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 far from home (nox)

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far from home (nox)
Dim 14 Fév - 20:12

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

début janvier 2021
à plusieurs kilomètres d'Exeter


S’éloigner d’Exeter ne pouvait que lui faire du bien. Du moins, c’était ce que Jay s’était dit en entamant cette péripétie sans savoir où ça allait la mener. Le troisième jour de leur périple à quelques kilomètres de la ville maudite lui permettait de déconnecter, ne serait-ce qu’un peu, avec le quotidien à l’EPD. Quand bien même les raisons de leurs visites n’étaient pas tout à fait professionnelles, la plaque aidait à récolter des informations. Même si jusque là, ils étaient bredouille.
Jay ne cessait de tourner les paroles de Nox dans sa tête en sillonnant des rues de cette petite ville, bien moins imposante qu’Exeter en elle-même. Le temps était nuageux, parfois pluvieux, mais surtout maussade. L’air était froid et humide, rougissait les extrémités bien qu’elle se soit armée d’une écharpe et d’un gros manteau. Les mains dans les poches de son vêtement, la flic marchait le long du trottoir en repérant quelques petites boutiques. Il y avait peu de commerces, ici. Si certains y verraient une misère, Jay y verrait une aubaine. Les habitants d’une si petite ville se croisaient quotidiennement dans ce genre de structures, aussi les propriétaires devaient être les premiers au courant des derniers ragots et autres nouvelles avant même que cela ne paraisse dans la presse écrite locale. Si elle avait plutôt envie de traînasser et de profiter de quelques jours de congés, elle savait aussi qu’elle n’était pas là pour ça. Pas du genre à ne pas tenir ses engagements, la rouquine. Les pistes étaient trop floues et larges pour qu’ils se permettent de traîner. Officiellement, ils avaient une quinzaine de jours pour trouver leur piste et, pourquoi pas avec un peu d’espoir, les réponses que Nox cherchait. Ne savait pas encore ce qui l’avait poussée à accepter aussi vite avec le peu d’informations qu’ils avaient quant à leur entreprise. S’était probablement sentie touchée trop vite par cette bribe d’humanité pure qu’il lui avait semblé apercevoir chez le quadragénaire. Depuis leur départ, sa compagnie lui paraissait de moins en moins désagréable, ou tout du moins de plus en plus supportable. S' il lui paraissait qu’il était nerveux, et il avait raison à bien des égards, ils ne s’étaient pas réellement accrochés comme ça leur était arrivé la dernière fois. Cette après-midi là, pour couvrir plus de terrain, lieutenant de police et shérif adjoint s’étaient séparés. Nox s’occupait de la partie plus civile, et Jay se mordit la lèvre inférieure à cette pensée. Elle ne savait pas si c’était vraiment une bonne idée de laisser Nox aller interroger des personnes en frappant à leur porte. S’imaginait tout un tas de scénarios qui avaient du mal à bien se terminer. Mais elle n’avait d’autres choix que de lui faire confiance, pour cette fois, et le laisser gérer seul. Avait quand même la désagréable impression qu’elle devra ramasser les pots cassés. Ils s’étaient entendu en arrivant qu’ils devaient rester relativement discrets, par précaution.

Sorti d’un troisième commerce, bredouille. Demeura sur le trottoir un moment, s’alluma une clope, pensive. Repéra à une dizaine de mètres un coiffeur, en espérant qu’il y aura une bonne pioche dans le tas. Munie d’une photo que Nox lui avait fournie, elle entra dans le commerce après avoir terminé de fumer, ne perdant pas espoir.

[...]

Au volant de sa voiture personnelle, Jay regagna l’hôtel de ville où ils s’étaient donné rendez-vous pour dix-sept heures. Pianota de ses doigts sur le volant. Dehors, le vent s’était mis à souffler, et les nuages gris et chargés ne tardèrent pas à annoncer la pluie qui allait s’abattre. Ciel clément tant que de petites gouttes tombaient sur le pare-brise. La nuit tombait rapidement, et Jaimini attendait, se réchauffant comme elle le pouvait avec le chauffage intérieur, tournant ses mains devant les ouvertures soufflantes. Sursauta quand Nox entra d’un seul coup dans le véhicule. Se garda de lui signifier qu’il était en retard, les nerfs un peu tendu d’avoir passé sa journée dans le froid, et la faim qui commençait à se manifester dans l’estomac. Trois jours qu’ils étaient partis, trois jours qu’elle l’attendait au point de rendez-vous. Sans s’empourprer de banalités, Jay entama. « J’ai fais le tour de tous les commerces de cette ville. Coiffeurs, épiceries, PMU et même une banque. Je suis aussi re passée par la mairie pour avoir les tracts de tout ce qui se situait à proximité et qu’on aurait pu louper. » Elle avait beau avoir envie de vacances, Jay n’avait pas chômé. « Je crois qu’on n’retrouvera rien de plus ici. À part une vieille qui m’a fait remarquer qu’elle ressemblait à une petite nièce d’on ne sait où, je ne suis pas sûre qu’on trouve quoi que ce soit d’intéressant. Je tente quand même au cas où, mais une Madame Spencer, ça te parle ? » Lui jeta un dernier regard avant d’amorcer la première et de mettre le véhicule en marche. Prit la route sous la pluie qui s’intensifiait peu à peu, balais d’essuie-glace qui écartait l’eau en battements féroces sur le pare-brise. « J’espère que ça n’te dérange pas qu’on fasse un détour par un drive. Parce que je meurs de faim. » De toute façon, elle avait le volant et par ce temps, ils ne mèneraient rien de concret à bien. Pour ça, il faudrait avoir des pistes. Mais Jay était encore patiente, elle savait qu’il restait encore bien des lieux à sonder avant de renoncer. S’engageant sur une longue route de campagne qui semblait ne mener à nulle part, ils parvinrent à une station service collée à un fast-food. Visiblement et contre toute attente, c’était un lieu de passage pour les routiers. Arrêta la voiture et déboucla sa ceinture. « Tu veux quelque chose ? Je m’y colle. Toi, tu pourrais essayer à la station service. Ça a l’air d’être un lieu de passage ici. » Sonda son opinion du regard, avant de descendre du véhicule et d’aller chercher leur pitance avec une certaine hâte. J’ai la dalle.

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Re: far from home (nox)
Lun 15 Fév - 11:22

jaimini & nox / janvier 2021
we tried to run, we tried to hide in fear of losing ourselves, we tried to keep it all inside so we don’t hurt someone else, when all the demons come alive i’ll still be under your spell, this could be heaven or hell. (www)

Peut-être qu'il s'était imaginé autre chose. Autre chose sur lui, sur ses motivations. Se serait pensé acharné, à n'jamais baisser les bras. Pourtant, s'il a proposé qu'ils se séparent ce troisième matin, c'est bien parce qu'il n'veut pas qu'elle puisse le sentir. Qu'il perd déjà espoir, qu'il sait leur quête vouée à l'échec. Préfère s'morfondre tout seul, à n'pas vouloir montrer ce visage-là de lui qu'lui-même ne pensait pas rencontrer. Alors, il erre dans les rues étroites et pavées de cette ville inconnue, la photo de la gamine à la main. Une belle gamine. La peau typée, ses cheveux frisés, sans doute qu'y a que ses yeux clairs qu'elle a pris d'lui, qu'il aurait presque pu nier sa paternité, sinon. Même si c'est déjà ce qu'il a fait, finalement. N'a pas pu lui avouer, à Jaimini. Que s'ils lui tombent dessus, à Percy, qu'elle serait bien la première à se demander ce qu'il fout là. Pourquoi est-ce qu'il est venu la chercher. Pourquoi lui pourrait bien s'faire du soucis pour elle, quand ils n'ont jamais cessé d'se croiser sur les scènes de crime, quand elle arrivait toujours en avance, à n'avoir jamais compris ce qu'elle foutait, cachée derrière ses clichés morbides. Non, elle comprendrait pas, la gamine, pourquoi l'ancien shérif a posé des putain d'vacances pour la retrouver. Parce qu'il n'a pas pu lui dire, à Jaimini. Qu'elle sait même pas, la gamine, qui il est pour elle. Parce qu'il n'a jamais eu les couilles d'le lui dire.

Elle s'occupe des commerces, lui des privés. Frappe aux portes avec une lassitude peinte sur son visage éreinté, qui n'a pas su récupérer pendant le voyage, quand il essayait de roupiller pendant qu'elle conduisait, qu'le soleil se refuse à lui, à lui imposer des scénarios chaotiques. Sait très bien, en plus, qu'il ne pourra pas lui dire, s'ils la retrouvent. Salut, j'suis ton père, rentre à la maison. En ricane tout seul, tant ça lui semble pathétique. Ressert les pans de sa veste, à avoir mis son uniforme pour qu'ça semble plus officiel quand ça ne l'est en rien, qu'même Asta n'est pas au courant de ses motivations, à sûrement le croire dans un spa en train de se relaxer alors qu'il se les gèle sévère dans une ville grise et nuageuse. Fait toutes les portes, Nox, avec un air désespéré collé au faciès comme un masque qu'il n'arrive plus à retirer, à enchaîner les négatives, à s'éclipser sans politesse, à brandir le badge si les rideaux refusent de s'entrouvrir. La journée qui s'écoule, les heures qui s'égrènent, l'humidité qui le pénètre jusqu'à la moelle épinière, que son pas se fait de plus en plus trainant. Sûrement qu's'il était venu seul, qu'il serait déjà rentré au bercail, Nox, à n'avoir finalement pas cette force de caractère qu'il pensait face à la tâche qui lui semble de plus en plus impossible, à se laisser avoir par un désespoir cruel. Se demande s'il va pouvoir enterrer ça pour toujours. Faire oublier aux rares qui lui connaissent une descendance qu'elle a un jour existé, qu'il s'en est un jour soucié, parce qu'même Ambrose et Enoch n'le croiraient sûrement pas s'il affirmait qu'ça a été le cas, à noter son importance qu'une fois disparue. Jette un coup d'oeil à son portable, à penser un peu bêtement à Nora, à se souvenir de cette soirée presque trois mois plus tôt, de sa fièvre et de celle qu'ils ont partagé aussi, des draps froissés d'ébats trop intenses, de la piqûre du sel de l'océan quand il a dû se faire fureur pour la récupérer des tentacules du kraken. L'efface de ses pensées quand l'heure le réveille, qu'il est l'heure d'abandonner pour aujourd'hui, à enfoncer la photo qui se froisse de plus en plus au fil des heures, comme les souvenirs qu'il accumule au fond du cerveau déréglé, à prendre le chemin de l'hôtel de ville pour la rejoindre.

Ouvre la portière brusquement, pour s'engager dans l'habitacle sans un mot de politesse. Doit avoir l'habitude, maintenant, Cricket. S'dit que ce périple avec elle va leur permettre de mieux s'connaître, de plus se détester, peut-être. L'écoute d'une oreille à peine attentive, à noter les premières gouttes de pluie qui s'écrase contre le pare-brise. « Non, elle n'avait pas d'autre famille. » Le ton morne, détaché. Pas d'autre famille, pas d'famille du tout, ouais. Peut pas s'prétendre à ce rôle-là, Nox, père du siècle. « Rien d'mon côté non plus. » Réponse simple, le timbre neutre, presque froid. N'donne pas plus de détails, n'a pas besoin de se justifier comme elle le fait, et sûrement qu'il lui en serait reconnaissant si son état n'était pas celui d'un gars totalement paumé et déjà défaitiste. N'réagit pas, ne lui offre aucune réponse, à se laisser bercer par la route qui reprend lentement. L'estomac qui gronde pourtant à ses mots, s'sent pas d'humeur à manger quoi que ce soit pourtant. Y a que quand elle s'arrête qu'il semble revenir un peu à la réalité, à entrouvrir les lèvres sans qu'rien n'en sorte pourtant, à la laisser s'éclipser, à pousser le vice du mutisme à rester quelques longues secondes de plus dans la voiture. S'en extirpe pourtant soudainement, en quelques foulées rapides qu'il la rattrape. « Cricket, qu'il l'appelle en posant sa main sur son avant-bras pour la stopper, ça fait trois jours qu'on bouffe des sandwichs, t'en as pas marre ? » Le regard qui semble - enfin - s'allumer d'une lueur plus malicieuse, très légère, presque imperceptible, à éclairer l'océan de ses yeux tumultueux jusqu'ici. « Trouvons un resto. » Penche la tête sur la côté en récupérant sa main pour sortir son paquet de clopes et s'en griller une, tirant dessus une fois avant de poursuivre. « C'est moi qui offre. On peut bien s'permettre ça. » Observe la station service qui leur fait face en haussant les épaules. « J'vais leur demander s'ils l'ont vue et si y a un truc potable pas loin pour manger et dormir. Retourne au sec dans la bagnole. » L'ton un peu ferme, comme toujours, à finir sa clope sur le chemin avant de s'engouffrer à l'intérieur de la station.

N'en ressort que quelques minutes après, une bière à la main et quelques paquets d'clopes en rab pour les jours qui viennent. Rejoint la voiture au petit trot, la tête enfoncée dans les épaules face à l'averse qui prend de l'ampleur, qu'il rentre dans la voiture en soupirant. « J'ai besoin d'une pause, » qu'il justifie la bière qu'il s'ouvre pour en prendre une gorgée géante. La lui tend, sans gêne, en s'essuyant la bouche d'un revers de manche. « On peut bien s'reposer ce soir, de toute façon, on n'va rien trouver de plus de nuit et avec ce temps. » Tourne la tête vers elle, en haussant les épaules, retrouvant son air maussade comme la météo. « RAS ici aussi, mais la gérante m'a dit qu'à cinq kilomètres si on continue en direction d'la prochaine ville, y a un hôtel plutôt pas mal et qu'ils ont même un bon resto. J't'ai pas faite venir avec moi pour qu'tu perdes six kilos et qu'tu choppes la mort en courant sous la pluie. » Pour une cause perdue qu'il rajouterait presque mais s'retient. Doit pas lui montrer, Nox, qu'il a déjà abandonné alors qu'ils n'en sont qu'au début de leur aventure. Doit pas lui montrer, Nox, qu'il a vachement moins d'cran et d'endurance pour ce genre de périple que ce qu'on pourrait croire, que ce que lui-même pouvait imaginer.

(c) mars.

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Re: far from home (nox)
Mar 16 Fév - 12:38

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

Jay n’avait de cesse de se heurter à un mur de briques. L’acolyte était peu loquace, répondait à peine à ce qu’elle lui exposait, malgré toute la motivation qu’elle essayait d’injecter dans ses prises de paroles. Elle sentait son désarroi, le devinait sous l’épaisse carapace. Parce qu’il n’y avait pas besoin d’expliciter certaines douleurs pour qu’elles soient décelables. Peut-être aussi qu’elle injectait trop de son propre vécu dans l’histoire de Nox, parce qu’elle savait qu’elle, de son côté, n’aurait eu de cesse de chercher l’être cher s’il avait une consistance, s’il était encore en vie. Alors certainement que d’un côté, et sans que cela ne soit très sain, elle se projetait dans cette quête comme si c’était la sienne. Se disant que si elle pouvait l’aider d’une certaine façon, cela revenait à s’aider elle-même. Quand bien même il n’y avait pas d’échappatoires à sa situation, au constat de sa vie qui avait pris une longue pause il y a quelques années, de laquelle elle sortait à peine. Pas certain que ce soit une excellente idée de se mêler aux problématiques parentales de tiers personnes. Nox n’était pas le premier. Trahivut avait lui aussi débarqué chez elle pour relancer l’enquête, et elle avait beau s’être sentie bousculée, elle avait surtout été chamboulée par la détresse des âmes en quête de retrouvailles. Ne pouvait que s’imaginer leur douleur de parents, quand elle s’y refusait pleinement, culpabilité que les plus efficaces thérapies ne pourrait gommer. Deuil encaissé mais réminiscences douloureuses quand il s’agissait de pointer les plus grosses erreurs que des êtres puissent commettre : de celles que faisaient les parents. De celles qui ne se rattrapaient pas, avec lesquelles on ne composait pas. C’était tout ou rien. Et aujourd’hui, Jay n’avait plus rien si ce n’était l’espoir des autres.

Elle encaissa les paroles de Nox concernant la famille, mains sur le volant en écoutant le peu de mots qu’il acceptait de lui adresser. Visage lisse pour ne pas montrer le coup dur de ce troisième jour face à une ville qui n’avait rien à leur communiquer de concret. Elle ne chercha pas à le questionner davantage, préférant entretenir les braises de l’espoir plutôt que le brasier douloureux de l’échec. De toute façon, peu importait les éventuels dégâts que pouvait avoir causé Nox dans son sillage, ils quittaient la ville ce soir.
À son tour de ne pas répondre quand il lui proposa un restaurant. Silences entrecoupés par de courtes prises de paroles, mais Jay  fut coupée dans son geste et obtempéra. Resta dans la voiture face au constat de paroles qu’elle avait interprétées comme bienveillantes, sans savoir comment communiquer de cette façon avec lui. Trois jours qu’ils ne s’envoyaient plus les mêmes piques qu’autrefois, et la rouquine pensa avec ironie que quelque chose clochait, sans vouloir se faire de films. Mit ça sur le compte d’un moral ébranlé par leurs recherches infructueuses, et il avait toutes les raisons du monde de ne pas vouloir s’effriter davantage en joutes inutiles. En attendant, les pensées évasives, Jay observait le mauvais temps s’abattre sur le pare-brise et le capot de la voiture dont le moteur s’était remis à tourner. Moment de calme contemplatif durant lequel elle prit le temps de détendre ses muscles, s’installant plus confortablement dans son siège, zip de son manteau toujours fermé jusqu’en haut sous son écharpe. Vit Nox remonter dans la voiture, comme spectatrice de la scène tant elle avait l’impression de s’être assoupie même pour ce court moment. Décida de baisser le chauffage qui embrouillait son esprit fatigué, histoire de ne pas risquer l’accident lorsqu’elle reprendra la route. « Moi aussi. » Répondit-elle, l’admettant enfin, en écho à ses premiers mots. Prit la bière qu’il lui tendait pour en avaler une gorgée fraîche et revigorante, qui lui remit un peu les pensées en place. Une fois de nouveau ancrée dans le présent, Jay se redressa sur son siège et ne tarda plus à reprendre la route tant qu’elle avait les yeux en face des orifices. « Depuis quand tu t’intéresses à ma ligne ? » Qu’elle lui balança dans un bref sourire taquin en amorçant une marche arrière pour sortir de sa place. Tourna le volant plusieurs fois avant d’être enfin revenue sur la chaussée, continuant leur lancée sur cette longue départementale qui s’enfonçait dans les bois. S’essayait à rendre l’atmosphère un peu plus légère, puisqu’il étaient déjà servi niveau maussade avec la météo et les températures basses. Lui paraissait que la forêt allait les engloutir, le faisceau des phares ne couvrant qu’une courte distance au vu du rideau d’eau qui leur tombait dessus.

**

« Comment ça, vous êtes complets ? » S’étouffa-t-elle, à bout de nerfs, face au réceptionniste désinvolte qui se moquait un peu de la situation. « J’ai vérifié avant de venir, vous indiquiez quelques chambres de libres. » Ne put cependant attester de ses paroles, comme c’était un énorme mensonge. S’impatientait, son sac à la main, fatiguée et affamée. Soubresauts dans les entrailles, discrets et illégitimes, tandis qu’elle s’efforçait de conserver le rythme de sa respiration. L’homme en face d’elle semblait perdre patience, agacé de se voir ainsi brutaliser verbalement par une cliente dont ses affaires n’avaient pas besoin pour assurer son chiffre. Les billes ambrées ne quittaient pas son faciès des yeux, tandis qu’il parcourait des dossiers sur son ordinateur qui créait un halo pâle sur sa peau. Dans le reflet de ses lunettes qu’elle fixait, Jay se serait presque assurée qu’il vérifiait bien les réservations. « Il me reste une chambre. C’est la dernière. » C’était mieux que rien, surtout. Le temps dehors n’était pas plus clément, et la rouquine mourrait d’envie de prendre une douche. S’en suivirent les formalités habituelles et la remise des clés, avant qu’elle ne jette un regard à Nox et s’orienta dans les couloirs afin de gagner les lieux. La chambre était modeste mais sympathique, classique. Près de la fenêtre se bousculaient deux fauteuils et une petite table. Au centre de la pièce, un lit au moins assez grand pour trois personnes. Sentit les joues s’empourprer légèrement. « La prochaine fois, on pensera à réserver en avance… » Et elle ne se voyait absolument pas passer sa nuit dans la voiture. Posa son manteau et son écharpe au portant, à l’entrée de la pièce. « J’ai une faim de loup. » Qu’elle accentua avant d’inciter son acolyte à la suivre dans les couloirs. Pas le temps de s’installer ni de se détendre, elle crevait littéralement de faim. Et l’idée de passer une nuit entière dans la même chambre de Nox la rendait un peu nerveuse. Parce qu’elle ne savait pas si ce qu’il l’habitait, elle, viendrait la trouver et la troubler. Ils n’étaient pas là pour ça. Visage un peu plus fermé, quelques peu agitée, la trentenaire se présenta enfin à la réception du restaurant, cette fois-ci. Lieu un peu plus chaleureux que la réception de l’hôtel. N’avait pas l’allure de quelqu’un qui se rendait au restaurant. Repéra le bar plus loin, avec un écriteau signalant qu’il était ouvert toute la nuit. La magie de ce genre de lieux improbables qui accueillaient des clients à toute heure de la journée et de la nuit.

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Re: far from home (nox)
Mar 16 Fév - 14:53

jaimini & nox / janvier 2021
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Hoche simplement la tête quand elle avoue avoir elle aussi besoin d'une pause. Ne lui avouera pas, Nox, qu'il lui trouve une détermination qu'il n'imaginait pas, à s'voir les rôles inversés, quand il aurait pensé qu'lui en avait bien plus en réserve et qu'il ne pouvait pas demander l'inverse à la première venue. Bien c'qu'il a fait avec Jaimini, pourtant, sans la connaître assez pour la savoir digne de confiance, quand elle sait pourtant plus de choses sur lui que le commun des mortels qui l'entourent. S'comptent sur les doigts d'une main, ceux qui sont au courant. Persuadé qu'il serait fuit comme la peste, sinon. Mais elle était restée, et c'est peut-être ce qui avait fait la différence. Affiche un air plus détendu, désinvolte, presque surpris. « Depuis y a cinq secondes. » L'ombre d'un sourire qui essaie de prendre la place des traits tirés, sans réel succès, mais comme on dit, l'important c'est d'essayer. La voiture trace sous l'averse qui s'est intensifiée, et l'hôtel s'impose enfin, au coeur de la forêt comme un oasis tant attendu. Nox en soupire même de soulagement, l'idée de pouvoir décrocher l'espace d'une soirée, de se remplir la panse, de boire un bon vin et d'oublier. D'oublier, juste pour quelques heures. Ce qu'ils font ici, qui ils cherchent. D'oublier l'animal tapi en lui, d'oublier c'qu'il ignore encore sur Jay. D'oublier Nora et la promesse cruelle qu'il lui a faite. La laisse gérer pour le problème de réservation, sans doute trop épuisé pour s'en mêler - pourrait bien renverser l'écran de l'ordinateur sur la gueule du type qui les dévisage comme s'ils sortaient d'une autre époque. Alors, pour s'concentrer, s'en détache, Nox.

Il ne lui jette aucun regard, comme s'il n'avait pas compris, comme s'il s'en fichait, comme s'il n'était plus vraiment là. Absent, qu'il suit dans les couloirs, à se retrouver en un rien de temps au centre d'une chambre qui n'est pas décevante pour autant, sans qu'il n'en saisisse le malaise. Dépose le sac de sport contenant ses quelques affaires sur un des fauteuils, le regard rivé sur la pluie qui tambourine contre la vitre. Tiré de ses pensées par la voix de sa partenaire de mission, qu'il se retourne enfin, à noter ses joues empourprées. Réalise peut-être enfin, sans qu'il n'en semble franchement gêné. Un éclat de malice qui traverse son regard qu'on croyait éteint depuis le départ d'Exeter quand il s'approche d'elle, le regard insistant comme pour la sonder. « Qu'est-ce qu'y a ? qu'il demande avec un soupçon de rire au fond de la gorge. Un brin provocateur, à appuyer directement là où il sent le malaise. La grande Jaimini Crowley a peur de dormir avec moi ? » Et ça le fait rire, sans penser à la portée de ses mots. Parce qu'oui, lui, il trouve ça plutôt sympa, comme idée. Et forcément, dès qu'y a une occasion, il faut tourner ça à la dérision. Parce que c'est plus facile comme ça. Lui lance un regard en biais au loup qu'elle invoque, se retenant une pique acidulée, à hocher simplement la tête en s'extirpant lui aussi de la chambre.

