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 (jacob), don't make me miss you.

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Elle a l’impression de tourner en rond, chez elle, Laila. Parfois, elle aimerait pouvoir reprendre le travail, juste pour pouvoir se changer, rien qu’un peu, les idées. D’un autre côté, elle craindrait trop de craquer. De s’effondrer, là, devant ses étudiants, sur l’estrade de l’amphithéâtre, ou à son bureau en salle de TD. Elle aurait trop peur d’être faible, ou d’apparaître encore folle, comme certains l’ont trop souvent pensé – comme elle s’est mise, elle-même, à l’imaginer. Et elle est paralysée, Laila, par ça, par ce qu’on pourrait penser. Elle en devient, bien souvent, parano – elle craint qu’on ne la pointe du doigt, qu’on voie ses failles, qu’on apprenne ce qu’elle est, ce qu’elle croit être. Elle n’est pas schizophrène, pourtant. Ces voix qu’on lui disait qu’elle entendait, ce sont en réalité les pensées des autres. Parce que, c’est vrai, elle n’est pas banale, Laila. Elle n’est pas comme n’importe qui, comme une humaine lambda. Elle a cette capacité, insoupçonnée. Ce don, qu’elle n’a jamais compris. Comment l’aurait-elle pu ? Elle n’a pas eu le temps, Laila. On l’a très vite catégorisée de schizophrène, parce qu’on ne savait pas, parce qu’on ne connaissait rien, à ces aptitudes-là. Parce qu’on ne savait pas, que le monde n’est pas peuplé que d’humains. Qu’il y a des créatures, et puis, des gens, comme elle, qui ont une certaine capacité. Il est comme elle, Jacob, même – mais ça, elle ne le comprend pas non plus. Elle l’a pris pour un fou, l’autre fois, quand il lui a dit qu’Ilyes était mort. Mort. Elle a l’impression de tourner encore plus en rond, depuis ce jour-là, Laila. Parce que les mots de Jacob tournent encore et encore, dans sa tête. Elle ne peut pas oublier. C’est insupportable, parce que ces pensées-là, les médicaments ne peuvent pas les effacer. Elle est condamnée, à devoir les écouter.

Peut-être que, pour le coup, elle a vraiment l’impression de perdre la tête, Laila. Elle ne sait plus quoi faire, elle est au fond du gouffre, bouffée par son désespoir. Si son fils est vraiment mort, que lui reste-t-il ? Comment serait-elle censée continuer à vivre, après avoir perdu un enfant ? Elle est fatiguée, épuisée, elle est même éreintée. Elle croit qu’à la vie, elle a déjà tout donné, tout ce qu’elle avait. Peut-être qu’après ça, il ne lui restera plus, qu’à rendre les armes. Peut-être, que ce sera la fin de la bataille. Est-ce que ce serait si terrible ? Est-ce que ce ne serait pas un peu la libération qu’elle attend, sans même s’en rendre compte ? Voilà les si tristes pensées qui jonchent son crâne, plus mortelles que les voix qu’elle entendait avant. C’est son don, qui est à l’origine de tous ses malheurs, mais ça, elle ne le sait pas, Laila. Et si elle finit par le savoir, le comprendre, qu’est-ce que ça changera ? Oh, elle ne sera pas schizophrène, elle ne sera pas ce qu’on lui a toujours dit qu’elle était, depuis près de vingt-cinq ans. Mais ça ne lui rendra pas son fils. Et son fils, à ce stade, c’est tout ce qu’elle veut. Son bonheur en dépend, sa survie, peut-être, aussi. Alors elle le déteste, Jacob, pour lui avoir dit qu’il était mort, Ilyes. Est-ce qu’il sait qu’il lui a brisé le cœur, avec ces mots ? Elle ne s’était peut-être même pas vraiment rendu compte, qu’il battait tant pour lui. Mas quand il lui a balancé que son fils était mort, tout s’est effondré. Tout ce en quoi elle croyait. Alors oui, Laila, elle tourne en rond. Elle attend que le temps passe. Et autant dire qu’il est très long, ce temps, trop long. C’est toujours trop long quand la vie n’a plus aucune saveur. Quand on attend quelque chose qui ne vient jamais. Peut-être qu’elle aimerait quelque chose pour tenir le coup, pour oublier, ou se soustraire à cette existence insupportable – parce qu’elle n’a plus de force, ces temps-ci, Laila. Rongée par l’inquiétude, la peur et la haine, pour les deux derniers hommes de sa vie – Jacob et Jasper. Ouais, peut-être que ça lui ferait du bien de travailler, de préparer des cours, de corriger des dissertations, plutôt que de rester là, dans son canapé, toute la journée, sans rien faire, à regarder le plafond. Elle pourrait écrire, peut-être – elle a bien matière à faire. Mais elle n’en a pas envie, aujourd’hui. Et quand on frappe à sa porte, elle songe à faire la morte. Ne pas répondre, ne pas se lever – elle n’en a pas la force. Mais la curiosité prend le pas, sur la fatigue de vivre. Alors elle se lève, se traîne, Laila, jusqu’à la porte – se fichant de ses cheveux en l’air, de ses traits tirés, pas maquillés, de ne pas être bien attifée, comme elle peut l’être à l’accoutumée. Elle ne va pas bien, elle va mal, elle n’a pas envie d’être belle, ni de plaire, ni quoi que ce soit dans ce goût-là. Et quand elle ouvre la porte, elle se retrouve face à Jacob. Elle aurait peut-être dû regarder par le judas, histoire de reprendre le plan initial – prétendre ne pas être là, alors qu’elle ne peut pas être ailleurs. Maintenant, c’est trop tard. « Qu’est-ce que tu veux ? » L’animosité est perceptible. La peine aussi. Elle ne sait pas si c’est la rancœur, ou la douleur, qui prime. Il lui a dit que son fils était mort, et ça lui a brisé le cœur, même si elle ne veut pas le croire. Mais elle l’a perdu, lui aussi, alors que, ces derniers mois, sa présence lui faisait du bien. Ce n’était pas vraiment le moment, où elle pensait trouver quelqu’un. Mais il s’était avéré, un incroyable soutien. Ils se comprenaient, tous les deux. Et c’est vrai, ça faisait du bien. Maintenant, elle lui en veut, quand même. Pourtant, elle ne lui claque pas la porte au nez, elle lui laisse une chance de parler. Pas la force, de toute façon, de refermer la porte – elle lui paraît trop lourde, comme tout le reste. Qu’il en profite, Jacob – tant qu’elle est faible.


