music sounds better with you ; zachary.

-- music sounds better with you. ft. @zachary madden
Le sac pendait à son épaule, comme un témoin silencieux d'une soirée qui s'était terminée plus tard que prévu. Elle n'était jamais bien discrète lorsqu'elle rentrait, s'en était déjà excusée auprès des colocataires de son ami, offrant son doigt levé lorsqu'ils en faisaient trop selon elle ; sans même prendre en considération qu'elle n'avait rien à faire là, surtout quand Zach était absent, et il l'était toujours. La porte claquée derrière elle, elle appuya la pointe de son pied contre son talon adverse afin de retirer sa chaussure d'un geste lent, puis fit de même avec l'autre, enfin heureuse d'être débarrassée de ces chaussons qui n'en avaient pas le confort. Soupirant d'aise, elle retira son manteau pour l'abandonner sur la table du salon ; roulerait des yeux le lendemain en entendant Trevor lui dire d'arrêter de laisser son merdier n'importe où. Elle commençait à bien l'apprécier, l'avait bien senti dès leur première rencontre d'ailleurs, que l'autre homme serait un allié pour elle, plus qu'un adversaire, malgré le plaisir qu'elle prenait à l'emmerder. Un voyage au frigo pour vider une bouteille d'eau d'une traite, sans la ranger par la suite, et ses doigts attrapèrent une part de pizza froide pour commencer à l'avaler à grandes bouchées, la soirée l'ayant affamée. Ils n'avaient pas prévu de quoi manger entre deux verres, ils avaient été stupides. Simone avait suivi le mouvement au lieu de faire fonctionner ses neurones et d'anticiper une faim qui les ferait râler jusqu'au lendemain.

Mais ce n'était pas la faim qui l'emportait dans son système, plutôt la fatigue. Les paupières lourdes, elle traina des pieds jusqu'à la chambre qu'elle occupait depuis quelques semaines, et referma derrière elle sans faire de bruit. Elle devait dormir si elle voulait avoir une chance de tenir debout le lendemain matin pour sa journée de travail. Il lui fallait se préparer en fin de matinée pour rejoindre le manoir Calloway, nettoyer ce qu'elle pouvait en évitant sa tante, de peur qu'elle ne lui fasse la morale concernant ses échappées nocturnes et sa fatigue qui l'empêchait parfois de travailler. Elle n'était plus une enfant, mais Erin ne semblait pas l'avoir compris.
Elle laissa tomber son sac au pied du lit en masquant un bâillement du dos de sa main. Elle savait qu'elle s'endormirait en touchant l'oreiller, n'aurait pas à se battre avec le sommeil pour récupérer un brin de repos ; c'était tant mieux, elle n'aurait pas supporté de passer une nouvelle nuit à penser à ce qu'elle allait devenir maintenant que Layla n'était plus là pour la museler, pour l'empêcher d'attaquer les autres dans ses moments d'égarement. Elle était terrifiée à l'idée de faire du mal à quelqu'un de proche, plus encore désormais qu'elle avait des amis à perdre, des amours qu'elle ne voulait pas blesser par mégarde. Elle aurait pu en discuter avec quelqu'un d'autre, quelqu'un susceptible de l'aider comme l'avait fait la jeune femme jusqu'ici, mais elle ne savait à qui se confier concernant des événements si étranges. Et puis, qui la croirait ?

La lumière éteinte, elle s'effondra sur le matelas, les membres totalement abandonnés au contact du lit qu'elle avait tant rêvé de rejoindre. Lorsqu'elle percuta quelque chose, ou plutôt quelqu'un, elle sentit son cœur s'affoler, comme si sa vie allait s'arrêter ce soir-même. Elle poussa un cri étouffé, surprise de ne pas être seule dans cette chambre qui n'avait sûrement vu personne d'autre depuis bien longtemps, tendit rapidement la main vers la lampe de chevet afin de l'allumer. Les gestes vifs, elle se redressa, assise sur le matelas, en posant une main contre sa poitrine pour reprendre son souffle. « — Zach! for fuck's sake! You scared the shit out of me! » Elle poussa un soupir pour calmer son palpitant, et lui sourit enfin, ravie de le revoir. « — U' ok? » Elle arqua un sourcil et coula des doigts jusqu'à son front pour en relever quelques mèches, soucieuse de le regarder dans les yeux, de pouvoir repérer s'il avait besoin d'une assistance médicale. Ce qu'elle découvrit dans son regard ne fut que la fatigue habituelle, et une détresse qui lui brisa le cœur d'un coup brusque. Elle fronça les sourcils, puis reprit : « — What are ya doin' here? »

COME OUT AND HAUNT ME
you leapt from crumbling bridges, watching cityscapes turn to dust, filming helicopters crashing in the ocean. from way above.

