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 if you are the healer, i'm broken and lame. (larry)

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if thine is the glory then mine must be the shame. you want it darker, we kill the flame. Au premier éloignement, elle a tenu trois mois. Trois putain de mois, avant de manigancer ce plan bancal, entraîner One avec elle. Aurait pu s'contenter de mener sa barque, certes miteuse et instable, plutôt que de refoutre les pieds dans cet endroit qu'elle clamait avoir quitté à jamais. Pas comme si Larry lui avait mis le couteau sous la gorge pour qu'elle revienne. Pas comme ça qu'ça fonctionnait, avec lui. Envoyait personne kidnapper les gosses égarés, devenus grands, suffisamment pour qu'les parents n'aient plus la moindre autorité. N'avait déjà aucune légitimité, son père, mais c'était bien lui qui prenait les responsabilités à sa place, jusqu'à sa majorité. Celle d'appeler Larry à l'aide, quand elle s'mettait à vriller, après le décès de sa mère. Une injection dans le fessier et direction labo, elle pensait peut-être naïvement que ça allait se reproduire, guettait l'moment où Calloway finirait par envoyer quelqu'un la chercher. Mais elle avait vingt-six ans, à l'époque, était sûrement trop grande pour qu'on la rapatrie de la sorte. Quand ça serait franchement illégal. Y était retournée toute seule comme une grande, alors, dans l'espoir de tout foutre en l'air. A eu tout l'temps d'y cogiter en taule, à c'qui se serait passé pour elle si elle n'avait pas essayé de se rebeller pour de vrai. L'idée lui filait la gerbe, et l'envie de mourir à la fois. De s'évanouir, au moins, juste ça. Pour plus sentir ses entrailles se débattre contre le scénario d'un après, où elle ne serait que méfiance, persuadée qu'un jour ou l'autre, elle y retournerait.

Alors, la deuxième fois, ça a pris plus de temps.

Deux ans de taule. Une année supplémentaire à récupérer les morceaux d'une vie fracassée. Pourtant, là encore, c'est de son plein gré qu'elle est allée gratter aux grilles du laboratoire, à marmonner dans l'interphone, attendre son passe-droit, celui qui tardait à arriver. C'est Three, je dois voir Larry. Le devait. Sous prétexte de courir après les fantômes de One - déjà loin - et de Two - déjà loin, aussi. Y était restée trois jours. Trois putain d'jours. Et la vérité, c'est qu'la salle blanche n'avait pas été fermée à clé. Pas une seule putain de fois. Parce qu'il suffisait de se concentrer pour faire bouger les rouages de la serrure, sans clé. Et ça se savait. Depuis sa première démonstration du genre, à dix piges. Aucun instant à être captive, à ne pouvoir faire le choix délibéré de s'en aller. Sans doute que ça faisait beaucoup parler les scientifiques. Parce que Nora, elle, ne semblait pas avoir conscience d'être libre de déambuler, et de sortir du laboratoire comme elle l'entendait.

Parce qu'il n'y a pas d'emprisonnement qui tienne. Pas de barreaux verrouillant leurs trajectoires, à tous les cinq, depuis qu'ils ont atteint l'âge adulte. Juste ceux cloisonnant leurs caboches. Juste ces putains d'mur immaculés tapissant ses méninges, à Nora, l'esprit ramené inlassablement à la salle blanche. Et une fois de plus, il n'aura fallu que quatre mois, à peine. Quatre petits mois, avant que ça ne lui reprenne.

Ne peut pas en prendre conscience sans avoir envie de s'écraser le front contre un mur - ce qu'elle a fait, pas plus tard qu'il y a deux semaines. Que tout n'est qu'une question de temps. Sait même plus si c'est une phrase que le scientifique lui a dit, ni quand, mais quand ça se projette violemment contre sa boîte crânienne, c'est tout son corps qui se révulse. Alors, devant ce vieux pub tombant à moitié en ruine aux portes des docks, ça s'enchaîne, clope après clope, à resserrer les pans de son manteau, vriller un regard paranoïaque à droite, puis à gauche. N'était pas comme ça, avant. Avant de partir, la première fois. Toujours à guetter qu'on n'la suive pas. Même quand c'est elle, cette fois-ci, qui a pris les choses en main, à sa manière. Foutra pas un pied au laboratoire là, tout d'suite, quand la seule idée lui arrache des sueurs froides. Même pas prête à se retrouver soumise au givre de son regard implacable, c'est pour dire. Jette le mégot, quand son souffle s'échappe en nuées de brouillard dans l'air glacé. La gorge nouée, Everdell. Pas souvent qu'ça lui arrive, de perdre ses moyens, comme ça, à fourrer ses mains tremblantes dans les poches de sa longue veste, incisives qui bouffent les lèvres.

Plus facile de le harceler sous un numéro inconnu. Plus facile de reprendre contact sous couvert de messages. Parce que c'était inédit. Aucun n'avait jamais eu son numéro personnel. Sait pas c'qui lui a pris, putain, là, maintenant. Toujours à réfléchir après, sauf qu'là, là elle se décompose, pour de bon. Très encline à laisser les remarques désobligeantes filer par instant, par le passé, y'avait quelque chose chez Larry qui l'avait toujours empêchée de lui manquer franchement de respect frontalement. P't'être parce que d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, il a toujours été là. Qu'il est toujours là, chaque jour, dans sa tête. Les yeux se plissent à cette pensée. Là qu'elle songe l'apercevoir. Et elle a juste la foutue impression de crever sur place, quand sa silhouette s'inscrit le long du quai, chemin tout frayé lorsqu'on s'écarte sur son passage. Subitement, il lui semble qu'elle a six ans à nouveau, quand à l'voir marcher sur elle, Nora se sent minuscule. Putain de putain de minuscule. Relève la nuque en se faisant violence, les lèvres frémissantes à mesure que ses pupilles s'étalent dans ses yeux clairs. L'entend presque, son palpitant se contracter de manière dégueulasse, sa cage thoracique qui se rétracte dans l'appréhension. Peut pas rester là, comme ça, à attendre, à se sentir disparaître à chaque pas le rapprochant, à se haïr pour les émois familiers qui s'éveillent à son approche. La sensation, peut-être, d'être entière. Elle se maudit, viscéralement, pour ça. Le maudit, lui aussi, et sa manière de s'être rendu indispensable auprès d'elle. Auprès d'eux cinq. Et pour la première fois de sa vie, y'a pas un mot qui sort de ses lèvres entrouvertes. En perd la voix, Nora, à forcer contre ses cordes vocales, quand celles-ci protestent, la cloîtrent dans le silence.
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We gotta get right back to where we started from. ☾☾☾ La silhouette de Larry est découpée à la lueur des réverbères. Mains profondément enfoncées dans les poches de son manteau, cigarette plantée à la lisière de ses lippes, l’étincelle rouge et incandescente vaque dans les rues d’Exeter. A droite, puis à gauche. Il ne connait les rues de ce patelin que trop bien, à force de les avoir arpentées de long en large lorsqu’il n’était encore qu’un enfant. Le plus souvent en compagnie d’Arsen, les jours où l’aîné daignait lui adresser la parole – puis avec Agate, les doigts entrelacés, à braver les interdits, et la bienséance de l’époque, à l’attirer au détour d’une ruelle pour mieux la pousser contre un mur, lèvres fébriles qui se posaient sur son cou dans le même mouvement. Tour à tour, les réminiscences se mêlent à quelque chose de plus réel, de plus tangible sans doute ; du vent qui s’engouffre entre la peau tendre de sa gorge et l’angle du col de sa chemise, ou la fumée qui lui emplit les joues, qu’il aspire avant de recracher. Focalisé qu’il est sur tout ce qu’il est en mesure de toucher, à s’efforcer de ressentir le monde comme s’il était sien – l’esprit clair, tranquille, mesuré.

C’est ainsi, du moins, qu’il se décide à appréhender la situation. Si l’engouement est pourtant palpable, les zygomatiques vibrant à chaque naissance de sourire qui creuse ses joues pâles, Larry réprime l'élan d’enthousiasme qui pourrait transpercer son faciès d’ordinaire bien immobile. S’il a appris quelque chose avec Three (et sans doute a-t-il davantage appris en sa compagnie que ce qu’il n’avait bien voulu s’imaginer, la première fois que son regard affûté s’est porté sur la gamine), il s’agit certainement de son imprévisibilité (qu’il juge être de l’inconstance, mais soit), et les différentes manières qu’il pourrait employer afin de la rassénérer dans les convictions qu’il souhaite lui insuffler. En l’occurrence, son don de suggestion pourrait évidemment lui être utile ; il lui a toujours été, à vrai dire, surtout lorsque les gamins avaient dans l’idée de lui tenir tête. Les petites têtes ont fini par grandir, et l’emprise que Larry avait sur elles a fini par doucement s’étioler. A raison, ou à tort, il n’en sait foutrement rien. En revanche, il ne lui semble qu’aucun des cinq n’ait un jour compris l’importance de leur existence – tant aux yeux de la science, qu’aux yeux de Larry (puisque l’un ne va pas sans l’autre).

Et c’est dans ce contexte que s’inscrit Nora qui, contre toute attente, a pris l’initiative de le recontacter. Peut-être qu’il lui aurait été plus facile d’éteindre son portable, et de l’oublier, n’ayant pas songé à lui demander de quelle manière elle était parvenue à s’approprier son numéro personnel – mais pas tout de suite, pas maintenant, puisqu’elle n’a pas encore dépassé les limites de sa patience. Elle n’y est pas loin, cependant. Un seul pas de travers, et elle ne sera plus rien pour toi. Qui plus est, Nora est parvenue à titiller cet élan de curiosité, bien tassé dans le cœur. Le besoin viscéral d’accomplissement surplombe sa santé mentale, et de loin, ce qui n’est pas pour lui déplaire. En y réfléchissant, le lieu de rendez-vous ne lui inspire rien de bon ; le mauvais pressentiment s’inscrit dans un recoin de sa caboche, à palpiter dès que les lumières deviennent éparses, et que les environs se font moins joliment façonnés. Une fois arrivé au niveau des quais, Larry coince la clope entre le pouce et l’index, l’envoyant valser dans les airs d’une pichenette. Elle rebondit, roule, tombe dans la flotte.

Aux abords des docks, la silhouette longiligne de Nora se dresse devant l’entrée du pub. Ses sourcils s’arquent, tandis qu’il se rapproche – se plante devant elle, et attend. Larry ne sait pas exactement combien de temps il patiente, et le silence semble perdurer pendant des plombes, alors qu’il ne s’agit vraisemblablement que d’une poignée de secondes. Les mâchoires se contractent brièvement, puis se relâchent. T’en attendais tellement plus. « Bonsoir, Nora. » La voix est basse, grave. Puis l’intonation s’élève, dans un éclat de sarcasme. « Tu es visiblement beaucoup plus loquace et, quel est le mot déjà, avenante par texto. » S’il n’a jamais soulevé son manque de politesse, il lui semble bon de le faire maintenant, dans les méandres d’une déception latente. T’en attendais sans doute trop. De sa démarche raide, Larry la dépasse et pousse la porte du pub. Son nez se fronce ostensiblement, renifle l’odeur de renfermé qui lui titille les narines, et inspecte compendieusement l’intérieur du troquet. Quelques vieux devant le bar, une poignée de garçons autour d’une table branlante. « Je te laisse t’installer. Un whisky, ça te va ? » Attend sa réponse, avant d’aller passer commande au bar, et de revenir auprès de sa cadette, un verre crasseux dans chaque main. Larry s’efforce de ne pas considérer davantage ses alentours immédiats, sachant qu’il lui aurait certainement proposé de se rendre dans un petit restaurant (à ses frais) plutôt que de s’amuser à risquer leur vie à chaque gorgée.

