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 et dimitte nobis debita nostra ▬ saul

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Enoch Sinclair
- castafiore wannabe -
Enoch Sinclair
- castafiore wannabe -
damné(e) le : o06/03/2020
hurlements : o2669
cartes : oava fürelise la plus belle // sign exordium // moodboard par l'angelot
bougies soufflées : o42
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et dimitte nobis debita nostra
Seigneur, pardonne-moi pour ce que je m'apprête à faire.

Genoux dans la poussière, le son calfeutré des basses, bien trop lourdes, ne parvenant qu'à peine à ses oreilles. Ses doigts glissèrent le long des perles en bois de son rosaire, s'arrêtant sur chacune d'entre elles pour une prière. Il n'y avait que lui, Dieu et les bouteilles, dans cette réserve. Que le petit autel qu'il avait aménagé lors de son tout premier jour en poste derrière le bar. Il l'avait brigué, ce poste. Avait travaillé d'arrache-pied pour être repéré par le patron du Tartarus Club, réputé pour ne pas engager son personnel à la légère. Aucun moyen de savoir que de Dieu, Enoch était l'envoyé. Aucun moyen de savoir qu'il avait fait pénétrer le loup dans sa bergerie, le patron. Le minuscule autel, une bougie votive déposée devant une croix sanctifiée par le Chasseur, elle-même gravée à même le plâtre du mur. Son coin rédempteur pour l'Agneau de Dieu, plongé entre Sodome et Gomorrhe. S'y recueillir avant d'avoir à lutter contre l'adversité était devenu une habitude.
Ou venir y demander le pardon Divin avant d'entrer en croisade en était une autre. Une vibration à sa poche, entre deux murmures. L'écran lumineux du présent brisant les vacillements de la petite flammèche démodée. Caractères tout sauf purs apposés entre deux prières. Rosaire toujours en main, en répondant du tac au tac. Message envoyé à Saul Marsh, et le front qui revenait se déposer contre le sol dans une ultime supplique à son seul Maître. C'était pour Lui que les coins de la carte magnétique élimée s'enfonçaient dans la poche arrière de son pantalon. C'était pour Lui qu'il avait manipulé son employeur sans le moindre scrupule, s'octroyant une journée de repos qu'il n'aurait jamais dû obtenir. C'était pour Lui, encore, que se poursuivait cet étrange petit jeu avec le propriétaire du Sudden Death.

Seigneur, pardonne-moi pour ce que je m'apprête à faire.
Seigneur, si tu approuves ma décision, donne-moi un signe.


Un crissement, non loin de lui. L'instinct aux aguets, le Chasseur redressa immédiatement la tête. Jaugea les alentours à la recherche sinon d'un mouvement, au moins d'une preuve de son existence. Seul l'écho des basses du bar, le seul à être ouvert en cette heure de l'après-midi, lui parvint. Mais, quand il tourna la tête, il remarqua qu'une des vieilles bouteilles de whisky de la réserve avait légèrement bougé. Un rictus s'étira sur le visage du Chasseur, ses doigts s'enroulèrent autour de la bouteille qui lui avait été désignée. Le Seigneur avait parlé. Il avait de grands projets pour son soldat.

Parfaitement prêt, en attendant Saul Marsh. L'homme, d'abord une cible potentielle, était devenu une mission à part entière. Ce n'était pas seulement à cause de son étrange boutique, ce n'était pas uniquement à cause de sa réputation sulfureuse que Gabriel s'était penché sur son cas. Un homme qui vendait la mort avec autant d'application ne pouvait certainement pas être poussé par des intentions pures, c'était un fait. Mais outre l'aspect amoral de sa boutique, qu'Enoch considérait toujours comme une simple boutique de bricolage plutôt que ce qu'elle prétendait être, il y avait le patron lui-même. Un homme étrange, tout de flegme et de mauvaise humeur, dont le charisme magnétique ne laissait personne indifférent. Comme une sensation que l'homme n'était pas tout à fait humain, sans réussir à mettre le doigt sur le pourquoi. Il n'était pas incube, il n'était pas sirène, le Chasseur en avait suffisamment croisés pour savoir les différencier. Tout zombie ou Wendigo aurait déjà tenté d'en faire son déjeuner. Ce n'était donc pas ça non plus. Mais l'aura de l'homme, elle, n'avait rien d'humain. C'était avec cette certitude vissée aux tripes qu'il s'était lancé dans cet étrange ballet avec Marsh. Gardez vos amis proches, vos ennemis encore plus proches. Se glisser entre ses cuisses n'avait pas été dans les prérogatives du Chasseur, au départ. Mais l'opportunité présentée avait été trop belle pour ne pas être saisie. S'il réussissait à s'infiltrer d'avantage dans sa vie par ce biais-là, peut-être parviendrait-il à percer les secrets de l'homme au sourire cicatrice. Dieu ne l'avait pas foudroyé pour avoir cédé à cette facilité. C'était qu'Il avait approuvé, non ?

Parfaitement prêt, la carte élimée d'une chambre au deuxième étage du Tartarus Club entre les doigts. Rangé, le rosaire, impeccables comme à leur habitude, ses vêtements. La bouteille de whisky poussiéreuse les attendait là-bas, il avait même eu le temps de faire un brin de toilette. Un battement du bout du pied en attendant que le Vice approche pour lui couper les jambes. Et du feu le long des reins en apercevant enfin le regard perçant, d'un bleu glacial, à travers les différents clients du bar. Il n'attendit pas plus longtemps pour abandonner ses fonctions, glissant dans celles pour lesquelles il avait été façonné, le Chasseur. Fendit la marée humaine comme Moïse la mer, afin de rejoindre. Lui indiqua de le suivre d'un mouvement de la tête, sans s'arrêter, la démarche ample en se rapprochant de l'ascenseur. Le Tartarus Club était réputé pour tout ce qu'il s'y passait de pas net. Dégoter une carte pour s'y adonner avait été un jeu d'enfant. La chaleur du regard de l'autre, sur sa nuque, lui arracha un frisson d'anticipation.

-Tu as une minute de retard.

Sans se retourner, avant de s'engouffrer dans l'ascenseur. Inutile de laisser son index glisser le long des boutons, deux hommes avaient déjà pris cette 'initiative avant de fourrer leur langue dans le gosier de leur prostituée respective. Était-il leur juste collègue en agissant de la sorte, Gabriel ? Non. Dieu avait approuvé le geste, pour l'accomplissement de la mission.

Seigneur, pardonne-moi pour ce que je m'apprête à faire.


Calme avant la tempête, en attendant sagement que l'ascenseur les amène à leur destination. Brasier en sourdine le temps de glisser la carte magnétique dans la serrure de la chambre. La porte se referma sur Marsh autant que sur la raison.

Ils n'avaient pas le temps. Lèvres écrasées contre leurs paires, à la recherche d'air, à la recherche de plus. Mains aussi volages que pressantes, il n'entendit qu'à peine le bruit du sac que tenait Marsh tandis qu'il s'effondrait au sol. Les sens assourdis par le besoin, par les battements erratiques de son corps, par les grognements de Marsh. Corps écrasé contre corps, et ce feu qui ne cessait de croître. Ils n'avaient plus le temps d'attendre. Habiles, ses doigts, en s'acharnant sur la braguette de l'autre. Habiles, en se faufilant pour l'attraper à pleine main, s'imposant sans le moindre scrupule. Pas le temps entre morsure et ivresse, entre envie et besoin oppressant. La sensation de son propre pantalon qui lui tombait sur les cuisses. Tout juste le temps de tendre un bras vers la table de chevet la plus proche pour tirer le petit tiroir. Ils les connaissait, ces chambres, pour avoir dû faire le room-service. Il savait quelles merveilles se cachaient dans leurs meubles.

Marqua un temps de pause, très bref, lorsque ses yeux noisettes s'accrochèrent à des mots en or sur une couverture brune. Holy Bible. Tétanie, malgré le roulis des reins de Marsh entre ses cuisses. Coupable, en retournant le missel, avant d'attraper les deux préservatifs qu'il cherchait initialement. Approbation de Dieu ou signe qu'il était temps d'arrêter ? Il n'eut pas le temps de se pencher sur la question, la joue contre le mur, le pantalon sur les genoux, Saul collé contre son dos. Qu'importe que ça fasse mal sous la précipitation. Qu'importe que le nom du Seigneur roule, libérateur, le long de sa gorge.  

Seigneur, pardonne-moi pour ce que je viens de faire.


Endolori mais comblé, à défaut d'être parfaitement repu. Ce serait l'affaire du temps, ça. De leur propension à s'entretuer mutuellement. Allongé sur le dos sur le lit encore fait, Enoch tira sur le noeud de sa cravate pour la défaire. Habitué à manquer d'air, mais pourtant, cette envie d'éprouver enfin un minimum de confort. Confort qu'il n'éprouvait absolument pas, sa chemise trempée de sueur lui collant désagréablement au cuir. Trop de précipitation. La chose avait été plaisante, mais il ne pourrait probablement pas sortir de cette chambre avant d'être à moitié présentable. La location des lieux avait beau se faire à l'heure, il avait réussi à convaincre la réceptionniste de la section hôtel de lui faire une fleur. Une chance pour lui. Il avait de grands projets.
Un grognement satisfait en s'étirant, et il se tourna sur le côté. Croisa le regard perçant du vendeur de mort. A défaut de la grande, il lui avait donné la petite. Excellent service clientèle.

-Je pensais te servir un verre avant, mais...

Un haussement d'épaules, une main dans ses boucles noires encore douloureuses d'avoir été tirées. Main qui s'éleva pour repousser une mèche chatain alors qu'elle lui voilait le regard glacier de sa proie.

-T'as soif ? Je te sers dès que j'arrive à me lever.

Simulacre de faiblesse passagère. Bien sûr qu'il était en capacité de se lever maintenant pour leur servir à boire, le soldat. La douleur faisait partie de son quotidien depuis aussi loin qu'il soit capable de se souvenir. Mais toujours, toujours passer pour ce qu'il n'était pas. Un enseignement seriné par le Pasteur Sinclair, gravé à même sa cervelle en même temps que cette même douleur. Il laissa le bas de son dos se détendre contre le matelas. Finit par se redresser malgré tout, ne supportant plus la moiteur de ses propres vêtements. Cravate, chemise et gilet finirent sur le dossier d'une chaise. Le whisky coula finalement dans deux verres d'une propreté douteuse qu'il rapporta au niveau du lit.

-Au service de livraison du Sudden Death. Cinq étoiles. Je ne manquerai pas de laisser un commentaire sur yelp.

Claquement de langue appréciateur sous la brûlure du liquide. Il jaugea les traces rouges le long de la peau de Marsh avec un haussement de sourcil, avant de se laisser retomber sur le dessus de lit. Il n'avait pas été touché. Pas encore.

-Quel est ton verdict sur la partie hôtel de mon respectable lieu de travail ?

Il esquissa un sourire à la réponse. Finit par se redresser sur un coude pour mieux siroter son alcool, le regard rivé sur son partenaire. Il l'avait remarqué, lors de leurs quelques entrevues. La passion donnait de la vie à cet homme qui semblait toujours en manquer cruellement. Mais jamais le sourire. Un jour, viendrait, peut-être qu'il arriverait à lui insuffler ça aussi. Ce jour-là, le chasseur aurait vraiment réussi à s'infiltrer jusque dans les tréfonds de sa vie. Peut-être qu'alors il aurait les réponses aux interrogations qu'il lui était impossible de lui poser dans l'immédiat.
Qu'est-ce que tu es ?

Un frisson le long de la nuque, qu'il attribua à la sueur. Une autre gorgée de whisky, le rictus s'étira de nouveau.

-Toi aussi, tu nécessitais cruellement d'une distraction pour couper une journée trop morne ?
code by EXORDIUM. || avatar by ethereal-rpg





But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down



Dernière édition par Enoch Sinclair le Jeu 3 Déc - 1:15, édité 1 fois
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Saul Marsh
- le plus beau cu(pidon) -
Saul Marsh
- le plus beau cu(pidon) -
damné(e) le : o05/07/2019
hurlements : o3914
pronom(s) : oshe/her.
cartes : o(av/icons) fürelise (cs) akindofmagicstuff (sign) tucker.
bougies soufflées : o38
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Depuis qu'il était un jeune bambin, Saul détestait recevoir des ordres. Il était souvent l'enfant que l'on souhaitait punir, façonné dans un bois semblable à celui de son grand père, mais dont le reste de sa famille n'avait malheureusement jamais hérité. Ses parents avaient toujours eu du mal à le faire obéir, se faisant une raison après un certain âge concernant le peu d'autorité qu'ils exerceront à jamais sur lui. Lorsqu'il les écoutait, qu'il se pliait à certaines de leurs volontés alors que le coeur ne lui dictait pas d'emprunter ce chemin, ce n'était jamais par obligation. Il se faisait obéissant afin de faire une croix sur les remarques, sur les demandes, et sur les heures entourés de ceux qui ne faisaient que le tirer vers des convictions qu'il rejetait en bloc.
Et pourtant, lorsqu'il avait reçu l'injonction sur son téléphone, il n'avait pas refusé. La réponse ne s'était pas faite attendre, indiquant avec son flegme caractéristique son avis sur la question, en acceptant toutefois de se faire porteur d'une marchandise qu'il ne vendait pas. Il ne savait pas réellement pourquoi il ne lui avait pas rétorqué de se démerder, et s'en voulait un peu de n'avoir eu la présence d'esprit de ne pas répondre. Il y avait peut-être une part de lui qui gardait une curiosité constante face à l'audace d'Enoch, un culot qu'il ne voyait que chez très peu de personne. Il lui fallait beaucoup de retenu pour ne pas prendre ces élans pour de l'impertinence, facilement braqué face à ce genre de réactions.

Il ne se pressait pas, sachant parfaitement où en il était dans sa course. Les rues n'étaient pas bondées, ses pas étaient réguliers, et il avait eu quelques minutes d'avance sur l'horaire proposé au barman. L'achat du nécessaire n'avait pris que peu de temps, et il ne lui avait fallut que quelques minutes pour réunir les éléments de sa boutique dans un sac, et fermer ses portes pour la soirée -et le lendemain. Il marchait tranquillement, se frayant un chemin entre les gens comme s'ils n'existaient pas. Lui qui avait cette démarche toujours si droite et nonchalante à la fois, n'avait pas besoin de souplesse pour passer entre les mailles de la foule. Il faisait beau, et il remerciait le froid ambiant de forcer la population locale à rester près de leurs radiateurs domestiques.
Il arrive en avance. Un oeil jeté sur sa montre, rictus mauvais en accueillant l'idée d'une légère attente en dehors de l'établissement. Non, il n'arrivait jamais en retard, mais il pouvait bien se permettre une légère minute de répit pour faire passer quelques messages à l'attention du Sinclair. Il s'agissait à la fois de j'arrive quand je veux, et de je ne me suis pas pressé pour toi. Il reste alors à l'extérieur, regardant d'un air mauvais le petit peuple d'Exeter, dans leur habitat secondaire le plus crasseux. La rue. L'extérieur de cet établissement dont la réputation n'était plus à faire. Saul n'y avait jamais mis les pieds, mais n'était pas étonné de voir toute sorte de profils quitter les lieux.

Regard qui revient sur son cadran, et il pousse enfin la porte en apercevant sa minute de retard entamée. Parfait. Satisfait, il joue de ses coudes pour évacuer la présence de ses contemporains, et rejoindre la présence du barman qui semblait déjà l'attendre. Il ne se laisse pas prier pour le suivre, captant son mouvement de tête. Un bref sourire -rictus plutôt- à sa remarque concernant l'heure, signifiant : mission accomplie. Fier de lui alors qu'il pénètre dans l'ascenseur, sans jeter de regard au deux hommes aux bras de leurs consommations. Il se contente d'un haussement de sourcil en murmurant à l'oreille d'Enoch : - Tu vas être déçu, mais j'ai pas l'intention de te payer. Il hausse les épaules, mains dans les poches, l'air de dire : la douille. Arrivé à l'étage souhaité, il marche à sa suite dans son pantalon à pinces parfaitement taillé, attendant le début des festivités, le sac de courses coincés à son poignet.
Plastique qui se retrouve bien vite au sol, mains sortis des poches pour prendre possession de celui qui l'avait amené jusqu'ici pour une raison précise ; qu'il comptait honorer. Les lèvres ne se font pas prier pour attraper leurs soeurs, ne laissant aucun répit au souffle d'Enoch qui se faisait aussi court que le sien.

Il n'ont pas le temps pour les mondanités, habitués à être très brefs avant la tâche à chacun de leurs rendez-vous. Les habits ne restaient pas longtemps en place, pantalons baissés et chemise juste assez déboutonnée pour ne pas crever sous la pression du tissu contre son torse. Il n'attend pas avant de plaquer l'autre contre le mur comme s'il n'était qu'un tas de paille, et de s'installer à sa suite, tambourinant son corps contre le sien, à en faire céder le joint des murs. Une main contre le mur, à plat, l'autre agrippée à ses cheveux afin de lui tiré la tête en arrière pour ne délaisser ce cou qu'il dévorait plus qu'il n'embrassait. Il essayait de ne laisser aucune trace ; pas question de faire comme les adolescentes en mal de cul qui marquaient la peau des autres à défaut de les marquer autrement.

La besogne terminé, allongé sur ce lit qui n'aura pas été d'une grande utilité pour le moment, Saul croise les mains derrière sa tête, respirant profondément en chassant les tensions de son corps. Contrairement au barman, il était totalement nu, ayant pris la peine de tomber sa chemise pendant l'échange de fluides. Et il ne s'en sentait aucunement gêné, très à l'aise avec son corps. Un regard sur le côté, il analyse la moindre parcelle de peau de son partenaire, satisfait de la marchandise. Déjà l'idée d'entamer un prochain round s'installe dans sa caboche. Il décroise les bras de derrière sa tête, et imite la posture de son camarade, sur le côté à le regarder en détendant tous ses muscles. Décoiffé, il ne savait pas quel air il donnait, tignasse qui laissait quelques mèches tomber devant ses yeux, mais qu'il ne touche pas, trop absorbé par l'énergie fascinante qui vrillait son être. Il était canon l'autre, il ne pouvait pas lui enlever ça.
L'oeil intercepte le geste amorcé par le quelques doigts qui s'élèvent, retrait léger du coeur en les sentant replacer une partie de ses cheveux alors que sa tête, elle, n'a pas bougé. Grimace intérieur qui ne se voit pas sur son visage, alors qu'il hoche simplement la tête pour approuver ce qu'il dit, économisant ses mots. Il ne se gêne pas pour le regarde avec gourmandise une fois le reste de ses vêtements retirés, en gardant à l'esprit la proximité durant le sexe ne donnait en rien le droit d'une proximité hors coït.

Main tendue, il attrape le verre qu'on lui offre, ne faisant aucune remarque concernant la propreté de ce dernier. Il ne lui fallait rien de plus que le contenu, ne se souciait guère du contenant. Le liquide fait du bien, trace un sillon chaud dans une gorge déjà chaude. Il retire ses lèvres du liquide ambré, dans une moue signifiant : ça m'plaît, et jette un regard en direction de son hôte. Il ne s'est pas soucié de vérifier ce qu'il avait dans son verre, estimant avoir assez côtoyé cet homme pour ne pas avoir à se méfier d'éventuelles cachoteries. Il garde le verre dans une main, avec la ferme intention de poser l'autre ailleurs. - Le personnel est aux p'tits soins, je me suis bien attaché à eux. Le mot n'est là que pour faire passer un message sur ce qu'il prévoyait pour la suite des évènements. Il avait amené la corde demandée, et une de plus pour leurs folies les plus inavouables. Il plonge une nouvelle fois les lèvres dans le whisky, et ajoute. - Je n'ai pas terminé de tester la solidité du mobilier, il va me falloir encore du temps avant de rendre mon verdict. Il pose son verre près de la table de nuit et se redresse légèrement pour venir poser son dos contre la tête de lit.

Il se regarde un instant, passant le doigt sur un des marques prolongées le long de son torse, rougi par les multitudes de sensations offertes durant l'étreinte. Il reporte ensuite son attention sur lui, reprenant son verre un instant pour y tremper les lèvres avant de le reposer. - Disons que ton message tombait à point nommé. J'adore sauver les demoiselles en détresse de leur ennui. Il se passe la langue sur les lèvres, en continuant d'étudier Enoch, des pieds à la tête, avec grande attention. Tendant un bras dans un coin de la pièce, il désigne le sac abandonné à l'entrée. - Tu as tout ce que tu as demandé là-dedans, tu pourras repartir avec si je suis satisfait de tes services. Il lui adresse un clin d'oeil, abattant une main sur son torse, légèrement penché vers lui. Sa paume remonte le long de son buste, sans qu'il ne le quitte du regard, pour terminer contre son cou qu'il attrape doucement, sans serrer. Grisé par la prise, l'envie de fondre sur lui une nouvelle fois qu'il calme doucement. Il affiche un sourire, qui n'en est pas vraiment un, et le relâche en se relevant. Il fait rouler ses muscles en allant vers le sac en plastique, et se penche pour attraper le couteau qu'il lui avait réclamé. Quelques pas vers le lit, et il le regarde en passant son pouce sur la lame, doucement. - Respecte tes engagements... Il jette sans risque le couteau à plat contre les draps, corps toujours debout à le fixer sans ciller. - ... montre-moi quelle utilité tu en as.



AIN'T GONNA BE ALONE
tell me do you really think you go to hell for having loved ? tell me and not for thinking every thing that you've done is good. i really need to know. after soaking the body of jesus christ in blood.
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Bien plus à l'aise dans ses mouvements, sans l'entrave humide de ses vêtements. La langue toute aussi dénouée que ses propres muscles, les endorphines adoucissant tout son système. Goût du danger, peur de pécher avec l'impiété ou tout simplement les lois de l'attraction, le sexe n'avait pas la même saveur avec Marsh. Il n'aurait pas su expliquer en quoi les choses étaient différentes, Enoch. Juste qu'il le sentait. Les sensations n'étaient pas les mêmes contre la peau de quiconque d'autre. Et s'il n'avait jamais frayé avec le démon, les incubes ou les succubes, le Chasseur savait quels effets ces créatures abjectes pouvaient avoir sur ceux qu'elles attiraient dans leurs filets. Ce n'était pas le cas, avec Marsh. Alors quoi ? Le pouvoir d'une attraction sans pareille, de celles qu'on qualifie d'animales plutôt que d'humaines tant elles dépassent la raison ? L'homme était, après tout, particulièrement agréable à l'oeil. A moins qu'il ne s'agisse d'autre chose ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, l'Archange. Se laissa aller à dégoiser des banalités post-coïtales comme il l'avait vu faire maintes et maintes fois dans ces médias qui lui avaient été interdits avant le décès du Pasteur Sinclair. Comme il l'avait vu faire entre ses propres draps. Ruth. D'autres. Les endorphines rendaient certains sinon bavards, au moins particulièrement dociles. Et, le frisson caractéristique de la traque le long de la nuque, il constatait progressivement que c'en était de même pour Saul Marsh. Lui qui avait pris ses sarcasmes pour un mécanisme de défense, il comprenait à présent que l'autre en avait fait un véritable art de vivre. Un flegme caractérisé et assumé qui n'était pas pour déplaire au Chasseur. Un esprit vif dans une tête bien faite, et un corps qui suivait bien la cadence. Quelques fois, il lui semblait qu'ils étaient faits du même bois.
Puis il se souvenait que Saul Marsh n'était pas son égal, il était sa proie.

