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 ghostbusters (jill)

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ghostbusters (jill)
Lun 22 Fév - 2:33


Les rires et conversations juvéniles s’estompaient de minute en minute. Les lumières suspendues au plafond s’allumaient une à une, au fur et à mesure que déclinait le soleil à l’horizon, visible à travers les larges fenêtres de la bibliothèque. Perdu dans la lecture de Paradis, clef en main de Nelly Arcan, écrivaine québécoise qu’il affectionnait depuis des années et qui avait connu une fin tragique, un peu à l’image de l’entièreté de son œuvre, le jeune homme accoudé au comptoir de service ne prêtait guère attention à son environnement. D’ailleurs, personne ne le dérangeait alors que la journée se terminait. Personne ne songeait à emprunter un livre pour la soirée. Personne ne s’intéressait vraiment aux livres ces temps-ci, à moins que ça ne relève d’une lecture obligatoire pour un cours. Arthur s’en désolait — pour cet homme un peu à part de ses contemporains, lire demeurait un passe-temps intemporel —, mais il essayait de voir le côté positif de la chose : au moins, ses journées étaient très tranquilles. Trop parfois, de sorte qu’il se retrouvait à être payé pour lire. Une situation que d’aucuns lui envieraient, sans nul doute.
Il arriva à la fin de son chapitre et referma le livre, sans oublier de glisser entre les pages son marque-page, une feuille pliée en deux sur laquelle il avait esquissé à la mine Smaug et Bilbo Baggins — un croquis dont il tirait une certaine fierté, même s’il ne lui était pas venu à l’idée de s’en vanter. Il ne fallait pas mettre une feuille vierge sous le nez du bibliothécaire : en deux temps, trois mouvements, il vous créait un petit chef-d’œuvre artistique et vous l’offrait avec un sourire bienveillant. Ou bien s’en servait comme marque-pages… à moins qu’il ne le laisse traîner quelque part. On ne pouvait affirmer que le mot rangement faisait partie du vocabulaire quotidien d’Arthur, même s’il s’efforçait de garder son appartement propre, la majorité du temps.

Il jeta un coup d’œil à la vieille horloge accrochée au mur derrière lui. La journée de cours était bel et bien terminée et à moins qu’un dossier de dernière minute ne retienne son attention, madame la doyenne ne devrait pas tarder à le rejoindre comme promis. Voilà pourquoi il n’amorçait pas le moindre mouvement pour quitter son lieu de travail; il y attendait Jill Blackwell. Hier après-midi, la blonde avait reçu dans son bureau un groupe d’élèves ayant été témoins d’événements pour le moins inusité. Les gamins avaient aperçu des fantômes rôder dans la bibliothèque et les couloirs du lycée. Arthur, présent à la rencontre de par sa fonction, s’était empressé de les rassurer; la semaine d’examens jouait sans doute sur leurs nerfs, ce qui était fort compréhensible. Position aussitôt adoptée par la doyenne. Pour conclure, il avait été question d’appeler les parents dès le lendemain. Or, Jill et lui s’étaient concertés et avaient décidé d’un commun accord de mener leur enquête avant d’alerter qui que ce soit. Il serait absurde d’inquiéter les parents pour une histoire aussi tirée par les cheveux, n’est-ce pas? Les fantômes n’existaient pas, n’est-ce pas?

C’était ce que la doyenne et le bibliothécaire comptaient prouver. Ce soir même.

Le silence revint dans le couloir adjacent à la bibliothèque, une fois les adolescents partis. Puis, les portes s’ouvrirent doucement, comme de peur de déranger les éventuels lecteurs. Arthur, accoudé au comptoir, tourna la tête vers la nouvelle venue. Jill. Il lui désigna le bouquin qu’il lisait, posé devant lui et lui lança, en guise de salutation : « C’est un roman déprimant, mais je pense que ça te plairait. En plus, ça te ferait pratiquer ton français. Si je ne me trompe pas, ça fait des années que tu ne le parles plus sur une base régulière. Tu devrais demander à ton majordome de te donner des leçons, je suis sûr que tu es... rouillée. » Il lui adressa un sourire taquin, mais bienveillant. Ça faisait plusieurs jours que son amie était d’humeur joyeuse, même euphorique, et il ne fallait pas détenir un diplôme en médecine pour comprendre pourquoi. « Alors, prête à en découdre avec ces fameux fantômes? J’ai chargé mon téléphone toute la journée, comme ça on est sûr que la batterie ne mourra pas. » Il débrancha son portable de son fil planté dans le mur. Tout bon chasseur de fantômes enregistrait ses opérations, c’était bien connu. Restait à savoir si cette opération serait fructueuse… ou non.  

