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 bruised body, broken soul ; devlin

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Lenny Myers
- responsable à jardiland -
Lenny Myers
- responsable à jardiland -
damné(e) le : o07/04/2022
hurlements : o1636
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/cs/icons) fürelise (sign/cs/gif) tucker.
bougies soufflées : o32
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bruised body, broken soul
La nuit avait été courte, rythmée par un balancement entre ses efforts de concentration, et les coups d'œil répétés en direction de son téléphone. Il n'attendait aucun appel en particulier, mais la perspective de voir s'afficher quelques noms aimés sur l'écran tactile lui aurait évité une nuit de solitude. Les derniers jours – ressentis comme des semaines – s'étaient révélés plus prenant que prévu ; pourtant, il les avait passé seul, préférant ramener des dossiers chez lui – bien qu'il n'en ait pas le droit –, plutôt que cotoyer ses collègues. Il faisait l'effort, souvent, pour croiser Devlin, mais n'avait pas à s'y forcer ces derniers temps, le divinateur manquant cruellement à l'appel. La période nocturne aurait pu lui servir d'exutoire ; sortir, voir d'autres personnes, se détendre avec n'importe quelle activité autre que son travail. Mais il s'y refusait, trop soucieux de faire bonne impression auprès du shérif. Il n'avait encore trouvé comment entrer dans ses bonnes grâces, et si pour se faire bien voir il fallait apporter des résultats, alors il était prêt à faire tout son possible pour être en tête de ligne. Il ne pouvait perdre son temps entre tendresse et plaisirs, devait se défaire de toutes les distractions possibles pour garder l'esprit clair. Il y avait pourtant tant d'éléments qui s'invitaient à ses réflexions, comme si ses pensées refusaient de rester focus sur autre chose que les réclamations de son cœur. Il ne devait répondre à ces doléances, et pourtant. L'envie d'attraper son cellulaire afin de contacter tous ceux qui avaient de l'importance à ses yeux était grande, mais comment le faire de manière naturelle ? Il se mettrait à bégayer, à ne plus savoir son nom, et finirait par raccrocher avec la sensation d'être petit face à l'absence de bien trop de ses pilliers quotidiens.

Les yeux fatigués, il semblait alors dans un autre monde depuis qu'il avait passé les portes du comissariat. Il ne relevait qu'à peine les yeux vers ceux qui s'arrêtaient près de son coin de bureau, hochait la tête et terminait toute forme de discussion par un mh ennuyé. Il était inquiet, assommé par l'insomnie, et n'avait pas les nerfs assez solides pour supporter les commentaires de son équipe – pas aujourd'hui. L'œil accroché à la pendule, il avait décidé de mettre les voiles au plus tôt, peu désireux de passer des heures de trop dans cette ambiance délétère. Il avait certaines personnes à aller interroger, essaierait de ne pas se laisser emporter par son état nerveux ; mais ne pouvait s'engluer sur sa chaise, face à son petit morceau de bureau qu'il était forcé de partager parce qu'il n'avait pas assez de valeur aux yeux des autres pour mériter une place plus acceptable. L'heure du déjeuner approchait, et Lenny se voyait déjà loin du vacarme ; il était vraiment incapable de travailler au milieu de ces incompétents, et ne pouvait s'en plaindre à personne.
La main déjà agrippée à son sac, prêt à mettre les voiles, il relâcha la pression de ses doigts en entendant le bruit libérateur de son téléphone. Il arqua un sourcil, et soupira d'aise en voyant le nom de son amant s'afficher – enfin. « — Dev ? Je ... Il attendit, le cœur battant, rassuré d'entendre sa voix après ses appels, sa visite même. ... j'arrive. » Il n'eut pas besoin de réflechir en prenant sa veste, son sac tombé au sol, puis la tangente.

