Revenir en haut Aller en bas


AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

Partagez
 

 -- chased hunter (jaimini)

Aller en bas 
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty
-- chased hunter (jaimini)
Dim 6 Déc - 10:07

" chased hunter "

Ils le prennent pour quoi ? Une baby-sitter ? Un formateur ? Un guide ? Non mais sérieux. Voilà qui l'a mis de mauvais poil direct. Il fume sa clope rageusement derrière le poste, en attendant la nouvelle recrue. L'a bien entendu, quand ça lui a été assigné, les quelques rires qui se voulaient discrets. Les commentaires de certains quand son dos s'est tourné. Encore une qu'il va se taper. A serré les dents, Nox. Bien qu'pour être franc, on ne sait pas vraiment si cette réputation l'agace ou s'il en joue. Ne la connait ni d'Eve, ni d'Adam, parait qu'elle vient à peine de débarquer en ville. Pour quelle raison ? Comme s'il niait croulait sous les cadavres, Nox serait plutôt d'avis qu'ils n'ont pas besoin d'aide. Et puis, sincèrement, pourquoi lui ? Il le prend presque comme une punition. Peut-être que ça s'est su. Qu'il a tiré sur Nora. P't'être qu'elle est venue se plaindre ici au poste, cette garce. La clope lui semble trop courte pour absorber toute sa frustration. Il regarde sa montre, elle n'est pas en retard et pourtant, il est déjà agacé. Puis, la voilà qui sort par la porte de derrière. Nox lève les yeux vers elle, note sa longue chevelure de feu, ses yeux où il s'accroche un instant, sans rien dire d'abord, puis essuie un soupir et écrase sa clope sous sa semelle. Bon. P't'être qu'il a de la chance, au moins, c'est une femme. Ben quoi ? Autant en tirer parti, non ? Il s'avance vers elle, la démarche assurée, le regard glacé. Nox. J'te préviens direct, la pédagogie, ça n'a jamais été mon truc. Offre malgré-tout un demi-sourire sur son minois. Comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher. Tu conduis ? Sinon, j'appelle un taxi. Lui signifie direct que lui ne prendra pas le volant. Oh non, il a son permis, quand même. Deux ans qu'il n'a pas touché à un volant pourtant. On va à Blue Forest, aujourd'hui. Un corps a été retrouvé. Il va la tester. Voir l'expérience qu'elle a, détecter ses gênes, son malaise. Pour mieux cacher le sien, sans doute.
Blue Forest, il connait que trop bien. C'est leur terrain. Aux siens. À ceux qui viennent chasser à la tombée de la nuit. Etrange d'ailleurs qu'il y ait eu quelque chose à retrouver. Peut-être qu'il a été interrompu. Espère que ça lui réveillera pas sa propre faim à lui, même s'il s'est nourri il y a moins de dix jours. En attendant sa réponse, il se rallume une clope. Lui tend son paquet, pour tenter malgré-tout de ne pas paraître trop rustre.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

tu verras qu'il est un peu bizarre. oh ! et c'est un coureur de jupons.
à peine dix heures du matin et son premier café avalé que les esprits s'échauffaient quant à ces premiers jours de service qui se profilaient. elle ressentait dans leur phrasé et leurs regards une sorte d'exaltation ; ils devaient être peu habitués à la chair fraîche, aux nouvelles têtes, bien qu'exeter ne fut pas une si petite ville que cela, sans compter son attrait touristique. elle se passa de commenter leurs pseudo mises en garde, elle n'avait pas besoin de préciser que ce n'était pas le premier homme qu'elle rencontrait de sa vie. jay parvint à se soustraire aux discussions blanches de ses nouveaux collègues avec un goût amer dans la bouche qui n'avait rien à voir avec les dépôts de café dans le fond de sa tasse. d'un calme insaisissable, elle s'en était retournée à l'espace déjeuner du poste, coulant un regard vers la grosse pendule à aiguilles accrochée au mur ; dix heures moins dix. elle ouvrit le robinet et rinça la tasse d'un air absent. son arrivée, ou plutôt son retour à exeter était baigné d'incertitudes. elle ne savait quoi en penser, quoi en attendre. opportunité ou menace ? elle y était née, y avait vécu tout juste dix ans avant de faire un black out de plus de vingt ans. ses repères étaient brouillés. et dire qu'une fois en poste, on ne jugeait nécessaire que de lui indiquer que son chaperon de la journée - qu'elle n'avait pas choisi - était une sorte de prédateur à femmes ? nox griffin, ex-sheriff de la ville, imprévisible, impulsif et coureur de jupons. un tableau charmant dressé par des collègues commères, dont la jeune femme n'avait cure. après cinq minutes d'absence à nettoyer une tasse qu'on ne pouvait faire plus propre, elle sortit par la porte de derrière, esquivant de nouvelles remarques insipides des autres agents.

une forte carrure, un visage de caractère et des yeux bleus perçants, voilà ce que jay trouve une fois à l'air frais. un personnage qu'elle identifie comme devant être ce fameux tuteur, ce fameux guide pour ses premiers jours de service. rapidement, il confirme son intuition, et les yeux noisettes de la fliquette notent ce qui semble être un sourire en demi-teinte. s'il avait visuellement tout d'un homme charmant, ses mots n'en demeuraient pas moins plus froids que les coups de vents qui glissaient parfois dans ses cheveux. « je n'en suis pas à mes premiers balbutiements dans le métier. trop d'efforts de pédagogie pourraient m'offusquer. » à son tour de lui servir un faible sourire, juste ce qu'il fallait de courtoisie pour qu'il comprenne sans trop de sarcasmes qu'elle se moquait bien d'avoir un professeur qui découpait son cours en grands titres. « jaimini. » avait-elle manqué d'oublier. même si elle doutait qu'il ne soit pas déjà au courant. l'arrivée d'une nouvelle recrue au poste donnait lieu à des conversations qui avaient du changer des potins quotidiens de certains gratte-papier. elle était installée à exeter depuis quelques mois, et même si sa prise de service était urgente, elle n'avait réellement débuté qu'il y a quelques jours. autant dire que ces fioritures administratives et le blabla d'intégration habituel l'avaient engourdie, avaient d'autant plus ravivé son envie de retourner sur le terrain. bien que tout cela était politiquement nécessaire, elle avait déjà eu bien assez de temps à tuer en attendant le début de son contrat. un nouveau départ, hein ?

« on conduit pas si mal en pennsylvanie. je devrais pouvoir au moins égaler les compétences d'un taxi. » léger haussement d'épaules, avant de sortir de sa poche un petit trousseau de clés qui tintèrent quand elle les agita brièvement. elle nota l'info de blue forest, sans y répondre vraiment cela dit. au moins l'occasion était présentée de retrouver le métier qu'elle exerçait depuis des années. si elle s'était retrouvée ici, ce n'était certainement pas pour un quelconque charme atypique loin d'être issu d'une décision non professionnelle. elle avait déjà fait ses preuves d'où elle venait. malgré tout. oui. malgré tout ce qu'elle avait traversé.
mimant une timidité dont elle n'était pas la propriétaire, elle attendit qu'il prenne les devants en se dirigeant vers la voiture garée à une dizaine de mètres, mais n'en fit rien. lui tendant un paquet de cigarette, elle le considéra quelques instants, avant de sortir le sien et d'en substituer un bâtonnet de nicotine issu de son propre compte en banque. là d'où elle venait, du milieu d'où elle venait, de ce groupe de « ratés » l'on ne donnait de son paquet qu'à ses amis, à ses proches. par orgueil, par manque d'argent. par ironie du sort, elle avait rejeté le seul geste un tant soit peu ouvert socialement qu'il lui avait montré jusqu'ici. s'il pensait qu'il était seul à vouloir juger du tempérament de ses collègues, sûrement faisait-il une erreur de réflexion. et sûrement saura-t-il bien assez tôt qu'elle n'avait rien d'une petite poupée de porcelaine perdue dans un bassin de requin.  

« je sais bien que les corps n'ont pas toujours tendances à s'envoler, mais allons-y, si tu veux bien. » pressa-t-elle un peu, après quelques bouffées de nicotine aspirées. la clope coincée entre les mains, elle n'attendit pas bien plus longtemps pour s'avancer vers la voiture aux couleurs de la justice urbaine. dans un ronflement, la voiture démarra tandis qu'elle relie le terminal de communication sur la même fréquence que le poste. elle n'avait pas perdu ses vieux réflexe, quelque chose de mécanique y résidait toujours. ce matériel là n'avait rien de différent avec celui qu'elle avait connu. aucun son ne s'échappait des enceintes, aucune musique ne perturbait le ronronnement du moteur alors qu'ils s'engageait dans la rue principale. seules les voix des échanges entre policiers sur le terminal rompaient le silence d'un trajet de moyenne durée. jay avait l'impression de parcourir la ville dans les yeux de quelqu'un d'autres. elle avait eu cette impression à chaque fois qu'elle revoyait des lieux familiers, des vestiges d'un passé lointain qui avaient terminé d'achever sa nostalgie. si certains bâtiments avaient changé, exeter demeurait exeter, qu'on la regarde avec des yeux d'enfant ou d'adulte. durant le trajet, elle sentait par moment qu'il lui jetait un regard, mais n'y répondait pas. jay ne cherchait pas à s'intégrer, ni à gratter l'affection de ses collègues. probablement trop professionnelle, probablement encore trop fraîche à exeter pour espérer s'y faire des connaissances positives. la solitude lui pesait, parfois. elle n'avait pas grand monde dans sa vie, mais le peu qu'elle avait était resté dans son ancienne vie, en pennsylvanie. pour se faire des amis, elle verra plus tard.

l'équipe scientifique était déjà sur place, et leur voiture prit place non loin d'une camionnette de pompiers qui devaient les attendre plus ou moins impatiemment pour emmener le corps. en dehors de la voiture, jay réfuta l'envie d'une nouvelle cigarette, atteignant les banderoles jaunes de la scène de crime sous lesquelles elle passa sans hésitation. «  qu'est-ce qu'on a ? » lança-t-elle à l'un des scientifiques présents sur place, qui lui lança un regard interrogateur. rabattant un pan de son veston, elle le laissa ainsi entrevoir sa plaque avec une once d'agacement. les gens d'ici étaient si habitués aux mêmes personnes qu'ils mettaient en question la légitimité de toute nouvelle tête ? le scientifique se redressa, la mine à peine désolée. il la dépassait bien d'une tête ; jay s'en moquait bien, lui lançant un regard des plus francs. « multiples contusions, des plaies profondes des clavicules à l'adomen. la gorge a été tranchée, ressemble à une morsure ; c'est encore difficile à dire. le crâne a été brisé. » l'enquêtrice crowley enfilait des gants en latex. ce qu'elle pouvait détester ces trucs là, ça avait toujours été une galère à enfiler. « c'est tout ce que vous avez ? » envoya-t-elle à nouveau après avoir jeté un regard au cadavre sans plus de manières. le type de la scientifique parut un peu décontenancé par sa rigidité et balbutia ses quelques premiers mots. « nous avons retrouvé des traces humaines à quelques mètres du corps, cela dit tout porte à croire qu'il a été attaqué par un animal. de forte carrure. un ours peut-être. » jay haussa un sourcil à cette dernière révélation. des ours, à exeter ? l'hypothèse lui sembla peu probable, et elle mordit l'intérieur de sa joue avant de croiser le regard de l'ex sheriff, qu'elle aurait presque oublié. « c'est mo-notre boulot pour le reste. merci. » fit-elle brièvement au scientifique avant de le laisser continuer son boulot. les flashs pour les photos de crime s'apaisaient peu à peu. pas moins d'une vingtaine de clichés qu'il faudra analyser, pièce par pièce. sans compter les analyses biologiques. bienvenue à la maison.

la rouquine s'approcha du corps une fois les experts ayant terminé leurs prélèvements. accroupie, elle ne grimaçait plus face à un corps, mais c'était bien la première fois qu'elle voyait de telles blessures. sans faire de suppositions ni céder à l'incertitude, elle laissa ses yeux se balader, sans tenir compte que cette personne avait sûrement une identité. un simple mouchoir plaqué sur sa bouche et son nez pour ne pas respirer davantage l'odeur pestilentielle du corps, elle souleva légèrement un fin drap posé sur l'abdomen. si elle n'avait plus de haut le cœur, certaines scène étaient toujours difficiles à regarder par leur violence. éviscéré, l'homme d'une trentaine d'années au sol semblait avoir été dévoré de l'intérieur. jay saisit le regard et le silence de son grand tuteur, l'interrompant sûrement dans le flux de ses pensées sans scrupules. « griffin. une remarque particulière en tant qu'habitué des lieux ? » d'exeter, bien sûr. même si cela pouvait prêter à confusion. si ce genre de cas pleuvaient, crowley ne risquait pas de s'ennuyer. « je n'avais jamais vu une telle scène de crime... » souffla-t-elle à voix basse, ses pensées s'étant échappées par ses lèvres sans qu'elle ne s'en rende compte.

@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" chased hunter "

Bon au moins, elle a du répondant, la p'tite. Oui, parce qu'elle est forcément plus jeune que lui, pas vrai ? Elles le sont toujours. Et c'est toujours mauvais signe, avec Nox. Toujours à jeter ses crocs sur plus jeune, sur trop jeune. Mais même en la regardant comme ça, il s'rait bien incapable de lui donner un âge, à la rouquine. Peu importe. Il note surtout qu'elle ne se présente pas, pas très poli. Bon, son nom il le connait, mais comment peut-il lui faire une blague si elle le lui dit pas d'elle-même ? Ah, mais voilà qu'elle se rattrape. Il affiche un sourire tordu sur son visage qui semble presque enfantin. Presque. Jaimini Cricket ? Il pouffe, fier de lui. J'ai pas pu m'en empêcher, désolé. Pas vraiment désolé. S'en fiche si on lui a fait cette blague toute sa vie. Hausse les épaules quand elle refuse une de ses cigarettes. La fierté, parfois, ça vous tue. Nox voulait être poli, faire un geste. Tant pis pour elle. Il tire lentement sur sa clope tout en marchant vers la voiture de service. Il rêve, est-ce qu'elle le presserait même ? Il serre les dents. Aimerait lui dire d'se calmer, à la petite. Elle s'adresse quand même à l'ancien shérif. N'sait pas si son audace lui plait ou l'agace. Sait jamais, Nox, faire la part des choses, encore moins d'ses sentiments. Il entre dans la bagnole en silence, s'installant côté passager par habitude - et obligation. L'a plus jamais pris le volant depuis deux ans. La dernière fois, il a tué sa mère et une partie de lui-même. Parfois, il s'demande si les choses seraient pareilles si y avait pas eu d'accident. Bien sûr que non, qu'elles seraient pas pareilles. S'rait toujours purement humain, le Griffin. Il irait toujours prendre le thé chez sa pauvre mère. Pense à autre chose, espérant qu'elle va mettre la radio mais pour la musique. Le grésillement des voix l'agace et il tourne la tête pour observer le paysage, tandis que la ville s'efface derrière leur tracée, cédant place à la végétation plus dense. Les arbres deviennent plus haut, plus envahissants. Il n'aime pas intervenir dans la forêt. S'demande toujours si un jour, il fera mal son boulot - son boulot de bête - et s'il devra aller examiner un corps qu'il a lui-même laissé là.

