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 please don't stop the music (don/susan)

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The Black Parade
- you're dead and gone -
The Black Parade
damné(e) le : o02/05/2019
hurlements : o2834
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intervention spectrale
friends from the other side
hematite (esprit frappeur) - les environs étaient calmes avant que nestor ne pose son regard sur lui ; plus précisément, sur son visage que nombreux n'oublieraient jamais. devant l'apparence horrifiante de cet homme qui n'avait plus rien d'humain, nestor avait fait des gestes amples en direction des passants autour de lui. fuyez ! vous le voyez ?! mais personne ne semblait capable d'assister à ce qui devait être une hallucination. il avait beau avoir bu, il n'y croyait pourtant pas, l'apparition étant trop réelle pour n'être due qu'à l'alcool. titubant pour s'enfuir, en vain, il finit par prendre la direction du club tartarus ; hematite sur ses talons.

là-bas, il aurait des témoins.

lorsqu'il entra dans le bar, l'ambiance était partagée entre chaleur et méfiance. une jeune femme était sur scène, chantait en se déplaçant sur des talons hauts, alors que la salle principale l'écoutait, buvait, se dévergondait au rythme de la musique.

lorsqu'il fut enfin au centre de la foule, avec l'impression d'être en sécurité, il put respirer de nouveau. le soulagement ne fut que de courte durée jusqu'à ce que l'apparition s'anime de l'autre côté de la salle, avançant vers lui. n'approche pas ! il leva brusquement une arme et pointa le canon sur une forme que peu de monde dans le club pouvait voir. le flingue tremblait au bout de ses mains. après deux minutes seulement, le premier coup retentit, puis un deuxième. nestor semblait viser quelque chose. à l'autre bout du revolver, hematite riait.

membres concernés : @don mattheson & @susan love

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Don Mattheson
- looks like billy the kid -
Don Mattheson
- looks like billy the kid -
damné(e) le : o05/10/2021
hurlements : o734
pronom(s) : oshe / her
cartes : ofürelise (ava) ; je sais pas, demandez à QQ (sign)
bougies soufflées : o55
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please don't stop the music
Des semaines, des mois qu'il n'avait pas eu de nouvelles de Susan Love. Il aurait pu prétendre autant qu'il le voulait que ça ne lui posait aucun problème, Don n'était pas réellement d'accord avec le principe. Peut-être la belle lui manquait-elle, peut-être qu'il n'avait pas digéré ce qu'il s'était passé, la seule fois où il avait tenté de l'inviter, de lui-même, à boire un verre. Le souvenir désagréable d'être tombé sur la mauvaise personne encore sur le palais, l'avocat avait compris la leçon. Il avait beau avoir entendu parler de ces étranges phénomènes qui, supposément, brouillaient les ondes téléphoniques, il n'était pas certain que ce soit encore le cas. Les relations avec Susan n'étaient pas ce qu'il aurait pu qualifier "d'au beau fixe". Des mois que la belle jouait aux Filles de l'Air, insaisissable comme l'élément. Il l'avait croisée quelques fois au détour d'un jugement, planquée sous sa robe de juge. Avait croisé son regard glacial, inatteignable, avait tenté la confrontation sans jamais réussir à l'attraper au détour d'un couloir. Les joutes étaient agréables, quand elles étaient partagées. Mais Don était frustré, à présent. Il n'aimait pas les statu quo, encore moins quand ils étaient en sa défaveur. D'autant plus quand il n'avait pas été consulté sur la question.
Puis les événements s'étaient succédés, effaçant la lassitude et la frustration au profit d'un surplus d'activité. Le Foyer reprenait doucement mais sûrement ses actions, maintenant que ledit Père avait repris lui-même du poil de la bête. Irish, de nouveau aux abonnés absents, c'était à Old Boy de gérer de nouveau la barque. Des responsabilités qui commençaient à peser lourdement sur les épaules du Texan. A croire que les nouvelles recrues étaient toutes plus stupides les unes que les autres, à moins qu'il n'ait eu cette impression que parce qu'il était épuisé. Une chose était sûre : les verres de whisky sales s'amoncelaient de plus en plus devant lui, le soir, sur le comptoir de the Cave. La méthode la plus sûre que le renard gris connaisse pour passer les états d'âmes. Noyés dans des litres d'alcool, il n'avait plus à y penser.

Le whisky de cette soirée en particulier, il le sirotait. Accoudé au bar du Tartarus, son Stetson blanc sur les genoux, il s'était installé en attendant que le barman reconnaisse sa tignasse grise pour appeler sa patronne. Voire son bras droit, à défaut. Il n'allait pas faire la fine bouche, pas alors que c'était lui qui était venu à l'improviste pour parler business. L'idée était de continuer à rapprocher Eglise et Cyclops, ou lui-même de Tina, dans le but d'une meilleure coalition contre le Foyer. Oh, il connaissait parfaitement les accointances de la belle brune avec Darius Smith. Mais ça n'allait certainement pas arrêter le renard gris. Le Tartarus avait toujours revendiqué une certaine neutralité, malgré quelques petits arrangements supposément secrets. Personne n'était réellement neutre dans cette ville, Don l'avait compris avant même que Morris le lui dise ouvertement. Mais il avait besoin de l'aval de Tina pour commencer à implanter des Cyclops dans son bar. Il fallait que les Cyclops regagnent du terrain, avant que le Foyer ne le leur rafle. Avoir toujours un train d'avance leur avait été très utile ces derniers temps, et Old Boy ne savait que trop que ce n'était absolument pas le moment de relâcher la bride.
Mais Tina n'était nulle part. C'était ça, les aléas quand on passait à l'improviste. Occupée à d'autres affaires, probablement à l'étage. Le frère de Lazare n'avait pas vraiment besoin de faire toutes les caisses qu'il avait faites pour vanter l'intégrité de sa patronne. Don n'était pas aveugle. Tina absente, Emerson absent, c'était qu'il se passait un truc pas net quelque part. Il avait fini par remercier le barman, s'était décidé à finir son whisky avant de prendre la clé des champs. Jusqu'à ce que les lumières du club commencent doucement à s'atténuer et que l'une des raisons de cette visite à l'improviste finisse par couler sur la scène. Susan Love.

Il ne l'avouerait à personne et surtout pas à lui-même. Mais la belle était l'autre raison pour laquelle il laissait durer le plaisir de son whisky hors d'âge aussi longtemps. Tapi du côté du bar, là où les lumières étaient les moins fortes, une vision particulièrement dégagée vers la scène. Les yeux gris portés sur la chanteuse alors qu'elle commençait à donner de la voix. Il la revoyait, la Susan de l'anniversaire de Marlon. Une toute autre femme, entièrement libérée de tous ses carcans, quand elle se lovait derrière son micro. C'était une toute autre robe que celle de juge qui l'enveloppait à présent, et l'homme ne pouvait que reconnaître que son décolleté lui allait parfaitement bien.
Il hésita, Don. Avait bien le temps du spectacle pour peser le pour et le contre, pour savoir s'il se glisserait à travers l'assemblée pour venir confronter Susan. Lui demander les raisons de son silence, le pourquoi du comment il s'était retrouvé à converser avec un abruti qui s'était fait passer pour elle. Pilule non digérée. La belle avait-elle vraiment si mal vécu son manque de réaction à ses déclarations ? Avait-elle décidé qu'il n'avait rien à faire dans ses contacts, avait-elle changé de numéro sans lui en parler ? Il avait questionné Marlon pour en avoir le coeur net. Et, sans surprise, n'avait eu qu'un soupçon de réponse de la part de son partenaire. Marlon était bien trop pur pour penser à mal. Il l'était d'autant plus quand on en venait à sa propre sœur.
Peut-être que le whisky l'aiderait à temporiser davantage. Ou, au contraire, pourrait-il raviver toute la frustration de ces dernières semaines pour aller confronter Susan une bonne fois pour toutes. Mais le destin avait d'autres projets, ce soir. Des projets bien plus explosifs.

Un coup de feu retentit. Partiellement noyé par le bruit de la musique, mais suffisamment net pour que Don reconnaisse immédiatement ce type de son. Il leva la tête, le regard gris balaya la salle dans la direction générale d'où il semblait provenir. Des cris retentirent du milieu de la piste de danse, la foule commença à s'agiter progressivement. Susan. La belle était encore en train de chanter, visiblement inconsciente de ce qui était en train de se tramer à ses pieds. Les musiciens continuaient eux aussi de jouer, malgré que des cris et des hurlements commencent à monter au sein de l'assemblée de convives. Don, lui, n'attendit pas plus longtemps pour lâcher le bar. Un deuxième coup de feu, ponctué de hurlements plus fort. La foule, paniquée, dévala en roulis humain vers les issues de secours. Don, lui, s'activa pour jouer des coudes afin d'en remonter le courant vers la scène. Aperçut Enoch Sinclair bondir par-dessus le bar, ne s'occupa pas davantage de lui. Il avait son arme, mais la sécurité du Tartarus n'était ni de son chef, ni sa préoccupation principale. Elle avait un prénom, elle se trouvait sur scène, cette préoccupation.
C'était Susan, encore sur la scène, serrée en étau entre le tireur fou et les issues de sortie. C'était le risque qu'elle se fasse renverser, voire pire, par des dizaines de personnes en panique. Que l'homme ait une arrière pensée et tire en direction de la scène.

Le sang battant à ses tempes, le Cyclops tira son pistolet du holster à sa ceinture et remonta le plus rapidement que possible la marée humaine jusqu'au niveau de la scène. Aperçut la belle ainsi que ses musiciens, les rejoignit derrière leur abri de fortune. Un sourire tordu, en direction de Susan :

-Hey Love, ça fait longtemps.

Etait-il amer ? Oui. Etait-ce le moment de laisser cette amertume s'échapper d'entre ses lèvres ? Non. Pour autant, son ton sardonique en disait long sur ce qu'il se passait sous les mèches grises. Il jeta un coup d'oeil en direction du forcené, remarqua que la marée humaine avait beau se presser vers les sorties, il n'y avait pas moins de personnes sur la piste de danse. Impossible de savoir clairement qui tirait, ni pourquoi. Spontanément, il se déplaça pour se placer entre la belle et la piste de danse, d'où semblaient provenir les coups de feu. Se tourna vers Susan, la considéra un bref instant. Elle était toujours aussi divine, cette facette de la jeune femme.

-Super show, au fait. Tu sais s'il y a une sortie des artistes ?

Il connaissait une partie du Tartarus, mais pas ses entrailles. Seulement ce que Tina avait concédé de lui montrer, à savoir certaines des pièces réservées aux deals potentiels. Oh, il savait ce qu'il se passait à l'étage. Mais ce genre de pratiques n'était ni dans ses habitudes, ni dans ses projets. Restait que, de ce côté du bâtiment, à part couvrir Susan et ses musiciens au cas où la situation tournerait au vinaigre, il n'allait pas pouvoir faire grand chose.

Un troisième coup de feu retentit. L'impact de la balle percuta le mur, non loin d'eux. Le sang de Don se glaça dans ses veines. Quand il se tourna vers la scène, il eut une vision bien plus nette du forcené. La sueur au front, les yeux écarquillés et le canon pointé, tremblant, vers la scène. Aucune trace de Tina ni d'Emerson. Sinclair aux abonnés absents. Les vigiles qu'il avait aperçus en arrivant étaient trop préoccupés par le besoin d'évacuer les convives paniqués. Quant au reste de la sécurité, ils n'étaient pas encore visibles. Par précaution, Don fit sauter la sécurité de son pistolet.

-Il vise la scène, on va pas pouvoir traverser. Il te dit quelque chose ?

Forcené, ou quelqu'un qui se serait senti lésé par un jugement ? Dans tous les cas, l'homme était très volontaire. Trop, au goût de Don.




difficult-looking legal books stand in a formidable row. They mock me. I tried reading one, and it made my head hurt. When I closed it, it slipped out of my hand. Then my foot hurt too.
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Susan Love
- only sue can judge you -
Susan Love
- only sue can judge you -
damné(e) le : o12/06/2019
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-- please don't stop the music ft. @don mattheson
    Elle avait déposé un baiser sur la joue de Tina avant que cette dernière ne s'efface. La gérante avait à faire, ne pouvait rester pour le spectacle, mais faisait assez confiance à son amie pour savoir qu'elle offrirait la meilleure prestation possible à l'assemblée. La main levée pour saluer le bras droit de la patronne, elle s'était réfugiée dans sa loge pour se préparer à monter sur scène. Elle y allait souvent pour déposer ses affaires et souffler devant les tenues que Tina lui choisissait ; les tailleurs casuels semblaient ne pas convenir à l'appréciation de la grande dame. Elle lui abandonnait toujours des robes plus flatteuses les unes que les autres, se moquant bien que la juge ne soit là que pour le plaisir du chant, et non pour permettre à la succube d'appâter les badauds. Lorsqu'elle le lui avait dit, son aînée avait répondu que les deux étaient compatibles, autant en profiter. Susan avait accepté, levant les yeux au ciel, et avait convenu de toujours se montrer avec les tenues choisies par elle. Un compromis acceptable quand on savait que la scène du Tartarus n'avait pas l'habitude de présenter des individus habillés ; Tina lui faisait une faveur en l'y invitant lorsqu'elle en ressentait l'envie. Les négociations s'étaient terminées lorsque la décideuse lui avait suggéré de se présenter à The Cave pour proposer ses services, si ses conditions ne lui plaisaient pas. La preuve, inutile, que cette femme finissait toujours par avoir ce qu'elle voulait, au détriment de Susan qui se retrouvait engoncée dans des robes trop décolletées, trop courtes ou, parfois, trop transparentes.
    Elle s'en moquait, tant qu'elle pouvait chanter. Il lui serait toujours possible de retrouver Tina, plus tard dans la soirée, pour plaisanter avec elle sur cette situation qui finissait éternellement par lui profiter ; Susan ne faisait jamais rien qui puisse contrarier la patronne, pas alors que son aval était aussi important aux affaires de la ferme. Darius ne lui aurait certainement jamais pardonné de perdre les avantages fournis par la belle, pour des questions triviales. Elles finissaient, alors, toujours par plaisanter autour d'un verre, occasionnellement jusqu'au petit matin.

    La robe enfilée, Susan avait jeté un regard à son reflet en s'étudiant avec minutie. Les mains dans ses cheveux, elle les avait noués en un chignon lâche, laissant quelques mèches dépasser autour de son visage. La soirée serait bonne, pour peu que le public sache se tenir. Il était loin le temps où elle serpentait entre les rangs, à la recherche d'énergie sexuelle capable de nourrir la bête qui sommeillait encore en elle – à l'époque. Aujourd'hui, elle n'acceptait plus les mêmes œillades, n'était plus là pour ça ; information que certains semblaient ne pas avoir. Il lui suffisait de ne pas y penser avant que les lumières ne s'allument de nouveau, de simplement se concentrer sur le plaisir de l'instant, la joie que lui procurait le micro entre ses mains. C'est ce qu'elle fit, les lumières s'assombrissant peu à peu. Elle commença à donner de la voix en ne se laissant porter par rien d'autre que l'amour de la musique.

    Jusqu'à ce que le chaos n'intervienne. La belle avait fermé les yeux, s'était laissé guider par l'ambiance, la musique, sa propre voix et l'extase que la situation lui procurait. Lorsqu'elle avait ouvert les yeux, la musique soudainement sourde, ce fut pour tomber face à une foule agitée, paniquée. Elle lâcha le micro et recula de quelques pas en essayant de comprendre d'où venait le chaos, quelle était la cause de la venue des enfers dans le club. Une main l'attrapa par le bras pour la tirer en arrière et la forcer à se réfugier derrière une enceinte. L'esprit allant bon train, elle réfléchit à une manière de le neutraliser ; elle était entraînée, l'avait été par Darius lui-même, elle était en mesure de se montrer utile. La tête penchée pour voir où en était la situation, elle essaya de repérer l'origine du mal, l'homme qui tenait l'arme. Un regard circulaire dans la salle, elle commença à imaginer un trajet jusqu'à lui. Il lui fallait être vive et discrète pour pouvoir le surprendre et en venir à bout. La vue dégagée, elle fit un pas vers la scène pour mettre son plan à exécution.

    Hey Love, ça fait longtemps.

    Elle se figea, reconnaissant immédiatement la voix qui venait de s'adresser à elle. Merde. La présence de Mattheson l'empêchait d'aller au bout de ses plans ; elle ne pouvait montrer cette part d'elle-même, l'acte aurait prouvé son affiliation à ce que le motard suspectait déjà. Il ne fallait pas lui donner raison, il ne devait voir aucune preuve dans ses agissements. Susan devait prendre le contrepied et jouer la demoiselle en détresse ; peu importait qu'elle ait tant envie de se montrer utile. Elle allait répliquer, lui demander ce qu'il faisait ici quand il se plaça entre elle et l'origine du danger. Surprise, elle ouvrit brièvement la bouche pour répondre à la fois au compliment, et à la question qui le suivit. « — Merci, je... je, oui derrière les loges. » Elle sursauta lorsqu'un coup de feu retentit de nouveau, son ouïe fine ne la protégeant pas de ce genre de situation ; au contraire, elle n'était que trop consciente de ce qui se produisait autour d'eux. Le regard coulé vers Don pour vérifier qu'il allait bien, elle se surprit à être agacée ; il allait réussir à se faire tuer, l'idiot. Il te dit quelque chose ? L'esprit ailleurs, elle secoua la tête en étudiant l'apparence de l'assaillant, elle ne l'avait jamais vu avant ce jour, ne reconnaissait pas son odeur ; mais ce n'était pas étonnant, la masse d'individus qui se bousculait à l'entour masquait la plupart des autres odeurs. « — Je ne connais pas le visage de tous ceux qui veulent ma mort, malheureusement, et toi ? Peut-être un mari jaloux, Monsieur le Tombeur ? » Le regard toujours rivé sur l'homme dangereux, elle tourna les yeux vers l'avocat en arquant un sourcil pour marquer ses propos. Elle focalisa, ensuite, de nouveau son regard sur l'autre homme en se demandant comment gérer la situation.

    L'homme avait le regard hagard, semblant crier après une chose que seul lui était capable de voir. Il pouvait être fou, certes, ou bien avoir perdu la raison par Dieu seul savait quel sortilège. Susan essaya de comprendre si l'homme avait un pattern, pivota légèrement sur le côté pour se retirer du corps protecteur de Mattheson. « — La voie est libre du côté du bar, on peut y passer pour monter prévenir Tina. » Elle savait que la gérante avait toute une panoplie d'individus qualifiés dans son entourage, dont certains pouvaient régler la situation en un clin d'œil. La belle jeta un regard en direction du bar déserté par les buveurs, mais également par le personnel, et attrapa la main de l'avocat pour l'inciter à la suivre. Les doigts ancrés entre les siens pour raffermir sa prise, elle tira sèchement pour l'inviter à la suivre ; de gré ou de force. Lorsqu'ils atteignirent le côté du bar, prêts à suivre les escaliers, un nouvel éclat illumina le club dans un flash violent. Nouveau coup de feu. Sans réfléchir, Susan lâcha la main de l'avocat, posa en une seconde les doigts contre l'épaule de ce dernier pour le pousser ; le mettre à couvert derrière le comptoir. Elle se pencha ensuite en vitesse à ses côtés pour se protéger au cas où, et le regarda d'un air inquiet. « — Ça va ? » Elle avait prévu de jouer la demoiselle en détresse pour affaiblir ses doutes, mais ça ne lui ressemblait pas assez pour qu'elle y parvienne dans une situation aussi critique. Elle pouvait se montrer maniaque du contrôle, ne pouvait sortir du club sans avoir fait de son mieux pour prévenir la gérante, ou neutralisé le tireur. Il fallait pourtant qu'elle se montre plus faible si elle ne voulait pas être démasquée par l'ennemi qui n'en avait pas l'air, ainsi du même côté du bar qu'elle.

    Le visage dépassant très légèrement de derrière le comptoir, elle observa où en était la situation avant de s'asseoir près de Mattheson, faisant attention de glisser sa robe sur le côté afin de ne pas dévoiler l'intégralité de son anatomie, déjà que le décolleté la gênait dans certains de ses mouvements. Elle reprit la parole en lançant des regards à l'escalier. « — Tu vas monter chercher la gérante, d'accord ? En attendant, tu me donnes ton arme et je te couvre. Je peux gérer, j'ai fait un peu de tire avec mon grand-père quand j'étais petite ! » Ce n'était pas le plus logique, Susan savait que son camarade était sûrement bien meilleur tireur qu'elle, et qu'elle se faufilerait plus facilement au coin VIP pour atteindre l'étage, mais elle ne voulait pas laisser l'avocat ici, à la merci de l'assaillant. Elle essaya de ne pas se le formaliser ainsi, de trouver d'autres raisons de le laisser prendre le rôle le moins risqué ; mais elle connaissait la vérité. Il lui fallait jouer à leur jeu habituel, montrer à Don que rien n'avait changé afin qu'il l'écoute, qu'il n'essaie pas de rester avec elle pour la charrier sur son sentimentalisme. Elle se pencha alors, écrasant ses lèvres sur celles du motard dans un baiser passionné, mais court. « — C'est pour le courage, maintenant file ! » Un sourire légèrement provocateur s'étira alors sur ses lèvres pour faire passer la pilule, alors qu'elle approchait sa main pour qu'il lui donne le flingue. Elle n'avait même pas fait semblant de s'étonner de le voir armé, comme si la situation nécessitait qu'elle soit plus transparente, sans pour autant se dévoiler ; une corde fine sur laquelle Susan ne cessait de tituber.