Sa proie. Difficile à reconnaître dans la position où il s'était lui-même volontairement mis, quelques minutes plus tôt. Le soupir encore brûlant de whisky, il ricana spontanément au jeu de mots. Nota mentalement que Marsh n'avait pas réagi à la moitié de ce qu'il avait raconté. Une annotation en rouge dans le dossier Saul Marsh retranché dans sa mémoire : ne s'embarrasse que du superflu qui l'arrange. Taillés dans le même bois, et pourtant opposés, les deux hommes. Ils auraient peut-être pu s'entendre, sous d'autres auspices. A moins qu'ils ne le puissent encore, pour peu que Marsh prouve définitivement que les doutes d'Enoch n'avaient rien de fondé. Enoch qui esquissa un sourire amusé au trait d'esprit qui suivit. Un haussement d'épaules, en replongeant son nez au fond de son verre.

-Une chance que nous ayons tout notre temps.

La chance n'avait rien à voir avec tout ça.
Aucun des deux hommes n'était dupe, et Saul avait déjà eu l'occasion d'entendre la voix de l'Archange se déverser de sa gorge. Une voix qu'il aurait pu faire retentir pour lui faire cracher tous ses secrets, mais non. Son don n'était pas assez fiable selon Michael. Une confession obtenue de force n'avait aucune valeur, encore moins quand on peut plier les âmes à sa propre volonté. Nouvelle gorgée de whisky, pour chasser le regard impérieux de son frère de sa caboche. Brûlure aussi le long et de l’œsophage, et du dos, en sentant le regard de Marsh glisser contre sa peau. Un autre point appréciable chez l'homme. Il ne s'embarrassait pas de superflu, mais n'était pas ingrat pour autant. Et si le soldat n'était pas sans connaître chacune des cicatrices qui lui striaient le cuir, sans parler de celle, encore rouge, du cilice qu'il portait encore occasionnellement autour de la cuisse gauche, il ne voyait aucun problème à les lui dévoiler. Les autres pâlissaient, lorsqu'ils observaient les lézardes qui décoraient sa peau. Marsh, lui, ne voyait que l'ensemble. A la bonne heure.
Parce qu'Enoch avait compris une chose, de l'homme qui abattait maintenant une main obséquieuse sur sa poitrine. C'était que la curiosité qui l'animait était un terrible défaut.

Bien évidemment, il n'allait pas reconnaître que c'était précisément pour cela qu'il était dans ce lit, nu comme un ver. Laissant son propre regard couler sans gêne sur la plastique appréciable de Marsh, il fronça légèrement les sourcils. Une princesse ? Un grognement :

-Fais attention, à bien des égards, tu était tout autant une princesse en détresse que moi.

De son propre aveu, Saul ne vivait pas la journée la plus palpitante de son existence. C'était justement parce qu'il avait piqué sa curiosité qu'Enoch l'avait fait arriver jusqu'ici. Sous un certain angle, c'était lui qui lui avait sauvé la mise. A moins que son ego n'ait inventé l'aveu de l'autre. Quelle que soit la perspective, il suivit le mouvement Marsh des yeux, l'ombre d'une moue vexée au creux des lèvres. Posa son verre de whisky sur la table de chevet. Gratifia l'autre d'un regard impérieux, un "bon sûr que je serai à la hauteur" au fond des iris. Il n'avait aucun doute quant à ses propres capacités.
N'en éprouva pas plus alors que la main de Marsh s'abattait sur son torse. Encore moins alors qu'elle cheminait vers sa gorge. Un frisson dévala le long de sa colonne vertébrale sous la pression des doigts contre sa trachée. La moue disparut au profit d'une ébauche de sourire. Aucune peur, que de l'envie, dans les iris noisette. Son corps qui réagissait déjà sous l'intensité de l'étreinte, ses doigts s'enroulant spontanément autour du dessus de lit. Reins qui se creusaient langoureusement sous la menace, le Chasseur parfaitement confiant. Marsh n'en ferait rien, Enoch en était persuadé. Ses yeux avaient beau être perçants, ils l'étaient naturellement. Mais il ne voyait pas la même flamme qu'il lisait dans le regard de sa propre fratrie, quand venait l'heure d'une purification. Saul pouvait se prétendre spécialiste de la Mort, il n'en était rien, lové dans sa petite boutique de bricolage aux airs faussement immoraux. Il n'aurait pas le courage de l'étrangler. Le Soldat de Dieu en était convaincu.

Un feulement sous les doigts clairs, pendant qu'il serrait à peine. Jusqu'à ce qu'ils s'évanouissent, laissant derrière eux un frisson de frustration. Lui-même vite évanouit devant l'expression changeante de son compagnon. Etait-ce... un sourire ? Rictus sur le visage du chasseur, le regard rivé sur le dos charpenté de sa proie. Si l'impassible avait souri, même l'ombre d'une ombre de sourire, Enoch était sur la bonne voie. Attention renouvelée au moindre de ses gestes en le regardant évoluer jusqu'au plastique. Ses sourcils se haussèrent en apercevant l'éclat de la lame voler dans sa direction. Et son rictus, à lui, de s'élargir devant l'injonction.

-Si tu insistes.

Aguicheur, en se redressant de toute sa hauteur. Ses doigts s'enroulèrent autour du poignet de Marsh et, sans prévenir, il le tira sèchement dans sa direction. Aucune violence, mais une maîtrise parfaite en le faisant basculer le dos sur le dessus de lit démodé. Souplesse du chasseur en se hissant au-dessus de sa proie, lui barrant toute échappatoire. Et s'il pouvait sentir la chaleur de sa peau à quelques centimètres à peine de la sienne, il n'en fit rien. Une main tenant fermement l'épaule de Marsh pour l'enfoncer d'avantage dans le matelas. Le rictus toujours vissé aux lèvres en enroulant les doigts de sa main libre autour du couteau. Mauvais angle. Regard fixé dans les glaciers du Marchand de Mort en faisant voltiger la lame pour la rattraper par le manche, sans même la regarder. Et la loger tout contre la glotte de l'autre, juste assez pour qu'il en sente la morsure, insuffisamment pour faire couler le sang.

-Il servira à couper quelque chose, reste à savoir quoi...

Prolongement de sa main, il laissa la pointe de l'objet couler le long de la gorge de Marsh, épousant la courbe de sa pomme d'Adam, le tracé de ses tendons, le creux de sa carotide. Elle s'y arrêta comme dans un soupir, ou dans une hésitation avant de poursuivre son cheminement jusqu'au plexus solaire. Brusque, en s'asseyant sur le bassin de l'autre. Vif, en soulevant la lame comme pour l'abattre avec la maîtrise parfaite que lui avait enseignée le Pasteur sur sa proie. Il pourrait le faire, le travail. Maintenant. Les meurtres arrivaient quelques fois entre ces murs, personne ne s'y intéresserait. Il ne serait même pas difficile de convaincre le reste des employés qu'il n'avait rien à voir avec toute cette histoire, ou le cadavre de Marsh entre des draps parfaitement immaculés. Pour l'instant.
Frisson de chaleur le long des reins, en reposant bandant son bras. Il le laissa tomber sans prévenir en direction du plexus solaire de l'autre. S'arrêta dans le geste avec une maîtrise toute aussi parfaite, son rictus coulant le long de ses joues. S'acharner à tirer des expressions sur ce visage impassible était bien trop grisant pour l'abattre tout de suite. Il reposa le couteau à côte de lui et reproduisit le tracé de la lame du bout de l'index. Parfaitement affûtée, elle avait laissé une estafilade rougeâtre dans son sillon.

-Je ne suis pas un boucher, contrairement aux apparences. Hors de question d'abîmer un aussi bon couteau sur des os.

Toujours à califourchon, il attrapa le manche de l'outil et le refit voltiger dans les airs pour le rattraper. Tu te donnes en spectacle, Gabriel. Les commentaires désobligeants de Michael en fond de pensée, il ferma les yeux une seconde pour mieux les chasser. Les rouvrit tout en sourire et reposa le couteau sur la table de chevet, s'étendant, félin, pour recouvrir le corps de Marsh du sien. Libres, ses doigts glissèrent le long des avant bras de l'autre. Empoignèrent ses poignets sans une once de scrupule. Sa voix roula, suggestion convaincante, au fond de sa gorge. Trop convaincante.

-Oublie toutes ces questions concernant l'utilité de ce couteau, j'ai un autre moyen d'occuper tes pensées.

Déjà, ses lèvres coulèrent le long de la mâchoire ciselée de l'autre, annonciatrices de ses méthodes à venir pour l'amener où il voulait. Car il avait de grands projets pour le Marchand de Mort, le Chasseur. Certains profitables, d'autres plus agréables. Mais chacun avait la même portée qui lui titillait le creux des reins, dans l'immédiat. Il finit par se redresser, sans quitter l'autre du regard. Tendit une main vers le sac en plastique, imitant sa démarche quelques instants auparavant. Sauf que ce fut dans les mains de Saul qu'Enoch jeta une des deux cordes.

-Et toi, quel projet avais-tu qui implique cette corde ?

Une méthode comme une autre de détourner la conversation, après tout.




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Saul Marsh
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Il a hâte de découvrir ce qui se cache dans la tête bien rempli de son compagnon. Lui qui réclamait des outils de grandes qualités pour des raisons obscures. Ce n'était pas pour les besoins de son travail, les cordes n'ayant aucune utilité dans le métier de barman. Peut-être qu'il avait un second emploi, mais lequel pouvait-il exercer en parallèle ? Il ne le voyait pas faire de métier trop physique, rien nécessitant trop d'efforts. Ses mains étaient bien trop jolies pour servir à quelque chose de trop rude. Mais il ne l'avait pas vu suffisamment pour émettre d'hypothèse. Il n'y avait que le temps pour lui donner des réponses, et lui poser de nombreuses nouvelles questions. Les faits et gestes de celui qu'il avait suivi jusque dans cette chambre miteuse lui étaient encore abscons, et sûrement n'avait-il pas assez d'éléments pour décrypter ne serait-ce qu'une infime partie de cet individu. Intrigué pourtant, il comptait bien se servir de ses charmes, et de tout ce qu'il avait de pouvoir pour parvenir à lever le voile sur tout ce qu'il gardait secret. L'utilité de cette arme comme premier objet d'étude, pulsions à comprendre et satisfaire. Il aurait refusé de poser directement la question dans d'autres circonstances, mais la présence du surin dans le sac en plastique était trop lourde pour qu'il ne l'ignore. Ses pensées ne peuvent s'empêcher de s'y attacher, même si la réponse aura finalement peu d'importance. Lui qui se moque de tout, qui ne donne aucun crédit à ce genre de détails, ne peut s'empêcher de spéculer sur tant de choses le concernant.

Il lui demande alors, directement, sans détour. Comme s'il avait l'obligation de lui répondre, qu'importe la raison. Pourtant, ils ne se devaient rien, et Saul n'avait en rien le droit de lui imposer un quelconque interrogatoire. Il s'attendait à une réponse, verbale, quelques mots pour donner une utilité à cette lame qu'il avait pris le plus grand soin de choisir afin d'apporter la plus affûtée. Mais ce ne sont pas des paroles qui l'atteignent, mais des doigts habiles prêts à l'empêcher de se défiler. Il ne l'aurait pas fait, quoiqu'il arrive. Dos au drap, surpris par la rapidité avec laquelle il l'avait acculé contre le matelas. Il reste immobile, un air carnassier aux lèvres en le sentant aussi proche de son propre corps. L'envie de reprendre le dessus, attraper sa gorge et le mettre à genoux pour le punir de se penser autorisé à le surplomber comme s'il était une adolescente attendant sa première pine. L'insulte précédente raisonne encore dans sa boîte crânienne : une princesse en détresse, vraiment ? Et malgré l'affront, il ne cille pas, n'essaie pas même de se relever pour lui faire ravaler son geste. Il attend, sagement, les yeux dardés dans les siens. Curiosité ? Il n'en sait rien. Seulement occupé à le détailler, un air de défi au fond des prunelles signifiant : vas-y, qu'on commence enfin à s'amuser. La sentence ne tombe pas, malgré son souffle retenu. Il relève légèrement la tête au contact de la lame, ne relève pas son admiration pour la dextérité avec laquelle il manie cette arme qu'il venait tout juste de prendre en main. Hors de question qu'il lise la surprise dans ses prunelles. Il ravale son envie de sarcasme, le besoin de lui faire remarquer qu'un couteau pour couper était assez évident. Couper ? Sans blague, moi qui pensait que tu t'en servirais comme d'une corde à sauter.

Tête toujours relevé, glaciers concentrés sur son regard, le rictus ne fait que s'élargir en sentant la morsure de la lame dévaler sa peau. La poitrine se lève plus rapidement, respiration très légèrement accélérée, mais il n'est pas certain qu'il s'agisse de la peur. L'excitation peut-être. L'adrénaline. Frissons tout du long, mais le regard toujours braqué sur lui. Il ne ferme les yeux qu'en sentant un doigt prendre le même chemin que la lame. Et malgré l'arme à proximité, il se sent serein, ne redoute absolument pas la suite des évènements. Ce n'était pas une question de confiance, lui qui ne croyait en personne, mais d'un attachement tout particulier à la mort. Il pouvait bien mourir sur le champ, ça lui était égal. Lui qui courrait après cette libération depuis bien longtemps, ne se plaindrait pas d'en subir la prise dans de telles circonstances. Non seulement sa dernière vision aurait été bien agréable, le corps de l'autre gravé pour toujours sous sa rétine, mais ce serait également un parfait retour de flamme contre sa mère. Son fils retrouvé assassiné dans la chambre d'un établissement comme le Tartarus. L'idée était affreusement plaisante.
Mais avant cela, il voulait avoir une réponse. Elle risquait d'être bien décevante, mais il prenait le risque. Quelle déception d'entendre de ses lèvres un trivial : Je fais des travaux chez moi. Je fais une collection. Ou n'importe quelle autre raison qui n'impliquait pas un minimum de mystère.

L'idée quitte son esprit ; comme par enchantement. En un instant, le couteau est oublié, la question envolée, et l'attention revenue sur la simple présente de la présence grisante du barman au-dessus de lui. Jusqu'à ce qu'il s'éloigne, laissant Saul le regard oisif. Il se redresse finalement sur ses avant-bras, après avoir passé une main à sa gorge, satisfait de presque pouvoir sentir la lame apposée contre sa peau réchauffée par l'excitation. Il coule un regard vers Enoch, en attrapant la corde qu'il impose dans ses mains. La question retournée, habilement.
Mais Saul n'était pas un homme de mots, c'était un homme d'action. Il n'en avait pas l'air, son flegme habituel le caractérisant bien mieux que tous les gestes du monde. Mais parler était une perte de temps dans certaines situations, et il se félicitait parfois de ne pas faire partie de ces blablateurs insupportables qui pouvaient écouler de longs discours sans substance, et se faisait ombre lorsqu'il fallait mettre les termes à l'oeuvre. Il se redresse encore légèrement, et de son index, réclame au brun de se rapprocher de lui. Il sait qu'il n'a pas la même précision que lui dans ses gestes, et bien qu'il vende des outils d'une qualité remarquable, il ne sait pas aussi bien les manier que son adversaire. Mais il n'était pas le dernier non plus, et avait de l'expérience en cordage. En particulier dans l'obscurité, dans l'intimité, en un contre un. Et il savait que, dans ce domaine, il était inimitable.
Il enroule une main ferme autour de l'extrémité de la corde et l'autre à un mètre de la première. Il n'a pas besoin d'être vif, ni abrupte, il sait que l'autre se laissera faire sans qu'il n'ait à le surprendre. Il se redresse alors sans se presser et passe la corde derrière la nuque d'Enoch, afin de le forcer à se rapprocher de lui en tirant légèrement sur la corde. Lèvres proches des siennes, il s'interdit d'y goûter. - Magnanime, je vais te montrer directement. Il fait un tour avec le lien afin de le prendre à la gorge, sans serrer, qu'il sente simplement sa présence tout autour de lui, et le fait basculer contre le lit sans se presser, une fois de plus. Face contre le matelas. L'image est belle, savoir qu'il a sa vie entre les mains, et qu'il pourrait y mettre en terme sans que l'autre puisse riposter. Du moins, il n'en est pas tout à fait sûr, ne connaissant pas les aptitudes exactes de l'homme, et ayant été témoin de son habileté à manier la lame ; peut-être avait-il également quelques facilités au combat. Mais la sensation n'en était pas moins plaisante. Evidemment qu'il ne prendrait pas sa vie ; il n'était pas un tueur. Mais il aimait sentir qu'il en avait la possibilité.

Installé contre lui, appuyé sur ses deux coudes, le bassin pressé contre lui, il baisse la tête pour déposer ses lèvres contre son épaule. Mais le geste ne ressemble pas à un baiser, à peine une caresse ; plutôt un avertissement. - Si tu veux que j'arrête, dis-moi ... Il resserre sa prise autour de son cou un bref instant, dans l'espoir d'apercevoir une quelconque réaction. - ... mais je ne suis pas sûr de t'écouter. Il se moque du safe word, et ne compte pas lui en accorder un.

____________________________

Il est plus fatigué qu'il ne le pensait. Ce n'était pas à cause de ses efforts physiques, ou de l'endorphine libérée. Non. Mais il ne savait pas exactement mettre de mot sur ce qui avait ainsi puisé dans ses réserves. La raison était pourtant évidente pour toute personne croyant en ces choses-là. Son affection. Lui qui n'en avait pas conscience, et donc ne s'en servait pas -ne savait pas s'en servir-, se retrouvait bien surpris de sentir cette sensation étrange où son énergie s'en allait de manière particulière. Le phénomène était survenu pendant l'acte, alors qu'il était concentré à autre chose.

Assis, dos à la tête de lit, il essaie de faire passer cette vague étrange qui s'est installée dans ses membres. Quémander à ses forces de revenir, en regardant ses mains. Il en lève une qu'il analyse, remarquant qu'il ne l'a pas senti ni tremblante ni douloureuse depuis qu'il est entré dans le bar. Peut-être parce qu'il n'a pas eu à y penser, trop absorbé par celui toujours présent à côté de lui. Il rebaisse sa main, et attrape l'extrémité de la corde. Il tire dessus, dénouant une à une les entraves liées ici et là sur le corps masculin. Il n'y est pas allé de main morte, utilisant l'intégralité de la longueur de la corde pour ficeler à des zones stratégiques. Il laisse ensuite la corde lui tomber dessus. - Tu peux la garder, j'en ai mis une autre dans le sac, pour ta soeur. Il souffle un coup, libérant quelques tensions dans son corps, et tire le tiroir de la table de chevet pour en sortir le bouquin qu'il avait aperçu un peu plus tôt, lorsque le barman avait attrapé leurs protections. Il ouvre la bible, et feuillette tranquillement ; un comble après ce qu'ils venaient de faire, mais Saul aimait avoir de la lecture après l'orgasme, il faisait avec ce qu'il avait, quitte à s'essuyer sur le visage de jésus.

lancé de dés:




AIN'T GONNA BE ALONE
tell me do you really think you go to hell for having loved ? tell me and not for thinking every thing that you've done is good. i really need to know. after soaking the body of jesus christ in blood.


Dernière édition par Saul Marsh le Ven 23 Oct - 14:59, édité 1 fois
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Des tremblements le long des membres, le long de la peau. Souffle encore court en se laissant retomber contre le dessus de lit, en même temps que les liens enfin desserrés. Des filaments dorés traversant encore sa vision périphérique, il se libéra avec une lenteur exquise. Chacun de ses membres noyés dans les endorphines, dans ce sentiment de plénitude rare qu'Enoch n'avait jamais éprouvé qu'à certaines de leurs sessions de jambe en l'air. Le sexe avec Saul Marsh était différent d'avec les autres. Pas à cause de son intensité, pas à cause de sa violence sous-jacente. Pas à cause de cette tolérance rare qu'avait Enoch de le laisser mener la danse, une exception à ses propres règles qu'il avait lui-même décidée pour mieux ferrer le poisson. C'était à cause de cette sensation qui irradiait encore dans tout son corps, pareille à une décharge de quelque chose. Innommable, la sensation, mais bien présente. Innommable, le sentiment, mais parfaitement palpable. Ebats en demi-teintes, et l'impression parfois d'une nuée âcre dans son système, aussi dévorante que rassasiante. Pas les endorphines, non. Il savait les reconnaître, le Chasseur. C'était différent. Jamais pareil à chaque session, parfois là, parfois pas. Parfois doux, parfois violent. Différent.
Comme une impression d'appartenir pleinement à quelque chose, quelle qu'en soit la tournure. D'être vu, compris et toléré. Peut-être même accepté. De faire partie d'un ensemble, aussi doux que violent. A la violence de la morsure de la corde sur ses membres, à la frénésie de leurs ébats s'était ajouté cet étrange sentiment de plénitude. Un crescendo dans les sensations duquel il mettrait probablement quelques dizaines de minutes à se remettre, le Chasseur. Duquel il ne voulait jamais parfaitement se remettre, en réalité.
Parce qu'ici, le nez contre le dessus de lit, il pouvait le voir tel qu'il était, Saul Marsh. Drapé dans son orgueil comme si c'était un vêtement, ses mèches tombant en bataille sur son regard glacial. Jamais regard si froid n'aurait dû réchauffer à ce point le coeur. Jamais parjure dévorant sa Bible après avoir choqué les anges n'aurait dû lui donner autant d'admiration. Ils léchèrent son profil, les yeux noisette. Admirèrent l'aura presque divine, au moins angélique que conféraient les quelques rayons de soleil, à travers les verres fumés de leur chambre, sur son corps encore luisant de sueur. Sur ce visage coupé au couteau qui semblait avoir été façonné par les anges, un beau jour d'ennui. Une boule de chaleur au fond de la glotte. Ses doigts se levèrent, parés à venir jouer avec la peau de cet ange surprenant pour s'assurer qu'il soit bien vivant.

Regarde-moi.
Tu es tout pour moi.

Un frisson le long de l'échine à la pensée insidieuse. Ses doigts retombèrent sur le dessus de lit, à mi-chemin de la peau laiteuse de son compagnon.

-Faut que j'aille pisser.

Il se redressa sans efforts, fit craquer sa nuque, se détachant aussitôt de ses contemplations. De ses réflexions. De Marsh, à qui il adressa un sourire pour cacher son propre trouble, s'esquivant souplement vers la petite salle de bain de la chambre. Robinet enclenché, chasse d'eau tirée. Les coudes sur le rebord du lavabo et les mains jointes en prière contre le front pour demander une force dont il n'était pas sûr qu'il l'avait, aujourd'hui. Parce que quand il rouvrit les yeux, ce fut pour tomber sur son reflet. Les joues encore roses de tout ce qu'il se passait. Les prunelles noisettes encore luisantes. Il les vit plus qu'il les sentit, ses doigts qui coulèrent le long des traces rougeâtres laissées par les lanières. Il les sentit plus qu'il ne les vit, ce sentiment de plénitude à l'idée que c'était de Saul Marsh qu'il tenait cette trace, et ce sourire satisfait qui naquit sous sa barbe noire.

