Tu pouvais pas te contenter de le rejoindre au bar non, il fallait que tu passes par le commissariat, il fallait que tu l'attendes à la vue de tous. C'était bien plus drôle comme ça. Adossé contre ta voiture, les bras croisés, en face de l'entrée, tu regardais les poulets sortir un à un avec un sourire amusé tandis qu'ils te jugeaient du regard. Oh tu savais très bien ce qu'ils pensaient de toi. Le frère taulard de Vergil. T'étais pas dans le même monde qu'eux, t'étais même dans celui de leurs ennemis et c'est ça qui était drôle. Les narguer devant leur nez, jouer avec leur jugement. Sans doute que ça mettrait plus de pression à Vergil, mais il savait gérer la pression. Tu te fichais bien de ce qu'ils disaient dans ton dos de toute façon, tant que ton frère ne disait pas la même chose. En voilà un qui te regarde avec un peu trop d'insistance alors t'agrandis encore plus ton sourire avant de lui faire un signe de la main, bougeant tes doigts et tu te marres en le voyant tourner la tête d'un air ronchon. Sacrés poulets, il y a pas plus drôle qu'eux. Enfin, tu vois Vergil sortir à ton tour et tu te redresses tandis qu'il s'avance vers toi. Il ne s'attendait pas à te voir ici, mais quoi de mieux qu'un frère qui fait une surprise ? « Te plains pas et monte dans le carrosse mon beau, je t'emmène à bord de mon cheval noir ! » Tu fais le tour de la voiture et prends le volant, le laissant s'installer à côté de toi. Sa voiture, il la retrouvera ici, elle va pas bouger. Personne aurait l'idée de voler une voiture sur le parking des flics. Tu sais pas s'il est agacé ou juste ennuyé et tu vas pas lui demander, tu préfères te contenter d'allumer le moteur et de démarrer la voiture pour le conduire au pays imaginaire. Votre soirée elle était programmée, rien que vous deux dans un pub, histoire de passer un moment entre frères, de boire un coup ensemble. S'il y avait bien un défaut de Vergil sur lequel tu pouvais appuyer, c'était la boisson et tu n'allais pas te gêner pour le faire. Il n'y avait pas de raisons pour que tu sois le seul imparfait de vous deux. Oh tu l'aimes Vergil, mais t'as cette envie malsaine de le voir sombrer. Tu lui fournirait toi-même en viande humaine si tu pouvais, tu l'admirerais dévorer la chaire d'un inconnu encore en vie. Toi ça te fait pas envie, mais t'es certain que c'est meilleur vivant que mort. Cela dit, tu sais qu'il t'en voudrait beaucoup trop alors tu n'en fais rien. Tu le laisses se servir à la morgue.
Tu gares la voiture près du pub et sort avant de contourner la voiture pour rejoindre ton frère. « T'inquiètes ça va bien se passer, ils nous ont oublié j'suis sûr. » Ce pub vous y êtes déjà venus et ça c'était fini en baston. Tout ça parce qu'ils ont pas aimé que tu frappes la tête d'un mec contre le bar. C'était sa faute, il a rigolé quand t'es passé derrière lui, il se moquait forcément de toi. Mais c'était il y a un moment maintenant, t'es certain que la page est tournée et que vous pouvez passer une soirée tranquillement. Tu t'avances vers l'entrée, ouvre la porte et certaines têtes se retournent quand vous entrez. La bande contre qui vous vous êtes battus la dernière fois, visiblement des habitués. Mais s'ils se contentent de vous regarder comme des chiens de faïences, ils n'ont pas l'air de vouloir forcément s'en prendre à vous. De toute façon, c'est ici que tu veux aller et pas ailleurs. Vous vous installez à une table et tu vas au bar pour commander une bière pour vous deux, utilisant ton don de suggestion pour mettre ça sur le compte de la maison. Tu l'utiliseras que cette fois, pour pas avoir à payer, pour que ton frère se sente obligé de payer la prochaine tournée. Alors que le barman prépare vos bières, tu fais un clin d’œil au mec que tu reconnais, celui que t'as frappé la dernière fois et file à votre table avec les bières. « Offertes par la maison, tu vois qu'on est les bienvenues ! » Que tu sors à ton frère avec un sourire. T'avales quelques gorgées de ta bière avant de la reposer, de l'observer. « Tu sais Vergil, faut vraiment que tu dormes, tu fais peur à voir. » Ses cernes étaient la preuve qu'il en avait besoin. « Tu bosses trop, tu devrais apprendre à profiter sérieux. Allez bois, ce soir tu te lâches ! »
Encore une soirée à ne rien observer, une soirée qui ne peut pas se terminer de cette façon et pourtant, tu dois te rendre à l’évidence. Tu es trop fatigué pour trouver quoi que se soit, la télévision affiche un écran sombre alors que tu poses la télécommande en soupirant légèrement. Tu espères juste qu’il ne va tuer personne pendant que tu prends du bon temps avec ton jumeau, c’est important d’avoir du temps avec sa famille et tu ne peux pas lui dire non une nouvelle fois. Surtout que ça te fait beaucoup de bien, et même s’il est sujet à problème, c’est évident qu’il serait capable de tout pour toi. C’est absolument réciproque. La dernière personne partageant ton sang sur cette terre, tu ne peux pas te permettre de le perdre, sûrement que tu perdrais l’envie de vivre par la même occasion. Ce n’est même pas envisageable. Tu attrapes la veste sur le fauteuil et l’enfiles avant de ranger ton badge d’inspecteur dans la poche intérieure, ton arme de service dans son étui à ta ceinture. Tu ne peux pas te permettre de sortir sans, et même si tu n’es pas en service, il ne faut pas rester désarmé dans une ville comme Exeter. Surtout quand on est un gardien de la paix. Tu dois rapidement rejoindre Dante au manoir pour aller boire un verre alors sans perdre une minute tu empreintes la sortie en vérifiant avant que tu n’as rien oublié sur place. C’est la première fois cette semaine que tu ne restes pas au poste pour une nouvelle nuit blanche à observer les caméras de surveillance ou te plonger dans un dossier à la recherche d’un indice. Ça va sûrement te faire beaucoup de bien.
