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 run baby run (maluum)

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run baby run (maluum)
Dim 31 Jan - 19:45

run baby run,
N'dira pas. Comment il est entré chez elle. Qu'il ne l'a pas trouvée, forcément, parce qu'rien ne peut être simple, pas même une seule putain de fois. La rage au ventre, Nox, les poings serrés en phalanges blanchies, qu'il s'est rendu dans sa boutique. L'aurait bien eu envie de tout retourner, l'a déjà fait, pas ici, pas avec elle, mais l'a déjà fait, l'flic. Pas toujours au point sur ses méthodes, surtout quand la colère s'invite en ligne directrice, qu'il n'y a plus que ça, pour faire pulser contre son front des lancées assassines - et, sûrement, que c'est encore plus difficile à gérer quand la principale cible s'est glissée sous ses côtes. Mais la boutique - porte fermée - qu'ça l'a rendu à moitié fou, s'il ne l'est pas déjà complètement, persuadé qu'y a encore bien quelque chose à sauver, n'sait pas, une poussière, un truc à sauver chez lui, et si y a bien quelqu'un qui peut l'voir, c'est elle. Ou p't'être qu'elle pourra pas, elle non plus, à lui répéter qu'elle devrait l'éliminer, comme les premières fois où il est revenu vers elle, à toujours leur courir après, finalement, quand elles s'enfuient toujours. Et s'il ne lui a jamais vraiment pardonné ça, Nox, n'peut pas oublier la promesse naïve à laquelle il s'est raccroché - j'peux peut-être t'aider - et se dit qu'si y a bien un moment où faudrait la croire, miser sur elle, c'est aujourd'hui, c'est maintenant. A hésité à l'appeler avant, trop frileux d'se prendre un vent, peut-être, que ça carre les épaules pour se la jouer loup viril quand on ne trouve sous l'armure qu'un louveteau qui s'est perdu dans les bois. L'a connu avant, après, presque pendant, s'dit qu'elle a tout vu, tout appréhendé d'lui, qu'elle pourra bien entendre ça, n'est-ce pas ?

Alors l'voilà de nouveau dans la rue, d'un pas trop agité, la mâchoire crispée, le regard tantôt qui fuit les regards qu'il croise, tantôt qui lance quelques éclairs farouches, l'air de dire vous regardez quoi en agressivité naturelle. À cran, l'ancien shérif, quand même son arme de service lui est devenue lourde à la hanche, qu'il la porte pourtant sur lui vingt-quatre-heures sur vingt-quatre, comme s'il avait peur d'croiser un mauvais visage au coin d'une ruelle, comme s'il était traqué alors qu'il n'a. encore. rien. fait. Pas encore, qu'ça se rappelle à lui dans son crâne, à se mordre l'intérieur des joues comme un ado stressé, et soudain, elle entre dans son champ de vision. Pour sûr qu'le destin se fout pas d'sa gueule, pour une fois, qu'il esquisse un sourire un peu féroce, un peu soulagé, aussi, à n'plus vraiment savoir sur quel pied danser, à ne plus savoir quel sentiment prédomine tant ils sont tous trop violents, trop présents. Elle marche devant lui et il la suit quelques mètres seulement, lui dérobant quelques secondes d'une observation volée. Il se souvient c'qu'il s'est dit, la première fois qu'il l'a croisée, le visage noyé sous les larmes, quand les sirènes éclaboussaient son faciès à n'en plus savoir si c'était la lumière ou le sang qui faisait son minois si rougis. Elle ressemble à Prisca, qu'il s'était dit, sur l'moment, à repenser à sa fuite envers la mère de sa gamine, et puis quand il s'était agenouillé, genoux sur le bitume, qu'il se demandait si elle pleurait plus son mari ou son enfant, à se dire qu'il fallait avoir un problème comme lui pour se le demander, qu'il s'était dit, aussi, qu'ça aurait pu être sa fille, dans cette bagnole. Seule rescapée, comme pour lui, huit ans plus tard, lui aussi dans une putain d'voiture, lui aussi d'cet accident, quand il n'a fait qu'une victime pourtant, tendre et négligée maman. Alors il doit bien avouer, Griffin, qu'à deux pas d'abattre sa main sur son épaule, qu'il se sent déjà un peu plus léger. Qu'sa présence a toujours eu ce don sensible d'apaiser ce trop en lui. Trop violent, trop obsessionnel, trop vulnérable. Trop de tout, toujours trop, quand il s'est souvent demandé s'il ne pouvait pas être pas assez pour quelques fois.

Et que ça ne fait pas d'entorse à l'habitude, sûrement, que ses doigts attrapent son bras, trop fort, peut-être. Tu m'évites ou quoi ? qu'il lance en la forçant à freiner et à se retourner, qu'il ne lui laisse aucune chance, qu'il est plus fort et le sera toujours, mais qu'aujourd'hui, il a besoin de croire qu'y a plus fort que lui pourtant. Question stupide, quand il n'a pas prévenu, quand elle pouvait pas deviner qu'il l'a cherchée et sûrement déjà qu'il devrait taire qu'il a été fouiller les deux endroits où selon lui, elle passe le plus clair de son temps. Peut plus prétendre ça, pourtant, Nox, la connaître, mais il n'a jamais respecté les règles et la décence. Lui adresse un sourire un peu bancal, adolescent en vadrouille, sans grande concentration, à la relâcher lentement. Vient agripper ses prunelles des siennes. Désolé, Mal', j'voulais pas t'faire peur, mais, ça se coupe un peu tôt, la voix trop vibrante, quand il s'demande bien où il est passé, s'cherche lui-même partout en ce moment sans parvenir à s'retrouver, qu'il continue en retrouvant un peu de contenance, j'te cherchais. De but en blanc, puisqu'mentir ne veut plus rien dire, pas avec elle, pas pour eux - quand les secrets se sont trop entassés, qu'finalement, ceux qui auraient dû rester entravés sont bien les seuls qu'ils se soient échangés. On va boire un truc ? J'invite, et qu'il ponctue ça par un clin d'oeil appuyé, comme un sous-entendu évident quand lui-même ne sait pas bien à quoi il fait allusion. Mais j'serai plus à l'aise chez toi. Ouvre grands les yeux, minaudant la gêne quand elle saura très bien qu'Nox, c'est pas un pudique pour un sou. Laisse échapper un sourire un peu innocent, d'celui qui laisse deviner une supplication sourde voilée sous une façace qui se fragmente. J'ai besoin de toi, Maluum. Pas souvent qu'il l'appelle par son prénom en entier, même avant, comme si ça faisait plus officiel, pas qu'elle s'imagine...
Qu'elle s'imagine quoi, au juste ? Devrait tout s'imaginer, avec lui, bien c'qu'il lui a appris, justement.



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Re: run baby run (maluum)
Lun 1 Fév - 22:42


Maluum était endormie, dans l’obscurité de son bureau désordonné par une nuit à déchiffrer l’impossible, à traduire une langue inconnue, disparue, sans lexique approprié pour s’approprier quoique ce soit de tangible. L’oiseau moqueur la réveilla en sursaut, réalisant subitement l’endroit où elle se trouvait. La rigidité de son fauteuil après plusieurs heures de demi-sommeil rendait ses muscles engourdis. Rien. Elle n’avait rien trouvé. Pour le moment. Elle avait perdu le compte du nombre de manuscrits qu’elle essayait de traduire dans le but de trouver un remède à cette malédiction ancestrale, bien plus vieille que toutes les légendes avec lesquelles elle avait grandi. Mais si ce remède était là, quelque part sur la surface de cette planète, elle le trouverait. Elle le lui avait promis.

Soleil à peine levé, elle envoya un message à sa vendeuse. “Ne viens pas aujourd’hui, je ferme la boutique.” Pas dans l’esprit, pas le moral, pas envie. Et ça fera plaisir à Nina, une journée de congé payé au solde de la patronne déboussolée. Maluum se ressaisit maladroitement, embourbée dans un cauchemar dont elle s’était elle-même embarquée. Route incertaine pour un individu à qui elle devait sa remontée. C’était à son tour de le sauver. Ambition absurde mais elle était décidée. Quête de non-sens qui paradoxalement, lui injectait une dose d’adrénaline aux effets incertains. Elle lui était redevable, malgré ce qu’il était devenu. L’homme redeviendra, elle ne savait pas encore à quel prix, mais elle le trouvera. Sous le monstre, elle se souvient. Elle se souvient du soutien, de l’âme compatissante à laquelle Maluum s’était accrochée au tournant de sa vie. Lorsque, endeuillée, sa main réconfortante avait été un appui. Histoire qui pourtant, avait pris un tournant angoissant, Maluum mettant fin à cette union aussi déroutante que bienfaisante. Son ambition était trop différente de la sienne, incompatible pour ce représentant des forces de l’ordre et la hors-la-loi qu’elle était devenue.

Son bureau tintait de mille pensées négatives. Telle une chercheuse sans avancée scientifique, l’esprit embrumé, Maluum observa les nombreuses pages et feuilles volantes éparpillées autour d’elle. Tous la narguaient par son échec cuisant. Ces ondes improductives la laissaient dans un désarroi trop intense pour qu’elle puisse se concentrer. Et tout n’était pas dans son bureau. Elle devait retourner chez elle, rassembler ses recherches et ses traductions approximatives pour compléter les pièces du puzzle. Ayant perdu la notion du temps, elle sortit de son bureau par la porte de secours de sa boutique, plus discrète. Maluum entama une allure noble vers chez elle malgré les pensées envahissantes qui la noyaient dans une vapeur sauvage d’incertitude.

Démarche sûre d’elle, telle une souveraine qui cachait sa fatigue pourtant décelable sous ses yeux. Trop de monde autour elle, trop de lumière, trop de tout dans cette ville d’infortune aux murs qui résonnaient de souvenirs. Visages familiers qui s'accumulent devant elle, Maluum prête à peine attention aux regards qu’elle dérobe, aperçoit des silhouettes familières, une plus que les autres, encore une autre, puis une autre... Mais sa quête de traduction était plus importante. C'était sans compter la fortune qui avait déjà joué ses cartes. Ses pas assurés furent stoppés par un serrement de bras issu d’une main ferme. Avant même de voir son visage, ce fut son aura qui la frappa tel un brasier qui s’enflammait après le tonnerre. Sa voix, apparente à une bouffée de chaleur qui laissait Maluum indécise quant à l’émoi ressenti pour son hôte. « Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes, d'où tu sors ? ... Arrête de voir le mal partout et lâche moi. » Ordonnance confuse due à une surprise dont elle se serait bien passée, dans un état de fatigue presque léthargique dû à un sommeil perturbé de pénibles songes et d’un fauteuil non-ergonomique. Nox, au regard harassé, contrastait avec un sourire enfantin affublé d'un air presque éphèbe si l’on faisait abstraction des traits usé de son visage. Une fois son bras libéré, Maluum prêta attention au ton de sa voix, palpitant. Elle n'a pas eu peur, non. Même si elle devrait. A cause de ce qu'il est devenu. A ce moment, il y avait quelque chose d’émouvant à ce qu’un homme avec qui on avait partagé une parcelle de sa vie montrait encore une sorte de vulnérabilité. « Eh bien… la prochaine fois que tu me cherches, appelle-moi, ça sera plus simple, tu penses pas ? » déclara-t-elle d’une voix qui suggérait qu’il y avait d’autres approches beaucoup plus subtiles qu’une perquisition à la poigne vigoureuse. Tête penchée suite à l’invitation de l’ancien shérif. Il y a quelques années, elle aurait prise d'assaut la première terrasse sur son chemin pour accepter un tête-à-tête exclusif. Son clin d'œil reçut en réponse une moue au sourire réprobateur. Chez moi ? Maluum avait effectivement besoin d’être chez elle actuellement. Et justement, pour lui. Elle ne doit pas le lui avouer, pas maintenant. Ne pas perdre espoir. Elle va continuer. Prendre le temps en otage pour remédier à son état bestial s'il le fallait.

L’insinuation de Nox la laissait indifférente, trop sujette à ses pulsions de recherches intempestives dont il était la cause pour lui donner satisfaction. « Ben voyons, tu manques pas d'audace toi. » réagit-elle en réponse à l’aplomb de s’inviter chez elle et en réaction à ses grands yeux qui s’ouvrait comme pour ouvrir la porte de l’innocence dont il faisait faussement part. Cependant, son ton changea, comme un voile soudainement abattu entre les deux individus. Maluum. Il ne l’appelait que très rarement par son prénom, préférant son diminutif, plus familier, plus chaleureux. Comme elle, qui ne l’appelait pratiquement jamais Noximilian. La plus mémorable des mentions fut la fois où elle avait rompu le lien qui les unissait. Solennité du patronyme. J'ai besoin de toi. Elle, qui avait passé des mois dans ses bras, car jadis, c’était elle qui avait besoin de lui. Nox, l’homme qu’elle avait repoussé délibérément, le remords qui lui avait noué l'estomac, mais leur chemin différait trop pour oser espérer un avenir. L’homme devenu bête qu’elle n’hésitera pas à tuer s’il le fallait même si son cœur en devait être brisé une énième fois. Les rôles s’inversaient à son insu, sensible à ce passé commun aux pages noircies à deux. Maluum l’observa comme les prémisses d’une première rencontre. Il avait le même visage qu’autrefois mais obscurci par une vie dont elle s’était volontairement coupée, qu’elle avait déjà appréhendé lorsqu’elle avait demandé de ses nouvelles. “Il est devenu fou” qu’ils disaient. Étonnée d’avoir entendu le nom du shérif changer, la curiosité l’avait fait venir jusqu’au poste de police puis jusqu’à chez lui. Constater ce qu’il était devenu l’avait horrifié. Mais une force obscure mêlée à la mélancolie et le déni des événements s’était transformée en une détermination vivifiante pour tenter l’impossible ; le sauver de sa condition bestiale. C’était ça ou l’exterminer. Il était terni par des secrets impénétrables dont Maluum tentait maintenant l’impossible pour essayer d’y voir clair sous ces ténèbres lancinantes. « Viens. On va chez moi. » finit-elle par répondre, d’une voix ferme ne lui laissant finalement plus le choix. Ainsi exprimée, elle tourna les talons pour continuer sa route, devenue dorénavant leur route.

Son rythme était rapide, désirant retrouver l’atmosphère paisible de son appartement le plus tôt possible. Ils n'étaient pas loin. Néanmoins, la présence inattendue de Nox la rendait dubitative. Il a besoin de moi, résonna une voix dans son esprit comme une litanie qu’elle ne pouvait exaucer. Elle ne voulait pas tenter d'imaginer ses besoins. Il avouera. Il a besoin de moi. Pensée soucieuse sans à priori, Maluum regarda Nox en levant le menton. Leur différence était tout autant physique que mental, une disparité qui les avait rassemblé et dont la séparation n'en était que plus déchirante. « J’peux savoir comment tu m’as trouvé ? » Habileté de flic, sans doute, dans une ville de taille décente, le hasard était une chose dont elle ne croyait pas. Tout arrivait pour une raison et sa venue annonçait un présage dont elle n’était pas certaine des aboutissements.

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Re: run baby run (maluum)
Mer 3 Fév - 9:47

run baby run,
Et lâche-moi et qu'Nox la lâche d'un seul coup, docile, tendu. L'regard tantôt fuyant, tantôt rivé à elle avec une insistance frisant l'impolitesse. Affiche un air coupable, celui d'un gamin pris sur le fait qui n'a aucune défense à donner en contrepartie. Baisse même un instant les yeux, quand y a sûrement qu'elle qui le connait comme ça, qui a pu le connaître sous un angle différent que c'qu'il offre à tout le monde. Qu'elle l'a connu avant, qu'elle a connu un Nox différent. Plus vulnérable, peut-être, ou au moins tout autant qu'celui qui se présente aujourd'hui à elle, avec des réminiscences d'autrefois sur le minois. Qu'c'était pas prévu, cette descente aux enfers, qu'il pensait qu'le pire était derrière-lui, y a bientôt trois ans, quand il a été mordu. Oui j'sais, j'aurais dû t'appeler, mais, mais rien du tout en fait, parce que l'excuse du j'ai eu peur que tu veuilles pas m'voir, on la fera à d'autres. Pas à Maluum, pas entre eux, sûrement, quand c'est peut-être bien pourtant pour une raison aussi enfantine qu'il l'a pas fait. Affiche un air un peu coupable, d'celui qu'on sert aux profs quand on n'a pas fait l'devoir à rendre, avec un sourire d'adolescent qui lui sied à merveilles malgré ses quarante-et-unes rides. Esquisse un sourire furtif à sa répartie, a toujours aimé ça, celles qui sont capables d'lui répondre, d'lui rentrer dedans, et certainement que si Maluum n'avait pas eu ce trait de caractère, qu'ça n'aurait pas duré aussi longtemps entre eux. Moi ? qu'il s'exclame, en levant les mains, les yeux écarquillés. J'vois pas de quoi tu parles. Sourire avenant et innocent, à bien manier toutes les facettes d'un personnage qu'il n'est plus sûr de connaître pourtant, à se la jouer dom juan pour séduire une nouvelle princesse.

L'ancien shérif soutient son regard qui le détaille, lui donne l'impression qu'elle peut lire au plus profond de lui. Tâter les peurs les plus profondes, celles qu'il ne montre pas, jamais. Harponner les espoirs naïfs et tabous qu'il a enfermé dans un coffre-fort scellé. Dompter les pulsions qui l'ont mené à se présenter à elle aujourd'hui, dangereuses, hors de contrôle, quand il lui semble que tout lui échappe. Toute situation, toute sa vie, qu'tout se fait submerger par une vague géante qu'il n'a pas su prévoir, qu'ses rêves n'lui ont pas montré. À attendre le verdict avec une patience qu'il ne possède pas, la nervosité qui se glisse dans ses pupilles pour les éclaircir encore, pieux glacés qui fouillent son visage qu'il a si souvent effleuré, caressé, embrassé. Quand enfin, elle accepte, qu'il ne peut retenir un soupir de soulagement sans chercher à le cacher pour autant. Tourne les talons avec elle. Merci, Mal'. Un souffle à peine audible mais qui n'en reste pas moins sincère, comme si ça lui écorchait les lèvres. À se demander si ça peut s'voir. Qu'il les a trop mordues pour tenter de faire taire l'animal en lui. À se demander s'il reste encore du sang du dernier qu'il a condamné, le seul, quand il sait qu'ça pourrait se reproduire maintenant que ça s'est passé une fois, à n'pas vouloir tenter le diable quand c'est sûrement lui en personne qui s'est incrusté sous ses côtes.

N'ouvre pas trop la bouche pendant le trajet, comme s'il risquait de compromettre ce qu'elle vient juste d'accepter, à se mordre la langue pour retenir mille conneries ou vérités. Quand même la réalité s'est dérobée à lui, qu'il ne sait plus vraiment ce qu'il vit, où il est, quand chaque jour est une remise en question tortueuse. Les mains enfoncées dans les poches, les pensées déjà déviantes, à s'demander. Comment il a pu mordre ce pauvre gars. Comment il va faire pour régler le problème de Nora. Et c'est sa voix qui le ramène sur terre, à tourner la tête vers elle comme un pantin désarticulé et qu'finalement, il n'a même pas envie de mentir. J'suis passé chez toi, t'y étais pas, j'suis passé à ton magasin, c'était fermé, et, s'met à rire en haussant les épaules, et j'marchais et pouf, t'étais là. Lâche un rire presque ahuri, en levant de nouveau les mains pour feindre l'innocence. J'te jure Mal, j'suis pas du genre à te coller une puce électronique pour te suivre par GPS non plus. Sourire amusé, parce qu'il a toujours été comme ça, Nox, à n'jamais montrer, à toujours prendre le revers, à toujours s'afficher détendu et blagueur pour cacher. Mais c'est justement parce qu'il y arrive de moins en moins qu'il avait besoin de la trouver. Peut pas, Nox, s'imaginer chez un psy même si son meilleur ami le lui a suggéré, à n'pas vouloir s'imaginer taré, à s'dire que tout est d'la faute de la bête, tout, qu'ça s'arrangera forcément quand elle s'ra plus là, que Maluum aura trouvé un remède miracle, quand la colère n'est pas née avec elle pourtant. Parce qu'il l'a toujours portée en lui, Nox, même avant ça. Qu'il n'a jamais su l'accepter vraiment, la gérer non plus, et qu'les sursauts meurtriers sous sa peau ne sont pas non plus aussi nouveaux qu'il le prétend. Qu'y a peut-être rien à guérir vraiment, quand il s'accroche, avec le désespoir d'un survivant, la gorge déjà pleine d'eau salée quand il pense encore pouvoir réchapper au naufrage.

Le pied de son appartement qui finit par se présenter, l'a pas fallu marcher longtemps, c'est qu'elle trotte vite, Mal. Repousse ses cheveux mal coiffés vers l'arrière, entrouvre la porte et s'efface sur le côté, sourire presque séducteur au bord des lèvres. Les dames d'abord. Clin d'oeil malicieux, sourire mutin, à changer de rôle avec trop d'instabilité, avant de s'engager à sa suite, l'observant de dos jusqu'à sa porte. S'souvient bien, Nox, toutes les nuances de leur histoire. L'électricité, la culpabilité, la passion. La plus longue qu'il ait su entretenir, à s'être toujours demandé comment ils avaient pu la vivre tant ils ne semblent pas venir du même monde. Comment elle avait pu se terminer, tant ça aurait pu être parfait. Dur à l'croire avec Nox, mais sans doute qu'il avait autre chose dans le crâne à cette époque, qu'il s'était dit, à l'aube de la trentaine, qu'il était temps de se poser. De connaître le calme, la tranquillité, d'apprendre à prendre soin de quelqu'un. C'est à cette époque-là qu'il avait failli adopter Percy. La reconnaître, enfant. Le sang de son sang, qu'il avait toujours renié, comme la plus grosse erreur de sa vie. Mais l'avait fallu que Mal le quitte brusquement pour qu'il remette tout en question. Nox appuie son épaule contre la porte en attendant qu'elle l'ouvre, l'observant avec un fin sourire dont on ne saurait dire ce qu'il annonce. Comment tu vas, Mal ? qu'il demande, un pli soucieux lui barrant le front, quand il s'rend compte qu'il ne le lui a pas demandé avant, mais qu'c'est même pas la culpabilité qui l'étreint à cet instant-là, mais une attention particulière. Sans doute qu'elle fait partie des seules âmes dont il voudrait prendre soin, protéger de tout danger. Comme Nora. Y penser lui tord les entrailles en se rappelant sa gorge marquée de marques violacées et il l'efface lentement de ses pensées. Pénètre dans l'appartement pour la deuxième fois de la journée, à ne pas s'y inviter trop franchement, à laisser les souvenirs de leurs étreintes l'assaillir, comme si ici, il était à l'abri, en sécurité. Qu'le Diable n'le trouverait pas, qu'rien ne pouvait plus le toucher.



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Re: run baby run (maluum)
Ven 5 Fév - 22:18



Des bouts de phrases inachevées. Comme un adolescent cherchant un prétexte à la tyrannie de sa doyenne. Il avait vieilli, Nox. De quelques années son aîné, Maluum n'avait pas besoin d'imaginaer les raisons qui avaient amené son ancien favori à avoir les traits aussi tirés. C’est ce monstre. Elle savait que si elle avait la hardiesse de lui demander la férocité des actes qu’il avait pu commettre, elle obtiendrait des réponses qu’elle ne voudrait pas entendre. Elle connaissait les conséquences de sa condition. Cette pensée lui souleva le cœur. Nox. Elle devrait l’enfermer. L’achever d’être tombé entre leurs mains. Mais parce qu’il s’agissait de lui, elle n'abdiquera pas. La lutte de Nox sera longue, d’un acharnement sans nom comparé à la charge de Maluum. Que pouvait-elle faire ? À part lire. Lire jusqu’à ce que le rituel adéquat lui tombe sous la main, jusqu’à ce que les formules adéquates et les ingrédients nécessaires à un remède prodigieux se manifestent devant elle. C’était son nouveau Graal. Elle était Perceval sans l'once d’une prose, ne pouvant compter que sur elle-même. « Si, tu vois très bien de quoi je parle. » soupire-t-elle face à sa désinvolture qui arborait un sourire qui avait la prodigieuse capacité de le rendre d’une innocence authentique.

Soupir échangé d'un souffle à l'autre. Chez Nox, ce fut un soupir de soulagement à peine perceptible que Maluum eut la délicatesse de ne pas révéler. Il emboitait ses pas assurés. Trajet étouffé par leurs pensées respectives qui semblaient hurler de façon mutique leur crainte personnelle. La question de Maluum brisa leur marche funèbre. Sa réponse, accompagnée de son rire faussement sidéré, ranimait en elle des souvenirs refoulés. Il y a des choses qui n’ont pas changé. Sa nature humaine était toujours là, elle le voyait, elle le sentait. Il l’avait cherché aux endroits auxquels il l'associe le plus. Ignorance bienheureuse de son autre vie qu’elle passait à Ashmill dont il n'avait aucune notion. The cave, affection particulière pour ce lieu désenchanté qui était synonyme d’attachement. « Pouf… » qu’elle répéta telle une magicienne, qu’elle accompagna d’un haussement de sourcil théâtral. Nox continua sur son impulsion d’élocution dans un style familier. Son style. Le style qui faisait presque douter Maluum de ce qu’il était devenu. Toujours facétieux, le shérif Griffin. Un des seuls qui avait réussi le challenge impossible de lui avoir arraché un aperçu de sourire alors qu’elle avait embrassé le désenchantement de sa destinée. Le sujet délicat du traçage par GPS n'était pas pour rassurer Maluum qui cligna des yeux, consternée « Tu m’en vois rassurée. Et vu que tu en fais mention : ne me fais jamais ça, parce que maintenant, je saurai que c’est toi. » Elle pointa un index accusateur sur son torse, sarcastique sur l’intonation, mais visage perplexe. Pourtant, Maluum en était certaine. Il n’irait pas jusque-là. Autrement, il l'aurait déjà su. La raison qui l’avait fait partir. Ce secret qu’elle avait emporté en disparaissant, beaucoup plus facile à dissimuler lorsqu’il n’était pas près d’elle, son appartenance aux cyclops. Loin des yeux loin du cœur. Jamais une citation n’avait été plus appropriée.

