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 how did i lose you ? ; phil

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Stuart King
- the dindon of the farce -
Stuart King
- the dindon of the farce -
damné(e) le : o05/12/2021
hurlements : o759
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons/cs) fürelise (sign) tucker.
bougies soufflées : o49
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how did i lose you ?
La démarche assurée, il avait franchi le seuil de l'établissement avec son aplomb habituel. Le message envoyé par Ari pour convenir de ce dîner l'avait étonné. Il n'était pas rare qu'ils sortent ensemble, qu'ils passent des journées, des soirées, à divaguer entre souvenirs et nouvelles expériences, mais Stuart devait toujours se battre pour embarquer son meilleur ami dans ce genre d'endroit. L'ami d'enfance savait qu'accepter un dîner dans un tel établissement ne pouvait que se terminer face à une représentation sur scène, Stuart toujours insistant lorsqu'il s'agissait de tirer le légiste de force dans la grande salle de théâtre. Il avait regardé la programmation du soir à venir, déjà prêt à en faire l'apologie auprès d'Ari, dans l'espoir de terminer la soirée devant un des spectacles de son choix. La joie l'avait alors mené jusqu'ici, sautillant presque sur le chemin à la perspective de passer une si belle journée en sa compagnie. Il avait enfilé le costume bleu qu'il lui avait indiqué, conscient qu'il s'agissait d'une couleur qui lui convenait parfaitement, selon Ari. Il se souvenait, d'ailleurs, que ce n'était pas le seul à faire l'éloge de ce vêtement, d'autres visages de sa jeunesse semblant l'apprécier à l'époque. Et comme à son habitude, lorsqu'ils étaient toujours amants, Stuart avait apporté un bouquet de fleurs. Il avait toujours été ainsi, s'encombrant de ces boutons de toutes les couleurs lorsqu'il en avait l'occasion ; parfois même, sans occasion. Il n'était pas rare qu'Ari se réveille avec un nouveau bouquet sur la table, à l'époque où ils sortaient ensemble, ou bien que le réalisateur cache de petites fleurs dans ses vêtements, afin qu'il tombe dessus en ouvrant une poche, ou choisissant une cravate. La rupture l'excusait de ne plus en faire autant, mais il n'avait pourtant pas perdu l'habitude, s'arrangeant pour déposer quelques roses lorsqu'il lui rendait visite, ou en faisant livrer sur son lieu de travail. Il n'avait aucun arrière pensée, ne réclamait rien en échange, souhaitait seulement recouvrir de parfum cet homme qui était si important depuis toujours. Dick aussi, d'ailleurs, en faisait les frais depuis son arrivée en ville, Stuart incapable de passer au poste sans lui apporter une petite rose à poser sur son bureau. La vie n'est-elle pas plus merveilleuse avec quelques fleurs colorées ? comme il le disait, lui-même.

La porte poussée, il avait passé une main contre son buste afin d'en retirer tous plis hypothétiques. La tête tournée, il avait cherché un visage précis, en s'avançant vers le petit comptoir immaculé, derrière lequel se tenait une femme d'un jeune âge. Williams pour la réservation. La jeune femme parcourut une liste du bout de son doigt, avant d'afficher un sourire resplendissant en répondant : Il vous attend, si vous voulez bien me suivre. Il prit sa suite, le petit bouquet à la main, prêt à remercier son ami d'avoir choisi un endroit pareil. Mais ce n'est pas Ari qu'il trouva, assis sagement à la table vers laquelle la serveuse l'emmenait. Il déglutit, pris de panique, et s'adressa rapidement à la demoiselle pour lui demander quelques instants : merci, je trouverai le chemin, juste quelques détails à régler. Il baissa rapidement les yeux pour ne pas croiser le regard de sa surprise, et attrapa son téléphone en se mettant en retrait, vers le comptoir. Le doigt appuyé sur le petit micro, il ne tarda pas à exprimer son mécontentement à celui qui lui avait joué une mauvaise ruse. Le simple fait d'avoir posé les yeux sur Philip lui avait installé une boule d'angoisse dans le fond de sa gorge. Les yeux verts de son ancien partenaire avaient le pouvoir de le désarmer, depuis toujours ; Stuart n'était pas prêt à s'y confronter ; pas aujourd'hui ; pas alors qu'il ne s'y était pas longuement préparé. Si lui avait soigné son apparence, misant sur le costume qui le mettait le mieux en valeur, Phil ne s'était pas gêné pour en faire de même. Le réalisateur ne pouvait s'empêcher de lui jeter de légers regards pendant qu'il s'expliquait avec le traitre. Il était beau, l'enfoiré. L'envie d'étrangler Ari se faisait de plus en plus grandiloquente, au fur et à mesure qu'il regardait celui qui l'attendait à une table pour deux.

