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--- You still know of dawn But you always return. When you hid under my black wings, They couldn't have protected you from anything. Once in flight they would have let go, You would have once again wound up below Only broken. ☾☾ icon (c) ethereal.


EXETER, OCTOBRE 2012 -- Dos calé contre la porte de la salle de bain, Gideon souffle dans le creux de sa paume, sur laquelle l’air chaud ricoche et s’accroche en retour à ses babines entrouvertes. Le goût de l’alcool, désagréable au début, s’est épris de son haleine. L’arrière de son crâne s’écrase contre le battant, yeux bleutés vers le ciel, et bras qui retombent le long de son corps élancé, tandis que la fête bat son plein de l’autre côté. La musique lui parvient de manière étouffée, à l’instar des rires et des cris ; n’est parvenu à se mettre dans l’ambiance qu’en s’enfilant verre sur verre, de manière à oublier ce qui pourrait surgir dans le recoin de ses yeux. Les basses font vibrer les murs, à moins qu’il n’ait le tournis à force d’avoir ingurgité shots et cocktails comme s’il s’agissait de petit lait, et le palpitant est soudainement ébranlé par des battements affolés. Sans en comprendre les raisons, Murdoch pose toutefois sa main bien à plat contre son poitrail, au niveau du cœur, paupières papillonnant puis se fermant. Il préférerait certainement être en compagnie de Phineas, abandonné en bas lorsqu’il s’est précipité à l’étage quelques minutes plus tôt, puisqu’il sait de quelle manière calmer ses craintes ; comme nul autre, et sans doute mieux que lui-même.

Gideon n’est pas certain du temps qu’il vient de passer dans la salle de bain, bercé par le bourdonnement de la fête, protégé dans les quatre murs et la sensation d’être, enfin, en sécurité. Car, lorsqu’il rouvre les yeux, un sourire frémit à la lisière de ses lèvres lorsqu’il constate sa solitude ; rien, aucune silhouette, aucune ombre, venue l’étrangler en un sursaut de surprise ; ou d’horreur. Anesthésié, il lui semble, les chairs se rétractant sous la peau. La sensation est étrange, sans qu’elle n’en soit douloureuse, comme s’il s’était extirpé en dehors de son corps. Rassuré, pour la première fois depuis longtemps, d’être un jeune homme (comme le dit sa mère, de bonne famille) de dix-sept ans ; pas l’héritier, ni celui qui sursaute à tout bout de champ. L’alcool aidant, loin de ces foutus manoirs, dans une baraque tout-à-fait banale, Gideon Murdoch devient l’adolescent qu’il est supposé être. Et cette idée est fardée d’une euphorie notable, tant factice que viscéralement réelle, qui le fait se soustraire à son monde de timidité, de réserve, sans que l’hésitation momentanée n’empiète sur la félicité retrouvée.

Le garçon tourne sur ses talons et déverrouille la porte, après avoir échoué à plusieurs reprises, les doigts ripant sur le verrou, front bloqué contre le battant boisé peinturluré de blanc. De sa démarche chancelante, Gideon s’élance dans les couloirs, les phalanges s’éprenant des boutons de son col de chemise qu’il décroche. Une fois sa gorge libérée, Murdoch a l’impression d’enfin pouvoir respirer, ses poumons se débloquant à chaque impulsion, le torse se mouvant à chaque profonde expiration. Ses doigts glissent le long des murs, ses yeux passant d’une photographie à une autre – loin derrière lui, à quelques kilomètres de là, les portraits de famille de gens dont il ne connait que les noms, et les rôles dans la hiérarchie familiale qui s’est étirée jusqu’à lui. La main passe du mur à la rambarde des escaliers, qui lentement descend à mesure que les marches le mènent jusqu’au rez-de-chaussée.

Le brouhaha vient du salon, vers lequel il se dirige prudemment, paume fraîche pressant l’arrière de sa nuque moite. Traîne des pieds, Gideon, dans un état second où l’esprit pétille, et le corps disparait au profit de la foule environnante. Pourtant, en un coup d’œil, il remarque le cercle d’adolescents au milieu duquel une bouteille trône. Comprend instantanément dans quoi il s’apprête à se fourrer, mais s’en empêche lorsqu’il remarque le dos tendu de Finn devant le buffet grossièrement dressé, près du punch et des cadavres de bouteilles. Du même élan oscillant, Gideon s’en rapproche et, tête légèrement baissée, cale son front contre l’omoplate de Finn, avant de le remonter jusqu’à la naissance de son épaule dans le creux de laquelle il colle son menton. Son parfum lui plait. Et ça lui fait tout drôle, dans l’estomac, de se dire qu’il a toujours bien aimé son odeur. Ses fossettes, ses boucles brunes, l’intonation grave de sa voix. Il aime bien tout ça.

« Phineas Falcon, comment osez-vous vous amuser ? » Demande-t-il, essayant d’adopter l’intonation guindée de ses propres parents, avant de s’en détacher, venant caller ses fesses contre la table sur laquelle les boissons sont éparpillées. Bras croisés contre son torse, Gideon penche lentement la tête sur le côté, paupières plissées, désignant le verre de son ami d’un petit mouvement de menton. « Tu m’fais même pas goûter ? » Babines qui se tordent en moue chagrine, battant des cils, puis son regard se détourne, l’attention attirée par les hurlements de rire qui secouent hôtes et invités, à quelques mètres de là, après qu’un baiser visiblement inoubliable ait été échangé. Inspiré, il redresse un peu la nuque, et bombe le torse. « J’aimerais bien embrasser Louise, eh…c’serait pas mal, hein. » Il fait un geste au niveau de son propre torse, illustrant la poitrine de celle vers qui ses idées convergent et vers qui tous les regards semblent se tourner – et il ne lui dira pas, oh non, qu’il n’a jamais embrassé personne ; bien que Phineas puisse certainement s’en douter. Ne lui dira pas non plus que ça ne lui dit vraiment rien d’embrasser Louise ; elle est gentille, jolie, mais l’embrasser ne lui dit rien. Les yeux bleus de Gideon retrouvent ceux, plus sombres, de Finn. « Je tourne la bouteille, si tu la tournes aussi. T’en dis quoi ? Y a personne qu’tu veux embrasser et..genre, peloter un peu ? » Murdoch manque de s’étouffer sur son propre manque d’élégance, mais il y a quelque chose de sérieux qui vrille le fond de ses prunelles – comme le désir d’être aussi insouciant que possible, puisqu’il en a enfin la possibilité. Faut entraîner Finn dans la spirale, c’est ce qu’il se dit aussi. Parce qu’il ne fera pas ça tout seul.




Dernière édition par Gideon Murdoch le Dim 7 Fév - 0:37, édité 1 fois
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mystery of love

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Dans ses rétines incertaines, c'est la silhouette de Gideon fondant sur les escaliers, et en grimpant les marches quatre à quatre qui demeure, bien des minutes après que l'ami se soit échappé. Les a observés, ses pas rendus moins agiles que d'ordinaire, à mesure qu'il s'envolait vers les hauteurs de cette petite maison. Loin des surfaces vertigineuses des manoirs, l'anxiété s'est pourtant accrochée à son estomac, à attendre qu'il se retrouve en haut, en sécurité, loin du colimaçon meurtrier. Ne peut se retenir d'appréhender ses chutes potentielles, au moins autant que les siennes, à rester au rez-de-chaussée pour n'pas avoir à hésiter cinq minutes à attraper la rampe. Déjà sept ans que le paternel s'est brisé la nuque en y trébuchant, et c'est ce qui revient hanter ses méninges dès qu'il s'attarde à la lisière de ces pentes assassines. Alors, il reprend un verre, s'affaire à en préparer pour tous ceux qui viennent le lui demander. Décrété comme le responsable des cocktails de la soirée, peut-être parce qu'à dix-sept ans, tout le monde ici s'intéresse plus aux sensations qu'au plaisir gustatif. Et ses rations sont inégales, sans qu'il ne le réalise réellement, quand tout le monde se satisfait de la brûlure alcoolisée, grimace à l'appui avant de congratuler le barman improvisé. Prendrait presque confiance en ses nouveaux talents, le garçon. Parce que ces boissons-là, c'est bien la première fois qu'il en goûte, vraiment. Il n'y a pas ce type de breuvage à la carte des manoirs, ni dans les soirées auxquelles il a l'habitude d'être entraîné par sa mère, et par celle de Gideon.

