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 is it a loss or a redirection ? (don)

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Susan Love
- only sue can judge you -
Susan Love
- only sue can judge you -
damné(e) le : o12/06/2019
hurlements : o2592
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons/cs) fürelise (sign) tucker.
bougies soufflées : o40
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-- is it a loss or a redirection ? ft. @don mattheson
     Elle n'avait pu s'occuper l'esprit de la journée. L'échange qu'elle avait eu avec Don n'avait réussi qu'à peu la rassurer. Malgré ce que pouvait dire le motard, Susan n'était pas certaine de son innocence dans cette affaire ; pourtant, l'espoir lui donnait envie d'y croire. Peut-être qu'en le voyant, en discutant en face à face, elle saurait s'il lui disait la vérité ou non. Bobby avait eu raison de la mettre en garde, de la prévenir que sa demande concernant la venue de l'avocat était dangereuse ; mais elle ne pouvait vivre ainsi, sans avoir la certitude de n'être pas tombée dans un piège tendu par un homme qu'elle commençait à apprécier – réellement apprécier. Le Foyer Rouge aurait pu être d'un grand secours, l'aider à démêler le vrai du faux, mais elle refusait de jeter de l'huile sur le feu, si Mattheson s'avérait être innocent. Elle voulait mener l'enquête de son côté, se fier à son seul jugement. Elle trouverait comment s'adresser à Darius après ça, lui expliquer pourquoi elle n'avait donné que peu de signes de vie, et comment les marques  sur son visage s'étaient formées ; mais ce serait un problème pour l'avenir. Pour l'heure, elle n'était capable que de réfléchir à l'arrivée de Mattheson, à l'entrevue qui s'annonçait entre eux et risquait d'être décisive dans leur relation. Et si c'était vraiment lui ? Et si Bobby avait raison ? Serait-elle capable de le blesser s'il venait à l'attaquer ?

    La fameuse soirée se rejouait parfois dans son esprit, surtout lorsqu'elle fermait les yeux pour trouver un peu de repos. L'angoisse aurait pu être utile, si les détails n'étaient pas si flous. Elle était là pourtant, à terre, injuriée et frappée à de nombreuses reprises, mais lorsqu'elle levait les yeux, tout semblait s'effacer. Il lui était impossible de mettre un visage sur ses agresseurs, ni même de se remémorer précisément le reste. L'entreprise aurait été bien facile dans le cas contraire, elle aurait pu entrevoir un logo, une bécane, quoi que ce soit susceptible de lui donner des indices sur ses assaillants. L'alcool n'aidait pas, mais elle avait le mérite d'adoucir les sentiments négatifs ainsi que la frustration. Il apaisait également certaines douleurs, bien que la quantité ingurgitée doive être forte pour être utile. Elle ne savait pas dans quel état elle serait face à Don, mais elle était bien trop remontée pour s'en soucier pleinement.
    Elle avait autre chose à penser, un instinct de survie à nourrir pour ne pas s'abandonner à une fin certaine. Accepter la venue de Donald Mattheson dans la cabane de son ami n'était sûrement pas la meilleure idée, mais c'était celle qui convenait le mieux à Susan, dans l'ordre de ses priorité. Mentir était facile, mais il avait eu l'air inquiet pour elle et désireux de trouver qui en avait après elle ; pour cela, elle voulait lui laisser le bénéfice du doute. Après tout, il s'était mis entre elle et le danger durant l'attaque au Tartarus. Pourquoi la protéger pour ensuite ordonner son exécution ? Une couverture ? Peut-être, mais alors pourquoi se mettre autant en danger pour cela ?

    Elle pensait avoir assez de temps pour y réfléchir, pensant que son invité ne demanderait à la voir que quelques jours plus tard ; elle avait été surprise de voir que la proposition était pour le soir même. Cela pouvait être pour l'achever avant qu'elle n'ait le temps de reprendre ses forces ; mais Don semblait savoir ce qu'elle était, il devait connaître ses facultés de régénération.

