a little bird is content with a little nest. (soledad)

Tu jongles avec les mandarines pendant que ton repas se réchauffe dans le micro-ondes pour passer tout le temps et en fait tomber deux au sol qui roulent sous le meuble de la cuisine. « Merde ! » Ne devrait pas se surprendre à faire des bêtises et pourtant, impossible de se faire à autant de maladresse quand profiter de la vie la nouvelle manière de voir l’avenir. Loin de la souffrance, loin de la Norvège et des tortionnaires qui veulent te voir revenir pout dire adieu à cette liberté que tu mérites amplement. Le bip qui se fait entendre alors qu’il est déjà plus de 22 heures, commence à prendre l’habitude de rentrer tard pour se nourrir dans un moment qui devrait être proche de celui du sommeil réparateur. Juste avant de récupérer une nouvelle fois l’appareil photo, pour de nouvelle aventure. Plusieurs fourchettes plus tard, le téléphone se met à vibrer à plusieurs reprises alors que tu découvres plusieurs messages d’une cliente rapidement devenue une amie et peut-être un peu plus si tu comprends bien. N’a jamais eu vraiment la chance de connaître de bonnes relations pendant l’enfance, commence seulement à découvrir ce nouveau monde. Soledad Blackwell qui souvent vient poser pour plusieurs clichés, naturellement belle et faire pour la figuration quand armée de ton sourire tu l’accueils chez toi pour la journée. Ce qui au début n’était qu’une simple séance professionnelle se modifia rapidement pour devenir de l’amitié avec l’option plus si affinité. Ne demande qu’à découvrir le sens même du mot plaisir à chacune de vos entrevues, ne sait pas atteindre le bonheur et pense que le début du chemin se trouve dans cette direction.

Tu n’as pas peur de quitter ton appartement pendant la nuit, la ville est beaucoup plus belle à cette heure de toute façon et tu as tout ce qu’il faut pour te protéger s’il quelque chose t’arrive. Les entraînements avec ta cousine qui commencent à véritablement montrer de beaux résultats, un service en échange d’un autre alors que lui enseigner l’art de contrôler le feu te permet d’apprendre les arts martiaux. Tu prends un taxi et rapidement arrive devant la demeure Blackwell, toujours aussi imposante depuis ta dernière visite la semaine dernière. N’a jamais croisé les frères et sœurs de Soledad, mais se dit que ça pourrait arriver à tout moment et que se serait même une bonne chose de faire connaissance avec la famille, c’est ce que font les amis. Tu penses.

La porte de la voiture qui se referme alors qu’elle s’enfonce à nouveau dans l’obscurité, tu redresses ton petit sac sur ton épaule et t’avance devant l’immense entrée en appuyant timidement sur le bouton de la sonnerie. Le son qui retentie dans toute la bâtisse alors qu’il ne faut qu’une petite minute pour qu’une vieille dame ne t’ouvre, un léger sourire sur le coin des lèvres. « Que puis-je pour vous, mon enfant. » Tu hoches la tête, n’a pas eu l’occasion de la voir non plus, il faut dire que vous êtes restées dans le jardin la dernière fois ne croisant personne. Tu affiches un sourire sincère et penche le visage en plissant les yeux. « Bonjour madame, je suis une amie de Soledad. Elle m’a dit de venir. » Elle hausse un sourcil comme si elle n’avait pas l’intention de laisser entrer comme ça, sûrement méfiante qu’on vienne frapper à la porte pendant un horaire aussi tardif. « Une petite minute. » Elle referme la porte et tu tournes presque sur toi-même sans te poser plus de questions, sûrement qu’elle va chercher la jeune femme alors qu’une lueur apparait dans tes pupilles à l’idée de la retrouver.

Tu n’avais pas l’habitude qu’on te ferme la porte au nez comme ça, mais ne prend même pas le temps d’appuyer sur ce point tant tu sais qu’il est possible de faire pire dans ce monde. Ce n’est que le premier niveau, l’élément visible d’un Iceberg qui n’a pour avenir que de couler de plus en plus jusqu’à disparaitre pour de bon. Un véritable bonheur pour cette planète, une impatience qu’il nous est impossible à comprendre. La porte s’ouvre à nouveau et tu rentres après invitation en suivant la jeune femme qui n’a pas l’air dans son assiette comme dit dans son message, même toi commence à avoir une petite appréhension que de la suite des évènements. Tu n’as pas l’habitude d’être une amie, d’être une confidente et une amante, ne sait pas comment il faut faire dans ce genre de situation alors que tu caches le malheur derrière un faux sourire et un rire plus cristallin qu’autre chose. Ne sait pas comment faire, n’a jamais eu l’occasion d’apprendre. Vous arrivez jusqu’à ce qui semble être sa chambre et tu penches légèrement le visage quand tu vois qu’elle ferme la porte, comme une fugitive. Tu n’aimes pas être enfermé, tu n’as jamais aimé ça. Trop de fois dans ton pays d’origine à te retrouver entre des murs que tu ne connaissais pas sans aucune liberté, sans le moindre libre arbitre. Comme un oiseau en cage.

Tu as pourtant la force de ne pas y penser et de faire confiance à Soledad que tu commences à connaître depuis pas mal de temps. Elle ne pourrait pas te tendre de piège, pas elle. Et de toute façon, elle possède assez d’argent pour ne pas accepter le moindre pot de vin de ta famille qui avec un peu de chance ne sait même pas que tu es à Exeter. Tu aimerais que se soit le cas, du moins. « Une mésaventure ? » Que tu murmures et clignant plusieurs fois des yeux comme pour essayer de comprendre, d’assimiler la réalité d’une situation qui tu le sais ne sera pas agréable pendant plus minutes, plusieurs heures. Ne prend pas tout en compte, comme une évidence du fait que tu ne risque pas de partir, pensant que la fuite n’est pas possible surtout dans une relation naissance comme la vôtre. N’a pas le temps de le rajouter qu’elle retire un vêtement pour te montrer l’étendu des dégâts, alors que ton regard passe avec attention sur les blessures. Tu as l’habitude d’en voir, pourtant le pincement que tu peux ressentir au cœur est bien réel, ce n’est pas agréable de voir cette personne importante pour toi, dans une souffrance tant physique que psychologique à n’en pas douter.

Elle ne veut pas en parler et se changer les idées, mais tu ne comprends pas très bien ce qu’il se passe, ce que tu fais ici. Elle ne sait rien de ton passé et ne doit pas penser que tu as vu des horreurs pires que toutes les guerres. Elle veut du réconfort, que tu peux lui apporter sans le moindre doute, même si tu n’es pas douée pour ça, tu veux bien essayer. Les mains ouvertes en hauteur, avec douceur toujours accompagné d’un regard compatissant, tu essaies d’approcher doucement pour ne pas la brusquer, pour ne pas lui faire mal. « Tu ne veux vraiment rien me dire ? » Tu hausses les épaules en posant une main sur sa joue, presque avec autant d’attention qu’avec un proche. Avec la même douceur dont tu es capable de faire preuve depuis plus de six ans maintenant. L’attention qui reste la même, comme pour attendre la suite, ne sachant pas quoi dire, ne sachant pas quoi faire. Juste se contenter d’être là et rien d’autre, comme un ange qui passe.