Sans un mot, il s’installe, et la chaise en bois grince sous son poids. Toujours emmitouflé dans son manteau noir, Larry pose les deux verres sur la table, et fait glisser celui de droite vers Nora. « A quoi devons-nous boire ? » S’enquiert-il, s’attendant à tout – mais surtout, à rien. Il connait Nora – ne peut que bien la connaître, finalement, la force des années faisant foi de leur relation. La versatilité pour seul étendard, peut-être a-t-elle déjà changé d’avis.


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if thine is the glory then mine must be the shame. you want it darker, we kill the flame. Durant la poussée de croissance vertigineuse qui s'est emparée d'elle, elle a bien cru, Nora, que le jour viendrait où elle regarderait Larry de haut. Persuadée, à ce moment-là, de finir par le dominer physiquement, c'était avec une bonne estimation qu'elle envisageait les centimètres les séparant encore, lorsqu'elle le suivait dans les couloirs du laboratoire. Pensait au plaisir qu'elle aurait lorsque la situation finirait par s'inverser. S'demandait si elle prendrait le même ton que lui, aussi, un brin paternaliste, quand elle le toiserait en géante qu'elle devenait. Cependant, cinq centimètres avant son objectif, son corps a cessé de s'étirer, de manière abrupte. Larry n'a jamais cessé de baisser ses prunelles métalliques dans les siennes, et elle d'incliner légèrement la nuque pour s'aligner parfaitement. C'est une pensée à laquelle elle s'attache, sans bien savoir pour quelle raison celle-ci traverse son crâne. Peut-être parce qu'au fil des années, c'est devenu une habitude d'emplir son crâne d'idées spontanées, parfois de souvenirs décousus, en sa présence. S'imaginait peut-être qu'en invitant le brouhaha dans sa tête, il y aurait plus difficilement accès - théorie jamais vraiment confirmée, elle perdait toujours à ce jeu-là. Les armes sont baissées, membres trop engourdis pour tenter d'ériger ne serait-ce qu'un bouclier face à la voix qui vibre contre ses tympans. Suffit à la tétaniser, être rendu d'autant réel lorsque ses cordes vocales s'agitent, vapeur suivant ses mots et se mêlant à celle qu'elle-même rejette. Il lui semble, en revanche, ne pas être plus tangible que ces nuées semi-opaques qui s'estompent dans la nuit, autour de leur respiration, de ces mots qu'il lâche.
Il se fout de sa gueule, et putain, elle n'arrive toujours pas à rétorquer.

Pourtant, ça vient taquiner ses nerfs, cette réflexion. Sa manière de la dire, aussi. Peut-être qu'à trop le fuir, à trop cultiver ce mythe qu'il représente, le monstre de son enfance, dégradé par son imagination macabre, l'appréhension surpasse légèrement la réalité. Parce que déjà, de cette démarche qu'elle reconnaîtrait dans une rue bondée, Larry la dépasse, semble l'oublier. Elle tâche de reprendre son souffle, plus Three que Nora en sa présence, là, tout de suite. Dans son cou, son pouls s'agite en coups erratiques, et elle y porte la main, machinalement, avant de s'engouffrer dans le pub à son tour, suivant son pas mécanique, calant le sien sur son rythme, sans même s'en apercevoir. Met un petit temps de latence avant que la question ne trouve son sens, quand ses yeux se désintéressent des alentours pour se fixer sur l'angle de la mâchoire du scientifique. « Ouais. » La voix est rauque, encore pleine de la fumée âpre inhalée avec véhémence, larynx encore verrouillé d'appréhension quand elle frotte ses mains l'une contre l'autre, plus nerveusement que pour se réchauffer, réellement. D'un raclement disgracieux qu'elle s'éclaircit la voix, l'élégance selon Nora, s'en fout bien devant lui. Il lui semble que si quelqu'un peut se targuer de déjà l'avoir vue dans tous ses états, c'est bien lui. N'a rien à camoufler de ses réactions lorsqu'il connaît ses nuances sur le bout des doigts. La réciproque n'est pas vraie, en revanche. Larry est toujours demeuré un mystère à ses yeux, dans cette familiarité tissée après vingt ans à le côtoyer de manière régulière. Devenu spectre hantant les moindres aspects de son existence, influençant ses comportements de mille façons, même en son absence, il serait pourtant franchement con de penser l'avoir cerné. Ne fera pas cette erreur, Nora, même si elle songe sans doute mieux le connaître qu'en réalité.

Suit le pas, s'installe sur une chaise au pied branlant, l'oeil vissé sur lui. Ne le quitte plus du regard, même lorsqu'il rapproche son verre. Bonne question. Y'aurait mille réponses à lui donner, toutes plus acides les unes que les autres. Crève de chaud, soudain, à s'extraire de son manteau en se contorsionnant, à secouer ses bras comme une enfant pour s'en libérer. Laisse le lourd tissu retomber sur le dossier, en remontant d'un geste les manches de son pull, avant de les baisser jusqu'aux pouces la seconde d'après. N'a toujours franchement causé, jusqu'au moment où ses gestes se canalisent, une main accrochée au verre, la seconde négligemment posée sur la table. « J'crois qu'ça va dépendre. » Le fixe, en portant une première fois le breuvage à ses lèvres, constatant avec regret que ce pub ne se fournit pas avec autant d'expertise que Rivers. « T'as avancé ? » S'humecte les lèvres, effort permanent lorsqu'il s'agit de contourner habilement les interdictions posées dans son crâne quant à l'évocation du laboratoire, en dehors de ses murs. « J'veux dire, ça fait plus d'vingt ans, j't'ai encore donné d'la matière y'a trois mois, t'as du nouveau ? » Brève évocation de ce séjour avorté, à lui offrir son don à nouveau, poussé à l'extrême avant de s'envoler. Sa manière à elle de se positionner, en évoquant ces quelques jours d'été comme s'il s'était agi d'une coopération sans faille à son égard. Après avoir fait petit bilan, il lui semble que trois ans d'absence ne sont pas bien dramatiques, étant donné qu'elle a passé tout le reste de sa putain d'existence à honorer chaque rendez-vous, de bon ou de mauvais gré. Alors, elle estime qu'après tout c'temps, elle a bien gagné le droit d'avoir quelques réponses sur ses avancées. « J'sais pas, t'es censé être une pointure dans l'milieu, j'me dis qu't'as peut-être tiré des conclusions déjà. » Essaye de dialoguer d'une manière faussement cordiale, quand pourant ça cogne contre sa boîte crânienne. Plus loquace. Plus avenante. Grondement colérique au fond du poitrail, se réveille, Everdell, au gré de ses émotions toujours aussi fulgurantes, difficilement réprimées. « Dans un premier temps, j'estime que j'ai l'droit d'savoir à quoi ça t'a servi, tout c'bordel. » S'enfile une nouvelle rasade d'alcool - fera pas mine de ne pas en avoir l'habitude, après tout, c'est lui qui lisait ses analyses toxicologiques à l'époque. Ne se démonte pas, partie sur sa lancée, à lever son verre à moitié vide, air semi-provocateur sur le visage, quand ses yeux le questionnent. « On boit à quoi, Larry ? » Sous son front, ça se bouscule un peu, quand les paroles spontanées sont muselées et qu'elle porte un regard sur la petite salle, avant de reprendre en se penchant un peu au-dessus de la table pour préciser : « Tu sais que je ne peux pas parler. Si tu veux que j'sois plus putain d'loquace, autorise-moi à l'être. » Desserre l'étau. C'est ce qui se quémande, en le dévisageant. Laisse-moi penser par moi-même, au moins quelques minutes.
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We gotta get right back to where we started from. ☾☾☾ Nora et ses questions. Larry la trouvait attendrissante, une vingtaine d’années plus tôt – force est d’ailleurs de constater qu’elle n’a guère changé depuis qu’il l’a rencontrée, la toute première fois. Toujours fidèle à elle-même, à attendre de lui un monde de réponses à son univers d’interrogations, quoi que ce soit de tangible, ce qu’il peut aisément comprendre s’il s’y efforce, mais les cartes n’ont jamais été remuées. Les rôles ancrés dans les veines, le Roi et le Fou. Il la contemple et se demande à quel moment le Fou est-il devenu si prompt à fréquenter le Roi ? C’est alors qu’il en comprend les raisons sous-jacentes, dans son observation tranquille, à la regarder avaler goulument quelques gorgées de whisky, ce qui l’amène à se demander si elle savoure tout ce qui touche ses lèvres, ou si elle ne boit finalement que pour boire. Silencieux, à subir plutôt qu’à répondre aux interrogations qui s’alignent avec dédain – allant crescendo jusqu’à son apogée, la demande qui se fait pressante, le désir de se détacher de ce qui la retient.

Larry bat des cils. L'oreille furtive, s'esquintant les mirettes à appréhender la silhouette de Nora au sein de cet endroit inconnu. Car tout, absolument tout, les ramène jusqu’aux couloirs du laboratoire. Les murs blancs, étincelants sous la lumière artificielle des néons, l’odeur aseptisée qui enflamme les narines mais dont on finit, à force d’années englouties, par s’habituer. Enfant, l’esprit éventuellement flingué par les suggestions qui s’amoncèlent, devenue adulte – et ce n’est pas sans peine que Larry comprend enfin qu’il a aidé à la façonner telle qu’elle se présente aujourd’hui. Tout ce qui le rebute, tout ce qu’il perçoit – sous ses griffes, qu’elle a grandi, bien que cette théorie ne lui soulève aucunement l’estomac. Nora appartient au labo. Vérité qui se veut universelle, et qui le rassure alors que, peu à peu, la discussion semble les mener vers ce qui l'intéresse d'aborder.