S'extirpe de la voiture, l'équipe scientifique est déjà là. La laisse prendre les devants, tout en suivant ses faits et gestes du coin de son oeil brillant. Après tout, il est là pour ça. L'observer à l'oeuvre. Il ne va pas la chaperonner, plutôt tester de voir ce qu'elle vaut. C'est tout ce que vous avez ? Il ressent presque comme une accusation et lance un regard taquin aux scientifiques. A envie de la rabaisser un peu, la gamine. On n'est pas en Pennsylvanie ici mais dans une petite ville paumée où y a plus de corps trouvés que dans n'importe quel état entier. Reste debout, Nox, sans vraiment même regarder le corps. Observe le nombre qu'ils sont, sur place. Comme s'il envisageait déjà de devoir camoufler quelque chose, maquiller la vérité. Lui aussi, avant, il disait que c'était un ours qu'avait sûrement fait ça. Persuadé qu'ces bestioles pouvaient se montrer agressives et attaquer un être isolé qui traversait leur territoire. Mais maintenant qu'il sait, qu'il est vachement moins ignorant sur la question, cela le dérange un peu, c'est vrai. Puis soudain, elle l'interpelle. Il n'aime pas trop le ton sur lequel elle lui parle mais n'en dit rien pour le moment. Il la rejoint lentement, en prenant son temps, les mains dans les poches puis s'accroupit au-dessus du corps - ou de ce qu'il en reste, vu le travail acharné et bâclé. Putain de wendigos. Même pas capables de finir l'boulot. Même à ses débuts, y a deux ans, il finissait tout, n'laissait qu'les os, faciles à dissimuler, facile à éparpiller. Jamais retrouvés, les ossements, pas ici, pas chez eux - trop de corps en chair à élucider pour s'intéresser à un bâton un peu trop solide trouvé par un randonneur. Laisse jamais de restes, Nox, trop flippé qu'on retrouve ça. Peut-être qu'la bête a été interrompue. Ne relève même pas le habitué des lieux lancé par sa partenaire du jour. De toute façon, même si Nox est parano avec ça, aucun moyen qu'elle puisse savoir quoi que ce soit sur lui. Déjà, elle n'est pas d'ici. Et puis... même ici, y en a si peu qui savent. Seulement l'foutu clochard de gars qui l'a mordu, ce soir-là, dans la voiture accidentée. Seulement Ambrose, son pilier de toujours. Seulement les autres wendigos qu'il croise, parce qu'ils peuvent se reconnaître. Seulement Nora, qui l'a découvert tout récemment, confrontée à cette bête en lui qu'il n'a pas su retenir. Rien qu'à y repenser, il a de nouveau envie de la bouffer, celle-là. Une remarque particulière ? qu'il répète, à quelques centimètres de son visage, jouant malicieusement avec la proximité de leurs positions respectives. Non. Sinon qu'une bestiole enragée erre sûrement dans cette maudite forêt, qu'il grince avec un soupir. Fixe son abdomen déchiqueté sans en éprouver le moindre malaise. L'habitude, qu'il dira. Soupire. Et les "traces humaines" sont sûrement les siennes. M'étonnerait qu'il se soit laissé bouffer en se laissant faire, il a forcément essayé de fuir ou d'se débattre. Qu'ils peuvent être abrutis, ces scientifiques, des fois. Finalement, il lui donne une grande tape sur l'épaule, comme il le ferait à un pote de beuverie et se relève. Retrouve son paquet de clope, en extirpe une qu'il porte à ses lèvres - ne lui en propose pas, cette fois. L'allume en laissant la fumée s'élever vers le ciel caché par les branches touffues. Va falloir t'y habituer, Cricket. Il a décidé, ça lui va bien comme surnom. Tu vas voir ça bien plus souvent que tu ne le penses. Se retire vers l'équipe scientifique. Si tous vos prélèvements et photos sont bouclés, vous pouvez dégager l'corps. L'mec hoche la tête, empoigne son téléphone pour appeler les gars qui viendront relever le type mort. Vont avoir du boulot, à la morgue, pour le rendre plus joli pour l'enterrement. Au moins, la famille aura un corps. Lui, il n'en laisse aucun et les noms restent inscrits au tableau des disparus à vie. Il revient lentement vers Jaimini, clope à la bouche. Faut ratisser la forêt. Vu l'état, il doit pas être mort depuis plus de quelques heures. Si on pouvait choper cet ours enragé ou je n'sais quelle autre bête en furie, faut en profiter. Lance des initiatives qu'il sait lui-même vaines. L'animal coupable de ça est loin depuis longtemps, il n'en doute pas. Puis pour avoir des témoins, ça va être compliqué. J'ai bien peur qu'il ait été le seul à voir c'qu'il s'est passé. Désigne du menton le corps de l'homme, son visage à moitié dévoré par l'effroi et l'incompréhension. Semble presque blasé, absolument pas dérangé par la violence de la scène ni par son originalité qui, ici, finalement, n'en est pas une. Fixe une nouvelle fois les diverses morsures, qu'on imaginerait même pas humaines et pourtant. C'est pas des crocs d'animal sauvage qu'ont fait ça mais bien les canines moins acérées et les molaires plus nombreuses d'un homme, comme lui, comme elle. Enfin non, pas comme elle. Surtout comme lui. J'lance une équipe au Nord de la forêt. Nous, on s'occupe du Sud. Lui laisse pas le choix. Malgré qu'elle semble déjà dans le bain, c'est quand même lui qui commande. Se retourne un instant, clope à la bouche, sourire effronté sur le faciès. A moins que ça n'te dérange, Cricket.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty


si dans un premier temps jay ne considère pas cette proximité, c'est quand elle sentit le souffle si près de son visage qu'elle coula un regard vers l'ex sheriff. faciès demeura impassible, mouchoir toujours plaqué sur la moitié de celui-ci. lorsqu'une bête sauvage est évoquée, jay haussa un sourcil, sans savoir si elle devait se sentir sceptique ou juste dépitée. quand bien même une bête pouvait être affamée, elle ne parvenait que difficilement à imaginer de tels ravages. mais après tout, quelle expérience avait-elle en cadavres dévorés ? aucune, sans aucune doute. la théorie de nox se tenait, et elle n'avait aucune raison de ne pas le croire. elle peinait néanmoins à se dire que c'est ainsi qu'ils classeraient l'affaire, et reste un moment accroupie près du cadavre, ses yeux quêtant d'autres indices qu'elle ne trouvera jamais. elle leva les yeux au ciel suite à sa tape dans le dos, alors qu'il s'en retournait déjà. « alors, voilà ? affaire classée ? » qu'elle ne put s'empêcher de sortir. probablement ses dilemmes de flic qui refaisaient surface. comment faire justice à un animal ? ils ne pouvaient être jugés sans défense, et pouvait-on seulement leur en vouloir d'asseoir leur puissance prédatrice ? ou alors c'est juste elle qui réfléchissait trop et trop bêtement.

va falloir t'y habituer, cricket. si jay était capable de s'anesthésier des scènes de crimes morbides, elle se sentait toujours blasée en entendant ce genre de pique. sérieusement ? « tu dois avoir quoi, quarante pige ? c'est encore de ton âge, les p'tits surnoms ? » qu'elle lança après s'être relevée, quelques peu fucked up par cette histoire. finalement, c'est griffin qui prend la suite des opérations. elle laissa faire, jetant un dernier regard en direction du corps avant de s'en détacher complètement. de toute façon, l'observation en elle-même ne servait plus à rien. il n'y avait plus rien à chercher, s'il s'agissait d'une bête sauvage. elle eut, comme nox, une pensée à la famille qui veillera un corps rafistolé artificiellement, parfumé à souhait pour le rendre ne serait-ce que neutre olfactivement. jay avait toujours voué une certaine admiration à l'égard des exécutants de ces métiers où l'on côtoie la mort de près, tous les jours. où les corps devienne matière première, gagne-pain. c'était à la fois fascinant et glauque. elle sent son cellulaire personnel sonner du fond de sa poche. un appel auquel elle ne répondra pas. ne pas mélanger boulot et vie personnelle. c'était un principe auquel elle avait déjà dérogé par le passé, et elle l'avait amèrement regretté, encore aujourd'hui. la rouquine s'approcha d'un sac poubelle laissé là par la scientifique, où logeaient déjà nombre de paires de gants en latex et autres déchets mous. elle ôta les siens avec une certaine vigueur, y jetant son mouchoir par la même occasion tandis que la scientifique prenaient en charge le corps, accompagnés des pompiers et autres protagonistes. elle inspira profondément l'air frais de la forêt, déchargé de cette odeur de cadavre, sur fond sonore de housse mortuaire que l'on referme. les bras croisés, jay fixait dans le vide, agacée par le vibreur dans sa poche qui reprenait de plus belle. nouvelle ignorance. « plus tard, j'ai dis.. » qu'elle murmure, avant d'éteindre définitivement le cellulaire et de le rejeter dans sa poche.

finalement, c'est nox qui la sort de sa rêverie. à trop réfléchir, elle s'était perdue dans son propre esprit, sans se rendre compte des minutes qui passaient. elle ne saisit pas tout de suite et cille, sans vraiment comprendre le but. comme s'il voulait l'entraîner dans un des quatre cent coups d'un ado. mais pour de vrai. « ah oui ? et tu mets souvent des ours en état d'arrestation, toi ? » elle avait l'impression de rêver. à quoi il pensait, sérieux ? la scène de crime commençait à se vider, sûrement plus vite que quand elle s'était formée. les portes des véhicules claquaient, les moteurs se remettaient à ronronner, gonflant l'air d'une légère odeur d'essence. elle entendait bien qu'avoir des témoins n'était pas évident, mais comment en être sûrs aussi tôt ? il enchaîne tout ça bien vite, sans qu'elle ne reprenne la parole entre temps, toujours plus ou moins délirée par la situation en elle-même. se lancer à la poursuite d'un ours tueur d'homme en plein forêt ? encore heureux qu'il était midi, autrement elle aurait vraiment cru s'être retrouvée dans un de ces mauvais films.

il s'éloignait déjà, et pour une raison qu'elle ignora - mais qu'elle remettra sur le compte de sa stupide spontanéité -, elle le suivit. leur seule voiture demeurait sur ce parking forestier de fortune, et leurs deux seules personnes se tenaient encore là où quelques minutes auparavant s'allongeait un cadavre. pas qu'elle était délicate, jay, loin de là. il y avait peut-être même une infime partie d'elle qu'elle faisait taire, qui ressentait de l'excitation - la partie d'elle la plus inconsciente, assurément. « oh ! nox griffin, ... » qu'elle commença, forçant le pas pour le rattraper; il avait quelques mètres d'avance. « ... je ne voudrais surtout pas vous déranger dans votre quête de l'ennemi public numéro un de cette ville, - enfin ! de cette forêt - mais vous ne pensez pas que c'est plutôt d'un garde forestier dont on aurait besoin pour le coup ? » sarcasmes franchissent la barrières de ses lèvres. elle se jurerait presque que s'il lui disait connaître la forêt comme sa poche elle soumettrait un manuscrit du script de film le plus basé série z du 21e siècle.

il devait être aux alentours de midi, et toujours aucune trace. cela faisait environ une demi-heure que le duo le plus improbable d'exeter progressait dans cette forêt, et même si vee s'était efforcée de mémoriser des repères visuels, elle commençait à douter quant à sa capacité à tous les retenir. elle se rassura en songeant que leur cellulaire de police étaient munis d'une capsule gps qui permettrait de les retrouver. même si elle espérait ne pas envisager qu'ils aient besoin d'être retrouvés. si elle était à la fois peu rassurée par leur escapade à hauteur de son scepticisme quant à son utilisé, jay n'en montrait que le stricte minimum ; elle ne doutait pas que les sarcasmes de nox n'auraient pas manqué de lui faire hausser les sourcils.

Dés:

cinq minutes de recherches infructueuses supplémentaires suffisent à jay pour céder et se saisir du cellulaire professionnel. elle compose le numéro de leurs collègues se chargeant de la zone de recherches nord sans grande convictions. l'interlocuteur n'a pas le temps de d'annoncer son matricule qu'elle enchaîna déjà. « c'est crowley. du nouveau ? » elle entend un souffle robotique dans le cellulaire ; les connexions étaient sûrement faibles dans le coin. « r.a.s de notre côté. et vous ? on allait rentrer au poste. » « d'accord. on va sûrement faire de même. » discussion rapide, échange d'informations efficace. ainsi avait toujours travaillé jay sur ses enquêtes. aller à l'essentiel. ne jamais laisser la moindre bribe de mot qui pourrait induire une quelconque attention personnelle. même si pour le coup, elle s'était sentie rassurée. à croire qu'il n'y avait que nox griffin qui pensait pouvoir se faire le justicier d'une bête qui faisait au moins trois fois son poids. elle raccrocha le cellulaire à sa ceinture, lançant un regard à son collègue comme pour lui signifier que tout ça, ç'avait été prévisible depuis le début. la bête était loin, ou à la rigueur terrée dans sa tanière ; en tout cas, pas là où jay souhaitait la trouver. « hé nox, on devrait rentrer nous au.. » elle manqua de trébucher dans une sorte de petit trou, sauvant sa cheville d'une contraction relevant du réflexe.

elle tituba sur quelques pas, avant de jeter un regard assassin vers cet aléa de la forêt. néanmoins, son regard s'accrocha curieusement à ce qui ressemblait à une empreinte. une empreinte étrange. elle ne comprenait pas. alors elle s'approcha, s'accroupit pour mieux observer. elle ne savait pas quoi penser de cette empreinte qu'elle avait littéralement détruite avec son pied. « hé. » héla-t-elle son acolyte pour qu'il vienne voir. « pas que j'ai spécialement envie de jouer aux flics parano mais... t'as pas l'impression qu'on dirait une empreinte humaine, là ? regarde. » elle pointa de son index, décrivant cet arc de cercle où figuraient comme des motifs de dessous de basket. elle cilla à plusieurs reprises, ayant l'impression d'être un peu trop parano, pour le coup. surtout que sa propre empreinte pouvait facilement être confondue. restant silencieuse par la suite, elle se demanda si elle ne virait pas folle. plongeant son regard dans celui de nox, comme si elle pouvait y lire quoi que ce soit de plausible. que feraient des humains aussi profondément dans la forêt - à part eux en cet instant - ? cette fois, elle aurait presque souhaité qu'il lui dise qu'elle était dingue - mais il y avait des intuitions qui ne trompaient pas.


