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 Animal | Bastiel

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Basil Egerton
- chérubin de la trépas-nation -
Basil Egerton
- chérubin de la trépas-nation -
damné(e) le : o27/08/2023
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Mer 20 Déc - 18:55

animal
-- You know, you know me
(I like it when I'm agitated) (c)missio
    Décembre à Needham parait plus austère que dans le reste d'Exeter ; il fait toujours sombre dans les étroites ruelles, et les façades embrassées, plutôt que d'entretenir un peu de tiédeur, invitent le vent glacé à s'y engouffrer dans un mugissement sinistre. On ne croirait pas à l'approche de Noël, c'est pourtant presque un cadeau de ta belle-famille que tu viens y chercher, si on osait le décrire de cette façon. De longs mois avaient passé depuis la lettre et ce n'est pas de gaieté de cœur que tu avais permis à ton beau-frère de reprendre le contact – irrégulièrement, discrètement, et tout aussi détestablement, après autant d'années à l'avoir évincé si volontiers de ta boîte de réception. Vous ne vous étiez pas revus, pas vraiment, mais il avait daigné te transmettre par message le plus brièvement du monde la quantité d'échecs de ses recherches sans développement. Il en était ressorti, au moins, que le document était bel et bien une contrefaçon, comme tu l'avais soutenu mordicus dès le premier jour – je te l'avais bien dit, t'étais-tu permis de répondre, une fois seulement, mais tu n'étais pas non plus certain de la façon dont il était parvenu à la même conclusion. Sans un témoignage de Phoebe, ou sans preuve de sa mort, sans réclame ou manifestation du commanditaire, il n'y avait réellement qu'un panel réduit de pistes à explorer. Les Ó Murchú ne tarissaient pas de ressources bien sûr, ils iraient bien plus loin que tu n'aurais jamais pu l'espérer seul, mais quoi que l'on veuille te faire croire, l'argent ne faisait pas tout.

    Il y avait là dessous quelque chose de faisandé qui invitait aux précautions ; tu avais eu tout le temps, depuis l'entretien avec Castiel, de nourrir des soupçons de toute nature sans pouvoir en étayer aucun. Ça n'avait aucun sens, cette lettre, et la quête pour en tracer l'origine n'en avait pas plus. Tu t'étais passé l'envie d'aller au fond du problème, ne serait-ce que parce que tu n'avais aucune direction dans laquelle te diriger, et tu t'étais contenté d'accueillir – assez froidement – les mises à jour qu'il t'avait transmis sur le long terme, en supposant que si quoi que ce soit devait en émerger, tu n'y serais dans cette phase d'aucun secours. Car de ton point de vue, et démuni que tu étais devant une situation inutilement complexe, le seul élément de concret que tu pouvais relier à cette lettre, c'était son destinataire. Celui-là même qui te soulevait des pistes du néant, relevant une fois dans le mois ou à intervalle de quelques semaines une injure à ton crime, à ton mariage, et à ton contrôle. Tu n'avais de certitude de rien, et tu étais convaincu, peut-être à tort, que s'il s'agissait là d'une tentative de Castiel de te contrarier, il se serait déjà lassé devant le peu d'investissement que tu avais placé dans tes réponses. Si bien que, temporairement, tu avais enterré cette hypothèse, en attendant de voir quel en serait le dénouement.

    Tu reconnais à distance la silhouette de Castiel, sous le numéro qu'il t'avait indiqué par message un peu plus tôt. Il t'avait laissé le choix de le rejoindre bien sûr, en te faisant bien comprendre que ta présence n'était en rien nécessaire, quoi qu'elle pouvait toujours servir, faute de mieux – et c'est peut-être encore ce qui t'avait poussé à venir en endormant un pan de ta vigilance. Tu ne venais pas chargé d'intention. Rien, dans tes poches, qu'un téléphone éteint et une paire de gants, mais tu ne venais ni équipé, ni armé (après tout, tu n'étais pas vraiment américain). Ce qui ne t'avait pas empêché de choisir des chaussures à semelle lisse, juste au cas où. A sa hauteur, tu te passes encore d'un bonjour et lui adresses simplement un regard pour prendre la température, initiant l'échange d'un « C'est ici ? » de pure convenance. Qu'il soit parvenu à vous dénicher un faussaire, tu n'en avais pas le moindre doute, mais restait encore à prouver qu'il s'agisse du bon. De toute façon, tu n'avais aucun doute en ce monde qu'il avait fallu la main d'un professionnel pour imiter l'écriture de ton épouse à un tel degré de perfection. « A quel point tu es sûr que c'est lui ? Comment l'as-tu identifié ? » Tu vas droit au but : avant de monter, tu veux savoir à quoi t'attendre, tu veux comprendre la démarche qu'il a suivie, qu'il ne t'a laissé entrevoir qu'avec la parcimonie du strict minimum.