C'est à Gideon qu'il pense - et quand ne pense-t-il pas à Gideon, là est la véritable question - lorsque les rires alentours s'élèvent et que le sien manque à l'appel. Il les aime bien, tous ces gamins devenus grands, à s'être retrouvés coincés tôt dans leur petit uniforme, le cul sagement vissé sur les bancs de leur école privée. Des visages connus, d'autres moins, et il s'en rassasie certainement, à mesure que les sourires se tissent, que les prunelles s'illuminent. Il s'imagine les liens qui les mêlent, s'invente des histoires à propos de leur avenir, invente d'autres fêtes comme celles-ci et tout cet univers qui s'ouvre à eux, à lui. Les papilles imprégnées de tequila, il ne trouve pas ça spécialement bon, mais l'ivresse qui le gagne progressivement le pousse à y revenir, certainement. Dans l'analyse des réactions de son corps, Finn est en train de réaliser à quel point ses doigts fourmillent, comme son temps de réaction s'allonge, lorsque la présence de Gid revient hanter ses parages. Sent la pression de sa tête dans son dos avant de percevoir son odeur, quand ses pas cheminant vers lui sont devinés depuis quelques secondes déjà. Se dit, Finn, qu'il percevrait sa présence dans une salle bien plus bondée que celle-ci. Que c'est quelque chose qu'on ne leur enlèvera jamais, cette facilité à se repérer, à s'appréhender, à force d'avoir déambulé en jumelant leurs sens lors des nuitées d'errance.

Ses lèvres s'étirent, toujours scellées, traumatisé par deux années d'orthodontie à n'plus oser dégainer des sourires dévoilant ses dents. Il lui en faut beaucoup pour que ce soit le cas, désormais, même si les bagues ne sont qu'un mauvais souvenir depuis ses quatorze ans. Le souffle de Gideon est tiède contre son cou, et il s'y attarde un instant, à deviner sa bouche à quelques centimètres de son épaule, entre le col de son pull noir et la ligne de son cou. Incline un peu la nuque dans sa direction, pour ancrer son visage dans son champ de vision. « Je fais la promesse de n'éprouver aucune once d'amusement au moment où je vous parle. » L'éloquence traîne, la langue bute sur les consonnes et il reprend le fil de ses mélanges hasardeux au moment où la respiration de Gid abandonne son épiderme. Le sourcil est légèrement haussé, concentré sur les quantités qu'il renverse allègrement dans un verre. « Je pense que je m'améliore, tiens. » Lui attrape la main d'un geste léger, à y loger le gobelet, pour venir caler ses fesses contre la table à son tour. « Pour te donner du courage, avant de l'embrasser. » Cogne son verre contre le sien, en tâchant de ne rien renverser, fin sourire aux lèvres. Glisse un peu le long de leur perchoir, jusqu'à la rencontre de son épaule contre celle de son ami, à lui décocher un petit coup dans les côtes. « Tu penses que t'auras le courage de mettre la langue ? » L'emmerde, volontairement, à le titiller pour le voir repousser ses limites. S'il doit embrasser Louise, autant qu'il le fasse bien, qu'il ne le fasse pas pour rien. Et il vient siroter son cocktail bien trop corsé, les yeux noirs qui se plissent instantanément, à observer les adolescents qui s'approchent à tour de rôle un peu plus loin, les joues empourprées, les lèvres timides ou qui, au contraire, saisissent l'instant dans des envies mal refoulées.

Il lui faut quelques secondes, entraîné par ce spectacle hypnotisant, pour retrouver les yeux clairs de Murdoch. Les scrute un instant supplémentaire, songeur, aux questions qui s'énumèrent. Le regarde un peu trop longtemps, probablement, comme d'habitude. Comme depuis toujours. Eprouve même le besoin de s'enfiler l'intégralité de sa boisson, cul sec, pour se donner du courage, avant de reposer son verre sur la table, de se redresser, et de pivoter sur ses talons pour faire entièrement face à Gideon. « Et bien, si, Louise, par exemple. » Lève un sourcil, l'air mystérieux, avant d'esquisser un moonwalk approximatif en direction du groupe assis en rond. S'retourne de manière à afficher son dos vers Gideon, à avancer vers les autres comme s'il était courageux à ce point-là, lui. Embrassera peut-être Louise en premier, pour ce qu'il s'en fiche. Et lui, certainement qu'il mettra la langue, oui. C'est ce à quoi il pense en venant s'appuyer maladroitement sur l'épaule de l'un des garçons, celui qui s'appelle Leopold mais que tout le monde appelle Leo depuis l'enfance. S'accroupit avant de s'asseoir pour de bon, en tentant de ne pas dégommer la bouteille de ses grandes jambes, lorsqu'il les replie en tailleur. « Je vous préviens, Gideon est chaud comme la braise. » Le dit avec un petit sourire malin, en relevant ses yeux sombres sur la silhouette de ce dernier, à en détailler chaque détail jusqu'à atteindre son visage, et par conséquent, ses lèvres. Les imagine un moment contre celles de Louise, qui se tient là, dans leur ligne de mire. Lui sourit, Finn, à Gid, et cette fois, probablement que l'on verra bien une canine scintiller quand ses lippes se soulèvent.

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Ses doigts viennent arranger ses cheveux soigneusement peignés, avant de se saisir du gobelet que Phineas lui tend. Pince ses lèvres sur le plastique, pouffant dans la boisson lorsque son ami se cale à ses côtés, puis retrouve son sérieux en avalant une longue gorgée. L’alcool laisse toujours un goût étrange sur sa langue ; et Gideon n’est pas certain d’en apprécier le goût, bien que les effets sur son corps lui plaisent. S’il ne s’embête pas à les analyser, la torpeur qui s’empare de ses veines lui donne l’impression de s’envoler ; et le cœur chavire en s’imaginant loin, et si haut dans le ciel. Comme à Ischia, cinq étés plus tôt, lorsqu’il courrait après le cerf-volant de Finn ; avion en papier coloré, hors de portée, à travers duquel les rayons du soleil dansaient. Mains tendues, Phineas sur les talons, l’étendue de la plage à perte de vue. Le cerf-volant qui se décroche, et s’envole, balayé par le vent. Gideon a sauté, paumes et bras étirés, mais n’est jamais parvenu à le rattraper. Les garçons ne sont plus en Italie, n’y retourneront peut-être pas de sitôt, et rien ici ne lui rappelle le goût salé de la mer, ou le rire étonnamment détendu de Phineas après avoir été submergé par les flots ; seulement la sensation d’envol qui s’éprend de son palpitant, à mesure qu’il siffle la mixture jusqu’à la lie.

Ses lippes se détachent du gobelet dont il inspecte le fond, avant d’incliner la nuque vers son ami. « Tu t’améliores, ouais. Regarde-moi ça, j’ai tout fini. » Fier comme il est, à lui montrer son verre vide – preuve d’un talent remarquable dont il n’a d’ailleurs jamais douté. Il ne lui dira pas, non, qu’il n’est pas certain d’aimer quand c’est trop fort. Si son père boit son whisky sec, et que sa mère ne jure que par les grands vins français et italiens, Gideon se laisse emporter plus facilement par les notes sucrées. Il repose le gobelet sur la table derrière eux, avant de croiser ses bras contre son torse bombé, à se rengorger malgré lui à la question cocasse de Falcon, le coude enfoncé dans ses côtes. En grand prince, prétendant être un expert en la matière, Gideon fait mine d’y réfléchir un instant. « Bah ouais, clairement. J’veux dire, si tu embrasses pour de vrai, ça ne peut être qu’avec la langue. » Ses sourcils se froncent, éclat d’interrogation vrillant ses prunelles claire, candeur maladroite, l’air de dire j’ai raison, hein ? Parce qu’il n’est sûr de rien, en suivant le regard de son vis-à-vis, à capturer des étreintes qui semblent suivre le bon désir des adolescents concernés – des contacts légers, à l’instar d’un battement d’ailes de papillon, ou plus voraces.