@Nox Griffin



Dernière édition par Jaimini Crowley le Jeu 10 Déc - 19:49, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
The Black Parade
- you're dead and gone -
The Black Parade
damné(e) le : o02/05/2019
hurlements : o2841
-- chased hunter (jaimini) Empty

Le membre 'Jaimini Crowley' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'dé à six faces' : 5

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" chased hunter "

Il hausse un sourcil face à son ton. Il rêve ? Il se retourne, lui lance un regard mauvais, bien plus acéré que les mots qui s'échappent de sa bouche et restent cordiaux. Une autre proposition, peut-être ? Il soupire, faudrait pas qu'elle commence à le gonfler. Parce que Nox, la patience, c'est pas son fort. Des qualités, il n'en a pas beaucoup et celle-ci encore moins qu'les autres. Elle riposte sur le surnom qu'il lui a trouvé et le lieutenant lui offre alors un sourire parfaitement puérile, et, autrement dit - insupportable. Bingo ! T'es douée. Quarante tout pile, mais bientôt quarante-et-un. J'suis du 31 décembre, si tu cherches déjà pour le cadeau. Il lui glisse même un clin d'oeil exagéré. Il s'occupe d'organiser la suite des opérations mais note rapidement son téléphone qui n'arrête pas de sonner. Il lui lance des œillades discrètement d'abord puis de plus en plus appuyées. Tu peux répondre. J'vais pas te mettre au coin, grince l'flic avec un rire sec. Il s'éloigne pour téléphoner, avant de l'attendre. Les équipes commencent à s'organiser, tout le monde remballe, le corps va être déplacé incessamment sous peu. Alors qu'ils se préparent à partir, de nouveau, elle affirme visiblement son désaccord. Il se retourne de nouveau avec le même regard que précédemment. Comme une mise en garde. C'genre de réplique, va falloir oublier avec lui. Surtout s'ils doivent être amenés à collaborer ensemble. Bon, elle sait sûrement pas qu'elle s'adresse à l'ancien shérif. Ni au shérif adjoint en devenir. Bon. Ok. Mais quand même ? Il n'aime pas son ton, n'aime pas son comportement et c'est pas du genre de Nox de laisser couler quoi que ce soit. Préfère bien plus l'affrontement, le loup, quand ça réveille les bêtes tapies au fond de lui. Il serre les dents et revient vers elle, presque menaçant dans sa démarche. Pourtant, Nox, il ne lève pas la main sur les femmes. Sûrement qu'ça aurait été un mec, il se serait pas gêné. Mais non, les femmes, il a quand même quelques valeurs, l'garçon. Bien qu'il ait tiré sur Nora. Il se plante devant elle, bras croisés sur son torse, ancrant avec détermination son regard clair dans celui de la rouquine. Non, Cricket. Par contre, histoire de ne pas avoir à revenir dans cette forêt dans deux jours parce qu'on aura laissé un ours rôder, ça m'arrange. Donc non, t'en fais pas, on va pas l'mettre en taule, ton copain Winnie. Il sera abattu. Aucune pitié dans sa voix, l'en a rien à foutre lui, de ce putain d'ours - puis de toute façon, ils le trouveront pas, cet ours de malheur. Parce qu'il n'existe pas. Parce que s'ils veulent trouver l'coupable, faudrait chercher du côté des wendigos.

Il se détourne d'elle pour se diriger vers la voiture, s'allumant une clope en attendant, parce qu'elle semble pas prête de partir, la gamine. Elle a une trop grande gueule et Nox dirait bien qu'ça lui déplait - sauf quand on sait comme il aime les confronter, les grandes gueules. Parce qu'on l'croit souvent inoffensif, Nox. Parce qu'on l'connait jamais vraiment. Elle finit par le rattraper et de nouveau, son ton lui déplait. Elle se fout de sa gueule, en fait ? Elle le prend pour quoi, un apprenti ? C'est plutôt elle qui a ce rôle, surtout pour son premier jour. Il la dévisage de haut en bas avec un semblant de moquerie au fond de la gorge quand ses lèvres s'ouvrent. Tu me prends pour un bleu ? qu'il souffle en s'approchant d'elle, regard mi-sévère mi-amusé. Il est déjà en route. Alors si mademoiselle voulait bien presser son p'tit cul pour le poser dans la bagnole, ça l'arrangerait sans doute autant que moi, le garde forestier. Pas pour rien qu'il a passé des coups d'fil, non plus. Il grimpe dans l'auto et attend qu'elle fasse de même, avant de jeter sa clope par-dessus la fenêtre entrouverte. Il ressert le col de sa veste de fonction. Le contact de son arme de service lui procure toujours un sentiment de sécurité qu'il ne s'explique pas. En réalité, Nox s'en est très peu servi, dans sa carrière. Alors qu'elle allume le moteur, il se tourne vers elle. J'te rappelle que ça fait bientôt vingt ans que j'bosse ici. Alors à partir de maintenant, si t'as une remarque ultra intelligente digne de l'école de police, tu vas réfléchir un p'tit coup, puis si c'est vraiment pertinent, tu pourras me le partager. Ok ? Le trajet commence et Nox se mure dans le silence. Plutôt fier de sa petite mise en garde.

Mais l'ours, forcément, se cache plutôt bien. L'coupable est plus là, et depuis longtemps, Nox le sait. Le wendigo qui a fait ça n'va pas s'amuser à rôder vingt heures autour de sa victime. Il ignore bien royalement le regard qu'elle lui lance, peu enclin à rentrer dans son petit jeu de provocation à la je te l'avais bien dit. Il continue de marcher, mains dans les poches, sans réelles convictions. Elle trébuche et comme un gosse, peut pas s'empêcher de pouffer, Nox. Mais visiblement, elle a trouvé un truc, la graine de génie. Une angoisse lui enserre un instant l'estomac. Un autre cadavre ? Si un wendigo s'amuse à décimer la forêt, , ça deviendrait gênant. Il s'approche, fixe l'empreinte et reporte son regard sur elle. Il attend qu'elle ait fini sa petite enquête sur une empreinte dans la boue. Je sais que t'es là que depuis tout récemment. Il essaie de garder son calme et de n'pas se la jouer trop connard, pour le coup. Histoire que ça se passe bien entre eux - ou au mieux, disons. Nox, il a plus d'ennemis que d'amis, et bosser avec une tête de mule qu'il aura lui-même borné, ça ne l'attire pas. Alors c'est pas trop la saison, mais malgré l'hiver qui arrive, on a beaucoup de randonneurs, de gens qui font, comment ça s'appelle là de courir comme un dingue pendant huit heures, ah oui, du trail, tout ça. Des familles qui campent, des écoles qui font des sorties. C'est un peu la seule et la plus belle forêt qu'on ait à Exeter, donc une trace de pas, c'est... normal ? Il hausse les épaules et regarde le ciel. Les nuages l'envahissent et il ressert de nouveau sa veste qui semble trop courte. Putain, il ne grandit plus à son âge, quand même.  Rentrons. On a bien mérité un sandwich dégueulasse. Il grimace et lui intime de faire demi-tour pour revenir à la voiture. C'est là que son téléphone professionnel se met à sonner. Il décroche en soupirant. Nox, faut venir voir ça. On allait rentrer et on a trouvé un truc. Je t'envoie la localisation. Son collègue raccroche immédiatement. Nox n'attend pas longtemps avant de recevoir l'adresse gps du site. Il presse le pas, faisant signe à son acolyte du jour de faire de même.

(...) Sur place, après dix minutes de conduite plus au nord de la forêt, le temps s'est clairement dégradé. Un coup de tonnerre fait trembler les arbres mais Nox claque la portière de la voiture. Ses collègues leur font des signes, et finalement, il se met même à trottiner. Plus assez en forme pour ces conneries, l'voilà qui arrive en toussant, près d'eux. Fume trop, l'flic. Il plisse les yeux. C'est c'qui reste, visiblement, d'un t-shirt et euh je dirais un bout de veste ? Ou d'un pantalon, on sait pas trop. On n'a rien touché. Nox lui adresse un regard presque mauvais. Encore heureux, qu'il grommelle. Bon. Si ce sont bien des restes de fringues et que l'autre gars, malgré qu'il ait été à moitié éventré, portait toujours ses habits... c'est pas bon signe. Puis bon, le wendigos n'sont pas des loups-garous non plus, c'est pas comme si le gars avait décidé d'se déshabiller quoi. Il soupire, s'frotte la barbe, cette fois réellement emmerdé. Et ça s'lit sur son visage, que cette fois, c'est sérieux. Cricket ? Viens voir ça. Essaie de savoir de quelles fringues il s'agit, ça nous aidera. Il lève les yeux sur ses collègues, deux jeunes qui ne semblent pas très à l'aise. Sait pas si c'est l'enquête, l'atrocité du premier corps trouvé ou si c'est juste sa présence qui les intimide comme ça. Prévenez le reste. On cherche un deuxième corps.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

silence s'installa, au même titre que la pression dans ses veines. agacée, néanmoins mouchée, jay s'intima de ne pas répondre. juste pour cette fois. juste pour éviter d'être plus garce et désagréable qu'elle ne l'a déjà été jusqu'ici. se dit néanmoins qu'il ne perdait rien pour attendre, car la vipère une fois le venin craché finissait toujours pas se régénérer. tout de même, s'il lui paraissait plutôt antipathique, sa pique eut le mérite de lui rappeler qu'elle n'avait pas été moins acerbe. assise dans la voiture, moteur ronronnant, crowley demeurait de marbre alors que son cerveau carburait. moultes informations défilaient dans son esprit, assaisonnées par l'agacement que suscitait griffin ; autant dire que les disques durs risquaient de rapidement saturer à ce rythme effréné. même pas une demi-journée à le côtoyer que par amour-propre, elle aurait souhaité que la journée se termine déjà. trop fière, jaimini, pour avoir une parole plus douce, plus assagie. elle avait envie de ne penser qu'à elle, quand bien même se taire signifiait déjà ravaler sa fierté sans gorgées d'eau pour la faire mieux passer. poignes sur le volant, punchlines à gogo fusant sous sa tignasse rousse, la trentenaire ramenait le duo atypique jusqu'au poste. seule satisfaction qu'elle aurait eu de ne toujours pas donner lieu à la musique via le poste radio. mais visage toujours impassible pour ne pas le satisfaire lui, de savoir qu'il l'agaçait déjà. d'un sens, l'emmerder silencieusement était toujours possible. elle repense à ce moment dans la forêt, où il lui a donné satisfaction sans même le savoir. ou disons plutôt qu'il l'avait rassurée sur sa propre paranoïa. paranoïa qui n'avait pourtant pas de place dans le corps judiciaire. seules les preuves comptaient. dures séquelles de ces deux années isolées du monde, passées à davantage spéculer qu'à vivre.

à vrai dire, elle pourrait presque s'en sentir gênée. quelle mouche l'avait piquée pour seulement penser... à quoi, en fait ? les randonneurs, bien sûr. les policiers n'étaient pas les seules bêtes de foires à s'enfoncer dans des lieux sordides où l'on attendait personne. pas les seuls à sortir des sentiers battus, et pour moins qu'une once de satisfaction. toujours éprises par ses pensées saugrenues, jaimini demeura définitivement silencieuse durant tout le trajet, n'offrant qu'un silence pesant à l'habitacle à l'atmosphère électrique. au même titre que le temps qui s'était dégradé, d'ailleurs. la météo était lourde, et jay baissa la vitre de sa portière pour laisser un brin d'air apporté par le mouvement pour respirer un peu. appelés plus au nord, les prochaines heures promettaient d'être aussi chargées que les premières.

[...] ce fut toujours les sourcils froncés que jay assista à l'état des lieux. optant cette fois-ci pour une attitude plus en retrait, elle guettait les réactions de nox, qui lui parurent plus graves que celles du début de service. les deux jeunes en face ne semblaient pas à l'aise. si ce n'était pas pour d'autres critères, il fallait dire qu'entre nox et jay, les visages n'étaient pas franchement très chaleureux. il l'appela finalement, et bien que le sobriquet maudit fut invoqué, ce qui la frappa le plus ce fut de se dire qu'elle pouvait s'y habituer. revêtue de nouveaux gants en latex, rouquine s'exécute, paraissait étrangement docile depuis qu'ils avaient quitté le coin de forêt plus au sud, là où ils avaient trouvé le premier corps. quelle routine, pensa-t-elle, sans pour autant remettre en cause les motivations de son métier. elle avait juste la nette intuition qu'exercer son métier à exeter promettait d'enrichir son cv de choses sordides et inattendues.
s'exécutant donc, jay commença ses recherches, se fiant en premier lieu à sa tête, puis à internet pour confirmer ou infirmer certaines hypothèses. passant outre les nombreuses notifications qui l'attendaient sur son cellulaires, elle mordillait l'intérieur de sa joue sous l'effet de la concentration. « c'est ma première intervention. » entendit-elle se prononcer, tout proche. un bref regard lui permit de confirmer que c'était bien à elle qu'on s'adressait. sans d'autres manière, elle retourna à sa propre petite enquête, pas forcément ravie à l'idée qu'on brise le cheminement de ses pensées. encore moins pour une information dont elle se serait nettement passée. ceci dit compatissante, elle afficha un petit sourire, ce que l'individu masculin dû prendre comme une invitation à la conversation. « et toi, t'es là depuis longtemps ? » elle croyait rêver en le voyant prendre un petit air pincé, presque gêné. on aurait dit un ado qui draguait une fille dans les couloirs du lycée. enfin, il devait avoir à peine vingt cinq ans, à en juger par ses traits qui perdaient à peine leurs airs poupons. jay se redressa plus nettement, inspirant profondément. le venin s'était régénéré. « écoute-euh... natefill. » elle venait de voir le nom brodé sur sa tenue de policier à peine sortie de son emballage plastique. « je pense que le mieux à faire pour toi serait de t'intéresser à l'enquête plutôt qu'à l'ancienneté de tes collègues. c'pas comme si l'enquête était en cours, mh ? » sarcasmes acérés qui lui clouèrent le bec et effacèrent toutes mimiques timides du visage de son interlocuteur. il sembla vouloir lui répondre un instant, l'étincelle dans son regard envolée, avant de se renfrogner et de s'éloigner de plusieurs pas qu'on aurait dit hagard. jay aurait nettement pu lire un "connasse" dans ses yeux quand il se détourna, mais n'en avait cure. envoyer bouler un mec qui ne lui répondait pas, ça avait beau manquer de saveur, ça faisait plaisir de temps en temps, en bon réceptacle de son humeur.

après cette petite entrevue ma foi fort agréable, jay se mit à faire les cent pas. si elle avait de bonnes pistes quant à la nature du vêtement, elle aurait aimé davantage de précisions. établissant un périmètre mental, la trentenaire parvint après de longues minutes à trouver un nouvel indice. haussant un sourcil et toujours équipée des gants en latex réglementaire pour ne pas fausser des preuves éventuelles, elle chercha nox du regard. dans son champ de vision à quelques dizaines de mètres, elle s'approcha et prit la parole une fois à portée. « difficile de prouver quoi que ce soit, on manque d'éléments. mais je crois avoir trouvé c'que tu cherchais. » elle baissa son regard sur ses propres mains, le second jeune ayant visiblement préféré rester avec nox, aussi s'approcha-t-il également. « j'ai pu trouver un deuxième morceau de tissu, à quelques mètres du premier. » un morceau par main pouvait attester ne serait-ce que par la ressemblance de couleur qu'il s'agissait du même vêtement. à mesure qu'elle exposait sa version, jay manipulait le textile. du moins, ce qu'il en restait. « le premier morceau de tissu pourrait appartenir à n'importe quel vêtement. néanmoins, sur le deuxième morceau trouvé plus loin, une étiquette m'en a appris un peu plus sur sa nature. » elle retourna le morceau en question, sur lequel on pouvait lire la typologie et le nom de marque "undiz". en relevant le regard, elle croisa celui du jeune, puis celui de nox. « ce qui m'amène à deux possibilités. soit ces morceaux de tissu appartiennent à des sous-vêtements, donc le sujet doit certainement être nu à l'heure qu'il est. soit il appartient à un pyjama. » elle haussa un sourcil, sans pour autant perdre son sérieux, bien que la situation soit assez risible pour arracher un coin de sourire au jeune à côté de nox. le deuxième était elle-ne-savait-où, peut-être en train de bouder dans sa voiture. certes, les informations n'avaient pas plus avancé l'enquête, et crowley enferma les morceaux de tissu dans deux petits sac plastique séparément. « des analyses adn pourront nous en dire plus. » puisque sur ce point il n'y avait rien de plus à ajouter, jay fit un signe de tête vers griffin, lui signifiant implicitement que c'était tout de son côté. « et toi, t'as trouvé quelque chose ? enfin, vous. » se ravisa la rouquine en jetant un bref regard au jeune aux côtés de son aîné.