Il fonça dans une des voitures de fonction, sachant qu'il ne pourrait récupérer son compagnon à l'arrière de son vélo. L'accord de ses supérieurs lui importait peu, il aurait foncé vers l'hôpital avec ou sans un avis positif ; il était question de Devlin, et il passait avant l'opinion des autres. Une fois dans la voiture, il tourna les rétroviseurs de peur de s'y confronter, et mit les gaz. Il était à l'autre bout de la ville, voyait les feux tricolores se succéder, pestant parfois en voyant le voyant rouge prendre le relai. Le devin aurait été plus rapidement à destination en demandant à quelqu'un d'autre, ou avec les services d'un taxi, mais l'inspecteur était ravi qu'il ait fait appel à lui. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais Lenny tenait si tendrement à lui, il était content de savoir qu'il avait pensé à lui dans un moment pareil. Le mot hôpital lui faisait peur, il ne savait dans quel état il le trouverait, et ne manquerait pas de s'inquiéter de cela avant toute chose.
Il avança doucement en arrivant devant le bâtiment, ne sachant s'il devait se garer et pénétrer dans l'établissement, ou le cueillir à la sortie. Il eut la réponse en voyant son amant près de l'entrée. Il s'approcha alors, et coupa le moteur en constatant qu'il l'avait aperçu lui aussi. La portière ouverte – pas refermée derrière lui – il s'élança vers le divinateur et n'arrêta sa course qu'une fois dans ses bras. La tête contre son cou, sur son épaule, les deux bras l'enlaçant, il prit une grande inspiration. Son odeur lui fit du bien, lui offrit la possibilité de le sentir plus palpable entre ses bras ; une preuve qu'il n'était pas qu'une illusion. Il était rassuré de le voir debout, dehors, pas alité ou prêt à être transporté dans un brancard. « — Tu m'as fait peur ... » Il le relâcha enfin, mais resta aussi proche en attrapant son visage entre ses mains. Les doigts de chaque côté pour le regarder, analyser ses jolis traits qui avaient été attaqués. « — Comment tu te sens ? » Il ne lui laissa pas le temps de répondre, comprenant qu'il devait être pénible à l'acculer ainsi sans lui laisser la possibilité de rentrer. Il lui donna alors un baiser sur la joue, avec toute la tendresse du monde, ne voulait pas l'opresser d'une embrassade sur la bouche ; lui laisser de l'air. Il se recula et la guida vers le côté passager en essayant de ne pas laisser son regard s'attarder trop longtemps sur les contusions de son visage.

Il s'installa au volant, boucla sa ceinture, et pivota le torse vers lui après avoir fait un geste de la main à la voiture de derrière – à travers la fenêtre – pour signifier qu'il partait du milieu dans un instant. Il lui fallait d'abord savoir où il comptait se rendre ; c'était à Devlin d'en décider, bien entendu. Il plissa alors les lèvres, éliminant toutes les questions qui se bousculaient dans son esprit et auxquelles le devin ne voudrait certainement pas répondre pour le moment. Il se contenta du principal : « — Tu veux aller où ? Je peux te ramener à la caravane, mais tu sais que tu peux passer quelques temps chez moi si tu veux. » Il mit le contact et commença à avancer en attendant sa réponse, afin de ne pas bloquer la route trop longtemps. Le regard se posait un peu partout, toujours handicapé par l'absence de rétroviseurs à sa disposition, et il finit par jeter un regard interrogateur en direction de son compagnon, après un sourire de soulagement qu'il ne pouvait plus cacher. Ses airs respiraient un sincère : je suis heureux de te voir, tu m'as manqué. Il quitta le volant d'une main, se dirigeant de l'autre, et faufila ses doigts jusqu'à ceux de Devlin afin de les serrer, essayer de le soutenir dans cette épreuve qu'il ne comprenait pas encore. « — Tu veux qu'on aille en ville manger quelque part avant ? » Ne pas parler des sujets fâcheux, de ce qui pourrait être bien trop dur à gérer alors qu'il était au volant. Il attendrait d'être à destination pour s'inquiéter du reste. Qui ? Comment ? Pourquoi ? « — Tu veux en parler, poussin ? »