L’appartement de Maluum se dessinait avec précision à mesure qu’ils se rapprochaient. Elle avait emporté Nox dans sa marche rapide. Inconsciemment ou par empressement. Qui d’autres savaient ? Quelles étaient les autres âmes que Nox avaient embarquées dans sa route de providence maudite ? Maluum saurait se défendre si le pire devait arriver. Elle n’hésitera pas. Pas longtemps. Au pied de l’immeuble, Nox lui emboîta le pas afin de lui tenir la porte. Ces gestes qui avaient la capacité de la faire oublier le temps de l’acte. Lui faire oublier l’horreur qu’elle avait ressentie au moment où la vérité avait éclaté. « Merci de me laisser rentrer chez moi, c’est très aimable. » lui assigna-t-elle d’un geste de la tête souveraine. Ce fut à son tour de le devancer, montant les quelques marches jusqu’à sa porte. Son antre. Le lieu où chaque objet avait une âme, chaque recoin un souvenir. Une question inattendue de Nox lui fit interrompre son geste en direction de sa serrure. Comment ça va ? Une question qui sur la bouche d’autres personnes n'aurait été qu’une futilité timide que la bienséance avait rendue commune au détriment de son sens. Pourtant, elle pouvait remarquer la sincérité de sa question. Il l’avait connu au pire moment de sa vie. A été le témoin d’une période à laquelle elle aurait pu avoir été perdue sans son soutien indéfectible qui se résumait souvent par sa simple présence. Maluum, dont l’obsession de rejoindre l’âme de son mari et son enfant avait été si forte qu’elle aurait pu s’y perdre. Et puis il y avait la compagnie de Nox. Qui la ramenait sur terre, avec les âmes qui prenaient place dans des hôtes de chair et de sang. Elle l’avait presque oublié, à l’époque. Qu’elle était vivante elle aussi. Que son obsession pouvait être dirigée à des fins plus utiles. À exaucer le présage de Bekki. « Mieux que toi. » finit-elle par répondre, attentive à son mal-être, préoccupée par des secrets qu’elle ne quémande pas, au risque de trop en savoir et de ne plus avoir le choix. Quête impossible dans laquelle elle s’était embarquée, mais elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner. Elle ne pouvait se résoudre à l’éliminer. Brisée par ses principes et ses sentiments qui se mêlaient en elle au point de lui arracher la poitrine.

Elle l’invita à entrer d’un mouvement de la tête, nul besoin de mot pour annoncer qu’il était toujours un peu chez lui, malgré tout. Elle se débarrassa ensuite de ses chaussures puis posa délicatement sa veste. Réflexe robotique lorsqu’elle rentrait entre ces murs à l’atmosphère qui fulminait son identité ; se débarrasser des vêtements extérieurs aux ondes polluées qui l'encombraient. Son appartement l’accueillait comme à son habitude. Arôme d’encens qui parfumait l’ensemble des pièces, dont son salon accessible dès l’entrée aux murs éparpillés de souvenirs. De nombreuses étagères où reposent divers objets accumulés au fil des années et des expériences, certains se trouvant également dans son bureau au hidden crystal. Mais ceux-là étaient plus personnels. Des tableaux orientalisant aux paysages de pays d’Afrique ou du Moyen-Orient qui semblaient murmurer des chants issus de continents lointains, étaient accrochés de part et d'autre de la pièce. Pas de photo. Surtout pas de photographie. Ni d'elle, ni de personne. La table au centre était étonnamment surchargée par un amas de feuilles dont l’écriture manuscrite témoignait de nombreuses heures à tenter de déchiffrer de multiples mystères concernant des rituels ou des prières encore jamais pratiquées par Maluum. Des scénarios qu’elle s’était imaginée, reliée, raturée, entourée telle la furie qu’elle était lorsqu’elle était concentrée. Depuis combien de temps n’avait-elle pas passé une soirée à lire autre chose que de l’occulte ? Mais elle ne se plaignait pas. Elle aimait ça, s’abandonner à son devoir. Et même si ses yeux témoignent d’une fatigue accrue, elle n’en démordait pas. D’un geste naturel, elle posa son sac rempli de livres qu’elle avait apportés de son bureau sur cette même table, laissant sa masse de tissu recouvrir le mieux possible ce meuble aux archives tumultueuses, cachant ce côté brouillon qui pourtant collait avec l'atmosphère de la pièce. Tout était rempli de vie. « Et toi Nox, comment tu vas ? » Interrogation sincère qui résonnait avec un futur incertain. J’ai besoin de toi, Maluum, dont l’écho rebondissait en son for intérieur. « Par ailleurs… » Un automatisme inconnu la fit se diriger vers sa cuisine qui juxtaposait son salon. Geste involontaire ou habitude réprimée, Maluum entama la composition d’un café noir pour Nox et elle-même. Continue-t-il seulement à boire du café ? Ineptie soudaine qui ne l’arrêta pas. La logique de la routine humaine l’avait poussé à l’inviter à "boire un truc" quelques minutes auparavant, après tout. « Mon aide commencera par un café, si tu n’y vois pas d’inconvénient. » conclua-t-elle en déposant deux tasses démesurées sur le comptoir. Comme si c’était normal. Comme si les deux mondes qui les séparaient ne subsistaient plus et qu’il n’y avait que leur souvenir qui vibrait autour d’eux.

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Re: run baby run (maluum)
Sam 6 Fév - 19:41

run baby run,
Mais il secoue la tête, comme pour dire non, non, j'vois pas, parce que l'audace n'est même plus un trait de caractère chez lui, plutôt un vice qui tourne à l'inconscience brusque, de celle des adolescents se jetant dans les pires situations avec l'excuse de n'pas savoir, d'pas être prêt. N'a plus vraiment ces excuses-là, Nox, n'a jamais cessé de se comporter comme tel pourtant, bloqué à l'âge con comme on dirait. S'permet un pouffement de rire à son pouf reproduit avec singularité, à lui retrouver ces airs d'humour qui avait su l'attirer à l'époque. Ralentit quand elle pose un doigt vers lui, à pencher la tête sur le côté, un air malicieux sur son faciès. Peut-être que je l'ai déjà fait. Clin d'oeil exagéré, à s'avancer sur un terrain qu'il ne sait pourtant pas glissant comme il l'est réellement, à la provoquer pour semer le doute quand il est clair pour lui qu'il plaisante. Quelle raison aurait-il de la tracer ? Il aurait pu, à l'époque, peut-être, s'il n'était pas seulement persuadé que son tempérament instable n'était pas la cause de leur séparation. Ne peut pas s'empêcher un nouveau rire amusé, à se feindre détendu quand la tension le maintient pourtant debout, à n'en plus savoir si c'est elle qui lui maintient la tête hors de l'eau ou qui l'attire au fond, là où les abysses obscures menacent de l'engloutir pour de bon. Espèce des bas fonds, celles qu'on effleure sans se risquer à les toucher réellement, de peur que la simple enveloppe les recouvrant soit contagieuse, venimeuse, sans vouloir appréhender la nature de ce qui se cache dessous. Effectue une courbette exagérée quand elle le remercie, la suivant dans les escaliers en silence, les pensées tumultueuses ricochant contre chaque marche. S'demande s'il a bien fait. S'il ne devrait pas tourner les talons, s'effacer, faire demi-tour. N'est plus très sûr qu'il suit le bon chemin, à n'pas vouloir déjà se confronter aux questions qui vont s'engager, des réponses qu'lui-même n'est pas à l'aise de dévoiler, d'accepter. Mais si elle ne peut pas les entendre, qui le pourra ? Sûrement ce qu'il se dit quand ils atteignent son palier.

Se souvient bien de son antre. Marqué dans sa mémoire comme un des lieux de refuge il y a près d'une décennie en arrière. Quand il se sentait déjà pas normal et qu'il l'était déjà bien plus qu'aujourd'hui. Sa réponse lui arrache une grimace qu'il camoufle en détournant la tête, soupir retenu au creux de sa gorge nouée. La porte s'entrouvre, à son tour d'incliner la tête avec un sourire mutin. Merci de me laisser entrer chez toi, c'est très aimable, qu'il répète avec un amusement léger, en reprenant ses mots. Pénètre dans l'appartement, ses yeux clairs parcourant la pièce comme si rien n'avait changé. Toujours autant de livres, toujours autant de passion pour ces choses avec lesquelles Nox n'a jamais été à l'aise. Pas plus aujourd'hui qu'autrefois, d'ailleurs, quand bien même ses croyances ont été révolutionnées. Reste debout, les mains enfouies dans les poches, au centre de la pièce, sans oser plus s'avancer, à presque vouloir reculer vers ce qui s'annonce déjà difficile. Lui devra bien des explications, maintenant que l'appel à l'aide a été formulé et sûrement que sa fierté le pousse déjà à le regretter. Tressaille à sa question, affichant un sourire convaincant - sûrement pour le commun des mortels, peut-être pas assez pour Mal. Moi ? Très bien. Qu'il écarte les bras, l'air de dire ça se voit, non ? quand il n'peut pas s'imaginer que non ça s'voit pas. Qu'ses yeux sont cernés, qu'la fatigue a emprunté ses traits, que la tension les a modulé, crispés comme pour toujours dans des expressions fugaces qui s'appellent à la réalité parfois.

Secoue lentement la tête, quant à l'inconvénient annoncé, à venir la rejoindre dans la cuisine de son pas lourd, appuyer ses coudes au plan de travail et fixer tantôt le café couler, tantôt le regard de Maluum. Un brin malicieux, à retrouver trop facilement la légèreté quand elle semble toujours plus dure à ramener à la surface de son enveloppe corporelle. Par contre, j'prends un sucre, maintenant. Comme le besoin de justifier un changement, peut-être pour lui-même, pour ne pas se retrouver confronté à des souvenirs qu'il a enfouis suffisamment profond en lui pour s'dire qu'il les a même carrément oubliés. Se redresse, un peu trop proche d'elle, quand Nox n'a jamais su gérer vraiment la notion de proximité. Enfonce ses iris clairs dans les siens, à en diluer chaque nuance dans un regard profond. J'te remercie d'avoir accepté. Mais si t'as autre chose à faire, j'repasse, hein, qu'il tente, comme s'il voulait la pousser à dire que oui, casse-toi serait une meilleure option, comme s'il voulait se voir mis à la porte alors que c'est lui qui est venu la chercher. Mais c'est qu'il n'est plus certain, Nox, d'vouloir déballer tout c'qui le ronge, tout ce qu'il va devoir étaler pour justifier un j'ai besoin de toi cruel qui lui a écorché la bouche - et sa fierté au passage. Se détache de devant elle d'un pas léger, déambulant dans l'appartement pour retourner à la table postée au salon, comme s'il attendait sagement d'être reconduit vers la sortie. Les lèvres qu'il se mordille, comme anxieux, état qu'il n'connait trop peu, à basculer dans la colère, plus facile à gérer pour Griffin, plus dévastatrice mais c'est pas comme s'il avait déjà été très regardant sur les dommages collatéraux qu'il pouvait laisser sur son passage. Tant qu'lui y survit, l'seul objectif qu'il fasse passer avant tout et c'est peut-être parce qu'il n'a jamais été forcé de veiller sur personne qu'il peut s'réjouir d'être toujours là. Sauf qu'ça a changé, et il ne peut pas l'gérer, Nox. À mettre la faute sur la bête qu'il est devenu, quand l'problème se loge bien autre part pourtant. Pose ses mains sur la table, sur l'peu d'espace qu'il y reste, entre les feuilles qu'il écarte lentement pour certaines, à laisser ses yeux profanes parcourir les écritures sans les enregistrer, sans même les comprendre, à plier sur son visage une grimace douloureuse qu'il lui cache en lui tournant le dos. À se perdre dans des mots qui ne sont pas pour lui, comme si la formule magique allait lui apparaître quelque part d'un seul coup. Se tourne enfin, en désignant tout ce bordel pour quelqu'un comme lui, se grattant la barbe, tic nerveux qu'il garde depuis longtemps. Tu étudies un truc en particulier, en ce moment ? qu'il demande avec sérieux et intérêt. Tu travailles sur moi ? Mais les mots n'sortent pas, quand c'était plus facile de fanfaronner dans la rue qu'ici, où il sent comme un étau se refermer sur lui. T'as toujours autant de passion, avec tout ça ? Penche la tête sur le côté, réellement inquisiteur, parce qu'lui aurait lâché l'affaire depuis longtemps. Les rôles inversés qu'Nox en est persuadé. Il l'aurait abandonné depuis longtemps, le sacrilège.
L'aurait vendu à la garde ou l'aurait égorgé lui-même.



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Re: run baby run (maluum)
Mar 9 Fév - 10:35



Un pouffement de rire aux retentissements de mémoire. Ces gestes lui remémorent ce qui l’avait attiré jadis. Comme ce clin d'œil appuyé en réponse de son inquiétude qu’elle avait délicatement dissimulé par de l’ironie. Il plaisante, comme toujours. Tel le Nox qu’il était. Paranoïa d’être suivi par un être cher, Maluum n’en rajouta pas plus au risque d’éveiller des soupçons. Ces gestes qui lui ravivaient des souvenirs, même ce rictus déplaisant suite à sa réponse. Bien sûr qu’elle allait mieux que lui. Franche, au détriment des conventions. L’entendre répéter son élocution lui fit lever les yeux au ciel devant lui, cachant un début de sourire presque effarouché lorsqu’elle lui tourna le dos pour rentrer chez elle. Et il y avait cet autre type de sourire. Celui qui dissimulait mille secrets sous un visage bienheureux, pantois, celui qu’il utilisait en réponse à sa question. Le comment ça va si conventionnel qui perdait ou gagnait un sens démesuré en fonction de qui le prononçait, du moment de sa vie dans laquelle on se trouvait. Que son “très bien” accompagné d’un mouvement de bras exagéré eut pour effet sur Maluum un silence assourdissant, mais au regard réprobateur. Qu’était-ce aller bien lorsqu’on était devenu wendigo ? Elle ne lui en voulait pas. Elle comprenait. Qu’il cachait son état. Parce qu’il a toujours été comme ça, Nox. Dissimuler le poids de ses peurs et ses remords derrière une façade de sympathie. « Au moins, tu as le sourire persuasif. » répliqua-t-elle devant sa moue, les pas en direction de sa cuisine, un ton qui se voulait rassurant face à son mutisme patent.

Maluum se permit alors un haussement de sourcil escorté d’un « Oh ? » manifeste face à la candeur de sa confession. Du sucre ? Elle prit un récipient cuivré, rangé au fond d’une de ses armoires, manufacturé à la main dans lequel des morceaux de sucre brun étaient encombrés les uns sur les autres. Il s’était rapproché, mais elle n’avait pas décelé sa soudaine présence dont la proximité dégageait des relents d’histoire inachevée. Cette capacité qu’il avait à se faufiler sans qu’elle ne l'aperçoive. Tu baisses trop ta garde, se dit-elle alors. Instinct primaire d’un passé commun. Une familiarité qui avait une aptitude à réapparaître instantanément lorsqu’elle était en sa présence. Cependant, elle pouvait presque le sentir. Sa différence. Ça se voyait. C’étaient ses yeux. Le bleu de ses iris était feutré, son intensité s’était atténuée, un voile avait émergé. Une décennie de cela, ce fussent ses mêmes yeux et leur profondeur qui les avait sortis de l’immersion. De profondeur, il n’y restait que le néant. Des secrets non dévoilés dont elle n’a pas le pouvoir de déceler. Un néant qui recelait une immensité flamboyante perdue dans des ténèbres lancinantes. Ses profond iris marron répondirent à ses lointains yeux bleus sans cligner « Mais non. Qui boira cette sucrerie si tu pars, hum ? » dit-elle en désignant la tasse dont la cassonade rendait la boisson trop douceâtre pour Maluum dont elle serait incapable d’en boire une gorgée sans que ses boyaux lui en fassent payer le prix. Même juste avec un sucre. Elle retint un soupir lorsqu’il se détacha d’elle, presque heureuse d’être libérée de sa silhouette massive qui l’écrasait par une aura qui l'accablait par son poids. Un fardeau qu'il devait porter et dont Maluum ne pouvait que constater les faits, impuissante.

Elle posa les deux tasses dont le café humait une fumée blanchâtre sur le comptoir. Au même moment, la question de Nox lui valu une grimace confuse. Oui, elle étudiait. Maluum étudiait toujours quelque chose. Lui, en l'occurrence. Et il était un sujet trop dangereux pour qu’une tierce personne soit au courant de ses actes. Si le clan le savait. Elle serait sans doute punie pour avoir agi seule, malgré son statut. Et quand bien même, elle les laisserait faire. Son choix était irrévocable. Mais elle se savait également assez maligne pour ne pas se faire prendre. Jusqu’au jour où une mésaventure pourrait l'amener à l’irréparable. Son ton était sérieux, sa manie de ratisser sa barbe comme démontrant l‘allégorie de l’anxiété était une habitude manifestement toujours accrue. Maluum se permet de se soustraire à un rire humble face à la passion dont il fait mention. « Tout ça, Nox, demande de la patience et effectivement, beaucoup de passion. » Elle marcha doucement dans sa direction, les bras croisés, pensive lorsque son cerveau était à l’arrêt et qu’elle devait se confronter aux humains, âmes beaucoup plus complexes à déterminer et à comprendre qu’aucune autre âme fantomatique. Elle posa une main au milieu de la paperasse, contournant son sac déposé négligemment au milieu, frôlant du bout des doigts les feuilles noircies d’encre éparpillées. Des brouillons au premier regard, incompréhensible pour la majorité des mortels, logique et déterminante pour elle.  « Et tu demandes beaucoup de patience. » Maluum s’accorda un geste familier de détournement du sujet d’étude en le prenant par le bras pour le diriger vers son bienheureux café fumant qui reposait sur son comptoir au détriment de sa table de recherche scientifique. Un bras toujours tonique malgré la décennie passé loin l'un de l'autre. Geste qu'elle considéra presque normal. Bien que rien ne justifiait cette désinvolture mise à part qu'elle aimait ça, être familière avec lui. « Et aussi, tu m’as accordé beaucoup de ta passion, dans une autre vie. À mon tour d’honorer ma part. » Importance des mots qu’elle ne choisissait jamais à la légère, Maluum avait une conscience parfaite de leur sens et de leur portée. Un sens indubitable. Et une portée éminente, choisie parce qu’il s’agissait de Nox. Elle se permit une gorgée de sa boisson aromatisée brûlante qui la revigora presque instantanément. Caféine aux effets fortifiant ou soudaine illumination divine, Maluum se tourna subitement vers Nox d’un air examinateur « C’est pour ça que tu as besoin de mon aide ? » demanda-t-elle brusquement, presque immobile tel un arrêt sur image, réalisant qu’il n’avait finalement pas d’autres raisons pour la chercher. J’ai besoin de toi, Maluum. Car mise à part la promesse qu’elle lui avait faite de lui trouver un remède, qu’avaient-ils en commun, dorénavant ? Un espoir qu’elle lui a permis d’avoir au risque de connaître une affliction désastreuse. Mais c’était tout ce qu’elle pouvait faire. Elle devait le faire. L’autre option à laquelle elle ne pouvait se résoudre n’était que de l’abattre. À cause d'un attachement dont la rupture douloureuse n’avait pas estompé les réminiscences d’un passé commun. « Bien sûr… Nox, Nox… » répéta-t-elle dans un lent soupir, en prenant appui sur sa main, accoudée sur son comptoir après s’être assise sur une des chaises hautes de sa cuisine. Elle plongea son regard dans le sien, une inclination de tendresse lui apparut alors, refoulant la répulsion qu’elle devait ressentir pour le monstre qu’il était devenu. Mais elle ressentait bien quelque chose. Une hostilité envers cette partie bestiale. Comprimé par la complaisance qu’elle ressentait envers l’hôte qui abritait la bête. « Tu es un mauvais menteur pour un flic. En tout cas avec moi. Mais bon, j’apprécie tes efforts. » finit-elle par dire en posant ses lèvres sur sa tasse si bien que seuls ses yeux au regard dominateur et son haussement de sourcil impérial furent visibles l’espace de quelques secondes. Mais suffisamment. Elle n’aimait pas perdre de temps, Maluum. Mais il arrivait, qu’avec certaines personnes, une délicatesse bienveillante apparaissait, authentique, qu’on pouvait même lire sur ses traits. Comme maintenant, avec cet ancien shérif au désarroi. « S’il te plait, ne louche plus sur ça » continua-t-elle de son ton gracieux en désignant la table non loin, comme si le désordre déjà existant était d’une clarté limpide. Grâce qu’elle tient jusqu’au bout, sûre d’elle, devenant le soutien qu’il avait été. « Laisse-moi faire, ok ? » L’atroce ressentiment de la culpabilité lui retint de s’étendre avec un “Fais-moi confiance” qu’elle remplace par un simple hochement de tête et un détournement de regard pour se plonger dans sa mare de café obscure. Responsabilité surchargée pour des épaules tenaces mais dont la finalité la laissait dans un doute permanent. Doute qu'elle ne pouvait laisser transparaître. Pas devant lui.

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Re: run baby run (maluum)
Jeu 11 Fév - 10:01

run baby run,
La voit bien, qui lève les yeux au ciel. Mais Nox, ça l'arrange bien d'ignorer certains trucs bien précis. Et là, ça en fait sûrement partie. Mime bien, Nox, enfin c'qu'il a toujours pensé, sans s'douter qu'y en a bien - des rares - qui peuvent percer à jour n'importe laquelle de ses comédies. En fait. P't'être bien qu'y a qu'elle. Pour l'avoir connu trop longtemps vrai. Lui-même, quand il est bien l'dernier à savoir ce que ça pourrait signifier. Face au regard réprobateur qu'il n'sait pas comment réagir, Nox, à perdre lentement le sien avec un soupir, comme un gosse à qui on dit de se calmer un peu. N'répond pas. S'retient un c'est mon sourire habituel qui lui reste bloqué entre les dents, pourtant, quand y a une part de colère qui monte à la surface, entre les déchets recrachés par les bouches d'égout qui viennent salir le lit de son subconscient. Et qu'elle est bien la dernière contre qui il aimerait s'énerver, quand il lui est si facile de céder à la rage, de se venger de tout sur n'importe qui. Quand elle est bien la seule qu'il voudrait épargner, à se voir violenter Nora, à se voir se jeter sur Jaimini tous crocs dehors, à se voir repousser les seuls qui pourraient bien lui administrer un repos qu'il se refuse. Fronce un peu les sourcils, à faire la moue. « Quoi ? T'inquiètes pas pour ma glycémie, va. » Retourne avec autant d'aisance à la plaisanterie, quand son instabilité émotionnelle le fait vaciller dans toutes les nuances possibles entre colère et détente, à savoir glisser de l'une à l'autre avec trop de facilités. À venir hanter sa proximité comme il le faisait autrefois, sans aucune gêne qu'dix ans viennent séparer ces deux phases de vie, quand il l'avait trouvée vulnérable au bord de cette route où sa vie s'était achevée avec les deux autres, finalement. Qu'il en avait presque culpabilisé, quelques semaines après, à s'dire qu'il n'pouvait pas profiter de ces failles créées par l'absence pour s'y faufiler et s'y faire une place durable. Et pourtant. « J'sais pas, qu'il souffle presque contre son visage, le regard qui oscille presque dans une certaine provocation doucereuse, j'ai toujours pas de remplaçant, Mal ? » Question sinueuse, presque sournoise quand le ton doux révèle bien des secrets pourtant, comme cette jalousie compulsive qu'il n'a pourtant plus aucun droit d'exercer aujourd'hui. Comme s'il voulait l'entendre répondre à la positive, pour qu'ça le réveille un peu, qu'ça lui mette une claque de plus, à s'dire que c'est bien fait pour lui. Qu'il aurait dû mieux faire, y a six ans d'ça, quand elle l'avait quitté.

Et finalement, c'est peut-être en se rendant compte qu'il est allé trop loin, quand franchement il devrait se prendre un mèle-toi de tes affaires bien cinglant qu'il s'enfuit vers le salon. Fait mine de s'intéresser aux écrits, aux feuilles volantes, à s'demander s'il n'a pas assez de problèmes pour venir fouiller dans la vie des autres, tiens. Ou peut-être que c'est juste pour faire diversion. S'rabaisser, encore. S'étonne de son rire quand il la questionne sur tout ça. La sent s'infiltrer dans sa sphère privée, quand on ignore vraiment si celle-ci existe, à tourner simplement légèrement la tête dans sa direction, minois incliné vers la table. « Moi ? » qu'il demande, feignant l'innocence de nouveau. Et sans pouvoir s'empêcher, qu'il ajoute « Je savais que je demandais beaucoup de passion, mais de patience... » Pouffe sans pouvoir s'en retenir. Tressaille à sa main sur son avant-bras, sensible au contact physique, comme si le wendigo lui avait aussi apporté ça. Se laisse entraîner par la fermeté de Mal, chose qui l'aurait exécré avec quelqu'un d'autre, assurément. « Ah oui, voilà, j'me disais que tu me devais bien quelque chose. » Finalement, p't'être pas que sa remarque est mal passée. Sur la passion. S'accroche à la tasse proposée comme à une bouée, quand la question vient le désarçonner de nouveau. Et qu'il lui faut une nouvelle échappatoire, de nouveau.

