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 every time i close my eyes, it's like a dark paradise; bobby.

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Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
damné(e) le : o26/11/2023
hurlements : o402
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/cs) fürelise (gif) overgrons (lyrics) brel.
bougies soufflées : o48
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-- every time i close my eyes,
it's like a dark paradise.
ft. @bobby horton
    Il s'était installé dans un coin reculé de la forêt, là où personne ne viendrait l'interrompre dans son expérience parentale. Il devait prouver à ses enfants qu'ils étaient toujours une famille, qu'ils n'avaient pas à se conduire comme des étrangers lorsqu'ils se croisaient dans la maison qu'ils partageaient pourtant. Vince avait refusé de l'accompagner en prétextant avoir des devoirs à faire ; mais le père de famille savait que ce n'était qu'une manière de l'envoyer sur les roses sans le blesser pour autant. Sofia, de son côté, n'avait pas pris cette peine. Elle avait décliné l'invitation en précisant à son géniteur qu'elle préférait que Miranda sorte avec Travis plutôt que de se geler les miches dans une tente avec son père. Il ne savait pas qui étaient ces gens, n'avait pas eu le temps de poser la question, l'adolescente déjà retournée dans sa chambre.
    Le plus jeune de ses enfants avait ensuite essayé de convaincre son père de ne pas partir, qu'il ne survivrait certainement pas à une nuit dans la forêt alors qu'il s'y trouvait sûrement un tas de dangers auxquels ils ne pouvaient penser. Rhett était pourtant formel, il parviendrait à passer la nuit, observerait les étoiles, puis reviendrait victorieux dans leur domicile. Peut-être que cette victoire saurait inspirer Vince et que ce dernier finirait par accepter sa proposition ; il comptait beaucoup là-dessus. Lorsque June était encore avec eux, c'était elle qui mettait ce genre d'activité en place, qui organisait des surprises qui devenaient des traditions. Rhett ne savait comment s'y prendre, n'avait pas l'énergie pétillante de son ex-femme qui lui permettait d'attirer le monde entier dans ses idées folles.

    Il avait quitté le domicile en fanfaronnant sur une nuit magnifique à venir, s'était habillé de son plus beau pantalon saumon et d'une chemise bariolée pour donner une ambiance de vacances à son excursion ; cela pouvait fonctionner, il le voyait dans le regard de son fils. Les affaires chargées dans la voiture, il avait pris la direction de la forêt en chantonnant dans la voiture, comme lors de leurs départs en vacances, lorsque les petits étaient encore petits. L'installation avait été laborieuse, mais il avait fini par comprendre comment monter la tente seul. La nuit était tombée rapidement, tout juste le temps d'envoyer un message aux enfants pour leur dire qu'il comptait faire griller des marshmallows sur un feu de camp, puis regarder les étoiles avant de s'endormir. Il reçut des réponses mitigées ; Sofia répondit ok vieil homme ; Vince accorda un bone soiré jtm.

    Le froid s'infiltrait dans son sac de couchage, le faisant regretter de ne pas avoir emmené de couverture supplémentaire. Il tremblait, les bras rapprochés de son torse pour essayer de contenir sa chaleur corporelle au plus proche, pour espérer ne pas rester dans cet état toute la nuit. Il avait envie d'uriner, mais redoutait l'instant où il sortirait de son semi-confort pour affronter la nuit noire ; ses doigts le faisaient souffrir tant ils commençaient à devenir bleus. La situation le faisait râler dans sa barbe, vexé de constater que ses enfants avaient raison ; c'était une idée de merde. Mais il refusait de leur accorder cette victoire, terminerait la nuit en pestant contre le froid puis reprendrait la route de leur maison au petit matin. Pour l'heure, il devait soulager un besoin pressant.
    Les bruits contre la toile de tente lui indiquaient qu'il pleuvait. Il ne manquait qu'un feu de forêt pour parfaire le tableau de l'échec, à ce rythme, il lui faudrait implorer Dieu pour terminer la nuit sans attraper une pneumonie. La main tremblant à cause du froid, il ouvrit la fermeture éclaire avant de se glisser en dehors de son cocon de chaleur. Frigorifié, il fit quelques pas sur le côté pour atteindre un arbre et faire ses affaires. La pluie se frayait un chemin dans sa nuque, dégringolait dans son dos en trempant ses vêtements et ses cheveux qui commençaient à lui coller au front. Il frotta ses mains pour les réchauffer en se retournant pour reprendre le chemin de son couchage en espérant s'endormir le plus rapidement possible.

    En faisant volteface, il s'immobilisa, un léger cri coincé dans la gorge. Un homme se dirigeait vers lui, l'avait presque atteint lorsqu'il posa ses yeux sur lui. Il faisait sombre, Rhett ne pouvait apercevoir que la silhouette de la personne alors que ce dernier prenait la parole pour le mettre en garde d'un subit : il faut partir ! Les sourcils froncés, le psychiatre essaya de mettre les évènements en ordre dans son esprit, de comprendre ce que lui voulait l'autre homme et, surtout, ce qu'il attendait de lui. Il ne voyait aucun danger autour d'eux, ne voyait aucune raison de s'inquiéter. « — Vous avez besoin de quelque chose ? Vous êtes en danger ? » Il pensait être le seul être vivant des alentours, ayant fait exprès de s'installer dans un coin qu'il pensait abandonné. Il commença à marcher vers sa tente en s'empressant de lui proposer de s'abriter avec lui ; mais l'homme ne répondait pas à ses inquiétudes. « — On va chercher des secours, attendez ici ! » Maintenant qu'ils étaient vers le campement, la lune les éclairait mieux. Ils pouvaient voir devant eux, mais auraient besoin d'une lumière plus vive s'ils comptaient se frayer un chemin entre les arbres pour retrouver la voiture et rentrer en ville.

    Rhett devait écourter son excursion pour venir en aide à cet homme, il ne pouvait le laisser seul dans les parages alors qu'il répétait qu'il fallait se sauver. Il avait arrêté de l'écouter, comprenant que l'autre homme ne lui donnerait aucune précision sur sa situation, se contentant de s'égosiller que l'heure était trop grave pour trainer. Rhett sortit alors de sa tente après avoir attrapé de quoi les éclairer jusqu'à la voiture ; son téléphone et un briquet. Il comptait se servir de la lampe torche de son appareil et laisser l'autre outil à l'inconnu pour qu'il se repère grâce à la lueur de la flamme. Il sortit alors en s'adressant à lui : « — Tenez, prenez ça, ça vous permettra de vous repérer dans le noir. » Il fit claquer le déclencheur pour faire briller la flamme, avant de lui tendre pour qu'il l'attrape. Ce fut à ce moment précis que la lumière éclaira le visage de l'individu, et pire encore, que ce dernier s'élança sur lui pour l'empoigner. Le geste vif, Rhett fit un bond de côté pour l'éviter en s'empressant de crier, les membres pourtant engourdis par le froid qui l'avait frigorifié. La pluie s'était arrêté depuis quelques minutes, mais le terrain restait boueux, assez pour que Rhett sente ses pieds patauger dans une sorte de mélasse qui le faisait glisser lorsqu'il essayait de courir.