BABY YOU'RE MY FLAME
never know how much i love you. never know how much i care. when you put your arms around me, i get a fever that's so hard to bear.
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Don Mattheson
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Don Mattheson
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please don't stop the music
A bien des égards, toute cette situation était du gâchis. Parce que même si le Cyclops avait des choses à redire sur toute cette période de silence, même si l'amertume était encore bien palpable sur son palais, il n'avait pas manqué de remarquer à quel point Susan semblait heureuse sur scène. Avait retrouvé cet éclat dans le regard clair de la belle, cette joie inégalable sur son visage alors qu'elle donnait de la voix derrière son micro. Les mêmes que lors de la soirée d'anniversaire de Marlon. Susan y était bien plus elle-même que toutes les occasions où il avait pu la connaître. Libre, heureuse, libérée de tous les carcans que la société lui imposait. Tous ceux qu'elle-même s'imposait. Il aurait voulu que cette félicité dure, pour la brune. Qu'elle puisse aller jusqu'au bout de sa chanson, qu'elle savoure tous les applaudissements qu'elle aurait mérités. Il se serait peut-être joint au public conquis, certainement, même. Ne se serait pas rapproché, aurait conservé cette distance mesurée qu'elle avait instaurée entre eux. Mais il l'aurait applaudie malgré tout. Du vitriol au fond du bide mais la fierté de la voir si heureuse, loin de lui. Mais rien de tout cela ne s'était produit. Et le forcené qui s'était amusé à jouer aux joyeux défourailleurs n'avait visiblement pas fini son règne de chaos. Les hurlements d'une foule paniquée retentissaient toujours, à l'autre bout de la salle. Si forts que ceux qui se trouvaient à présent terrés sur scène ne pouvaient que savoir qu'il était encore dans le coin et que, par un hasard malheureux, la sécurité pourtant féroce du Tartarus ne l'avait pas encore appréhendé. Un soupir agacé fila entre les lèvres fines du motard. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait déjà eu une balle entre les deux yeux. Problème réglé. Simple, net, rapide et efficace. Il avait bien vu Sinclair bondir par dessus son comptoir, les résultats n'étaient pas encore là. Et s'il savait parfaitement maintenant ce dont les membres de cette famille étaient capables, il était surpris que l'assaillant n'ait pas encore été appréhendé. La seule raison qu'il pouvait envisager était que les ordres n'avaient pas encore donnés. Une position inconfortable mais que le leader pouvait parfaitement comprendre : il ne fallait pas griller sa couverture.
C'était la sienne qu'il risquait de griller, en agissant comme il l'avait fait. En ayant rejoint la belle et ses acolytes sur scène, en s'imposant comme un barrage entre elle et le tireur fou. Mais il se doutait bien que l'aspect Cyclops de sa vie n'était plus un secret pour elle depuis longtemps. Et il y avait cet os qu'il rongeait depuis trop longtemps. L'amertume, encore. Elle était revenue aussi brutalement que le besoin de s'assurer que Susan aille bien. Mais maintenant qu'elle était à côté de lui, belle comme toujours, il n'avait que la réalité humiliante en tête. Des semaines qu'elle l'évitait. Des semaines de silence où il avait tenté le premier pas, pour au final se retrouver en conversation avec un sinistre inconnu. S'il pouvait mettre la surprise qu'il venait de lire dans les grands yeux clairs sur le compte de la situation, il ne pouvait pas s'enlever les faits de la tête. Elle avait tout fait pour ne pas avoir à lui adresser la parole, purement et simplement.

Ce n'était pas le moment pour ce genre de conversation, Don le savait bien. Elle viendrait juste après, une fois que la situation serait moins critique. L'index sur la gâchette, prêt à assurer la défense de Susan et de ses musiciens, il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. Le troisième coup de feu avait retentit, occasionnant un sursaut de la part de la brune. La réplique acerbe à sa question le poussa dans un ricanement cynique :

-Probablement le tien, Love.

Il lui coula un clin d'oeil narquois. Ce genre de commentaire n'avait ni sa place ici, ni nulle part, et pourtant. Pourtant il était tombé comme un cheveu sur la soupe, écho de toute l'amertume qui s'était disséminée dans ses pensées depuis plusieurs semaines. Une réponse du tac au tac, acide, qu'il ne regretta pourtant pas. Susan n'avait aucun droit de le considérer comme un tombeur alors qu'il se trouvait lui-même sur le tableau de chasse de la belle. Une femme mariée, de surcroît. Considérant que l'hôpital se foutait bien de la charité et une autre remarque sur le bout de la langue, il se tourna vers elle. Remarqua les regards terrifiés des musiciens, derrière la beauté de la Juge, et se ravisa. Ils n'avaient pas besoin de laver leur linge sale devant eux. Une expiration rapide par le nez. Un hurlement retentit depuis la piste de danse. Les paroles de leur assaillant étaient incohérentes. Terrifiées. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un homme terrifié tenant une arme. S'échapper de la scène sans qu'il n'y ait la moindre perte dans leurs rangs était revenu au sommet de ses priorités. S'efforçant de faire le vide dans son esprit, il analysa de nouveau la situation. Les sorties n'étaient pas loin, mais elles impliquaient toutes qu'ils se trouve à découvert pendant une période trop longue à son goût. Même si la traversée ne prenait que quelques secondes, c'était avec un individu erratique et armé qui pouvait leur tirer dessus. Trop risqué.

Susan avait profité de sa concentration pour se décaler. Avait repris la parole, dans des termes bien moins provocateurs et bien plus concentrés sur la priorité. Il acquiesça en silence, jaugeant l'issue qu'elle proposait. En effet, la voix était relativement libre. Mais ils allaient devoir trouver une diversion s'ils voulaient être sûrs qu'elle le soit entièrement. Ou l'un des bras armés de Tina allait devoir être ladite diversion pour qu'ils puissent tous s'échapper en toute sécurité. Une sécurité que la brune semblait refuser, maintenant qu'elle s'était retirée de celle que lui proposait physiquement le Cyclops. Il sentit une main se glisser dans la sienne, ne bougea pas sur le moment. Fut contraint de la suivre, la poigne se raffermissant, signe qu'il n'avait de toutes façons pas d'autre choix. S'il voulait s'assurer qu'elle aille bien, il allait devoir se plier à ses caprices. Elle avait raison sur un point, la voie était assez libre pour qu'ils se faufilent jusqu'au comptoir. Mais les musiciens étaient encore terrés sur scène, immobilisés par les coups de feux, aussi effarés qu'une biche devant des phares. Il allait devoir revenir pour eux.

Un autre coup retentit alors qu'ils couraient se mettre à l'abri. Plus proche, beaucoup trop proche. Le Cyclops leva son arme par réflexe, se redressa, prêt à tirer en retour. Mais une poigne puissante s'empara de son épaule et le poussa en direction du comptoir. Perdant ses appuis, il acheva sa course derrière le bar. Pas de Susan. Son coeur tambourina dans contre sa cage thoracique, brassant la panique dans tout son système. Jusqu'à ce que le visage de la belle s'impose de nouveau dans son champ de vision et que le soulagement efface la frayeur temporaire. Se penchant dans sa direction, il chuchota furieusement :

-Ca va, mais putain, il aurait pu te plomber !

Il aurait dû se douter qu'elle ne l'écouterait pas. C'était même quelque chose sur laquelle il aurait pu miser, tant la belle avait un caractère bien trempé qu'il commençait à bien connaître. Mais de là à se dire qu'elle serait capable de se mettre entre lui et le tireur fou, il y avait tout un monde. Une de toutes ces preuves qui commençaient à dresser un portrait bien particulier de la Juge Love. Elle n'était pas faite du même bois que tous les autres magistrat, c'était un fait. Mais quelqu'un qui n'était pas parfaitement certain de pouvoir avoir une utilité ou une résistance en situation de danger imminent comme celle-là n'aurait jamais fait un geste pareil. Il allait avoir des questions à lui poser, quand ils seraient en sûreté. Dont la toute première, qui lui brûlait les lèvres :

-T'as pas été touchée ?

Il n'eut aucune réponse à cette question, le regard de Susan lui échappant déjà au profit de la piste de danse. Coula lui-même un regard sur la brune pour évaluer les potentiels dégâts et n'en vit aucun. Une vague de soulagement s'abattit sur ses nerfs à vif. Le geste était dangereux, mais n'avait fait aucune victime. Tant mieux. Son regard s'attarda un peu sur la robe, alors que Susan gigotait à côté de lui, visiblement entravée par le vêtement. Lui n'y voyait que des qualités mais il n'en dit rien, pas alors qu'elle exposait une partie de son plan. Les prunelles grises revinrent cueillir celles de glace, dubitatives. Marlon n'avait jamais mentionné la moindre session de tir, lors de leurs multiples conversations. Pire, il n'avait jamais entendu parler d'un grand-père passionné par les armes à feu. Mais il n'eut pas le temps de creuser cet aspect là de la vie des Love. Fit le visage de la belle s'approcher, sentit ses lèvres s'écraser contre les siennes dans un baiser lourd de promesses. Un feulement s'échappa malgré lui de sa gorge. Mais à la seconde où il sentit la caresse de doigts effleurant les siens, il se ressaisit aussitôt et affirma sa prise autour de son arme. Ne sut pas si c'était cette méfiance ou la belle qui rompit le baiser, mais regretta aussitôt qu'il soit aussi court. Les lèvres encore brûlantes par le contact, il croisa un sourire qui se voulait tout aussi aguicheur que l'étreinte. Siffla entre ses dents :

-Hors de question.

A quoi jouait-elle ? Tantôt elle jouait le rôle de la demoiselle en détresse ingénue, tantôt elle montrait qu'elle était parfaitement capable de gérer une situation aussi risquée que celle dans laquelle ils se trouvaient. Mais toute aussi forte qu'elle pouvait s'avérer, elle ne semblait pas consciente d'une chose. Personne, pas même Irish, ne pouvait toucher son arme. Et elle pourrait user de tous ses charmes, aujourd'hui ne serait pas le jour où une telle hérésie se produirait. Sans parler du fait qu'ils seraient plus en sécurité à deux que séparés. Elle avait beau prétendre l'ingénuité, elle avait beau avoir prouvé être bien plus capable de gérer les crises qu'elle n'y paraissait, le renard gris avait prévu de la protéger. De son côté, Tina avait sûrement déjà été prévenue du chaos entre ses murs. Avait probablement déjà donné ses ordres à l'heure qu'il était. Ce n'était qu'une question de temps, et s'il y avait bien une chose que le Cyclops savait, c'était que les décisions les plus fumeuses comme celle qu'elle lui proposait avaient toujours un prix élevé.
Et lui n'avait pas prévu de se faire canarder, juste sur un coup de tête.

-Je vais finir par croire que tu veux vraiment te débarrasser de moi, Love.

Un clin d'oeil sardonique, alors que l'amertume lui revenait sur le palais. A bien des égards, cette opportunité était idéale pour pouvoir se débarrasser d'un nuisible. Quoi de mieux que de le laisser courir au devant du danger ? Mais si tel était le cas, pourquoi avait-elle pris la peine de le pousser vers le comptoir ? Il ne la comprenait pas, et il n'y avait rien de plus irritant pour le Cyclops que les éclats de bravoure sur un terrain miné. C'était de cette manière que les nouvelles recrues se faisaient tuer, dans son corps de métier. Enroulant ses deux mains autour de la crosse de son arme, il se pencha à l'angle du comptoir. Aperçut la silhouette sombre de Sinclair deuxième du nom, qui approchait à pas de loup dans le dos du forcené. Il se surprit à reconnaître la même démarche mesurée, parfaitement maîtrisée, qu'il avait vue chez l'aîné des mois en arrière chez les McCready. Jaugea les gesticulations de leur assaillant d'un coup d'oeil, évaluant que les chances de Sinclair d'attaquer sans risque majeur étaient infimes dans la configuration actuelle. Il avait besoin d'une diversion. Mais tirer depuis le comptoir, c'était risquer d'attirer l'attention vers leur cachette. Il se tourna vers Susan, lui glissa rapidement :

-Sinclair est sur le coup, mais il a besoin d'un coup de main.

Faisant toujours attention de rester à couvert, il s'étira jusqu'à l'étagère murale où se trouvaient toutes les bouteilles. En attrapa une qu'il glissa entre les doigts de la belle et s'empara d'une autre, avant de revenir à côté d'elle.

-Il est derrière la rangée de table, à une heure. notre gars est à onze heures. A trois, on va jeter nos bouteilles à midi sans bouger d'ici. J'espère que ton grand-père t'a aussi appris le base-ball.

Un sourire plein de dents. La preuve qu'il avait du mal à gober l'histoire du grand-père, mais que c'était de bonne guerre. Encore une fois, ce n'était ni le lieu, ni le moment, mais la possibilité de jouer sur ce terrain était bien trop attirante pour ne pas en profiter. Un bref coup d'oeil à sa bouteille pour retenir le type d'alcool qu'elle contenait. Du gin. Il y avait ce pressentiment, à l'arrière de toutes ses pensées. Celui qui lui dictait qu'il pourrait être judicieux de guetter où la bouteille de Susan, un sherry, pouvait bien tomber, une fois l'individu appréhendé. Il n'était pas l'homme le plus fort de la pièce, mais se débrouillait suffisamment pour savoir qu'il avait un bon lancer. Si l'odeur du sherry était bien plus loin que celle du gin, il n'aurait aucun mal à conclure qu'elle était plus puissante qu'elle ne le laissait entendre.
Soubresaut des sourcils pour lui donner le signal, il affirma sa prise autour du goulot de sa bouteille. Et commença le décompte.




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Susan Love
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    Probablement le tien, Love.

    Il avait raison, et pourtant, Susan n'eut qu'une envie : le jeter devant le tireur et le laisser se faire plomber comme un volatile en temps de chasse. La situation était trop désespérée pour qu'elle ne réplique, préférant laisser couler ; elle n'oubliait pas pour autant. La présence des musiciens acculés dans un coin de la scène était plus importante que leurs sempiternelles querelles. Ils devaient trouver un moyen de neutraliser l'assaillant pour qu'ils puissent quitter leur cachette de fortune au plus tôt. S'ils voulaient être efficaces, les deux rivaux devaient alors faire équipe, et Susan n'en avait que trop conscience. Elle pourrait mettre ses choix à venir sur le dos de cette coopération forcée et malheureuse, peut-être qu'ainsi, elle n'aurait pas tant à se mortifier d'avoir aidé l'ennemi du mieux qu'elle le pouvait. C'était ce qu'elle avait fait en poussant l'avocat derrière le comptoir alors que la balle filait dans les airs, près d'eux. Elle se moquait de la colère qu'elle lisait dans son regard, n'avait que faire de cet air qu'il lui offrait contre des décisions prisent sans l'avoir consulté au préalable. Ca va, mais putain, il aurait pu te plomber ! « — Et ? Tu tiens tant que ça à le faire toi-même ? » Elle ne l'écoutait déjà plus. L'esprit perdu tout autour d'eux, à trouver une solution à leur malheur, à chercher comment tirer profit de certains objets autour d'eux, ou de la disposition de la salle elle-même. Retrouver Tina pour l'informer du carnage et la laisser prendre les décisions était la meilleure chose à faire selon elle, mais pour cela, Don devait l'écouter et faire ce qu'elle lui demandait. Le baiser et l'étalage de son plan ne suffirent pas à lui faire entendre raison.

    Hors de question.

    Susan sentit un grognement dans sa gorge, masqua sa frustration par un pincement de lèvres. Les dents légèrement serrées, elle murmura un presque inaudible : une meilleure idée, peut-être ? Mais ce fut sa réflexion à lui qui prédomina. Le regard de Susan resté sur l'avocat, essayant de déceler dans le ton de sa voix s'il plaisantait réellement, ou non. Je vais finir par croire que tu veux vraiment te débarrasser de moi, Love. Ils savaient tous deux combien l'opportunité était en or. Ils n'avaient qu'à mettre l'autre en danger, volontairement. La mort ne serait qu'un accident, le clan adverse ne connaîtrait jamais les circonstances du drame. Est-ce que Darius serait fier d'elle si elle parvenait à se débarrasser d'un haut placé sans être dans leur ligne de mire ? Certainement. Et pourtant, au lieu de trouver un moyen de le mettre sous le feu des balles, de simplement le pousser face aux balles, elle s'agenouilla près de lui et attendit de voir ce qu'il constatait de la situation pour trouver un plan d'attaque.

    Elle hocha la tête en l'entendant prononcer le nom de Sinclair, sachant bien qu'il serait présent pour aider ; Tina s'assurait toujours d'avoir un de ses préférés dans la salle lors de chaque représentation en cas de problème. Susan n'était donc jamais surprise de voir le mixologue, le bras droit ou toute personne au plus haut dans son cercle de confiance. Elle forma un rond avec sa bouche en le voyant s'emparer d'une bouteille d'alcool pour lui tenir ; des interrogations plein les yeux, mais incapable de trop en demander, par manque de temps. Elle se contenta de le questionner d'un regard en attendant son explication. Le visage fermé, ses lèvres formant maintenant une ligne parfaitement droite, elle hocha la tête en l'écoutant ; l'idée n'était pas mauvaise, après tout. J'espère que ton grand-père t'a aussi appris le base-ball. Ne sachant que répondre, elle se contenta de sourire sans s'en empêcher et de porter un poing contre l'épaule de Mattheson pour le punir de sa remarque. « — Asshole. » Elle essaya de recouvrer son sérieux, mais ne put effacer le rictus amusé du coin de ses lèvres. La main serrée autour de la bouteille, elle attendit la fin du décompte et se redressa en lançant l'objet où l'avait indiqué l'avocat.
    Les doigts glissèrent légèrement à cause de l'alcool qui avait coulé autour de la bouteille, l'empêchant de saisir convenablement sa poigne. Elle donna de la force dans son geste mais ne put que voir la bouteille faire un misérable vol et s'écraser à peine quelques mètres devant eux. Elle grimaça et se tourna vers Mattheson en essayant de masquer sa stupeur. « — Merde, j'ai pas fait exprès, elle m'a glissé des mains ! » La bouteille s'était étalée entre le bar et le tireur, attirant l'attention de l'homme vers eux. Elle espéra que Don ne pense pas qu'elle avait calculé son coup afin de les mettre en danger, pour mieux le pousser sous les roues ensuite. Elle se baissa en plissant les yeux, déçue d'elle-même ; cette déception se lisait sur ses traits, elle qui était si habituée à réussir ce qu'elle entreprenait.

    Le lancer de Susan ayant alerté l'homme avant celui de Don à cause de sa portée ridicule, le tireur avait eu le temps de se tourner à temps pour ne pas être surpris par le mixologue, Enoch forcé de trouver de nouvelles manœuvres pour s'approcher de la cible sans être visé. La chanteuse avait empiré la situation, sans le vouloir, par une maladresse qu'elle voulait feindre au début, mais qui l'avait gagné sans qu'elle ne le veuille. Elle se jura de ne rien en révéler à Darius, trop honteuse pour même affronter le regard de l'homme près d'elle. L'homme avait alors quitté son poste pour filer vers eux, comme visant une force invisible qui devait le narguer juste derrière leur présence. Susan resta à couvert un moment, réfléchissant à une stratégie pour s'échapper de cette situation épineuse, sans compter de blessé autre que l'assaillant.
    Elle jeta un regard à Don pour vérifier qu'il ne fasse rien d'inconscient et attendit de voir l'ombre de l'individu arriver pour attraper le pied d'un tabouret. La main serrée autour du bois, elle leva la seconde pour faire signe à l'avocat qu'il ne devait pas bouger, lui faire confiance. Lorsqu'il apparut enfin, arme levée, Susan leva le tabouret au-dessus de sa tête et le balança avec force contre l'homme armé. Il n'eut pas le temps de laisser partir la balle, le meuble s'écrasant sur lui dans un bruit sourd. Il lâcha l'arme qui glissa au loin ; Susan allait se jeter sur l'individu, mais ne réagit pas en voyant que Sinclair s'en chargeait déjà. Elle fit alors quelques pas vers l'arme tombée au sol et l'attrapa dans sa main en soupirant de soulagement, voyant dans sa vision périphérique le reste de ses musiciens sortir de sa cachette.