Peut pas rester sérieux deux minutes, qu'elle se dira seulement, quand son sourire renait sur ses lèvres légèrement pincées. Qu'il trempe le bord de sa bouche sur la tasse, le regard insistant par-dessus la tasse avant de la rabaisser pour dévoiler son sourire amusé et l'éclat de malice qui traverse ses iris. « Pour.. la passion ? Mal, j'me permettrai pas de venir te chercher juste pour... » mais ça se coupe dans sa bouche tordue en un sourire presque gêné, étouffant un rire léger. Sait bien que ce n'est pas ce qu'elle a demandé, qu'elle ne fait pas allusion à la passion mais sûrement qu'il est trop lâche pour aborder sérieusement le sujet réellement. S'demande bien comment il va s'échapper de cette situation. La connait, Maluum, risque pas d'le laisser s'enfuir après un appel à l'aide trop alarmant pour lui. Fait mine de s'offusquer quand elle le traite de mauvais menteur, lui lançant un regard qui peut sembler franchement féroce si la malice ne dansait pas encore au creux de ses prunelles bleues. Ne la lâche pas des yeux tandis que la moitié de son visage disparaît derrière la tasse, à sentir son masque s'effriter, qu'il ne tiendra pas la distance, n'a pas l'endurance pour l'affront engagé, pas avec elle. Et sûrement qu'il n'en a pas envie, finalement. Qu'il est venu la trouver parce qu'elle est bien la seule devant qui il peut baisser la garde. Parce qu'elle sait déjà où sont les failles, les connait pour les avoir déjà entrevues au fil des années, pour en avoir pansé certaines, pour en avoir créé d'autres à son départ. Il hoche simplement la tête, l'flic, à perdre son regard sur le plan de travail de la cuisine, reposant lentement sa tasse, comme absent. Laisse-moi faire, ok ? et son menton qui se lève légèrement vers elle. La fixe un instant qui s'étire en minute grisante, perdue dans une réflexion dont lui seul a connaissance, détaillant ses traits, analysant le timbre de sa voix. Les paupières qui se ferment à moitié, les épaules qui s'affaissent en même temps qu'un soupir profond vient s'arracher à ses poumons. Papillonne des cils, repasse une main contre sa barbe, mais l'amusement a disparu de ses traits pour n'en laisser qu'un visage tendu et fatigué. « J'y arrive plus, Mal, je- » La gorge nouée qui se serre d'un seul coup. Fixe ses mains qui lâchent le café brûlant. Est-ce qu'on peut deviner le sang qui s'y trouve ? Est-ce qu'elle peut deviner le monstre qu'il est devenu ? Sans affronter son regard, qu'il se racle la gorge, le malaise intensifié lui secouant l'échine d'un frisson discret. « Il faut trouver quelque chose, sinon, j'vais.. J'vais.. » N'parvient pas à faire des phrases complètes. La mâchoire qui se serre. Est-ce que tu pourrais tuer pour moi, Nox ? L'absence d'hésitation quant à la réponse, sans doute c'qui avait été le plus révélateur. Tirer profiter de sentiments qu'lui-même ne voulait pas envisager, accepter. Parce que c'était voué à l'échec, n'est-ce pas ? Qu'il ne connaissait qu'la violence, avec Nora. Qu'elle le hantait déjà quand son corps rentrait chaque soir chez Maluum, à l'époque. N'le sait pas, n'l'a jamais su. Le soupire qui s'exhale tandis que son torse se penche, à presque se coucher sur le plan de travail, le contact froid rassénérant sa joue brûlante, qu'son regard se fait inquisiteur, qu'on peut y lire la colère et la peur dans un mélange vicieux, quand il le relève vers elle, comportement enfantin d'gamin paumé. Mais la détresse dans sa voix, qui s'entend bien plus qu'il ne l'a jamais laissé s'exprimer. « Sinon, t'auras bientôt plus l'choix. » De m'éliminer.
Et presque timidement, qu'il fait glisser sa main lentement sur le poste, entre les tasses, pour se poser sur les doigts de Maluum, l'intérieur de la joue qu'il serre entre ses canines avec nervosité.



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Re: run baby run (maluum)
Mar 16 Fév - 21:35



Une glycémie inexistante dont sa mention faisait hausser les épaules de Maluum, comme si une soudaine normalité avait repris dans leurs échanges. Une normalité dérangeante, qui la perturba tant sa conscience lui hurlait que toute cette banalité était mauvaise. Une erreur dont elle se laissait pourtant glisser parce que c’était confortable et aussi déconcertant que rassurant. Comme son souffle rauque qu’elle appréhendait avec une familiarité qu’elle avait oubliée, mais qui avait la magie de retrouver ses effets en un instant. Elle percevait dans son regard et son intonation une  provocation délicate, accompagnés d’une question dont l'indiscrétion aurait pu l’offusquer, mais dont elle choisit plutôt de s’en amuser. « De quoi j’me mêle Griffin ? » demanda-t-elle  presque outrée par autant d’audace, le regard inquisiteur et sournois pour jouer sur le même terrain. « Tu sais quoi ? J'vais ignorer ta question. » finit-elle par conclure lorsqu’il commença à s’éloigner, comme pour balayer son impudence et par la même occasion sa témérité dont elle prenait trop d’engouement.

Mais son salon était un lieu trop propice aux ondes de réflexion qui polluent l’atmosphère par une trop grande effervescence. La répartie de Nox eut le mérite de la faire sourire, des traits sur lesquels on y lisait un adoucissement sincère, comme émue par ses répliques impulsives. Que la passion dont elle avait fait mention pouvait être interprétée de bien des manières. Que bien sûr, Nox prenait un malin plaisir à traduire sa métaphore comme une invitation à l’union dont Maluum ne pu empêcher de lever une nouvelle fois les yeux à son plafond d’un air exténué par son immaturité et en réponse à son rire étouffé « T’es bête ... » chuchota-t-elle en secouant la tête, les paupières fermées par sa sottise. Elle se risquait cependant à un sourire au coin, les lèvres closes. Que pouvait-il aussi bien cacher ? Ces échanges coutumiers étaient pour le moment innocents, mais Maluum attendait la faille qu’elle pouvait sentir malgré les apparences magnifiquement trompeuses. Un mur, dont un simple effleurement pouvait le faire s’effondrer. Un mur solide d’apparence, réconfortant par sa superbe, mais dont les tenants étaient faibles si ce n’étaient inexistants, meurtris par un passé fragmenté et un présent accablant.

Lorsqu’elle disparut derrière sa tasse l’espace de quelques secondes, elle faisait face au visage d’un homme dont les traits semblaient se métamorphoser. Un visage qui ne voulait plus faire semblant. Le regard soutenu pendant de longues secondes, sans doute nécessaire à Nox pour oser confesser la véritable raison de sa venue. Maluum soutenait son regard sans cligner. Elle n’a jamais baissé les yeux devant lui, l’a toujours soutenu, même lors de conflits. C’était le cas avec lui, c’était le cas avec tout le monde. Des épaules affaissées dont elle n’arrivait pas à décoller ses iris tant sa silhouette changeait brutalement. Si vulnérable, se disait-elle, comme alarmée que l’appui si solide qu’il était puisse aujourd’hui s’affaisser. "J’y arrive plus" inspirait-il faiblement. Le Nox faillible prenait place, un Nox qu’elle connaissait, bien que rare furent les occasions où il osait dévoiler cette facette de sa personnalité. Un aveu qui la laissait étrangement neutre, car elle se doutait du poids dont elle ne pouvait néanmoins imaginer le fardeau. Maluum pencha légèrement la tête tentant de capter son regard qu’il semblait fuir. Attendant la suite de sa phrase qui ne venait pas, car il enchaîna sur une autre formulation, plus longue, plus intime, mais toujours inachevée. C’était ce qu’il semblait être devenu. Inachevé, ne finissant pas ses phrases, ne connaissant pas les points. La faiblesse dont il faisait preuve, était une émotion trop familière pour qu’elle ne puisse pas sentir un brin d’empathie pour l’homme qu’elle avait connu. Elle le suivit s'affaisser sur son comptoir jusqu’à ce qu’il se décide à affronter son regard une nouvelle fois. Presque une décennie qu'elle ne l'avait vu ainsi, d'une fragilité juvénile. Trop absorbée par ses yeux, elle ne remarque pas sa main massive qui se posa sur ses doigts fins. Paralysée par l’intimité de ce geste dont elle ne voulait pas raviver le feu mourant, elle resta de trop longue seconde sans bouger. Pour profiter de la maigre chaleur tranquillisante qui émanait de sa peau. Une stagnation qui ne lui plaisait pas, trop immobile, trop à sa merci, mais dont elle n'arrivait pas à se défaire. Finalement, la solution parut alors de la manière la plus simpliste qui soit, en retirant très lentement cette même main de la sienne, calmement, pour lui faire comprendre que c'est pour le mieux pensa-t-elle. Autant pour préserver la disparité de leur vie que leur fragile corrélation. Des souvenirs forts n’étaient plus suffisants pour solidifier la précarité de leurs rares échanges. Elle se redressa de sa chaise, lui fit face, droite et éminente. Puis parla d'une voix engagée. « Tu te trompes. J’aurai le choix. J’aurai le choix de te laisser pourrir et de laisser la bête te consumer. » Brutalité des mots dont elle avait parfaitement conscience, le rasoir tranchant de sa langue contrastait étrangement avec le brouillard de ses yeux qui se formait par l’incertitude de son avenir. « J’pourrais te trancher la tête comme tu l’as suggéré. » insinua-t-elle si calmement malgré l'horreur de ses mots que c'en fut déstabilisant. Et l’évidence de sa situation aurait voulu que ce geste si brutal fût commis à la seconde où elle avait appris la nouvelle de sa condition de wendigo. Que sa "folie" avait un nom, que son sang subissait une malédiction. Puis son ton changea subtilement, s’accordant une once d’empathie à l’homme qui, autrefois, lui en avait tant accordé. « Mais j’ai choisi de t'aider, Nox, accorde moi au moins ça. » et après, on sera quitte, songea-t-elle si fort qu’elle avait cru un instant le dire à voix haute, mais sa confession était bloquée dans sa gorge, la rendant noueuse et rêche. Elle ne pourra pas les retenir. Ses frères et sœurs. De le chasser comme la bête qu’il était devenu, de le supprimer de par l’horreur de sa nature, en accord avec ses principes. Principes dont Nox aurait dû rester en dehors. « Je ... » commença-t-elle la tête tournée alors vers son plan de travail, se levant de sa chaise pour faire quelques pas autour de lui. Ne supportant plus d’être immobile, pas quand elle était en défaut, sans réponse, de ne pas pouvoir lui dire ce qu’il aimerait entendre. « ... n’ai rien pour le moment. » avoua-t-elle sans mentir. Elle lui faisait maintenant face, les bras croisés, de ses yeux ronds par leur franchise dont émanait une onde d’affliction qui lui était dédiée. Parce que parmi toutes les personnes qu’elle connaissait, mentir à Nox était futile, et que ça ne mènerait à rien. Son J’ai besoin de toi résonnait encore, provoquant un sentiment amer d’impuissance. Maluum s’approcha lentement. « Ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien du tout, tu m’entends ? » Elle prit son menton hérissé du bout de ses longs doigts pour le forcer à croiser son regard déterminé. Des yeux fermes dont l’austérité ressemblait à une matriarche sermonnant son auditeur. Mommy, rôle qu’on lui avait attribué, peut-être avaient-ils raison. Que ce rôle l’englobait dorénavant totalement. Que si le destin avait décidé de la mort de son enfant c'est qu’elle ne devait pas être une mère pour un, mais une mère pour tous. « J’veux pas que tu doutes. Si tu doutes, pourquoi je me bats ? Pourquoi tu te bats ? » continua-t-elle d’une voix stable, mais au ton réprobateur. Elle le lâcha pour croiser ses bras de nouveau, collés sur son torse, soutenant son regard malgré la taille de Nox qui la surplombait, mais dont la situation faisait douter sur qui dominait l’autre.

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Re: run baby run (maluum)
Ven 19 Fév - 11:53

maluum & nox / janvier 2021
run baby run.

Aurait pu croire qu'il allait la vexer, oui. Ou même l'indigner. S'attend presque à recevoir une jolie gifle sur sa joue presque offerte par la proximité qu'il est venu imposer, à se demander si ça ne lui ferait pas du bien. Ne s'attend pas, pourtant, à lui trouver presque un air amusé sur le faciès, à en être un peu surpris faut bien l'avouer, même s'il camoufle ça en gardant son sourire provocateur, le regard ancré dans le sien. Ignorer sa question ? Se serait peut-être détourné du sujet si elle l'avait incendié, mais comme c'est pas l'cas, sûrement qu'il ne perçoit pas qu'il va un peu trop loin. « J'y crois pas, qu'il s'exclame dans un murmure brusque, mimant d'être outré, le regard malicieux pourtant. C'est quoi, son nom ? Il est plutôt beau gosse comme moi ou t'as choisi un style surfeur blondinet ? » Pousse le vice, à pencher la tête sur le côté, les sourcils qui virevoltent en quelques aller-retours vers le haut de son front, avant de s'éclipser avec un air d'enfant coupable qu'on vient de prendre sur le fait en train de voler un bonbon sur l'étalage. Se permet encore quelques remarques enfantines, comme si tout n'était qu'un jeu, comme s'il pouvait rire de tout - du passé, du futur, du présent surtout. Lui lance un sourire en coin, le regard de biais, parce qu'elle a sûrement raison même si elle plaisante. Qu'il est sûrement bête, pour n'pas dire carrément con. Bête, d'avoir promis qu'il tuerait sous le joug d'une manipulation bien formatée, à être entrainé au corps à corps depuis trop d'années sûrement par la donneuse d'ordre. Bête, à n'avoir pas bouffé carrément ce pauvre gars qui l'agace au plus haut point en plus. Bête, de croire que partir deux semaines à l'aventure à la recherche de sa gamine allait la lui ramener, qu'il allait pouvoir enfin assumer un rôle qu'il n'a jamais su encaisser. Et sûrement bête, de s'pointer chez elle les poignets presque liés dans une prière qu'il a osé prononcer à voix haute, à penser qu'il existe un remède à ça. Faudrait un remède à lui-même, sûrement, pour que les choses daignent rentrer dans l'ordre.

Le self control qui profite de la tasse qui dévore le visage de Maluum pour s'affaisser, se fragmenter. Laisser apparaître la peau saignée à vif sous les écailles d'acier qui ne parviennent plus à tenir les unes aux autres. Sans la regarder, à avouer son état qu'il sait devenir de plus en plus transparent, avec tout le monde. Craint qu'ils n'en profitent, tous, pour se jeter sur les zones dégarnies de toute protection, pour entrer par les failles qui s'ouvrent aux yeux du public, à se dire qu'c'est bien comme ça que Nora l'a eu. Qu'elle est glissée dans une cicatrice qu'elle a elle-même créé des années plus tôt, anguille sous son rocher, à imposer sa présence petit à petit jusqu'à sentir le moment où il était suffisamment à sa merci. Le moment où il pourrait lui dire oui. Est-ce que tu pourrais tuer pour moi, Nox ? Tu l'ferais ? Moi, j'pense pas. Et par esprit de contradiction, qu'il avait vendu son âme au Diable. Ou peut-être lui a-t-il toujours appartenu, finalement. La nuque qui se crispe, quand il ressent le besoin de revenir vers elle pour se forcer à se reprendre. Comme si la proximité et l'oeil qu'il devine sur sa silhouette pouvait lui donner la force de renfiler la côte de mailles. Et sans réfléchir, comme toujours, qu'il dépose sa main sur la sienne. Comme des paroles muettes quand on serait bien en peine de savoir lesquelles. De savoir s'il s'excuse ou la supplie, s'il la séduit ou l'insulte. Mais la main glisse sous la sienne et il ne cherche pas à l'emprisonner. L'humiliation est déjà suffisamment grinçante comme ça et elle griffe sa boîte crânienne avec assez d'intensité pour qu'il n'esquisse aucun mouvement, comme paralysé dans sa propre bêtise. T'es vraiment trop con. À chercher le contact pour se rassurer, comme un gamin. Les mots qui se font acérés, qu'il ne détourne pas son regard de sa main abandonnée seule sur le plan de travail, comme s'il ne l'entendait pas. Oh, l'entend parfaitement, Nox. Les épaules qui se raidissent, à ne même pas savoir la contredire. Puis le ton se modifie et il pivote lentement le menton dans sa direction, captant de nouveau ses yeux qui lui paraissent presque noirs, à cet instant.

Elle se place face à lui et il se sent soudain acculé, comme si elle allait sortir un poignard magique et lui ficher en plein coeur. Et sans doute qu'on peut lire, un instant, cette méfiance cruelle qui traverse son regard trop clair, comme une comète, avant de mourir derrière la colline de ses iris. Sans doute que c'est blessant, sans doute que c'est incontrôlé, cette manière qu'il a d'être toujours sur ses gardes, à douter même des rares à qui il fait confiance dans ce monde. N'est pas déçu des mots, de la vérité - comme s'il le savait déjà. « Je sais Mal, y a rien qui- » qu'il jette d'un ton un peu agacé, mais sa voix le coupe net et il la dévisage presque durement quand elle s'approche et qu'finalement, il aurait préféré qu'elle lui dise qu'rien n'existait du tout. La nuque qui se tend, à esquisser presque un mouvement de recul lorsqu'elle l'attrape quand même par le menton, avec l'impression désagréable d'être traité en enfant insolent. Le regard de Nox qui papillonne, s'excite, à passer d'une prunelle à l'autre trop rapidement, à glisser sur son visage pour les remonter vivement. N'a jamais su gérer, Nox. La proximité. Les souvenirs cruels qui l'assaillent, quand la voix de Nora pulse à ses tympans et que les corps sauvages et éphémères lui collent encore à la peau. Mélange tout, l'espace d'un instant, qu'il ne trouve pas quoi répondre, l'herbe coupée sous le pied. Croise à son tour les bras sur son torse, comme pour retrouver une contenance digne quand il ressemble à un loup blessé. « Et si j'peux plus m'battre, Mal ? Hein ? Si j'y arrive plus, il s'passe quoi ? » Hargneux, le ton tranchant, le regard glacé. Colère illégitime, uniquement tournée vers lui mais qu'il sème sur son passage, parce qu'il n'a toujours su faire que ça. S'en prendre aux mauvaises personnes. Attrape sa tasse d'un geste nerveux, à crisper ses doigts autour en phalanges blanchies, le regard tantôt fuyant tantôt cruellement forgé au sien. Une gorgée et elle est bien vite reposée sur le plan de travail. Et qu'un pas suffit à le rapprocher d'elle, dressé au-dessus de sa silhouette comme un prédateur prêt à bondir, les traits tirés, le regard dur. « Hein, dis-moi toi, il se passera quoi ? » Quand plus rien ne saura l'arrêter, ne saura m'arrêter. L'attitude presque menaçante, l'océan des yeux qui devient tumultueux, que les babines se rétractent sur les gencives en un tic bestial. « C'est facile de m'dire de n'pas douter. » Se penche un peu, la proximité qui frôle l'indécence quand à cet instant-là, la tension qui le secoue est bien tout sauf charnelle. Les yeux qui sillonnent les siens avec une insistance malsaine. « Il se passera quoi, quand je pourrai avec naturel poser l'arme ici, et pour mimer le geste, pose deux doigts contre sa tempe à elle, y appuyant sûrement un peu fort, son self control tapis on ne sait où, à dérailler, à se laisser avoir par la colère, la culpabilité, la peur, tout un afflux d'émotions pour un cocktail explosif. S'en prend à elle à défaut de savoir réellement s'en prendre à lui-même, aveuglé, et appuyer sur la détente de sang froid sans que cela ne me fasse plus rien ? » Le ton qui s'est brisé pourtant, presque un chuchotement contre son visage, que sa main se met à trembler légèrement contre son front. Et que d'un seul coup, il semble se réveiller. Recule de quelques pas, hagard, comme s'il ne savait plus où il était. L'esprit embrumé, cette impression d'être possédé qui le prend de plus en plus souvent, l'arrache à la réalité pour le transporter dans un comportement ingérable. Le regard qui se fait fuyant, qu'il contourne le plan de la cuisine pour mettre de la distance entre les corps, le sien qui se soulève d'un souffle douloureux comme s'il était resté en apnée. Qu'est-ce que tu fous. Bien ça qu'il se demande au fond de lui, à s'en prendre à la seule personne qui voudrait bien croire en lui. Qui voudrait bien l'aider. Comme s'il voulait la convaincre, elle aussi, qu'y a plus rien à faire, qu'tout ce qu'il mérite, c'est de rejoindre l'Enfer. « Je.. » La gorge nouée, les émotions qui s'enchainent pour le malmener, tant on peut voir leur passage sur son visage tantôt figé, tantôt effrayé, tantôt colérique pour le tordre en grimaces enchaînées. « J'crois que je devrai y aller. » Sans la regarder, qu'il avale son café d'une traite sans noter la brûlure contre sa trachée. Le menton qui bifurque, les regards qui se croisent, brièvement. S'y attarde, Nox, la culpabilité qui lui courbe l'échine dans un hoquet douloureux. Désolé, bien ce qui se lit dans ses prunelles de glace sans qu'il ne soit capable de le dire tout haut pourtant.

(c) mars.

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Re: run baby run (maluum)
Mer 24 Fév - 16:29



Il prenait plaisir, Nox. À déblatérer des remarques auxquelles Maluum rendit une réponse dont ses traits rendaient son teint dédaigneux. Traits en totale contradiction avec sa voix joueuse d’une situation aux effluves chaleureux qui la mettait à son aise « Si tu savais, il m’emmène tous les jours à la plage…» finit-elle en écho à son haussement de sourcils provocateur. Et à dire vrai, elle aurait aimé. Elle aurait aimé continuer sur son innocente lancée verbale telle une joute affective qu’elle appréciait plus que son orgueil ne l’avouera jamais. Une normalité effrayante qui retournait l’estomac par son désir immuable de concrétisation. Comme cette main qui rendait la scène si réelle de par la chaleur qui en émanait et le confort qu’elle en ressentait. Une réalité dont elle ne faisait plus partie, mais dont elle s’accrochait par cette promesse qu’elle lui avait faite, promesse de fou, promesse sans finalité, mais dont elle refusait la fatalité. Immobile, comme si son geste l’avait médusé, sa main abandonnée par la sienne qu’elle avait retirée par commodité, car c’était pour le mieux.

Elle le remarquait bien, son regard agacé lorsqu’elle s’approcha de lui, menton entre ses doigts. Il n’avait jamais aimé ça, être infantilisé de la sorte. Comment lui blâmer ? Maluum qui l’avait aimé, pourtant. Qu'était-ce donc, cet amour différent ? Une affection autre qu’elle avait ressentie pour Bekki, unique et incomparable. Nox avait été différent, bras réconfortant en période troublée, mots porteurs tandis que son âme était au trépas, alors qu’elle avait rejeté tout le monde, pensant mériter son deuil qui la tourmentait. Pourtant, cet inconnu avait trouvé sa bouteille au parchemin fragile d’appel au secours. Elle ne le laisse pas finir sa phrase, l’interrompt sans une once de remords, tel un enfant qui nécessite une leçon de morale, oubliant presque l’homme qu’il est, qu’il avait été pour elle. Arrive-t-elle encore à faire la différence ? Entre ses enfants qu’elle avait à la charge dans son clan faisant office de famille, entre ses proches qu’elle soumet dorénavant au même procédé affectif. Bulle protectrice ou épée dévastatrice, une défense qu’elle construit autant que ses attaques glaçantes.

Si tu n’y arrives plus, je ne les empêcherai pas, songea-t-elle avec appréhension, ce “les” désignant aussi bien son clan que d’autres, plus inattendus, plus organisés, plus mystérieux. Les chasseurs solitaires autant que les clans sectaires, Maluum savait que la vie de Nox était devenue une mise à prix dont sa seule personne ne pourrait rien empêcher. Elle se demandait alors, ce qu'il avait le plus à craindre. Sa condition bestiale et les atrocités qui en découlaient, ou bien sa destinée qui ne pouvait être que funeste, condamné à se cacher ou à être tuer. Soutenant son regard menaçant d’une proximité indécente, Maluum ne broncha pas jusqu’à ce qu’elle finisse par ciller. Lorsque ses doigts appuyaient sa tempe de manière trop brutale qu’elle en pencha légèrement la tête. Son regard devenu inquiet face à son visage qui laissait paraître plus la bête que l’homme. Elle craignait, sa conscience lui hurlait que ce scénario pouvait arriver, que de toute manière, ça arriverait. Ce ne serait qu’une question de temps avant que le ça de Nox finisse par le consumer entièrement. Les bras de Maluum se serrèrent de plus en plus contre son torse, comme pour se protéger face au poids massif qui semblait l’ensevelir. Maluum, d’une allure presque royale se trouvait soudainement tendue par la hargne dont il faisait preuve. Sa proximité lui fit plisser ses sourcils tant elle se sentait submergée par sa charge tempétueuse. Où est sa lumière ? Cette lumière si vivifiante, jadis présente dans son regard. Elle n’y voyait qu’un ouragan en proie à la colère, voire la destruction. La mâchoire crispée par ses mots d’une dureté frappante, simultanément à sa main qui commençait à trembler puis à quitter le contact de sa peau dans une vive fureur. Il lui fallut de longues secondes pour se remettre de l’animosité qui l’avait enflammé l’espace de cet instant. Aurais-je le choix ? pensa-t-elle dans un soupçon d'hésitation concernant ses capacités à le sauver. Un soupçon qu’elle n’oubliera pas. « A qui crois-tu parler ? » chuchota-t-elle presque de manière indicible, la voix tremblante par l’amertume dans son ton qu’elle n’arrivait plus à contenir. « Tu penses que je te laisserai faire ? » Elle osa quelques pas dans son dos, réflexe instinctif pour faire réagir son cerveau en proie à un bouillonnement agaçant. Sa main posée sur son cœur comme pour contenir son emportement, une frénésie sanguine qui ne lui ressemblait pas, elle, toujours si tempérée, si sûre d’elle peu importait son interlocuteur. Une sagesse que Nox mettait à l’épreuve, se mettant sur le chemin de ses convictions et de son devoir. « Que je me laisserai faire ? » Son regard fuyant n'arrêtait pas son discours. Pulsions menées par l’impétuosité de son comportement. Pourtant, sa voix était d’une modération déstabilisante. Jamais, elle ne levait la voix. Jamais, elle ne laissait à ses interlocuteurs cette satisfaction. Consciencieuse et habitée par une sobriété sournoise qui tirait sa force ailleurs que dans les prémices de la prudence. Elle ne répondit pas instantanément, laissant son appréhension redescendre tout en pensant à la presque décennie les séparant, où le temps, les fréquentations et les expériences avait fait d’eux des nouvelles personnes. Mais dont les souvenirs les liaient toujours par une force sans nom. Les mains autour de sa tasse qui commençait à tiédir, tandis qu'elle regardait Nox qui semblait perdu. Il fuyait. Ses pas, son regard, tout dans sa gestuelle reflétait le désir de fuir. Se fuir lui-même, un état qu’il ne contrôlait plus, une condition dont elle devait mettre fin avant que d’autres s’en charge et qu’elle n’ait pas un mot à redire, car elle même sait, que c'était la meilleure chose à faire. Détruire l’homme qui habite le monstre. Malgré cette évidence, elle ne l'envisageait toujours pas.

