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 hanging by a thread (maeve)

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Spencer Warwick
- the beaten and the damned -
Spencer Warwick
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damné(e) le : o26/03/2023
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hanging by a thread (maeve)
Sam 17 Fév - 16:17

Hanging by a thread


Tu récupères le café craché par la machine, te brûlant pratiquement le gosier par précipitation. La boisson vient conclure un shift long et ennuyeux. T’as le dos douloureux de t’être tenu debout toute la nuit et tu finis par t’effondrer sur la chaise du petit algeco qui vous sert de bureau de passage, à Allistair et toi. Tu le vois d’ailleurs se garer sur le parking du cimetière, à l’heure, comme chaque matin. Depuis l’épisode avec sa femme, vous avez la conversation difficile, mais tu restes content de le voir arriver, simplement parce que ça signifie que tu vas pouvoir te barrer. Aucun signe de Chester, par contre, qui, lui, semble commencer bien plus tard. Une pensée qui te laisse avec une déception certaine.
Le grand barbu finit par pousser la porte du bureau, pour pointer ses heures, et tu te relèves légèrement, cerné mais le sourire aux lèvres. “ Café ?” Tu le vois légèrement hagard comme celui qui se serait éveillé en retard et qui aurait sauté dans sa voiture, paniqué à l’idée de devoir s’expliquer à Maggie, agente bien confortablement installée de la mairie d’Exeter, au service RH. La femme sévère qui ne manque jamais de convoquer ses employés quand leurs faits et gestes la dérangent. “J’ai rien de précis à te signaler ce matin, y a juste l’entretien à faire du côté est, mais ça te prendra pas la journée. Perso, je bois mon café et je me casse.” Tu finis ton café en silence, profitant de l’accalmie que te procure le matin, lorsque tu n’as plus vraiment d’obligations.

Tu as tout prévu dans ton sac à bandoulière, de nouveau, comme quelques jours plus tôt. Ton appareil photo rangé à côté de ta lampe frontale, ton couteau suisse caché dans la doublure de la poche de ta veste et des barres de céréales accompagnées d’une bouteille d’eau. Tu espères, cette fois, ne pas être dérangé lors de ton exploration, la dernière s’étant soldée par un échec.
La route jusqu’à la prison n’est pas des plus désagréables. Une journée douce pour un mois de février, une route accidentée parfois mais qui te laisse assez d’espace pour ne pas faire glisser ta canne sur une des aspérités du sol. Tu ne conduis de toute manière pas, et te présenter là avec une voiture - et une plaque d’immatriculation, surtout - serait beaucoup moins discret que faire le chemin à pied.

La prison est excentrée, de sorte à ce que le chemin pour s’y rendre s’enfonce au milieu de la nature. Les murs sombres, plus loin sur le chemin, rappellent bien entendu le passage de l’humain, mais jusque-là, la végétation permet, un temps au moins, d’oublier vers quoi la route mène. C’est là, dans le silence interrompu par le son de ta canne sur le goudron, que tu la vois, sa chevelure blonde emportée de temps à autres par le vent qui ne semble pas vouloir abandonner son conflit avec le soleil. Encore une fois, le lieu semble plus fréquenté que ce que tu ne le pensais et tu espères silencieusement que la situation avec Cecil ne se reproduira pas. Pourtant, plus tu avances vers le portail rouillé de la prison, encore à quelques mètres de là, plus tes sourcils se froncent. “Maeve ?” T’as un doute comme devant quelqu’un que t’as pas vu depuis dix ans, à moitié sûr que tu te trompes pas, à moitié persuadé que t’allais te faire envoyer chier à la vitesse de la lumière. Tu sais même pas comment réagir, réellement, alors que tu devrais probablement être celui qui s’excuse, qui se confond en explications et qui prie pour ne pas passer un trop mauvais quart d’heure. Mais faut dire que tout de suite, après ton entrevue avec Cecil, t’en as pas vraiment l’énergie, alors tu t’arrêtes à quelques mètres, désormais certain d’être face à l’une de tes plus vieilles amies, sans réellement pouvoir décider de quoi faire ensuite.