Arrête ça.
Tout de suite.


Besoin d'ordre et de maîtrise, en reprenant ses esprits. En s'astreignant à inonder son visage d'eau glacée pour y revoir plus clair. C'était ça aussi, le sexe avec Saul Marsh. Ses pensées s'entrechoquaient à de nouvelles, impossibles à qualifier. De la haine ou autre chose qu'il espéra avoir chassé à grands coups d'eau froide. Qui lui tournait toujours un la tête alors qu'il revenait dans la chambre, s'essuyant toujours le visage. Ses lèvres s'ouvrirent sur une banalité, se refermèrent alors qu'il retombait nez à nez avec l'homme avachi sur le lit. De nouveau, cette sensation de chaleur qui lui gonflait la poitrine. De nouveau, cette vision presque parfaite d'un idéal qu'il aurait peut-être voulu, peut-être manqué. Mirage d'une douceur exquise, les traits coupés au couteau plongés dans la douceur réconfortante des Saintes Ecritures. Le coeur battant, en contournant le lit pour rejoindre le côté où Saul était installé. L'envie de plus, de toujours plus, crise de boulimie terrifiante que le Chasseur ne parvenait jamais à expliquer. Il posa deux doigts sur la tranche de la Bible, Enoch. L'abaissa pour réclamer toute l'attention de Marsh, comme un dû. Comme un voleur. Comme un enfant.

-Laisse-toi faire et pardonne-moi pour ce que je m'apprête à faire.

Elle résonna pour l'égoïste, la voix de Dieu. Aussi bien ordre que supplique, conseil. Il abaissa entièrement la Bible, s'abaissa à son tour pour voler les lèvres charnues de Marsh entre les siennes. Se laissa fondre contre elles sans la moindre sommation, alimentant et éteignant ce feu dans sa poitrine qui menaçait de tout embraser. Notion plus qu'abstraite que l'autorisation, justifiée par cette peur si profonde que l'autre le rejette. Il ne dura pas longtemps, ce baiser, tout aussi intense qu'il soit. Mais il dura suffisamment pour le rassasier, pour faire taire les voix et les pensées, pour assoupir ce feu qui sourdait en lui. Trop, bien trop d'intensité dans ce rapt. Dans ce baiser forcé qui donnait l'illusion de ce quelque chose qu'il ne savait vraiment nommer.
Prends tout, prends plus que tu ne le peux, Gabriel. Sers-toi et nourris-t'en jusqu'à en vomir, si tu le dois. On ne t'a jamais donné le choix, Gabriel, alors prends-le dès que tu le peux. Fais-le pour toi. Tu ne sais pas combien de temps cela va durer avec qu'elle ne revienne.
La haine.


Il pouvait presque les sentir s'enfoncer dans son épaule, les ongles comme des serres de Mère. Une manique froide et sans âme qui jetait sa glace sur le feu dans sa poitrine, à chaque fois qu'il y avait éclos. Même disparue, elle était toujours là, en courant d'air pour tout dévier. Pour tout recadrer. Les doigts du Chasseur, posés sur la nuque humide de Marsh sans même qu'il ne les ai sentis s'y installer, trop concentré qu'il était sur l'acte, glissèrent le long de sa gorge. Soupirs glacial de la Sinclair dans la nuque de son rejeton alors qu'il rouvrait les yeux, les lèvres effleurant encore leurs paires. Un pied dans le cercueil pour avoir fauté, pour n'avoir pas ressenti ce qu'il fallait quand il le fallait. L'autre dans le présent, dans cette chambre miteuse qui sentait le foutre et la sueur, avec la certitude qu'il avait fauté, une fois de plus. L'équilibre plus branlant qu'avec Ruth, quand les ébats avec Marsh lui collaient ces sensations dans tout le corps. Il préférait quand c'était la haine, parce qu'elle, il la connaissait vraiment bien. En l'absence de la main arachnéenne de Mère, l'enfant était toujours aussi perdu quand son coeur commençait à battre un peu trop fort.

Alors il recula, comme si Marsh l'avait brûlé. Parce que c'était plutôt faux, et parfaitement vrai. Se ressaisit autant que possible, rejoignant d'instinct l'extrémité de la chambre. Renvoya un large sourire, un peu trop grand, un peu trop faux, à l'impassibilité faite homme.

-Haha, tu devrais voir ta tête !

Et ton coeur ne devrait pas battre aussi fort, Gabriel.
Pense à ce que tu es.
Pense à ce qui vient après ce que tu ressens.


Chape de glace sur les épaules. Mars était toujours aussi beau, quel que soit l'angle par lequel il le regardait, où l'endroit où il se trouvait. Mais le regard que lui adressait à présent le Chasseur n'était plus aussi chaleureux qu'avant. Le soleil avait pris une teinte blanchâtre. Analytique. La gorge toujours prise de ces émotions contraire, et la serre fantomatique d'une disparue sur son épaule. Comme avec Ruth.

Spoiler:

Il se lécha les babines, le goût, la sensation, la chaleur de Marsh pulsant encore doucement contre sa peau.

-Il y a des besoins qui se doivent d'être assouvis sur le champ. Profite, ça ne sera pas tous les jours.

Faute avouée, à moitié pardonnée. D'autant que s'il avait aiguillé Marsh à interpréter la chose d'une certaine manière, il était tout de même curieux de savoir comment ce dernier vivrait la chose. Lui qui était d'ordinaire si flegmatique. Tous les moyens étaient bons pour en tirer la moindre émotion. Car c'était de leur violence que naissaient régulièrement les aveux. Des aveux. C'était pour des aveux, précisément, qu'Uriel avait absolument besoin de la corde. Son regard coula vers celle, souillée, qui s'étalait encore sur le dessus de lit. Heureusement qu'il y en avait une autre. Il finit par attraper ses vêtements, commença à se rhabiller.

-Ma soeur va faire une crise d'apoplexie si je ne dépose pas cette corde maintenant. Je n'en aurai pas pour longtemps. A moins que tu ne veuilles m'accompagner ?

A trop tirer sur la corde, au sens propre comme au figuré, ils n'avaient pas vu le temps passer. Et s'il était entièrement prêt à laisser Uriel se débrouiller, encore plus compte tenu de son incapacité à gérer un Wendigo âgé lors de leur dernière sortie en tête à tête, il souhaitait attirer Marsh dans un tout autre univers. L'extérieur. Jusqu'à présent, leurs entrevues n'avaient été que dans le confort illusoire de sa remise, dans la boutique de bricolage. L'amener au Tartarus avait déjà été un sacré exploit. Mais Enoch en voulait plus.

Prends, prends égoïstement, Gabriel.
Prends et conserve-le jalousement.
Charité bien ordonnée commence par soi-même.


-A moins que tu ne me convainques de rester ici.

Incisives sur sa lèvre inférieure, en étudiant la plastique toujours aussi attirant de Marsh. En sentant cette nuée de chaleur ténue gonfler cette poitrine qu'il venait d'enserrer à nouveau dans sa chemise blanche. Trop étroite pour contenir les battements erratiques de son propre cœur.
Ca durait de plus en plus longtemps...




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Dernière édition par Enoch Sinclair le Sam 24 Oct - 17:55, édité 2 fois
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enoch sinclair & @saul marsh


Il arque un sourcil en l'entendant, ne répond pas. Il ne lui adresse aucun regard, s'attarde simplement sur les quelques lignes qu'il relit en boucle alors qu'il les connait déjà par coeur. Alors il ne le voit pas lui sourire, et ne remarque pas la lueur changeante dans son regard. Il en aurait certainement été amusé, de ce visage aux traits modifié par une force qu'il ne comprenait pas. Il tourne la page, et s'attaque à une nouvelle phrase, souriant parfois en déchiffrant des mots qui n'ont aucun sens dans cet ouvrage qu'il a tant lu, et pourtant tant rêvé d'oublier. Il ressent parfois le besoin de rire, à certains passages que lui lisait sa mère avant qu'il ne s'endorme. Lui qui avait été forcé d'accepter cet ouvrage en livre de chevet depuis trop longtemps, le relisait avec beaucoup de cynisme.
Il relève enfin le regard vers Enoch, alors que ce dernier semble demander son attention. Il garde l'ouvrage levé, et arque un sourcil, l'air de demander : qu'est-ce qu'il y a ? Mais les mots ne franchissent pas ses lèvres, n'ont pas le temps de totalement prendre forme dans son esprit. Déjà, le barman prend la parole. Et Saul ne bouge plus, incrédule en entendant ses mots, et en le voyant se rapprocher dangereusement de lui. Totalement perdu, il ferme les yeux en laissant sa bouche s'éprendre de la sienne. La langue aventureuse, qu'il laisse se frayer un chemin entre ses lèvres. Il n'ouvre les yeux qu'en le sentant s'éloigner, dardant sur lui un regard de glace qui renfermait mille-et-une questions.

Il capte enfin son sourire, et ne peut se demander ce qui le rend si éblouissant. Lui qui devait souvent jongler avec les émotions tonitruantes de ceux qui faisaient un séjour -parfois prolongé- entre ses draps, pensait que cet homme serait différent. Mais il était le premier à qui la lueur allait si bien. Et surtout, le premier à avoir le culot de l'approcher après s'être laissé encercler par ce qui semblait le gagner à présent. Il lève une main vers ses propres lèvres, et laisse quelques doigts s'y promener, comme pour vérifier qu'il n'avait pas rêvé en sentant ce contact auquel il ne s'attendait pas. Profite, ça ne sera pas tous les jours. Il le regarde, incertain, se demandant de quoi il pouvait bien parler. Les choses commençaient à lui échapper, la réaction adverse l'intriguant au plus haut point. Il fait une moue dubitative, en reprenant ses esprits. - Il faudrait déjà qu'on se revoit, pour ça. L'impression d'être une ménagère à qui le mari dit au revoir avant d'aller faire une course. Il se relève et passe devant lui sans lui accorder la moindre attention, pour attraper ses vêtements abandonnés près du mur.
Il s'en empare avec souplesse, et les garde contre lui en revenant vers le lit pour attraper la corde, qu'il enroule autour de sa main pour en faire une forme circulaire, plus facile à transporter. Il n'a pas dit à son camarade s'il comptait le suivre ou non, s'il comptait rentrer chez lui, ou bien aller simplement faire un tour en l'attendant. Et il ne comptait pas lui confier l'information avant d'être arrivé à la sortie de l'établissement. Il aurait le plaisir de voir son expression faciale, quand il lui dirait adieu une fois en bas.

Caleçon enfilé, il balance le reste de ses vêtements sur son épaule, en s'approchant d'Enoch. En silence, il l'aide à boutonner sa chemise, dans un but totalement flou. Il pourrait se dire qu'il s'agit d'une manière de quitter la chambre plus rapidement, mais ses gestes sont beaucoup trop lents et méticuleux pour pouvoir s'agripper à cette explication. Il se connait, et sait que ce n'est pas non plus pour garder un contact contre lui, avant qu'ils ne s'en aille. Non. C'est pour garder le contrôle de tout, après ce moment d'égarement. Il remonte ses mains, continuant d'attacher les boutons, sans le regarder. Il veut avoir la main sur son sujet, et ne pas se sentir aussi perdu que quelques minutes en arrière. C'est moi qui commande. Je te déshabille. Je te prends. Je te rhabille. C'était la loi qu'il imposait, celle d'avoir le contrôle d'absolument tout ce qui pouvait arriver entre eux. Il va jusqu'au dernier bouton, contre sa gorge, appuyant légèrement dessus comme pour lui faire passer le message. Il se moque de lui faire mal, n'y pense même pas. Il passe ensuite une main sur son torse, comme pour défroisser la chemise, et le regarde enfin dans les yeux, d'un air dur.

lancé de dés:

Il recule enfin, et s'habille à son tour. - Je t'accompagne. Il a changé d'avis. Il ne rentrera pas chez lui. Il n'ira pas faire un tour en attendant son retour. Il veut savoir où le mènera cette journée déjà sous le signe de la surprise. Son pantalon à pinces enfilé, il met sa chemise sur le dos et fait les boutons à la va-vite. Prend beaucoup moins de temps pour lui, que ce qu'il en a accordé à l'accoutrement d'Enoch.

Il s'avance vers le lit et attrape la corde enroulée, dans sa poigne ferme. Revenu face à Enoch, il lui met la corde autour du cou, à la manière d'un collier, maigre offrande. Sa main se lève, presque au ralentis, pour la passer dans les cheveux de celui lui faisant face, retirant les mèches collées par la sueur de son front. - Un minimum présentable. Il réajuste son blazer, le laisse prendre le sac plastique, et prend le chemin de la sortie sans dire un mot de plus. Sur le chemin, dans le couloir, dans l'ascenseur, dans son esprit, il ne fait que regarder ses pieds, pour ne pas regarder ses lèvres. Il ne comprend pas comment un acte si simple pouvait autant le déstabiliser. Peut-être parce que personne ne l'avait jamais embrassé autrement qu'à travers l'appel du stupre. Il avait bien souvent ressenti la luxure contre ses lèvres, la morsure de la débauche lui couler contre la bouche, mais Enoch lui avait adressé une autre sensation. La langue ne lui avait pas chanté les louanges de l'acte charnel, mais une douceur nouvelle qui avait eu pour effet de l'électriser. Et si ça lui avait tant déplu, c'était justement parce que ça lui avait plu. Il essayait de se répéter que c'était seulement le goût de la nouveauté, rien de plus. Et dans quelques heures, il aurait déjà oublié la sensation de sa bouche étudiant la sienne.

Ils passent par la grande salle, et Saul marche plus vite, pour retrouver le grand air. Il se passe une main dans les cheveux, et regarde autour de lui en questionnant ensuite Enoch du regard. - Alors, je te suis. Il commence à marcher dans la direction indiquée, les deux mains plongées au fond de ses poches, et la mine assez basse. Il laisse parfois son regard épouser les formes de son compagnon de route, regrettant déjà de ne pas s'être contenté de partir, ou de les faire rester tous les deux ; comme l'autre l'avait suggéré. Il connaissait ces choses-là, rester au lit à chahuter sans jamais ne s'en lasser. Mais le reste, c'était quelque chose de nouveau : et Saul détestait la nouveauté, car il ne pouvait entièrement la contrôler, elle qui était pleine de surprise. Il retire une main de sa poche et attrape le poignet d'Enoch afin de l'arrêter, cherchant une excuse pour pouvoir se défiler et fuir jusque chez lui.

lancé de dés:

Il le regarde un instant, s'humectant les lèvres, avant de faire un geste de la main pour se raviser. - Non, rien. Il relâche son poignet et marche devant, ne l'attendant pas pour reprendre la route. Il le suivra bien. - Dépêche-toi, Michael, j'ai pas que ça à faire de jouer au coursier pour ta famille.



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Dernière édition par Saul Marsh le Dim 15 Nov - 20:35, édité 2 fois
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#1 'dé à six faces' : 4

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lancer de dés:

Le coeur encore battant de cette étrange sensation, au creux de sa poitrine. Comme une sensation de légèreté dans les membres malgré la fatigue. Malgré la morsure des liens, la violence de la passion, la frénésie de leurs échanges. Là où ils auraient dû être engourdis, ils semblaient traversés d'une force toute nouvelle. Et elle, elle s'éveillait à chaque fois qu'Enoch posait les yeux sur le visage régalien de Marsh. Saul. Drapé de lumière comme unique vêtement, les traits reposés après les avoir vus si animés. Fondre sur ses lèvres n'avait pas été un caprice, mais une nécessité. Un besoin viscéral, presque vital, pour assouvir ce brasier qui irradiait toute sa poitrine. Il avait cru que s'éloigner, se rabattre sur les tâches les plus prosaïques du monde pourrait le détacher un peu de cette vision. S'était avoué vaincu en reposant les yeux sur les traits ciselés de Marsh. Façonné par les anges un jour d'ennui. L'impression, criante de réalisme, lui bondissait bien trop facilement aux yeux. S'intensifia en le voyant se redresser de toute sa hauteur, la pudeur aux oubliettes. Pas de ça entre eux.
Pas de ça non plus entre eux. La réplique de Marsh traça une ligne douloureuse dans la poitrine du Chasseur. Saillie de peine dans les badineries, en suivant silencieusement la carrure souple du plus jeune du regard. Il n'en dit rien, Enoch, il n'y avait rien à en dire. Parce qu'elle arrivait doucement, l'indignation, suivant le sillon de la douleur. Une colère distraite devant les doutes qu'il connaissait déjà bien plus que toutes ces sensations que Marsh réveillait quelques fois dans son corps. Parce que la douleur et la colère étaient connues. Parce qu'elles précédaient parfois cette haine qui refroidissait toujours cette chaleur au creux de sa poitrine, quand il était gamin. La main de Mère sur l'épaule, qui teintait les couleurs du monde de gris et de noir. La pénombre était réconfortante. La Crypte était une finalité qu'il avait fini par accepter bien longtemps auparavant.

Il aurait préféré qu'elle dure, cette indignation. Colère, vexation, qu'importait, Enoch aurait voulu qu'elles durent plutôt qu'elles s'envolent sitôt qu'elles étaient arrivées. Sitôt Marsh revenu à proximité. Un frisson dévala le long de son échine en le voyant lever les mains dans sa direction. Gela la colère avant qu'elle n'ait le temps de l'embraser. Coeur tambourinant contre ses os, alors que son regard se posait sur le visage de celui qui le rhabillait. Ses mains qui se levèrent pour le repousser aussi sec, mais restèrent, tremblantes, en suspension dans l'espace. Souffle court, tandis qu'elles retombaient à ses côtés. Et la chaleur, cette maudite chaleur qui emportait de nouveau tout son monde alors que ses yeux se perdirent le long du visage concentré de Saul. S'accrochèrent à ces lèvres charnues, tandis qu'une idée germait dans son esprit. Il ne suffirait que de peu pour les reprendre, ces lèvres. Juste de se pencher, juste de laisser couler toute cette énergie qui animait son corps. L'envie de dire quelque chose pour capter son attention, pour retrouver le bleu impossible de ses yeux. La bouche sèche, il ne sortit pourtant aucun son de sa gorge. Parce que ce moment était trop précieux pour être brisé. Parce que son cœur battait si fort qu'il lui coupait le souffle.
Etait-ce ce que les Ecritures qualifiaient d'instant de grâce ? Car, béni par cet ange surprenant, il était certain de l'avoir atteint à présent. Ne cilla pas une seconde alors que Saul apposait sa marque contre sa gorge. Dévotion parfaitement assumée en retrouvant le regard glacial de son comparse. Il n'avait pas peur de lui. Son corps ne réagissait plus comme il l'aurait dû, comme il l'aurait fait avec n'importe qui. Les affaires charnelles étaient les seules instances au cours desquelles le Chasseur acceptait de relâcher le contrôle. En temps normal, en dehors de ces conditions particulières, il n'aurait probablement pas toléré un tel contact. Mais le temps n'était pas normal.

Ces sensations n'étaient pas normales, si ? Etait-ce normal qu'il se sente aussi soulagé d'entendre que Saul comptait l'accompagner ? Saul. Un prénom parfaitement trouvé pour un homme au port aussi naturellement altier. Roi incontesté de sa propre vie, de son petit univers. L'envie de faire tomber sa couronne en le voyant lui passer la corde au cou, un sourire au creux de la barbe. Il se laissa recoiffer, Enoch. Se trouva comme David, jouant de la harpe au Roi de Jérusalem afin d'apaiser les troubles qui pouvaient l'habiter. Même si c'était d'un autre instrument qu'il avait su jouer. Le résultat était le même. Les traits de Saul étaient bien plus détendus qu'auparavant, malgré cet éclat incompréhensible dans son regard.

-Ravi d'être au goût de Monsieur.

La remarque, lancée sur le ton de l'ironie, n'aurait jamais dû avoir ce goût sucré sur son palais. N'aurait jamais dû être chargée de tant d'importance, qu'Enoch ne réalisa qu'une fois les mots lâchés entre eux. Il se fit violence pour ne pas chercher à les rattraper, ces mots. Ôta la corde d'autour de son cou pour la fourrer dans le sac plastique, et finit par s'éloigner de l'autre homme pour aller chercher le couteau sur la table de chevet. Non, ce n'était pas normal, d'avoir autant besoin de sa validation. Pas plus que ça ne l'était d'avoir autant apprécié un geste qui n'avait jamais rien eu de naturel chez lui. Les affaires dûment rangées, il emboîta le pas de Marsh en silence. Incompréhensible, cette chaleur qui ne semblait pas le quitter. Incompréhensible, cette sensation de plénitude au seul fait d'être à côté de lui. Juste le temps de faire un crochet par le bar, pour récupérer les siennes, d'affaires. Enfiler son manteau, retrouver le poids de ses clés dans sa poche, celui du couteau papillon planqué dans la poche intérieure du vêtement. Ce ne fut qu'une fois dehors que la fraîcheur sembla apaiser quelque peu le toutes les pensées qui s'entrechoquaient sous les boucles noires. Il l'accueillit avec plaisir, cette bouffée d'air frais. Bien qu'elle ne sembla pas ternir le plaisir que lui procurait la présence de Marsh, étrange, juste à côté de lui.

-Nous n'en aurons pas pour longtemps. C'est à quelques pâtés de maison d'ici.

Etrange, oui, ce silence presque confortable alors qu'ils progressaient côte à côte dans les ruelles d'Exeter. Des cheminements que le Chasseur était habitué à faire seul, quand il n'était pas accompagné pour les besoins de la Mission. D'une certaine manière, c'était précisément pour la Mission que Marsh était à ses côtés. Mais ce n'était pas pour la Mission qu'il se permit quelques coups d'oeil sur le profil pointu de son compagnon, malgré le silence. Ils venaient à peine de bifurquer à l'angle d'une ruelle qu'il sentit une main tiède agripper son poignet. Ses muscles se raidirent, avant de se détendre en croisant une paire d'iris azur. Magnifiques. Confus. Enoch l'était au moins autant que leur propriétaire. Pourquoi n'avait-il pas réagi, au contact ?
Il ouvrit la bouche pour interroger l'autre, se heurta au néant. Resta hagard pendant une minute alors que Marsh s'éloignait rapidement, la sensation de ses doigts pulsant encore contre son poignet. Se hâta finalement de reprendre la marche, l'autre déjà bien devant. Pas assez pour entendre ce qu'il disait.

Michael. Le nom de l'autre, du premier, du plus important dans cette bouche-là n'aurait pas dû lui faire cet effet. Une indignation misère au creux d'un coup qu'il n'avait pas vu venir, et, déjà, la beauté de l'instant qui virait au gris. Il avait voulu garder ces instants pour lui, le Chasseur. Egoïstement. Mais la meute n'était jamais loin, même dans la bouche de ses proies.

-Mon nom n'est pas Michael.

Vexé, renfrogné, il n'admettra pas pour autant avoir été blessé par ce rappel à l'ordre. Plus que la réflexion de Marsh, la présence de Michael dans cette gravure délicate avait réussi à raviver cette colère qui accompagnait toujours cette sensation de chaleur. Déjà sur un terrain plus familier, le Sinclair. De retour dans un univers d'émotions qu'il connaissait, qui lui rappelait ce pourquoi il était là. Il n'en ajouta pas plus, inutile. Leva le nez de sa propre mauvaise humour pour guetter la plaque portant le nom de la rue où ils étaient.