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don't make me miss you. -- @laila aymes
Il n’était pas très en forme en ce moment Jacob. Depuis la mort de sa sœur, la rechute avait été brutale. Il aurait aimé être capable de lutter contre ses vieux démons et ne pas céder à la tentation de plonger dans des travers dont il savait qu’il ne pourrait pas se défaire. Mais il avait été faible Jacob. Il avait cru qu’il pourrait revoir sa sœur comme ça, parce que les apparitions étaient plus fréquentes quand il était complètement défoncé. Il fallait croire qu’il ne marchait jamais comme il le voudrait, ce fichu don. Il voyait des visages inconnus qu’il préférait ignorer, mais ne parvenait jamais à joindre ceux dont il avait besoin. Sans sa frangine, il avait du mal à voir le bout du tunnel le brun. Dans les pires moments de sa vie, elle avait été là pour lui, un soutien dont il avait eu bien besoin. Sans elle, il ne savait pas comment faire. Il y avait Ada, évidemment. Sa fille était indéniablement ce qu’il avait de plus cher dans ce monde, mais il n’avait pas envie de lui imposer ses problèmes. Ada n’avait pas à s’occuper de lui et de ses maux qu’il n’arrivait pas à faire taire. C’était lui le père, c’était lui qui était censé prendre soin de sa fille, certainement pas l’inverse. Il avait tendance à se refermer sur lui-même alors, à garder ses problèmes pour lui et à croire qu’y avait bien que la merde qu’il s’injectait dans les veines qui pouvaient lui apporter un tant soit peu de repos. Une erreur, il en avait conscience le Wheeler, mais l’addiction faisait que même s’il savait qu’il merdait, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il était une cause perdue Jacob et ça aussi, il le savait très bien, trop pour avoir envie de lutter.

Avec Laila, ça avait été plus facile pourtant. Peut-être parce qu’ils avaient été deux épaves complètement abattues par la vie. Ils se comprenaient tous les deux, alors dans leurs malheurs, ils avaient réussi à se rendre un peu heureux. Un peu, c’était mieux que rien. Mais maintenant, Laila, il l’avait perdue aussi. Pourquoi est-ce qu’il était allé lui parler de son fils ? Il aurait dû savoir qu’elle le prendrait mal. Il avait une fille, alors il aurait dû se mettre à sa place deux minutes avant de lui dire que son fils était mort et qu’il le savait parce qu’il l’avait vu. Il avait vraiment l’impression que son don était un piège à con qui ne servait qu’à lui faire du mal. Il savait que ce gamin était mort et il n’avait pas pu garder ça pour lui. L’espoir faisait vivre disait-on, mais dans le cas de Laila, il avait surtout l’impression qu’il pouvait la détruire. Est-ce qu’il n’y avait pas un moment où ce serait plus simple de savoir la vérité ? Est-ce qu’être fixée sur le sort de son enfant, ça ne permettrait pas de la libérer d’un poids ? Certes, qu’il soit mort était une chose horrible, une douleur qu’il ne pouvait même pas imaginer. Mais le deuil, il connaissait, même s’il n’avait pas perdu sa fille. Il se disait alors, que c’était mieux de savoir à quoi s’attendre que d’espérer en vain que l’être aimé revienne. Le fils de Laila, il ne reviendrait pas, c’était certain. Il avait cru bien faire le brun, mais il s’était trompé. La brune l’avait mal pris et elle était partie. Elle lui manquait. Un sentiment terrible qui lui faisait un mal de chien au brun. Il avait envie de la retrouver, de la retrouver. Il voulait être avec elle.  Il y avait des jours comme ça, où il y pensait tellement qu’il avait l’impression de devenir fou. L’amour peut importait l’âge qu’on avait, ça montait à la tête, il en était la preuve. Finalement, après avoir fait les cent pas chez lui, il avait décidé de tenter sa chance. C’était idiot, elle allait sans doute l’envoyer balader, mais il fallait qu’il essaie. Qu’est-ce qu’il avait à perdre de toute façon ? Elle le détestait déjà. Alors au mieux, il pourrait essayer d’arranger les choses, au pire, rien ne changerait. Sa veste sur les épaules, il avait quitté sa maison, attrapant sa moto pour se rendre chez Laila. L'accueil, bien qu’aussi froid qu’il l’avait imaginé lui fit mal au cœur. « Est-ce qu’on peut parler ? » Il était là pour lui, pour lui parler. Elle avait ouvert, c’était déjà ça, maintenant, il espérait juste qu’elle le laisse entrer, qu’elle ne lui ferme pas la porte au nez, pourtant, c’était peut-être la seule chose qu’il méritait.



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Elle ne veut plus le voir, Jacob. Il lui a fait du mal, en lui disant une vérité qu'elle n'était pas prête à entendre. L'est-on seulement, un jour ? Elle n'en sait rien, Laila. Pour elle, son fils est quelque part, par-là. À attendre qu'on vienne le chercher, le sauver. Elle se dit qu'il doit être terrifié. Et ça lui serre le cœur, rien que d'y penser. Ce genre de choses, c'est le pire truc qui puisse arriver à un parent, peut-être. Elle ne supporte pas l'incertitude, l'attente, l'ignorance. Elle ne supporte pas l'inquiétude, le fait de ne pas savoir si son fils va bien, le fait de ne pas pouvoir être là pour lui. Ilyes, c'est peut-être la seule bonne chose qui lui soit arrivée, dans sa vie. La seule chose qu'il ait donné de l'importance, à son existence. Il y avait Jasper, aussi, un temps - mais, comme tout le reste, il a fini par disparaître. Comme les autres, il a fini par penser qu'elle avait un problème. Il a fini par avoir peur. Il n'est plus une belle chose dans sa vie, alors. Il n'est certainement pas, la meilleure chose qu'elle ait connue. Elle le déteste, Laila, aujourd'hui. Il avait la garde de leur fils, mais il n'a même pas été fichu de veiller sur lui. Maintenant, il a disparu. Maintenant, personne ne sait où il est. Et elle se sent sombrer, chaque jour, un peu plus, Laila. Elle ne sait plus trop à quoi se raccrocher. Elle avait Jacob, jusqu'a récemment. Il était une petite lumière dans les ténèbres - ils se comprenaient, tous les deux. Il était une autre belle chose, dans sa vie, et pourtant, il est apparu au pire moment de son existence. Mais ils se comprenaient, se soutenaient. Ils avaient leurs maux, leur souffrance, leur désespoir. Ils auraient pu se tirer vers le bas, mais non, ce n'était pas comme ça. Ça ne l'a jamais été, durant les quelques mois où ils se sont fréquentés. Elle a pu compter sur lui, Laila, davantage que sur Jasper. Et puis, surtout, elle a pu être elle-même.

