Life is a bitch so learn to fuck it | Tom

Une gorgée de plus c'est ce qui te manque, juste une autre petite gorgée pour éviter à ta stupide tête de penser, c'est ce que tu te dis Tommy, comme si un énième verre pouvait t'aider à apaiser tes maux, c'est une solution illusoire, un agréable traitre qui ne fera que de nouveaux ravages pour ton lendemain. T'en à rien à foutre actuellement, comme toujours, c'est un peu devenu ta philosophie de vivre si on peut dire, si on peut même appeler ça vivre, mais t'en a rien à foutre, t'es là, le cul vissé dans une vielle banquette au fond d'un bar miteux, attirant quelques regards méprisants comme à ton habitude. Tu sais ce qu'ils disent, t'es trop jeune pour ressembler à ça, t'as l'air ridicule, faut te reprendre en main, ça va encore mal finir, mais ce ne sont pas leurs affaires, ça te concerne toi et toi seul. Pourquoi t'as atterri là ce soir, c'est une bonne question, t'as plus vraiment besoin d'excuses, simplement l'envie d'être ailleurs que chez toi, de ne pas affronter le regard de ton frère, d'éviter de lui cracher à la gueule surtout, il fait de son mieux tu le sais au fond, il t'aime mais ça ça ne veut plus rien dire pour toi. Peut-être que c'est la Calloway après tout, peut-être qu'elle t'as suffisamment foutu en rogne pour que tu te retrouve ici ce soir et évidemment tu lui fera payer en arrivant une nouvelle fois en retard demain matin, avec une gueule de bois en prime et peut-être une dent en moins qui sait. Au fond tu le sais Tommy, t'es ton propre ennemi, t'as beau enfouir ça au fond de ton crâne, y'a toujours cette petite voix qui te le rappelle et ça ça te fout les nerfs alors t'aligne un nouveau verre, parce qu'au fond c'est plus simple que d'accepter que t'as un problème. T'aimerais pouvoir claquer des doigts, fondre en larmes dans les bras de ton frère, t'excuser pour ce que tu lui fait subir depuis quatre longues années, t'aimerais réussir à pleurer vos défunts parents, accepter que tout n'était qu'un stupide accident, qu'Elijah et toi pourriez surmonter ça ensemble, t'aimerais vraiment faire tout ça, mais c'est pas comme ça que ça marche, pas avec toi en tout cas. Les poings et les dents serrés, c'est tout ce que t'arrives à faire, cracher un "connard" à l'un des mecs qui te regarde de travers et ça te fait doucement sourire, parce que tu sais qu'à tout moment il pourrait éclater, comme toi et t'es soulagé dans ce genre de chaos, tu te sens vivre, t'as pas besoin de réfléchir, de laisser ton cœur s'exprimer, tu cèdes simplement à des instincts plus basiques, plus primaires, tu peux enfin lâcher prise. Y a d'autres moyens te rappelle la petite voix, ton travail, la facilité avec laquelle t'es absorbé par tes passions gamin, grâce à ça t'arrives à t'oublier, à ignorer le monde qui t'entoure mais jamais assez longtemps, pas non plus quand tu es accompagné. Instant de lucidité, penser à ton travail te rappelle Tamara et Tamara te rappelle ton frère, c'est une chaîne sans fin, t'aimerais les insulter tous les deux, peut-être même le frapper lui pour t'avoir imposer cette nouvelle vie, tu détestes cette façon qu'ils ont de se préoccupe de ce que tu fais, de te surveiller et te contrôler sans vraiment l'avouer, ça te fout en rogne parce que tu sais que t'es piégé mais t'as pas ton mot à dire Tommy, t'obéis, jusqu'à ce qu'ils craquent tous les deux. Un sourire suffisant trône sur tes lèvres à cette pensée, c'est sûrement l'ivresse qui fait son apparition, juste assez pour que tu plane tranquillement, tu te sens plus léger, presque euphorique en fait et par pur défi tu capte à nouveau le regard de cet homme pour lui adresser ton majeur, la langue tirée, coincée entre tes dents. Autodestructeur c'est comme ça qu'on devrait te décrire parce que tu sais ce qui va se passer quand l'homme s'approche et que tu l'insulte, t'es prêt pour l'impact quand il serre son poing, parce qu'au fond t'attends que ça, t'en a besoin, comme pour te réveiller, te rappeler que t'es toujours vivant dans ce monde de merde et n'obéir qu'à tes propres règles ... You know, eat or be eaten.