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 doom days (nora)

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doom days (nora)
Jeu 21 Jan - 20:44

" cruising through the doom days "

so many questionable choices, we love the sound that our voice makes, man this echo chamber's getting loud. we're gonna choose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down. we'll be the proud remainers, until the morning breaks us (www) @nora everdell

juin 2017

Il avait beau courir, et courir encore. La distance se faisait toujours plus grande, toujours plus imposante. À bout d'souffle, qu'il avait été, à n'plus savoir s'il avançait ou s'il reculait. Et ça s'était imprimé, dans son esprit. Lentement, comme une certitude. D'ne plus savoir, Nox, s'il avance ou recule. Avait beau s'être repassé les images comme on rembobine une cassette, l'shérif, à tendre l'oreille, le coeur battant, pour quêter les indices. Cette fois, il n'avait pas su le démêler et ça fait des années qu'ça lui était pas arrivé. A pris l'habitude, pourtant, d'déverrouiller leur signification cachée, de les assembler comme autant d'pièces de puzzle mais cette fois, rien ne s'était imposé clairement. Rien, sauf la mort. N'ose plus fermer les yeux, quand il revoit le kraken emporter son père. Est-ce que c'est ça ? Est-ce que c'est c'que ça veut dire ? Alors, forcément, Nox, qu'il avait attendu comme un froussard, d'apprendre qu'elle s'était pris un bus, qu'elle avait fait une chute du toit d'un building inexistant à Exeter, qu'elle avait été dévorée par une meute de loups, tout, il avait tout imaginé. Tout, finalement, sauf ça. Ils l'embarquent. Elle a pris trois ans fermes. On peut rien faire, là, chef. C'est au-dessus de nous. N'sait pas, le shérif, pourquoi il s'était proposé. Pour l'emmener. Sûrement qu'elle avait d'autres noms en tête de liste, qu'il s'dit. Sait pas, non plus, pourquoi elle avait dit oui. L'avait sûrement des frères, un père, des copains à la pelle, toute une bande de copines. S'imagine, Nox. Peut faire qu'ça, quand il sait pas grand chose sur elle, finalement, qu'la gamine - qui a grandi - s'est toujours imposée en mystère complet. P't'être, aussi, qu'il n'a jamais voulu creuser. Qu'il sait pas trop c'qu'il a foutu, ces sept dernières années, à la rejoindre comme à un rdv secret, à s'immiscer dans sa cellule. À titiller les flancs de la lionne en cage. C'est qu'il a résisté, en plus, quand il l'aurait jamais parié, après la première fois, après qu'le contrôle se soit imposé comme sans règles, sans foi et, définitivement, sans aucune loi. A bien failli déraper, plus d'une fois, sûrement quinze mille, d'ailleurs. Entre quelques mains harponnés aux corps qui ont risqué d'trop s'emmêler, aux bouches trop effleurées qu'les lèvres se sont happées, comme pour attiser. Attiser l'feu qu'il n'a jamais lâché. Pourtant, elle a passé l'cap de la majorité, c'est plus comme si l'excuse fonctionnait encore. Sait pas, Nox. Sent bien, comme il l'avait dit l'premier jour, qu'après ça, ça s'rait plus pareil. Et sûrement qu'c'est déjà suffisamment l'bordel comme ça.

L'coup de klaxon pour hoquet de frustration, comme une détresse muée en colère froide, habillé d'son uniforme comme si c'était une obligation, comme s'il était là pour l'boulot, s'dit que ça passera mieux. Pour lui, surtout, à poireauter devant son immeuble, mal garé mais c'est qu'il n'en a rien à foutre, l'shérif, à cet instant. Qu'le manque s'impose déjà à lui, bien trop viscéral, et qu'ça l'agace, qu'ça le vexe. Comme un molosse perd son jouet préféré. Trois ans, putain. Frappe sur le volant avec énervement, c'volant qu'il tient entre ses mains crispées, qui ne le garderont pas longtemps, sans qu'il puisse le deviner. Quand enfin, sa silhouette se dévoile et qu'il s'penche jusqu'au siège passager pour lui ouvrir la portière. Et ça pourrait presque être un geste sympa, presque galant, s'il lui crachait pas directement un C'est pas trop tôt ! hargneux en la foudroyant d'ses yeux clairs. Se rassoit à sa place, les yeux qui se braquent sur le pare-brise, comme s'il fallait s'venger sur elle pour palier à c'qu'elle n'y peut rien. Pour se décharger. S'dire qu'lui non plus, il n'y peut rien. Redémarre à peine la portière claquée, avec un soupir distillé par la culpabilité. C'est pas comme si c'était l'jour pour être en retard, Everdell, qu'il attaque en tournant la tête fréquemment pour choper l'éclat d'ses yeux, pour s'rappeler, pendant trois ans, leur teinte pâle et électrique, pour s'rappeler comme ils peuvent s'obscurcir ou s'éclaircir selon ses humeurs. J'ai pas donné l'idée, qu'il se répète en boucle en se concentrant sur la route. J'y suis pour rien, et qu'il s'dit qu'il aurait dû plus en profiter. J'peux rien y faire, et qu'il s'dit qu'c'est sans doute mieux comme ça. Qu'ça signe la fin d'un contrat démoniaque, qui tire trop d'cordes raides prêtes à rompre, et qu'après, p't'être, après, qu'il sera délivré.



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Re: doom days (nora)
Ven 22 Jan - 13:47




Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:59, édité 1 fois
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Re: doom days (nora)
Ven 22 Jan - 20:53

" cruising through the doom days "

so many questionable choices, we love the sound that our voice makes, man this echo chamber's getting loud. we're gonna choose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down. we'll be the proud remainers, until the morning breaks us (www) @nora everdell

juin 2017

Les crocs qui se sortent, déjà, à l'agresser l'premier quand des deux, peut pas s'dire, Nox, qu'c'est sans doute pas lui qui va l'plus ramasser après cette journée journée. Pas l'habitude, déjà, d'la voir de jour, de l'appréhender quand il n'sait pas d'quelle couleur sont ses yeux à la lumière du soleil. Clairement, j'te signale qu'c'est sur mon temps libre que j'suis là, si tu préférais prendre le bus jusqu'à là-bas, fallait l'dire, qu'il grogne en réponse, agacé. Déjà. N'mentionne même pas la prison, comme si ça lui permettait d'pas penser à l'endroit où il l'emmène. Et qu'à son ton, pourtant, il s'la boucle, en maugréant quelques mots inaudibles dans sa barbe pour se calmer. Elle n'a pas tort. C'est pas vraiment le jour pour ça, mais c'est plus fort que lui. Pour cacher c'que ça peut lui faire, à lui, de l'emmener là-bas. Veut pas s'demander ce que ça lui fait, à elle, quand il n'arrive déjà pas à comprendre pourquoi lui, ça l'fait autant chier. Alors, qu'il se mure dans le silence, les mains crispées sur le volant, l'regard perdu au loin sur la route quand ils s'extraient d'Exeter. L'a déjà pensé à s'casser, Nox. Avant d'être nommé shérif, comme s'il s'disait que cette foutue ville aurait sa mort, comme elle a eu son père avant lui et qu'il était sûrement l'prochain sur la liste. La voit du coin de l'oeil à allumer la radio, faire défiler les stations, et juste pour la faire chier, qu'il monte un peu le son. Pas assez pour n'pas l'entendre si elle parle, comme un clin d'oeil, comme c'soir-là où il avait couvert ses gueulantes. S'fixe sur les lignes blanches et sur leur fin, puis sur leur renaissance à peine quelques centimètres plus loin, et qu'ça l'embarque suffisamment bien pour le détendre - un peu. Mais qu'elle rouvre la bouche, forcément, quand il n'sait pas s'il préférait vraiment un silence mortuaire pendant tout l'trajet. Tourne la tête vers elle, l'regard sur la défensive. Pourquoi ? T'es pressée ? Ou ça t'fait juste chier d'être dans cette bagnole avec moi ? Peut-être un peu des deux, et à voir son visage, sûrement qu'ça le fait chier aussi, Nox, du moins c'est tout c'qu'on pourra y lire. Peut pas l'montrer, qu'y a un truc qui se tord dans ses entrailles, qu'ça lui donne la nausée s'il y pense, qu'il préfère mieux s'venger sur elle en joute verbale, à rappeler des habitudes qui ont tout de défrisantes à les appliquer en plein jour dans sa voiture qui ne les a toujours connus qu'à la fin d'la nuit. Quand il fallait la raccompagner, avant qu'l'aube ne les dévore. Et son ton léger l'insupporte, quand il serre plus encore le volant entre ses phalanges qui blanchissent à vue, à s'forcer l'oeil sur la route et rétorquer sur la même tonalité : Tu m'écriras une lettre pour m'raconter toutes tes expériences. S'retient de rajouter un si on t'a appris à écrire. Qu'ça s'entend sûrement, le sarcasme évident entre ses canines, autant d'venin qu'il peine à retenir. Qu'rien qu'à en imaginer un lui poser la main d'ssus, l'ventre bombé comme un coq, qu'le poing le démange.