    Installée sur le canapé, Susan avait rapproché la table basse afin d'y installer ses dossiers. Il lui était impossible de rester tranquille et se contenter de se reposer, il fallait qu'elle travaille. Peu importait qu'il s'agisse de dossiers pour le tribunal, ou d'indices pouvant lui donner des indications concernant ceux qui lui étaient tombés dessus. Elle avait pris un verre, une des bouteilles de Bobby, puis avait fini par boire directement au goulot à force de remplir le récipient. Elle avait promis à son ami de remplir entièrement sa collection d'alcool une fois remise sur pied, et il savait qu'elle tiendrait toujours ses engagements. Elle portait alors parfois la bouteille à ses lèvres, heureuse d'être seule, que personne ne la voit ainsi. Elle reprendrait contenance quand quelqu'un franchirait le seuil de la porte,
    Elle avait donc un peu de temps, Don devant lui dire quand il se mettait en route. Il ne pourrait trouver son chemin seul, elle irait donc le guider pour lui montrer quel chemin prendre et où garer son véhicule.

    Après des heures plongée dans ses recherches, elle baissa le nez vers son téléphone et prit une longue gorgée de whisky pour se donner du courage. Elle avait fait l'effort de s'habiller, mais sans prendre autant de soin que d'habitude. Elle portait un simple jean, un t-shirt gris foncé et s'était tout juste donné un coup de brosse ; elle n'était pas en état de fournir plus que cela. En entendant un bruit de moteur au loin, elle sortit de sa cachette pour marcher quelques pas vers un bout de chemin mal indiqué ; décidément, Bobby n'avait vraiment aucune envie qu'on le retrouve dans ce petit coin perdu. En voyant les phares arriver, elle croisa les bras comme gagnée subitement par un froid insoutenable. Les frissons ne venaient pourtant pas de là.
    Elle fit signe à la voiture et marcha droit devant elle en fixant un point au loin, de peur de croiser son regard à travers le pare-brise. Une fois arrivée à l'endroit souhaité, elle lui fit signe de se garer dans un coin et retrouva l'entrée de la cabane, dans sa posture toujours très défensive. Elle attendit ensuite que Don vienne jusqu'à elle, et leva une main lorsqu'il fut à quelques mètres seulement. « — T'es armé ? » Elle n'attendit pas pour réduire le vide entre eux, et venir jusqu'à lui pour ouvrir les pans de sa veste, tâter le long de ses jambes, chevilles, jusque derrière sa ceinture. Elle fit ensuite un pas de côté pour l'inviter à entrer dans la cabane, regardant autour d'elle pour ne pas le regarder directement. En d'autres circonstances, elle se serait amusée en le fouillant, se serait attardée sur certains endroits avec un sourire, aurait fait en sorte de prendre son temps ; mais elle n'en avait pas le luxe, pas maintenant.

    Elle entra à son tour dans la cabane et referma la porte derrière eux. Les bras de nouveau croisés, elle s'adossa à la porte et le regarda enfin après un regard circulaire vers l'intérieur de l'habitation. « — Si tu veux boire quelque chose, y'a des bières dans le frigo, ou il reste du whisky. » Elle ne comptait pas faire la parfaite hôtesse, sûrement qu'il aurait à aller chercher lui-même sa bière. Elle voulait l'approcher le moins possible avant d'avoir mis les choses au clair. Peut-être ne l'avait-il pas attaquée dehors, de peur d'être vu par un chasseur ou autre chasseur de champignons ; mais Dieu seul savait ce dont il était capable en intérieur. « — T'as des bonnes nouvelles à m'apporter ? » Ou tu voulais juste t'assurer que j'étais bien dans un état déplorable, et rire de tes méfaits ?