    Il se remit debout en un éclair, abandonnant ses affaires sur place. Il lui fallait sortir de la forêt, trouver sa voiture, ou n'importe quelle âme qui vive pour se confronter à l'agresseur. Il ne comprenait pas ce que l'autre homme lui reprochait, ne savait ce qu'il avait fait pour le mettre en rogne, mais ne comptait pas rester immobile à attendre des explications. Il sentait ses jambes se crisper sous l'effort, perdu entre le froid et l'adrénaline. Il poussa un cri pour demander ce que l'individu voulait, mais ne pouvait être sûr d'être entendu tant sa respiration était saccadée.
    Durant sa course, il finit par trébucher sur une branche et s'écraser lourdement contre le sol, la tête contre des proéminences de bois. Il essaya de reprendre ses esprits, de calmer sa vue devenue floue et regarda derrière lui pour voir si l'homme l'avait rattrapé. Il l'entendait toujours le poursuivre quelques secondes en arrière, mais il avait subitement disparu. Il tourna la tête en essayant de se remettre debout et sentit son sang se glacer en voyant une silhouette près de lui. La peur reprenant le contrôle de son organisme, il essaya de reculer en sanglotant, la terreur imprégnée sur les traits de son visage.  




est-ce d'avoir trop ri,
que leurs voix se lézardent
quand ils parlent d'hier ?
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Bobby Horton
- bouba, le petit ourson -
Bobby Horton
- bouba, le petit ourson -
damné(e) le : o06/02/2024
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every time i close my eyes, it's like a dark paradise.
L'odeur du pétrichor s'était immiscée, avec la pluie elle même, dans les rondins de bois constituant les murs de la cabane. Elle était bon signe, ce soir. Avec la lune, si haute dans le ciel, avec la pluie, si forte, toutes les conditions étaient idéales. Tisonnier en main, Bobby remua les braises du feu qui crépitait mollement dans la cheminée. Ajouta deux grosses bûches avant d'enfiler ses bottes. Le regard glacier se posa sur la flambée, satisfait. Le feu serait encore vigoureux pour accueillir son retour. Imperméable rouge vif sur le dos, il enroula les bandes réfléchissantes autour de ses bras. Principe de précaution ou habitude, il n'y réfléchissait plus depuis de nombreuses années. Peu de chances qu'il croise un chasseur ou un braconnier, entre l'heure tardive et la pluie battante. Mais prendre ses précautions n'était jamais de trop. Encore moins là où il allait.

Ses gants coincés entre ses dents, ses doigts encore libre fouillèrent dans la petite boîte en bois qui trônait au-dessus de la cheminée. En tirèrent un bout de tissu autrefois rouge sang, rapiécé, brûlé sur toute une partie. Un pincement au cœur. Il le fourra dans la poche de son imperméable, enfila ses gants. Attrapa son fusil de chasse, sa lampe de poche et, au terme d'une profonde inspiration, ouvrit la porte de la cabane. La pluie l'accueillit, son ronronnement étouffant tous les soupirs habituels de la forêt. Perron dépassé, il la laissa caresser son visage. Elle l'avait toujours calmé, depuis qu'il était tout petit. Et, à force de sorties, il avait compris qu'il n'était pas le seul qu'elle apaisait.
Lui aussi, elle l'apaisait. L'ancien pompier s'engagea entre les arbres. Laissa ses jambes le porter le long de ce sentier qui s'était tracé par la force de l'habitude dans sa cervelle. Inutile qu'il existe pour que Bobby sache parfaitement où il allait. Laissa ses jambes l'entraîner à travers les fourrés, sa lampe de poche pendant, éteinte, au bout de ses doigts. Il l'allumerait peut-être, si elle était nécessaire. Le devrait, pour peu qu'une bestiole ou qu'un braconnier soit dans le coin. Mais la lune et son unique oeil lui suffisaient, pour le moment.
Quand la lumière l'annonçait aux abords du campement, ils avaient moins de temps.

Ils en avaient de moins en moins, du temps. Les saisons passées depuis le drame étaient autant de minutes de conscience que Lloyd ne semblait plus capable de récupérer. L'impression que la petite pièce de tissu pesait si lourd, au fond de sa poche. Bobby avait vu l'état de son ami se dégrader progressivement, avait pu voir à quelle rapidité le souvenir du drame revenait happer tout ce qu'il pouvait avoir de lucidité. La nature avait repris son empire sur les décombres du Campement, rendant un soupçon de vie dans ce tombeau ouvert. Mais Lloyd disparaissait, progressivement. Les conversations entre les deux hommes se faisaient plus courtes, avant que le même schéma se répète encore et encore. Toujours la même terreur qui s'emparait des yeux rieurs du Monsieur Loyal. Le signal que l'échange était terminé, qu'il était temps d'obtempérer ou de partir. Bobby avait tenté de l'arrêter, plusieurs fois. Frustration, dépit, déception. Peine. Autant de raisons qui s'étaient toutes soldées de la même manière. Les traits pâles de son ami se paraient de gris, déformés dans une expression qui n'avait plus rien d'humain. La violence, Bobby savait l'encaisser. En avait des stigmates, en avait perdu un oeil, était prêt à continuer d'en faire les frais s'il n'y avait que ça pour calmer Lloyd. Et s'il n'aurait pas pu expliquer la nature de certaines des choses que son ancien ami avait pu faire, il savait que si lui était capable de l'encaisser, ce ne serait pas le cas pour tous.
C'était pour ça, le fusil, à chaque fois qu'il y allait. La lumière, sa présence, à lui-même. Lloyd était son ami. Il était capable de le gérer, et quand ce n'était pas le cas, ne pouvait que s'en vouloir à lui-même. Mais il savait aussi que quand l'horreur rattrapait Lloyd, ami ou ennemi n'avait que peu de poids.
Et le coût d'une vie était bien plus important que toute l'estime qu'il pouvait lui porter.