    Elle n'avait pas entendu de balle filer, mais la pression entre ses oreilles avait pu l'égarer assez pour ne pas entendre la déflagration. Elle revint alors vers l'avocat, l'arme à la main et posa des doigts contre son bras pour l'analyser des pieds à la tête : « — Rien de cassé ? Désolée pour tout à l'heure, j'ai ... j'ai merdé. » Elle avait eu quelque chose à prouver après l'échec, un pincement dans l'égo et dans sa légitimité à tenir la place qu'elle avait à la ferme. Elle ne s'était servi d'aucune arme, n'avait fait qu'agir comme n'importe qui l'aurait fait à sa place, peut-être que Mattheson n'aurait pas trop de questions à poser ainsi. Pourtant, même à la lumière de ces événements, Susan ne songeait pas à cela, elle ne se posait pas de questions concernant sa couverture, se contentait de vérifier si l'ennemi allait bien. Elle allait reprendre la parole pour lui signifier qu'ils avaient de la chance d'être en vie, que peut-être, il pouvait arrêter de jouer au con et lui dire pourquoi il semblait tant lui en vouloir. Susan tenait à savoir d'où venait la lueur si pincée du regard qu'il avait posé sur elle dès son arrivée.
    La bouche ouverte, les paroles ne vinrent pas ; à la place, un cri lui échappa alors qu'une forme se matérialisa de l'autre côté du bar. Une apparition cauchemardesque, aux traits inhumains, qui s'empara d'un débris du tabouret au sol, pour le lancer à toute vitesse vers le duo. « — Don ! »



BABY YOU'RE MY FLAME
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Don Mattheson
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Il lui en voulait, c'était un fait. A un degré qu'il n'avait lui-même pas anticipé. Des semaines de silence, des semaines à courir après la belle sans jamais réussir à en voir l'ombre. Comme si elle l'évitait. Comme s'il ne méritait pas de respirer le même air qu'elle. C'étaient les nerfs et l'amertume qui s'étaient exprimés à travers les lèvres du renard gris, bien plus que l'urgence dans laquelle ils étaient plongés tous les deux. Des piques enfantines, adolescentes. Uniquement pour but de provoquer une réaction chez la brune, d'attiser une potentielle colère. Quelle que soit la réaction, aussi négative qu'elle pourrait l'être, c'était toujours préférable au silence obstiné qui avait rythmé ces dernières semaines. Une routine qu'ils connaissaient bien, qui les renvoyait bien des années en arrière, tous les deux. Quand Susan était plus distante et que Don était bien plus con, qu'ils cherchaient tous les deux à attiser le feu pour obtenir un soupçon d'attention. Force était de constater qu'un chouia de difficulté le renvoyait dans ses vieux travers. Il y avait quelque chose de réconfortant, dans les vieilles habitudes, pour le renard gris.
Il y eut quelque chose de réconfortant, dans la manière dont le poing de Susan acheva sa course sur son épaule. Un coup qui n'était pas aussi agressif qu'il l'aurait pu, suivi d'une invective qui était plus amusée que colérique. Il se retourna vers sa partenaire de galère, croisa l'étincelle dans ses yeux clairs. Retrouva cette Susan qu'il avait appris à connaître, capable du pire comme du meilleur. Cette connivence qu'ils s'étaient construite sur de faux prétextes, et qui lui avait tant manquée pendant des semaines. L'amertume s'effaça temporairement, au profit d'un sourire de travers. Un peu crâne, un peu bancal. Mais satisfait par celui qui lui était adressé.

L'idée n'était pas mauvaise. Sinclair avait besoin d'une diversion et ils avaient tous les deux les moyens de la lui donner. L'exécution en revanche fut désastreuse. Si les deux bouteilles volèrent par dessus le bar, seulement une atteint son but initial. Le bruit de celle de Susan s'écrasant lamentablement devant leur cachette écarquilla subitement les yeux du Cyclops. Il se tourna instantanément vers elle, chuchota un bref et agacé :

-Sérieusement ?!

Est-ce qu'elle se foutait de lui, avec un lancer pareil ? Ou pire, est-ce qu'elle voulait vraiment attirer l'attention vers eux ? Il ne s'était pas douté une seconde de la capacité de la jeune femme à exécuter un lancer à peu près correct. Mais c'était sans compter la possibilité qu'elle veuille volontairement saboter leur sécurité. Après tout, la situation était idéale pour qui souhaiterait se débarrasser d'un ennemi. Un accident était si vite arrivé. Le sang cognait contre la tempe du Cyclops, son attention maintenant entièrement tournée vers la brune à côté de lui. Si elle avait fait partie du gang, la sentence aurait été vite trouvée. Mais il ne put ignorer la culpabilité sur les traits de Susan. Ne put que réaliser que c'était un échec, oui, mais qu'elle s'en voulait au moins autant que lui. Serrant ses mâchoires sur l'intérieur de sa joue, il n'en dit rien de plus. Souffla par le nez et resserra ses mains autour de la crosse de son pistolet, une déception profonde parfaitement lisible sur ses traits. Ils n'avaient pas le temps de tergiverser à propos de cet échec. Le tireur savait qu'ils étaient là, et, s'il fallait les couvrir, il fallait qu'il soit prêt. Surtout que l'homme se précipitait maintenant dans leur direction.
Du mouvement, à côté de lui. Il aperçut la main de Susan passer devant lui pour attraper le pied d'un tabouret, suivit le mouvement de la tête pour la voir lever sa main libre dans sa direction. Une vague d'adrénaline dans le système, il ouvrit les lèvres pour l'intimer d'arrêter une bonne fois pour toutes les conneries. N'en eut pas le temps, la jeune femme projetant déjà le tabouret dans les airs. Un tir d'une puissance à des lieues du premier. Qui s'acheva dans un bruit sourd contre le tireur fou. Homme, arme et tabouret s'échouèrent immédiatement au sol, sous le regard médusé du Cyclops. Avec une rapidité insoupçonnée, la belle se jeta en avant pour s'emparer du pistolet de leur assaillant. Les yeux gris la suivirent, perplexes. Quelque part dans son champ de vision, la silhouette sombre de Sinclair achevait le travail. Mais Don, lui, était incapable de voir autre chose que celle qui venait de tous les sauver. Coup de la providence, poussée d'adrénaline, ou autre chose ? Il ne savait pas à quoi attribuer ce soudain regain de maîtrise, de la part de la jeune femme. Tout ce qu'il savait c'était que ce coup d'éclat leur avait sauvé la mise et que, si elle n'avait pas jeté ce maudit tabouret, l'issue de toute cette soirée aurait probablement été bien moins engageante qu'à présent.

Restait que les pensées s'entrechoquaient sous les mèches grises. Les éclats de bravoure comme ceux-là avaient un coût, il ne le savait que trop. Se demandait déjà si c'était une revanche sur le mauvais lancer, quelques minutes plus tôt, et si ce dernier n'était finalement pas légèrement volontaire. Mais il ne pouvait pas exclure le fait que le besoin de prendre une revanche sur l'échec critique, lié avec la nécessité de survivre, soit la raison la plus logique à un tel regain de force. Quel que soit l'angle par lequel il prenait la situation, il ne pouvait que concéder quelque chose : il était admiratif. Et reconnaissant. Et passablement agacé, aussi. Susan revint à côté de lui alors qu'il se redressait ; glissa des doigts contre son bras, qui lui firent l'effet d'un courant électrique le long de la peau. Malgré son agacement, les prunelles grises filèrent sur la belle pour s'assurer qu'elle n'ait rien. Elle semblait s'en être sortie dans le même état relatif que lui. Une vague de soulagement, au creux de la poitrine. Des excuses tombèrent, et, si elles n'avaient pas paru aussi sincères, il aurait sûrement ricané. Mais pas cette fois.

-Tu l'as eu, c'est ça qui compte.

Ses doigts vinrent chercher ceux de sa partenaire pour les presser doucement tout en les retirant de leur bras. Un clin d'oeil coulé à son adresse. Sa manière à lui de proposer une trève dans leurs échanges, tout en reconnaissant qu'elle leur avait sauvé la mise. Pas que l'échec d'avant soit entièrement pardonné, non. Mais s'il y avait bien une chose qu'elle venait de prouver, c'était qu'il s'agissait bien d'une erreur, et pas d'une supercherie. C'était amplement suffisant pour le Cyclops. Il jeta un bref coup d'œil à Sinclair, aux prises avec sa proie. Quels que soient les ordres de Tina, il ne donnait pas cher de sa peau.

Ce fut le hurlement de Susan qui le fit se retourner. Trop tard. Il eut tout juste le temps de se retourner que quelque chose de solide heurtait sa mâchoire. La violence de l'impact le fit partir en avant, la terre ferme se déroba sous ses pieds. Sonné, il entendit tout juste le rebond métallique de son pistolet sur le sol. Quoi qu'il se passait, c'était dans son dos. Les néons du bar grésillaient, tout autour de lui. Mais plus que sa survie, une pensée s'imposa comme une évidence sous ses mèches grises. Susan. Encore sonné, il s'appuya difficilement sur le rebord du bar. Les bouteilles qui flanquaient sur le mur basculaient sur leurs étagères, comme prises dans une danse de plus en plus folle. Une masse lumineuse grise, vaguement humaine et aux traits difformes les attendait à l'autre bout du bar. Serrés en étau entre elle et le bar, ils ne risquaient pas d'aller bien loin. Et Susan était au milieu de tout ça. Des bouteilles et des tabourets qui commençaient à s'élever dans les airs, de la forme grisâtre qui ne pouvait être qu'un ectoplasme. D'une impulsion il attrapa le bras de la Juge. La tira brutalement contre lui et, profitant de sa perte d'équilibre, la poussa de son poids à se recroqueviller à l'angle du comptoir. Il eut tout juste le temps de se presser contre son dos que le sien était percuté par une multitude d'objets propulsés à pleine vitesse. La douleur de chaque impact provoqua des nuées de filaments dorés, tout autour de Susan. Une série de coups interminables, et ses bras qui se resserraient autour de la juge un peu plus fort pour l'empêcher de faire n'importe quoi. Mâchoires serrées autour de trois mots :

-Un... Putain... d'Ectoplasme... !

Il en avait vus quelques uns, dans sa carrière. Avait entendu tous les conseils prodigués par Morris, avait reçu et répété tous les sermons de ce dernier à leur sujet. Ils étaient cette force de la nature immuable et exploitable que les Cyclops se devaient d'apprendre à maîtriser. Mommy pourrait aider. Si seulement elle était là. Encaissant une nouvelle vague d'impacts, il tenta de se concentrer. Marmonna la formule qui permettait d'entrer en contact avec les siens, chercha la signature de Mommy à travers les limbes télépathiques. Mais chaque impact dans son dos, chaque saillie de douleur, empêchait la moindre concentration. Ils allaient devoir faire différemment. Et rapidement.

-Du fer, ils sont sensibles au fer.

La présence du spectre, derrière eux, s'intensifiait. Dégageait un souffle froid dans son dos, contre sa nuque, là où sa peau n'était pas brûlée par les différents coups qu'elle avait reçus. Il se sentait plus faible à chaque impact, les bras bien moins assurés autour de Susan à mesure que ses résistances encaissaient l'assaut. Rassemblant son souffle, il beugla "SINCLAIR !". Il connaissait la Garde de l'Aurore. Leurs croyances, leurs rituels. Ou, au mieux, ils pourraient s'en sortir avec une nouvelle diversion. Mais est-ce que c'était vraiment possible, au fond ? Le souffle froid s'accentua, dans sa nuque. Comme si des doigts glacés s'étaient glissés le long de ses cheveux pour s'enfoncer sous le col de sa chemise, se lovant dans une étreinte confortable de chaque côté de son cou. A quoi bon lutter, au fond ? Ce n'était pas comme s'ils n'allaient pas tous finir par crever un jour ou l'autre. Ses bras tombèrent, de chaque côté de Susan. A quoi bon continuer alors que les amis étaient toujours des ennemis ? Ce n'était pas comme si la jeune femme était différente.
Après tout, elle avait bien passé des semaines sans lui adresser la parole.
Après tout, l'instant présent était le moment idéal pour se débarrasser d'un nuisible. Les serres gelées, lovées dans sa nuque, s'enfoncèrent davantage dans sa peau. Une étreinte qui finalement n'était pas si désagréable. Forces amoindries, il les rassembla tout de même pour se redresser. Libéra totalement sa protégée, déjà incapable d'en faire plus. Un souffle frais caressa l'arrière de sa tête.

-Susie ? Vise la tête.

Un conseil pour la chose aussi bien que pour lui-même, d'une voix blanche. Aussi blanche que la présence qui surplombait à présent son dos, et que l'énorme luminaire qui tournoyait à présent dans les airs, entre Don et l'ectoplasme.




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    Elle aurait aimé profiter de l'instant, prendre le temps d'apprécier la sensation des doigts de son ennemi contre les siens. L'individu neutralisé par un des gardiens de ce temple qu'était le club Tartarus, ils auraient peut-être enfin le temps de discuter, de parler de cet agacement interminable qu'elle sentait poindre vers elle depuis un moment déjà. Tu l'as eu, c'est ça qui compte. Les planètes étaient enfin alignées convenablement pour eux, tous les astres donnant un accord collectif concernant les événements à venir. Mattheson n'avait pas l'air de lui en vouloir pour son échec, du moins, il ne lui en voulait pas autant qu'elle l'aurait cru ; probablement que sa maîtrise de la situation qui était survenue ensuite avait apaisé sa colère. Le contrôle était revenu entre leurs mains, plus précisément entre celles du mixologue, et Tina devait avoir donné les ordres nécessaires. La juge recevrait certainement un message pour prendre des nouvelles, sûrement que la tenancière irait jusqu'à lui donner un coup de fil pour s'assurer de sa survie ; profiter de l'occasion pour lui organiser un nouveau passage pour qu'elle fasse entendre sa voix, mais rien de ces affaires n'était pressant.
    Le mouvement derrière le comptoir, d'une tache difforme et menaçante, fit voler ces prévisions en éclat. Le cri que proféra la jeune femme ne suffit pas à éviter la catastrophe et elle ne put rien faire en voyant le projectile percuter l'avocat de plein fouet. Elle resta tétanisée quelques secondes, plus inquiète par le choc qu'avait enduré Don que vraiment par la peur de l'apparition. Le regard perdu, elle se laissa faire en sentant des doigts agripper son bras pour la faire se baisser. Elle ne comprit qu'en entendant le vacarme à l'entour et sentant des débris voler autour d'eux, que Don était en train de la protéger, en faisant barrage entre elle et le danger. Son premier réflexe fut de vouloir l'aider, de ne pas le laisser se faire tant de mal quand elle pouvait mieux encaisser et guérir des assauts de l'ectoplasme ; mais à en juger par l'attitude de l'homme depuis le début de l'attaque et la manière qu'il avait eue de se placer contre elle malgré le coup fraîchement reçu, elle savait qu'il ne la laisserait pas faire. Au final, si elle essayait de le protéger, il ne ferait que se blesser en voulant la mettre à l'abri. Elle essaya de ne pas se formaliser de cette réalité, comme s'il n'avait écouté que son courage et non son cœur, et qu'il aurait agi ainsi avec n'importe quelle autre personne présente près de lui.

    Elle resta sagement à sa place, se protégeant des projectiles qui se brisaient contre Don avait de rebondir autour d'eux, prête à bondir une fois que les choses se seraient calmées. Les bras se serraient de plus en plus autour d'elle, au point qu'elle eut l'impression de sentir le palpitant de son sauveur tambouriner contre son dos. La présence du motard derrière elle était rassurante, apportait une constante dans son courage ; elle n'aurait sûrement pas été la même aux côtés d'un autre. Les yeux fermés, elle serra les dents pour se retenir d'intervenir, ne put que cracher entre ses dents un sincère : « — Désolée. » Elle l'était, pour tout. Elle était désolée de le savoir ainsi, souffrant pour la protéger, pour une raison qui lui échappait. Il ne lui devait rien, et pire encore, il aurait pu profiter de l'instant pour se débarrasser d'elle, pour mettre en branle un plan la visant directement.
    Les yeux ouverts de nouveau, elle se mit à chercher autour d'elle un élément capable de les sortir de cette situation. Elle ne pouvait pas bouger, mais un simple mouvement de la tête lui avait donné la réponse qu'elle cherchait. Une petite cave à vins se trouvait près du bar, installation comportant de longues tiges en fer pour servir de support aux différentes bouteilles. Elle tendit alors le bras de côté pour s'en emparer et tirer dessus en laissant le peu de bouteilles restantes tomber au sol dans un fracas que nul n'entendit dans cette configuration. La prise de Don était de plus en plus molle autour d'elle, ce qui l'inquiéta alors qu'elle serrait la bar de fer dans sa main. Elle ne resterait pas ainsi sans rien faire ; ça ne lui ressemblait pas.

    L'arme de fortune – mais supposément efficace – bien en main, elle attendit que Don lui donne le feu vert avant de faire quoi que ce soit, ne souhaitant pas le blesser en essayant de les sortir d'affaire. Le signal, elle l'entendit en sentant les bras autour d'elle la lâcher totalement. Elle fit volteface en brandissant l'outil au-dessus de sa tête et asséna un puissant coup dans les airs, visant directement la tête de l'esprit qui semblait avoir pris Don pour cible. Elle réussit son coup et soupira en voyant l'apparition s'évaporer, laissant s'écraser au sol tout ce qu'elle avait fait léviter jusque-là. Un silence lourd s'affaissa sur eux, comme si toute crainte était derrière eux, à présent. La barre de fer tombée au sol, près des autres débris en tout genre, Susan se baissa rapidement. Elle attira son compagnon vers elle, plaçant ses deux mains de part et d'autre de son visage pour le regarder droit dans les yeux. « — Ça va ? C'est fini, il est plus là. » Elle relâcha son visage et se mit à genoux pour être à sa hauteur et essayer de voir quelles blessures pouvaient être fatales. À première vue, aucune n'était vraiment inquiétante ; ce qui l'était en revanche, c'était le regard qu'elle avait reçu en plongeant dans les yeux de l'homme. Elle ne s'y était pas attendu malgré la situation, n'avait pas imaginé l'ampleur de ce qui pouvait bouleverser l'avocat. Elle ne pouvait toujours pas comprendre, mais pouvait essayer d'aider.
    Les doigts chargés d'une grande tendresse afin de ne rien aggraver, elle tâta quelques endroits sur le corps du blessé pour essayer de comprendre où il avait besoin de soin ; étudiant le visage de ce dernier pour prendre les réponses qu'il lui fallait. Plus de peur que de mal en apparence, la juge ne constatant du désordre que dans le dos de son compagnon, et plus insidieusement dans ses yeux chargés d'une mélancolie qu'elle ne lui connaissait pas. « — Pourquoi t'as fait ça ? T'aurais pu te faire tuer... » Don semblant ne pas être en état de s'opposer à ses décisions, elle attrapa une bouteille d'alcool qui n'avait pas été abîmée durant l'attaque et aida le motard à se remettre sur ses pieds pour la suivre. « — Il faut se mettre en sécurité, au cas où, suis-moi. » Elle garda un bras autour des hanches de son camarade, bien qu'il soit capable de marcher seul, plus pour le guider qu'autre chose. Elle le sentait si faible contre elle, comme s'il avait été vidé d'une énergie plus importante encore que celle du corps. Lorsqu'ils arrivèrent à la sortie du club, Susan s'arrêta et lâcha le motard en levant un doigt. « — Je reviens, bouge pas. » Elle se précipita de nouveau au milieu de la salle, échangeant seulement quelques mots avec Enoch pour s'assurer que Tina soit prévenue, puis alla vers un point précis, un point qu'ils ne pouvaient abandonner.

    Les talons claquant contre le sol et les débris de verre, Susan finit par revenir vers le blessé en hâtant le pas, après avoir récupéré l'objet qui l'avait forcée à faire demi-tour. Elle se planta en face de Mattheson et lui déposa son Stetson sur la tête, en habillant ses lèvres d'un sourire à la fois timide et satisfait. « — Toujours aussi ridicule, mais hors de question de l'abandonner. » Elle lui fit un clin d'œil et passa son bras sous celui de l'homme pour le guider de nouveau, le laisser se reposer sur elle au besoin. Ils devaient trouver un endroit sûr pour qu'il prenne du repos, qu'elle regarde les brûlures de son dos et qu'ils se remettent de cette expérience. Il était hors de question de l'amener à la ferme, pour des raisons évidentes ; mais elle ne pouvait pas, non plus, l'amener chez elle. Morgan était présent, elle ne voulait pas avoir à s'expliquer avec lui concernant Don, surtout pas dans l'état de ce dernier. Elle pensa alors à contacter Ari, lui demander un bout de canapé le temps de reprendre ses esprits, mais avait peur de confronter l'avocat face au fiancé de son ami. Il n'était peut-être pas bon d'ajouter un flic à l'équation, bien que les deux hommes se connaissent déjà, ils risquaient de trop en dire dans leurs états. « — Tu habites où ? » C'était la seule solution, Susan n'en voyait pas d'autre. Appeler Marlon lui avait traversé l'esprit, mais elle ne souhaitait pas le mêler à leurs affaires, surtout pas dans une soirée comme celle-ci. « — Je peux prendre une chambre d'hôtel, si tu préfères. »



BABY YOU'RE MY FLAME
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Don Mattheson
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please don't stop the music
Vise la tête. L'écho de sa voix résonnait encore contre ses tympans, vide, dénuée du moindre éclat de vie. Comme si une autre personne que lui-même avait prononcé des mots qui l'avaient frappé en plein coeur, pour peu qu'il en ait resté un quelque part dans sa carcasse. La douce étreinte d'une mort qui s'annonçait et ce conseil, plus qu'un ordre. Presque une supplique, prononcée par sa propre voix. Il l'avait espéré, qu'elle vise la tête. Ce n'était pas tant pour l'autre, après tout la menace n'était, comme toutes les autres, que temporaire. Il y avait l'ectoplasme, c'était sûr. Mais il y en avait tant d'autres. Les ennemis du tribunal. Ceux du gang. Les flics, les gangs ennemis, les créatures surnaturelles. Irish. Les Wendigos. Susan, qu'il avait cru voir s'agiter quelque part dans le brouillard, sans trouver le moindre réconfort à ses mouvements. Perdu dans la brume de ses propres erreurs, chacune d'entre elle revenant lui éclater en pleine figure. Est-ce qu'elle n'aurait pas mieux fait de viser la sienne, de tête ? Après tout, ils étaient ennemis. Mortels, comme l'avait si souvent répété le vieux Morris. Il n'était personne pour accuser qui que ce soit sans preuves, mais le doute étant permis, la présomption d'innocence s'était envolée depuis longtemps du vocabulaire d'Old Boy. Elle n'avait jamais prouvé complètement ne pas faire partie de l'autre camp. Et pourtant, c'était entre ses jolis doigts qu'Old Boy avait remis son destin.
Susan était bien la seule qui pouvait avoir ce droit. Rien de mieux qu'une Juge, la seule qu'il ait jamais réellement estimée, pour prendre une décision de vie ou de mort sur celui qu'on appelait Old Boy.