BABY YOU'RE MY FLAME
never know how much i love you. never know how much i care. when you put your arms around me, i get a fever that's so hard to bear.
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Don Mattheson
- looks like billy the kid -
Don Mattheson
- looks like billy the kid -
damné(e) le : o05/10/2021
hurlements : o785
pronom(s) : oshe / her
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is it a loss or a redirection ?
Il s'était laissé bercer par l'illusion de la trêve. De ce calme après la tempête dont une partie de lui n'était pas certain qu'elle soit entièrement éloignée d'eux. Il s'était laissé bercer par la douceur, la complicité de leurs échanges. Tout avait paru bien plus simple, après cette nuit passée dans les bras de l'autre, dans ce motel où l'anonymat était roi et les âmes étaient libres. Une ellipse dans le chaos, quelques heures arrachées au reste du monde, aux obligations et aux inimitiés naturelles. D'animaux sauvages, ils étaient tous les deux redevenus agneaux. Réduits à la simplicité désarmante de ce qu'ils étaient, quand le monde ne pesait pas sur leurs épaules. Et Don s'était laissé prendre à cette proximité retrouvée, jamais réellement perdue, mais toujours tenue à une distance sécurisante. Ce qui avait été un jeu de pouvoir, avant, n'était plus qu'une valse à deux temps, chacun des danseurs imposant sa cadence jusqu'à finir par enfin se synchroniser. Et le renard avait fini par s'y laisser prendre, par ce collet de velours que le regard de Susan Love serrait si facilement autour de son cou. Lui qui s'était toujours donné pour point d'honneur de ne jamais se laisser capturer, de ne jamais permettre à qui que ce soit d'approcher de si près de ce qu'il était, sous toutes les carapaces imposées par ses multiples existences. Susan avait réussi à toutes les défaire, progressivement, et il était fier de pouvoir prétendre en avoir fait autant de celles de la belle. De là, de cette nuit au motel, il avait été facile de se laisser avoir.
De se laisser sombrer dans la chaleur douceâtre de cette compréhension mutuelle, maintenant que les masques n'avaient plus la même forme d'importance entre eux. De laisser plus facilement naître un sourire sincère sous les babines grises, quand il voyait le nom de Susan s'afficher au-dessus d'un message sarcastique. De répondre du tac au tac sur le même ton espiègle, juste parce que c'était le jeu, et juste parce que ça leur permettait de garder un peu le contact.

Puis elle avait disparu. Sans crier gare, comme un soupire expiré qui ne pourra jamais être rattrapé. Un soupir d'agacement, ou d'ennui, ou de regret ? Etait-ce quelque chose qu'il avait dit ? Avait-elle pris la fuite, comme elle savait si bien le faire ? C'était vrai, leurs conversations touchaient bien plus souvent à des sujets qui étaient plus personnels pour chacun des deux participants. Leur complicité toute fraîche, tout juste trouvée, lui avait donné l'illusion qu'il n'aurait plus à marcher aussi souvent sur des oeufs que ce qu'il devait faire auparavant. Mais la belle était toujours fièrement farouche, et le renard gris avait les crocs toujours aussi acérés. Aussi bien, il pouvait n'avoir été responsable de rien et la vie pouvait avoir rattrapé la juge. Aussi bien, il pouvait avoir été responsable de tout, et il n'avait pas attendu plus de la fin de cette journée de silence remarqué pour envoyer un message d'excuses pour une faute qu'il n'était pas certain d'avoir commise, mais qui ferait certainement réagir la brune. Sans succès.
Alors il avait lu, et relu, et encore relu les derniers sms qu'ils s'étaient échangés. Don commençait à connaître certains de ses patterns, commençait à comprendre quels sujets pouvaient occasionner une mauvaise réaction chez la jeune femme. Quelles blagues pouvaient être de trop, mais rien de tout cela n'avait été abordé dernièrement. Rien qui puisse expliquer le silence soudain de la Juge Love. L'idée qu'elle puisse avoir eu un problème avec son téléphone lui avait effleuré l'esprit, mais tomba rapidement à l'eau elle aussi. S'il n'y était pour rien dans ce silence, elle n'aurait eu aucun mal à le contacter au Tribunal, voire à lui faire passer un message par Marlon ou par un des différents collègues qu'ils avaient en commun. Aucun message. Susan Love était aux abonnés absents, que ce soit par message, par téléphone, au Tribunal, même auprès de son propre frère lorsque Don l'avait interrogé sur l'état de santé de sa sœur. L'air de rien, pour ne rien dévoiler, pour ne pas que Marlon se réjouisse de ce qu'il pourrait mal interpréter. Les grands yeux clairs de son partenaire s'étaient étrécis, il avait secoué la tête. Avait répondu vaguement qu'avec toutes ses responsabilités, peut-être que Susan avait dû quitter un peu la ville. Les colloques de juges n'étaient pas rares, peut-être avait-elle même fait un tour à un de ces séminaires pompeux dont on voyait les affiches placardées un peu partout dans les couloirs du Tribunal.