-C'est par ici. A droite.

Le point de rendez-vous n'était pas loin. Uriel n'y serait certainement pas, mais ils avaient convenu d'un point où déposer la fameuse corde. Elle saurait se débrouiller avec ça. Leur dernière sortie en tête à tête avait été un fiasco, elle avait certainement encore un paquet de choses à prouver. Gabriel n'était plus son baby-sitter depuis des années. Elle verrait ça avec Michael. Le prénom de son frère n'avait rien à faire entre les lèvres ourlées de Marsh, il n'avait rien à faire dans sa traque. Marsh était sa cible. Et s'il savait qu'il n'avait que lui à blâmer pour cette erreur, il ne le ferait pas pour autant.

-L'identité que je t'ai donnée lors de notre premier contact était fausse. Je souhaitais m'assurer d'être tombé sur la bonne personne. Mon véritable prénom est Enoch.

Tu parles trop, Gabriel.

A trop en dire, ou à ne pas en dire assez, le résultat était toujours désastreux. Il en savait quelque chose. Pinça ses lèvres jusqu'à avoir atteint le point de ralliement, quelques mètres plus loin. Guetta la voiture qu'Uriel avait prise pour sa mission, sur le parking public dans lequel ils venaient tous les deux d'atterrir. Ses doigts se refermèrent sur le jeu de clés qui pesait dans la poche de son manteau. Il en tira une clé de voiture.

-Veux-tu jouer à un jeu ? Nous cherchons la voiture qui va se déverrouiller lorsque j'appuierai sur ce bouton. Dès que ce sera fait, nous pourrons retourner vaquer à nos occupations.

Aucune explication sur le pourquoi du comment, alors que rien dans son comportement ne pouvait faire de sens pour son compagnon. Il avait compris que l'homme aimait le mystère. Lui en donnait à présent pour son argent. Impossible de savoir qu'il possédait le double de la clé pour la simple et bonne raison qu'ils avaient convenu qu'il dépose la corde dans sa voiture avant qu'elle ne puisse se mettre à sa chasse. Inutile de préciser qu'elle était tellement banale qu'à moins de relever toutes les plaques d'immatriculation de toutes les voitures qui lui ressemblaient, il n'avait aucun moyen de savoir laquelle était la bonne. Il n'avait pas le temps pour ça, pas plus qu'il n'avouerait que l'obscurité et la fatigue ne faisaient pas toujours bon ménage avec ses yeux. Si Saul voulait ces réponses, il était tout à fait capable de poser les questions.

Enoch, lui, s'offrit toutefois le luxe d'en poser une alors qu'il amorçait la progression dans le parking, le pouce jouant contre le bouton de la clé. Aucun mouvement autour d'eux.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé, tout à l'heure ? Je ne te pensais pas du genre à prendre la main de tes amants, en dehors de la tâche.

Insistance sur le terme, de connivence. Nul autre terme ne s'appliquait mieux à ce qu'ils faisaient loin des regards, après tout. Pour la Mission.
Alors, s'il ne s'agissait que d'accomplir la Mission, pour quelle raison Enoch avait-il aussi envie que Saul l'attrape à nouveau, son poignet ? Pourquoi l'innocence de ce geste lui avait-elle paru si touchante, de la part de l'autre homme ?
Et pourquoi son corps n'avait-il pas rejeté en bloc ce contact comme il l'avait fait avec d'autres ?




But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down



Dernière édition par Enoch Sinclair le Ven 30 Oct - 3:18, édité 2 fois
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Il le suivait, comme si aucun autre chemin ne pouvait lui convenir. Lui qui avait d'abord pensé le laisser seul, et rentrer se délasser dans son grand loft, comprenait qu'il avait emprunter une route plus longue en acceptant de l'accompagner. Il aurait passé la nuit sous la lumière blanche de sa lampe de bureau, à assimiler le plus de connaissances possible ; dans de vieux ouvrages poussiéreux. Le sommeil ne serait certainement pas allé le chercher, et ses pensées l'auraient dévoré comme chaque fois qu'il se retrouvait seul face à l'érudition. Mais il aurait été paisible, sans avoir à se poser trop de questions pour ne pas agir de manière inconvenante. Passer du temps en compagnie d'un de ses contemporains -aussi charmante soit-elle- restait une épreuve, et lui demandait une force d'esprit hors norme. Il devait se méfier de tout, et à la fois de rien. Parce qu'il avait beau se moquer de ce que les gens pouvaient penser, il y avait certains visages sur lesquels il refusait de voir passer certaines émotions. Il savait qu'il risquait de faire un faux pas à chaque instant, et en venait à s'en demander s'il ne devait pas tout simplement se détendre et éviter d'agir comme le robot dépourvu d'émotions que certains pointaient du doigt.
Il le lui avait demandé, lors de leur rencontre, de lâcher prise. Avant même de lui avoir parlé. Avant même qu'ils ne s'engagent dans cette relation qui ne devait durer que quelques heures, dans le fond de son arrière-boutique. Il avait lu en lui, plus vite que n'importe qui. Il s'en était trouvé bousculé, bien plus qu'il ne l'aurait du. Après tout, comment pouvait-il accepter qu'un homme s'invite dans sa boutique avec des démonstrations toujours plus grandiloquentes de son culot ? Lui qui barrait la route à ceux qui essayaient de se faire une place dans son esprit, de peur d'être percé à joue. Il le suivait, après le sexe ; et c'était bien là ce que Saul trouvait le plus déroutant. Comment expliquer qu'il prenne si facilement sa suite, sans même prendre le temps de chercher une excuse foireuse pour retrouver son domicile ? Il en venait à masquer ce trouble derrière la curiosité, et était plutôt doué pour se convaincre de son grossier mensonge. Sans les bienfaits de ce déni, il serait certainement parti ; par peur d'un jugement que lui-seul ce serait adressé.

Il était le seul à être aussi sentencieux, mais voyait dans le regard des autres, la sanction qu'il s'imposait à lui-même. Il était son propre geôlier. Et ce geste, simple réflexe, en attrapant le poignet de cet homme qu'il avait décidé de suivre, avait tout de troublant. Il le regrettait déjà, en reprenant ses pas, sans se retourner pour vérifier s'il était toujours là. Les deux mains enfoncés dans ses poches, la tête plongée dans ses épaules, comme pour se protéger des retombés de sa conduite ; de son erreur.
Il entendait les pas d'Enoch derrière lui, mais savait qu'il n'était pas si proche que cela ; peut-être avait-il attendu avant de se remettre à marcher. Il aurait pu contorsionner sa tête afin de l'apercevoir, mais ne voulait pas voir l'expression qu'aurait pris son visage après cette démonstration si humaine. Il continuait alors de marcher, en attendant qu'il le rattrape de lui-même ; ne s'abaissera pas à ralentir.
Il bifurque à droite en entendant son interpellation, et s'arrête en comprenant qu'ils étaient arrivés. Un parking. Intéressant. Il s'attendait à voir débouler une jeune femme, certainement aussi belle que le Sinclair, et devrait prendre sur lui pour ne faire aucune remarque désobligeante. Il ne comptait pas parler, se contenterait certainement d'hocher la tête, ne se présenterait même pas. À quoi bon ? Il tourne la tête vers l'homme en l'entendant reprendre la parole, et le regarde de haut en bas, sourcils froncés. Il plisse les lèvres en entendant son réel prénom, et hausse les épaules dans une attitude des plus nonchalante. - Peu importe. Il ne savait pas pourquoi il lui avouait sa véritable identité maintenant, et avait trop peur de la réponse pour le lui demander.

Il estimait qu'un prénom ne voulait rien dire. Ce n'était qu'un assemblage de syllabes que l'on donnait aux gens pour ne pas avoir à les appeler par des numéros ; qu'ils ne se sentent pas comme du bétail. Ils n'avaient aucune signification, et même le sien ne lui inspirait rien. Saul. Bien trop abrupte, mais à son image. Sans fioritures, sans bavure ; comme un coup fulgurant. Il se moquait que l'autre s'appelle Michael, ou Enoch, mais il préférait ce dernier, certainement pour la syllabe finale qui sonnait comme un coup. - La bonne personne pour quoi, exactement ? Et il revient sur ses pas, une fois de plus. - Ne répond pas. Fuir plutôt que d'entendre la réponse. Alors il recommence à marcher après avoir eu les instructions, regardant les voitures au fur et à mesure qu'ils avançaient.

Il n'avait plus qu'à rester silencieux, et attendre que cet épisode soit terminé, pour pouvoir en démarrer un autre. Dans un lieu qu'il connaîtrait, repu face à une activité qu'il maîtrisait, et lui permettait de ne pas trop réfléchir, ni perdre pied. Il marche doucement, en jetant de temps à autre des regards vers son camarade, comme pour vérifier les émotions traversant son visage. Il ne voulait y lire que de l'impassibilité, afin d'être rassuré. Mais Enoch ne semble pas être de son avis, concernant le prix  du silence. Et Saul s'arrête, en entendant cette question fuser entre eux. En même temps, il lève une main pour barrer la route de l'autre, avant de se mettre face à lui ; pour mettre les choses aux points. - Je ne t'ai pas pris la main, d'accord ? J'ai seulement ... Il laisse tomber ses bras, ballants, ne trouve aucune excuse pour camoufler son erreur. Il avait hésité à partir, et avait attrapé si brusquement le poignet de l'autre afin de lui faire part de sa décision ; juste avant de changer de nouveau d'avis. Mais il ne pouvait lui dire ça. Comment justifier son revirement de choix ?

Il ne devrait pas avoir à s'en défendre, mais ressent le besoin de se justifier afin de garder la tête haute. Il a horreur qu'on le mette face à ce genre de conduite, ces erreurs qu'il aurait pu éviter, s'il n'avait pas baissé sa garde en quittant l'établissement. Et quelle meilleure défense, dans ces moments-là, qu'une contre-attaque ? - Tu peux parler. Tu m'as embrassé comme une pucelle amoureuse, tout à l'heure. Tu y as mis tellement d'amour que je pense sincèrement que je suis enceinte. Il lui prend les clefs des mains, et se retourne pour reprendre la route, ainsi que les recherches. Il continue de parler, mais pour lui même, ronchonnant, sans réellement s'adresser à Enoch ; bien qu'il sache que l'autre l'entendait. - Tellement en sucre que Juliette a quitté Roméo pour venir te chercher, tss. Il appuie sur le bouton de l'appareil, et continue de regarder les voitures autour de lui, avec comme seule envie : lui rendre sa clef en lui disant de la fermer, et rentrer chez lui.

Alors, pourquoi est-il encore là ? Pourquoi l'aide-t-il ? Pourquoi n'a-t-il pas fui depuis déjà longtemps ? Il s'arrête en voyant les loupiotes d'une voiture s'allumer sur son passage, et se retourne afin de le regarder. - J'ai trouvé ton carrosse, princesse. Il lui jette doucement les clefs, afin qu'il ait le temps et le réflexe de les rattraper, et replonge ses mains au fond de ses poches en continuant de ruminer, mais en silence. La voiture est vide, mais il ne s'attendait plus à ce que la fameuse soeur en sorte de toute manière, elle lui aurait indiqué sa position dans ce cas là. Il le regarde s'approcher de la voiture, en faisant claquer sa langue contre sa joue, comme pour passer le temps sans avoir à parler ou réfléchir. Un léger coup d'oeil à sa montre ; non pas pour regarder l'heure, mais pour montrer son impatience au barman.
Il ne parvient pas à retirer sa question de son esprit, ne trouvant lui-même aucune réponse. Il n'aurait pas dû attraper son poignet. Il n'aurait pas du le suivre jusqu'ici. Il se rapproche de la voiture, afin de le rejoindre, et pose un index sur son torse, pour avoir son attention. Une petite pause, afin de chercher ses mots, et il se lance enfin. - Va pas t'imaginer des choses, hein. C'était ... Rien. Il avait peur qu'il n'y voit la réalité, et qu'il ne comprenne que Saul Marsh le détestait moins que les autre.



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le baromètre du fluff, il dit quoi ?:

Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Pourquoi il éprouvait cette sensation de légèreté, presque une forme de douceur, aux côté de Marsh. Il était déjà arrivé qu'elle s'impose comme un voilage sur ses pensées, cette impression, au cours de leurs ébats. Qu'elle s'attache à ses membres pour napper l'univers de rouge ou de couleurs vibrantes avant de s'échapper aussi vite qu'elle était venue. Sensation délicieuse, proche du vertige, qu'il soit doux ou cruel. Une des raisons pour lesquelles il y revenait, le Chasseur. Attiré par cette lumière étrange que Marsh parvenait à déposer sur le monde au cours de leurs étreintes, comme un papillon par la lumière d'un lampadaire. Il ne croyait pas au Destin, le Chasseur. Il ne croyait pas que les planètes puissent s'aligner ou que des âmes puissent être jumelles. Conneries d'impies, alors que tout ce qui comptait était le Grand Dessein de Dieu. Certains iraient dire qu'il y avait une raison d'être à ce qu'il ressentait en présence de Marsh. A chaque pas qu'il faisait à côté de l'autre homme, Enoch avait la sensation de tomber. Ne savait pas s'il avait attrapé froid ou s'il s'agissait d'autre chose. Sûrement était-il tombé malade, pour avoir aussi chaud en sa compagnie. Pour se sentir aussi sensible à ses contacts, sans pour autant les trouver détestables.
Car il l'avait sentie, cette main autour de son poignet. Qu'il aurait eu envie qu'elle reste, ou qu'elle y revienne, sur sa peau. Et ça non plus, ce n'était pas normal. Blague de son coeur ou de son cerveau ? Alors, s'il couvait quelque chose, pour quelle raison avait-il envie que rien de tout cela ne s'arrête ? Pourquoi avait-il envie de lui en dire plus, peut-être trop, sur ce qu'il était ? Le besoin d'être vu par Saul. Accepté. Compris.
Apprécié.

Quelle que soit cette saloperie qu'il avait choppée, il fallait que ça cesse. Et vite. Le silence instauré par le flegme de son compagnon était plus que bienvenue, son évasion systématique de ses questions appréciable jusqu'à ce qu'Enoch le brise de lui-même. Il se laissa arrêter au milieu du parking, se laissa happer par les yeux perçants du Marchand de Mort. Se mordit la lèvre inférieure par réflexe, guettant l'homme et sa réponse. Son rictus s'élargit devant l'absence de cette dernière. Adorable. La pensée fila dans son esprit embrumé par tant d'autres, nette, éclair. Lumineuse, devant l'air embarrassé de l'autre homme. Une pensée parasite comme il n'en avait que rarement vis à vis de ses pairs. Qu'il ne devait surtout pas avoir quand il s'agissait d'une cible, et pourtant... Pourtant Marsh continuait de parler, son ton acerbe claquant entre les voitures. Miel pour les oreilles assoupies par les phéromones, le chant des anges coulant dans la remarque. Jusqu'à ce qu'il tombe, le mot de trop.

Amour.

Le coeur du Chasseur manqua un battement, et Enoch le fil. Se laissa arracher les clés des mains sans savoir comment réagir, l'écho de ce mot résonnant toujours à ses oreilles. Amour. Impossible. Formellement impossible. Ce n'était pas à cela que ça ressemblait l'amour, il le savait. La serre glaciale de Mère sur l'épaule, fantomatique, s'enfonça à nouveau dans sa chair. Souleva une nuée d'indignation au sein de la chaleur diffuse que provoquait la vue de Marsh, déambulant en maugréant parmi les voitures. Un dos parfaitement dessiné, parfaitement mis à en avant par la veste de costume qui mettait en avant ses formes avantageuses. Une silhouette droite malgré la mauvaise humeur. Il était attirant, Marsh, il avait une bonne tête vissée sur de belles épaules. Incisif et cultivé. Un regard dans lequel il n'était pas difficile de se perdre. Une plastique plus qu'avantageuse. Autant d'arguments qui en faisaient une compagnie particulièrement agréable, Mission ou non. Mais de l'amour ? Perturbé, le Chasseur porta ses doigts à ses lèvres. Il y avait bien eu quelque chose de profond, dans ce baiser qu'il lui avait volé. Un besoin confus, obnubilant, de posséder Marsh. Mais de l'amour ?

Il secoua ses boucles poivre-sel, troublé. Non, l'autre voyait ce qu'il voulait dans le geste, mais il était encore parfaitement en contrôle de lui-même. Il savait ce qu'il faisait, le Chasseur, il savait qu'il avait eu raison en attirant Marsh sur ce terrain glissant. Qu'il n'avait pas besoin d'en connaître la réponse, à cette question sur ce geste qui avait été pourtant si agréable. Il couvait quelque chose, c'était certain. Et l'autre homme était vexé, de toute évidence, de s'être retrouvé acculé.
Ca ne pouvait qu'être ça.
Tout ça.  

Une bouffée de l'air, glacial, des nuits d'Exeter. L'impression que les rouages de son cerveau se remettaient progressivement en place avant de rejoindre la proximité de Saul Marsh. Les membres toujours très légers en entendant la voix de l'autre homme résonner non loin de lui. Grogna sous le sobriquet et attrapa le jeu de clés avec expertise, malgré l'obscurité. Au moins, ils avaient fini par trouver la voiture d'Uriel. Il jeta un coup d'oeil à Marsh, digérant sa propre humiliation. L'envie de lui faire ravaler chacune de ses paroles se mêla à l'amusement de le voir aussi renfrogné. Acide, quand il était décontenancé, celui qui aimait beaucoup trop le contrôle. Qu'il soit malade ou non, Enoch ne put s'empêcher d'en prendre note. Lui qui était d'ordinaire aussi inexpressif passait par tellement d'émotions, depuis quelques minutes à peine, que la fascination ne mit pas longtemps à revenir chasser l'indignation. Il jaugea l'expression de l'autre. Adorable. La pensée, revenue au galop, lui arracha un frisson. Ouvrant la portière arrière de la voiture, il se dépêcha de fourrer la corde neuve là où Uriel l'attendait. Sur la banquette arrière. L'air frais aidait-il à chasser la chaleur qui sourdait dans tout son corps ? Ou n'était-ce qu'une illusion, là encore ?

Il en serait resté là, pour peu que Marsh l'ait laissé faire. Mais Marsh n'en avait manifestement aucune intention, revenant dans son espace personnel. Un index vengeur sur le torse, et la sensation de flottaison qui revenait foutre tout son équilibre en l'air. Il en serait resté là, s'il n'y avait eu que l'index contre son torse. Aurait seulement esquissé l'ombre d'un rictus pour passer à autre chose, si le regard perçant de Marsh ne semblait pas aussi fuyant pendant une brève seconde. S'il n'avait pas hésité à trouver ses mots, et si ces derniers n'avaient pas été aussi...
Adorables. Le rictus se mua en sourire cabot. Eclat de triomphe, dans les prunelles vertes du Chasseur. Il avança d'un pas, rompa volontairement le simulacre de distance entre eux. Rien, hein.

-Je n'imagine rien, je n'ai fait que constater.

L'attrait du jeu revenait trop vite, trop fort dans son corps. Prédateur titillé par une proie qui souhaitait lui tenir tête. Sa main se leva rapidement pour attraper fermement le poignet de Marsh. Ferme, mais pas violent. Il recula d'un pas pour le faire pivoter sur ses pieds. S'il avait compris quelque chose de leurs ébats, c'était que Marsh n'avait aucune idée de sa véritable force, et encore moins de son entraînement. Ses muscles, sa souplesse ou sa rapidité n'étaient ni pour faire joli, ni pour faire plaisir. Encore moins alors qu'il guidait toujours fermement l'autre à reculer contre la voiture d'Uriel, ne se préoccupant pas d'être peut-être trop sec. Dos contre le coffre d'acier, Marsh, et Enoch qui n'en finit plus de s'approcher. Le souleva par les cuisses pour s'y lover plus confortablement, l'asseyant sans la moindre gêne sur le coffre, s'installant tout aussi naturellement contre son bassin. Apposa deux mains puissantes de chaque côté de ses hanches, bras barrières pour l'empêcher de filer. Et plongea finalement une paire de pupilles dilatées au creux du regard glacial de sa proie.

-Tout comme j'ai constaté que tu attribues beaucoup de crédit à un simple baiser. De l'amour ? Loin de là.

Non. Certainement pas. Alors pourquoi continuait-il ? Pourquoi avait-il autant envie de prouver qu'il n'en était rien, alors que cette pensée continuait de traverser son esprit embrumé ? Alors que la proximité de Marsh recommençait à lui faire tourner la tête, alors que son expression aussi renfrognée que perdue s'était frayée dans son crâne ? Il dégagea une main, enroula le bras autour des hanches de l'autre pour le coller brutalement contre son bassin. S'étira d'un sourire en effleurant son visage de ses lèvres, parfaitement conscient de franchir beaucoup trop de limites chez son "partenaire". Un monde tout entier de barrières qu'il sautait toutes à la fois, le Chasseur acculé. Il était mauvais joueur. Un roulement de hanches contre la chaleur enivrante de l'autre. S'il commençait à y voir plus clair, c'était pour mieux se perdre, il ne le savait que trop.

-T'as deux choix devant toi. Soit je te "remercie" de m'avoir accompagné jusqu'ici tout de suite, ici...

Un ultime roulis de hanches, pour marquer ses intentions. Il jeta un bref coup d'oeil vers la portière de la voiture encore ouverte, invitation comme une autre pour dérider Marsh. Pour se concerter lui-même.

-... soit on attend d'être arrivés jusqu'à chez toi. Mais ne va pas croire qu'il y a plus entre nous qu'une simple relation d'intérêt mutuel.

Ombrageux, le ton de sa voix. Sombre, son regard. Il n'aimait pas l'interprétation de Marsh. La trouvait bien trop prosaïque pour lui correspondre. L'amour, un concept si lointain qu'il n'avait rien à faire dans la Mission. Qu'il ne devait rien avoir à faire dans le Mission. Le feu dans sa poitrine remplacé progressivement par celui entre ses reins. Et il relâcha presque immédiatement Marsh, l'abandonnant sur son coffre. Tira ses boucles en arrière en le dévisageant, éclat de défi au creux des prunelles. Le trouva toujours aussi beau, le rouge aux joues. Coup de chaud. La fièvre ne pouvait à présent qu'avoir une raison, deux au possible. Maladie ou envie.
Rien de plus.

-Rien de plus.