Moment de silence, prétendue réflexion soulevée sur le piédestal de la politesse, alors que la réponse a fusé dans l'esprit, dans l'instant. « Non. » Le mot claque, vibre dans sa gorge. Le givre de ses yeux se fait plus incisif. Le port altier, on pourrait le croire affable, détaché de cette conversation, alors qu’il n’en est rien. Au contraire, toute son attention converge sur la brune – et sur ce qu’elle attend visiblement de lui. « Je ne te dois rien, Nora. » Le nom est susurré, parce qu’ils savent tous les deux qu’elle est certainement plus Three, que Nora Everdell. L’index se tend, et désigne le front de la jeune femme, en son milieu. « Pour deux raisons : d’abord, tout ce que tu as dans la tête t’est nécessaire, crois-moi sur parole. » Affirme-t-il, avant de rabaisser le doigt, et de contracter sa main sur la table en bois. Larry emploie ses meilleures manières afin d’insuffler à son interlocutrice une curiosité viscérale qui, il l’espère, la mènera jusqu’au laboratoire. Il n’a qu’à planter cette graine incandescente dans ses songes, et la laisser s’étendre, se multiplier, faire son travail. « Ensuite, je n’ai jamais dit que je souhaitais que tu sois plus loquace, » remarque-t-il de son intonation égale, faussement désinvolte, « au contraire, te museler me semble nécessaire, puisqu’il te parait bon d’aborder ce genre de sujet dans un lieu public. » D’un bref mouvement de main, le scientifique indique ceux qui les entourent – les garçons dans un coin, les vieux accoudés au bar – avant qu’un rictus narquois ne fasse vriller ses lippes. Dans les yeux, ça s’enflamme tandis qu’il essaie de démontrer à sa cadette les erreurs qui parsèment son chemin. Tranquillement, Larry se saisit de son verre et le porte à ses lèvres, afin d’en siffler une petite gorgée. L’amertume du whisky lui inspire probablement plus d’émotions que l’insolence de Nora et, fantôme d’un sourire à la jonction de sa bouche, Calloway repose le cul du récipient sur la table. « Je ne compte pas te délivrer les informations que tu désires ici, » surtout ici, mais le visage conserve une impassibilité remarquable, alors que les environs immédiats lui font l’effet de crouler sous la crasse, « nous pouvons toutefois en débattre au labo, si tu acceptes de t’y rendre de nouveau. » Suggère-t-il, doucereux, sans que cela ne soit excessif.

Dans un coin de crâne, les conditions s’alignent et s’apprêtent à s’extirper de leur antre. L’instabilité n’est pas une facette qu’il trouve attirante chez Nora (et s’il y en a une, probablement non, l’ayant vue grandir et ayant constaté ses failles à mesure qu’elle grandissait et perdait de sa candeur) – et les coups d’pute, comme elle le dirait certainement, qu’elle lui a faits commencent à être légion. Suffisamment ancrés au fer rouge dans ses méninges pour qu’il prenne quelques précautions afin de ne pas être dupé de nouveau. « Je ne vais pas t’y forcer, évidemment. » Il précise, comme s’il sentait que c’était nécessaire de mentionner le libre arbitre de Five ; la rigueur du scientifique, avant l’âme chancelante de l’homme. Dans cette approche aussi, qu’il souhaite lui insuffler l’idée qu’elle est remplaçable, comme ils le sont tous. L’affection qu’il lui porte n’entre pas en jeu, dans ses objectifs qui, il l’espère – bien qu’il en doute, sont analogues aux siens.


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if thine is the glory then mine must be the shame. you want it darker, we kill the flame. A l'air perdue, Nora. Toujours un peu l'effet que ça lui fait, de se retrouver confrontée à Larry après un certain laps de temps, une absence qui s'éternise. L'existence cimentée à même les dires lâchées ci et là depuis l'enfance, la brune est incapable de s'en défaire et a eu tout le loisir de s'en apercevoir. Pour autant, elle aime trouver quelques prétextes la ramenant inlassablement à ce qu'elle considère comme sa première geôle, bien avant la prison. Formatée à appartenir à la salle blanche, à Calloway, également, difficile de s'y résoudre quand l'instinct voudrait embrasser une liberté jusqu'alors tout juste effleurée. Ne sait plus de quelle manière s'émanciper quand tout semble déjà avoir été tenté. Prendre une balle n'a pas suffi à lui remettre les idées en place, manquer se faire mordre non plus - d'ailleurs, a dévoilé son don à ce moment-là et elle est presque certaine que Larry n'approuverait pas. Non, il a fallu que sa psychologue pose un putain de regard effrayé sur la manifestation imprévue de cette capacité inexpliquée pour qu'elle reprenne contact. Après des mois à cogiter. En réalisant qu'non, elle n'avait aucune putain de justification tenant la route concernant c'truc avec lequel elle est née. Peut pas mettre de mot dessus, si ce n'est celui de télékinésie, et a besoin d'entendre le scientifique lui expliquer de quoi il s'agit, exactement, maintenant. Pas patiente, Nora, n'a jamais couru après les résultats obtenus, s'en foutant ouvertement. N'a jamais prétendu s'intéresser à la finalité de cette expérience, protocole dans lequel elle a été inclue dès ses six ans. Mais aujourd'hui, la donne change, et d'un coup d'un seul, il lui semble urgent de pouvoir se défendre avec des faits scientifiques, si on venait à l'emmerder avec cette faculté. L'envie, peut-être, également, de montrer à Grace qu'y'a rien d'anormal là-dedans. Et d'arrêter de ressasser cet air qui l'a franchement désobligée, de s'imaginer tout ce qui a pu lui passer par la tête à ce moment-là.

« Non ? » Ses yeux se rétractent, fissures desquelles émane la jade glaciale. « Tu ne me dois rien. » Suffoque, Nora, les canines crissant sur les mots qui s'lâchent, les doigts désormais crispés autour de son verre. Pourrait jurer qu'elle aurait aimé qu'ça se passe sans encombre. N'est pas venue le poignarder dans l'dos, avec mille plans d'assassinat camouflés sous un air innocent. Pas cette fois. Et elle se tend, incapable d'entendre cette remarque sans qu'ça se révulse du fond de son poitrail, à dégueuler ce qu'elle en pense, vraiment. « Tu m'dois vingt putain d'années. Mais c'est rien, pour toi. » Elle sait qu'il n'a pas ce ton-là, pour autant son front semble s'enfoncer lorsqu'il le désigne de son index. Sent presque ses pensées entassées reculer, les os ployer au seul geste du scientifique. L'a sûrement attifé de mille capacités depuis l'enfance, à grossir son portrait jusqu'à ce qu'il entre parfaitement dans une représentation de pure menace. La personne qui pourrait l'plus lui nuire au monde. Alors, pourquoi t'es là ? Et elle frissonne de plus belle, les lèvres pincées pour quelques secondes, réduite au silence et mortifiée par le fait. Mais tout ce qu'énonce Larry la froisse un peu plus, encombre ses bronches de hurlements qu'elle s'évertue à taire. Le but n'est pas d'le faire fuir, le but n'est pas non plus de s'laisser manipuler de bon gré. Lui, sans doute, qui lui a appris, à force de l'côtoyer, de quelle manière exceller dans l'domaine. Souffler des évidences, radoucir le ton, puis frapper un grand coup. S'est endurcie à son contact, mais pas suffisamment pour parvenir à lui tenir tête.

« J'ai la gueule à t'croire sur parole ? » Interroge, Nora, à en oublier son verre, crispée sur le rebord de la table. « En quoi ça pourrait m'être nécessaire ? » S'demande bien ce qu'il entend par là, sur la défensive, prête à mordre en retour. Peine à envisager qu'ça puisse lui être utile. « Et tu croyais que j'allais aborder quel genre de sujet ici, en public, quand t'as accepté d'venir, mh ? » Jeu d'adresse nécessitant une intense concentration, un certain self-control, sait bien qu'elle est à la traîne dans ce genre de partie perdue d'avance. Naïvement, elle songe ne plus être tout à fait celle que Larry a connue et façonnée. Les années de séparation l'ont endurcie, les derniers mois aussi. S'accroche au tiraillement qui persiste dans son épaule pour s'dire qu'ouais, faut qu'elle lutte. S'imagine la tronche que tirerait Grace en la voyant là, si elle faiblissait, quand elle s'est évertuée à être si loquace en sa présence, à répandre son franc-parler sans reculer. Pas même quand c'est devenu compliqué. Pense ensuite à la gueule que ferait Nox en la voyant presque docile sous le regard du scientifique et comme elle perdrait de son aura malfaisante, là aussi. Y'a rien qui va, en somme, et elle s'attache à c'genre de repères pour redoubler d'aplomb. Parce que le rictus de Larry précédant ses conditions se mêlent sous ses tempes et ça l'effraye instantanément. « Ce qui t'emmerde, c'est qu'y'ait du monde ? Si c'est qu'ça, on peut aller marcher au bout du ponton. Y'aura personne. Ce sera aussi sûr pour toi que le la- ... le... là-bas. » Le coeur s'agite déjà à la seule évocation du lieu pourtant bien inscrit dans son horizon depuis l'enfance, impossible à énoncer, syllabes coincées dans le larynx. Reprend, pour la peine, une puis deux gorgées de whisky avant de reposer son verre. L'esprit fulmine et elle se tient prête, par habitude, à repousser les éventuelles suggestions de Calloway - quand bien même n'a-t-elle jamais fait long feu à ce p'tit jeu.

« J'demande un avant-goût, que j'sache si ça vaut l'coup. » La condition est énoncée, alors qu'elle se redresse, essaye de concentrer son regard en quelque chose de vaguement implacable, quand la présence de Larry lui file l'impression de se dissoudre. « J'refoutrai pas les pieds là-bas si j'suis pas sûre qu'y'a bien des réponses à mes questions. C'est mort, Larry. » Et elle aimerait avoir l'air aussi implacable que dans ses mauvais jours. Mais y'a bien qu'avec lui, qui a contribuée à la construire, pour qu'ça ne fonctionne qu'à moitié. « On sort sur les docks, on parle, ou alors, on se dit adieu. » Et ça rue contre ses côtes dans une cavalcade folle. Quand Larry est sous sa peau, dans sa tête, et qu'y'a rien qui puisse le dissocier d'elle, en réalité.
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We gotta get right back to where we started from. ☾☾☾ La coupure est nette, saisissante d’intensité, tant Calloway s’empresse de refuser à Nora ses demandes qui, somme toute, sont raisonnables. Etrange, venant de sa part, de la voir s’enquérir à ce propos et se redresser, elle qui n’a jamais été que Three ; entre les murs du laboratoire, jusqu’à cette chaise branlante sur laquelle elle s’est installée. Au gel de ses yeux, elle n’avait d’Everdell que l’apparence – le nom avait disparu au profit de ce nombre, accolé sur le corps comme on marque du bétail, prenant possession de l’âme et de l’esprit. A moins que cela ne soit qu’une vaste farce, et que, à bien y réfléchir, son refus ne fasse l’objet d’une raison additionnelle, probablement sous-jacente, qu’il se refuse à déclarer. Tout est susceptible d’être expliqué et, peut-être est-ce finalement le mépris qui le fait ravaler tout ce qu’il pourrait certainement lui confier. Les découvertes qu’il juge avantageuses pour sa recherche, Larry les garde jalousement, poings serrés, prêt à crever afin de les envelopper, les protéger, les chérir ; aucune envie de gratter les révélations de ce crâne, de l’enfant bouleversée à l’adulte piquante que Nora est devenue, afin que la langue effrontée ne parle jamais. Trop d’efforts, venant de sa part. Aucune intention d’ouvrir la boîte de Pandore – que gagnerait-il, en retour ? Quel marché pourraient-ils bien passer, afin qu’il puisse en savourer les bénéfices ?