Mais il a tout gâché, Jacob. Il a tout ruiné. Il lui a dit qu'Ilyes était mort, mais elle ne comprenait pas, refusait d'y croire. Et ça passe en boucle dans sa tête, à présent. Ça se répète, encore et encore. Il y a surtout cette question. Et si c'était vrai. Et si c'était vrai, qu'est-ce qu'elle ferait ? Elle préfère ne pas y penser. Mais elle se morfond quand même, Laila. Elle se laisse sombrer, ne fait plus trop d'efforts, se néglige. C’est trop dur, de se battre. Elle s’est battue pour son fils, des mois durant, mais voilà – finalement, elle croit peut-être à ce que lui a dit Jacob. C’est douloureux, c’est difficile, c’est insupportable. Elle voudrait garder espoir pour Ilyes, mais plus les jours passent, moins elle en a, Laila. Elle ne sait plus, ce qu’elle est censée faire. Elle est perdue, déboussolée. Elle a l’impression de n’avoir plus aucune force, plus aucune énergie. Elle s’est battue, toute sa vie. Elle s’est battue, elle a tout donné, elle a essayé – mais la vie continue de s’acharner. Peut-être qu’il est juste temps qu’elle abandonne, Laila. Elle n’a pas l’énergie de vivre, aujourd’hui, en tout cas. Elle ne sait même pas comment elle a trouvé la force de se lever, comme ça, pour aller ouvrir la porte, quand on frappe. Elle aurait pu faire la morte. Mais il y a toujours l’espoir qu’on vienne pour Ilyes, qu’on ait des nouvelles – ou mieux encore, que ce soit lui, qui soit là. Mais ce n’est pas son fils, ce n’est pas non plus la police. C’est juste Jacob. Elle ne sait pas ce qu’il fait là. Est-ce qu’il veut lui faire encore plus de mal ? Elle sent sa rancœur revenir d’un coup, Laila. Est-ce qu’on peut parler, qu’il lui demande. Elle pourrait en rire, Laila. « Et pour dire quoi, au juste ? » Quoi de plus que l’autre fois ? Veut-il lui répéter ce qu’il lui a balancé ? Et retourner, ainsi, le couteau dans la plaie ? Au moins, elle ne lui a pas fermé la porte au nez. Elle lui laisse même une chance de parler. Mais à quel prix, elle n’en sait rien. Elle sait qu’elle est faible, Laila. Elle s’enfonce un peu plus, depuis qu’il n’est pas là. Elle souffre encore davantage, sans lui. Comme si elle avait besoin de ça, en plus du reste. « Si c’est pour me redire ce que tu as dit l’autre fois, c’est pas la peine. » Mais elle ne referme toujours pas la porte, la Aymes. Elle ne l’invite pas non plus à entrer, Jacob. Mais elle le laisse rester, là, sur le pas de la porte. Et quelque part, c’est déjà bien.


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don't make me miss you. -- @laila aymes
Il n’était pas la personne la mieux placée pour dire aux autres comment gérer les tragédies qu’ils étaient amenés à vivre. Au contraire, mieux valait éviter d’agir comme lui dans ce genre de moments. Il gérait mal la souffrance, Jacob. La preuve, il avait plongé dans la drogue après la mort de son épouse et même pas parce que c’était un moyen d’effacer ses peines, mais parce qu’il avait cru qu’avec le poison dans ses veines, son pouvoir aller être plus efficace et qu’il allait lui permettre d’entrer en contact avec Blanca. C’était bien la preuve qu’il n’avait pas été prêt à la laisser partir et pourtant, il avait eu devant lui toutes les preuves de sa mort. De son corps froid dans un cercueil qu’on avait mis en terre, jusqu’au certificat de décès qu’on avait mis entre ses mains. Il n’avait pas pu nier l’évidence Jacob, sa femme était morte et il aurait dû accepter cette vérité, parce qu’il n’y avait, de toute façon, rien à faire pour y changer quoi que ce soit. Si la mort de l’être aimé était difficile à accepter dans ces conditions, il pouvait bien imaginer que pour Laila, c’était encore pire. Elle, elle n’avait aucune preuve de la mort de son enfant. Il n’y avait pas de corps à enterrer, pas de certificat de décès à imprimer, simplement parce que personne ne savait ce qui était arrivé à son enfant. Il avait juste disparu du jour au lendemain et personne n’avait aucune piste pour le retrouver. Il n’osait même pas imaginer le calvaire que ça devait représenter pour Laila, Jacob. Il avait une fille et il savait qu’il deviendrait fou s’il devait lui arriver quelque chose. Mais, est-ce que ce n’était pas pire de ne pas savoir ? Elle avait besoin de réponse Laila et il avait cru pouvoir lui en apporter.

Il avait participé aux recherches quand le petit avait disparu Jacob, c’était comme ça qu’il avait rencontré Laila. C’était aussi comme ça qu’il avait découvert le visage de son fils, sur les avis de recherche qu’il avait aidé à coller ici et là, entre deux battues pour essayer de retrouver le petit. Il avait reconnu ce gamin qu’il avait vu alors. Un fantôme au milieu de la ville. Il savait que ce n’était qu’un fantôme et il savait ce que ça voulait dire. S’il pouvait voir le fantôme de cet enfant, c’était parce qu’il était mort. Est-ce qu’il était censé garder cette information pour lui ? Il avait cru que ce n’était pas la meilleure chose à faire, au contraire. Il avait cru que Laila avait besoin de savoir. Mais elle s’était vexée et elle ne voulait plus lui parler depuis. Il aurait dû se taire, essayer de retrouver Ilyes pour comprendre ce qui lui était arrivé et faire en sorte d’orienter l’enquête pour que les réponses aient plus de sens et qu’elles soient complètes. Est-ce que ça l’aurait aidée ainsi ? Il avait tendance à penser que oui, le brun, toujours persuadé que sans réponses, Laila souffrait bien plus. Maintenant, elle lui manquait. Il avait envie de la retrouver, alors il s’était pointé jusqu’à chez elle, pour parler. Parler de quoi ? Il ne savait même pas. Il n’y avait pas franchement réfléchi avant de frapper à sa porte. Dans le fond, il avait été persuadé que de toute façon, elle ne lui ouvrirait pas la porte. Elle l’avait fait pourtant, maintenant, elle était là en face de lui et il pouvait sentir sa rancœur à des kilomètres à la ronde le brun. Il ne savait pas franchement ce qu’il pouvait faire ou dire pour arranger les choses entre eux. Peut-être qu’il s’agissait simplement d’un combat perdu d’avance. « Je suis désolé, Laila. » Il l’était, vraiment. Même si cette révélation, il avait cru qu’elle l’aiderait à aller de l’avant, il se rendait bien compte que ce n’était pas le cas. « Je n’aurais pas dû dire ça. » C’était la vérité pourtant. Est-ce qu’il devait lui mentir maintenant pour essayer d’arranger les choses entre eux ? Dire que ce n’était pas vrai, qu’il avait évidemment tout inventé pour essayer de l’aider ? Il pouvait le faire. Il était un bon menteur. Drogué qui s’enfonçait des aiguilles entre deux orteils pour que personne ne puisse voir les traces sur son corps. Mentir, c’était un art chez lui. Il pouvait le faire alors, si c’était ce qu’elle attendait de lui, il mentirait Jacob.