    Cela te paraît si absurde d'en arriver là, à ce moment – de te retrouver devant lui encore une fois, après les mois passés, dans une situation qui rend autrement plus concrète ce qu'il se joue autour de ce courrier. Car une lettre, ce n'est jamais qu'une lettre, et quoi qu'elle t'ait contrariée, ça ne représente finalement pas grand chose. Mais à présent, il y avait peut-être des noms, des visages à y associer – peut-être réellement quelqu'un là derrière qui animait les restes de ta défunte femme pour... pour quoi, d'ailleurs ? Tu sais, tu jures, tu te convaincs en venant ici que tu veux simplement éclaircir la situation, tu n'as certainement pas l'intention de te laisser aller dans ta frustration devant ton beau-frère alors même que tu t'étais fait un monde d'effort pour te parer des couleurs de l'innocence, avec un succès très relatif. « Je n'ai pas l'intention de discuter, je veux juste savoir ce qu'il en est. » Les mains engoncées dans les profondeurs de ton manteau noir comme pour attester ton refus d'implication. Il te manque la confiance, la certitude - mais tu n'as peut-être besoin que de ce peu, finalement, pour te laisser embarquer trop avant. A quel point seras-tu vraiment capable de lui laisser la main, quand le prénom de Phoebe aura claqué une fois de trop contre ton oreille ?




half a man and half apocalypse, the chase, the thrill that you cannot resist, that one there is a natural-born thriller.
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Castiel Ó Murchú
- the beaten and the damned -
Castiel Ó Murchú
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Re: Animal | Bastiel
Dim 31 Déc - 2:34

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    Ce serait mentir de dire que Castiel ne venait jamais dans cette partie de la ville. Tout s’y trouvait plus sombre, plus terne, plus sale. Du reste, l’air y semblait plus lourd que dans les autres quartiers d’Exeter. Mais c’était à Needham que l’on retrouvait le club Tartarus, et il souffrirait de ne pas y passer du temps. Visiter les habitations miteuses et les bâtiments pratiquement en ruine, cependant, faisait rarement partie de son programme. S’il devait pourtant en déroger aujourd’hui, il ne le faisait pas sans cacher un certain dégoût pour la crasse ambiante. La ville avait délaissé ses quartiers, comme partout ailleurs et si les gens en eux-mêmes ne lui inspiraient rien, il se désolait de devoir subir cet environnement.
Ce que l’on pouvait faire par amour ne serait sans doute jamais aussi fort que ce que l’on pouvait faire par pure vengeance. C’était de ça dont il s’agissait, après tout. Phoebe était l’excuse pour que Basil morde la poussière et la situation bien trop déraisonnée pour que ça ne finisse pas de manière tragique. Pas aujourd’hui, cependant, son plan trop bien rodé, pour l’instant. Jusqu’au jour où. Pour reprendre les mots d’Hecate elle-même, Basil Egerton peut bien se féliciter d’avoir réussi à faire perdre la raison à un homme qui autrefois brillait d’intelligence. Supprimer Phoebe a probablement été moins difficile.

Si Castiel avait pu feindre l’espoir, comme celui qui s’éteignait petit à petit, au fur et à mesure des semaines passées sans nouvelles de Phoebe, et s’il avait repris, comme éléments d’enquête les premières recherches qu’il avait effectué pour trouver un faussaire facilement influençable - peu ne l’étaient pas, si on prenait en compte son don, mais il suffisait d’une personne pour que tout s’effondre - et assez doué dans son domaine, il ne restait pas moins une zone de risques. Celui d’être reconnu, en premier lieu, par l’homme qu’il s’apprêtait à interroger, même s’il s’était dissimulé sous bien des artifices. Mais le pire à envisager n’était-ce pas que Basil ne lui donne rien ? Qu’il ait fabriqué cette recherche, cette lettre, pour n’en ressortir qu’avec plus de questionnement que de réponse ? Il ne pouvait réellement l’admettre à Hecate mais il était bien le premier à douter d’avoir commis une erreur. Éviter la prison et faire ressortir le pire de Basil étaient devenues ses priorités, à parts égales.

Basil finit par apparaître, attendu, sans en avoir l’air. Parce qu’un acteur aussi pointilleux que Castiel n’est vraiment rien sans son audience principale, n’est-ce pas ? Il aurait été bien beau, seul, à s’enquérir de ce qu’il savait être du vent. Il aurait pu profiter de cette occasion pour parfaire son alibi, se retirer dans l’ombre et voir si le faussaire en ressortait entier. Il avait hésité, un moment. Mais après tout, quel sens cela aurait fait, que le frère ne soit d’un coup d’un seul plus aussi pressé de mettre à jour celui ou celle qui en voulait à sa famille au point d’imiter une disparue pleurée depuis trois ans. “ Quelques portes plus loin. Je me suis dit qu’il valait mieux éviter un attroupement directement sous sa fenêtre.” Il avait garé sa voiture deux pâtés de maison plus loin, avait marché dans l’air frais de décembre, évité les endroits où il aurait pu se faire remarquer, avec sa chemise ajustée, sa Rolex et ses chaussures cirées. Il avait au moins eu la présence d’esprit d’éviter la cravate, lui donnant l’air un peu plus décontracté, même s’il n’en transpirait pas moins l’argent, qu’il avait d’ailleurs dans ses poches, par précaution. Et parce qu’il lui fallait bien une approche. Celle de l’appât du gain était, de son expérience, celle qui fonctionnait le mieux.  