« Te plains pas et monte dans le carrosse mon beau, je t'emmène à bord de mon cheval noir ! » À peine, dehors tu observes Dante qui devant sa voiture t’attend, tu hausses les épaules alors que sûrement une dizaine de paires d’yeux sont déjà sur vous. C’est que tout le monde sait de quelle famille, tu viens et si même pour certains ce n’est pas important, d’autres pensent que tu n’as tout simplement pas ta place dans la police. Tu n’as absolument aucune importance à donner à ce genre de personnes, ça ne t’embête pas de voir ton frère devant le commissariat. Bien au contraire. « Tu es en retard. » Tu lui accordes un bref sourire avant de t’exécuter et de rentrer dans le véhicule, attachant correctement la ceinture de sécurité. Tu n’es pas encore au bar, mais tu es déjà beaucoup mieux dans ta peau depuis que ton jumeau est dans les parages, c’est comme si vous étiez capables de vous rassurer l’un et l’autre rien qu’avec votre simple présence. Sûrement un truc de famille. Vous n’avez pas besoin de parler pour arriver à vous comprendre. C’est comme ça depuis l’enfance, et même s’il t’arrive de ne pas être toujours d’accord avec lui, il reste la personne sur terre pour qui tu pourrais prendre une balle. Une vie en échange d’une autre, pour lui, tu n’aurais même pas besoin de réfléchir pour t’interposer et rejoindre le néant. C’est sûrement ce qu’on peut appeler l’amour fraternel.
« T'inquiètes ça va bien se passer, ils nous ont oublié, j'suis sûr. » Tu hausses un sourcil en observant le bar en question, tu n’avais pas la moindre idée qu’il allait décider de choisir cet endroit pour la soirée. Tu n’as absolument pas oublié cette soirée ou tu as été obligé de te battre parce que Dante avait mal interprété un rire d’un parfait inconnu. Tu ne veux pas croiser la route de ces personnes, un policier qui se bat même s’il n’est pas en service, ce n’est absolument pas une bonne chose. Il faut que tu puisses conserver ta popularité et surtout un Blackwell doit mieux se tenir. Tu penses sincèrement tout ça. « T’es sérieux, mec. » Tu souffles et ouvre la portière, de toute façon, c’est un peu tard pour aller ailleurs et maintenant que vous êtes sur place autant rentrer et commander quelques bières. Une fois à l’intérieure tu redresses ta veste et observes ton jumeau alors qu’il repère dans un coin de la pièce, le même groupe de la dernière fois. Non mais, ce n'est pas possible. Tu passes une main dans tes cheveux, si ce n'est pas une embrouille qui arrive, tu ne comprends plus rien alors que tu prends place sur un siège à l’écart pendant que Dante commande. Tu essaies de penser à autre chose et de penser de façon plus positive, au moins le bon côté, c’est qu’en ce moment tu ne penses pas au boulot et tu ne penses pas à ce tueur que tu essaies d’attraper depuis presque trois ans. Une bonne chose. Dante revient et pose les deux bières. « Offertes par la maison, tu vois qu'on est les bienvenues ! » Tu acquises et lève ton verre comme pour le remercier, en lui faisant comprendre que la prochaine tournée est pour toi. Tu as largement de quoi payer pour toute la nuit, mais tu n’es pas du genre dépensier. C’est quand même gentil de la part du barman d’offrir les premières boissons, puis tu fixes le jeune homme devant toi en penchant légèrement la tête. « Dis moi. Tu n’as pas utilisé ton don ? » Tu lui dit tout le temps de ne pas utiliser ton pouvoir, que c’est beaucoup trop dangereux et que ça n’a rien de bien à abuser de ce genre de privilège. Il dit que tu devrais dormir plus, que tu bosses vraiment trop et il a totalement raison. Mais c’est plus fort que toi, le boulot avant tout. C’est très important. « Je sais, mais je n'ai pas tellement le choix. Je vais me reposer plus souvent, c'est une promesse. » Pourtant, il a raison. Ce soir, tu décides de te lâcher. Alors tu lèves le verre et trinque avec le bro. « Bon, à cette soirée ! » Tu prends une première gorgée très agréable, rafraîchissante et observe les alentours alors que de la musique depuis quelques minutes s'est installée dans le bar. Pour venir ajouter de l’ambiance, ça va bien se passer. « Alors. Tout se passe bien ? » Tu veux dire, depuis la dernière fois, dans sa vie. Tu veux savoir s’il n’a pas de problème, depuis toujours, c’est toi qui fait en sorte que chacun de ses ennuies soient rapidement réglés.
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