Le restaurant les accueille avec un peu plus de couleur et d'ambiance que ce que leur périple leur a promis jusqu'ici. Et à Nox, ça lui fait du bien. S'dit qu'il va pouvoir décompresser. Ne plus penser. S'anesthésier le cerveau. Rien qu'à cette idée, s'dit bien qu'il se prendrait la cuite de sa vie, ce soir, rien qu'pour flotter dans une autre dimension le temps de quelques heures. N'plus penser à la bête, n'plus penser à Percy, n'plus penser à Nora. « Une table pour deux. Et une jolie table, hein, c'est notre anniversaire de mariage. » Clin d'oeil appuyé envers Jay avec un rire sec, qu'il tourne vers le serveur son regard perçant, que le jeune homme ne sait pas comment réagir ni comprendre en quoi ça peut être marrant. Les amène rapidement à une table ronde près de la fenêtre, où deux banquettes perpendiculaires les force à s'asseoir presque côte à côte. Le garçon de café, qui s'empresse de venir ajouter une bougie et une rose d'un rouge éclatant sur la table, ignorant un Nox qui s'esclaffe de plus belle. Donne un coup de coude à Jaimini, l'esprit d'un gamin refaisant surface sous la carapace avec beaucoup trop de facilités. « Ils n'font pas les choses à moitié ici. » Attrape la carte entre ses mains calleuses, à forcer sa concentration deux secondes avant de la reposer, le choix déjà fait. L'appel de la viande, sans qu'elle ne soit humaine, qui doit pourtant être présente chaque jour. Heureusement qu'il n'était pas végétarien, de base. Le jeune homme qui revient, tous sourires, comme s'il demandait alors, la table vous plait ? de ses yeux curieux et investis. Apprécie au moins ça, Nox, même s'il se fout de sa gueule depuis le début et qu'il ne compte pas s'arrêter là, c'est ce qu'annonce son regard joueur, en tout cas. « Déjà, on va vous prendre une bouteille du meilleur rouge que vous avez sur votre carte. Bon, pas à un prix exorbitant non plus, hein. » Le précise, si être flic était bien payé, ça s'saurait. Découvre ses dents sur un sourire carnassier, le regard qui s'embrase légèrement. « Pour moi, ça sera un tournedos Rossini. Saignant. » En salive presque déjà, parce que les triangles au poulet des stations service qu'il se coltine depuis trois jours l'ont affamé. Le jeune qui hoche la tête, et Nox, poussant le vice à son apogée, vient poser sa main sur celle de Jaimini, sur la table. L'entourant de sa paume trop grande, trop dure, sûrement, à ne s'être que trop rarement prêté à ce jeu-là. Qu'il tourne vers elle un regard presque transi, bon comédien, à cligner des yeux plusieurs fois en la fixant. « Et pour Madame ? » Pousse le vice, joueur, à se fondre toujours dans des situations qui peuvent le détourner de tout, à s'enfoncer plus profondément dans toutes les distractions pouvant lui faire oublier le reste. Son index vient caresser le dos de sa main, un sourire trompeur suspendu aux lèvres. Comme pour voir si elle allait se rétracter au défi, comme si tout n'était qu'un immense jeu. Comme si Nox avait déjà connu les règles d'un seul, à trop souvent perdre sans vouloir les consulter au préalable, poussé par l'amour du risque, comportement viscéral et inconscient le poussant toujours plus près du précipice.

(c) mars.

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Re: far from home (nox)
Mar 16 Fév - 18:06

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Leva les yeux au ciel à sa remarque, lorsqu’ils étaient encore de la chambre. « C’est p’t’être toi qui devrait avoir peur. » asséna-t-elle, piquée au vif qu’il ait ainsi rebondit sur son malaise. Toujours avec son petit air suffisant et satisfait. Celui qu’elle lui connaissait le mieux. Le positif était au moins que le personnage ingrat qu’elle connaissait n’avait pas encore totalement disparu. Qu’il se cachait juste sous une enveloppe plus terne, mais qu’il attendait juste, à la façon d’un prédateur, le meilleur moment pour ressurgir. Si elle n’était pas d’aussi mauvaise humeur à cause de la fatigue et de la faim, sûrement qu’elle aurait simplement rit. Si elle avait été une femme somme toute banale, sans être  affligée de ces mystères qui dormaient dans ses reins, sûrement qu’elle se serait presque réjouie de passer une nuit auprès d’un bel homme. Dans son cas, Jay ne ressentait qu’une certaine sensation de stress. D’angoisse même à l’idée que les choses se reproduisent inlassablement. Commençait déjà à s’imaginer mille et uns scénarios possibles, se murant dans le silence pendant qu’ils s’installaient à table. Juste un regard écarquillé à son encontre quand il commença à raconter que c’était leur anniversaire de mariage. Du regard, elle parcourait la carte du restaurant sans vraiment lire. Ne parvenait pas à se concentrer, revenue à des souvenirs datant de quelques semaines à peine. Là où s’entrechoquaient culpabilité et nostalgie. Au creux des bras de l’être grandement apprécié, sans connaître la véritable teneur de ces sentiments. S’ils étaient réels ou motivés par d’autres desseins qui lui échappaient. La question demeurera sans doute entière, car elle n’était pas sûre qu’il y aurait de suite, qu’il y aurait de fin officielle. Juste ces souvenirs qui se teinteront de tristesse une fois que le temps aura été assez clément pour achever l’éloignement. Repensait à ces quelques fois où elle avait été, entre temps, traînasser dans quelques bars. Se laisser séduire, séduire en retour, vampiriser et déguerpir sans demander son reste. Comme une criminelle, comme une prédatrice qui s’affirmait contre son gré. Sentait bien que ça prenait de plus en plus de place, comme si deux entités combattaient dans son corps pour avoir la place principale, être aux commandes. Avait bien fait quelques recherches sur Internet, bien qu’elle doutait de la fiabilité d’un tel outil. Avait entré des mots clés qu’elle avait trouvés ridicules et qui avaient tous donné des résultats qui ne correspondaient pas. Et ne se voyait pas consulter de médecin pour ce genre de choses, s’imaginant déjà des rires ou des moqueries dans le pire des scénario. Alors elle s’était tue, toutes ces semaines durant, murée dans un silence incompris et coupable de quelque chose dont elle ne mesurait pas pleinement l’impact. « Je déteste les fleurs. » Qu’elle répondit avec un bref sourire acerbe, contrastant un instant avec l’ambiance plus légère qui commençait à flotter entre eux. Se reprit rapidement, sortant soudainement de ses pensées. « J’suis allergique, tout ça. » N’eut pas vraiment le temps d’échanger davantage qu’un serveur abordait leur table avec des yeux pétillants. Un jeune qui n’était peut-être même qu’en apprentissage pour l’instant. Détailla un instant les traits encore poupon, s’y raccrochant comme une bouée de sauvetage pour oublier le cassage d’ambiance magistral qu’elle venait d’initier. Nox revint tout de même à la charge en posant sa main contre la sienne, ce à quoi elle ne s’attendait absolument pas. Comme un déclic dans sa tête, se dit que finalement elle n’avait peut-être pas besoin de se prendre autant la tête. Qu’elle était, de toute façon, déjà presque au point de rupture. Qu’elle savait qu’elle aurait beau se creuser les méninges, elle ne trouvera jamais de réponse adéquate à ses tourments. Ses lèvres se fendirent finalement d’un sourire radieux qu’elle renvoya au serveur. « Un risotto aux cèpes pour moi. Monsieur aime que je prenne soin de ma ligne. » L’employé du restaurant reprit leurs cartes après avoir pris leur commande, se permit un petit commentaire sur leur couple factice, les complimentant. Ce qui ne fit qu’arracher un petit rire à Jaimini qui enfin, parvenait à se détendre. Sentit la caresse sur le dos de sa main, qu’elle ne retira pas immédiatement. Posa le coude libre sur la table, appuyant son menton contre la dextre libre. Son sourire ne se fana finalement qu’à cet instant, conservant un fugace souvenir au coin des lèvres. « Comment tu fais ? » Les ambres vissées à son océan, Jay conservait une mine plus légère, attendant de voir qui de lui ou d’elle retirera sa main en premier. Soit, elle pouvait encore gérer ce genre de jeux, bien qu’au fond d’elle elle ne comprenait pas d’où il sortait. Sûrement trop éreintée pour entrer dans une nouvelle joute. Autant profiter de la bonne humeur temporaire de son acolyte. « Pour passer du coq à l’âne, comme ça. » Précisa-t-elle face au regard qu’elle devina comme interrogateur. Pas de reproche dans la voix, juste un ton à demi-mots, un air qu’on pouvait deviner comme complice, un peu glissant. N’était pas franchement douée pour ce genre de jeux, car elle-même n’en connaissait pas les règles, ni les limites. Savait juste que pour elle, il y avait des limites à ne pas franchir, à ne pas devoir franchir le point de non-retour duquel elle aurait toujours du mal à revenir. Il y avait quelque chose d’épicé dans le regard de son interlocuteur, qui l’amusait pour l’instant, tant que l’ambiance demeurait bon enfant. « Tu aurais pu trouver quelque chose de plus amusant, quand même. » Souffla la rouquine d’un air fripon, les pommettes rehaussées par son expression malicieuse. « Tu aurais pu faire ta demande en mariage au milieu du restaurant. Parfaitement romantique, au milieu de la forêt pendant qu’il pleut des cordes, en plein hiver. Ça pourrait presque être le début d’un pitch pour un nouveau roman de Stephen King. » Brillait une certaine défiance dans son regard, histoire de jauger jusqu’où il était prêt à jouer. À ce jeu qui pourtant l’instant, ne connaissait pas de conséquence directe. Pas de limites, pas de dangers. Quoique.

Ce sont quelques minutes plus tard que leurs plats arrivèrent, fumant délicieusement, apportant leur fragrance à ses sens. Son estomac lui rappela qu’elle était affamée, mais Jay avait encore la décence de patienter pendant que le serveur débouchait la bouteille et leur servit tour à tour leur verre de vin. Se saisissait de son verre à pied du bout des doigts, sentant le liquide rougeâtre, profitant des saveurs qu’elle pouvait déjà y deviner. Laissa leurs deux verres s’entrechoquer en un léger tintement cristallin. « Alors, à nous, mon tendre époux. » Clin d’œil presque séducteur avant que Jay ne goûte au vin, son palais appréciant ses reliefs, bien qu’elle se soit déjà maintes fois anesthésié les papilles par des alcools plus forts. Ils purent enfin entamer leur repas, soulager leurs estomacs vides par cette longue journée et les mauvais repas qu’ils s’enfilaient depuis quelques jours déjà. Une presque renaissance. Et un présage de meilleure humeur de son côté, quand d’autres appétits se tenaient à carreaux. Pour l’instant.  

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Re: far from home (nox)
Mer 17 Fév - 10:03

jaimini & nox / janvier 2021
we tried to run, we tried to hide in fear of losing ourselves, we tried to keep it all inside so we don’t hurt someone else, when all the demons come alive i’ll still be under your spell, this could be heaven or hell. (www)

Sûrement que dans les couloirs, il se demande encore de quoi il pourrait avoir peur, qu'ça a attisé une curiosité bizarre qui émerge dans le brouillard qui nappe son cerveau. N'a pourtant pas répondu de connerie, comme on l'aurait cru, à retenir un tu vas me violer ? qui lui brûlait les lèvres mais qu'il a retenu au creux de ses incisives sans vraiment savoir pourquoi. Se retrouvent vite attablés, qu'Nox s'installe avec l'excitation d'un gamin qui fête son anniversaire, à ne pas savoir d'où lui sort cet entrain soudain quand on l'a bien vu tirer la gueule depuis trois jours. Fronce les sourcils quand elle prétend ne pas aimer les fleurs, à s'apprêter lui répliquer qu'elle est rabat-joie, mais elle tente de se rattraper, visiblement. Lui lance un regard inquisiteur et sans prévenir, attrape la rose pour la jeter au sol devant la table sans prévenir. Sourire entendu qu'il lui lance, le regard qui se reporte vers le jeune serveur qui vient de se poster devant leur table et le dévisage avec incertitude. Sûrement que ça le met mal à l'aise, le gamin, mais Nox, c'est pas tellement son genre d'estimer la légitimité de ses gestes. « Madame est allergique. » qu'il se justifie en haussant les épaules. N'peut pas s'empêcher de grimacer à sa commande, en se penchant vers elle une fois le serveur esquivé avec son bloc-notes, sa main toujours sur la sienne. « Un risotto, sérieux ? T'es végétarienne ? » qu'il s'interroge, en se rendant compte qu'il ne sait franchement rien d'elle, finalement, tout comme l'inverse est vrai aussi. Ou peut-être moins. Peut-être qu'elle sait déjà bien plus de choses sur lui - sur sa nature, sur l'existence de sa gamine, et que ces deux points sont pourtant inconnus de la plupart de ceux qui côtoient Nox. Même Asta ignore. Qu'il a une fille. L'a caché à tout le monde, Nox, depuis toujours, depuis ses dix-neuf piges qu'on s'est précipité vers lui avec un je suis enceinte de toi et qu'il s'est enfuit, comme un chien apeuré. N'la jamais dit qu'à Ambrose, p't'être parce qu'il est tout autant l'père de l'année que lui. Tourne lentement la tête vers son minois accoudé à la table, la main toujours solidement vissée à la sienne dans une provocation enfantine, à voir qu'elle ne la retire pas et que ça s'annonce comme le prochain jeu terrible. Mais Nox, a un appétit bien trop vorace pour le jeu et, surtout, pour la victoire. Il hausse les épaules en détournant son regard lentement, le sourire qui semble se figer sur ses traits qui ne parviennent pas à chasser la fatigue. « J'ai toujours été comme ça, » qu'il répond seulement, comme si ça allait suffire. N'en sait rien, Nox, comment il fait. On le lui a souvent reproché, de montrer les dents après la séduction pour mieux en rire la seconde suivante, à lever la voix puis à s'adoucir comme un agneau, à faire une plaisanterie le visage encore tordu par la colère pour finalement voir ses épaules s'affaisser, pour mieux frapper l'instant d'après. L'instabilité, qu'ils appellent ça, devenue plus féroce encore depuis qu'il a été mordu. Bien ça qu'ils ont marqué en gros et souligné dans son dossier pour justifier de le rétrograder. Se souvient des premiers mois, Nox, sûr que c'était bien pire qu'aujourd'hui - ou peut-être pas, finalement, on a tendance à vite oublier. Du moindre détail qui pouvait le faire vriller, au poste, à retourner les bureaux en se mettant à hurler avant de se calmer d'un seul coup, sans parvenir à ressentir de la gêne ou de la honte.

Efface les réminiscences, retrouvant le goût de vouloir penser à autre chose ce soir, le temps d'une pause, une trêve dans leur quête impossible. Il l'écoute avec attention, la malice qui s'infuse lentement dans ses yeux. « C'est dangereux pour toi de me donner des idées pareilles, Jay. » Peut-être la toute première fois qu'il n'utilise pas le surnom trouvé ridicule trouvé lors de leur première rencontre ou son prénom en entier. Enfin, les plats arrivent, que le flic sentait son estomac se décomposer dans l'attente, à lever son verre pour le choquer au sien délicatement, et que Nox s'arrache enfin au contact de sa main, presque déçu que le jeu ne puisse pas se poursuivre. Aurait bien aimé voir de quel bois elle est réellement faite, la Crowley. Surprend son clin d'oeil séducteur, à esquisse l'ombre d'un sourire satisfait, comme un maître est fier de son élève. « À nous, Madame Griffin. » Peut pas s'empêcher de pouffer en approchant son verre de ses lèvres après l'avoir fait tourner entre ses doigts quelques instants. En savoure l'aspect boisé et parfumé, presque épicé, du vin. Jette un coup d'oeil sur la bouteille. « S'est pas foutu d'nous, le gosse. Si la bouteille vaut trois cents dollars, j'le bouffe. » S'esclaffe de nouveau, comme si c'était vraiment drôle, à découper le premier morceau de boeuf pour soulager son appétit. Mange quelques précieuses secondes en silence, engloutissant déjà la moitié de son assiette à une vitesse folle, mais d'aussi loin qu'il se souvienne, il a toujours mangé vite, Nox, à entendre encore les remontrances de la matriarche. Mange moins vite, Noxi. N'veut pas penser à elle, pas maintenant, quand c'est lors d'une soirée comme celle-ci, deux ans et demi plus tôt, qu'il dînait avec elle, dans un restaurant qui avait un peu cet acabit. Une bonne bouteille aussi, et p't'être que s'il n'avait pas bu ce soir-là, p't'être qu'il n'y aurait pas eu d'accident.
P't'être qu'il n'aurait pas entendu sa voix le sermonner de manger moins vite,
quand il était penché sur elle.

« J'veux pas gâcher l'ambiance mais, qu'il commence, la bouche pleine avant d'avaler tranquillement et de reprendre une gorgée de rouge pour faire descendre tout ça dans sa trachée, t'as dit que tu savais ce que c'était. » La perte d'un enfant. N'sait pas, Nox, si elle parlait seulement de la disparition ou de la perte tout court et n'sait pas non plus d'où lui vient cette curiosité dont il semble habituellement clairement dépourvu, surtout concernant la vie des autres. Mais là, ça lui semble important et peut-être que ça expliquerait ce qu'il n'explique pas : qu'elle ait bien voulu le suivre dans sa quête. Relève lentement le regard vers elle, la fourchette suspendue devant son assiette déjà presque vide. La voix plus posée, plus sérieuse aussi, à ne l'entendre que rarement comme ça - Nox, il gueule ou plaisante, rarement le sérieux, faut avouer. « Donc t'as déjà vécu ça ? » qu'il murmure presque, ses iris d'un bleu presque glacé la scrutant avec attention. Se détourne vers son assiette, pourtant, rapidement. « Si tu n'veux pas en parler, c'est pas grave, t'as qu'à dire "Joker" et j'te demande plus. » Attrape l'ultime bout de tournedos du bout de son couvert, le coude appuyé sur la table, à l'enfourner avec patience, à en savourer la cuisson parfaite, quand la viande animale ne le soulage pourtant pas avec la même efficacité que ce dont il a cruellement besoin. Mais qu'elle se rassure là-dessus, il a pris ses précautions avant de partir.

(c) mars.

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Re: far from home (nox)
Lun 8 Mar - 17:05

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

Elle s’étonnera sans doute toujours de sa spontanéité. Ne s’attendait pas à ce qu’il balance la fleur qui trônait en milieu de table, au sol. L’acte fut tellement imprévisible qu’il lui arracha un rire franc et spontané qu’elle sembla vouloir atténuer d’une main portée à sa bouche. Nox était impossible, Nox était insupportable, Nox parvenait malgré tout un foutu passif trop court et chargé entre eux à la faire rire. Elle attira quelques regards mais s’en moqua éperdument, si délestée d’en rire comme d’une gamine. Ils avaient des choses à faire dans le coin, néanmoins aux yeux du monde ils n’en demeuraient pas moins que des civils lambda. Un couple venu savourer un bon repas, qui plus est. Mais ce qu’elle avait oublié pendant une fraction de seconde lui revint en plein visage, à savoir cette faculté qu’il avait à envoyer des piques plus ou moins dissimulées. Le côté rabat-joie, c’est elle qui aurait pu le lui balancer cette fois. « On en est encore à poser ce genre de questions en 2021 ? » Qu’elle répondit, le ton acidulé mais le regard innocent.

Il lui parut absent durant quelques minutes, moment durant lequel elle en profita pour goûter son propre plat et en savourer chaque bouchée, refrénant l’envie de tout dévorer d’une traite, tant la faim la tiraillait. « Dangereux pour moi, pour eux, pour le monde… » commença-t-elle d’un air évasif, comme pour intimer un “blabla” qui demeurera muet. « Mais qu’est-ce qui peut bien être dangereux pour toi, Nox Griffin ? » Se targua d’un regard presque accrocheur, relevant une épaule dans un zeste de nonchalance. Se demandait bien ce qui pouvait l’atteindre lui, au point qu’il se sente en danger. Qu’est-ce qui, sous cette carapace d’apparence impénétrable, pouvait faire frissonner l’âme qu’il prétendait sombre et torturée ? La question était légitime et sincère dans son esprit, paraissait peut-être taquine entre ses lèvres. Ils en étaient toujours au ton de la plaisanterie, ne faisant qu’osciller entre regards assassins et pétillants de malice d’une minute à l’autre. Une balance déséquilibrée et détraquée. Ne retint pas son second rire, se sentant malgré tout soulager bien que sa blague puisse être perçue comme de mauvais goût. Au vu de ce qu’elle savait, en tout cas. Ou croyait savoir, comme elle ne mirait sur cette nature qu’en chien de faïences sans avoir jamais eu de mots clairs à poser sur ces informations. « Même avec l’excuse du dessert, j’suis pas sûre que ça passe. » Haussa les épaules, préférant entrer dans cette plaisanterie plutôt que d’endosser le rôle de la rabat-joie en cheffe. Le bruit des couverts créaient un écho dans la salle, qui avait de quoi laisser se bercer les songes. Jetait de temps à autre un regard discret aux alentours, Jay. Capta le regard d’un inconnu au détour d’un balayage de la salle, crut percevoir son sourire avant de s’en détourner, revenant à leur conversation. « Pas que j’aime te donner raison, mais tu pètes un peu l’ambiance, oui. » La conversation prenait un tournant particulier. Avait bien du se douter que le sujet serait plus ou moins abordé à un moment ou l’autre de leur séjour. Histoires qui faisaient toujours écho à la sienne sans qu’elle ne s’autorise à se sentir pleinement conservée. Voilà, pourtant, pourquoi elle se trouvait là ce soir-là. Voilà pourquoi depuis quelques jours elle avait quitté son poste pour se consacrer à la course aux causes perdues.

« Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat. » Tenta-t-elle au prix d’un certain effort, humour rendu bancal par sa voix blanchie. Bouchées plus espacées, comme plus prudentes, comme pour gagner un peu de temps. « Je suis pas sûre d’avoir envie d’en parler aujourd’hui. » déclara-t-elle simplement, après un moment de silence. Après avoir tenté de trouver des mots justes, après avoir tenté d’expliquer un constat si simple qu’il devenait compliqué à exprimer. Ne souhaitait pas se montrer foncièrement fermée à ce sujet, n’avait pas envie de fermer de nouvelles portes à leurs échanges quand Nox avait l’air de la considérer pleinement dans ses questions. Ne fit que relever un regard plus ténu dans le sien, laissant une fenêtre ouverte sur cette pièce délabrée, abandonnée, de son espace intérieur.

Dernière bouchée avalée à son tour avant de reposer les couverts sur la table, repue et moins aigrie par la faim. Rafraîchie également par leur dernière discussion, termina son verre de vin avant de le reposer sur la table, attendant une poignée de secondes avant de se redresser. « J’pense aller fumer une clope et aller m’coucher perso. » Lui jeta un regard, comme une petite invitation à partager de bref instant à l’extérieur avant de s’enfermer une nuit entière. Dans la même chambre. Dans le même lit. Pour repousser ce moment qu’elle devinait davantage comme délicat, du moins pour elle et à bien des égards. À repousser des scénarios nuls et gênant de son esprit influencé par les murmures divagants de ses démons. S’en suivit le moment de quitter la table, de régler l’addition. Laissa ce plaisir à Nox en guettant d’une œillade taquine que le prix de la bouteille de vin ne soit pas motif à dévorer le jeune serveur.