Elle avait porté un coup, mais elle n'avait pas visé sa tête. Il l'avait vue, du coin de la mort, du coin de la vie, peut-être de l'oeil, il n'en savait rien. Trop enfoncé dans le marasme de ses émotions pour définir clairement tout ce qu'il se passait, trop épuisé pour faire autre chose que se laisser retomber lourdement sur ses genoux. Trop mal dans le corps, dans le coeur, au fond de l'âme pour réaliser que le danger n'était plus qu'une arrière pensée. Morris avait raison. Il avait toujours eu raison. Il était trop fragile pour cet univers, avec sa carrure fine et ses grandes idées. Tôt ou tard, il finirait par se faire bouffer par ce monde. Celui où tout le monde tournerait le regard vers lui pour savoir quelle serait la prochaine étape dans leurs plans, où tous se reposeraient sur lui alors que le moindre coup de vent serait suffisant pour qu'Old Boy plie, fétu de paille soumis aux vicissitudes du monde. Tu tiendras jusqu'à te briser, p'tit con. Un frisson le long de ses membres déjà gelés, alors que le rire rauque de Morris retentissait à ses oreilles. S'il posa un regard vitreux, confus, dans les prunelles claires de Susan, il ne s'en rendit pas même compte. Ne croisa d'elle que cette infâme et cruelle réalité que la seule femme qui ait réellement compté dans sa vie était la seule qu'il ne pourrait jamais avoir. Ce n'était pas qu'une question de volonté, pas même une question de compatibilité. C'était leur nature. Un sanglot s'étouffa dans sa gorge. Incapable de répondre, trop mal pour réagir. Il se laissa déplacer sans opposer la moindre résistance, l'impression que chaque pas le briserait un peu plus.
A bien des égards, elle aurait mieux fait de viser la tête. Une exécution nette et sans bavure, comme on achèverait une bête.
On lui avait souvent répété, qu'il n'était que ça. Un animal. Moins qu'un homme, toute sa vie. Depuis aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais été suffisant. Jamais suffisamment d'un homme pour la moindre relation, jamais suffisamment d'un humain pour le reste des siens. Il était un concept qu'on chuchotait dans les couloirs, il incarnait ce qu'on attendait de lui mais jamais ce qu'il était réellement. Un animal, qu'on le qualifiait, sourire ironique aux lèvres. Les noms s'étaient enchaînés, plus ou moins affectueux, plus ou moins blessants. Don était ce porc, dans la bouche de ses conquêtes. Ce requin, dans celle de ses collègues au tribunal. Ce cafard, dans celle de ses ennemis. Ce chien, dans celle des membres du gang. Un nuisible, partout où il allait. Un animal galeux, partout où il était. Elle aurait dû l'abattre, comme la bête qu'il avait toujours été. La conclusion logique à tout ce que cette relation ne serait jamais.

Tremblant comme une feuille, Don ne sentait pourtant plus la moindre douleur. Trop enfoncé au fond de ce puit de noirceur dans lequel l'étreinte du spectre l'avait plongé pour ressentir quoi que ce soit d'autre. Il ne répondit pas à Susan. Aurait pu se briser sur le moindre mot. Se laissa porter sans la moindre résistance, avec juste une envie : que tout s'arrête enfin. Qu'elle l'achève ou qu'elle l'abandonne, mais que toute cette compassion dont elle faisait preuve cesse de se heurter au chaos qui sourdait sous ses mèches grises. De tout temps, à chaque fois que les cordes qui entravaient ses pieds l'entraînaient par le fond et le noyaient dans sa propre culpabilité, il se démerdait tout seul. Animal toujours, habitué à se réfugier dans les profondeurs d'une bouteille, là où personne ne pourrait le voir, pour lécher ses blessures. Mais il n'avait pas la force de la repousser, cette fois-ci. Se laissa entraîner hors du Tartarus et ne réalisa que bien plus tard qu'ils étaient sortis. Chaque geste, chaque attention de Susan lui rappelait à quel point il ne méritait rien de toute cela. Elle était son ennemie, pourquoi est-ce qu'elle en faisait autant ? Pourquoi est-ce qu'elle ne comprenait pas qu'il était dans l'intérêt de tous qu'elle finisse le boulot une bonne fois pour toutes ? Mais elle s'acharnait. Chaque geste poussant davantage la culpabilité à le mordre jusqu'au sang, n'épargnant rien sur son passage.

Jusqu'à ce qu'enfin, elle parte. Jusqu'à ce qu'enfin, elle le laisse seul, dans ce parking si vide, dans cette nuit si noire. La foule avait fui depuis bien longtemps le périmètre, chassant le danger à coups d'accélérateur et de klaxons. Don ne sut pas si c'était la solitude, la brise glaciale ou la noirceur de la nuit qui fit enfin monter les larmes dans ses yeux. S'y laissa briser, retrouvant enfin cet inconfort du vide qui l'avait toujours accueilli quand il en avait besoin. Il n'allait pas bien. Cela faisait des années qu'il n'allait pas bien. Des années qu'il n'avait pas pleuré comme ça, s'enfonçant dans une bouteille pour ne pas se sentir si petit devant l'immensité du monde. Mais, quand il perçut du bruit dans son dos, il écrasa rapidement ses larmes de gosses pour enfiler de nouveau le masque de l'adulte. Elle était là, la raison de ces années sans rien laisser filer. Les autres.
Une autre. Susan, revenue envahir son champ de vision, et les prunelles grises, encore pleines du désarroi qu'elles n'avaient pas encore achevé de relâcher, qui dardèrent un pourquoi ? silencieux dans ses yeux clairs. Susan, qui enfonçait le Stetson blanc sur ses mèches grises. Sans réaliser qu'en un geste, c'était le masque de l'adulte tout entier qu'elle lui faisait enfiler.  
Elle parla, il ne répondit pas. Elle passa un bras sous ceux du motard, et il se laissa faire, encore une fois. Sans comprendre pourquoi elle faisait tout ça. Sans vouloir qu'elle en fasse autant.

-Laisse-moi...

Trop faible, un filet de souffle entre les lèvres. Son corps qui était incapable de réagir, maintenant que le retour de Susan et l'air frais commençaient à faire revenir doucement les sensations dans ses membres. Son dos maltraité s'indignait un peu plus à chaque inspiration. Et s'il s'était laissé aller quelques instants plus tôt, reprendre progressivement contrôle sur son corps lui rappelait à quel point les larmes nichées dans ses yeux n'auraient pas besoin de beaucoup pour couler de nouveau. Il s'était toujours imposé de ne jamais les laisser voir. Une preuve de faiblesse contre laquelle Morris l'avait toujours mis en garde. A juste titre. Old Boy n'avait pas toujours écouté le vieux, mais pour ça, il était prêt à appliquer ses conseils à la lettre. Susan, elle, n'était au courant de rien de tout ça. Suivait son bonhomme de chemin, l'entraînait comme s'il n'avait aucun poids, ni physiquement, ni dans ses paroles. Elle émit une suggestion. Il répéta, plus fort, cette fois :

-Laisse-moi.

Il ne comprenait pas pourquoi elle faisait tout ça. Pourquoi elle s'acharnait à le trimballer comme un enfant, pourquoi elle ne le laissait pas, comme elle avait pourtant réussi à le faire pendant toutes ces semaines. Reprenant progressivement contrôle de son corps, il émit davantage de résistance alors qu'elle l'entraînait à travers le parking. Quelles que soient ses intentions, il redoutait qu'il s'agisse de pitié. Toute sa vie, il avait tout fait pour éviter cela. Et ce n'était pas ce soir, pas ici, encore moins avec une personne qui avait mis tant d'application à ne jamais croiser sa route depuis si longtemps qu'il la tolérerait. Il finit par camper sa position, enfonçant ses bottes dans le bitume du parking. Les arrêta dans leur progression alors que ses doigts cherchaient ceux de Susan pour tenter de les retirer de son côté ; encore trop faibles pour y parvenir, mais la volonté y était. Il marmonna, la voix éraillée par cette boule d'émotions encore nichée trop profondément en travers de sa gorge :

-Arrête ça, c'est n'importe quoi.

Il finit par réussir à se libérer de l'étreinte de la brune. Vacilla, maintenant qu'il se retrouvait sans appui, mais même si son équilibre était tout sauf stable, au moins il était libre. De l'étreinte, de ces soins que Susan lui apportait alors qu'ils n'étaient pas justifiés, de toute la culpabilité qu'ils faisaient peser sur ses épaules. Il planta ses paumes sur ses cuisses, se courbant en avant, à la recherche d'un équilibre ou d'une sérénité qu'il peinait à trouver. Mais, seul avec le froid qui lui mordait la peau, seul avec la douleur qui criblait son dos, il se sentait mieux.

-Pourquoi tu fais tout ça ? On est rien, on est personne pour l'autre, tu me l'as bien fait comprendre. Je veux pas de ton aide, encore moins de te pitié. Et t'aurais dû me tirer une balle, ça aurait réglé le problème pour tout le monde.

Il n'était pas aussi fort qu'il le pensait. Entendait encore Morris lui dire que, gringalet comme il était, c'était un miracle qu'il tienne une journée sur ses guiboles. Ces dernières tremblaient violemment sous l'effort, il finit par abandonner. Se laissa retomber sur le sol, assis sur le bitume du parking. Bras enroulés autour des genoux, il y pressa son nez. Planqué sous son Stetson trop grand, comme quand il était gamin. Comme quand Grandpa avait passé l'arme à gauche, et que son oncle lui avait glissé son premier chapeau sur la tête. Celui du vieux. Un reniflement.
Planque toi là-dessous, on verra pas à quel point t'es moche quand tu chiales.

-T'aurais dû m'abattre comme un chien. J'sais bien que j'vaux pas mieux.

Aux yeux du monde. A ceux de Susan. Avec un peu de chance, elle se découragerait. Elle comprendrait le message, elle lui foutrait la paix. Ou, mieux, elle finirait le boulot. Dans tous les cas, il ne comptait pas bouger davantage. Recroquevillé contre lui-même, comme un enfant. Incapable de lécher ses blessures, comme le renard blessé qu'il était. Il renifla, écrasa ses larmes contre son jean. Tourna une prunelle grise, rougie, vers la bouteille que tenait Susan. Et s'en empara, comme tous ces soirs où le monde était trop grand et lui trop petit, trop malingre, trop insuffisant. Aucune idée du type de poison, rien à foutre, en réalité, des secrets cachés sous le réceptacle de verre. Tant que ça brûlait. Tant que ça lui donnait l'illusion d'être vivant. Un geste répété tant de fois, en tirant le bouchon. Il leva la bouteille vers la jeune femme, d'une salutation qui n'en était pas une. Trop enfoncé dans les longues gorgées qu'il en tira pour écouter quoi que ce soit. Au bout de la troisième, il lui tendit la bouteille et reprit sa position. Posa cette fois-ci son menton sur ses avant-bras, les prunelles grises, encore humides, capturées par les lumières du Tartarus.

-T'es pas obligée de rester si tu veux partir. J'vais pas me foutre en l'air. Jamais eu le courage d'aller jusqu'au bout, c'pas ce soir que ça va commencer. T'as loupé ta chance.




difficult-looking legal books stand in a formidable row. They mock me. I tried reading one, and it made my head hurt. When I closed it, it slipped out of my hand. Then my foot hurt too.
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Susan Love
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    Elle détestait ce qu'elle lisait dans le regard de son compagnon provisoire. Un trou noir qui aurait pu l'emporter, elle-même, dans le néant. Elle aurait dû s'en réjouir de cette lueur de désespoir qu'elle trouvait dans les yeux de l'ennemi, dans la manière qu'il avait de s'appuyer sur elle, comme si marcher était devenu une trop grande épreuve pour le motard. Ils auraient été fiers d'elle à la ferme, Darius l'aurait peut-être félicitée d'avoir été assez patiente et résiliente pour être présente au moment de la chute de cet homme qui constituait sa mission. Il semblait si frêle contre elle, plus encore une fois au sol. Victorieuse. Il ne lui suffisait que d'une détonation pour finir le travail, voire – vu l'état de l'homme – un coup bien placé qui aurait suffi à faire tomber la sentence. Elle pouvait presque entendre la voix de Darius, ses encouragements à aller au bout de sa mission, à lui rapporter la tête de Mattheson en plus de l'avantage sur le reste de son gang ; des informations, une exécution ou l'individu lui-même. Elle sentait toute la souffrance qui émanait de Donald, le voyait dans le tremblement de ses membres, dans sa posture, et dans tout ce qui lui manquait. Laisse-moi. Ce qu'elle avait entendu, tout juste audible, et pourtant l'effet d'une tape derrière la tête, comme un retour à la réalité. Elle avait imaginé pouvoir lui venir en aide, être légitime à cette tâche malgré l'antagonisme qui les séparait. Pourquoi avait-elle eu l'idée de le sortir de là ? Pourquoi aurait-il accepté d'échapper au chaos en sa compagnie ? Il y eut comme un bourdonnement à ses oreilles, une pensée lancinante qui s'installa dans son esprit, mais prit bientôt forme dans sa gorge.
    Elle n'était personne pour lui venir en aide, il le lui avait bien formulé des minutes en arrière. On est rien, on est personne pour l'autre, tu me l'as bien fait comprendre. Elle sentait ses doigts trembler, une sensation désagréable circulant dans ses membres, jusque dans sa nuque. Il était difficile de l'identifier tant elle était rare pour la jeune femme. Il ne s'agissait pas de la colère, pas exactement, mais de quelque chose bien plus meurtrissant, qui pouvait provoquer bien des orages. La frustration. Les poings de la juge se crispèrent sur un sentiment d'impuissance, comme si les doigts serrés pouvaient empêcher à la situation de filer entre eux. Elle ouvrit la bouche, Susan, essayant en vain de trouver comment se comporter dans cette situation inédite.

    Elle avait connu bien des visages de Mattheson, allant du sourire charmeur au sifflement d'un serpent en position d'attaque, mais jamais elle n'avait assisté à un spectacle de cet acabit. Tout dans l'air lui prouvait qu'elle avait gagné ; il ne lui restait plus qu'à ramener la ligne, décrocher sa proie de l'hameçon et l'apporter jusqu'aux siens pour le dévorer. Alors, pourquoi ses gestes n'étaient pas ceux d'une prédatrice ? La tête baisée vers lui, elle ferma même les yeux pour essayer de trouver une force assez conséquente pour recoller les morceaux. Elle lâcha la bouteille qui se trouvait dans sa main, les yeux s'ouvrant sur un enfant trop grand pour tenir entre ses propres bras. Il semblait si vulnérable, à la merci de tout ce qu'elle aurait dû s'employer à faire. L'empoigner, le faire prisonnier d'un domaine dont il ne ressortirait jamais. Elle ne pouvait s'y soumettre, tout juste capable de rester debout alors que le sol lui paraissait si bas, l'avocat minuscule au milieu d'un parking qui ne resterait pas désert bien longtemps. Elle leva à son tour la bouteille d'alcool pour en prendre de longues gorgées, sachant que l'effet serait moindre si elle jouait la carte de la modération. Elle prit une grande inspiration, le métronome interne allant de la frustration à la compassion ; de la rage à l'amour.

    Désolée, Darius.

    Elle avait échoué dans sa mission, incapable de poser le canon d'une arme sur le front du supplicié, incapable d'appuyer sur la détente pour gagner du terrain sur le clan adverse. Elle prit une nouvelle rasade d'alcool, puis posa la bouteille par terre, près de Don. Les gestes lents, elle s'installa devant l'avocat, les jambes pliées sur le côté afin de ne rien dévoiler de ce qui se cachait sous sa robe. Le silence s'étendait, confortait Susan dans ses mouvements. Elle avait peur d'ouvrir la bouche et de trop en dire, de répondre à des allégations qui ne lui étaient pas destinées, de se faire témoin de nouvelles paroles qu'elle refusait d'entendre. Enfin à sa hauteur, elle retira le chapeau de sa tête pour l'empêcher de se cacher derrière, pour l'affronter. L'objet posé près de la bouteille ouverte, elle crispa un peu plus son poing et le dirigea sans plus de cérémonie contre la mâchoire de l'autre homme ; un coup sans sommation, sans trop de force, présent uniquement pour le réveiller. Elle voulait remettre ses idées en ordre, le forcer à réfléchir avant de l'énerver plus encore. « — Plaidoyer rejeté. » Les dents serrées, elle l'attrapa par le col, d'une main, pour le forcer à se redresser et lui faire face. « — Ne parle pas en mon nom, je ne suis personne pour toi, et je l'ai accepté ; mais je t'interdis de prétendre que c'est réciproque. » Le cœur serré à cette idée, la théorie prouvant qu'il ne l'avait pas écouté à l'hôpital, ou pire, qu'il s'en était moqué. Elle se souvenait encore de sa réponse, de ces quelques mots qui résonnaient toujours en elle lorsqu'elle posait les yeux sur l'avocat, au détour d'un couloir.
    La deuxième main vint rejoindre l'autre, les dix doigts serrés contre son col alors qu'elle continuait de l'attirer vers elle pour le forcer à la regarder dans les yeux. La frustration faisait trembler ses mains, ses lèvres, forçait sa poitrine à monter et descendre brutalement au rythme de sa respiration. « — Tu veux que je t'achève ? Il va falloir te battre, avant ça, et me forcer à l'faire. » Elle essaya de se concentrer sur sa propre respiration pour ne pas imploser, les doigts se décrispant peu à peu, lâchant leur étreinte. La douceur, ou la cruauté, au bout des doigts, elle les remonta le long du cou du renard pour prendre son visage en coupe. Les yeux plantés dans les siens, elle essaya de trouver ses mots, ne pas user seulement du langage de la violence. « — T'es pas un putain de lâche, comme les autres, j'refuse de te traiter comme tel. Alors tu vas te relever, me faire un de ces sourires qui me donnent envie de te tuer, et me donner une raison d'appuyer sur la détente. » Les mains qu'elle plaquait contre les joues du motard n'avaient plus rien de doux, seulement une conviction dans sa prise et la force suffisante pour qu'il ne puisse plus baisser la tête. Toujours aussi proche, elle pouvait sentir son souffle alors qu'elle reprenait déjà la parole pour avoir la certitude d'être comprise. « — J'ai besoin que tu te battes, que tu me donnes une raison d'échouer jusqu'à la prochaine fois. »

    Elle finit par pousser un profond soupir et lâcher son visage, sans aucune tendresse, comme espérant un électrochoc. Elle ne baissa pas les mains pour autant, se penchant en avant pour passer les bras autour de son cou pour s'y pendre, la tête à côté de la sienne. La tendresse trouvant un semblant de place dans ses mouvements, elle remonta une main dans les cheveux gris pour y faufiler ses doigts, alors que l'autre se plaquait dans son dos pour forcer l'étreinte. « — T'as pas le droit de baisser les bras Mattheson, t'as pas le droit d'abandonner, putain. » Elle resserra ses bras pour approfondir l'étreinte, le serrant contre elle en fermant les yeux ; pour le réconforter ou se consoler elle-même ? Elle n'en savait rien.



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please don't stop the music
Ils avaient été nombreux, les moments où il avait voulu baisser les bras. Laisser le monde l'engloutir une bonne fois pour toutes, se laisser partir à la dérive pour un temps plus ou moins long. Un abandon total à tout ce qu'on lui balançait à la gueule. Et il y en avait. Des tonnes et des tonnes de problèmes, les uns succédant aux autres dans une farandole qui semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Les brefs moments de répit étaient fréquemment troublés par le retour des emmerdes, des responsabilités, de la vie adulte. Morris s'était foutu de lui plus d'une fois, à lui dire que maigre comme il était, ce serait plus que surprenant qu'il parvienne à porter le poids de tout le gang sur ses épaules. Et Don, jeune et naïf, de lui répliquer qu'il allait s'endurcir. Prouver au vieux qu'il avait tort tout en sachant qu'il avait raison. Parce que Morris était peut-être un con, il n'était pas un mauvais juge de caractère. Et il savait parfaitement que ce jeune crétin de texan, avec son accent trainant et ce chapeau qui paraissait trop grand pour lui, était tout sauf du genre à baisser les bras. Il l'avait su avant même que Don ne s'en rende compte. Old Boy était déjà vieux même quand il était jeune, aux yeux du Boss. D'où le nom. D'où la confiance. D'où le fait que malgré que ce poids écrase ses épaules, menace de pousser ses genoux cagneux à se dérober sous son squelette, il n'abandonnerait pas. Même au fond d'une bouteille. Même en croulant sous le poids du monde.
Il en était incapable. Certains appelaient ça de la survie, pour Old Boy, il était question de lâcheté. Fuir l'envie de fuir pour mieux la nier. A bien des égards, c'était ce qu'il avait fait toute sa vie. Noyer ses problèmes au fond d'une bouteille, fuir les relations durables, s'enfoncer dans les troubles du MC avec l'impression de faire quelque chose d'utile quand il ne s'agissait finalement que de ne pas voir la réalité en face. La fuir, elle aussi. Morris l'avait probablement vu à l'époque, tout ça. Etait-ce pour cela qu'il l'avait choisi ? Pour le fait que quand bien même il avait envie de fuir cette vie qu'il s'était imposée à cause de la fuite des autres, il était trop lâche pour abandonner totalement ?