Don n'y croyait pas.
Tout comme il avait du mal à se dire que Susan Love ait pu disparaître, juste comme ça, sans rien dire à personne.

Quelqu'un devait savoir quelque chose. Il connaissait suffisamment Marlon pour savoir que ce dernier ne lui avait pas menti, mais ce n'était pas suffisant. Il avait interrogé Lazare, se souvenant parfaitement quel genre d'information le Chasseur avait tenté de lui arracher concernant la juge. Un simple coup d'oeil aux yeux noirs avait suffi pour comprendre qu'il n'était pour rien dans cette disparition. Alors qui ? Les pistes s'amenuisaient malgré que les jours passent, une plus vibrante, plus évidente que les autres. Une qu'il refusait de considérait, parce qu'elle était douloureuse. Lui. Il pouvait en être responsable, l'avait déjà été. Espérait ne pas être en cause, et, s'il l'était, il ignorait pourquoi ; en tirait une colère qu'il préférait laisser de côté pour se concentrer sur une toute autre hypothèse.
Alors, verre de whisky de trop dans son bureau, il s'était décidé. Avait envoyé un message à Susan, juste pour savoir. Juste parce que tout ce silence était une torture bien pire que sa potentielle culpabilité.

C'était ce qu'il pensait, jusqu'à ce que Susan réponde. Quelle confirme la crainte qui rongeait l'estomac du renard gris. C'était de sa faute, et c'était pour la pire des raisons. Son cœur s'était effondré dans sa poitrine, en lisant les accusations. La fureur qui avait suivi avait, elle, éclaté quelques heures plus tard au QG du MC. Les mots échangés avec Little Fly avaient confirmé qu'il y avait une possibilité que Susan puisse avoir raison. Il savait que certains des siens agissaient dans son dos. S'en contrefoutait en temps normal. Mais cette fois-ci, c'était différent. C'était Susan. Les explications arrachées à Little Fly avaient précédé une convocation générale de tous ceux susceptibles d'avoir des comptes à rendre, Colorado le premier. Toute la troupe était repartie avec les oreilles sifflantes des hurlements du Vice-Président, la tête rentrée dans les épaules, et la promesse d'être dispatchés dans tous les Chapters du pays s'ils réparaient pas de suite leurs conneries. Mais, au milieu de tous leurs bredouillements, une seule vérité s'était imposée au leader : son gang n'était pas à l'origine de l'assaut.
Il n'y avait qu'une seule et unique alternative. Et il devenait impératif que Susan la connaisse. Le plus rapidement possible.

En temps normal, voire même peu de temps avant, il n'aurait rendu de comptes à personne. Liberté de coeur, de corps et d'esprit, revendiquée. Mais c'était avant. Avant qu'elle ne serre un peu plus le collet de velours autour de sa gorge, avant que le renard gris ne ressente cette terreur maladive à l'idée qu'il puisse être arrivé quelque chose de vraiment grave. La colère s'était essoufflée pendant qu'il conduisait, ne laissant plus de place qu'à la peur. Dans quel état allait-il la retrouver ? Que lui avaient-ils fait ? Allait-elle le croire ? Autant de questions qui se bousculaient, dont une, plus importante que les autres : comment allait-elle, vraiment ? Autant de questions qui ne prouvaient qu'une chose, qu'elle faisait partie de cette poignée d'âmes plus importantes que la sienne. Et ça, il le savait, c'était le pire parjure qu'il puisse avoir fait à toutes ses propres croyances.
Les Cyclops ne devaient pas tenir à un Wendigo. Jamais.

Mais c'était Susan. Susan, dont il aperçut enfin la silhouette après ce qui semblait une éternité de routes cahoteuses le long d'un chemin à peine visible, en pleine forêt. Un pan de forêt qui lui était inconnu, et qui ne devait pas être pratiqué par grand monde. Le Foyer Rouge avait-il investi progressivement les parties hors limites, non loin de l'ancien campement de la Cohorte ? Il n'avait pas le loisir de se poser ce genre de questions. Parce que, balayée par les phares, Susan lui apparut réellement. Dans toute la violence de ses blessures. Et le coeur du renard de s'effondrer une nouvelle fois dans sa poitrine. Et la rage de la voir dans cet état de tirer brutalement le frein à main, laissant le contact alors qu'il s'extirpait rapidement de sa voiture. Une main tendue, couverte de bleus, pour l'arrêter dans sa course.