Le téléphone de retour dans le fond de la poche - intérieure de la veste, de peur de laisser une trace dans le tissu du pantalon - il reprit le chemin vers la petite table, et s'arrêta debout un instant, comme pour être sûr qu'il ne lui balance pas le contenu de la table au visage. Après quelques secondes d'hésitation, Stuart s'installa à la table, en face de son ami d'enfance, ne sachant plus ce qu'il devait faire des fleurs qu'il tenait assez fort dans sa main pour en garder une trace dans sa paume. Il pinça ses lèvres, toujours hésitant, et finit par les tendre vers Phil ; de peur qu'il refuse de les prendre, il les posa directement sur la table de son côté, se frotta les mains entre elles en gardant le regard baissé. Dis quelque chose. Il se redressa, le dos droit, et posa ses deux mains contre ses cuisses, comme un enfant face au directeur.

« — Salut. »

Il se râcla la gorge, déçu de cette première approche, et releva enfin les yeux pour le regarder. La proximité retrouvée était douloureuse, il se sentait plus encore défaillir face à ses yeux, maintenant qu'il les voyait de plus près. Il sourit légèrement, essayant de ne pas céder à la panique, et reprit la parole.

« — Tu es ravissant. »

Il eut envie d'ajouter : si je puis me permettre, prêt à mettre les voiles si Phil lui demandait de disparaître, et de ne pas lui parler en ces termes. Il n'avait aucun droit de s'adresser à lui de cette manière après tout ce temps, de lui sourire, de laisser son regard caresser ses traits en essayant de ne pas penser à quel point il devait le détester.
Il repensa aux paroles d'Ari, à ces messages qu'il venait tout juste de s'échanger. Il ne savait pas s'il avait bien fait de l'écouter, de se laisser attendrir par ces captures d'écran qu'il avait reçues, au lieu de prendre la fuite. Maintenant qu'il était sous le regard de son ancien amant, il se sentait petit, honteux, et ne savait pas s'il avait le courage d'affronter son regard, et ses reproches. Un rire nerveux lui échappa, repensant à ce moyen de briser la glace que son meilleur ami lui avait soufflé.

« — Quel enfoiré. »

Il ricana légèrement, prêt à lui signifier à quel point il savait que l'idée d'Ari de les réunir de cette manière était grotesque ; mais ne connaissait pas craiment l'opinion de Phil à ce sujet. Le légiste prétendait que ce dernier demandait de ses nouvelles, semblait être intéressé par une entrevue : ou bien se faisait-il des idées ? Il cessa son rire, et ne garda qu'un rictus au coin des lèvres, l'envie d'être sincère qui ne le quitta pas.

« — Je suis heureux de te voir. »

Et pour le coup, il était sincère. Il en soupira, le cœur gros - au bord de l'explosion - et jeta un regard sur les fleurs.

« — Ce ne sont pas tes préférées, je sais, mais je t'assure qu'elles habillent parfaitement un centre de table. »