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L’ignorance, c’est le pire de ses maux. Elle ne sait pas si elle peut se raccrocher à l’espoir, ou si elle ne se fait pas juste plus de mal. Elle ne sait pas si elle doit abandonner, et, si elle le fait, si ça fait d’elle une mauvaise mère. Elle ne sait pas si elle doit s’accrocher, Laila, ou si elle doit être patiente, encore. Elle ne sait pas trop ce qu’elle doit faire, mais au fond, ça n’a pas d’importance. Parce qu’elle ne peut rien faire d’autre qu’attendre. C’est ainsi, c’est comme ça. Elle a déjà fait tout ce qui était en son pouvoir. Elle a dit tout ce qu’elle savait, à la police. Elle a aidé du mieux qu’elle a pu, y compris dans les battues. Mais on ne lui a pas ramené son fils. Pire : elle a l’impression qu’elle baisse chaque jour un peu plus les bras, la police. Elle sent qu’ils vont classer l’affaire, la laisser irrésolue. Et ça, Laila, ça la tue. Ça la met hors d’elle, et puis, ça la déchire. Ça la brise. Ça la met en pièces. Parce que, sans son fils, elle ne sait pas trop ce qu’elle peut faire. Sans son fils, elle ne sait pas trop ce qui lui reste. Elle a déjà tout donné, Laila. Sa ferveur de vivre, elle a disparu depuis longtemps – mais, depuis la naissance d’Ilyes, elle lui donnait tout. Qu’est-ce qui lui reste, maintenant. Elle se trouve pitoyable, elle se trouve peut-être un peu lâche, terriblement cruelle envers elle-même. Terriblement injuste. Mais la vie n’a pas été tendre, avec elle. Elle s’est acharnée, quand même. Mais aujourd’hui, elle se demande presque, à quoi bon. Ouais, Laila, elle ne sait pas ce qui lui restera, si Ilyes n’est pas là, s’il ne revient pas. Elle n’aura plus personne. Elle n’aura pas Jasper, elle n’aura pas Jacob, elle n’aura pas ses propres parents, avec lesquels c’est tendu depuis longtemps déjà. Elle aura quelques amis, peut-être. Mais même eux, elle les compte sur les doigts d’une main. Elle ne sait pas, Laila, ce qu’elle fera. Mais déjà, l’avenir lui paraît plus sombre que sa vie ne l’est déjà.

Elle n’a pas l’impression, qu’un jour, ses maux guériront. Toute sa vie, elle a voulu être optimiste, se dire que ça passerait. Mais le bilan qu’elle peut faire, c’est que ça ne passe pas. Que ça reste toujours là. Peu importe le nombre de choses qu’elle a essayé de faire pour aller de l’avant. Au bout du compte, elle revient toujours, cette fameuse question : à quoi bon ? A quoi bon s’acharner, quand rien ne va ? A quoi bon s’échiner à faire quelque chose de sa vie, à rendre fiers les siens, quand rien ne semble jamais suffisant, aux yeux de ceux-là ? A quoi bon essayer d’être normale – parce qu’elle a toujours eu le sentiment de ne pas l’être –, quand tout finit toujours par partir en vrille ? Elle est fatiguée, Laila. Elle a l’impression que tout ce qu’elle a eu de bien dans sa vie, ça s’est toujours fini. Jasper, Ilyes, maintenant Jacob. Bientôt son boulot, sans doute, sa carrière de professeure. On dirait qu’il y a toujours quelque chose, pour tout gâcher. Pour la briser. On dirait que la vie, elle lui prend tout. Et pourtant, maintenant, Jacob est là, sur le pas de sa porte. C’est peut-être la seule personne qui ne soit pas parti de sa vie sans se retourner – que c’est la seule personne qui ait fait un pas vers elle. Peut-être parce que c’est elle qui est partie. Parce qu’il avait dit qu’Ilyes était mort. Elle ne lui a pas pardonné, elle n’a pas envie de le faire – ça lui a fait du mal, ses mots. Mais Jacob, il est là, et il lui manque. Il est désolé, lui dit-il. Peut-être que c’est mieux que rien. Mais ça la surprend, Laila. Personne n’est jamais revenu vers elle, personne n’a jamais vraiment essayé de le faire. Surtout pas Jasper. Lui, il était parti sans se retourner. Lui, il était plus heureux sans elle. Lui, il pouvait se passer d’elle. Elle n’était pas inoubliable, Laila. Du moins, est-ce ainsi qu’elle l’avait perçu. Probablement trop vite remplacée. « T’es désolé. » qu’elle répète. Pas sarcastique, mais presque, peut-être. Ou juste sonnée. Elle ne sait pas trop, Laila, en vérité. Elle a du mal à se connecter au monde, ces derniers temps. A côté de ses pompes. Peut-être qu’elle veut dire, qu’il est désolé, et alors ? Qu’est-ce que ça change ? C’est trop tard, c’est dit, et elle doit vivre avec, désormais, Laila. Même si elle ne l’accepte pas. Ce qu’il a dit. Elle n’en veut pas. Elle ne veut pas y croire, Laila. Même si c’est déjà un peu trop tard. Pour ça aussi. « Pourquoi est-ce que tu l’as fait, alors ? » demande-t-elle, si sèche. Ça ne lui ressemble pas, elle n’est pas vraiment comme ça. Mais elle lui en veut, et ça, ça se voit. Pourtant, ses mots l’ont touchée. Parce que, si elle ne veut pas croire à ce qu’il lui a dit l’autre fois, que son fils était mort, elle croit malgré elle au fait qu’il s’en veuille. Il n’a pas l’air plus heureux qu’elle. Il n’a pas l’air de bien se porter, lui non plus. Ensemble, ils se comprenaient, dans le fond. Ensemble, ils étaient mieux que séparément. Peut-être que ça lui fait du mal, à lui, comme ça lui en fait toujours, à elle. Elle aurait préféré qu’il ne lui dise jamais ça, l’autre fois. Et peut-être, qu’il ne revienne pas, aujourd’hui. Pour raviver tous les maux, pour ajouter la peine de la fin de leur relation, à tout le reste. Elle ne l’invite toujours pas à entrer, en tout cas. Elle le laisse là, sur le pas de la porte. Comme un accusé, à son procès.