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
Devlin Tarrare
- madame irma vibes -
damné(e) le : o28/10/2019
hurlements : o4501
pronom(s) : oshe / her
cartes : oava fürelise la perfection // sign exordium // montage par jiji la plus jolie // moodboard par le plus parfait des maris
bougies soufflées : o35
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bruised body, broken soul
C'était sa voisine qui l'avait trouvé. Alertée par les cris, par les bruits, par les aboiements agressifs de ses deux rottweilers. Enroulée dans sa robe de chambre râpée, d'un rose criard, des bigoudis encore pleins ses cheveux à la couleur passée. Magnum dans la main parce que God Bless America, et Totoche et Fanfan sur les talons. Ce n'étaient pas les noms des chiens, Devlin ne s'en souvenait jamais. N'était pas en état de s'en souvenir, de toutes façons. L'empreinte d'un regard marron impossible plein les rétines, et cette jambe qui l'avait survolé. L'arrière de la nuque de Barbie alors qu'il s'éloignait sans se retourner, son message une fois passé, et le crâne borgne du MC Cyclops qui se foutait de sa gueule. Les larmes s'étaient mélangées au sang, le sang à la bile, et les sanglots eux ne s'exprimaient plus à cause des coups. Barbie avait été clair. Barbie avait choisi son camp. Celui de la violence, de ce gang qui marquait sa peau tous les jours depuis sa création. Des mouches claires-obscures, parfois noires, parfois cramoisies, jamais au même endroit. Et Barbie les avait choisies, marquant chaque coup de poing sur les i. Comme s'il n'y avait jamais eu le moindre problème, comme si Devlin était un obstacle dans cette vie qu'il s'était choisie. Pas de place pour les sentiments, pas d'amour même jusque dans cette caravane qui avait recueilli et protégé toutes leurs étreintes. Elle n'était plus rien, cette caravane, à présent. Plus même le dernier bastion contre la violence, avec ses meubles retournés. Avec tout le sang que le devin avait craché sur le linoléum beige. Le gang avait raison de tout, même de tout ce qu'il avait cru qu'ils avaient réussi à construire ensemble.
Au commencement était l'amour. Mais pas pour tout le monde.
Et les Cyclops avaient gagné.

C'était sa voisine qui l'avait trouvé. Le magnum serré à l'arrière de son pyjama, et c'était elle qui l'avait traîné dans sa vieille voiture qui sentait le tabac. Parce que les flics sont des pourris et que les ambulances viennent pas jusqu'ici. Pas que Devlin ait pu faire quoi que ce soit de cette information, déjà parti loin dans les ténèbres de l'inconscience. Du sang plein la bouche et des larmes plein les joues. L'insensibilité de Barbie et l'image très nette de Barbie qui l'enjambait qui tournait et tournait encore même dans les abimes. Puis le noir avait fait place au blanc. La froideur, encore, toujours la froideur. Mais celle aseptisée et terrifiante de la chambre d'hôpital où il avait fini par se réveiller. Même en miettes, son coeur s'était remis à cogner contre la poitrine du devin. Besoin d'air. Besoin d'espace. Besoin de se tirer, loin, de cette chambre, de cette ville. De lui-même. Deux infirmières s'étaient précipitées à son chevet en l'entendant hurler. Nouveau coup d'assommoir, nouveau coup de noir. Des sédatifs plein le sang pour l'empêcher de se révolter, insuffisants devant le besoin viscéral de se barrer. Quand il était revenu à lui, il y avait des lanières à ses poignets. Pas de voisine. Pas de Barbie. Que du blanc tout autour, tout en dedans. Celui d'une vie sans amour, sans passion, sans sentiments. Prisonnier à nouveau de son maudit corps, encore plus quand la sentence était tombée. Les coups de pied à son ventre avaient fracturé son appendice, s'il était attaché c'était pour éviter de faire sauter les sutures toutes fraîches. Ses résultats sanguins étaient mauvais. S'il ne se stabilisait pas, ils allaient devoir le garder.
Et ça, c'était au moins aussi pire que le souvenir de Barbie, de l'amour, qui l'enjambait. Que celui de sa nuque bouclée qui s'évanouissait dans le noir, ne laissant derrière lui que des bribes de coeur éparpillées sur le sol, et l'empreinte de ce crâne borgne qui le narguait. Il ne sera jamais qu'à nous, Devlin était presque sûr de l'avoir entendu.

Qu'est-ce que tu croyais, Tarrare ?
Que tu aurais ne serait-ce qu'un peu d'importance ?
Que ta voix compterait devant l'intensité d'un monde que tu es incapable de comprendre ?
Qu'il en aurait quelque chose à foutre de tes bons sentiments ?
Regarde-toi, Tarrare.
Tu n'es rien.
Il te l'a montré, Tarrare.
Tu n'es rien.
Ni pour lui, ni pour personne.


