qu'elle s'affaire à son tour à achever de la déshabiller. Le sous-vêtement est entraîné le long des ses bras dans une langueur insoutenable, tardant à la découvrir entièrement, car ça n'arrive qu'une fois, une seule, ces révélations là. Le soutien-gorge est finalement posé sur les draps, quand les mains reprennent leur course là où elles se sont arrêtées. « Belle, tout le monde peut l'être, ça compte pas. » Ça n'a jamais compté, en réalité. Et si elle-même trouve que Grace relève d'un sublime n'étant à la portée de tout le monde, c'est parce qu'elle est tant d'autres choses à la fois. Ce qui se dessine en admiration sourde, du bout des pouces retraçant la courbe de ses seins, quand ses paumes parcourent ses côtes, cherchent à saisir les battements qui y résonnent. « J'avais peur de toi, les premières fois. » Et elle se redresse, assez pour venir enjamber ses cuisses et s'y installer, inhaler dans son cou et revenir exhaler près de ses lèvres, les bras glissés autour de sa nuque. « J'avais peur que t'arrives à lire des trucs dans ma tête. Qu'tu les refiles au plus offrant. » Le museau contre le sien, à le caresser dans la langueur sans abandonner son regard, les mains qui parcourent son dos dans l'autre sens, reviennent épouser la cambrure de ses reins. « Et tu m'as fait peur, ce jour-là. » Le timbre plus bas, le coeur battant sous le peignoir, aux manches déjà effondrées jusqu'au pli de ses coudes. « J'pensais qu'on s'reverrait plus jamais. » Et sans doute qu'ça l'avait bien fait flipper, Nora, qu'ça lui avait bien fait mal, aussi, en quittant sa demeure, son sac à l'épaule, sans oser la regarder. Sûrement qu'c'est pas ce qu'elle voulait, sûrement qu'si elle le dit, finalement, c'est qu'elle est assez désinhibée pour qu'ça semble aisé.  

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


cigarette daydreams.

--- I woke up with the sun, Thought of all the people, Places and things I've loved. You can feel the light start to tremble, Washing what you know out to sea. You can see your life out the window, tonight. ☾☾, icons (c) ethereal.


L’humeur, d’abord pétillante, se distille. Dans le crâne, les pensées semblent se resserrer, et le corps s’ankyloser après que les cuisses et le bas-ventre se soient fardés d’une constellation de frissons. L’espace d’un instant, une fois que Nora s’éclipse de l’étreinte, Grace en vient à s’oublier momentanément ; oublier la raison de sa présence ici, l’imaginaire happé par son sillage, par le fantôme de la peau de la brune encore inscrit contre la sienne. Sous l’épiderme, la carne agitée, piquée au vif par les élans de volupté, lui donne encore l’impression d’être vrillée à la lisière des nerfs. Les muscles se détendent, les battements du myocarde ralentissent. Le regard aiguisé, entre les cils papillonnants, considère enfin ses alentours, coudes enfoncés dans le matelas dans un mouvement approximatif visant à se redresser. La pièce, bien qu’inconnue, lui donne une impression détonante de familiarité – peut-être est-ce à cause des vêtements éparpillés ici et là, ou de la voix de Nora qui lui parvient de la salle de bain, avant de s’ériger de nouveau dans sa ligne de mire, sa silhouette longiligne éclipsant tout le reste. Quelque chose de familier, sans doute, dans le galbe de ses cuisses, ou sa manière d’entreprendre son entourage, sans que Grace n’en soit brusquée ou effarée dans sa léthargie latente.

Tout lui semble alors naturel dans les gestes qui s’orchestrent et les mouvements qui s’exécutent. A l’aube de sa propre nudité dont elle finit par s’accommoder, à demi-mot que la pudeur se couvre de vitriol, alors que les veines battent toujours la cadence, filant aussi vite que les bulles de champagne qui s’emparent du relief de ses prunelles. Grace se rapproche. Elle se rapproche parce qu’à l’évidence, l’idée ne l’intimide plus, maintenant que les barrières ont été balayées à revers, et que le sourire, habituellement si rare, fait frémir ses lippes. A la sensation d’avoir gagné ; victoire laborieuse qui creuse un trou dans le fond de ses entrailles, sans qu’elle ne puisse clairement énoncer l’origine d’une telle émotion. A la lumière des ampoules, sur les draps froissés du lit, la thérapeute se surprend à venir s’accrocher à Nora, à lui parler avec aisance – comme si les murs qu’elle a grand pris soin d’élever ne sont plus que poussière dispersée aux quatre vents. Il est évident pourtant, que cette décontraction, cette spontanéité qu’elle n’a jamais été capable d’épeler, n’est que momentanée.

Pour autant, même si Grace porte l’effroi dans son ADN, ce n’est pas au lendemain qu’elle pense ; mais à Nora, incrustée sous sa peau, encore entre ses cuisses, dans sa bouche, dans le crâne. Elle ne prend plus la peine de tergiverser quand, les sens tour à tour amplifiées puis anesthésiés, le cœur se tranquillise et se permet d’observer un attachement flatté de tendresse. Elle se permet – vraiment – tout un tas de choses qu’elle prendrait grand soin d’évincer lorsque l’esprit est clair et rassasié, à l’affût de futilités à cabosser et de vérités à dévoiler. La vérité, pour le moment, est telle que l’entrain ne se meurt aucunement. Si Grace a toujours été habile à dénoter ses ressentis, et à énoncer ceux des autres, force est de constater qu’à l’heure actuelle, seul le brasier grouillant dans son ventre lui importe ; s’octroyant ainsi l’indulgence de montrer à Nora une appréciation qu’elle n’aurait probablement pas été susceptible d’effleurer du bout des doigts ; sobre et désagréablement exemplaire.