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Re: far from home (nox)
Lun 8 Mar - 21:14

far from home

Il grimace comme un gamin à qui on fait un reproche. Qu'est-ce qu'elles ont toutes, à dire qu'il parle comme un vieux, sans déconner ? Il va finir par réellement penser qu'il est né en 1800, Nox. La question sonne à ses oreilles avec plus de sérieux que la conversation légère le laisserait penser et Nox l'entend bien, la véracité dans son ton nonchalant. Il tourne lentement la tête vers elle, accrochant ses prunelles d'un regard acéré. « Dangereux pour moi ? » qu'il répète, comme si c'était ahurissant d'entendre cette phrase. Hausse les épaules, à toujours décider d'utiliser l'humour quand le sujet risquerait de le toucher - de près ou de loin. « Rien du tout ! J'aurais pas pu rester shérif pendant quinze piges, sinon. » Clin d'oeil amusé, quand la question résonne pourtant douloureusement dans ses entrailles. Qu'est-ce qui peut bien être dangereux pour lui ? Tout ? Un mot, un geste, suffit parfois à l'ébranler pour des semaines entières, pas si solide que ça, Griffin. Finit sa pièce de viande plus vite que s'il l'avait donné à un chien affamé, à tenter une question délicate au milieu du repas comme si ça pouvait mieux passer. Pourtant, il n'écoute presque pas lorsqu'elle lui reproche de casser l'ambiance, le regard rivé sur l'inconnu sur qui elle s'est retournée. « Je rêve ou il t'a fait un sourire ? » qu'il murmure, le nez qui se plisse avec une malice teintée d'une fausse outrance. « Quand même, pour notre anniversaire de mariage, tu pourrais au moins n'pas draguer sous mes yeux quoi, Jaimini. » Et il lui donne un coup de coude, comme si la discussion était finie, solution personnelle pour faire passer le fait qu'elle ne répondra certainement pas à sa question. Et finalement, p't'être qu'il n'a pas envie de savoir, Nox, à s'dire toujours que plus il connait quelqu'un, plus il s'y accroche - et plus il s'y casse la gueule contre.

Mais elle revient dessus et il grimace en regardant son assiette vide, en évitant soigneusement son regard. « Tu pouvais dire joker, » qu'il utilise pour clore simplement le sujet. Curiosité déplacée, sûrement, d'lui avoir demandé. Mais Nox n'a jamais apprécié que quelqu'un en sache plus sur lui que l'inverse et c'est peut-être ce qui l'a poussé à lui demander. Toujours sur ses gardes, à croire que le monde entier et contre lui, à s'dire qu'elle aurait bien des cartes à poser sur table si elle se retournait contre lui, la fliquette, quand il n'sait quasiment rien d'elle. Et qu'elle en sait, sur lui, bien plus que la majorité de ses proches. L'observe du coin de l'oeil, redevenu silencieux, jusqu'à-ce qu'elle finisse. « J'ai pas l'droit à un dessert ? » Il affiche une moue boudeuse en demandant l'addition d'un geste. Ouvre des yeux exagérément surpris en voyant le prix, suivi d'une oeillade peu amène pour le serveur. « T'as d'la chance, petit, à vingt balles près, j'ai dit que j'te bouffais. » Le gamin rigole, parce que c'est drôle, non ? Sûrement, vu le sourire aux contours carnassiers que le flic affiche en déposant les billets sur la table avant de se tourner vers son invitée. « J'paye pour cette fois, mais c'est bien parce qu'mon salaire doit être à peine plus haut que l'tien. » Clin d'oeil pourtant malicieux, quand il lui offre le repas de bonne grâce, en réalité. Peut bien faire ça, alors qu'elle a accepté de s'envoler avec lui deux semaines.

L'air du dehors lui arrache un frisson, sûrement la fatigue, alors que les soirées commencent déjà un peu à s'allonger. La fraicheur est toujours bien installée pourtant et il ajuste les pans de sa veste avant de s'allumer une clope et de tendre son paquet vers Jaimini, en l'observant derrière le nuage de fumée qu'il a exhalé. La fume en silence quasiment jusqu'au bout, sa clope, les yeux perdus dans les ténèbres qui entourent le petit hôtel, ramené à la réalité par le hululement lointain d'une chouette. Tourne alors la tête vers elle, Nox, à hocher simplement la tête. « J'crois que dormir dans un vrai lit va nous faire du bien. » L'dit comme il le pense, sans avoir en tête l'ambiguïté certaine qu'il va régner et le malaise que ça va engendrer - a déjà oublié, Nox, le problème de la chambre avec un seul lit. Ecrase sa cigarette dans le cendrier posté à l'entrée, l'intimant de le suivre d'un simple geste du menton. Grimpe de nouveau dans les étages, à sentir ses muscles durcis par les trois jours de périple - et dire qu'il nous en reste encore tant... Sauf s'ils trouvent une piste de Percy. Mais il a l'intime conviction qu'ils ne trouveront rien, Nox. Devrait pas lui manquer, la gamine - assurément que le contraire est indéniable, d'ailleurs. Ne l'a jamais vraiment côtoyée, toujours surveillée de loin, croisée sur les scènes de crime où sa férocité prenait le dessus en face d'elle. Alors pourquoi ce sentiment cruel qu'on lui a pris quelque chose qu'il ne possédait pas vraiment ? Pas si faux, finalement, qu'y a bien que quand elles disparaissent qu'on se rend compte de la valeur qu'elles peuvent avoir.

Ouvre la porte un peu brusquement, peut-être l'alcool qui commence à attaquer son cerveau lessivé. Allume la lumière, redécouvrant la chambre. « Bon, au moins, il était bon, ce vin. » Fronce le nez quand ses yeux se pose sur le lit - l'unique. Plisse les yeux, la malice qui revient s'instiller au fond de ses prunelles alors qu'il avance jusqu'au bout de la petite pièce et qu'il se tourne vers elle, l'air léger. « J'peux dormir par terre, hein, si vraiment. » Espère bien pourtant qu'elle ne va pas s'exclamer absolument j'y comptais, merci de te proposer ! parce que bordel, il tuerait pour dormir à plat sur un matelas. La fixe, avec une insistance volontaire peut-être, en s'asseyant sur le bord du lit pour attendre sa réponse, en retirant déjà ses chaussettes, comme si c'était le détail le plus important pour aller se coucher. Alors qu'il ne le pensait pas, s'sent soudainement comme un gosse devant la plus belle fille du lycée, à n'pas oser se déshabiller pour le moment, à rester là un peu con assis en relevant les yeux vers elle. « Mais tant qu'tu me dis que tu vas pas m'violer, moi, ça m'dérange pas. J'suis franchement crevé, j'suis comme les vieux, j'arrive plus à récupérer. » Tente encore de plaisanter, pour garder sa contenance - et sa fierté - en place, un sourire qui lui barre son faciès aux traits pourtant tirés. L'regard qui dévie, pourtant, légèrement, à la regarder avec plus de précision.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Jeu 11 Mar - 9:41

far from home
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« C’est pas moi. » Se défendit-elle comme une adolescente en lui jetant un regard faussement outré lorsqu’il évoqua l'œillade échangée par hasard avec l’inconnu. Sourire mutin qui se dessina sur les lèvres de la trentenaire, balayant la situation d’un haussement d’épaules. « Je n’ai d’yeux que pour toi, tu le sais bien. » Jay continuait dans cette petite comédie qui, initiée par Nox, jouait finalement un bon rôle de divertissement, recouvrant la difficulté de cette discussion par un fin voile léger, juste ce qu’il fallait pour qu’elle parvienne à s’éloigner un peu de ses propres pensées. Au-delà de ça, cela parvenait à l’éloigner du manteau de sérieux qu’elle arborait d’ordinaire, et de son cynisme habituel. Sarcasmes ponctués d’ordres aboyés aux subordonnés irrévérencieux depuis son arrivée, qu’elle pourrait qualifier de bien d’autres adjectifs outrés. Jaimini Crowley n’était pas d’un franc naturel social, se liait aux autres au prix d’un certain effort. Juste qu’avec certaines rares personnes, ça lui avait semblé plus naturel. Comme des électrons libres qui croisaient par hasard leurs pairs dans une masse d’incompatibilité. Elle ne voyait pas Nox comme un de ceux-là. Le croyait même foncièrement opposé à sa propre nature, et à bien des égards cette théorie s’était confirmée. Néanmoins, et elle n’avait pas été préparée à ça, plus elle passait de temps avec cet homme, plus elle ressentait de sympathie pour lui, elle lissait les angles de son tempérament.


Se laissa plus ou moins guidée par le rythme de Nox, les pensées quelque peu hagardes, l’attention focalisée sur des points imaginaires pas plus que quelques secondes. Ne s’étonna pas du rire franc du jeune homme qui prit en charge l’addition. Qui n’aurait pas réagi de cette manière ? Quoique Jay se dit qu’il y avait de quoi se perdre entre un rire amusé et un regard quelque peu surpris, un peu désabusé. Ce n’était pas le genre de phrase que les clients devaient leur adresser régulièrement. Au moins, il aura une anecdote à raconter durant quelques temps, ce genre de phrases pépites qui finissaient dans les annales des entreprises quant aux réactions clients. Courte entrevue avec l’extérieur, juste devant l’hôtel. La pluie n’avait pas encore cessé, avait juste perdu en intensité. Jay l’observait distraitement, abritée avec Nox sous la devanture de la porte d’entrée. Lorsque les portes se referment sur eux en entrant, elle sentit le voile de chaleur s’abattre sur sa nuque. Paranoïaque sans doute, elle avait l’impression que c’était un avertissement, un retour presque brûlant à la réalité. Plus que de s’en satisfaire au vu du froid de l’extérieur, elle demeura silencieuse jusqu’à l’arrivée dans leur chambre. Leva les yeux au ciel à ses remarques, bonne humeur semblant envolée. Revenues hanter les dessous de sa carapace, les peurs et appréhensions débiles lui dictaient un comportement passif-agressif, comme une défense face à une attaque qui n’existait pas ou pas encore. Difficile à suivre quand quelques minutes plus tôt, dans le restaurant, elle semblait encore sourire, bien qu’un peu ailleurs. « Fatigue comme un vieux, blague comme un vieux… J’serais qui pour priver les vieux os d’un lit décent ? » ironisa-t-elle, avant d’ouvrir le zip de son sac de voyage. Prit quelques affaires qu’elle emmena dans la salle de bain.  Pas de haut standing, juste ce qu’il fallait pour se sentir à l’aise et passer un bon séjour pour n’importe quel autre client. « Permettez que votre épouse fasse un brin de toilette. » se permit-elle sur le ton de l’humour, au prix d’un maigre effort. Referma ainsi la porte.

Eau brûlante s’écoulant sur la peau, arrachant ses tourments de la journée, se lavant des aventures frileuses du dehors. Laissa ses pensées divaguer en faisant sa toilette, laissant l’âme partir en déroute durant de longues minutes, sans sentir ou entendre les lointains murmures torturés de ses démons qui grouillaient, pour le moment calmes, inactifs, spectateurs. Termina sa douche à l’eau froide, comme un geste rageur pour les intimer au silence le plus total, pour les repousser plus loin dans les abîmes de son être, celles dont elle ne connaissait pas l’existence. Les faire sombrer dans l’oubli, comme ce pour quoi elle luttait chaque jour. Ferma le mitigeur, s’enveloppa dans l’une des grandes serviettes mises à disposition par l’hôtel, l’esprit plus apaisé. Ne sortit de la salle de bain qu’une fois vêtue d’un pull confortable et d’un bas. Vêtements volontairement choisis, inconsciemment, pour n’avoir rien d’attirant ou de sexy aux yeux d’autrui. Ne parvenait cependant pas à reprendre la main sur la nervosité qui l’animait, le stress qui s'emparait d’elle de façon si puérile que ça ne faisait que réanimer son agacement précédent. C’est le myocarde au bord des lèvres qu’elle s’engouffre sous les couvertures, avec l’envie de s’y cacher jusqu’au lendemain matin, de rendre sa présence la plus discrète possible. À n’pas savoir si Nox dormait déjà, s’il était toujours éveillé ou s’il attendait juste que la salle de bain se libère. Essaya de juste se concentrer sur le bruit de la pluie contre la fenêtre, se disant que leur fatigue mutuelle suffisait comme excuse pour leur silence.

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Re: far from home (nox)
Ven 12 Mar - 16:26

far from home

Roule des yeux, l'air amoureux transi parfaitement représenté sur son faciès - comme s'il avait déjà su le porter. « Je sais bien, chérie. » Roucoule d'un ton amusé et séduisant, pris au jeu. Pourtant, Nox, il n'est pas bon à jouer. Veut toujours gagner, l'flic. S'perd toujours, s'y lance tout entier sans même avoir entendu les règles. Bien comme ça qu'il s'est piégé avec Nora. En ignorant les signaux d'alerte, les menaces qu'il n'a pas voulu entendre ou comprendre, à baisser suffisamment sa garde pour laisser le venin l'atteindre, l'empoisonner. Et finalement, cette petite aparté loin d'Exeter pendant deux semaines ne peut lui faire que le plus grand bien. Ouvre la marche dans un silence qu'il trouve léger, biaisé sans doute par son état un peu alcoolisé, amplifié par la fatigue éprouvante depuis des jours - des semaines, des mois, des années ? Depuis combien de temps est-il dans cet état ? Sur le fil du rasoir, posant tantôt un pied en enfer, tantôt au paradis, alternant entre des états de pureté grisante et ceux, plus cruels, aussi déchirants qu'aucune lame ne saurait l'être. Se retrouvent rapidement dans la chambre, l'esprit un peu dépareillé, le regard qui se promène sur les quelques meubles et le seul lit. Grimace en entendant la pique, voilà qu'elle en remet une couche sur son âge, va vraiment commencer à croire qu'il se comporte comme un vieux. Bien l'premier truc qu'elle a entre les lèvres, Nora, aussi. Bordel, quitter la ville ne suffit pas ? Comment peut-il l'effacer, l'espace d'une journée, d'une semaine, de son esprit ? À croire que même loin d'elle, elle est là, immiscée sous sa carapace, à attendre le meilleur moment où frapper. Parce qu'y a que ça qu'elle souhaite, pas vrai ? N'en peut plus de penser, de tout retourner dans son crâne. « En effet, ça serait pas très sympa. », qu'il se contente de commenter, en la suivant lentement des yeux.

Et qu'il se retrouve dans la chambre, debout comme un con, fébrile comme un adolescent, à n'pas savoir s'il doit aller se coucher tout habiller ou s'il peut oser se déshabiller. Déconne pas, bien pour ça qu'il garde le silence aux mots de Jaimini qui semblent sonner comme pour rester dans le jeu mais déjà, les contours sont flous pour Nox, et il craint bien de se perdre, à ne plus savoir où début le jeu et où il se termine. Retire son jeans et son t-shirt, pourtant, à se dire qu'il se douchera le lendemain matin, qu'il est trop épuisé pour ça maintenant. Qu'il a bien mérité un peu de repos, pas vrai ? Se glisse sous les draps en boxer, sur le dos, le regard incrusté au plafond sombre seulement éclairé des lueurs des phares qui passent sur la route au dehors. Il se berce du bruit de l'eau et pourtant, alors qu'il se pensait assez éreinté pour tomber de fatigue, ses yeux sont écarquillés et grands ouverts. Les pensées l'assaillent de toutes parts - Nox leur imagine même des crocs et des griffes, les yeux brillants le quêtant dans les fourrés comme autant de bêtes le traquant. Peut-être que le repos n'existera plus. Que la paix est illusoire, qu'il n'existera plus aucune trêve, plus aucun cessez-le-feu. Pas droit à ça pour ceux de son espèce. Il sent le lit s'affaisser très légèrement - matelas première qualité sûrement - et il ne se retourne pas, une main sous son crâne pour garder ses yeux rivés au plafond. Et sans doute que ça serait préférable d'en rester là, de la laisser s'endormir quand sa nuit tant espérée se transforme déjà, pour lui, en un amoncellement de nouveaux cauchemars. De nouvelles tentations, à bien essayer de se dire que c'est à cause du rouge qu'il pense à ça soudain, pour essayer de n'pas se retrouver simplement à penser comme un mec. S'passe une minute ou deux, dans le silence, sans qu'il n'ait témoigné d'avoir perçu sa présence revenue, quand soudain, les lèvres choisissent de se mouvement lentement. « Si je la retrouve, je lui dirai. » L'articule lentement, dans un chuchotement ténu, un ton bas et pourtant sérieux. Laisse l'annonce peser dans le silence, le rendant sûrement moins léger qu'avant, quand il se tourne enfin vers elle.

Se place sur le flanc, appuyé sur la paume de sa main, le coude contre l'oreiller, pour chercher son regard, son visage. Il devine sa proximité, tente bien malgré-lui de ne pas y penser, de ne pas s'y attarder plus que ça. Peut-être pour ça qu'il se prête au jeu des confessions, quand on le connait seulement secret, Nox, à ne rien dévoiler sur lui. Pourtant, l'est plus question de ça avec Jaimini. La connait si bien - rares sont ceux qui le connaissent mieux qu'elle, pourtant. Drôle de situation, faut dire. « J'sais que ça ne rattrapera les vingt ans passés à l'ignorer, mais si je la retrouve... » La phrase qui se meurt, se suspend, dans l'air moite de la chambre. Il ferme les yeux quelques longues secondes, comme pour forcer son esprit à l'envisager. À se promettre de ne pas se défiler. « Quand elle avait dix ans, j'ai failli l'adopter. J'avais.. j'avais signé les papiers et tout. Et j'ai jamais pu les ramener au foyer pour tout officialiser. » Il pousse un profond soupir, arraché aux tréfonds de son âme sûrement, de sa culpabilité apparente et qu'il trouve pitoyable. En a eu, des occasions. N'peut pas dire qu'il n'aurait pas pu changer la situation. Il aurait pu la retourner tant de fois, pendant ces vingt-et-unes années qui ont suivi la naissance de sa fille. « Elle doit savoir qu'elle a un père qui la surveille de loin depuis toujours, même s'il est lâche. » Le dernier mot prononcé d'un ton corrosif, tranchant pour lui-même. Baisse lentement les yeux, devine le corps de Jaimini sous la couverture, la gorge qui se noue légèrement, essaie de se focaliser sur leur but, sur son récit, ses promesses sûrement inutiles. On croit toujours qu'on peut se racheter mais pour Nox, on ne le peut pas. Jamais. On peut essayer de faire des bonnes actions, certes mais ça ne remplacera jamais le mal causé. Et Persephone avait été abandonnée, partiellement par sa faute. « En plus, elle me déteste. » Il le lâche dans un rire sec et sans joie, avec un nouveau soupir et lentement, déplace un peu ses jambes engourdies par sa position de côté. Son mollet frôle celui de la fliquette et il ne l'écarte pourtant pas, savourant ce simple contact qui embrase lentement son âme, réchauffe ses peurs, effraie la solitude éternelle qui lui colle à la peau. Il a soudainement envie de tendre la main et de passer le revers de sa paume contre son visage, sans savoir pourquoi, comme si un geste d'affection envers elle effacerait des années entières de culpabilité, mais il se retient. Sans bien savoir pourquoi, sans bien savoir comment.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Ven 12 Mar - 19:56

far from home
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La douceur des draps lui apporte un réconfort relatif. Couverture remontée jusque sous son nez, Jay tentait de faire le vide, de ne penser à rien. Les yeux figés distraitement, la pupille s’adaptant à l’obscurité, elle songeait avec pour fond visuel la silhouette floue de son acolyte. Observait le drap se soulever lentement sous l’effet de sa respiration, à se demander s’il avait déjà sombré dans les limbes d’un sommeil bien mérité. Ne pouvait s’empêcher de se questionner, Jay, sur ce qui pouvait se passer dans son esprit à lui. Ne pouvait s’empêcher de se demander s’il ressentait ce qu’elle avait ressenti, quelques années auparavant, sans chercher pour autant à comparer l’incomparable. Se questionnait sur les choix qu’elle aurait elle-même fait dans sa situation. Elle aurait sûrement viré folle, Jay. Avait une certaine admiration à son encontre, car s’il n’était pas l’homme le plus stable qui soit, il demeurait ancré sur ses deux jambes et faisait face. Pour l’instant, en tout cas. Et s’ils abandonnaient ? Elle ne pourrait même pas lui en vouloir, éprouvant de la compassion à bien des égards pour lui. Là venaient de nouvelles questions, de celles qui gardaient aussi les yeux bien ouverts. Quel sera son rôle dans cette histoire ? Est-ce qu’elle devait être ce pilier improbable qui soutiendrait un poids trop lourd pour elle ? Pouvait-elle seulement se permettre de le laisser abandonner ? Savait que sous les sourires et leurs taquineries de ce soir se cachaient les tracas silencieux. Qui prirent finalement vie dans un murmure.

L’écouta sans l’interrompre, sans savoir s’il était préférable qu’il la pense endormie ou qu’il la sache éveillée pour l’écouter. N’savait pas si c’était un cri du cœur ou des mots qui s’évaporent sur l’oreille. N’savait rien, finalement, Jaimini. Et si elle se sentait déjà gênée par cette intimité imposée par l’hôtel dans lequel ils logeaient pour cette nuit, ses mots serrèrent son myocarde éprouvé. Cette foutue empathie qui finissait toujours par lui tordre les tripes, cette compassion qui finirait peut-être par la perdre, à se lancer dans des défis qui remettaient toujours en cause son intégrité. À jamais sortie de sa zone de confort, encore plus quand elle était proche de lui. Doutait qu’ils soient de la même trempe, mais s’offusquait toujours intérieurement de se sentir intriguée par sa personne. À toujours penser que quelque chose de plus profond se cachait entre les lignes, au travers des mots qu’il soufflait pourtant, sincères, presque cruels. Se dit qu’elle devrait arrêter de se sentir concernée par les histoires d’autrui, en particulier celles qui concernaient la parentalité. Comme une façon de repousser son propre échec, comme une façon de trouver un sens à la suite de ce chemin sinueux et sombre qu’elle suivait. Et depuis qu’elle était revenue à Exeter, elle ne savait foutrement plus où elle mettait les pieds. Ne pouvait que s’imaginer la douleur d’autrui, presque comme une morbide distraction après avoir vécu encore et encore la sienne, victime de sa propre impuissance. S’investir dans son métier, auprès des autres, pour s’oublier un peu elle-même. Elle avait toujours quelques chose à dire, d’habitude. Toujours un mot positif discrédité par un inconscient profondément pessimiste. Déglutit difficilement, la gorge serrée, ne réagissant pas au contact de leurs mollets l’un contre l’autre. Trop absorbée par les chimères qui se dessinaient dans son esprit, qui s’imprégnaient du vécu de Nox comme des sangsues affamées. Songeait aussi à de nombreuses façons de lui répondre, sans trouver ce qu’il fallait de juste pour le faire. Sans savoir comment doser ses propres mots. Aimerait lui dire qu’elle ne devait pas le détester, au fond, sa fille, mais Jay ne savait pas mentir, ni spéculer. N’avait pas non plus envie, par esprit de contradiction, de remuer le couteau dans la plaie. « Peut-être que ça impliquera de lâcher prise. » De dire ce genre de choses que le coeur préférait ignorer en temps normal. Elle savait qu’il comprendra de quoi elle parlait. Qu’elle commença, rompant le faux secret de son sommeil. En réalité, elle n’en avait pas perdu une miette. Ne pourrait dire s’il était étonné qu’elle lui réponde ou pas, comme elle ne percevait pas son visage dans la pénombre. « L’un comme l’autre, il y a des choses que vous ne serez sûrement pas prêts à entendre. » Parce qu’ils feront mal. Se devait d’être réaliste, sans savoir, encore une fois, sur quelle pente elle s’engageait. Le ventre comprimé par la compassion, par l’impuissance qui la clivait toujours, même au travers d’autrui. Pourquoi se sentir aussi impliqué émotionnellement, quand elle pouvait juste décider d’ignorer la peine des autres ? Malsaine technique de survie, malgré tout. Transpirer la douleur des autres pour oublier la sienne. « On a tous le droit à une seconde chance. » Songea-t-elle à voix haute, sans y croire en ce qui la concernait. De deuxième chance, elle n’en aura jamais.