Lampe de poche toujours éteinte, il finit par arriver à destination. La pluie s'était doucement atténuée, laissant derrière elle la douceur de son odeur, et une terre boueuse, difficile à pratiquer. Bobby progressa précautionneusement jusqu'à ce qui était autrefois le perron de la caravane du Monsieur Loyal. Fourra sa main gantée dans sa poche pour en extirper le bout de tissu rouge et, embrassant les vestiges du campement de ses yeux clairs, s'installa sur la souche qu'il avait placée à cet endroit des mois en arrière. A force de visites, à force de conversations. C'était ici qu'il avait le plus de chances de trouver Lloyd, ce fut donc ici qu'il s'assit, tripotant le bout de tissu en l'appelant. Comme s'il tentait d'attirer son attention. N'obtint pour réponse que le clapotis régulier des gouttes d'eau sur les feuillages. Il appela une nouvelle fois. Il arrivait que Lloyd mette quelques minutes à se manifester. Et Bobby avait tout son temps.
Mais ce fut un autre son que celui des salutations habituelles de son ami qui retentit.

Un cri inhumain, qu'il ne connaissait que trop bien, à l'autre extrémité du campement.
Suivi de l'éclat d'une voix qu'il ne connaissait pas.
C'était ce que Bobby avait toujours redouté.

Il sauta aussitôt sur ses pieds, armant immédiatement le fusil qu'il avait gardé cassé sur son bras. Aboya puissamment, dans l'espoir que cela serve à quelque chose :

-Lloyd, putain !

Mais il ne connaissait que trop bien le hurlement lugubre qu'il avait entendu quelques secondes que trop. Le signal que l'ami basculait dans l'horreur, qu'il n'avait plus d'humain que les haillons rougeâtres qui pendaient sur son dos. Le gardien courut vers l'origine des sons avant de réaliser qu'il ne serait peut-être pas assez rapide. Le canon du fusil s'éleva vers la lune. L'éclat du coup de feu trancha brutalement le silence et résonna dans toute la clairière. Il se sentit aussitôt sale, d'avoir dû en arriver à ça. Ne savait que trop ce que ce son, à cet endroit précisément, avait de sens. Mais il n'y avait que ça comme solution pour attirer immédiatement l'attention de son ami. Conscient que Lloyd ne tarderait pas à se matérialiser à l'endroit d'où venait le son, il décampa aussi vite que possible à travers les décombres. Compta sur son unique oeil pour le guider malgré l'absence de lumière, et sur l'espoir déraisonné que l'esprit ne le suive pas alors qu'il opérait un détour stratégique par l'extérieur du campement pour rejoindre l'origine des cris. Une plainte retentit dans son dos, suffisamment lointaine pour qu'il sache que la diversion avait fonctionné.
Inhumaine. Blessée. Insoutenable.

Bifurquant entre les arbres, Bobby rejoignit rapidement l'extrémité du campement où il avait entendu les éclats de voix. Les battements de son coeur cognaient douloureusement contre ses tempes, chaque plainte à l'autre bout du camp accentuant sa culpabilité. Mais il n'avait pas de temps à perdre en cas de conscience. Son regard se posa enfin sur un homme, bien vivant, prostré contre un arme. L'ancien pompier s'approcha rapidement de lui, jaugeant son état d'un coup d'oeil. Fut accueilli par un regard implorant et terrifié, chargé de larmes, qu'il reconnut instantanément. Rhett Walters. Qu'est-ce qu'il foutait ici, au beau milieu de la nuit ? Il s'accroupit aussitôt devant lui, son unique oeil scrutant la moindre trace de blessures. L'ombre d'une coulée de sang au niveau de sang, et l'urgence de la situation qui l'empêchait de voir si la blessure était grave ou non. Il vit les lèvres de l'autre homme s'agiter, y pressa immédiatement un index ganté. Murmura aussitôt, pour l'intimer d'autant plus à la boucler :

-Tu vas me suivre sans moufter, faut décamper du campement avant qu'il revienne. Il nous suivra pas dans la forêt.

Il n'avait pas le temps de lui demander comment il allait, encore moins s'il pouvait se lever. Attrapa le bras du psychiatre et l'aida à se redresser avec force. Un regard par dessus son épaule. Lloyd était trop loin pour qu'il puisse le voir, pour peu qu'il soit encore là où Bobby avait tenté de l'attirer. Espoir dérisoire, mais c'était la seule chose à laquelle ils pouvaient se raccrocher tous les deux s'ils souhaitaient s'en tirer en un seul morceau. Ca, et la capacité du psy à suivre un ordre aussi élémentaire que de la fermer. Les doigts toujours enroulés autour du bras de Rhett, l'ancien pompier l'entraîna à sa suite à travers les décombres. L'orée de la forêt n'était pas bien loin, une bonne vingtaine de mètres tout au plus. Bobby connaissait suffisamment les habitudes de Lloyd pour savoir que l'esprit ne sortait jamais en dehors des limites de son campement. Il se rappela au bout de plusieurs mètres à guider l'autre homme que si lui pouvait y voir, dans l'obscurité, ce n'était peut-être pas le cas du psychiatre. Et sa lampe était restée sur la souche, à côté de l'ancienne caravane du Monsieur Loyal. Bobby se tourna pour l'observer par dessus son épaule.

c'est l'heure des dés !:

-Suis bien mes pas et n'allume surtout pas ta lampe, la lumière va l'attir... oh merde !

La silhouette pâle et décharnée de ce qui était autrefois Lloyd Bauersfeld s'imposa entre eux et les vestiges, fondant dans leur direction. Le sang du gardien ne fit qu'un tour. Tirant sur le bras du psychiatre, il l'attira brusquement plus puissamment, pour lui donner plus d'élan en direction de la forêt. Il profita du geste pour prendre la place de l'intrus, s'imposant en barrage humain entre lui et leur poursuivant.

-Lloyd ! Lloyd arrête, putain, c'est moi ! C'est Robert !

Une vaine tentative, comme toutes celles qu'il avait tentées auparavant. Quand les traits du Monsieur Loyal se paraient de gris, que les blessures striaient sa peau et déformaient ses traits, il n'y avait plus de Robert ou de Bobby qui tiennent. Une confirmation qu'il n'avait pas besoin d'avoir et qui pourtant faisait toujours aussi mal, à chaque fois. Le spectre fondit vers lui, une main comme une griffe en avant. Des doigts gelés s'enfoncèrent dans sa gorge. Impossibles à attraper ou à retirer, malgré toutes les fois où il avait pu essayer. Son fusil tomba dans un bruit sourd, à ses pieds. L'étreinte lui coupa le souffle, se débattre ne permit que de savoir que ses pieds ne touchaient déjà plus le sol. Une supplique, douloureuse :

-Lloyd, putain ! C'est pas nous ton problème, j'essaie juste de l'aider à se tirer !

Mais l'étreinte autour de sa gorge de s'accentuer davantage. Des filaments dorés commençaient déjà à filer dans sa vision périphérique, à cause du manque d'air. Bobby n'en cessa pas moins de tenter de négocier. Ca avait déjà fonctionné, par le passé, alors peut-être que...