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Il regrettait une bonne partie de cet après-midi. S'il avait pu, il aurait rembobiné ces quelques heures, et n'aurait gardé de valable que les ébats acharnés durant lesquels il pensait resserrer son emprise sur ce qui avait ensuite pris un tournant inattendu. Saul n'aimait pas les imprévus, estimant que ce qu'il ne déclenchait pas lui-même, n'avait aucune raison d'être. Il était passé bon nombre d'indésirables depuis qu'ils s'étaient retrouvés entre les murs du club Tartarus. Le marchand ne les avait pas compté, ne voulant mettre l'emphase sur ces échecs qui ne devaient plus se reproduire. Et s'il ne regrettait que rarement ces actes, toujours organisé dans ses choix et agissements, les évènements récents provoquaient en lui un sentiment déplorable. Il avait perdu la main, un court instant, et s'en voyait châtié maintenant la supercherie dévoilée. Il était fort pour se trouver des excuses, et ordonner à son monde d'y croire sur parole. Mais lorsqu'il venait à y penser, mis face à la vérité grâce à une banale question ; c'est son armure entière qui s'écroulait.
Il avait peur qu'Enoch ne s'en rende compte. Lui qui souhaitait garder la tête haute, et sa réputation sulfureuse qu'il avait auprès de l'intégralité de la ville, refusait de passer pour un féru de romance. C'était pour cette raison qu'il était autant sur la défensive, à se faire combattant plutôt que victime quand toutes les armes étaient dans les mains de son adversaire. Il lui avait donné bien trop de pouvoir en se montrant ainsi avec lui. Capable de tendresse, malgré les excuses qu'il trouvait à chacune de ses faiblesses.

Mais il était trop vexé pour se défendre convenablement. Lui qui avait toujours le mot juste, l'attaque précise, et savait user d'une parfaite répartie lorsque son entourage venait à lui souffler dans les bronches, ne trouvait pas de faille à ce qu'il avait énoncé. Il pouvait pourtant lui dire qu'il avait bien plus à craindre de lui de ce sentiment qu'ils semblaient tout deux rejeter. Il les avait interceptés, ces regards, ces moments d'attention ou il avait eu l'impression d'être le centre de son monde. Alors, Saul avait évoqué ce baiser, évidemment. Parce qu'il y avait ressenti plus qu'un échange entre corps. La passion y avait été trop présente pour n'être qu'une embrassade d'après coït.
Et maintenant qu'il se retrouvait si proche de lui, un doigt toujours contre son torse pour lui signifier son agacement, il sentait une tension partiellement similaire. Il était partagé entre son envie de le repousser violemment pour le faire sortir de son espace personnel, et celui de l'attirer toujours plus proche de lui, pour ne plus rien sentir d'autre que la chaleur de son corps contre le sien. Et cette pensée l'énervait. Il aurait voulu n'avoir besoin que de se retourner, et partir en le laissant seul avec ses questions indiscrètes et ce culot que Saul souhaitait bannir. Mais il était toujours là, dressé face à lui, à apprécier chaque souffle, chaque regard, de ce client particulier. Mais sans apprécier la suite des évènements.

Son dos contre la carrosserie, provoqué par un geste qui faisait écho au sien ; main enroulée autour de son poignet. Il reste surpris un moment, n'amorce aucune forme de résistance. Il ne s'attendait pas à une telle force ; absolument incapable de se défaire de sa poigne, ni du poids qu'il exerçait contre lui afin de lui empêcher toute forme d'évasion. Les deux bras de part et autre de son corps, et l'autre si proche de lui qu'il peut sentir son coeur battre contre sa peau. Il se force à ne pas le toucher volontairement, les mains posées contre la taule, pour ne pas être tenté de les installer sur son corps. Il ferme les yeux, grandes inspirations pour ne pas perdre son calme. Entre colère et désir. Entre indignation et fascination. Il y avait peu de choses qui séparaient son besoin de reculer, à celui de fondre contre lui pour le posséder sur le champ. Ne me touche pas. Cette injonction si laborieuse en cet instant, ne saurait franchir ses lèvres, alors qu'un laisse-moi te toucher prend plus volontairement le chemin de ses voeux.
Totalement renfrogné à l'idée d'avoir tant envie qu'il lui appartienne, sur le champ. Il ouvre les yeux, plongés dans les siens, et attrape sa propre lèvre entre ses dents, regard appuyé d'un défi qu'il relève. - Nul besoin de remerciements. Tu m'es simplement redevable, à partir de maintenant. Il ne plaisante pas. Le suit des yeux en le voyant s'éloigner de lui, et s'éloigne à son tour du coffre, en faisant attention de ne pas laisser entrevoir le trouble créé dans son esprit. Il n'avait pas aimé qu'il le manoeuvre, comme s'il n'était qu'une poupée de chiffon. Il n'avait pas aimé qu'il investisse son espace, comme s'il en avait le droit. Il n'avait pas aimé qu'il lui parle sur ce ton. Mais plus encore, il n'avait pas aimé ce mot infernal qui était revenu à plusieurs reprises. Il l'avait entendu, sans le voir le prononcer. Certainement était-il trop occupé à scruter son regard, pour voir ses lèvres se mouvoir. Adorable. Il en serre les dents, regard fait de plus en plus noir sous les mèches retombées devant ses prunelles devenues de la même couleur.

Il tire légèrement sur sa chemise pour en retirer les plis, et réajuste son col ; sans jamais le quitter des yeux. Il fait un mouvement de tête, lui indiquant l'intérieur de la voiture malgré tout. Ce n'était pas le remerciement dont il parlait, seulement il savait qu'ils en avaient envie tous les deux, alors pourquoi s'en priver ? Il le laisse passer devant, et le suit sans dire un mot de plus. Déjà pas bavard en temps normal, il ne fallait pas lui demander de faire la conversation après un tel affront. Il n'attend pas réellement qu'il monte dans la voiture, le pousse plutôt. Et qu'importe qu'il s'y cogne la tête, contre la portière opposée, ou qu'il se réceptionne mal sans sa chute, Saul n'avait qu'une seule pensée, et n'en reviendrait pas.
S'installant au-dessus de lui, les yeux toujours aussi perçants, le noir de son expression en contraste effrayant avec l'azur de ses iris, il essaie de ne pas se faire la réflexion qui lui donnait envie de gerber, celle admettant que l'autre devenait de plus en plus attirant au fil de leurs rencontres. Il n'attend pas vraiment avant de fondre sur lui. Attraper ses cheveux en attaquant ses lèvres. Il ne l'embrasse pas, mais dévore plutôt cette amertume pour la réduire à néant. Sauvage contre sa bouche, plus encore lorsque sa main s'aventure sans prévenir pour l'attraper subitement. Les dents s'attardent, acérées, sur sa lèvre inférieur, et ne lâche qu'en sentant le goût de fer perler sur sa langue. La morsure jusqu'au sang, une main dans ses cheveux, et l'autre s'activant ailleurs.

Il se redresse finalement, laissant un froid ambiant s'installer entre eux. Ce n'est pas un sourire qui s'installe sur ses lèvres, plutôt une ombre amusée. Une lueur signifiant : non, tu attendras. Forcé de se faire violence pour ne pas succomber lui-même à ce qu'il lui refusait, il lève une main afin de passer son index sur les lèvres d'Enoch, satisfait par son air incrédule. Le rouge aux joues, chaleur ou fantasme, lui donnait la mine ravivée qu'avait les enfants après avoir fait une bêtise. - C'est qui maintenant, qui a l'air adorable ? Ce mot qui s'était installé entre eux, entendu sans avoir été prononcé, et qui donnait à Saul l'envie de lui faire payer. Il ressort de la voiture, et s'éloigne en s'arrêtant à côté du capot pour regarder autour de lui. L'obscurité s'était installé, seulement éclairés par des lampadaires légèrement éloignés d'eux.
Il tourne la tête, et le regarde le rejoindre, en faisant un signe de la main signifiant : suis-moi.

Il le conduit jusque chez lui. Pas certain qu'il le suive au début, il avait été surpris de le sentir à sa suite. En silence, évidemment. Pas besoin de parler, dans ces moments-là, et ils commençaient assez à se connaître pour que l'autre sache que Saul n'était pas loquace. Il ne reporte d'ailleurs son attention, qu'une fois devant sa porte. Aucun moyen de savoir pourquoi il le laissait s'immiscer dans son intimité. Pourquoi lui ouvrait-il les portes de son domicile ? Ils avaient conclu l'accord par téléphone, l'audace d'Enoch le menant à demander à venir jusqu'ici. Saul aurait refusé en d'autres circonstances, n'aurait pas même envisagé la question un seul instant. Mais tout était différent avec le barman. Alors les voilà, après une marche bien froide dans les rues d'Exeter, dans son loft. Le moindre recoin minutieusement ordonné ; pas de place au désordre chez lui. À l'image de l'arrière boutique, où l'on pouvait manger par terre.

Il allume les lumières, et passe le premier en retirant son blazer ; qu'il jette presque sur un porte manteau à l'entrée, en se tournant vers son invité. Il fait un geste ample du bras, désignant l'intégralité de l'intérieur ; visite en un coup d'oeil, puisque les murs étaient bien rares dans les lofts. - Bienvenue. Fais comme chez toi, mais n'oublie pas que tu es chez moi. Lèvres pincées. Drôle de manière d'accueillir des invités. Il marche quelques pas afin d'être au centre de tout, et désigne la cuisine. - Tu peux dévoiler tes talents de cuisinier, si tu en as. Ou bien, je peux nous faire livrer quelque chose. Il revient ensuite vers lui, mains fourrés au fond des poches de son pantalon. Il se poste juste devant lui. - Pour le reste, ça se passera ici ... Il retire la main droite de sa poche, et désigne la chambre. - ... ici ... Un doigt pointé sur le canapé. - ... là ... Le tapis. Et enfin, passe un doigt contre son col, la malice dans la voix, et murmure plutôt qu'il ne parle. - ... ensuite, ça dépendra de ton imagination. Il aura tout le loisir de se venger de bien des choses, en une nuit entière. Désireux d'asseoir sa domination sur lui dans chaque recoin de son foyer. Il replace sa main dans sa poche et penche la tête en le dévorant des yeux. - Je sais qu'en temps normal c'est toi qui sert mais, je t'offre un verre, pour commencer ?



AIN'T GONNA BE ALONE
tell me do you really think you go to hell for having loved ? tell me and not for thinking every thing that you've done is good. i really need to know. after soaking the body of jesus christ in blood.


Dernière édition par Saul Marsh le Mar 3 Nov - 19:17, édité 2 fois
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Enoch Sinclair
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Il y avait quelque chose dans le regard glacial de Marsh. Une violence sous-jacente, profonde, que le Chasseur appréciait de voir lorsqu'il s'assombrissait de la sorte. Vexé contre vexé, choc des egos et des corps. Excès de testostérone ou d'amertume, qu'importait réellement. La chaleur diffuse au creux de son torse s'était faite brasier, s'était propagée au creux de ses reins. Corps tout entier en tension alors que se livrait une bataille qui ne ferait aucune victime. Qui causerait un bon paquet de dégâts collatéraux. Plus question de flottaison en écrasant son visage contre celui de Marsh, dents contre dents, reins contre reins. La violence répondant à la violence tandis que ses mains s'activaient déjà contre la braguette de sa proie, et les statuts qui se mélangeaient déjà. Il y avait quelque chose de prédateur, chez le Marchand de Mort. Bien plus prédateur que ne le laissait entendre son attitude impassible, son flegme proverbial ou son manque d'expression revendiqué. Quelque chose de vibrant, de bouillant, qu'il n'arrivait pas toujours à contenir. Souci du contrôle ou de la perte de contrôle ? Le Chasseur ne le savait pas encore, n'arrivait pas encore à mettre son doigt dessus. Le laissa glisser entre ses cuisses faute de mieux, agrippant plus que caressant Marsh à travers le tissu.
Délicieuse, la fièvre. Délicieuse, la douleur des dents dans sa lèvres. Le goût métallique du sang tandis qu'il perdait pied, et la sensation qu'enfin, il était bien plus maître de ses propres sensations.

Maîtriser. Lui qui s'attendait à payer pour son propre affront ne maîtrisa pas la vague de frustration qui coula contre sa peau tandis que Marsh se retirait. Fraîcheur exaspérante, le souffle déjà court, le dos encore vissé à la banquette arrière de la voiture. Coeur à deux cent battements par seconde et le corps encore tendu dans la direction de Marsh, il s'écrasa contre l'index passé sur ses lèvres. Se heurta avec violence au vide, ses pupilles dilatées jaugeant l'autre avec incompréhension. Pas ici. Pas maintenant. Avec son rose aux joues et ses cheveux en bataille, Marsh reprenait les rênes comme Enoch l'avait prévu. Imposait sa version des règles du jeu. Une pensée unique fila comme un éclair dans l'esprit embrumé du Chasseur. Teinté de couleurs, à mi-chemin entre contrôle et frustration, Marsh était magnifique. Incisives contre lèvres charcutées. Le goût du sang se mêla à la pensée tandis que les iris verts, captivés, suivaient le mouvement de l'autre. Se gelèrent aussi sec lorsque le mot tomba dans la voiture.

Adorable. L'ondée glaciale mit immédiatement un terme à toute forme de chaleur dans le corps tendu du Chasseur. Pupilles étrécies, alors que son coeur charriait suffisamment de gel à son cerveau pour dégriser ses pensées. Comment savait-il ? Il n'avait jamais prononcé ce mot, quand bien même il l'avait pensé. Alors comment Marsh pouvait-il savoir qu'il avait traversé son esprit ? Troublé, en quittant à son tour la voiture. En remettant ses vêtements en place, ses cheveux en place, le véhicule en place. Un million de questions sous le crâne, et une seule certitude lorsqu'il posa les yeux sur l'homme qui ne l'attendait qu'à peine. Il ne pouvait pas avoir inventé le terme, Marsh. Il ne pouvait que l'avoir entendu. Un télépathe ? Certaines des créations de Dieu étaient capables de prouesses, Enoch était bien placé pour le savoir. Certains des enfants de Caïn l'étaient tout autant. Un rictus étira ses babines tandis qu'ils reprenaient la route. Quelle que soit la nature de Marsh, ils entraient dans une toute autre forme de jeu. Bien plus attractif pour le Chasseur maintenant que les règles impliquaient d'être plus prudent quant à ce qu'il pensait. Prédateurs tous les deux, sur un même pied d'égalité. En se trahissant de la sorte, Marsh n'en était devenu que bien plus fascinant.

L'envie de s'immiscer dans sa vie, dans sa tête, sous sa peau, que bien plus prenante. Il affecta l'air de rien tout du long de la marche, profitant du silence pour étudier l'homme à côté de lui. Parfaitement silencieux, l'ange volubile, le Messager de Dieu. Qu'était Marsh ? Un pair ou une proie ? Ressasser toutes ses connaissances sur les créatures qu'il chassait ne suffisait pas à savoir précisément de quoi il en retournait. Prudent, dans ses propres pensées. Ne pas réfléchir trop fort, ne penser qu'efficacement. Un nouveau plan d'action se dessina à mesure des mètres. L'effet de surprise avait déjà donné d'excellents résultats pour provoquer des réactions malgré le flegme proverbial de son compagnon. Continuer d'attaquer dans ce sens, et voir où ça le mènerait. Si l'autre se servait de la tête d'Enoch, ce dernier se servirait de sa voix pour l'amener où il le désirait. Contrôle illusoire, dans ce combat d'homme à homme. Que la compagnie de l'autre soit particulièrement agréable n'enrayait en rien le plaisir de la Chasse, bien au contraire.

Fraîcheur du soir ou froideur analytique, Enoch se trouvait les idées bien plus claires quand la marche cessa finalement. Se glissa à la suite de Marsh derrière la porte d'entrée, dans l'antre de cet être passé d'intéressant à fascinant. Une tanière à son image, propre, soignée. L'élégance et le goût respirant à travers chaque planche du parquet impeccable, la froideur et le besoin de contrôle dans chaque élément parfaitement rangé du décor. Il ne fut pas surpris par l'absence de murs malgré la taille de l'habitat. De cette manière, Marsh pouvait avoir une vue d'ensemble sur chaque élément de son domaine. Le témoin de ce besoin qu'Enoch avait déjà ressenti chez l'autre homme : celui de ne perdre le contrôle à aucun moment donné de son existence. Presque surpris que la salle de bain soit séparée par une porte et des cloisons. Mimétisme en retirant son manteau, Enoch, à l'exception qu'il l'accrocha au porte-manteau. Fais comme chez toi, mais n'oublie pas que tu es chez moi. Un message parfaitement clair qui lui arracha un sourire amusé. Un rappel, plus qu'une invitation. Hochement de tête affirmatif à l'énonciation de tout le reste d'un programme parfaitement calibré. Le soldat se ferait un malin plaisir à valser sur chacune des limites qu'il se verrait imposer.

-Rassure-toi, j'ai une imagination particulièrement fertile pour ce genre de choses.

Parfaitement à l'aise, Enoch. Bien plus à l'aise chez Marsh que dans sa propre maison, presque à la même image que ce loft où rien ne dépassait. Son sourire s'élargit en croisant le regard tout aussi amusé de son compagnon. La noirceur qui le fascinait autant chez sa proie avait été remplacée par un nouvel éclat, tout aussi intriguant. Se laissant dévorer par les iris clairs, il déposa sereinement le sac en plastique au pied d'un comptoir de la cuisine. Coula finalement ses prunelles au fond des glaciers, le regard pétillant d'une malice impossible à feindre :

-Impossible de refuser une telle proposition. Surprends-moi.

Programme parfaitement rôdé. Agissait-il de la sorte avec toutes les personnes qu'il faisait entrer dans cet appartement, ou Enoch était-il privilégié ? Soutenant toujours son regard, il indiqua le comptoir puis le sachet qu'il tenait toujours en main du menton. Une autorisation qu'il demandait par jeu plus que par politesse, n'attendant pas la réponse à son "je peux ?" silencieux pour déposer le paquet sur l'îlot de la cuisine. Une autre autorisation allait s'enchaîner, de toutes façons, maintenant qu'il tirait le flacon de solution pour lentilles du plastique. Il y avait une zone de l'habitation que le Chasseur n'avait pas moyen de voir, et, s'il appréciait de ne pas avoir à attendre d'avoir épuisé Marsh pour pouvoir explorer son appartement dans le détail, il appréciait également avoir une idée générale d'où il évoluait. Prédateur nécessitant de connaître parfaitement le terrain sur lequel il chassait.

-Puis-je ? Déjà commencer à abuser de ton hospitalité ? Je serai plus à l'aise pour cuisiner, tout comme je ne risquerai pas d'interrompre la suite de ton programme, de la sorte.

Faire miroiter son intérêt pour ne pas avoir à avouer qu'il s'agissait aussi d'entretenir le sien, d'intérêt. Une interrogation qui n'impliquait que du bénéfique pour tous les partis, quel que soit le sens par lequel Marsh la prendrait. Il se laissa indiquer la salle de bain, reprit ses affaires et s'y faufila souplement, parfaitement conscient qu'en disparaissant de la vue de Marsh, il lui laissait toute l'amplitude pour potentiellement empoisonner son verre. Mais il n'avait pas peur, le Chasseur. Confiance aveugle du myope dans le Grand Dessein de son Seigneur, tandis qu'il se coulait vers l'évier de l'immense salle de bain de sa cible. Qu'il glissa ses lentilles dans leur étui, ses lunettes sur son nez puis son nez dans les meubles de la salle de bain, observant tout ce qu'il pouvait y trouver. Serviettes quasiment neuves, confortables. Peignoir de marque, tout aussi confortable. Des produits de soin comme on en trouverait partout, à l'exception que ceux-ci étaient hors de prix. Il avait toujours régné une aura luxueuse autour de Marsh. Le nom n'était pas non plus inconnu à Exeter, la famille étant réputée comme pieuse et loin d'être pauvre. Il lui sembla même que cette même famille avait donné de sa poche pour la restauration du clocher où officiait Sir Sinclair, bien que le rejeton n'en soit pas certain. Le nom lui évoquait une vague histoire de dissensions quant à des visions opposées de l'interprétation des Ecritures. Il vérifierait les registres, à l'occasion.

Pétri par l'opulence et son propre confort oculaire, il finit par rejoindre son hôte. Lui adressa un sourire radieux en s'installant face à lui, politesse ou remerciement, charme ou hypocrisie. Ses doigts s'enroulèrent autour du verre qui l'attendait. Trinquèrent. Aucune odeur d'amande amère ne s'en dégageait, mais l'homme était suffisamment versé en poisons pour en avoir un parfaitement inodore sous la main. L'alcool, fort, roula le long de son gosier. Si tel était le Dessein du Seigneur, qu'il périsse empoisonné, qu'il en soit ainsi.

-Surprenant, en effet. Pas le genre de boissons que l'on gaspille sur ceux qui passent rapidement entre les draps. D'avantage ce que l'on garde pour son appréciation personnelle.

L'alcool était riche. Luxueux. Mais étrangement rassurant. Comme un livre qu'on aurait lu et relu sans cesse, sans jamais se lasser. Quelque chose qui se gardait jalousement pour n'être partagé qu'en de rares occasions. Quelque chose de moins cher qu'une bouteille de champagne onéreuse importée de France, qui n'aurait eu de bon que le prix investi dedans. Ce que lui avait servi Marsh était bon. Purement et simplement bon. Un plaisir qui ne valait que d'être préservé, alors qu'Enoch déposait son verre sur la table basse. Inutile de renverser ce verre en se hissant sereinement à califourchon au-dessus des cuisses de l'autre. En savourant cette tension qu'il sentit une nouvelle fois dans les membres de Marsh, son espace personnel mis à mal pour la énième fois de la journée. Souffle contre souffle, presque pour se faire pardonner. Le sang avait fini de couler de sa lèvre, mais il ne suffirait que d'une morsure pour que la plaie ne s'ouvre à nouveau. Obéissant à leur propre rythme, ses reins, alors qu'il imprimait la cadence contre son hôte. Son index glissa le long de la mâchoire ciselée, souleva son menton comme une invitation. Pas de brusquerie, pas de violence, mais pourtant une intention très ferme dans son baiser. Bien plus rude, bien plus âpre que le moindre de leurs ébats depuis qu'ils s'étaient retrouvés.
Attaquer ses défenses une à une. A la fougue s'opposait à présent une lenteur parfaitement délibérée. A la bestialité s'opposait désormais une lascivité assumée, probablement bien pire que la satisfaction immédiate de leurs besoins. Enoch avait tout son temps, lui. Jusqu'à ce que Marsh se lasse, se vexe ou décide de le chasser. Et il avait la ferme intention de rester jusqu'au bout. D'en savourer la moindre goutte, jusqu'à réussir à extraire l'essence même de l'homme. De la créature. Félins, les balancements de reins contre son bassin. Souples et agiles, ses doigts, tandis qu'ils exploraient le corps de l'autre à travers ses vêtements. Entendait-il ses pensées ? Elles étaient toutes dirigées dans une seule direction. Ce touche-moi plus qu'évident auquel le conviait tout le Chasseur, tandis qu'il repoussait toujours plus les défenses. Mouvement souple pour repousser la table basse du pied. Pupilles dilatées, en se laissant glisser entre les cuisses de l'autre. Ange annonciateur de la Bonne Nouvelle. Qui finit par se dérober pour se redresser de tout son long. Un index sur les lèvres, imitant le geste de l'autre dans la voiture.

-A charge de revanche. J'ignore où tu as entendu le mot adorable, mais il ne venait certainement pas de cette bouche.

Marsh aurait-il la naïveté de lui avouer sa nature de télépathe ? Il n'en était pas certain, le Chasseur. Tâtonnait pour mieux s'y trouver. S'arracha à la contemplation du regard ombrageux, des joues rosies ou des lèvres carmines de l'autre pour se détourner vers la cuisine. Attrapa le couteau au passage et fit comme on le lui avait indiqué : comme chez lui. Avec la parfaite notion qu'il ne l'était pas. Une raison parfaite pour ouvrir le frigo, les placards, à la recherche de mets de choix. Légumes et viandes sur le comptoir, et couteau fermement enfoncé au creux de la paume. S'offrit le luxe de jongler avec un oignon, le jetant dans les airs pour le rattraper sur le fil du couteau. Dos à l'autre, en commençant à détailler la nourriture d'une main experte. Le moindre mouvement brusque serait fatal.