T'es armé ?

La froideur de la question cingla l'air déjà frais d'une saillie glaciale. Don déglutit, troublé que cette question s'impose entre eux. Une question qui faisait sens, évidemment, encore plus alors qu'il voyait les traces de son agression lézarder ses bras comme son visage. Il secoua la tête, se sentant paradoxalement coupable.

-J'suis venu direct, mon flingue est dans la bagnole.

Une information inutile, insuffisante, visiblement. Parce que la brune s'était rapprochée rapidement, une puissante odeur d'alcool imprégnant l'air autour d'elle. Parce que ses mains le palpèrent avec une précision qui faisait écho avec un entraînement qu'elle n'était jamais sensée avoir reçu. En temps normal, Don se serait permis une remarque espiègle. Mais pas cette fois. Pas alors que chacun des traitements de Susan, superposé à ces plaies encore fraîches ou à la noirceur de ses bleus, rappelait la gravité de la situation. Pas alors que chacun de ses gestes reflétait à quel point elle n'avait pas confiance en lui. Et ça, c'était pire que tout. Un goût acre au fond de la gorge, il la laissa achever son inspection en silence. Baissa les bras et fourra ses mains dans ses poches, comprenant parfaitement qu'il n'était pas question d'effusions ou de tergiversations. Il la vit rebrousser chemin, en profita pour couper enfin le contact de sa voiture ; emboîta ses pas, se fiant à elle pour le guider dans l'obscurité, ses yeux à lui ne lui permettant pas de voir dans le noir. Ils rejoignirent ce qui semblait être un chalet, perdu au milieu de nulle part. Soulagé d'apercevoir un soupçon de lumière filtrer par les fenêtres, il entra dans les lieux et fut aussitôt accueilli par une odeur de musc et d'alcool fort. Obéissant à ses précautions, il fit quelques pas à l'intérieur de cette cabane au confort rustique, laissant une distance assez éloignée pour qu'elle se sente suffisamment en sécurité. Un regard circulaire aux lieux. Des emballages de pansements, des bouteilles vides un peu partout. Du nécessaire pour chasser et braconner, des vêtements d'homme et quelques objets qui semblaient servir à Susan. Il pouvait facilement deviner la carrure et la personnalité de l'ami qui avait accueilli la juge. Espérait réussir à la convaincre de son innocence avant d'avoir à le rencontrer.

Il se tourna vers elle, les mains toujours dans les poches. Bascula d'un pied sur l'autre, la laissant imposer la cadence de cette toute nouvelle forme de danse. Celle de la méfiance. Elle lui brisait le coeur mais le renard gris n'en trahit rien. Il n'en était pas à son premier rodéo, pour ce qui était des trahisons. Rester factuel. C'était le meilleur moyen pour ne pas se laisser bouffer. Par ses émotions, ou par quoi que ce soit d'autre.

-J'en ai. J'ai fait l'tour des miens. C'est une bande de cons et ils ont avoué un paquet de conneries, mais aucun d'entre eux n'a fait l'coup. Quant à la hiérarchie, tu l'sais déjà, c'est Irish et moi. Irish est reparti à Boston et s'occupe pas de ce genre d'assauts. Quant à moi, tout ce que je peux te dire, c'est que je suis innocent. Tu le crois, tu le crois pas, c'est toi que ça regarde.