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don't make me miss you. -- @laila aymes
Il ne savait pas comment il réagirait si sa fille venait à disparaître, Jacob. Il n’avait même pas envie d’essayer d’imaginer, le Wheeler. Il supportait mal la douleur le brun, il avait tendance à prendre la fuite de la pire des façons possibles dès que ça n’allait pas. La drogue, c’était le remède à ses peines et si jamais il devait perdre sa fille, la peine serait telle qu’il ne s’en remettrait pas le brun. Ada, elle était trop importante à ses yeux. Plus importante que n’importe quoi ou n’importe qui d’autre sur cette Terre, alors il savait que sans elle, il n’aurait plus la force de continuer. Le fait était que ces derniers temps, même avec Ada dans sa vie, il avait du mal à joindre les deux bouts Jacob, il était mal en point et elle était bien la seule chose qui le poussait encore à tenir bon, à essayer de voir le bout du tunnel. Sans elle, il n’y aurait plus de bout au tunnel, c’était une évidence. Alors il pouvait imaginer, mais sans doute pas comprendre la peine qu’elle devait ressentir Laila, depuis que son enfant avait disparu. Il était mort. Il en avait la certitude lui. Pas qu’il n’y ait pas d’autres options, pas que ce soit logique après tout ce temps, pas parce que les statistiques disaient que les enfants disparus depuis plus de quarante-huit heures étaient généralement retrouvés morts. Il le savait parce qu’il l’avait vu. Il ne faisait pas d’hypothèses le brun, il n’avait fait que dire la vérité à Laila. Son fils était mort. Il ne savait pas ce qui était pire entre le fait d’ignorer ce qui était arrivé à son enfant, d’attendre en vain qu’il rentre à la maison et le fait de savoir que son fils était mort.

Il avait tenté de le lui dire, en pensant que ce serait mieux comme ça. L’espoir c’était un bon moyen de s’accrocher à quelque chose, mais est-ce qu’à la longue, il ne faisait pas plus de mal que de bien ? Il pouvait détruire à petit feu l’espoir et c’était ce qu’il craignait pour Laila, alors il avait essayé de l’aider en lui disant ce qu’il savait, mais elle l’avait juste pris pour un fou à lier et elle était partie. Il en souffrait Jacob, parce que malgré la tragédie qui les avait rapproché, lui, il s’était senti bien avec Laila. Est-ce qu’il lui avait apporté un peu de réconfort, lui de son côté ? Il n’en savait rien le brun, il l’espérait, quand bien même ça n’avait plus d’importance, parce qu’avec ce qu’il lui avait dit, maintenant, il semblait bien qu’elle le détestait, Laila. C’était sans doute égoïste de sa part alors, de se pointer à sa porte avec cette volonté de trouver un moyen d’arrondir les angles avec elle. C’était un geste désespéré, parce qu’il avait besoin d’elle. Peut-être qu’il aurait dû se demander ce dont elle, elle avait besoin, au lieu de penser à lui, parce que sans doute qu’elle avait besoin qu’il la laisse tranquille. Il tenta quand même sa chance le Wheeler, il lui présenta ses excuses, sans savoir où ça allait le mener. Il voulait qu’elle le pardonne, même si pour ça il devait mentir, trouver une excuse pour justifier ses mots. « Oui, je suis désolé. » Il répondit, un peu confus, comme si ça valait la peine de le redire. Ce n’était probablement pas en le répétant que ça allait changer quoi que ce soit à la situation. La question qui suivit, il s’y attendait Jacob. Après tout, des excuses ne justifiaient pas tout ce qu’il avait pu dire. Il lui fallait autre chose, mais c’était difficile de trouver quoi raconter. Il avait vu le fantôme de son fils, c’était pour ça qu’il savait qu’il était mort. Une justification qu’il avait donné la dernière fois, mais qui n’avait fait que contribuer à le faire passer pour un malade mental. Logique en même temps. L’excuse la plus facile à trouver, dans le fond ce n’était qu’un demi-mensonge, une vérité honteuse révélée pour faire passer la pilule, ou au moins essayer. De toute façon, avec Laila, il n’avait plus rien à perdre. « J’ai des problèmes ... » Quand on voyait des morts, évidemment qu’on avait un sérieux problème dans le fond. Il voulait parler de drogue, mais c’était un peu délicat de faire ça sur le palier de Laila. « Je peux tout te dire … Mais ce serait possible de rentrer ? » S’il devait parler de ses problèmes de drogues, il n’avait pas envie que ça puisse tomber dans des oreilles indiscrètes, il avait une réputation à tenir après tout. Une carrière qu’il pouvait encore sauver et ce n’était pas évident de toute façon, d’évoquer tout ça, alors ce serait mieux à l’intérieur, si elle voulait bien lui laisser une chance.