Nox s’approcha du comptoir, avalant son café à en laisser traîner une coulée sur son menton chevelu. Partir, c’était ce qu’il faisait, lorsqu’il ne voulait pas affronter le conflit, désagréable sentiment de lutte dont Maluum n’avait aucun mal à faire face. « Attends. » demanda-t-elle sans lâcher sa propre tasse des mains, d'une tiède chaleur qui la ressourçait au milieu d’une glaçante atmosphère.« Tu as raison, c’était naïf de ma part de te dire ne de pas douter. » Elle s’autorisa une gorgée de son café brut, baissant les yeux vers l’océan noir de sa tasse dont elle ne lâchait pas le contour. Sa voix douce essayait de capturer ses yeux tant bien que mal, alors qu’elle avait réussi brièvement à s’emparer d’un moment de véracité après son souhait de départ qu’il avait formulé en engloutissant son café d’un trait comme forcé par la convenance. « On ne peut pas effacer c'qui t'es arrivé... mais... » Hésitation, un mais sans suite car il n'y en avait pas. Rien de concret, rien qu'elle pouvait offrir à Nox pour soulager sa conscience. Sauf peut-être un autre espoir, une autre promesse, celle d'en finir si elle venait à échouer. « Je sais pas si ça peut te rassurer, mais je ne laisserai pas tout ce que tu as dit arriver. Et si malgré tout ça arrive… je te promets que je te planterai avec ma lame bien avant que tu aies le temps d’appuyer sur la détente. » Cette promesse était plus concrète, plus morbide, plus déchirante mais aussi plus réalisable. D’une voix calme dont les derniers mots résonnait avec le tremblement de son cœur, paradoxe avec ses yeux chagrinés percevant un chemin qu’elle ne voulait pas emprunter. « Même si c'est la dernière chose que j'veux faire. » termina-t-elle, sincère dans ses mots, léger vrillement au fond de sa gorge, synonyme d'une affection s'étant atténuée avec les années mais dont l'émotion de jadis la rendait nostalgique d'une époque plus simple. « Pourquoi t’acceptes pas qu’on veuille t’aider, Nox ? » osa-t-elle franchement, réalisant qu'il était frappé par le syndrome du sauveur qui ne voulait pas être sauvé.
Ses yeux ne pouvaient s’empêcher de loucher sur la trace marron qui s’était propagée le long de sa gorge jusqu’à humidifier le sommet de son tee-shirt. « T’es un gamin. » Elle essuya grossièrement les gouttes encore disséminées entre son menton et sa gorge. En reposant sa main, elle plongea ses yeux dans ses iris glacés et sans vie. Néanmoins, elle pouvait y voir une vision familière. Un tout, qui englobait ses épaules courbées et son regard affaissé. En réponse à son regard, elle esquissa un sourire tout aussi muet, à peine perceptible, du coin des lèvres sur lequel on pouvait y lire un sans rancune sincère, incapable de ressentiment envers celui qui lui avait tant apporté.

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Re: run baby run (maluum)
Dim 28 Fév - 10:44

maluum & nox / janvier 2021
run baby run.

Bien sûr, qu'il y prend plaisir. Un peu trop, peut-être, à toujours vouloir jouer avec le feu sans tenir compte des brûlures qu'il peut récolter pour la suite. À les conserver comme de véritables trophées, lors des nuits blanches trop noires, à les compter, se les rappeler, comme pour se dire regarde, là t'as foiré, là aussi, là aussi et à presque les conserver jalousement. Les mots de Maluum qui le ramène à la réalité. Plus brutalement que ce qu'elle pense. Les mots qui font échos à d'autres, d'y a pas si longtemps, deux, trois mois ? On va à la plage ? Il s'était moqué d'elle. N'va pas à la plage, Nox. Lui avait avoué, lui si secret. Qu'il ne se souvenait pas savoir nager ou non, depuis que son père avait coulé, qu'il avait échoué face au kraken de ses rêves enfantins - et pourtant, prémonitoires. Mais qu'il avait pris le risque, l'avait plongée dans l'obscurité et s'était plongé lui-même dans un cauchemar avant de la tirer de là. De les tirer de là. Des eaux sombres où leurs confessions avaient laissé en lui, certainement, une brûlure dont la douleur n'a pas fini de le ranimer encore et encore. Alors, sûrement que c'est pour ça qu'il ne répond pas, sur le coup. Parce que Nox, il pense à cette nuit-là, à la plage, avec Nora. Dira qu'il déteste encore plus l'océan à cause de ça. Pour lui avoir pris son père dans un premier temps, et plus récemment, sa fierté, son égo, son éthique toute entière. Tu le buteras, Nox ?
Comment aurait-il pu refuser ?
Comment avait-t-il pu accepter ?

Et tout s'enchaîne. Le déluge des émotions contradictoires. Doit être l'un des seuls à avoir cette capacité désarmante. De rire puis de gueuler l'instant d'après. De se sentir presque capable d'aimer avant d'avoir envie d'anéantir. À croire qu'il ne sait plus qu'aimer de la sorte, Nox. Dans la violence, dans la douleur, dans le combat constant. Pourtant, la présence de Maluum lui rappelle. Qu'il n'a pas toujours été comme ça. Qu'à une époque, qui lui semble parfois être une autre vie, il a été capable. D'aimer sans retenue, de façon brute, diamant mal taillé devenu écorché, à trancher les doigts qui oseraient maintenant s'en approcher pour le tâter. Elle ne cille pas et sûrement qu'à Nox, contradictoirement, ça lui plait autant que ça le pousse à plonger toujours plus violemment dans la colère. Les doigts sur sa tempe, qu'il abat comme s'il voulait la voir tomber à la renverse, parce qu'il ne voit plus, Nox. Qu'elle est bien la seule à pouvoir encore l'aider, sûrement. À le vouloir, encore plus, certainement. Elle a croisé les bras, le regard s'est détourné mais il peut sentir toute sa force comme si elle l'expulsait directement dans sa direction. Comme si elle s'en servait pour lui mettre une claque monumentale. Elle ouvre enfin la bouche et Nox se dévisse la nuque pour la suivre des yeux alors qu'elle marche dans son dos, comme un prédateur ne compte pas lâcher sa proie. « Tu.., » Mais finalement, ça meurt dans sa gorge avant d'avoir prononcé quoi que ce soit. Pense-t-elle qu'il parle d'elle ? Qu'il veut la tuer, elle ? Pire, qu'il compte se tuer, lui ? Parfois, Nox se dit que ça serait la meilleure solution. Mais il le sait, Griffin. Bien trop lâche pour faire ça. Lâche et égoïste. Le regard sombre qui la lâche enfin des yeux, à se poser sur sa propre tasse, à plonger son regard dans le fond de café comme s'il voulait s'y noyer. Et la colère qui, comme toujours lorsqu'elle le frappe si brusquement, le délaisse de la même façon. Ne laisse qu'une enveloppe vide, meurtrie, les épaules qui s'affaissent, les mains qui tremblent plus qu'il ne le voudrait.

Partir. Bien ce qu'il lui faut faire. La honte lui grimpe le long de l'échine, comment a-t-il pu s'en prendre à elle ? Le regard fuyant, le corps qui adopte le comportement de la proie traquée, à s'dire qu'il lui faut disparaître. Déménager, loin d'Exeter, loin d'ici, loin de tout ? Attends et il lève péniblement le regard vers elle. Le visage qui s'est détendu, la colère l'abandonnant, détendant ses traits dans une grimace tortueuse, empreinte d'une douleur profonde. Se déteste, Nox, à imaginer quelle gueule il doit lui présenter à ce moment-là. Les iris qui pagaient dans une eau trouble, forcés finalement de se confronter aux siens, si sombres. Après les avoir évités, s'y accroche pourtant comme à deux bouées dans l'océan. Les mots glacés qui l'étreignent d'une poigne féroce, caresse glacée le long de l'armature de sa carcasse, et Nox se laisse embrasser tout entier par ce qu'elle annonce. L'inévitable, qu'il se dit. Perspective terrifiante, et d'un réflexe de survit, qu'il lâche un « J'te laisserai pas me planter. » avant de le regretter aussitôt, la nuque qui se plie, comme son échine, comme sa fierté. Le ton de Maluum contraste terriblement avec ce qu'elle murmure pourtant et Nox ne sait plus sur quel pied danser. À cet instant, il se sent plus perdu que jamais. Comme s'il lui manquait une pièce de son propre engrenage, qu'il ne savait pas où il avait pu le perdre, comment on avait pu le lui dérober sans qu'il n'ait jamais voulu donner quoi que ce soit. Est-ce que c'est Nora qui la lui a prise ? Est-ce que c'est la bête qui l'a dévorée, l'a rongée à la façon d'un os, sur le long terme ? L'impression frustrante d'avoir construit un labyrinthe pour que personne ne puisse le trouver dans le dédale, et de s'y être égaré lui-même, sans plus trouver la sortie, sans plus croiser âme qui vive dans un cimetière de folie aiguisée. L'impression de n'être qu'un pion sur un échiquier géant, d'oser dresser sa pâle image face au Roi et à la Dame, de sourire sournoisement au Cavalier, de se glisser entre les Tours, à esquiver les coups autant qu'il les donne, poignardant les dos qui lui font face, lâchement, pour espérer se glisser au bout de l'échiquier pour ressusciter, passer de Pion à Roi. Son propre jeu, ses propres règles, son propre piège dont les mâchoires se sont refermées sur lui sans qu'il ne saisisse à quel moment et de quelle manière.

Par un réflexe inattendu, il esquisse un mouvement de recul brusque quand elle tend la main vers son visage. Comme si elle allait l'égorger. La question qui fait écho en lui, à la fixer de deux billes rondes, claires et ahuries. « Parce qu'y a pas besoin de... » m'aider ? Se rend compte de l'hilarité de sa propre réponse, bien pour ça qu'il se coupe net, la mâchoire qui se resserre sous les doigts de Maluum qui viennent essuyer le café qu'il n'a même pas senti et que le contact lui arrache un frisson cruel. Un gamin. N'oppose aucune réaction, parce qu'elle a sûrement raison, n'est-ce pas ? Qu'il est sans doute resté ce gosse terrifié mais effronté, quand du haut de ses huit petites années, il s'est dressé face à l'océan pour lui crier sa rage, sa colère, son déni. « Pourquoi tu.. Comment tu fais pour... » Les mots inachevés, les phrases interrompues, à représenter tout ce qu'il est aujourd'hui ; un robot mal terminé, un point virgule laissé à l'abandon au milieu d'une phrase trop longue, d'un paragraphe sans fin. Et alors qu'elle reprend sa main, il la saisit par le poignet. Pas de la même façon qu'avant. D'un geste presque doux même si sa poigne atteste de la fermeté de sa prise. Et sans prévenir, il l'attire contre lui, la réceptionne contre son torse en gardant son regard ancré dans le sien. La tasse qui se dépose sur le plan de travail et son bras alors libre qui entoure son épaule pour la presser contre lui dans une étreinte presque trop serrée, presque trop innocente. Il dépose sa tête sur le sommet de sa chevelure noire, l'intérieur de sa joue coincée entre ses canines jusqu'à y sentir le goût ferreux contre sa langue. Il la serre contre lui, parce qu'Nox a toujours mieux su se débrouiller avec les gestes plutôt qu'avec les mots. Et que dans cette position, alors qu'il l'étreint contre lui, elle ne peut pas voir son visage, ses yeux. Ses paupières, qu'il ferme un instant, à se raccrocher au contact inespéré, à son odeur qui le plongerait dix années en arrière s'il laissait les souvenirs l'envahir. Les repousse pourtant, les réminiscences, conscient qu'il lui en faudrait si peu, dans son état, pour basculer dans l'ambiguïté.

Il ne sait pas combien de temps il la garde ainsi contre lui, l'empêchant de s'éloigner, sans se demander si ça la dérange, si elle est gênée, si ça lui convient. T'es un gamin, ça résonne encore dans son crâne. « Pourquoi tu m'détestes pas, Mal ? » qu'il chuchote, le museau dans ses cheveux, comportement indécis, quand il l'éloigne d'elle en déplaçant ses mains sur ses épaules pour la garder tout près de lui malgré-tout, enfonçant de nouveau son regard dans le sien. Aucun sourire, rien qu'une douleur cruelle et viscérale qui tord ses iris comme un mourant se raccrochant encore à l'espoir qu'il va survivre, qu'il va s'en sortir. Pourquoi tu me détestes pas comme moi je me déteste. Bien ce qui se lit dans ses yeux sans qu'il ne puisse le formuler. Peut-être qu'elle le déteste ? qu'il se dit soudain, les yeux qui se plissent. « Pardonne-moi... » Excuses douloureusement extirpées de sa gorge nouée. Sent que ses forces l'abandonnent, la fatigue qui le rattrape, puissante et désordonnée, à pulser sauvagement sous ses côtes, et dans un moment de faiblesse insensé, qu'il sent les larmes poindre au coin de ses yeux.
Non. Nox ne pleure pas, ne pleure jamais.
Et sûrement que c'est ce qui le pousse à prendre la fuite de nouveau, à la lâche abruptement pour tourner les talons, regagnant le salon, le canapé dans lequel il écrase son corps qui lui fait défaut. D'un geste rageur, le dos de la main rugueuse qui chasse les perles d'écume, le regard qui s'accroche au vide. Sans la regarder, qu'il murmure : « J'ai mordu quelqu'un. J'ai transgressé la seule règle que je me suis toujours imposé. Répandre ça. » L'aveu cruel, venu du fond des entrailles, la honte qui lui courbe l'échine alors qu'il se penche en avant, dépose ses coudes sur ses genoux et attrape son crâne entre ses mains. Les doigts qui se crispent, les phalanges qui blanchissent lentement autour de sa tignasse ébouriffée, comme s'il voulait se comprimer la cervelle lui-même. N'ose pas la regarder, à n'pas vouloir voir les émotions que cela déclenchera chez elle. « Et pour.. pour sauver quelqu'un je dois.. je dois.. Les mots qui se coffrent au fond de sa gorge qui enfle. La colère qui le reprend, dirigée contre lui cette fois, qu'il serre sa tête de plus en plus fort entre ses doigts. ... Je dois éliminer quelqu'un. Je dois. J'ai promis, Mal. De buter quelqu'un. » Est-ce que tu pourrais tuer pour moi, Nox ? Les yeux qui se ferment, se rouvrent. La vérité qui n'a pas changé d'apparence, et c'est là qu'il relève les yeux vers elle. Péniblement, le coeur ouvert, complètement à nu. Plus d'armure, plus de muraille à sa véritable nature. Affronte son regard sans aucun courage pourtant, démuni. « Et si, si tu dois m'planter, Mal, attends au moins que j'aie pu l'faire. » Parce que personne d'autre que lui ne le fera. Pas pour rien qu'c'est vers lui qu'on s'est tourné. « Avant que j'te rencontre, tu sais, j'te l'ai jamais dit mais.. J'ai eu une fille. » Les mots qui s'enchaînent, les aveux qu'il regrettera sûrement, à balancer tous ses secrets comme si c'était rien, comme s'il pouvait lui donner plus de raisons de l'éliminer lui-même, à lui faire signe de s'approcher quand il est bien incapable de bouger, à n'pas savoir si ses jambes le soutiendraient encore. « Elle.. elle s'est volatilisée, elle.. est en danger. J'ai pas su la protéger. » N'a jamais su protéger personne, que ça se répète dans son crâne. Bon à rien. Démontre toute l'estime malsaine qu'il entretient pour sa propre personne, Nox, à briser l'apparence fière de cet égo qui n'est qu'une façade, un fait pour donner le change. Prétendre que sa tête dépasse encore de l'eau alors qu'il se noie depuis longtemps. Et que l'oxygène commence sérieusement à lui manquer. « J'perds les pédales, j'arrive plus à... me raisonner. » Il grimace et détourne enfin son regard, soudain blasé. Capitule, le flic. Comme s'il se savait déjà condamné, qu'il n'attendait que le coup d'épée qui viendra lui trancher la nuque. « J'ai pas le droit de t'imposer ça. De t'imposer ce... choix. Cette situation. » La gorge nouée, parle dans le vide peut-être, ou pour lui-même, façon de s'excuser et son visage se tourne une nouvelle fois vers elle. Aurait cru qu'il serait soulagé de se confier quand c'est même pas l'cas. Se sent juste honteux, mis à nu et à vif. Il aurait envie de l'attirer à lui de nouveau, de se noyer dans son contact, dans son étreinte, parce que c'est bien tout ce qu'il sait faire. De la toucher, la serrer contre lui, l'embrasser ? Les idées qui s'emmêlent, quand passé et présent se nouent avec violence, qu'il cherche comme par instinct de survie comment compenser. Comment oublier, comment ne plus y penser, même si c'est seulement pour quelques minutes, pour quelques heures.

Créer de nouvelles blessures en pensant qu'elles remplaceront les autres.
Ajouter une brûlure au tableau, qu'il pourra compter et côtoyer, parmi les autres trophées, parmi les autres erreurs.

(c) mars.

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Re: run baby run (maluum)
Lun 8 Mar - 13:27



La période sombre où Maluum s’était éloignée de ses proches lui semblait aussi lointaine que l’aube des temps. Lorsque volontairement, elle avait creusé un écart avec toutes les personnes qui faisait écho à Bekki et à la vie qu’elle avait perdu, qu’elle avait gâchée. Tout recommencer était plus simple. Recommencer sans oublier. Supporter pour payer le prix de deux vies qu’elle portait comme souvenir, diapositive de visages et de sentiments perdus qu’elle se passait dans son esprit comme un supplice qu’elle ne pouvait fuir. C’était plus simple, dans les yeux de Nox. De s’autoriser à se pardonner même si ça ne durait que quelques instants. S’accorder un répit salvateur en se ressourçant. C’était plus facile, de s’accrocher à sa lumière qui lui montrait une autre voie pendant ces quelques années passées avec lui et qui l’avait aidé à progresser. Mais dorénavant, cette lumière était voilée. Pourtant, Maluum tentait, rassemblait toute sa volonté afin de percevoir une étincelle qui raviverait le feu de ses yeux, mais elle n’y percevait qu’une ombre brumeuse. Ses doigts sur sa tempe mirent de longues secondes à agir, d’abord impassible face à son acte belliqueux qu’elle ne connaissait pas, sans doute la raison pour laquelle elle avait cédé, qu’elle avait même presque tremblé face à sa hargne. La bête ou bien l’homme ? Pouvait-on seulement faire une différence ? N’étaient-ils pas une seule entité que Maluum devrait éradiquer ?

Car elle ne le laisserait pas dans cette condition, ne pouvant rester impassible face à ce qu’il était devenu. Scénario de sauvetage impossible, mais qui était préférable à être stoïque. Préférable à l’éliminer, bien qu'elle y prononçât les mots sans broncher, car la réalité des événements montrait pourtant que ce plan était le plus réaliste, le plus sûr, le plus facile. Mais Maluum ne choisissait pas la facilité. D’où sa promesse impossible, d’où sa vigueur pour sauver cet homme. Pas par gentillesse, pas par sagesse non plus, mais pour se soulager du poids du remords et déséquilibre qui régnait en elle. Elle ne lui devrait plus rien, semblant penser qu’il était impossible qu’un autre être humain autre que Bekki puisse la soutenir pour ce qu’elle est en tant que personne. Il ne la laissera pas, non, il ne se laisse pas faire, Nox. C’était un combat qui se jouait. Maluum ne pouvait que constater, que le duel qui importait avait lieu sous ses yeux. Un homme qui abritait deux natures qui s’entre-déchiraient. Il importait peu de soutenir l’un plutôt que l’autre, ce n’était pas de son ressort. Tout dépendait de lui. À part apporter son soutien indéfectible, comme lui l’avait fait jadis, elle ne pouvait rien. Sauf qu’elle ne se l’avouera pas. Mieux valait une volonté exacerbée qu’une fatalité décourageante. Elle ne répondit pas, se contentant de baisser les paupières comme prise d’une lourdeur soudaine en soupirant face à cette évidence. Elle plongea son regard dans son marc de café tiède qui luisait de son reflet déformé par le doute. Ce même café qu’elle essuya d’un geste maternel sur Nox qui émit un geste de recul, comme effrayé par ce geste auparavant familier. Geste qui ne l’arrêta pas, alors qu’il émit un semblant de réponse à sa question. « Hum hum, y’a pas besoin, bien sûr. » reprenant-elle dans un ton presque de défi tandis qu’elle croisa son regard. Il continua ses phrases inachevées, toujours hésitant, presque faible alors qu’il y a encore un instant, il l’avait fait frémir d'inquiétude, presque de peur. « Tu sais, il faudrait vraiment que tu ré-apprennes à finir tes phrases parce que… » Karma ou destin farceur, Maluum fut soudainement l’actrice de sa propre remarque, empêchée de finir sa phrase par le geste inattendu de Nox, prenant son poignet fermement, mais sans forcer, une prise qui frôlait la bienveillance. Surprise, Maluum appuya sa main contre son torse au moment où il la rapprocha vers lui, le regard en proie à la déroute, comme pour tenter de garder un minimum de distance bien que cela fut inutile. Tentative d’autant plus futile lorsque son autre bras s’enroula autour de ses épaules. Un enlacement imprévu qui accéléra les pulsions de son cœur au détriment de sa volonté. Une détermination qu’elle tenta de contenir de façon si vivace que pendant de longues secondes, son corps semblait être aussi rigides que de la glace. Mais le corps même de Nox fut le soleil qui fit fondre ce glacier où ses convictions reposaient. Maluum libéra lentement sa main qui était restée collée entre son corps et le sien pour venir se poser délicatement contre son dos, appréciant ce contact coutumier d’autrefois. Sans le serrer contre elle, par la paume sur son dos, elle s’imagina essayant de capturer les ondes négatives qui le submerge, d’arracher l’âme du monstre en lui par ce simple geste, de cette paume dont les doigts avait éraflé tant de pages sans trouver le moindre indice pour le libérer de sa condition.

Elle resta ainsi, ne cherchant pas à se libérer bien que toute son âme hurlait de le faire. C’est pas bien, c’est pas bien, que Maluum se répétait inlassablement, artifice désespéré pour l’empêcher de ressentir quoique son cœur tentât d’essayer de lui faire éprouver. La question qu’il posa fut dès lors d’une pertinence la mettant à l’épreuve. J’ai essayé, pensa-t-elle si fortement qu’elle en ferma les paupières, s’empêchant de subir des émotions auxquelles elle ne voulait pas se confronter. « Je peux pas. » répondit-elle simplement, dans un chuchotement égal au sien. Maluum sentit Nox se détacher d’elle, lui permettant ainsi de reprendre possession de ses mains qu’elle joignit ensemble pour les presser contre son ventre en proie à un étrange phénomène. Elle retrouva son regard, profond, parallèle à un visage sans sourire. Un regard qu’elle n’aimait pas, dans lequel elle pouvait lire un supplice affligeant. Lui pardonner ? De son étreinte ? Maluum pencha la tête à mesure qu’il s’éloignait vers son canapé, l’esprit en proie à une curiosité inquiétante au moment où il s’y affaissa de tout son poids, le regard fuyant.