Le cœur en miettes. Le corps en miettes. Le téléphone en miettes, qui tenait par la force du Saint Esprit de ces bons vieux Américains quand il avait tenté de l'allumer. Chercha du bout des doigts le seul nom qui lui venait en tête, qui ne soit pas celui qui ne cessa de s'imposer sous les mèches de jais. Lenny. La voix enrouée d'avoir été intubé, la gorge encore trop douloureuse pour trop en dire. Quelques mots suffirent pour que le policier le comprenne. Et maintenant qu'il avait une solution pour foutre le camp de cet enfer qu'il s'était toujours juré de ne jamais retrouvé, tout reposait sur ses épaules. Malade modèle, tenu tout juste par la force de sa volonté. Les résultats étaient toujours mauvais mais son état était stable. Il était de nouveau calme, prenait volontairement ses traitements, se laissait soigner. Plusieurs jours qu'il y était déjà, il ne suffisait plus de longtemps pour qu'il puisse sortir. Concentré sur son propre corps, à maintenir le Mal des Tarrare dans sa cage le plus longtemps que possible. Les coups au ventre avaient été les pires, les plus insidieux. Et s'il savait qu'il allait en chier plus tard, le routard n'était pas capable de voir plus loin que demain.
Parce que c'était comme ça qu'il allait tenir, maintenant qu'il n'entrevoyait plus de futur. En se concentrant sur demain, toujours demain. Demain il serait libre. Demain il verrait. Le soleil se lèverait sur une existence sans Barbie, sans l'amour, mais il se lèverait. Et Devlin serait loin de ce foutu hôpital. Un pari complètement fou qu'il arriva à tenir. On lui glissa des béquilles puis ses factures dans les mains, on lui recommanda le calme et le repos. Un traitement pour cette étrange anomalie physique qu'on lui avait trouvée et sur laquelle il n'avait pas lâché un traitre mot. Son compte bancaire dans le rouge à cause des frais médicaux, quelque chose de plus que cette soirée dans la caravane avait brisée. Mais quand l'air frais de la liberté lui claqua en plein visage, c'était pour lui rappeler que demain risquait d'arriver. Et avec demain...

Lenny.

La chaleur d'une étreinte alors qu'il était glacé. Les mains toujours pleines des béquilles et des papiers, il ne sut qu'en faire, Devlin. Le coeur trop gros, niché en plein milieu de sa gorge douloureuse, il fourra son visage dans le cou de son ami. Amant. De Lenny. Sentit les battements d'un coeur qu'il avait cru oublié pendant ces quelques temps d'agonie, pressa d'avantage son visage contre la peau du policier. L'impression que ses jambes allaient se dérober sous son poids sous la tendresse de cette étreinte, à des lieues de ce que l'Amour lui avait réservé. Lenny qui était si doux, qui sentait si bon. Qui le traitait comme il ne le mériterait certainement jamais. A trop retenir ses émotions, le Canadien pouvait les sentir à deux doigts de déborder. Se fit violence pour tout retenir avant que ça n'arrive à ses yeux, incapable d'aligner plus de deux mots devant toute la tendresse dont faisait preuve son amant.

-...désolé, je voulais pas que tu t'en fasses...

Comme une justification, des excuses devant les mots si naturellement doux de l'homme qui le couvrait d'une tendresse qu'il ne méritait pas. Il relâcha l'étreinte, la gorge serrée par la culpabilité. Remercia Lenny d'être bien plus vif d'esprit que lui, enchaînant déjà pour le guider jusqu'à la voiture sans qu'il ait à répondre à ce comment tu vas tombé entre eux. Il le suivit en silence, claudiquant jusqu'au véhicule sur ses béquilles. Ne chercha même pas à trouver une réponse à cette question, tant il n'en avait aucune à fournir. Comment tu vas, Tarrare ? Mal. Très mal. Ce qu'il ressentit, en s'asseyant enfin sur le siège de la voiture. Poussa un profond soupir de soulagement en fermant la portière, mettant un peu plus de distance avec l'hôpital ; si ça ne tenait qu'à lui, il aurait déjà supplié Lenny de mettre le pied au plancher pour foutre le camp de cet enfer. N'en dit rien, n'en trahit rien. Le policier avait déjà eu la gentillesse de venir et la délicatesse d'éviter de lui répondre à ses propres questions. Tant de précautions pour lesquelles le devin était reconnaissant, malgré qu'il sache qu'il allait lui devoir des explications. Il n'était même pas sûr de les avoir.
Le regard dans le vague, aux questions suivantes. Concentré sur le fait de respirer, de survivre, maintenant que demain n'était plus le futur. L'idée de rester chez Lenny était alléchante mais il secoua lentement ses mèches noires. Se concentra sur les mots qu'il valait mieux dire plutôt que ceux qu'il aurait voulu hurler.

-C'est gentil mais... je préfère revenir à la caravane.