@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" chased hunter "

Envahi par le silence immense qui a pris place dans l'habitacle après ses remontrances, Nox se surprend presque à culpabiliser un peu. N'y est-il pas allé trop fort ? Il y pense, durant le court trajet les menant au coeur opposé de la forêt. N'peut jamais s'empêcher d'réagir, de s'emporter, d'montrer qui commande. Pour ne jamais s'laisser marcher dessus, encore moins par une gamine fraichement débarquée. Pourtant, il doit reconnaître intérieurement qu'il a peut-être été un peu dur. Sans pour autant s'excuser ni formuler quoi que ce soit à haute voix. Faut pas exagérer. La fierté qui s'en remettraient pas, sinon. Ils se retrouvent vite sur le nouveau lieu de crime et Nox, ça ne lui présage rien de bon, tout ça. Il envoie son acolyte examiner les quelques vêtements déchirés tout en l'observant du coin de l'oeil. Non pas qu'il la surveille, essaie plutôt machinalement de trouver des raisons qui l'ont poussé à se montrer si cassant, pour se déculpabiliser un peu. Il finit par s'en détourner, observant avec distraction les mètres alentours, dans un périmètre restreint. C'est là qu'elle revient vers lui et il relève ses yeux clairs pour trouver les siens, une nouvelle provocation au bord des lèvres, c'est bien ce qu'annonce l'éclat malicieux d'ses yeux. Ah, ça y est, t'as fini de draguer, Cricket ? J'savais pas que les jeunots t'intéressaient. Lâche un léger rire, jetant un coup d'oeil audit jeune qui rougit immédiatement et s'éloigne. N'peut pas s'empêcher de provoquer, Nox, quand il est l'pire, dans ces histoires de trop jeune. Mais ça, elle n'a pas besoin de le savoir. Sûrement pas. Nox est bien trop possessif avec tous ses petits secrets honteux.

Alors qu'elle lui explique ses trouvailles, il mime d'une main un moulin à paroles, l'air de dire allez, accouche. Se moque d'elle mais trouve une once de respect pour ne pas le faire oralement en l'interrompant. Chose assez rare pour Nox, qui n'a pas l'habitude de se poser des limites, pour quoi que ce soit. Mais p't'être qu'il se rappelle qu'il a été assez dur comme ça avec elle pour sa première journée, même si elle n'avait qu'à pas se montrer aussi gonflée. D'ailleurs, le lieutenant fait un signe de main agacé à l'autre jeune qui se tient à ses côtés, l'air de lui dire de dégager. Il ne supporte pas de bosser avec des apprentis, des jeunots de l'école. Pas pédagogue, il avait prévenu. Puis merde, c'est une enquête sérieuse là, ils n'ont qu'à aller s'entraîner à poser des contraventions. Il reporte son attention sur sa partenaire de la journée, essuyant un soupir. Alors on envoie ça au labo. Se prépare à se détourner mais tourne la tête, un regard un peu dur sur elle. Bon travail, Cricket. Et c'est beaucoup, pour Nox, d'sortir un compliment du genre. L'est avare, ça c'est clair. N'a pas l'habitude, aucune raison d'en faire réellement, en fait. Sait pas faire, tout simplement. Et oui, ça va devenir son surnom officiel, il l'a décidé. Il lui fait signe de la tête pour qu'elle le suive. Il marche à peine quelques mètres plus au coeur de la forêt puis ralentit pour fixer le sol à ses pieds. Là. Des empreintes et du sang. Je t'attendais pour suivre la piste. Dira qu'il ne peut pas s'permettre d'y aller avec un novice. Seront pas prêt à découvrir ça, sûrement, qu'il dira. P't'être qu'il sait aussi qu'il ne pourrait pas forcément l'affronter tout seul. Le sang est frais, il le sent - comme un animal. Et ça le dérange, déjà. Et ça réveille l'appétit, nichée au creux de son estomac. Qui gronde, lui embrouille les idées, le fait saliver. Putain, il aurait dû bouffer. Mais il essaie de rester régulier. Une fois par mois. C'est déjà trop. Et puis, c'était pas prévu, cette intervention. Putain, s'il choppe le wendigo qui s'est loupé d'la sorte, à coup sûr que ça s'ra lui, son prochain repas. S'il n'a pas une envie démesurée de s'en prendre au cadavre. Parce que vu la quantité du sang, pas possible qu'ils trouvent un gars en vie au bout de cette piste.

En silence, il reprend donc sa marche, tandis qu'ils s'éloignent de l'agitation derrière-eux. Le sang se fait plus présent, plus agressif tant dans l'odeur que dans l'goût qui sang déjà lui monter à la bouche. Garde bien soin d'fixer son regard sur le sol pour n'pas risquer que Jaimini voie. Ses pupilles qui se rétractent, s'amincissent, le bleu d'ses yeux qui s'obscurcit. Le tic qui agitera bientôt sa lèvre supérieure, à la manière d'une babine. Il ne leur faut que quelques minutes pour atteindre une sorte de clairière. Dans les fourrés, une main dépasse et l'odeur se fait soudain insoutenable. Au-delà de la simple odeur de cadavre, Nox intercepte, celle, plus tentatrice, de la mort récente. La chair est encore fraiche et l'envie d'y planter ses dents se fait de plus en plus violente. Il se fige lentement et relève tant bien que mal son regard froid et concentré dans celui de sa coéquipière. Je t'en prie, à toi l'honneur. C'est la tradition du premier jour, invente-t-il dans un sourire féroce qui lui intime, secrètement, de ne pas le contredire. Il la dévisage, s'attardant sur son visage jeune et élancé, sur ses yeux clairs, sur ses boucles rousses. Tout, pour n'pas penser à l'offrande laissée à si peu de mètres d'eux.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

Bon travail, Cricket. Ce qui était le plus agaçant était sûrement qu'elle sentait un rictus poindre au coin de ses lèvres quand il balançait ce genre de piques. Un rictus un peu nerveux, un peu agacé. Son cynisme ayant été endormi jusqu'ici, ne pouvait sommeiller plus longtemps. « Tu sais que tu ferais presque peur quand tu fais un compliment ? » Cette fois, il ne pourrait pas dire que c'était elle qui l'avait cherché. Si trêve il y avait eu jusqu'ici, elle n'avait que trop duré et de toute façon Jaimini n'était pas du genre à se la fermer trop longtemps. Encore moins quand on s'amusait à la provoquer, même de façon bon enfant. Allez savoir, il y avait quelque chose dans ses mimiques bien à lui qui l'intriguait et l'agaçait à la fois. Alors la rouquine ne se faisait pas prier pour contrer à la même échelle. Et si ça lui faisait regretter son compliment, tant pis. Dans sa tête, à Jay, ça ne résonnait pas vraiment comme une vilaine réplique, plus comme une pique taquine. Parce qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'essuyer un compliment jusqu'ici, aussi maigre en mots fut-il. Ça avait au moins le mérite de leur donner de l'importance. L'esquisse de la joute verbale ne dura pas bien longtemps, puisque son acolyte lui annonçait déjà la couleur de leur prochaine découverte. À n'en pas douter par les fameuses traces, cette trouvaille sera nappée de carmin.

D'un léger signe de tête, elle lui intima qu'elle était prête à suivre la piste. Elle confia les sachets plastiques contenant les morceaux de tissu à la jeune recrue. « Allez au labo. Nous faudra les infos au plus vite. À plus. » Toujours expéditive. Ne garder que l'essentiel dans ce genre de situation, pour le travail. Pas besoin de s'étaler. De retour au sérieux, Jay prit le pas avec Nox, remontant la piste en silence cette fois, histoire de ne pas revivre les écueils de leur dernier échange verbal dans la forêt. Pas qu'elle n'en avait pas l'énergie, mais cette affaire commençait à l'inquiéter plus que de raisons. Un jour je répondrai à toutes vos questions, lui avait dit le shérif. Les circonstances de cet échange avaient suscité plus d'interrogations que d'explications, et depuis Jaimini ne pouvait s'empêcher de tourner les mêmes pièces du puzzle dans son esprit. Le regard ancré tantôt devant elle, tantôt à ses pieds pour ne pas de nouveau trébucher, elle se montra silencieuse jusqu'à sentir l'odeur du cadavre. Pas aussi forte que l'autre, mais assez puissante pour arracher un haut-le-cœur aux âmes les moins bien accrochées. Ses lèvres se froissèrent légèrement tandis qu'elle avançait vers le corps. Nox, lui, s'était arrêté. Elle leva un œil inquisiteur vers lui, avant de les envoyer vers le ciel face à ses paroles. « Avoue plutôt que tu as eu ton quota pour aujourd'hui ? » lança-t-elle en se détournant du partenaire d'un jour. Elle aurait sans doute servi un sourire amusé si l'odeur ne lui intimait pas plutôt un certain dégoût. « Ça va, j'ai compris. On tient aux traditions par ici. » Ce genre de jeux bien gênants auxquels Jay détestait prendre part. À croire qu'aller constater l'état d'un cadavre ne constituait qu'un motif de bizutage pour certains flics mal avisés.

Alors elle s'avança, Jay, parce que c'était la tradition qui le voulait, apparemment. Les gants, comme éternelle routine, geste devenu naturel, un détail auquel elle n'avait plus besoin de penser pour l'exécuter. « Si j'avais su ce serait une boîte entière de gants que j'aurais prise pour aujourd'hui. » Elle ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort qu'elle. Une façon détournée de camoufler son malaise, parce qu'on ne s'habituait foutrement jamais à découvrir des morts. La dextre souleva une des branches de l'arbrisseau sous lequel le corps avait été abandonné. Le même genre d'acte que sur le premier. « Putain. » Le juron s'était échappé tout seul, parce qu'elle se sentait à la fois gavée et troublée d'en découvrir un deuxième dans cet état. Lacéré avec sauvagerie, les entrailles à découvert, comme s'il ne s'était agi que d'un plateau apéro laissé en bordel. Et le mot était faible. « C'est encore pire que le premier. » Commenta-t-elle avant de se ressaisir. Parce que aller de son petit commentaire ne fera pas avancer l'enquête. Et plus ils en voyaient, plus elle se sentait paumée. Un ours, hein ? La mâchoire crispée, la trentenaire déglutit difficilement, commençant à vraiment douter de toutes ces conneries. Trop concentrée, trop absorbée par ses pensées, par toutes ces questions qui s'ajoutaient les unes aux autres, Jay ne perçut pas le bruissement dans la forêt. Sûrement un animal, comme un lièvre ou un renard qui détale, alors son esprit ne s'inquiéta pas. Ça n'pouvait pas être pire qu'un ours, de toute façon, n'est-ce pas ? « Tu contactes la scientifique ? J'suis un peu occupée là. » envoya-t-elle dans le vide, sans regarder Nox. Penchée au-dessus du corps, elle s'accroupit et tâtonne près du corps. Déjà que l'individu n'était réduit qu'à un amas de chair auquel on avait seulement daigné laisser un sous-vêtement, elle peinait à croire qu'elle parviendrait à trouver un portefeuille. Mais sait-on jamais, histoire d'en savoir rien qu'un peu sur ce qui aurait pu s'être passé ici.

Parce que cette foutue ville semblait bel et bien être partie en vrille. Et quand on y réfléchissait bien, déjà bien avant son départ il y avait plus de dix ans de cela.  

@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" chased hunter "

Fait mine d'être surprise, en redressant un seul de ses deux sourcils, levant les bras vers le ciel. C'pour ça que j'en fais pas souvent, qu'il ne peut pas, pourtant, s'empêcher de plaisanter, presque sous le coup d'une complicité nouvelle mais fragile. Et le cadavre les rencontre plus que l'inverse, et Nox, c'est tout son self-control qui est mis à l'épreuve. Reste en retrait, parce qu'il la sent battre, là, sous sa peau, à chaque pulsation du coeur. La bête. Et que rien que déglutir lui amène l'idée du sang dans sa bouche, son odeur, son goût. N'regarde pas sa coéquipière du jour, occupé à calmer ses ardeurs les plus sombres, les plus tabous. Essaie de rester ancré à la réalité, pourtant, et pour ça, s'accroche à sa voix comme il le peut. Ouais, c'est ça, j'ai eu mon quota, qu'il crache presque, quand il sent très bien courir, le long de sa nuque, le frisson désagréable. Ne la regarde, n'regard pas le cadavre dont l'odeur suffit à lui faire imaginer l'état, s'contente de l'écouter, le regard qui se lève vers le ciel dans une prière muette. Voudrait s'museler, là tout de suite. Et qu'il serre les dents, à l'entendre jurer. Ne s'avance pas pour autant, une sueur froide dégringolant le long de son échine. Y a des jours où c'est plus dur que d'autres. Des faims plus tenaces, plus viscérales. S'dit qu'il devrait bouffer plus souvent, Nox, quand cette seule pensée suffit à lui retourner l'estomac. L'écoute pas, l'écoute plus, n'veut pas connaître les détailles, l'état de la carcasse laissée à l'abandon, s'concentrant sur les alentours, essayant de perdre son esprit dans l'immensité que forme les arbres, comme autant de bras qui semblent se refermer sur eux.