Et il commença son récit.
Un récit que Maluum n’était pas prête à entendre. Sa première confession lui retourna l’estomac qu’elle tenait toujours, les papillonnements s’étant transformés en une nausée acerbe. Elle chercha d’une main le premier support aux alentours pour s’y asseoir, une de ses chaises hautes, toujours proche de son comptoir de cuisine. Il l’a fait. Le geste qu’elle ne pouvait laisser passer, qu’elle ne pouvait pardonner. L’affront du clan, de sa famille, Maluum en était maintenant complice et elle aurait tout donné pour qu’elle oublie instantanément cette révélation. Une de ses mains était toujours contre son estomac, organe chamboulé par l’horreur de son acte. S'ils savaient. Si le boss savait. C'en était fini de lui. Et sans doute d'elle également.
Mais il n’avait pas terminé. La promesse de meurtre qu’il lui avoua eut l’effet d’une lame qui lui lacérait le corps. Pour sauver quelqu’un ? C’était donc ce que le shérif était devenu, un sauveur-meurtrier ? Le regard de Maluum était fixé depuis le début sur Nox qui semblait trop préoccupé pour daigner lui accorder le même contact. Culpabilité, honte, désarroi ? Rien de ce qu’il avait dit ne heurta plus Maluum que son aveu suivant. Nox a une fille. Sa main sur le ventre. Son enfant. Celui qui n’est jamais né. Celui qu’elle n’a pas su protéger, tout lui revint, comme une cascade d’eau froide paralysant les muscles et les sens. Elle tenta de se concentrer, d’écouter ce qu’il avait à dire alors que leur regard se croisa de nouveau. Mais Maluum n’entendit plus rien. Excepté des hurlements de honte, de rancœur et d’amertume. Plusieurs secondes s’écoulèrent tandis que des images contrastées passèrent devant les yeux de Maluum. Soudainement, une colère abrupte s’empara d’elle. Cherchant des mains le torchon qu’elle avait utilisé pour essuyer la gorge de Nox, elle le lui jeta dans sa direction avant de progresser vers lui dans une démarche déterminée. Arrivée à sa hauteur, elle ne put faire la seule chose qui lui venait à l’esprit à cet instant, le rouer de coups de ses mains frêles mais tenaces. « T’es vraiment … » commença-t-elle en le frappant alternativement à chaque épaule chaque syllabe de sa phrase équivaut à une tape futile face au corps massif de l’homme mais dont les nerfs de la femme trouvaient ainsi un défouloir cathartique. « ... trop … » Ce fut pour sa faiblesse d’avoir mordu un innocent, puis pour sa promesse insensée d’un meurtre qu'elle comprenait, bien malheureusement. Les promesses impossibles, peut-être, était-ce qui les avait reliés, autrefois, l’excès de protection, être une égide face à l’injustice hasardeuse du monde. « ... con. » Vulgarité inhabituelle pour son langage aux coutumes gracieuses. C’était pour cette fille, que Maluum n’aura jamais, que lui avait eue et qu’il avait négligée. Sa décharge combative se termina par une gifle magistrale sur sa joue rembourrée par une barbe insuffisante, car son geste raisonna dans toute la pièce. Instantanément, elle s’immobilisa, comme subitement consciente de ce qu’elle venait de commettre. Impossible de déterminer combien de temps s’écoula alors. L’atmosphère semblait figée par cet acte insoupçonné. Les deux mains tremblantes sur sa bouche, se fourvoyant à un mutisme léthargique. Les deux yeux ancrés dans les siens, interdite par l’impulsivité de sa conduite. Les vibrations de ses mains se propagent peu à peu à son corps. Un voile flou la submergea ; ses yeux furent noyés par un océan de larmes. Trop d’informations, trop d’éléments auxquels elle n’avait aucun pouvoir. Qu’elle devait pourtant assimiler. J’ai besoin de toi, Maluum, résonna la voix de Nox dans son esprit comme un écho funeste. Ses yeux, surchargés de larmes, semblaient incapables de déverser quoique ce soit, elles étaient inexplicablement bloquées. Elle détacha ses mains de ses lèvres, respiration haletante comme si elle venait de remonter des profondeurs abyssales. « J’peux plus » commença-t-elle, imperceptible, d’une voix tremblante où toute sa force d’autrefois semblait l’avoir abandonnée. « Je peux plus t’aider. » conclue-t-elle en harmonie avec le torrent de larmes qui inondaient ses joues, ses paupières déversant ses craintes et sa colère impossible à contenir. De l'autre côté du canapé, elle donnerait tout pour le reprendre dans ses bras et éprouver encore une fois cette chaleur réconfortante et salvatrice. Et elle le maudissait pour avoir répandu sa malédiction, pour sa promesse meurtrière et son enfant qu'il avait caché. C'est moi, pensa-t-elle, en proie au deuil de son enfant à l'époque de leur rencontre, il avait sans doute seulement essayé de lui épargner ce fardeau. Un dualité qui déclencha ses larmes. Maluum, actrice infime de sa vie, ne pouvait être dorénavant que son antagoniste.

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Re: run baby run (maluum)
Mar 9 Mar - 11:18

run baby run

Parce que ? Si Nox avait été dans un autre état d'esprit à cet instant, sûrement l'aurait-il charriée. Qu'elle ne puisse finir ses phrases, elle non plus. Ou peut-être est-ce simplement par son geste aussi inattendu que déplacé, sûrement, à venir l'amener contre lui soudainement. Pour l'interrompre volontairement, pour n'pas entendre la suite du parce que, comme si elle allait prévoir sa fin imminente. Sa mort prochaine. Est-ce que c'est la solution ? Mettre fin à ses tours - Nox a toujours trouvé le suicide lâche, terriblement lâche. Mais ne l'est-il pas, finalement ? À toujours préférer fuir qu'affronter en face, à n'avoir jamais su assumer quand ignorer est plus simple ? Il sent bien sa main contre son torse qui voudrait le repousser - sûrement - mais pourtant, il enroule la sienne autour de ses épaules, avec l'impression déconcertante d'enlacer un bloc de glace. Mais bien vite, il sent sa main se caler dans son dos et la serre contre lui pour deux. L'odeur de ses cheveux, la chaleur de son corps contre le sien, tant de détails sensoriels qui le projettent près de dix années plus tôt, dans un passé plus orageux - et ô combien plus simple, plus beau. Si seulement il avait su, à cette époque-là, que le pire était à venir. Est-ce qu'il aurait su profiter plus pleinement pourtant ? Pas sûr. Sûr de rien, jamais, finalement. Semble s'être dit toute sa vie qu'il avait touché le fond, qu'il ne pouvait pas tomber plus bas ; mais les abysses sont toujours bien plus profondes qu'elles n'y paraissent et au gré des années, il a continué à s'y enfoncer. Poisson de bas fonds, ceux que la clarté de la surface ne peut plus effleurer, âme translucide, dents qui s'acèrent contre les barreaux d'une prison invisible et inviolable. Je peux pas. Et sûrement que c'est ce qui le pousse à se détacher, ne récoltant dans l'éloignement qu'un courant d'air glacé le long de l'échine. Assis sur le canapé, le regard fuyant, qu'il débite les mots, les évènements, la voix vibrante. Et lorsque sa voix appelle le silence, celui-ci frappe Nox de plein fouet, le laissant pantelant sur le bord du sofa, le regard alarmé face à son geste invitant resté muet - pourquoi ne le rejoint-elle pas ? Est-il finalement bien trop hideux, à l'intérieur, pour qu'elle puisse oser s'approcher ? Une pensée plus cruelle vient s'immiscer entre ses côtes, vipère sinueuse, plantant ses crochets ici et là pour semer son venin perfide.

Est-ce qu'elle a peur de moi ?

Mais elle semble reprendre vie. Nox n'a pas le temps d'essuyer un soupir de soulagement qu'il se reçoit le torchon en pleine figure. Pas besoin que ça soit un couteau lancé dans sa direction pour que ça le découpe avec autant d'efficacité. Il le laisse tomber au sol, déconcerté, la voilà qui s'avance et Nox sait, à cet instant. Qu'elle ne va pas venir le réconforter, l'enlacer comme il a osé le faire juste avant. Qu'elle ne peut plus, sans doute, après ses révélations. Aimerait bien se dire qu'à l'époque, il lui avait caché l'existence de Percy par pudeur, par désir de ne pas lui rappeler de souvenirs douloureux - quand bien même, la gamine était née depuis longtemps déjà même à cette époque, et son comportement irresponsable à son égard n'avait rien eu à voir avec la rencontre fortuite au bord de la route, ce jour d'accident. Aimerait bien avoir des excuses, Nox, à n'plus savoir où en trouver, quand il les a déjà toutes essayer. Les poings qui se lèvent, comme un chien errant, le flic plisse les yeux à chaque fois que l'un d'eux s'abat. Epaule droite, épaule gauche ; et on recommence.
Et curieusement, il se laisse faire. Absent, déconnecté, le cerveau ankylosé. À des kilomètres de la violence qu'elle déchaine sur lui, comme s'il ne sentait même pas les coups, que son esprit avait abandonné son corps au supplice. Se laisse faire, Noximilian, comme il a laissé Demian le rouer de coups. Avant de... Les yeux qui se ferment, se rouvrent. Syllabes sournoises ponctuées des poings qui font frémir l'os de ses épaules. Assemble lentement la phrase aux mots désarticulés, dans le rythme en pointillés des poings de Maluum. T'es vraiment trop con. N'se dit même pas que ça ne lui ressemble pas, d'parler comme ça, n'en a pas le temps. Une réponse, une seule menace de déborder à l'orée de ses lèvres restées scellées depuis les révélations. Et pourtant, tu m'as aimé. Les mots qui s'impriment à son esprit - en même temps que la gifle qui résonne en échos dérangeants. La surprise s'immisce au fond de ses prunelles claires, le temps semble se distorde, s'étirer. Le visage qui se lève avec une lenteur calculée vers le sien et sûrement, sûrement que n'importe qui aurait été attendri de la voir ainsi, mains devant la bouche, comme choquée elle-même, comme déjà culpabilisée ? Mais ça se saurait, n'est-ce pas ? Si Nox réagissait, réfléchissait, agissait ainsi - comme n'importe qui.

Le regard se détache de sa silhouette alors qu'il porte, par instinct, la paume de sa main contre sa joue qui chauffe sous l'impact reçu. Une balle ne lui aurait pas fait autant mal, Nox l'aurait parié. Un coup de couteau non plus. La main retombe sur son genou, pantin désossé, esprit à la dérive. Et comme toujours lorsqu'il se retrouve dans cet état-là, n'y a bien qu'un seul sentiment venant le secourir, le remettre sur pieds, lui faire relever la tête hors de l'eau - et dans sa direction. La colère. Parce qu'il n'y a bien qu'ça qu'il sait encaisser, Nox. Et c'est un regard brûlant d'une hargne singulière qu'il enfonce dans le sien, pupilles qui s'étrécissent, la clarté qui se retrouve dévorée de nuages orageux. « Bien. » Ton froid, un seul mot ; acéré pourtant. Comme s'il avait enfin reçu ce qu'il était venu chercher ici près d'elle ; l'assurance que même elle pouvait le détester, le condamner. Pour se rendre compte que l'espoir n'existe plus. Qu'y a rien, plus rien à faire. Et si Maluum se met à le haïr, alors il peut le faire lui aussi librement. Se détester lui-même. Il s'est levé, la surplombe même si elle s'est enfuie de l'autre côté du canapé, comme si son ombre pouvait engloutir n'importe quoi, n'importe qui. Les muscles serrés qui ont fait fermer ses mains en poings crispés, la mâchoire douloureuse en gencives blanchies par le choc entre celle du haut et celle du bas, engluées pour retenir le venin qui ne demande qu'à se répandre.

Et soudain, il la voit pleurer.
Et alors que ça brise sensiblement quelque chose au fond de lui, par réflexe de défense sûrement, cela déchaîne sa colère. Il aimerait la prendre dans ses bras de nouveau ; ses pas le guident contre la table basse où il pose sa main et d'un geste rageur, balaie tout ce qui s'y trouve, envoyant les piles de papiers et recherches côtoyer le sol. Mais ça ne fait presque pas de bruit - alors qu'un chaos assourdissant inonde ses tympans. « Voilà, comme ça, tu peux cramer tout ce bordel, puisque c'est devenu inutile. » Sûrement qu'y a pas que des recherches le concernant, mais il s'en fiche, Nox, à cet instant. Aveuglé, sûrement qu'on pourrait remarquer ses paupières à lui aussi, bordées d'une écume honteuse qu'il se refuse à laisser déborder. La table qui les sépare, maintenant vide et désordonnée, qu'il tourne de nouveau son visage marqué par une empreinte furieuse vers elle. N'a toujours su faire que ça. Abattre le marteau de la haine sur les mauvaises cibles. Parce que c'est plus facile comme ça ; plus lâche, aussi. Alors, sûrement qu'il serait capable d'attacher une corde contre la peau fine de son cou, jusqu'à l'étranglement, jusqu'à-ce que ses cervicales se rompent. Mais pour l'instant, il a une autre cible à sa portée, chasseur trompeur. « Tu sais, des fois j'me dis... La voix qui a repris de la contenance, les larmes qui se sont ravalées, comme autant de pilules indigestes. Un ton posé et d'autant plus effrayant que s'il se mettait à hurler. S'approche d'elle, réflexes aiguisés et accrus - quand la bête s'invite à l'échange, ... que si t'étais pas partie, j'aurais peut-être pas eu d'accident. » On m'aurait pas mordu, j'serais pas devenu un monstre. Retourne la situation, comme si c'était elle la coupable de tout. Planté devant elle, qu'il la coince contre le dossier du canapé pour ne lui laisser aucune échappatoire. Esprit du chasseur qui entre en scène. Les babines qui se relèvent un instant sur un sourire cruel. « Si t'étais pas partie, j'aurais jamais tué. » Ou seulement pour se défendre, ou seulement pour le boulot. La main qui se lève avec l'envie démesurée de la frapper, quand la violence répond à la violence, que l'envie de lui rendre ce qu'elle lui a asséné - mérité, pourtant - le prend à la gorge.

La rage au ventre, au poing, au coeur, tant de distorsions qui l'aveuglent, le rendent confus ; et donc, dangereux. Mais c'est le revers de sa main qui s'échoue contre la joue de Maluum, dans un geste férocement tendre. Le visage qui s'approche, la crucifiant sous son regard glacé. « Tu t'es jamais dit ça, hein, pas vrai ? Dans toutes tes recherches foireuses, t'as jamais pensé que c'était peut-être de ta faute ? » Les mots durs qui contrastent avec le contact doux de sa main toujours posée contre son visage. Les pupilles qui effectuent un aller-retour furtif à ses lèvres. L'envie furieuse de les déchiqueter de ses dents. De les embrasser pour se souvenir comment c'était. Pourquoi t'es partie ? que ça hurle désespérément au fond de ses yeux. Libère sa joue innocente et caressée en haussant les épaules. « Mais même pour ça, j'ai jamais eu d'explications. » Pourquoi t'es partie ? Le hurle du plus fort qu'il le peut, le shérif de trente ans resté au fond de lui, prisonnier d'une cage aux barreaux tranchants sur lesquels, à force de s'y user les mains, s'y est trop écorché pour un jour espérer en sortir vivant. « Y a jamais eu d'solution, pas vrai ? De remède, toutes ces conneries. » Soupire contre son minois par leur proximité dangereuse, quand il vient poser ses mains, comme deux serres de rapace, autour de ses poignets, la menottant à lui. Pourquoi t'es partie ? « Est-ce que ça n'étaient que des mensonges, Maluum ? » Oublié, le surnom, utilise son nom en entier comme pour la frapper avec des mots. Est-ce que c'était des mensonges, aussi, avant ? La relâche soudain, en la considérant avec un étonnement trop grisant pour être feint. Comme s'il se demandait ce qu'elle fait là. Ce qu'il fait là, lui. Ce qu'ils font là, eux. « T'as bien un couteau dans ta cuisine. » L'timbre plus bas, plus vacillant, comme la flamme d'une bougie qui vient de subir un gros courant d'air. Pas assez pour la faire s'éteindre et flancher, juste le nécessaire pour lui ôter l'assurance de tenir droite et fière. L'échine qui se courbe, la nuque avec, son visage qui rivalise avec le sien dans un effleurement provocateur, le regard assuré et dément. Et sans prévenir, qu'il écrase ses lèvres contre les siennes avec un acharnement qui pourrait camoufler le soupçon de douceur qui se crie au fond de ses entrailles, à la forcer sans aucun doute, parce que ça aussi, ça relève d'un vice certain. Et ça lui remue sous les côtes, péniblement, qu'il s'arrache à ses lèvres, un sourire carnassier au bord des lèvres qu'il lèche d'une langue sournoise, comme pour en savourer le goût - une ultime fois. « T'as assez de cran pour me buter, Mal ? » Désir corrosif, quand il est bien plus dans son domaine à la provoquer de la sorte, à user de colère, de hargne, bien qu'ça qu'il sait faire, le flic. Retourner tout le monde contre lui, dans l'espoir qu'enfin, l'un d'eux parviendra à lui donner le coup fatal. Est-ce que ça sera elle ? Le regard qui ne la lâche pas, les mains qui la libèrent pourtant, comme pour l'inciter à le faire. L'océan hurlant au fond de ses iris, bateau à la dérive, prêt pour le naufrage.
Pourquoi t'es partie ?
Pourquoi tu m'as laissé ?



janvier 2021 - @maluum rudisha



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Re: run baby run (maluum)
Dim 14 Mar - 0:27



Une sobriété en proie aux tourments. Des sentiments oubliés qui la rendaient nostalgique. Des émotions omises qui lui donnèrent assez d’énergie pour jeter son torchon vers Nox, qui la fit marcher vers lui pour lui asséner de coups. Il se laissait faire, elle l’avait déstabilisé, elle s’en doutait, et il était vrai que Maluum en profita, pour faire jaillir sa colère. Mais surtout sa déception à propos des actes qu’il a commis, les promesses qu’il a faites, les secrets qu’il a gardés. Même si elle se doutait qu'il avait ses raisons. Elle en profita, de taper sur ce corps qui pourrait l’assaillir à tout moment et qui lui avait apporté tant de réconfort. Parce que oui, il a été trop con. Même à cette époque. Celle où elle était présente, celle où ils étaient amants. Mais jamais elle n’était allée aussi loin. Jamais son affliction l’avait amené à commettre ce geste. Une gifle qu’elle regretta instantanément, bien qu’il n’ait duré qu’un millième de seconde, mais dont les répercussions se feront ressentir pour une durée maintenant indéterminée. Le regard de Nox figea Maluum par son désarroi, elle-même en proie à un désabusement total. Elle avait honte, mais ne pouvait revenir en arrière. Une sensation de stupéfaction qui, face à la réaction pantoise de Nox, la meurtrit davantage, en voyant sa main se poser contre la joue sur laquelle elle avait déployé sa paume, lorsqu’il abaissa cette même main comme si elle était soudainement dénuée de vie. Elle aurait pu avoir pitié, mais elle appréhendait. Car ce n’était pas tant l’homme qu’elle redoutait, mais la bête.

Maluum le perçut dans le regard agressif qu’il lui lança. Son Bien froid sonna comme un glas auquel elle ne put répondre, mise à part constater sa silhouette corpulente qui l’englobait entièrement alors qu’il se leva, à l’autre bout du canapé. Et lorsqu’il s’approcha vers elle, ce n’était pas dans le but de la violenter, ou peut-être que si, car il balaya d’un geste vif ses recherches qui étaient entreposées sur la table basse. Une profanation, de son travail, de son respect, si bien qu’elle en posa une main sur son cœur, perturbée par autant d’irrévérence de sa part « Nox … » Il ne l'avait jamais jugé, dans sa passion pour l’occulte, son affection pour les âmes. Il n’appartenait pas à ce monde, et pourtant, il avait été présent. Peut-être l’avait-elle mérité, elle l’avait giflé après tout. Alors qu’il s’était confié et qu’il avait besoin d’elle. J’ai besoin de toi, Maluum. Des émotions qu’elle n’a pas pu contrôler à cause de cette surcharge d’informations dont elle n’était pas prête à entendre, pas de sa part. C’est qu’elle l’avait tant aimé, tendrement, véritablement. Et à cause de ça, elle n’avait pas pu se contrôler. Et à cause de ça, elle subissait les affres de sa colère. Maluum regarda, impuissante, ses feuillets et carnets désormais sur le sol, pantois face à ce désordre. Puis lorsqu’elle leva les yeux vers Nox, ce fut pour faire face à une fureur déterminée. Ses larmes avaient rendu ses cils et ses paupières collantes et des joues creusées par l’humidité de son désarroi, mais face à l’homme qui lui faisait face, elle ravala pratiquement tout, comme si sa colère paralysait la faiblesse en elle. Néanmoins, sa respiration la trahissait. Haletante, comme après un effort physique éreintant, ses sourcils se froncent lorsqu’il s’approcha pour l’emprisonner par sa stature et son affirmation qui lui firent grossir ses yeux de stupeur. « Pardon ? » Une interjection dont elle se serait passé tant ce que disait Nox lui paraissait hors de propos. Elle ne pouvait que subir sa hargne qu’elle avait déclenchée. Un Nox qu’elle connaissait et qu’elle ne voulait pas laisser gagner, malgré son inquiétude. Si t’étais pas partie. Une phrase qui, contrairement à la première fois, donnait une furieuse envie à Maluum de lever une nouvelle fois sa main à son encontre. Ma faute ? Des scènes du passé lui reviennent à l’esprit. Lorsqu’elle fut acceptée au sein des cyclops, son objectif atteint, elle se devait de partir. Les raisons de sa rupture furent bancales, mais fermes. Elle ne retournerait plus en arrière. Un abandon qui l’avait marqué, détestant délaisser la personne à qui elle devait sa remontée. Mais la voie qu’elle avait choisie était diamétralement opposée à la sienne. Même maintenant, en proie à sa colère, elle ne regrettait pas. Ils étaient sa famille. Quant à savoir si elle pourrait tuer Nox pour eux, c’était pour ne pas réfléchir à cette éventualité qu’elle lui avait fait cette promesse, de l’aider à guérir, pour ne pas affronter l’évidence de ses principes. Et Nox ne devrait jamais l’apprendre. Il se planta devant elle. Maluum fronça les sourcils, les lèvres closes et les dents grinçantes, encaissant sa rancœur envers ses choix. « C'est ce que tu penses, vraiment ? » sidérée et navrée que son choix l'ait marqué plus que de raison, plus qu'elle ne l'aurait voulu et plus qu'elle ne l'avait imaginé. Tant de ressentiments, qui le faisait alors lever sa main. Face à ce geste de violence, qu’elle avait pourtant elle-même commise, Maluum le dévisagea comme elle l’aurait fait à un inconnu qu’elle jugeait brutalement par l’atrocité de ses actes, son regard alternant entre ses deux yeux, cherchant désespérément une étincelle minime d’humanité en lui. Son instinct l’intima de se protéger, même faiblement, avec sa main qu’elle amena contre son visage, prête à faire bouclier face à l’animosité qui habitait l’ancien shérif.

Mais ce n’était pas un geste violent qui lui était destiné, ce fut même l’opposé. Contre toute attente, Maluum sentit une douceur acerbe se déposer contre sa joue. Une main dont elle perçevait des ondes glaciales, aussi sèche que son regard. Maluum posa ses mains contre son torse, tentant vainement de prendre ses distances. Il voulait lui faire peur. Il jouait sur son ton, son physique, sa carrure. Et ça marchait. Alors qu'elle avait été chagriné d'avoir été la cause d'autant de rancune, elle était maintenant agacée. Agacée, qu’il rejette la faute sur elle, qu’il se cherche une excuse au dédale de sa vie. « Est-ce que tu t’entends ? Nox, ce n’est la faute de personne, c’est arrivé et... » et ça me désole, qu’elle songea atrocement, son visage trop proche du sien pour qu’elle puisse se concentrer sur autre chose que les traits tirés de son visage et son regard glacant. Son ton faiblement stable frémissait par l’instabilité de ses émotions. Son coeur vibrait lorsqu'elle remarqua que les paupières de Nox se baissèrent vers ses lèvres. Une crainte commençait à naître face à son hostilité. Puis sa main quitta sa joue, la laissant perturbée davantage face à ce qu’elle n’était pas certaine de comprendre. « D’explications… ? » se contenta-t-elle de répéter comme pour assimiler les émois de Nox qui semblait autant le perturber qu’elle.
Sa question suivante la désarçonna davantage. Car peut-être avait-il raison, peut-être étaient-ce des mensonges ? Incapable de prononcer un mot, comme si sa soudaine emprise à ses poignets l'avait rendue muette, Maluum secoua sa tête de droite à gauche. Non, non, non, hurla-t-elle de toute son âme, se persuadant de sa décision, que celle de l’aider était le bon choix. Cependant… Personne n’avait trouvé de remède à cette malédiction. Maluum grandit avec l’idée qu’il n’y en avait pas. Mais c’était le déni qui la motivait pour contrer la fatalité. Le monde entier pouvait subir les affres de cette infortune, pas Nox. Pas l’homme qui l’avait aidé à se reconstruire, pas celui qu’il lui avait ré-appris à aimer lorsqu’elle pensait qu’elle ne le méritait pas. Alors elle nia. Encore. Jusqu'à ce qu’il la relâche en la dévisageant. Maluum quant à elle, en fut poignardé. Comme si les mensonges dont il l’accusait prenaient ses sources dans un abîme plus profond, plus douloureux encore que sa malédiction ; leur passé en commun.