A LONG LONG TIME AGO
we passed upon the stair, we spoke of was and when although i wasn't there. he said i was his friend. which came as a surprise i spoke into his eyes. i thought you died alone.
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Clay Fuller
- un jean-bon beurre, s'il vous plait -
Clay Fuller
- un jean-bon beurre, s'il vous plait -
damné(e) le : o20/12/2021
hurlements : o325
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise
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how did i lose you
Rendez-vous avait été pris pour se retrouver au restaurant du théâtre Delacroix. Son fief, là où il avait l'impression d'être exactement là où il avait toujours été supposé rester. Deuxième nature, que d'évoluer dans le décor luxueux, parmi les fresques et les moulures des boiseries recouvertes de dorures précieuses. Tous les artistes y étaient à leur place, en joyaux dans cet écrin où avaient évolué des êtres bien plus grands qu'eux. L'impression d'être aussi grand qu'infiniment petit, alors qu'on ne lui servait plus du Monsieur depuis bien longtemps. Parce que le respect, les lumières dans les regards alentours étaient toujours là. Radieux, éclatants d'admiration, tous ces yeux qui se tournaient à chaque fois qu'un illustre ou qu'une fameuse faisait son apparition. Qu'un serveur semblant glisser au-dessus du sol s'empressait de les entraîner vers ces tables plus privées, à l'écart, sous-entendant son nommer personne qu'il ne s'agissait pas de n'importe qui. Il appréciait cet univers, Philip, n'en avait pas toujours rêvé mais se savait maintenant incapable de s'en passer. Drapé d'élégance avec son costume des jours un peu plus importants que tous les autres, appréciateur qu'il était de l'invitation. Ari le connaissait, à force. Savait qu'il était capable de se contenter du diner un peu graisseux en face du commissariat où le légiste travaillait, mais qu'il n'était pas non plus insensible au charme du Delacroix. Parce qu'il ne s'en lassait pas. Et ce n'était pas seulement à cause du luxe ostentatoire du décor.
Penché vers la maîtresse de salle, et pas besoin de donner son nom. Pas besoin de se l'entendre répéter, puisque la demoiselle et toute l'équipe le connaissaient bien. Des collègues à défaut d'amis, le critique s'y déplaçant si régulièrement. Pourtant cette fois-ci, il donna celui d'un autre, de nom. Williams. Rien de surprenant là encore, et encore moins au sourire poli que lui conféra la jeune femme, tant les habitudes étaient tenaces.

Il n'est pas encore arrivé.

Et ce n'était pas grave. Après tout, Philip était arrivé avec dix bonnes minutes d'avance et le légiste était sûrement encore sur la route. Philip n'avait jamais compris cet attrait du bouclé pour un métier pareil. La faute à ses mains trop douces, qu'Ari lui répondait régulièrement avec un sourire goguenard. Attrapant le cocktail offert par la maison qui venait d'apparaître miraculeusement devant lui, il haussa les épaules. Savait qu'au fond, c'était le légiste qui avait raison, de ce côté-là du moins. La mort, il la préférait quand elle était théâtrale. Quand elle sentait le maquillage de scène, qu'elle se ponctuait de litres de faux sang. Un bonus si elle s'accompagnait d'une tirade poignante. Pour le reste, très peu pour Phil. Son martini au bout des lèvres, un claquement appréciateur de langue, un coup d'œil à sa montre. L'heure du rendez-vous, exacte, et toujours pas l'ombre d'une boucle grise. Quitte à prendre son mal en patience, Philip se recourba pour attraper le dossier de presse qui l'attendait dans sa sacoche. Abattre du travail pour s'occuper tandis que le travailleur s'occupait d'un abattu. L'ironie le ferait toujours ricaner dans sa barbe.

Il sentit le poids d'un regard avant d'en voir la couleur, le triton. Releva le nez de son dossier, un étrange pressentiment au creux du ventre. Eut la confirmation que son instinct ne se trompait pas quand il repéra l'origine du regard, tout aussi furtif qu'il ait pu être. Son sang se glaça dans ses veines. Oh l'enfoiré. Une réflexion qu'il partagea aussitôt avec l'enfoiré en question. Tapotements furieux sur l'écran de son téléphone, la photo d'un Ari tout sourire le narguant au sommet de la conversation. Aux reproches, une réponse toute simple :

to: sharpest tool in the shed
-- ari et philip
xx:xx - il a mis son costume bleu ?


Coup d'oeil glacé, en direction de la maîtresse d'accueil. Le costume n'était pas seulement bleu, il lui allait aussi extrêmement bien. Et c'était un problème, au moins autant que de revoir la tête de Stuart King en cet instant précis, à cet endroit précis. Les doigts s'activant sur son téléphone, et Philip priait intérieurement pour que la blague de leur ami commun ne s'arrête que là. Eut la confirmation abrupte et directe que ce ne serait pas le cas. Et qu'Ari ne serait pas la troisième roue du carrosse bancal que serait ce repas. Le téléphone retomba sèchement sur la nappe blanche, le cocktail lui réchauffa le gosier alors qu'il s'en servit une bonne gorgée. Mains moites, jointes devant lui alors qu'il levait un regard vers le costume bleu qui approchait. Son propriétaire venait d'ouvrir la bouche.