-Mathilda... Mathilda et les gosses sont encore... sous le chapiteau...

Filet de voix, filet d'air. A mesure que les mois passaient, la conscience de Lloyd s'étiolait. La colère, elle, ne cessait jamais de croître. Prenait le pas sur l'humanité, une dangerosité dont, à terme, Bobby ne savait que trop que quelqu'un ferait les frais. Il n'avait pas peur pour lui-même, savait que Lloyd finirait par se lasser. Mais quelqu'un d'autre ? Il ne voyait pas la silhouette du psychiatre, au moins. Peut-être qu'avec un peu de chance, il avait réussi à rejoindre la sécurité de la forêt.


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    La peur s'était frayé un chemin dans l'intégralité de son corps, glaçant ce qu'il lui restait de sang-froid, et l'empêchant d'y voir clair. Le choc reçu à la tête avait brouillé ses pensées, assez pour imposer une migraine insoutenable et un sifflement dans ses oreilles. Il avait levé une main contre sa tête pour essayer de reprendre contenance, mais n'avait réussi qu'à se soulever l'estomac en sentant un liquide plus épais que la pluie baigner sa main. Il sentait ses bras trembler, les cils s'alourdir sous le poids des larmes mêlées à la pluie. Il ne s'était pas senti pleurer, cela devait être dû au coup qu'il avait reçu. Le regard fuyant de droite à gauche à la recherche du danger, il devint blême en voyant une silhouette près de lui. Le corps en alerte, il se redressa lentement contre l'arbre en se préparant à fuir ; mais trop tard. L'individu était face à lui avant qu'il ne puisse se remettre debout. Il ouvrit alors la bouche pour lui demander ce qu'il lui voulait, pour essayer de comprendre la scène qui se déroulait autour de lui. La bouche à peine ouverte, un index s'appuya contre ses lèvres tremblantes pour l'empêcher d'émettre le moindre son.

    Tu vas me suivre sans moufter, faut décamper du campement avant qu'il revienne.

    Il ne s'agissait pas du même homme. Ce n'était pas sa vue qui lui souffla la nouvelle, mais les paroles de l'inconnu couplées à cette voix qui était différente de celle qu'il avait entendue jusqu'ici. Une voix qu'il avait déjà entendue quelque part, mais il ne pouvait y réfléchir, l'esprit perdu dans l'urgence de la situation. Il devait se sortir d'ici vivant, n'avait pas le droit de disparaître comme l'avait fait June. Ses enfants avaient besoin de lui, ses patients également. Il devait s'accrocher à la vie, coûte que coûte. Il était prêt à se battre pour cela. Il hocha alors la tête dans le noir, comme si l'autre homme pouvait le voir donner son accord – comme si cet accord pesait dans une quelconque balance – et se laissa entraîner docilement par le bras en faisant tout son possible pour ne pas trébucher de nouveau. Il ne voyait pas où ses pieds échouaient, mais suivait l'inconnu aveuglement. Lorsqu'il s'adressa de nouveau à lui, Rhett se retint de poser des questions, se contenta de hocher de nouveau la tête en espérant que l'autre savait ce qu'il faisait. Il semblait avoir l'habitude de ce genre de situation ; comme si c'était possible de s'habituer à de telles choses.
    La peur survint de nouveau en entendant la voix de l'homme changer, un oh merde s'inviter entre eux. Il pouvait certainement voir quelque chose qui échappait au regard du psychiatre. Un mal invisible pour lui, du moins, qu'il peinait à distinguer. Lorsque l'inconnu lâcha son bras, Rhett continua de courir quelques pas en essayant de ne pas percuter d'obstacle. La scène qui se jouait près de lui était incompréhensible, mais il ne devait pas rester assez longtemps pour le vérifier. Il devait courir le plus loin possible, ne pas se retourner.

    Et pourtant, ce fut précisément ce qu'il décida de faire. Il s'arrêta, se retourna pour essayer de comprendre ; il ne pouvait pas laisser l'homme affronter ce mal tout seul. Il était venu à son secours alors qu'il ne le connaissait pas, avait essayé de le sauver. Il ne pouvait lui tourner le dos. Il ne pouvait se sauver, pas alors qu'il s'était mis en danger pour lui. Il laissa alors son regard s'habituer à la pénombre, distinguer assez d'éléments pour comprendre ce qui se passait. L'inconnu était en mauvaise posture, son arme était au sol. Ils semblaient se connaître, mais Rhett ne pouvait s'attarder sur des détails de leur relation. La situation était bien trop critique pour cela. Il ravala sa peur, une sorte de chaleur désagréable ayant réveillé son corps, dégourdi ses membres. L'adrénaline surpassant l'appréhension, il s'avança rapidement des deux individus et attrapa le fusil qui était tombé à leurs pieds. Le canon pointé en direction de l'agresseur, il tonna : « — Lâche-le ! » L'assaillant ne l'écouta pas, alla jusqu'à l'ignorer purement et simplement. Mais ce n'était qu'un coup de bluff ; Rhett ne savait pas comment se servir de l'arme et au moindre faux pas, il toucherait l'homme qui était venu le sauver. Il sera alors l'arme, hésitant, tremblant, le canon essayant de se stabiliser dans l'air. Est-ce qu'il pouvait prendre le risque ? Il n'en était pas certain, pas alors qu'il ne savait pas viser et pire encore : il ne voyait pas assez pour essayer.

    Il finit par lever l'arme et bondir près des deux hommes pour taper l'agresseur au visage, un coup sec contre la mâchoire – ou ce qu'il en restait. Le démon disparut, laissant l'autre homme tomber lourdement au sol. Rhett n'en croyait pas ses yeux, il lâcha l'arme à ses pieds en murmurant : « — Putain de merde ... » Il se précipita vers le blessé, espérant avoir réagi à temps. Il s'agenouilla à ses côtés et l'aida à se redresser en tremblant toujours autant. Finalement, il ne fut rassuré qu'en entendant l'homme tousser pour reprendre son souffle. Il ferma les yeux un court instant pour reprendre ses esprits, essayer de ne pas s'effondrer alors qu'ils n'étaient pas encore en sécurité. La tête tournée à gauche, puis à droite, il vérifia que la voie soit libre avant de se relever en passant un bras autour de la taille de l'autre homme pour l'aider à son tour. « — Si on s'en sort, j't'offre un verre ptain... » Un murmure tant pour lui que pour le blessé. Il s'assura qu'il fut en capacité de marcher et recommença à évoluer dans la direction qu'ils avaient suivie quelques minutes en arrière. En se mettant debout, il avait eu le réflexe de ramasser le fusil qu'il tenait maintenant fermement dans sa main. Elle pouvait encore être utile.