Et il l'entend aussi, le bruissement. Les iris électriques de tension, qu'il les laisse parcourir l'étendue qui l'étouffe, soudain. Et c'est là qu'il l'aperçoit. Déambulant, l'esprit sûrement perdu, âme errante après la nécessité. Et même de là, à quelques mètres, quand l'autre ne semble pas les avoir vus, Nox, il peut voir. Peut voir l'sang qui macule le tour de sa bouche, de ses lèvres, jusqu'au menton. L'sang qu'il a sur les mains et dans l'estomac. Et sûrement qu'il devrait pas mais qu'il se jette dans sa direction, sans se soucier d'alerter Jaimini, sûrement qu'elle le verra bien s'mettre à courir comme un dératé. Il croise le regard de l'homme à quelques centimètres de lui, mais il l'empoigne d'une main de fer et le propulse contre le tronc d'un arbre avec plus de force que le commun des mortels. Mais ça n'se verra pas, sûrement, ça s'ra pris pour des années d'entraînement, quand sa force n's'est décuplée que depuis deux ans, pourtant. Enfonce profondément son regard dans l'sien, peut sentir l'odeur de sa victime contre sa peau, peut déjà en sentir le goût, l'appréhender, l'envier. Et sûrement qu'ça fait sauter quelques boulons dans son crâne, à cet instant, quand l'autre se débat dans un grognement qui n'semble quasiment plus humain. Et qu'Nox espère qu'il n'a pas déjà les cornes, l'animal, celles qui leur poussent sur le haut du crâne quand ils tirent trop sur la corde. Mais ça n'semble pas. Et alors qu'il s'attarde sur ce genre de détail, que l'individu se débat, avec tout autant d'énergie qu'lui, le regard fou. Calm'toi, qu'il lui grogne, enfonçant son coude près de sa gorge, quand le wendigo déchaîné, comme déjà redevenu bête sauvage, choisit précisément ce moment pour lui enfoncer les canines dans l'avant-bras. Et qu'Nox pousse un grognement plus fort encore, partagé entre la douleur et la colère, sûrement, et qu'il s'arrache à l'étreinte forcée d'la bouche acharnée en y laissant un peu d'sa peau.
Mais, qu'est-ce qu'ils ont, tous ? À vouloir l'mordre, putain ? Et qu'ses babines se rétractent, qu'ses iris se rétrécissent, quand son propre sang vient tâcher sa veste de flic, et qu'ni une, ni deux, l'instant d'après, l'autre a l'flingue braqué contre la tempe. Trop tard, mon gars, c'est trop tard, c'est, trop, tard, et la prochaine fois, tu finiras tes plats, qu'il assène d'une voix mauvaise et basse pour qu'lui seul entende, et parce qu'ouais. C'est trop tard. On l'a déjà eu, Nox. La détonation n'manque pas de lui perforer les tympans. On a beau croire c'qu'on veut, il tire pas souvent, Griffin. S'écarte de l'arbre pour laisser le corps inanimé glisser au sol, le bras tremblant - à la douleur, qu'on dira. La plaie n'est pas mortelle - encore moins venimeuse, pour lui - mais putain, ça lui fait quand même un mal de chien. Il la compresse contre son buste, persuadé qu'il n'a pas eu l'choix, qu'il allait le bouffer, sinon. Qu'même s'il le menottait, qu'il pouvait pas. Il pouvait pas laisser c'gars déballer c'qu'il est, c'qu'ils sont. Persuadé qu'on fera l'lien avec lui, après ça. Alors ouais, il n'a pas eu l'choix, qu'il se répète en maugréant tout seul, de dos à Jaimini, qui s'est sûrement amenée en l'voyant prendre la fuite, en l'voyant se ruer sur un homme, en l'entendant tirer, sans une once d'hésitation, comme si c'était facile. Essuie un soupir pour tenter de se reprendre. Cricket, t'avais raison, c'était pas un ours mais un putain d'cannibale, qu'il lance avant de reculer de quelques pas. C'est plus facile d'l'avoir mort et d'se dire qu'il était juste taré, qu'il faisait parti d'une de ces sectes de fous à lier, pas vrai ? L'bras toujours tenu contre son corps, recule encore d'un pas, quand ses yeux s'posent une dernière fois sur le nouveau cadavre. Son crâne, explosé à l'impact de la balle, précise et mortelle. Qu'l'odeur du sang, du sang frais lui monte aux naseaux et qu'il sent, l'tic qui lui agite la babine supérieure, qui se soulève et se baisse. Pas maintenant. Peut presque deviner qu'ses iris n'sont devenus que deux lignes fines dans l'océan d'ses yeux. Pas maintenant et qu'il s'sent trembler légèrement, qu'la bête prend plus de place, pour l'homme d'un violent coup d'pied et qu'il ne se retourne pas, figé. Paralysé. L'regard fou qui tente, encore, de s'accrocher à quoi que ce soit pour rester ancré dans la réalité. Les branches, le ciel, les fougères, peu importe. Il essaie, Nox, il essaie vraiment. Devine la présence d'sa coéquipière dans son dos et qu'ça fait remonter un frisson exquis le long de son échine. T'approche pas, qu'il lance, d'une voix presque caverneuse tant les notes descendent bas, frôlent un ton qui n'est presque pas l'sien tant l'contrôle est dur à tenir. Qu'il peut pas, qu'il peut pas se retourner, la regarder. Qu'son bras est tombé le long d'son corps et qu'ça pisse le sang en gouttes trop régulières jusqu'au sol. Mais la douleur, il ne la sent pas, Nox. Sent que la faim. Lourde, tenace, enivrante. Oppressante. T'approche pas, qu'il répète en agitant une main dans son dos, l'intacte, pour l'en dissuader, avant d'se râcler la gorge difficilement, c'est pas beau à voir. Mais elle est flic, lui a prouvé qu'elle n'a pas froid aux yeux, qu'c'est pas une bleue et Nox, il cherche déjà à deviner de quel côté elle va surgir, pour pas lui faire face.
Pour pas s'jeter sur elle comme il s'est jeté sur Nora.
Parce qu'il n'croit pas résister deux fois.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

La vision du corps mutilé était abjecte, quand bien même un esprit justicier et affûté n’en était pas à sa première dépouille. Et Jaimini n’avait plus de mouchoir pour s’épargner les relents de mort, parce qu’elle n’aurait de toute façon pas pu s’être assez équipée pour cette journée. Ces mêmes heures qui s’évertuaient à tester les limites de sa patience, tant d’un point de vue mental que physique. Son énergie était drainée et tiraillée entre les découvertes macabres et les sarcasmes d’un coéquipier improvisé. Elle pouvait encore s’accommoder de ce dernier, mais la vue de la mort, ça la rapportait à d’autres souvenirs inventés que sa conscience ne saurait tolérer. Aussi la gêne ne paraissait que naturelle, quand au fond d’elle, d’autres démons grondaient, se heurtant à la muraille de son inconscient protecteur et salvateur. L’être qui avait épuisé ses entrailles dans les feuilles mortes et le sol meuble de cette forêt était à peine majeur. Dans les iris fades semblait encore trôner les vapes de sa terreur incontrôlée, qui avait trempé le tissu de ce qu’il restait à ses bas. À force de les regarder, elle avait appris quelles parties des macabées il fallait savoir éviter, les yeux glissant sans voir. Elle se perdit dans ses pensées, Jaimini, comme si elle priait l’âme du défunt ou toute autre chose relevant de croyances qu’elle ne partageait pas. Elle lui souhaitait, qu’il y ait un après, un dernier objectif à atteindre, des terres plus riches qu’un sol fertilisé par les sucs mortifiés. Elle espérait, en tout cas, que si l’âme existait bel et bien, que celle du gamin luira sur d’autres chemins moins boisés. Moins ensanglantés.

Un nouveau bruissement la sortit de ses rêveries, plus fort que le précédent. Brisant sa concentration, cette communion silencieuse, elle redressa le menton vers la source. Elle n’aperçu que la silhouette de Nox disparaître subitement dans les fourrées, s’éloignant au pas de courses vers une cible qu’elle n’avait ni vue, ni entendue. « Quoi encore. » maugréa la rouquine en pulsant sur ses jambes pour se relever complètement. Décontenancée par cette soudaine agitation, elle n’en était pas moins alarmée. Elle s’élança, chassant le chasseur, qui lui-même avait jeté son dévolu sur une proie inconnue. Ne trébucha pas, cette fois, Jay, sans toutefois parvenir à le rattraper immédiatement, s’étonnant de la vitesse à laquelle il avait disparu de son champ de vision. Elle appela, dans le vide, sans cueillir la moindre réponse. Se retrouva un instant comme seule au monde, comme si tout ceci n’était que la manifestation d’un onirisme hallucinatoire. Était-elle seulement certaine que Nox avait pris cette direction ? La forêt s'épaississait, à mesure de son inquiétude et de cette sensation d'urgence qui prenait irrémédiablement le pas sur son état psychique. La main sur l'arme létale qu'était son revolver, elle jetait maintes coups d’œil dans toutes les direction, avant qu'un coup de feu ne la remette sur la bonne voie. S'engouffra dans de nouvelles fourrées, cinglante et brève détonation comme seul point de repère qui se diffusait dans l'esprit alarmé.

(…)

Elle s'était retenue de l'appeler davantage, progressant à grandes foulées dans une forêt qui n'était pas des plus faciles d'accès. Se culpabilisa d'avoir aussi vite renvoyé les deux novices au labo, car ils auraient eu besoin de renforts, quand bien même la situation n'était pas à la portée des débutants. Elle parvint dans cet étroit coin de végétation, essoufflée, en âge. Force était de constater qu'elle se sentit rassurée, la rouquine. De voir que ce n'était pas le quadragénaire qui gisait au sol. Cricket, t'avais raison, c'était pas un ours mais un putain d'cannibale. Recula de quelques pas, le coéquipier, et à sa posture, à quelque chose qui relevait davantage de l'instinctif que du concret, elle su qu'il était blessé. « Nox, putain, on s'en fout. T'es blessé. » Il le cachait plutôt bien, mais c'était le sol à ses pieds qui le trahissait. La tâche pourpre au sol ne saurait trahir les yeux de la renarde, qui s'avança, rabrouée par le refus de l'ex shérif. « Non mais tu déconnes ou quoi ? » La main quitta le contact rassurant du revolver, les bras ballants le long du corps, mais la nuque sous tension. Crispée par l'attitude qu'elle ne saisissait pas, qu'elle ne comprenait pas. Il reprit, sans lâcher le morceau, mais Jay sentait la prescience de ses nerfs qui menaçaient de lâcher. Comme si deux cadavres dans la même journée ne pesaient rien à l'idée de savoir un collègue blessé. Gravement, à en juger par la quantité de sang. « J'vais pas te laisser comme ça. » Qu'elle asséna d'une voix sans appel, parce qu'elle était franchement butée et que dans ce genre de situation, c'était comme se heurter à un mur que d'essayer de la faire changer d'avis. Alors elle s'avança, sans hésitations parce que dans toute sa détermination Jay, on ne l'arrêtait plus. « Nox, reste tranquille. » Elle sentait qu'il voulait se déroger à son contact, à sa vision, pour elle ne savait quelle raison. Alors elle se concentra, agrippa le verso d'un bras avec ferveur. Cela devrait suffire, parce qu'elle savait qu'elle pouvait la lui retirer, cette douleur. Du moins, l'apaiser. Pas la faire disparaître, mais la faire sienne en partie aussi. À la force de sa volonté, le soulager, apaiser d'autres maux par inadvertance, aussi. Peut-être qu'il sentira les fourmillements infimes serpenter dans ses veines, dans un flux chaud, presque anesthésiant. La douleur se répandit, se partagea, et l'avant bras gauche se crispa à son tour, sans qu'elle n'en montra quoique ce soit. Avec les années, c'était devenu plus simple, plus accessible. Prendre la douleur d'autrui, la faire sienne sans l'apprivoiser pour autant, sans combler ses propres douleurs à elles, mentales ou psychologiques. « Il faut qu'on arrête le saignement. Tu presses la plaie en attendant, et tu m'laisses faire. » Elle n'était pas douillette, la trentenaire, et en l'absence de trousse de secours, elle n'hésita pas à ouvrir son veston de police, d'arracher un pan du tee-shirt sobre qu'elle portait. Ses affaires n'avaient pas grande valeur, de toute façon. Elle n'a pas envie de poser de questions, pas maintenant. Elle croisa le regard étrange et étranger, des fourmillements dérangeants plein le ventre. Elle n'avait plus l'énergie de combattre, Jay, alors elle se tut, remontant juste la manche du lieutenant, avec une ferme délicatesse que certains attribueront le secret aux femmes. Enserra le bras du tissu, fit le nœud qu'elle serra juste assez fort pour que ça pique un peu, que ça lui arrache une infime grimace. Parce qu'elle était épuisée et furieuse. « Faudra qu'on parle. Mais pas maintenant. J'appelle la scientifique – pour la 3e fois, au moins. »

@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" chased hunter "

Non on s'en fout pas, on s'en fout pas, on s'en fout pas, qu'il voudrait lui répéter en boucle mais qu'y a rien qui sort. Qu'toujours de dos à elle, sa bouche s'est tordue, comme pour retenir les élans de sauvagerie, pour contrer sa babine qui se soulève et se rabaisse à intervalles incontrôlés. Et à ses mots, qu'il resserre son emprise sur la blessure pour qu'ce putain d'sang arrête de couler, quand il sent son bras trembler, pas l'blessé mais l'autre, celui qui essaie d'cacher. Que son regard essaie d'fuir la vision du troisième corps devant eux, qu'c'est plus facile à assumer qu'ça en a l'air, qu'c'est pas la première fois qu'il bute quelqu'un pour légitime défense. Et comme si ses sens s'étaient décuplés, il sent l'herbe sur le sol s'affaisser sous le poids de Jaimini, qu'elle s'approche, l'sent dans tout son corps, que la proie se rapproche. Et qu'son cerveau se tord dans tous les sens, qu'sûrement que tout est amplifié par ses nerfs qui, à trop s'voir usés, ne tiennent plus à rien. Et qu'la faim en profite, assurément, pour avoir une emprise encore plus récurrente sur lui. Qu'il n'a toujours pas bougé, qu'il a envie d'lui hurler dessus, de la repousser, d'la voir s'effondrer, se cogner la tête, d'se dire qu'il l'achèvera plus qu'il ne la tuera, qu'sa mort sera nécessaire pour lui éviter d'souffrir, qu'il culpabilisera moins. Et elle lui saisit le bras avec tant de vivacité qu'il vacille un peu sur le côté. Que sa tête se tourne brusquement vers elle, les crocs à découvert, les iris devenus deux failles étroites, presque noyées dans l'bleu qui prend le ton des abysses. Qu'il peut sentir son odeur, qu'il peut déjà s'imaginer son goût. Et quand elle lui demande de rester calme, qu'il ne peut empêcher son regard de vriller au sien. L'faciès déformé par une expression qu'on prendra pour une colère noire, sûrement. Qui n'peut être devinée réellement qu'par ceux à qui c'est déjà arrivé. Ceux comme Nora. Ceux comme Jaimini, bientôt, si Nox n'reprend pas le contrôle. Jaimini, qu'il grogne d'une voix bien plus grave, bien plus vibrante, presque sournoise dans les vibrations qu'elle glisse dans l'air. Il l'attire à elle brusquement, étalant le sang de son bras blessé sur son uniforme, plaquant son corps contre le sien, les yeux qui se ferment légèrement en se sentant si près du but. Qu'ses dents claquent dans le vide, squelette reprenant vie après trop d'jours privé de souffle, quand la bête prend les rênes. Qu'sans pouvoir se contrôler, qu'elle pousse ce qu'il reste de lui au fond de sa caboche et guide lentement ses lèvres le long de son visage dans une caresse qui serait sans doute brûlante si on ne pouvait pas y sentir toute la menace que ça représente. N'sait pas, si la peur qu'il ressent est celle de sa coéquipière ou la sienne. Qu'sa langue passe sur ses babines, quand il va enfin pouvoir mordre la chair. Là, les canines à deux doigts de la peau de sa nuque. Mais quelque chose se passe et il se fige tout entier. Son avant-bras le brûle, mais pas seulement, et la sensation est si étrange que ça suffit pour lui faire stopper tout mouvement. Il sent quelque chose sinuer, directement jusqu'à son estomac, et ses yeux se révulsent un instant. Il se tient fermement à elle, l'corps secoué de tressaillements. Ses mains serrent ses bras à elle, tant il la repousse qu'il s'y raccroche. N'peut pas comprendre ce qu'il se passe, Nox, quand la faim semble s'amenuiser, s'échapper, la queue entre les jambes. Qu'il remarque aisément qu'la douleur s'efface, que le bras de Jay se crispe sous sa poigne et qu'il en relâche la pression lentement. Laissé pantelant, sans comprendre ce qu'il vient de se passer, qu'ses iris gagnent un peu en territoire, à revenir se dilater. Qu'les questions et l'effroi le saisissent, d'un seul coup. Est-ce qu'elle aura vu ? Est-ce qu'elle aura senti ? Est-ce qu'elle aura compris, deviné ? Terreur sourde, celle de l'animal mystique sur le point de passer de secret à connu, qu'ça le coupe au silence, à ne rien répondre, à se laisser faire, à moitié avachi contre elle, absent, déconnecté.