-King.

Et il aurait préféré la garder serrée, au moins autant que ses mâchoires. Que ses mains jointes devant lui, sur la nappe, alors que le regard de glace restait dardé sur le visage de Stuart King. Ce n'était pas que le voir qui était un problème. C'était de trouver qu'il était inchangé. D'entendre le son de sa voix, de voir les sillons creusés par la vie sur tout son visage, et de se dire qu'il n'avait pourtant pas changé. La même étincelle juvénile qui animait ses traits depuis toujours et, s'il était capable d'apercevoir le bouquet de fleurs tendu devant lui, le critique n'en fit strictement rien ; trop occupé à dévisager cet homme pour voir s'il oserait rouvrir la bouche, lui qui ne lui avait jamais adressé un mot autrement que par intermédiaires depuis des années. Ce qu'il fit. Le compliment plana entre eux, au-dessus de la table. Aurait été accueilli par un ricanement ou une insulte, si Ari n'avait pas adouci les rancœurs avec une capture d'écran, quelques instants plus tôt. Il relâcha la tension dans ses doigts, le critique. Il n'aurait pas cru King capable d'aller sur ce terrain, pas après tout ce qui s'était passé, mais avoir lu ses pensées empêchait Philip de vouloir jeter le fond de son cocktail sur son joli visage. Il opina à peine du chef, un "hmm" pour toute réponse. Bien peu, mais déjà assez pour prouver qu'il acceptait le compliment. Pour l'instant. En gage de bonne fois, les iris glacés se détournèrent enfin de leur contemplation. Il délia ses mains, attrapa le dossier qui se trouvait encore sur la table pour le ranger. Une attitude qui n'était pas détendue, mais prouvait que s'il voulait en faire quelque chose, Stuart pouvait tout de même honorer son invitation. Et si ça tournait mal, le critique aurait plus de facilité pour planter sa fourchette dans le dos de la main du réalisateur. Ce dernier qui ricanait à présent nerveusement. Un son qui renvoya Philip des années en arrière. Dans une époque pas si révolue où ce son réveillait aussitôt un sourire sur ses propres traits, et une chaleur douce au fond de son coeur. Il releva les yeux, capta l'insulte avec l'ombre d'un sourire au creux des lèvres. L'avis était plus que partagé.

-Le terme est faible, il a parfaitement prévu son coup.

L'envie de demander s'il avait été victime du même stratagème ou si Ari avait fait preuve d'une créativité toute différente effleura le bord de ses lèvres. Mais Philip la retint, bien trop conscient de tout ce que ça pouvait impliquer. Une conversation. Il n'était pas encore certain d'en vouloir, ou d'y préférer un bon vieux départ de ce maudit traquenard. Dans tous les cas

-Il va nous le payer.

Une pointe de chaleur dans la voix, juste ce qu'il fallait. S'il était d'accord avec les faits, il n'était pas encore acquis à la forme. Parce qu'une partie de lui était encore hésitante. Une autre, elle, avait envie de lui faire payer chaque seconde de silence. Il avait rêvé de retrouvailles, pendant tout ce temps. Chacune de ces illusions avait une issue radicalement opposée aux autres, mais aucune ne ressemblait à la rencontre qui était actuellement en train de se produire. Et le triton n'avait pas envie de se sentir à l'aise, en compagnie de Stuart, il avait déjà payé le prix de ce type d'erreur ; il ne voulait pas non plus que le réalisateur se sente à l'aise à cette table, justement parce que la facture avait été particulièrement salée émotionnellement parlant, à l'époque.
Et elle arriva enfin, la gifle. Dans cet aveu, dans la sincérité, le sourire avec lesquels Stuart venait de les prononcer. Quelques mots d'une violence sourde, qui lui glacèrent le sang. Qui glacèrent le regard clair alors qu'il dévisageait de nouveau l'autre homme, histoire de savoir s'il s'agissait de lard ou de cochon. Il avait l'air plus sincère qu'il n'aurait dû l'être, Stuart. Et c'était la pire des choses qui puisse leur arriver. Les doigts du critique tapotèrent contre la table, finirent par s'enrouler autour du pied de son verre pour que les dernières gouttes de cocktail aident la pilule à passer. Une manière de ne pas avoir à répondre, plus polie qu'une bonne gifle. La brûlure de l'alcool ne suffit pas à passer le goût âcre qui venait de se propager dans sa bouche. Stuart, lui, continua de dégoiser. Les yeux clairs se posèrent sur le sujet de conversation. Des fleurs qu'il reconnaissait comme étant les préférées de leur ami commun, une attention si typiquement King qu'il en avait lui aussi bénéficié. Dans le temps. Quand ils étaient amis. Quand ils étaient amants. Toujours un lys au coeur d'un bouquet, quand ce n'était pas un bouquet tout entier de cette fleur que Philip aimait tout particulièrement. Tout le monde y avait droit, ce n'était pas qu'une légende. Stuart était de ces gens là, qui transformaient chaque journée en célébration. Une vague de glace lui fila le long de la peau, s'échappa en un souffle acerbe entre ses lèvres.