    Il ne savait pas exactement où ils allaient, mais il faisait confiance aux pas que faisait son camarade d'infortune et marchait dans son ombre pour ne pas prendre une mauvaise route. Lorsqu'ils arrivèrent à l'orée de la forêt, il sentit ses muscles se relâcher. L'homme lui avait dit que l'autre ne pouvait les suivre là où ils se trouvaient, ils pouvaient donc ralentir le pas. Rhett s'arrêta, sentant ses jambes flancher à présent qu'ils étaient hors de portée de la créature. Il essaya de ne pas se laisser tomber au sol, voulant garder contenance malgré la bile qui remontait son estomac et sa vision qui devenait de plus en plus floue. Il cria pour lui-même, maintenant que ses nerfs lâchaient : « — C'était quoi ce bordel ?! » La fraîcheur se semblait plus être un problème pour lui, pas maintenant qu'il avait assisté à une scène qui lui donnerait des cauchemars pour le restant de ses jours. La prochaine fois que Vince se plaindrait d'une peur quelconque, Rhett ne répondra plus que les monstres n'existaient pas. Il souffla un grand coup et se tourne vers "son sauveur".
    Il arrivait mieux à le distinguer maintenant que la lune éclairait une partie du ciel. La lumière de l'astre filtrait entre les arbres pour ne laisser passer que quelques lueurs ; assez pour que Rhett reconnaisse celui qui était venu à son secours. Il fronça les sourcils, essayant de se prouver qu'il n'était pas en train de rêver. « — Merci ... Je ne comprends rien à ce qui vient d'se passer, mais je sais que j'serais mort si t'avais pas été là. » L'envie de vormir lui broyait encore le ventre, il sentait une amertume dans tout son être ; un besoin de se poser, de se trouver loin d'ici, de penser à tout sauf au visage qu'il avait découvert en quittant sa tente. Il se moquait des objets qu'il avait abandonné là-bas, ce n'était que du matériel, il devait se concentrer sur quelque chose de plus important. « — Ma voiture est de l'autre côté du campement, il faudrait le retraverser pour la rejoindre et retrouver la ville. » Il se laissa tomber au sol, d'un air vaincu, montrant qu'il était prêt à passer la nuit ici, par terre, à attendre que quelqu'un les débarrasse de cette chose qui les avait poursuivis.




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every time i close my eyes, it's like a dark paradise.
Le tunnel sombre qui tenait sa vue en étau commençait à dangereusement se rétrécir. Rivé sur les traits déformés de Lloyd. Plus rien d'humain sur les traits grisâtres de feu Monsieur Loyal. Plus aucune trace de cette compassion qui en faisait l'homme qu'il était autrefois, rien d'autre que cette rage profonde, inhumaine, au fond de ses prunelles pâles. Les filaments dorés du manque d'air encadraient ce visage trop blanc, trop blessé, trop mort. Sa poigne glaciale autour de sa gorge s'intensifiait, et Bobby de se dire que peut-être que cette fois-ci serait la bonne. Celle qui ôterait toute forme de lucidité à celui qui avait été autrefois un parangon de générosité avec les siens. La situation avait beau s'être déjà passée plusieurs fois entre eux, avoir toujours une issue désastreuse, l'ancien pompier ne pouvait que se demander si cette fois-ci ne serait pas l'exception. Mais il ne voyait pas, n'entendait pas le psychiatre à proximité. Avait-il réussi à s'enfuir ? Bobby avait-il réussi à le sauver de Lloyd ? Si oui, alors il avait fait ce qu'il avait à faire. Avait tenu cette promesse qu'il avait faite à Lloyd, silencieusement, l'une des premières fois où il avait fait les frais de sa violence. Il avait réussi à l'empêcher de tuer quelqu'un d'autre.

L'air manquait, emportait avec son absence tout ce qu'il restait de ses forces. Les pieds de l'ancien pompier arrêtèrent de battre l'air à la recherche du sol, les filaments dorés s'intensifièrent. Flashes de lumière en rythme avec les battements puissants de son coeur affolé, noyant les bruits de la forêt. L'inconscience arrivait, peut-être pire, mais tant qu'il avait accompli son but, il s'en foutait un peu de se réveiller dans la boue quelques heures plus tard. Tout juste s'il entendit la clameur, bien vivante, émaner du côté de son oeil aveugle. La crosse de son propre fusil pénétra ce qu'il restait de son champ de vision. "...non..." La supplique n'eut pas le temps de sortir de ses lèvres, ou le manque d'air ne permit pas qu'elle se forme. La crosse du fusil, elle, s'était déjà écrasée contre la mâchoire de Lloyd. Le spectre s'évanouit aussitôt, nuage de fumée blanchâtre chassé par le mouvement. Et la gravité de le ramener sur la terre ferme.
Violemment. La brutalité du choc réveilla aussitôt l'instinct de survie de l'ancien pompier. Obéissant à l'urgence de vivre, son corps tout entier se tendit pour happer le plus d'air possible. Poumons en contradiction avec le reste de son système. Quinte de toux douloureuse, empreinte de l'amertume de la bile. Des tremblements plein ce système qui se remettait trop vite en marche, l'urgence de la situation reprenant avec l'adrénaline tout son empire. S'efforçant à reprendre ses esprits le plus vite possible, l'ancien pompier cracha dans la boue et releva les yeux vers la présence à côté de lui. Pas Lloyd, mais quelqu'un de bien vivant. Walters. T'aurais jamais dû faire ça ! Le reproche resta coincé entre sa gratitude et sa gorge, en croisant le regard soulagé du psychiatre. Un bras se glissa rapidement autour de sa taille, l'incitant à se redresser. Hagard par l'afflux soudain d'oxygène, ses jambes donnant l'impression d'être faites de coton, il s'appuya volontiers sur l'autre homme. Passa son bras en travers de ses épaules et s'y accrocha. Il avait besoin d'aide, et ils avaient tous les deux besoins de filer vers la forêt. La chaleur du psychiatre, contre son flanc, l'aidait à se concentrer sur autre chose que la douleur glaciale autour de sa gorge. Ses membres étaient gelés. Mais il ne pouvait pas se concentrer là dessus. Lloyd pouvait revenir à tout instant pour finir le travail. Rhett ne s'était pas tiré vers les arbres, comme Bobby le lui avait indiqué, et, dans l'état où était ce dernier, c'est tous les deux qui couraient un risque.