« Pas vraiment, non. » répond-elle, curieusement sérieuse, l’œil moins brillant, plus terne – en l’occurrence, et malgré l’agitation des nerfs, la réponse lui semble douloureusement réelle dans son hostilité. Evidemment, j’ai toujours peur de toi. Peu importe le nombre de fois où elles feront l’amour, ou si Grace se plait à se perdre dans la chaleur de ses baisers – peu importe car, si les réminiscences sont légion, le tintement de l’argenterie surplombe la relation et revient toujours se caler contre sa jugulaire. Au loin, il lui semble encore les entendre, comme les tambours acides d’une guerre à venir. Dès que les mains de Nora s’éprennent de ses cuisses dénudées, le tintement s’arrête, arraché à la réalité par un geste auquel ses doigts viennent s’accrocher. « Si l’hôtel nous demande de payer un supplément, on dira donc que ton peignoir est un cadeau de Noël en retard. » siffle-t-elle, faussement courroucée, aux lèvres glissant contre la gorge de Nora, ponctuant son chemin de baisers. Se rappelle qu’il y a un autre cadeau qui l’attend, dans sa voiture, côté passager – un petit quelque chose acheté à la volée, après moult débats internes, en se disant qu’il lui faudrait célébrer ça si la situation avec Everdell s’arrange. Petit machin emballé, qui signait ainsi une éventualité. Un monde de possibilités. Et que dire maintenant, alors qu’elle soupire d’aise le long de la gorge redessinée du bout des lippes, et que la soirée s’est engagée sur une voie à laquelle elle ne s’était guère préparée ? « Tu peux le garder, il te va mieux qu’à moi. » Contre la peau, le sourire s’affine, alors qu’elle retrace la ligne de sa nuque de ses baisers, jusqu’à la pointe de son épaule. La langueur lancinante, l’âme à vif – à l’agonie tant le ventre se tord, lorsqu’elle ne songe qu’à y retourner jusqu’à ce que la raison s’abandonne en totalité à l’ivresse fugitive. « T’es tout un monde, elle susurre en se redressant, sa paume venant épouser la pommette de la suppliciée, ses yeux clairs dépeignant le portrait flatteur de Nora, l’idolâtrie sous-jacente imprimée sur la bouche tendue, vraiment tout un monde. Je ne saurais pas de quelle manière l’exprimer clairement, je ne saurais même pas comment te le faire comprendre- mais y en a pas deux comme toi, Nora. » Que le sexe soit raison suffisante à cette bribe de déclaration ; cette idée qui lui traverse la tête lui semble malvenue – obsolète. Il n’est pas question de ça, ne l’a que très rarement été. Il s’agit de Nora, après tout, et cette raison parait la satisfaire plus qu’elle ne veut bien l’exprimer, dans cette torpeur cuisante.

Le souffle se fait court, quand Nora la débarrasse de son soutien-gorge et enjambe ses cuisses afin de s’y installer. Les paupières reprennent leur valse, essayant d’harponner chaque détail afin de se le remémorer ; se demande ce qui restera dans le crâne le lendemain, et s’il lui faut s’attendre à une myriade de regrets en guise d’étendard journalier. Pour autant, ses mains se glissent dans le bas du dos de Nora, venant flatter sa peau jusqu’à ses omoplates détendues. Le nez relevé, la respiration abrupte, pénible, quand les bras de Nora s’enroulent autour de sa nuque. Douée pour donner le change, douée pour offrir à ses pairs une figure inébranlable – indéfectible – et pourtant, tout en elle maintenant semble se fier à la danse qu’Everdell lui impose, suivant chaque mouvement avec une appréhension fébrile. L’amorce de déclaration la fait esquisser un sourire, perdue dans la clarté du regard adverse. « Pouvoir lire dans ta tête serait…quelque chose d’exceptionnel, tu ne penses pas ? Pas besoin de parler pour comprendre ce qui va, ou ce qui ne va pas. » Sa peau se hérisse, à mesure que les doigts de Nora tracent leur chemin contre ses membres. La voix s’élève de nouveau ; au lieu, le tintement aigu reprend du service. Le couteau frémit sur l’assiette. Elle va me tuer. Le couteau s’élance, lui transperce la carotide ; et dans son imaginaire, mourir ne fait pas mal. « J’avais peur aussi. » Elle l’avoue, sans préciser l’entité à propos de laquelle l’effroi était alimenté ; Grace bat des cils, son front venant se réfugier instinctivement entre les clavicules de Nora, la faisant basculer sur le lit, Grace prenant soin de s’appuyer sur ses avant-bras afin de ne pas l’écraser sous son poids.

L’embrasse, pour oublier le tintement agonisant. La redécouvre, pour ne plus entendre le martèlement assourdissant. Finit par se perdre dans ses soupirs, alors que le bruit se dissipe. Finit par ne plus penser qu’à Nora, quand l’horreur se recouvre d’un voile dans l'opacité du crépuscule.



[ sujet terminé ]




Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
cigarette daydreams (grace/tw) Empty


Revenir en haut Aller en bas
 
cigarette daydreams (grace/tw)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» My daydreams may be fake... (Pia)
» when true colors will bleed - grace
» (13/06) grace, joe, larry, ada, gideon et rj.
» grace of silence ▬ barbie
» tears in the rain -- grace

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
flw :: version neuf :: anciens rps-
Sauter vers:  
<