Castiel soupire, agacé. Il comprend, cependant, qu’il n’a pas d’autres choix que de s’épancher un peu auprès de Basil. Pour être cru. Mais il n’y avait rien de plus frustrant que celui qui ne daigne pas faire le moindre effort et qui remet en doute celui qui travaille. Qu’il l’ait feint ou pas, ça ne change rien. “ Il y a trois faussaires à Exeter capables d’une telle précision. Je ne te décrirais pas le chemin qui m’a mené à cette conclusion, c’est long et loin d’être digne d’un roman de Conan Doyle. Le fait est que l’un est bien plus porté sur les œuvres d’art, l’autre sur les clients importants -entend par-là ceux qui sont impliqués dans la politique d’état - et celui-là …” Il désigne d’un geste une fenêtre qui se trouvait quelques mètres plus loin, au premier étage d’une maison à la façade d’un bleu-gris délavé. “ Celui-là semble peu regardant sur qui l’emploie pourvu qu’il soit payé. Si quelqu’un veut faire chanter d’une quelconque façon ma famille, c’est vers lui que cette personne s’est tournée.” Il exclut volontairement Basil de l’équation, cette fois presque involontairement, répugnant à l’admettre comme allié dans cette fausse quête. Il lui offre pourtant un rictus d’incompréhension. “ A vrai dire, je me serais attendu à recevoir une autre lettre, une quelconque demande monétaire. C’était peut-être le plan et ça n’a pas tourné comme il ou elle l’espérait, va savoir.”

C’était l’inconvénient, quand la raison se faisait battre par la pulsion. D’un plan qui aurait pu être bien pensé du début à la fin, on retrouvait des défauts. Castiel espérait, peut-être, que Basil se trahirait avant qu'il ne le fasse. Il marchait sur un fil, et ce serait à qui tomberait en premier. S’ils arrivaient au bout, cependant, ce serait le Ó Murchú qui chuterait seul et bien trop bas pour pouvoir remonter. La vérité était qu’il se fichait de perdre tant que l’autre perdait aussi. La vérité, tant pis s’il brûlait sa vie avec.

“Je pensais prétexter une demande de falsification de papiers d’identité, pour qu’il nous laisse entrer. Qui sait, tu en auras peut-être besoin un jour.” Il aurait pu se retenir, en vérité, garder les remarques cinglantes pour une entrevue moins dangereuse. Mais il n’y avait rien de secret aux sentiments et aux doutes qu’il entretenait envers son beau-frère. Il lui retournait seulement les insultes qu’il le savait proférer à son encontre lorsqu’il avait le dos tourné. Avec seulement un arrière-goût de vérité, même s’il ne faisait que s’en douter. Pour le moment.



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Re: Animal | Bastiel
Mer 3 Jan - 22:57

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     Castiel ne passe pas tout à fait inaperçu, auréolé de contraste et pimpant de richesses sur la façade délavée. Tu souhaites qu’il t’y ait attendu longtemps, déjà pour ce que cela pouvait lui causer comme frustration, mais aussi dans l’espoir qu’on ait repéré sa présence depuis une fenêtre en surplomb, de sorte que s’il fallait faire figurer quelqu’un dans la rubrique des faits divers du lendemain, ou bien comme victime, ou bien comme la cible d'accusations – ce soit le nom Ó Murchú qui fasse la première page. Non pas qu’il risque réellement quoi que ce soit ; tu supposais que sa montre lui suffirait à s’acheter le silence de toute la barre d’immeuble, et son parfum (très agréable), sa libération. Il s’était au moins donné la précaution de ne pas attendre directement sous le balcon de votre faussaire, encore que s’il fallait avertir quelqu’un de la présence d'une clientèle, c’était justement lui – à vous deux, vous ne constituiez pas réellement un attroupement mais vous ne deviez pas non plus reluire de la plus belle impression. Tu acquiesces toutefois d’un air entendu, attardant plutôt ton jugement sur lui que sur les lieux, intentionnellement appuyé pourvu que tu puisses le mettre mal à l’aise.

    La seule chose que tu t’es permis verbalement de remettre en question pourtant, c’est son identification du faussaire. Il t’avait transmis l’adresse de ce John Samson pour t’inciter à venir, mais ne t’avait fourni qu’une maigre grappe d’éléments de ses recherches. A ta demande, il s’oblige à te partager le fil de son raisonnement, et tu conviens que c’est assez plausible, quoique pas encore certain. Par cette seule déduction, Castiel excluait l’existence d’un faussaire inconnu de ses services, ou que le commanditaire puisse avoir eu recours à un professionnel hors d’Exeter – Boston, après tout, n’était qu’à une heure de route, et pouvait raisonnablement s’ajouter à votre périmètre de recherche. Quoi qu’il en soit, l’explication s’avérait suffisante pour que tu conviennes d’explorer cette piste. « Espérons que ce soit bien de lui qu’il s’agit. Je n’ai pas l’intention de visiter avec toi tous les faussaires de la côte Est. » Tu imagines ? Autant de temps en sa compagnie et tu finirais par l’étrangler sur le bord d’une route, s’il ne passait pas à l’acte en premier. Ou pire encore, vous pourriez finir par vous apprécier.