Rhett était les jambes, Bobby était ses yeux. A tous les deux, ils parvinrent à rejoindre la sécurité des arbres. Vivifié par la fraîcheur de l'air et l'humidité de la pluie, l'ancien pompier pressa davantage le pas. Quelques mètres de plus que la simple orée de la forêt, là où il était certain que Lloyd ne viendrait pas les chercher. Il avait entendu la remarque de l'autre homme. Un verre. C'était pas d'un verre qu'ils auraient besoin, mais d'une bouteille entière. Et pourtant, malgré l'urgence, malgré le besoin de s'échapper, malgré le fait qu'ils étaient tous les deux bien vivants, Bobby se redressa. Guetta par delà les arbres, si son unique oeil était capable d'apercevoir la silhouette du Monsieur Loyal. Sa plainte inhumaine, déchirante de rage, résonnait au loin. Suffisamment loin d'eux pour que les deux vivants puissent enfin déposer les armes. Le regard toujours porté vers le Campement, il sentit le bras de Rhett glisser de sa taille. Ce fut son hurlement qui l'arracha à sa contemplation.
Qui raviva le sang dans ses veines, bouillons de sentiments contradictoires. La gratitude, le soulagement. La culpabilité, l'incompréhension. Et cette colère qui montait, contre son sauveur pour ne pas l'avoir écouté, mais surtout contre lui-même.

Il laissa l'autre homme évacuer ses émotions, ravalant difficilement les siennes. Ils n'étaient pas entièrement tirés d'affaire. De nombreux dangers avaient élu résidence dans cette forêt maudite, et si Lloyd n'avait pas été la cause de potentielles blessures, il ne savait que trop bien ce qui pouvait les attendre. L'odeur du sang, les cris, pourraient attirer les meutes de loups. D'autres types de créatures sanguinaires grouillaient derrière les arbres. Ils ne pouvaient pas rester ici. Silencieux comme une ombre, il reçut les remerciements d'un hochement de tête.

-Merci pour le coup de main. On en reparlera quand on sera en sécurité, faut pas qu'on traine.

Des paroles difficiles à sortir, entre ses mâchoires serrées. Il approcha du niveau de l'autre homme, sentit son coeur manquer un battement en le voyant s'écrouler contre un arbre. Blessé ? Il le rejoignit rapidement, le poussa à lever le menton pour évaluer si c'était à cause de cette plaie au crane qu'il s'était effondré. Comprit à ses paroles que la douleur n'avait rien de physique. Le soulagement prit le pas sur tout le reste. Mais son sang, lui, commençait à se réchauffer de cette chaleur que Bobby ne connaissait que trop. Les accès de colère étaient de plus en plus difficiles à gérer, et leur survie dépendait de la clarté de son esprit. Une clarté entachée pourtant du million de questions qu'il rêvait de jeter à la figure de l'autre homme. A savoir qu'est-ce que tu foutais là ?

-On va rien traverser. Ma cabane est à dix minutes de marche. Tu peux te lever ou faut que je te porte ?

Il avait récupéré suffisamment de forces pour le porter sur son dos pendant le trajet, si nécessaire. Mais ils seraient tous les deux plus rapides si Rhett avait la possibilité de marcher de son propre chef. Et Bobby n'avait pas envie de traîner plus que nécessaire dans la forêt. Accroupi à côté du psychiatre, il passa une main gantée sur son visage, évalua une dernière fois la blessure en attendant la réponse de l'autre homme. Si ce n'était pour cette colère qui sourdait, tapie au fond de son système, le psychiatre faisait peine à voir. Confirmation reçue, il relâcha son observation et se redressa le premier. Attrapa le fusil d'une main et tendit l'autre vers son compagnon pour l'aider à se redresser. Ne la lâcha pas une fois qu'il fut debout, serra au contraire davantage ses doigts gantés autour de ceux du brun pour assurer sa prise.

-Si t'as de la lumière, c'est le moment de t'en servir. Suis bien mes pas et ne lâche surtout pas ma main. Même si t'entends des trucs. Okay ?

Il attendit la confirmation de l'autre homme et se mit en route. Contourner l'ancien Campement de la Cohorte leur demanderait un peu plus de temps que prévu, mais ils s'en sortiraient. Prenant bien soin d'adapter son rythme de marche sur celui, plus lent, de l'autre homme, Bobby les guida tous les deux le long de sentiers inexistants qu'il connaissait pourtant par coeur. Pas besoin de carte ni de boussole, en ce qui le concernait. Il avait tant de fois traversé la forêt qu'elle lui était bien plus familière que toutes les ruelles d'Exeter. Les rayons de la Lune fusant à travers les feuilles, ses bruits, ses odeurs. Elle était sa deuxième maison. Quant à la première, elle finit par apparaître au bout d'une quizaine de minutes de marche longue et laborieuse. Ils avaient fait quelques pauses dans le silence, le temps que Walters puisse reprendre son souffle. Puis s'étaient repris la main pour finalement voir la façade bardée de bois de sa cabane. Arrivés à l'abri du perron, Bobby retira ses bottes couvertes de boue et invita Rhett à en faire autant avec ses chaussures. Puis il poussa la porte pour se faire accueillir par l'étreinte réconfortante de la chaleur du feu de cheminée.
Une chaleur qui tranchait avec la fraîcheur exécrable de l'humidité. Mais qui résonnait beaucoup trop à cette colère qui n'avait fait que monter, crescendo, à mesure qu'ils avaient progressé.

Bobby évolua dans son antre. La cabane n'était pas bien grande, mais elle était confortable, l'ancien pompier s'y était attaché. Pour recevoir Marmotte plus que pour lui même. Une pièce centrale flanquée d'une kitchenette, une petite chambre pour la gosse, une salle de bain sommaire. Il avait une mezzanine avec un lit, mais il avait tellement pris l'habitude de dormir dans le vieux canapé devant la cheminée qu'il n'y allait presque jamais. Des meubles de bric et de broc, récupérés çà et là, réparés d'une planche et de quelques clous quand c'était nécessaire. Le propriétaire des lieux cassa son fusil et le posa à côté du porte manteaux bancal, à l'entrée. Y déposa la masse trempée qu'était son imper rouge, jeta un coup d'oeil à Rhett pour qu'il en fasse autant avant de filer en direction de la cheminée. Comme il l'avait anticipé, les deux bûches qu'il avait déposées dans l'âtre avaient tout juste tenu jusqu'à son retour. Un geste pour inviter l'autre homme à approcher avant d'en mettre une autre. La danse des flammes, similaire au feu qui sourdait dans son bide, il se laissa captiver un léger temps avant de se retourner vers l'autre homme.

-Le verre que tu m'as proposé tout à l'heure. C'est moi qui offre, pour cette fois.