Son ton fut soudainement plus grave qu’auparavant, presque indicible par sa demande dont elle percevait immédiatement le sous-entendu macabre. Provocateur comme lui seul savait le faire avec autant d’impact. Lorsqu’il se pencha sur elle, c’était comme une ombre qui l’engloutissait. Maluum, d’habitude si imperturbable, traversait une myriade d’émotions qui la rendait démunie. Et lorsqu’il colla ses lèvres contre les siennes, elle recula, surprise par la violente furtivité de son geste, mais face à sa contrainte, elle ne put y échapper. Un baiser agonisant de colère et de rancune. Lorsqu’il la libéra de sa sentence, Maluum fixa ses yeux submergés d’une bile ravageur, alors qu’elle avait plaqué sa main contre ses lèvres qu’il venait de voler, non par dégoût, mais par le choc violent que ce faux baiser lui avait provoqué au goût aigre-fourbe. Ses yeux ne la lâchaient pas. Maluum, elle, n’y voyait qu’un océan gelé dont sa rigidité faisait remuer sa culpabilité. Ce fut elle qui brisa le contact en même temps qu’elle laissa tomber sa main qui tenait ses lèvres. Enfoncée dans son siège par la pression de Nox, elle le repoussa à l’aide de ses paumes, se leva pour lui faire face, ses mains sur son estomac noué et son cœur meurtri. Elle le dévisagea, sévèrement. Mais autre chose se lisant en elle. C'était le chagrin. « Non, » commença-t-elle haletante, retrouvant son souffle et son espace vital après avoir été à sa merci. « rien de tout ça. » Répondit-elle comme une riposte commune à ses précédentes questions. Maluum s'autorisa à tâter le premier meuble qu’elle trouva, béquille bancale face aux multiples coups de massues qu’elle s’était prise. « Je mérite ta colère, Nox. Je la comprends même, mais » Elle s’arrêta quelques secondes, le regard plongé dans le sien, soudainement immobile comme de nouveau habitée par sa prestance habituelle « je ne suis pas la cause de ton malheur, tu peux pas dire ça, t’as pas le droit, pas après tout ça. » siffla-t-elle, désenchantée par la tournure des événements dont elle était pourtant entièrement responsable, sa gifle ayant réveillé la furie de Nox Griffin. Pas après notre histoire, que ses yeux lui envoyèrent tel un radar cherchant une parcelle de vitalité. Son regard ne quitta pas le sien, alternant entre ses pupilles comme une pendule cherchant désespérément une forme de vie au milieu du néant. « Admettons qu’il n’y a rien, c’est que selon toi, j’ai forcément menti, n’est-ce-pas ? » Figure ironique de sa question, Maluum n’en demeura pas moins la plus sérieuse au monde. La main sur son thorax, elle osa faire un pas vers lui, comme pour appuyer l’importance de ses mots par une assurance qu’elle chercha aux tréfonds de son âme. « Est-ce que j’aurai perdu autant de temps pour un mensonge ? » désigna-t-elle d’un geste furtif de la tête ses recherches que Nox avait étalées au sol, mais en ne lâchant en aucun cas son regard, pourtant encore sous le joug de ses inepties colériques. « C’est parce que c’est toi, Nox. C’est parce que c’est réel. Parce qu’on était réel qu’au moins, j’essaye. » mais que j’ai échoué, lâcha-t-elle d’une voix presque tremblante par sa dernière pensée, car l’échec était une chose qu’elle ne cautionnait pas, qu’elle avait déjà trop encaissé par le passé, sa main toujours sur sa poitrine dont la pression qu'elle ressentait la fit maintenant souffrir physiquement. « Et toi, tu m’accuses ? Pourtant, regarde ce que toi, tu caches. » Maluum lui accorda un regard empli d’une tristesse qui lui arrachait les dernières prémisses de ce qui lui restait de cœur. Puis elle se détourna, en soupirant, et se rassit sur le canapé en remontant ses jambes contre sa poitrine, en calant les paumes de ses mains contre ses yeux. Elle ne pleurera plus. Plus devant lui. Elle avait déversé trop de sa faiblesse. « Je suis désolée. » confessa-t-elle, étouffée dans les paumes de sa main. Des excuses pour sa gifle, son départ inexpliqué il y a presque dix ans, son absence alors qu’il traversait les pires moments de sa vie. Elle délivra son visage de ses mains, s’autorisant une bouffée d’air lugubre qui régnait dans son salon, la tête basse, lasse d’avoir été l'exutoire de la colère de son ancien amant. « C’est pour ça que tu m’as rien dit pour ta fille ? » commença-t-elle les yeux cherchant un point imaginaire entre les yeux de Nox, ou sur son front. Elle n’avait plus la force d’affronter son regard perçant. « Parce que pour toi, nous, c’était un mensonge ? » sussura-t-elle pour elle-même, pour les murs et les meubles qui ont été auparavant les témoins de leur complicité. Et si elle s’était fourvoyée ? Et si elle avait, effectivement, fait tout ça pour rien ? Ses pupilles l’analysaient, de haut en bas, puis de bas en haut. Ultimatum à destination de l’homme auquel elle devait tant, comme pour s’assurer qu’elle avait fait le bon choix, en ayant voulu l’aider. Car ce qui la heurtait le plus, face aux aveux de la propagation de sa malédiction et sa promesse de meurtre, la révélation l'ayant le plus troublé ; c'était ce mensonge d’une vie cachée à une époque où elle avait partagé la sienne.

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Re: run baby run (maluum)
Mar 16 Mar - 16:47

run baby run

Mais il ne l'entend pas. Ne sait pas si c'est pour le calmer, le retenir, l'engueuler. De toute façon, Nox n'entend pas son prénom qu'elle murmure, comme si rien ne pouvait le secouer assez fort pour calmer le flot de colère qu'il sent monter en lui. Et qui dévaste tout sur son passage. Et lorsqu'il se tourne vers elle et affronte son visage criblé de larmes, comme par autant de balles seraient venues le percuter, cela ne fait que décupler la rage. Pourquoi pleure-t-elle ? Est-ce que c'est à elle, de pleurer ? Est-ce que c'est elle, le putain de monstre, dans cette pièce ? Quand tout fonctionne à l'envers, ou peut-être qu'il a simplement toujours fonctionné ainsi. Ne sait plus si son visage est peiné, choqué, ou simplement aussi colérique que le sien. Peu importe, qu'il se dit sur le moment. La cible est déjà toute trouvée. Mord la seule main tendue vers lui, comme le chien blessé mordra toujours celle qui le nourrit. Pour lui passer l'envie, peut-être. De la lui tendre à nouveau, de vouloir l'aider, d'avoir de l'espoir. Car Nox n'en a plus. Et en voir dans les yeux de quelqu'un d'autre, ça l'agace. Il se plante devant elle et une partie de lui aurait aimé qu'elle recule. Qu'elle lui prouve avoir peur de lui - bien ce qu'il veut, avec son comportement ? C'est à ne plus savoir ce qu'il souhaite, réellement. Qu'elle reste, qu'elle parte. Qu'elle le gifle, qu'elle pleure. Mais elle ne cille pas et l'animal en lui s'en retrouve flatté. Plus apte encore à montrer les dents. Il lui offre un sourire cruel. « Ouais, c'est c'que j'pense. » qu'il assène d'un ton sournois. Mais pour ça, lui faudrait déjà renouer avec le simple fait de penser. Car s'il le faisait, sans doute n'adresserait-il pas à sa joue une caresse faussement tendre. Contradictoire entre gestes et mots, entre comportement et timbre, entre mensonge et réalité. Doit pleinement se saisir de ce masque en fer forgé dont il se pare depuis des années. Ne jamais le laisser tomber, non, ne jamais avouer, ne jamais montrer. Plus rien. Plus jamais.

Il baisse lentement les yeux à ses mains posées contre son torse. Est-ce qu'elle cherche à le calmer ? L'attendrir ? Le repousser ? Le cerveau en centaine de confettis qui s'éparpillent au passage d'une tempête violente, l'ancien shérif attrape ses poignets fermement. Aurait envie de les lui briser, là, d'un seul coup. En serait certainement capable. Si Maluum n'a jamais eu à tester sa force accrue depuis la transformation, Nox sait parfaitement qu'il la possède. « La faute de personne ? » qu'il répète en la coupant presque, lui donnant à peine le temps de finir sa phrase. S'en fiche, Nox, à cet instant, de tout ce qui peut se rapprocher de la politesse. Englué dans un état d'étourdissement colérique, il ne peut rien voir. Ni que son comportement est absurde, ni qu'il est déplacé. Ni qu'il se trompe. « J'ai quand même été mordu, c'est quand même pas l'oeuvre de ce putain de Saint Esprit, hein ! » qu'il rugit. Reculerait presque d'un pas, abasourdi par ses propres mots. Parce qu'il se rend compte que ce n'est pas sa faute à elle. Et ça ne fait que l'irriter plus encore. Ne pas montrer qu'il a tort même si c'est le cas. Ne pas montrer qu'il est faible même si c'est le cas. Ne plus montrer qu'il a besoin d'elle.
Même si c'est le cas.

Sans vraiment s'en rendre compte, il a lâché ses poignets. Et c'est quand il fond sur elle, rapace aux serres tendues vers sa silhouette, qu'il susurre : « Oui, d'explications, » avant d'écraser ses lèvres sur les siennes plus qu'il ne l'embrasse. Parce que ça ne ressemble pas à un baiser, pas à de l'amour, pas même à de l'attirance. Geste à priori tendre qui ne sert que d'attaque supplémentaire. Comme pour lui rappeler, la faire culpabiliser, tout remettre en question. Ses choix, ses décisions. Lui faire mal, comme ça lui avait mal, à l'époque - comme il en avait encore mal aujourd'hui, parfois, visiblement. Mais la voix qui s'élève dans son crâne se met à ricaner. Et si ça lui fait rien, t'y as pensé à ça ? Peut-être qu'elle ne t'aimait même pas. Peut-être qu'elle n'en a même pas souffert. Peut-être que tu t'es fait avoir, comme à chaque fois. Pensées acerbes qui viennent finir de découper le peu d'assurance qu'il possède sous son allure enflammée. Bien que la colère qui lui permet de donner le change, quand tous ses piliers menacent pourtant de s'effondrer. Les fondations qui tremblent et le géant en lui qui continue de frapper pourtant. Abattre les poutres, tout réduire en ruine, tout transformer en cendres. Pourquoi se sent-il si trahi, soudain ? Pourquoi n'a-t-il jamais pensé, avant ça, qu'elle pouvait l'avoir simplement trompé ? Qu'elle en avait aimé un autre quand elle le lui disait à lui, qu'elle pensait à un autre visage quand il approchait le sien ? Et puis, en quoi est-ce important, aujourd'hui, près de six ans plus tard ? Il la fixe mais ne la voit pas vraiment. Ne voit pas sa main portée à sa bouche violée, ne voit pas ce que son regard voudrait lui crier. Ne voit plus rien, Nox, sous un voile si opaque qu'il lui brouille toute la réalité. Peut-être qu'Asta a raison, finalement. Peut-être qu'il devrait consulter, voir un psy. Peut-être qu'il est complètement taré.

Alors qu'elle s'appuie contre un meuble, Nox se sent tanguer. Ne se connait aucune béquille pour le soutenir et sûrement qu'il vacille un peu, intérieurement plus que physiquement, le regard perdu dans un vide où des visages agonisants viennent cracher leurs souffles mortuaires contre sa figure. Il hausse les épaules mollement face à ses questions, essoufflé depuis l'intérieur, comme si l'ouragan avait tout dévasté et qu'il ne restait rien. Ni rancune, ni colère, ni même de sol où reposer les pieds. Rien qu'un enfer fait de flammes et d'acide. Rien qu'une meute déchaînée prête à le dévorer tout entier, comme lui dévore son monde inlassablement. Devrait avoir l'habitude, pourtant. S'est toujours dit qu'il n'avait qu'une alliée - la colère. Une amie fourbe et traître, qui débarque toujours brusquement pour s'échapper tout aussi vite et le laisser là, démuni, face aux ruines qu'elle l'a poussé à créer. Face à ses actes et ses mots dénués de sens et de raison. Les mots l'atteignent, pourtant, bien la preuve qu'il reste encore quelque chose à sauver et ça finit de le faire chanceler. Trouve néanmoins la force de quelques pas hagards, comme s'il était saoul, à presque trébucher jusqu'au canapé, y laisser tomber une carcasse ramollie et pourtant tendue comme les cordes d'un arc. Mais le carquois est vide et il ne lui reste aucune flèche a décocher - la rage aussi les a emportées avec elle. Le regard en eaux troubles, qu'il tente d'affronter le sien, d'encaisser les mots, autant d'attaques à bout portant, qu'il prend chaque question comme une balle. Il secoue la tête plusieurs fois, avant de se prendre la tête entre les mains en continuant de la bouger de droite à gauche, comme s'il voulait qu'elle se taise, qu'elle la boucle, ne plus l'entendre, ne plus l'entendre. Ne plus entendre la vérité. « Ce que je cache ? » qu'il répète d'une voix sifflante, ressemblant aux dernières minutes de vie d'un aspirateur usé. Ne relève toujours pas les yeux vers elle, à fixer le sol qui tangue au rythme de ses mouvements inlassables. Aurait bien besoin de s'assommer. Mais avec quoi, avec qui ?

Je suis désolée. Et ça devrait l'apaiser, peut-être. N'est-ce pas les mots qu'il voulait qu'elle prononce ? Pourtant, ça ne fait qu'instiller plus de cette terreur moqueuse qui grignote son assurance à coups de dents pointues. Déchiquète le peu de hargne qu'il lui reste, à croire qu'il a tout usé d'un seul coup et qu'il n'a plus aucune munition. Se retrouve là, de nouveau désarmé, Nox. Comme un con. Bien comme ça qu'il se voit à cet instant. À se comporter comme un adolescent en crise qui mettra quinze ans à comprendre que sa mère avait raison. Mais Maluum n'est pas sa mère ; et sa mère, il l'a dévorée. N'y pense jamais, réellement jamais, épisode traumatisant qu'il a enfoui au plus profond de lui jusqu'à parfois se convaincre l'avoir inventé. Pourtant, les images lui reviennent brusquement, débordent de son cerveau pour lui rappeler le son de ses os qui craquaient dans sa mâchoire, pour se rappeler l'odeur de son sang qui lui coulait sur le menton, le goût de sa chair quand elle descendait le long de sa trachée. Ce soir-là, il avait eu besoin d'aide. Et la seule chose qui avait répondu à son appel avait été un monstre. N'entend pas sa détresse, n'entend pas sa voix étouffée, concentré sur lui-même, comme toujours, cruellement égoïste. « Arrête, je t'en prie, arrête, » qu'il la supplie presque, la voix muée en un gémissement tortueux qui peine à franchir la barrière de ses lèvres. Colère muée en peur féroce, à n'plus pouvoir penser ni réfléchir. Aimerait lui dire qu'il raconte n'importe quoi, qu'il regrette déjà ses mots, mais il ne le fait pas. Par fierté ou simple incapacité à formuler clairement son retranchement. « Non, Mal, non ! » qu'il s'emporte de nouveau, mais quand il relève le visage vers elle, son regard clair est cisaillé de douleur. D'une douleur coupable, d'une douleur palpable. Aimerait l'enterrer, cette douleur. Comme il l'a fait pendant vingt-deux ans. Ou vingt-trois. N'est même plus sûr de son âge, à sa fille. Se mord fermement l'intérieur de la joue, comme pour retenir son venin, à s'en faire saigner, seulement là qu'il cesse. Semble essoufflé, comme après un véritable combat - celui qui se joue en lui, sûrement. Ou juste épuisé de lui avoir gueulé dessus comme un salaud. Ce que tu es. Sans aucun doute, certainement. Puisqu'il s'évertue à le faire penser à tous, à le démontrer à quiconque voudrait croire que ce n'est pas vrai.

« Si j'ai rien dit, c'est parce que... » Elle a raison, même plus capable de finir ses phrases, Griffin. Les mains retombées sur les genoux depuis qu'il a lâché son crâne, le regard criant au secours mais le corps qui reste vissé au divan. « J'avais dix-neuf ans, Mal, j'voulais... j'voulais pas. J'ai jamais voulu. » Avoir un enfant. Sûrement le sait-elle déjà, sûrement qu'la question est déjà venue à l'époque de leur union, peut-être, au détour discret d'une discussion épineuse. Suggère donc que sa fille n'est qu'une erreur, pire excuse possible soit-il. Pourtant, pour Nox, c'est la vérité. Une putain d'erreur dont il n'a de cesse de se mordre les doigts. « C'est pas comme si, j'avais pu y réfléchir, envisager quelque chose, m'dire que ça pouvait s'faire. » Parle dans le vide, peut-être, la voix hachée, les mots s'enfilant plus vite qu'il ne parlerait normalement. Baisse les yeux lentement. Les souvenirs sont encore là. À fleur de peau, à fleur de mémoire, comme tous ceux qu'il s'escrime à enterrer. Je suis enceinte, Nox. De toi. « C'était avec... une prostituée. » Pas franchement comme s'ils s'aimaient, même si Nox avait une certaine affection pour elle. Pas franchement comme s'ils avaient pu en discuter, vu la violence fuite qu'il avait entrepris après l'annonce. « J'pensais qu'on l'adopterait, qu'elle aurait une... un... » Un meilleur père que moi. Quel genre de père aurait-il fait ? Vaut-il mieux un mauvais père ou ne pas en avoir du tout ? Ses yeux se ferment, le crâne broyé par la culpabilité qui lui remonte le long de l'échine. Se sent brûlant, soudain, comme fiévreux. Les flammes de la honte, qui le dégustent lentement, se délectent des aveux jamais prononcés, à personne. Pas même à son meilleur pote, l'seul à savoir. L'seul à lui avoir fait penser que ça pouvait être normal, comme acte. Vu qu'ce dernier aussi, n'avait jamais reconnu sa fille. Alors, Nox avait enterré. Creusé un millier de trous dans le jardin de son âme, pour y enfouir tous ces corps qu'il semait derrière-lui comme une malédiction.
Et y avait pas eu besoin de la bête pour tout ça.

C'est un regard plus recomposé qu'il relève enfin vers elle. Se sent éreinté, psychologiquement parlant, comme si une déneigeuse géante avait rasé toutes les murailles de son château de glace intérieur. « J'ai rien dit, parce que personne ne connait son existence. » Sauf moi. Sauf toi, maintenant. Sauf sa mère, évidemment, revenue en ville après vingt ans d'absence. Aussi coupable que lui. Et au bord des cils, l'océan de ses yeux clairs vient rejeter une écume sale qui menace de déborder. Les larmes, celle-là même qu'il se refuse depuis toujours, à ne jamais les laisser l'envahir, pas même lorsqu'il est parfaitement seul. Lui semble qu'il n'a pas pleuré depuis une éternité, Nox, consolidé dans son armure qui se révèle aujourd'hui être en carton. Se prend de nouveau la tête entre les mains, comme pour lui cacher, parce qu'il ne faut pas qu'elle voit, personne, personne ne doit jamais le voir comme ça. « Et si elle n'existait pour personne, c'était un peu comme si elle n'existait pas du tout. » Comme si c'était plus léger à porter, comme fardeau. Que ça lui donnait moins d'existence, moins d'importance. Que ça l'inculpait moins, lui. Sent ses paumes se couvrir d'une humidité qui l'exècre, à essuyer son visage en mouvements hâtifs et fébriles. « J'voulais pas que tu me voies comme ça. » On ne sait pas vraiment de quoi il parle. Comme là, maintenant, faible et larmoyant. Colérique, instable, rancunier. Ou comme ça autrefois. Comme un homme qui aurait abandonné son enfant. « Sinon, tu... » m'aurait quitté plus vite encore. Et la finalité restait la même, pourtant. Se dit, seulement maintenant, que s'il lui avait dit, elle lui aurait peut-être donner la force. La force de l'adopter, de finaliser ces papiers restés depuis plus de dix ans dans sa boîte à gant, qui y sont encore, jaunis et froissés. Termine d'éponger son faciès, à espérer que les larmes n'ont pas laissé de sillons trop rouges sur sa peau, à relever une ultime fois le regard sur elle. « Et non, pour moi, c'étaient pas des mensonges. On n'était pas un mensonge. » Soupire comme s'il s'ôtait un poids des épaules - ou en rajoutait un nouveau, sur la pile devenue si fragile à force de rajouter des cartons en son sommet. Mais sa voix, sur le moment, ne tremble pas. « Je t'aimais, Mal. » Brille une interrogation fébrile dans ses yeux lacérés en toutes parts, rougis par les pleurs inavouables, et toi, tu m'aimais ou c'était un mensonge ? « Pardonne-moi. Pour... tout. » Le chuchote d'une voix à peine audible. Désigne la pièce, ramène sa main contre sa jambe mollement, se soustrait à son regard lentement.

Pour cette crise, pour ma colère, pour t'avoir accusée, pour t'avoir menti, pour t'avoir caché l'existence de Percy, pour me venger sur toi, pour te donner envie d'me tuer, pour avoir croisé ta route dix ans plus tôt, pour être un monstre.

janvier 2021 - @maluum rudisha



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Re: run baby run (maluum)
Mer 24 Mar - 0:05



C’était ce qu’il pensait, il lui en assurait. Mais Nox était-il seulement capable de penser à cet instant ? Pouvait-il encore être lui-même alors qu’il ne l’était qu’à moitié, dans un duel permanent entre son humanité et sa bestialité ? Peut-être pour la première fois, à cet instant, Maluum douta. Par sa force de ses mains sur ses poignets, une force presque surhumaine, qu’elle ne connaissait pas, car elle n’avait jamais dû faire face à sa brutalité. Comme son ton, fulminant de colère. Son incompréhension, du choix du destin, du Saint-Esprit, du karma, peu importait le nom que lui donnaient les vivants. Nox n’en était pas satisfait, il devait trouver un coupable, une forme, une entité vivante à son mal. Et c’était elle, victime de sa hargne dont elle ne pouvait qu’être le témoin, encaissant les chocs, les mots et les maux dont elle se sentait étrangement impliquée, coupable à cause de son absence comme il lui reprocha. Et s’il avait raison ? Aurait-elle pu éviter ce drame ? Aurait-il été ailleurs, si tous deux avaient continué à être ensemble ?
Non. Rien n’aurait changé. Un autre aurait été mordu. Un autre aurait été l’objet d’un drame pour une famille, des enfants, des parents, des amants. Sa culpabilité se dissipa à l’écho de sa voix, aux explications qu’elle n’a jamais fournies, à l’interrogation qui en suivit et à la déception de son baiser forcé. Un geste violent, rencontre traumatisante après des années dévouées, des lèvres qui avait auparavant été accoutumé à une douceur onctueuse dont la mémoire fut brisée.

Déstabilisée, retrouvant un semblant d’équilibre en posant une main sur le premier meuble venu, Maluum trouva l’énergie nécessaire pour répondre. Au-delà de Nox, elle s’adressa à sa colère, sa furieuse rancœur dont elle a été la bête noire, le jouet de son amertume. Elle l’observa tanguer, à mesure qu’elle crachait ses pensées. Jusqu’à ce qu’il s'affale une nouvelle fois sur son canapé, l’air hagard par ses dires à s’en cacher les oreilles tel un enfant, évitant son regard, gêné par la vérité. Mais était-ce véridique ? Sournoise dans son dernier reproche, Maluum l’accusa de cacher des secrets inavoués, comme s’il lui devait encore quelque chose, alors qu’ils n’étaient plus un couple. Concrètement, il ne lui devait rien. C’était elle qui avait proposé son aide, refusant la terrible réalité. Elle lui en voulait oui. Parce qu’elle se voyait en lui. Parce qu’elle aussi, avait des choses à cacher. Pensive, détruite, meurtrie, elle le rejoignit sur ce même canapé, genoux contre son thorax, paumes sur le visage, boule de femme enfermée dans sa passion et la gloire retrouvée après une déchéance affolée.

Mais Maluum n’arrêta pas. Elle avait besoin de savoir, si leur relation était fausse, s’il l’avait utilisé comme il venait de le faire comme le bouc émissaire qu’elle était devenue, soudainement responsable des malheurs du monde de Nox Griffin. Il la regarda enfin, du moins, Maluum semblait le percevoir. Elle ne regarda que furtivement ses pupilles, fatiguée, lasse d’avoir encaissée autant de rancune, ne s’attardant que brièvement sur ses yeux clairs. Puis il confessa, presque tremblant l’ancien shérif, et c’était peut-être parce que sa voix avait un ton diamétralement opposé de sa hargne ravageur qu’elle osa s’attarder de nouveau sur son regard. Démuni, en proie à la détresse, l’ayant confronté à sa réalité, à avouer. J’ai jamais voulu, autre aveu dont Maluum perçoit l'ambiguïté. Des enfants, projet auquel elle s’était fermée, traumatisée, désenchantée par sa propre perte, son incapacité à donner la vie, son corps ayant enfanté la mort en fausse-couche prématurée. Une peine qui lui a épargné, témoin de ses pertes l’ayant mené à sa brèche émotionnelle et affective. C’était réellement de ma faute, qu’elle se mit à penser. Peut-être n’était-elle pas directement fautive, mais Maluum se sentait responsable des secrets qu’il n’avait jamais osé lui avouer. C'était un peu comme si elle n'existait pas du tout. « Mon Dieu, Nox… » murmura-t-elle, effrayée qu’il en soit venu à cette conclusion. L’effacer de son existence, ainsi avait été son choix. Alors qu'elle avait dû l’accepter pour son propre enfant. Maluum, elle, vivait encore avec cette âme qu’elle n’a jamais connue et qui était pourtant en elle au moment de sa mort. Elle avait tant de fois tenté de le contacter, son enfant, mais aussi son mari, refusant leur départ, ayant tenté des rituels jamais osés pour percevoir, parler, sentir une parcelle des deux âmes qui les avait quittées. Et que sa seule réponse fut le néant. Comme s’ils n’existaient plus du tout. Maluum sentit une larme traverser l’entièreté de son visage qu’elle n’eut pas la force de déblayer. Elle tourna lentement son visage vers Nox qui ne voulait pas qu’il la voie comme ça, là, maintenant, larmoyant et désemparé, ou à l’époque, comme un homme ayant abandonné sa fille. Mais ce ne fut pas son geste qui la blessa le plus. C’était son manque de confiance à une époque où elle était trop faible à ses yeux pour lui révéler ses plus sombres secrets. Alors que lui avait été le témoin de ses pertes, les plus précieuses de sa vie.