Et qu'il tape un peu sur le volant, on ne sait pas si c'est au rythme de la chanson qui passe ou si c'est pour calmer ses nerfs. Sûrement un peu des deux et qu'il soupire quand elle l'ouvre encore. On s'refait pas, Nora, j'ai pas pris les ballons et les confettis, désolé, en levant les yeux au ciel, pas l'coeur à rire, pas même l'envie d'lui gueuler dessus. Mais il a les avant-bras qui se tendent, forcément, parce qu'elle lâche pas prise et qu'le soupir qu'il pousse est plus marqué qu'le précédent. Qu'il s'engage sur l'autoroute en serrant les dents et une fois qu'il y est, tourne plus franchement la tête vers elle, la fusillant d'iris électriques. Ah, c'est ça qu'tu veux entendre ? Qu'il lâche un rire, pour le coup, agaçant et agacé, à tout de suite virer sur le cynisme et à y puiser suffisamment d'énergie pour délaisser la culpabilité. C'est vrai, Nora, tu l'as bien cherché, t'es pas capable d'te tenir tranquille, jamais, alors bien sûr qu'ça te pendait au nez. L'ton trop calme, trop sincère peut-être, quand ses lèvres grimacent une allure agressive. C'est ça qu'tu veux entendre, hein ? J'aurais dû plus t'mettre en garde, plus t'faire la morale, même si j'pense qu'y en a bien d'autres qui ont dû s'y casser les dents, à t'la faire dans l'vide. Souffle avec exaspération, l'regard qui se vrille de nouveau au bitume qui défile, aux panneaux qui annoncent déjà l'arrivée d'la course, même s'ils ont encore un peu d'temps. Une trentaine de minutes, peut-être. Pas plus. S'demande, Nox, s'il peut s'planter de route, faire un arrêt imprévu. Y songe, un bref instant. À l'étreindre, l'étreindre enfin, comme il le faut, comme c'qu'ils se risquent depuis combien ? trois, cinq ? Putain, sept putain d'années, s'dit qu'il aurait dû, putain, n'comprend plus pourquoi il a voulu résister. Sûrement par fierté, quand à cet instant-là, il s'en balance, d'la fierté. Juste une fois, s'imaginant sûrement qu'le jour où elle sortira, qu'il sera sûrement envolé, ou p't'être qu'elle va crever là-bas et qu'on putain d'rêve à la con va se réaliser. Et qu'le silence commence à s'apprivoiser dans l'habitacle, et qu'Nox, il lance de but en blanc, sans vraiment savoir pourquoi il s'autorise à être sérieux, à poser une vraie question quand il sait qu'il n'aura pas d'réponse, quand son ton est trop calme, qu'sa voix vibre un peu trop, quand il lance : Est-que..., ça t'fait flipper ? Qu'y a même pas de moqueries, de jugement, qu'il se le demande vraiment, si elle est insupportable à cause d'ça, parce qu'sûrement qu'ça doit créer une appréhension légitime. Même s'il s'dit qu'Nora, elle est au-dessus de tout ça. Sait même pas si elle a peur d'un seul truc dans sa vie, la gamine. Et sûrement qu'apprendre ça la rendrait plus normale, plus humaine. Et sûrement qu'ça briserait quelque chose dans l'image qu'il s'est construit d'elle pendant toutes ces années. Et qu'il sait pas, Nox, s'il la préfère réelle ou idéalisée.



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Re: doom days (nora)
Sam 23 Jan - 17:04




Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:59, édité 1 fois
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Re: doom days (nora)
Sam 23 Jan - 19:40

" cruising through the doom days "

so many questionable choices, we love the sound that our voice makes, man this echo chamber's getting loud. we're gonna choose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down. we'll be the proud remainers, until the morning breaks us (www) @nora everdell

juin 2017

Il n'en peut plus de lever les yeux au ciel d'puis qu'elle est montée, à s'demander si les yeux peuvent se retourner dans ses orbites et rester coincés à l'envers, ou bloqués vers le haut. S'en pose de belles, de questions, pour pas s'poser les bonnes, celles qui graillent au fond de ses entrailles, qui grattent contre les organes pour faire un peu d'place. Il se contente de hausser les épaules, sans relever ce qu'elle veut sûrement souligner. C'est toi qui m'parle de vraie prison et d'vrais gardiens, mais l'voilà qui fronce les sourcils et qu'il laisse un sourire malsain enflammer le bord de ses lippes, quand il tourne la tête vers elle, à moins que, tu pensais, quoi, que j'serai jaloux ? L'sourire carnassier qui s'accentue, alors qu'il se retourne face à la route, comme fier d'son coup, quand le mot s'imprime dans son crâne et que ça lui fait serrer un peu plus les dents. Qu'il n'peut pas vraiment s'contredire, quand ça cogne dans sa tête. Parce qu'bien sûr, qu'il serait jaloux, même si l'mot lui semble étranger, illégitime, franchement déplacé. Comme tout, depuis l'début, de toute façon. Du coin de l'oeil, il l'aperçoit se tourner vers lui, appuyée à la fenêtre, et la concentration dont il a besoin pour rester focalisé sur la route devient compliquée à gérer. Se risque à quelques coups d'oeil en biais, de temps en temps, quand son visage affiche une indignation certaine. Et comment tu l'sais ? Tu crois m'connaître assez pour savoir c'que j'vais dire, c'que j'vais faire, aussi ? Tu prédis l'avenir, peut-être ? Et ça l'horripile, quand il aurait bien voulu lui prouver tout l'contraire. Quand elle a p't'être raison et qu'oui, finalement, qu'il lui aurait p't'être dit ça quand même. Mais veut pas s'imaginer prévisible, Nox, jamais, encore moins avec elle, encore moins aujourd'hui. Du coup, tu peux peut-être me dire c'que je vais faire demain, tiens. Ah non, je sais, et qu'il penche la tête en s'tournant vers elle, nuque tendue, les mains qui s'obligent à rester agrippées au volant, demain, c'est l'premier jour de mes vacances qui vont durer trois ans. L'ton glacial et cruel, mais s'dit qu'elle l'a bien mérité. S'en veut pas, Nox. A trois ans pour s'en vouloir et sans doute qu'sa culpabilité pour quelques mots acerbes n'va pas s'éterniser autant.