    A vrai dire, je me serais attendu à recevoir une autre lette, une quelconque demande monétaire. C’était peut-être le plan et ça n’a pas tourné comme il ou elle l’espérait, va savoir. Tu secoues la tête d’un air infiniment peu convaincu. Ça n’avait pas plus de sens, pour toi – cette lettre expédiée du néant, sans suite et sans aucune espèce de réclame. « Après être passé par un faussaire de cette qualité, c’est d’autant plus ridicule. Le commanditaire aime jeter son argent par les fenêtres. » Tu ne comptes même pas, en le disant, diriger ton insulte mais après tout, il avait le profil d’avoir de l’argent à ne plus savoir quoi en faire. Et presque pire, tu souffles avec un fond d’ironie volontaire : « En fin de compte, tu avais peut-être raison. C’était peut-être vraiment Phoebe. C’est presque plus logique de cette façon. » Tu ne pousseras hélas pas l’injure jusqu’à rebrousser chemin – parce que ça ne pouvait pas être Phoebe, quoi qu’il arrive, et tu n’aimais pas mariner dans l’incertitude et l’incompréhension. Alors tu as initié un pas dans la direction de l’adresse qu’il t’avait donné, séparant là seulement ton regard de Castiel pour balayer les façades avec un mélange de curiosité et de méfiance, cherchant le moindre visage qui puisse s’avérer un pénible témoin.

    Tu reportes ton attention sur ton beau-frère à ses prochains mots, alors qu’il t’expose l’approche qu’il s’est choisi. Prétexter une demande de falsification de papiers d’identité – il n’en avait peut-être pas le profil, a priori, mais puisqu'il suait en 18 carats, ça t’a également semblé préférable qu'il se présente comme de la clientèle. Il avait même pu initier le contact en amont pour s'assurer une ouverture. Qui sait, tu en auras peut-être besoin un jour. Ton regard agresse le sien, bien sûr tu comprends ce qu’il sous-entend mais cela te donne envie de lui dire : pourquoi tu me fais venir, si tu me soupçonnes encore à ce point. Pas besoin non plus d’être Conan Doyle pour déterminer que tout ce projet a des senteurs de soufre. « Je te fais confiance. Je n’ai pas autant que toi l’habitude de tremper dans les délits de ce genre. » S’il voulait jouer le jeu de la provocation, il fallait s’attendre au retour de bâton. Pourtant, sa stratégie ne saurait vous durer qu’un temps, et il serait judicieux de déterminer dès maintenant jusqu’où il souhaite la porter. « Tu ne crois sans doute pas qu’il va te parler dans le détail de ses autres clients. Qu’est-ce que tu as l’intention de faire ensuite, l’acheter ? Et si ça ne suffit pas ? J’imagine que tu y as déjà réfléchi. Tu ne peux pas croire qu’en l’argent. Tu m’as proposé de venir et je suis venu, je crois que tu peux me dire jusqu’où tu admets d’aller, ou si tu comptes repartir bredouille et me faire perdre mon temps. »

    Le mot n’est pas prononcé, mais vous devriez l’entendre tous deux – que par ta seule présence à son côté, tu te rendais son complice, tu t’impliquais dans ses actes à moins de les dénoncer, et en cela il te laissait une marge de pouvoir, autant que lui-même te compromettait. La légalité de se rendre client d’un faussaire était déjà très relative, s’introduire chez lui pour retourner l’intégralité de ses documents n’était pas beaucoup mieux, et pour toutes les alternatives, c’était à peu près pire. Il n’y avait aucune façon licite de lui soutirer l’information que vous êtes venus chercher, il devait en avoir conscience autant que toi. Le seul fait de t’être présenté aujourd’hui revenait à un semi aveu et il en allait de même pour lui. Et si tu portais un mouchard ? Et si lui en portait un ? Il n’y avait entre vous aucune espèce de confiance, raison pour laquelle, à ce moment, tu n’avais pas l’intention de discuter, ni même faire mieux que regarder. C’est d’ailleurs pour cela que tu complètes ton questionnement, en lui offrant une alternative dans le cas où il n’oserait pas te dire les mots : « Si tu ne comptes pas m’en dire plus, fais-nous entrer, on est statique depuis trop longtemps pour me plaire. Je te laisse la main, quoi qu’il en soit. » D’un mouvement du menton, tu indiques la direction et te prépares à prendre sa suite. Tu ne comptais pas t’opposer à son choix de scénario, préparé à opiner du chef et à appuyer ses dires si tel était ton rôle – en espérant toutefois qu’il s’abstienne rigoureusement de citer ton nom, parce que tu n’étais pas charmé à l’idée d’en gérer les conséquences ultérieures, si jamais.




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Castiel Ó Murchú
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Re: Animal | Bastiel
Sam 3 Fév - 16:00

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   Castiel avait probablement mis la main sur le code qui l’auto-détruirait un jour. Cet assemblage d’actes qui le feraient, au mieux, terminer ses jours en prison, au pire croiser la Mort dans son plus bel habit d’apparat. Mais il n’y avait plus de place à la raison lorsque la vengeance prenait le dessus, c’était là la triste conclusion d'Hécate, devenue rien d’autre que la témoin involontaire de la descente aux enfers de son frère. Elle était probablement la seule qui n’était pas en accord avec le fait de sacrifier son aîné sous couvert de vérité. Il l’a tuée, et alors ? Quel bien cela lui ferait-il s’il n’avait plus les moyens d’agir ensuite, bridé qu’il serait par les chaînes qu’il s’était lui-même imposées ? Elle avait raison. Hécate avait toujours raison, pour ce qui était des choses importantes. Et quand bien même il aurait le temps, quand bien même finirait-il par en être certain, d’une façon qui ne lui permettrait pas de le traduire en justice, que Basil avait bien tué sa propre femme, après avoir réglé le problème il ferait quoi ? Il n’avait plus vraiment cinq coups d’avance, et ne pouvait pas se vanter de son intelligence s’il s’arrêtait à son plan qui n’était rien d’autre que bancal, n’est-ce pas ? Gidéon, s’il avait été au courant de ce qu’il se tramait au cœur d’Exeter, serait le premier à être déçu de son fils. Pour autant, ce n’était plus le moment des doutes.