Et soudain, la perspective d’embrasser quelqu’un lui fait peur. Il ne veut pas avoir la langue de Louise dans sa bouche – à moins qu’il ne doit y mettre la sienne ? Ne sait pas s’il doit agir à l’instinct, ou s’il y a un manuel qu’il devrait suivre afin de ne pas se planter. C’est à peine s’il remarque Phineas descendre de son perchoir, à venir se planter devant lui, ses dires arrachant à Gideon une maigre protestation : « Mais tu peux pas, j’ai dit Louise déjà… » Il voudrait bien le retenir aussi – j’ai changé d’avis, je veux pas le faire, je vais me ridiculiser – mais son ami part déjà à reculons, tentative ratée de moonwalk qui lui arrache un gloussement qui le surprend par sa vigueur. Les prunelles rivées vers la nuque de Falcon, qui vient de lui tourner le dos, il vient s’installer en face de lui, entre Monica (pas de langue avec elle, certainement pas) et Louise (qu’il ne parvient pas à regarder, tant ses nerfs semblent être à vif). Il déglutit en repliant son long corps, jambes croisées, mains posées sur ses genoux, et se joint aux rires alentours réveillés au commentaire de Phineas. Rien n’aurait pu supposer à quel point l’angoisse lui étreint le cœur ; qu’il n’est pas prêt, finalement, à se jeter sur la première bouche venue. Qu’il aurait mieux fait de continuer à monter la garde devant les bouteilles d’alcool. Qu’il préférerait n’être qu’avec Finn ; parce qu’il remarque les regards énamourés que Sybille lui lance, et qu’il voudrait bien lui agripper les cheveux et l’envoyer tourner en orbite, afin de ne pas risquer une éventuelle relation dont l’intensité probable l’exclurait. Ne peut pas vivre dans un monde où l’entité de Murdoch & Falcon serait amoindrie par une force extérieure (surtout au nom de Sybille). Focalisé sur les probabilités, l’avenir incertain qu’il forge par ses craintes, ses mâchoires se contractent sur le sourire frémissant. Et puis, ça ne lui plait pas du tout, l’air de rien, que Phineas embrasse quelqu’un devant lui.

Ce n’est qu’au bout de quelques secondes, hypnotisé par son propre monde, que Gideon remarque qu’il se tient en apnée ; et qu’on lui propose aussi de tourner la bouteille. Non, j’veux pas. « Chaud comme la braise, t’as dit, hein, » Il relève le nez vers Phineas, clin d’œil appuyé – alors qu’il crève, seigneur, il crève, « on va voir ça. » Gideon se penche et s’étire, bras tendu, et la bouteille tourne. Tourne, tourne, tourne. Il prie, le bougre, en se redressant, l’air assuré : pas Louise, ni Sybille, ni Monica, ni – Index et majeur croisés, ses pensées s’envolent et éclatent en un milliard d’autres prétentions ; ni lui, ni elle, ni lui, et surtout pas elle. Le goulot de la bouteille s’immobilise ; et la sentence se fait sentir comme une surprise, bien qu’il soit certainement le seul à le ressentir comme tel. Un frisson court sa colonne vertébrale, et ses yeux retrouvent le visage mutin de Phineas. « D’accord, d’accord. » Pas d’accord, du tout. Il a le cœur qui manque de s’échapper du poitrail, et il déglutit difficilement, la gorge serrée. De nouveau, Gideon incline un peu la tête, questionnant son ami d’un regard incertain ; ne sait pas trop ce qu’il fait, à s’extirper d’entre ses deux camarades, rejoignant Phineas à quatre pattes. Posté devant lui, il se redresse, et s’assoit sur ses talons. Ses yeux bleus rivés dans les siens, noirs. N’a jamais remarqué qu’ils étaient aussi foncés, d’ailleurs, jusqu’à ce que les visages se rapprochent et que les nez se frôlent. Gideon peut ressentir son souffle caresser ses lèvres ; et son cœur l’élance. Cette fois-ci, pourtant, ça ne fait pas mal. « D’accord ? »


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Phineas aime bien quitter le Manoir. Le garçon n'a jamais rechigné à aller à l'école, depuis tout môme, les yeux cernés, grand ouverts en attendant que sa mère vienne le réveiller ou, plus tard, que son réveil sonne. Il n'y a jamais eu de grasse matinée, d'alarme arrêtée en grommelant pour coincer sa tête sous l'oreiller. Sautait au pied du lit, filait jusqu'à la salle de bain, puis descendait doucement les escaliers, ce qui lui prenait déjà dix bonnes minutes. Les tartines étaient englouties - tu manges trop vite, tu vas être malade - arrosées de lait froid, si bien que parfois, il avait l'impression de ne plus même réussir à déglutir, un grand poids coincé dans la poitrine. Il a appris très tôt à réaliser son noeud de cravate tout seul, en comprenant que ce serait plus rapide qu'en attendant que la gouvernante ait un moment pour le lui arranger. En oubliait parfois son repas du midi, dans ce petit récipient bien préparé, lors des journées plus denses où il n'avait pas le temps de passer par le réfectoire. Se retrouvait sur le perron, dans son uniforme enfilé à la hâte, en train de rentrer sa chemise dans son pantalon et d'ajuster son sac sur ses épaules, bien avant que Gideon ne soit sorti. Il se perd dans ses souvenirs, Finn, comme souvent, à se remémorer toutes ces matinées à aller se poster devant la fenêtre de la cuisine des Murdoch, à faire de grands signes en direction de Gid, dans l'impatience de quitter l'enceinte de leur demeure. Et il se dit, en le voyant siffler son verre si rapidement, qu'il lui aurait évité bien des peines s'il avait été aussi vite en besogne avant l'école. « Sûr que ça se vide plus rapidement qu'un verre de jus d'orange. » Hausse un sourcil - toujours le gauche, quand il sous-entend quelque chose - sans se départir du fin sourire venu lui chatouiller les commissures. Phineas aime quitter le Manoir, quand il sait que Gideon n'y est pas non plus. Se permet d'en détacher ses pensées, alors, et ses inquiétudes.

Il a mis un soin tout particulier à se préparer, aujourd'hui. Ce n'est pas souvent que des fêtes sont organisées sans qu'ils se retrouvent chaperonnés. Alors, il porte un pull noir, cintré, qui ne sera certainement plus ajusté à ses épaules d'ici quelques semaines. C'est son pull préféré, et avec, il a enfilé un pantalon gris, élégant, et il lui semble qu'il est plutôt beau. C'est le commentaire qu'a fait sa mère en les déposant, même si ça, ça ne compte pas, parce que c'est sa mère, mais c'est surtout ce que Sybille lui a dit en arrivant. Et c'est ce dont il essaye de se rappeler, en même temps que de se tenir droit, en coulant un regard en biais à son ami, qui semble moins serein qu'une minute plus tôt. « Eh bien, je ne sais pas, qu'en dit le manuel que tu étudies à ce sujet, en lecture de chevet ? » L'heure est à la taquinerie, se poursuit en évoquant Louise - qui lui fait peur depuis ce jour de classe où, alors qu'elle se penchait pour récupérer un livre dans sa besace, il est presque sûr d'avoir senti l'un de ses seins lui frôler le bras, et a dû mobiliser toutes ses forces pour ne pas le retirer aussi sec. Raison pour laquelle, sans doute, Finn évite soigneusement d'aller s'asseoir à côté d'elle. Il ne peut réprimer un petit air goguenard en remarquant que Gid, quant à lui, ne tarde pas à venir marquer son territoire. C'est ce qu'il faut, que diraient allègrement les mâles de leurs familles, ancré dans leur mode de fonctionnement à l'ancienne. Cependant, Phineas ne sait pas de quelle manière s'y prendre, quand ses yeux s'attardent avec autant de facilité sur le profil aquilin de Leo, que dans les yeux verts de Sybille. Il se le demande, s'il devrait témoigner de ce qu'il pense, aussi. Exprimer à Leo comme son nez est bien dessiné - même si certains le moquent encore à ce sujet - surtout quand la lumière perce aux carreaux en fin de journée et que les reliefs de son visage s'arment d'ombres et de clartés mêlées. Ou bien, répondre à Sybille quand elle lui dit qu'il est beau et que sur le moment, il ne sait lui répondre que merci, toi aussi, quand il pourrait écrire des poèmes entiers sur ses iris verdoyantes. Son regard va de l'un à l'autre, en se souvenant de ne pas s'y attarder trop longtemps, par décence, surtout sur Leo, parce qu'il pourrait imaginer les petites remarques que feraient sa mère, ou son défunt père, à ce propos.