Et c'est quand elle jette sa clope par la fenêtre qu'il choisit de s'en allumer une, penché pour récupérer son paquet d'un geste un peu agacé, avant de la caler entre ses lèvres, de l'allumer distraitement, en pensant naïvement qu'y a plus y avoir qu'le silence pour les conduire jusqu'aux portes grillagées. Mais qu'même la fumée l'étouffe, à l'faire toussoter, quand ce sont ses mots, qu'il avale de travers. S'il avait fait son boulot ? Et qu'ça l'énerve plus encore, l'minois froissé face à la route qui défile, envoyant des éclairs d'regards courroucés aux panneaux qui s'avancent pour disparaître. Arrête de faire la gamine, putain, même si je t'avais laissé croupir à chaque fois, ça n'aurait rien, et qu'sa respiration s'coupe, qu'même sa clope lui échappe des lèvres et qu'il maugrée, en soulevant son bassin pour la récupérer. Putain. Devra vérifier qu'le siège n'a pas cramé, à cause d'ses conneries. À cause d'son pied, venu s'poser sur sa cuisse et qu'il lui a seulement suffit d'ça pour le faire hoqueter, pour l'couper net. L'est trop à fleur de nerfs, à bout d'peau, sait plus, Nox, p't'être qu'on dit l'inverse, d'ailleurs. Tu fous quoi, bordel ? qu'ça grogne dans sa barbe, le regard bestial, quand déjà ses iris grignotent l'océan. Qu'il essaie de gesticuler, comme pour n'pas la toucher, parce qu'il sait bien, l'shérif, il sait bien qu'ça suffit déjà à le faire dérailler. Qu'il peut pas gérer ça, qu'ça fait sept ans qu'il s'bat contre, que dès qu'il pose la main sur sa peau, qu'il n'répond plus d'rien et qu'c'est pas le moment de flancher. Qu'il a pas tenu jusque-là pour rien ou peut-être que si, finalement. Veut pas y penser, veut pas s'le demander, à finir quand même par poser sa poigne sur sa cheville pour la menotter. Et que ses ongles se crissent contre sa peau, contre son os, qu'il aimerait la lui briser, la tirer fort contre lui pour qu'elle glisse sur le siège, s'tape la tête contre la vitre, s'assomme. Et pourtant, qu'il garde sa main là. Sur sa cheville, avec l'souffle suspendu et la retenue d'la faire grimper au mollet. Qu'le regard qu'il croise, qu'il le connait trop bien, et qu'aujourd'hui, c'est pas l'jour pour s'engager sur c'terrain. Qu'aujourd'hui, il s'sent pas avoir assez d'forces pour ça. Qu'cette bataille a toujours été éprouvante pour lui, plus qu'pour elle, il l'sait, l'est pas con. Qu'il souffle fort, à faire des aller-retours d'yeux entre elle et la route, qu'y a personne, qu'il s'dit que c'est tant mieux, qu'il manquerait plus qu'ils se prennent une bagnole à cause de ses conneries, à elle.

Parce qu'il est forcé d'lui jeter des coups d'oeil, quand les mots s'achèvent dans l'habitacle et qu'il se demande si y a pas moyen d'faire un frontal avec la barrière de sécurité et de désactiver son airbag à elle juste avant. Mais qu'c'est un rire cru qui s'extrait de sa bouche, amer. Oh mais, c'est pas moi qu'ça inquiète, Nora, qu'il souffle, entre la provocation et la séduction, soudain, quand ses yeux viennent chercher les siens dans une danse qu'il connait trop bien, on parle de c'qui t'fait flipper, à toi, j'pensais pas qu'c'était ça, que ça ricane en demi-aveu, à s'demander si c'est vrai, sûr pourtant qu'elle le fait marcher. Bien décidé à n'pas lui montrer qu'ça peut fonctionner, à pas s'laisser avoir, à s'dire que c'est la dernière bataille, la dernière ligne droite, qu'il peut pas perdre maintenant. L'a pas l'droit, se l'interdit, Nox. Et pourtant, qu'ça permet d'se dire, intérieurement, qu'elle se trompe.
Qu'ils peuvent. S'arrêter. Qu'entre la sortie d'la ville et la sortie d'la prison, y a une aire de repos. Une seule et unique, comme l'seul phare au milieu d'la tempête. Mais qu'Nox, sûrement, s'dit qu'il faudrait plutôt s'noyer. Qu'il n'en dit rien, pour pas s'tenter encore plus, quand il lui a suffit d'trois mots et d'un pied sur sa cuisse pour déjà l'faire douter. Pour lui donner envie, d's'arrêter. Et ses doigts, égarés sur son mollet, qui reviennent enchaîner sa cheville, avec plus de brutalité qu'avant et qu'ses yeux reviennent embrasser l'autoroute. Et maintenant, dégage-moi ta jambe de là avant qu'je la brise. Parce que si t'arrives en boitant, Nora, elles feront qu'une bouchée d'toi, là-bas. S'penche un peu, sans pour autant la regarder, les yeux vrillés au pare-brise, mais y a pas besoin de les voir pour y percevoir le cynisme à l'intérieur. Tu t'crois dure à cuire, gamine, mais tu verras qu'là-bas, y a pire que toi. Qu'y a plus fort que toi. S'permet un ricanement. Tu vas en croiser, crois-moi, c'est pas pour un piratage d'machines qu'elles sont enfermées. S'attarde un peu. Qu'toi t'as encore à perdre, vu qu'tu vas sortir. Si tu t'tiens bien là-bas. Mais y en a, Nora, et que sa voix s'abaisse, vibrante, pour se finir en chuchotement contre la musique, qui y sont pour l'éternité, qu'elles ont plus rien à perdre et des gamines comme toi, elles en feront de la charpie.



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Re: doom days (nora)
Dim 24 Jan - 16:01




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Re: doom days (nora)
Dim 24 Jan - 21:34

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juin 2017

Et ça l'agace, qu'elle ne réponde à rien et lui retourne tout en autres questions. Parce qu'Nox, il n'a pas les réponses. Qu'son job, ça a toujours été d'poser les putain d'questions. J'sais pas, Nora, c'est toi qui parle de tout ça, qu'il rappelle en levant un sourcil, l'air de s'en foutre totalement du sujet. Pour pas perdre la contenance, quand il a déjà envie d'aller chercher l'nom de tous ces putain d'gardiens, d'les surveiller à la trace, d'buter le premier qui osera la toucher. Quand rien n'lui donne ce droit. Parce qu'Nora lui doit rien et qu'lui encore moins. Qu'il n'est pas là pour la protéger d'quoi qu'ce soit. Pas là pour jalouser qui qu'ce soit non plus. Ricane intérieurement, à s'dire qu'ils vont en voir de toutes les couleurs, avec elle, les gardiens. S'retient pas d'éclabousser l'habitacle d'un rire bref, quand elle rappelle le passé, leur première rencontre, qu'Nox, il assume toujours pas son comportement là-bas, dans la première cage. T'as pris tes outils d'incantation, cette fois ? Tes plantes, ton livre de sortilèges, tout ça, et qu'il reproduit le moulinet du poignet qu'elle a fait juste avant, avec un froncement du nez sournois. Et qu'son ricanement, ça l'exaspère déjà, qu'il lève encore les yeux au ciel, à s'demander s'il n'aurait pas dû la laisser y aller dans un putain d'bus, ouais. T'en fais pas, j'trouverai bien une autre gamine tarée. Revanche glaciale, quand il est pourtant sûr qu'elle, à l'opposé d'lui, ça n'lui fera rien du tout, ce genre de supposition. D'se dire qu'il pourrait en trouver une autre, de vipère sur qui mettre la main, qu'il pourrait faire sortir et assurer une espèce de protection qui défie les lois d'la justice. Et Nox, s'dit bien que s'il refait deux fois la même erreur, ça s'ra toujours avec moins pire qu'elle, de toute façon.