Il aurait voulu être entièrement détaché. Ne pas lui reprocher sa méfiance, ou ses accusations. Etre un adulte dans cette situation, tout du moins suffisamment éloigné de ses sentiments pour ne pas réagir de cette manière. Mais, plus que le silence, c'était l'accusation qui ne passait pas. Après tout ce qu'ils avaient vécu, il était blessé par le fait qu'elle ait cru si facilement qu'il ait pu lui faire une chose pareille. L'était d'autant plus qu'il la voyait réellement, dans toute sa faiblesse, dans toute la violence laissée sur sa peau. Comment pouvait-elle croire qu'il puisse être à l'origine de tout ça ? Ca lui foutait la nausée.
Il planta un regard d'acier dans ses prunelles froides, les soutint quelques instants avant de détourner le regard. De se détourner entièrement, basculant sur son talon pour observer d'autant mieux la cabane. Si elle voulait, même affaiblie, elle pouvait parfaitement le réduire en charpie. Juste parce qu'elle ne le croyait pas. Il n'avait prévenu personne d'où il allait, n'avait prévu aucune précaution. Peut-être parce qu'il lui faisait confiance, malgré tout le reste. Ou peut-être parce que le collet de velours était si intensément serré autour de sa gorge qu'il en avait oublié tout principe de précaution. Il y avait pire que mourir dévoré par un Wendigo qu'il avait appris à aimer, au milieu d'une forêt où personne ne pourrait l'entendre hurler. Probablement. Le regard posé sur un dessin d'enfant -surprenant -, accroché sur un mur, il soupira et reprit :

-Reste que deux pistes. La première, c'est la Garde de l'Aurore. Ils t'ont suspectée de pas être tout à fait humaine, y'a pas si longtemps. Je leur ai raconté des conneries pour qu'ils lâchent l'affaire, je sais pas combien de temps ils vont y croire. Mais ça ressemble pas du tout à leur mode opératoire, et qu'j'ai interrogé un de mes contacts chez eux qui m'a confirmé qu'aucune action n'était prévue contre toi. Il reste donc que l'autre piste, qui est un MC rival qui a décidé de faire un arrêt du côté du trailer park.

Le drawl texan revenu au galop alors qu'il exposait les faits. Qu'il laissait Old Boy imprégner un monde qu'il n'aurait jamais dû imprégner, mais les faits étaient les faits, et les masques étaient tombés depuis longtemps. L'heure n'était plus à tenter de faire croire à ce qu'il n'était pas. Il se retourna vers la Wendigo. N'arriva pas à voir au delà de ses blessures et de sa méfiance. Il avait envie de la serrer dans ses bras, mais savait que les circonstances lui refuseraient un tel geste.

-Ils sont arrivés y'a quelques jours, quinze, vingt hommes, pas du coin ou des alentours Boston, peut-être. Blousons noirs, pas de blasons ou de signes distinctifs, correspondent à ta description. On s'en préoccupait pas vraiment, ils avaient l'air d'être de passage, pas là pour nous couper l'herbe sous le pied.  J'ai mis quelques uns de mes gars sur le coup pour voir ce qu'ils veulent, mais t'as peut-être déjà la réponse à cette question, non ? Y'a personne que tu connais qui pourrait avoir un rapport avec un MC ? Ou qui serait prêt à payer assez cher pour qu'ils règlent ses comptes ?

Parce que c'était ça, ce qu'il s'était passé, non ? Parce que c'était ce qu'il avait sous les yeux. La preuve évidente, toute en hématomes, toute en lacérations, que si elle n'avait pas été inhumaine, elle ne serait plus là. Il se mordit la lèvre inférieure, une tentative vaine de contenir l'émotion qui grimpait dans ses yeux à cette terrible réalisation.

-Qui voudrait ta mort, Sue ? Parce que ce fils de chienne doit payer pour ce qu'il t'a fait.

Et parce que je pourrai jamais te faire ça.
Pas avant. Et plus maintenant.





difficult-looking legal books stand in a formidable row. They mock me. I tried reading one, and it made my head hurt. When I closed it, it slipped out of my hand. Then my foot hurt too.
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Susan Love
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-- is it a loss or a redirection ? ft. @don mattheson
     Elle aurait aimé ne pas ressentir cette aigreur grimper à l'approche du véhicule. Un goût amer avait envahi sa bouche, la peur surplombant la douleur pour un court instant. Il ne s'agissait pas de la crainte de se retrouver seule avec Don, ni même de penser qu'il serait capable de lui faire du mal ; mais elle était effrayée par ce qu'elle risquait de découvrir dans les heures – voire les minutes – à venir. Est-ce qu'il était fautif ? Est-ce qu'elle devait s'en vouloir d'avoir baissé les armes face à lui, au profit d'une idylle qui prenait forme avec bien trop de matière depuis cette fameuse soirée ? Elle avait fini par s'y attacher, à cet homme qui paraissait impossible à apprivoiser. Elle avait apprécié chacune de leur rencontre des dernières semaines, tous les messages plus personnels qu'ils avaient commencé à s'échanger. Il lui était impossible de mettre un mot sur ce qu'elle ressentait pour des raisons logiques, mais rien ne l'empêchait de profiter de ces moments de bonheur avant que sa vie ne la ramène brutalement à la réalité.
    C'était ce qu'elle avait fait, pourtant, en la matraquant au sol pendant que ses dernières joies se retrouvaient molestées avec elle. Les coups avaient éveillé des douleurs lancinantes, des hématomes violacés qui finiraient plus noirs que la nuit ; mais c'était la vue des motos, des blousons, de l'ambiance de camaraderie qui suivaient les injures et les attaques qui avait été presque fatale.