Les nerfs trop à vifs pour ne pas vouloir les noyer, d'une manière ou d'une autre. Des fois, ça marchait. Et Bobby espérait que cette fois ce soit bien le cas. Il laissa l'autre homme s'installer, se dirigea vers le vieux vaisselier lové dans un recoin de la cabane. En tira deux verres à whisky et y versa une bonne rasade de bourbon, sans demander l'avis de son invité surprise. Revenant à sa proximité, il lui fourra le verre dans les mains et attrapa son menton de sa main devenue libre. Etudia ses traits épuisés, les griffures sur son visage, la coulée de sang qui collait ses cheveux au moins autant que toute la pluie qui leur était tombée dessus. Parfaitement chez lui, il retira ses doigts du menton du psychiatre et repoussa les mèches humides avec un peu plus de douceur. La plaie était moche, mais aucun pronostic vital n'était à engager.

-Faut que je te fasse des points. T'as été blessé ailleurs ?

Lui s'était blessé en tombant. Il s'en était rendu compte lors de leur retour au bercail, à la manière dont sa cheville droite tirait de plus en plus, à mesure que l'adrénaline retombait doucement. Mais ses nerfs faisaient tout le reste. Et il n'était plus à ça près. Il recula d'un pas, testa sa cheville en grimaçant. Sans le carcan rigide des bottes, la douleur filait dans son système avec la vivacité d'un éclair. Il tira une bonne gorgée de son verre de bourbon, pour anesthésier tout ça. Au moins, ils étaient vivants. Suivant son chemin de pensée, il abandonna l'autre homme à la chaleur réconfortante de la cheminée. Claudiqua jusqu'à la petite salle de bain pour se laver rapidement les mains, tirer quelques serviettes du placard et sa trousse de secours, avant de revenir. Quoi que Rhett ait pu dire, la cabane était loin d'être un manoir ; ils n'avaient aucune difficulté à communiquer sans avoir à crier. L'alcool aidant à temporiser l'adrénaline, à adoucir la colère, il rapporta les serviettes et en tendit une à Rhett. S'assit sur le canapé pour l'inviter à en faire autant à côté de lui, avant d'ouvrir la trousse de toilette sur tout le nécessaire à couture.

-Qu'est-ce que tu foutais là bas, au juste ? Personne t'a dit que c'était dangereux ?


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Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
Rhett Walters
- from chagrin to folie meurtrière -
damné(e) le : o26/11/2023
hurlements : o402
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/cs) fürelise (gif) overgrons (lyrics) brel.
bougies soufflées : o48
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-- every time i close my eyes,
it's like a dark paradise.
ft. @bobby horton
    Il entendait toujours des hurlements, bruits stridents qu'il avait l'impression de percevoir de trop près bien que la créature ne soit, en réalité, bien loin déjà. La sécurité avait beau se rapprocher, il était certain d'entendre ces hurlements le soir venu, et celui d'après. Ils le suivraient longtemps, bien longtemps après ce soir-là. L'adrénaline l'aidait à ne pas s'effondrer, à se montrer fort malgré la migraine qui élisait domicile dans sa tête et son corps entier qui hurlait à la douleur. Le palpitant cognait contre sa poitrine, l'empêchait de prendre conscience des différentes plaies que pouvait porter son corps. La peau glacée, seulement réchauffée par l'effort et la course, devait être écorchée par endroit, peut-être entaillée à d'autres ; mais la seule blessure qui l'ébranlait pour l'instant était celle qu'il avait reçue à la tête et qui brouillait parfois sa vue. Il aurait, pourtant, donné beaucoup pour échanger ce manque de maux par le silence. Un corps en sang contre l'arrêt des hurlements qu'il ne pouvait plus entendre tant le monde tournait autour de lui. Les bruits ambiants gâchaient le soulagement qu'il avait ressenti en se sentant en sécurité. Il n'avait plus qu'une envie, une pensée, un désir profond ; celui de rentrer chez lui, de ne jamais être venu jusqu'ici se confronter à des forces qu'il ne connaissait pas.

    Pour exaucer ce souhait, ils devaient rejoindre la voiture. La nuit risquait d'être longue s'ils devaient la passer ici ; Dieu seul savait s'ils seraient en capacité de survivre au froid et aux créatures plus communes qui devaient également se tapir dans l'ombre. On va rien traverser. Il releva la tête pour regarder Bobby, perdu concernant la suite des événements. Ils avaient une autre solution ? Est-ce que Bobby avait un plan pour les sortir de ce bourbier ? Pourquoi était-il ici ? Les yeux rouges, il essaya de distinguer le visage de son sauveur pendant que ce dernier examinait sa tête. Le passage du gant le fit frissonner, la peau fragilisée par le froid était sensible sous le tissu rugueux. Il ne dit rien, se contenta de hocher la tête pour signifier qu'il était capable de marcher, fit un mouvement pour se relever afin de le prouver. La main tendue, il s'empara de celle qu'on lui proposait pour se mettre debout plus facilement. Les doigts entre ceux de Bobby, il l'écouta en comprenant pourquoi il ne lui avait pas relâché la main après l'avoir aidé. « — Compris. » Il n'avait aucune source de lumière. Il avait laissé tomber son téléphone et le briquet lorsque le démon l'avait attaqué. La peur avait pris le dessus et il n'avait pas eu la présence d'esprit de se baisser pour ramasser son portable. La situation avait été trop critique pour qu'il n'ait le temps de s'en soucier réellement.
    Il ne le précisa pas à l'autre homme, se contentant de le suivre en faisant simplement confiance à l'endroit où il l'emmenait. Il ne voyait pas très bien où ils allaient, mais marchait dans ses pas afin d'éviter toute complication. Il lui arrivait d'avoir à s'arrêter pour reprendre son souffle, pour cligner quelques fois des yeux dans le but d'ordonner à son esprit de ne pas le lâcher. Il sentait qu'un voile s'était installé devant ses yeux, mais ne s'en formalisait pas pour le moment, il n'avait pas besoin de voir pour le moment.

    L'arrivée devant la cabane fut une bénédiction. Rhett ressentait diverses sensations après cette expérience. Le froid et la douleur, mêlés à la peur et un malaise qu'il n'arrivait pas à comprendre. Il ne pouvait mettre de mot sur ce qui le dérangeait tant dans cette situation ; au-delà de l'attaque, peut-être qu'il était déçu de n'avoir pas été vainqueur dans cette expérience. Il devait bien cela à ses enfants, trouver des activités à faire en famille. L'esprit perdu vers ses enfants, il retira machinalement ses chaussures à l'entrée et s'engouffra dans l'habitation en frissonnant à cause du contraste du froid vers le chaud. Il retira son manteau trempé et le déposa près de celui de Bobby afin de ne rien faire de travers. Il ne pouvait se le permettre vu la tension qu'il avait senti l'intégralité du chemin. Il avait bien remarqué la mâchoire crispée de l'autre homme, le ton sur lequel il s'était adressé à lui ; il devait filer droit. L'invitation acceptée avec plaisir, il s'avança doucement vers la cheminée, comme si cette dernière pouvait le mordre.