“ Je pense qu’y a un monde où je croise pas la moitié d’Exeter quand je veux m’isoler au milieu des bâtiments abandonnés.” Ta blague tombe à plat, faut dire qu’elle a probablement pas la référence à Cecil, parce que tu te demandes concrètement si là encore, tu vas te faire prendre à parti par un fantôme, ou si t’allais pouvoir mettre un pied dans cette foutue bâtisse et prendre tes photos.  T’as pourtant une étincelle qui te souffle que c’est peut-être pas la bonne façon de s’adresser à quelqu’un que tu as de grandes chances d’avoir heurté, même si t’essaies de pas penser à Eli, même si ta gêne se traduit par la plus grande des maladresses. “ça fait longtemps. Je suis content de te voir.” Plus ou moins. T’es pas sûr que ce soit très vrai, tout dépendra sans aucun doute de la réaction que tu recevras en face.

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Maeve Winchester
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Maeve Winchester
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La nuit a été courte alors qu'il n'y avait ni réveil pour l'extirper du sommeil ce matin, ni quelconque obligation professionnelle. Pourtant, après avoir passé une soirée calme à l'appartement avec son frère et après avoir échangé des messages bien plus cordiaux qu'à l'accoutumée jusqu'au milieu de la nuit avec Lir, elle a naturellement ouvert les yeux en même temps que le lever du soleil. Reposée, elle ne peut pas vraiment l'être après quelques heures à peine de repos, et son corps prendra certainement un malin plaisir à le lui faire ressentir dans la journée. En attendant, il lui paraît tout bonnement impossible de se replonger dans le monde des rêves. La tête est encore sur l'oreiller, mais le cerveau est déjà en ébullition. Le corps est toujours emmitouflé sous l'énorme couette, mais déjà, ses jambes lui réclament du mouvement. Que cette journée commence.

L'esprit vagabonde sans retenue tandis que les pieds foulent le sol à une allure tranquille. Il y a peu d'activités plus méditatives qu'une sortie de course à pied dans la brume matinale, à mouvoir quasi sans aucun bruit dans une ville qui s'éveille à peine. Tellement méditative qu'elle ne peut retenir ni contrôler ses pensées et qu'elle réfléchit à tout et à rien à la fois, aux petits tracas actuels et aux montagnes insurmontables qu'elle préfère d'habitude ignorer. Elle pense à la réunion d'équipe de demain pour laquelle elle n'a rien préparé. Au regard un peu triste que sa grand-mère avait posé sur elle avant-hier. A Lir et son air toujours un peu torturé. A cette silhouette furtive et inexplicable qu'elle a cru apercevoir dans la maison abandonnée avec lui. A cet homme qu'elle a tué il y a des années. A la vaisselle qu'elle n'a pas faite hier soir. Sa vie en un flot continu de bribes involontaires, elle qui les traverse à la vitesse de sa foulée. Lorsqu'elle reprend enfin conscience de la réalité et du monde tangible hors de sa tête, elle est étonnée de constater qu'elle est proche de l'ancienne prison.

Elle ne devrait pas s'aventurer ici, le sentier cabossé en est une raison bien suffisante. Le rythme ralentit et malgré tout, sa cheville se tord dans une crevasse peu profonde et la bulle de sérénité explose. Elle jure dans un murmure agacé et là voilà assise par terre à quelques mètres de ce lieu qu'elle ne peut même pas photographier. En frottant l'articulation endolorie, sa tête se relève et les yeux se fixent sur une silhouette grandissante à mesure qu'elle se rapproche. Qui d'autre qu'elle-même peut bien se retrouver à cet endroit à cet instant de la journée ? Son prénom est prononcé et la surprise ne fait que grandir encore un peu. Elle se redresse en plissant les yeux et, vraiment, il serait temps qu'elle prenne rendez-vous chez un ophtalmologue. Quand, enfin, l'être humain en face d'elle prend l'apparence d'un homme qui lui semble appartenir à une autre vie, l'étonnement a atteint son paroxysme. "Spencer." Ce n'est pas une question. Même après des années, même s'il était sorti de sa vie presqu'entièrement, elle pourrait toujours le reconnaître.