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Elle s’est retrouvée seule avec elle-même, Laila. C’est ce qu’elle craignait, appréhendait, finalement. Elle a l’habitude pourtant, de se retrouver seule. Mais elle n’avait pas envie de se retrouver avec ses millions de pensées, de doutes, de théories. Pas envie, de penser au pire. De se faire mal, à envisager des choses atroces. Son fils a disparu, et n’a pas été retrouvé – dans ces moments-là, on imagine tout et n’importe quoi, et on imagine sans doute surtout le pire. Elle reste accrochée à son espoir, pourtant, Laila. Elle y reste accrochée, parce qu’elle n’a plus que ça. Sans son fils, elle ne sait pas bien ce qui lui reste. Sans son fils, elle ne sait pas trop à quoi elle pourrait s’accrocher. Sa vie, elle n’aurait plus d’intérêt. Même ses cours ne lui suffiraient plus – Laila, elle aurait l’impression de ne plus avoir aucun but. Quelque part, c’est déjà le cas, parce qu’elle dépérit, Laila. Elle attend, mais rien ne vient. Elle attend, mais personne ne sait rien. La police n’avance pas, a comme baissé les bras. Alors elle attend, mais elle se laisse sombrer, la Aymes. Elle ne sait plus quoi faire, et elle a l’impression d’être comme au seule au monde. Elle n’a pas besoin, ne veut pas de l’aide de Jasper – lui qui la prenait pour folle, mais qui a été incapable de veiller sur leur fils, lui qui a manqué à ses devoirs de père. Il y avait, jusqu’à peu, Jacob, pour la soutenir et l’épauler – mais même lui, il a tout fait foirer. A moins que ce ne soit elle – elle y pense encore, se le répète. Avec Jasper aussi, elle se disait que c’était sa faute. Avec ses parents, pareil. Elle a pris l’habitude, d’être le bouc-émissaire. De rejeter plutôt la faute sur ses problèmes, sur sa pseudo maladie qu’on n’a finalement jamais vraiment comprise. A l’origine de tous ses maux, c’est cela : ce don, que l’on ne comprend pas.

Peut-être que sa vie en aurait été bien différente, si on l’avait compris. Peut-être qu’elle n’en serait pas là, Laila. Mais même elle, elle ne doute pas du verdict, du diagnostic. Elle l’a accepté, parce qu’elle ne voyait pas comment il pouvait en être autrement. Et c’est à cause de cela, si elle a beaucoup été seule, toute sa vie. Puis il y a eu Ilyes, et c’est allé mieux, ensuite. Même quand ça s’est fini, avec Jasper. Au moins, il lui restait son fils, elle restait une mère, elle n’était pas si nulle, elle avait une utilité. Une belle raison de se lever. Mais maintenant, elle n’a plus rien. Elle est tombée sur Jacob, dans tout ça – et s’est accrochée à lui, au moment où elle s’y attendait le moins. Elle ne cherchait pas l’âme-sœur, elle ne cherchait pas quiconque à qui s’accrocher. Elle souffrait, elle avait bien des choses à penser. Mais Jacob s’est quand même fait une place dans son existence, est devenu indispensable, un véritable soutien, une épaule sur laquelle elle pouvait se reposer. Une personne, avec qui elle pouvait partager ses peines et ses maux, sans forcément y mettre de mots. Il comprenait, sans avoir jamais vécu ce qu’elle traversait, traverse encore. Mais il a tout ruiné. Et maintenant, il est là. Il est désolé. Elle l’entend, elle le répète, et lui aussi. Elle, elle en doute, elle est sceptique. Mais quand même, elle se laisse aller à y croire. Parce que ça se voit, comme il est mal – peut-être aussi mal qu’elle. Ils sont deux épaves, deux âmes blessées, brisées. Ils ont connu, chacun, leur lot de malheur, et c’est peut-être pour cela, qu’ils se comprenaient. Elle est amère, Laila, mais d’un autre côté, elle a envie de lui laisser une chance, malgré elle. Parce que peut-être que, sans son fils, c’est finalement Jacob, qui lui reste. Et après, le néant. Rien. Rien qui la retienne. Mais elle est en colère, rancunière, et ça la rend terriblement cruelle. Voilà pourquoi elle a retourné le couteau dans la plaie, avec ce t’es désolé accusateur, laissant percer le doute. La vérité, c’est qu’il lui fait mal au cœur, avec cette façon qu’il a de le répéter. Et qu’au fond, elle voudrait juste le retrouver, l’étreindre, l’enlacer, qu’il lui dise que ça va aller. Elle lui demande alors, pourquoi il a fait ce qu’il a fait. Pourquoi est-ce qu’il lui a dit qu’Ilyes était mort. « Des problèmes ? » Le doute, toujours. Elle en rajoute, elle le sait – et si elle n’était pas en colère, elle se détesterait. Parce que ça ne lui ressemble pas, de le faire culpabiliser comme ça. Parce que Laila, au fond, elle ne ferait pas de mal à une mouche. Il demande à entrer pour en parler, Jacob. Et elle reste là, sur le pas de sa porte, bras croisés, pas décidée. Elle réfléchit, pourtant. « Okay, très bien. » C’est peut-être la curiosité, qui l’emporte. L’envie de lui laisser une chance. Parce qu’il lui manque. Et tant pis si elle est faible, Laila. Elle, elle en a assez de se battre. Alors elle se pousse, pour le laisser entrer, sans un mot, avant de refermer la porte derrière lui. Elle se fiche de l’état de son appartement, capharnaüm infernal. « Je t’écoute. » Pas d’invitation à s’asseoir, ni même à boire quelque chose. Pas de politesses, pas l’envie d’être sympa – ou plutôt, elle s’obstine à garder ses distances, Laila, pour ne pas lui tomber dans les bras.


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don't make me miss you. -- @laila aymes
Il s’était senti bien avec Laila le brun. Ça avait été la première fois qu’il s’était senti bien avec quelqu’un depuis la mort de son épouse. Une fois veuf, il n’avait pas eu beaucoup de relations sérieuses le brun, en une vingtaine d’années, il n’avait pas réussi à reconstruire sa vie le brun. Il n’avait pas vraiment essayé non plus. La mort de sa femme, ça l’avait complètement anéanti, il avait pas mal déconné, c’était la première fois qu’il touchait à la drogue et il avait sombré bien profondément, tout ça parce qu’il avait cru que ça lui permettrait de lui parler, autant que parce que ça avait un peu réduit la peine qu’il avait pu ressentir à ce moment. Il n’avait pas eu envie de trouver de nouveau l’amour, le Wheeler après ça, il avait cru qu’il n’aimerait jamais personne d’autre de toute façon et puis il avait eu l’impression que, de toute façon, l’amour, ça faisait plus de mal que de bien. Il avait préféré se concentrer sur sa fille, Jacob. Il avait consacré sa vie à Ada alors, alors les histoires d’amour, il n’avait pas eu le temps pour ça. Il avait enchaîné les histoires courtes Jacob, les histoires d’un soir, sans promesses, sans lendemain et ça lui convenait très bien comme ça. Pendant tout ce temps il n’avait pas ressenti le besoin de changer quoi que ce soit à son mode de vie et puis un jour il avait rencontré Laila. Certainement pas la meilleure rencontre qui soit, pas franchement très romantique, alors qu’ils s’étaient rencontrés sur les recherches pour retrouver son fils, mais il y avait eu ce truc entre eux et il avait vraiment apprécié leur relation le brun, il avait eu l’impression de ressentir cet amour oublié depuis longtemps, mais forcément, il avait merdé.