Car, de Nora Everdell, Larry préfère ne rien croire. Parlez de prudence, le scientifique vous évoquera surtout le bon sens. L’esprit fermé, l’œil un brin ennuyé, la langue claque contre le palais alors que le goût du whisky hante encore sa bouche. Lèvres closes, c’est l’ombre d’un sourire qui fait frémir ses nerfs, alors que l’enfant s’érige en victime. Curieuse image, pense-t-il, qui se dresse imperceptiblement dans l’environnement sordide dans lequel ils ont pris le parti de s’ériger. « Vingt ans. » Il répète, index tendu qui se rétracte dans l’instant. La main rejoint le verre, et les doigts glissent le long des parois, avant de porter le reste du liquide à ses lèvres qu’il finit d’une gorgée. Larry fait tourner le verre entre ses doigts, les joues encore gonflées de liquide, avant qu’il n’avale, et ne claque le récipient vide sur la surface boisée. Ses yeux dardent sa vis-à-vis d’un regard qui se voudrait presque peiné. « J’avais oublié que ta vie familiale était préférable au laboratoire. » Le venin anime ses propos – mais Calloway aime en venir au fait. Ainsi, c’est dans cette optique qu’il s’octroie le privilège d’une remarque acide, afin d’offrir à Three le privilège d’une perspective dont elle manque. « N’est-ce pas, Nora ? » Regarde-moi, et dis-le-moi.

Et, c’est sans la moindre surprise, que Nora semble être sur le point de rupture. Viennent les menaces, accourent les insultes – envolés, les bons sentiments. Larry l’écoute, et l’observe s’ériger en maîtresse des lieux, l’incitant à vouloir se rendre sur les docks. Le coude se pose sur le rebord de la table, menton se logeant dans le creux de sa paume, sourcils s’arquant à mesure l’intonation arrache à la bouche de Nora des inflexions fantomatiques. « Tu n’as pas voulu venir me voir au bureau. Il me semble t’avoir proposé que l’on s’y retrouve. » Remarque-t-il, ayant la mauvaise foi en horreur. « Je savais pertinemment quel genre de sujet tu allais aborder, Nora, mais si tu n’en fais qu’à ta tête et décides de ne pas m’écouter… » alors, que puis-je faire pour toi ? Le mépris qu’elle ressent à son égard est palpable, l’étranglerait presque sous le fiel qui le farde en retour. Finalement, Larry se redresse et se relève, pousse la chaise du genou, avant d’arranger le col de son manteau. De toute sa hauteur, il la toise, menton légèrement affaissé afin d’aligner les regards. « Très bien. Dehors, alors, si ça peut faire cesser tes jérémiades. » La patience s’effiloche, il le ressent – et l’air frais, après s’être engourdi avec la boisson – bien fade pour un whisky, ne peut que le rassénérer dans ses positions, dans sa réflexion qu’il veut inflexible.

Les fausses excuses, la malhonnêteté ; tant d’erreurs qui passent les lippes assassines de Nora, tant de choses qu’il devrait rectifier mais n’en a pas le cœur. Si elle ne comprend pas ses desseins maintenant, alors quand les comprendra-t-elle ? La porte s’ouvre, après avoir tracé son chemin jusqu’au battant. L’air frais caresse ses pommettes rosies par l’alcool ingurgité. Ressent la silhouette de Nora dans son dos, son ombre s’étirant sous la lumière d’un lampadaire jusqu’à la courbure de la jetée. Il s’éloigne, d’un pas tranquille, à venir observer l’eau sombre qui s’écrasent contre la coque des chaloupes. « Il y a quelque chose en toi, » Index pointé dans les airs, tendu vers le ciel, « en moi, » pouce qui se dresse, « en tous les autres. » La main s’étire, les doigts se délient et s’agitent, avant de pivoter sur ses talons, et de replacer ses paumes dans le cœur de ses poches. « Le plus étrange, Nora, c’est que je ne t’ai jamais vue t’intéresser au pourquoi. » Larry se penche, poitrail tendu, le regard cisaillé par des questions muettes devenues légion. « En quoi mes recherches t’intéressent-elles ? Est-ce par caprice ? » Pourquoi maintenant, après tout ce temps ? A quoi est-ce que tu joues ? Il se redresse, comme s'il se désintéressait soudainement des réponses qu'elle serait susceptible de lui donner. « Caprice, te connaissant, probablement. Orgueil, persuadée que les laboratoires Calloway ne pourraient pas tourner sans ton auguste présence. » Les mâchoires se contractent, se bloquent. « Tu n'es pas irremplaçable, efforce-toi de te mettre ça dans le crâne, si tu ne veux pas que je m'en charge. »



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Dernière édition par Larry Calloway le Mer 17 Fév - 19:25, édité 1 fois
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if thine is the glory then mine must be the shame. you want it darker, we kill the flame. Nora a quelques souvenirs de Larry, au début. Quand elle ne le connaissait pas, qu'il ne la connaissait pas non plus. Deux inconnus. Larry était un peu plus jeune qu'elle, aujourd'hui, lorsqu'elle est arrivée au laboratoire. Pourtant, il lui semble qu'à ce moment-là, il avait déjà l'assurance actuelle, la même belle éloquence, l'inaccessibilité implacable. Peut-être parce qu'elle était jeune, certainement impressionnée par cet alignement froid de couloirs impeccables, labyrinthe d'ivoire où chaque virage semblait voué à les ramener devant la même porte. Celle de la salle blanche. L'impression s'est dissipée avec le temps, légèrement. Se fiant aux indices mémorisés par coeur, au fil des années. Des petites griffures venues entaillées le béton glacé lors d'une crise de Four, au troisième angle du moins deux. Au recoin noirci d'un bout d'plafond, deux couloirs avant la rangée de portes menant aux cinq salles, souvenir d'un brasier de Two. Des tas de détails légués au laboratoire, témoignage de leur présence. Jamais si réelle qu'enregistrée dans leurs ordinateurs, immortalisée par la caméra suivant les expérimentations, notifiée dans les dossiers. Plus importante, plus essentielle là-bas, probablement, qu'entre les murs de la demeure familiale.
Et Larry la connaît.
Larry la connaît bien.

Elle. Son père. L'histoire des dettes de cette petite supérette, le tout écoulé en jeu de hasard, voué à ruiner la famille. Sait pas c'qu'il serait advenu, Nora, de sa mère, de son père, ou d'elle, sans qu'elle ne joue la monnaie d'échange. N'y pense que rarement, en réalité. N'aime pas se perdre dans des et si quand personne à ce jour n'a remonté le temps, à ce qu'elle sache. Alors, un sursaut lui tenaille l'échine quand le verre claque, qu'les mots s'infiltrent dans ses oreilles et qu'ses mâchoires se relâchant, interdite. A toujours un coup d'avance sur elle, Calloway. Peut-être la raison pour laquelle elle s'évertue à c'que ça ne soit vrai avec personne d'autre que lui. Qu'elle passe la majeure partie d'son temps à aboyer. « On n'saura pas. » Le dit avec toute la fougue qui demeure. Saura pas si ç'aurait été pire. Veut pas s'le dire. Les choses sont c'qu'elles sont. Toujours temps d'rattraper le fil de ses propres pensées. C'est c'qu'elle souhaite, c'qu'elle demande. Ne serait-ce que cinq minutes. Peut-être pas plus longtemps. Aurait trop peur, sûrement, de s'rendre compte qu'une fois la marée de suggestions retirée, reste plus grand chose. Plus qu'un grand silence fait de tout ce qu'elle n'a pas espéré.

Au bureau, qu'il dit. Et elle se raidit davantage, on pourrait presque entendre ses molaires râcler les unes contre les autres dans l'effort qu'elle fait pour mesurer son ton. « Le bureau est sûr pour toi, pas pour moi. » Les lèvres tremblotent, arrimées au fil tendu de ses nerfs. « J'tenais pas à tomber sur certains de tes employés. » Référence évidente à Mark, Mark qui va trop loin, en tout cas, c'était l'cas, cet été. Et elle fronce les sourcils, gronde en sourdine. Pas envie de remettre le pied là-bas et tomber sur les trois autres, aussi. Pas envie qu'l'absence de One devienne plus réelle. Se dit aussi - peut-être naïvement - qu'ici, Larry n'ira pas s'infiltrer dans son crâne. Trop de choses qu'elle doit lui taire, en tout cas, elle se l'imagine. De la révélation du don à deux individus n'ayant rien à voir avec ses affaires. Aux stratégies complotées, aux envies de meurtre cultivée - et Mark, le premier, dans sa ligne de mire. Alors, le geste est sec pour achever son verre en miroir, se relever dans la précipitation en percutant la table du genou, jurer, puis réajuster son manteau. Mimétisme dont elle ne se rend pas compte, réellement. Identique, lorsqu'elle trottait pour suivre son allure dans les couloirs, s'mettait à parler avec les mêmes intonations que lui, gamine. Imprégnée de sa présence de mille façons. Ne peut que le suivre, à l'extérieur, comme si c'était lui qui avait suggéré le mouvement, finalement. Comme s'il était de bon ton de faire cesser ses jérémiades. Comme si, une fois de plus, elle ne savait plus réellement où commence son initiative, en sa présence.

Les pommettes échauffées, mordues par le froid hivernal, et le briquet qui allume une cigarette, s'arrêtant un instant pour reprendre ses esprits. L'observe qui déambule, cette silhouette qui lui semble à nouveau plus imposante, à distance, découpée sous la lune. Y'a une atmosphère sur les quais qui lui colle un frisson, quand elle a pourtant l'habitude de les fouler plusieurs soirs par semaine. Peut-être le brouillard qui borde la rive, qui menace d'emporter Larry si elle ne le rejoint pas. Et ça se tord dans son ventre, d'un dégoût qui lui est propre, cultivé à son propre égard, quand ses semelles s'allongent l'une devant l'autre, dans sa direction. Une fois de plus, elle se retrouve à suivre, lorsqu'elle aspirait à mener. Une fois. Juste une fois. Tire avec plus de véhémence sur sa clope, à s'en carboniser les bronches, à mesure qu'il énumère, s'inclue dans le même sac. Et quand il se retourne vers elle, qu'elle s'efforce de demeurer strictement immobile en ravalant un mouvement de recul, les questions pertinentes se mettent à s'aligner. Et elle le dévisage, Nora, en venant l'interroger en retour : « Tu cherches une solution pour toi aussi, alors ? » S'était jamais posé la question, jusqu'ici. Sait qu'en tout cas c'est c'qui pousse Two et Four à rester là-bas. Alors, s'il s'y adonne avec autant de ténacité, à ses recherches, et qu'il porte aussi ce quelque chose en lui, s'inclut-il dans les recherches ? « Toi, qui t'ét- » t'étudie. Qui étudie Larry, quand il étudie les autres. Impossible, déjà, de s'avancer sur ce terrain évocateur quand ça se rétracte dans sa gorge en verrou féroce. Recommence à fumer, le temps de retrouver de son panache, les hypothèses de Larry en autant d'injures qui lui crispent son minois.