Silence lourd qui s’en suivit. Du moins le trouva-t-elle pesant. Toujours mal à l’aise quand il s’agissait de réconforter autrui. Savait aussi que Nox ne se laissera pas consoler facilement. Il y avait de ses maux trop ancrés dans l’âme pour qu’ils ne soient soulagés par des maux. Tendit finalement une main vers la silhouette de l’acolyte, trouvant l’épaule contre laquelle se posa une main qui se voulait douce et réconfortante. Maigre compensation pour la peine qui devait être si grande. « Détends-toi. Et ne pose pas de questions. » Mais à l’instant où elle termina sa phrase, elle savait qu’il n’en fera qu’à sa tête. Comme d’habitude. À l’instar de la dernière fois, fit appel à ce don qu’elle avait, à la seule chose de plus ou moins concrète pour soulager les esprits. La même chose qu’elle avait faite la dernière fois pour se sauver de la dangereuse impasse. Mouva le pouce en de lentes caresses contre l’épiderme, sentant les effluves tièdes parcourir ses phalanges, sa main, son poignet et remonter le long de son bras.

Even if it hurts
Even if it makes me bleed
I'm gonna carry you
Pushing through
With the dirt on my sleeves


« Peut-être que ça t’aidera à trouver le sommeil. » Qu’elle souffla du bout des lèvres. Il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait faire pour lui. Presque rien, à vrai dire. Si ce n’était s’investir dans ces recherches, même si c’était pour lui offrir de nouveaux mauvais moments à passer. Elle sentait qu’elle se devait de ne pas le lâcher. Pas maintenant. Ravala sa propre fierté, et plutôt que de conserver le silence, plutôt que de devoir soupirer à de nouvelles questions, elle décida de prendre les devants. « C’est une sorte de don que j’ai depuis que je suis toute petite. Au début, je ne contrôlais pas. Maintenant, je peux choisir de soulager les gens s’ils en ont besoin. » Explications non exhaustives, mais qui suffiront peut-être à repaître la curiosité de Nox, pour le moment. Peut-être qu’il lui dira qu’il n’en avait pas besoin, ou qu’il ne le méritait pas. Mais elle n’en avait cure, la rouquine, de l’estime qu’il s’accordait ou non.

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Re: far from home (nox)
Ven 12 Mar - 21:19

far from home

Le silence s'étire lentement. Peut-être qu'elle dort déjà, emportée par la fatigue du voyage. Nox ne saurait pas dire s'il en serait déçu ou soulagé, finalement, qu'elle ne l'ait pas entendu. Pourrait garder encore ça pour lui, car y a bien personne à qui il en parle réellement. Qu'Ambrose et Enoch qui sont au courant, pas tellement ceux avec qui il peut débattre là-dessus, comme si c'était plus sujet à en rire ; le savent surtout parce qu'ils étaient dans son sillage, quand il était allé les chercher, du haut de ses dix-neuf ans, pour leur annoncer sa fuite, la mine déconfite. Ils l'avaient aidé, pourtant. À trouver ça acceptable, presque normal. Plus de vingt piges plus tard qu'Nox percute que ça ne l'était pas. Alors qu'il est plongé dans les souvenirs, peinant à se souvenir comment il était si jeune, qu'elle brise le silence. Il pointe son visage vers elle, devinant à peine les contours du sien. Lâcher prise ? Nox ne répond rien. Il ignore bien ce que ça voudrait dire. Devenir meilleur ou pire ? Y a toujours pire. Les dents qui se serrent lentement, qu'il accepte ses mots comme autant de lames lancées dans sa direction sans qu'il ne cherche à les éviter. Se laisse faire, comme sous les coups de Demian, comme sous les coups de Maluum. Se laisse faire pour se punir, Nox, cruellement. Car il reçoit réellement les mots comme des couteaux. Parce qu'elle a raison et dans l'histoire, Nox il sait bien qu'il en prendra plus qu'elle. Qu'passé le choc, sa fille ne se gênera pas pour lui cracher tout son venin à la gueule. Parce qu'elle est en droit, parce qu'elle aurait raison de le faire - parce que lui le ferait. Mais pour ça, encore faut-il la retrouver.

Il revoit la scène du campement. Le sang, les tentes déchirées de carmin, les mines déconfites des flics et des quelques civils. Et Nox qui n'avait qu'un seul visage en tête, qu'un seul prénom en bouche. Persephone. Quel prénom à la con, à croire qu'ils n'avaient trouvé que ça au foyer. Il essuie un soupir qui franchit à peine la barrière de ses lèvres. « Tous, tu crois ? » On ne sait pas si c'est une question sincère ou seulement pour lui-même. Lui ne le pense pas. Lui n'a pas droit à une seconde chance, persuadé intimement au fond de lui que ce foutu destin ne la lui donnera pas. Se confier dans le noir, comme un enfant, à croire que c'est plus facile sans discerner avec exactitude les traits et émotions qui pourraient s'y tracer. Les yeux qui se ferment à moitié, pas dans une volonté de s'endormir, juste d'apaiser son esprit. N'y a toujours pas de soulagement à s'être confié, bien des conneries que disent les psy et tout ce bordel. Pourtant, il se sent un peu plus léger, s'il voulait bien se laisser l'être. Devine un mouvement discret dans la nuit et alors qu'il pense qu'elle va juste se retourner pour s'endormir, il sent sa main se poser sur son épaule nue. Et ça lui arrache un frisson, un peu surpris. Le contact n'est pourtant pas désagréable. Les lèvres s'entrouvrent quand elle le coupe pourtant, à croire qu'elle commence déjà trop à le connaître. Il ravale donc son qu'est-ce que tu fais avant de l'avoir prononcé, décontenancé, à n'pas savoir comment réagir, à n'pas savoir où commence l'indécence et où finit la décence. Et comme la fois passée, il sent ses muscles se détendre, sans avoir remarqué comme ils pouvaient être contractés.

C'est comme une décharge douce, qui chauffe dans ses veines et se diffuse. File de l'épaule à la clavicule, descend jusqu'à son torse pour délivrer ses poumons dans un soupir discret, avant de contaminer les muscles adjacents. Alors, un peu malgré-lui peut-être, Nox se détend. Et ne pose pas de questions. Il se suspend à ses mots, comme projeté dans une autre dimension, quand sa respiration se calme - là non plus, il n'avait pas perçu comme son souffle pouvait être comprimé dans sa poitrine. « C'est... » Les mots se meurent, il baisse lentement la tête, et remercie l'obscurité pour qu'elle ne puisse pas voir son visage décontenancé et franchement coupable. Il relève doucement les yeux pourtant, cherchant dans le noir son regard qu'il devine seulement par sa brillance. « C'est comme ça que tu m'as calmé ? L'autre fois, » qu'il précise, à demi-mots, d'une voix à peine audible, curieux et intrigué. À bien s'demander, Nox, pourquoi il n'a pas été doté d'un don, lui aussi, plutôt que de cette putain de malédiction. Parce que ça n'aide personne de devoir bouffer des gens. Pourtant, il en a un de don, bien qu'il ait tendance à l'oublier. Puisque ça n'en est plus vraiment un. Laisse le silence retomber lentement, profitant de cette sensation inconnue et étrange avant soudainement de faire glisser sa main libre, celle qui ne tient pas sa tête, pour attraper la sienne. Avec fébrilité, il positionne ses doigts en face des siens, comme pour expérimenter. « Comment tu les choisis ? » Ceux qui en ont besoin. Sans vraiment contrôler, il entrelace lentement ses doigts autour des siens. Pourquoi moi ? Les mots ne se prononcent pas pourtant, il redevient muet pour quelques secondes de latence, de paix intérieure, comme il n'a plus senti depuis longtemps. Pourquoi t'es venue ? Là encore, il ne le demande pas, malgré les questions qui viennent s'agglutiner contre sa boîte crânienne. Le jeu est loin derrière-eux, lui semble-t-il, il ne sait pas trop ce qu'il fait, Nox, embarqué dans cet état second dont il n'a pas l'habitude, que ni l'alcool ni les médicaments ne peuvent lui apporter. Parce qu'en quelques instants, il se sent délesté d'un poids immense. Il parvient à respirer et c'est dans ce souffle retrouvé qu'il lâche sa main, pour venir la replacer sur son épaule. Et comme timidement mais décidé, il dépose la sienne contre sa joue. La laisse là un instant, son regard cherchant sa paire d'yeux dans l'obscurité, avant de faire couler ses doigts jusqu'à ses cheveux dans lesquels il les entremêlent, comme perdu dans ses pensées. Et quand il semble avoir terminé de les démêler - ou l'inverse - il attrape délicatement son menton. « Désolé, pour la dernière fois. Sincèrement. » Le regard électrique, presque lumineux dans le noir, que les mots sincères rendent sa voix plus vibrante. « J'voulais pas... » t'attaquer, te faire du mal, te dévorer. Phrase interrompue encore, comme le dit si bien Maluum, qu'il ne sait plus les finir, qu'il ne sait plus aller jusqu'au bout des choses, et sans doute que c'est bien ce qui explique qu'il se retrouve là, à lui tenir le menton pour ne pas lâcher son regard, sans être capable ni de se délester du mouvement engagé ni de la lâcher complètement. Infini entre-deux, peut-être n'est-il devenu qu'un point virgule échoué à la recherche de la fin de la phrase.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Ven 12 Mar - 23:58

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Tous, tu crois ?

Elle aimerait y croire, dans tous les cas. Savait que la réalité était toute autre, rien que pour elle-même, déjà. Un fin sourire évasif releva le coin de ses lippes, fin rictus invisible dans l’obscurité. Le silence cueillit son interrogation. Peut-être qu’il n’y avait pas de réponse juste à cette question, et Jay n’était pas du genre à envoyer de la poudre aux yeux. Quand bien même elle aimerait l’en persuader, lui, puis elle-même. Se dit que finalement, il n’y avait rien à rajouter. Espéra même qu’à force d’y penser, Nox finirait par trouver une réponse affirmative à cette question. Profita juste de ce moment de détente léger et fluide, cet instant qui finalement, était un partage. Une séparation plus ou moins équivalente de ces maux qui l’accablaient. Même si Jay, elle, n’avait pas les images mentales qui provoquaient ces tortures internes. Se priva bien de lui préciser qu’en réalité, elle ne faisait que déplacer le problème. Parce qu’il l’aurait peut-être arrêtée. Si l’osmose agréable dura quelques instants pour Jay, elle sentit de nouvelles vagues se déverser en elles. Comme les vagues qui agressent les rivages, arpentent les obstacles pour conquérir leur nouveau territoire, inlassablement. Demeura stoïque, spectatrice de ses propres ressentis, comme à chaque fois. Moment de contemplation, lui permettant de relativiser ces agressions étrangères au sein même de son corps. Poison consentis en intraveineuse. Ne s’était jamais exercée à ce don pour en extraire des émotions positives, seule gardienne des souffrances étrangères à sa psyché. Et curieusement, familières cette fois. Des sensations de chaleur et de froid l’envahissaient à intervalles réguliers. Avec l’expérience, Jay avait appris à connaître les limites de ce qu’elle pouvait encaisser. Elle avait néanmoins l’impression de puiser dans un puits sans fond, et quelque chose lui disait qu’elle n’était pas loin de la vérité. Ce qui ne faisait que l’accabler davantage. « Oui. » S’abstint de préciser que l’urgence de la situation, à ce moment-là, l’avait empêchée d’avoir un plein contrôle de son corps, de son don. Que dans ce genre de situation, elle n’en était pas à son plein potentiel. Quand bien même elle n’estimerait jamais ce don comme étant une force en soit. Une chance, peut-être. Restait à savoir à qui cela profitait le plus ; les autres, sûrement. Quoiqu’il y avait de quoi douter, parfois.

Revint quelque peu à la réalité lorsqu’elle sentit la main de Nox se glisser contre la sienne. Cilla légèrement, reportant pleinement son attention sur son geste. Ne sourit qu’intérieurement, à ce qu’elle interprétait comme l’acceptation de ce qu’elle lui offrait. Ou plutôt lui retirait. Même si ça n’était que temporaire. Étonnée par sa question, elle demeura interdite une poignée de secondes. Question qu’elle ne s’était jamais réellement posée, à vrai dire. « En fait, certains viennent parfois me voir pour ça. Ils ne sont pas nombreux, mais ça arrive. » Pour le peu qui le savent, en tout cas. Laissa ces quelques réminiscences faire surface dans son esprit. Se souvint du regard de quelques-uns d’entre eux. Reprendre un brin de vie quand ils repartaient le cœur et l’âme plus légers. L’emprise de ses doigts se resserra autour des siens, sans qu’elle ne bronche, sans qu’elle n’esquisse le moindre mouvement de recul. C’était toujours une expérience étrange. Cette sensation, abstraite, de n’être qu’une prolongation de l’espace intérieur de l’autre. Comme une valve qu’on ouvre pour laisser s’écouler le trop plein dans un nouveau réceptacle. « Pour répondre vraiment à ta question, ces personnes sont très peu nombreuses. Pour le reste, c’est… hasardeux, je dirais. » Rares étaient les fois où elle avait l’occasion de discuter de ça. Se dit que cela avait été un pari risqué que de le confier aussi facilement, d’un sens. Qu’on pourrait aisément la prendre pour une étrangeté, une sorte de monstruosité. Se dit également que si quelqu’un pouvait comprendre ces bizarreries, ce serait sûrement Nox le meilleur candidat, à sa connaissance.  Qu’il n’y avait que lui qui avait assez de mystères en lui pour accepter cette particularité. Il y en avait bien eu un autre avant lui, mais cette relation était si lointaine et lourde de souvenirs qu’elle ne souhaitait pas s’accrocher à ces pensées. Ne put cependant s’empêcher de penser à cette autre partie d’elle-même, celle qui était assurément la plus obscure, qui lui paraissait indomptable. Celle dont l’appétit explosait sans prévenir, ou se terrait des jours entiers, laissant croire sa disparition. Quelque part, Jay ne savait que prendre aux autres, n’était que le réceptacle de ces énergies venues du dehors, que les méandres de son être digérait lentement. Soutint son regard, avec cette étrange impression qu’il la regardait vraiment. Qu’il en voyait plus que ce que la raison le permettait. Peut-être n’était-ce qu’un de ces effets secondaires étranges qui la prenaient, toute cette énergie abstraite qui l’abritait. « J’ai jugé ça juste de le faire pour toi ce soir. Même si l’effet ne durera qu’une douzaine d’heures maximum. » Se justifia-t-elle soudainement, avec cette envie d’appuyer le fait qu’il le méritait, quand bien même il n’avait pas remis ça en question pour le moment.

Le voilà qui esquissa un nouveau mouvement, abandonnant sa dextre pour glisser la sienne dans ses cheveux. Si un instant elle se tendit, Jay sentit ses muscles se détendre tout aussi rapidement.

Qu’est-ce que tu fous, qu’est-ce que tu fous, qu’est-ce que tu fous, résonnaient en écho dans sa boîte crânienne, sans qu’elle ne se dérobe pour autant.

Etranges gestes qu’elle n’avait plus l’habitude de recevoir, empreints d’une douceur qu’elle ne lui aurait pas soupçonnée. Une partie d’elle avait besoin de cela, de cette attention qu’on ne lui avait plus portée, ou tout simplement arrachée. Qu’elle s’était amputée, en réalité. Il lui sembla que la Terre se réchauffait, ou n’était-ce que son myocarde imbécile qui affolait sa température corporelle, enveloppée par son pull et les couvertures. Assaillie par les vagues de chaleur et apaisée par ces vagues de fraîcheur, réelle tempête contre les rivages de son esprit qui battait toujours, Jay se serait presque sentie fiévreuse. Elle s’autorisa simplement à profiter, à savourer ces attentions délivrées avec humilité, les joues discrètement embrasées dans la pénombre. Sourcils qui se froncèrent légèrement quand elle l’entendit s’excuser. Pas qu’elle avait oublié, comment aurait-elle pu, mais ce moment lui paraissait plus lointain que de raison. Dans un geste instinctif, elle apposa ses phalanges contre sa bouche, comme pour le couper court dans ses explications. « Je sais. » qu’elle souffla avec plus de douceur que son geste n’avait été rapide. « Tout ça, c’est loin maintenant. » Ajouta-t-elle comme pour clore le débat. Lui était reconnaissante, tout de même, d’avoir eu cette intention. Lui offrit un léger sourire un peu fané, pour le conforter. Jay avait terminé d’exercer ses capacités, avait pris tout ce qu’elle pouvait encaisser. N’en restait qu’une longue plainte interne, une interminable agonie qui lui insufflait du désespoir. Evidemment affectée par ces sensations, la rouquine coula un nouveau regard sur lui. « Est-ce que je peux ? » s’enquit-elle en se rapprochant du point d’ancrage de ces maux réceptionnés. S’immisça lentement, se cala au creux des bras, le nez contre le torse, bras repliés entre elle et lui, presque lovée. Se sentit un besoin irrépressible de la présence, de la proximité comme source de réconfort fictif. Savant mélange des saveurs, des douleurs qui opéraient, s’entremêlaient en elle vicieusement. Comme un immense vertige qui la prenait au bord d’une falaise démentielle, Nox représentant sa seule forme de maintien. Se demanda si c’était vraiment ça qu’il ressentait, ou si ce n’était que son espace intérieur qui entrait en résonance avec ces énergies absorbées. Inspira profondément, empreinte olfactive qu’elle retrouva avec une conscience amère.

Qu’est-ce que je fous, qu’est-ce que je fous, qu’est-ce que je fous. Putain. Bordel.

Soudaine envie de se dérober qui lui assaillit le ventre, comme l’alarme résonnante de l’instinct de survie bancal qui l’animait. Pourtant tétanisée si proche, elle se refusait presque le droit de respirer, de peur que les grondements des tréfonds ne remontent de leurs abysses infernales.

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Re: far from home (nox)
Sam 13 Mar - 11:14

far from home

De nouveau, ce sont les bras du silence qui avalent sa question rhétorique, peut-être, pour lui. Est-ce qu'un meurtrier a le droit à une seconde chance ? Jusqu'à quel point a-t-on ce droit ? Quelle ligne délimite cette opportunité ? Nox se perd - et ses pensées avec. Emmêlées en autant de lignes qui se croisent, fusionnent, se séparent. Il pourrait presque les tracer du bout des doigts, fusant vers le plafond, revenant le percuter pour le conforter dans l'idée que non. Il n'aura jamais droit à une seconde chance. Parce qu'il a toujours pris soin de franchir toutes les lignes esquissées. Pourtant, il choisit de lâcher prise, comme elle l'a suggéré plus tôt, même si elle ne parlait pas de l'instant présent. La chaleur se diffuse en lui comme une vague lente viendrait recouvrir la jetée, à marée basse, position dictée par l'astre lunaire qui revêt un sourire narquois pour l'occasion. La réponse suivante lui parvient alors qu'il fronce un peu les sourcils, découvrant un aspect qu'il n'avait pas envisagé. « Et ils te payent, pour ça ? » Si facilement dénigrant, le flic, pourtant à cet instant il n'y a aucun jugement dans sa voix. Au poids que cela lui retire par un simple contact, lui serait bien capable de monnayer le service, oui. Il s'accroche au fil de sa voix comme à la seule corde nous retenant de tomber dans le vide. Suspendu là contre les flancs d'une falaise érigée par lui-même, il peut sentir le vide l'appeler, désireux de le happer pour l'éternité, alors il s'accroche, Nox, avec la volonté du désespoir, peut-être. Se demande bien, lui, si on pourrait le payer pour ses services. Manquerait presque de sourire, à imaginer une boutique exiguë, avec un petit formulaire où les clients viendraient apposer un nom, des explications, des justifications - car la mort se justifie, Nox en est certain.

Il hoche simplement la tête, un sourire se faufilant sur le bord de ses lèvres, parce qu'il n'imagine pas, Nox. Ce qu'elle endure pour le soulager lui. Naïvement, peut-être, à s'imaginer que tout est facile - pour une fois - et que contrairement à ce qu'il affirme souvent, que la médaille ne comporte aucun double-tranchant. Pourtant, Griffin le sait. Tout se paye. Tout a un prix. Les vagues d'amertume quittent ses récifs, et il ne se demande pas où elles naviguent - vers quoi, vers qui. Ne se demande pas, Nox, quels rivages elles vont venir engloutir, contre quels barrages elles vont choisir de fracasser leur force terrifiante et sublime à la fois. Simplement soulagé de s'en délester, avec naïveté ou égoïsme, de voir l'océan se retirer pour le laisser respirer - sans oser imaginer que leurs bras étouffants vont aller palper une autre gorge, d'autres poumons, pour noyer leur eau sale et amère. « Une douzaine d'heures ? » qu'il répète, d'un ton léger, presque rêveur, en soupirant de contentement, sans rien rajouter, témoignant déjà bien du bien-être qu'il ressent, du soulagement que ça encourt de se dire qu'il aura droit à du repos pendant aussi longtemps. Car quand on a pris perpétuité, finalement, douze heures, c'est comme l'éternité. Ses doigts se faufilent jusque dans sa crinière qu'il devine flamboyante malgré la pénombre, et elle ne se recule pas. Elle ne le repousse pas. Sans savoir exactement pourquoi, il s'en retrouve soulagé. Se rassure, encore, d'être dans le noir complet, comme si la douceur avait un visage bien plus terrible que celui qu'il présente à qui le demande ; la faciès de la colère, de la hargne, de la lutte constante et perpétuelle. N'savent pas, eux, que son existence est un combat permanent. Qu'il n'y a finalement ni journées, ni nuits, ni heures ni minutes - seulement un enchaînement de coups et de parades, de boucliers dressés pour faire face aux assauts déchaînés et inlassables. Pourtant, à cet instant, le shérif adjoint décide, consciemment ou pas, de baisser sa garde. De faire tomber son armure au sol, de se présenter sans plus aucune cotte de mailles ni gilet pare-balles. Et c'est dans ce qu'il qualifie de faiblesse qu'il trouve une paix qui, elle, n'a pas de prix.

L'écoute à peine, quand elle affirme que c'est loin, bien vite brusqué par son geste, son rapprochement. Et avant qu'il ait pu répondre ou réagir, il sent sa tempe venir se poser contre son torse nu. Et sûrement qu'elle doit le sentir, l'entendre, le coeur qui s'agite, chevaux au galop qui dévalent les pentes du myocarde, de la veine cave à l'artère aorte avant de recommencer pour un nouveau tour de carrousel. Et pourtant, malgré sa surprise, malgré son inconfort (en un sens), il se voit refermer ses bras sur elle. Comme un bouclier qu'il accepterait de partager. Dans un geste qu'il n'a ni l'habitude ni la prétention d'accomplir régulièrement - voire pas du tout. Ses paupières s'abaissent et il soupire doucement contre le haut de son crâne, s'enivrant de son odeur, de son parfum, de celui du gel douche de l'hôtel et de celui de sa peau, le nez qui se plonge dans ses mèches rebelles. La serre fort, soudain, comme s'il voulait l'étouffer, la fondre en lui. Ne se pose aucune question, totalement libéré du poids des responsabilités ou des conséquences, quand il n'a de toute manière jamais su envisager ces dernières dans aucun de ses actes. On peut le qualifier de bien des défauts, Nox, son impulsivité n'en fait pourtant qu'une image acérée d'une personnalité brute et sincère, n'a jamais su machiner, n'a jamais su être calculateur, préméditer ses coups à l'avance, gagnant quelques parties grâce à la chance du débutant qui lui revient parfois, à avancer ses pions avec témérité et imprévisibilité. Et alors qu'il la tient là, contre lui, à sentir une chaleur plus profonde lui traverser le corps, des orteils jusqu'aux terminaisons nerveuses de ses cheveux, il glisse par instinct une main sous son pull. À rechercher le contact de sa peau au-delà des tissus, comme pour la mettre sur un pied d'égalité avec lui, que s'il l'autorise à se blottir contre sa peau dénudée, qu'il veut aussi effleurer la sienne du derme de ses doigts. La main se fige quelque part sur sa colonne, sans aucune once d'agressivité pourtant, les yeux clos comme pour ne pas se voir ainsi, vulnérable.