    Elle s'était trop attachée à ce fâcheux ennemi pour accepter d'être battue par lui. Retrouver Bobby avait été une évidence pour elle, il était le seul à ne pas être apparenté à l'une ou l'autre de ses vies ; il faisait partie de celle qu'elle rejoignait quand le reste était trop douloureux. Il était son remontant, et plus récemment son médecin. Elle lui avait promis d'être prudente face à l'avocat. C'était donc ce qu'elle comptait faire, restant à l'autre bout de la pièce alors qu'elle avait besoin de sa chaleur, de tout le réconfort qu'il accepterait de lui offrir. Elle attendit d'entendre ce qu'il avait à lui dire, croisant les bras contre sa poitrine ; pour avoir une contenance, corriger son allure.

    Quant à la hiérarchie, tu l'sais déjà, c'est Irish et moi.

    Cette phrase aurait dû accaparer son attention. Pourtant, elle l'entendit à peine tant le coup porté par une des phrases suivantes fut plus important. Tu le crois, tu le crois pas, c'est toi que ça regarde. Il venait de confirmer absolument tous ses soupçons, lui offrant sur un plateau les détails dont elle avait besoin de rapporter à Darius, néanmoins elle s'en moquait. Le reste était plus important, ce ton qu'elle n'aimait pas, mais qui l'aidait à réfléchir à la situation. Elle ne le lâchait pas du regard ; pas seulement parce qu'elle le surveillait, mais aussi parce que sa présence avait quelque chose de rassurant. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit de penser ainsi, surtout après les derniers événements, mais elle ne pouvait s'empêcher de repenser au sentiment de bien-être qu'elle avait ressenti en passant la nuit entre ses bras. Ces mêmes bras ne pouvaient être à l'origine de ses blessures. Elle refusait de le croire ; alors pourquoi l'avait-elle si rapidement envisagé ?

    Je leur ai raconté des conneries pour qu'ils lâchent l'affaire, je sais pas combien de temps ils vont y croire.

    Impossible de savoir ce qui était le plus surprenant dans tout ce qu'il disait. Il lui parlait sans retenue, révélant tout ce qu'ils s'étaient efforcés de cacher durant des années, et avouait par la même occasion avoir joué un rôle dans sa protection au regard de la Garde de l'Aurore. Elle sentit un nouveau frisson la parcourir, ferma les yeux un instant comme pour laisser à son corps une chance de se réveiller. Mais elle ne rêvait pas. Les mots prononcés par Mattheson étaient bien réels, et la situation également. Les défenses de plus en plus fragiles, elle ressentit le besoin de s'adosser au mur derrière elle afin de ne pas s'effondrer. Les bras toujours croisés, elle baissa la tête pour cacher son regard, de peur de faire une erreur en le plantant dans le sien. Il aurait découvert toute la détresse qui l'habitait, la peur et les ressentiments. Elle mit un moment à réagir, essayant de se contenir avant de parler, de peur que sa voix ne sorte étrangement d'entre ses lèvres. Il fallait bannir ses tremblements, les sanglots, tout ce qui faisait d'elle une humaine, une femme faible et fragile. Ce qu'elle refusait que Don ne voit en elle.

    Qui voudrait ta mort, Sue ? Parce que ce fils de chienne doit payer pour ce qu'il t'a fait.