Et qu'passé la surprise et l'inconfort de son talon sur sa cuisse, sûrement que c'est une indignation teintée de colère qui s'empare de lui. Et d'envie, quand il n'a pas l'droit d'le penser, encore moins d'le montrer. Ouais, ça m'dérange, qu'il laisse filtrer entre ses lèvres serrées, sans la regarder. Pour pas flancher, peut-être. Ou pour pas s'manger une voiture, qu'il dira. Et qu'elle titille chacun de ses nerfs, à tirer dessus avec hargne, à les relâcher juste pour qu'ils ne cèdent pas, pour mieux recommencer. Et sûrement qu'y a une des cordes qui claque à ses orteils qui vont trop loin, comme elle. Comme si elle ne savait faire que ça. Aller trop loin. Et Nox, il a l'impression qu'depuis sept ans, tout c'qu'il fout, c'est la suivre. À la trace. Bordel, qu'ça résonne dans son crâne quand ses doigts affirment une prise féroce contre son os et, qu'enfin, elle la retire. Qu'enfin, il essuie un soupir de soulagement, qui passera assez bien pour de l'agacement. Parce qu'Nox, il n'a jamais été doué pour ça. Résister, c'est pas dans ses cordes, c'est pas dans son sang, définitivement pas un truc qu'il aurait appris. Toujours à se jeter dans la faille qui s'ouvre et s'annonce pleine de merdes. Toujours l'premier, à s'livrer au loup pour s'en plaindre après. Pas d'ma faute, t'étais peut-être plus attirante à dix-neuf ans, Everdell, j'y peux rien si t'as pris des rides, qu'il assène avec un sourire malicieux où brille la colère viscérale logée au creux de ses entrailles, au creux de ses reins. Et qu'il n'a plus que l'envie de l'enfoncer un peu plus, quand il s'imaginait autre chose pour le trajet. N'sait pas quoi, exactement. La rassurer ? Mais rassurer quoi ? Discuter calmement, comme deux... comme deux quoi ? N'sont rien, même le mot connaissance semble trop fort et terriblement fade. Puis au bout d'sept putain d'années, c'est plus une connaissance, putain. S'demande c'qu'il a fait, l'a dû briser un miroir ou c'genre de conneries, Nox, à s'rassurer, s'dire que dans pas longtemps, ça s'ra fini. Qu'il va la laisser là-bas et passer à autre chose, quand clairement, elle est dans son sillage depuis si longtemps qu'il s'demande, ouais, c'qu'il va bien pouvoir foutre. À n'plus attendre d'la retrouver dans la cellule, à n'plus l'incendier, à n'plus faire danser ses lèvres aux siennes avec autant d'rage que d'envie. S'trouve ridicule, le shérif, à essayer d'pas avoir la tentation d'lui répondre, mais sûrement qu'ça aussi, c'est pas dans ses cordes, quand ça s'est toujours imposé entre eux, ce jeu du j'ai le dernier mot. Non, jamais, princesse. Moi, j'les y ai mises. Concentre-toi. La route, la route, la voiture, la radio s'il le faut, l'odeur délavée du sapin jaune qui s'balance à n'plus sentir la vanille depuis des mois, les essuie-glaces qu'il met en marche, quand l'ciel a décidé lui aussi d'chialer toute cette putain d'situation de merde. Qu'il sait même pas pourquoi il lui en veut autant, qu'il la déteste autant, quand y a qu'ça qui ressort, toujours. N'répond rien, les crocs serrés. N'la connait pas, non, c'est vrai, pas plus qu'l'inverse, à toujours se chercher, à creuser pour dénoncer la faille, quand ils n'connaissent de l'autre qu'ce qui le fait vriller, quand ils n'ont toujours su noter qu'ce qu'ils pouvaient exécrer. N'sait rien de c'qu'elle aime, Nora. A pourtant déjà une petite liste de c'qu'elle déteste. Quand il vient s'pencher, au milieu de son monologue, pour tendre la main vivement et effleurer sa joue de son dos, dans une caresse qui serait sûrement attendrissante si l'sourire qui l'amène n'était pas si acéré. Purement moqueur, purement provocateur, et qu'il revient mettre son bras sur sa cuisse, comme pour la dissuader d'le toucher. Comme pour lui dire j'te touche moi, si j'en ai envie. Pour la laisser à c'niveau-là. Qu'elle choisit pas, qu'elle choisira jamais. Qu'il sent son visage s'approcher de lui, et qu'irrémédiablement, ça le tend de la tête aux pieds, qu'ses vertèbres lui donnent l'impression de se contracter les unes contre les autres.

Et ses mots qui agitent sa mâchoire, dans l'irrémédiable envie d'lui arracher la bouche juste pour plus l'entendre parler, la langue avec pour qu'elle doive apprendre le langage des signes et qu'il n'puisse plus comprendre c'qu'elle dit. Parce qu'non, Nox, il s'imagine pas la tabasser. Mais qu'il en a suffisamment eu envie pour qu'ça le remue, toujours, quand cet excès de colère grimpe en lui sans qu'il ne puisse rien y faire. C'est ça qu'tu veux, Nora ? Et qu'tout tranquillement, maîtrisant du mieux qu'il peut la tension accumulée qui ne demande qu'à s'échapper, qu'il désigne le panneau qui s'approche et qu'ils dépassent bientôt. Le seul arrêt qu'on peut faire, c'est dans deux kilomètres, t'reste pas beaucoup de temps pour te décider. Tourne la tête d'une façon volontairement lente, l'air détendu et assuré, quand il se penche un peu vers elle à son tour, accrochant son regard du sien, juste quelques brèves secondes, juste pour la harponner un peu. L'heure tourne, Nora, qu'il chuchote suavement, les lippes qui s'étirent d'un air mutin, avant de se renfoncer dans son siège. Prêcher le faux pour savoir le vrai, persuadé qu'elle bluffe, la gamine. Parce que c'est c'qu'elle fait de mieux, sans doute, et qu'Nox, il n'a pas eu besoin de sept ans pour le comprendre.