Un désir qu'il regretta aussitôt qu'il l'avait formulé, quand bien même il était profond. Parce que revenir sur les lieux du crime, c'était la marque même d'un criminel. Et dans le fond, toute cette situation était de sa faute. Une impression qui s'était imposée tout naturellement dans son crane, au milieu du chaos. C'était lui qui avait provoqué la conversation. C'était lui qui avait précipité la chute de tout ce qui faisait demain. La culpabilité de croître progressivement, aux paroles rassurantes de Lenny. Rentrant sa tête dans ses épaules, le devin murmura de nouvelles excuses, plus sincères que jamais.

-Je suis désolé...

Ce n'était pas la réponse que Lenny attendait, probablement, en demandant s'il voulait manger quelque chose. Devlin ajouta presque aussitôt, la voix étranglée :

-J'ai déjà mangé. A l'hôpital.

Trois fois rien, pour leur faire plaisir. Pour empêcher le Mal des Tarrare de gronder trop vite et de le digérer trop fort. Sans envie, sans plaisir, parce qu'avaler quoi que ce soit était trop pénible. Sans un coeur entier à faire fonctionner, il n'en voyait plus vraiment l'intérêt. S'était bien assez forcé pour le paraître et pour pouvoir s'offrir les clés de sa liberté. Sous conditionnelle. Il s'enfonça d'avantage dans son siège, accommodant ses blessures. Son corps était couvert d'ecchymoses, on lui avait bien rabâché de faire particulièrement attention aux sutures sur son abdomen. Il y avait aussi tout son visage, mais ça, c'était moins grave. Il n'était plus à ça près.
Il reprit conscience de l'espace en sentant le poids des nombreux regards de Lenny. En sentant la chaleur rassurante de ses doigts entre les siens, la tendre pression qu'ils y exercèrent. Un geste d'une telle douceur qu'il lui fit monter les larmes aux yeux. La culpabilité dans la gorge. Regard fuyant, il pressa un peu les doigts qui se trouvaient dans les siens. Poussin. Lenny était trop tendre. Lenny était trop gentil. Lenny était bourré d'attentions qu'il ne méritait pas, et le contact lui brûlait les doigts.

Tu peux avoir honte, Tarrare.
Tu le dois.


-Quand on sera arrivés. Promis.

Et son corps tout entier de vouloir se rebeller contre la douceur de cette main contre la sienne. Injustifiée. Qu'il ne méritait pas. Il n'y avait pas que son mal pour le ronger, il y avait cette honte qui croissait et croissait encore. D'abord dans son bide pour atteindre finalement le sillon de ses veines. La main redevenue molle et le devin livide, il laissa le paysage défiler devant ses yeux, silencieux. Incapable de dire quoi que ce soit devant la profonde empathie de son amant, son infinie gentillesse, la tendresse qu'il pouvait sentir brûler sa peau à chaque fois que les yeux noirs s'y posaient. Il avait froid. Il avait la nausée. Envie de s'enfuir de cette voiture, envie de retrouver le chaos d'une fin de vie pour essayer de construire la prochaine. Et il savait, surtout, qu'il allait devoir fournir une véritable explication à Lenny. S'efforça de ne pas y penser, jusqu'à ce qu'il y soit véritablement confronté. La voiture approchant du Trailer Park, et, inéluctablement, des vestiges de ce qui aurait pu être.
La vision de sa propre caravane lui fila une gifle, provoqua une vague de tremblements incontrôlables dans tout son corps. Il serra ses doigts de chaque côté du coussin où il était assis. Aurait tout fui, si ça n'avait tenu qu'à lui. Aucune mémoire du carnage, juste l'impression qu'il y en avait eu un. Un souffle :

-Elle est comme si rien ne s'était passé.

Un bien triste constat, celui de tout ce qui pouvait se produire derrière des portes closes. Le déchaînement des passions, toutes sans exceptions. Devlin prit sur lui, ouvrit la portière et entreprit de s'extirper enfin de la voiture. L'habitacle lui était devenu au moins aussi insupportable que l'hôpital qu'il venait de quitter. S'appuya sur le bras que Lenny lui tendit, prit le soutien tel qu'il venait. S'attarda pour une étreinte moins brève, plus sincère, moins glacée que celle qu'ils avaient échangée devant l'hôpital. Le visage dans le cou de son amant, il y déposa un baiser. Une excuse, un remerciement. Une vérité.

-Merci d'être venu. J'te mérite pas.