Basil était bien présent, avec toute la désagréable aura qui l’accompagnait toujours. Il était encore inconcevable qu’on puisse lui faire confiance d’une quelconque manière, à ses yeux, et il ne comprenait pas vraiment pourquoi tout son entourage lui donnerait le bon dieu sans concession tant le moindre de ses gestes donnait à Castiel une impression de calcul soigné. Il avait pourtant trompé Phoebe - ce qui n’était pas un exploit, compte tenu que sa sœur n’aurait pas pu faire un choix d’époux décent pour sauver sa vie - et tous ceux qui s’étaient trouvés devant lui depuis.
Essayant d’ignorer sa remarque, il se retint de lever les yeux au ciel. S’il avait pu se passer de Basil lors de cette partie-là du plan, ça l’aurait probablement arrangé. Mais dans cette pauvre construction, le moindre moment passé en sa présence qui pourrait lui révéler qui il était n’en serait que bénéfique. La dernière chose qu’il souhaitait, par contre, c’est que le Egerton découvre ce que Castiel était réellement capable de faire, son don étant le seul atout réel qu’il possédait dans son jeu.

Castiel ne relève pas plus l’injure qu’il ne l’a fait avec la remarque précédente, se contentant de dévisager son partenaire, les lèvres résolument closes. Il ne pouvait ignorer le sarcasme derrière ces mots et ne souhaitait pas vraiment y prendre part.   “ J’espère qu’on ne tardera pas à le savoir. ” Le ton relativement sec, ce n’était pas vraiment étonnant compte tenu de la relation entre les deux hommes, Castiel se détourna pour observer, lui aussi, les environs. S’ils n’étaient pas encore la cible de regards intrigués, ça ne saurait probablement trop attendre. On ne pouvait réellement nier que Castiel n’avait rien à faire ici, presque aussi détonnant qu’un sous neuf dans une bourse centenaire. “Si ton temps est précieux, je ne t’en voudrais pas si tu décides de l’employer à attendre ici ou dans ta voiture. Je ne t’ai pas forcé à venir et garde bien en tête que ta présence est plus un fléau qu’un cadeau, à mon sens, quoiqu’en ait un jour pensé ma sœur.  Je ne te dois rien. Ni explication ni réassurance. Maintenant tu as le choix de me laisser gérer sans t’exposer.” Il est clair pour Castiel comme pour Basil que le moindre faux pas dans l’appartement du faussaire pouvait tout aussi bien se retourner contre l’un ou contre l’autre. Pour autant, rester au milieu de la rue à s’en préoccuper n’allait pas changer les choses le plus foncièrement du monde. Il n’en voudrait pas à Basil de se retirer maintenant, peut-être qu’il l’estimerait un peu plus s’il le faisait, d’ailleurs, dans ce qui était, malgré tout, une entreprise qui avait plus de chances d’échouer que de réussir.

Sans se battre plus que ce qu’il ne l’avait déjà fait, Castiel finit d’entamer la distance qui le séparait de la porte du faussaire, coupant court à tout ce qui aurait pu relancer la conversation de manière déplaisante. La porte du bâtiment étant ouverte, il entra sans aucune sorte de cérémonie. Le seul appartement qui semblait habité était au premier étage, en face d’un escalier étroit. Il frappa trois coups à la porte, attendant que le faussaire vienne ouvrir. Il ne doutait pas en ses pouvoirs mais avant aujourd’hui, il ne les avait pas mis à rude épreuve non plus. Il espérait seulement que son empreinte serait assez forte pour qu’il ne lui donne pas la vérité, comme il allait le lui demander. “John Samson ? On s’est parlés au téléphone. Castiel Ó Murchú.” Lui donner son nom n’avait rien d’anodin mais il n’avait pas eu le choix. Ce n’était pas comme s’il avait la possibilité de se rendre anonyme dans une ville comme Exeter où on avait à cœur de connaître ceux qui naviguaient dans les sphères du pouvoir. Il n’en était pourtant pas très à l’aise, redoutant les échos qui pourraient en résulter de leur précédente rencontre. Un grognement lui répondit pourtant et la porte finit par s’ouvrir sur un homme d’une cinquantaine d’années, marqué par le temps, des rides lui creusant le front et les joues. “Entrez. Et touchez à rien. C’est pour lui ?” Castiel acquiesça tout en suivant l’homme dans son couloir jusqu’à un salon encombré par divers documents et cartons. “Asseyez-vous. Je vous ai donné mon tarif par téléphone, je crois.” Le brun acquiesça, sans pour autant faire mine de prendre place sur le canapé que lui indiquait l’homme face à lui. “ Avant d’en arriver là, j’aimerais savoir que ce que vous proposez est aussi qualitatif que ce qu’on m’a vanté. Je suppose que vous avez de quoi prouver que vous n’êtes pas un charlatan, je me trompe ? ” Un sourcil levé, il interroge l’homme du regard, avant de sortir une enveloppe de sa poche. “ J’ai besoin de savoir que ma confiance sera justement accordée.” S’il ne rentre pas vraiment dans le vif du sujet, il espère garder assez longtemps sa couverture pour que John Samson lui fasse confiance et qu’il valide, quelque part, le fait qu’il ne l’ait jamais vu. Une fois que ce sera fait, il aura bien moins de scrupules.