Et qu'il se réveille brutalement, interceptant son geste de sortir son téléphone avant de s'écarter, clairement plus maître de ce qu'il veut. Non ! Si, euh, si, appelle-les, je, qu'il bredouille, autant de mots happés par sa raison que de pas qu'il fait à reculer, jusqu'à buter dans le cadavre. Mais il ne laisse pas ses yeux s'poser sur ça et agrippe sa blessure sur laquelle il presse, pour réellement sentir la douleur, pour se la provoquer plus fermement encore, la gorge sèche. Et qu'il contourne lentement l'arbre, la main gorgée de sang, l'esprit gorgé de retenue, d'incompréhension. Il appuie son dos au tronc et se laisse glisser jusqu'au sol, les jambes sciées. Qu'est-ce qu'elle lui a fait ? Il a bien senti. La douleur se réduire, la faim se tapir un peu. Comme si elle l'avait calmé, d'un simple toucher ou d'autre chose, Nox n'en sait rien, n'comprend plus rien, le flic. Et il reste là, l'cul vissé au sol, à forcer sur la morsure comme s'il voulait en extraire assez de venin pour s'anesthésier le cerveau. L'coeur encore battant, pourtant, qu'ça ne l'a pas affecté, lui, quand ça pulse encore sournoisement jusqu'à ses tempes. Pose sa main libre sur l'une d'entre elle, à appuyer aussi fort qu'il le peut, avant de rejeter sa tête en arrière, en proie au vertige. Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir dire ? Est-ce qu'il peut nier ? Qu'est-ce que t'as fait ? qu'il grogne sans la voir, quand on ne sait même pas de quoi il parle. Des trois cadavres qui s'entassent sur leur chemin, du garrot de fortune qu'il porte au bras, d'être venue avec lui aujourd'hui, d'avoir choisi d'être flic, d'avoir exercé sur lui un pouvoir qui le retourne.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

Elle eut à peine le temps de l’entendre souffler son prénom qu’elle se retrouvait agrippée, prisonnière de l’étau de ses mains. Elle avait beau être surprise par une telle réaction, ce qui l’avait marquée en cet instant était certainement qu’il ne l’affuble pas de son habituel sobriquet. Et c’était assez remarquable pour qu’elle ait le sifflet coupé, Jay. De toute façon, il serrait si fort qu’elle n’aurait pu que serrer les dents. Le regard croisé était étranger, animal, quelque chose qu’elle n’avait jamais vu jusqu’ici. En avait bien croisé des gens qui avaient des dons, des humains pourvus de facultés qui dépassait l’entendement du monde moderne. Mais de ces dons-là, elle n’en avait jamais croisé, aussi elle se trouvait pertinente à se dire que c’était autre chose. Cela aurait été bien mensonger d’affirmer qu’elle n’avait pas peur, la rouquine, parce qu’elle avait bel et bien un drôle d’impression qui la submergeait. Celle d’être en proie à quelque chose sur lequel même Nox n’avait pas le contrôle. Figée, crispée, elle le sentit s’approcher tandis qu’elle s’évertuait, avec une once de désespoir, à essayer de le calmer avec ce don qu’elle avait elle-même. Que la chaleur l’apaiserait, d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre. Mais elle fut déconcentrée, Jay, et ça mit plus de temps que prévu. Parce qu’il n’était pas le seul à souffrir d’un appétit viscéral et étrange. Sauf qu’elle, n’en avait pas tout à fait conscience. La pulpe effleura sa gorge, et la peur céda à une autre sensation. Plus profonde et vicieuse que la peur elle-même. Des projections mentales qu’elle n’aurait jamais pris la peine d’imaginer en temps normal. Elle sembla s’abandonner un instant, la rouquine, comme si elle perdait consistance entre ses mains. Pas loin du point de rupture, de non-retour, son esprit retrouva place dans son propre corps, lui ayant donné l’impression d’être absente quelques instants. Reprit consistance quand Nox s’éloigna finalement, lui laissant la désagréable pensée que ce n’était pas passé loin.

Elle déglutit, retrouvant son souffle après quelques instants en suspens. Cilla pour s’ancrer dans le présent, parce que tout ça avait des airs d’irréel. La forêt alentours lui parut calme et le cadavre affreusement fade. Ne s’attarda qu’un instant sur ce dernier, sans parvenir à reconnecter tous les neurones sous la chevelure. Adrénaline courrait dans les veines, mais s’atténuant, lui fit recouvrir la sensation de douleur. Celle qu’elle avait partagée. Celle qui lui avait sans doute sauvé la vie. Déglutit une nouvelle fois, penchée en avant, les mains sur les genoux. Trop de choses se bousculaient dans son esprit pour qu’elle ne parvienne à y remettre un peu d’ordre. Songea un peu bêtement que rien ne s’était déroulé comme cela aurait dû. Qu’on n’avait pas ce genre de pensées qu’elle avait eu sous la menace de mort, qu’on ne s’attardait pas sur des détails comme la fragrance émise par son agresseur quand on était sur le point de se faire arracher la gorge. Les yeux fixaient un point invisible au sol, noyé entre les feuilles mortes et la boue qui recouvrait les chaussures. Tant mieux qu’il se soit éloigné. Tant mieux qu’elle ne le voit plus en ce moment même.  Parce qu’une part d’elle, une fraction de seconde, avait eu l’irrépressible envie de le rattraper et de le serrer aussi fort qu’il l’avait fait. Elle passa une main dans ses cheveux, se redressant en reprenant son souffle, le myocarde emballé dans une courte folle. Ne savait pas si c’était l’incompréhension ou la douleur de son bras qui résonnaient le plus fort en elle. Elle ne lui répondit pas, ayant même oublié l’idée d’appeler la scientifique, l’ambulance ou toute autre connerie. Mais la dernière question, le dernier grognement, elle l’entendit. Et il avait beau être caché derrière le tronc, elle le distinguait, mentalement. Se demandait s’il regrettait, s’il en avait juste quelque chose à faire. Sa rage à elle, soudainement émergée des entrailles, lui mettait le cœur au bord des lèvres. « Ce que j’ai fait ? » Elle insista sur les mots, Jay, parce que ça la dépitait. Un rire nerveux lui échappa, qu’elle ne put refréner. Elle reprit son souffle, juste le temps de lui répondre. « Ce que toi, tu as fait. C’est ça qu’il faut se demander. Ou plutôt c’que tu allais faire. » Ne sentait plus les mots franchir la barrière des lèvres. Trop à cran pour ça, trop paumée sûrement. Et ça ouvrait la brèche d’autant plus fort, sonnant le clairon de son lâcher prise. Elle n’aurait su dire si c’étaient ses émotions à elle qui parlaient, ou les relents des siennes. Celles qu’elle avait pu prendre avec le reste. Sûrement un peu des deux, s’appropriant l’ensemble. Elle luttait contre l’envie de le rejoindre derrière ce putain de tronc d’arbre et de laisser un poing serré par la rage s’abattre sur son faciès habituellement si suffisant. « T’sais quoi d’habitude les gens prennent la peine de dire merci quand on évite une catastrophe. » Quelle catastrophe ? Sa mort ? Bien maigre perte. Elle ne savait pas. Plus. Elle n’était plus sûre non plus de ce qu’elle disait. Juste qu’elle sentait ses yeux s’humidifier, de rage, de haine peut-être. Contre qui ou quoi, cela importait peu, mais il s’avérait que Nox – ou le tronc derrière lequel il se cachait – ferait un bon réceptacle à ce déferlement. Ou au contraire, il serait sûrement le pire. « Mais non, Nox. La prend pas cette peine. J’en voudrai pas d’tes remerciements t’façon, c’est pas comme si j’avais manqué d’être le troisième cadavre de cette putain d’journée d’merde. » Elle avait les veines en feu, Jay, ne savait plus où donner de la tête. Plus elle parlait, plus elle se sentait partir dans des spirales sans fins dont elle ne sortirait pas indemne. Une conversation de sourds entre une paumée, un mec instable et un arbre qui servait d’arbitre. Beau tableau.

"@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" chased hunter "

A de la peine à se détacher d'elle, Nox. Le corps incarcéré au sien, l'regard fou, déviant, deux lignes au fond de l'océan qui la dévorent déjà, salivent du goût qu'il imagine, quand l'appel est plus fort, qu'il ne relève plus ni de l'envie ni de la volonté, juste de l'instinct. Qu'il serre son bras en approchant ses lèvres d'sa nuque. Qu'il ne sent plus rien, Nox. Ni c'qu'il ressent, ni c'qu'elle peut bien lui envoyer comme signaux. Ni peur, ni colère, ni rien. Juste la faim, tenace, insatiable, incontrôlable. Jusqu'à-ce qu'elle ne s'enfuit aussi vite qu'elle était venue, et qu'il se retrouve désemparé, à n'plus savoir comment faire sans elle, comme s'il lui manquait des rouages trop importants pour fonctionner sans, maintenant qu'elle s'est bien installée en lui, d'puis une éternité qu'il lui semble, quand il n'peut plus se souvenir de comment c'était avant. Qu'y a bien que deux ans qui le séparent de cette époque, pourtant. Et qu'il se réfugie derrière le tronc de l'arbre, enfant apeuré, à fuir. Fuir en espérant qu'ça passe, qu'tout s'efface. Qu'il ramène ses genoux contre son torse, à presque se balancer d'avant en arrière, l'regard dans le vide, à réapprivoiser ses crocs qui n'sont pas rassasiés mais qu'la faim semble être volatilisée. Pourtant, il la sent remuer, Nox, peut sentir sa frustration, son indignation, d'avoir été contrainte de la sorte à la ferme. S'dit qu'il devra se nourrir, et vite, parce qu'le revers de la médaille risque d'être acéré. Et qu'sa voix qui s'élève, bordée de remous tortueux, le fait grimacer et qu'il dégage son visage de derrière ses mains qui sont venues le recouvrir, comme pour mieux lui voiler la réalité. Un monstre, un monstre, un monstre. Avec Nora, ç'avait pas été la même chose. Persuadé d'affronter un autre monstre. Mais là, putain. Elle se met à rire et Nox, il est pas si con, il sait qu'vaut peut-être mieux pas plaisanter, là. J't'ai rien fait, qu'il attaque en retour, la colère qui remonte, l'aide à gérer la culpabilité, comme toujours, jusqu'à l'annihiler complètement. J'ai. Rien. Fait. N'sait pas qui il essaie de convaincre. Jaimini, lui, ou même le cadavre qui git là, aux pieds de l'arbre ? Un d'plus, qu'il se dit, quand il pense même à l'hypothèse de le faire disparaître facilement. Pour qu'l'histoire n'existe même pas. Et assouvir l'besoin viscéral en même temps. Mais y a bien encore un obstacle. Cricket, et qu'ça lui fait serrer la mâchoire. Et qu'il tend sa nuque contre l'écorce, à s'entasser de " j'ai rien fait, j'ai rien fait " persistants, comme pour s'le rentrer dans le crâne.

Mais qu'elle l'ouvre de nouveau et que, finalement, il lui est plus aisé d'céder à la colère que d'essayer de la contenir. Qu'il bondit sur ses jambes, sans plus se soucier de sa blessure, sans plus se soucier de garder ses distances, aveuglé. Et qu'il contourne le tronc, d'un pas enragé. Que j'te remercie ? Et merci d'quoi, hein ? qu'il vocifère, en abattant les derniers mètres qui les séparent, avant de l'attraper par le bras avec, sans doute, un peu trop de force. Celle-là même qu'il connait encore mal, qui a intégré son organisme en même temps qu'la bête. Et qu'il la tire contre lui, les corps qui s'entrechoquent et qu'il attrape son visage entre ses mains ensanglantées, lui décorant la mâchoire et les joues de sillons carmins. T'as aucune idée d'la catastrophe que t'a évité, en effet, qu'il fusille d'une voix glaciale, le regard féroce, quand ses iris n'sont pas redevenus totalement normaux et qu'sur le coup, il s'en fiche, Nox, tant il lui en veut. Tant il s'en veut. Et qu'il la pousse de son propre corps, la forçant à reculer, jusqu'à-ce que le tronc d'arbre viennent épouser sa colonne vertébrale. Hargneux, agressif, qu'il reprend, son visage à quelques centimètres du sien, quand il a toujours mal géré la proximité : C'est plutôt à toi d'me remercier, putain, ouais, Cricket, d'me dire merci Nox d'avoir épargné ma maigre carcasse ! Et plus il s'emporte, moins il mesure la portée et le sens de ses mains, tout autant d'indices qu'il balance à son visage. Et qu'il presse son bassin contre le sien, le regard cruel. T'as aucune idée, aucune idée, aucune putain idée, et c'est pas comme si t'étais la sauveuse de l'histoire, et qu'pourtant, à peine il a émis l'hypothèse, qu'son regard se trouble, qu'sa bouche se tord douloureusement. Et si c'était le cas ? S'souvient, difficilement tant la sensation était originale, du feu dans ses veines, de la faim qui s'égare, même de la douleur de sa blessure qui s'atténue. Fronce les sourcils, à la tenir toujours piéger, sans pouvoir démêler le vrai de la supposition. Parce qu'Nox, se sentirait pas plus reconnaissant, si c'est grâce à elle qu'il n'a pas été jusqu'au bout. Nox, il s'en sentirait encore plus vulnérable. De s'dire qu'on lui est venu en aide, quand il clame haut et fort depuis quarante ans qu'il se débrouille très bien tout seul, qu'il a b'soin de personne pour le sauver. Qu'ça se tord un instant sur son faciès, dans un dernier " aucune idée " et qu'il accroche son regard au sien, sans savoir si la réponse à sa question muette va le rassurer ou l'priver de repères. Parce qu'Nox, il pense qu'y a pas de remèdes, à ça. Qu'aucune muselière n'est faite d'un cuir assez solide pour contrer l'animal. Et si on lui avait menti, d'puis tout ce temps ? Et s'il s'était planté, et s'il avait pu, d'puis bientôt trois ans, s'empêcher d'bouffer tous ces gens ?


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

Elle l'entendait mais se rendait sourde. À l'égal de la colère qui agitait son corps, son cœur, sa tête. N'était pas sûre de tenir le coup, Jay, ah ça non. Elle s'aventurait sur des chemins émotionnels qu'elle savait hors de contrôle, qu'elle évitait chaque jour à tout prix. Une bombe à retardement au compteur muet, qui défile et rembobine les secondes. Assurément qu'elle ne saurait pas assumer la douleur, le doute et la colère de deux personnes réunies en une seule. C'était pourtant plus facile, d'habitude, quand elle se rendait ivre d'autrui, de leur douleur qui restait la leur, mais à travers elle. Etrangement, elle avait l'impression que celle-ci, elle la vivait pleinement. Comme un nouveau démon qui s'ajoutait aux autres, déjà trop nombreux, trop affamés. Leur voracité causera indéniablement sa perte. Elle devrait pourtant se poser d'autres questions, Jay, plutôt que de s'égosiller dans le vent. Mais c'était plus facile d'hurler dans le vide, contre quelqu'un qu'elle n'avait même plus dans son champ de vision. Tout son corps n'était plus que crispations, et ça grondait en elle, là où démons réels et éphémères se livraient bataille. Et ça lui faisait mal, putain, tellement qu'elle avait juste envie d'hurler contre tout et n'importe quoi. Contre n'importe qui. Mais surtout lui. Parce qu'elle n'y comprenait rien, et qu'elle n'avait foutrement pas envie de comprendre. Qu'il ne devait être qu'un psychopathe, un taré qui venait d'buter un mec à bout portant, s'estimant en danger de mort pour une morsure au bras. Mais elle ne comprenait pas, Jay. Elle ne savait pas, elle ne savait rien. Et le peu qu'elle pouvait deviner, elle se le refusait, dans sa plus grande ignorance. Pouvait pas imaginer qu'les monstre existaient. Qu'elle en était un, elle aussi, en quelques sortes.