Et c'était cruellement vrai. Atrocement sincère. Reprenant quelques forces dans la chaleur de l'étreinte, il finit par s'en dégager avant de continuer de s'y brûler. Prit une profonde inspiration et, claudiquant sur ses béquilles, guida son amant vers la porte de la caravane. Ouvrit cette dernière d'une main tremblante. Et sentit les larmes lui monter aux yeux devant l'étendue des dégâts.
Comme si on lui avait arraché quelque chose, sans que ça ne lui ait appartenu. Pas son coeur, pas cet appendice qu'on lui avait enlevé. Une partie de son âme, celle qui regardait au-delà de demain vers ce futur qui n'aurait jamais lieu. Devant eux, le chaos régnait en maître dans la caravane. Le désordre faisait écho aux tâches de sang -le sien- sur le lino. La caravane était comme éviscérée, elle aussi. La représentation physique de tout ce qu'il se passait à l'intérieur du devin, physiquement, et émotionnellement. Y entrer lui parut être un effort surhumain. Un effort qu'il n'aurait probablement pas fait si Lenny n'était pas avec lui.

-Faut que je range. Faut que j'efface tout ça.

Une obligation comme un mantra, plus pour lui-même que pour qui que ce soit d'autre. Qu'il répéta entre ses mâchoires serrées, comme possédé, alors qu'il évoluait dans l'espace salon de l'habitacle. Se penchait déjà pour attraper un coussin et le remettre à sa place, étirait déjà un bras pour remettre un meuble trop lourd pour sa condition dans la bonne direction. C'était soit ça, soit tout brûler. Et, surtout, éviter consciencieusement les tâches de sang qui jonchaient le sol. Ne surtout pas les voir. Ne surtout pas jeter un œil en direction de la porte. Alors il le leva en direction de Lenny. Croisa ses yeux, sentit les larmes monter aux siens.

-Tu... t'es pas obligé de rester si t'as autre chose à faire, j'comprendrai. Je... faut que je range, c'est soit ça, soit j'y fous le feu.

Et je fous le camp. Une main tremblante dans sa tignasse noire, à la maltraiter nerveusement. La violence de la veille ne pouvait s'additionner avec la tendresse de Lenny. Toute la bonté et la gentillesse du policier valaient bien mieux que la noirceur de ce qui s'était passé autour de lui. Lenny valait bien mieux que Devlin.

-M'faut un remontant. Tu fumes ?

Ses mains avaient déjà décidé que oui, et que Lenny était tout sauf policier, en allant déjà chercher la boîte en fer planquée entre l'évier et le frigo. Mains parcourues de tics, en roulant nerveusement herbe et tabac au-dessus du plan de travail. Le dos résolument tourné vers l'entrée, obstinément, pour ne pas se confronter à la réalité. S'il fermait les yeux trop longtemps, il revoyait Barbie l'enjamber avec froideur. Comme s'il n'était rien. Rien de plus qu'un tapis sur lequel il avait tapé ses chaussures. Le froissement du papier, le crépitement d'une allumette. La fumée gonfla ses poumons, et le devin de tendre le joint à l'officier de police. Dans quelques instants, les volutes remplaceraient les cris. Et peut-être qu'il n'aurait plus autant envie de s'enfuir.

-Si tu restes, j'te préviens : à un moment, je risque de chialer.




L O V E
by QQ & EXORDIUM.

quand Barbie vit mal son régime:
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Lenny Myers
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bruised body, broken soul
Il sentait son cœur se serrer toujours plus, chaque fois qu'il posait son regard sur son passager, ou qu'il entendait une parole s'échapper de ses lèvres. Il voyait le mal ronger l'intégralité de son être, pouvait percevoir la lueur manquante dans son regard, celle qui faisait pétiller ses yeux lorsqu'il souriait. L'idée d'avoir à lui poser des questions ne lui plaisait pas, mais il lui faudrait bien comprendre ce qui lui était arrivé s'il tenait à l'aider ; autrement qu'en faisant son possible pour réinstaller la lueur dans ses yeux. Il ferait tout pour y parvenir, il s'en était fait la promesse en le serrant si précieusement contre son cœur, devant l'hôpital. Je suis désolé. Il commencerait par retirer ces quelques mots de son vocabulaire. Il trouverait un moyen de lui prouver qu'il n'avait pas à être désolé, parce que quoi qui se soit passé, Lenny était persuadé que le divinateur n'y était pour rien.
Mais l'heure n'était pas aux leçons de morale, avant tout, Devlin devait se remettre de ses blessures, et manger autre chose que la nourriture que servait l'hôpital. Il y avait déjà fait quelques séjours et était bien placé pour savoir que personne ne se nourrissait vraiment dans ces instituts. Il préparerait quelque chose une fois sur place, ou ferait un saut rapide vers un bistrot après avoir installé son amant confortablement dans sa caravane. Il hoche pourtant la tête en l'entendant prononcer ces quelques mots qui n'eurent aucun poids dans la balance. Il ne l'embêterait pas de suite avec ça, chaque chose en son temps. Son rôle n'était pas de lui en faire voir de toutes les couleurs avec de nouvelles questions, et l'obligation de faire ci ou ça ; mais de le rassurer, et faire en sorte que sa convalescence soit le plus agréable possible.