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Re: Animal | Bastiel
Mer 20 Mar - 17:30

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    Alors tais-toi, reste à la porte et daigne y moisir ; c'est à peu près ce qui se lit en filigrane derrière l'invitation de Castiel à te retirer si le manque de réassurance te dissuade, sur un ton claquant, à hauteur de toute l'affection qu'il te porte. Rien ne t'oblige à être ici, si ça ne te plait pas – ce n'est peut-être pas ce qu'il en espérait, mais tu y entends aussi : si ça ne te plait pas, sens-toi libre de faire comme bon te semble, et t'arroger le droit de diriger comme tu le souhaites l'entretien à venir. « Epargne-moi » tu implores presque, le grain de voix détestable, vaguement obscène. Tu te moques assez de lui rendre ta présence plus agréable, bien au contraire, quitte à ce que ce soit toi plutôt que le faussaire qui finisse avec le visage en feuilles de chou. De toute façon, il est hors de question que tu renonces, tout aussi risqué que ce soit – et s'il faut que tu t'exposes pour déterrer toute l'injure, alors advienne que pourra. Tu espères seulement ne pas en sortir déçu ou plus confus que la veille, et en cela tu n'as aucune certitude. Puisque c'est ton beau-frère qui a la main, tu ne peux que prendre ton mal en patience et essayer de tirer du sens à cette situation invraisemblable à partir des miettes d'informations qu'il daigne te lâcher.

    Tu prends sa suite sans tergiverser davantage, pénétrant le bâtiment qui donnait l'impression d'être davantage fréquenté que proprement habité. Sa construction étroite offre peu de résonance et plus généreusement de la poussière et de l'intimité. Aucun son de vie ne laisse croire en la présence d'éventuels témoins, mais cela ne t'empêche pas de balayer les alentours du regard, le temps que Castiel se charge des introductions. John Samson ? On s'est parlés au téléphone. Castiel Ó Murchú. Immédiatement, ton attention retourne sur ton partenaire d'infortune, pris de court. Comme tu l'avais supposé, il avait anticipé une prise de contact – mais tu ne t'attendais pas vraiment à ce qu'il l'ait associée à son véritable nom. A bien y repenser, tu aurais sûrement dû t'y attendre : il devait y avoir des limites à la discrétion que l'on pouvait se permettre en portant ce nom de famille, et compte tenu des circonstances, il n'était pas évident de se fier à des intermédiaires. Mais tout de même, est-ce que ce n'était pas prendre des risques inconsidérés ? Tu aimerais mieux que personne n'associe ton identité à la suite des événements, toi, mais même si tu avais dû t'annoncer Basil Egerton en requérant ses services, tu te serais senti mieux couvert. Si le faussaire avait copié l'écriture de Phoebe – s'il était responsable de la lettre qui visait à faire chanter les Ó Murchú, est-ce qu'il ne se mettrait pas sur la défensive en étant sollicité peu de temps après par cette même famille pour la première fois ? Est-ce qu'il n'avait pas eu des sueurs froides au téléphone, et est-ce qu'il n'y avait pas derrière cette porte une mauvaise surprise pour au moins l'un d'entre vous ?

    Entrez. Et touchez à rien. C'est pour lui ? Approbation ; ton dos se tend mais tu ne prononces pas un mot, arrêtant plus sévèrement ton regard sur ledit Samson, comme pour saisir dans ta mémoire le moindre de ses traits distinctifs. Lui avait-il donné ton nom aussi ? Y avait-il réellement une possibilité que cet instant se soit déroulé sans toi ? Est-ce que tu ne t'embarquais pas à l'aveugle dans un piège réglé sur toi seul ? Tu ne saurais pas dire, toi, si les deux hommes se sont déjà vus autrement que par cet appel d'introduction, comme tu es un idiot des subtilités de ce type. Un instant, tu restes en retrait pour laisser Castiel entrer le premier, et puis à ton tour d'un pas infiniment peu pressé, tu t'introduis dans l'appartement encombré, le poing serré sur ta paire de gants dans la poche de ton pardessus. Le peu de contrôle que tu détiens sur la situation remplit tes pensées d'idées définitives : la seule assurance que tu saurais y gagner serait de savoir où la vie de ce Samson s'arrête. Mais puisqu'il s'agit d'en apprendre plus et de ne pas nourrir plus que nécessaire les soupçons de ton beau-frère, le roi du silence est ton unique recours pour rester temporairement maître de ton environnement.