Inévitablement, la course de son analyse s'achève sur Gideon. Gideon qu'il a le droit de regarder plus qu'un autre, puisqu'ils se connaissent depuis plus longtemps, depuis l'enfance, même. Qu'il y en aurait des choses à dire à son sujet, à trop s'être usé les rétines dans sa contemplation, par toutes les saisons. Et c'est à son tour de tourner la bouteille, et il rigole, Finn. « Une évidence. » Pas du tout. N'a pas besoin d'avoir sa main posée entre ses omoplates, comme il a l'habitude de le faire à sa proximité, pour deviner les muscles contractés de part et d'autre de sa colonne vertébrale. Et ses yeux ne décrochent des siens que pour contempler les tours effectués par la bouteille, qui ralentit, lentement, qui le désigne, lui, sans qu'il ne comprenne immédiatement. Il n'y a bien qu'en relevant la tête vers Gideon que tout semble s'assembler dans ses pensées alcoolisées. Entrouvre la bouche, Finn, comme s'il allait dire quelque chose, avant de la refermer. Finit par hausser les épaules, comme si ça lui était égal, même si ce n'est pas le cas, ça ne lui est pas égal lorsque Gideon commence à s'approcher, et qu'il a l'impression de faire face à un prédateur prêt à le manger. Se raidit, un poil, à ne pas oser regarder les autres, concentré sur le cheminement de Gid, en venant lui-même rassembler ses jambes pour les replier, se positionner à genoux, reprendre un peu de hauteur. Gideon est son ami, Gideon n'en mène pas large, pas plus que lui. C'est ce qu'il se dit, en se parant d'airs assurés, allant jusqu'à esquisser un rictus lorsqu'il sent leurs nez se toucher. En réalité, à combien de reprises cette image a-t-elle pu s'immiscer dans ses rêves, rejetée au néant en ouvrant les yeux ? Si le scénario pourrait lui paraître familier, sentir son souffle sur ses lèvres ne l'est pas. Se souvient de sa respiration dans son cou, ou contre sa joue, par ces nuits à le tenir contre lui, une main plaquée sur ses paupières, quand celles de Gid s'écrasaient sur ses oreilles. Se rappelle d'inspirations et d'expirations paniquées, qui ne faisaient que de raviver ses angoisses. N'a pas de notion d'une brise tiède, alcoolisée, venant se déposer contre sa bouche. « Ben ouais, d'accord. » Le regarde droit dans les yeux, et ils sont si près l'un de l'autre que ça va le faire loucher, à force. Sûrement la raison pour laquelle il baisse les paupières, et s'avance le premier, non sans avoir ajouté : « Il est temps d'assumer ta réputation de tombeur. »

Il n'a jamais embrassé de garçon. Quelques filles, oui, mais pas de garçon. Se rappelle des lèvres sucrées, des baisers délicats, mesurés, de ses camarades de l'école, cachés dans un coin de couloir, pour ne pas se faire réprimander. S'est toujours dit, Finn, que ça ressemblerait toujours à ça. Mais ce n'est pas le cas. Ses lèvres se pressent contre celles de Gideon et il ressent une certaine résistance, l'amertume de l'alcool, son odeur plus présente que jamais, qui lui monte à la tête à chaque respiration. Alors, il change un peu d'angle, sans s'écarter, et pousse davantage contre sa bouche, contre la bouche de Gideon, et son sourire s'épuise quand il y revient pour la troisième fois, qu'il a l'impression que quelque chose commence à brûler, quelque part sous sa peau, quand ses lèvres s'entrouvrent. Qu'autour, ça crie, ça s'époumone, ça jubile, sur les notes de musique, que certains frappent dans leurs mains, d'autre sur le plancher, en encouragements éméchés, et qu'il a l'impression que tout est possible, quand sa main s'élève, vient se poser dans la nuque de l'ami de toujours. Et qu'il l'embrasse pour de vrai, quand sa langue vient chercher la sienne, et qu'son souffle se met à trembler contre le sien.

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Territorial, Gideon l’est sûrement lorsqu’il est question de Phineas. Il ne se l’avoue qu’à moitié, considérant ce chancèlement comme une part de sa personnalité qu’il n’a guère envie d’animer de ses pensées. Lorsqu’il pousse la porte, et glisse un œil dans l’ouverture qui se manifeste, il constate un univers qu’il ravale. Alors, Murdoch referme la porte et s’efforce de passer à autre chose.
Il lui semble pourtant que la porte s’entrouvre de nouveau, en voyant Finn se caler entre Sybille et Leo. Qu’à l’intérieur du myocarde, ça s’agite de mécontentement. Une colère silencieuse, qu’il sait disproportionnée, s’éprend de ses nerfs. Les élancements dans le crâne lui donnent le tournis (à moins que cela ne soit du fait que de l’alcool qui lui tapisse l’estomac douloureusement vide), et ses yeux bleus s’affaissent vers ses mollets croisés ; à se dire qu’il n’a jamais aimé que Phineas regarde quelqu’un d’autre que lui, et qu’il ne sait vraiment pas quoi faire de cette information. Jusqu’à ce que la voix de Phineas l’interpelle – jusqu’à ce qu’il le rappelle dans son monde, et que la bouteille tourne en réponse, en une valse terrifiante que le garçon aurait préféré ne jamais avoir à subir. Interloqué en voyant le goulot désigner Finn – bat des cils, ne sachant pas s’il préfère ça à le voir embrasser quelqu’un d’autre ; ne sachant pas ce qu’il fiche non plus, quand les paumes et les genoux rejoignent maladroitement le sol, parcourant les quelques mètres le séparant de sa cible en un temps record.
L’odeur de Phineas est réconfortante. Gideon a souvent eu le front écrasé contre sa clavicule, ou la naissance de sa nuque, les paumes levées afin de préserver les oreilles persécutées – parasitées. Il pense qu’il serait capable de le retrouver, yeux fermés, en se fiant uniquement aux fragrances de son parfum, à la senteur de sa peau. Suffisamment proche maintenant pour discerner plus clairement des grains de beauté, des sillons, la chaleur incandescente émanant de son épiderme ; regard incrusté dans celui que Phineas lui renvoie, la pointe des nez se frôlant, le cœur douloureux qui s’étire et menace de s’extirper de sa cage.

Dernière goulée d’air avalée, avant que les poumons ne se bloquent. Gideon esquisse un petit mouvement de recul lorsque Phineas s’avance, paupières fermées. La gorge serrée, la sensation est étrange quand les lèvres de Falcon se calent tranquillement sous les siennes. Il ne saurait pas quoi en penser, yeux ouverts, paupières qui papillonnent sous la lumière du salon – la bouche de Finn est ferme, chaude, sucrée, parfumée du dernier cocktail. Timidement, le regard toujours farouchement harponné au mur, Gideon presse un peu contre les lippes du garçon. Les paumes cramponnées à ses cuisses, ses doigts refusent de se détendre ; même lorsque Phineas lui revient une seconde fois, et que l’odeur de sa peau commence à se cramponner à son nez, mais aussi à ses vêtements. Il appuie davantage sur les lèvres de Falcon, encouragé par le bruit environnant – ce n’est pas grave, personne ne s’en souviendra le lendemain – ses soupirs mourant à la jonction de la bouche qui s’entrouvre, et lui fait découvrir le renflement des lèvres de Finn, puis sa langue. La poitrine à l’agonie sous les battements désordonnés qui brutalisent les côtes ; son cœur fait mal, mais la sensation qui farde son ventre est étrangement satisfaisante. Ses yeux se ferment, après avoir scruté l’oreille de Falcon, puis le grain de beauté ornant sa pommette.

Le grognement d’aise est étouffé contre la bouche que Gideon finit par véritablement embrasser, emporté dans l’élan par la paume qui s’agrippe à sa nuque, le déstabilisant suffisamment pour que sa main droite rejoigne la cuisse gauche de Phineas. Il n’y pense rien – l’espace d’une poignée de secondes, il n’y a que Finn ; Finn, au goût de cerise et de vodka ; Finn, dont le parfum lui rappelle le côté le plus rassurant des manoirs qu’ils ont laissés derrière, le temps d’une soirée ; alors peut-être n’est-ce pas un mystère, si les doigts de Gideon rejoignent machinalement l’une des boucles de Phineas, qu’il enroule autour de l’une de ses phalanges, puis tire doucement dessus afin de la détendre, puis de la faire rebondir. Geste qui puise sa force dans un automatisme qui lui semble inné, paume venant après prendre en coupe l’angle de la mâchoire de Finn – et si le contact ne s’éternise pas, si les applaudissements le font revenir à la réalité, le souffle devient court lorsque les lèvres s’écartent. La main relâche sa prise dans la précipitation d’oublier l’étreinte à peine avortée – alors que le fantôme de ses lèvres trône encore sur sa bouche, et que son propre souffle ricoche sur les lippes qu’il vient de quitter.