Et puis, la menace qui résonne, lui semble-t-il, jusqu'au ciel, pour lui retomber dessus en foudre cruelle. Reste même silencieuse, Nora, les pieds scellés au sol, au bord de l'eau, le clapotis de l'eau contre les chaloupes pour seul trouble au néant ambiant. Dans son corps entier, ça se tend. L'idée qu'il lui mette quoique ce soit dans le crâne. Et elle s'évertue à le fixer, Nora, à ne pas avoir un regard vers la mer qui oscille à un mètre à peine. Le perçoit, le tiraillement furieux dans ses muscles, qui va à l'encontre de ses pensées. De l'idée de ne pas lui nuire. Bordel. Pourrait l'pousser là, s'jeter sur lui et les entraîner tous deux dans les eaux gelées. Crèveraient peut-être sur le coup. Tous les deux. Et l'silence perdure. Et la cigarette est terminée. Plus de refuge. Plus de quoi se canaliser.

Les mâchoire se déverrouillent au ton plus assuré. « T'es à côté d'la plaque. Tu penses me connaître, mais tu te trompes. » Aimerait bien, sans doute, qu'il fasse fausse route en permanence. Que ses suppositions erronées, cette fois-ci, soient monnaie courante. C'est pourtant l'une des rares fois où elle déviera de la trajectoire qu'il aura tracé. Et elle hésite, Nora. S'dit presque que feindre d'entrer parfaitement dans cette case qu'il lui a attribué l'aiderait à le berner, au besoin. Alors, elle s'humecte les lèvres. Mais elle est fébrile, et sanguine, et incapable de mener à bien la majeure partie des plans qui peuvent germer dans sa tête, en général. S'y tient pas. Fonce tout droit. « J'trouve, déjà, que, » Essaye de sélectionner ses mots sans buter contre les limites imposées de longue date. « quand quelqu'un va faire des analyses, la moindre des choses, c'est qu'on lui donne le résultat. Comme ça, s'il doit expliquer c'qu'il a comme maladie, un jour, il peut, il sait c'qui va pas, c'est plus facile à gérer au quotidien. » Peine à trouver des comparaisons évidentes, à se grattouiller le front avant de ranger sa main dans sa poche. « Tu t'souviens quand tu disais qu'les gens comprendraient pas ? » Le dévisage, désormais, à n'pouvoir faire allusion à cette conversation qu'à moitié. « C'est vrai, les gens comprennent pas. » Sous-entendu évident de s'y être confrontée, mais elle s'en contrefiche, sur le moment. « Tu m'as pas donné d'arme, contre ça. Jamais. Et maintenant, j'te les demande. » Une manière de justifier l'impossible. La finalité promise à cette étude. « Tu peux pas demander à c'qu'on t'suive toute une vie sans contrepartie. Parce qu'on était parti pour toute une vie, non, Larry ? » Vu l'temps que ça a l'air de t'prendre. Et elle scrute ses prunelles, avec le courage qu'elle tente de rassembler depuis son arrivée. « Et tu t'trompes encore, parce que j'suis irremplaçable. T'as besoin d'moi. T'as besoin d'moi et t'auras beau me convaincre du contraire, ce serait t'mentir à toi-même. Mais bonne chance pour trouver quelqu'un qui encaissera comme j'ai encaissé depuis vingt ans. » Pivote sur ses talons, Nora, à shooter dans le bitume, esquisser quelques pas sur le bord de mer, les dents serrées, le regard noir. Aimerait l'pousser. Aurait eu l'occasion de l'pousser. Veut juste des putains de réponses. Des putains de réponses et elle disparaît.
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We gotta get right back to where we started from. ☾☾☾ Larry n’est pas incapable d’amour, ni d’affection. A sa manière, sans qu’il ne soit toujours prompt à le démontrer, l’homme éprouve ; délaisse ; fardé de remords et d’admiration ; pourri par les émois, la haine, et les trop nombreuses erreurs. Il n’est finalement qu’un humble humain dans la mêlée. Rien d’un monstre, ou d’une chimère menaçante, surplombant les fourmis de son regard inquisiteur, les étudiant avec passion jusqu’à ce qu’elles trépassent. Pour autant, c’est ainsi que Nora le perçoit. Avant, c’était différent – avant, lorsqu’elle n’était encore qu’une petite fille, pas plus haute que les genoux de Larry. Elle ne comprenait rien, mais faisait avec. Il se souvient encore de l’écho de sa voix d’enfant se répercutant contre les murs du laboratoire, remplissant le vide de certaines chambres, égayant parfois ceux qui en avaient besoin. Se surprend-il à regretter cette époque ? Songe-t-il à ce qui pourrait se passer si Nora, dans toute sa maturité, s’éprenait d’une insouciance strictement enfantine ? Elle comprend que sa volonté d’aujourd’hui est marquée par les suggestions de Larry, qu’il y a des choses dont elle ne peut pas parler, langue retenue par la voix fantôme du scientifique. Mais les choix lui appartiennent toujours ; ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue, lui appartient. De ça, elle n’a pas à s’en targuer. De ça, il n’a rien à se reprocher.

En observant le visage émacié de Nora, en accrochant ses yeux à l’engelure des siens, les souvenirs semblent flotter dans son univers sans toutefois pleinement remonter à la surface. Le bougre se préserve vaillamment, n’énonçant que des faits capturés ici et là au gré de leurs échanges, afin d’éloigner la possibilité d’une assimilation injuste entre lui et les autres ; en ligne de mise, le géniteur Everdell accablé par les dettes. Larry n’est pas son père, ne le sera jamais. Ses responsabilités à son égard sont moindres, tant et si bien qu’il est persuadé qu’il ne lui doit rien ; que si leurs chemins sont destinés à se détourner l’un de l’autre, il ne la suppliera pas, ni n’insistera. L’orgueil en blason, le cœur qui se rétracte dans sa cage, loin sous les chairs. Jamais. C’est fort de cette approche qu’il s’élance dans la conversation, acquiesce à ses dires pinçant (si ça peut lui faire plaisir, pense-t-il avec légèreté) et l’invite à en discuter davantage à l’extérieur de ces murs.

Le whisky ne tarde pas à être sifflé et, une fois redressé, le bas de son manteau balaie le sol poussiéreux derrière ses talons. Impassibilité des traits, tranquille comme on pourrait le supposer, ses pommettes se fardent d’une teinte rosée à mesure que le vent frais caresse son visage fermé. L’atmosphère est éthérée, les quais mordus par la brume, les pans de son manteau absorbés par l’humidité. Le froid impose une douleur presque blanche dans ses os, frissons dévalant le long de sa colonne vertébrale. Sur les remous des eaux, les coques grincent. Perdu dans cette contemplation, et dans l’assimilation de leurs environs immédiats, Larry reporte son attention sur Nora vers laquelle il se dirige de nouveau. La conversation réamorcée, la question d’Everdell ne le surprend aucunement ; au contraire, le flatte. La réponse de Calloway est immédiate, car ancrée dans ses veines depuis l’enfance – on ne se refait pas, il en est certain. « Je suis à l’aise avec qui je suis, et ce que je suis capable de faire. On ne peut pas en dire autant de certains. » Il se redresse, relève un peu le menton, et ses yeux s’affaissent vers ceux de la jeune femme. Inquisiteur, dans toute sa hauteur. Pour autant, sa voix devient tendre, tandis que ses yeux se déportent vers l’étincelle rouge au bout de la cigarette qu’elle travaille. « Qu’en est-il de toi, Nora ? » Larry dodeline de la tête, sourire bref sous la clarté de la lune, mais yeux qui s’égarent maintenant lorsque l’autre question meurt à la lisière des lèvres de l’insolente. Intonation qui se perd en soupir vraisemblablement contrit. « Ai-je vraiment besoin de répondre à ça ? » Personne.

Les quatre pieds au bord de l’eau, Larry se détourne de sa vis-à-vis, planté devant l’horizon assombrie. Du bout des lèvres, il pèse chaque mot prononcé, appuie ses déclarations avec des exemples qui lui semblent flagrants d’une vérité absolue ; et la concernant, Nora elle-même est une preuve de ce qu’il avance. Son comportement, ses élans, ses décisions. Ses exigences ne sont guère nombreuses, certes, et il serait prêt à les accepter, prêt à l’aider – seulement si elle se décidait à donner un peu du sien. Sans rechigner, sans prétendre que le monde ne tourne qu’autour d’elle, sans penser qu’il lui doit vingt ans de sa vie. « Oh, je me trompe. » Larry répète d’une voix égale, sans qu’elle ne soit tâchée par la moindre surprise. Il s’arrête ici, cependant, s’enlisant dans le silence afin de la laisser continuer. Des propos dans lesquels il trouve du sens, sans compter sur la théâtralité dont elle se pare encore, et qu’il boit comme du petit lait. Se demande s’il y a déjà eu un temps mort dans leur relation, si Nora a déjà suffisamment maîtrisé ses émotions afin de maintenir une conversation adulte sur la lancée imposée à l’origine. C’est avec lassitude que Larry s’est décidé à entamer la soirée – maintenant, l’objectif est sensiblement différent. Les gens ne la comprennent pas. Elle a besoin d’aide,
Besoin de lui.


« Ce qui ne va pas, c’est toi. » Sa voix est basse, presque chaude, en rien assassine – et, étrangement, en rien accusatrice. Tu es ce que tu es. Mais de fatalité, il n’y en a aucune. « Les gens ne comprennent pas ce qui est différent, mais tu ne fais rien pour arranger ton cas. Te connaissant, si tu te sens incomprise, que fais-tu ? comment agis-tu ? de quelle manière réagis-tu ? » Larry joint ses paumes l’une contre l’autre, comme en signe de prière, avant de croiser les doigts, laissant les index et majeurs pointés dans les airs, puis les basculant vers Nora. « La seule arme que tu as à disposition, c’est toi – et rien que toi. Personne n’est là pour te protéger, tu es toute seule mais ne fais pas une fixette là-dessus : nous le sommes tous. » Virevolte sur ses talons, délie les mains afin de les plonger dans le creux de ses poches. L’odeur de l’eau salée s’infiltre dans ses narines, débloque ses poumons épris de fumée de cigarette. L’impression de mieux respirer. D’être là où il devrait être. « Pour être franc avec toi, je ne suis pas encore sûr de mes trouvailles. La différence entre nous et les autres semble minime. Quelque chose dans l’air, quelque chose dans l’eau, » les lèvres se délient en un rire, « ou peut-être est-ce seulement l’évolution. » Peut-être qu’il n’y a rien à expliquer ; mais Larry refuse de se l’imaginer, sa vie ayant été bâtie sur ce simple fondement. Tout est encore à découvrir. « Alors, disons que j’ai effectivement besoin de toi, Nora, » pour mes recherches, pour la science, pour te mener là où personne n’a encore jamais été « comment puis-je être sûr que tu ne me feras pas vriller les tympans avec tes revendications, tes complaintes, tes épisodes de victimisation ? » Larry renverse sa nuque en arrière, savourant la brise sur sa gorge tendue, « c’est bien plus grand que toi, tout ça. Bien plus grand que moi. Est-ce que tu comprends ? »

'cause if you don't,
there's nothing I can do for you.