...

L’océan dans lequel Zachary Madden s’est noyé il y a des mois de ça semble se réveiller. Cet océan qui l’avait happé, serré si fort, enfoncé dans les profondeurs à lui faire perdre la lumière. Cet océan qui était devenu si calme depuis si longtemps semblait retrouver de son vivant. De ce vivant qui brûle, qui griffe et qui hurle. L’océan devient vagues violentes qui tente de recracher le pauvre naufragé. Il se prend les attaques en pleine gueule, après des mois au fond de sa bulle.

S’il se croyait fatigué depuis des mois, Madden n’avait pas idée de ce que les conséquences de cet arrêt allait lui faire subir. Ce monde qui cesse de croire à sa mascarade, cette réalité qui lui arrache son masque de force, c’est en train de le tuer. Parce que tout revient, fort, trop fort. Qu’il n’a toujours pas de solution. Son cœur saigne, son corps hurle. Peut-être l’inverse. S’il croyait avoir perdu le statut d’être vivant depuis quelques temps, il réalise qu’il s’est trompé. Peut-être qu’il n’est pas encore tout à fait mort, parce que tout lui fait mal, tellement mal.

Écrasé dans son matelas depuis une minute, dix, ou peut-être dix jours. Il n’en sait rien. Tout semble n’être que bribes. Il croit avoir croisé Trevor l’autre jour, est-ce que c’était hier ? Est-ce que c’était seulement réel ? Andy et Kyle lui manquent.

Il n’a pas le droit d’y revenir, pas le droit de rentrer dans cette maison qui n’est plus la sienne. S’il est honnête, Zachary ne se souvient même pas des derniers mots prononcés à l’égard de son frère. Certainement pas ceux qui devraient faire office de derniers.

Ses mains resserrent ses côtes alors qu’il s’enfonce un peu plus dans son matelas, fermant les yeux en espérant désespérément que tout s’arrête. Comme par miracle. Peut-être qu’il s’endort. Il est tellement fatigué. Peut-être que ça fait des heures qu’il dort, il n’ouvre pas les volets.

C’est sans doute pour ça qu’il ne l’entend pas. Pas ses pas qu’il a tant adorés pendant des années. Pas cette fausse discrétion qui l’a toujours fait marrer. Il n’entend rien, plus rien depuis trop de temps maintenant. Dans les méandres de cet océan qui peine à le recracher.

Alors quand le poids s’écrase sur lui, c’est comme une nouvelle vague de violence. Son cœur se met à battre dans tout son corps alors que ses yeux noirs peinent à trouver accroche dans cette chambre qu’il ne connaît que trop peu. Heureusement pour lui, même dans sa détresse la plus profonde, la voix qu’il entend le saisit et le ramène coûte que coûte dans cette vie qu’il s’est acharné à tuer.

« Sim… » La gorge nouée, enrouée, il n’arrive même pas à finir son nom quand la jeune femme, elle, semble mille fois plus à l’aise que lui. Faut être honnête, elle à presque toujours été plus à l’aise que lui. Mais même dans cet appartement, dans ce nouveau terrain qui aurait dû éloigner tout ce qui le rendait vivant, elle était là. Mieux que ça, elle était là, mieux que lui. Maîtresse des lieux, le brun regarde réellement sa chambre pour la première fois et constate le tas d’affaires ne lui appartenant pas, rangé, posé. La chambre est habitée. Pas par lui, par elle, comme elle l’a toujours fait.

Sa gorge se resserre un peu plus alors qu’elle lui demande ce qu’il fait ici, dans son lit. Avant, il lui aurait rétorqué que c’était lui qui payait le loyer, qu’elle pouvait au moins faire semblant qu’il y vivait. Mais c’était avant, quand il se sentait encore vivant. Quand il y croyait, même s’il prétendait faire semblant.

Alors l’océan lui fout une nouvelle vague en pleine gueule. Il l’agresse, lui hurle de se casser, de trouver cette putain de rive et d’arrêter de plonger. Zach sent ses mains qui commencent à trembler alors qu’il tente péniblement de se redresser et quand il croit pouvoir encore berner le monde, son regard croise celui de Simone.