Le pire, c’était qu’il avait cru bien faire Jacob. Il avait cru qu’elle aurait besoin de réponses et que même si c’était une mauvaise nouvelle, c’était mieux que de vivre uniquement avec de faux espoirs. Il savait qu’elle ne retrouverait pas son fils Laila, qu’elle se faisait plus de mal que de bien en imaginant qu’il puisse être encore dehors quelque part et qu’un jour, il reviendrait à la maison. Il avait cru que ça allait l’aider de savoir. Mais dans le fond, qu’est-ce qu’il en savait ? Il n’était pas à sa place, le brun. Il ne pouvait pas savoir ce qu’elle ressentait et ce dont elle avait besoin. Il s’était dit que lui, il aurait préféré savoir plutôt que de rester dans l’ignorance, mais elle n’avait pas forcément les mêmes besoins qu’elle. Maintenant, il essayait de rattraper les choses avec Laila, même s’il ne savait pas trop comment s’y prendre. Il ne fallait pas qu’il s’enfonce avec ses histoires de fantôme, ça le faisait juste passer pour un fou. Il allait mentir alors, parce que la vérité n’était, de toute évidence, pas toujours bonne à dire. Un semi-mensonge, parce que les problèmes dont il avait l’intention de parler, ils existaient vraiment. Il ne voulait pas faire ça devant la porte de chez elle, alors il avait demandé à rentrer et elle avait fini par accepter. Ce serait mieux à l’intérieur et ce même si clairement, elle n’allait pas l’inviter à prendre le café. Maintenant, il fallait qu’il parle et qu’il aille dans le vif du sujet, parce qu’elle n’avait pas de temps à perdre apparemment Laila. Il pris une longue inspiration le brun, prêt à se jeter à l’eau. « J’ai un souci avec la drogue. » Il n’était pas dans le déni à ce niveau là Jacob, il avait passé un certain temps en centre de désintoxication à une époque, alors difficile de la nier cette addiction. « J’ai déjà fait une cure de désintoxication, il y a des années, mais j’ai replongé quand j’ai perdu ma sœur. » Une rechute un peu volontaire, il aurait pu tenir, si seulement il n’avait pas encore pensé pouvoir parler à sa sœur. Le seul fantôme qu’il avait vu récemment, c’était le fils de Laila et ça ne l’aidait pas. « Ça me fait dérailler par moment, j’aurais pas dû dire ça, j’étais juste pas vraiment moi-même. » Une excuse comme une autre, en tout cas, il avait l’impression que c’était mieux comme excuse que ses histoires de fantôme, après, il ne savait pas vers où ça allait le mener. Il ne pouvait pas promettre d’arrêter si elle le lui demandait, le problème avec l’addiction, c’est qu’une fois dedans, pour en sortir, c’était loin d’être facile.

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Elle s’est trouvée horrible, Laila. Horrible de tenter quelque chose avec quelqu’un, alors que son fils était porté disparu. Certains avaient peut-être pensé qu’elle s’en fichait, mais ce n’était pas le cas. Elle ne pouvait pas compter sur Jasper, Laila. Elle ne pouvait pas compter sur son ex, parce qu’elle le tenait, le tient toujours, pour responsable. Responsable de la disparition de leur fils. Il était sous sa responsabilité, quand il a disparu. Il était sous sa responsabilité, parce que de toute façon, c’est lui qui a la garde. Alors c’est lui qui est coupable, aux yeux de Laila. Et elle se sent plus jeune que jamais, depuis que ça s’est produit. Depuis qu’Ilyes n’est plus là. Depuis qu’elle ne sait pas, comment il va, ce qui lui est arrivé. Puis elle a croisé la route de Jacob, et contre toute attente, elle s’est rapprochée de lui. Raccrochée à lui. Contre toute attente, il a pris de l’importance dans sa vie. Lui, il ne la regardait pas comme les autres. Bien sûr, il savait qu’elle cherchait son fils, qu’elle était dévastée. Mais il ne savait pas, il ne savait rien de son passé. Pas au début, du moins. Elle a fini par lui parler des médecins qu’elle a vus, des diagnostics qui ont été établis, du traitement qu’elle suit. Et il n’a pas pris peur, Jacob. Non, il est resté avec elle, malgré tout. Envers et contre tout. Plus solide que Jasper ne l’aura jamais été. Ils ne sont pas pareils, tous les deux, d’ailleurs. Pas le même tempérament, pas la même histoire non plus. Avec Jacob, elle a l’impression qu’il la comprend, qu’il l’a toujours comprise, et surtout, qu’il ne l’a jamais jugée. Alors, Laila, elle se sentait bien à ses côtés.

Il a débarqué dans sa vie au moment où elle s’y attendait le moins. Mais il s’est fait une place, Jacob, finalement. Elle a pu se reposer sur lui, quand ça n’allait pas. Et dans le fond, ça ne va jamais. Ça ne peut pas aller, alors qu’elle ne sait pas comment va son fils, alors qu’elle ne sait pas où elle est. Laila, elle ne peut jamais vraiment se reposer, elle ne peut jamais vraiment s’apaiser. Elle ne peut pas penser à autre chose, se changer les idées, et parfois, elle n’arrive même plus vraiment à positiver. Mais avec Jacob, c’était un tout petit peu plus simple, un tout petit peu plus supportable. Elle se sentait bien, avec lui, malgré tout ce qu’elle vivait. Alors aujourd’hui, c’est encore plus difficile, sans lui. Elle n’a plus personne sur qui se reposer, plus personne pour la réconforter. Plus personne, non plus, à aimer. Et elle repense, encore et encore, à ce que Jacob lui a dit l’autre fois, à propos d’Ilyes. Elle se surprend à se demander, et si c’était vrai. Et ça la plonge, à chaque fois, dans un désarroi toujours plus grand. Elle n’a pas envie qu’il retourne le couteau dans la plaie, aujourd’hui. Elle n’a pas envie qu’il lui fasse plus de mal, alors qu’elle a déjà suffisamment souffert, Laila. Mais elle lui laisse une petite chance. Elle le laisse entrer dans son appartement, referme la porte, mais se tient toujours à distance, peu engageante. Elle attend qu’il lui parle, alors. Et il finit par le faire, avouant qu’il a des problèmes de drogue. Il lui parle cure, il lui parle de sa sœur. Il lui dit que parfois, ça le fait dérailler. D’où ce qu’il lui a dit l’autre fois, alors. Elle reste silencieuse un moment, Laila. Un silence interminable, une vraie torture, qui serait presque cruelle, si elle n’était pas un peu trop perdue. « D’où ça vient ? » Son problème de drogue. Peut-être que là n’est pas la question. Mais elle veut savoir, maintenant. Parce qu’elle se soucie quand même de lui, malgré tout. Ce n’est pas parce qu’elle est en colère, qu’elle oublie ce qu’elle ressent. Que ça s’efface, comme par magie. « Pourquoi tu viens me dire ça ? » Elle s’est un peu brisée, à ces mots, sa voix. Au fond, elle a la réponse : il voulait expliquer ce qu’il lui a dit l’autre fois. Et le reste, elle s’en doute. Peut-être qu’il ne veut pas la perdre, comme elle ne veut pas le perdre. Ils se comprenaient, tous les deux, avec leurs maux, avec leurs blessures. Ils n’ont jamais prétendu être parfaits, mais au moins, quand ils étaient ensemble, ils étaient mieux. Pas heureux, mais mieux. « Alors c’est ça ? Ça t’a fait dérailler, et t’as cru que mon fils était mort ? C’est quoi, le rapport ? » Il y a un peu plus de hargne dans ses mots. Un peu plus de douleur dans sa voix. Un peu plus de larmes dans ses yeux. Elle a mal, Laila, c’est tout. Elle a mal, elle est perdue, elle est seule et plus rien ne va pas. Et elle a l’impression que sa vie ne tient plus qu’à un fil, parfois. Qu’est-ce qu’elle ferait, sans Ilyes ? Elle ne serait plus rien, du tout. Elle n’aurait plus de raisons, pour lesquelles se battre, s’accrocher à cette vie de merde, qui n’a de cesse de la mettre à terre.