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Re: doom days (nora)
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Re: doom days (nora)
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" cruising through the doom days "

so many questionable choices, we love the sound that our voice makes, man this echo chamber's getting loud. we're gonna choose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down. we'll be the proud remainers, until the morning breaks us (www) @nora everdell

juin 2017

Secoue la tête devant son air assuré. Tu m'en vois ravi. Sur l'ton de je m'en bas les couilles, clairement. Pourrait bien dire qu'il l'a vue évoluer, la gamine, quand elle avait déjà cette assurance viscérale à dix-neuf piges. Et sûrement qu'il n'est pas assez concentré, pas assez sensible, l'shérif, pour pouvoir percevoir qu'ça lui fait quelque chose, à trop s'imaginer qu'il s'ferait un putain d'film, sans même savoir pourquoi il voudrait pas qu'ça lui fasse rien. Mais qu'il s'conforte là-dedans, s'fusillant tout seul d'un espoir qu'il lui a jamais été permis d'envisager, pour pas être déçu. Pour garder l'cap, toujours. Et qu'il grince des dents sous un sourire qui ne cache pas son amusement certain. Pense brièvement à Olympia. Qu'a eu d'la chance, jusque-là, si on l'voit comme ça. Sait pas, Nox, qu'c'est peut-être l'absence de Nora qui l'poussera à franchir la ligne. Qui l'poussera à trouver d'quoi l'éloigner d'lui d'ici peu. Que jusqu'ici, il s'est tenu, p't'être parce qu'il avait une distraction de taille. Qu'aucune autre gamine n'ferait le poids, ne serait capable de lui renvoyer chaque balle gonflée de rage, qu'aucune n'pourrait tenir l'coup avec autant d'facilité qu'elle. Pour ça, sûrement, qu'il n'a jamais pu se dégager d'son sillage, même si y a bien eu des nuits où il l'a laissée dans la cellule, sous des n'éteins pas auxquels il a obéi sans y faire gaffe. Ces nuits-là où c'était plus difficile, d'lui résister. À trop s'dire qu's'il avait cédé, il serait même pas là pour l'accompagner dans cette putain d'taule. Et p't'être qu'en effet, y a eu trop d'fois où il a loupé l'coche. Ben ouais, t'imagines ? Si déjà à l'époque t'étais ridée, qu'il en ricane, sournois, imagine ta gueule maintenant, j'veux même pas savoir à quoi ça ressemble, là-dessous. Clin d'oeil moqueur, à balayer son corps d'un regard qui veut dire ça craint. Quand elle saura facilement qu'c'est de la comédie, à trop y avoir laissé ses mains, à trop avoir incarcéré son corps au sien dans le délice de la torture, de l'attente, de la retenue. Mais ça n'a pas d'importance. Toujours garder l'dessus, toujours avoir d'quoi lui répliquer, même si ça n'a pas toujours de sens. S'battent à balles perdues, à tenter d'voir si y en a pas une ou deux qui pourraient quand même se faufiler sous les côtes.

Et sûrement qu'c'est parce qu'il n'a aucune réponse décente à lui offrir en retour de ses mots qu'il l'attaque physiquement. Quand il a bien compris, l'shérif, qu'y a de la tendresse plus redoutable qu'aucun coup n'pourrait l'être. Qu'il n'a jamais voulu savoir pourquoi, qu'il s'en fiche clairement, sûrement. Qu'il s'est contenté de retenir. De lister c'qui déclenchait chez elle cette répulsion venimeuse, quand la malmener semble la rendre plus accrochée. Danse entre les deux, à la garder près de lui dans une guerre où tous les coups sont permis. Même les plus bas. Même les plus doux. Ah ben t'as trouvé ton animal totem, j'crois. Tu griffes et tu craches quand on t'caresse pas dans l'sens du poil. Nouveau rire sarcastique qui emplit l'habitacle, quand même la musique lui semble trop en arrière plan. Qu'il l'entend plus. Et trouve une échappatoire étrange, à la provoquer en pensant qu'elle se rétracterait. Parce que tous le feraient, n'est-ce pas ? Mais qu'Nora, putain, qu'il devrait le savoir depuis l'temps, qu'la Everdell, elle n'est pas comme tous. Et sûrement qu'ça le froisse qu'elle se décide à vouloir, finalement, à entrer dans c'jeu où il n'est pas sûr d'sortir vainqueur. Qu'il a peut-être trop envie d'la cogner pour s'retenir de la toucher. Et qu'il s'enterre dans un silence cruel en accélérant. Pour en finir plus vite, quand il ignore bien c'qui l'attend. Quand il aurait voulu être déjà devant la prison, quand il sait qu'il peut plus n'pas s'arrêter. Que ça serait vu comme une défaite. Et quand Nox, toujours, n'veut lui en céder aucune.

Et sûrement qu'après l'clignotant qui s'enclenche, qu'il sait plus, Nox, si le silence est vraiment plus rassurant. Qu'il se demande si elle n'va pas s'faire la malle. Qu'est-ce qu'il en aurait à foutre, finalement ? C'pas lui qui aurait des ennuis. Sa vie n'le concerne pas. C'est pas sa responsabilité, c'est pas sa putain d'gamine, à croire qu'il s'en occupe plus qu'la sienne, pourtant. Et que quand elle s'extirpe de l'auto, il y reste quelques secondes de plus. À s'demander s'il ne pourrait pas juste la laisser là et se tirer. Fuir, encore. La laisser se démerder, n'pas la voir disparaître dans les entrailles d'la taule qui lui giclera des ta faute à la gueule. C'est pas moi qui ai donné l'idée. Et c'est en se répétant ça en boucle qu'il affronte le courant d'air brûlant à son tour. Mais qu'à peine un pied dehors, qu'elle est déjà là. Qu'elle l'agrippe et qu'le shérif sent bien chacun de ses muscles se tendre. D'indignation. D'envie. Autant d'contradictions qui l'rendront fou. Pas plus mal qu'elle disparaisse, finalement. On s'bat pour de vrai, Nox ? et qu'il tressaille de tout son long, parce qu'son corps est déjà arrimé au sien. Et qu'il n'a aucune force pour l'y arracher. Qu'il pourrait la casser en deux, là, maintenant, et qu'pourtant, l'a pas l'énergie pour la dégager. Et sûrement qu'son regard fuyant ne s'ancre au sien quand les mots reviennent le gifler. Qu'il sent une porte céder, puis une autre, et autant d'serrures qui flanchent. Qu'elle n'a pas l'air d'plaisanter, mais qu'Nox, il sait jamais si elle plaisante ou pas. N'a jamais pu la percer à jour, n'a jamais su démêler le vrai du faux dans sa voix, dans ses gestes, à trop s'demander si y a pas une part de vérité taboue dans ses provocations incessantes. Et si ses mains se figent à ses avant-bras comme pour la repousser, sûrement qu'c'est flagrant quand il l'attire plus encore contre lui. Qu'il détaille ses iris, en découvre des nuances qu'il connaissait pas, à s'dire que putain, elle rigole pas. Et qu'il faut pas lui montrer qu'l'idée est tentante. Qu'ça l'ébranle. Qu'il y pense, même si c'est qu'un instant. Alors, faut donner l'change. Et afficher la cruauté pour sourire, les lames dans les yeux, quand y a bien une étincelle qui n'demande qu'à être soufflée pour prendre vie, juste là, au fond de l'abîme. S'tirer ? qu'il répète, avec un sérieux déboussolant, à tâter ses pupilles des siennes. Qu'ses mains se délogent pour attraper ses hanches avec trop d'fermeté. Genre, toi et moi, Nora ? qu'il souffle sur son visage, en penchant un peu la tête, et qu'ses lèvres viennent frôler les siennes un instant. Et qu'il bouillonne, Nox, qu'il a envie d'fondre sur elles pour les lui arracher, pour plus jamais avoir envie d'les approcher, ni de près ni d'loin. S'tirer, loin, comme des fugitifs, comme Bonnie and Clyde, tiens, qu'il soupire contre sa bouche, comme un rêve, comme un espoir, comme une naïveté qu'il vient tuer dans l'oeuf d'un ton glacial : Pourquoi j'voudrais m'tirer, Nora ? Pourquoi j'voudrais m'tirer, avec toi ? Dis-moi pourquoi.
Pourquoi tu voudrais te tirer, toi, avec moi ?