Simone. Ses rires, ses sourires. Tous ces moments. Son visage, les souvenirs. Kyle. Cette relation spéciale et indestructible. Andy. Tout défile et il sent la vague le traverser pour finalement déborder dans ses yeux. « I… I don’t. » Mais il faut faire semblant. Garder la face. Prétendre que tout va bien. Les protéger.

Les protéger de lui.
Les protéger au cas où il ne puisse plus jamais redevenir lui.

Les larmes brûlantes roulent sur les joues glacées, laissent des traces rougeâtres alors qu’il continue « I’m so fucking tired, Si’. I’m-I’m just… so fucking tired. » Son visage s’écrase contre la tête de lit et ses yeux noirs fixent le plafond qui s'amuse à virevolter. « I can’t do this anymore. I’m sorry, I just can’t. »

Et ces quelques mots, juste ceux-là, pour la première fois, ça lui donne la force de prendre sa première vraie inspiration depuis très longtemps. Les mains réfugiées contre sa cage thoracique par réflexe n’en reviennent pas, s’arrête de trembler sous le mouvement oublié.

Est-ce qu’il est vivant ?

hey brother

if the sky comes falling down for you there's nothing in this world i wouldn't do what if i'm far from home? oh brother, i will hear you call what if i lose it all?

-- music sounds better with you. ft. @zachary madden
Le premier réflexe qu'elle aurait dû avoir aurait, peut-être, été de lui apporter de quoi boire. C'était ce que faisait sa mère lorsque John n'allait pas bien, qu'il traversait ces mauvais jours où la maladie prenait le contrôle du futur. Ena apportait un verre d'eau près de ses lèvres, le forçait à s'hydrater avant de prendre la parole. Le regard de Simone ne se posa pourtant pas sur la porte, qu'elle aurait ensuite dû ouvrir pour revenir avec de quoi le rafraîchir, mais resta plongé dans les yeux de son ami. La détresse qu'elle y lisait était à couper le souffle, un égarement tellement palpable qu'elle aurait pu s'en saisir. Son cœur s'était calmé, avait cessé de tambouriner jusque dans son ventre alors que la surprise l'avait fauché. Elle n'en gardait pas moins le sentiment de doute, de questionnement, désireuse de comprendre pourquoi il avait décidé de venir chez lui. La demande tomberait entre eux, mais elle le ne le ferait que plus tard, quand le calme sera revenu, que le regard de Zach aura repris des lueurs moins inquiétantes. « — Wow. » Elle ne fut pas capable de trouver de terme approprié, seulement une onomatopée presque soufflée ; elle avait envie de lui demander s'il avait fumé quelque chose, juste pour savoir si elle devait être affolée ou s'il ne s'agissait que d'une redescente bien trop violente.

Les mots prononcés par le jeune homme étaient lourds de sens et, pourtant, ils n'en faisaient aucun au regard de Simone. Il ne pouvait pas faire quoi ? Qu'est-ce qui était si fatiguant, au point de se retrouver dans un état pareil ? Est-ce qu'il parlait de son travail ? Elle se retiendrait de lui dire qu'ils lui disaient tous de lever le pied depuis bien longtemps déjà, mais ne s'en gênerait pas quand il aurait repris du poil de la bête. « — What are you talkin' about? » La voix mêlant inquiétude et irritation tant elle détestait se sentir aussi perdue. Cela la renvoyait toujours à ces conversations avec Ena où cette dernière restait toujours trop secrète. Peut-être que si Simone avait pris le temps de la questionner, de rester près d'elle, sa mère serait encore là pour lui dire ce qui n'allait pas lorsqu'elle partait. Elle ne laisserait pas Zach sombrer à son tour, pas alors qu'il était devenu aussi important pour elle. Elle tendit alors une main et invita le jeune homme à venir contre elle, entourant le bras autour de ses épaules.

La couette rabattue sur eux, Simone se rapprocha de lui en espérant ne pas trop sentir l'alcool. Elle n'avait pas pris la peine de passer par la douche, pensant être seule pour la nuit ; le décapage se faisait toujours le lendemain, quand le monde tournait un peu moins vite. « — You want me to call Andy? or Kyle? or ... Batman? » Il savait éternellement que faire pour aider son fils, du moins quand ce dernier acceptait d'être aidé ; pour faire court, jamais. « — I'm not sober enough to let you off the hook, so tell me what's wrong. » Elle le garda ainsi serré contre elle, pas du tout gênée par la proximité malgré sa tenue indécente ; elle n'avait pas prévu de pyjama et ne comptait pas se lever pour s'habiller. De plus, ils n'en étaient pas là dans leur relation, passaient au-delà la pudeur depuis bien longtemps déjà. Elle se félicita tout de même d'avoir mis une brassière avant de sortir, Zach aurait peut-être trouvé douteux de se réveiller contre la poitrine nue de son amie. Elle le berça doucement contre elle en attendant une réponse, finissant par demander : « — You want a glass of water? »

COME OUT AND HAUNT ME
you leapt from crumbling bridges, watching cityscapes turn to dust, filming helicopters crashing in the ocean. from way above.