Les yeux humides redeviennent secs quand elle le voit débouler de derrière l'arbre, avec la détermination de ceux que l'on arrêtait pas. La mâchoire crispée, elle soutenait les pupilles céruléennes, sentant qu'elle n'aurait pas la force de résister à un nouvel affront. Elle tendit la main devant elle, comme pour imposer une distance à ne plus franchir. Une limite à ne pas dépasser. « Arrête. T'approche pas. T'approche plus, putain. Stop ! » Mais c'est le même bras qu'il attrapa avec ferveur, l'empêchant d'effectuer toute riposte. Elle n'avait pas cette force physique, Jaimini. Elle n'avait plus l'énergie non plus. Qu'à cela ne tienne, rongée par l'énergie dérobée, elle aurait préféré crever, tiens. « Lâche-moi. » Qu'elle souffla quand il plaça ses mains en étau. Jusqu'où sa colère pourrait-elle la porter ? Devait s'échapper, parce que sous l'épiderme courraient mille aiguilles qui testaient ses nerfs. C'est qu'il avait le don de l'agacer, et ça la rendait littéralement dingue. Pour qui se prenait-il ? Depuis combien d'temps ils se connaissaient ? Le pire c'est qu'elle avait l'impression que c'était plus que la réalité. C'était comme ça à chaque fois qu'elle prenait, à chaque fois qu'elle délestait. Comme si c'était aussi simple. Mais l'idée d'être un peu plus intime avec lui, lui inspirait de méprisables idées. Le cœur au bord des lèvres, son verso heurta le tronc, l'arbitre silencieux. « Tu peux toujours rêver. Si j'suis encore là c'grâce à moi et moi seule. Si j't'avais pas calmé tu s'rais encore en train d'te balancer à te répéter qu't'as rien fais. » Nouvelle vague fracassante contre la falaise de son âme. Elle se heurtait au regard enragé, ne devant pas être dans un meilleur état. « T'as qu'à y retourner derrière ton arbre et t'le répéter jusqu'à t'en persuader. J'suis pas là pour flatter ton ego de taré et t'remercier d'pas avoir fait un truc que t'es pas censé faire de toute façon. » Avait l'impression de s'engueuler avec un gosse, parce que le dialogue ne menait à rien. Qu'elle avait plus la force de l'exercer une nouvelle fois, son don. Qu'elle savait qu'elle ne pourrait pas en supporter davantage. De douleur, de ressentiment. L'avait l'impression qu'elle allait imploser, la migraine guettant le crâne, une désagréable sensation poisseuse sur la mâchoire. Se sentait prise au piège, surprit cette partie plus obscure et inconnue de sa personne aimer ça. Et elle se haïssait pour ça. Se détestait de sentir ses entrailles ressentir quoi que ce soit d'ardent pour cette proximité dégueulasse. L'était terrifiée, aussi, d'se sentir échapper à son propre contrôle, quand la dextre s'aventura sous les tissus pour y planter ses griffes. Qu'elle espérait seulement pouvoir lui faire mal. Maigre réplique à la pression qu'il exerçait sur elle. Sentit à nouveau l'odeur, de celles qu'elle n'avait jamais senties auparavant, étranges phéromones inodores pour le commun des mortels. Laissa son crâne retomber contre l'écorce de l'arbre, comme si ça pouvait l'en éloigner, mais ils sont déjà trop proches.

« T'es qu'un putain de psychopathe, Nox. » Lui lâcha-t-elle, lui cracha-t-elle presque au visage. Parce que la seule solution qu'elle trouvait, c'était de laisser la colère s'échapper. Sans savoir que c'était une mauvaise idée de griller aussi rapidement ses munitions. L'on ne pouvait pas dire que c'était l'instinct de survie qui la guidait, autrement elle se serait comportée autrement. Elle tenta de résister à la pression, de le repousser. Tenta de le frapper, mouvement abandonné avant même de l'entamer. « Alors, qu'est-ce que tu vas faire, hein ? Tu vas m'arracher la gorge, rattraper c'que t'as laissé tomber ? T'es quoi, Nox, au juste ? » Ça l'aidait, à se concentrer sur autre chose que l'odeur, la fragrance exquise qui lui arrachait des frissons. Ça l'aidait à ne pas laisser son corps trembler, quand bien même il penserait que c'est la peur qui l'agite. Les pupilles, elles, ne mentaient pas. Dilatées, laissaient ouvertes les fenêtres d'une âme qui se faisait la malle, assombrissait le regard. Noirs désirs.  

When you close your eyes, what do you see ?
Do you hold the light or is the darkness underneath ?
In your hands, there's a touch that can heal
But in those same hands, is the power to kill
Are you a man or a monster ?


@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" you can hide
but you can't run "

Plus elle se débat, plus elle lui force, plus elle lui hurle de n'pas s'approcher et plus il fond sur elle avec plus de vivacité, dopé à la contradiction, à toujours vouloir faire c'qu'on lui défend, à toujours choisir l'chemin dans la pénombre, sans jamais oser, pourtant, éclairer les zones d'ombre qui le composent lui. Lâche-moi. Et qu'ça sort comme un automatisme, comme une réponse robotique, sous les canines hargneuses, Non. Parce que c'est lui qui décide, parce que c'est lui qui choisira. L'moment où il la lâchera. L'moment où il la fera dégringoler les escaliers depuis l'toit. L'moment où il l'abandonnera avec ferveur. L'moment où il la brisera.
Parce que c'est bien c'qu'il fait le mieux et que galvanisé par la difficulté, n's'accroche qu'à ces corps qui résistent, à ceux qu'il faut piétiner mille fois avant d'apercevoir une écorchure sur le dessus de la carapace. Et il se demande, Nox. Si elle est faite du même cuir que lui, qu'eux, d'ces quelques âmes enrobées de fil barbelé, qu'à trop s'y arracher la peau à tenter de les déchirer, qu'il n'a plus aucune sensibilité. Et qu'il l'abat contre le tronc, enragé, parce que c'est plus facile d'réagir comme ça. Si tu m'avais pas calmé ? qu'il répète devant son minois, l'regard inquisiteur et franchement déplacé. Comme leur proximité, comme son corps qui s'fond au sien pour la tatouer sur l'écorce de l'arbre, comme sa cruauté envers elle, comme cette capacité à toujours nier, au plus profond d'lui, qu'il est coupable. Ses doigts courent le long de son menton, s'apposent sur sa gorge. Mais t'en sais quoi, la bleue ? D'ce que je suis censé faire ou pas ? qu'il murmure d'un ton plus bas et plus chaud, plus cruel encore qu's'il avait hurlé. Et qu'là, il sait, il sent qu'il pourrait refermer la prise entre sa main, lui couper l'souffle, lui arracher la vie. Et sans doute qu'ça le ferait flipper, Nox, quand il n'a même plus l'habit du monstre à revêtir, quand celui-ci s'est tapi et qu'il est pris d'assaut par un démon presque plus violent, puisqu'il le porte en lui depuis toujours, et qu'il n'a pas eu besoin qu'on l'morde pour le réveiller. Qu'il était déjà comme ça avant même s'il a du mal à s'le rappeler, à tout rejeter sur cette putain d'malédiction. Peut pas oublier, pourtant, qu'même dix ans en arrière, déjà, il avait voulu tuer. Et quand il sent ses doigts s'infiltrer sur sa peau, qu'le frisson qui le prend le secoue tout entier, il relâche un peu la pression sur sa trachée.

Décontenancé, quand les pensées s'mélangent et qu'il ne sait plus, soudain, s'il a plus envie de la dévorer, de la buter, ou de la posséder. Qu'y a sûrement un truc qui tourne pas rond chez lui, qu'on lui a suffisamment répété et qu'elle le fait elle aussi, en écho aux souvenirs lointains. Psychopathe et qu'ça rebondit contre chacune de ses vertèbres, directement depuis l'intérieur de son corps, et qu'il la lâche, aussi soudainement qu'ça. Qu'il évite sûrement son attaque parce qu'il a reculé d'un pas, l'corps toujours faisant office de bouclier entre l'arbre et la liberté, la piégeant au milieu. Qu'son corps ne sait plus où ça l'brûle le plus, aux yeux, à l'estomac, directement au creux des reins tant les pulsions se mélangent, se confondent, pour n'en devenir qu'une seule qu'il n'peut nommer. Et qu'il répète les mots, dix ans après, quand il s'était senti sur l'point de céder, le pied au bord du gouffre à s'demander s'il lui valait pas mieux sauter qu'rester là en apnée. Dégage, qu'il avait dit et qu'il répète, le regard noir dont on ne discerne presque plus l'bleu, exact inverse d'avant, pupilles dilatées de colère. Et qu'c'est peut-être quand il croise son regard, qu'il s'y enfonce vraiment, qu'y a un truc qui déraille - encore. Qu'le regard qu'il croise, au-delà d'être profondément haineux, fait écho à des croyances taboues. L'croyait pas, quand il était gamin, qu'Enoch lui racontait toujours qu'un jour, il éliminerait tous les monstres surnaturels. Qu'c'était des erreurs de la nature, des dangers pour l'humanité, qu'il fallait exterminer toutes les races. En avait un peu saisi l'sens, quand il avait été mordu, Nox, par quelque chose qui n'avait d'humain qu'l'apparence. Mais n'avait jamais voulu croire, l'flic, qu'il pouvait y en avoir d'autres. Des monstres.
Et la tension qui retombe, qu'y a tout qui l'abandonne et qu'il chancèle un peu en reculant encore, l'minois presque teinté d'effroi quand il n'peut s'empêcher de la fixer de la sorte. Et toi, Cricket ? qu'il souffle d'une voix à peine audible tant elle est basse. N'perd pas son sang froid, quand son corps hurle à l'agonie, qu'y a des voix qui lui hurlent de s'enfuir, qu'parfois, il vaut mieux abdiquer. Mais Nox, il n'jette jamais l'éponge. Ne courbera pas l'échine, le monstre.  Penche la tête sur le côté, ses cheveux dégringolant dans sa nuque, qu'il écarte d'sa main ensanglantée. Et toi, t'es quoi, au juste ? Reprend ses mots comme sa contenance, à afficher toujours l'même air assuré quand tout s'fragilise sous ses côtes. Vient même croiser les bras sur son torse, à la jauger du regard, et qu'un sourire nouveau éclaire son visage de tortionnaire. Y a pas qu'un monstre, ici, n'est-ce pas ? Jette le regard brièvement sur le corps aux pieds de la fliquette. Tu vas m'descendre comme je l'ai fait pour lui ? Parce que c'est ça qu'il faut faire, n'est-ce pas, Jaimini ? Revient vers elle, comme aimanté, à avancer à pas lents en revenant incruster son regard au sien. Parce que c'est notre rôle, pas vrai ? D'buter les dégénérés, les erreurs d'la nature, mais, c'est pas toujours facile, tu trouves pas ? Déjà contre elle de nouveau, sans qu'son corps ne touche le sien pourtant. À s'nourrir de tout ce qui pourra passer dans ses yeux. Qu'c'est pas facile, quand on appartient à la même espèce, qu'il susurre avec patience. Pourtant, n'a eu aucun mal à l'faire, lui. À éliminer un frère, un cousin, quand tout l'répugne dans cette race, qu'sûrement qu's'il était moins lâche, qu'il se serait mis une balle dans l'crâne tout seul. Faut bien qu'on s'nourrisse, n'est-ce pas ? Et toi, Jaimini Crowley, c'est quoi, ton plat préféré ? D'quoi tu te nourris ? Voix placide et froide, presque plus impressionnante que quand il gueule, à s'demander, un court instant, s'il s'est pas trompé. S'il a pas mal vu, dans ses yeux. S'il a pas mal jugé.

Et s'il s'avère que ses doutes ont été biaisés,
S'il va pas devoir l'éliminer, elle aussi.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

Si elle n'avait jamais spécialement été d'humeur à supporter les surnoms qu'il pouvait lui donner, elle l'était encore moins en cet instant. Scindée en deux, l'esprit séparé du corps, ce dernier appelait à la proximité quand le reste repoussait tout, niait en bloc. Devait se faire violence pour tenter de le repousser, au prix de maintes efforts qui lui feraient presque mal. Il répondait pas la négative, n'en lâchait pas une miette. Se demanda avec dégoût, Jay, s'il aimait ça, s'il aimait c'qu'il lui faisait endurer sans même s'en imaginer le quart. Le crâne était toujours collé au tronc d'arbre, comme le reste du corps d'ailleurs, feignant de s'en éloigner quand c'était lui qui l'y gardait. Elle s'entendait se murmurer des choses, gardant sa conscience le plus loin possible. Mais jusqu'où ? Jusqu'où allait-elle bien pouvoir fuir sciemment ? Jusqu'où pouvait-on feindre de ne pas se rendre compte, de ne pas savoir, de ne pas vouloir. « Si j't'avais pas calmé, j'serais pas là pour l'dire. Et tu s'rais pas en train d'te demander à quelle sauce tu v'as m'bouffer. » Elle mâchait ses mots, Jay, incapable d'articuler correctement quand elle sentait sa mâchoire aussi crispée. Comme si c'était elle la bête qu'il fallait museler. N'avait pas de réponse à la question, alors elle la fermait. De toute façon ça valait mieux. Parce qu'en l'état, elle n'avait que ça, du venin. S'il avait consistance, sûrement qu'il serait là à dégouliner le long de sa bouche, corrosif venin qu'elle cracherait au visage dans son sens le plus figuré.

Il relâche la pression, et Jay inspira profondément, comme quand on reprend une goulée d'air après être resté en apnée. Sûrement qu'il pensera qu'elle avait manqué d'air avec sa foutue main sur sa gorge. En réalité, c'était plus ne plus sentir, ne plus le respirer lui qui envahissait trop son espace. Parce que son putain d'parfum lui montait au crâne.Dégage. Encore une fois il se contredit, comme si c'était elle qui l'avait fait prisonnier. Comme si c'était elle la coupable. Et ça grouillait dans les entrailles, ça menaçait d'exploser dans le crâne. Elle avait les gonds qui sautaient, un par un. La situation lui échappait complètement, elle s'échappait complètement à elle-même. Jay était comme l'eau chaude qu'on se renversait dessus par maladresse, elle surprenait et elle brûlait jusqu'à ce qu'on s'en débarrasse ou qu'on la subisse. Les ambras se targuaient d'obscurité, regard assombrit par toute la rage qu'elle lui vouait. Mais même à distance, Nox avait des armes affûtées. Des lames qui tranchaient sans pitié en plein dans le myocarde qui manquait de peu d'exploser, qui saignait déjà. Et toi, t'es quoi, au juste? « Ça t'arrive de répondre aux questions au lieu d'en poser d'nouvelles ? » Le corps ploya légèrement, avait comme l'impression qu'on la rongeait de l'intérieur. Que ça fourmillait sous la peau, qu'elle n'avait plus seulement mal au bras mais dans tout son être. Ne savait pas de quoi il voulait parler, ne savait pas ce qu'il insinuait. Elle a envie de lui hurler au visage, que peu importe ce qu'elle était, elle était déjà au moins plus humaine que lui. Il sabrait sa dignité, cognait contre son amour-propre comme un foutu défouloir. Et elle n'avait pas envie d'être un défouloir Jay. Elle se tendait davantage, si c'était encore possible. À en avoir mal dans chaque parcelle de son corps dont elle se dissociait un peu plus chaque jour. « T'approche. Pas. » Qu'elle glissa, sa dextre se saisissant de ce putain de flingue qu'elle avait à la ceinture. Qu'elle pointa sur lui comme si elle avait fait ça toute sa vie. Droit sur son crâne. Juste entre les deux yeux, les deux mains sur le manche, l'index sur la gâchette. C'était pas une débutante, Jaimini, elle savait se servir d'un flingue, aussi, le cliquetis du cran de sûreté l'informait qu'elle ne déconnait plus. Quand bien même elle ne plaisantait pas avant ça. « Ta gueule, Nox. Me mets pas dans l'même panier qu'toi. » Mais il s'approcha quand même, et ça la tétanisa, luttant pour ne pas trembler. De douleur, de colère, d'une triste ravageuse. Un cocktail létal. « Toi, dégage. » Qu'elle prévint une nouvelle fois, et il était si près qu'il lui sembla que le canon s'était collé au front. Et il la faisait complètement sortir de ses gonds, comme s'il ne s'était agit que d'un pistolet à eau. Est-ce qu'il la ressentait, la peur, au moins ? Est-ce qu'il en avait quelque chose à foutre de survivre ou de crever ? Elle a des putains de larmes qui brouillaient sa vision, qui se refusait à couler pour ces mots dégueulasses, pour satisfaire l'ego qu'elle aimerait pouvoir lui arracher. « Tu sais rien de moi. » Effusion venimeuse sifflée entre les lèvres pincées. Il la sidérait, lui donnait juste envie de crever. Et ça lui coupait toutes ses vivres. Ne savait même plus qui elle était ni ce qu'elle foutait. N'a pas envie de flancher alors qu'elle aimerait juste se laisser couler le long de l'arbre jusqu'à ne faire qu'un avec le sol glacé et humide.