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Re: doom days (nora)
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Re: doom days (nora)
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" cruising through the doom days "

so many questionable choices, we love the sound that our voice makes, man this echo chamber's getting loud. we're gonna choose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down. we'll be the proud remainers, until the morning breaks us (www) @nora everdell

juin 2017

Et c'est probablement quand elle le tient déjà, comme enchaîné, comme piégé, qu'il s'dit qu'il n'aurait jamais dû s'arrêter. Qu'il lui cède bien trop d'choses, depuis toujours, avec l'excuse d'toujours vouloir la contrarier. Quand finalement, c'est qu'lui qu'ça contrarie. Et il sait, Nox, qu'il n'est pas capable d'cacher la tension qui se saisit d'ses membres, qui agrippent sa carcasse pour se propager contre la sienne, obligation charnelle vu leur proximité. Mais d'aussi loin qu'il se souvienne, n'ont jamais vraiment pu rester loin de l'autre trop longtemps. Même avec l'excuse d'la violence, même avec l'excuse d'la provocation, à toujours venir colmater les brèches des corps l'un contre l'autre. Il la tient toujours par les bras, en l'empêchant de se fondre plus contre lui, en l'empêchant d's'en éloigner pourtant, qu'ses mains se posent sur son torse et qu'il n'peut dériver son regard du sien. Et c'est sûrement quand il sent sa main s'glisser dans sa nuque qu'y a un truc qui saute. Toi. Et moi. Répète comme un perroquet, sans pouvoir essayer d'imaginer deux secondes c'que ça donnerait. Bataille sanglante à vie, condamné, à perpétuité, à n'jamais pouvoir se défaire d'son emprise, à n'jamais vouloir cesser de l'abattre pour mieux la relever. Pour mieux l'anéantir à nouveau. Cercle vicieux, s'imagine bien, l'flic, les assiettes qui volent, la saisir à la gorge contre le lave-vaisselle, lui faire l'amour violemment sur le plan d'travail. Et c'est là qu'ça coince. Le feront jamais, ça. Jamais, et il s'le promet. Et ça étire un sourire cynique sur ses lèvres. Fallait m'le dire avant. Si tu voulais juste un môme avec mes yeux, parce qu'ils sont plus beaux qu'les tiens. L'ton froid où danse l'amusement sarcastique. S'écarte pas pourtant, l'shérif, à sentir l'effleurement subtil de ses lèvres contre les siennes quand il parle, à aspirer son souffle, ses mots, à s'en nourrir autant qu'à s'en assassiner. Et s'laisserait presque avoir, Nox, à leur proximité salvatrice, qu'il sent le courant électrique, du bout de ses doigts qu'il vient crocheter dans sa nuque à son tour, remonter jusqu'aux racines de ses cheveux. Qu'ses yeux ne lâchent pas les siens, qu'son corps ne lâche pas l'sien, qu'ses lèvres y restent apprivoisées. C'est clair qu'y en a pas beaucoup. Qui en auraient l'étoffe. Tu penses qu'y en a ? Et il la pousse lentement de son corps fondu au sien. Quelques pas, pas plus, pour qu'il puisse sentir la résistance de la voiture quand il s'écrase un peu plus contre elle. Tu penses qu'ça existe ? Qu'y en a qui auraient plus l'étoffe qu'nous ? Le souffle à demi-mots, dans les millimètres exiguës.

L'écoute avec une attention toute nouvelle, comme s'il avait jamais pensé réellement à cette option, comme s'il se demandait si elle pouvait avoir raison. Qu'il aimerait lui cracher à la gueule qu'elle se trompe, qu'son poste, c'est tout c'qu'il a, finalement. Qu'il y tient mais n'trouve pas de contre-arguments aux siens et ça l'frustre un peu. Délie ses doigts pour les aplatir contre la carrosserie derrière-elle, et qu'il la sent bien, la vibration qu'elle propage d'son corps au sien. J'suis p't'être devenu shérif juste pour ça, qu'il entame, avant de courber la nuque, d'venir enfoncer son minois au creux de son cou, de laisser son parfum l'enivrer, quand la scène ressemble trop à celles vécues cent fois au court des sept dernières années, juste pour toi, Nora. Entrouvre les babines, attrape délicatement la peau tendue entre ses incisives, avec l'envie croissante d'les y planter plus franchement. Qu'il a déjà oublié où il était, Nox. Qu'il a oublié c'qu'il foutait là, c'qu'il est venu y faire. C'est bien c'qui semble, en tout cas, à l'entendre, à le voir faire, quand l'illusion est telle qu'il n'sait pas si c'est pas lui-même qu'il est en train de duper. Qu'il revient ancrer son regard qui ne le lâche pas, qu'il le soumet à faire de même, quand il déplace ses pieds pour incruster son bassin un peu plus au sien. Et sa main attrape son menton, pour l'incliner un peu plus vers son visage, qu'il s'incruste au fond d'ses rétines verdoyantes, à caresser ses lèvres des siennes, les touchant plus franchement sans pour autant les étreindre. À venir déposer les mots directement contre ses lippes, d'une voix trop rauque, trop basse, trop vibrante, sûrement, quand il enchaîne d'un : J'crois que ça suffit, comme raison. Et qu'il plaque sa bouche à la sienne, lui force le passage, délivre toujours plus de cran, enfonce les portes qu'elle a déjà crocheté d'ses propres serrures. S'damne encore un peu plus, quand ça s'ra jamais assez, faut croire. Son souffle s'amourache au sien, qu'il l'embrasse sûrement comme il l'a encore jamais fait bien qu'y ait déjà eu trop d'écarts du genre, quand même la hargne semble s'être évaporée, qu'il s'fond plus encore à elle, qu'un soupir lui échappe, qu'c'est presque un gémissement tabou, à revenir ancrer son regard au sien, le souffle entrecoupé qui vient cogner à sa bouche qu'il garde tout près d'la sienne. Et tu voudrais aller où, Nora ? Comme pour s'enfoncer un peu plus dans le déni. Comme pour lui donner un peu plus d'espoir.
Comme pour le lui retirer avec encore plus de cruauté.
Parce qu'on n'ira jamais nulle part.