Il arrêta la voiture près de la caravane, et y jeta un œil interrogateur, se demandant ce qui avait pu s'y dérouler pour mettre son ami dans cet état – en apparence, elle avait l'air normale. Il tourna la tête pour regarder Devlin, savait qu'il en était de même pour lui. Les blessures qui maculaient son beau visage ne pouvaient être aussi dures que celles qui semblaient s'y cacher. Il en croisait au poste, des personnes venus porter plainte pour coups et blessures, et dont les séquelles étaient intérieures. Il avait beau jouer à celui qui encaissait parfaitement les témoignages qui suivaient cela, il ne s'habituait jamais réellement au malheur des gens, et était souvent trop empathique pour se contenter d'hocher la tête et mettre le dossier de côté, comme le faisait ses collègues. Mais il ne s'agissait pas d'inconnus, pas cette fois-ci. Il s'agissait d'un homme qu'il connaissait bien, et qui tenait une place très improtante dans son cœur, et dans son futur.
Il sortit en vitesse de la voiture en voyant que Devlin commençait à s'agiter, prêt à le retenir s'il venait à tomber, et l'aider à rejoindre la caravane. Il claqua la portière derrière lui, brutalement, et contourna le véhicule pour présenter son bras au devin ; s'il ne pouvait retirer la douleur qu'il ressentait, il pouvait au moins l'aider à ne pas se blesser en plus. Les gestes vifs, il referma les bras autour de lui en le sentant tomber, inquiet, alors qu'il semblait si fragile contre lui. Il soupira en prolongeant l'étreinte, les mains serrant en faisant attention de ne pas lui faire mal – il ne se le permettrait pas. « — T'as pas à me remercier, et ne dis pas de bêtises. » Il le laissa reculer en desserrant les bras, et déposa une petite caresse sur sa joue bleuâtre, avant de prendre la direction de la caravane à ses côtés.

Le chaos qui régnait dans l'habitacle le frappa de plein fouet, les lèvres entrouvertes face à l'horreur qui se dressait face à eux. Il ne s'était pas attendu à ça, ne savait pas vraiment à quoi il s'attendait, pour être honnête. La main tremblante, il regarda autour de lui en essayant de chasser son malaise, que Devlin ne le voit pas, ne s'en excuse pas. Faut que je range. Faut que j'efface tout ça. « — Il faut que tu te reposes, surtout. » Il fit quelques pas dans sa direction – en évitant les tâches de sang – et l'aida à chaque effort qu'il avait à faire. Il savait que l'en empêchait n'était pas la chose à faire, qu'il pourrait avoir peur d'un geste trop brusque. Il ne pouvait le réprimander encore, mais pouvait l'aider, l'alléger. Il ne comptait d'ailleurs pas le laisser mettre de l'ordre dans ce merdier, savait ce que les médecins devaient lui avoir dit, et avait compris qu'il ne lui fallait rien faire de trop demandant physiquement. Il scana l'intérieur du regard pour savoir où commencer, et arqua un sourcil lorsqu'il demanda s'il fumait. Il eut envie de lui dire que oui, peut-être même que l'herbe une des gouttes d'eau qui l'avait mené jusqu'au poste, mais devait rester catégorique ; ils ne devaient pas savoir, au comissariat, qu'il n'avait jamais réellement arrêté.