-Très aimable, je suis sûr que la table est touchée par ton attention.

Ses ongles tapotèrent le cristal du verre qu'il tenait encore. Il se tourna vers l'un des serveurs, attira son attention d'un discret mouvement de la main.

-J'ai besoin d'un verre, que désires-tu ? Je ne vous dérangerai pas d'avantage, tu sembles avoir de grands projets pour elle et tenir la chandelle n'est pas dans mes habitudes.

Le serveur approcha aussi vite qu'il disparut, la commande des deux hommes bien notée dans son calepin. Le regard glacier vagabonda de table en table, se refusant à ces yeux noisettes qu'il connaissait déjà par coeur. Mais le costume bleu et l'homme qui était dedans ne cessaient de trancher avec son besoin obstiné de voir ailleurs ; à croire que Stuart avait ce don que Philip semblait posséder, celui d'attirer les regards d'une seule inspiration. Il finit par soupirer et céder, le critique, agacé par sa propre incapacité à regarder ailleurs. Toisa King à défaut de l'observer, tapota de nouveau, nerveux, des doigts sur la table.

-Pourquoi n'as-tu pas tourné les talons, Stuart ? J'ai du mal à concevoir que tu éprouves un réel plaisir à ce tête à tête.

De la mauvaise foi de sa part, et il le savait parfaitement. Parce qu'il l'avait senti, que Stuart était sincère. Parce qu'il n'avait pas entendu cet infime sifflement au creux de ses tympans, si léger, qui trahissait les mensonges des Hommes. Et Philip se connaissait parfaitement pour savoir que mêmes les fois où il essayait de se convaincre qu'il n'avait pas résonné, il l'avait quand même entendu. Un homme qui percevait les mensonges n'était pas capable de se mentir à lui-même, pas même par orgueil. Les iris glaciers s'attardèrent enfin dans les yeux noisettes du réalisateur. Creusèrent la moindre étincelle de vie pour y retrouver ces mensonges qui avaient tant sifflé au creux de ses oreilles, par le passé. Les doigts en triangle, les coudes posés sur la table. Il se pencha légèrement, tout consacré à son inspection, claqua l'air d'une nouvelle question sèche.

-Resteras-tu pour le repas ou comptes-tu partir par l'entrée des artistes ? Nous retrouver risquerait de faire jaser.

Une question qui aurait pu être neutre, si les sous-entendus n'étaient pas aussi lourds. Pas de reproche, pourtant, pas encore. Juste un état de faits, un rappel au statut qu'ils possédaient tous les deux. Et si le critique n'avait pas encore décidé quoi faire de cette conversation, de cette entrevue ou de l'autre homme, il savait une chose : il n'avait aucune intention d'être celui qui s'enfuirait de cette invitation. C'était dans les habitudes de Stuart, de fuir. Le serveur revint quelques secondes plus tard pour apporter leurs consommations. Détachant son regard de son compagnon surprise, Philip demanda les menus comme si de rien n'était. Stuart avait le choix, encore. Viendrait peut-être un moment où ce ne serait plus le cas.

