Dr Patch • feat Saul

Les quelques examens prévus pour la journée avaient été terminés bien rapidement. Saul n’aimait pas s’attardait dans les couloirs de l’hôpital, trop habitué à y passer des heures sous la demande de sa mère. Il ne savait pas où elle était exactement. À se pavaner dans l’établissement comme s’il lui avait toujours appartenu. Il était censé la retrouver avant d’aller chercher les résultats de ces dernières heures emprisonné dans des machines dont il ne comprenait rien, pour rejoindre le docteur et ses précieuses informations. Il avait toujours peur que les nouvelles soient mauvaises, à lui trouver de nouvelles pathologies au fil de ses visites dans le monstre de pierre. Mais il ne retourne pas vers sa génitrice, prend le chemin inverse dans l’idée de quitter les lieux sans avoir à croiser aucun membre de sa famille.
Il était conscient qu’ils s’inquiétaient pour lui, que cette mascarade n’était là que pour le protéger, mais ce n’était pas suffisant à ses yeux pour la vie sans couleur qui l’attendait selon l’issue de ses derniers résultats. Il connaissait sa famille, et au-delà de l’envie de lui venir en aide, Saul sentait qu’il s’agissait d’une mission pour eux. La sympathie familiale comme moteur pour rester dans les petits papiers du seigneur. Il n’aimait pas ça, Saul, être devenu un travail à accomplir pour l’honneur de toute une famille, alors que c’était sa propre santé qui était en jeu depuis tout ce temps. Les mots de sa douce mère ne sonnaient pas seulement comme je m’inquiète pour toi, mais également, fais le pour les yeux de dieu. Une réalité compliquée à accepter, peu appréciable pour Saul qui ne voulait rien avoir à faire avec toutes ces histoires religieuses.

Il avait donc pris le couloir à contre-sens afin de ne pas se faire épingler par un de ses proches. Mais au fur et à mesure qu’il avançait, des dessins commençaient à se peindre sur les murs autrefois immaculés. Il s’agissait d’animaux de la savane, entre autre, créature joyeuses et amicales pour apaiser le coeur des enfants. Le boutiquier n’avait jamais mis les pieds de ce côté là de l’hôpital, n’ayant rien à y faire. Il découvrait alors, regard rond, les petites chambres alignées aux couleurs diverses et variées. C’était fou tous ces moyens mis en oeuvre pour faire oublier à ces petits monstres le quotidien peu attrayant qui les attendait au fil des années. Les portes se mélangeaient, comme pour former un labyrinthe qui ferait plaisir à ces enfants qui foulaient le carrelage de l’établissement jour après jour. Il ouvre une porte, sans faire attention à l’inscription sur cette dernière ; pour tomber nez à nez avec un enfant boudeur. Il fait un pas en arrière pour lire la porte, et fronce les sourcils en voyant un doux prénom s’y inscrire. Un si joli prénom.
Il va pour repartir, pour faire demi-tour et s’enfoncer de nouveau dans le ventre de l’hôpital et reprendre sa fuite. Mais une voix l’arrête. Une sorte de mélodie magnifique qui l’empêche de refermer la porte complètement. Il fait alors un nouveau pas en avant, et regarde l’enfant l’air de dire : c’est à moi que t’as parlé ? Le petit bout hoche la tête, alors que Saul commence à se sentir mal à l’aise. Il ne sait même pas s’il a le droit de d’être présent entre ces quatre murs. Il se racle la gorge, et s’adresse à elle en retour, en se massant la nuque. Les quelques pas en avant suffisent à rejoindre le bord de son lit, et se pencher légèrement vers elle pour ne pas avoir à parler trop fort. - Joy, c’est ça ? C’est joli comme prénom.

Il ne sait pas comment il s’est retrouvé à lui raconter une histoire, mimant chaque détail avec beaucoup d’attention pour retrousser le coin de ses lèvres et lui redonner un sourire perdu. Mais même s’il n’avait rien à y gagner, il se retrouvait récompensé de ce rire qui lui donnait envie de sourire à son tour. Il était en plein dans l’imitation d’un dragon rigolo quand la porte laissa apparaître un homme. Regard détourné de l’homme. Il s’accroche d’abord à Joy, puis à l’inconnu. Saul cesse ses gesticulations, et essaie de trouver quelques mots à aligner dans une phrase cohérente. Il ne sait pas comment se défendre de sa présence dans la chambre, se gratte le menton en réfléchissant alors qu’il se recule légèrement du lit. - Vous devez être son père. Il met une main devant sa bouche, comme pour dire un secret à la petite fille, la mimique se voulant marrante. - Il est toujours aussi peu souriant papa ours ? Il est satisfait d’entendre l’enfant rire, puis prend le chemin de la porte doucement après avoir attrapé sa veste. - Pardon, la porte était ouverte, je suis juste venu sympathiser avec votre petit ange.