Ses yeux s’affaissent immédiatement, puis se détournent vers d’autres horizons – d’autres visages réjouis – fuyant le regard de Phineas, que Gideon est mortifié à l’idée de recroiser dans l’instant. Il se demande de quoi il a l’air ; les joues cramoisies, il l’imagine, tant la chaleur s’éprend de son visage par vagues ponctuelles, déstabilisantes. On s’est embrassé pour de vrai. L’idée s’incruste derrière le front, dans le fond de ses yeux qui s’échappent ; dans ce sourire aussi, un brin goguenard ; dans ses exhalations saccadées. Toujours sans regarder Finn, Gideon se détourne de son ami, (« regardez ça, il rougiiiit »), et rampe jusqu’à sa place initiale. Là-bas, il se coince entre les filles et croise les jambes, avant-bras surélevés sur ses genoux. Le visage faussement animé, prétendant s’enthousiasmer lorsque la bouteille tourne de nouveau, son regard clair se raccroche malgré lui à la silhouette de Finn. Inconsciemment, son pouce dessine des arabesques sur la pointe de son index et de son majeur, comme si la mèche de cheveux de Phineas s’y trouvait encore. Une nouvelle vague de chaleur lui grignote la gorge tendue, jusqu’au haut de ses pommettes. On s’est embrassé pour de vrai. Soudain, la pensée est moins séduisante qu’elle ne l’était (et pourquoi l’était-elle ?), quelques instants plus tôt. C’est bizarre. Etrange, d’avoir apprécié ; étrange, peut-être, d’avoir voulu se cramponner au col de Phineas afin de le retenir, dans l’espoir balbutiant de grapiller quelques secondes supplémentaires. Je déconne, j’ai juste trop bu. Dans un éclair précipité d’affolement, Murdoch se dit qu’il devrait boire davantage ; s’il boit suffisamment, alors la réminiscence, marquée dans ses prunelles, se dissipera d’elle-même. Lui non plus ne se souviendra de rien le lendemain. C’est un plan. Le meilleur qu’il ait eu de toute la soirée, certainement.

« Je vais prendre l’air. » Il claironne à la cantonade, à Monica, à Louise – à qui veut bien l’entendre, avant de s’extirper du cercle, et de se relever (le regarde pas, le regarde pas), la démarche titubante – il s’empresse de s’emparer d’abord d’une bouteille de vodka, à moitié entamée, puis de sa veste doublée qu’il cale sur ses épaules, avant de passer la porte d’entrée, prenant soin de la refermer doucement derrière lui.  

Gideon s’assoit sur le perron illuminé, faisant rouler le bouchon de la bouteille entre ses doigts, libérant ainsi le goulot. L’odeur de l’alcool lui pique le nez, le fait frissonner. Allez, dépêche-toi. S’il doit oublier – et il veut oublier tout de suite, ne sachant plus de quelle manière appropriée regarder Phineas –, il doit s’y mettre immédiatement. Et c’est ce qu’il fait, à venir entourer le bec de la bouteille de ses lèvres empressées. A peine le liquide s’introduit dans sa bouche, que ses papilles s’hérissent, et qu’une grimace froisse ses traits d’habitude angéliques. En ravale une seconde gorgée, combattant la douleur de la boisson, puis une troisième qu’il recrache à moitié, le gosier en feu. Ses cils battent. Il se souvient encore, pourtant.



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Phineas n'a jamais imaginé embrassé Gideon, dans la réalité. Il lui semble en avoir rêvé à quelques reprises, sans que la sensation ne parvienne à se rappeler à lui au petit matin. Toujours par ces réveils où le coeur tambourinait, les yeux bien écarquillés sur le plafond, à sentir la présence de son ami à ses côtés. Dans ces instants qu'il dégageait discrètement une jambe oubliée entre les siennes, un bras encore calé sous sa nuque, en essayant de ne pas le tirer de ce sommeil si aléatoire. Souvent par ces nuitées à s'ancrer l'un à l'autre, en l'absence parentale, commode poussée contre la porte de sa chambre, ou de la sienne, sel dispersé aux bordures de fenêtres, pour s'assurer que les voix de Jackie et Wendy seraient bien tenues à distance. Là qu'il en rêvassait, de manière totalement masochiste et stupide, ainsi qu'il y songeait. L'aile ankylosée par le poids de son comparse, repliée sur son torse, le garçon finissait toujours par lui tourner le dos, pour ne pas s'attarder sur son visage - et par dessus tout, sur le relief des lippes dont il ne parvenait à se remémorer la texture. Ce n'est pas bien, et il se le répétait, sur le ton ferme de sa mère, sur ces sujets. Le genre qu'elle abandonnait dans une petite boîte fermée, remplie de chapitres clôturés, à n'ouvrir sous aucun prétexte. Au risque d'être rangé à l'intérieur et jeté dans la benne à ordure sans plus de cérémonie. Ce n'est pas bien du tout, la joue écrasée sur l'oreiller, prunelles sombres braquées sur la fenêtre, à distinguer le ciel aussi morose que son âme, à tenter de s'imprégner de la leçon.

C'est la première fois que Phineas embrasse Gideon sans que ce ne soit l'oeuvre de son subconscient. Et il peine à se le répéter, quand il revient cogner sa bouche de la sienne, à intervalles réguliers, avant de s'y amarrer plus définitivement, en levant l'ancre sur ses pensées désordonnées. C'est bien, très bien même, que ça se bouscule en tréfond de poitrail, en palpitations volatiles lui vibrant jusque sous les cils. S'évertue à garder les yeux fermés, désormais, la main accrochée à sa nuque, le souffle en secousses affolées contre l'humidité sucrée de sa langue, à se dire qu'oui, c'est bien la première fois qu'il s'y ose. Falcon s'affaire désormais à envelopper la sienne des saveurs dansant sous le palais de son acolyte, quand il n'a fait que picorer des baisers sans saveur, à d'autres, jusqu'alors.  Et Gideon le lui rend, à son tour, amorce ses propres initiatives dans cette danse débutée sous couvert de jeu. Le muscle tendu sous les doigts subitement posés contre sa cuisse, voilà que Phineas se raidit, l'échine tendue, le fessier qui décolle un peu des talons, à se redresser insidieusement, penchant le front contre le sien. Certainement déstabilisé, l'impassible, quand il ne se rappelle pas que quiconque se soit déjà osé à poser sa main là. Rien à voir avec ses propres phalanges souvent égarées sur sa jambe, lorsqu'il est assis, bien que sa mère le lui ait souvent ordonné, tes mains, sur la table, Phineas. En sentir d'autres - et surtout, celles de Gideon - égarées là lui donnent l'impression qu'il doit y avoir erreur quelque part, au gré des signaux frénétiques que ses terminaisons nerveuses propulsent jusqu'à son cerveau. Rien ne tourne rond, mon ami, voilà ce qu'il aimerait dire à Murdoch, quand il reconnaît pourtant la traction légère qui s'exerce à la pointe de l'une de ses boucles égarées. Satanée coupe de cheveux, comme le répète sa mère, quand Phineas trouve ça plutôt cool, de les avoir laissés pousser un peu. Mais à cet instant, il ne sait plus quoi en penser, quand ça diffuse en frémissement contre son cuir chevelu, pour lui dégringoler dans la nuque. N'entend plus rien de ce qui les entoure, la paume de Gid glissée contre son visage, et sans doute que lorsque l'ami se recule, Phineas s'apprêtait à y revenir de plus belle, interrompu dans son élan.

Reste un instant suspendu, les lèvres entrouvertes, les paupières soulevées en réalisant que leur tour s'est achevé. Alors, la nuque regagne sa position initiale, cessant de se tendre vers le visage de l'ami, une sérénité inespérée persévérant à inonder ses veines. Douceur sur le visage, quand le regard de Gid, pourtant, se détourne. Et il recule lentement pour retrouver sa position, Finn, à adresser un premier sourire en coin à Leo, avant d'affronter les sourcils arqués de Sybille, dont la tempe finit par se lover contre son épaule. Tranquillité apparente, il lui semble que toute once d'alcool vient d'abandonner son système, trop occupé qu'il était à embrasser Gideon. La course de la bouteille reprend, mais il peine à s'y intéresser quand ses prunelles arpentent les mines de leurs camarades, les bras repliés autour de ses genoux, jusqu'à terminer leur cheminement sur Murdoch. Murdoch qui, quant à lui, n'a pas l'air d'épouser le plus grand des calmes. Et il aimerait en rire, Finn, lui dire que ce n'est pas la peine de tirer une tronche pareille, quand quelque chose se tord sous ses côtes, en le voyant se lever de manière précipitée. Falcon sent bien qu'à sa droite, et à sa gauche, on s'attarde désormais sur lui. Les plus proches, seulement, ceux qui trônent de part et d'autre de sa place, quand le reste des adolescents continue à aller et venir vers le centre du cercle, les baisers se prolongeant bien plus désormais. Incapable de se laisser hypnotiser par le spectacle dont la répétition a quelque chose de captivant, son regard reste accroché à la silhouette chancelante de son ami, de sa navigation bancale jusqu'à la réserve d'alcool, à sa veste, à l'entrée. Suffisamment lucide pour comprendre que quelque chose ne va pas, malgré les cocktails emmagasinés, il attend cinq bonnes minutes avant de céder aux coups de coude de Sybille, finissant par se redresser. Reprend appui sur l'épaule de Leo, s'extirpe du cercle avec moins d'aisance qu'il n'y est entré, et prend le chemin de la sortie sans même songer à se couvrir.