 



i'm on top of the world
see me on telly, see me on billboards and banners, see me white picket fences, now watch me build up my palace
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how did i lose you ?
Il n'avait préparé aucune défense, aucune parole pouvant lui venir en aide, rien qui pourrait mettre un terme à l'horrible pensée qui ne quittait pas son esprit ; il le voyait déjà se lever, lui jeter un verre au visage, et quitter le restaurant. Il en voudrait à Ari, si une chose pareille se produisait. Leur amitié avait beau être importante – primordiale – pour lui, il serait remonté de cette entrevue, lui enlevant ainsi l'occasion de le faire à sa manière. Mais c'était se mentir à lui-même, certainement qu'il n'aurait jamais eu le courage de revenir vers lui, pour le faire à sa manière. Il était bien trop honteux, quoi que les succès de Philip le confortent dans l'idée qu'il avait fait le bon choix en prenant la fuite. Il avait peine à se retrouver face à lui, sentait son regard le dévisager et n'avait pas besoin de lire ses pensées pour savoir qu'elles ne devaient pas faire son éloge. Il se félicitait d'avoir amené un bouquet de fleurs, elles étaient les préférées de son meilleur ami, et non les siennes, mais le geste restait le même et il voulait qu'il le remarque. Il n'avait aucune autre arme à sa disposition, pas même ces plaisanteries qui étaient si faciles à lui servir à l'époque, et qu'il ne pourrait que garder pour lui, de peur de faire une erreur. Mais si Ari avait créé le chaos en voulant bien faire, il n'en restait pas moins un sujet intéressant pour briser la glace. Il va nous le payer. Un ennemi commun, et le légiste était sûrement assez intelligent pour le prédire.

Il hocha la tête, toujours en silence, le regard baissé sur les pétales qui s'étaient dressés entre eux comme une barrière de plus. Il sentit son téléphone vibrer dans la poche intérieur de sa veste, contre son cœur mais décida de ne pas regarder ; ça aurait été impoli, et c'était certainement Ari pour une remarque narquoise. Il se tint droit sur sa chaise, les deux mains sur ses cuisses, comme un enfant sage, et pencha légèrement la tête sur le côté en répondant, tic qu'il avait quand il réfléchissait. « — Je suis sûr qu'on peut trouver comment lui rendre la pareille. » Et ça lui rappelait bien des souvenirs de leur adolescence, lorsqu'ils se mettaient à deux contre le troisième du groupe pour une petite plaisanterie, Stuart toujours dans les mauvais coups pour surprendre ces deux hommes autour desquels il se plaisait tant à graviter. Il aurait aimé poursuivre alors, d'un heureux : c'est comme, tu te rappelles, la fois où ... Et il aurait pu en échanger des anecdotes, revenir sur cette période où il pensait ne jamais le perdre, ni Ari, ni Philip, comme si lui arracher l'un d'eux serait le conduire à une mort certaine. Et peut-être qu'il avait eu raison, son humanité envolée dans cette ville, devenu un monstre qui ressemblait à la mort. Il aurait aimé partager ces souvenirs-là, mais savait qu'il n'en avait pas le droit. Et ça devait se voir sur son visage, sur le mouvement de sa mâchoire alors qu'il mordit sa langue pour ne pas se laisser trahir pour de telles paroles. Il plissa les lèvres, et se contenta d'attendre, le regard fixé sur les doigts de Phil qui s'agitaient contre la table. Il ne savait s'il s'agissait d'impatience, d'agacement, ou autre, mais il n'était pas certain que ce soit bon signe.