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Re: doom days (nora)
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Re: doom days (nora)
Ven 29 Jan - 22:32

" cruising through the doom days "

so many questionable choices, we love the sound that our voice makes, man this echo chamber's getting loud. we're gonna choose the blue pill, we're gonna close the curtains, we're gonna rabbit hole down. we'll be the proud remainers, until the morning breaks us (www) @nora everdell

juin 2017

Tu t'vois avec un môme ? Sûrement qu'le silence qui accueille la question laisse bien supposer la réponse. Pourtant, il n'se démonte pas, le shérif, à afficher un sourire effronté. Si elle savait. T'es sûre de ça ? On n'a jamais fait d'sondage. Papillonne presque, à lui imposant ses prunelles sous le museau, gaminerie. Mince, c'est vrai qu'on serait sûrement pas les parents de l'année, qu'il pouffe, quand la blessure se creuse un peu plus au revers de ses entrailles. Sûr qu'il n'risque pas d'être élu père de l'année, lui. Mais il ne montre rien, Nox. N'a pas besoin de savoir, la gamine, préfère encore qu'elle prétende connaître ses réactions et sa hargne quand il s'dit bien qu'il laissera jamais rien d'sa vie se montrer à elle, se révéler, qu'il lui taira toujours tout. Il fait rouler ses yeux vers le ciel un instant, la tête qui se secoue, la mine un peu blasée. J'sais pas, t'avais l'impression qu'y avait un point d'interrogation à la fin d'ma phrase ? lui rétorque avec la même hargne habituelle, quand elle ne sait que lui retourner ses propres questions à la gueule plutôt que d'y répondre. Mais peut-être que c'est ce qu'il fait, lui aussi. Peut-être qu'ils ne savent discuter que comme ça. Peut-être qu'ils ne sauront jamais le faire autrement. Que d'la gueule, ouais, parce que t'as l'air d'aimer ça. Les gencives qui se dévoilent sous les babines qui se rétractent, sourire assassin, à toujours vouloir poser le pied le premier devant, à ne pas lui laisser d'avance. S'échappe dans sa nuque, se dérobant à son regard qu'il trouve trop pâle sous les rayons caniculaires, trop acérés quand il a l'impression qu'elle le découpe plus qu'elle ne le regarde, à vouloir la cisailler un peu, elle aussi, quand il se demande si y aurait pas une voie plus simple à prendre, pour mettre la querelle de côté. Juste un instant. Pourraient se le permettre, non ? Non, qu'ça sonne dans son crâne comme un ordre, pourtant. Juste pour toi, Nora, qu'il soupire à même sa peau qu'il garde aimantée à ses lèvres, celles-là mêmes qui s'en esquivent pourtant l'instant d'après pour prendre sa bouche en otage.

Sûrement pour enfoncer cette lame qu'il fait flotter au-dessus d'elle depuis trop longtemps. Pour enfin l'atteindre, quelque part, même si c'est pas au coeur, qu'il espère quand même toucher quelques organes pour les érafler. Pour qu'la blessure soit significative sans être criminelle. Pour qu'elle se souvienne de lui, derrière les barreaux, quand il essaiera de l'oublier pour toujours. N'a pas répondu, n'répondra pas, parce qu'Nox n'a jamais été sûr de rien, surtout pas le concernant. Comme s'il se piégeait lui-même, à s'contredire dès qu'il pouvait penser affirmer quoi que ce soit, et cette possibilité-là, sûr qu'il n'allait pas la lui tendre comme ça. À se noyer dans un baiser qui lui ferait presque oublier la raison qui l'a amené. Note bien qu'elle ne le lâche pas même quand les lèvres se séparent, et il prend ça comme une nouvelle victoire. Embourbé dans la bataille, à n'pas vouloir déceler qu'elle pourrait être sincère. Où je veux ? et il en fronce presque les sourcils, à rester toujours sur le qui-vive, à se demander quel est le piège, à ne pas pouvoir la concevoir sincère un seul instant quand il n'a jamais connu qu'les mensonges illusoires. Ne cille pas sous son regard qu'il trouve trop inquisiteur, à se demander si elle va pouvoir y voir tous ses doutes, ses peurs trop profondes pour être repêchées. Si elle ne va pas creuser si loin qu'elle en créera d'autres, plus féroces encore. Alors, force sur les apparences mesquines, à se jouer presque langoureux, à glisser ses mains aux pans de son haut pour mieux la retenir contre lui quand elle ne pourrait pas lui échapper de toute façon. À sentir une goutte de sueur glacée lui courir de long de l'échine, quand il penche la tête et qu'à son tour, il vient passer sa langue sur ses propres lèvres, comme pour en retenir un peu son goût. Qu'il ne rompt pas la proximité, trop tentante, trop importante pour la comédie. Et le soupir qui passe la barrière de ses lèvres mi-closes, presque douloureux, contre sa bouche. Oh, si, j'me suis déjà planté d'route, qu'il entame, les iris presque suppliants, le ton presque langoureux. Pas assez pour que ça soit clairement exagéré, juste ce qu'il faut pour faire planer le doute, l'illusion constante. J'me suis planté, y a, attends, fait mine de compter sur ses doigts, quand un éclair de révélation traverse l'azur de ses yeux, sept ans d'ça. Ajoute un silence, presque théâtral.

Tire un peu plus sur son t-shirt, s'invente un regard pénétrant. Voudrait bien la percer, jusqu'à l'os, pour y déceler tous ses secrets. Les amasser, les garder pour quand il en aura besoin. Parce que quelque chose de sournois lui dit qu'c'est pas fini. Qu'la prison n'achèvera pas ça, quand il est bien incapable de dire de quoi il s'agit. Que c'est peut-être trop tôt, et déjà si long pourtant. J'me suis planté de route, quand je me suis arrêté près de ce bar. Pour te ramasser. Se penche, appuie ses lèvres sur les siennes sans vraiment les embrasser, lippes qui pâlissent sans s'entrouvrir et pourtant, quand il se recule à peine, y a quelque chose qui proteste sous ses côtes, qui le défie bien d'céder, appel hurlant au creux des reins. C'est là, que j'aurais pas dû m'arrêter. Que j'aurais dû continuer tout droit. Parce que clairement. Depuis c'jour-là, y a plus grand chose. Qui va droit. La délivre de son étreinte négligée, arrachant son corps au sien et même le soleil de juillet lui semble glacé, à côté. N'en tient pas compte, parce qu'y a rien d'autre qui compte que d'gagner. Et la route, j'sais bien où elle va, aujourd'hui. Pourtant, on pourrait presque le voir au fond de ses yeux. Une déception cruelle, comme s'il avait lui-même pensé qu'il pouvait y échapper, qu'ils auraient pu s'enfuir, qu'il aurait pu la délivrer pour toujours. Allez, remonte, la pause-pipi est terminée, Nora, qu'il assène, cruel, d'une voix froide. Parce qu'il n'y a que là qu'il peut se réfugier. Dans la rudesse, pour n'pas montrer comme ça le blesse. Dans la fermeté, pour n'pas montrer comme ça l'atteint. Dans la comédie et le mensonge, pour n'pas monter comme il en aurait eu envie, quand lui-même n'est pas sûr de vouloir affronter c'qu'y a de sincère chez lui.
En a trahi, du monde, dans sa vie.
Peut pas s'faire ça, pas à lui, pas devant elle.



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Re: doom days (nora)
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Re: doom days (nora)
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" take what you need,
say your goodbyes "

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juin 2017

On pourrait dire. Qu'il avait tout prévu, tout anticipé. Qu'c'était prévu depuis qu'il s'est pointé en bas de chez elle, à l'attendre, déjà agacé. Qu'il ruminait déjà comment il allait pouvoir l'assassiner pour de bon, cette fois, sans croire qu'il pouvait y arriver. L'a toujours vue comme ça, Nora. Comme celle qui sera toujours assez rude pour se dresser contre lui, contre sa colère, la seule qui parvient aussi bien à la lui renvoyer à la figure. La seule qui le fait, en réalité, quand tous les autres l'esquivent ou la fuient. Qu'il l'utilise pour les éloigner, toujours, que jusque-là, ça a toujours marché. Et qu'elle est la seule à se dresser fièrement en face sans ciller. Et certainement que c'est ce qui a déclenché tout ce bordel. Parce qu'Nox, il n'a jamais rencontré quelqu'un qui pouvait l'faire. Qui pouvait l'toucher si facilement quand il affirme le contraire sous ses airs d'enfant vengeur.