Après la pluie de pensées qui vient de s'abattre sur elle, c'est à présent un torrent de sensations contradictoires qui la submerge et tandis qu'il parle, elle ne peut que garder le silence. Elle observe cet homme qu'elle a bien connu, mais qui ressemble davantage à un inconnu aujourd'hui. Le visage est le même et pourtant, pas tout à fait. Il a changé. La vie l'a changé. Une relation l'a changé. "Content de me voir ? Vraiment ? Ou bien t'avais juste prévu de ne plus jamais m'adresser la parole, mais tu ne peux décemment pas m'ignorer dans cette situation ?" Ses bras se croisent sur sa poitrine alors qu'elle le défie du regard. C'est la colère qu'elle arbore et pourtant, elle n'est pas réellement en colère. Elle est blessée. C'est toujours plus simple de masquer la douleur par autre chose. Tellement plus facile de prétendre qu'on n'est pas assez idiot pour donner à quelqu'un suffisamment de pouvoir pour qu'il puisse nous décevoir. Mais Maeve est comme tous les autres, et Spencer a compté, alors Spencer a pu blesser.

Dans un soupir, elle laisse retomber ses bras et son attitude de défiance. Il est trop tôt pour les mascarades. "Désolée. C'est juste que..." Que je ne sais plus comment me comporter devant toi ? Que j'ai cru que tu m'avais oublié ? Que j'avais besoin de mon ami ? Que tu m'as manqué ? Trop tôt aussi pour la vérité sans artifice. "Je suis contente de toi voir aussi. Sincèrement." Elle laisse un petit sourire  naître au coin de ses lèvres alors qu'elle prend un pas dans sa direction. Pas assez proche pour le prendre dans ses bras, comme ce vieil ami de longue date que l'on retrouve, mais assez pour réduire la distance entre eux. Au sens propre, comme au figuré. "Si tu tenais tant à reprendre contact avec moi, tu crois pas qu'un message aurait été plus simple que de me suivre jusqu'ici ? J'ai pas changé de numéro, tu sais." Elle rigole doucement et la condensation s'échappe de sa bouche, le souffle chaud de son corps encore dans l'effort contrebalançant avec la froideur de février. "Sérieusement, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ? Je croyais que ton truc, c'était les cimetières, pas les prisons."

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Spencer Warwick
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T’as la désagréable impression du déjà-vu, quand la silhouette de Maeve se détache dans la brume du matin. T’as laissé tomber beaucoup de monde, par ta lâcheté et ta soumission, t’as pas su voir ce qu’il t’arrivait, parce qu’il était bien plus facile de se convaincre que l’amour valait tous les sacrifices quand celui-ci ne faisait que tout empoisonner sur son passage. T’es planté là, maintenant, à quelques pas de la jeune femme, appuyé sur ta canne, plus rigide que jamais. Il est vrai que tu ne sais pas vraiment comment réagir, alors même que tu aurais pu prévoir que cette situation-là risquait bien d’arriver un jour. Certes, Exeter n’était pas une petite ville de campagne, il était facile de s’y fondre pour se faire oublier, mais lorsque l’on gravitait autour des mêmes endroits, passionnés par les mêmes histoires, il fallait s’attendre à ne pas s’échapper longtemps. Dix ans, c’était déjà beaucoup.
Dix ans, c’était avant l’accident. Lorsque tu marchais encore sur tes deux jambes. Dix ans, c’était même avant le mariage, lorsque tu t’es fait surprendre par l’amour, lorsque tu te demandais encore, et ce pendant des mois durant, comment quelqu’un d’aussi terne et commun que toi avait pu attirer l'œil d’Elijah. Tu avais fini par avoir la réponse, finalement, dans ton absence de lutte pour conserver la vie que tu avais. Tu ne sais pas bien si la personne qui se trouve maintenant face à Maeve à encore quelque chose à voir avec celui qu’elle a connu. L’inverse doit être tout aussi vrai, et ce par ta faute.