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don't make me miss you. -- @laila aymes
Depuis la mort de sa femme, il n’avait jamais réussi à reconstruire quoi que ce soit, Jacob. Il avait beaucoup souffert de cette perte, si bien que tourner la page avait été vraiment difficile. La drogue était une suite logique à son envie de faire perdurer son histoire alors même qu’elle était terminée pour de bon, sa femme ne faisant plus partie de ce monde. Il avait voulu la revoir, garder le contact avec elle, passer sa vie dans le déni, à pouvoir être avec elle, sans vraiment l’être. Mais il ne l’avait jamais revue. Sans doute qu’elle était partie en paix, que malgré les regrets d’abandonner sa fille et son mari, elle avait fait la paix avec cette mort qui était venue la chercher bien trop tôt. Il aurait dû se réjouir qu’elle ne soit pas là, coincée entre deux mondes, condamnée à errer comme le faisaient d’autres âmes. Mais il l’avait surtout regretter, Jacob, parce qu’il n’avait pas pu la revoir. Il avait cru que ce don idiot pourrait lui servir à quelque chose, mais ça n’avait pas été le cas. Blanca était définitivement morte et lui, il n’avait fait que sombrer, emporté par un chagrin qu’il n’avait pas su combattre. Il s’était accroché et les conséquences avaient été désastreuses. Dans le fond, c’était peut-être ce qu’il voulait éviter à Laila. C’était tragique de s’accrocher en vain à quelqu’un qu’on ne reverra jamais et il était bien placé pour le savoir Jacob. Ça avait été sa femme d’abord, puis sa sœur et il était au fond du trou le brun.

Laila l’avait aidé à sa façon. Aussi horrible que ça puisse être, s’ils se comprenaient si bien tous les deux, c’était parce qu’ils avaient connu le même genre de tragédie. Lui sa femme, sa sœur. Elle son fils. La douleur, ça les connaissait. Ça broyait leur cœur au quotidien si bien qu’ils pouvaient s’aider l’un et l’autre. Mais il avait tout gâché le brun et maintenant, il peinait à savoir comment recoller les morceaux. Il était venu jusqu’à chez elle, sans vraiment savoir où il allait. Maintenant qu’il était- là, face à elle, il essayait tant bien que mal de se justifier et son addiction à la drogue semblait, pour une fois, une bonne excuse pour se justifier. Il n’en parlait jamais, c’était son petit secret, genre de maladie qu’il essayait de dissimuler à la face du monde, en sachant très bien qu’un jour ou l’autre, les masques finiront par tomber et qu’il en paierait le prix fort. C’était le cas avec Laila, le secret était tombé et peut-être qu’elle allait le maudire encore plus à cause de ça. Il n’avait plus grand-chose à perdre avec elle de toute façon. Bien que surpris par sa question, il savait qu’il devait y répondre. Évoquer son épouse, mariage dont il avait déjà parlé, après tout, il fallait bien justifier le fait qu’il ait une fille qui n’avait pas de mère. Mais ça restait un sujet compliqué pour lui, la peine était toujours là. « J’ai commencé après la mort de ma femme, ça rendait la douleur un peu plus supportable. » Entre autre. Pas question de parler de nouveau de son don. Mais c’était vrai, la drogue, ça l’avait aidé à apaiser ses peines. Un remède qui n’en était pas vraiment un, bien au contraire. Ça lui avait fait plus de mal que de bien. « Parce que demander pardon, sans donner d’explication, ça ne sert pas à grand-chose. » Il pourrait s’excuser un million de fois, ça ne changerait rien, s’il ne se justifiait pas. Le don, ce n’était pas une bonne idée. Mais la drogue, ça permettait au moins d’admettre qu’il avait des soucis et qu’il n’était pas simplement fou ou sadique à vouloir lui faire du mal. « Quand on est défoncé, on a tendance à délirer pas mal ... » C’était ce que beaucoup de gens cherchait, parfois les hallucinations rendaient le monde un peu moins moche, il pouvait comprendre ça. « Ça m’a probablement poussé à rejeter mes propres peines sur toi et c’est injuste et j’en suis désolé. » La mort, après tout, elle était pas mal présente dans sa vie. Sa femme, sa sœur, comme il l’avait dit un peu plus tôt. Son job en général, alors au fond du trou, ça pouvait avoir du sens, qu’il ait juste balancé cette phrase, parce que tout le monde autour de lui tendait à mourir. Ce n’était pas vrai, ce n’était pas ça qui avait provoqué ses mots. La drogue en était peut-être la raison, mais pas parce qu’il délirait, mais parce qu’il l’avait vu son fils. Il était mort, il en était certain, mais il avait compris que Laila, elle n’avait pas envie de l’admettre ça et dans le fond, c’était son droit, il n’avait pas le droit de l’en empêcher.

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