    Un hochement de tête signifia à Bobby qu'il acceptait le verre ; de toute manière, ce n'était pas comme s'il s'était agi d'une proposition. Il le suiva du regard puis reporta son attention sur le feu qui crépitait près de lui et pouvait lui venir en aide. Les deux mains tendues devant lui, il les réchauffa en fermant les yeux pour profiter les fourmillements au bout de ses doigts. Un verre se matérialisa dans sa main, il tourna alors la tête pour remercier celui qui l'y avait fourré ; mais il n'en eut pas la possibilité, des doigts s'emparant déjà de son menton. Le visage toujours levé vers lui après qu'il a lâché son menton, Rhett le regardait droit dans les yeux pendant que l'autre homme l'étudiait. Il essayait d'y lire quelque chose, d'y trouver des réponses. Il ne le connaissait pas au fond, comment pouvait-i comprendre ce qu'il faisait dans cette forêt en peine nuit ? Pourquoi il l'avait sauvé au lieu de seulement le laisser assumer les conséquences de ses actes ? Il ne baissa a tête qu'en l'entendant lui demander s'il avait d'autres blessures. Il se racla alors la gorge et empoigna le bas de sa chemise pour la relever. Il ressentait des douleurs, des griffures, des hématomes, mais rien de trop grave. Il rebaissa alors le tissu en secouant la tête : « — Je crois que ça va, juste ... des égratignures. » Il sentait le vêtement lui coller à la peau de manière désagréable, de la même manière que son pantalon. Il jeta un regard vers l'endroit où Bobby avait disparu et redonna de la voix. « — Tu crois qu'on est en sécurité ici ? » Il reporta ensuite son attention sur le feu de cheminée, essaya de ne pas reposer la question en précisant que quoi qu'il advienne, il se sentait en sécurité avec lui, et qu'il lui en était reconnaissant.

    Il se retourna en entendant des pas revenir et attrapa une serviette en le remerciant. Il tenait toujours le breuvage dans son autre main, n'y avait pas encore touché. Le besoin d'en faisant sentir, il vida le sec d'une traite sans même grimacer, ses papilles presque éteintes depuis l'accident. Il déposa le verre sur la cheminée puis posa la serviette sur sa tête pour frictionner ses cheveux et en retirer le plus d'eau possible. La main qui tenait la serviette dérapa et vint frotter contre sa blessure, il serra les dents en retirant le tissu, une plainte lui échappant lourdement : « — Putain ! » Il prit une inspiration tremblotante en essayant de ne pas crier de douleur. Il passa rapidement la serviette sur ses bras et grimaça en remarquant qu'il ne faisait qu'étaler le sang dont la matière spongieuse s'était imbibée, il se tourna alors vers Bobby en soupirant : « — Désolé, elle est sûrement foutue ; sauf si tu sais comment enlever le sang. » Il marcha doucement vers le canapé et s'arrêta alors qu'il allait s'asseoir pour se laisser soigner. Il savait que son pantalon lui collait à la peau, qu'il allait tremper le canapé en s'y installant ainsi, et la serviette n'était plus envisageable.

    Qu'est-ce que tu foutais là bas, au juste ?

    Il mit quelques secondes à répondre, sentant qu'il ne s'agissait pas seulement d'une question lancée pour faire la conversation. Il l'entendait comme un reproche, parce que c'était très certainement ce que c'était. Il fronça alors les sourcils en attrapant sa propre ceinture pour la défaire et baisser le zip de sa fermeture éclaire. « — Je venais cueillir des champignons. » Il baissa son pantalon et le retira d'un mouvement de pied afin de ne pas trop mouiller le tissu sur lequel il allait s'installer. Il laissa son pantalon au sol et s'assit sur le canapé près de Bobby en reprenant la parole. « — J'étais venu camper, je voulais prouver à mon fils que c'était sans danger. » Il ricanna, un bruit qui ressembla plutôt à un sanglot déguisé. « — Peut-être que c'est lui qui devrait être le responsable légal. » Une nouvelle plaisanterie alors qu'il se penchait légèrement afin de donner accès à son crâne. Il serra les dents lorsqu'il piqua, une douleur fulgurante l'attaqua, faisant tourner sa tête alors que l'effet de l'alcool aidait, mais pas autant qu'il l'aurait pensé.

    Les yeux fermés, il fit le moins de bruit possible pour ne pas montrer combien il souffrait. Il n'était pas un homme de terrain, n'avait pas l'habitude de la douleur. Il était le genre à faire tout un cirque pour un petit bobo et attendre qu'on le plaigne pour s'être coupé sur une feuille de papier. June rentrait toujours dans le jeu, déposant un bisou magique et faisant un semblant de prière pour faire rire les enfants après lui avoir annoncé qu'il fallait l'amputer. Mais June n'était pas là, ses enfants non plus. Il n'y avait que Bobby, et pour une raison qui lui échappait, ça lui convenait. Pourtant, il n'avait pas envie de partager cette anecdote avec lui, pas par peur d'être jugé, mais pour éviter de montrer que sa voix devait être toujours aussi tremblante que quelques minutes en arrière. Il sentait, déjà, que ses doigts tremblaient toujours, l'avait vu en tenant fermement le verre d'alcool dans sa main. Il décida, finalement, que ça n'avait pas d'importance. Il se racla la gorge et reprit la parole en essayant de ne pas dévoiler la boule qui obstruait toujours sa gorge. « — T'as pas le droit de me juger, tu sais. Toi aussi t'étais là-bas, et si j'avais pas été là pour t'aider il te serait arrivé des bricoles aussi. » Il sentit l'aiguille s'enfoncer et serra les dents en plissant les yeux, se demandant s'il l'avait fait exprès pour lui faire payer ses paroles. « — Et qu'est-ce que tu faisais là, de toute façon ? Tu chassais ? » Bobby était venu avec un fusil, ce n'était certainement pas pour camper.

    Il pouvait sentir sa chaleur à côté de lui, une douceur qui lui faisait du bien. Il avait si froid, et bien qu'il avait toujours sa chemise qui lui collait au corps, retirer son pantalon avait été une libération. Il se rapprocha légèrement, cuisse contre cuisse, afin de ne pas avoir à trop pencher la tête. Il serra de nouveau les dents en sentant une nouvelle vague de douleur et posa une main contre le genou de Bobby pour le serrer. « — Tu fais exprès ? Je suis presque sûr que c'est considéré comme de la torture, c'est illégal. »




est-ce d'avoir trop ri,
que leurs voix se lézardent
quand ils parlent d'hier ?
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