-Je vois la manière dont tu vis et je comprends beaucoup de choses. Une question me brûle pourtant les lèvres. Ne t'es-tu jamais imaginé qu'il puisse être confortable d'abandonner le contrôle, ne serait-ce qu'une brève minute ? Ou qu'au cours d'un simple geste ? Que cela te ferait-il si, par exemple...

Toujours dos à l'autre, Enoch attrapa un des torchons parfaitement pliés sis dans le tiroir d'où il avait tiré une spatule et se retourna pour le poser en désordre sur l'îlot derrière lui. Laissa le tiroir ouvert, tandis qu'il ouvrait un placard pour en tirer une casserole. Installa le chaos point par point dans la cuisine parfaitement rangée, se faisant violence en lui-même pour ne pas remettre l'ordre de lui-même. Un rôle qu'il se donnait, le soldat. Dans sa vie monacale, il n'y avait pas plus de place pour le chaos que dans celle de Saul Marsh. Mais il avait un exemple à donner.

-... Cela ne changerait-il pas quelque chose de semer une graine de chaos dans ton univers parfait et de voir comment elle pousserait ?






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Il n'ouvrait pas ses portes à n'importe qui, en règle générale. Si certains pouvaient prendre cela pour de la prudence, ou un moyen de se protéger de certaines attaques -il était normal d'être méfiant dans cette ville de dégénérés- la vérité était qu'il n'en avait tout simplement pas envie. À quoi bon recevoir une personne avec qui il pouvait passer la nuit ailleurs, et rentrer dans son loft spacieux une fois ses affaires terminées ? Il ne tenait pas à s'encombrer d'une présence qui risquait de prendre ses aises, et de penser que l'accès à son domicile correspondait à un accès dans ses bonnes grâces. Il n'en était rien. S'il était assez curieux et joueur pour se soumettre à certaines règles sous quelques conditions, il n'attrapait jamais les perches que lui lançaient certains amants pour finir la nuit dans ses draps. Et puis, il préférait perdre un contact, plutôt que de se dévoiler. Les personnes à avoir son adresse étaient très peu nombreuses, et la plupart n'avaient aucune raison de venir le déranger inutilement. Les membres de sa famille principalement, et quelques amants qui avaient trouvé le moyen de dénicher son adresse à des fins diverses et variées. Arlo, par exemple, avait débarqué un beau jour ; sans qu'il ne s'y attende.
Mais la soirée s'annonçait différente. Et ce n'était pas uniquement à cause de la présence de l'autre, et de cette pointe d'intérêt qu'il avait éveillée chez lui dès leur rencontre. Il y avait quelque chose de dissemblable entre cet homme audacieux, et ceux que Saul fréquentait en temps normal. Il ne savait pas s'il appréciait cet aspect si hétéroclite de leur relation. Un mélange explosif dans son appréciation ; autant envie de se fondre dans cette nouveauté, que de la fuir pour ne pas s'y laisser sombrer. L'inconnu était trop terrifiant pour qu'il n'accepte un tel chamboulement dans ses habitudes. Il était déjà bien étonné d'avoir accepté de l'amener jusque chez lui, avec une telle aisance.

Il n'est même pas désagréable, en l'invitant à prendre ses aises chez lui. Une remarque bien menée, mais qui n'avait rien d'agressif. Il n'avait pas envie de le mettre mal à l'aise, enfin, pas tout de suite, et pas de cette manière. Il aurait tout le loisir de jouer de ces cordes plus tard dans la nuit, et ne comptait pas se l'interdir. Son visage s'était décrispé, sans pour autant afficher de sourire que l'autre prendrait pour une invitation. Il reste impassible en apparence, en accueillant son affirmation avec plaisir : Rassure-toi, j'ai une imagination particulièrement fertile pour ce genre de choses. Il n'en avait pas douté. L'envie de le lui faire savoir, mais il le garde pour lui, toujours peu bavard malgré la langue qui s'est si bien déliée quelques minutes plus tôt. Il adresse un simple hochement de tête à la demande, désignant la salle de bains d'un mouvement de menton. Il n'avait rien à cacher, et acceptait qu'il évolue dans chaque pièce de ce logement à son image ; en dehors de son bureau. Les éléments qui s'y trouvaient étaient bien trop personnels. Entre ses effets personnels, les bouquins sur des sujets pointus qu'il ne laissait pas dans sa grande bibliothèque, et tous les rapports médicaux dans ses tiroirs, l'entrée était formellement interdite. Mais il avait une vue dégagée sur l'ensemble de son loft, et ne craignait pas que l'autre puisse y accéder sans être vu de lui. Il pouvait donc le laisser partir sans trop se faire de problème sur ce qu'il pourrait découvrir ou non. Il n'avait rien à cacher, de ce côté-là.

Une fois le barman entré dans la salle de bains, Saul fait quelques pas pour atteindre le comptoir de la cuisine parfaitement fonctionnelle, et se penche pour attraper une bouteille trônant entre ses soeurs. Il ne buvait pas beaucoup d'alcool, mais avait su se construire une collection de bonnes bouteilles, au fil du temps et de visite de grands noms passés chez ses parents sans venir les mains vides. Il avait lu assez d'ouvrage, épluché assez de pages sur le sujet, pour connaître des informations sur les breuvages, leur empreinte, et leur signification. Il savait exactement ce qui plairait à son invité, et ne lésinait jamais sur les qualités, et les quantités. Il verse deux verres identiques, et replace la bouteille, en poussant un des deux contenants à l'autre bout du comptoir afin qu'il puisse s'en emparer en passant. Il aurait pu lui proposer un glaçon, mais savait qu'Enoch était bien trop connaisseur pour faire cette erreur. Une fois l'hôte revenu, il attrape son propre verre, et le fait tinter contre le sien, d'un cheers silencieux.
Sourcil arqué à son analyse, il ne réagit que d'un haussement d'épaule. Il aurait pu dire une part de vérité, en précisant qu'il n'avait aucune boisson médiocre dans sa collection, et qu'aucune des bouteilles qu'il possédait ne convenait à un amant de passage ; il devrait donc faire avec. Mais il préfère entre dans ce jeu, chassant l'évidence pour se livrer à la malice alors qu'il rejoint le salon où il s'installe dans un coin de son canapé. - Tu peux aussi ne pas passer dans mes draps, tu seras alors un invité comme un autre et ... la boisson sera appropriée. Il n'a pas le temps d'aller au bout de sa pensée, de terminer sa phrase. La présence de l'autre au-dessus de lui lui coupant le souffle. Il ne dit plus rien, se contente de le regarder en plissant les lèvres ; ne lui ferait pas le plaisir d'ouvrir les hostilités. Il ne pensait pas qu'il passerait à l'attaque si abruptement, mais savait maintenant que son compagnon était plein de surprises. Il ne se fait pas prier, installant une main au bas de son dos, et l'autre dans son cou, l'agrippant avec la même passion passive qu'utilisait l'autre dans ses mouvements de bassin. Il l'aurait allongé sur le canapé, et l'aurait défait de son armure sur-le-champ, si l'autre n'avait pas évincé cette proximité qui ne l'avait pas dérangé ; uniquement parce qu'elle promettait un rapprochement charnel. Arrêté dans ses pérégrinations sensuelles, par la distance creusée, l'autre déjà debout et sa langue occupée à autre chose que dans les pensées de Saul. Il a envie de lui dire de se taire ; et se lever pour réclamer son dû. Il n'avait pas à le laisser ainsi, à attendre qu'il revienne pour calmer le feu qui avait pris vie dans l'intégralité de son corps. Il penche la tête en arrière, et ne le regarde pas en répondant à ses mensonges. - C'est de passer tes soirées entouré d'ivrognes qui te rend sénile au point d'oublier tes paroles ? Il n'attend pas plus pour relever la tête, et se redresser en attrapant son verre abandonné sur la table basse. Il le regarde un instant, le regard assombri par le désir et une autre lueur qu'il ne pouvait expliquer. Il se lèche subtilement les lèvres, avant de porter son verre jusqu'à sa bouche pour y prendre une lampée.

Assez intrigué en le voyant trouver ses marques comme s'il vivait ici depuis des mois déjà, il reste un moment en retrait, à attendre. Non sans être resté quelques secondes à le détailler, des pieds à la tête, alors qu'il le voyait de dos. Murmure de quelques mots qu'il ne cache pas, mais ne sait si l'autre les entendra. - Il y a des vues plus désagréables que d'autres. Il ne comprend pas où il veut en venir ceci dit, pas certain d'aimer la tournure des évènements. Mais il ne l'arrête pas, le regarde faire en prenant sur lui pour ne pas l'arrêter immédiatement. Jusqu'à hausser les épaules, une fois les affaires dérangées de leurs emplacements originels. Il le rejoint. En quelques pas, svelte et précis, en reposant ses mains au fond de ses poches, adossé à un plan de travail. Dos au placard. Il le regarde faire, appréciant la beauté de ses gestes qu'il voit si précis. Ce n'est qu'en captant un quart de seconde son regard, qu'il réagit. Il ne lui répond pas verbalement au début, se contente de retirer les mains de ses poches, pour les poser à plat sur le plan de travail du comptoir en le regardant. - Le désordre n'est pas un souci, quand on l'a décidé. Il étire légèrement ses lèvres, en un rictus plein de signification. - Et, je l'accepte. Il lève un bras, et fait tomber l'intégralité de la rangée d'épices, avant de de lever légèrement les épaules dans une attitude signifiant : oops. Il contrôle, parce qu'il le veut bien. Il pourrait l'arrêter, et c'est tout ce qui lui importe. Il ne se sent pas mal, parce qu'il accepte ce désordre, et aide à le répandre. Lorsque l'on ne peut pas contrôler quelque chose, il faut retourner la situation pour se convaincre qu'il s'agit de notre décision. Il met le désordre, accepte qu'il s'agit de ton désordre. Le déni comme clé pour absolument tout surmonter.

Il attrape ensuite un couteau de cuisine, assez tranchant pour rentrer dans de l'os comme dans du beurre. Tous les ustensiles présents venaient de sa boutique, sauf ceux qu'il n'y vendait pas. On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés ; ce n'est pas le cas de Saul Marsh qui ne s'entoure que du meilleur. Il propose son aide, appuyant distraitement son pouce sur le bout de la lame sans le lâcher des yeux. - Dis-moi quoi faire, et j'exécute. Profite, t'auras plus l'occasion de me faire obéir après ça. Il attrape les aliments, coupe, tranche, accordent quelques regards de biais à Enoch selon les instructions qu'il donne. Il reste silencieux en le faisant, l'esprit bien plus parlant que ses lèvres. Il pense, beaucoup trop, se questionnant sur ce que tout ce cirque signifiait entre eux. Sa curiosité l'avait, jusqu'ici, emporté sur la peur de ce qu'il lui cédait peu à peu. Mais combien de temps cela durerait ? Il lui laisse le soin de faire le reste, en gardant le couteau dans sa main la plus habile. Il fait le tour du plan de travail et s'installe juste à côté de lui, seul les centimètre de son espace personnel les séparent.
Il s'adosse à côté de lui, dans son sens contraire, afin de voir son visage, et pas ce qu'il est en train de faire. Le couteau toujours dans sa main, qu'il détaille longuement, se demandant à quoi le sien allait servir. Il savait qu'il ne lui avait pas demandé une arme d'une telle qualité pour s'en servir en cuisine, il n'était pas aussi naïf. D'ailleurs, il lui semble qu'il était le moment d'avoir une réponse à cette question. Il fait une moue hésitante, comme cherchant les mots appropriés pour engager la conversation. - Tu comptes me dire ce que tu me veux, d'ailleurs ? Il arrête de le regarder, et attrape son verre laissé dans un coin, afin de s'occuper les mains, plus que pour y boire. Il plonge ses yeux dans le liquide, s'y perdant très légèrement, alors qu'il enchaine. - Tu n'es pas venu dans ma boutique juste pour de la corde. Et tu n'as pas voulu me voir juste pour ... tu sais. Il plonge enfin les lèvres dans le verre, et plisse les lèvres en attendant que l'alcool ait fini de réchauffer sa gorge. - J'ai d'abord pensé que tu étais un cambrioleur, que tu étais passé dans le fond de la boutique, puis ici, pour faire du repérage mais ... Je n'y crois pas. Il garde son verre dans une de ses mains, et de l'autre -celle vers Enoch- il glisse la lame du couteau contre la joue opposée de son invité. Et sans aucune violence, il lui fait tourner la tête afin qu'il le regarde. - Tu caches quelque chose, et même si j'adore les mystères, je veux savoir ce que c'est. Il franchit lui-même la distance qu'il garde toujours avec les autres, afin de se retrouver le plus proche possible de lui, ne lâchant pas ses prunelles de ses yeux bleus. - Je sais que je suis plein de charme, mais t'es pas là uniquement pour ça, Michael. Le mauvais prénom, exprès.



AIN'T GONNA BE ALONE
tell me do you really think you go to hell for having loved ? tell me and not for thinking every thing that you've done is good. i really need to know. after soaking the body of jesus christ in blood.
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Enoch Sinclair
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Loup dans la proverbiale bergerie, à évoluer exactement comme il l'entendait. Soumettre son corps à un peu de distance avec celui de Marsh permettait de remettre un semblant d'ordre dans ses pensées. De maîtriser d'avantage cette fièvre qui revenait sans cesse à chaque fois que leurs soupirs se mêlaient, annonciateurs de toujours plus. De jamais assez. S'extirper dans la cuisine avait deux buts. Lui permettre de réinstaurer le froideur dans tout son être, mais aussi d'évaluer une autre des limites de l'autre. Comment réagirait-il à la frustration, comment réagirait-il à ce chaos persistant que le Chasseur souhaitait instiller dans son existence ? Plus il se dévoilait, Marsh, et plus Enoch saurait comment le cerner. Et cela passait par une multitude de tests d'apparence anodine. Un jeu aux règles non-dites mais parfaitement sues. Enoch était mauvais joueur, l'avait toujours été, encore plus quand la traque s'alliait à ce type de tests. Mais il espérait, au fond, que sa cible attitrée le soit au moins tout autant. Sinon plus. Cela ne pourrait le rendre que plus intéressant, l'homme mystère, drapé dans son orgueil et toutes ces règles pré-instaurées. Protections dérisoires. L'instant où s'ouvrirait la faille, le Chasseur était tout prêt à se fondre immédiatement dedans.

Presser tous les boutons de l'autre un à un. Instaurer chaos, tumulte et agitation dans cet univers d'une froideur impeccable, et voir ce que cela donnerait. Enoch n'attendait aucune réponse particulière, fut toutefois agréablement surpris de voir celle que lui conféra Saul Marsh. Félin qui jouait à pousser tous les objets du comptoir, imitant et magnifiant ce que le Chasseur avait déjà commencé. L'illusion du contrôle dans chacun de ses mots, avec cette "acceptation" dont il se faisait l'émissaire. Il sourit, Enoch. Pire, il rit en le voyant hausser les épaules. Trouvant un pair dans l'attitude et le culot, il aurait poursuivi la démolition de la cuisine avec son hôte si la faim ne tiraillait pas déjà son estomac. Posa un regard vert chargé de malice au fond des puits d'un bleu océan de l'autre. Bonne réponse. Connivence espiègle et spontanée, Gabriel, l'ange de l'émotivité qui s'amusait bien trop de la situation. Remisa une partie de ces nouvelles informations, et la manière dont elles avaient été distillée, au creux de son esprit. Enfants jouant avec des ciseaux, la spontanéité dangereuse et assassine. Un couteau dans la main qui ne s'abattrait probablement sur rien de plus que des légumes et de la viande, en synergie.

Synergie. Il n'aurait jamais été question de synergie, n'y aurait dû en avoir aucune. La traque était une chose, la Mission ne laissait nulle place au plaisir. Mais celui que le Chasseur éprouva en guidant Marsh à travers toutes les étapes de la préparation de son plat, lui, n'avait rien de feint. Glissement de perspective, en observant les doigts clairs et propres détailler les tomates en dés parfaitement précis. Une véritable technique, une parfaite maîtrise de ses outils. Un autre plaisir, coupable, que de le voir réagir au quart de tour au moindre de ses caprices. Aucune mauvaise humeur, aucune remarque sarcastique, rien de plus que la docilité de celui qui sait ce qu'il fait et écoute ce qu'on lui dit. Pied d'égalité des deux hommes sur lequel chacun se tenait en équilibre, parfaitement stables. Et une idée de traverser les boucles noires. Dans d'autres circonstances, ils pouvaient être amis. Si l'univers ne les opposait pas, si leur nature ne les opposait pas. Un tronc commun sur la manière d'être, à ne rien lâcher pour ne s'abandonner qu'en des instants très précis. Décidés. Paramétrés. C'était ça que Ruth n'avait pas compris, ça que Nox était désespéré de comprendre. Que Marsh accomplissait sans avoir à dire quoi que ce soit, leurs mains s'activant chacune sur la tâche à réaliser sans la moindre anicroche. Surprenant, de se sentir si à l'aise en compagnie d'une autre personne que les membres de sa fratrie. Et il espéra, au fond de lui. Un bref instant, moins qu'une seconde. Il espéra que Marsh ne soit pas différent.
Pourtant nombre de paroles, de sensations, tendaient vers le contraire. Vers une nature différente de celle intentée par Dieu. Ces sensations qui gonflaient le coeur d'Enoch, entre fièvre et haine, raz de marée lors de certaines de leurs étreintes. Cette remarque sarcastique sur le fait qu'il eusse potentiellement lâché une pensée en mot sonore. Adorable. Il se savait dans un état différent, comme drogué, jusqu'à arriver aux abords de la demeure de Marsh. Mais jamais il n'aurait trahi une telle pensée verbalement. Il se connaissait bien assez pour le savoir, tout comme il ne connaissait pas assez Marsh pour savoir si le sarcasme renfermait quelque chose. Savait-il ou ignorait-il vraiment que cette pensée n'avait pas été prononcée directement ? Jusqu'à quel point l'homme était-il différent, de cette différence innommable, abjecte et impie, qu'il fallait balayer de la surface de la Terre ? Enfant de Caïn, ou créature de Dieu ? Si Marsh ignorait jusqu'au fondement de sa nature, pour peu qu'il soit différent, c'était une difficulté de taille qui s'annonçait pour le Chasseur. Non seulement il ne pourrait pas le forcer à se dévoiler, comme il l'aurait pu d'un Wendigo, d'un Zombie ou autre Gorgone. Les questions étaient simples, en ce qui concernaient ceux-là. Mais devant l'ignorance, il allait devoir redoubler de tentatives. Prêcher le faux pour obtenir le vrai, puis recouper toutes les informations avec ce qu'il connaissait déjà.

Et ce challenge supplémentaire lui plaisait, au Chasseur. Énormément. Il était bien trop facile d'obtenir ce qu'il voulait, avec le Don que Dieu lui avait fait. Cette voix qui forçait les autres à se plier à sa volonté. Saul Marsh rendait les choses bien plus difficiles en s'ignorant lui-même. Devoir user d'armes et de méthodes différentes était un changement bienvenu dans les habitudes d'Enoch. Il aurait toujours son arme secrète sous la main, pour peu qu'il devienne nécessaire de s'en servir, de toutes façons.

Il le sentit glisser à côté de lui, Saul Marsh. Frissonnant sous son regard insistant, s'enorgueillit presque d'avoir toute son attention. Le nez abaissé vers la poêle qu'il avait glissée sur le feu, mais les sens en alerte. Il pouvait voir l'autre dans sa vision périphérique, épier l'éclat de ce couteau dans sa main. Marsh n'en ferait rien. Rien de litigieux, Enoch en avait parfaitement conscience. Aussi, quand sa voix s'éleva à nouveau entre eux, il ne leva pas le regard pour autant. Glissa les dés de tomate sur la lame du sien, de couteau, puis l'index pour les pousser dans la poêle. S'étira d'un rictus alors que Marsh laissait courir son imagination. Un cambrioleur ? How cute. D'une certaine manière, il en se trompait pas sur toute la ligne. Enoch était effectivement arrivé dans sa vie pour faire du repérage, mais pas pour les raisons qu'ils énonçait. L'éclat de la lame du couteau trancha son champ visuel. Contrairement à toute attente, il n'en prit pas ombrage. Le désordre n'est pas un souci, quand on l'a décidé. Il en allait de même du danger. Ses doigts glissèrent jusqu'à un torchon. Le crissement du métal contre ses poils de barbe ne le décontenançant pas plus, il s'essuya sereinement les mains en retrouvant le regard de Marsh. Un frisson au creux des reins. L'ombre d'un sourire au creux des lèvres.

-C'est vrai. Je ne t'ai pas initialement contacté pour de la corde, mais parce que j'étais intrigué par ta réputation pour le moins sulfureuse.

Il reposa le torchon, déposa ses mains à plat sur le comptoir. L'une d'entre elle frôlait la cuisse de Marsh sa pour autant la toucher. Mais son regard, lui, ne faisait pas que frôler celui de l'homme qui le tenait en joue. Il s'avança, à son tour. Le fil de la lame, parfaitement affutée, crissa d'autant plus contre sa barbe. Il n'en ressentit toutefois pas la morsure.

-Tout comme il est vrai que je suis effectivement ici pour faire une forme de repérage. Mais je ne suis pas un cambrioleur. Tes effets personnels sont saufs, ceux que referment ta boutique, ça reste encore à voir. Mais tu as raison sur encore un point. Tu es quelqu'un plein de charmes, et je ne suis effectivement pas seulement ici pour eux, tout aussi plaisants soient-ils.

Parfaitement impassible, parfaitement confiant, en plongeant toujours ses iris verts au creux des prunelles froides de Marsh. Il ne se voyait pas insulter l'intelligence de l'autre homme avec des mensonges ridicules, ce n'était pas sa manière d'être. Trop volubile, l'Ange Messager de Dieu. Trop émotif. Pourtant le stoïcisme avec lequel il se tenait à présent, proche de Marsh au point qu'il ne suffirait que de peu pour retrouver la chaleur attrayante de tout son corps, était aux antipodes de ce qu'il faisait d'ordinaire. Un murmure parfaitement serein. Pupilles dilatées, en sentant l'appel du jeu. L'appel du danger.

-Pose ce couteau. Tu vas te faire mal.

Paternalisme amusé, assumé. Provocation pour voir s'il s'agissait d'une menace, ou d'un conseil. L'envie de presser sa joue contre la lame et de tâter ce terrain là. Quelle réaction aurait-il si le sang se mettait à couler ? Le regard bien plus assombri à cette pensée, il s'approcha encore d'avantage. Laissa la lame là où elle était, retrouvant la chaleur du bassin de Marsh contre le sien. Une main de chaque côté de ses hanches, les bras solides comme pour l'empêcher de se dérober. En dépit de l'espace personnel, alors qu'il avançait son visage bien trop proche de celui du plus jeune. Tranche. Tranche si tu l'oses.