Et pourtant, le silence qu'il reçoit est bien plus meurtrier qu'aucune pique, qu'aucune injure, que si elle l'avait frappé. Parce qu'il a gagné. Et qu'il n'en tire, finalement, qu'une satisfaction cruelle. Rien à voir avec ce qui était promis par l'image de la victoire. L'aurait pu s'en douter. Rien ne s'passe jamais comme prévu, avec Everdell. Pourtant, ça lui laisse un goût amer dans la bouche quand elle le fixe, bras croisés, appuyée à la voiture. Certainement que Nox aurait préféré qu'elle se moque, qu'elle lui dise j'serai jamais partie avec toi, de toute façon. Pour qu'il puisse se l'imaginer. Quand son silence lui laisse deviner le contraire, et qu'il s'y attend pas, Nox. À ce qu'elle ait pu être sincère. À ce qu'elle ait pu en avoir envie. S'attendait pas, Nox, à s'en retrouvé déçu et penaud comme un con. À se rendre compte qu'lui aussi, il en avait envie. Partir avec elle, rien qu'avec elle, quand il sait qu'elle pourra toujours l'assumer, lui et ses travers, puisque c'est bien ce qu'elle fait depuis trop d'années. Et que c'est à son tour de trainer, de regarder la voiture où elle s'est engouffrée, à l'arrière, comme les vrais voyous, que son d'accord, shérif a été plus blessant qu'toutes les insultes qu'il a accumulé venant d'elle. Il retrouve sa place au volant, qui lui crame les paumes quand il les y dépose, comme ce qui brûle sous ses côtes sans qu'il ne sache vraiment où et quoi. Qu'y a bien un goût de culpabilité qui s'est invité entre ses mâchoires, à avoir pensé qu'il en serait fier quand c'est pas l'cas. Qu'il remet la bagnole en route, dans un silence qui l'enfonce toujours un peu plus contre son siège qui lui transperce la peau à travers le tissu de son uniforme. Qu'ses yeux n'peuvent s'empêcher des aller-retour fréquents entre le pare-brise et le rétroviseur, quand l'image que ça lui renvoie le crucifie toujours un peu plus. C'est pas toi, qu'il aimerait lui gueuler dessus. Mais finalement, qu'est-ce qu'il en sait ? Qu'est-ce qu'il en sait, de qui elle est ? Bien la preuve qu'il l'ignore, quand il l'aurait crue plus hargneuse que ça, quand il aurait pas pensé qu'elle puisse avancer quelque chose de vrai, quand il aurait bien voulu croire plus longtemps qu'il y était insensible, à ses états d'âme, à ce qu'il se passe dans sa tête, à elle.

Et que l'autoroute défile, la sortie s'annonce, le clignotant lui tambourine contre les tempes dans un rythme qu'il trouve effarant. Le frein qui s'annonce, les bâtiments gris et alignés qui se profilent, qu'il sent croître en lui quelque chose de terrible, d'insoumis, quelque chose qu'il voudrait ignorer, n'pas ressentir. Qu'il s'arrête enfin mais qu'ça continue de rouler, bousculant tous ses organes dans un remue-ménage effrayant qui lui donnerait bien la nausée. N'peut se réfugier que derrière un masque professionnel, comme s'il l'avait déjà eu une seule fois avec elle quand même la première fois, il n'a pas agi en shérif. Qu'sa main tremble sur le volant qu'il serre à s'en faire blanchir les phalanges, qu'son visage se tord trop en une grimace, parce qu'il n'y arrive pas, à garder l'rôle, à s'demander comment l'enfoncer encore un peu plus pour qu'jamais elle n'ait envie de le revoir à sa sortie, pour qu'il puisse s'dire que c'est terminé, réellement, que c'est fini, là, maintenant, après sept ans de tumultes. S'tourne légèrement vers elle, la mâchoire serrée, à essayer de harponner un regard qu'il ne trouve pas. Nora, qu'il entame, d'cette voix qui tremble trop quand il aimerait se flageller d'pas l'avoir plus dure, plus froide, comme avant. Qu'son comportement l'a complètement fragilisé, qu'il préfère la colère habituelle, qu'il n'sait pas réagir à ça, qu'il la pensait intouchable et qu'il se sent criminel à cet instant. Je suis désolé mais ça sort pas, ça n'a pas l'droit de sortir, parce qu'il n'a pas à se sentir désolé, qu'c'est pas sa faute. Les lèvres entrouvertes sur toutes les conneries qu'il pourrait sortir, qu'il s'dit qu'il faudra jamais qu'il soit assez vulnérable pour les prononcer un jour. J'pouvais pas t'emmener, j'pouvais pas, même si j'le voulais, j'pouvais pas, m'oblige pas à m'en vouloir pour ça.
S'enfonce dans son siège quand l'envie d'la toucher le prend et qu'il se réfrène. Qu'c'est bien mieux comme ça qu'il se dit, pour elle, pour lui, pour eux. Vraiment ? et le doute le saisit, qu'il tend la main vers elle, la nuque dévissée pour la regarder, quand y a pas d'grille pour les séparer cette fois, qu'il se reprend, robot désarticulé, à la laisser en suspens pour la ramener vers lui sans l'avoir même effleurée. Tu vas être en retard. Pas vrai, p't'être qu'il leur resterait bien encore quelques minutes, qu'il pourrait la rassurer, lui dire qu'ça va aller quand rien n'ira pourtant, qu'il sait bien, Nox, qu'il pourra jamais l'apaiser assez pour la préparer à l'enfermement. Qu'c'est pas son putain d'rôle, alors pourquoi, pourquoi il s'sent aussi minable que ça ?

Et sûrement qu'au moment où la portière claque, qu'il n'a pas voulu la regarder s'extraire de l'habitacle, sûrement qu'il reste encore trop longtemps sur le parking, la gorge nouée. Avec l'envie d'chialer comme un gosse, l'envie d'abandonner la colère, d'apprivoiser la terreur. Mais qu'il le fait pas, Nox. Parce qu'il pleure pas, jamais. Sûrement pas pour une femme. Sûrement pas pour Nora, qu'il s'rassure, à la suivre des yeux disparaître de l'autre côté des grillages et des barbelés.
À reprendre la route, le regard dénué de tout, enveloppe sur pilote automatique, à s'demander quelle dose d'whisky il lui faudra bien pour faire taire le chaos qu'elle a remué en lui. À s'dire qu'elle a bien un putain d'pouvoir magique, la gamine, à s'dire qu'ils n'étaient pas ensemble et qu'pourtant, il a l'amertume de celui qu'on vient d'quitter. Pourtant, l'en a déjà vécu, des ruptures, du haut d'ses putains d'trente piges. Y a bien eu Maluum, y a bien eu Rosheen, sûrement d'autres qu'il n'a pas retenu tant ça ne l'a pas affecté plus que ça. Toutes plus officielles, toutes moins cruelles, pourtant.

Trois ans, ça suffira pour oublier.
Mais peut-être que là encore, l'destin a préféré s'en mêler. P't'être qu'il aurait eu besoin de cette année supplémentaire qu'on va lui retirer, qu'le sevrage ne sera pas assez long pour garantir l'efficacité de la cure. Ou peut-être qu'il préfère le poison, Nox. P't'être qu'il n'en guérira jamais vraiment.



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