    Asseyez-vous. Tu n'en as pas l'intention et ça ne semble pas non plus être le cas de Castiel, qui entraîne l'homme dans la conversation avant qu'il ne puisse s'offusquer du refus de la consigne. L'enveloppe grasse est un argument supplémentaire pour ne pas jouer les exigeants – et du reste, les premiers échanges ne laissent rien paraître d'étrange. C'est bien le faux-semblant autour de la pièce d'identité forgée, ce qui contribue légèrement à te détendre ; assez pour que, dissipé comme d'usage, tu ne dévies ton attention sur tous les documents qui puissent accrocher ton regard, quand bien même ce n'était sans doute rien d'incriminant. Le pas traînant, éloignant progressivement ta présence du canapé et l'approchant de quelques cartons pour en lire l'étiquetage, sans daigner prétendre te sentir concerné. Assez rapidement, ta vadrouille se laisse remarquer, casse la dynamique que Castiel devait espérer mettre en place. « Je vous ai dit de ne toucher à rien ! » Samson s'éparpille au lieu de répondre à la question qu'on lui dirigeait, et tu retires ton doigt du carton que tu avais commencé à entrouvrir, comme un gosse pris sur le fait. « Navré, je suis curieux. » La main retourne à sa poche, Samson reprend : « Bien sûr, j'ai un modèle et des exemples anonymisés, si vous permettez d'abord que je regarde, » tendant la main pour y accueillir l'enveloppe, mais s'interrompant encore avec une patience déjà franchement élimée, « si vous voulez bien vous asseoir » sur un regard appuyé dans ta direction, alors que tu t'étais remis, toi, à déplacer un second carton pour en lire le versant caché.

    Mais tu n'as pas décidé d'être un client facile, à vrai dire la situation te déplait, et il n'y a qu'en la façonnant par caprice de ton caractère que tu te vois de la tolérer. Tu te fiches bien qu'il prouve ou non être un charlatan, comme tu ne comptes pas non plus gagner l'assurance que les deux hommes en ta présence soient les parfaits inconnus qu'ils assument d'être. Tout ce qui t'importe, c'est de savoir si la main de Samson, ses doigts fins à la précision indéniable, avaient tracés les mots de Phoebe, si ses yeux nus avaient déshabillé à la loupe toutes les petites timidités de l'encre de ton épouse. Ce n'est pas le prétexte du jour qui dénoncera cet amant post-mortem, et tu n'as pas la patience de laisser à Castiel le tranchant de l'initiative. « Vous n'allez quand même pas faire le difficile. C'est l'occasion de gonfler vos prix, profitez-en : un Ó Murchú dans votre salon, ce n'est pas tous les jours. Pas vrai ? » Tu penses bien que ton beau-frère sera tenté de t'admonester pour cette intervention mais à vrai dire, tu te montes une horreur de ce faussaire au point de l'oublier – ou presque, de quoi l'injurier rapidement dans un détour de phrase. « Peut-être même qu'en l'asseyant sur votre canapé, vous pourriez le revendre à bon prix. » Et le ponctuer d'un sourire détestable, mais tu avais les yeux en colère. « Mais peut-être aussi qu'il n'est pas le premier Ó Murchú à vous honorer de sa présence, auquel cas je vous plaindrais. Allez-y pendant que vous comptez, réfléchissez un petit peu : dites-moi si c'est un nom qui vous évoque d'autres choses. On ne voudrait tout de même pas risquer des conflits d'intérêt. » Est-ce que tu fais tout capoter, est-ce que tu suis le script qu'on avait espéré de toi, ou est-ce que tu remettais un morceau de jeu entre tes mains ? Tu n'aurais su le dire, comme c'était moins le résultat d'une stratégie que la conséquence de la frustration héritée par cette situation horripilante. Castiel allait-il reprendre la main ou te mettre à la porte, reprendre comme si de rien n'était, ou peut-être utiliser tes mots comme ressort ? En théorie, vous veniez dans le même intérêt, et en quête des mêmes informations ; c'était dans son intérêt à présent de te rendre sa stratégie plus nette, s'il ne voulait pas que tu la fracasses par saute d'humeur.



half a man and half apocalypse, the chase, the thrill that you cannot resist, that one there is a natural-born thriller.
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Castiel Ó Murchú
- the beaten and the damned -
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Re: Animal | Bastiel
Mar 23 Avr - 15:36

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   Il y a peu de situations où Castiel aurait cherché la présence de Basil. Aucune, en réalité, et s’il n’était pas convaincu au plus profond de son âme de la culpabilité de celui qui se trouvait désagréablement à ses côtés, et du fait que, de par son rôle d’aîné, on attendait de lui la résolution sans aucun recours du meurtre de Phoebe, il n’aurait pas pris la peine d’élaborer un plan, fut-il aussi bancal que celui-ci. Parce que sa présence même lui hérissait les poils de dégoût, et sa voix sonnait dans son esprit sûrement plus doucereuse et malveillante qu’elle ne devait l’être. S’il n’avait pas eu cette certitude, ancrée en lui dès leur première rencontre, que Basil Egerton se devait être au moins aussi dangereux que lui, il aurait abandonné. S’il n’avait pas l’accent de la déception paternelle dans la voix de Gidéon dès lors qu’il lançait le sujet de la défunte, sans doute ne l’aurait-il pas fait non plus. On ne se lançait pas à cœur perdu dans une quête dont l’objet était une sœur pour laquelle on avait jamais vraiment ressenti aucun amour, et ça même Hécate n’aurait pu le nier. Elle en était donc désolée pour lui, parce que sa volonté à elle était bien plus noble et sentimentale que celle de Castiel, plus facile à assumer et à oublier la prise de décision. Parce que c’était de lui qu’on attendait les actes, peu importait les conséquences pour sa propre existence.