S'adresser à Susan comme il l'avait fait en était une autre, de fuite en avant. Des tréfonds de son marasme, sa bouteille pendue aux lèvres comme une amante et un trou noir à la place du coeur. Peut-être qu'en voyant vraiment ce qu'il était, elle comprendrait qu'elle aurait mieux fait de faire le travail à sa place. L'air frais, humide de la nuit avait beau ramener un semblant de substance à ses membres, Don ne les sentait qu'à peine. Il se sentait plus qu'épuisé. C'était le vide, partout autour, partout en lui. L'écho bien concret de ce qui le rongeait depuis des années, des décennies, même. Loin d'être un homme, tout juste une coquille vide. Aucune substance, et plus rien à cacher. L'âme à nu devant la seule de laquelle il aurait souhaité un soupçon de considération qu'il n'aurait jamais, pour la simple et bonne raison que tout les opposait. C'était le sens logique des choses, la conclusion naturelle à cette vie de rien qui avait fait son tout. Il ne savait juste pas ce qui serait pire, entre le fait qu'elle tourne potentiellement les talons ou celui qu'elle finisse par accomplir ce pourquoi ils continuaient de se parler. N'avait pas su anticiper à ce point. Ne l'avait pas voulu non plus.
Mais Susan ne fit rien de ce à quoi le renard s'attendait.

La maigre protection qu'offrait le Stetson blanc s'envola dans l'air. Sa dernière protection contre le reste du monde. Surpris de se retrouver instantanément sous l'attention totale des yeux clairs, le motard leva un regard médusé vers la juge. Leva piteusement la main pour essayer de le rattraper, mais la violence de leur tête à tête précédent avec un ectoplasme avait drainé toutes ses forces. Et Susan n'en était pas à ça près. L'indignation du geste ne venait qu'à peine d'atteindre les mèches grises qu'il aperçut un éclair blanc fuser en direction de son visage. La violence de l'impact contre sa mâchoire provoqua une explosion de filament dorés dans sa vision. Un coup de poing d'une rapidité qu'il n'aurait pas pu anticiper, à des lieues de la douceur avec laquelle elle venait de l'approcher. Pressant une main contre la zone de l'impact, interloqué, Don se tourna immédiatement vers sa comparse. Son ennemie.

-Mais c'est quoi ton problème ?!

Et les mots avaient fusé, tous seuls. Réaction spontanée de la colère, jaillissant à travers les flots de mélancolie desquels il n'avait aucune envie de s'extraire. Mais Susan n'était pas à ça près. A peine le temps de comprendre qu'elle l'avait décoiffé, puis cogné, que déjà elle empoignait son col d'une main. Trop affaibli pour résister, il ne put que suivre le mouvement. Se releva avec peine, à moins que ça ne soit la seule puissance de la brune qui ait fait tout le travail. Ses jambes ne lui apportaient aucune stabilité, son dos l'élançait, sa mâchoire était en feu. Mais l'indignation, elle, commençait à gonfler si fort dans ses veines qu'elle pourrait bientôt prendre le relai sur tout ce que son corps semblait ne plus posséder. De l'énergie. Et Susan de lui renvoyer ce qu'il avait dit sans le penser en pleine figure. De lui enfoncer le nez dans sa propre merde pour bien lui faire comprendre le message. Elle n'avait pas tort, Don n'était personne pour prétendre savoir ce qu'il se passait dans cette charmante tête. Mais si elle était aussi peu indifférente qu'elle le prétendait, pourquoi est-ce qu'elle l'évitait autant ? Make it make sense, woman. La mâchoire endolorie du renard se serra. Il se sentait remonter à la surface, oui. Mais il n'était pas sûr de vouloir réellement prendre cette inspiration. Ni même d'en avoir réellement envie.
Quand bien même Susan ne lui laissait plus d'autre choix que de lui faire face. Prunelles contre prunelles, et ce coup au coeur alors que tout ce qu'il voyait pendant qu'elle crachait son venin, c'était à quel point elle était belle. Le visage plus expressif que jamais, les yeux plus lumineux qu'il ne les avait jamais vus. Même en pleine nuit, même alors que son visage était partiellement voilé par la pénombre. Ses yeux brillaient comme le soleil d'été, leur bleu glacier irradiant d'un feu qu'il ne lui avait jamais connu. Un brasier magnifique duquel il était incapable de se détourner.

Et même avec ça, même avec ses poings serrés autour de son col, malgré son coeur qui tambourinait furieusement contre sa poitrine et la vague de sueur froide qui coulait le long de son échine, il se sentait pas loin de partir. Parce que les menaces étaient creuses et les discours pouvaient être beaux, combien de fois est-ce qu'il avait entendu des paroles pareilles, dans sa propre vie ? Trop souvent. Et même malgré cette rage apparente, elle n'avait pas tiré sur la gâchette quand elle l'avait voulu. Ne l'entendit que d'une oreille, ce laïus. Se doutait bien qu'il venait du coeur, mais tous ses ennemis avaient le même au bout des lèvres. La violence était une deuxième nature, pour le motard. Et il n'avait plus envie de lui donner raison. Qui fuyait le plus, dans cette relation ? Il savait qu'elle ne le tuerait jamais. En était persuadé, maintenant.
Alors quoi ? Ses pieds glissaient sur le bitume humidifié par la nuit, son équilibre n'avait rien de stable, et les larmes étaient encore trop enfoncées dans ses yeux. Old Boy n'était qu'un alias et Don qu'une coquille vide. Susan s'adoucissant ne parlait déjà plus le même langage que lui. Et si la chaleur de ses mains sur ses joues contrastaient avec le froid du vent, il aurait préféré en sentir la brûlure. Il parlait le poing depuis des décennies. Et s'il aurait forcé un de ces fameux sourires qu'elle semblait vouloir voir, dans d'autres circonstances, il était trop épuisé pour en avoir envie. Baissa les yeux, quand bien même elle le forçait à la regarder en face. Elle avait gagné cette bataille, que pouvait-elle vouloir de plus ? Et non, il n'était pas lâche. Mais il n'était pas aussi brave qu'elle l'aurait voulu non plus. Il était juste...

Epuisé.

Quand elle le repoussa sans la moindre tendresse, il crut que c'était fini. Qu'elle avait fini par laisser tomber elle aussi. Qu'elle avait fini par voir l'homme qui se planquait sous son chapeau, son cuir et ses grands sourires. La coquille vide. Elle lui prouva bien vite qu'il avait tort. Parla de cette langue qu'il avait toujours repoussée volontairement. La tendresse. Un langage qu'il se refusait presque religieusement. Parce que les émotions étaient un obstacle, pouvaient être un vecteur de faiblesse ou d'erreurs sur un champ de bataille. Parce que la tendresse ne protègerait jamais personne sous une pluie de balles. Parce que Morris lui avait toujours dit qu'être à la charge d'un gang, qu'on le veuille ou non, c'était se perdre pour mieux aider les autres à trouver leur chemin. Une position ingrate et solitaire, pour laquelle il n'y avait ni aide ni soutien. Des années qu'il s'était planqué derrière son déni, à se dire que le vieux n'était qu'un con et que le MC lui rendait tous ses sacrifices à sa façon. Mais ce soir, il pouvait l'entendre, le vieux. Ce soir, le vieux Morris avait raison.
Ce fut cette partie du motard qui se tendit, en sentant les bras de Susan s'enrouler autour de lui. Ca, et la douleur provoquée par cette main ferme, plaquée dans son dos, qui appuyait sur ses blessures pour le pousser dans l'étreinte. Il grimaça, le renard. Pas contre elle, mais contre tout le reste. Cette douleur du corps et de l'âme qui lui donnait envie de se débattre, quand bien même il n'avait qu'à peine la force de tenir sur ses guiboles.

Mais l'étreinte se détendit, et le renard aussi. Se laissa bercer par des mots qu'il avait aussi peu envie d'entendre qu'il crevait d'envie qu'on les lui dise. L'étreinte était douce, accueillante. Cette chaleur que ses vieux os réclamaient depuis des décennies, quand bien même les mots de Susan le brûlait sans qu'il n'arrive à comprendre pourquoi. Il ferma finalement les yeux, baissant les armes. Baissant la tête et la reposant au creux de l'épaule de la brunette, les bras ballants de chaque côté de son corps. Il soupira lourdement, s'efforçant à remettre un soupçon de calme dans ses pensées. Peut-être qu'un soir, rien qu'un soir, il pourrait se permettre cet interdit qu'il s'était refusé depuis trop longtemps.

-J'abandonne rien, Sue.

La voix plus rauque que s'il n'avait pas parlé depuis un moment. Est-ce que ce n'était pas réellement le cas ? En tout cas, c'était certain qu'il n'avait pas parlé comme ça depuis longtemps. Il se laissa porter par la chaleur de l'étreinte, finit par enrouler ses bras autour de la taille de la brunette pour prolonger l'étreinte. Le nez dans ses boucles et les yeux fermés, là où il n'aurait pas à voir la réalité de ce qu'ils étaient. Des ennemis naturels. Deux âmes seules. Deux êtres que tout opposait, jusqu'à leur nature profonde. Mais peut-être que ce soir, ils pouvaient être différents. Comme tous les autres soirs où ils s'étaient planqués derrière ce "et si ?" qui repoussait chaque fois un peu plus l'inéluctable. Un murmure :

-Je suis juste épuisé d'être "ce gars", ce soir. Celui qui baisse pas les bras, qui encaisse et qui se relève comme si de rien. Il sera là demain, t'en fais pas. Son sourire de con est jamais loin.

Il se sentait déjà un peu mieux. D'avoir puisé des forces dans l'étreinte, dans la douceur paradoxale de son ennemie. Celle qui était, à bien des égards, bien plus que juste ça. Il ne tenait toujours sur ses jambes et la mélancolie était toujours bien présente, mais elle semblait doucement s'échapper de son système. Suffisamment pour qu'il ait envie de rassurer Susan, malgré le chaos. Don glissa ses lèvres contre la tempe de la jeune femme, finit par se détacher de l'étreinte. Pour pouvoir retrouver ses prunelles, et se fondre dedans, maintenant qu'elles ne pouvaient pas lui échapper.

-C'est ce putain d'ectoplasme. Ca te fout en vrac. Mais ça va déjà mieux grâce à toi, merci.

Il força un faible sourire. Une ombre, le maximum qu'il pouvait faire. Parce qu'au fond, est-ce que tout ça venait de l'ectoplasme ? Old Boy savait parfaitement que non. Qu'il y avait déjà ce fond de frustration, de mélancolie et de solitude, et que tout ce qu'avait fait le spectre était de faire déborder un vase dangereusement rempli. Probablement pour cela que ses paroles rassurantes sonnaient presque faux, à ses propres oreilles. La vérité, il la voyait avec une clarté effrayante. Il baissa les yeux sur les lèvres de la Juge, s'y attarda une seconde avant de retrouver les prunelles claires. Sa mâchoire l'élançait toujours autant. Il y pressa sa main, frotta la zone contusionnée avec une légère grimace.

-On t'a jamais dit qu'il fallait pas frapper un homme à terre ? Et pas qu'un peu, tu m'as pas épargné !

Parler du superflu, pour détourner l'attention de tout ce qu'il ne fallait pas dire. De tout ce qui le rongeait à cette envie de l'embrasser, juste parce qu'elle lui avait manqué. Mais il était qui il était et comme il l'avait dit, l'autre gars n'était jamais loin. Reprenait déjà progressivement ses marques, malgré la profonde lassitude qui engourdissait ses membres. Sans parler de la douleur qu'il sentait à présent plus vivement dans son dos et sur ses bras. L'équilibre bien plus instable maintenant qu'il se tenait debout, sans le soutien de la jeune femme, il savait déjà qu'il allait falloir qu'ils bougent avant qu'il n'en soit plus du tout capable. Ses doigts coulèrent le long d'un des bras de la jeune femme, une légère caresse pour venir chercher sa main. Une pression au creux de sa paume. Une invitation.

-Tirons-nous d'ici. Où tu veux, tant qu'il y a du bourbon et une baignoire pleine de glace.




difficult-looking legal books stand in a formidable row. They mock me. I tried reading one, and it made my head hurt. When I closed it, it slipped out of my hand. Then my foot hurt too.
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Susan Love
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    Elle sentit un soubresaut contre elle alors qu'elle l'enlaçait. Une réaction qui aurait pu lui faire lâcher prise en d'autres circonstances, le mouvement pris comme un refus de s'associer à cet instant de tendresse orchestrée par la jeune femme ; mais les circonstances lui soufflaient que le léger tremblement ne venait pas d'un recul de sa part, ou d'une réaction épidermique à l'idée de l'étreindre. La main posée dans le dos du motard, les doigts pressant légèrement la zone, ces mouvements avaient tout l'air d'être liés à une, ou plusieurs, blessure. Susan s'en serait rendu compte, aurait retiré sa main, si elle avait assisté à la scène en tant que spectatrice, mais elle était bien trop impliquée pour parvenir à cette conclusion, ne put que raffermir sa prise en soupirant d'aise, tempe contre tempe, dans un moment de partage que la juge n'aurait jamais pensé possible. Les doigts dans les cheveux gris étaient d'une grande douceur, formant des boucles discrètes dans une intention de réconfort. En comprenant que l'homme ne comptait pas prendre la fuite, les membres de la jeune femme se firent plus bienveillants, à le serrer sans force, mais toujours avec le besoin de le garder au calme, contre elle. J'abandonne rien, Sue. Elle ne put s'empêcher de sourire en l'entendant, rassurée au son de sa voix, à son timbre, son ton, mais également à ce surnom que lui donnaient ses proches – qui différait des Suzie et Love que l'avocat lui servait dans leurs joutes verbales. Il ne s'agissait pas d'une d'entre elle, pas de ces batailles sans vainqueur qu'ils se partageaient à chacune de leur rencontre, ils n'étaient peut-être pas Love et Mattheson, en cet instant, seulement Sue et Don, des personnes ordinaires qui avaient bien plus à s'offrir que des noms d'oiseaux.

    Je suis juste épuisé d'être "ce gars", ce soir.

    Elle le comprenait aisément. Il lui arrivait, elle-même, de se retrouver fatiguée par les obligations qu'elle s'imposait. Lorsqu'elle était au tribunal, elle gardait la tête haute, les épaules droites, et les sourires qu'elle offrait ne pouvaient être dirigés qu'à l'attention de quelques visages précis. Lorsque ses pas la portaient jusqu'à la ferme, il lui fallait garder le masque de la justice pour effectuer un travail impeccable. Elle devait sans arrêt se montrer utile, apporter son aide dans tous les domaines et ajouter des missions à cet emploi du temps qui débordait déjà du calendrier. Darius ne lui demandait pas d'être aussi parfaite, personne ne le faisait, mais se montrer vulnérable finissait par sonner comme un échec. Susan devait être implacable, faire régner l'ordre à en faire rouler des yeux à son chef et marteler les récalcitrants d'une verve sans faille.
    Le souffle court, elle ferma les yeux un bref instant en sentant les lèvres de Mattheson contre sa tempe. Le cœur serré, elle se mortifia de l'effet de cette caresse sur sa personne ; elle n'aurait pas dû tant lui plaire. Elle essaya de ne rien laisser transparaître, hocha doucement la tête pour répondre à ses remerciements, essayant de ne pas répondre au sourire – bien que faible – qui était enfin réapparu sur la bouche adverse. On t'a jamais dit qu'il fallait pas frapper un homme à terre ? Un rictus vint éclairer ses lèvres, les yeux se faisant rieurs face à la remarque. Elle fit une moue satisfaite avant de rentrer légèrement la tête entre ses épaules, cils papillonnants pour mimer l'innocence. « — Il fallait bien te remettre les idées en place ; mais ce serait mentir que de prétendre ne pas en avoir tiré un certain plaisir. » Elle sourit plus franchement, la langue passant entre ses dents, appréciant la plaisanterie. Le regard traînant quelques secondes sur la silhouette de son compagnon, elle analysa son état, vérifiant s'il était en capacité de marcher ou non. La réponse évidente, elle allait appeler un taxi pour le ramener chez lui, lui aurait même proposé de le raccompagner jusqu'à sa porte afin qu'il ne s'écroule pas en chemin, mais fut surprise par l'injonction qu'il lui adressa avant qu'elle n'en ait la possibilité.

    Tirons-nous d'ici.

    Les doigts se refermant autour de ceux de son vis-à-vis, elle acquiesça. Puisqu'il ne tenait pas à rentrer chez lui, elle savait exactement où l'emmener pour qu'ils soient au calme, sans dérangement, et qu'elle puisse regarder ses blessures de plus près s'il le lui permettait. Elle donna une caresse, du pouce, contre la main qui tenait la sienne, puis se dressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser furtif sur sa joue. Si lui ne voulait pas être celui qu'il était habituellement, ce soir, alors Susan pouvait également s'offrir quelques écarts de conduite. Elle relâcha sa main et ramassa le chapeau au sol pour le mettre sur sa propre tête. « — Il est confisqué jusqu'à nouvel ordre. » Elle sourit et se dirigea vers la bordure du parking sur lequel ils se trouvaient, sachant qu'il serait incapable de prendre sa moto pour l'instant. Un taxi les conduirait, il n'aurait qu'à revenir chercher sa bécane plus tard, après beaucoup de repos, Susan se ferait ramener pareillement pour récupérer ses affaires auprès de Tina.

    La démarche assurée, elle finit par arrêter un taxi, et ne laissa pas à Don l'occasion de répliquer en le faisant s'installer à l'arrière. Il n'avait pas les capacités de formuler une quelconque opposition, et la juge ne l'aurait pas écouté, maintenant qu'elle avait une destination en tête. Le trajet fut rapide, l'étape n'étant qu'à quelques kilomètres seulement du club. Elle passa ces courtes minutes en silence, le regard perdu à travers la vitre pour contempler l'obscurité. Il lui arrivait de regarder l'avocat du coin de l'œil, l'envie de revenir effleurer ses doigts, de profiter de cette proximité pour en dire plus, sans en dire trop, mais ne sachant s'y prendre, elle garda le silence.
    Lorsqu'ils arrivèrent à destination, Susan prit le chemin jusqu'à l'entrée de l'étape, sans jamais regarder son compagnon, de peur d'y déceler de la déception dans ses yeux. Elle savait que l'établissement ne payait pas de mine, avec sa façade sans charme, son lierre qui engloutissait la brique et l'enseigne qui tenait debout par simple enchantement. Le motel n'avait rien de luxueux, détonnait avec tout ce qu'elle pouvait côtoyer habituellement, en dehors de la ferme. Pourtant, elle aimait cet endroit pour tout ce qu'il signifiait. C'était ici qu'elle retrouvait Morgan en secret, alors que des vœux qui n'avaient pas été prononcés la liait encore à son cousin. Ils n'avaient pu choisir qu'un bâtiment pareil, sachant que les autres hôtels étaient toujours liés aux Sarratore, que leur présence finirait toujours par arriver aux oreilles d'un Carmine qui s'empresserait d'agir.

    Arrivée devant le comptoir, Susan adressa un sourire sans gêne au réceptionniste qui ne l'avait pas vue depuis des années maintenant, et la voyait revenir au bras d'un homme différent des fois précédentes. Elle demanda une suite, ce qui en l'état, dans un lieu semblable, n'était qu'une chambre reliée à une cuisine et salle de bains de fortune, de quoi avoir un peu plus de confort que ces chambres sans âme qui n'avaient qu'un lit, ou deux, sans autre commodité. L'homme de la réception eut la décence de ne pas lui parler trop familièrement, lui donnant la clé comme s'il ne l'avait jamais rencontrée avant. Elle s'empara avec empressement de l'objet, désireuse de s'installer dans la chambre et profiter du goût d'un alcool qui, à défaut de la détendre, lui rappellerait combien la morsure du breuvage pouvait être agréable et faire tout oublier. La clé en main, elle attrapa la main de Don pour lui faire signe de la suivre, et monta les marches sans se retourner, incapable de prendre l'ascenseur qui, de toute façon, devait être en panne. Lorsqu'elle arriva devant la porte de la chambre, elle fit un arrêt avant de l'ouvrir. « — Je sais que ce n'est pas très luxueux, mais personne ne viendra nous déranger ici. » Tu pourras être l'homme que tu veux, jusqu'à demain. Elle ouvrit la porte, le tira à l'intérieur, les doigts toujours autour des siens, puis le relâcha pour fermer derrière eux. Elle jeta les clés sur la table et se passa une main dans les cheveux pour essayer d'y remettre de l'ordre, d'un air incertain. Elle était un peu gênée de le voir là, dans l'intimité d'un hôtel qu'elle n'avait partagé qu'avec son mari des années en arrière. Elle désigna le lit en allant vers la porte de ce qu'elle savait être la salle de bains, en lançant : « — Installe-toi, je vais chercher de l'arnica pour ton dos. Regarde dans le minibar, je crois qu'il y a de quoi boire. » C'était ce qu'elle utilisait à l'époque, avant le début de cette aventure, lorsque Vinnie apparaissait à sa fenêtre en réclamant son aide ; arnica et alcool. Elle était habituée à ce manège, à s'occuper des blessures superficielles, sans avoir la prétention de pouvoir faire plus. « — Tu enlèves ta chemise que je regarde ? » Elle s'avança un peu plus du lit, la crème dans les mains en regardant le motard.