Et c'est en la tenant là au creux de ses bras qu'il utilise sa main libre pour venir relever son menton. Le regard qui se découvre sous les paupières qui se soulèvent, à apprivoiser les ténèbres au fil des minutes, qu'il peut discerner peu à peu les contours de son visage. Qu'il le devine d'ailleurs près, beaucoup trop près, mais qu'il ne fait rien pour s'éloigner ou la repousser. Parce que ça fait trop longtemps qu'il n'a pas connu ça. Cette douceur latente, quand le temps se suspend et qu'il apprivoise un semblant de tendresse qu'il se plait à toujours dire inconnue. Clairement, n'a pas l'habitude de ça, Nox. Si les draps se partagent, c'est toujours dans la hâte, dans l'excitation, dans la précipitation. Dans l'urgence. Car il n'y a que comme ça qu'il vit - et survit. Et à cet instant, il ne sait pas bien comment se positionner. S'il est le père ou le fils, s'il est le protecteur ou le protégé, s'il est le coupable ou la victime. Peut-être sont-ils tout ça à la fois, échangeant les rôles comme des cartes à collectionner. Il peut sentir son souffle s'échouer contre son visage. Qu'est-ce que tu fous. Triste essai d'être rappelé à l'ordre, quand son regard brillant semble s'intensifier au fil des secondes mais qu'il reste immobile, comme retenu par toute une armée de petits soldats pour l'empêcher de fondre sur elle, simplement. Parce que ça serait plus facile, plus aisé, plus habituel. Et que Nox supporte mal la nouveauté, n'a jamais su la gérer - en a fait les frais quelques mois en arrière quand il a engagé un jeu nouveau avec Nora. Perdre sur son propre terrain, à toujours se jeter vivant dans la gueule du loup, à avoir compris qu'y a bien pire prédateur que lui, finalement. Ses doigts se délaissent de son menton, pour arpenter le relief de sa mâchoire, alors qu'il garde son regard profondément incrusté dans le sien, pour finalement voir sa paume s'ouvrir et encadrer sa joue toute entière, à se demander si sa peau n'est pas trop caleuse, si elle n'a pas été rendue trop coriace à force de cogner, si ses ongles ne sont pas trop acérés à force de griffer, si ses yeux savent encore embrasser à force de foudroyer. S'il sait encore être vivant à force de donner la mort. « Je... » Encore une phrase qui se meurt avant même de naître, cette fois. Aimerait la remercier d'être venu - mais ça voudrait reconnaître avoir eu besoin d'aide. Contre ses principes, mais quel visage revêtent-ils à cet instant, finalement ? « Je ne sais pas exactement comment ça marche, ni comment tu fais, la langue qui se passe contre ses propres lèvres, à les sentir s'assécher, les mots qu'il envoie ricocher contre son minois, la tête toujours baissée vers elle, sans vouloir se demander comment il pourra la regarder en face demain après s'être montré comme ça, mais je crois pouvoir affirmer que je ne me suis plus senti aussi léger depuis longtemps. » Affermit sa prise contre sa colonne vertébrale, traçant des cercles du bout des doigts, à se sentir étreint par une fébrilité nouvelle, adolescent hésitant. « Finalement, on s'en sort pas si mal, avec un seul lit, non ? » Blancheur d'un sourire qui vient comme illuminer la pièce entière, à toujours plonger dans la plaisanterie quand il se sent inconfortable par l'inédit d'une situation. Et si confortable pourtant. Ses jambes s'entremêlent aux siennes en gestes lents, à relâcher un peu son emprise, comme pour lui dire tu peux te libérer si tu le veux. Le palpitant qui se démène comme il peut, quand vient se fracasser contre sa raison une nouvelle vague.
Celle de se rendre compte qu'il n'en a aucune envie, qu'elle se libère de lui.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Sam 13 Mar - 19:36

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

Et ils te payent pour ça ? La trentenaire haussa légèrement un sourcil. Pas pour sa question à lui, mais plutôt pour la réponse qu’elle se connaissait. Pas que ça l’amusait franchement, mais un fin rictus s’accrocha aux lippes qu’elle humecta du bout de la langue. « J’ai déjà retrouvé du liquide glissé sur le guéridon de l’entrée plusieurs fois. Je ne fais pas ça pour l’argent, ni pour la reconnaissance… » Qu’elle laissa s’échapper, songeuse, ailleurs. « Je ne suis pas médecin non plus… Je n'ai aucune légitimité. » Plutôt une sorte de médicament. Sangsue humaine et émotionnelle, réceptacle qui soulageait les coupes trop pleines, les cœurs trop lourds. N’aimait pas s’en vanter, de ce qu’elle estimait être un acte de charité. Après tout, ça n’était pas comme récolter des dons pour des associations ou sauver un chien abandonné. C’était juste alléger, aider à faire passer les moments durs, les pensées douloureuses. « J’suis un peu le Doliprane du cœur. » Rit-elle finalement, humour envoyé çà et là pour dédramatiser un peu. S’disant qu’cette partie plus sombre d’elle n’était là que pour contrebalancer le don qu’elle avait de soulager. Ces aspirations énergétiques, celles qu’elle ne se contrôlait pas, s’étaient déjà montrées dangereuses, à plus d’une reprise. Avaient manqué d’ôter la vie plus d’une fois. Songeait honteusement à ces dernières semaines. Sourit évasivement en l’entendant soupirer ce qu’elle comprit comme un soulagement.

Le visage ainsi posé contre son torse, Jay pouvait percevoir les échos du myocarde. Étrange lubie qu’elle avait d’écouter les battements de vie fascinants, rappel implacable de la vitalité qui subsistait autour d’elle, contre elle. Echos qui rassuraient qui la berçaient presque. Ferma les yeux, profitant du silence entrecoupé par le rythme du muscle vital, entourée de bras qui la maintenaient contre la silhouette masculine. Sentiment de sécurité qui l’habitaient, la confortait à rester, à grappiller quelques instant supplémentaires de chaleur humaine, à l’instar de ces moments où son coeur restait glacé de solitude. L’esprit évacuait petit à petit cette gêne qui comprimait les tripes, bien qu’elle avait conscience que ce n’était pas dans ce genre de posture qu’elle devrait se retrouver. Qu’elle ne méritait peut-être pas qu’il l’enlace, qu’il réconforte inconsciemment la vulnérabilité dans laquelle elle se mettait. Impression de n’être qu’une petite chose fragile à la merci des vents et tempêtes qui rageaient en elle, Nox comme un pilier solide qui la maintenait à la surface de l’eau. Savait que cette sensation de vide ne lui appartenait qu’en partie, dangereux poison qui s’insinuait en elle. Plus les émotions étaient puissantes, plus elles devenaient vicieuses, jusqu’à parfois lui faire croire qu’elles étaient siennes.

C'est dangereux pour toi de me donner des idées pareilles, Jay.

Entendit les mots de Griffin résonner en elle, court flash-back qui lui fit ouvrir à nouveau les yeux, toujours prostrée, lovée contre la silhouette qui dans le noir, aurait finalement pu être n’importe qui. La prise qui se resserrait autour d’elle, lentement mais sûrement, s’apparentant un instant dans l’esprit fertile comme les griffes d’un piège insondable. Peur au ventre qui la saisit, sans en connaître la vraie raison. S’était toujours dit, depuis leur première altercation, qu’elle n’aurait jamais peur de Nox Griffin. Qu’elle ne craindrait jamais ses réactions, ses piques, ses éclats de voix, ni l’ocre qui avait foncé ses iris ce jour-là. Laissa donc cette pensée de côté, se demandant si ce n’était pas juste elle le problème. Hypothèse plus probable, fond de vérité qui essayait de s’exclamer dans un coin de son esprit, au vu des démons qui sommeillaient en elle. Mauvaises herbes desquelles elle arrachait toujours les têtes pour mieux les voir repousser, presque des hydres qui se riaient d’elle, dont les rires moqueurs lointains ne faisait qu’humilier davantage son existence. Se rendit compte que même si elle le voulait de toutes ses forces, elle n’aurait jamais le contrôle de rien. Pas tant que les hydres mordraient à même sa chaire, la laissant à fleur de peau à chaque instant.

Sentit la dextre glisser à peine sa peau, entrer en contact, remonter de quelques centimètres le long de sa colonne vertébrale. Courtes décharges qui remontaient jusqu’à sa nuque, la faisant difficilement déglutir. À se demander si elle avait le droit de laisser faire, si elle avait même le droit d’apprécier, d’aimer le contact qui s’installait. Que la proximité de son visage relevé par sa main libre avec le sien était indécente.

Trop près.

Et pourtant, ne pouvait se résoudre à bouger, comme si désamorcer son contact maintenant ne lui promettait qu’une lente et vertigineuse chute dans le vide, vers un rien qui l’effrayait inexorablement. Regards croisés, petite chose vulnérable qui ne saurait se décider, se dépêtrer d’un piège qu’elle sentait sur le point de se refermer. Tel un chausse-trappe à taille humaine qui refermera ses dents de mort sur elle, broyant ses organes et ses os dans un claquement mécanique sinistre et létal.

Peur. N’est faite que de ça, Jay. Terreur que les crocs des ténèbres se referment sur sa frêle silhouette vulnérable. Jetée en pâture à des loups aux longues dents et aux grandes oreilles.

Et l’existence n’était pas un conte de fée, ne saurait toujours bien se terminer. Sentit sa propre main se refermer, se raffermir sur son bras à lui.

Serre-moi encore.
Fais craquer mes os, étouffe toutes ces douleurs et moi avec.


Sentait tout autant son souffle à lui contre son faciès, à se sentir comme aspirée, happée petit à petit sans promesse de retour. « Je crois que c’est pas si mal. » Qu’elle s’entendit lui répondre dans un sourire en demi-teinte, comme spectatrice, le cerveau au bord de la rupture. Devina les iris céruléennes, ancres solides dans la pénombre. Terrorisée, qu’elle était pourtant au creux des bras, s’étant déjà surprise à ne plus vouloir se détacher de lui. Ne voulait pas retourner sur l’oreiller redevenu froid, sous cette partie des draps qui lui mordraient froidement la peau. « Je… Je suis contente d’avoir pu te délester un peu de tout ça. » Qu’elle avoua finalement, mots sortis d’eux-mêmes, pour combler des silences avec un peu de sincérité. Coeur écorché, dépecé qui lançaient des cris dans l’obscurité. Main qui desserra sa prise contre son bras, trouvant le chemin de son visage, apposant de lentes caresses partant de son front jusqu’à s’engouffrer dans ses cheveux, répétant le geste à plusieurs reprises. Élans étranges de tendresse qui l’animaient, alors que la peur résonnait toujours, que ses mouvements étaient pleins d’incertitudes. « T’es pas le mec le plus compréhensible que j’ai rencontré, mais j’sais que t’es pas un connard, Nox. » Ponctua sa phrase d’un court silence, reprenant sans sélectionner ses mots au préalable. Spontanéité absolue, qu’elle espérait ne pas avoir à regretter. « Tu vas t’en sortir. » qu’elle continua finalement après avoir inspiré, espérant lui injecter le peu de force qu’elle pouvait encore dégager. « Tu l’mérites. » Réussis là où j’ai échoué. Façon de se détacher d’elle-même, de se recentrer sur lui et ce pour quoi ils étaient là. Pas ce pour quoi ils en étaient arrivés là, pourtant. Peut-être qu’elle extrapolait trop, peut-être qu’elle se faisait des idées sur ce rôle qu’elle avait à jouer dans cette histoire. Peut-être qu’elle en faisait trop, ou pas assez. À soudainement n’pas savoir à quelle voix elle voulait céder en elle.

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Re: far from home (nox)
Sam 13 Mar - 21:02

far from home

Il boit ses paroles, absorbé par les mots, les récits, lui habituellement si peu curieux, si peu intéressé par autrui, dénué de cette bienséance qui pousse au et toi ? habituel et entré dans les codes de la politesse. Parce que Nox se fiche des autres. De tous les autres, comme il aime souvent le souligner. Pourtant, à cet instant, ses questions sont réellement intéressées, non pas dans un but égoïste, dans la simple envie de l'écouter, de la connaître plus. Parce qu'ça aussi, c'est bien un concept imprécis pour lui. Y a qu'à voir avec le phénomène Everdell ; dix ans à hanter son sillage, ne pourrait même pas dire ce qu'elle fait de ses journées, quel salaire la nourrit, à peine là où elle vit, pour s'y être déjà invité et encore, seulement récemment. Parce que ça ne l'intéresse pas, Nox. N'a pas besoin d'informations sur les autres pour s'y accrocher, bien plus que ce qu'il voudrait, bien plus que ce qu'il en dirait. Sait bien qu'elle ne fait pas ça pour l'argent, sans pouvoir dire d'où il le devine. « Le doliprane du coeur, ça te va bien, Cricket. » Clin d'oeil mimé dans l'ombre, à faire scintiller un sourire d'un amusement sincère, léger comme un enfant ferait une blague innocente. Habitué à toujours faire le premier pas, dans son imprévisibilité maintes fois reconnue, qu'il se retrouve un peu désemparé à la voir se lover contre lui. Aussi simplement que ça, comme si c'était normal. Mais rien ne l'est. Ni l'attaque du campement, ni la disparition de sa fille, ni qu'il ait demandé à la nouvelle collègue de l'accompagner, ni cette chambre les privant d'une intimité certaine, ni... cet instant-là. Pourtant, Nox remercie bien qu'il ne restait qu'une seule chambre tant le réconfort physique apparait comme remède cruel à ce moment. S'il avait dormi seul, sans doute ne la tiendrait-il pas dans ses bras comme un être fragile qui a besoin de sa protection - illusion notoire et passive dans son crâne. Sans doute ne l'aurait-elle pas touché la première, à l'épaule, pour le soulager. Mais sans doute, aussi, n'aurait-il pas eu envie de la garder là contre lui avec tant de férocité.

Bien ce qu'il sent monter en lui, Nox, sans pouvoir deviner la crainte qui l'étreint, elle. Faits de deux bois différents, sans savoir lequel est le plus solide. Sans savoir lequel pourra prendre feu le premier ou se briser avant l'autre. Une envie dévorante de ne pas la voir s'éloigner. Cette grisante émotion de la retenir prisonnière contre lui - et, avec culpabilité sans doute, que ça le fait se sentir important. Comme si ça lui donnait un rôle à jouer, peu importe que ça soit celui de geôlier. La rendre captive, captive de lui, comme si ça pouvait le placer sur un piédestal quelconque. Sûrement ce qui lui donne cette espèce de force bestiale venue d'une époque antique, à relever son visage avant de l'entourer de sa paluche, caresser sa joue sans oser faire un mouvement de plus. Il sent la main de Jaimini agripper son bras, ne sait pas vraiment si elle essaie de le repousser ou de s'accrocher à lui, mais sûrement que par fierté, il choisit d'opter pour la deuxième option. Parce que c'est mieux de l'envisager ainsi. S'accroche à ses mots comme autant de bouées jeté à la dérive. « Oui, je,... merci. » N'sait pas trop quoi dire, bien vrai qu'elle l'a délesté de quelque chose, d'un poids immense qu'il ne savait pas vraiment avoir sur les épaules. Le frisson le saisit quand il sent sa main arpenter son front pour se perdre dans ses cheveux une fois, puis deux, puis plus encore à répétition. Garde son regard incrusté dans le sien, le coeur au bord des lèvres, à lutter contre l'animal au fond de lui. Pourtant, les yeux se plissent quand elle se remet à parler. Les mots résonnent contre la paroi de son thorax, à lui soutirer un peu de sa respiration jusque-là tranquille. N'en retient que quelques-uns, qui viennent ricocher encore et encore contre lui. Compréhensible, connard, t'en sortir. Tu l'mérites. Et ça lui fait un drôle d'effet. Parce que ça réveille la hargne, la colère. Il la sent monter, gravir les échelons sans cran de sécurité, s'engouffrer dans chaque veine, prête à se déchaîner sur sa cible. Parce qu'elle a tort. Parce qu'elle ignore tout. Parce que c'est un connard. Parce qu'il ne mérite pas de s'en sortir. Parce qu'il a condamné sa gamine à l'errance puis à la fuite. Parce qu'il a condamné ses meilleurs amis à une ignorance perpétuelle sur le meurtrier de leurs parents. Parce qu'il n'a passé sa vie qu'à trahir, tromper, déjouer, abattre. Il sent sa poigne devenir plus solide dans son dos, avec l'envie soudaine de lui briser chacune de ses vertèbres.

Mais la colère retombe aussi violemment qu'elle est montée. Laisse une empreinte crucifiée à son âme, toute aussi douloureuse que s'il s'était griffé de l'intérieur. N'comprend pas, Griffin, pourquoi il n'y arrive pas. Pourquoi la légèreté revient avec autant de facilité, le trouble de la sorte. Peut-être que ça fait partie de son pouvoir. Il la contemple, sûrement depuis trop de secondes maintenant, quand il décide de détendre ses doigts crispés autour de son visage. Ferme les yeux, inspire à fond, mais il n'a pas besoin de se calmer. Il ne s'est jamais senti aussi calme. Parce que le connard en lui en aurait bien profité pour lui prouver tout de suite qu'elle avait tord. En se vengeant sur elle, par esprit de contradiction, pour lui montrer qu'elle se trompe lourdement sur son compte. Sans même savoir lui-même d'où lui vient cette envie, toujours, de donner les cartes de la haine aux autres. Peut-être parce qu'ça fait moins peur d'être détesté que d'être aimé. « Pourquoi tu... » Pourquoi tu m'détestes pas ? Pourtant, il a fait de son premier jour un enfer. Pourtant, il l'a rabaissée. Pourtant, il s'est moquée d'elle. Pourtant, il a essayé de la dévorer. Alors pourquoi ?

Pourquoi, pourquoi, pourquoi.

Encore le point virgule égaré qui refait des siennes, phrase dérobée, déjà échouée sur les rivages de l'égarement. Son souffle qui s'est légèrement heurté qui cogne contre le visage de la flic et lui revient en boomerang aussi délicieux qu'il est apaisant. Et dans des secondes qui lui semblent être des heures entières, son visage qui flirte avec l'indécence plus appuyée encore. Son nez frôle le sien et il se fige tout entier. Pourquoi tu fais ça. Son regard qui cherche le sien dans l'obscurité, avec acharnement et un certain désespoir touchant, peut-être. Pourquoi tu t'enfuis pas. Les souffles qui s'apprivoisent, sans savoir s'il a vraiment le droit de happer le sien de la sorte. Pourquoi tu m'repousses pas. Grisé par l'incohérence de ses propres gestes, de ses propres pensées, comme nourri tout entier par la contradiction, qu'il vient frôler ses lèvres des siennes dans un soupir appréhendé. Déglutit comme un adolescent, se sent à la fois très fort et très faible et son corps lui semble soudainement trop étroit pour tout contenir. « Jay... » qu'il murmure dans ce qui ressemble presque à une supplication. Pourtant, en proie à une angoisse grandissante qu'il ne se connait pas, qui le rend inconfortable et nerveux, il recule son visage, récupérant la distance toujours trop courte mais moins qu'avant. Se mord la lèvre inférieure, mais peut-être ne le verra-t-elle pas dans le noir. Et comme à chaque fois qu'il ne maîtrise pas la situation, il choisit de replonger dans la plaisanterie, dans l'auto-dérision, et Nox affiche alors un sourire pâle. « J'avais raison, je devrais dormir par terre. » qu'il se moque de lui-même, à suggérer qu'il ne peut pas dormir dans le même lit qu'une femme sans avoir ce genre de pensées. Pourtant, sait bien, Nox, que ça n'a rien à voir à cet instant. Qu'il n'est pas dans son état normal.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi.

Sinon, il ne lui aurait même pas demandé son reste, finalement. Aurait cédé à la pression des corps directement. Parce qu'il s'fiche bien des conséquences, à avoir trop souvent utilisé cet acte charnel comme un passe-temps pour lui retirer toute signification. Et pourtant, ce soir, Nox n'a pas envie de baiser. Bien à ça que ça se résume, d'habitude, pourtant. La gorge un peu nouée, il a soudainement chaud, à s'demander d'où lui vient cette fébrilité, cette hésitation saisissante, cette pudeur inconfortable. Relâche sa lèvre d'entre ses canines au goût métallique qui s'invite au bord de sa bouche, n'ayant pas remarqué la serrer aussi fort. Pourtant, sa main n'a pas quitté son visage ; et l'autre, son dos. La tient toujours fermement contre lui. Ne veut toujours pas s'éloigner ni la voir s'enfuir. « J'sais pas exactement ce que tu m'as enlevé, mais peut-être que tu devrais me le rendre. » En plaisante encore, le sourire léger aux lèvres comme si ne se jouait pas en lui un combat bien particulier qu'il n'a pas l'habitude d'affronter, contrairement aux autres batailles intérieures. Parce que c'est bien son don qui lui fait ça, n'est-ce pas ? Qui le rend si différent de lui-même. Est-ce à ça qu'il ressemble, sans fardeau, sans poids sur les épaules, sans blessures ? Et sa main, sur sa joue, vient de son revers effleurer une nouvelle fois sa peau, remonter à ses cheveux, y entremêler ses doigts comme pour s'assurer une prise solide. « Sauf si... » le chuchote, Nox, en proie à une anxiété croissante qu'il ne sait pas gérer, sans qu'il ne se départisse pourtant du coin de sourire qui lui mange la bouche, à vouloir s'y étendre plus au fil des instants.

Sauf si tu en as envie aussi.
N'peut pas nier le désir qui s'est immiscé en lui sans qu'il ne sache d'où il est entré, d'où il a trouvé l'accès, si bien dans cette tendresse innocente, à venir tout gâcher, qu'il se dit. Mais pourquoi en aurait-elle envie, que le revers de la médaille vient cogner à ses tempes, à lui donner envie de rebrousser chemin brusquement.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Sam 13 Mar - 21:59

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

N’savait rien Jay. Rien de concret, rien de profond, rien de véridique. Finalement, elle en arrivait inconsciemment à faire ce qu’elle exécrait d’ordinaire : spéculer, émettre des hypothèses qu’elle ne saurait argumenter. À quoi pouvait-elle bien jouer ? Comme projeter en lui toutes ces forces qu’elle ne s’attribuait plus ? C’était risible, et au-delà de ça, dangereux. N’savait pas quels revers lui reviendront en pleine face, ni avec quelle puissance. Mis à part cette pression qui s’exerçait plus fort contre elle, enserrant sa taille, pressurisant ses cotes. Comme une prière exaucée, en secret, en silence. Qu’est-ce qu’elle cherchait ? Est-ce qu’elle avait perdu le contrôle au point de le provoquer sans en avoir réellement conscience ? Omnisciente de son propre corps, pensées projetées, souffle étouffé. Désespoir qui explose dans la cage thoracique, appels frappants du cœur qui se répercutaient sur ses lèvres.

Etouffe-moi.

Impuissante, regard accroché au sien. L’avait décidé, de n’pas craindre ses réactions. Jugeait bon seulement de n’plus croire en les siennes, qui la laissaient toujours dans des situations embarrassantes. Arrimé à ses iris, comme pour ne pas céder, signifier qu’elle ne retirait pas ce qu’elle disait. Les secondes se changeaient en minutes dans son esprit désarticulé, détraqué. Elle aussi, elle y avait pensé. Qu’ce serait tellement plus simple de le détester, de rester sur une première impression. Comme ce serait plus facile de n’pas ressentir d’empathie ou de compassion pour ces gens à qui elle offrait temporairement plus de légèreté. Ce serait plus facile, mais pas plus réalisable pour Jay. Parce que ça n’serait sûrement plus elle, tout court. Et si elle se laissait couler dans ces mutations spirituelles, voire corporelles, sûrement n’aurait-elle juste plus aucune emprise sur ce qu’elle devenait. N’avait déjà plus franchement le contrôle, sur une pente glissante depuis trop de temps pour se souvenir de ce qu’elle était autrefois. Muant sa vie comme une longue procession d’échecs et d’impuissance. Comme quand elle avait perdu son père, s’était enfuie avec sa mère dans un autre État, n’avait jamais pu rencontrer Kai, s’était juste laissée entraîner dans des plans foireux toute son adolescence. Avait bien tenté de reprendre le contrôle de sa vie, en devenant flic. Jusqu’à ce que ce désir de contrôle ne devienne obsessionnel. Qu’elle rencontre son ex, qui devint son fiancé, qu’elle ne perde le fruit d’un amour pourri à la racine. Qu’elle ne perde la tête, sombre dans les limbes, ne fasse que régurgiter toute la merde qu’elle avait en elle. Avait bien cru avoir remonté la pente en reprenant du service. Au fond, n’en était jamais sortie, de ces ténèbres grouillantes. Qui lui avaient rongé le cerveau, le cœur, les reins, hurlé à s’en éclater les poumons, à en avoir eu envie de crier. À n’plus supporter sa propre impuissance, écrasante, cuisante. Frisson infernal qui irradia sa peau de picotements, sensation de vertige quand sa détermination vacilla. Quand dans ses yeux ne brilla plus la détermination mais la supplication.