La prise de risque était réelle, alors que tous deux, désormais murés dans le silence pesant qu’ils se destinaient toujours, entraient dans le logement - si tant est que, du point de vue Castiel, on puisse l’appeler ainsi - du faussaire. Tout lui semblait sale, poussiéreux, étouffant. Habitué aux grands espaces et aux pièces larges de deux fois la taille complète de l’appartement, il se sentait à l’étroit. Sans doute, si Basil pouvait entendre ses pensées, lui ferait-il remarquer que c’était probablement la taille de son ego et que celui-ci s’en trouvait suffoqué.

L’entreprise n’est pas aisée, et Castiel craint, plus que tout, que sa couverture soit mise à jour, que sa faculté à empoisonner l’esprit ne soit pas aussi forte qu’il le pensait en premier lieu. Si c’était le cas, la scène risquait de passer d’interrogatoire à bain de sang en moins de secondes qu’il en fallait pour se présenter. Ce serait la fin pour lui, d’une manière ou d’une autre. Aujourd’hui, il laissait un pouvoir conséquent à Basil, même s’il faisait de son mieux pour le lui cacher. Tant qu’il le comprenait trop tard, les choses se passeraient sans encombres, quand bien même il dût se salir les mains un petit peu.

Le début de la conversation avec John Samson lui permet d’oublier partiellement la présence indésirable de Basil, le détendant légèrement. Pas assez pour qu’il relâche ses muscles tendus, assez pour faire passer ce fait pour l’attitude qu’on attendrait de quelqu’un avec ses moyens. Ce serait bien suffisant pour le moment. Mais c’était oublier que si Egerton venait d’une famille au moins aussi réputée que la sienne dans les hautes sphères, il n’en possédait pas plus les codes que ceux qui fréquentaient les commerces du quartier. S’il se retenait, lui-même, par bienséance et intérêt, pour ne pas alerter le faussaire, de regarder dans tous les coins, soulever les bords des cartons et lire les documents contrefaits et de référence, on ne pouvait pas en dire autant de son homologue.

Castiel se figea face à la prise de parole de Basil, pesant ses mots dans son esprit, observant l’attitude de John Samson d’un œil attentif. D’un point de vue extérieur, sans doute cela semblait-il normal, de s’imaginer qu’il tentait de déceler le moindre signe de mensonge et de déception, et non un espoir qu’il n’ait pas le besoin d’être physique dès le départ. Serrant les dents, il se demanda si Egerton n’avait pas tout gâché, avec son impatience notoire, en voulant les informations qu’il était venu chercher trop tôt. Un regard noir dans sa direction lui fut suffisant, tandis qu’il ne se permit pas de répondre à l’attaque. Ils n’étaient pas là pour ça.
L’homme, cependant, répondit beaucoup mieux aux provocations qu’il ne l’aurait pensé. Enfin, mieux de son point de vue. Si son visage était resté neutre, il perdit légèrement de ses couleurs et Castiel aurait juré voir une étincelle de panique au fond de ses yeux. “Non, jamais eu de Ó Murchú.” Inconsciemment, il avait reculé d’un pas, infime, mais assez pour faire fleurir un sourire faussement indulgent sur le visage de Castiel, qui fronça les sourcils dans le même élan. “C’est drôle, n’est-ce pas ? Que votre réputation vous précède au point que les personnes les plus importantes d’Exeter, moi y compris, fassent appel à vos services et que vous soyez à ce point incapable de mentir, même si votre vie en dépendait.” Il ne s’approcha pas plus de l’homme et alla s’installer sur le canapé, désinvolte. “Je suis pourtant partisan des bonnes histoires, Monsieur Samson, peut-être même que je ne vous ôterai pas quatre-vingt pourcents de votre clientèle, si l’issue de celle-ci me convient.” Si son ton était chaud, son regard était aussi glacial que  les yeux de Basil étaient brûlants d’énervement. En un sens, dans l’ironie de la situation, ils se complétaient, même si la participation du Egerton n’était rien d’autre, pour lui, que le facteur inconnu qui lui provoquait des cauchemars éveillés.

“Je … Je … J’ai peut-être déjà eu à faire à votre famille, oui. De loin. Rien qui puisse lui donner tort, je vous assure.” L’homme était incertain, sans savoir réellement ce qu’il pouvait ou ne pouvait pas dire dans la réalité fabriquée qu’était la sienne. “Mais c’est flou, je ne me souviens pas exactement, c’est que ça ne devait pas être important.” Un soupir de la part de Castiel, presque affligé, frustré. Il savait que s’il ne faisait pas avancer les choses, en oubliant le subterfuge qui leur avait permis d’entrer, il risquait de dire autre chose d’incompatible qui lui fermerait toute les portes. Alors, tel Lucifer sorti de sa cage, il se leva, diminuant très vite la distance qui l’avait de nouveau séparé du faussaire. “De mon point de vue, c’est vous qui êtes assez peu important pour que je vous oublie dès le pas de cette porte. Ce qu’il adviendra dans les prochaines minutes, cela dit, pendant que je suis encore là, va dépendre de ce que vous compterez bien me dire. Mon ami a très peu de patience, et je ne compte pas passer la journée ici, s’il faut que j’aille chercher les réponses à mes questions dans les litres insipides de votre sang, je le ferais, mais j’aimerais essayer de ne pas tâcher ma chemise.”




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