BABY YOU'RE MY FLAME
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Don Mattheson
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please don't stop the music
Les idées déjà moins brumeuses, il était pourtant reconnaissant que Susan ne pose pas plus de questions. Qu'elle se contente d'une pirouette, suivant le mouvement qu'il avait lui-même instigué, comme si rien de tout ce qui s'était passé dans ce parking s'était produit. Il en avait besoin, de ce soupçon de normalité. Après tous les heurts et le chaos, après les larmes et cette étreinte qu'il était certain de n'avoir pas méritée. Les poids qui faisaient crouler ses épaules s'envolaient pour mieux y revenir. L'ectoplasme n'était pas le seul responsable de cette conversation. Mais Susan n'était elle-même pas responsable de l'avocat. Et s'il aurait cru qu'elle ferait demi-tour, elle lui avait prouvé que non. Un soutien plus que bienvenu contre la tempête qui tonnait sous les mèches grises. Et les yeux clairs, plus luisants que d'ordinaire, qui lui avaient filé un coup au coeur bien plus puissant que celui qu'elle avait asséné contre sa mâchoire. Elle lui avait manqué, Susan. Dans ses violences comme dans ses délicatesses. Dans ce soutien comme dans cette adversité. Aussi forte et sensible qu'il l'avait toujours vue, et, pourtant, encore cette sensation d'en découvrir une toute nouvelle facette. Mais maintenant qu'il la voyait, il réalisait, le renard épuisé. Ce n'était pas Susan qui s'était cachée. C'était lui qui n'avait pas su la voir.

Les yeux fermés pour capter la douceur de ses lèvres contre sa joue, la fraîcheur de ses doigts contre sa peau. Main dans la main, et l'oeil gris qui suivait la progression effrontée de son propre chapeau sur les boucles brunes de la Belle. Il arqua un sourcil au geste, esquissa une nouvelle ombre de sourire à la boutade. Ils savaient tous les deux qu'ils ne seraient pas partis sans. Que sans cette armure, l'homme n'était qu'un enfant perdu. Mais Don ignorait encore les raisons de toute l'animosité qu'elle éprouvait vis à vis du Stetson. Lui en concéda toutefois la garde, l'importance de décamper vers une zone de repli où il pourrait se remettre de ses blessures devenant impérative. Ce parking ne resterait pas désert bien plus longtemps. De ce qu'il avait suivi, entre les vagues d'émotions provoquées par l'ectoplasme, c'était que ce dernier avait eu son compte. Mais il n'était pas prêt à affronter la foule, et encore moins les regards de personnes qu'il pourrait potentiellement connaître. Il n'avait qu'une envie. Filer. Loin. Là où aucun regard ne pourrait croiser le sien. Là où l'anonymat était roi, et le silence des émotions serait maître. Une envie visiblement partagée par la Juge.

Claudiquant à sa suite, il la laissa prendre les commandes. Son corps tout entier n'était plus que douleur, à ce stade. Les pensées déjà chaotiques, embrumées par l'excès de noirceur provoqué par l'ectoplasme, n'arrivaient plus qu'à se focaliser sur le besoin de s'échapper. De là. De son propre corps. Alors il se concentra sur la seule chose concrète qui l'arrimait encore au réel. La main de Susan, toujours lovée dans la sienne, jusqu'à ce que le taxi ne finisse par arriver. Grimace, en montant sans résistance à l'arrière de la voiture. Grimaces, tout le long du trajet, en silence tant il était nécessaire de serrer les dents. La morsure de la douleur dans son dos devenait abominable. Ses doigts s'agitèrent plusieurs fois, à côté de sa cuisse. A la recherche de pairs à agripper, de la main de la Juge qu'il aurait pu serrer. Mais Don n'en fit rien. Il avait connu pire, avait vécu pire. Maintenant que le voile se levait progressivement, il réussissait davantage à faire la part des choses. Une fois de plus, rien que plusieurs litres d'alcool et des jours de repos ne pourrait guérir. Quand bien même les mouvements du véhicule lançaient des saillies de douleur tout le long des zones blessées, et quand bien même il avait parfois du mal à retenir un juron, murmuré, entre ses mâchoires serrées.

Le taxi s'arrêta finalement, mettant un point final au supplice. Suivant le mouvement de Susan, il s'extirpa difficilement de la voiture. Découvrit leur destination non sans satisfaction. Un motel sans le moindre charme, ni signe distinctif, étirait son ample façade devant eux. Un oasis d'anonymat pour les assoiffés d'exil. Exactement ce dont il avait besoin sur le moment. Il n'était pas question d'appeler qui que ce soit, des Cyclops à Marlon en passant par Sinclair. A bien y réfléchir, il n'y avait personne d'autre avec qui il avait envie de finir sa nuit que la belle brune qui se tenait à ses côtés. Il chercha le regard clair, hocha lentement la tête pour lui signaler à quel point il approuvait son choix. Ici, il n'y aurait pas de devoir, de responsabilités, de regards inquiets ou réprobateurs. Ici, il n'y aurait même pas de noms, rien de plus qu'une disparition pure et efficace. Les âmes en transition se perdaient toujours dans ce genre de lieux. Il ne demandait que ça.
L'envie de demander à Susan comment elle connaissait un lieu pareil lui brûla pourtant les lèvres, mais la question resta en suspens, la belle filant déjà vers la réception. Il resta volontairement en retrait, les prunelles grises posées sur le dos de la Juge, le Stetson toujours vissé sur sa tête. Encore une fois, cette impression de ne pas vraiment la connaître. Elle avait beau détonner entre les murs de vieille brique et les machines à glaçon, elle avait l'attitude d'une personne qui était parfaitement à sa place. Comme si elle connaissait déjà les lieux, malgré que le patron n'exprime aucune expression qui tende à le confirmer. Il lui adressa un bref hochement de tête en guise de salutation, laissant à Susan les rênes de la soirée. Son corps tout entier n'était qu'un ressenti. La douleur lui faisait tourner la tête, et, quand Susan revint à son niveau, il accueillit son retour avec un plaisir non dissimulé. La suivit, la démarche traînante, jusqu'à la chambre qu'elle leur avait dégottée. Arrivés devant la porte, il écouta attentivement ses recommandations avant de se fendre de la même ombre de sourire qu'avant :

-Un rendez-vous secret, Madame le Juge ? Je ne te croyais pas comme ça.

Un clin d'oeil, malgré la douleur qui courbait ses épaules. Comme pour lui prouver que "ce gars" n'était pas loin, qu'elle pouvait compter sur son retour autant que sur sa solidité. Il l'avait entendue, du fond du marasme. Avait bien compris à quel point elle en avait besoin elle aussi. Retrouver un soupçon de normalité, dans tout ce chaos. Malgré tout, les prunelles grises n'en cessèrent pas de luire pour autant. D'une toute autre étincelle que celle de l'effronterie joueuse de sa première remarque :

-Merci, Sue, c'est exactement ce qu'il fallait.

Oui, c'était précisément ce dont il avait besoin. Une impression qui se confirma en découvrant la décoration vieillotte de cette chambre sommaire, son anonymité parfaite, les quelques équipements qui jonchaient les murs. Son regard se porta aussitôt vers le minibar vers lequel il se dirigea sans sommation. Ses entrailles renfermaient une partie du remède que lui avait prescrit le docteur dans sa caboche. Docteur agréablement surpris d'être conforté dans sa prescription initiale. Il ne se fit pas prier, malgré que se pencher était une torture. Ses doigts raflèrent toutes les mini bouteilles qui se trouvaient dans le mini bar. Elles n'étaient pas bien grandes, mais elles feraient l'affaire. Chaque mouvement lui coûtant plus que le précédent, il étendit sa main libre vers les verres déposés à côté du minibar. Le temps qu'il revienne vers le lit, Susan y était déjà assise. Les prunelles grises sautèrent de son expression concernée à ce qu'elle tenait entre ses mains. De l'arnica. Combien de fois ils avaient eu recours à ce traitement, avec Irish ? Il ne les comptait plus. Mais l'odeur de l'onguent le ramenait toujours des années en arrière, quand les deux vieux étaient plus jeunes et pourtant pas moins cons.

-De l'arnica ? Ca me rappelle des trucs.

Il posa les verres et les bouteilles en équilibre instable sur le lit. Finit par s'asseoir difficilement à côté de sa compagne. Il eut envie de protester, sur le moment. Mais elle avait raison. Si elle voulait le badigeonner de crème, il allait devoir retirer sa chemise. L'idée à elle seule lui faisait tourner la tête. Les mains tremblantes sous la douleur, il commença à s'attaquer aux boutons. Les mouvements à eux seuls lui filaient la nausée, mais il poursuivit. Se laissa aider pour achever de retirer le vêtement, trop endolori pour y parvenir tout seul. D'ordinaire, il détestait se retrouver dans cet état. Vulnérable, comme un enfant qui aurait besoin d'aide. Depuis tout petit qu'il avait appris à se dépêtrer de ses problèmes par lui-même, il ne savait pas comment faire différemment. Même lorsqu'un professionnel l'aidait, même quand Little Fly s'occupait de panser ses plaies, il n'aimait pas ça. Mais, pour une fois, il ne s'y opposa pas. Peut-être à cause du cadre. Peut-être à cause de la douleur et de la fatigue. Peut-être à cause de ce que Susan avait dit, ce sous-entendu entre chaque syllabe qui lui promettait qu'ici, il n'avait pas besoin d'être tout ce qu'on attendait de lui. Ou tout simplement, peut-être parce que Susan elle-même se trouvait à côté de lui. Toujours la même alarme en fond, derrière les pensées et sous les mèches grises. Toujours le même mouvement de la main pour la faire taire, ou tout du moins pour la rendre moins forte, tant il n'avait pas envie de l'entendre. Susan lui avait trop manqué pour qu'elle retentisse aussi fort, sous ses mèches grises. Car si lui n'avait pas à être "ce gars", Susan n'avait pas non plus à être "l'ennemie".
Il lui offrit son dos en pâture. En toute confiance. Elle n'avait pris aucune des nombreuses opportunités qu'elle aurait pu avoir pour le tuer, au cours de la soirée. S'il devait mourir ce soir, ce serait d'un coma éthylique. Le contact de la crème, si fraîche contre sa peau, lui arracha un soupir de contentement. Chaque passage des mains de la Juge contre ses blessures était une torture. Mais la fraîcheur, elle, une bénédiction. Afin d'occuper ses pensées ou mieux les faire taire, il attrapa deux des petites bouteilles qu'il ouvrit avec les dents. Noya ses grognements de douleur dans ce qui semblait être de la vodka.

-C'est grave, Docteur ?

Le Cyclops avait déjà une vague notion de la réponse qui tomberait. L'ectoplasme ne l'avait pas loupé. Les tourbillons de rage s'étaient abattus en pluie d'objets de toutes tailles, violemment, sur lui. Et s'il savait parfaitement qu'il ne serait pas capable de se lever du lit le lendemain, en particulier tant il savait qu'ils allaient vider la seule forme d'anesthésiant qui se trouvait dans la chambre, il était certain que tout n'était que superficiel. Les yeux fermés pour apprécier la fraîcheur de la crème, il sirota son poison. Nier l'évidence était plus simple, ce soir. Et au diable les conséquences.
L'impression que Susan en avait fini avec son dos, il se retourna en pointant sa mâchoire endolorie dans sa direction. Croisa les grands yeux clairs, et la question qu'il mourait de poser profita des effluves de vodka pour s'échapper :

-T'as pas hésité une seconde en donnant l'adresse d'ici, comment tu connais un endroit pareil ? C'est pas vraiment le genre de cadre où on s'attendrait à croiser la Juge Love.

S'empressa d'ajouter, le plat de sa main levé entre eux pour prouver qu'il n'y avait pas de mal à cette remarque. Juste de la curiosité.

-Pas que je m'en plaigne, loin de là. C'est juste... Tu continues de me surprendre.

Il referma les yeux en sentant le contact frais de la crème revenir contre sa peau en feu. Laissa sa mâchoire à la merci de la Juge, le flacon d'alcool qu'il avait ouvert pour elle attendant sagement qu'elle s'en empare. Il rouvrit finalement les paupières, avant qu'elle n'ait fini de le soigner. Retrouva les iris clairs, avec l'envie presque enfantine de ne pas les laisser filer une nouvelle fois.

-Tu vas faire quoi, maintenant ? Tu restes ici ou il va falloir que tu repartes ?

Je n'ai pas envie que tu repartes.
Maintenant qu'elle était là, devant lui, il réalisait réellement à quel point elle lui avait manqué. Ses piques, ses bravades, ses passions. Le contraste entre ce coup qu'elle soignait maintenant, et la tendresse de ses gestes sur le parking. Il le savait, qu'il n'appellerait personne d'autre si elle venait à filer. Mais il savait aussi qu'il préférerait qu'elle reste. La nuit avait paru moins sombre, à chaque fois qu'elle était avec lui.



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Susan Love
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    Merci, Sue, c'est exactement ce qu'il fallait.

    Elle était heureuse de l'entendre. Ils n'étaient pas toujours sur la même longueur d'onde, et Susan ne savait pas réellement quel genre d'endroit il aurait aimé rejoindre. L'envie de le ramener chez lui l'avait effleurée, mais lui demander son adresse pouvait paraître suspect, et ce n'était pas la soirée pour des discordes de ce genre. L'amener directement dans un endroit neutre, où personne ne viendrait les déranger ou leur demander des comptes avait été la meilleure idée selon elle. Le fait qu'il le lui confirme était un plus, elle pouvait être satisfaite d'avoir fait les bons choix jusqu'ici. La petite voix communautaire, celle qui servait le Foyer Rouge corps et âme, trouvait, au contraire, qu'il s'agissait d'un pur gâchis. Elle aurait pu l'emmener à la ferme, le livrer à Darius en l'état et attendre de recevoir les félicitations pour son travail. Il aurait été facile à enfermer dans son état, la suite n'aurait pas été de son fait ; sa mission aurait été une réussite. Pourtant, l'idée ne lui avait pas traversé l'esprit tant son compagnon n'était plus un ennemi à ses yeux, du moins le temps d'une soirée – ce qu'elle s'efforçait de croire. Darius n'en saurait rien, Vinnie non plus.

    De l'arnica ? Ca me rappelle des trucs.

    Elle ne retint pas son rictus, imaginant bien que les blessures étaient fréquentes pour lui, surtout avec ses occupations annexes. La pensée la ramena de nombreuses années en arrière, lorsqu'elle avait besoin de ce genre de crème pour badigeonner les blessures de Vinnie ; souvent, il lui fallait bien plus que de l'arnica. Elle savait manier les aiguilles, s'occuper de toutes sortes de blessures tant qu'elles n'étaient pas mortelles. Elle eut envie de lui demander des exemples, des anecdotes, dans le but de le faire penser à autre chose au lieu de se concentrer sur la douleur. Une fois de plus, la question pouvait être mal perçue, quand bien même elle était dans son intérêt à lui. Elle se contenta d'un sourire, alors, en attendant de trouver autre chose pour lui donner l'occasion de s'exprimer ; elle était plutôt douée dans ce domaine.

    Les mains posées contre ses cuisses, elle attendit sagement qu'il retire sa chemise. La tâche se révéla plus difficile que prévu et Susan s'en rendit compte bien rapidement. Elle n'eut pas besoin de beaucoup de réflexion pour déposer le pot de crème près d'elle et l'aider à défaire les boutons. Ses gestes n'avaient rien d'infantilisant, elle n'avait pas même cet air faussement agacé au visage qu'arboraient les parents en s'occupant de leurs gosses. Il ne s'agissait que de bienveillance à son encontre, de cette envie de lui apporter son aide pour des raisons qu'elle ne questionnerait que plus tard. Il s'était interposé ce soir, entre elle et le danger. Il avait voulu la sauver. Le reste n'importait que peu, ce qu'elle ressentait n'avait pas d'importance dans l'équation ; même si c'était un plus.
    Elle enduisit ses doigts d'onguent et commença à en disperser sur le dos de Mattheson. Heureusement les blessures n'étaient que superficielles ; elles laisseraient peut-être quelques marques, mais ne seraient pas un plus grand problème encore. Aucun risque d'infection, selon elle. C'est grave, Docteur ? Toujours concentrée sur sa tâche, elle fit passer sa main de haut en bas en essayant d'être le plus tendre possible, répondant d'un ton taquin : « — Je pense qu'il va falloir amputer. » Elle attendit que l'excédant de pommade soit absorbé pour se frotter les mains entre elles, satisfaite de son travail. Ils devaient laisser son dos reposer avant d'en mettre une couche supplémentaire ; au tour de son visage de passer sous ses doigts experts.

    C'est pas vraiment le genre de cadre où on s'attendrait à croiser la Juge Love.

    Elle resta impassible, mais sentit une pointe d'amertume se frayer un chemin jusqu'à son cœur. Elle en était bien consciente, savait que beaucoup n'avaient pas accès à cette part-là de son existence ; à la Susan qui n'avait pas besoin de luxe pour vivre, qui se satisfaisait d'un rien. Si ses collègues voyaient son réel domicile, cette maison qui trônait à la ferme, ils n'y croiraient pas. Tu continues de me surprendre. Elle avait bien compris qu'il ne s'agissait pas d'une remontrance de sa part, qu'il n'y avait rien de négatif dans ses propos ; mais la formule avait prouvé que Mattheson ne la connaissait pas. Il ne savait pas qui elle était réellement, c'était pourtant une part d'elle qu'il aurait certainement aimé, ils auraient pu s'entendre dans un autre monde. Ils n'auraient pas été ennemis, n'auraient pas été forcés de se vouer une bataille sans vainqueur, sans réelle force, ni ambition.
    Elle attrapa son visage d'une main, s'occupa de guérir les rougeurs qu'elle avait elle-même causées, de l'autre. Les gestes les plus tendres possible, essayant de ne pas lui faire mal en lui faisant tourner la tête sur le côté pour pouvoir couvrir toute la zone endommagée. Tu restes ici ou il va falloir que tu repartes ? Elle planta son regard dans le sien, soucieuse d'y lire une réponse. Est-ce qu'il voulait la voir rester ? Les lèvres plissées, elle reprit ses soins en soufflant : « — Marlon m'en voudrait de te laisser sans surveillance. » Un sourcil arqué, elle sourit pour appuyer la plaisanterie. Elle voulait rester, profiter de la douceur de cette soirée qui était exempte de coups, de tout ce qui les séparait. Elle termina en vitesse de le soigner, sentant qu'avec une telle proximité, elle ressentait de plus en plus l'envie de l'embrasser. Rien de sexuel, seulement un baiser, hors du temps et de leurs vies. « — Sauf si tu veux rester seul, je comprendrais. » Elle finit par relâcher son visage et refermer le pot de crème. Elle pouvait également prendre une chambre seule, revenir le voir le lendemain matin pour s'assurer qu'il n'ait rien fait de stupide durant la nuit. Il n'était pas en état de sortir, et elle devait le surveiller en ce sens.

    Se rendant compte que le chapeau était toujours sur sa tête, elle le retira pour le déposer sur la table de nuit où il attendrait sagement que son propriétaire le récupère. Elle revint ensuite vers le blessé et s'accroupit devant lui, en silence. Sans retirer les lacets, elle fit glisser les chaussures pour ensuite les poser à côté du lit. Elle se redressa, mains en avant, et déboucla la ceinture avant de faire glisser son pantalon, peu à peu, une jambe après l'autre. Elle évitait de croiser son regard, ne voulait pas lui donner accès à son regard ; il savait bien trop interpréter ses pensées. Le jeans presque entièrement retiré, elle reprit enfin la parole pour répondre à une des questions précédentes. « — J'ai été fiancée avant de rencontrer Morgan. » Une information que peu de monde connaissait. Pourquoi se confiait-elle sur ce lieu si particulier ? Pourquoi répondre à la question alors que rien ne l'y obligeait ? « — J'ai compris qu'il allait me quitter avant même qu'il n'ait pris la décision de le faire. J'avais besoin de ... d'un endroit loin de lui. » Elle finit tomber le pantalon de Don au sol et se leva pour faire le tour du lit ; elle attrapa un côté de la couette et la souleva pour lui donner accès au drap. « — C'est ici que je voyais Morgan. Carmine était trop snob pour s'approcher d'un lieu pareil, je savais qu'on n'serait pas découverts. » Elle le regarda enfin, haussa les épaules dans un geste signifiant : on n'se refait pas. Elle lui avait toujours été fidèle, pourtant, n'avait pris la décision de se jeter dans les bras de son cousin qu'en comprenant que son fiancé de l'époque n'avait pas les mêmes valeurs qu'elle. Elle ne s'en était pas voulu, n'avait aucun remord en revenant de ses étreintes avec Morgan. Aujourd'hui qu'elle était mariée à ce dernier, qu'il ne lui accordait pas l'attention dont elle avait besoin et finissait par se comporter comme son cousin, Susan ne ressentait pas de honte à lui faire subir le même traitement.