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Re: ghostbusters (jill)
Mer 3 Mar - 12:06

@arthur helstorm / début février 2021

La journée se terminait sur quelques poignées de main et quelques palabres ordinaires dans la salle de conférence. Une réunion, plus longue que prévue, s’était tenue toute la journée à propos de l'envers du décor pédagogique de l’établissement. Son objet somnifère ? Des remises en question, de nouvelles pistes à exploiter pour l’intégration des têtes juvéniles déjà inscrites pour la rentrée prochaine. Attentive et soucieuse à la moindre opinion exprimée, Jill avait su témoigner de ses compétences habituelles : professionnelle et impartiale, le corps professoral ne redoutait jamais la longueur de ces réunions en sa présence captivante. En effet, la jeune doyenne était douée d’une certaine faculté : celle de tirer le meilleur des remarques de chacun pour soumettre des solutions adéquates. A chacune de ces réunions, la doyenne savait agir en parfaite médiatrice et trouvait dans son aisance les mots justes pour satisfaire les points de vue de son assemblée. Pour la première fois, cependant, la directrice semblait troublée, égarée entre ses songes et la vision du cadran au-dessus de la porte de la salle où se tenait l’assemblée.
La veille, quelque part autour de dix-sept heures, des élèves agités avaient déboulé dans son bureau avec pour prétexte leur face à face véridique avec des spectres opalescents. Après une esclaffe cristalline, la doyenne avait solennellement attesté qu’aucun fantôme ne s’employait à faire fi de terreur dans les couloirs du lycée. Une simulation ô combien exprimée avec sérénité pour rassurer la marmaille, quand ses propres soupçons (au secret de tous) ne garantissaient nullement leur inexistence. Jill n’en n’était plus à son premier témoignage à ce sujet. A chaque nouveau constat, la belle remuait des épaules et signifiait son manque d’engouement pour ces idées grotesques . Des parades ordinaires à ces inepties, pour ne pas faire de Lone Oak un haut-lieu d’attirance pour quelques prétendus chasseurs de fantômes. Malgré les propos tenus, les événements de 1919 soulevaient indubitablement pour les habitants d’Exeter quelques attraits superstitieux. L’incendie, violent et funeste, ayant emporté plus d’une soixantaine d’âmes innocentes, facilitait les rumeurs quant à la présence d’esprits coquins et vengeurs. Férue de mythes, de romans fantastiques et de science-fiction, le moi aventureux de Jill (calfeutré la plupart du temps) se savait piqué par la curiosité à chaque nouveau témoignage exprimé. Au point que cette affaire, dans le plus grand secret, devienne une véritable obsession pour elle et son fidèle ami et collègue : Arthur Helstorm.

Les salutations rapidement achevées avec ses collaborateurs, la jeune femme s’empressa de retourner dans son bureau. Récupérant son ordinateur portable et quelques affaires, elle se dépêcha de rejoindre celui qui n’avait plus quitté ses pensées depuis son réveil. Calmant ses agitations à quelques pas de la bibliothèque, ses mains poussèrent avec une douceur retrouvée les portes du jardin du savoir. Nouant ses yeux dans ceux d’Arthur, son visage s’illumina d’une étincelle tenace : « Bonjour Arthur, il m’est toujours aussi agréable d’être accueillie sur de si délicieuses taquineries. » Toute la soirée de la veille et jusqu’à la pointe du crépuscule du jour suivant, Jill avait attendu cet instant avec la même impatience que la nuit de noël. L’euphorie d’Arthur quant à l’existence des fantômes avait toujours su revigorer la Blackwell d’un désir d’aventure puérile et élémentaire. Ses activités habituelles auto-qualifiées d’ennuyeuses et mondaines, n'avait rien à envier à ces moments passés avec son chasseur de fantômes préféré.  « Ne t’en fais pas, mon français se porte à merveille.  »  parlant dans la langue de Molière pour la première depuis des lustres, sa prononciation lui parut quelque peu maladroite. Pendant des années, confronté à l’apprentissage du français par son ancien majordome, il lui sembla effectivement avoir perdu de cette élocution que Nero avait toujours qualifié de charmante et exquise. Charme locuteur dont elle n’avait jamais eu aucune estime particulière, mais qui créait souvent l’ovation chez les quelques francophones qu’elle rencontrait parfois. «  Un majordome dis-tu ? Je ne vois aucunement à qui tu peux bien faire allusion. » Un sourire taquin livré sur les lippes quand le sujet de Nero a déjà été abordé à de rares occasions, Jill savait tout à fait à quel genre d’insinuation le bibliothécaire se prêtait. Dans l’univers de Jill, Arthur avait une place particulière. Pour la décrire sans détours, sa relation avec lui s’estimait à celle d’un coup de foudre amical. Depuis son embauche au lycée d’Exeter, une harmonie particulière s’était naturellement instaurée dans leur tandem. Harmonie que la jeune femme habituée aux relations de surface ne prenait pas à la légère, chérissant chaque instant passé avec lui comme un bienfait rare et unique.  « Pour te dire la vérité, j’ai la sensation d’avoir attendu tout cela toute la journée. » Dans une esclaffe, elle s’avança nouvellement près du comptoir pour venir chuchoter plus bas :  « Je suis certaine que tu as passé la journée à échafauder un plan pour notre premier contact avec ces prétendus fantômes ? Alors dis-moi : quelle est notre stratégie cette fois ? »  Un sarcasme évident exprimé sur ses lèvres, sa moue métamorphosa le faux semblant de son sérieux :  «  N’oublions pas pourquoi nous sommes-là : rassurer les enfants et éviter qu’une colonie entière de parents ne se presse à ma porte. J’ai apporté mon ordinateur et deux lampes torches. Et je n’ai, pour ainsi dire, aucune idée de ce à quoi tout cela pourra servir. Mais ton enthousiasme s’est montré très persuasif ! »

(c) mars.

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