-Tu le sais depuis le départ, je t'ai abordé pour deux raisons. Tester la qualité de tes produits qui sont, je peux l'affirmer à présent, d'excellente facture. Et savoir ce que tu es. Et je peux déjà affirmer une chose : tu n'es pas un tueur, contrairement à ce que certains peuvent prétendre. Tu n'en as pas le regard.

Il s'en approchait, quelques fois. Quand ses pupilles se dilataient, quand la noirceur dangereuse et prédatrice couvrait d'encre le bleu océan de ses yeux. Mais cette lueur assassine, glaciale qui teintait à présent les prunelles noisettes du Chasseur, Marsh ne pourrait jamais l'imiter. Ange de la Mort, Marsh ne l'était pas. Elle était là, leur différence. Ils n'étaient pas sur le même emplacement dans l'échelle alimentaire. Prédateur, en pressant à présent volontairement sa joue contre la lame. La morsure bien plus concrète contre sa peau, mais une maîtrise parfaite tant de son corps que des tressautements de celui de Marsh. Regard vipérin contre les iris bleus. Une faim sans précédent au creux du bide, au creux de ces reins qu'il plaquait contre l'autre, et le sourire du prédateur de s'élargir sur une rangée de dents parfaites. Prêtes à mordre au moindre écart.

-C'est prêt, si tu désires passer à table.

Il s'arracha sereinement à la menace de la lame, félin en retournant à ses occupations. Aucune de ses réponses un mensonge, rien de plus que la stricte vérité. Aucune crainte que Marsh se décide à passer à l'acte, les réflexes suffisamment aiguisés par leur petit échange pour réagir au quart de tour s'il en venait à l'attaquer. Ses mains de nouveau libres s'activèrent autour de la poêle, des ustensiles, coupèrent le feu. Il haussa un sourcil interrogateur en direction de son hôte, indiqua le salon d'un mouvement de menton. La lueur dangereuse évanouie du regard du Chasseur. La conscience qu'une nouvelle limite venait d'être franchie, et le culot de prétendre ne pas en être responsable. Marsh n'avait pas posé la bonne question, en ce qui le concernait. Il ne s'agissait pas de savoir quelles étaient ses intentions, mais bien de définir ce qu'il était, lui aussi. Pour celle qu'il avait posée, sa réponse ne pouvait pas être plus claire. Plus sincère.

Reprendre ses activités avec la sérénité du grand félin. Il s'étira jusqu'à un placard pour en tirer deux assiettes, servit tranquillement la nourriture. Attrapa les assiettes avec l'habileté de celui qui sert les autres à longueur de journée, et louvoya souplement jusqu'à la table basse pour les y déposer. Arqua un énième sourcil dans la direction de l'autre. Etait-il prêt à le rejoindre pour poursuivre leur jeu. Le roulement dans sa gorge, paré à se faire entendre pour lui indiquer la marche à suivre. Il avait fait, le loup dans la bergerie. Et comptait bien se mettre quelque chose sous la dent, quelle qu'en soit la forme.





But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
God'll cut you down

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Saul Marsh
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L'idée d'investir la cuisine avec lui était bien plus alléchante que de commander chez un traiteur. Recevoir des ordres dans ce genre d'occasion ne lui posait aucun problème ; parce qu'il l'avait décidé. Il avait peu souvent l'opportunité de passer du temps dans cette partie de son domicile, en compagnie d'une autre présence. Il n'invitait que peu d'amants jusqu'à son lit, et encore moins dans ses placards. Il devait avouer que ce n'était pas déplaisant, de partager ce moment avec lui. L'impression que son compagnon de fourneaux ne trouvait pas cela désagréable, ajoutait à la douce frénésie qu'apportait cette nouveauté. C'était peut-être la raison pour laquelle il avait choisi ce moment précis pour se faufiler près de lui, et poser les questions qui lui taraudaient bien trop l'esprit. Il ne connaissait que peu d'êtres aussi énigmatiques que l'était le barman, et sans le forcer à entièrement se dévoiler, il souhaitait avoir quelques informations concernant cette relation qui prenait vie à feu doux. Il ne sait pas si ce qu'il aura l'amabilité de lui dévoiler sera véridique ou non, mais Saul savait reconnaître un mensonge lorsqu'on lui en bavait un. Il se demandait quel genre de mystère il utiliserait pour détourner ses questionnements, mais s'en amusait déjà.

Planté à côté de lui, le regard figé sur les traits de son harmonieux visage, comme pour lire les réponses à ses interrogations sans qu'il n'ait à ouvrir la bouche. Il savait qu'il ne lirait aucune forme de peur à l'approche de la lame, et était satisfait de ne pas s'être trompé sur son compte. Il tient fermement le manche dans sa main. Ce n'était pas par peur qu'il ne lui arrache des mains -pour en faire dieu sait quoi- mais l'appréhension d'un faux mouvement de sa part. Si la douleur se manifestait alors que la lame léchait la peau de son ami, un tremblement pouvait l'entailler. Évidemment, il ne se serait pas déclaré, et n'aurait en aucun cas évoqué sa maladie, quitte à faire croire qu'il s'agissait d'un choix de sa part. Il se moquait de passer pour un dérangé, et avait compris qu'Enoch n'était pas du genre à avoir peur. Il préférait cela, plutôt qu'il ne découvre pour ses antécédents médicaux. Et il avait raison de sentir l'absence de peur chez le barman, lui qui semblait ne pas craindre l'arme qui braquait le contour de son visage.
Il ne bouge pas, immobilité parfaite alors que l'autre avance. Il n'était pas étonné que sa réputation soit arrivé jusqu'à ses oreilles, et moins encore qu'il n'en ait été intrigué. Si une grande partie de la population d'Exeter fuyait le genre de personne qu'il était, se contentant de le pointer du doigt de loin, son client n'était pas de ceux-là ; et il ne fallait pas être très perspicace pour le deviner. Il pouvait alors remercier le bouche à oreille de l'avoir amener jusqu'à lui. Mais si sa réputation avait été le moteur de sa première visiteur, qu'en était-il des suivantes ? Pourquoi ne pas se contenter de ce premier contact, et se satisfaire de leur échange mouvementé dans le fond de sa réserve ? Il avait du mal à croire qu'il ne s'agissait que d'une histoire de commerce de charmes. Saul avait confiance en lui, en son corps, en son charme, et en ses capacités physiques concernant cette tâche. Mais il ne voyait pas un autre tel que lui s'abaisser à de telles visites, seulement pour ce genre de besogne. Aussi plaisant soit l'ouvrage. Mais il attendait qu'il en dise plus de lui-même, sans poser de question sur le reste.

L'autre n'a pas l'air de se faire prier pour en dire plus, sans le quitter des yeux. Et ce regard aurait fait baisser les yeux de plus d'une personne. Il y trouvait une lueur étrange, dérangeante, qui révélait bien plus sur l'homme que n'importe quelle parole qu'il aurait pu lui fournir. Et pourtant, il savait tendre l'oreille, Saul. Il savait écouter afin de trouver dans chaque révélation quelques informations à connaître sur l'autre. Et ces informations se faisaient bien rares, concernant cet homme-là. Et ces quelques mots, qui n'auraient dû être qu'un nouveau jeu à ajouter à leur liste déjà si longue, sonnait comme une menace qui lui fit froid dans le dos. Pas par peur ; il n'avait pas peur de la mort. Mais l'excitation. Cette lueur changeante dans ses prunelles, qui sentait la mort et la tuerie, il avait envie de s'y inviter entièrement, pour en avoir la même odeur. Et il aurait pu se laisser envoûter par cette proximité, et ces yeux qu'il était tant satisfait de sentir si pressant dans les siens. Mais il préférait attendre, parce qu'il avait trouvé une réponse déjà intéressante, dans ces quelques dernières secondes. C'était à ce moment-là, ce moment précis, que Saul compris une chose qu'il ne soupçonnait que par fantasme. Lui n'était pas un tueur, mais qu'en était-il d'Enoch ? Seul un tueur pouvait en reconnaître un autre ? Ce que Saul savait, c'était qu'une chose habitait son regard, une chose qui ne se simule pas, même avec de l'entraînement. Attiré par ce chaos, il ne fait que rapprocher un peu plus son bassin du sien, et son visage par la même occasion. Hypnotisé par l'aura qu'il dégageait à ce moment précis, par ce danger qu'il représentait en l'acculant ainsi.

Certainement qu'il l'aurait attrapé, laissé la lame s'évader jusqu'au plan de travail, et fait sien dans n'importe quel endroit de cette pièce, s'il ne s'était pas dérobé. L'envie de le stopper dans son élan, de s'emparer de son corps, et l'embarquer sans prévenir dans une de ces danses qu'il menait si bien. De son regard, de sa prestance, et de son attitude, il avait éveillé un feu ardent chez le boutiquier. Il prend sur lui, essaie de bien se tenir malgré le brasier indomptable qui prenait vie à chaque fois qu'il posait les yeux sur son invité. Alors il le regarde simplement faire, en reposant près de lui ce couteau qui n'avait pas pu être tâché de sang. Il attend un bref instant, planté contre le plan de travail, avant de répondre présent à l'invitation d'Enoch. Il pouvait bien déguster un vrai repas, avant de se repaître d'un tout autre festin. Lui qui avait émis l'hypothèse de ne pas finir entre ses cuisses pour la soirée, revenait volontiers sur ses paroles en se décollant enfin du plan de travail. Il le lâche des yeux un court instant, afin de s'emparer d'une bouteille de vin perchée dans un endroit stratégique de la cuisine.  - À moins que tu ne préfères boire de l'eau ? Non. Il attrape un tire-bouchon, et s'occupe de défaire la bouteille de son liège. Il profite pour sortir deux verres à vins ; inimaginable de déguster son breuvage dans un autre récipient.

dés:

Il s'installe en silence, pieds croisés sous le fauteuil, alors qu'il s'empare de sa fourchette pour commencer à manger, en lui jetant quelques coup d'oeil ; sans s'en cacher. - Et bon cuisinier, en plus. Il ne te manquerait plus qu'un beau sourire, pour être bon à marier. Il se montre taquin, manière de souligner le contraste qui pesait entre son incapacité à afficher du bonheur sur son visage, et celui de son invité qui respirait quelque chose de plus attirant qu'un simple sourire.

Il continue de manger, avant de reprendre la parole, faisant écho à ce qu'il lui avait dit dans la cuisine. Il avait eu le temps d'y penser, en silence, sans faire part de son raisonnement à son compagnon. Il voulait savoir ce qu'il était ? Saul avait beau ne pas comprendre ce qu'il entendait par là, s'il s'agissait de profession ou autre, mais il était prêt à dévoiler un fragment de celui qu'il était, si le destin le lui demandait. Mais il ne cédera rien sans avoir quoi que ce soit en contrepartie. Alors, il lâche un peu de lest, reposant sa fourchette et croisant ses bras sur ses jambes en le regardant. - Tu as dis que tu étais intrigué, je le suis tout autant. Alors, pourquoi ne pas en apprendre plus avec un petit jeu ? Penché sur le côté, il tire le tiroir de la table basse, et attrape un minuscule objet. Tout était assez bien rangé chez lui pour qu'il n'ait jamais rien à chercher. Il fait un signe de main signifiant : ne t'inquiète pas. - Rien de ... physique, tu n'es pas assez doué. Et j'excelle dans tous les domaines intellectuels alors je vais t'épargner une série de défaites. Le ton moqueur, mais pas mauvais, parce qu'il ne croit pas un seul mot de ce qu'il dit. Au contraire, il avait compris qu'il ne tenait pas la comparaison avec son invité concernant des échanges robustes. Il veut seulement le charrier, bon enfant.
Ouvrant la main sur l'objet qu'il venait de récupérer, il dévoile un dé. - Le hasard sera peut-être plus de ton côté. Pair, tu peux demander ce que tu veux. Impair, c'est pour moi. Il ne demande pas si cela lui convient, et lance l'objet de loterie qui tombe sur le chiffre six. Il ne se démonte pas, et triche sans même le dissimuler, en retournant le dé sur le chiffre trois, avant de le regarder. - J'ai remarqué tes réflexes, es-tu un soldat ? Il reprend sa fourchette, et recommence à se sustenter sans le lâcher des yeux ; attendant une réponse à laquelle il n'avait pas droit. La question pouvait paraître insignifiante, mais Saul avait besoin de savoir. Cela expliquerait cette lueur dans son regard ? Il aurait déjà écourté la vie de certaines personnes, dans un cadre que le vendeur comprendrait mieux. Il saurait d'où venait cette ombre assassine qu'il avait remarquée dans son regard, et qui l'attirait tant.



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#1 'dé à six faces' : 3

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Ventre et reins criant famine, et les deux assiettes encore fumantes plein les mains. Il ne l'avait pas manquée, la flambée magnifique qui avait embrasé le regard de Marsh. N'avait pas manqué une seconde de ce souffle qui s'était raccourci, douce mélopée à ses oreilles. N'avait pas manqué une sensation alors que le bassin de l'autre était venu rejoindre le sien, et ce pour quoi ? A cause de ce regard qu'il avait glissé dans les iris bleus de son étrange compagnon. D'ordinaire planqué derrière son sourire, ce regard qui faisait frissonner tout un chacun. Qui dérangeait, qui terrifiait, souvent. Ruth qui s'était toujours esquivée lorsqu'elle le croisait, ses proies qui se gonflaient d'orgueil, sur la défensive. Ambrose qui avait décidé de le rejeter en bloc, Nox qui l'ignorait tout en l'ayant déjà vu. Mais Saul ? Saul avait eu une réaction aux antipodes de tout ce qu'Enoch avait connu auparavant. Le bleu royal de ses iris régaliens s'était teinté d'une fascination sans pareille. Déroutante. Attirante. Loin de l'intérêt qu'il apportait au Chasseur alors qu'il tentait d'évaluer sa proie, c'était l'homme qui le fascinait à son tour. Nul ne se sentait aussi attiré par la Mort, lorsqu'elle vous regardait en face. Nul sinon Saul Marsh, qui s'en drapait pour favoriser son fond de commerce. Qui s'en serait manifestement drapé et de corps, et d'esprit, alors qu'elle se pressait contre ses hanches.
Et ce manque évident de peur ne le rendait que plus intriguant, aux yeux du tueur. N'aurait-il pas mieux fait de le repousser, d'appeler la police, de l'interdire définitivement de sa vie ? N'était-ce pas ce que faisaient les gens "normaux", face au danger ? Le Chasseur n'en savait rien, la normalité des autres bien loin de son quotidien à lui. Mais Saul était la première proie à ne pas être effrayée par le danger. A croire qu'il avait eu raison en jaugeant le vendeur. Il n'était pas une proie comme les autres. Les proies traditionnelles n'avaient pas cette même lueur dans le regard. Lui-même prédateur, mais à un degré moindre. La grande différence entre eux : Saul Marsh n'était encore jamais passé à l'acte.

Pourtant ce regard étrange perturbait toujours le Chasseur malgré qu'il prenne faussement ses aises, installé dans le canapé en attendant que l'autre homme le rejoigne. Le fascinait. Rares étaient ceux qui, sans partager sa violence, la comprenaient. Et Marsh a bien des occasions lui avait donné cette très étrange illusion d'être capable de le voir, à un degré bien différent du reste du monde. Comme s'ils évoluaient sur le même terrain, de la même manière. Comme si Marsh comprenait ce qu'était sa nature intrinsèque et l'acceptait. La voulait. Il ne savait pas ce qui était le pire, Enoch. Le fait de devoir cacher ce qu'il était au reste du monde, de peur de compromettre la Mission. Ou celui de vouloir qu'on le voit, de vouloir de cette validation profonde que Marsh semblait capable de lui offrir. Ils se comprenaient en ce sens, les deux hommes. Loup contre renard, tueur contre charognard. Tous les deux sentant la mort, l'un l'offrant, l'autre la récoltant. Bien trop similaires sur tant d'aspects, et cette envie de prolonger toujours plus l'échange qui lui rongeait le train. Peut-être ne tenait-elle qu'à ça, cette facilité déconcertante qu'avait son corps de tolérer la présence de l'autre. Similaires et compréhensifs l'un de l'autre. Un échange sur bien plus de plans qu'escompté.

Il accueillit la présence de l'autre à ses côtés avec un plaisir non dissimulé. Apprécia tant la chaleur résiduelle dans son regard que les mouvements souples et détendus qui l'accompagnèrent. Une pause non négligeable dans leurs jeux d'adultes, manière comme une autre de repousser l'échéance quelques minutes de plus. Certain qu'il n'y aurait pas de dessert, tout du moins qu'il serait le dessert, vu les degrés de frustration qu'il faisait passer à Marsh, Enoch glissa sa fourchette dans la nourriture encore fumante, l'imitant. Vestige d'une éducation stricte, le "on ne mange pas avant le maître de maison". Il aurait consacré le repas, en temps normal, mais la Mission lui concédait cet écart qu'il saurait se faire pardonner par son Seigneur. Accueillit la remarque avec un rictus coupable. La décoloration de son alliance, cette marque blanche où le soleil ne frappait pas lorsqu'il la portait, striait encore son doigt. Ruth ne l'accompagnait pas, quand il rejoignait Marsh. Il n'avait pas besoin d'elle dans ces moments-là. Se contenta de répondre, l'air de rien.

-Tu ne crois pas si bien dire.

Parfaitement serein, l'éclat de dangerosité effacé des iris verts. Il s'offrit quelques bouchées supplémentaires, laissant la remarque en suspens entre eux. Une chose surprenante qu'il avait notée, en compagnie de Marsh : les silences qui s'instauraient entre eux étaient pour la plupart confortables. Rares. Mais confortables. Lui qui était d'ordinaire volubile, parlant pour mieux hacher le silence et les pensées des autres, n'allait pas se cacher qu'il apprécia ces quelques instants à savourer son plat. Leur plat. Haussa un sourcil alors que le silence venait à sa fin, Saul reprenant la parole. Sourire amusé sous la barbe noire devant le geste qui se voulait rassurant. Un léger haussement d'épaules alors qu'il reposait doucement son assiette sur la table basse. Il n'était pas inquiet pour le moins du monde. Depuis le temps qu'il avait compris que Marsh n'avait aucune intention de le tuer, même malgré sa petite démonstration avec son couteau dans la cuisine, Enoch n'avait aucune crainte quant à ce qu'il allait tirer des entrailles du meuble. Cela aurait pu être un pistolet qu'il n'avait aucune inquiétude. Après tout, même la bouche pleine, il serait tout à fait capable de le désarmer.

-C'est cela qui est parfaitement appréciable chez toi. Ton inénarrable modestie.

Pétillement de malice dans les iris verts en cherchant les prunelles bleues, devant la boutade. L'esprit de Marsh, affuté comme un rasoir, ne cessait pas de lui plaire. Un peu trop pour sa propre sécurité. Il suivit les doigts, étudia le tout petit objet qu'ils tinrent enfin. Un petit dé à six faces. Aux nouvelles règles qui tombèrent il s'étira d'un sourire, le Chasseur. Joueur, bien que mauvais, il n'allait pas passer à côté d'une opportunité de creuser encore un peu plus ce sujet passionnant que devenait le vendeur, au fil du temps. N'évalua la dangerosité d'un tel manège que succinctement. Quelles que soient les informations qui se distilleraient dans le salon du loft, l'autre homme n'aurait aucun moyen de savoir si elles étaient exactes ou non. De même qu'il n'avait lui-même aucun moyen de vérifier l'exactitude de ce que Marsh avouerait. Pour autant, il était prêt à jouer le jeu. C'était de bonne guerre.  
Le dé roula pour dévoiler un six, acheva sa course avec un coup de main pour représenter un trois. Le Chasseur pouffa sur sa bouchée devant le geste, bien trop amusé par le revirement de situation qu'il ne l'aurait dû. L'inénarrable modestie de Marsh se couplait à son sens inné du respect des règles. Il aimait ça, le mauvais joueur. Tout comme il aima un peu trop le terrain sur lequel on l'attaquait à présent. Très direct. Très personnel. Il soutint le bleu royal. Ne se cacha même pas derrière ses lunettes ou son sourire, quand bien même il considéra tricher. Mais la vérité était bien plus alléchante, pour les réactions qu'elle pourrait déclencher.

-Oui, mais je ne sers pas sous le drapeau.

Tout du moins pas le drapeau que la majorité des citoyens s'attendaient à voir claquer dans l'air. Sa bannière était bien supérieure à celle d'une nation. Bien plus qu'un pays, ce que lui et la Garde de l'Aurore défendaient. Une allégeance faite par le sang, bien loin des marques qui recouvraient généralement la peau des bidasses traditionnels. Il était au-dessus de tout cela, Enoch. Ne s'en cachait même pas. Fierté dans le regard, à trop en dévoiler tout en n'en disant rien. Saul avait précisé qu'ils devaient répondre aux questions de l'autre, pas qu'il était nécessaire d'entrer dans les détails. Avoir avoué qu'il ne servait pas l'Amérique mais Dieu était plus que suffisant. Ses doigts mats coulèrent le long de la table, s'emparèrent du petit dé. Le laissa rouler dans sa paume avant de le lancer à son tour. Inutile de tricher, lorsque le chiffre 4 s'afficha. Il aurait forcé le destin si nécessaire, mais s'avéra plus que ravi de voir que le Seigneur était de son côté.

ll se tourna du côté de Marsh, justement. Le jaugea dans toute sa beauté régalienne, l'air de réfléchir à une question qu'il avait déjà préparée bien plus tôt à l'avance. Il l'aurait posée même sans ce jeu, cette question. D'autres viendraient certainement plus tard, mais à celle-là, il souhaitait une réponse. Après tout, s'il obtenait de Marsh qu'il y réponse, cela lui donnerait un effort de moins à fournir.

-Qu'attends-tu de moi, exactement ? A part nos petites sessions de règlements de comptes à la spartiate, s'entend.

Marsh le lui avait stipulé, il ne faisait que rarement venir des intrus dans son domaine. De même, Enoch était prêt à mettre sa main à couper qu'il n'était pas du genre à sauter sur le premier inconnu à lui faire un peu de gringue sur son lieu de travail. L'ennui et la morosité semblaient envelopper l'homme comme un linceul, mais il avait deviné une âme bien plus ardente que ce qu'il laissait paraître, planquée derrière cette impassibilité. Alors pourquoi lui lâcher la bride à ce point, s'il n'avait aucune idée derrière la tête ? La curiosité, bien vilain défaut. Enoch savait déjà à quel point elle rongeait les reins de Marsh, bien plus que cet appétit pour la chair dont il était ravi de faire les frais. Alors pourquoi ? Comme pour lui donner de l'avance, comme pour montrer carte blanche, il laissa le dé rouler sur la table avant que l'autre n'ait le temps d'ouvrir la bouche.

Un 3, signal qu'il n'était pas pris au piège par une simple et pure question.

-Je suis à ton entière disposition si tu me réponds sincèrement.