Il pouvait sentir que ce n'était pas gagné, pas alors que Philip avait besoin d'un remontant pour supporter cette situation ; il en avait besoin également, avait envie de préciser quelque chose de fort. L'habitude fit son œuvre, à sa place. Il hocha la tête à la proposition, et d'un mouvement de main lui proposa de lui commander : « — La même chose que d'habitude. » Mais ils n'avaient plus d'habitudes. Ils n'étaient plus ce duo légendaire qui n'avait plus à poser ce genre de question. Ils n'étaient plus que de vieux amis, brouillés, à qui il fallait réapprendre à coexister. Il releva alors les yeux vers le serveur, pour ne pas mettre le critique dans la panade au cas où il ait oublié ce qu'il prenait en général, et commanda à son tour. « — Un quire royal, s'il vous plaît. » Il leva quelques doigts vers le serveur avant qu'il n'ait disparu pour ajouter : « — Et apportez une bouteille de champagne, avec ça, merci. » Il laissa son regard revenir vers Philip pour compléter sa pensée. « — C'est lui qui paie, pas vrai. » Et il haussa les épaules, sachant qu'il tenait là une partie de leur vengeance ; Ari risquait de regretter son geste. Il ne répondit rien au reste, à la réflexion concernant la table, et tout ce que Stuart refusait d'interpréter pour le moment, ils ne pouvaient commencer ainsi.
Mais il regretta de ne pas avoir rebondit sur l'occasion ; aurait préféré cela à ce regard qu'il lui adressa, les doigts tapotant toujours la surface lisse de la table. Pourquoi n'as-tu pas tourné les talons, Stuart ? Il déglutit, la question sonnant si négativement à ses oreilles. Il entrouvrit les lèvres, certainement pour faire une blague, ou essayer de détendre l'atmosphère, mais la confrontation n'était pas placée sous le signe de l'humour. Il referma la bouche, et sentit sa gorge devenir sèche. Il avait besoin de boire, rêvait de voir arriver le serveur qu'ils avaient croisés. Il finit par poser ses deux coudes sur la table par mimétisme, et joindre ses mains pour y coller son menton. « — Tu aurais préféré que je le fasse ? » Il soupira en détournant le regard, le laissant filer de table en table, de visage en visage, jusqu'à s'arrêter sur les fleurs restaient sur la table. Il plissa les lèvres en essayant de formuler une phrase qui tienne la route, et se lança enfin. « — Pourquoi je n'aurais pas envie de ce tête à tête ? Je suis bien trop lâche pour le demander moi-même, ça ne veut pas dire que j'en ai pas envie. » Il tendit la main pour attraper son verre, n'avait pas vu le serveur arriver, certainement trop occupé à réfléchir, se poser tant de questions.

Il leva son verre, invita Philip à trinquer sans trop savoir s'il le ferait ou non, et porta la coupe jusqu'à ses lèvres pour en prendre deux gorgées qui s'appelaient courage. Il cherchait ses mots, les doigts s'agitant sur les pages de son menu pour s'occuper les mains plus qu'autre chose. Le cœur tambourinait un peu trop, entre la chaleur, la surprise, et son incapacité à savoir comment agir ; il se n'était pas préparé, merci Ari. Il finit par poser le menu face à lui, pour répondre à ce qui n'aurait pas tant dû sonner comme une attaque personnelle. Mais il avait compris le sous-entendu, évidemment. « — Seulement si tu me le demandes. Je ne veux pas t'imposer ma présence. Je sais que je suis sûrement la dernière personne avec qui tu aies envie de partager ce moment. » Il recommença à observer les gens autour, se demandant ce qu'il adviendrait s'ils venaient à être reconnus, épinglés sur le journal pour discuter de leur réconciliation. Philip était élégant, comme toujours, et lui-même avait fait l'effort d'un costume taillé pour lui ; il avait même apporté des fleurs. Tous les éléments étaient présents pour que le public croit à un rendez-vous galant.

Il tendit le menu en direction du serveur après avoir pris sa commande – venait assez régulièrement pour savoir ce qu'il voulait, et il ne tenait pas à trainer pour réfléchir, Phil pourrait croire qu'il attendait de trouver une occasion de s'échapper de la soirée. Et si la surprise restaiat grande, Stuart n'avait aucune envie de partir ; bien trop longtemps déjà qu'il pensait à Phil en ruminant ce qu'il avait perdu, ce que lui en avait gagné. Il finit par s'humecter les lèvres, les coudes abandonnés de la table pour n'y déposer que ses mains jointes. « — J'ai vu ta pièce, l'autre soir. » Il l'avait trouvé épatant, n'avait jamais été avare de compliment le concernant, et restait toujours bouche bée face à son talent. Mais il ne savait comment le lui dire sans que cela ait l'air d'une simple politesse. « — Tu es toujours aussi talentueux. » Il déglutit en essayant d'en dire plus, finit par chercher une plaisanterie à faire pour ne pas rester là-dessus, et détendre l'atmosphère. « — Si seulement ton talent en cuisine pouvait être proportionnel à celui de ton jeu. » Un sujet de rigolade à l'époque, toujours capable de le charrier même quand il savait largement cuisiner. Il ne savait pas s'il était autorisé à s'engouffrer dans cette facilité des plaisanteries passées, mais s'y sentait forcé pour ne pas se sentir trop mal à l'aise, à court de mots. Il avait bien d'autres choses à lui dire, mais aucune qu'il se sentait prêt à envoyer pour le moment. Les excuses ne pouvaient venir qu'ensuite, en même temps que des explications, des nouvelles, et tout le reste.



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