    Elle marcha jusqu'aux pieds du lit et s'empara d'une petite bouteille d'alcool qu'elle but d'une traite en faisant la grimace. Le goût restait fort, les effets n'arriveraient que plus tard, avec beaucoup de liquide ; une malédiction, cette habileté à tenir l'alcool. « — Je viens ici quand j'ai besoin d'être seule ; qu'on ne puisse pas me retrouver. » Elle l'observa un instant et pointa le lit d'un mouvement de menton. « — Je te conseille de dormir sur le ventre pour pas comprimer ton dos. J'vais prendre le canapé, essaie de pas trop bouger. » Elle se rendit compte de son accoutrement, eut envie d'aller récupérer quelques vêtements pour retirer sa robe de soirée et se mettre à l'aise. Elle aurait tout le loisir de prendre une douche une fois qu'il se serait endormi, irait aller ouvrir les placards pour trouver une robe de chambre.

    Elle s'approcha de la table de nuit, prête à attendre qu'il soit installé pour éteindre la lumière. Debout, à côté du lit, elle posa finalement la question qui lui trottait dans la tête. Il avait besoin de dormir, elle le laisserait en paix ensuite, n'attendait qu'une toute petite réponse à ses pensées : « — Pourquoi tu m'as sauvée ? » Il aurait très bien pu prendre la fuite, mais au contraire, il était venu sur la scène pour lui venir en aide. Pourquoi ?



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Don Mattheson
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please don't stop the music
Les doigts de Susan étaient frais, contre sa peau brûlante. Chacun de ses gestes empreint d'une délicatesse infinie, à des lieues de la violence à laquelle ils avaient échappée. Une violence physique, aussi bien qu'émotionnelle. Le motard se sentait totalement vidé. Les caresses contre sa peau contusionnée et l'alcool lui avaient permis de reprendre sinon des couleurs, au moins un soupçon de chaleur. Mais l'ectoplasme n'avait fait qu'ouvrir un peu plus la porte derrière laquelle il s'était appliqué à retenir tout ce qui ne devait jamais sortir. Ce cumul de tout ce qui n'allait pas, derrière des gonds qui n'avaient pas mis bien longtemps à péter sous la pression. La douleur pulsante dans son dos, sous les couches de crèmes que venait d'appliquer Susan, ne servait qu'à peine à détourner l'attention sur le réel problème. A trop chercher à étouffer les cris, il fallait bien qu'ils sortent. C'est mieux dehors que dedans, n'était-ce pas ce que répétaient tous ces psychologues à la con ? Renouer avec son enfant intérieur, compter ses fourchettes ou whatnot. Il n'avait ni le concept ni les expressions à coeur, le motard. Préférait battre la douleur par la douleur, et le lendemain serait un meilleur jour. D'autant que, dans l'état où il se trouvait actuellement, il ne pouvait que conclure qu'il ne s'agissait que d'une vaste fumisterie. Son corps pouvait bien avoir laissé s'écouler le poison qui lui pourrissait les veines depuis des décennies, il n'avait pas l'impression de se sentir mieux pour autant.
Son seul réconfort se tenait devant lui. Avec ses gestes délicats, avec la chaleur rare qui adoucissait ses prunelles de glace. Une scène qui aurait pu faire sourire le renard gris, dans cette chambre de motel parfaitement anonyme qui lui ressemblait plus à lui qu'à elle. Mais il n'en dit rien. Se sentait seulement vieux, usé, et cassé. Manipulé entre les doigts de la belle comme une marionnette, et aucune envie qu'elle coupe cordon et contact. Pinocchio pouvait s'en sortir sans ses cordes. Don en avait besoin pour se donner encore l'illusion d'être un vrai garçon.
C'était pour ça qu'elle était tombée, la question. Parce que dans ce marasme, il n'y avait que Susan qui s'improvisait lumière au milieu de cette satanée nuit. Susan, si proche qu'il pouvait lire toutes les expressions qui passaient sur son visage, quand il avait posé la question. Susan, qui répondit d'un trait d'humour, provoquant une vague de soulagement dans le corps ankylosé du renard. Il y répondit d'un léger hochement de tête, un "hm" approbateur résonnant derrière ses lèvres fermées. Aurait pu répondre d'un sourire ou d'un clin d'oeil, mais la question avait été plus importante qu'elle n'en avait l'air, en réalité. Au delà du fait qu'il ne voulait pas être seul. Il ne voulait pas qu'elle parte. Sentit à sa façon de s'activer, à la réflexion qui suivit, que peut-être elle n'avait pas tant envie de rester que ça. Une vague de panique, au creux du vieux coeur. Il secoua légèrement la tête, marmonna un peu rapidement :

-Non, tu peux rester.

S'il te plaît. Ses doigts s'étaient posés naturellement sur le bras de la jeune femme, tout juste une caresse de la pulpe. Comme si cela pouvait la convaincre, si elle s'était déjà fait une raison. Le contact ne dura pas plus d'une poignée de secondes. Mais il fut soulagé de voir que la belle se ravisait déjà. Un éclat de gratitude s'immisça dans le regard qu'il lui lança, en voyant qu'elle n'allait pas filer dans la nuit. Qu'elle ne l'abandonnerait pas au milieu de nulle part, seul avec la douleur et ses pensées parasites. Il la regarda évoluer, ne sachant quoi ajouter de plus. Les contusions qui clairsemaient sa peau rongeaient les quelques forces qu'il avait réussi à rassembler, tambourinaient contre ses tempes. La migraine approchait et, s'il ne la canalisait pas rapidement à grands coups d'alcool fort ou en se couchant rapidement, il en aurait pour des jours. Il pouvait presque entendre Little Fly le gronder, quand l'idée fugace de vider une boite d'antidouleurs et de faire passer tout ça avec une bonne rasade de whisky effleura sa cervelle. Il n'en ferait rien. Elle commençait déjà à s'installer, de toutes façons. Alors un peu plus, un peu moins...

Susan, elle, avait fini par se rapprocher. S'agenouilla devant lui. Les yeux gris s'écarquillèrent, en la voyant ainsi. Belle comme la nuit, avec cette robe qui ne laissait rien à l'imagination. Il la laissa faire, l'observa s'activer pour lui retirer ses boots. Son souffle se raccourcit quand, les boots mises de côté, ses doigts s'attaquèrent à la boucle de sa ceinture. L'envie de protester, quelles que soient les intentions de Susan, se turent dans sa gorge. Trop épuisé pour en faire quoi que ce soit, de tout ça. Les informations et les interrogations qui s'entrechoquaient sous les mèches grises, et la jeune femme qui lui refusait le moindre regard. Comme si croiser le sien risquait de la faire changer d'avis. Il comprit, toutefois, quand elle tira sur son jean. Elle voulait l'aider. Don se laissa faire à contrecœur. Sentit d'autant plus l'envie de protester lui brûler les lèvres mais n'en fit rien, sachant que la brune n'y était pour rien. C'était lui. Il ne supportait pas de se trouver dans un tel état qu'il n'était même plus capable d'accomplir des gestes aussi élémentaires qu'enlever lui-même ses vêtements. Demander de l'aide était parmi ces impossibilités qu'il s'était toujours imposées, depuis des décennies. Il n'aimait pas ça. N'aimait pas se sentir diminué, se sentir acculé. Une vulnérabilité qui ne collait pas avec l'image qu'il avait créée, à laquelle il avait tout fait pour se déshabituer. La retrouver, le temps de quelques étreintes avec Lazare, avait légèrement taillé dans cette carapace construite depuis des années. Loin du regard des autres, des siens. Un soupir roula dans ses poumons, se laissa mourir entre ses lèvres. Ici, il n'était pas au QG. Il était dans ce havre d'anonymat dans lequel Susan elle aussi venait se réfugier, quand elle n'avait pas envie d'être Susan. Un endroit qui portait en lui la promesse d'abandonner toute identité devant la porte. Où on pourrait s'improviser vulnérable, ne serait-ce qu'une nuit, jusqu'à franchir le seuil pour se replonger dans les vicissitudes du monde.

Il détourna les yeux, mal à l'aise. Comme si la regarder pourrait souiller d'une manière ou d'une autre cette aide élémentaire qu'elle avait décidé de lui apporter. Comme si sa propre vulnérabilité, détestable, inhabituelle, pouvait être perçue malgré la promesse de pouvoir déposer les armes. Les prunelles grises firent le tour de la pièce, rompues à l'habitude de toujours analyser où il se trouvait. Comme pour chasser la culpabilité ainsi que le malaise, elles se posèrent avec insistance sur la trace d'humidité qui ornait généreusement le placo anciennement blanc du plafond. Continua de la fixer, malgré que Susan ait repris la parole. Se laissa porter par la voix de la belle, alors qu'elle lui offrait ces explications qu'elle n'était pas obligée de lui donner. A cette époque où elle était différente, où elle en avait besoin. Difficile de croire qu'un homme soit assez idiot pour laisser filer une femme comme elle, et pourtant. Silencieux en l'écoutant, le motard l'aida dans ses gestes comme il le pouvait. Comme si l'explication ou ces quelques efforts pouvaient atténuer la culpabilité qui le rongeait. Ou précipiter l'aide, lui qui avait du mal à supporter ce genre de générosité. Détestait se retrouver diminué. Il lui en était reconnaissant, pourtant. Pour le coup de main. Pour sa compréhension. Pour cette confession qu'elle lui avait faite du bout des lèvres, que Don pouvait parfaitement comprendre en ce qui la concernait. Parce qu'en ce qui concernait les autres...

-En même temps avec un prénom comme Carmine, ça pouvait qu'être un con de snobinard.

Du point de vue d'Old Boy, Morgan ne valait pas mieux que son cousin, s'il se basait sur ce qu'avait confié Susan. Mais il ne s'étala pas davantage sur le sujet. Ce n'était pas sa place, et il n'était pas certain que Susan l'accepterait. Le corps toujours plus lourd, il se traina jusqu'au drap que la belle avait relevé comme une invitation. S'en recouvrit aussitôt les jambes, une forme de pudeur qui n'avait jamais eu sa place entre eux, mais les circonstances étaient différentes. Il y avait une différence dans l'intimité d'une étreinte passionnée, et celle dans laquelle ils se trouvaient actuellement. A bien des égards, celle-ci méritait d'être traitée avec un peu plus de déférence. Il n'en resta pas moins assis, faisant l'effort de ne pas encore laisser son dos couvert d'onguent contre les draps. Celui, aussi, de ne pas sombrer immédiatement. Il ne connaissait pas cette facette de Susan. Ne voulait pas l'abandonner si vite à toutes celles qu'il connaissait, tant celle là l'intéressait. La suivit du regard alors qu'elle évoluait dans la pièce, sa robe jurant presque avec l'ambiance qui régnait à présent dans la pièce. Comme à chaque fois qu'il la voyait, et qu'il découvrait que sous la couverture se cachait un livre qui n'avait rien à voir. Et Don n'était pourtant pas un grand lecteur.

Ce fut Susan elle même qui rompit la magie, revenant au sujet qui les avait amenés dans ces lieux. La fraicheur de l'arnica s'imposa aussitôt dans l'esprit du motard. Il esquissa un sourire de travers :

-Will do, Ma'am. Ce serait dommage que les draps boivent tout l'arnica.

Mais, même si Susan s'approchait maintenant comme si elle était prête à veiller sur son chevet, il n'était pas encore déterminé à s'endormir de suite. Une manière de négocier avec le passage du temps. De recouvrer une fraction des minutes qu'ils n'avaient pas passées ensemble, perdues ces dernières semaines. Sa main s'éleva douloureusement vers les petits flacons d'alcool qu'elle tenait entre ses doigts. Il lui en subtilisa un, qu'il dévissa entre ses dents. Souffla le bouchon à l'autre bout de la chambre et leva la fiole dans sa direction. Une invitation pour qu'elle en fasse autant, et qu'ils trinquent ensemble à la fin de cette maudite soirée.

Pourquoi tu m'as sauvée ? Une vaste question. Il attendit que le flacon de Susan cogne enfin contre le sien avant d'achever ce dernier. Un claquement de langue. Un long soupir. S'il cherchait dans la brume de ses pensées, il pourrait trouver un élément de réponse.

-Pourquoi hein ? Parce que c'est toi.

Et tout ce que ça impliquait. Elle n'était pas ce qu'il avait dit, sur le parking. Elle n'était pas personne, ne l'avait jamais été. L'avait confirmé d'un hurlement, sur ce même parking. Mais le vieux renard devait se confronter à l'idée même que tout ce temps il avait cru qu'il se laissait amadouer pour arriver à ses fins. Hors, lorsque l'absence s'était imposée, elle avait été bien plus cruelle qu'il l'avait anticipée. Il avait cru naïvement qu'il était en contrôle. Force était de comprendre qu'il s'était bien plus laissé amadouer qu'il ne le croyait. Pourtant, il n'en confia pas plus. Par pudeur. Parce qu'il était déjà dans un état second, et savait parfaitement que le lendemain apporterait peut-être plus de mots, au moins plus de certitudes. Trop habitué qu'il était à errer seul, pas assez à l'idée de s'accrocher à quelqu'un. Encore moins un quelqu'un qui portait l'étiquette d'ennemie, quand bien même tous les deux allongeaient les trêves pour se donner l'illusion que ce n'était pas le cas. Il lapa les dernières gouttes d'alcool de sa fiole, incapable de savoir ce qu'elle contenait. Tant que ça brûlait. La reposa sur la table de chevet et se tortilla pour lui faire face.

-Tu vas trouver ça con, mais j'voulais t'inviter au resto. J't'ai envoyé un sms. Va savoir pourquoi, c'est une espèce de connard qui a répondu à ta place en se faisant passer pour toi. Il a dû bien se marrer, cet enfoiré. Et moi j'me suis senti bien con, parce que quand j'ai vu ton nom sur mon téléphone au début, j'ai cru un moment que t'avais de nouveau envie qu'on communique. Faut croire que ça m'manquait, tout ça.

Un mouvement évasif de la main, pour les englober tous les deux. Pour englober cette chambre, cette situation. Ce tout tantôt confortable, tantôt pas du tout, après lequel il avait couru pendant tout ce temps. Susan avait été claire sur ses intentions. Ce n'était pas sa faute si le motard l'était nettement moins. Mais ici, il n'avait pas à être qui que ce soit. Lui-même. Un autre. Qu'importait dans le fond. L'alcool commençait à pousser sous les mèches grises, cumulé à la fatigue, à la douleur, aux émotions. Il finit par battre retraite, s'allongea précautionneusement sur le flanc pour continuer de lui faire face. Maintenant qu'elle était là, il ne voulait plus la lâcher des yeux.

-Si t'étais pas ce qu'on attend de toi, tu serais qui ?

Il s'était plusieurs fois posé la question, en ce qui le concernait. Avait été façonné par le gang, pendant des décennies. Sans lui, il n'était même pas certain de savoir qui il était réellement. Mais peut-être que Susan, elle, aurait une réponse en ce qui la concernait. Une toute autre Susan, parmi cette infinité de facettes qu'elle révélait au compte-gouttes.




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    Elle dévissa le bouchon d'une mignonnette, encouragée par le geste du blessé qui semblait vouloir partager une rasade. La belle n'avait pas à se faire prier, bien consciente qu'il lui faudrait plus que quelques gorgées pour l'aider à surmonter certains éléments liés à cette soirée ; elle n'était pas pour autant fâchée contre quelques gouttes d'alcool. Elle fit tinter le récipient et le vida d'une traite, les yeux fermés en espérant ressentir un étourdissement, n'importe lequel. Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, ce fut pour les poser sur Mattheson, attendant une réponse à cette question qui soulevait bien trop d'aspects de leur relation. Il lui fallait en savoir plus, comprendre pourquoi il n'avait pas saisi l'opportunité de se débarrasser d'elle, de la faire captive, ou simplement de l'abandonner à son sort. L'interrogation paraissait simple et, pourtant, la jeune femme était incapable d'anticiper ce qui en résulterait. Est-ce que cela faisait partie d'un plan plus grand encore ? Est-ce qu'il l'avait fait pour affaiblir ses soupçons, et ainsi ses défenses ? Est-ce que, contre toute attente, il l'avait fait pour des raisons similaires aux siennes ? Elle n'en savait rien, mais ne lâcherait pas l'homme d'une semelle tant qu'il n'aurait pas donné un élément de réponse, quel qu'il soit.

     Pourquoi hein ? Parce que c'est toi.

    Elle s'était demandé s'il l'aurait fait pour n'importe quelle demoiselle en détresse, elle avait ainsi sa réponse. Elle déglutit en détournant le regard, frappée par la mine qu'arborait son compagnon. Il ne semblait pas conscient de ce qu'il disait, ne semblait pas prendre en compte l'ampleur de ces quelques mots qui en disaient tant sur eux. Elle ouvrit les lèvres, prête à réclamer des précisions, à essayer de savoir en quoi sa présence était une réponse ; en quoi ce c'est toi, constituait une raison suffisante. Tu vas trouver ça con, mais j'voulais t'inviter au resto. Elle referma la bouche, pencha la tête sur le côté, un sourcil arqué, dans une expression faciale réclamant un éclaircissement. Pardon ? Elle attrapa le tissu de sa robe entre ses doigts et la fit remonter le long de ses cuisses afin de pouvoir s'asseoir sur le bord du lit sans être entravée dans ses mouvements. Elle posa une main contre le drap en gardant le buste tourné dans sa direction, l'écoutant poursuivre. « — Pourquoi tu ne m'as rien dit ? » Il en avait eu la possibilité, à de nombreuses occasions. Ils s'étaient déjà croisés dans les couloirs du tribunal, bien que Susan se soit évertuée à ne pas s'attarder près de lui ; il aurait pu lui dire, la prévenir qu'un homme dont il ne connaissait pas les intentions avait essayé de porter son masque. Qui était cet homme ? Est-ce qu'elle devait s'en inquiéter ? La moue presque boudeuse sans s'en rendre compte, elle réfléchit un moment sans trop prêter attention à son camarade. Il lui poserait la question le lendemain, quand il serait capable de tenir une conversation aussi importante ; si quelqu'un essayait de se faire passer pour elle, elle devait trouver le coupable.

    L'autre question qui lui restait sur le cœur, qui constituait une surprise plus grande encore, résidait en cet aveu concernant un rendez-vous qu'il avait voulu lui proposer. Elle en vint à se demander si l'évènement avait eu lieu avant ou après qu'elle lui ouvre une partie de son cœur dans cette chambre d'hôpital ; mais ça n'avait aucun sens, cela n'aurait pas pu être si lointain. Elle plissa les lèvres en ne sachant que faire de l'information. Est-ce qu'elle devait l'ignorer ? Mattheson n'avait pas réitéré sa proposition, peut-être qu'elle n'était donc plus d'actualité ; mais l'idée qu'il ait fait un premier pas vers elle, bien qu'avorté, lui faisait monter le rouge aux joues. La tête légèrement baissée pour qu'il ne s'en rende pas compte – l'espérait-elle – elle ajouta d'une vois plus basse. « — J'ai jamais vraiment voulu t'éviter, tu sais, c'était juste ... plus simple de ne pas penser à toi. Peut-être moins douloureux, aussi. » Lorsqu'elle le croisait, elle repensait à ce moment qu'elle avait pris comme une humiliation ; c'était la honte, en plus de la gêne, qui l'avait éloignée de lui. Elle n'en avait pas eu envie, mais n'avait pas eu tellement le choix face à la situation. Et puis, malgré tout, il pouvait l'inviter à sortir pour le travail, rien ne prouvait qu'il en soit autrement.

    Peut-être seulement ce regard qu'elle sentait sur elle, maintenant qu'il s'était mieux installé pour la regarder. Dans ce genre de moment, elle voulait croire qu'il ne lui montrait pas de l'intérêt que pour une quelconque mission à remplir ; mais qu'il y avait aussi une forme d'attachement entre eux. Si t'étais pas ce qu'on attend de toi, tu serais qui ? Elle redressa le visage dans sa direction, sourcils froncés pour comprendre d'où lui venait sa question. La fatigue devait baisser ses défenses, lui faire penser à ce qui ne comptait plus, ce qui ne risquait pas de le mettre dans une position difficile. Devait-elle le laisser dormir ? Partir et ne revenir que des heures plus tard pour lui remettre un peu de pommade ? Elle s'humecta les lèvres, sentant qu'il ne la laisserait pas prendre la fuite, et s'installa plus confortablement en réfléchissant à une réponse adéquate. Elle s'installa contre la tête de lit, les jambes pliées sur le côté afin de ne rien dévoiler sous sa robe, et le buste tourné dans sa direction. « — Quand j'étais petite, je voulais à tout prix devenir quelqu'un. J'ai jamais eu de modèle de femme forte à suivre ; ma mère est une femme dépressive d'avoir perdu son mari depuis que mon père l'a quittée pour une version plus jeune... » Le regard perdu vers un point invisible, elle se perdit quelques secondes dans des souvenirs d'enfance avant de reprendre : « — Il fallait que je sois plus qu'une femme dépassée par ses gosses, mère avant d'être femme. J'voulais changer le monde, être puissante et un jour retourner voir mon père pour lui faire regretter d'avoir brisé ma mère, de l'avoir empêchée d'être vraiment quelqu'un. » Elle s'humecta les lèvres et sourit en détournant enfin la tête pour regarder sa main, cette alliance qu'elle n'avait pas retirée pour se produire sur scène. Elle n'avait pas voulu être la femme de quelqu'un, mais une personne à part entière. Elle respectait sa mère pour ce qu'elle était ; c'est à dire une femme au foyer, capable d'apporter tout ce qu'un monde aurait voulu conquérir. Mais, également, elle la détestait pour ce qu'elle n'avait jamais été ; capable de tenir tête à un homme, de faire passer ses besoins avant son amour.