Je t'aimais, Mal. Il affirma, sans trembler, mais ce ne fut pas son ton qui l'avait convaincu. Ce fut ses yeux. Il la cherchait, quémandant une réponse, une confirmation qu'elle aussi, était sincère. Elle su alors qu'il disait vrai. Elle secoua la tête de droite à gauche face à ses excuses, de manière si délicate que c'en fut pratiquement imperceptible. Son regard détourné, Maluum se redressa, le dos droit. Elle posa alors une main sur l’épaule de Nox, cherchant son attention. « Nox, ta fille, retrouve-la. Tu dois la retrouver. » Elle passa ses fins doigts sur son visage creusé, si ses yeux n’étaient pas suffisants pour avoir trahi ses larmes par ses veines rougeâtres qui contrastaient dangereusement avec le bleu océan de ses pupilles, ses joues humides faiblement séchées d'un revers de la main finissaient de le dénoncer. « Pardonne-moi aussi. » Elle s’approcha de quelques centimètres, laissant sa main collée sur sa joue, dont le pouce caressait ce qui lui restait de peau entre sa joue et ses yeux. « Pardonne-moi d’avoir été faible quand on s’est rencontré. » avoua-t-elle la gorge nouée. Elle se leva légèrement et enroula ses bras autour de son cou et derrière son crâne, emprisonnant l'intégralité de son visage dans le creux de son cou. Des flashback du passé la faisait baisser les yeux tandis que des diapositives de souvenirs défilaient dans sa mémoire « Merci de m’avoir protégé tout ce temps. » souffla-t-elle tremblante. D’émotions oui, mais avant tout de honte. Honteuse d’avoir été tenue secrète des tourments de l’homme qu’elle aimait. Elle le garda ainsi, dans l'enfoncement de son cou, alors qu’elle-même avait failli refuser son étreinte auparavant. La même étreinte. Pour se cacher. Il ne fallait jamais faire confiance aux enlacements. C'est le meilleur moyen pour cacher un visage. Un paradoxe étrange qui ne l’arrêta pas, pressentant une émotion qu’elle appréhendait. Un danger à venir. Elle ne savait pas de quelle sorte. Mais elle soupçonnait un futur incertain, pour lui, pour eux, ce qu’ils avaient été. « Tu ferais un bon père. » Un aveu qu'elle pensait réellement, qu'elle pensait déjà à l'époque. Il ne désirait pas son enfant à une période où il ne se sentait pas prêt, et bien qu'une partie d'elle lui en tenait rigueur, l'autre voulait le rassurer. Car le Nox qu'elle avait connu aurait été prêt, elle le savait. Mais ce fut elle et elle seule qui l'empêcha de se construire autour de cette pensée. Parce que elle, ne voulait plus être mère. Ironie du sort, lorsque son culte l'a nomma mommy, faisait d'elle une mère pour tous. Elle lui insufflait son énergie par son cœur dorénavant en effluves dispersés. Elle le garda ainsi, ses bras autour de sa tête, contre elle, créant un cercle de protection autour de lui. Pendant de longues secondes, ou peut-être des minutes, sans le serrer, sans le forcer, tout en caressant son cuir chevelu d'un geste lent, maternel, comme si chaque caresse lui faisait également retrouver sa force. Et ça fonctionnait. Une nouvelle vigueur naissait en elle. Sa voix était plus stable, sûre d’elle, presque grave dans son intonation. « Mais tu n’as plus à me protéger. » Elle glissa peu à peu jusqu’à prendre l’entièreté de son visage entre ses mains. Ses pupilles passèrent de son œil droit à son œil gauche avant de l’embrasser tendrement sur son front. Un geste d’affection pour l’homme jadis aimé, et de pardon face à ses pulsions incontrôlées. « Moi aussi, je t’aimais. » qu’elle confessa en retour, avec piété, sans cligner, comme pour prouver en plus des mots la véracité de ses propos. Elle lâcha peu à peu son visage, sauf sa joue gauche, qui a été la victime de ses pulsions un instant plus tôt. « Excuse-moi pour… ça. » Puis elle le libéra de son contact, détournant le visage, s’autorisant à se concentrer sur sa respiration quelques instants, s’étant presque oubliée.

Maluum renifla sensiblement à mesure qu’elle se releva. Elle marcha par inadvertance sur un de ses papiers brouillons qui avait été déblayé de la table. Elle se baissa pour ramasser le plus gros de son travail -le désordre la déstabilisait- tout en s’adressant à Nox. « Nox, tu dois rester humain, mais… » Elle s’arrêta quelques instants, rassemblant ses esprits. Elle savait pertinemment ce que ses mots signifiaient. Pour rester humain, il devait se nourrir. De viande humaine. Encouragement belliqueux, mais qui était d’une importance majeure. Sa conscience devait perdurer autrement, la bête allait gagner. Car cette hargne dont il avait fait preuve, n’était-ce pas un avant-goût de ce qui attendait le destin de Nox ? Une force démesurée et des passions déchaînées. Elle leva de nouveau son regard pour capturer le sien, envoyant des ondes brutales et sévères. « … ne mords plus jamais personne, je t’en prie, plus jamais. » Aussi borné était-il, Maluum savait qu’il n’était pas non plus dénué de bon sens, pas encore. « D’ailleurs, tu sais que tu ne me laisses pas le choix. » continuait-elle en rassemblant ses feuilles en paquet grossier qu’elle déposa sur la table. « J’vais devoir appeler les forces de l’ordre, concernant ce… meurtre que tu dois commettre. » Elle s’approcha de lui tout en pointant un doigt accusateur sur son torse qu’elle remonta en bas de son menton qu’elle souleva. « Heureusement que je connais bien le shérif adjoint. » rajouta-t-elle d’un ton las, soudainement épuisée par la situation et la légèreté de son ton qu’elle n’avait plus la force de hausser. Elle ne le dénoncerait pas, il le savait aussi bien qu'elle. Ne pourrait pas, même si elle le voulait. Maluum évitait les forces de l’ordre comme un vampire s'éloignait du soleil. Ils sont ses ennemis. Comme Nox devrait l’être. Mais elle avait choisi de l’aider. Au détriment de sa famille. Si le boss savait, qu'elle songea une nouvelle fois, sa fidélité mise sur une balance qui ne faisait que chavirer à cause de ses convictions qu’elle pensait pourtant solide. Maluum traina des pieds jusqu’à s'affaisser sur le canapé, nonchalante, accoudée contre le dossier en soulevant sa tête puis soupira d’exaspération. « Qu’est-ce qu’il t’a pris, Nox, hum ? … » Elle n’était pas certaine de vouloir une réponse. Elle n’était pas certaine que lui-même ait une réponse tangible à lui fournir. Elle tendit une main vers lui, l’invitant à s'asseoir au plus proche. Ne voulait plus l’éloigner. Comme si elle voulait le retrouver, être normal, comme avant, même si ça ne durerait que quelques minutes, même si ça devait être éphémère. Une pause dans ce dédale d’informations tumultueux.

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Re: run baby run (maluum)
Lun 29 Mar - 17:56

run baby run

Mais lorsqu'elle le rejoint sur le canapé, il se raidit. Comme l'animal qui franchit la porte de la tanière choisie pour trouver refuge. S'attend à tout, Nox. À ce qu'elle le gifle encore, lui hurle dessus, lui demande de partir. Pour toujours, cette fois. Alors, les mots s'enchainent. Maladroits, pulvérisés par la honte et la cruauté de son sort qui, a bien des égards, n'a été provoqué que par lui-même. Il réalise l'incohérence de sa colère, de sa rancoeur, à toujours chercher une cible à portée de mains pour éviter de s'écraser le missile sur lui-même. Comme s'il cherchait un partenaire pour porter le fardeau à sa place, ou au moins une partie, un bout, une infime quantité de ce qui l'entraine au fond de l'abîme jour après jour. Mois après mois. Année après année. Ne pourrait plus se reconnaître, si seulement il se souvenait celui qu'il a été. Et si elle affronte enfin son regard dans toute sa totalité, lui affronte la larme qu'il voit rouler sur sa joue. La peine le crucifie un peu plus dans l'humiliation. C'est de ma faute. Si elle pleure. Si elle m'a quitté il y a six ans. Si elle a passé des jours entiers à chercher un remède qui n'existe pas. Et quand elle détourne le regard, c'est au tour de lui de fixer aussi ailleurs. Les pupilles arpentent les papiers envolés, ceux qu'il a lui-même jetés au au sol, fixe leurs contours parfois froissés, par son geste si brusque. L'émotion instable, il redoute déjà le moment où la hargne viendra le relever. Prendre la relève. Redonner au soldat toute sa gloire et sa grandeur. Quand il viendra balayer d'un coup de pied l'angoisse et la douleur, pour le pousser à sortir les dents de nouveau. Pour pousser l'animal à reprendre le dessus. Tout, plutôt que cette image faible. Mais Nox n'est pas encore prêt à l'affronter. À s'affronter lui-même. Soudainement las, vidé de cette énergie nocive et fulgurante. Et sa main sur son épaule le fait brusquement sursauter.

Il tourne vivement son visage vers elle, comme s'il était prêt à la mordre. Reste figé pourtant, comme si le contact le brûlait. Les mots le prennent à la gorge, comme une nausée foudroyante qui ne se résout pourtant pas à passer. « J'ai.. J'ai essayé... » De la retrouver. Deux semaines passées hors d'Exeter, à fouiller chaque ville alentours. Quatorze jours d'angoisse où il avait fuit son propre monstre pour en découvrir un autre, à ses côtés. Trois cent trente-six heures de solitude à deux, avec Jaimini, à frapper du poing contre chaque porte, armés d'une simple photo. Vingt mille cent soixante minutes d'échec cuisant. Plus d'un million de secondes gaspillées à courir après une ombre, à tenter de rattraper un fantôme. Volatilisée, la gamine. Et quelque part, cruellement, Nox aurait préféré qu'on la retrouve. Même sans vie. Car il sait que l'attente de la voir ressurgir un jour est bien plus terrible qu'un deuil. Il tressaille au passage de sa main sur son visage, qui lui semble glacée là où les larmes ont laissé des sillons brûlants. La honte revient lui creuser un peu plus l'échine, déjà courbée par l'affront, déjà endeuillée du masque qu'elle a laissé glissé pour dévoiler l'être terrorisé qui se cache dessous. Il la sent se rapprocher mais ne bouge pas, quand tout son corps crierait presque à la distance, soudainement, comme pris en étau entre deux facettes de lui-même qu'il ne peut plus encaisser, comme cet animal au fond du cul-de-sac quand les chasseurs se dressent face à la seule sortie envisageable. Et s'enfuir relève soudain de la mission suicide. Alors Nox reste sans bouger, le souffle encore happé par les salves douloureuses qui s'ébattent en lui. Les mots le brutalisent bien plus qu'il n'y parait, mais il se retrouve brusquement contre elle, sans l'avoir pensé, sans avoir réagi, sans l'avoir vraiment vu venir.

L'étreinte lui arrache un soupir ténu au bord des lèvres. La tempe déposée contre la peau de son cou, il lui semble que les dernières digues cèdent et que l'eau boueuse que le barrage tentait encore de retenir ne se connait plus aucune laisse. Et les larmes débordent, plus nombreuses encore, plus épaisses, dans un silence criminel. Dévalent ses joues, jusqu'à se perdre dans sa barbe, l'escalader pour finir leur chute sur Maluum. Ses bras se referment dans son dos, par instinct, par besoin. De cette chaleur, de ce contact, comme un enfant le ferait dans les bras de sa mère, comme un homme le ferait dans les bras de sa femme - ou l'inverse. « Tu n'étais... pas.. faible... » La voix entrecoupée de sanglots muselés, qu'il ne se permet pas de libérer comme ils le voudraient. Une supplication diffuse, presque inaudible, absolument incompréhensible s'échappe alors de ses lèvres revenues se clore dans sa nuque. Il essaie de se concentrer sur l'odeur de sa peau, de ses cheveux, sur son corps répondant contre le sien, mais les flashs harcèlent sa vision, même sous les paupières closes. Surtout, d'ailleurs, les yeux fermés. Ne peut lui répondre mais aimerait lui dire. Qu'il n'a jamais eu besoin de la protéger. Qu'il aurait dû le faire. La protéger, de tout, de lui. Mais visiblement, il n'en avait pas été capable non plus. Et finalement, le sanglot s'échappe comme un fugitif dont les portes sont ses lèvres. Dans un espèce de râle un peu rauque, un peu vibrant. Ne parvient pas à lui répondre. Lui répondre qu'il ne veut pas. Ne veut plus. Être père. Comment peut-elle lui dire qu'elle en ferait un bon ? Alors qu'il a abandonné sa fille ? Alors qu'il l'a laissé entre les mains des foyers et des orphelinats ? Alors qu'il n'a jamais eu le courage de lui dire la vérité ?

Quand elle lui attrape le visage, il force un peu, avec l'énergie du désespoir, à tendre la nuque vers l'arrière comme pour se dégager sans vraiment chercher à le faire. Le regard fuyant, rougi, la gueule défigurée par les larmes, par le chagrin, par la honte, la colère, la terreur, par finalement trop de choses, véritable Picasso sur son faciès, distillé dans ses iris comme autant de comètes. Bouquet final d'un feu d'artifice qui a mis le feu à tout ce qu'il y a autour. Le coeur qui se remet à battre, lui semble-t-il, comme s'il s'était tu pendant l'étreinte, à s'emballer brusquement quand il la voit se pencher. Comme s'il espérais. Mais ses lèvres se posent sur son front et il ferme un instant les paupières. Le souffle qui se réapprivoise, en douloureux sursauts dans sa gorge, là où ça brûle comme si un char d'acide y était passé. Il secoue légèrement la tête. « C'était mérité. » Et il l'a déjà oublié. En avait eu besoin pour se réveiller, visiblement. Qu'on le remette à sa place. Elle se détache de lui et c'est avec un goût amer qu'il écarte les bras pour la laisser se lever. Y serait bien resté un peu plus, se rend compte. Il la suit lentement des yeux, bien incapable de se lever à son tour, à juste se redresser pour avoir l'air moins avachi. Moins pitoyable. Et il aurait bien envie de contrer ce qui sonne comme des ordres à ses oreilles, envie d'instiller encore un peu de hargne pour se dresser face à elle, face à tout ce qu'on pouvait bien penser qu'il pouvait ou devait faire et ne pas faire. La laisse le sermonner comme un enfant, à relever le menton pour la fusiller d'un regard même pas si sévère que ça. Comme s'il n'y parvenait plus ou devinait la légèreté dans sa voix. Comme si elle l'excusait un peu, comme ça. Le silence pour seule défense, le regard qui s'époumone à la suivre, parmi le chaos régnant maintenant dans son salon, par sa faute. Pantin désarticulé, qui se laisse chahuter après avoir usé ses dernières batteries. Après avoir grillé toutes les piles en réserve. Il n'ose pas l'approcher. Par peur de ses propres envies, à lui, réveillées en écho des souvenirs. Mais les souvenirs appartiennent au passé et Nox a un goût amer en bouche. Celui qui aurait voulu, peut-être, les conjuguer au présent, quand leurs verbes se sont déjà essayés à s'enchaîner sur la même phrase. Qu'elle l'avait quitté d'un point et qu'il ne lui était resté qu'un point virgule.

Lentement, le flic hausse les épaules. Les larmes se sont taries, la colère est toujours enterrée sous les décombres des ruines effondrées. Mais elle lui tend la main, rapprochant les deux factions ennemies, appelant peut-être à prolonger la trêve, à se revêtir d'illusions d'alliance. Et le coeur de Nox s'agite un peu plus. Il parait hésitant une seconde, avant de la lui attraper, paraissant avoir retrouvé un peu de contenance, un calme surfait, trompeur, sûrement illusoire. Comble le vide laissé par ce qu'il peut ; et c'est son invitation qui le surprend dans l'immensité de son subconscient. Mais plutôt que de se rapprocher d'elle comme sa main tendait à l'inviter, il choisit plutôt de l'attirer doucement vers lui. Sans plus vraiment de fermeté, sans plus vouloir la forcer, à juste l'échouer contre lui. Il n'a toujours pas répondu, ne sait pas de quoi elle parle exactement, mais le silence ne couvrira pas ses accusations justifiées bien longtemps. Alors, il glisse son bras derrière sa nuque et sa main libre vient caresser son visage, lentement. Y effacer les dernières traces des larmes, autant de preuves à conviction de sa culpabilité, à lui. Comme s'il avait pleuré à sa place. « Je ne sais pas. » Réponse facile et pourtant cruellement sincère. Aveu déposé contre ses cheveux, quand il vient enfouir son museau au milieu d'eux. Respire lentement son parfum, s'enivre, peut-être trop. Il ferme les yeux, contre elle, la main dans son dos qui raffermit un peu plus le contact. La serre un peu plus contre lui. « Il.. il voulait se battre, il.. s'est jeté sur moi et. Et. » Au fond, n'en a-t-il pas déjà trop dit ? Il pousse un soupir discret. « Et il continuait de me provoquer. Et tout ce sang, c'était... » Encore une phrase inachevée. Mais il a un brusque sursaut, se redresse vivement en dénouant ses bras pour attraper son visage en coupe au creux de ses mains. La détresse vient noyer l'océan de ses prunelles, de nouveau. Une urgence qui le saisit directement près de l'aorte. « Mais ça ne se reproduira plus. Plus jamais, » qu'il répète doucement, en inclinant légèrement la nuque, que son nez vient frôler le sien. Les tambours du palpitant qui recommencent à battre des percussions au fond de son poitrail. Toujours près du feu, toujours trop près des flammes, toujours à rechercher la prochaine brûlure. Et l'ajouter encore au tableau de chasse, ces trophées aux contours tranchants qu'il compte et recompte, pour mieux les laisser le découper plus tard. Dans les heures noires des nuits blanches. Presque tendrement, de son pouce, il caresse sa joue. Frotte son minois contre le sien, comme pour y mélanger les larmes, comme pour les faire fondre, disparaître, les fusionner. Les yeux clos, qu'il se berce dans ces impressions d'antan. Quand il lui semblait que tout était plus simple, finalement. Quand elle souffrait et qu'il lui suffisait d'épancher sa douleur. Et embarqué dans le flot d'émotions, barque à la dérive dont il a laissé couler les rames, il s'approche dangereusement des chutes. Laisse son souffle se suspendre à ses lèvres, s'échouer contre son visage. « Pardonne-moi. » qu'il chuchote d'un ton bas. Ses yeux s'ouvrent en grands, illuminent son visage dévoré de grands faisceaux bleutés et meurtris. Sans vraiment s'en rendre compte, une de ses dextres a quitté son menton pour s'épancher à l'arrière de sa nuque. Sans vraiment la retenir pourtant. Il vient déposer ses lèvres presque timidement contre sa joue qu'il sent encore humide. Ou peut-être est-ce simplement son imagination. Et son geste se suspend, il conserve la proximité troublante, le regard qui devient comme translucide. Encore plus pâle, encore plus effronté. « Il faut, qu'il souffle, si près de ses lèvres, sans parvenir à se détacher de ses yeux, que j'y aille. » Pourtant, il ne fait pas le moindre mouvement. Paralysé. Alangui par le contact, à déposer lentement son front contre sa joue pour s'interdire le pire. Pour s'interdire même d'en avoir envie, soudainement, honteusement. Avec la crainte de passer la porte et de n'avoir plus jamais le droit d'y revenir. Avec l'angoisse de la quitter et cette fois, pour toujours. Avec l'humiliation d'avoir envie qu'elle le retienne. Et un sourire se permet de prendre ses lèvres en otage, à peine visible, discret comme une ligne tracée au crayon à papier. Juste de l'imaginer. Ferme ses yeux encore une seconde, le temps de profiter. Un répit au milieu d'une perpétuité à combattre. Les armes baissées, abandonnées au sol, son visage délaissé contre le sien, à juste se nourrir de cette étreinte sûrement trop intime, à l'imaginer le retenir et poursuivre, à juste se donner de quoi se fusiller encore, simplement pour avoir osé y penser.

janvier 2021 - @maluum rudisha



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Re: run baby run (maluum)
Jeu 1 Avr - 13:25



J’ai essayé affirma-t-il, et elle acquiesça, ne doutant pas un instant de sa véracité, de son talent pour l’investigation, moyen déployé et intention décuplée par un désir de filiation du sang forgé par les tripes. Alors qu’elle déposa délicatement sa tête dans le creux de son cou, elle songea, pensive concernant ce Nox qu’elle ne connaissait pas, un Nox qu’elle n’a jamais vu parent. D’une conviction franche, qu’elle lui avoua qu’il en ferait un bon, de père. Peut-être aurait-il pu être aussi bon que Bekki. Bekki lui, était prêt. Il n’attendait que ça, être père. Lorsque Maluum lui avait annoncé l’événement, l’anxiété et l'impatience au cœur, qu’elle se souvenait encore de ses larmes de joie et son excitation. Qu’il ne lui restait dorénavant que la mémoire de son sourire et les éclats de sa voix qui demeurait comme le perpétuel écho de sa conscience. Une douleur qui avait été apaisée dans les bras de l’homme dont elle tenait le visage dans ses bras, comme empaquetée, en sécurité. Qu’elle sentait ses bras se refermer sur son dos, alors elle accentua ses caresses sur son cuir chevelu, d’un geste lent et rassurant. Cette proximité, Maluum la pressentait comme étant dangereuse ; elle n'était plus censée exister. Un rapprochement que Maluum transgressait impunément, une mélancolie ravageuse qui la prenait au cœur et qui tressaillait de par son sang à la circulation ardente.

Et malgré le fait que son regard était camouflé, elle percevait les sanglots qui coulaient à flots. Ne devait-elle pas se sentir coupable d’être la raison de cette fracture ? Il a rompu, et Maluum continua ses caresses comme une mère avenante face à son enfant dont elle ignorait les tourments. Aujourd’hui, elle le voyait pour la première fois. Désarmé, comme elle l’avait été par le passé. Un échange équivalent dont elle aurait préféré éviter la supplication de son cœur désoeuvré. Mais lorsqu’il échappa par un hoquet sanglotant qu’elle n’était pas faible, elle ne put que sourire, visage cachée de sa vision. Les étreintes, magnifique parade pour dissimuler son visage. Véritablement la meilleure arme à l’encontre des autres âmes. Qu’il suffisait d’une lettre de différence pour piquer à vif et tirailler les sens. Elle percevait ses sanglots comme des lames qu’on lui enfonçait dans son âme. Comment l’âme pouvait être si fragile ? Si apte à percevoir les émotions des autres. Ou peut-être seulement, les émotions des êtres aimés.

Elle le sent bien, qu’il essaye de se dégager, ou pas vraiment, lorsqu’elle met fin à leur étreinte et qu’elle capture son visage entre les paumes de ses mains. Que ses yeux noyés et ses joues gonflées lui piquent le cœur, et en même temps, elle s’en retrouve comme attendrie par cette vulnérabilité qui lui avait jusque-là été interdite. Pas certain que cette gifle ait été mérité, geste démesuré mené par ses pulsions incontrôlées. Maluum s’en souviendra comme du moment où tout lui avait échappé. Et lorsqu’elle lui offrit ses lèvres sur son front aux traits meurtriers, il lui fallut baisser les yeux pour reprendre possession de son corps, et s’oxygéner lentement afin de rassembler son esprit. Il lui fallait bien ça, à Maluum, de ranger ses quelques papiers éparpillés pour retrouver un semblant de cohérence dans le tumulte de son âme à la dérive. Elle s’était rassise peut-être un peu trop vite, invitant Nox à s’approcher, sans doute de manière trop spontanée. Mais elle était éreintée. Ce geste était une trêve. Bien qu’elle attendit une réponse à sa question. Ce qu’il lui avait pris, de faire de telles promesses, de penser pouvoir tout contrôler, comme elle pensait pouvoir le faire également, en lui promettait l’impossible. Un appel auquel il répondit en l’amenant vers lui, et son geste fut d’un tel bercement qu’elle ne put que suivre les remous qu’il provoquait en venant s’ensabler contre lui. Elle ferma les yeux, quelques instants. Moment furtif, flash-back à la fois pesant et réconfortant. De ces nuits contre ce même corps, à sentir sa chaleur fortifiante dans des bras consolants. Rien de plus, suffisant pour la stimuler et l’apaiser, deux concepts autrefois oubliés, pensant qu’elle était loin de le mériter. Ce n’est que lorsqu’elle entendit sa voix nébuleuse, perdue dans ses cheveux, qu’elle rouvrit les yeux. Elle n’était plus sûre de comprendre, Maluum. De quelle anecdote sordide il faisait allusion, un autre aveu, lorsqu’il a mordu cette personne qu’il a condamnée. Et même que ça la peine, Maluum. De ressentir de la déception face à sa confession. Parce qu’il sait, Nox, les dangers de sa condition. Mais que la bête a été plus forte et qu’il n’a pas su résister à la tentation. Et puis il se détacha d’elle, brusquement, ce qui l’étonna, perdue, lorsqu’il attrapa son visage dans le creux de ses mains. Elle fit face à son regard perçant qui lui faisait l'effet d'être naufragée d'un océan déchainé. Mais elle peut néanmoins y percevoir une sorte d’alarme, un impératif dans le ton de ses mots employés. « Je te fais confiance, Nox. » Prouve-moi que j’ai raison. Trop de déception l’avait amené à perdre le contrôle, trop d’incertitude et de frayeur pour un homme dont elle n’avait plus aucune vision sur son avenir, aucun aperçu de ses choix et décisions.