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if thine is the glory then mine must be the shame. you want it darker, we kill the flame. N'a pas pu consigner ses pensées dans des journaux intimes, dessiner ses journées au laboratoire, griffonner la silhouette de Larry, de Mark, et celle, plus floue, de James. N'a pas été capable de tracer un carré, de le peindre de blanc, pour se représenter dedans. L'aurait pu, certainement, si sa volonté n'avait pas été, alors, d'exposer la salle blanche. Parce qu'en parler était interdit. Et que faire le récit de ses week-ends, de ses vacances, l'était aussi. S'est inventée une vie avant l'heure, Nora, existence tissée des mensonges servis à autrui, incapable d'exposer la vérité. Pas même à sa mère. Celle qui s'y serait intéressée, elle en était sûre. Par tous les soirs où elle était là, à lui poser des questions sur sa journée, avant qu'elle ne comprenne qu'elle ne récolterait d'la gamine qu'une succession de grognements et de gestes évasifs. Et sans doute qu'elle n'en aurait pas voulu avec autant de férocité à Larry, Nora, si y'avait eu que les expériences. Celles pour lesquelles, avec le temps et l'éloignement, elle en est venue à maudire Mark avec bien plus de ténacité. Si Larry n'avait pas parlé en s'incrustant dans sa tête, comme ça. Si Larry ne l'avait pas accompagnée à chaque instant d'sa vie. Peut-être que si elle avait été capable de le contrer, comme Five, elle aurait pu partir, moins rancunière. Ne s'expliquera jamais pour quelle raison ce dernier s'évertue à y retourner, quand il est le premier d'entre eux à pouvoir s'en détacher. Ne réalise pas, Nora, qu'y'a peut-être d'autres points d'attache entre eux cinq et le laboratoire. Entre eux cinq et Larry. Et elle aimerait lui en poser, des questions, désormais qu'ils sont loin des murs immaculés, qu'y'a pas de planning précis à respecter, de résultats à accumuler en un temps record, pour s'barrer plus vite. Surtout lorsqu'il lui répond, et qu'même si ce qu'il avance la sidère, elle tente de s'en détacher sur le moment. « Tu t'es entraîné sur qui, pour en être capable ? Sur nous ? » Le questionne sans agressivité, de ce ton si souvent employé auparavant, à quémander des explications sur des sujets qui n'avaient, en général, pas grand chose à voir avec les expérimentations. Tu vis ici ? Tu rentres dormir chez toi, parfois ? Tu travailles toute la nuit ? Il y a combien de salles blanches ? Et c'est lequel de nous cinq, ton préféré ? Des salves qu'elle lui adressait, à sautiller à ses côtés, à s'pendre aux pans de sa blouse blanche comme aux rênes d'un traineau, ses chaussettes glissant sur le sol lustré des couloirs, avant de se faire réprimander.

Le demande, Nora, parce qu'y'a plein de trucs dont elle a besoin de lui parler, réellement. Des choses qui veulent sortir, de but en blanc, qui finissent bien par se faufiler entre ses lèvres sèches, quand elle conserve le reste bien à l'abri, pour la suite. « Moi ? » Parce que la question n'se pose pas. Pas comme pour Four et le monstre à l'intérieur, ou pour Two et les flammes contre ses doigts. Parce que Nora a toujours été capable de faire défiler les aiguilles de l'horloge, de faire vaciller la flamme d'une bougie ou de mettre la balle rouge dans le cercle bleu. A même été capable de déboutonner la chemise de Mark sans le toucher, de resserrer le noeud de cravate de Larry sans lever le petit doigt. Il lui semble qu'il n'a jamais été question de trouver une solution, dans son cas, mais de voir jusqu'où elle pouvait aller. « Je suis à l'aise avec ce que je suis capable de faire. » Le reprend du même ton, à se savoir assez habile dans l'imitation de Calloway. S'souvient même que ça a fait sourire Mark en coin, une fois, c'pour dire. « Mais ça, tu le sais. » L'interroge de manière rhétorique, Nora, à déloger une main de sa poche, pour mieux la diriger vers le sol. « Oui, faut croire que ça peut t'arriver, sérieux. » Qu'il se trompe. Bien sûr qu'il se trompe. Devait perdre la tête si Malyen venait à disparaître. Y'a qu'à la regarder pour voir qu'elle va très bien, qu'il s'est trompé, là aussi. « Putain. » Sursaut des gravillons, quand c'est un petit galet qui lévite de manière fugace, vient se coincer dans sa paume.  Le serre fort, à en imprimer la sensation entre ses phalanges pliées. Pourrait lui éclater entre les yeux, quand il dit que c'qui va pas, c'est elle. S'acharne à n'pas le regarder, Nora, les mâchoires serrées. S'accroche aux intonations qu'il prend, à s'dire qu'elle devrait pas être là. Pas s'il commence à lui répéter qu'elle est c'qui ne va pas et qu'ça s'enfonce dans sa tête. Parce qu'elle le sait déjà, mais qu'dit par Larry, c'est quelque chose qui pourra plus changer. Et bordel, Nora, elle aspire pas à être c'qui va pas toute sa vie.

« Mais t'en sais quoi, Larry ? T'en sais rien, putain. T'sais rien de la manière que j'ai d'réagir, t'étais pas là, putain, parle pas d'moi comme si tu m'avais faite parce que c'pas le cas ! » S'exclame plus fort, Nora, quand elle sait qu'il n'aime pas ça. Tant mieux. Et elle le dévisage pour de bon, cette fois. T'étais pas là quand Grace m'a regardée comme si j'étais possédée. Et y'a son regard qui s'assombrit, la pierre bien coincée entre ses doigts tremblant. « J'te demande des putains d'explications, parce que tant qu'tu m'les donnes pas, j'peux pas montrer qu'c'est pas grave, d'être différent. » Parce que c'est pas grave, hein, Larry ? C'est pas si grave, d'être comme nous, comme toi et moi ? Pour toi, ça a jamais eu l'air grave, d'nous coller des idées dans la tête, dont on voulait pas. Et ça s'embrase à l'intérieur, quand elle s'efforce de reculer d'un pas, d'mettre un soupçon de distance entre eux. J'suis pas toute seule, j'suis pas toute seule, « j'suis pas toute seule. » L'affirme comme si elle en était certaine, comme si c'était elle qui voulait l'en convaincre. Comme si elle devenait une entité à part entière, en l'disant, comme ça, quand, face à Larry, elle se sent p'tite, elle se sent faible, elle se sent seule. Parce que lorsqu'il s'éloigne, chemine de cette démarche tranquille qui n'la dupe pas, trop consciente de ses volontés inflexibles, elle n'est pas capable de lui balancer le roc dans le dos, comme elle en meurt d'envie. Surtout quand il s'met à causer théories en pagaille et s'permet d'évoquer l'évolution.

Y'a pas grand monde, sur les quais, et elle s'arrache à l'image qu'il lui renvoie, gorge déployée, accessible, pour contempler l'espace entre les embarcations. En a le coeur qui rue contre ses côtes, les nerfs esquintés, à vif. S'affolera pas au terme de complaintes, de victimisation, quand on l'a rebaptisée l'hystérique, là-bas. Sait bien qu'ses crises à répétition se sont marquées au fer rouge dans les mémoires, couplées à la bataille désastreuse de son don, les objets volant en tout sens et ses jurons stridents. Ces colères qui l'ont toujours débectée la première, à s'dire qu'elles était incontrôlables, qu'on aurait dû l'aider à les calmer. Pourtant, c'était là qu'les résultats étaient les plus probants, et ça, elle s'en souvient, Nora. Comme Mark aimait la mettre en rogne pour la science. « Et toi, Larry, est-ce-que tu comprends ? » Tente un ricochet avec le galet, sur l'eau, qui s'étale en trois rebonds. En deux secondes, elle est plantée sous ses yeux, le menton levé, à presque buter contre son corps dans l'empressement. « Est-ce-que tu comprends que c'est mes tympans à moi qui vrillent à longueur de journée, avec ta putain d'voix qui m'cause ? » Pointe sa propre tempe du doigt, Nora, le regard noir, inconsciente de c'qu'elle fait, quand elle le fait avec la colère vainement réfrénée. « Tu l'sais ça ? Tu l'sais à quel point tu nous as bousillés ? » Et qu'elle lance, à la dérobée : « Faudrait au moins savoir si c'est parce qu'c'est plus grand qu'nous, ou si c'est peut-être seulement l'évolution. C'est quoi cette merde, tu dis quoi, là ? Qu'y'a peut-être juste rien à comprendre ? » Les yeux qui s'plissent, la langue qui se délie sur les hypothèses venimeuses. « Qu'tu fais peut-être tout ça pour rien ? Rien du tout ? » Et tout ça, nous cinq, c'était pour rien, aussi.

Et y'a le rebord, pas loin. Et y'a le clapotis d'l'eau, tranquille. Et Nora, ça la bute. D'savoir qu'y'aura pas d'chute. Pas d'chute pour Calloway. Pourrait s'jeter à la mer, sans être capable de l'emporter avec elle, de laisser sa couenne disparaître dans les fonds marins. Et elle se retrouve là, l'regard vrillé dans l'sien, avec la même défiance qu'il lui a toujours connu, probablement. « J'reviendrai pas si t'es pas sûr de toi. J'reviendrai pas, Larry, si c'est pour t'entendre dire qu'c'est la putain d'évolution ou j'sais pas quoi. C'est c'que t'as dit aux autres, aussi ? » Parce qu'elle n'y gagnera rien, Nora. Rien. Et qu'sa manière de lui balancer ça, sans certitude, la pousse à reculer d'un pas, à quitter son espace vital, bien plus perdue qu'en arrivant. S'dit que c'était con, sûrement très con. Qu'y'aura pas d'réponse. Pas d'réponse à donner à Grace, ni à personne. Et Larry, Larry a toujours été une figure inébranlable. L'a toujours songé sûr de lui. Et s'il ne l'était pas, finalement ? Et si tout ça n'avait pas la moindre finalité ? Et si c'qui n'allait pas, c'était elle, et qu'c'était pour rien, sans but aucun ?
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We gotta get right back to where we started from. ☾☾☾ « Je n’ai pas attendu après toi, ou après vous cinq, pour vivre ma vie, » Il claque sa langue contre son palais, prunelles perçantes, port altier, et l’air qui se veut davantage inquisiteur, comme celui qu’il arbore quotidiennement au labo. « ou pour me perfectionner. » rajoute-t-il, d’une voix égale, ses lèvres ne s’entrouvrant qu’à peine. Le fiel de sa verve réprimée lui brûle la langue. La patience s’embrase, et le fil d’Ariane se réduit à mesure que les secondes s’égrènent. L’ombre démesurément étendue jusqu’à la chute de la jetée, projetée par la lumière artificielle des néons grésillant, Larry se demande si Nora – malgré ses talents qu’il lui faudrait exploiter au nom de la science – vaut réellement la peine de se débattre dans une conversation de laquelle il ne ressortira, aux yeux de son sujet d’expérimentation, jamais gagnant. Croque-mitaine, il l’imagine, qui hante ses souvenirs, et qui lui fait ravaler les moments les plus importants de sa jeune existence. Ses suggestions trônent sur l’inconscient, et ankylosent les moindres révélations qu’elle pourrait susurrer à des oreilles mal avisées. Larry ne lui fait pas confiance. Ne lui a jamais fait confiance, même lorsque sa petite main se logeait dans la sienne, et qu’elle peinait à suivre sa cadence et qu’il finissait toujours par la prendre dans ses bras ; ne lui faisait pas confiance lorsqu’elle pleurait, et qu’il voulait la consoler ; ne lui faisait pas confiance lorsqu’elle riait, et qu’il riait avec elle ; est-ce qu’un scientifique ferait confiance à son rat de laboratoire ? est-ce que les enfants s’insurgent au nom de ces grenouilles qu’ils s’apprêtent à disséquer ? « Il me semble que vous m’avez appris à être un père. » La révélation s’extirpe de ses lippes, aussi surprenante qu’inattendue puis, le sourire se fait fin – presque inexistant. Le désir de s’expliquer davantage ne se fait toutefois pas sentir, c’est alors en un sourire immobile, fragile, qui s’applique à la commissure de ses lèvres, que le silence perdure.