La brise automnale s'engouffre instantanément entre les mailles de son pull noir, mais il n'en a cure. La porte refermée avec douceur, ses pas restent un instant ancrés sur le seuil, les yeux tombant sur le dos de Murdoch. « C'est de ne pas être tombé sur Louise, qui te contrarie ? » Le ton est posé, malgré l'articulation mise à mal par les verres enchaînés. La distance est respectée, parce que Phineas s'imagine que ce n'est pas ce qui a contrarié Gideon. Ne souhaite pas mettre des mots sur la source exacte de cet isolement, cependant, pas certain d'être en mesure de l'encaisser sur le moment, encore soumis à ce moment partagé, ce moment qui lui a plu, et il ne cherche pas à se le cacher. « Je suis certain que tu n'as pas besoin d'un jeu comme celui-là, Gid, si tu souhaites embrasser quiconque. » Si tu souhaites m'embrasser, moi. Finit par le rejoindre, attrapant délicatement le tissu de son pantalon, le relevant légèrement le temps de s'asseoir - comme il a si souvent vu son père, ou celui de Gideon le faire - à se poser sur la même marche. Nul contact physique, les mains croisées sur ses genoux, le regard balayant la rue, les maisons dressées les unes à côté des autres dans une étrange similitude. « Tu ne vas pas te rendre malade, si ? » Tu ne vas pas te rendre malade, de m'avoir embrassé ? Et il reporte son attention entière sur lui, à finalement le bousculer de l'épaule, sans l'once d'un sourire aux lèvres. « Ce serait dommage, pour une fois qu'on a l'occasion de sortir. » D'un geste nonchalant, ses doigts sont déjà enroulés autour de la bouteille dérobée, pour renifler le goulot, esquisser une grimace de dégoût. « Tu n'aimes pas mieux que je te prépare un autre verre, plutôt, c'est absolument infecte. On dirait le produit que Wendy utilise pour récurer la salle de bain. » L'alcool soigneusement confisqué, coincé entre ses mains, l'air de rien. S'imagine que Murdoch n'ira pas jusqu'à la récupérer de force, quand il serait bien plus agréable de partager un cocktail. Ou de simplement rester assis ici, tous les deux, bien que subitement, Falcon doute de la capacité de Murdoch à tolérer sa présence, s'imaginant finalement que son envol lui était peut-être destiné, l'écart creusé à leurs dépens.  

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--- You still know of dawn But you always return. When you hid under my black wings, They couldn't have protected you from anything. Once in flight they would have let go, You would have once again wound up below Only broken. ☾☾ ethereal (ic).


Le goût de Phineas est toujours présent sur le bout de sa langue, à l’intérieur de sa bouche, son parfum également incrusté dans ses vêtements. Les effluves lui parviennent avec force lorsqu’un mouvement est simplement esquissé. Rien n’y fait – ni les gorgées de vodka, qui l’assomment plus que ne le font oublier comme escompté, ni la solitude dans laquelle il se perd avec fébrilité. Du haut du perron, Gideon détend tranquillement ses jambes alourdies, ses muscles se déliant tandis qu’une torpeur s’éprend doucement de ses membres. Il coince la bouteille entre ses cuisses, les mains enserrant le goulot afin de se défaire des tremblements qui agitent ses doigts crispés. Le regard bleu, cristallin, est vrillé de cramoisie. Le cœur qui pulse, qui palpite, qui s’agite ; les idées qui poussent, qui reprennent, qui se jouent de sa conception même de l’existence qu’on lui a inculquée. Et, à la jonction de ses lippes, toujours la même saveur dans laquelle sa langue baigne ; et la même étrange satisfaction qui croit dans le ventre, mêlée à une incompréhension fébrile. La sensation qui réside sur sa bouche est inexistante, fantomatique, aussi légère que le battement d’aile d’un papillon – et lorsque le goût de vodka lui détruit les papilles, et qu’il se souvient encore du baiser, de ses doigts crispés sur la cuisse de Finn, c’est sa lèvre inférieure qu’il se surprend à suçoter afin de grapiller les saveurs qui commencent à lui échapper.

Alors, c’est sans sourciller – sans s’y méprendre, non plus – qu’il se tend pourtant, en sentant Phineas dans son dos, le grincement de la porte l’ayant averti de sa présence. La douleur dans la poitrine devient langueur inconfortable – sous ses paupières fermées, il ressent son nez contre le sien, son corps qui se meut sous ses doigts, ses lèvres sous les siennes. Sa gorge se tend, et ses épaules se raidissent. Lorsque les yeux se rouvrent, impulsion orchestrée par les premiers mots prononcés par Falcon, le monde autour de lui semble tanguer. « J’suis pas contrarié, je n’vois pas pourquoi tu dis ça. » Sa langue bute, anesthésiée, incapable de prononcer les mots avec la clarté habituelle. Sous ses yeux, le sol glisse d’un côté à un autre. « Mm, merci de ton analyse, » pointe l’index dans les airs – trop conscient de l’estomac à présent à la merci des vagues de vodka qui ne tardent pas à en tapisser les parois, « j’suis bieeen content de savoir que tu m’penses capable d’embrasser quelqu’un sans une bouteille…hein, ô grand maître. » Visiblement courroucé par le commentaire, il s’étrangle toutefois à moitié de rire – les larmes aux yeux, alors qu’il ramène le goulot à ses lèvres, nouvelle gorgée qu’il avale dans sa précipitation de pouvoir regarder à nouveau Phineas dans les yeux, avant de la recaler entre ses cuisses serrées.

Instinctivement, il se laisse tomber en arrière, le corps étendu de tout son long sur les marches. Les paupières fermées, la respiration lente, lourde. « Pas malade, non, » il répond, avant de dissimuler ses paupières derrière ses paumes – geste saisi au vol par l’habitude inscrite dans son ADN. « mais j’ai la tête lourde, j’crois. » Lorsqu’il se redresse, Finn le bouscule de l’épaule – mais le visage conserve une expression hésitante, à ne pas vouloir le regarder ; parce que s’il le regarde, alors il verra ses lèvres ; lèvres qu’il a embrassées.

Et soudain, ça lui crispe le ventre, de penser que Phineas pourrait penser qu’il a apprécié le moment partagé – parce que ce n’est pas le cas, ça ne peut pas être le cas. La bouteille lui est alors tranquillement subtilisée, l’œil hagard, qui n’esquisse pas le moindre geste pour la retenir. Ses pommettes rosissent ; parce que les odeurs se mêlent, la sienne et celle de Falcon, et se rattachent à ses narines. Entendre le froissement de ses vêtements auprès de lui le fait se sentir réel, vu, et compris. Il voudrait bien tendre la main, et se saisir de celle de Phineas – comme ce qu’ils faisaient lorsqu’ils étaient petits et exploraient les manoirs, ou lorsque l’horreur devient aujourd’hui tant infatigable que seuls leurs doigts entrelacés lui donnent enfin l’impression d’être ramené là où il devrait être ; là où est sa place ; et lui octroient également l’élan nécessaire à se défaire de l’angoisse persistante. Souvent, il s’égare – mais, à chaque fois, il revient. Il lui est alors plus facile, certainement, d’ignorer le souffle de Phineas contre la ligne de sa nuque, lorsqu’il sait qu’ils ne sont qu’amis ; ignorer les poils qui se tendent imperceptiblement sur ses avant-bras ; ou ce qu’il ressent à son égard, ce qu’il ne ressent à propos de personne d’autre ; des battements de cœur qui tremblotent dans la cage thoracique, au besoin viscéral d’être dans les environs de Falcon. L’idée dérisoire, bien qu’innée, qu’il ne peut pas être sans Phineas.

Ils ne sont qu’amis, c’est ce qu’il se répète. Après tout, n’est-ce pas normal d’apprécier la présence de son plus proche compagnon ? N’est-ce pas ce sur quoi l’amitié est basée ? Chaque réflexion trouve sa réponse, forcée dans le crâne tourmenté. De toutes les situations, tous les gestes, le seul moment qui ne trouve aucune résolution est celui qui, cinq minutes plus tôt, les a vus cogner leurs lèvres.

« J’ai suffisamment bu. » Il grogne du bout des lippes, l’œil rougi par ce qui pulse à présent dans ses veines. Le réflexe lui tire sur la peau, lui qui aurait habituellement déjà heurté l’épaule de Phineas de sa joue, yeux fermés, profitant de la brise. Résolu dans son immobilité, le regard fixe sur un point que lui seul semble voir, mais toujours brutalement conscient du corps qui s’immisce à ses côtés. Corps qu’il pourrait bien frôler du bout des doigts s’il le voulait – et j’le veux pas – l’engouement de la soirée ayant subitement disparu.