Et Maluum cligna, car son visage était trop proche du sien, pas comme quand ce fut la colère et l’amertume qui l’anima. Même qu’elle baissa les yeux, lorsque son nez frôla le sien. Et qu’elle les releva, lorsque son pouce caressa tendrement sa joue. Qu’elle essaya de trouver une once de raison dans son regard. Mais ce fut bref, car son visage se frotta contre le sien, et Maluum sentait ses débris de larmes se mélanger aux siens, que leurs pleurs ainsi réunis formaient une mer souffreteuse d’agonie. Ça lui rappelait avant. Ça lui rappelait lorsqu’elle se réveillait en pleine nuit, en larmes. Que Nox lui offrait ses bras comme foyer. Qu'elle s’y abandonnait, l’image de l’accident et de sa survie encore en tête. Une culpabilité que la chaleur de Nox soignait, une thérapie apaisante aux effets providentiels. Si bien qu’elle ne comprît pas ce qu’elle devait lui pardonner. Ses choix, peut-être, sa promesse de tuer, sa morsure insensée, sa fille abandonnée. Des tares blâmées sans juger. Que si sa vie avait été la sienne, elle aurait sans doute fait de même. Et il ouvrit si grands ses yeux que Maluum cru qu’elle allait s’éteindre par leur ardeur aveuglante. Puis lorsqu’elle sentit sa main derrière sa nuque, un compte à rebours se déclencha en elle. Elle sentit ses lèvres qui se posèrent contre sa joue, si tendrement qu’elle en expira de surprise. Saisissement du geste, dont la tendresse l'affolait, et de ces lèvres, dangereuses, qui avait été si hargneuses et maintenant offrait une douceur lénifiante. Et qu’elle pouvait sentir son souffle sur ses lèvres lorsqu’il chuchota elle ne savait trop quoi, l’esprit enchaîné à ses yeux, sa concentration ayant abdiqué toute cohésion.

Maluum s’immobilisa. Hors du temps, elle savourait l’instant qu’elle savait évanescent. Osant fermer les paupières, décuplant ses sens, percevant l’âme de Nox qui entrechoque la sienne. C’était douloureux, d’une cruauté agonisante. Elle pouvait littéralement le sentir, ce coup-de-poing cru et sec qui enfonçait son estomac et soulevait son cœur. Et pourtant, Maluum ne bougeait toujours pas. Elle inspira son essence et s'imprégnait de son odeur. Paupières clause, la main de Nox vint se placer derrière sa nuque, délicatement, posément, sans l’attirer vers elle, bien qu’elle ne pouvait difficilement être plus proche de son visage tuméfié. Elle osa les rouvrir, ses paupières, modiquement, sans un souffle, oubliant de respirer et de s’accorder cet instant vital nécessaire pour la circulation de son sang qui bouillonnait dans l’étroitesse de son corps devenu traître. Regard verrouillé aux lèvres de l’ancien être aimé, mains posées sur son torse coagulé, elle goûta leur saveur oubliée. Geste inconsidéré d’une femme désenchantée, aspirant une paix si convoitée.
Et ce fut comme si rien n’avait changé. Comme si les six dernières années avaient toutes eu lieu hier, en un éclair. Madeleine douce et gracieuse, Maluum osa, réitérer son baiser au relent de souvenir extatique. Une étrange pulsion l’habitat, loin de la fougue, distant de l’ivresse, non, c’était encore autre chose. C’était de la chaleur. Qui envahissait son corps, faisait trembler ses os et marquait sa chair. C’était de la glace. Qui paralysait ses membres, engourdissait son esprit et raidissait sa raison. Maluum n’embrassait pas que Nox. Elle embrassait leurs souvenirs, leur passé naturel et ordinaire, des moments dont elle n’avait pas assez profité, semble-t-il, qu’elle le remarque seulement aujourd’hui. Elle embrassait ces diapositives de leur vestige construit à deux. Une réminiscence qui se renouvelait avec fracas. Une communication insensée de son âme qui tremblait par une mémoire devenue cauchemar. Elle embrassait l'interdit, la figure de l'autorité contrecarrant ses ambitions d'expansion, et c'était d'une vigueur à la fois étincelante et vertigineuse. Car ce baiser ne taisait pas son agonie, ça l'amplifiait, la submergeait.
Il ne t’appartient plus.
Alors elle rompa, de la même manière qu’elle l’avait inauguré, lentement, avec précaution, comme effrayée de briser la bulle fragile instaurée dans cet espace hors du temps. Elle fixe son regard dans le creux de ses pupilles encore embrumé. Que leur océan profond l’engloutissait une nouvelle fois, tel un raz-de-marée qu’elle pouvait ressentir dans les abysses de son âme démembrée. Qu’elle aurait voulu arrêter le temps indéfiniment pour refaire l’histoire et peindre le monde différemment. « Pardonne-moi. » Voilà qu'elle aussi s'excusait, mais le mal était fait. Elle était pourtant consciente, de son geste, de son erreur, prévoyant des retombées manifestes. Elle glissa ses doigts contre son menton à la barbe encore humide de ses larmes cathartiques. « Oui… » qu’elle commence par affirmer dans un chuchotement indicible et honteux, son souffle heurtant son visage d'une contigüité indécente. « ... tu devrais… » qu’elle murmure ainsi son conditionnel imaginaire, un conseil qu’au fond elle voudrait qu’il contrecarre mais dont elle n’était pas prête à affronter les conséquences car tout serait d’une complexité et d’un labeur atroce. Tu n’es plus à lui. Nox ne lui devait rien, il retrouvera sa vie, et elle pourra reprendre la sienne, celle qu’elle avait choisie, le chemin dont elle était si fière, la montagne qu’elle avait gravi, dont il a été le support indéfectible, source de sentiments véridiques qui l'avaient amené à cette promesse sibylline. J’ai besoin de toi, Maluum. « ... partir. » qu’elle conclut sans cligner dans un ton sobre et délabré, les yeux hurlant désolée de ne pas s’abandonner. Et à chaque seconde qui suivait son affirmation, elle recula son visage, centimètre par centimètre, pour retarder l’échéance de son départ. Elle décolla ses doigts de son visage, amenant ses mains à sa poitrine. Geste puéril, réflexe vindicatif pour tenter de calmer ce cœur tambourinant, comme une petite fille timide qui ne voulait pas qu’on la voit ni qu’on l’entende. Il ne pouvait que l’entendre, et elle fut étonnée de ne pas être trahie par son cœur qui la secouait comme la peau d’un tambour frappé impunément par des baguettes endiablées. Il ne te doit rien. C’était elle qui était partie. Et en commettant ce nouveau geste inconsidéré, elle craignait de réveiller un passé oublié. Peut-être était-ce ainsi, l’erreur à ne pas commettre. Quand bien même elle en avait eu tout simplement envie.

Pars, comme je suis partie. Sans explication tangible, sans regret, sans se retourner, parce que c’est tellement plus facile de nier que de se justifier. Pars, comme je l’ai mérité. Parce qu’après tout ce qu’elle lui a fait subir, c’était maintenant à elle de le ressentir. Comme un don d’empathie qui venait avec six ans de retard, lui faisait goûter au châtiment qu’elle lui avait infligé. Pars, parce que c’est pour le mieux. Parce que dans le fond, rien n’avait changé. Parce qu’ils étaient toujours incompatibles. Parce qu’elle ne pouvait pas se laisser submerger, qu’elle était devenue une mère combative d’une abondante famille qui était sa priorité. Son regard était verrouillé dans le creux de ses yeux. Attend l’échéance, l’espère. Mais espérer quoi ? Se libérer de sa présence ou retrouver un passé endeuillé ? Elle ne l'avait pas embrassé pour tenter de raviver une flamme mourante mais pour se réapproprier, elle ne savait trop quoi encore tant tout était embrouillé. Ce qu'elle savait, c'est que c’était rassurant, parce que leur histoire était finie. Parce qu’elle connaissait le dénouement. C’était une fin triste et brutale. Mais elle avait le mérite d’exister. Alors, comme pour se remémorer cette fin qu’elle ne voulait pas revivre, elle écarta toujours plus son visage, reculant à demi-maux. Néanmoins incapable de lâcher ses yeux, par crainte d'en oublier leur éclat, son propre regard hurlant des pardonne-moi éternel, car il lui était inconcevable de revenir en arrière. Inconcevable de lui refaire revivre cette peine, de refaire naître ce qui n'est plus. Et elle garda ses mains sur son thorax, faible obstacle aux percussions de son cœur, tentant vainement d'empêcher leur battement excessif ; tout comme elle conservait son regard fixé dans le sien, le suppliant de l'écouter, de s'écouter, et de les épargner.

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Re: run baby run (maluum)
Dim 23 Mai - 21:37


run baby run

Sûrement se complait-il à ce qu'elle ne puisse voir son visage. Son expression défaite, démuni jusqu'au plus profond de ses entrailles, comme si l'armure était tombée et avait entraîné avec elle la peau, les veines, même son sang. Qu'il ne tenait debout plus que grâce à son squelette fait d'os que les chiens errants et effrayés sont venus ronger, peu à peu. D'abord à peine puis avec plus d'assurance, à voir que les failles, à défaut de pouvoir se refermer, ne faisaient que s'agrandir encore. Qu'ils pouvaient venir à plusieurs, grignoter quelques bouts de chair par ici et par là. Alors, il s'abandonne à l'étreinte comme on abandonne une guerre. Qu'on agite lentement le drapeau blanc qu'on a amené par défaut avec l'espoir de n'avoir jamais à le brandir. Est-ce alors la fin ? Est-ce qu'il ne saura plus jamais brandir ses armes faites de crocs tranchants, lever le poing à défaut de lever le pied de l'accélérateur qui le guide droit vers le mur ? Alors, sûrement qu'il essaie de se dégager avec un peu de véhémence lorsqu'elle attrape son visage, qu'il peut lire dans ses yeux ce qui s'y reflète. Qu'il aimerait disparaître à cet instant. Sûrement qu'à contre-sens, il interprète la douceur de son regard pour une pitié dont il ne veut pas et n'a jamais voulu. Et il perd la notion du temps et de l'espace. Ne sait pas combien de temps dure l'étreinte ni comment il se retrouve assis sur le sofa, l'y échouant avec lui dans une invitation muette. Ne sait plus ce qu'il fait, ce qu'il dit. Tout se mélange. Passé, présent, futur. Déraison et déception. Honte et culpabilité. Et ses mots le font grimacer, c'est douloureux, son visage n'est-il devenu qu'un amas de verres tranchants ? Un miroir qu'on aurait brisé, recollé grossièrement les morceaux pour tenter de lui redonner figure humaine ? Et si, finalement, la bête était bel et bien plus forte que lui ? Demi-sourire ombragé, grimace encouragée par le rictus qui se forme finalement, sans qu'il ne sache répondre. Il voudrait lui dire. Que lui, il ne se fait pas confiance, pourtant. Que lui, il ne peut envisager se serrer la main et y croire. S'est connu trop de déviances pour assumer le faire encore. Prétendre qu'il croit en lui.

Alors, sûrement qu'il ne sait pas non plus. Pourquoi il dépose ses lèvres contre la peau tendre de sa joue. Celle qu'il aura tant effleurée du revers de la main, autrefois. Pourquoi il conserve cette proximité troublante et dangereuse. Pourquoi sa main s'est glissée contre sa nuque, pourquoi il ne se décale pas. Bordel, Nox ! que ça hurle au fond de lui. Malmené, c'est pas comme s'il écoutait souvent les signaux d'alarme qui hurlent pourtant au fond de son crâne. Alors sans doute qu'il ne les entend même pas, à cet instant. Qu'il fixe seulement ses yeux, à elle, l'ancienne aimée, la brisée, celle qu'il avait choisi pour entourer de ses propres ailes, quitte à se les briser contre les écueils de son traumatisme. Difficile tâche que de remplacer un être disparu. Et il voit bien, qu'elle a le regard déposé sur ses lèvres et Nox, ça lui suffit à sentir son myocarde qui s'emballe légèrement. Un battement de travers, un pas manqué dans un escalier - et c'est tout le corps qui se ramasse en bas. Et il lui laisse prendre, lâchement, la responsabilité de l'acte. Sans bouger, à attendre la sentence comme une condamnation. Et les lèvres se rencontrent et le temps s'efface. Nox remonte le chemin sinueux jusqu'à six ans plus tôt. Les instants légers, de venir l'attraper dans la taille pour planter un baiser sucré à la base de sa nuque. Ecarter ses cheveux, lui dire ce qu'il ne dira à plus personne après ça. Après elle. Finalement, leur fin avait aussi signé sa fin à lui, en quelques sortes. Mais à cet instant, l'animal ne pense pas un seul instant à la finalité qu'a pu prendre leur relation, sans pouvoir même la nommer réellement. Il pense aux beaux jours. Il pense aux après-midi tièdes du début de l'automne. Il pense aux caresses mutines, aux sourires arrachés entre un soupir ou un mot tendre. Il pense à son visage quand elle ouvrait les yeux au matin et à celui qu'elle portait quand elle s'énervait, aussi. Il ne lui a jamais dit qu'il la trouvait encore plus séduisante à ces moments-là. Alors, il pense à tout ça, Nox, alors que sa main s'agrippe un peu plus contre sa nuque et que l'autre, dans un instinct automatique, se fige sur sa joue pour encadrer son visage. Peut-être qu'il ne devrait pas répondre à ce baiser qui ressemble à une punition d'un karma bien trop joueur pour lui, qu'il ne devrait pas respirer son parfum qu'il pensait oublié mais qui lui revient des tréfonds de sa mémoire, là où il range les souvenirs destinés à l'oubli mais qui ne s'effacent jamais réellement. Et plus il presse ses lèvres aux siennes, plus il s'oublie. Plus il s'efface, laisse la bête prendre le contrôle. L'autre. Cet animal qui gît en lui, sur le flanc, tantôt biche blessée tantôt tigre écervelé.
Et finalement, il y a des baisers qui ont un arrière-goût de cyanure.

C'est l'effet que ça lui fait quand elle s'en extirpe et qu'il reste contre sa bouche, suffoquant de cette agonie qui ne semble jamais vouloir guérir. Et voilà qu'elle parle et le monde se remet à sa place. Sa salive lui brûle la trachée quand il ose l'avaler, les yeux clos, sans réussir à les ouvrir. Il ne veut pas voir son visage, ne veut pas la voir regretter, ne veut pas voir le rejet s'étaler sur son faciès comme l'arme du crime. Comme celle qu'elle a déjà utilisé, dans une autre vie, lui semble-t-il. « Non. » Lèvres qui s'humidifient, récupèrent un peu d'elle laissée à leur bordure, les yeux toujours intimidés. « C'est moi. » Raclement de gorge, comme le crissement de pneus dans un parking. Il sent ses doigts gravir les courbes de son visage, descendre contre sa barbe et il tressaille, le flic, rouvrant enfin les yeux. Regard papillonnant d'un oeil à l'autre, à recevoir chaque mot comme une lame s'enfoncerait dans ses entrailles. Tu croyais quoi ? Elle regrette. Evidemment qu'elle regrette. Et si t'étais normal, tu regretterais aussi. Et sans doute que s'il n'avait aucun respect pour Maluum, Nox serait revenu à la charge après cette interlude qu'il n'aura pas engagé lui, qu'il dira. Mais sa main retombe lentement, disparaissant des contours de son visage avec lenteur, comme s'il avait de la peine à la retirer réellement. Comme si elle voulait s'y accrocher, s'y arrimer. Tout son être transpire une déception incongrue, fossoyeuse de ces corps qu'il garde enterrés dans son crâne, quand les visages viennent hanter son sommeil torturé. Alors, c'est d'avec cette lenteur significative qu'il se recule en miroir à ses gestes. Situation inconfortable, il sent la honte lui dégouliner chaudement le long des vertèbres. Comme une giclée de boue. Peine à verrouiller son regard au sien alors qu'il le sent lui brûler les rétines. « Oui je.. » Ne parvient de nouveau plus à finir ses phrases, soupirant de cette situation, l'estomac retourné. De sa violence, de ces larmes qu'il n'a plus su faire couler depuis trop longtemps, de ce baiser aux couleurs d'un SOS. Souffle encore court, paupières qui se ferment, se rouvrent l'instant d'après, comme à espérer que le tableau aura changé. Mais non. Elle le fixe toujours avec cette pitié au fond des orbes abyssales dans lesquels il s'est noyé si souvent, autrefois. Et il lui en veut pour ça. Pour le regarder avec des excuses plein les prunelles. « ... vais y aller. » Même sa voix est écorchée, taillée au rasoir. Putain. Alors, un peu trop brusquement, il se lève d'un seul coup. Circulation coupée dans les jambes, il vacille très légèrement, essaie de stabiliser son champ de vision ponctué de billes noires qui le tâchent. Reste une seconde, peut-être deux.

Considère encore une fois le bordel qu'il a foutu dans son appartement. Sans plus la regarder, pourtant, il s'échappe vers la porte comme un robot désorienté. Errant ici et là, le pas trainant. Et finalement, il se fige alors qu'il se trouve face à celle qu'il devrait prendre. La porte. Pourtant, sa main ne se pose pas sur la poignée. Echine courbée, animal à la patte cassée, est-il de ces chevaux de course que rien ne peut sauver sinon le sort de l'abattoir ? Alors pourquoi la sorcière du coin essaie-t-elle encore de lui cracher de la poudre bleue sur le bout des naseaux pour lui faire croire qu'il peut encore gagner une course ? Il passe une main contre son visage éreinté. « Pardonne-moi. » Encore. De tout. Soupir qui secoue ses épaules comme si une tonne de déchets pouvait s'évaporer de sa trachée par le souffle recraché. « J'aurais voulu être à la hauteur. » De toi, de nous, de ma fille, de mon destin. Mais finalement, il n'avait réussi à rien. À part s'enfoncer toujours plus loin dans ces marécages sans vouloir prêter garde au panneau immense lui en interdisant l'accès. Il se demande, soudainement, s'il manquerait à qui que ce soit s'il venait à disparaître. Ou si on l'oublierait assez vite, comme il a toujours pris la peine de s'assurer en traitant son monde ainsi ? Alors, peut-être qu'elle est là, la solution. Disparaître. S'effacer comme un raye une erreur sur le tableau noir pour réécrire par-dessus avec une autre craie, une autre formule. Et peut-être alors s'agrandira la liste des disparus des océans. Ceux qui ne sont jamais recrachés par les vagues qui les avalent. Et il se retourne brusquement, le dos qui s'incarcère au bois de la porte. Regard alarmant et alarmé, encore cette détresse frappante qui s'est amouraché de ses traits depuis qu'il a franchi son seuil. Comme l'espoir cruel qu'elle seule pourrait le sauver d'une noyade préméditée. « Mal.. » qu'il suffoque entre deux gorgées de sel. Peut-être a-t-il déjà coulé. Peut-être Nora a-t-elle raison. Peut-être est-il déjà mort, finalement. Alors, le corps à l'océan et les vagues à l'âme, qu'il chuchote : « Qu'est-ce que je fais, maintenant ? » Cartes redistribuées. Les étale sur la table et les repousse vers la diseuse de bonne aventure. Mais ne sont-elles pas trop usées pour prétendre encore savoir être lues ? Marin sans plus aucun bateau sur lequel prendre le large, à chercher dans les yeux bafoués une boussole qui saurait encore lui indiquer une direction dans le ciel devenu si obscur que même l'étoile polaire ne se risquerait plus à lui indiquer le nord.


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Re: run baby run (maluum)
Ven 2 Juil - 19:43



Il avait été le défenseur. Tutélaire de ses tourments et protecteur de son chagrin. Il avait été l'amant, les bras réconfortants et la chaleur vivifiante de son âme unifiée à la sienne. Des matricules que Maluum pouvait étiqueter sur le front de Nox les uns à la suite des autres, qui revenaient en un instant, au contact de ses lèvres, réminiscence d'un passé révolu qui aurait dû le rester. Erreur maintenant irréversible, une erreur qui n'en demeurait pas moins exquise. Le temps ne saurait pas lui répondre quant à la durée de l’instant. Sans doute, avait-il été bref, mais le moment qu’elle vécut, lui, fut infini. Assurément, était-ce la raison pour laquelle Maluum ressenti une déchirure. Qu’as-tu donc fait ? Elle avait commis l'inacceptable, déterrer ce qui était enfoui. Exhumer l’endormi qui, face à la lumière, était confus et hagard. Il lui fallut attendre avant qu’elle ne puisse lire dans son regard, il gardait ses yeux fermés, comme pour l'éviter. Même que ça la rendait confuse. Trop impulsive pour l'ex ? Trop imprudente pour elle-même. Il leva enfin les paupières, et ses globes se noient dans les siennes. Elle y lisait une déception qu’elle ne pouvait contrecarrer. Il ne broncha pas face à sa demande de quitter sa demeure, et une force obscure l’en remercia en son for intérieur. Finalement, elle en était presque soulagée. Elle n’aurait pas à lutter devant lui. Qu’elle combatte son affliction seule. Les dégâts provoqués étaient suffisamment alarmants sans qu’il ne soit témoin de sa dualité.

Elle n’arrivae pas à le suivre du regard lorsqu’il se lève. Son corps s’affaisse, ses épaules tombent. Tout son corps dégageait une profonde torpeur. N’arrivait pas à l’observer franchir sa porte, alors elle posait son regard ailleurs. Sur son sol jonchés de feuilles, débris de la colère de Nox. Sur ses mains, qui avaient caressé sa peau sans jamais oublier le souvenir de la véhémence qu’elle lui provoque. N’importe où sauf sur sa silhouette dont elle entendait les pas s’éloigner. Mais ce ne fut pas sa poignée qu’elle espérait discerner, ce fut sa voix qui s’excusait. Alors Maluum le regarda, de son canapé, le dos quelque peu courbé par son accablement. « Stop, arrête, je t’en prie. » Elle ne pouvait plus supporter ses excuses. Elle ne pouvait encaisser une nouvelle décharge de sa mélancolie lorsqu’elle fut la cause de leur rupture. Lorsqu’elle avait choisi délibérément sa famille au détriment de son amant. J’aurai aimé t’emmener avec moi, mais leur trajet différait trop pour qu’elle se permette cette illusion. Et maintenant, il est accablé par une malédiction. Peut-être avait-il raison. Que sans son départ, il n’aurait pas été au mauvais endroit au mauvais moment. Et si, et si... pensées envahissantes. Les si refaisait le monde. Hors ce monde refusait d'être refait. Il fallait l'accepter, et cette résignation, elle l'avait compris à ses détriments. Comme ces innombrables nuits blanches passées à l'invoquer, sans la moindre réponse, sans le moindre bruissement.

Même à travers la pièce, Nox avait ce singulier pouvoir. Lorsqu’il l’appelait Mal, de son timbre ankylosé qui perce le cœur de la concernée. Elle appréhende presque la suite de sa phrase. Mais sa confession ne la tiraillait pas comme elle le craignait. Étrangement même, un infime sourire se dessina, au coin. Un sourire à l'aspect navrant, parce qu’elle percevait sa question comme  un appel à l’aide, une bouteille jetée à la mer, une main tendue dans l’obscurité. Et Nox, par cette question, semblait l’avoir choisi elle comme phare, une plage sur laquelle s’échouer, un bras sur lequel s'accrocher. Maluum se redressa, s’apercevant seulement qu’elle s’était laissée adosser contre le dossier du canapé, probablement épuisée par autant d’émotions refoulées. « T’abandonnes pas. » Piètre conseil. En réalité, elle ne savait pas ce qu’il devait faire. Elle n’était pas medium, malgré les cartes divinatoires qu’elle aimait manier occasionnellement. Mais l’avenir n’était pas un concept qu’elle maîtrisait. Maluum chérissait les âmes et leur souvenir. Le passé était ce qui la maintenait vivace. Quant au futur, il était ombrageux. Maluum est depuis longteps coincée dans ses propres mémoires. S'accrochant à des regrets comme le poids de son fardeau qu'elle s'obstine à traîner comme le plus imposant des bagages qu'elle refuse d'abandonner. Nox avait jadis réussi à lui faire accepter ce passé torturé. Il avait fait partie d'un des chapitres les plus importants de sa vie, celui de la reconstruction. Il en avait été le protagoniste. Elle l'avait évincé. Mais elle l'avait aussi réintégré. Provoquant un chaos innatendu. « T’as fait des erreurs Nox, et je te connais suffisamment pour savoir que même si t’en a conscience, ça ne t’arrêtera pas. » Pause latente, lui faire comprendre qu’elle ne lui fait ici aucun reproche, qu'elle constate les faits de la personne tumultueuse qu'il était, malgré ou à cause son statut de représentant des forces de l'ordre. « C’est ce que tu es. » Ton à la voix grave, venant du fond de sa gorge. Elle n’attend pas à ce qu’il arrête d’être ce qu’il est. D’un point de vue humain ou autre. Sa seconde nature le hantera jusqu’à ce qu’elle trouve un moyen d’y remédier. « Je ne te demande pas d’être fort, t’as déjà trop donné. Et après tout, même toi, tu as le droit de craquer. C'est normal de craquer Nox. Tu as le droit d'être faible. Personne ne te demande d'être surhumain. Mais je t’interdis d’abandonner. Parce que si tu baisses les bras, je ne te le pardonnerai pas. » Importance des mots qu’elle n’emploie jamais sans connaissance de cause, Maluum imposa ainsi ses conseils mal-avisés envers cet homme dont elle souhaitait seulement réconforter, mais dont les mots doux qu'elle n'employait pas ne seraient qu’un baume recouvrant une infection mortelle. « Et si tu sens que tu n'y arrive toujours pas, viens me trouver. Comme tu sais si bien le faire. » Cette fois-ci, elle lui offrit un sourire suffisamment éloquent pour qu’il puisse le voir. Elle lui disait au revoir sans qu’il ne lui soit impossible de prévoir de quelle nature sera leur prochaine rencontre. Elle ne peut plus le suivre, il s’est condamné. Par ses décisions et ses actions. Mais cet événement impromptu, ce baiser inopiné, a réveillé une crainte qu’elle aura du mal à contenir. Celle de la place qu’il semble se réapproprier dans sa vie.

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