Il ne donna aucune réponse, Devlin déjà affairer à rouler de quoi faire passer la vision d'horreur. Lenny ne dit rien, se contenta de sourire, parce que c'était la seule chose à faire, après tout ça. Lui montrer que tout irait bien. Les lèvres pincées, il hésita quelques secondes en voyant le bâton fumant tendu dans sa direction, puis décida que Devlin était une personne de confiance, et il avait besoin de lui. Il attrapa alors le joint et tira dessus en fermant les yeux, il ne les rouvrit qu'en entendat la voix du devin. La fumée recrachée vers le plafond, il rendit l'objet à son propriétaire en essayant de garder son sourire le plus réconfortant, quand tout ce qui grouillait autour d'eux lui donnait des remontés. « — Tu peux, mon t-shirt est waterproof. » Juste une manière de dire qu'il n'avait aucun problème avec ça, qu'il était autorisé à pleurer des heures durant sur son épaule, et que Lenny ne lui en voudrait jamais pour cela. Il se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, puis attrapa doucement la main qui ne tenait pas le joint.

Doucement, il le fit traverser le champ de bataille pour le conduire jusqu'au lit. Il le fit asseoir sans vraiment lui demander son avis, et s'accroupit face à lui pour être presque à sa hauteur, il devait juste lever un peu le menton pour pouvoir lui parler. Il s'humecta les lèvres en le regardant et chercha ses mots pour ne pas le brusquer. « — Je vais m'occuper de nettoyer le plus urgent, le reste attendra, puis tu mangeras un bout. J'ai pas à te dire quoi faire, et je le sais. Mais si tu essaies de te lever, je t'embarque au poste, d'accord ? » Bien évidemment, il ne le ferait pas, mais c'était une façon de lui dire qu'il refusait de le voir bouger. Il devait se mettre au repos forcé, sans quoi ses blessures ne pourraient guérir convenablement, et son esprit non plus. Il se redressa et se pencha pour lui faire un bisou sur le front. « — Je suis désolé que tu aies à revivre ça. Tu aurais dû me dire, je serais venu mettre de l'ordre avant que tu n'entres. » Et il était réellement désolé, de l'avoir tiré de l'hôpital pour l'amener vers l'horreur. Il aurait peut-être dû l'emmener chez lui, directement, sans lui poser la question, pour pouvoir préparer la caravane à son retour. Mais il ne savait pas, n'avait pu anticiper les tâches rougeâtres au sol, et le désordre qui devait raconter une histoire.

Il fit quelques pas en arrière, sans le lâcher des yeux, faisant signe de ne pas  bouger, et partit chercher de quoi retirer ces couleurs de trop – le rouge partout. Il récupéra de l'eau au robinet et s'y colla rapidement, voulant retirer cette vision le plus rapidement possible, que Devlin n'ait plus à revivre certaines images en boucle. Il était resté silencieux jusqu'ici, comme espérant que le devin puisse s'endormir malgré tout ; même s'il n'y croyait pas lui-même. La serpillère au sol, Lenny accroupit pour enlever rapidement le tout, il s'arrêta un instant, la gorge serrée, et posa enfin la question qui lui brûlait les lèvres. « — C'est lui qui t'a fait ça ? » Il l'avait déjà entendu parler de cet homme qu'il voyait en parallèle de leur relation ; les deux ayant convenu que leur relation n'avait pas à être exclusive, qu'ils pouvaient prendre tout leur temps avant d'avoir les conversations les plus importantes. Il passa sa langue sur les lèvres, réfléchissant à ses prochaines paroles, mais ne trouva rien à ajouter de bien concluant. Il poussa alors un profond soupir en déposant le linge dans l'eau virant au rouge. « — T'es pas obligé d'en parler, j'ai juste besoin de savoir si je suis en capacité de t'aider. » Il baissa les yeux un instant, essayant de ne pas penser à ces fois où Devlin avait mentionné l'autre homme, et où il n'avait rien fait pour l'empêcher de le voir malgré quelques réticences. Mais il n'avait pas voulu passer pour un amant jaloux, et ce n'était pas sa place de réclamer de telles choses. « — Est-ce que j'aurais pu faire quelque chose ? » Pouvait-il s'en vouloir de ne pas avoir agis plus tôt, avant que tout cela ne se produise ? Il s'essuya les mains et prit une grande inspiration en ouvrant les placards pour trouver de quoi lui préparer quelque chose à manger. Le plus urgent du chaos avait été retiré du sol, maintenant il lui fallait aider le blessé à reprendre des forces. « — Qu'est-ce qui te ferait envie ? Je peux partir faire des courses s'il faut. » Histoire de le laisser seul un peu, tranquille, parce qu'il se sentait un peu de trop face à la souffrance de son ami, et se trouvait impuissant.



THE NIGHT'S ON FIRE
the promises we made were not enough. the prayers that we had prayed were like a drug. the secrets that we sold were never known.
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