Après quelques secondes de silence, Gideon se racle la gorge. « Enfin t’sais, quand je dis, pas malade, » il soupire, et hausse les épaules, « je pensais pas que ça allait tomber sur toi, » Gideon hausse de nouveau les épaules, cherchant l’inspiration qui lui manque à la lueur des réverbères plantés dans la rue, qu’il ne perd pas du regard. « enfin tu sais quoi, quoi, » le rire est bref, nerveux, « c’était un peu crade. » A peine a-t-il prononcé ce mot qu’il le regrette aussitôt – et qu’il se rend compte, par-dessus tout – et peut-être est-ce cela qui le terrorise, qu’il n’a pas trouvé ça crade. Que s’il avait un peu plus de cran, et un peu moins de préjugés, peut-être se permettrait-il de lui empoigner les joues, et de ramener ses lèvres aux siennes ; qu’il s’est surpris à apprécier son souffle chevrotant contre le sien, sa langue s’éprenant tranquillement de la sienne, et la texture de ses lèvres sous sa bouche tremblante d’anticipation. « Je veux dire-merde, Finn, » coudes posés sur ses cuisses, il enfouit son visage dans ses paumes, frustré par son manque d’éloquence, « t’es mon meilleur ami, » il reprend finalement, la tête qui se dévisse pour, enfin, toiser le visage adverse de ses yeux bleus. « c’est drôle d’embrasser son meilleur ami, non ? » Il tente, s’y essaie – échoue un peu lorsqu’au mot embrasser, son regard s’affaisse vers les lèvres de Phineas, et qu’il les remonte dans la foulée. La gorge se noue, puis se tend, lorsqu’il croasse un misérable : « enfin pas drôle, drôle, mais..merde, merde – j’suis désolé..écoute, je, j’vais rentrer chez nous-chez moi, j’crois. » puisque Gideon préfère la fuite au carnage qu’il secoue entre ses mains mal assurées; préfère le silence au balbutiement dérangeant; ou la terreur de la nuit à l'affaissement de ses prunelles lorsque les regards se croisent.




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Gideon n'assume pas sa contrariété, et il semblerait que ce ne soit pas la seule chose à laquelle il souhaite se soustraire, à en juger par le ton, l'échine raidit, tant de détails accrochant l'oeil de Phineas, rendu pourtant moins alerte par l'enchaînement des cocktails. Se sent pour sa part franchement lucide, à rejeter l'hypothèse d'une quelconque emprise alcoolisée sur la fougue soudaine de ses pensées, et de ses désirs. S'imagine simplement serein avec l'idée d'avoir apprécié le baiser, de l'avoir déjà établi au rang de premier baiser lorsque ceux qu'il a pu échanger auparavant n'avaient rien de vrai, finalement. Tout au plus de pâles répliques de ce qu'il avait pu entrapercevoir lorsque sa mère l'autorisait à regarder un film à la télé, et que les protagonistes en venaient à s'embrasser. N'avait jamais pris l'initiative d'oeuvrer autrement que du bout de lèvres pudiques, tout juste posées sur celles de ses partenaires d'expérimentation, tels qu'il les percevait réellement. Les bras restés le plus souvent ballants de part et d'autre de son corps, à frémir à la seule idée d'une poitrine à la rencontre de son torse, tendant son être vers l'arrière pour creuser la distance entre les cages thoraciques. N'aurait vu aucun inconvénient à percuter Gideon de son buste, percevoir les reliefs de sa peau sous le tissu de leurs vêtements, et cette idée flotte tranquillement dans son esprit en le rejoignant. « Bien, tu n'es pas contrarié, excuse-moi. » Le sourire au coin des lèvres, le ton se pose dans les graves gagnées à la mue de sa voix, il y a quelques années, et son séant rejoint la marche du perron. Une lueur malicieuse coincée entre les cils, avant de secouer la tête par la négative, en geste faussement exaspéré dérobé à feu son père. « Tu devrais te réjouir de savoir qu'au moins une personne t'estime à ta vraie valeur, et connaît ta botte secrète. » Comme si le pouvoir suprême de pouvoir embrasser quelqu'un relevait du statut divin. Un peu comme ça que peuvent le percevoir les adolescents, et derrière leurs grands airs, c'est tout de même ce qu'ils sont.

L'oeil détourné du corps étendu sur les escaliers à la rue aux lampadaires allumés, les lueurs s'étalent et se décomposent sous son regard vertigineux. « Mieux vaut avoir la tête lourde plutôt que d'aller jusqu'à vomir dans la propriété. » A le ton d'un grand sage, quand les paroles s'extraient naturellement du bord de ses lippes, sans qu'il ne les ait réellement calculées, comme un proverbe inventé au gré de ses pensées désordonnées. Se demande si ce ne serait que la faute à l'alcool dégueulasse qu'il lui a confisqué, ou si Gideon pourrait dégueuler leur baiser. D'une impulsion mentale, ce sale scénario est évincé, en se disant que ce n'est pas parce que Murdoch agit bizarrement qu'il faut immédiatement s'en alarmer. Trop habitué à vouloir décortiquer le moindre de ses airs embêtés, justifier les minutes fâchées pour mieux parvenir à les estomper. « Il faut peut-être faire une pause, et on pourra reprendre après. » Et tout ce qu'il énonce arbore d'autres sous-entendus implicites, le genre qui se fracasse sous son front et le plisse dans un souci presque perceptible. Ne devrait-il pas arrêter de réfléchir ? N'est-ce pas l'une des propriétés de l'alcool, de faire tourner la tête pour y arracher tout sujet de préoccupation ? Raison pour laquelle, certains deviennent alcooliques ? Aurait-il suffisamment de malchance pour être de ceux que la liqueur soumet aux remises en questions, et aux ruminations ? Phineas ne veut pas envisager ce scénario terrible après avoir effleuré un degré d'euphorie rarement appréhendé jusqu'alors. Pourtant, Gideon reprend la parole et il semble à Falcon que l'un comme l'autre ne sont pas au bout de leurs peines.

Les lèvres s'entrouvrent, comme s'il fallait interrompre les méandres d'un discours qu'il n'a aucune envie d'entendre. Pourtant, aucun son ne s'extirpe, le souffle coupé net au terme de malade qui arbore une toute autre signification, sectionné davantage quand Murdoch poursuit. Facon n'a aucune envie de dénaturer ce qui s'est imposé pour lui en instant agréable, pour le dire de manière mesurée, ou en feu d'artifice, si c'est l'émoi qui doit se laisser aller aux grandes images. Alors, quand le mot crade s'infiltre dans sa tête, il aimerait imaginer que cela n'entachera pas son souvenir. Pourtant, il réalise qu'à peine énoncé, à peine la réminiscence se retrouve salie, piétinée d'un terme qui lui reste coincé en travers de la gorge, la bouche à nouveau fermée, les yeux sombres se détachant de son ami pour se braquer sur la bâtisse qui se tient de l'autre côté de la rue.

La fenêtre du salon est éclairée, les rideaux insuffisamment opaques pour ne pas y déceler des silhouettes allant et venant, réapparaissant par intermittence quelques mètres plus loin, là où doit se situer la cuisine. Et à l'étage, c'est une nouvelle lucarne lumineuse qui s'invite, la fenêtre qui s'entrouvre et laisse apparaître les contours d'une jeune fille, plantant ses coudes dans l'embrasure, faisant craquer une allumette sur sa cigarette. Autant de détails auxquels il paraît plus aisé de s'attacher, à inventer les pensées susceptibles de bousculer cette inconnue - la raison l'ayant poussée à quitter le repas familial, à aller s'allumer une clope en sachant pourtant ses parents au rez-de-chaussée. Il devait être urgent de fumer, de s'anesthésier, pour prendre le risque d'être interrompue et démasquée. Tout occupé à lui inventer une vie lorsque la sienne se fissure, qu'aucun effort ne parvient à étouffer les mots énoncés à ses côtés, ceux qui le meurtrissent plus qu'il ne saurait le justifier.