Etouffe-moi.

Les vagues se muaient en tsunami vengeurs, rageurs, alors que ses lèvres à lui valsent avec les siennes, sans s’y attarder. Juste les effleurer. Qu’elle sentit que quelque chose en elle était prêt à exploser, et qu’ça lui donnait envie de tout foirer, de tout envoyer valser, de se faire exploser cette cervelle qui court-circuitait à répétition. Pourquoi tout ça la traversait alors que son visage lui, demeurait figé dans cette expression plus détendue, quoique stupéfaite par ces gestes désamorcés aussi vite qu’ils avaient été initiés. Feu grouillant dans le creux qui rein, pathologie invasive qui irradiait son corps, comme de la paille laissée en pâture aux flammes. Peut-être le nourrir en espérant l’apaiser. Mais l’appétit était plus féroce à chaque fois, et les flammes plus brûlantes. « Même si je voulais, j’pourrais pas, te les rendre. » Qu’elle répondit, le souffle plus court, peut-être. Il murmurait, la dextre ancrée dans ses cheveux, sans possible retraite pour la rouquine. Incapable de savoir.

Elle.
Ou eux ?


Qui en avait réellement envie ? De s’embraser, de céder. Frustration grandissante à force de ne plus savoir discerner ses propres désirs de ceux que lui insufflaient ces démons voraces, ces flammes qui se pourléchaient les babines. Dans un élan qu’elle crut d’abord échouer contre ses lèvres, ce fut finalement son front qui se heurta légèrement au sien.

Ne pas tout faire foirer.
Mais pour qui ?

Elle.
Ou eux ?


Cercle vicieux, respiration plus profonde, comme essoufflée, tête noyée sous la surface, maintenue par des mains aux doigts longs et griffus. Yeux clos, pour ne pas constater l’incompréhension qui le saisira peut-être face à sa soudaine agitation. Peut-être par envie de se cacher, d’une certaine façon. Comme les enfants qui croient qu’il suffisait de cacher une partie d’eux-même pour remporter le cache-cache. Mais on ne disparaissait pas aux yeux des monstres lorsqu’ils habitaient en nous. « Et si c’était moi ? » qu’elle souffla finalement, la gorge serrée, les yeux toujours clos. « Et si c’était moi, Nox, qui te faisait du mal ? » Me verrais-tu toujours comme une alliée ? Auras-tu toujours besoin de moi ? Est-ce toi qui hésiterais à te soustraire à moi ? Et si c'était moi, le monstre ? Parce qu’elle n’en avait pas envie, non. N’avait toujours souhaité que le meilleur aux autres. N’avait toujours fait que prendre des maux pour les écraser en son fort intérieur, comme une revanche onirique sur les injustices du monde. Accrochée à lui, aspirée comme un aimant que l’on aurait retourné, passé de la répulsion à l’attirance, qu’on aurait fait entrer en résonance avec un tiers. Serra entre ses phalanges le drap contre lequel reposait sa seconde main, à s’en blanchir les jointures. Revenir au présent, revenir dans cette chambre. Retrouver le pilier avant de tomber, avant de couler.

Ne pas tout faire foirer.
Etouffe-moi.

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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 10:50

far from home

Il aurait bien voulu savoir lire. Lire tout ce qui défile dans ses yeux, décrypter les schémas qui s'y dessinent, les caresser du bout des doigts, démêler les noeuds pour entendre ce qui se criait dans l'abîme de ses prunelles. Mais Nox n'a jamais été doué pour ça. Même quand on le lui montre directement, y a bien des fois où il a du mal à comprendre, à entendre. Alors sûrement qu'il la fixe sans saisir. Tout ce qui se joue en elle, concentré sur tout ce qui se joue en lui. Les lèvres qui se frôlent, cherchent à s'apprivoiser, mais Nox rompt tout aussi vite la possibilité d'approche pourtant initiée par lui-même. Contradictoire, soumis à des pulsions d'ampleur diverses, à ne plus savoir s'il veut s'approcher ou reculer, s'il veut l'enlacer ou la serrer entre ses doigts, s'il veut l'embrasser ou la gifler. Mais elle ne s'écarte pas et il se demande, encore, Nox, pourquoi. Est-ce qu'elle attend ça depuis le début ? L'imagine pas de la sorte, Jaimini. Mais qu'est-ce qu'il en sait, lui, finalement ? Juge les gens plus vite qu'un appareil photo ne les figerait dans le temps - et les fige, lui, dans son crâne, s'arrêtant sur un détail, sur un acte, pour les empiler dans des tiroirs aux étiquettes bien définies. Puis d'un seul coup, il y a du mouvement et Nox, déstabilisé par son envie soudaine de rapprochement, accroché à ses cheveux, ne sait pas prévoir de quel côté ça vient, dans quel sens ça va, avec l'impression de n'être qu'un paquet tombé d'un paquebot, dodelinant sur les vagues avec le seul choix de se laisser porter.

Pourtant, son front rencontre le sien et il plisse les yeux, les dents qui s'apprivoisent pour mieux se serrer. Elle semble soudainement éreintée, le souffle court, et Nox garde son front appuyé au sien, décontenancé. Tiraillé par trop de cordes qui l'écartèlent dans des directions différentes, n'parvient pas à rassembler ses membres qui lui semblent se démanteler. Autant de ficelles tirées par ses démons, à faire naître l'angoisse, la peur, la colère, sans pourtant qu'il ne puisse s'y accrocher avec suffisamment de niaque pour les faire prendre en lui. Et c'est soudain ce qui lui fait peur. Ne rien ressentir. Est-ce que c'est ça, la solution ? Brusquement oui, il regrette. Il voudrait pouvoir retrouver en lui les sensations de déception, pouvoir piocher dans une blessure quelconque pour alimenter la colère, pouvoir s'agripper à un rocher saillant et s'y écorcher les mains dessus. Mais rien n'est à portée de ses doigts qui battent le vide dans son inconscient, sans réussir à saisir quoi que ce soit. Et ce vide émotionnel, comme si toutes ses armes - et blessures - lui avaient été retirées, le laisse dans une panique croissante. Un état qu'il se doit de retourner, peu importe avec quoi, peu importe comment, entrant dans un monde qu'il ne connait pas ; celui de l'absence de fléaux internes. Elle a fermé les yeux mais lui la fixe toujours avec intensité, comme s'il voulait transpercer ses paupières closes pour la dévisager encore et encore. Surpris par l'agitation qu'elle a amené, sans savoir si c'est une façon de le repousser ou de le conforter à aller plus loin. Nox ne sait pas, clairement pas. Cherche à comprendre, avec toute sa bonne volonté - celle qu'il utilise rarement, faut avouer. Et si c'était moi ? Son souffle à lui qui s'écourte légèrement, butant contre son visage toujours près, trop près, beaucoup trop près, bon sang, pourquoi ne s'éloigne-t-il pas ? Et si c'était moi, Nox, qui te faisait du mal ?

Echos de nouveau douloureux qui ricochent en lui, comme autant de pierres venues l'enterrer. Qu'est-ce qu'elles ont toutes avec ça. L'impression, toujours, de rejouer un scénario foireux, de recommencer une partie qu'il sait perdue d'avance pour lui. Et Nox n'veut pas, non. Il ne veut pas recommencer cette partie là. Tu t'fais du mal, que Nora lui avait dit. Est-ce que ça avait été la mise en garde qu'il n'avait pas su entendre ? Est-ce que Jaimini essaie de lui dire la même chose ? De nouveau pourtant, Nox n'arrive pas à entendre. Ni à comprendre. Alors, forcément qu'il cherche avec désespoir à attraper un peu de hargne quelque part au fond de lui, dans le peu qu'il lui reste, dans le peu que Jaimini lui a laissé. Pas assez, sans doute. Appuie un peu plus son front contre le sien, à s'en donner mal au crâne, le regard féroce qui cherche à transpercer les paupières abaissées. « Tu crois qu'tu l'peux ? » Me faire du mal. Voudrait lever la voix mais n'y arrive pas ; le ton seulement bas et vibrant, seul témoin de son animosité, qu'on pourrait confondre avec un simple désir brouillon. Peut-être que c'est que ça, finalement. « Qu'est-ce qui te fait croire que tu peux seulement m'en faire ? » Comme s'il se pensait toujours intouchable, comme s'il avait déjà pris trop de balles pour qu'elles ne puissent aujourd'hui plus que passer à travers son âme. Comme si elle n'était pas assez bien, pas assez forte, pas assez quelque chose pour réussir ce coup-là. Le toucher. Lui faire mal. Se dresse toujours sur un piédestal qui n'a pourtant jamais été autant bancal. La rabaisse pour mieux s'élever - mais la chute sera plus longue, plus corsée. Parce que Nox le sait, maintenant. Il y a toujours une chute. Toujours un prix à payer. Dans la rage ou le repos, chaque coup a un prix. Chaque acte demande sentence. S'imagine qu'au purgatoire des innocents, il se tient au premier rang.

N'a pas froid aux yeux, bien ce qu'il démontre par son comportement qui signe son état prêt à l'affront. Alors, sûrement que c'est pour ça que dans un geste un peu brusque, sa main perdue dans ses cheveux les quitte pour venir saisir de nouveau le coin de son visage. Agrippe l'os de sa mâchoire comme s'il voulait le briser. En aurait sûrement la force, si seulement la bête était là. Mais même elle demeure aux abonnés absents, à croire que le pouvoir de Jaimini l'a faite fuir. Et si ça devrait le rassurer, le soulager, Nox ne s'en sent que plus démuni encore. Plus paniqué. Comme si ses démons étaient tout ce qu'il avait, finalement, à toujours crier qu'il veut les voir disparaître, qu'il veut les éradiquer. Mais peut-être que sans eux, il n'est plus rien.

Plus rien.

Et ça résonne en lui. Il n'est rien sans eux, rien sans la bête, rien sans ses failles, ses blessures. Rien sans la douleur. Celle qui le coule autant qu'elle lui fait garder la tête hors de l'eau. Car sans douleur, plus de colère. Et sans colère... Plus rien. Il attire avec fermeté son visage contre le sien, ses lèvres contre les siennes sans l'embrasser pourtant. « Et si je prends le risque ? » qu'il murmure contre ses lippes, sa bouche qui s'entrouvre comme s'il voulait la dévorer. Et c'est sans attendre qu'il écrase ses lèvres contre les siennes, avec une violence qu'il imaginait plus dure, plus coriace ; n'en résulte qu'un baiser empreint d'urgence mais qui ne perd pas sa douceur. S'y arrache le souffle court, l'esprit torréfié sous le soleil ardent qui attise l'incendie au creux de ses reins. Mais sa main autour de son menton s'est adoucie. Presque trop. Et ça le révulse, encore. Aurait envie de la violenter, n'parvient qu'à être d'une tendresse latente, à double-tranchant, car celle-ci le découpe avec bien plus de facilité qu'aucun coup ne le ferait. Et il comprend que c'est pour ça qu'il ne s'y risque jamais. Il enfouie soudain son museau dans son cou, sous les mèches ondulées, à venir attraper entre ses dents la peau fine de sa nuque, comme si ça pouvait réveiller l'animal, le monstre. Mais celui-ci semble endormi trop profondément pour qu'il puisse espérer le trouver. Mais Nox essaie, s'acharne, s'y esquinte fierté et raison contre les récifs incisifs. Et c'est son bassin qui vient presser le sien, dans une provocation illégitime, comme pour lui dire montre-moi comment tu ferais. Approche sa bouche de son oreille, dans un état second, sans plus savoir ce qui l'a causé exactement, à venir susurrer d'une voix suave : « Montre-moi comment tu ferais. »

Pour me briser, me faire du mal,

La main dans le dos de Jaimini qui agrippe son flanc, y trace des sillons brûlants, s'y accroche tant pour la garder près de lui que pour y apaiser son envie destructrice. Le visage qui revient hanter le sien, le souffle découpé en pointillés ardents, ses lèvres qui jouent contre les siennes pour tester ses limites, sans plus s'occuper des conséquences, du lendemain où le jour devra éclairer leurs visages. « Montre-moi, » qu'il répète avec presque l'allure d'une supplication, confrontant ses démons aux siens, comme s'il n'y avait que comme ça qu'ils pourraient les anéantir. En les faisant vivre un peu. Bien comme ça qu'il fonctionne avec tous, bien comme ça qu'il s'est tué un peu avec Nora, parce qu'y a que ça qui l'alimente, qu'y a que ça qui lui prouve sa propre existence.
Car s'il peut mourir, c'est qu'il est en vie.

Alors tue-moi, tue-moi un peu,
car y a rien d'autre à faire,
plus rien, non, plus rien
.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 13:42

far from home
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Et finalement, tout foirait.

Qu’est-ce que tu cherches à prouver, Nox qu’elle s’entendit penser alors que les lèvres se croisent, s’effleurent sans se happer. Qu’elle sentait son visage au creux de sa main ferme, qu’elle ne faisait que glisser lentement alors qu’elle tentait désespérément de s’accrocher aux rares pensées raisonnables qui la traversaient. Ses lèvres qui, quand il susurrait à voix basses ces provocations futiles ne faisait qu’attiser l’animosité des siennes. Qu’elle crevait d’envie de le faire taire, qu’il puisse comprendre sans avoir à s’esquinter de la sorte. Qu’elle n’ait pas à lui prouver qu’il avait tort. Valait mieux qu’il continue de penser qu’il avait raison, qu’il était farouchement intouchable. « Les mêmes raisons qui te poussent à croire que je n’peux pas t’en faire. » Lança-t-elle, quelques peu énigmatique, chargée de tensions alors que les lippes se caressaient sans s’appréhender concrètement, ne faisant que se tourner autour comme les vautours en attente de connaître qui des deux mourra le premier. À sentir ses prises se raffermir, l’envelopper dans un faux voile engageant, son bassin se pressant contre le sien, basculant infimement son corps vers l’avant, et ses lèvres contre les siennes. Ronronnement silencieux qui s’élèvent dans les tréfonds morbides de ses reins. Abritent la chaleur, les flammes ardentes, le buste collé au sien quand les dernières barrières ne représentent que les vêtements, fragile protection qu’elle s’imaginait déjà arracher farouchement, toujours sur cette pente lisse qui ne pardonnait rien. Ne saurait toujours dire qui de ses démons ou d’elle-même se faisait plus féline à la courbure de ses reins, à l’aguicher quand la pulpe de ses doigts effleurait le corps courbé qu’elle se faisait. Tu ne sais même pas ce que je suis. Pas comme si elle en avait une idée claire non plus, seulement avalée par les ténèbres à petites gorgées, rattrapée parfois par la réalité de l’instant par les cris intérieurs qui résonnaient en elle. Qui l’avertissaient du danger, essayaient de la mettre en garde et faire reculer la faim grouillante. Celle de la chaire. Celle qu’il lui insufflait par ce qu’il dégageait. Aura ou réalité étrange, comme happée par les énergies qu’elle devinait toujours, celles qu’elle n’avait pu complètement faire disparaître. Qu’il lui fallait aller chercher plus loin encore, que ses démons croqueraient la bave aux lèvres. « Tu le regretteras. » Qu’elle s’entendit souffler, respirations entre-croisées, maigre prévention qu’elle pouvait encore lui envoyer, dernier signal d’alarme alors qu’elle avait l’impression de littéralement fondre. Plus seulement vautour, la voilà qui se sentait devenir rapace fondant sur la proie au sol. À se dire que finalement, dans le noir tout pouvait arriver. Le meilleur comme le pire, les plus douces caresses comme les plus brûlantes.

Gonds qui tremblaient dans son être, menaçant de céder définitivement. Même si ce n’était pas ce qu’elle voulait. Pas comme ça. Surprise étrange de regretter cette tendresse qui les animait encore quelques minutes, peut-être quelques heures auparavant. D’avoir apprécié un partage qui se muerait bientôt en vol macabre. Savait qu’il n’était pas dans son état normal, mais elle non plus. Se surprit à entendre un coin de son esprit le penser davantage à sa merci qu’en temps normal, vagues noires qui frappaient son âme dans toute leur splendeur ténébreuse. Iris qui se laissaient grignoter par la pupille qui grossissait lentement. Désir presque douloureux qui mordait ses reins quand elle sentait les mains caleuses s’y glisser, sentait les phalanges s’y raffermir. Passant d’une posture latente à une ascendance temporaire, jambes se glissant de part et d’autre du corps de celui qui provoquaient les pires et les meilleures choses en elle, en même temps. Avait suscité la plus grande bienveillance et désormais, la plus féroce avidité que son être pouvait témoigner. Sentir les lèvres glisser contre son cou, faire frissonner chaque parcelle de sa peau qui s’échauffait. Assaillir le visage lorsqu’il s’aligne de nouveau avec le sien, le seul bout de sa langue venant le goûter, créature des profondeur avide de le goûter, de tester des limites qu’elle n’imaginait pas. Cette main qui serrait le drap qui se détacha des couvertures pour remonter le long du buste, jusqu’à retrouver les cheveux qu’elle cajolait précédemment, s’emmêlant dans les mèches qu’elle rencontrait quand la bouche, elle, soupirait lentement, à l’agonie, contre les lippes entrouvertes. Comme l’ange déchu qui s’apprêtait à offrir un baiser de mort. « C’est ça que tu veux, Nox ? » qu’elle souffla contre les lippes, le souffle un peu plus tremblant peut-être, s’imprégnant de la fragrance de l’homme contre lequel elle se tenait. Inspirant profondément son odeur comme un amuse-bouche qui faisait disjoncter son cerveau, créait des étincelles en menaçant de faire prendre le feu à l’ensemble. Appuya ses paroles par de lents, de langoureuses ondulations de son bassin contre le sien. À n’plus savoir si elle attendait de saisir une main tendue ou le faire chuter avec elle. N’avait plus aucune envie de se départir de lui maintenant. Lutte acharnée entre ses envies de latence et l’urgence de ces démons qui cramaient son épiderme. « Que je te montre à quel point je suis faible ? » qu’elle minauda contre ses lèvres, à flatter son égo, l’enveloppant dans un voile de sombre séduction. « C’est ça que tu veux savoir ? » Ce qu’il y a de plus pourri en moi ? Eclat lugubre dans les prunelles, regrets amers dans l’esprit quand elle savait ne pas avoir seulement envie de déchaîner les corps l’un contre l’autre. Quand elle se surprit à avoir envie de juste un peu d’amour. De faire l’amour comme l’âme esseulée et paumée qu’elle était. Pas comme le monstre charnel que ses démons lui dictaient d’être. « Que je te montre à quel point j’ai envie de toi. » Sinueuses paroles qui se glissèrent jusqu’à l’oreille, lippes humides qui coulent contre le cou, à mordiller la peau tendre, désir de possession qu’elle ne parvenait plus à refréner, qu’elle ne réussissait plus à nuancer. Ne réponds pas. Tango effréné du myocarde qui s’affolait, respiration raccourcie quand ses lèvres se saisissent des siennes, respiration raccourcie par l’appel de l’oxygène qui ne suffisait plus dans les veines, sang en ébullition, cerveau carbonisé, matraqué. Seconde dextre désireuse dont les ongles viennent taquiner la peau de l’abdomen, comme les étincelles qui cherchent à provoquer des réactions en chaînes. Muscle buccal qui se meut contre le sien, esprit éreinté par les batailles internes qu’elle savait déjà à moitié perdues d’avance.

Brise-moi.
Avant que je ne le fasse.

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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 16:28

far from home

Sa réponse ne l'avance en rien. Nox ne sait pas quelles raisons le poussent à croire réellement qu'elle ne peut pas lui en faire. Peut-être parce qu'il n'en existe aucune de crédible. Parce qu'il n'est pas en pierre, malgré ce qu'il peut penser de lui-même. Parce qu'il est bien plus atteignable qu'il veut le crier. Sent bien la tension qui émane de sa voix, de ses lèvres presque collées aux siennes, d'elle toute entière et il ne sait pas, Nox. Ne sait pas d'où ça vient, pour lui comme pour elle. N'auraient-ils pas pu se suffire de la douceur, de la tendresse insoupçonnée quelques instants auparavant ? Le problème quand on passe de la tendresse à la hargne, c'est qu'on ne peut pas refaire le chemin inverse. Que les flammes viennent déjà pourlécher sa raison esquintée, plus encore quand il lui arrache un premier baiser incandescent, plus encore quand il sent la cambrure que prennent ses reins au passage de sa main. Et Nox, ça lui donne faim. A souvent remarqué que le désir charnel étouffait celle de la chair, celle du sang, bien comme ça qu'il a épargné Nora d'ailleurs. Pourtant là, y a pas l'excuse d'avoir voulu la dévorer. Y a pas d'excuse du tout, en réalité. Pas l'excuse de se retrouver dans le même lit quand ça paraissait si simple et si doux. Et qu'il a tout fait foirer. Encore. Toujours. Parce que finalement, il ne fait rien de mieux, le flic. N'donne plus de réponse, Nox, parce qu'y a rien à envoyer en retour quand bien même il ne faudrait pas lui laisser le dernier mot. Et peut-être que c'est ce côté de sa personnalité qui prend le dessus et que, finalement, il trouve quoi répliquer. Voix suave et presque sensuelle, si elle n'était pas chargée de lames de rasoir. « Mieux vaut avoir des remords que des regrets. » Faire et s'en mordre les doigts après plutôt que regretter n'avoir rien fait, rien testé. Et si ça lui a valu sans doute les plus belles réussites de sa carrière professionnelle, ça lui a aussi coûté les choses les plus précieuses de sa vie personnelle. Mais finalement, n'est-ce pas ce qu'il a fait toute sa vie ? Protéger l'un au détriment de l'autre. Noircir son âme pour accomplir ses quêtes de justice. Mais les années sont passées. Et finalement, Nox a appris une chose, cruelle : il n'existe aucune justice réelle. Ceux qui payent ne paieront jamais assez. Et tous ceux qui ne payent rien... Par ta faute. Ne laisse pas ses pensées s'échapper vers Enoch pourtant, entièrement dévoué à ce corps qui l'enjambe.

Et c'est à cet instant que Nox le sent. La position de proie. Pas la première fois qu'une femme l'enjambe, bien une des rares pourtant à le faire se sentir si faible pourtant. Comme s'il était à sa merci. Mais par fierté, par aveuglement volontaire, il n'y prête pas plus attention que ça. Sent son corps réagir à chaque caresse, à chaque geste, à chaque souffle. Ne s'attendait pas à ce qu'elle s'embrase aussi vite - ego masculin franchement flatté de ça, faut le dire. Soupir d'un désir qui se fait douloureux, quand l'hésitation de la proximité lui semble déjà lointaine, qu'il se sent prêt à recouvrer l'entièreté de ses fonctions cérébrales et physiques, et à défaut de la haine, le désir lui, répond bel et bien présent. Le consume, lentement, comme s'il se laissait dévorer depuis des jours, des semaines, des mois - faux, pourtant, à être apparu d'un seul coup, bombe explosive. C'est ça que tu veux, Nox ? qu'elle souffle contre ses lèvres qui manquent de venir lui dérober de nouveau les siennes, le regard noirci par les nuages précoces de l'envie, la raison qui se tapit au fond de son crâne. Mais cette fois, elle n'aura pas de réponse. Parce que Nox ne pourrait pas se décider. Oui, non, peut-être. Est-ce qu'il en a envie ? Oui, assurément. Est-ce que c'est ça qu'il veut, pourtant ? Non. Clairement. Bien vers quoi ça s'annonce pourtant, lui qui s'disait qu'il ne voulait pas baiser, qu'il aurait bien voulu faire l'amour, pour changer, bien c'qu'il proposait à Nora, avec toute sa sincérité poignante, qu'il lui a arraché une fois, peut-être deux, et qu'finalement, ça l'a dévasté. Alors peut-être qu'ouais, vaut mieux pas. Se débat presque, Nox, à la main qui se traine jusqu'à sa tignasse. Sent son bassin onduler lascivement contre le sien et ça lui arrache un gémissement mi-suppliant mi-grondant. Parce qu'y a une partie de lui qui reconnait les prémisses du danger, cet instinct de survie ancestral et qui le pousse à se révolter.