De sa poche, tandis que Nora s’emploie à un mimétisme embarrassant, lui répondant, sans qu’il ne l’écoute réellement, Larry extirpe un paquet de cigarettes. En glisse une entre ses lèvres, et en allume l’embout. Au travers des volutes de fumée, il lui trouve l’air candide, presque attendrissant – comme dans un songe, à l’instar d’une délimitation physique entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas (ou plus). Puis, la glace de ses yeux s’accroche au galet, ayant lévité du sol à la paume de Nora – cigarette coincée entre l’index et le majeur, il lève légèrement la main, prunelles étincelantes, assassines. L’air de dire, si tu me touches, personne ne te retrouvera en vie – et en bon état. Puis le filtre de sa cigarette retrouve la jonction de ses lèvres – l’éclat étrange dans ses yeux a disparu. Silence palpable de son côté ; lui qui n’a rien à y redire, lui qui n’a pas écouté. Les pensées distillées par les théories, l’envie de bien faire, le besoin d’endosser une découverte, afin de se protéger des spéculations qui pourraient courir à son propos ; peut-être que ça aurait été différent si Arsen avait repris la direction l’entreprise familiale à la suite de leur père. Larry pense apercevoir la silhouette de son frère aîné, sur les quais, les pieds dans la brume, se rengorgeant ouvertement de découvertes qu’il n’a jamais pu frôler du bout des doigts. Tu vois, susurre Arsen du bout des lèvres, à quelques millimètres de son oreille, j’aurais été capable de la contenir, de l’élever, si j’avais été à ta place.

Fasciné par ce qu’il croit voir, croit entendre, cette réalité alternative lui est arrachée lorsque Nora s’époumone. Larry bat des cils et, d’une pichenette, envoie sa cigarette à peine entamée valser dans l’eau. « Baisse d’un ton. » Ses yeux s’affaissent brièvement vers son poing serré, dans lequel le galet est étreint, avant de retrouver le faciès ulcéré de la jeune femme. Il la considère longuement, langue venant taquiner sa lèvre inférieure, dans l’espoir de retrouver le goût du whisky ingurgité quelques minutes plus tôt. « Tu n’as pas à montrer que tu es différente, Nora. » Il rassemble ses idées, puis les exprime doucement, d’une voix basse : « Les gens ne sont pas prêts pour toi. » Pour toi, pour nous. « Pourquoi leur montrer de quoi tu es capable s’ils ne peuvent pas l’apprécier ? Pourquoi t’en préoccuper ? » L’interrogation est sincère, bien que profondément lasse. Larry baisse les yeux et inspecte le cadran de sa montre. « Ton besoin d’attention, et surtout de validation, ne me concerne aucunement. » I don’t care about your daddy issues. Et ça lui brûle les lèvres, de lui cracher cette affirmation ; l’insulte s’éprend de sa gorge. Il ne dit pourtant, et ses yeux se relèvent dans l’impulsion de se tenir tranquille. « Tu n’es pas l’ambassadrice des laboratoires Calloway, et tu as pris le parti de t’éloigner de ce que l’on fait. » La fatalité, se dit-il ; mais il n’est pas trop tard pour réparer ce qui a été fissuré. Pas trop tard pour revenir à bon port, alors que l’univers devient hostile, et démesurément grotesque. « Connais-tu ce que l’on appelle le secret professionnel ? » Il se penche légèrement vers Nora, ses yeux cherchant les siens. Mâchoires serrées qui s’entrouvrent légèrement, alors qu’il soupire d’une intonation presque chagrine : « On est en plein dedans. » Larry se redresse, les doigts s’attardant à refermer les boutons de son manteau, le regard maintenant égaré sur la coque des bateaux, les poumons fardés d’air salé. « Tu n'es pas toute seule, si tu le dis. » Mais ils le sont tous – vraiment, et la réalité n’est plus aussi terrifiante lorsqu’on l’accepte. « A propos de tes désillusions, n’est-ce pas quelque chose que tu devrais évoquer avec ton nouveau psychologue ? » N’est-ce pas, Nora ? A l’évoquer, sans y songer, sans s’y attarder non plus. A ne pas frémir, en reconnaissant qu’il vient de se vendre ; qu’il les tient tous à l’œil, qu’elle sera toujours seule et que lui, Larry, sera toujours là pour le lui rappeler.

Maintenant, elle le sait. Elle le comprend probablement,
Et que Nora l’accepte ou non, Larry n’en a cure. Résolu dans ses opinions, dans sa vérité qui se veut absolue, il se rengorge, prêt à tourner les talons et à disparaître dans la nuit, lorsque Nora tente un ricochet avant d’envahir son espace. L’homme esquisse un mouvement de recul, avant de s’immobiliser, menton légèrement affaissé afin que les regards soient alignés. Des menaces, des insultes, sous lesquelles il courbe l’échine, dissimulant ses moindres réparties dans un silence dubitatif. Pensant sans doute que Nora se soulage comme elle le peut ; jusqu’à ce que le couperet tombe, et qu’elle ait le mot de trop. Jusqu’à ce que Larry sent son arc-de-cupidon s’agiter d’un tic nerveux. Et qu’il voudrait bien enrouler son cou frêle entre ses doigts et serrer jusqu’à ce qu’à sentir ses os craquer sous la pulpe de ses phalanges. La pousser dans l’eau et maintenir sa tête sous la surface. La fureur devient folie.

Qu'tu fais peut-être tout ça pour rien ? Rien du tout ?

Elle recule d’un pas, s’échappe de cette proximité qu’elle a pourtant alimentée. Tu fais ça pour rien. Ses mots résonnent, et écorchent ses tympans en de douloureuses lacérations. Il pourrait presser ses oreilles contre ses paumes, le dos courbé, à ne pas supporter l’idée qu’elle lui insuffle. Larry ne pourrait pas penser ; ne pourrait pas aimer ; ne pourrait pas vivre ; si tout ça avait été fait pour rien. Si toute sa vie n’était résumée qu’à un idéal démesuré, impossible à atteindre. Première à l’évoquer, cette possibilité, Nora se dresse en Némésis qu’il se doit de réprimer. Dans l’immédiat, le cœur s’ébranle d’une douleur qu’il n’a jamais vraiment connue jusqu’alors ; qui fissure les côtes ; et lui donne aussi, l’envie de se jeter dans la mer. D’un geste lent, Larry tend le bras vers sa cadette. « Tu as raison, Nora. » Il le murmure, visiblement brisé ; le murmure, en grand martyr. « Tu as raison, je vais tout te dire. » L’invite à ses côtés, l’invite à se rapprocher, afin qu’il lui dévoile enfin ses secrets. Les secrets de Larry Calloway, tout ce que tu as toujours voulu savoir, tout ce que tu as toujours eu envie de savoir ; tout ce dont tu as été privée. L’invite, le monstre, parce qu’elle l’a tué. Parce que si tout ça a été fait pour rien, alors à quoi bon vivre ?

A quoi bon être ?
Larry a toujours été.
Pour rien, peut-être,
Pour rien, sûrement.


Ses paumes s’imprègnent des épaules de Nora. Larry ressent la fragilité de la jeune femme (je pourrais te casser en deux). Il se penche lentement, son souffle venant caresser son oreille alors qu’il positionne ses lèvres près de son lobe, comme s’il s’apprêtait à mettre fin au tourment d’une vie. Tu as besoin de revenir au laboratoire pour comprendre qui tu es. Sa voix change sensiblement, se pare d’un écho éthéré, alors que son nez se perd dans la chevelure brune de Nora. Ses membres se réchauffent. Sa trachée se libère. Tu crois en ce que l'on fait. Il continue, ressent l’ampleur de ses paroles vrombir dans son torse, puis à la naissance de sa gorge, avant de se redresser, à considérer sa vis-à-vis de toute sa hauteur. Rictus déformant ses lèvres, s’effaçant maintenant sous le vent qui semble essuyer sa peine, ou la douleur d’une vérité inéluctable. Nora sous l’emprise.

Nora, de retour à la maison.



I don’t need jack shit from you,
But I actually kind of do.

I kind of do.





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Dernière édition par Larry Calloway le Jeu 28 Jan - 19:58, édité 1 fois
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if thine is the glory then mine must be the shame. you want it darker, we kill the flame. « Pourtant, j'pense que c'est l'cas. » Larry s'agace, Nora persiste. L'homme affirme ne pas les avoir attendus, et tout ce qui traverse la tête de sa cadette, tout ce qui transparaît dans ses yeux, c'est qu'ils sont sa vie, tous les cinq. C'est en tout cas la manière dont Nora voit les choses, à se dire qu'on ne passe pas son existence à s'acharner à rassembler le même groupe de personnes, à s'évertuer à ce qu'ils restent dans les parages, s'ils ne comptent pas. Même elle, qui est extrême de nature, trouve que tout ça l'est, certainement. Et Larry, Larry qui a toujours eu l'air de savoir ce qu'il faisait, de tout maîtriser, lorsqu'elle le côtoyait chaque semaine, semble perdre un brin de sa superbe aux yeux de Three. L'image qu'elle en a toujours eu semble se craqueler, et elle ne saurait dire, sur le moment, s'il s'agit d'une bonne chose, ou d'une putain d'arnaque. Si elle n'aimerait pas mieux le croire, comme toutes ces fois où il lui a chanté des suggestions à l'oreille, si ce ne serait pas plus facile que d'le remettre en question lui, en tant que personne. Parce qu'elle s'est acharnée à réinventer le portrait de Mark à l'excès, qu'c'était bien moins grave de voir ses failles à lui, que celles de Calloway. Et si elle a toujours rejeté les expérimentations, si elle a méprisé le don du scientifique au point de s'écœurer aux seules graves de sa voix, Larry a toujours été une créature aussi insondable qu'inébranlable, à ses yeux. Pour ça, sûrement, qu'elle l'a fui avec autant d'intensité au cours de cette dernière année. Qu'y'avait bien qu'au parloir qu'elle se sentait en sécurité, ces rares fois où il lui a rendu visite - qui étaient déjà de trop, selon sa grande gueule - parce que certaine de ne pouvoir le suivre, de devoir rejoindre sa cellule au terme de l'échange.