Lorsqu'il fermait les yeux, un quart de seconde à peine, Zachary pourrait croire que tout ça n'est qu'un mauvais rêve. Ces derniers mois n'ont pas vraiment existé, c'est un cauchemar terrible dont il va se réveiller, probablement installé entre Simone et Kyle dans son lit. C'était l'explication terrible qui le maintenait encore en vie. Cette idée complètement folle et absurde qu'il allait se réveiller.

C'est peut-être pour ça qu'il n'a pas cherché à se battre contre son état. Peut-être pour ça qu'il a décidé de tout garder pour lui. Ca n'avait pas d'importance. Tout n'était qu'un mauvais rêve et il n'avait aucune raison d'inquiéter ou blesser ses proches pour un rêve. Aussi tordu soit-il.

Mais tristement la présence de Simone contre lui n'est qu'une preuve de plus que ce cauchemar est sa réalité. Sa voix qui s'écrase contre lui comme rappel qu'il n'y a plus d'espoir, plus d'issue. On échappe pas à la réalité, il le sait, il a essayé.

La question, bien que légitime n'appelle à aucune réponse. Tout du moins, aucune que Zach n'est capable d'articuler. Les larmes brûlent encore ses joues alors qu'il n'a pas assez de force pour lui dire plus que ce qu'il n'a dit.

Heureusement pour lui, Simone n'attend pas qu'il parle pour agir. Elle l'amène contre elle, les enferme tous les deux dans cette bulle qu'est la couette.

Et pour la première fois depuis des mois, blotti dans les bras d'un de ses piliers, Zachary Madden se rend compte qu'il respire encore. Que son cœur bat. Son poing se referme alors qu'il combat les pensées qui s'emmêlent.

Les mots de Simone comme ancre. Espoir nouveau, tout aussi absurde, d'exister. De toute façon, il n'a pas la force de s'éloigner. Pas la force d'avoir sa logique, de lui articuler qu'il peut peut-être la contaminer. Qu'elle ne devrait pas l'approcher.

Non, l'irlandais est enfoui dans les bras de son amie et a l'impression que sa chaleur est le premier pansement qu'il trouve. Trop lâche pour le laisser, pour penser à elle avant lui. Trop fatigué pour évoquer des risques, la faire agir tout en connaissance de cause. Non, Madden n'a plus la force de rien.

Il la laisse parler sans un mot, les minutes dans ses bras permettent aux larmes de cesser de couler. Alors qu'elle finit par lui proposer un verre d'eau c'est son poing qui se desserre. Avec le peu de force, dans des tremblements qu'il ne prétend pas maîtriser, le brun vient poser sa main sur le bras de Simone.

Son visage se terre un peu plus contre elle, les doigts posés sur l'avant bras n'ont aucune force de pression alors qu'après un long silence il dit « You should take a glass of water first, you're gonna have a headache. » Il a envie de se tourner vers elle, lui sourire. La taquiner. Redonner vie à ce qui les unit mais il n'en a pas la force.

« I think... » qu'il commence alors que tout son corps pèse une tonne « I think I left you a bottle... Nightstand. » Bon c'était pas très clair et il ne pouvait même pas montrer du doigt la table de nuit en question. Puis, il dit ça mais était-il vraiment sûr que l'action était récente ?

Dans son temps distordu, il lui déposait régulièrement des gourdes d'eau et des aspirines sur la table de chevet. Qui sait ce qu'il en était en réalité.

La tête toujours aussi vaseuse, il ferme les yeux quelques instants et ses lèvres échappent avant que sa langue n'ait eu le temps de les arrêter « I think I'm sick, Si. And I'm not getting better. »

Il concentre ses forces pour croiser son regard tant bien que mal sans se décoller d'elle et souffle « Nor worse, actually. »

Sa chevelure brune s'écrase à nouveau quand il souffle « I'm sorry Si. I tried to protect you. »

hey brother

if the sky comes falling down for you there's nothing in this world i wouldn't do what if i'm far from home? oh brother, i will hear you call what if i lose it all?

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