« Si t'étais faible, tu s'rais pas là, » que ça s'extirpe presque douloureusement, sans aucun voeu de flatter sa fierté à elle pourtant, le dit simplement parce qu'il le pense. À venir contrer son bassin du sien comme si ça se battait directement là-dessous, ses mains qui s'enfilent sous son pull pour grincer contre ses côtes. Les mots qui pourraient bien l'achever, libérer le séisme terrible qui s'annonce au fond de lui, toujours muselé par son absence d'émotions, à se demander si le trop plein s'évacuera le lendemain, à se demander avec quelle violence. « Montre-moi, » qu'il répète encore en guise de réponse, les mots qui s'échouent dans le vide, lancés vers le plafond. Comme tu as envie de moi.Les dents de Jaimini qui attrapent sa peau, les yeux qui se révulsent presque, les dents qui se découvrent lentement, tant et si bien qu'on ne sait pas s'il sourit ou grimace, si ça lui plait ou le révulse. D'un geste brusque, ses mains viennent attraper brutalement ses poignets, comme deux menottes d'acier, en la renversant sur le côté pour inverser les rôles, parce que sûrement que l'indignation qu'il sent monter en lui de revêtir la peau de l'animal traqué ne lui sied pas.  Encadre rapidement ses hanches de ses cuisses, à la relâcher pour attraper les pans de son pull, qu'il soulève avec l'envie impatiente de le déchirer. Mais même là, finalement, la colère n'est pas assez forte. Et c'est pas faute de la chercher. N'a jamais eu besoin de l'appeler aussi violemment, Nox. Bien la seule chose à répondre présent à peine mentionnée. Lui retire son haut, Nox, sans plus de cérémonies. Parce qu'ils n'en sont plus là, n'est-ce pas ? Peut pas nier qu'il y a pensé, forcément, à la tenir au creux de ses bras avant. Aurait imaginé ça, bizarrement pour une fois, plus calmement. Et pas comme une nouvelle guerre, un nouvel affront. Animaux délestés des muselières, à venir frotter leurs mâchoires l'une contre l'autre, comme pour comparer la taille des crocs. À se demander qui pourra engloutir l'autre avant. Sans savoir si l'importance se joue dans la grandeur des canines ou dans la rapidité des mouvements. Ne compte que de survivre, finalement. Peu importe dans quel état, peu importe de quelle manière.

Appose son torse contre sa poitrine, en tire un frisson brûlant qu'il ne laisse pas se manifester, corps comprimé au sien à vouloir presque l'engloutir de sa pression. Reviens hanter son champ de vision, les dents qui se saisissent de sa lèvre inférieure, la hargne au bord des lippes quand il la lâche pour susurrer : « Et toi, Jaimini ? » qu'il souffle en penchant la tête sur le côté, quelques mèches qui dégringolent jusqu'au sommet de son épaule. « Qu'est-ce que tu cherches à savoir, avec ça ? » Si t'es plus fort que moi ? Regard glacé et brûlant à la fois, quand les flammes démoniaques viennent lécher les glaciers imposants de ses prunelles. « Qu'est-ce que tu attends de moi ? » Et ça pourrait presque paraître cruellement sincère et comme pour l'empêcher de répondre, revient s'emparer de sa bouche, de ses lèvres, s'immisçant jusqu'à danser contre sa langue avec la sienne. Impulsif, la fièvre au front et au corps, à presser son bassin contre le sien, qu'y a encore le tissu pour l'empêcher d'aller plus loin et qu'il ne le retire pas pourtant, comme pour faire durer le premier round. Car finalement, ne se battent-ils pas plus qu'ils s'étreignent ? Les lèvres qui se déportent, glissent contre sa mâchoire, viennent tracer des sillons contre sa gorge, pour finalement ouvrir la mâchoire contre sa clavicule. Percute soudainement, éclair lumineux qui traverse son esprit et il relève brusquement la tête, le corps en feu mais l'esprit bien plus cramé encore. « Elle existe, n'est-ce pas ? » La bête, ta bête. Comme si la sienne l'avait sentie, pouvait la palper, qu'elles pouvaient ensemble se reconnaître, communiquer, s'apprivoiser. Ou se dévorer l'une et l'autre dans un chaos infernal. N'a pas de grandes connaissances sur le sujet, Nox. À part les wendigos et les quelques mots de Rosheen sur sa condition de zombie, mot qui l'afflige profondément, se demande bien de quoi elle se nourrit, elle. De ses yeux, de son coeur, de son corps ? « Tu la caches parce que tu penses qu'ils auraient peur. » D'elle, de toi.

S'essouffle contre ses lèvres, le myocarde engagé dans une course folle où l'impatience fait face à une tendresse plus mesurée pourtant, bien que sacrément brutale en un sens, sans pouvoir trancher entre l'une et l'autre. Balance hésitante, mais Nox sait que sa dose de chaos l'attend pourtant de chaque côté, quoi qu'il choisisse, quoi qu'ils décident. Plante solidement ses yeux au fond des siens, comme pour essayer d'y lire à travers tout ce qu'elle a refusé de lui dire, toutes les réponses détournées aux questions qu'il lui a lancé depuis son premier jour de travail. Pourtant à cet instant, il en est certain, Nox. Que son impression viscérale ce jour-là, d'avoir pris un instant bref le rôle de la proie, n'en était pas une. Tout comme celle qu'il a ressenti juste avant. Mais il ne se laissera pas faire. Ne jamais laisser d'avance, ne jamais laisser l'ascendant. Ni à elle, ni à Nora, ni à personne. Bien ce qui le draine dans la férocité à cet instant. « Mais l'plus dangereux, Jaimini, qu'il murmure contre son visage, une main qui relâche sa hanche pour caresser sa joue avec une passion affirmée mais dans une lenteur calculée, ça serait de tomber sur quelqu'un que ça n'effraie pas, pas vrai ? » Et moi, j'ai pas peur, peur de rien.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 18:36

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

Berceuse violente qui agitait les pensées décousues, quand les corps se frôlent, se jaugent. Se fit dérober l’ascendant lorsqu’elle comprit une seconde trop tard qu’elle basculait déjà, les poignets emprisonnés entre les phalanges du partenaire-adversaire. Qu’une part de son myocarde saigne de voir les choses déraper de ce côté de la pente. Qu’elle aimerait glisser plus lentement, plus délicatement, graver d’autres types de souvenirs dans son esprit déjà assombri. Ca avait même quelque chose de triste, au fond, sans qu’elle ne parvienne à s’accrocher à cette pensée qui aurait peut-être pu ralentir le rythme. Plus elle tentait de retrouver ses esprits, plus il s’éloignait, inaccessible, éteint. Que c’est à son tour de se dresser au-dessus d’elle, que le sadisme de ses pensées lui soufflait de se couler contre lui, d’épouser chaque forme. De fondre sur lui comme il fondait sur elle. À les entendre ronronner, les démons affamés qui remontaient le long de ses bras pour trouver l’épiderme dorsal une fois le pull retiré. Nox qui se plaquait contre elle, la couvait de sa carrure encore réconfortante il y avait seulement quelques minutes - ou heures ? Elle ne savait plus. Lui semblait que la nuit n’avait pas de début ni de fin. Peut-être même qu’elle ne finirait jamais. Peut-être n’était qu’un mi-rêve mi-cauchemar qui se jouait indéfiniment, qu’elle n’avait qu’à prier pour s’éveiller et trouver la silhouette endormie à l’autre bout du lit. Et pourtant la réalité de son poids contre le sien, de la pression des bassins resserrés, la texture de la peau qu’elle sentait sous ses doigts lui criaient que ce n’était pas que dans sa tête. Qu’elle était bien présente. Qu’elle vivait, au moins à moitié. Vide immense qui se creusait pourtant dans ses reins, dans des sensations familières qui lui glaçaient le sang. Même schéma déjà répété à plusieurs reprises avec d’autres, qui lui avaient pris tant de ses projections initiales. Se souvenait des regards lointains qu’elle laissait traîner dans son sillage, après avoir lessivé des carcasses laissées presque vides. Coquilles qu’elle laissait presque pour mortes qui revenaient la hanter, les questions au bout des lèvres. Quand ses troubles étaient les plus grands, l’appétit n’en devenait que plus fort. Et elle avait rarement été aussi paumée, Jay. Sentait probablement le danger à la place de Nox. Pas pour elle, mais pour lui. N’savait ni où ça commençait, ni où ça s’arrêtait. Griffes qui glissaient contre la peau de son dos, soupir glissé entre les lèvres quand il se saisit de la lippe inférieure. Ne lui laissait pas le temps de répondre, à chacune de ses questions, ne la laissant que dans une certaine passivité verbale à l’instar des échanges langoureux, qui grisait un peu plus sa cervelle.

Les jambes qui se replient sur les siennes, glissant lentement contre la peau. Caresses dangereuses, serpent qui entourait sa proie pour mieux l’étouffer. L’une de ses mains remonta le long de sa colonne vertébrale pour presser sa nuque, ses lèvres s’échappant contre son cou puis sa clavicule, où il sembla se figer soudainement. À son tour, elle se figea en rencontrant à nouveau les iris qui semblaient rincées de toutes illusions. Qu’elle se prit à penser vouloir tout reprendre de zéro, comme s’il ne s’agissait que d’un film qu’elle pouvait renvoyer au chapitre précédent à sa convenance. Sans en trouver le moyen, bien évidemment. Se sentit transpercée par les mots envoyés comme des poignards contre elle, à la saigner en toute indécence. « Tu as tort. Ils n’existent pas. Non, ils n’existent pas. » Sans savoir si c’était plus rassurant pour autant. De nier l’existence, maintenant qu’elle avait un brin de lucidité, ou d’admettre que tout ça, c’était de leur faute à eux. Sembla s’agiter sous lui, comme si elle se débattait. Contre qui ? Des créatures qui vivaient à travers elle. Rien de tout ça n’était de sa faute, n’est-ce pas ? Fuir, ça avait toujours été la plus prudente des alternatives. Au fond d’elle, les ronronnements s’étaient mués en grognement, comme contrariés d’être si facilement découverts. À mettre en garde, frustrés, puisqu’ils n’avaient encore rien pu lui arracher à lui. Après tout, c’est toi, Nox, qui a promis que tu m’aiderais à découvrir ce que j’étais. Qu’une part d’elle susurre en son fort intérieur. La réalité était toute autre. Elle avait eu le temps d’appréhender, de savoir plus ou moins ce qui semblait s’animer quand elle était au contact d’autrui. Sans distinction des sexes, seulement l’attirance magnétique des énergies. Vicieusement amourachée de ceux qui en dégageaient le plus, magnétisée jusqu’à ce qu’elle se les approprie. Ses phalanges se resserrent légèrement contre la nuque qu’elle maintenant, envie sauvage de soudainement lui arracher le visage quand sa main à lui vient cajoler le sien. Ils grondaient, désormais, insatisfait que tout ne se déroule pas comme cet instinct funeste l’aurait souhaité. Parce que Jay s’était immobilisée, pétrifiée sous la caresse légèrement contre sa joue. « Je pourrais te tuer. » Qu’elle laissa finalement s’échapper en fermant les yeux, comme pour ne pas avoir à lire ce qui traverserait les siens. Qu’une nouvelle pression vint blâmer sa cage thoracique, cette fois-ci. Celle de la culpabilité, celle de la honte. Celle du monstre qui essayait de se cacher sous le velours. Image qui la percuta, jusqu’à ne plus savoir comment elle devait se comporter. Ne plus savoir où finissait Jay et où commençaient ces ténèbres envahissantes. Sans même le vouloir, qu’elle lui ferait du mal. Inspira pour reprendre la parole, sans y parvenir cependant, la gorge serrée. Comme s’ils essayaient de la faire taire, d’une certaine manière. Je suis un monstre. Qu’elle essayait de lui adresser, sans s’y résoudre. Sans oser se l’avouer pleinement, comme si ça n’était qu’une grande, qu’une gigantesque farce. Parce que ça ne ferait que leur donner plus de consistance, plus de réalité, n’est-ce pas ? À n’pas savoir qui d’elle ou d’eux aiment l’éclat de ces iris céruléennes, si proches. Trop proches.

Jusqu’où était-il prêt à aller par esprit de contradiction ? Jusqu’à quand pourra-t-il ignorer ses avertissements ? Jusqu’à quand se sentira-t-elle aussi obsédée par ce qu’il lui inspire, par ce que son odeur suscitait dans ses entrailles, par ce désir de possession infernal qui lui entaillait les reins ? Aimerait pouvoir lui dire qu’elle allait gérer, que tout irait bien. Mais savait que c’était faux, qu’elle n’avait aucun contrôle, ou seulement illusoire. Et les flammes la rongeaient lentement, la consumaient, l’épuisaient, renforçant cruellement la sensation de faim, de vide. Ouvrit à nouveau les yeux, trouvant toujours le faciès aussi proche. N’avait rien d’assez fort en réserver pour le faire reculer, pour le faire lâcher prise sur elle. Y avait-il seulement encore la moindre échappatoire ? Ne parvenait même pas à se persuader qu’elle n’en crevait pas d’envie. « J’ai jamais voulu ça… » Qu’elle lâcha finalement, la voix éreintée. N’avait jamais voulu devenir ce qu’elle devenait irrémédiablement. Une prédatrice qui volait l’énergie vitale dans de ce genre de moments qui devaient s’apparenter à des souvenirs ardents mais pas aussi cruels. Savait pourtant qu’il comprendrait, parce qu’il n’y avait que lui à sa connaissance qui le pouvait. « … faire du mal à qui que ce soit. » Sembla retrouver un semblant d’esprit, quand bien même il n’en était que plus torturé, que plus confus. Pourquoi. Pourquoi ressentir ça. « J’ai envie de toi, Nox. De toute mon âme. » Et qu’ça sonnait presque comme une promesse, en même temps qu’un appel à l’aide lancé depuis une autre dimension. « Et c’est c’qui m’fait peur. » Parce que je n’sais rien ou presque de ce qui va s’passer après.

Haïs-moi.
Parce que c’est plus simple.
Dévore-moi.
Parce que ça sera un avant-goût de l'enfer.
L'enfer du décor.
Tue-moi.
Avant que je n’le fasse.

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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 19:58

far from home

Ne se rend pas compte, l'animal, que les rôles sont diffus, qu'elle semble subir - ou avoir déjà subi - une transformation. Comme si tout ce qui comptait, à cet instant, c'était la finalité, la fusion des corps aussi simplement que ça. Comme si ça n'avait jamais de conséquences, comme si tout ça serait effacé avec l'aube et les quelques heures de sommeil qu'ils grapilleraient avant, qu'il n'y aurait pas de regards gênés dans l'auto, qu'il pourrait continuer de la charrier, de faire la gueule en frappant aux portes avec le portrait de sa gamine à la main, comme si rien n'allait changer. Mais ça change toujours tout, quoi qu'on puisse en dire. Quoi qu'on puisse vouloir. Le corps qui se cambre aux griffes qui viennent s'établir sur son dos, son ventre contre le sien dans un grognement qu'on ignore s'il est furieux ou satisfait. Et à cet instant pourtant, il est agacé de la voir nier. Comme s'ils avaient encore le temps. Comme s'ils en étaient encore à ce stade-là. Mais à quel stade sont-ils ? N'a-t-il pas tout brusqué en se jetant sur elle, dès le premier jour ? Est-ce ça, finalement ? Parce que la bête choisit ses victimes avec soin, Nox l'a déjà remarqué. Peut bien avoir côtoyé des personnes chaque jour sans jamais avoir eu envie de les dévorer. Mais la faim se réveille à certains signaux, devant certaines fragrances, qu'elle enregistre et file à la manière d'un détective. Et jusque-là, n'y a que deux personnes face à lesquelles Nox a dû retenir l'animal, la mettre en cage, au prix de lourds efforts - et Dieu qu'ils sont douloureux, toujours. Deux âmes que la bête cherche, deux proies qu'elle ne compte pas lâcher. Nora et Jaimini. Les deux seules sur lesquelles il lui est si difficile de ne pas se jeter, finalement. Alors, forcément qu'à cet instant, il sent un soupçon de colère lui électriser le poing et il serre un peu plus sa mâchoire entre ses doigts. Pour ne pas simplement l'étrangler. Elle lui attrape la nuque et par réflexe de contradiction, il la tend un peu vers l'arrière, comme s'il essayait de lui résister. À ne plus comprendre s'il veut la garder contre lui ou s'en éloigner. À ne plus savoir s'il est la proie ou le prédateur. Sent ses doigts se crisper et se demande, Nox.
Si comme lui, elle a envie de le tuer.

Et c'est dangereux, mais pas dans l'sens qu'on pourrait l'entendre, peut-être. Dangereux parce que Nox, c'est quelque chose qui l'attire. Rien de mieux pour le prendre dans ses filets que d'avoir envie de l'éliminer. Ne reste pas mieux qu'avec ceux qui désirent sa mort, finalement. Etrange notion de l'attrait, de l'amour, en quelques sortes. Ne peut affronter qu'adversaire à sa taille, pour ne pas que l'animal s'ennuie, se lasse. Comme si ça devait toujours représenter un défi, un objectif, une difficulté certaine, une finalité non-garantie. Sinon, le lion chasserait le lapin et pas l'éléphant. Il caresse sa joue, contraste évident avec la brutalité de ses gestes, de ses mots tranchants, de son corps tout entier qui pèse sur le sien comme pour la fondre dans le matelas - ou en lui. Pourtant, elle se fige et en miroir, il s'immobilise aussi. La nuque tendue, le regard incarcéré au fond du sien, à s'imaginer rester prisonnier des billes bleutées. Couleur qui flirte pourtant avec les abysses, à cet instant, sûrement comme les siennes. Mots qui font relever ses babines en un sourire cruel. « Faut croire que ça tombe bien. Moi aussi, je pourrais. » Et comme pour appuyer les menaces voilées, dévoile une rangée de dents, des plus normales, à s'être souvent demandé aux premiers mois de sa transformation, si elles étaient devenues plus aiguisées, plus acérées. Non. Rien qu'une mâchoire humaine des plus banales. Parce que tous pourraient mastiquer la chair, finalement. Elle a fermé les yeux mais lui les garde grands ouverts et rivés sur elle ; faisceaux géants d'un phare traquant le navire disparu. Mais son regard revient se ficher dans le sien, Nox s'est immobilisé, peau contre peau, bassin contre bassin, souffle contre souffle.

Frisson qui dérègle le corps, qui part de la nuque jusque dans les chevilles, et il semble à Nox que même le tressaillement fait du bruit. Dans le silence de la chambre, où chaque exhalation parait terriblement sonore, où chaque mot est assourdissant. Les paroles ricochent et Nox reste muet, à se demander s'il l'a entendue, s'il l'a seulement écoutée. Lèvres supérieure relevée, dans un comportement bestial, les iris qui ont contaminé toutes les prunelles, pupilles dilatées. Mais si le comportement est révélé, la faim elle, reste secrètement tapie. Enfermée au fond d'une cage, par le pouvoir de la flic. Et ça le frustrerait presque. Qu'elle ne se montre pas. Qu'il ne puisse pas l'affronter. Ne lui reste rien, sans le combat. À souvent se plaindre de l'épuisement, quand il se rend bien compte qu'il n'est rien sans bataille anarchique. Que les démons qui l'entraînent vers le fond de l'océan sont bien la seule raison, finalement, de lui donner la force de garder la tête hors de l'eau. Sans eux, peut-être coulerait-il à pic, comme ces grosses pierres qu'on jette dans les rivières parce qu'elles sont gênantes. Et puis il y a l'indignation. Qu'est-ce qu'elle entend par là ? Que lui oui ? Que lui l'a voulu, faire du mal ? Mais les prochains mots viennent balayer le soupçon d'indignation profonde qu'il cherchait à attraper dans ses émotions disparues et subtilisées. L'emplissent tant d'effroi que de satisfaction. Se sentirait flatté s'il n'était pas troublé, Nox. « Mais ça n'sert à rien, d'avoir peur. » L'assène d'une voix un peu froide, d'un ton un peu ferme. Comme s'il se le disait à lui-même, finalement. « Soit tu fais, soit tu fais pas. Soit tu te nourris, soit tu crèves. » Est-ce qu'il tente de se justifier lui-même ? A bien vu, Nox, au troisième mois de sa transformation, face au refus catégorique de se plier à cette faim démentielle. De se plier aux nouvelles règles de l'animal incrusté sous son derme. A bien senti la folie s'immiscer dans son crâne - certain, aujourd'hui, qu'une partie d'elle ne l'a jamais vraiment quitté. A bien senti, sur le haut de son crâne, les reliefs qui s'esquissaient, qui semblaient lui pousser sur la tête. A bien vu, son visage qui tentait de se rapprocher de celui d'un monstre. D'un vrai. Alors, il avait cédé. Alors, il s'était résigné. Fait la paix avec cette faim qui en demande pourtant toujours plus. Jamais repue, jamais rassasiée.

car cette bête, pour qui tu cries,
ne laisse nul homme passer par son chemin,
mais elle l'assaille, et à la fin le tue ;
elle a nature si mauvaise et perverse
que jamais son envie ne s'apaise
et quand elle est repue, elle a plus faim qu'avant.

l'enfer, dante


Il porte une main à ses cheveux qu'il caresse avec une délicatesse nouvelle. Essaie de trouver dans ses yeux un reflet de ce qu'il est, de comment elle le voit, de comment elle se voit. « Moi aussi, Jay, qu'il souffle avec une voix plus basse, plus vibrante. Regard toujours étroitement lié au sien, moi aussi, j'ai envie de toi. » Se redresse lentement, attrape l'élastique de son bas et vient lentement le faire glisser le long de ses jambes. Avec des gestes plus lents, plus mesurés, la précipitation qui semble s'être rétractée - ou bien seulement tente-t-il maladroitement de se contrôler un peu. Laisse tomber le vêtement au pied du lit, à remonter félinement, bien plus lascif mais aussi bien plus léger, son corps rappant contre le sien dans une caresse brûlante. Pourtant, il ne se replace pas sur elle, mais à côté, ses jambes toujours mêlées aux siennes, le visage qui revient hanter la proximité du sien. « On n'est pas obligés de se battre. » Chuchotement hésitant, comme une proposition audacieuse. T'es pas obligée de te battre. Vient de nouveau attirer son visage au sien, dérober ses lèvres et y écraser quelques soupirs étouffés à l'orée de celles-ci. « Abandonne. » Le suggère avec un peu plus d'assurance, quand il quitte sa bouche pour observer ses courbes, que sa main rejoint sa peau comme s'il l'avait quittée depuis trop longtemps, à tracer les contours de son corps. Montagnes russes, de la tendresse à la hargne, de la hargne à la délivrance. Ne sait pas réellement ce qu'il propose, mais suit son instinct, comme toujours, le flic. Parce que c'est bien la seule chose ici bas qui ne l'a jamais trompé. La main qui court le long de son ventre, jusqu'à ses cuisses. « Parfois, on ne peut simplement plus lutter. Alors cesse. »

Cesse, avec moi.
Abandonne-toi, à moi.
Nourris-toi, de moi.