« Nous ? » Et tes gosses ? Tes vrais gosses ? Fronce les sourcils, en se creusant les méninges. « C'est vrai qu'tu passais beaucoup de temps avec nous. » Elle le souligne, même si la réciproque est vraie. Et moi, j'passais plus de temps avec toi qu'avec mon père. Et y'a quelque chose qui se tord dans son ventre, à cette seule pensée. S'demande si c'est lui, qui fait ça. Si c'est ce qu'il a voulu éveiller en elle, comme idée, l'genre qui a toujours été là, depuis que son géniteur l'a poussée dans sa direction, que les doigts de Larry se sont occupés de se refermer sur sa main pour la guider. Ou si c'est simplement ses propres pensées qui s'emmêlent. Elle n'sait plus, elle n'sait pas. Si Nora ne fait pas confiance à Larry, elle ne se fait pas confiance, en sa présence. Sait qu'il peut déclencher ses colères les plus terribles, qu'il a l'don pour toujours harponner la corde sensible. Parce que Larry la connaît, sait ce qu'il faut lui susurrer pour obtenir gain de cause. Longtemps, ça a pris la forme de Malyen dans son esprit, de sa présence entre les murs, en son absence. De tout ce qui pourrait lui arriver, de ce qu'il devrait endurer si elle n'était pas là pour le soutenir. Et désormais qu'One n'est plus là, elle s'est dit, naïvement, qu'Larry n'aurait plus de levier sur lesquels appuyer. Plus comme lui. Parce qu'elle n'a pas reproduit la même erreur. S'est tenue à distance des trois autres, comme elle l'a pu, depuis qu'elle a pris la décision d'abandonner le laboratoire. Qu'aucun ne soit plus suffisamment proche pour être utilisés par le scientifique en chantage habile, en pointant son égoïsme. Ne le tolèrerait pas, Nora. Pourtant, ils sont toujours là. Dans sa tête. Incrustés sous sa peau. One, Two, Four, et Five. Imprégnés dans ses cellules, parts intégrantes de ce qu'elle est. Et Larry, Larry est toujours là, aussi. Et cette représentation qu'elle a gardé de lui, entretenue au gré des leçons toujours trop vivaces dans son esprit, diverge avec ce qu'elle a devant les yeux. Pour la première fois, Calloway lui semble humain, et non cette entité humanoïde, terrifiante, monstre de son enfance et de son existence toute entière. Nora n'sait pas déterminer si cette perspective est effrayante, ou s'il lui fait moins peur. Et c'est sûrement la raison qui la pousse à s'en approcher, trop près, à hausser le ton même lorsqu'il lui intime froidement de le baisser. Si elle parvenait à maîtriser ses émotions, ça se saurait.

Et elle les saisit au vol, ces dires alléchantes. Celles qui, comme durant leur enfance, les annonçait comme différents, dans un sens qui les portait presque au rang de super-héros. A depuis longtemps cessé de rêvasser à ce sujet, et pourtant. Elle se souvient avoir menti à Asta, pas plus tard qu'il y a deux semaines, pour préserver la nature de son don. Lui-même étant wendigo, et donc différent, aurait pourtant pu l'entendre. Mais Nora, elle peine à faire confiance et ce qu'énonce Larry l'encourage probablement en ce sens. « J'ai jamais voulu l'montrer. C'est juste que des fois, bah, tu sais. » Tu sais qu'c'est pas ça, d'tout contrôler. Son regard cherche à harponner celui du scientifique, galet dans le creux de la paume. Le sonde, Nora, l'air de dire : toi aussi, ça t'est arrivé d'merder. D'faire une suggestion sur l'coup de la colère. S'rappelle plus de celles qui la concernaient personnellement, mais d'celles destinées aux autres. Veut pas penser à sa peur du noir comme née de l'une de ses suggestions, et pourtant, c'est bien l'cas, aussi. « Très bien, parce qu'j'ai jamais attendu après ta putain d'validation, et ton attention, non merci. » Aurait préféré qu'il lui prête pas attention du tout, qu'il la laisse de côté, l'inclue jamais au protocole, qu'elle s'dit. Malgré tout, ça tourne dans sa tête. Nora s'dit, que, peut-être, Grace n'est pas prête pour elle, non plus. Ni pour les réponses. Et ce n'est pas si grave, en tout cas, dans la voix de Larry, ça n'a pas l'air si grave. A ce moment-là, elle s'dit qu'elle n'a pas à lui montrer. Suffirait juste de le cacher. De ne jamais en refaire la démonstration devant la psychologue. Et ça ne l'empêcherait pas de la revoir, il faudrait juste essayer de juguler ses émois, d'éviter tout débordement. Toute manifestation intempestive de sa particularité. Le tout est balayé, instantanément, quand Larry revient à la charge et qu'Nora, elle peut pas s'retenir de rétorquer. De remettre les pendules à son heure, et pas à la sienne. « Tu nous aimes dociles, hein ? Dociles, à ta façon, tu sais qu'ça a rien d'glorieux, surtout quand on voit avec qui tu bosses, alors bien sûr qu'j'ai "pris le parti" de m'éloigner, on gagne quoi, à prendre le vôtre, à être vos putains d'moutons. » Parce que si elle s'est éloignée, c'était d'abord pour échapper à sa sorcellerie, à lui. Mais pour mettre de la distance avec Mark, aussi. Et elle en a la lèvre supérieure qui frémit, sur ces mots. Bien sûr qu'elle s'est désolidarisée d'cette putain d'mascarade. Bien sûr qu'c'est plus facile d'être à leur place, qu'à la leur. « Secret comme les putains d'cassettes sous clé au- » Et ça s'boucle, la bouche qui se ferme, le regard qui s'assombrit. N'a jamais eu l'occasion d'les évoquer, celles-là. Expérimentations filmées sans leur accord, répertoriées, enregistrées. Suffirait d'en sortir une du labo pour foutre le merdier. Sûrement qu'ça serait viral en moins d'deux. Et c'est ce qu'elle lâche, Nora, quand il lui cause secret professionnel comme s'il avait la moindre putain d'éthique. Jamais si encline à souligner la mauvaise foi d'autrui, quand elle excelle certainement dans l'domaine.

Réalise, aussi, qu'y'aura pas les réponses escomptées. En est encore à hésiter à lui fracasser l'crâne quand ça résonne aigrement à ses tympans. Ton nouveau psychologue. Et y'a une nausée qui la saisit, le galet qui tranche la flotte quand elle tente de s'canaliser. Mâchoires contractées par à-coups, elle s'le dit, d'manière fugace. Putain d'cauchemar. « J'suis touchée qu'tu t'intéresses à ma santé mentale, putain. » Donne le change comme elle le peut sur le moment - très mal - et ça lui transperce le crâne, de s'demander c'qu'il sait d'autre. Si Grace avait bien rangé son dossier sous clé, là où personne pourrait l'trouver, condition demandée dès leur premier rendez-vous. Si Monty aurait autant d'conscience professionnelle, même si elle refuse de lui lâcher la moindre info. « Certainement c'qu'un bon père ferait. » Son regard retourne chercher l'sien, acide, à reprendre ce terme lancé plus tôt. Et elle se sent piégée. S'dit, parano, qu'Larry sait tout, tout c'qu'elle fait. Cette pensée l'avait plus lacérée depuis un bon moment, d'manière aussi plausible. Et elle fond sur lui, l'instant d'après.

Et elle veut des réponses autant qu'elle veut faire mal. Ose, Nora, là où elle n'est jamais allée aussi loin avec lui, il lui semble. Mais elle s'en fout, à c'moment précis. Qu'elle le hait, qu'elle le maudit, qu'elle veut le lacérer, lui scinder le crâne en deux, elle aussi, à y immiscer d'quoi lui faire ravaler ses grands airs. Voit bien, la brune, qu'elle a fait mouche. Quelque chose se froisse, d'manière imperceptible, sur le masque marmoréen. L'genre de détail qui lui saute aux yeux, parce qu'elle l'a jamais vu, sur le visage de Larry. Alors, quand il tend l'bras vers elle, l'incite à n'pas reculer davantage, y'a tout qui lui hurle de s'barrer. Secoue même la tête, Nora, de gauche à droite, avant d'reporter son regard dans l'sien. « Non. » Le dit, plus fermement qu'les milliards de fois où elle a pu l'énoncer. J'ai jamais raison, jamais raison avec toi. Ses muscles tétanisent déjà. Elle le sent, qu'il est trop tard. Pourrait y'avoir un camion qui lui foncerait dessus qu'elle pourrait pas bouger, pas esquisser le moindre pas de côté. Son corps refuse de bouger. Et d'terreur comme celle-là, y'a bien qu'lui qui pourrait lui en insuffler. Y'a plus qu'son coeur pour envoyer des salves féroces à ses tempes, quand ses pieds arrimés au sol n'ont pas bougé, qu'Larry est déjà là, plus proche. Qu'on pourrait croire, de loin - et c'est sûrement c'qu'en penseront les passants - qu'le père vient rassurer sa fille, ou l'inverse, peut-être. « T'es un putain d'menteur. » Le souffle, Nora, en s'arrimant à ses yeux trop clairs, quand ses mains à lui sont déjà bien posées sur ses épaules. T'es un putain d'menteur et tu m'as raconté qu'des conneries depuis qu'je suis môme. Les yeux papillonnent, accrochés au ciel nocturne, les lèvres entrouvertes sur des protestations qui s'répètent, en murmures désordonnés. Des « j'veux pas, j'veux pas » qui tressaillent au souffle perdu à son oreille, et son regard se fige. Et elle serre les dents, Nora, force tant et si bien sur ses maxillaires, l'visage crispé, qu'ses yeux finissent par s'humidifier dans la colère, à s'répéter ses convictions en boucle, à tenter d'faire barrage, comme avant, comment quand putain, ça servait d'jà à rien, mais qu'elle n'a jamais cessé d'essayer.

J'reviendrai pas, jamais, jamais j'reviendrai, jamais, jamais, jamais j'accepterai, jamais, « Tu as besoin de revenir au laboratoire » jamais, jamais, jamais, « pour comprendre qui tu es, » jamais, jamais, « tu crois en ce que l'on fait. » jam-

La tension extrême de ses épaules, accumulées depuis des semaines, des mois, des années ? En un spasme brutal, s'met à dévaler son corps entier. S'échoue à ses pieds. Et elle se sent vide, Nora. Le regard désarçonné, à essuyer ses yeux d'un revers de main rapide, à s'demander pourquoi les larmes sont montées. La nuque pivote, les mains se rangent dans les poches, et elle suit les docks du regard. Je crois en ce qu'on fait, toi et moi. Je crois en ce qu'on fait, tous les deux, Larry, on trouvera qui je suis. Et son attention se reporte sur lui, détaille son expression à nouveau impassible. « Quand ? » Son larynx crisse, et ça se tord sous sa peau, en sursaut de révulsion. « Je reviens quand ? » Sûrement que ça pulse tant et si bien dans sa tête, en bataille sourde, qu'elle lève l'index, Nora, l'air de dire, attends.

Quelques pas, c'est tout ce qu'il faut pour atteindre la rive, et rendre son whisky à la mer, à dégueuler, pliée en deux, la main crispée sur l'estomac. Et quand elle se relève, elle se sent pas mieux. Qu'y'a l'horizon plus sombre en face. Putain d'merde. Putain d'merde, « c'est r'parti pour un tour. » Et sûrement que ça se chuchote si bas qu'personne pourrait l'entendre.
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