L'esprit divaguait, qu'elle se remémorait le visage d'autres personnes. Des souvenirs douloureux, de ceux qui étaient à l'origine de ses démons jusqu'à ceux qui les avaient réveillés. Peut-être que ça avait toujours été en elle, finalement, mais que ça avait attendu d'être revenu dans cette putain de ville maudite. De cette putain de ville pourrie qu'était Exeter. Qui ne donnait rien mais prenait tout. Elle savait qu'elle n'aurait pas du se laisser aller, ce soir-là, dans des bras qui lui avaient soufflé mille merveilles, qui l'avaient fait se sentir vivante, à nouveau. Au moins une fois depuis ces trois dernières années. « Ta gueule. Ta gueule. » Qu'elle répétait en boucle, sans savoir si elle s'adressait à Nox ou à elle-même. Vague trop immense pour être contrée, point de non-retour franchi. Limites dépassées. C'est de ta faute. De ta faute. De ma faute. De ma faute. Et ça tournait en boucle dans l'esprit qui se dévissait de son socle. Perdait la boule, la renarde.

Et le coup partit. À quelques dizaines de centimètres du visage de l'infâme en face d'elle. De toute façon, elle avait la vue brouillée, et plus les forces de tenir le flingue qui s'échoua au sol une fois la sentence prononcée. Ne savait pas de quoi il était persuadé à son sujet, mais n'importe quel flic aurait pu perdre l'insigne et bien plus pour ce qu'elle venait de faire. De tenté de faire. Continuez à faire du bon boulot, et je répondrai à toutes vos questions, que lui avait dis Blackwell. Vous savez, Mlle Crowley, cette ville est vivante. Et le meilleur moyen de rester en vie, c'est de ne faire confiance à personne. Elle les emmerdait, ces réponses. N'était pas sûre de pouvoir franchement les trouver un jour. Persuadée qu'on lui racontait des mensonges depuis qu'elle était revenue. Paranoïa qui explosait derrière les rétines. L'était restée un court instant en suspens, partagée entre l'idée d'aller fracasser le crâne de Griffin de ses propres mains ou celle de s'enterrer. Se rappela que la fragrance terminera de lui atomiser la cervelle, et dans son élan, décida de s'enfuir. S'demandera plus tard comment elle en était arrivée là, et elle trouvera sûrement pas de réponses, Jay. Comme d'hab. Se mit à courir avec l'énergie du désespoir, pour mettre le plus de distance entre elle lui. Entre elle et le monstre. Entre ce qu'il était et ce qu'elle était.

@Nox Griffin

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty

" you can hide
but you can't run "

C'est qu'elle a sûrement raison, qu'ça l'agace, qu'il n'a rien à répondre, et qu'ça l'agace plus encore. Qu'il s'contente de montrer les dents, c'que certains appelleraient un sourire odieux quand on croirait être en face d'un chien. Qu'elle lui pose des questions qui n'font qu'aggraver la colère qu'il ressent. Non, qu'il lâche du tac au tac, non, technique de flic de poser des questions, sûrement. Et qu'plus elle lui dira d'pas s'approcher, plus Nox fera l'exact inverse, à toujours donner c'qu'on ne veut pas, à toujours faire l'contraire ce qu'ils souhaitent. S'est toujours voulu imprévisible, Nox, quand certains attribuent ça à de l'instabilité et qu'ça a, finalement, bien plus d'intelligence que ça. Comme si ses actions étaient guidées, toujours, pour n'jamais rien satisfaire dans les attentes des autres. Pour les repousser, constamment, être sûr qu'personne aura assez d'cran, d'patience, d'audace, pour s'accrocher. Faut croire qu'y a un moment où ça a foiré. Mais qu'elle esquisse un mouvement, qu'il suit sa main à sa ceinture, qui en extirpe le flingue. Et qu'une seconde, s'demande, Nox, s'il aurait l'temps de se jeter sur elle. Et qu'ses yeux embrassent le regard du canon et qu'un instant, le temps se suspend. Qu'il s'fait pas souvent braquer, dans sa vie, l'ancien shérif, faut bien l'avouer. Qu'le cran de sécurité saute et qu'il est transporté une bonne semaine en arrière, ou peut-être deux, il sait plus, Nox, là, dans la ruelle. Deux fois en bien trop peu d'temps pour qu'il puisse l'accepter. Et il est prêt à parier, Nox, que si elle tire, pourra pas faire comme Nora, pourra pas reprendre la balle avec l'esprit, ou peu importe comment elle a fait. Et surtout, que Jaimini, s'doute bien qu'elle sait tirer, en plus. Qu'elle sait viser, vu la fermeté d'son geste et qu'ses yeux peuvent voir sans mal qu'son crâne serait le premier à sauter. Et qu'ça suffit pas, pourtant. On sait pas, s'il tient si peu à la vie ou s'il pense qu'elle n'a pas le cran de l'abattre de sang froid. Quand lui l'aurait fait, certainement. Pour éradiquer les bêtes, parce qu'il faut bien les éliminer, c'est c'qu'Enoch disait. Qu'il écoute rien, l'regard concentré, l'esprit attentif, à continuer la provocation jusqu'à coller son front au canon. L'regard féroce, l'air de dire, alors, t'as pas les couilles ?, tant qu'ça se lit au fond de ses yeux qu'il a plantés dans les siens. Il voit ses yeux enfler de larmes qui restent à la lisière de ses paupières et Nox, ça l'attendrit pas. Et il continue de la pousser à bout, en voyant bien qu'ça commence à marcher, qu'il n'pensait pas qu'elle pouvait perdre le contrôle comme ça, n'sait même pas si elle l'a encore et pour sa propre survie, vu de quel côté il se tient du flingue, ça vaudrait peut-être mieux pour lui qu'la réponse soit positive.

Et la détonation lui perfore le tympan. Qu'par réflexe, il se prend le crâne entre les mains, les doigts apposés de chaque côté de ses oreilles. Qu'il l'a sentie, la balle, siffler à son oreille, s'demande même si ça ne l'a pas éraflé tant la douleur interne le fait chanceler. Qu'il cligne des yeux plusieurs fois et qu'ça lui laisse, certainement, la faille pour se faufiler entre l'arbre et lui et se tirer. Mais qu'il lui faut vite reprendre ses esprits, au flic. L'idée de la laisser filer, un instant, quand il pose ses yeux sur le cadavre au cerveau explosé, qu'il n'en esquisse même pas une grimace de dégoût, qu'ses babines se rétractent à la pensée qu'il pourrait juste le faire disparaître, dire qu'elle est totalement folle si elle va tout balancer, et, et, et. Pousse un soupir effaré, en tentant de retrouver une stabilité, quand il a l'impression de sonner des oreilles. L'habitude, pourtant, qu'il dira. Pas comme ça, pourtant. Non, pas comme ça. Et clairement, on dirait qu'ça devient une habitude et faut qu'ça cesse. Serre la mâchoire et évidemment, qu'il se lance à sa poursuite. Jaimini ! qu'il gueule en courant sur sa trace, tirant dans les cordes secrètes pour la rattraper. Et qu'on n'sait pas si c'est l'expérience ou les années d'entraînement supplémentaire, ou simplement qu'elle est désorientée, mais il finit par l'apercevoir, à ne pas ralentir, toujours accélérer, sans s'occuper des ronces qui griffent ses mollets, sans s'occuper de la faim qui s'est tapie mais qui n'a pas disparu. Une seule priorité ; la faire taire. La condamner au silence. Et y en aurait bien, des solutions, pour ça, mais Nox, pour l'moment, il veut juste la rattraper.

Tend la main vivement, l'attrapant par le bras pour la tirer en arrière, la retournant brutalement, quand il utilise son bras blessé pour freiner l'impulsion et la retenir, pour qu'elle ne s'écrase pas totalement contre lui. Mais il ne la lâche pas pour autant, lui enserrant les deux poignets pour s'assurer qu'elle ne puisse plus le mettre en joue comme ça. Arrête, putain, qu'il siffle, la respiration sifflante par l'effort. Putain, il n'a plus l'âge pour tout ça. Attends, c'est bon, attends, qu'il panique presque, pour pas qu'elle ait envie d'le buter, pour pas qu'elle s'enfuit, parce que sinon, sinon Nox, il sait qu'il n'aura pas l'choix, qu'il devra. Qu'il devra s'en occuper. L'regard un peu fou mais plus d'effroi que d'colère, d'un seul coup, les émotions le traversant comme autant de voiture filent sur une autoroute. J'voulais, écoute, j'voulais pas, et qu'il cligne des yeux, la respiration toujours emballée, quand pour lui c'est comme un j'suis désolé, quand on sait qu'c'est le genre de truc plus difficile à dire pour Nox qu'plein d'autres trucs plus importants. Qu'il la relâche, à l'affût si elle essaie d'se barrer, qu'il a les yeux qui montent au ciel, avant de revenir les poser sur elle, d'essayer de décrypter ce qu'il lit dans son visage mais qu'il n'y arrive pas. Et que ça l'angoisse plus encore. Tu dois... Jaimini, tu dois pas, et qu'il grimace, encore, sans réussir à dire, à demander, à supplier.
Mais les yeux parlent toujours plus, chez lui, et qu'il la fixe avec cette espèce d'attente intenable, revenant appliquer sur sa blessure une pression pour qu'le sang arrête de s'écouler, qu'il n'sait plus vraiment les forces qu'il lui reste, à n'plus pouvoir différencier les siennes de celles du wendigo. N'en parle à personne.


code sleipnir. @jaimini crowley


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
-- chased hunter (jaimini) Empty



À force de courir, Jay s'essoufflait. Pourtant elle avait l'impression de s'aérer l'esprit, d'une certaine façon. La tension redescendait à chaque nouvelle foulées qui la portait plus lui, qui réinitialisait ses états-d 'âmes. Venaient les questions qui meurtrissaient les méninges, à se demander comment elle en était arrivée là, ce qui pouvait bien lui arriver et toutes autres conneries qu'on se pose quand on commence à se paumer. Reprenaient peu à peu place dans son propre esprit, avec la certitude qu'il y régnait un plus gros bordel encore que ce qu'elle y avait laissé avant de perdre pieds. L'adrénaline s'estompait, peu à peu, dans ses veines, n'y laissant qu'une intense sensation de vide, une impression d'avoir chuté de treize étages et d'avoir survécu par on-ne-sait quel foutu miracle. Maintenant, il allait falloir se faire à l'idée que ses verrous intérieurs avaient sauté, et prendre le temps de reconstruire la muraille qu'elle avait façonnée à force d'efforts et d'années. Ces limites qu'elle avait érigées en arrêtant de s'injecter de la merde par intraveineuse, en ayant vu sa mère pleurer et se saouler la gueule tous les soirs depuis plus de vingt ans, en renonçant à la maternité qui avait déchiré la première et la dernière fois ses entrailles, en se préparant à l'idée de retourner dans cette ville pourrie où tout avait commencé. Et Griffin qui a tout niqué, laissant pour compte les dernières miettes d'amour-propre qu'elle se dévouait inutilement. Elle avait de quoi le haïr, ce type-là, le faire passer pour le grand et injuste coupable de tout ce qu'elle ressentait, avait ressenti avant même de le connaître. Jay, elle avait envie d'en vouloir à la terre entière et de la faire brûler sans regrets. S'dire que tout ça c'était de sa faute, c'était la précipiter vers un gouffre aux bords lisses dont elle ne saurait jamais remonter. Au fond duquel elle crèverait sans amour ni espoir, comme la grande conne qu'elle était.

C'était pas passé loin. Une nouvelle fois, ça tournait dans l'esprit dérangé. L'impression de toujours passer à ça d'une catastrophe, qu'elle soit provoquée par quelqu'un d'autre ou par elle-même. Un concours de circonstances qui menaçait toujours d'abattre l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête rousse. Lui sembla entendre son prénom dans son dos, c'qui lui confirma qu'elle n'avait pas commis l'irréparable. La soulagea et l'oppressa à la fois. Parce que Nox il venait au contact, tout le temps, tout ce qu'elle cherchait à lui fuir. Lui sembla que ses jambes se mirent à courir plus vite, instinctivement, pour qu'il ne la rattrape pas ; jamais. Mais les mains s'abattirent à nouveau contre ses bras, putain de running gag qui n'avait plus rien de drôle maintenant. Sûrement qu'elle en gardera des stigmates, de cette poigne, au moins quelques jours, le temps que l'épiderme oublie. Elle se retrouvait à nouveau face à lui après un volte-face maîtrisé par le flic, et il lui semblait y discerner de l'inquiétude. Sûrement pas pour elle, mais à cause d'elle. Parce qu'elle se retrouvait vecteur de faits qu'il n'avait sans pas envie qu'on découvre. L'a envie de l'envoyer chier, est tentée par l'idée de pouvoir le faire chanter, par pure vengeance personnelle. Tu dois pas... « En parler, c'est ça ? » Bien sûr que c'était ça, qu'est-ce que ça pourrait bien être d'autre. Combien de services allait-il encore bien pouvoir lui demander ? Jusqu'où pourra-t-il piétiner ses limites à elle ? « J'le sais. » Qu'elle balance en se débattant légèrement pour qu'il la lâche, enfin, parce qu'elle en a assez de n'être qu'une poupée de chiffon entre ses mains noueuses. « Lâche-moi, j'vais pas m'sauver. » Elle n'avait plus la force de propulser son corps une nouvelle fois, dans une course folle qui ne mènerait à nul part, de toute façon. Un silence pesa, durant lequel aucune nouvelle effusion n'explosa entre eux, juste un silence assassin porté par les pupilles épuisées. Ne demeurait qu'une colère froide, qui saisissait les entrailles à sa simple vue. À plusieurs dizaines de mètres d'eux gisait toujours le cadavre, et sûrement son flingue pas très loin à côté. Après un coup d'oeil, elle revint aux iris océaniques. « J'crois qu'on a plus ou moins un accord, alors. » Parce que si elle avait un moyen de pression sur lui, il en était de même pour Nox à son propos. Tout ça à cause d'une erreur de sa part, qu'il avait lui-même insufflé dans son esprit, à force de la pousser à bout. N'empêchait qu'elle se retrouvait bloquer.

Elle s'esquiva à lui, reprenant le pas vers la fameuse scène de crime qui avait pris des allures de scène de guerre. Sans doute qu'il la suivra, parce qu'ils étaient dans la même merde maintenant. « Viens. On a un cadavre à faire disparaître. »

out.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
-- chased hunter (jaimini) Empty


Revenir en haut Aller en bas
 
-- chased hunter (jaimini)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» (tw) sons of anarchy (jaimini)
» to capture a predator (jaimini)
» jaimini crowley (588-589-1472)
» lost times - (jaimini)
» Curiosity killed the cat. (jaimini)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
flw :: version neuf :: anciens rps-
Sauter vers:  
<