    Ce fut la goutte de trop, la sentence fatale qui l'empêcha de peser ses mots pour les délivrer calmement. Elle sentit les larmes monter plus rapidement, ses épaules s'affaisser. Elle fit comme si de rien n'était, comme si elle ne sentait pas les larmes s'agglutiner sur ses cils. « — Carmine, peut-être, ou... je sais pas y'a ce- cet homme qui fait partie d'un mc, j'ai appris qu'après que c'était l'chef ; il va passer du temps à l'ombre. Morgan a pu décider d'agir, peut-être, j'en sais rien peut-être ... Rien qu'la semaine dernière une femme a menacé de m'tuer. » Elle sécha les larmes qui avaient commencé à ruisseler sur ses joues, d'un revers de son poignet, puis poursuivit. « — La liste est longue entre le tribunal, les ... les ennemis du Foyer Rouge et les relations foireuses de Morgan, j'ai- j'crois que le monde entier veut ma mort. » L'évocation du Foyer Rouge avait été difficile à délivrer, mais il était devenu inutile de faire semblant.

    Elle se traina jusqu'au canapé, la mine basse pour cacher ses joues rougies par les larmes, et s'y installa en attrapant son verre pour le vider d'une longue gorgée. Elle lança ensuite un coup d'œil vers son ordinateur et les documents qui l'encerclaient, pour juger de ses recherches. Elle y passait le plus clair de son temps, avait regroupé des informations sur les individus susceptibles de lui en vouloir, d'être à l'origine de l'attaque. Elle poussa légèrement les dossiers vers le bord de la table basse pour l'inviter à les feuilleter s'il le souhaitait ; tous ceux qu'elle n'avait pu récupérer au tribunal se trouvaient sur son ordinateur, ils pourraient les consulter ensuite. « — J'ai quelques noms en tête comme tu peux l'voir, mais j'ai du mal à m'concentrer, tout est trop ... » Elle haussa les épaules sans terminer sa phrase. Comment le pouvait-elle ?
    Les doigts sur le clavier, elle tourna l'écran vers Don pour qu'il puisse y jeter un œil, fit défiler quelques dossiers jusqu'à ce que le nom de Mattheson apparaisse. Sa main devint tremblante alors qu'elle l'éloignait de l'ordinateur. « — J'ai eu envie de te voir après ça, mais ... je savais plus à qui faire confiance... Je crois que ça m'aurait tuée que ce soit toi. » Elle eut un petit rire sans joie, sécha ses larmes une nouvelle fois avec la paume de sa main avant de reprendre d'une voix un peu plus forte. « — C'est peut-être ridicule, mais ...  » Elle prit une grande inspiration, mais finit par s'effondrer, le visage entre ses mains. « — Si tu savais comme j'ai peur, comme je me sens seule, j'sais même plus qui j'suis... » Parce que cette femme qui pleurait sur ce canapé qui sentait le whisky, ça ne pouvait pas être elle.

    Lorsqu'elle sentit l'odeur de Don se rapprocher, elle releva la tête sans pourtant le regarder dans les yeux, de peur d'y lire de la pitié. Elle avait toujours voulu garder une image de femme forte, s'en voulait de tout détruire en quelques minutes seulement ; mais elle ne pouvait plus tenir. Elle avait peur, mal, se sentait seule, désespérée et avait l'impression de perdre la tête. Elle finit par ouvrir les bras la première pour se jeter dans ceux de celui qu'elle avait accusé, sans trop savoir si elle pouvait lui faire confiance ou non ; mais elle voulait y croire. Et si par malheur elle s'était trompée, et qu'il venait à la tuer, au moins elle aurait suivi son cœur avant ses craintes. Elle masqua son visage dans son cou en essayant d'arrêter ses larmes, murmura entre deux sanglots. « — Excuse-moi... J'vais m'reprendre, j'ai juste besoin d'une minute. » Elle recula la tête, se redressant pour redevenir la femme droite qu'elle avait toujours montrée. Pour la première fois depuis qu'elle avait rejoint le canapé, elle le regarda dans les yeux. « — J'avais besoin de te voir pour savoir ; je te crois. »




BABY YOU'RE MY FLAME
never know how much i love you. never know how much i care. when you put your arms around me, i get a fever that's so hard to bear.
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