Le silence s'étire à l'extrême, jusqu'à cet instant où il semble important de le rompre, de dire quelque chose, de crainte, peut-être, que ce dernier ne persiste éternellement. En face, la fenêtre s'est refermée, et la lumière s'est éteinte. Et dans son poitrail, lui semble qu'un acte étrangement similaire se joue, à ce moment précis. « Personnellement, je n'en fais pas toute une histoire. » Et il se lève, Falcon, époussette son pantalon gris, réajuste son pull noir sur son épiderme hérissé par la morsure automnale, baissant les yeux vers Gideon. « Je n'ai pas l'intention de rentrer, mais j'imagine que nous épargnerons deux allers-retours à Jackie. » Mettre de la distance, de crainte que d'autres paroles ne viennent s'étaler, s'ancrer de manière indélébile sous ses tempes. « Je te laisse l'appeler. » Et il lui tourne le dos, pour se diriger vers la porte d'entrée, la bouteille à la main, l'autre déjà occupée à saisir la poignée. Une sensation désagréable invitée sous le pectoral, Phineas finit bien par reporter le regard sur Gideon, l'air impassible de convenance. « T'es mon meilleur ami, Gid. Nous n'en reparlerons jamais, parce que ça n'aurait certainement jamais dû arriver, tu as raison. Oublions, veux-tu, inutile de te triturer les neurones avec cette histoire. » Et sans un mot supplémentaire, Finn s'infiltre à nouveau dans l'atmosphère lourde de la maison, le larynx étreint d'une émotion sans nom.

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--- You still know of dawn But you always return. When you hid under my black wings, They couldn't have protected you from anything. Once in flight they would have let go, You would have once again wound up below Only broken. ☾☾ ethereal (ic).


Dans un monde où les alternatives sont nombreuses, ce premier baiser a surplombé ses moindres anticipations. Dans ses songes, nombreuses étaient les filles qui défilaient sous le relief de ses lèvres ; brunes ou blondes, il n’en avait cure, l’imagination vaquant tranquillement au gré des silhouettes qui capturaient son regard. Pourtant, lorsque ses lippes se pressent et se recourbent, ce n’est pas un parfum de cerise qui l’éprend mais celui qu’il connait par cœur – celui de l’ami, celui qui rassure depuis qu’il est en âge d’apprécier ses environs, celui qui temporise les doutes et panse les plaies. Les pommettes cramoisies, la chaleur coincée dans la gorge, l’esprit distillé dans l’atmosphère. Du bout de la langue, Gideon se surprend à retrouver les arômes du baiser dans l’impétuosité de la vodka ingurgitée ; et, alors que l’échange se distancie dans le temps, les souvenirs se calent plus férocement dans son regard qui se perd. A chaque bruissement de vêtement, le cœur balbutiant lorsque la voix grave de Phineas bouscule ses préjugés, il lui semble revenir quelques minutes en arrière, la boucle brune enroulée autour de l’index tendu, l’abdomen et la poitrine à l’agonie sous les assauts répétés de Falcon. « Ne t’inquiète pas. » répond-il simplement, essayant de combler le silence qu’il esquisse lui-même par ses interventions chancelantes, l’intonation basse, le regard rivé vers la rue. Ne t’inquiète pas, et arrête de parler s’il te plaît ; je ne peux pas penser à autre chose que toi si tu me parles. Et ça lui fissure le myocarde, à peine la pensée s’élance dans le crâne, les yeux toujours fixés sur la lueur émise par les réverbères. Ses cils papillonnent, perdition visible, autant émotionnelle que physique, qui alimente le reflet désordonné de ses prunelles. « Tu parles d’une botte secrète. » Pour un peu, sa main se tendrait et s’agripperait au genou de Phineas afin de lui signifier ses excuses muettes – les humeurs sont changeantes, redoutables parfois, et si la patience de Falcon est exemplaire, alors les regrets immédiats de Gideon le sont tout autant. Ses mains froides restent toutefois coincées entre ses cuisses serrées, le regard reste fixe, et le visage résolument immobile.

« Ne t’inquiète pas pour ça, je ne compte pas me couvrir de honte une nouvelle fois. » Aussitôt, les mots sortent en réponse à la remarque de Finn – la contrariété se fait plus difficile à manipuler, l’aigreur piquant chaque élan de spontanéité avec férocité. La voix de Phineas revient lui taquiner les tympans, et ses mâchoires se contractent en réponse. On pourra reprendre quoi après ? Le fantôme de la bouche s’éprend de la sienne. Leurs souffles se mêlent. La main de Finn s’agrippe à sa nuque. Ses perspectives s’ouvrent et c’est sans attendre qu’il se dégage du souvenir encombrant, et retrouve Son cœur se contracte douloureusement, se délie dans sa cage thoracique. Les os de sa cage thoraciques semblent se fissurer à chaque battement, tant l’affliction s’intensifie à mesure que les secondes se chevauchent. Il n’avait jamais imaginé Phineas – jamais, jamais, jamais. Gideon savait seulement qu’il ne voulait pas le voir embrasser quelqu’un ; mais ça voulait sûrement tout dire et n’importe quoi à la fois. Ca ne veut rien dire pour moi. Il s’est tendu, pourtant, sous les doigts de Finn. Les émotions, également, l’ont accablé d’une douleur viscérale, loin dans son ventre, et d’une sensation étrange de salvation. Ses dents se serrent. Ses yeux se referment sur sa contemplation des réverbères, s’enlisant ainsi dans les ténèbres. Pourtant, il lui est impossible d’ignorer la proximité de Phineas, la chaleur émanant de son corps installé à ses côtés, incapable de ne pas vouloir s’y abandonner, incapable de ne pas vouloir le toucher – de manière innocente, puisant l’acte dans un automatisme qu’il est toutefois susceptible de contrôler pour l’heure.

Et lorsque les yeux se rouvrent, et que les saloperies sont lâchées dans l’instant, le visage se détournant afin d’observer celui de Finn, Gideon remarque enfin la portée de ses remarques. Le regard de son ami lui échappe, au moment où il le recherche, la détresse en étendard sous lequel il se dresse. Le silence s’étire – et pour un peu, Murdoch aurait voulu lui étreindre le genou, s’excuser, lui dire qu’il est vraiment idiot, et qu’il ne faut pas l’écouter. Ses tergiversations lui indiquent pourtant la personne qu’il est réellement – et ça l’écœure, autant que ça le rassure. Il lui est simple alors, d’effacer le moment passé d’un revers de la main, de prétendre que c’est crade alors que ses lèvres brûlent encore de l’étreinte imposée par la satanée bouteille ; que l’odeur de Finn lui brûle encore les narines, et que, finalement, ça ne lui soulève aucunement l’estomac. Que jamais il ne s’est senti autant ébranlé par un contact, et que surtout, l’espace d’un instant pourtant si court, Gideon en est venu à oublier l’horreur que ses prunelles exorbitées rencontrent au quotidien. Lorsque les lèvres de Phineas se sont heurtées contre les siennes, s’entrouvrant afin que les langues se rencontrent, que ses doigts ont laissé leur marque le long de son cou ; Gideon a oublié qu’il avait peur.

Il resserre le col de son manteau autour de sa gorge tendue, décontenancé lorsque Phineas brise le silence, se levant dans la foulée. La douleur devient supplice, à la vue du corps de Falcon qui se détourne. Mais tu le mérites, ça, et tu le sais bien. « Finn, c’est pas ce que je voulais- » mais il s’arrête, le souffle ravalé face à son hypocrisie croissante – c’est tout-à-fait ce qu’il souhaitait dire, malgré ses remords, et l’acidité de ses propos éhontés. Le nez relevé, haïssant le regard que Phineas daigne lui accorder – tout en l’adorant, tout en souhaitant que jamais il ne se détourne de lui. Un ami ne ferait pas ça ; un ami ne le laisserait pas tout seul, les fesses ancrées sur le perron, sous la lumière des néons. Tu le mérites aussi pourtant. « D’accord, d’accord…oui, je vais faire ça. » Gideon se détourne sans attendre, bouteille à la main, prêt à franchir la porte d’entrée – prêt à l’abandonner, comme s’il n’était rien de plus qu’une vulgaire œuvre de charité. C’était bien la peine de venir me voir si c’est pour filer dès que tu n’as plus envie de m’entendre parler, mais l’aigreur est anesthésiée, et le soupir extirpé d’entre les lèvres humides efface le venin. Le cou dévissé afin de suivre l’ascension, et le départ imminent, de Finn, c’est tendu qu’il intercepte ses derniers mots. Bat des cils – heurté, à son tour, d’entendre sa propre conformité se dérouler dans l’atmosphère, se parant de la voix de son ami. « Oublions tout ça, approuve-t-il, avant que Finn ne lui échappe définitivement, la porte se refermant derrière lui en un craquement sonore, parce que ça ne veut rien dire, de toute façon. » finit-il, en se redressant. Phineas ne reviendra pas, et tu l’as bien mérité. Sa main se glisse dans la poche de son manteau, dégainant le téléphone de la doublure du blouson. Immobile dans son malheur ; à souhaiter l’attention de Finn autant qu’il s’évertue à la rejeter. A vouloir le voir, le sentir, dans son sillage. A vouloir coller sa joue contre son épaule.

Mais il ne le fera pas, non.
Tout simplement parce que ça ne veut rien dire.



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