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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 21:08

far from home
“I'm sending a raven, black bird in the sky. Sending a signal that I'm here, some sign of life. I'm sending a message of feathers and bone. Just let me know I'm not forgotten out here alone. ”  atmosphere

Le sentit résister aux pressions de sa main contre sa nuque, dans ce moment suspendu dans le temps, dans une dimension où la nuit ne faisait déjà que ralentir. Comme essoufflée, elle aussi, des changements de pression dans l’air, comme grisée par les frictions électriques qui n’avaient de cesse de se stopper pour mieux reprendre. Comme spectatrice de ce déluge dans la pénombre, des torrents qui inondaient les esprits jusqu’à les noyer. Sentit la prise se raffermir contre sa mâchoire, et sûrement que ce fut une des raisons pour lesquelles Jay avait rouvert les yeux. À se retrouver en situation de conflit quand les choses paraissaient pourtant si simple. Pour faire, quand ça peut être compliqué, n’est-ce pas ? Crispa sa mâchoire à l’instar de ces phalanges qui en pressaient l’os, à lui rappeler qu’elle n’était plus qu’une petite chose fragile, jetée en pâture à ses faiblesses. Elle le sait, qu’il pourrait. Il pourrait la broyer, serrer si fort chaque partie de son corps jusqu’à sentir les os craquer, jusqu’à sentir les souffles ralentir puis cesser. Et ça aurait presque des allures alléchantes, tant elle était au bout du rouleau. Fatiguée de lutter contre elle-même. Fatiguée de lutter encore contre lui, jusque dans les étreintes secrètes de cette foutue chambre d’hôtel. Était bien tentée de lui renvoyer tout ce qu’il ne faisait que lui renvoyer habituellement. Montre-moi. Immaturité que ses lèvres gardait pourtant scellée. Dans le sourire qu’il lui offrait, Jay ne se sentait que plus vulnérable, mieux poignardée, comme pour la rendre inoffensive. Et ça la rendait dingue, cette façon qu’il avait de tout prendre comme acquis, cette façon qu’il avait de penser que ça ne l’atteindrait pas. À quoi ça pouvait bien lui servir, de flirter comme ça avec le danger ? Et à quoi ça lui servirait, à elle ? Qu’est-ce que ça pouvait leur apporter, à tous les deux ? Si ce n’était qu’une nouvelle chute vertigineuse. En toute conscience de cause. Et c’était bien ça, le pire.

Il a raison. qu’elle s’entendit penser au fond d’elle, dans un frisson d’effroi. Se nourrir, ou servir de nourriture. À la différence qu’elle, n’en avait pas besoin pour vivre. Rien de tout ça ne représentait un besoin physiologique. Savait que sa faim, à elle, pouvait passer. Rarement. Difficilement. Mais elle pouvait la contenir.
Cela dit, rien que d’y penser, rien que d’envisager les efforts surhumains qu’elle devrait déployer, Jay savait que c’était perdu d’avance.
Elle le savait, qu’elle ne pourrait plus nier ce qui l’agitait dans les profondeurs. Étrange impression que de devoir se résoudre à ne plus ressembler à ce que l’on était autrefois. Ces mois passés à muter, lentement mais sûrement. À composer avec les manques à gagner de cette nouvelle particularité. Et la hargne fit finalement place à une forme de résignation, quand elle sentit les gestes se radoucir, les paroles murmurées en écho avec les siennes. À avoir l’infime impression, un instant, de penser comme Jay l’aurait fait habituellement. Le myocarde comprimé, pincement insistant quand il évoqua le combat qu’ils se livraient. Que ce soit physiquement, ou mentalement. Docile petite chose qui accueillit les lippes contre les siennes, comme une pauvre gosse qui attendait d’être rassurée là où ses ténèbres ne manqueront pas de frapper. Abandonne, qui résonnait en écho dans son esprit épuisé, se retrouvant sans savoir vraiment quoi faire. Paumée à jamais, hors de sa zone de confort, à se laisser séduire par les paroles tendues dans un moment d’accalmie. Ventre qui se creusa par réflexe lorsqu’elle le sentit l’effleurer, vague de chaleur qui l’envahit lentement quand Jay se rendit compte que oui, peut-être qu’ils n’avaient pas besoin de se battre constamment. Que s’il y avait peut-être un moment d’accalmie, qu’il fallait peut-être savoir le saisir. Incertaine, hésitante, demeura encore en suspens un instant, comme à la recherche d’un feu vert en interne qui ne vint pas. Ne se serait jamais attendue à ce qu’en tout état de cause, il entreprenne de continuer. Malgré tout libérée d’un poids, laissa sa main remonter le long de ce bras qui le touchait, paume qui retrouva le torse lentement. Comme s’ils ne s’était pas déjà touchés auparavant, à laisser ses yeux se perdre dans les siens en retrouvant les siens. Pas de morsure, pas de heurts, seulement la pulpe qui rencontrait la sienne dans un premier baiser plus lent, plus latent, à le goûter différemment. Soupir relâché contre sa bouche quand ses mains la parcourent, rencontrent de nouvelles parties de son corps, l’étranglant de multiples frissons. Qu’elle se prend à susurrer son prénom entre deux échanges, se sentant fondre contre lui. Se permit, esprit divaguant, de le dévêtir de ce qu’il lui restait, soit fort peu de choses. Paraissant si fébrile là où elle s’était montrée prédatrice quelques instants auparavant, ayant repoussé les démons temporairement. À juste déguster de ressentir son propre désir sans l’influence de ce qui la rongeait. Confortée dans ses envies, cette envie d’être sienne, et de le faire sien. Même si ça n’était qu’illusoire, même si ça n’était que le temps d’une nuit. Renoua avec ses peurs, avec son besoin de se sentir entourée par ses bras. N’avait pas envie d’envisager que ce soit une erreur, abandonnait son corps et toute sa confiance à l’une des seules personnes qui avait le pouvoir de la faire vriller. Entoura sa nuque d’une main, la seconde caressant son intimité, bercée par les soupirs qu’elle pouvait lui soutirer. À sentir son propre corps se tendre, se cambrer lentement, en réponse au sien, ses jambes s’emmêlant aux siennes en retour. À ne plus fermer les yeux pour fuir, à vouloir grappiller chaque seconde de plénitude qu’elle pourra capter sur le visage brouillé par la pénombre. Et peut-être que leurs baisers se faisaient plus ardents à mesure que leurs corps entraient en résonance, sans que ça ne l’inquiète plus. Pour l’instant.

Je lève mon verre à la chaleur de l’épiderme,
Aux enfants de coeur, aux brutes épaisses
Qui se donnent la réplique sans avoir lu leurs textes.


« J’abandonne. » Qu’elle murmura contre lui, après un moment interminable de silence entrecoupé de soupirs. Ne savait plus tenir les rênes, devait peut-être juste se résoudre à se laisser guider, à se laisser consumer lentement mais sûrement. Entièrement. Accorder sa confiance, profiter et se laisser bercer en espérant que tout ne parte pas à nouveau en vrille. Le laisser devenir souverain de leur nuit, roi de ses soupirs. Dévia de sa bouche pour retrouver la courbure de son cou, y laissant, à nouveau, quelques morsure plus tendres que les précédentes. Peut-être que finalement, ils y étaient parvenus, à recommencer. À éloigner la bataille, à conclure une trêve.

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Re: far from home (nox)
Dim 14 Mar - 22:10

far from home

Commence à s'habituer au silence qui accueille toujours ses mots, qu'ils soient durs ou tendres, qu'ils soient cruels ou compatissants. S'y accoutumerait presque, à se dire que le silence représente une certaine forme d'assentiment, non ? Se voile peut-être la face, Nox, à la garder près de lui sans pouvoir s'imaginer s'en éloigner, à se demander si en lui retirant toutes ses douleurs, elle ne lui aurait pas infusé dans les veines un venin destiné à la voir autrement. Mi-femme mi-démon. Mi-détestée mi-amante. À n'plus savoir la positionner, avec cette impression grisante de la connaître depuis une vie entière quand il la découvre encore, jour après jour au fil de cette escapade qui revêt, dans bien des façons maintenant, beaucoup trop de visages différents. Pourquoi tu me repousses pas, bien encore ce qu'il se demande Nox, quand elle ne bronche pas à ses lèvres qui viennent lui soutirer un nouveau contact. Plus éphémère mais aussi plus profond. Les mains qui se font baladeuses, à ne plus vouloir faire demi-tour sur le sentier escarpé qu'ils empruntent. Pour quoi, pour qui ? Nox n'a toujours su qu'aller au bout des choses. Même les pires d'entre elles. Mais finalement, doit bien voir, Nox. Qu'elle le veut autant que lui - comme si lui avoir assuré de vive voix n'avait pas suffit. A toujours mis plus d'impact dans les gestes que dans les mots. Si faciles de les cracher, pas toujours évident d'agir. La sent se mouvoir contre lui, à vouloir presque s'y fondre, les corps qui s'emmêlent, les souffles qui s'amoncellent comme un tas de linge sale. Celui qu'ils ne prendront pas le temps de laver. Ni en public, ni en privé. Se nourrit de cet appétit soudain, le flic, à surprendre son prénom glisser contre ses tympans, à en sourire légèrement contre sa bouche sans plus vouloir vraiment la quitter.

Se laisse faire calmement, Nox, à lui décrocher quelques regards sans âme, sans questions, sans conséquences. Vides et si électrisants pourtant. Le ventre qui se contracte au passage de sa main plus bas, le souffle qui se heurte soudain, vague immense qui se replie, prend son élan, pour mieux venir s'écraser sur la jetée de sa bouche en soupir tremblant. Puis tout un enchaînement qu'il ne compte plus, sans aucun filtre, sans chercher à brimer les émois qu'elle lui fait ressentir. Sûrement que son visage serait légèrement rougi si lumière il y avait, à se sentir presque comme un adolescent fébrile à sa première fois, à comprendre qu'il s'engage dans un jeu bien plus grand que lui, qu'il n'a encore pas envisagé ni même détaillé mentalement. Bien sa spécialité ; de se jeter dans la gueule de la bête sans avoir aperçu ne serait-ce que ses traits ou la taille de ses griffes. S'en fiche bien, à cet instant, Nox, à s'abandonner autant qu'elle le fait - et autant qu'elle le lui dit. Et pour seule réponse, qu'il retire ce qu'il lui reste aussi pour faire impasse aux plans imprévus - qu'ils diront bien, quand d'autres présageaient sûrement ce genre de finalité. Le corps ardent, qu'il laisse brûler contre le sien, les mains vagabondes qui se perdent souvent entre ses cuisses, la bouche qui détaille chaque partie du corps qui lui est offert. Et il oublierait presque, à cet instant, Nox.
Que tout a un prix.
Que rien n'est offert.

Morsures piquantes, dents qui claquent près de son oreille pour lui révéler l'état dans lequel elle le plonge irrémédiablement. Si facile de l'entraîner sur ce terrain, diront certains, quand Nox n'a pourtant plus autant de passage dans ses draps, depuis longtemps. Conforte son image d'homme à femmes, de coureur de jupons, comme si ça ne le dérangeait pas que ça lui colle à la peau - parce qu'il se fiche bien de ce qu'on peut penser de lui. Lui sait. Que si l'on imagine les nuits du shérif toujours rouges et luxuriantes, qu'elles sont souvent noires de solitude. Que si l'on imagine souvent ses bras refermés en étaux puissants autour de corps égarés, qu'ils sont souvent démunis, à battre le vide au gré des rêves troubles et anxieux. Alors peu importe. Parce que finalement dans son quotidien, Jaimini est comme une exception, là où tous y verraient une habitude. Poussé par l'instinct et le feu dévorant qu'il ne peut plus retenir de brûler, flamme ardente bien trop allumée pour espérer l'éteindre à présent, que le corps dévore le sien par son ombre, que la fusion est imminente et qu'il plante pourtant une dernière fois son regard dans le sien. « Alors abandonnons. Au moins pour cette nuit. » Crèverait d'envie de se dire que la trêve pouvait durer plus longtemps, des jours entiers, des semaines, des années ? Faut pas rêver. Nox en a fait les frais, n'a visiblement retenu aucune leçon. À la trêve annoncée avec Nora, agencée par lui-même - bien le pire, sans doute - et que l'aube a dévoré comme le mouton isolé du troupeau. Et qu'rien n'y a survécu. Ou peut-être elle, quand même. Sûrement pas lui. Et qu'il est pourtant encore là, à prétendre à du repos, à prétendre à un arrêt sur image quand le film va pourtant continuer de tourner et qu'rien ne peut l'arrêter. À prétendre qu'y a encore quelque chose à sauver.

Et à peine les mots prononcés, que les corps sont unis, que si le soulagement de l'incendie est promis, Nox s'en retrouve désarçonné. Par l'envie toujours plus tumultueuse qui lui bat contre l'estomac, contre les reins, contre le corps tout entier. Cambre son ventre contre le sien, le torse qui s'appuie à elle comme à une béquille - seul maintient destiné à le garder debout. Dérobe ses lèvres dans des échanges qui s'enchaînent - les lèvres, les mains, les corps qui se rythment sur la même canopée. Pourtant, c'est Nox, qui se sent dérobé. Comme si elle lui soutirait quelque chose, de nouveau, sans vraiment savoir quoi ni comment. À n'pas s'arrêter pour autant, juste pour que ça le fasse tiquer légèrement, à venir finalement stopper ces étranges pensées dans un « Jaimini.. » fébrile balancé dans le peu d'espace qui sépare leurs visages. Et autant que son corps accélère la cadence, Nox s'épuise. Pas physiquement, pas vraiment. Comme on ronge un os à la base tout en y laissant encore la viande autour. Dévoré de l'intérieur, impression étrange qu'il ne juge pas forcément désagréable, sur le coup, à venir décorer sa peau de baisers brûlants, de morsures piquantes, de caresses édulcorées. Au bout de quelques minutes, sûrement, qu'en sait-il dans cet espace-temps qui ne ressemble plus à rien de concret, qu'il se fige pourtant en elle, le souffle court, comme inquiet, comme attentionné, à plonger dans son regard lentement. « Abandonne, » qu'il répète en revenant masquer sa possible réponse en l'embrassant, en l'embrassant vraiment, à y mettre peut-être un peu trop de c'qu'il garde au fond de lui, à l'entraîner subitement sur le côté sans dénouer leurs corps, sa tête qui retrouve de son profil l'oreiller, qu'il reprend ses mouvements de façon plus latente. Comme une bombe à retardement qui n'attendrait plus que la mèche s'embrase plus encore, à détailler son visage, tracer ses contours du bout de ses doigts. « Je... » Le retour du point-virgule qui bloque les paroles dans sa gorge, qu'y a bien que dans ses moments qu'il pourrait sortir toutes les conneries du monde. J'avais tant envie de toi. Comment a-t-il fait pour ne pas s'en rendre compte avant ? Et y trouver tant de plaisir maintenant ? Un plaisir taché de piqûres étranges, qui avalent bout par bout lentement, sans qu'il ne puisse se l'expliquer, se le dessiner avec précision. Vient jouer contre ses lèvres, sans les appuyer contre, à juste les frôler, les prémisses d'un sourire mal contrôlé, sous les assauts dévorants qui frappent sa boîte crânienne et même sa raison. Qu'il l'entoure de ses bras, comme avant, comme au début - ou était-ce déjà la fin ? La fin de ce qu'ils retenaient jusque-là, qu'ils avaient su ignorer. La serre fort contre son torse, minois enfoui dans ses cheveux, le corps vrillé au sien en pulsations salvatrices, comme si chaque coup le délivrait d'un mal plus profond. Comme si chaque mouvement le condamnait un peu plus, enfonçait un clou dans chacune de ses mains et que bientôt, il y serait attaché de force, sur cet autel devant lequel il est tant venu prier.

début mars 2021 - @jaimini crowley



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Re: far from home (nox)
Lun 15 Mar - 10:49

far from home
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Les chemins somptueux et sinueux sur lesquels ils avançaient tous deux finissaient par se resserrer, sans destination réelle, si ce n’était une promesse murmurée dans les bois. Arrimée à lui, lèvres incapables de se départir des siennes et ses mains de son corps qu’elle torturait en s’en délectant lentement, voilà que les chemins qu’ils suivaient parallèlement étaient sur le point de se croiser. Sentit son abandon à l’instar du sien, quand des soupirs tremblants s’échouaient sur son visage, fébrilité passagère qu’elle partageait au moins tout autant, qui la mettait aux abois. À lui communiquer son désir par les phalanges doucereuses qui lui arrachaient maintes soupirs extatiques, expression sur son visage qu’elle gravait dans le marbre de sa mémoire. Quand il projette son ombre sur elle, c’est tout son corps qui frissonne face au grand vide, l’adrénaline avant le grand saut qu’ils s’apprêtaient à faire ensemble, routes croisées au détour de chemins jusqu’ici escarpés, semés d’embûches. Que leurs regards se croisent à nouveau, s’y plongeant avec avidité, partageant la vulnérable faiblesse qui y régnait. Celle plus animale, plus primaire qui plongeaient les humains dans leur plus profonde bassesse. Que la promesse est soufflé silencieusement tandis qu’ils fusionnent, qu’un sourire pourrait presque voir le jour contre ses lippes tant la sensation est exquise. Que son propre bassin se tendit vers le sien, synchronisation totale des deux corps qui se fondent l’un en l’autre, faisant basculer légèrement son visage en arrière, gémissement au bout des lèvres fiévreuses. S’enveloppe de son corps somptueux, se laissait presque entièrement guidée, dictée par un instinct dans les notes chaotiques s’harmonisaient peu à peu, en cadence avec les siennes, orchestre dont la nervosité évidente s’était changée en assurance.

Qu’il lui offrait son âme en pâture et qu’elle ne demandait qu’à mourir de ce plaisir explosé et éparpillé çà et là, avec la fusion de leur corps pour seul repère, ses lèvres pour seules bouées de sauvetage. À faire l’amour là où ils s’étaient soufflé des idées de guerre sans merci. Rassurée, contentée de savoir qu’à une femme pour elle, on pouvait encore vouloir se donner en tout état de cause, malgré le prix qu’il fallait payer. Qu’elle soldait pourtant, à repousser la faim des reins fulgurantes, seule prolongement de son désir ardent. De ce feu qui ravageait tout sans omettre le moindre détail. À sentir les vagues de chaleur la submerger au gré des allers retours passionnés, de leur cadence qui n’en perdait pas moins de cette tendresse pure qu’ils se vouaient l’une l’autre en l’instant. Et que même si elle pensait avoir le contrôle, elle ne l’avait pas complètement, seulement en maintien d’état de conscience, à ne pas complètement lâcher prise, à se concentrer sur ce qu’il lui donnait et ce qu’elle lui prenait sans retour. Qu’il s’immobilisa en elle et qu’elle craignit le pire, l’espace d’un instant, d’un regard qui voulait tout dire. Qu’il lui semblait que l’un dans l’autre, ils pouvaient se comprendre et se saisir au-delà de toute raison, même si cela semblait absurde. Abandonne, notes vibrantes contre ses lippes, invitation tentatrice, difficilement négociable. Lui semblait qu’elle pouvait tout prendre de lui, comme si de cette façon elle pouvait le faire sien à jamais. Regard fébrile mais entendu, cœur brûlant ravagé de flammes noires et bleues. Et qu’il bascule sur le côté, qu’elle ressentait chaque sensation au centuple dans un balai sombre et exquis. Bribe par bribe, elle lâchait prise, ne tentait plus de se brimer, amourachée dans les bras autour d’elle. Rien de grave ne pouvait arriver, qu’elle se répétait dans un écho latent. Soupirs graduellement plus appuyés, consciente à la fois présente et absente, le cœur au bord des lèvres alors que son bassin semblait vouloir lui répondre. La rendait folle à presque se contorsionner de plaisir, sans que ces bras ne lui permettent plus de fuir. Avait envie de le lui dire, qu’il était divin, qu’elle se sentait perdre pied de façon exponentiel à ce plaisir qui escaladait tout son corps jusqu’à court-circuiter son âme en trépas. Qu’elle crevait littéralement contre ses lèvres, sans retenue, plus nue encore qu’elle ne l’était déjà. Qu’elle n’était pourtant plus la petite chose vulnérable d’il y avait encore quelques minutes. Dans ses noirs désirs, peut-être qu’elle aussi aurait voulu qu’il la dévore comme elle le faisait.

Bascula à son tour, parce que la balance était peut-être en train de se détraquer, de se pencher davantage d’un côté que de l’autre. Qu’elle se retrouva à nouveau à l’enjamber, caressant sa joue d’une main en l’embrassant. Que dans l’escalade de leurs corps battants, ses démons fusionnaient avec elle, qu’ils avaient envie de tout lui arracher, que Jay crevait d’envie de cette petite mort avec lui, dans un plaisir ultime qui les enverrait tous deux aux portes des enfers. Paumes contre son buste, qu’elle renversait son visage sur le côté à le goûter plus loin, plus profondément encore, à la bercer de longues plaintes, comme à l’agonie. Comme si ça n’était pas elle qui prenait tout. Mouvements langoureux, presque amoureux, qui au fil de leurs ébats se muaient lentement en la seule manifestation de la passion qui la subjuguait. Qu’elle n’avait plus fait l’amour comme cela à un homme depuis des lustres, doutait même de l’avoir déjà fait de cette façon une seule fois dans sa vie. Revint à la charge de ses lèvres et de son cou, suçotant la peau dans toute l’intensité de leurs gestes. Qu’il était peut-être arrivé au point de rupture, qu’ils en étaient peut-être à la fin, qu’elle captait les regards encore brillants de vie, à espérer ne pas aller trop loin seulement. À sentir la pression se faire plus forte en elle, que la femme qu’elle était était au bord du gouffre là où les créatures elles ne connaissaient pas de fin. « Nox je.. » qui s’échappa de ses lèvres dans l’urgence, à travers le vertige grondant qui subtilisait toutes ses facultés intellectuelle. N’était qu’humaine, d’une certaine manière, n’avait qu’un corps qui répondait en écho à des stimuli naturels. Crut que son cœur allait lâcher, s’échouant sur ses lèvres dans des plaintes jouissives, orgasme fulgurant qui la ravageait toute entière. Ne savait plus si leurs ébats se comptaient en dizaines de minutes ou en plusieurs heures, tant elle avait perdu la notion du temps. Que peut-être dehors les oiseaux commençaient déjà à piailler timidement, bien loin des jouissances humaines et des corps humides en fusion. Les prunelles voilées des paupières dans l’intensité de l’instant, en avait presque oublié que le monde qui les portait continuait de tourner sans eux.

Pas qu’elle se sentait épuisée, non. Jay avait oublié ce que procurait la fatigue de ces moments-là, oubliait souvent, si ce n’était toujours, les limites que le corps imposait d’ordinaire aux mortels. Parce que revigorée par l’énergie d’autrui, mutait dans la créature des enfers que son existence lui avait imposé. Revint à la réalité, festin énergétique flamboyant qui la galvanisait, pourrait presque s’en lécher les lèvres, l’esprit à la fois purifié et corrompu. Sensation de puissance nouvelle qui ne sera que l’apologie de sa culpabilité, plus tard, elle le savait. Revint cependant à la réalité, rouvrant des yeux bien conscient, à vouloir qu’il reste en elle encore un moment, juste pour le savourer une dernière fois comme on lèche les dernières miettes de son dessert préféré. Se laissa retomber contre lui, poitrine s’écrasant contre son buste, front contre le sien, lèvres contre les siennes, comme prête à déjà le secourir après lui avoir fait du mal. Panique cinglante qui tranchait ses entrailles. « Nox ? Nox. Nox. » L’idée qu’il ne rouvre pas les yeux la cisaille un instant, lui comprime le cœur alors qu’elle s’accroche à ses lèvres, peut-être pour rien, que ses mains cherchent les siennes. Corps tremblant, de terreur et de galvanisation, mélange vicieux, souffrance délectable de se sentir puissante à l’instar d’autrui. Retour à la réalité, à cette peur d’être allée trop loin, à cette terreur d’avoir mis à exécution toutes ces menaces qu’elle lui avait pourtant déjà intimée. Que son esprit vicelard lui infligeait déjà le désarroi de le trouver au pire mort, au mieux hagard, siphonné comme un vulgaire repas. « Pas toi, pas toi, pas toi. » qu’elle répétait d’une voix brisée, trop vite, comme si elle l’avait répété depuis toujours. Love son visage contre son cou, démons repartant se tapir dans les profondeurs, repus, la laissant avec elle-même et sa culpabilité latente. Les remords qu’elle avait si peur de lire dans ces iris céruléennes si elles se découvraient de nouveau. Monstre qu’elle était de délester le pire et de dévorer ce qu’il y avait peut-être de meilleur chez les autres. Le genre de monstres répertoriés dans les bestiaires lugubres, de ceux chassés pour leur malédiction infernale, de ceux contre lesquels on brandissait une croix et de l’eau bénite dans les histoires surnaturelles. Créature des enfers contrebalancée par un don du ciel. À tenter en apposant ses mains de chaque côté de son visage de lui rendre ce qu’elle lui avait pris. Mais ça ne fonctionnait pas comme ça, et ça ne serait jamais le cas.

Parce que l’Homme est un loup pour l’Homme.

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