    Elle continua d'observer ses propres doigts, cette peau qui était tantôt parée de luxe, tantôt noircie par la terre de la ferme. Elle retira son alliance, la fit naviguer entre les jointures de ses doigts, d'un air ailleurs, comprenant par-dessus la fatigue, qu'elle n'avait toujours pas réellement répondu à sa question. La bouche mimant du silence avant de pouvoir se lancer, elle poursuivit : « — Aujourd'hui, j'aimerais quelque chose de plus simple. » Peut-être le pensait-elle seulement à cause de la fatigue, de la lassitude qu'elle ressentait depuis que l'attaque avait débutée au Tartarus. « — J'aimerais chanter pour vivre, dans un endroit paisible où je n'ai aucune responsabilité. Peut-être avoir un gosse, ou deux, avec un homme qui me plairait vraiment... » Le regard fixé sur le bijou, elle ne prit pas le temps de relever qu'elle venait d'avouer ouvertement ne pas être amoureuse de son époux, avoir la vie opposée à ce dont elle rêverait aujourd'hui. La vie qu'elle s'était forgée était son rêve de petite fille, mais la Susan adulte en était bien loin ; pourtant, ce rêve était impossible. La maniaque du contrôle qu'elle était ne pourrait certainement jamais se soustraire à la ville, ni au luxe des réceptions et au pouvoir du tribunal. « — Et toi, alors ? Tu te vois sur une île déserte avec des bières, de la viande et des femmes qui portent rien de plus que des chapeaux ? » Elle se força à sourire à la plaisanterie pour repousser les larmes qui lui étaient apparues au coin des yeux. Elle s'essuya discrètement les yeux en tenant son alliance serrée dans son poing fermé ; mais ce n'était qu'un moment de faiblesse entre la fatigue et la révélation que lui avait faite Mattheson des minutes en arrière. Ou seulement la fatigue, rien de plus.



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Don Mattheson
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please don't stop the music
Invoquer l'épisode des sms avait laissé une impression âcre sur son palais. Celle de l'humiliation qu'il avait ressentie, une déception de plus quand on en venait à leurs tentatives de communication. Il avait essayé de passer outre l'éloignement évident que la belle tentait de mettre entre eux. Au final, la tentative s'était soldée par un échec cuisant. L'entendre lui demander pourquoi il ne lui en avait rien dit avait poussé les sourcils de Don à se froncer spontanément. Ce n'était pas tant qu'il n'ait rien dit, le problème. C'était surtout qu'elle n'avait aucune intention visible de lui parler, et rien qui puisse prouver au Cyclops que cette erreur de redirection n'ait pas été volontaire. Après tout, elle aurait pu changer de numéro sans le lui dire. Elle aurait pu être en présence d'un ami qui aurait joué les ingénus pour elle. Elle aurait même pu être l'origine de ces messages, jouant avec les nerfs du motard, un verre de blanc à la main et un sourire taquin sur le visage. Autant de configurations qui, associées à l'impossibilité de pouvoir lui parler directement avaient convaincu Don de ne pas aller plus loin. Et si la question de la belle pouvait prouver qu'aucune de ces théories soit la bonne, il n'en éprouva pas moins un certain agacement. L'envie de siffler que c'était parce qu'elle l'évitait effleura ses pensées, mais il les retint. Se contenta de souffler du nez, une moue boudeuse sur les traits en réponse à celle de Susan. Non, sa réaction n'avait rien ni d'adulte ni de mature. Mais il n'en changerait rien. Adolescent vexé, il n'en dit pas davantage. A quoi bon ? Aucun d'eux deux n'avait raison.

La confession de Susan l'adoucit, pourtant. Quelques mots à couverts, visiblement plus difficiles à concéder qu'il l'aurait cru. Pour la première fois depuis des semaines, il savait enfin. Et la raison était évidente. L'épisode de son séjour à l'hôpital s'imposa sous les mèches grises. Toujours aussi floue, la conversation qu'ils avaient eue était pourtant lourde de sens. Susan avait ouvert son coeur et le motard, rongé par la douleur et les traitements, avait réagi comme à son habitude. Mal. Il ne s'était pas rendu compte sur le moment de la violence qu'aurait son rejet sur la jeune femme. Pire, il s'était même entièrement justifié sur la manière autant que sur le sens. Puis il avait fallu en subir les conséquences. La fuite de Susan. Leur incapacité à communiquer. Ce manque qui s'était formulé quelque part au creux de son vieux coeur, et qui n'avait cessé de croître avec le temps et l'absence. Il le savait, à présent. Il ne réagirait pas de la même manière, à présent. Parce qu'à l'époque, les choses n'étaient nettes pour personne, et encore moins pour lui. Mais ce soir, ses émotions étaient bien plus concrètes qu'elles ne l'étaient tout ce temps auparavant. Susan était importante, bien plus qu'il ne l'avait jamais imaginé. Qu'il ne l'aurait voulu. Les sentiments avaient mis du temps pour prendre racine, mais maintenant, ils étaient parfaitement bien implantés dans son subsconscient. Et s'il se doutait bien que ça ne changerait pas grand chose à la blessure, il murmura :

-Je suis désolé, j'ai été con.

Un euphémisme, maintenant qu'il s'y confrontait. Maintenant qu'il avait tous les éléments tirer les bonnes conclusions. L'envie de tendre la main pour attraper les doigts fins fila comme une pulsion dans ses membres. Mais il n'en fit rien. Son corps était bien trop ankylosé, et peut-être que Susan était venue à d'autres conclusions elle aussi. Qu'ils parlent aussi ouvertement était la preuve que tous les deux avaient fait un certain chemin, et rien qui puisse prouver que chacun cheminait dans le même sens que l'autre. Autant changer de sujet, pour s'éviter la chute. C'était une technique qu'ils utilisaient tous les deux depuis aussi longtemps qu'ils avaient commencé leur petit jeu. Et maintenant que les frontières se brouillaient bien plus qu'au début, il était temps. Il saisit l'opportunité en s'installant plus confortablement, changea le sujet de lui-même. La question en suspension, il ferma les yeux pendant une seconde. Il pouvait entendre le grondement sourd de la douleur, tonner à l'arrière de sa nuque, annonciateur d'une autre forme de chute. Son dos le brûlait aussi atrocement que l'alcool qu'il s'était envoyé dans le gosier. Sombrer pourrait tout arranger. Mais tant que Susan était là, il ne voulait pas l'abandonner.
Pas tout de suite.
Pas de nouveau.

Le renard gris rouvrit les paupières alors qu'il entendit la belle reprendre la parole. Il connaissait l'histoire de la famille Love. Par Marlon. Par les recherches qu'il avait menées avant de démarrer la moindre conversation avec ce dernier. Parce que l'information est reine, et qu'il fallait bien s'assurer que l'avocat ait le nez propre avant d'entreprendre quoi que ce soit avec lui. L'histoire était connue, vieille comme le monde. Un beau matin, Monsieur se lasse. Il abandonne femme et enfants pour courir une Passion hypothétique, de préférence dans les bras d'une maîtresse bien plus jeune et surtout sans rien à voir avec la vie qu'il a construite. La cellule familiale part en fumée. Les enfants sont ballottés par les sentiments de leurs parents, sans savoir où donner de la tête. Et la misère emporte certains des cœurs, laissant aux enfants le rôle des adultes, puisque ces derniers n'en sont plus. Et les enfants, devenant adultes, se jurent de ne jamais ressembler à ceux qui ont ruiné tout ce que leurs yeux juvéniles voyaient comme un idéal. A tale old as time.

Mais il le savait bien, cette vie n'empêchait pas les rêves. Il y en avait un, planqué sous cette carapace que Susan s'était construite. Une Susan bien plus libre, le confirma-t-elle, loin des problèmes de ce qu'elle était aujourd'hui. Il le comprenait, ce besoin de liberté. Eprouvait le même quand la vie commençait à peser un peu trop, quand le silence devenait juste un peu trop pesant dans la pénombre de son bureau mal éclairé. L'envie d'être libéré de ses responsabilités, de voir des têtes blondes, rousses ou brunes courir dans des champs, insouciants de tous les émois de leurs parents. Pour autant, même quand il fermait les yeux en l'écoutant, Don n'était pas sûr de réussir à imaginer cette version de Susan. Pouvait en apercevoir les contours mais, étrangement, son visage était toujours aussi flou. Quelque chose manquait dans cette illusion. Quelque chose qu'il avait vue aussi souvent chez elle qu'il la voyait chez lui-même. Il y avait toute cette partie de sa vie qu'elle embrassait si parfaitement qu'elle ne pourrait que lui manquer. Et si l'imaginer avec des fleurs de prairie dans les cheveux était doux, il n'arrivait pas à la concevoir ailleurs que dans une position où elle pourrait montrer l'étendue de toutes ses capacités. Elle était Susan, pas Sue, pas Susie. Une femme à part entière, l'association de toutes les facettes qu'elle lui avait déjà montrées. Et si l'image était belle, une partie du vieux renard ne pouvait que prédire qu'elle se lasserait très vite de cet idéal. Elle aurait besoin d'autre chose.
Tout comme elle venait de concéder avoir eu besoin d'autre chose, dans sa vie actuelle. Elle n'aimait pas Morgan. L'information ne tomba pas dans une oreille sourde, au contraire. Elle expliquait bien des choses. Même sans avoir voulu répéter les erreurs de ses parents, elle s'était enfermée elle-même dans la même situation qu'eux. Avait troqué sa liberté pour tout ce que son idéal n'aurait jamais.

Pour autant, il n'en dit rien. Se laissa bercer par les images, les paupières fermées malgré qu'il lutte contre l'assoupissement. Il les rouvrit à moitié, étudia les traits de Susan. Aperçut son sourire forcé. Tenta, alors qu'elle les lui refusait. Etait-elle arrivée à la même conclusion que lui ? Est-ce que c'était pour ça qu'elle laissait son regard à la pénombre, elle aussi ? Il rassembla ses forces, tendit les doigts pour effleurer son poing serré. Une manière de la rassurer. Une manière de lui montrer qu'il était là. Une manière, aussi, de la ramener un peu à lui. Elle avait été honnête avec lui, il le voyait bien. Lui devait bien de l'être tout autant.

-Pas vraiment. Ou alors juste le temps de prendre quelques mois de bon temps avant d'atteindre ce que j'veux vraiment. Le pays me manque. J'me suis toujours dit que quand j'aurai fini tout ce que j'ai à faire ici, je rachèterais un ranch dans les plaines. Un vieux taudis à retaper. Puis j'y mettrai des bêtes, probablement des chevaux. Peut-être que j'aurai une femme que j'aime, une brochette de gosses qui jouent dans les champs. Ou peut-être que c'est juste un rêve comme un autre, mais celui là est resté plus longtemps que tous les autres.

Lui aussi, il s'était toujours battu contre ce qu'il ne voulait pas devenir. Ses parents. Pourtant maintenant, il réalisait qu'à bien des égards, ils possédaient une vie plus riche que celle qu'il avait à présent. Mais il manquait des choses, dans cette belle image. L'épouse, il ne l'avait jamais trouvée. Pas qu'il l'ait vraiment cherchée. Les enfants, il y en avait sûrement déjà, mais qu'il n'avait pas non plus cherchés. La nature était belle et attirante, mais elle n'était que l'herbe plus verte dans le jardin du voisin. Parce que la réalité, c'était qu'il avait tout fait pour ne pas être ses parents. Puis il était devenu la seule véritable figure paternelle qu'il avait toujours estimée. Un nouveau soupir. Il retira sa main et rassembla ses dernières forces pour s'allonger sur le ventre, comme lui avait conseillé la belle quelques minutes plus tôt. Il pouvait sentir la fatigue ronger ses dernières résistances. Le rêve n'était pas assez fort, parce qu'il n'était ni réel, ni complet.

-Mais les choses ont changé et le rêve avec. J'sais que j'vivrai jamais assez longtemps pour le voir se réaliser. Si j'canne, ce sera pas de vieillesse, mais en train de m'vider de mon sang dans une ruelle sombre.[i] Il ricana mollement. Maintenant, tout ce que j'veux, c'est d'avoir fait les bons choix. Que quand j'serai plus là, mes proches aillent bien. Qu'ils soient en sécurité. C'est que j'aurai fait du bon boulot.

Longtemps, Don s'était demandé s'il était possible d'allier cette liberté illusoire du rêve à la réalité de son quotidien. Si sa vie pouvait concorder avec un ranch et des gosses, alors que le danger de sa position le placerait toujours devant le museau d'une arme à feu. Ne risquait-il pas de manquer quelque chose, quoi qu'il décide ? Si. Alors il s'était fait une raison. Avait vu ses rêves à la baisse, et s'était finalement arrêté sur l'évidence. La solution la plus simple était toujours la meilleure, non ? Celle de s'assurer que les siens, qu'ils soient du gang ou de son autre vie, soient heureux. Alors il pourrait partir en sachant qu'il avait accompli son devoir.
Une pensée qui l'avait tenu jusqu'à présent. Qui l'accompagna alors que l'alcool et la douleur l'emportaient doucement vers le puits sans fond de l'inconscience. A moins qu'il ne s'agisse du sommeil.

******

Quand il se réveilla, son corps tout entier n'était qu'une vaste plaie douloureuse. Et la chambre était vide.

-Susan ?




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     Je suis désolé, j'ai été con.

    La sentence n'appelait aucune réponse de sa part ; qu'aurait-elle pu répliquer de toute manière ? Elle n'avait attendu aucune excuse de sa part, lui qui avait le droit, après tout, de ne pas répondre favorablement à la confession de ses sentiments. Elle ne savait pas ce que cette phrase impliquait, mais elle ne voulait croire à autre chose qu'à un aveu de fatigue. Elle refusa de s'en formaliser, n'en ferait rien avant qu'il ne soit en meilleure forme. Le sourire aux lèvres, elle baissa seulement la tête en acceptant, se retenant de le taquiner d'un : très con, même. Il aurait risqué d'être en trop mauvais état pour comprendre qu'elle ne faisait que plaisanter. Le rouge aux joues, elle releva son regard vers lui, ne lui en voulant pas de changer de sujet. C'était sûrement pour le mieux. En revenant près du lit, Susan avait eu dans l'idée de lui souhaiter une bonne nuit et s'en aller vers une tenue plus confortable. Pourtant, elle souhaitait lui répondre, ne pas le laisser seul s'il ressentait le besoin de parler pour que son esprit puisse s'évader loin de la douleur. L'idée de mentir ne lui avait pas effleuré l'esprit, pas alors qu'ils avaient partagé tant d'eux-mêmes. L'histoire était toute simple, mais toujours aussi acide. En parler était toujours compliqué pour elle, la haine qu'elle avait ressentie envers son père avait été assez forte pour alimenter une bonne partie de ses ambitions. La vie aurait été différente sans ses actes égoïstes, sans l'abandon pur et simple de sa famille. Elle n'aurait jamais eu à faire ses preuves de la sorte, à trop donner de sa personne pour ne pas finir comme sa mère. Elle n'aurait pas eu besoin de devenir quelqu'un d'important, de rejoindre une cause qu'elle n'avait pas choisie ; qu'elle avait rapidement embrassée, dans la même énergie désespérée de se faire une place.

    Donald connaissait la vérité concernant sa famille, avait dû en apprendre beaucoup sur sa vie d'avant grâce à son lien étroit avec Marlon. Elle ne lui apprenait rien, au final, mais en apprenant toujours plus sur elle-même à trop en parler. Plus le temps passait, plus elle comprenait d'où venaient certains de ses choix, parfois même de ses urgences. La tête tournée, elle regarda le blessé en sentant ses doigts effleurer sa main. Elle déglutit, revint d'un coup sur le plancher des vaches, la voix la plus stable possible. Une plaisanterie ne pouvait qu'adoucir les cœurs, elle s'y obligea en lui retournant la question, essayant faussement de deviner quel était son propre rêve.

    Pas vraiment.

    Elle prit un air faussement outré, mais resta silencieuse en l'écoutant se confier à son tour. Dire qu'elle s'attendait à cette réponse aurait été un mensonge ; mais à bien y réfléchir, cela collait avec la personne qu'elle avait appris à connaître, et non au personnage qu'elle s'était figuré avant de l'approcher. Au final, leurs rêves n'étaient pas si éloignés l'un de l'autre ; les deux souhaitaient fonder une famille à la campagne, loin du tumulte de la ville et des responsabilités qui allaient avec. Elle serra sa lèvre entre ses dents, ne sachant comment matérialiser cette pensée. « — Mh, ça paraît alléchant comme futur, on pourrait même être voisin. » Le poing desserré, Susan avait lié ses doigts à ceux de son camarade, caressant doucement le dos de sa main avec son pouce sans même y penser. Elle ne s'en aperçut qu'en sentant la main de Don lui échapper. Si j'canne, ce sera pas de vieillesse, mais en train de m'vider de mon sang dans une ruelle sombre. Le regard assombri par l'évidence, elle plissa les lèvres pour montrer qu'elle comprenait. « — Si je n'te tue pas avant pour effacer ton sourire. » Ce sourire qui avait fini par lui manquer ce soir, qu'elle aurait aimé voir apparaître sur ses lèvres pour s'assurer que tout allait bien.

    Un regard rieur dans sa direction lui prouva d'ailleurs qu'il était sur le point de s'endormir, qu'elle n'aurait rien d'autre que cette expression de douleur sur ses traits tirés ; de quoi s'inquiéter toujours un peu plus. Elle se redressa alors en le voyant sur le point de s'endormir, déposa un léger baiser sur sa tempe pour lui souhaiter une bonne nuit, un bon rétablissement, et se glissa hors du lit. Il fallait qu'elle rentre, qu'elle s'empresse de prendre une douche pour venir à bout de cette impression de malaise provoquée par l'attaque, détendre ses muscles par la même occasion. Elle pourrait ainsi se changer, mettre des vêtements plus confortables, du moins adaptés à une vie diurne. La robe de soirée qu'elle portait commençait à l'agacer, aussi belle soit-elle – merci Tina. Mais la porte de la chambre d'hôtel lui semblait inaccessible ; elle ne pouvait pas le laisser seul.
    Un regard en arrière, en direction du lit, et elle s'immobilisa en le regardant dormir. Il s'était interposé pour la protéger, était resté au milieu du danger pour elle, alors qu'il aurait pu se sauver dès le premier coup de feu. Elle ne pouvait pas le remercier en l'abandonnant à son sort ; il aurait besoin d'elle pour reprendre les soins à son réveil. Elle fit quelques pas dans la chambre pour rejoindre le fauteuil en face du lit, pour s'y asseoir. Il fallait qu'elle réfléchisse à une manière d'opérer. Elle pouvait toujours partir se changer, prendre quelques affaires de Morgan pour habiller le blessé dont l'accoutrement avait pris du souci durant l'attaque. Ils n'auraient qu'à partir chacun de leur côté le lendemain matin, retrouver leurs vies respectives, Susan n'aurait qu'à essayer d'oublier ces dernières heures, d'oublier la manière qu'il avait eue d'être là pour elle, de lui dire qu'il s'était interposé parce que c'était elle, et tout ce qu'elle avait ressenti par la suite.

    C'était ce qu'elle avait prévu, en théorie. Ce qu'elle n'avait pas prévu, par contre, c'était de s'endormir sur le fauteuil, emportée par la fatigue de la journée mêlée à cette de toutes les émotions. Elle se réveilla alors dans le fauteuil, de bon matin, le corps complètement engourdi. Comprenant sa faiblesse, elle avait soupiré, vérifié que Mattheson dormait toujours, et s'était dirigée vers la salle de bains. Si elle ne pouvait pas changer de vêtements, au moins pourrait-elle se laver et se détendre dans un bain chaud. Elle se déshabilla, l'intégralité de ses vêtements dans un coin de la pièce, et s'enfonça dans la baignoire avant même que l'eau n'ait atteint la moitié. Elle s'abandonna au bonheur de la chaleur réconfortante de l'eau, à la relaxation, quand une voix la sortit de ses songes. Elle se serait sûrement rendormie sans ça. Redressée dans la baignoire, elle eut un frisson en découvrant que l'eau avait eu le temps de refroidir, quitta son bain en claquant presque des dents, une poigne ferme autour d'un peignoir qu'elle avait trouvé dans la penderie de l'hôtel. Elle égoutta grossièrement ses cheveux, les frictionna sommairement avec une serviette avant d'enfiler le peignoir, la ceinture fermement attachée autour de sa taille pour se cacher.

    Le pas incertain, elle revint dans la chambre afin de regarder si Don s'était rendormi. Il ne s'était écoulé que quelques minutes entre le moment où elle avait entendu sa voix et celui où elle s'était montrée. « — Comment tu te sens ? » Elle fit quelques pas supplémentaires, les bras croisés contre sa poitrine en essayant de voir l'état de son dos. « — Je me souvenais pas que la belle au bois dormant ronflait autant. » Elle sourit, la plaisanterie présente pour essayer de faire oublier qu'elle était en peignoir à côté du lit. Elle avait très mal dormi, aurait rêvé du confort du lit, mais ne s'y serait pas installée, même si elle n'avait pas sombré dans le fauteuil. Trop peur de bouger dans son sommeil et empêcher Mattheson de se remettre de ses blessures. « — J'ai appelé le gérant pour lui réserver la chambre pour la journée, alors tu peux rester autant que tu veux, si tu veux profiter du calme. Et si t'as des impératifs, on pourra t'appeler un taxi quand j'aurai vérifié l'état de ton dos. »



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