De corps et d'âme. Enoch n'avait aucune intention de ne pas jouer selon les règles, en ce qui le concernait. Se réservait toutefois la possibilité de piper les dés comme Saul l'avait fait, un joker qu'il gardait sous sa manche et ne manquerait pas de jouer si la partie allait en sa défaveur. A charge de revanche. Bon joueur jusqu'à ce qu'il ne le soit plus. Ses doigts, libres, finirent par attraper le verre de vin que Marsh lui avait servi. Une inspiration brève, à peine visible, pour s'assurer qu'il n'y ait rien. L'odeur tannique et parfaite d'un breuvage exquis apaisa ses sens. Son attention toute entière sur Marsh, à attendre la sentence comme le Messie.




But as sure as God made black and white, what's down in the dark will be brought to the light
Sooner or later
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Bien souvent, Saul économisait ses mots. Même en compagnie de ses clients, avec qui il avait le devoir de papoter pour laisser sa boutique à la postérité, il restait souvent bien silencieux. Certaines personnes avaient du mal avec cette partie de lui ; et avec bien d'autres. Ils y voyaient comme du mépris comme si personne n'était assez bien pour soutenir une conversation constructive avec l'esprit aiguisé qu'était Saul Marsh. Et au fond, Saul ne pouvait le nier, il y avait un peu de cela. Très peu envie d'échanger des banalités avec des personnes qui ne pourraient soutenir le niveau, ni même le comprendre. Mais en réalité, c'était un simple amour du silence ; pour celui qui savait que la parole était trop précieuse pour être dépensé si futilement. Ces clients qui lui parlaient de la pluie et du beau temps, s'accordant sur des informations sans intérêt qui n'avaient absolument aucune importance. Connaître le nom de l'un, ou les soucis de bas étage de l'autre, constituait une perte de temps que le boutiquier ne se permettait jamais. Bien souvent, il se contentait alors de ne rien répondre, comme l'invitation à l'imiter en privilégiant le silence aux banalités.

Mais il savait faire des exceptions, en réponse à certains esprits qu'il jugeait plus intéressant que le commun des mortels. Enoch était de ceux-là un des rares. Il savait qu'il pouvait user et abuser de ses silences, en étant compris. Assez averti de sa manière de penser pour ne pas le prendre personnellement, et accepter qu'il s'enferme parfois dans un mutisme respectueux pour se concerter avec ses propres opinions. Les fois où il prenait la parole n'en étaient que plus grisantes. Il avait d'ailleurs largement dépassé son quota de propos pour la journée aux côtés du barman. Il savait mieux s'exprimer, et n'avait pas peur de ce qu'il pouvait dire. Lui, qui ne faisait jamais attention à sa manière de s'adresser aux autres, savait pourtant qu'il était parfois d'usage de bien se comporter pour ne pas s'attirer des problèmes. Mais qu'avait-il à faire des problèmes ?
Les moments partagés avec Enoch étaient aussi agréables plongés dans le silence, qu'à communiquer. Parce qu'une partie de lui savait qu'il pouvait dire ce que bon lui semblait, sans choquer les émotions de son invité. Il s'agissait là d'un plus. Il ne se sentait pas obligé de parler, ne se sentait pas obligé d'être agréable ; ne se sentait obligé de rien. Et même certains de leur échange n'étaient pas drapés de fioritures. Une simple phrase. Une unique pensée. Rien qu'un regard entendu. C'était le cas de ses taquineries, qui trouvaient réception mais n'était pas relancées à outrance. Et il reçoit étrangement bien celles qu'il réceptionne en retour. Modestie. Parfois, il lui arrivait d'être humble, sachant pertinemment ce qu'il valait dans ce monde, mais il lui arrivait de trop en faire. Certainement pour chatouiller l'égo adverse, comme c'était le cas dans cet échange sorti de nulle part.

Rictus largement étiré en entendant son invité pouffer face à son évidente tricherie. Il était comme ça, Saul, et prenait toujours ce qu'il souhaitait sans en demander la permission. S'il avait décidé que le dé lui offrait la victoire, alors le dé se devait d'être de son côté. Il joint ses mains sur ses cuisses en l'entendant répondre à cette question qu'il s'était lui-même autorisée. Oui, mais je ne sers pas sous le drapeau. Il ne savait pas s'il comprenait les bonnes choses, ou s'il était totalement à côté de la plaque en le voyant plutôt foulant les lieux sacrés, que les champs de bataille. Il ne ferait aucune remarque concernant ce point-là, tant qu'il n'aurait pas plus de précisions. Lui qui avait renié son héritage lié à l'Eglise, précisant à ses parents son rejet de toute forme de vie ecclésiastique, verrait une ironie féroce dans le hasard qui lui tomberait dessus. Il serait peut-être tenté de lui demander si Dieu acceptait que son enfant vive successivement entre les villes de Sodome et Gomorrhe. Il ne connaissait que peu Enoch, et n'avait aucune idée de la manière dont il passait son temps en dehors de leurs rencontres. Alors il ne pouvait juger que ce qu'il voyait de l'homme qu'il côtoyait de temps à autre, entre ses draps, et maintenant dans sa cuisine.

Il ne savait pas quel genre de question était susceptible de lui poser le barman, mais ne s'en inquiétait pas. Ses yeux avaient suivi le dé, un peu comme s'il avait le pouvoir de décider à quel moment l'objet arrêterait sa course. Chiffre paire apparaît, et Saul relève les yeux pour regarder Enoch, en attendant la sentence qui allait lui tomber dessus. Il était prêt, mais peu certain de délivrer la vérité. Il fait claque sa langue contre l'intérieur de sa joue en entendant la question : une de celle qu'il pouvait redouter, parce qu'il ne savait que réponse. - Pourquoi ? Ces sessions ne sont pas une assez bonne raison, selon toi ? Il le dévisage un moment, passant sa langue sur ses lèvres en réfléchissant à une réponse à donner. Il pouvait lui mentir, et prétendre qu'il ne s'agissait que d'une manière plutôt agréable de passer le temps. Mais si cela était vrai quelques temps en arrière, ce n'était plus le cas. Il aurait pu appeler n'importe qui pour filer entre ses draps, inviter n'importe quel contact de son carnet d'adresse, pour une nuit de débauche dans son antre. Mais non. Parce qu'il y avait plus que ces ébats, avec Enoch. Il aimait tout autant converser avec lui, et pour une raison qu'il ne comprenait pas, il aimerait apprendre à mieux le connaître.
Il se redresse, tête haut, en continuant de réfléchir à la question. Comme s'il devait se dresser fièrement, en contraste à la vérité qu'il risquait de lui offrir, et qui ne lui plaisait pas. Un parce que ta compagnie est plaisante qu'il ne veut pas dévoiler. Dans son champ de vision, il voit la main de son invité relancer le dé, avant qu'il n'ait répondu, et est rassuré de voir le chiffre 3 apparaître sur l'objet du hasard. Il hoche la tête imperceptiblement, et se lance enfin en reprenant le dé entre ses doigts. il l'observe un moment, analysant minutieusement les six faces du petit cube. Il ne compte pas répondre avec la même retenu qu'Enoch, parce qu'il estimait qu'il serait bien pire de ne résumer les choses en une seule phrase. - J'adore la solitude, et je ne trouve rien de plus agréable que d'être seul. Mais lorsqu'on rejette si férocement le contact humain, l'ennui n'est jamais loin. Il retire son attention du dé, et le regarde de nouveau, sincère. - L'esprit a besoin d'être stimulé, sans quoi on deviendrait fou. Il tourne légèrement la tête vers la porte de son bureau, où il trouve bien des stimulation pour ne jamais que son cerveau ne cesse de battre à plein régime, et attrape son verre de vin en se calant mieux contre le dossier du canapé. - Tu es un de mes plus intrigants sujets d'analyse. Il regrette de ne pouvoir se parer de son silence, lui qui continue quand bien même il aurait pu se contenter d'un : tu m'intrigues. Il boit une gorgée de vin, appréciant la bouteille d'une rare qualité qu'il avait débouché pour l'occasion. Pivotant légèrement le torse vers Enoch, il pose son bras sur le dossier du canapé, et pointe un doigt -celui qui tient son verre à ballon- vers lui. - Je veux savoir ce qui se cache derrière cette paire de lunettes ; qui te va à ravir, je dois dire. Il aimait l'air que lui donnait ces bésicles, y voyait une grande intelligence, et se plaisait à plonger tout entier à l'intérieur ; dans ses yeux.

Il referme sa main -dont le bras repose sur le canapé- autour du dé, en arquant un sourcil, en le détaillant un peu plus longuement, le bras sur le dossier ayant rapproché sa main de son épaule. Il pourrait presque la toucher, s'il tendait un peu plus les doigts. Il avait une question à poser, le deuxième dé d'Enoch lui ayant donné la possibilité de s'étendre sur d'autres interrogations. Il se penche ensuite légèrement vers lui, se rapprochant par la même occasion pour que seuls quelques centimètres ne les séparent. - Je ne te ferai pas l'affront de te demander si tu es là pour me tuer. Il lève une main, et déboutonne les deux premiers boutons de sa chemise, sans lui demander son avis, d'un claquement de doigt. Il passe ensuite sa main dans l'ouverture, afin de lui caresser l'épaule, remontant vers sa clavicule, en posant son regard sur ses lèvres. - Je me demande plutôt, pourquoi tu ne l'as pas encore fait ? Il ne savait pas de quoi il parlait, mais savait qu'en cas de problème de compréhension, Saul pouvait mettre cette divagation sur le compte du jeu. Il s'accrochait à cette lueur qu'il avait découverte dans son regard quelques minutes plus tôt. Elle avait été assez puissante pour lui faire comprendre bien des choses ; et dans le cas contraire, il savourerait ses lèvres pour faire passer l'idée.
Il pose une deuxième question, sans avoir lancé le dé, parce qu'il se l'autorise. Il s'autorise tout. - Je ne suis pas ignare, je sais que tu cherches quelque chose. De quoi s'agit-il ? Il pensait qu'il ne s'agissait de rien de matériel, il lui avait lui-même dis que ses affaires étaient sauves. Il n'était pas un cambrioleur, et ne semblait pas vouloir voler quoi que ce soit. Mais alors, pourquoi faisait-il du repérage ? Que s'attendait-il à trouver en passant ainsi du temps avec lui ? Il continue de caresser le haut de son torse, un regard signifiant : pour avoir la suite, répond à mes questions.



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Appréciateur de cette accalmie, Enoch. Il ne pensait pas que cette soirée se poursuivrait de manière aussi agréable, n'avait à vrai dire rien anticipé de ce qu'ils avaient fait jusqu'à présent. Et c'était quelque chose qui n'était pas sans lui déplaire. Lui qui était habitué aux longues nuits d'insomnie, partagées entre travail et traques, ne pouvait que se féliciter d'avoir envoyé ce premier SMS à Saul Marsh. Ce qui s'annonçait comme une énième journée lovée dans une routine morose était parti en éclats, effacée au profit de ces quelques heures pleines de surprise qui caractérisaient chaque entrevue avec sa cible. Il y avait bien plus chez Saul que sa plastique avantageuse. Bien plus que la seule nécessité de savoir ce qu'il était, ou de quelle manière se manifestait son hypothétique différence. Contrairement à ce que laissait entendre sa manière d'agir, bien loin de ce qu'on lui avait dit concernant l'homme, Enoch découvrait un être non pas pétri d'orgueil mais doté d'un esprit acéré. Retors. S'estimait privilégié d'avoir pu voir ce brasier s'allumer au fond des prunelles glaciales de l'homme, le rapprochant de la bête. Il était passionné, Saul Marsh, mais de ces passions qui différenciaient les savants des idiots. Une étincelle aussi dangereuse qu'attirante, pour le Chasseur. Taillés du même bois, il le ressentait parfois, au cours de ces quelques soupirs entre deux étreintes. Comme un confort illusoire. Deux êtres qui cohabitaient sur le même plan sans être fondamentalement raccordés, du fait de leur nature. Caressant toujours l'espoir que l'autre ne soit pas différent, mais bien de nature similaire à la sienne. Le besoin de croire qu'ils puissent être capable d'autres alliances que celles de leurs corps, et l'impression que cela soit possible, maintenant qu'ils avaient mis un frein à leurs échanges de fluides pour privilégier une toute autre forme d'échange.

Il ne savait quelle forme il préférait le plus, le Chasseur. S'amusait bien trop de ce nouveau jeu, aux règles différentes, qui s'était installé entre eux. Appréciant chacune des moutures, chacune des tricheries avec un peu trop de plaisir. Coupable, ce plaisir. Il était là, le danger de Saul Marsh. Il ne découlait pas de sa plastique, n'était pas seulement dû à ses charmes. Il venait de cet esprit aussi affûté que ses couteaux, une lame de rasoir d'érudition qui tranchait dans le vif. Forme de chasse différente sur un terrain inconnu jusqu'alors. Et son sourire qui ne cessait de croître sous la barbe noire d'Enoch. Nouvelles questions, en réponse à la sienne. Un haussement de sourcils par dessus les lunettes en guise de réponse, tandis que le Chasseur attendait son dû. Reprit sereinement son verre et s'enfonça dans le canapé en étudiant sa proie, le nez dans sa boisson. Alcool luxueux et parfumé, pour mieux égayer leur conversation. Le profil de Marsh baissé vers le nouveau tirage de dés, une invitation comme une autre pour qu'il s'exprime plus sereinement. Autorisation de contrôle, comme un partage plus qu'une obligation. Et s'il s'attendait à ce que Saul ne lui consacre pas la moindre sincérité, il fut surpris par l'élan de véracité qui sortit de sa bouche.
Retint son souffle en captant chacune de ses explications. Hocha même doucement la tête, naturellement. Il comprenait ce qu'exprimait son comparse, Enoch. Evoluait dans un monde de solitude caractérisée, presque monacale, les rares fois où son emploi du temps lui permettait de rester dans son foyer. Lui qui n'avait jamais réellement eu le choix de la vie en communauté, toute son enfance, presque toute sa vie, même. Depuis la mort de Ruth et la disparition de Sir Sinclair et de Mère, il comprenait à présent à quel points les instants de solitude étaient précieux. Elle qui lui avait tant pesé, lorsqu'elle s'était imposée dans une maison qui aurait dû être remplie de rires d'enfants -non pas par choix, mais bien par devoir-, il avait fini par la tolérer. L'embrasser. Seul sans jamais l'être tout à fait, le Saint Esprit épousant toujours ses pas. Mais l'esprit ne pouvait pas survivre de croyances et d'eau fraîche. Habitué à vivre sur le fil, il comprenait ce que disait Marsh. Avait choisi de se perdre dans les tumultes de la vie des autres en devenant barman exactement pour le même type de raisons.
Sans la moindre stimulation, l'esprit se heurtait aux récifs de l'ennui. S'y brisait, s'y érodait, pour ne finalement plus exister qu'en poussière donc on ne pouvait plus rien tirer.

Plus intelligent que la moyenne, Saul Marsh. Les yeux noisettes suivirent le regard clair vers la seule porte de l'appartement qu'il n'avait pas encore ouverte. Restèrent attachés aussi longtemps que leurs pairs au panneau de bois. Que refermait-elle de si précieux pour qu'il y accorde une telle importance, le vendeur ? S'étira d'un sourire coupable en reportant son attention sur Marsh, la révélation lui procurant bien trop de plaisir pour son propre bien. Un intriguant sujet d'analyses, hein ?

-Mon travail porte donc ses fruits.

Une réflexion spontanée, comme un aveu, comme une boutade. Marsh n'avait aucun moyen de savoir quelle en était la nature, après tout. Pouvait potentiellement poser la question, mais le croirait-il sur parole, même si Enoch lui dévoilait la vérité ? Il n'en était pas certain. Attendrait de voir jusqu'où allait la curiosité de l'autre homme plutôt que d'en dire d'avantage. Nouvelle rasade de vin, nouvelle remarque de Marsh. Un authentique compliment qui le surprit, celui-ci. Il ne s'était pas habitué à ce que cette voix en soit capable, soutint son regard et n'y trouva aucune malice. Aucun sarcasme, aucune ironie. Rien de plus que cette sincérité désarmante qui lui avait fait avouer que le Chasseur était digne d'intérêt. Et quelque chose s'anima au creux de la poitrine de ce dernier. Quelque chose de doux, de paradoxal. D'inconnu. Non pas de la fierté, autre chose. Incapable de mettre le doigt sur ce que c'était, tout aussi agréable que ce soit. Comme si en disant ces quelques mots, Marsh était capable de le voir. Enoch n'avait pas honte de ses lunettes, bien qu'elles soient un fardeau. Tout du moins les avait-il pour des raisons plus pratiques qu'esthétiques. Pas que Marsh soit la première personne à lui dire qu'elles lui allaient bien. Mais il était la première personne à lui dire aussi franchement. Pas de fard, pas de détours. Juste la vérité crue, et Enoch appréciait.
Plaire. Le concept ne lui était pas inconnu, il s'en servait. Mais dans ce contexte en particulier, le compliment n'aida qu'à le conforter dans cette envie presque enfantine que Marsh ne soit pas différent. Si l'espoir était innocent, il ne pouvait pas être un péché, si ?

Il ne manqua rien du changement de posture de Marsh. Se laissa approcher sans broncher, captivé par la manière dont la lumière se réverbérait sur les iris bleus de son compagnon. Prêt à subir sa prochaine question, à voir s'il y répondrait sincèrement. Une lueur d'intérêt s'alluma au fond des prunelles vertes, impossible à contenir. Il avait donc compris, Marsh. La démonstration dans la cuisine avait été suffisante pour qu'il sache quel type d'homme il avait entraîné dans ses draps. Leva le menton pour se laisser déboutonner, parfaitement serein, tout en réfléchissant de la marche à suivre. Un frisson accompagna la main de Marsh, accompagna la question de Marsh. Il tendit le cou en se laissant explorer, regard lumineux planté dans le regard félin de son compagnon. Laissa son corps se lover avec une naturel étrange contre cette main invasive. Comme s'il était habitué à son toucher. Comme s'il attendait son toucher. Lui servirait-il un mensonge ou une contre-vérité ? La question était bien plus intéressante que cet affront que l'autre ne lui faisait pas. L'homme était bien plus intéressant qu'il n'aurait dû l'être.
Puis vint la seconde question. Enoch se fendit d'un sourire, se pencha dans la direction de son comparse. Souffle presque contre souffle, alors que sa main pleine déposait le verre de vin sur la table basse. Vola jusqu'à celle, pâle, qui n'était pas encore contre sa peau. Tout en douceur, alors qu'il extirpa le petit dé d'entre ses doigts. Le fit rouler contre les siens puis au creux de sa paume...

-Voyons d'abord si tu as droit à deux questions. Je me réserve le droit de choisir à laquelle je répondrai, si le résultat est pair.

...puis sur le canapé, entre leurs jambes. Les deux points noirs exhibés par le petit cube lui arrachèrent un sourire victorieux. Bon joueur jusqu'à ne plus l'être, bon, Enoch. Une impulsion, pour se rapprocher de quelques centimètres de plus. Son visage bien près de celui de sa proie, suffisamment pour mieux étudier les nuances de bleu au creux de ses iris. Toujours la même lumière, vive, presque dangereuse tapie au creux des billes de l'autre homme. De l'intérêt dont il ne se lasserait pas. Incisives sur sa lèvre inférieure. L'air de réfléchir, mais il avait déjà tranché depuis longtemps sur quelle question méritait une réponse.

-Je te l'ai déjà dit. Je cherche à savoir ce que tu es. Ce qui se cache sous cette apparence parfaitement soignée, dans cette tête bien faite. Et je ne parle ni de ton physique avantageux, ni de ton érudition.

Il se doutait bien que l'autre question était celle qui avait le plus brûlé les lèvres de l'autre homme. Lui refusa toute réponse suffisante voire intéressante. Inutile qu'il sache que le moment n'était pas encore venu de le mettre à mort, si mise à mort il y aurait. Saul n'était pas stupide, et Enoch non plus. Ils savaient tous les deux que l'opportunité viendrait pour qu'il puisse de nouveau la poser, cette question. Peut-être qu'alors il aurait une réponse. Mais pas dans l'immédiat. Son tour était venu de soumettre l'autre à la question. Soupirant toujours contre son souffle, Enoch baissa les yeux contre ses lèvres. L'envie était belle, l'envie était là. Mais il y résista encore un peu. Le geste n'était-il pas plus profitable, le plus ils attendaient ?

-Ce serait mentir que de prétendre que tu n'es pas toi-même particulièrement intrigant. Tu ne réagis pas de la même manière que tout un chacun, tu n'es pas tout un chacun. Un atout non négligeable. Cependant de ce que je vois, c'est le souci du contrôle qui t'anime. Que risquerais-tu à le laisser t'échapper ?

Que risquerait-il à laisser cette flammèche qu'Enoch avait aperçue plus d'une fois dans son regard s'embraser ? Il l'avait vue en approcher sans jamais y arriver complètement, à le consumer. Là, quand il avait coulé un regard froid comme la mort dans le sien, dans la cuisine. N'avait que trop apprécié sa réaction, beaucoup trop pour son propre bien. Mais que devenait Saul Marsh à l'instant où il perdait toute notion de contrôle ? Il avait admis que le chaos n'était plus un problème à l'instant où il l'acceptait. Mais cela impliquait encore une forme de contrôle sur un univers fait de variables toutes entières. Dans un monde aussi instable, ce contrôle permanent relevait non plus du génie mais de l'acharnement. Etait-ce une nécessité pour l'homme ? Avait-il une nature profonde, secrète, qu'il ne devait surtout pas révéler ?
Les doigts du Chasseur se posèrent sur le genou de Marsh. Remontèrent doucement le long de sa jambe, sinuèrent le long de sa cuisse. Nouvelle impulsion. Enoch se rapprocha un peu plus, suffisamment pour que leurs jambes se frôlent. Suffisamment pour sentir sa chaleur à travers son vêtement sans même à avoir le toucher. De ses doigts libres, il attrapa de nouveau le petit cube. S'étira d'un sourire avant de baisser les yeux vers le nouveau lancer de dés. Quatre points. Carré sur le cube, et la possibilité d'une nouvelle question. La main qui venait de jeter le dé vola sereinement jusqu'au visage de l'autre homme. En explora la mâchoire de la pulpe des doigts, le creux de la joue, cette étrange fossette qui se creusait à chacun de ses rictus. Anomalie de la nature, comme une entaille au beau milieu de la joue. L'illusion d'une blessure sur un visage qui n'avait probablement pas beaucoup connu la violence des coups.

-Serais-tu prêt à l'abandonner pour une poignée d'heures à une autre personne, ce contrôle ? Je te promets d'en faire bon usage.

Une tentative, un tâtonnement. Ses doigts qui remontaient doucement le long de sa cuisse, en sautèrent les profondeurs pour se lover au niveau de son abdomen. Tirèrent sans la moindre violence sur les pans de la chemise, se lovèrent sans la moindre gêne sous le tissu pour retrouver la chaleur de sa peau. Il pourrait l'embrasser, à Saul Marsh. Asseoir sa proposition au creux de ses lèvres, l'imposer à la force de sa voix. Mais le jeu n'en était qu'autrement plus beau, avec quelqu'un qui était réellement à la hauteur. Et Marsh, Enoch en était sûr, était presque entièrement à son niveau.
Différent ou pair, il n'en était pas moins égal, ce soir.




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Sooner or later
God'll cut you down



Dernière édition par Enoch Sinclair le Mar 10 Nov - 3:27, édité 1 fois
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