Le silence s’étire à la fin de sa réponse. T’aurais dû t’attendre à ce que ça tape dans le mille, et pourtant, t’es décontenancé. “Plutôt ça, oui.” Tu l’admets, parce que ça ne servirait à rien de réagir autrement. C’était bien le plan, de ne pas faire face aux personnes que tu as mis de côté, quitte à te retrouver définitivement seul, dans ton incapacité à te montrer agréable. La honte, plus qu’autre chose, t’es absolument pas convaincu d'avoir raison, ce serait s’enfoncer dans une illusion inquiétante. Mais tu te refuses au regret. “Cela dit, tu me donnes pas assez de crédit, je pourrais très bien t’ignorer ici aussi. Comment va ta cheville ? ” Même si elle s’est relevée, tu l’as bien vue à genoux, avant que t’aies compris qu’il s’agissait bien d’elle. Rien de bien surprenant, quand on voyait l’état du sol. Après tout, il n’y avait aucune raison pour laquelle la municipalité viendrait effectuer des travaux de remise en état, aucun projet de réhabilitation de la prison n’étant prévu. S’ils pouvaient faire fuir les curieux, c’était encore à leur bénéfice.

T’es mal à l’aise, incapable de vraiment savoir comment te tenir, alors tu ne bouges plus, t’attends juste que quelque chose se passe. Alors que c’est toi qui devrait le faire, elle cède la première, s’excuse pour une réaction que t’es loin, en toute honnêteté, de trouver disproportionnée. C’est dur à voir, pour toi, parfois, parce que t’as tendance à te laisser porter par le deuil et ta douleur, de sorte à ce que tout ce qui t’en fasse sortir te semble dérisoire. Mais t’es bien conscient qu’avant de blesser les morts, c’est aux vivants que t’as fait défaut. “Non … Juste. T’excuse pas. Je le mérite. J’aurais pas dû disparaître.” C’est tout ce que t’es capable de dire pour le moment. Parce que tu vois pas bien ce que tu pourrais faire, en réalité. Les mots semblent ridiculement faibles face à une absence d’une décennie, et t’es loin de penser que tous les malheurs qui te sont arrivés sont imputables à Eli. Beaucoup, oui. Est-ce que tu l’as laissé faire ? Aussi. Est-ce qu’il est fautif de sa propre mort ? Probablement, en partie, mais c’est aussi toi qui a tourné le volant, sans y réfléchir, sans penser aux conséquences, parce que toi, tu voulais que ça s’arrête. Quelle ironie, alors que c’est toi et toi seul qui te retrouve à devoir subir l’existence maintenant. Le fait est que prendre tes responsabilités sur l’instant te semble difficile, aussi, tu prends l’échappée à la première occasion. T’es d’ailleurs assez surpris que Maeve soit au courant de ton boulot, mais en fin de compte, elle était journaliste, t’avais bien dû enterrer un ou deux malheureux qui avaient suscité son intérêt au fil des deux dernières années écoulées. “Oh, ça fait un moment que je veux aller prendre des photos dans la vieille prison, mais j’en ai pas encore eu l’occasion. La dernière fois que j’y suis venu, j’ai même pas passé la porte d’entrée. Même avec une jambe en moins, je me priverais pas d’une session d’urbex, je peux juste plus vraiment grimper partout.” Tu ressers un coup ton manteau autour de tes épaules, pour éviter au froid de s’insinuer à travers les ouvertures. “ Et toi ? Je suppose que c’est pas pour un article d’actu.” A moins que les possessions de Cecil soient devenues objet d’infos, mais t’en doutes fortement.


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Maeve Winchester
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Lorsque les yeux se posent sur l'homme qu'elle n'a pas revu depuis si longtemps, elle pourrait presque se convaincre que les fantômes existent bel et bien, après tout. La reconnaissance est mutuelle et immédiate, même si tant de choses ont changé depuis. Des traits de leur visage à leur expression en passant par l'éclat du vécu dans leur regard. Elle remarque la canne sur laquelle il s'appuie et elle a presque le réflexe stupide de le réprimander, de lui faire remarquer que ce chemin n'est pas praticable s'il est blessé. Le besoin viscéral de protéger, comme avant. Et puis, elle se rappelle que c'est elle qui était affalée par terre quelques secondes auparavant, pas lui, et son égo lui permet de fermer la bouche. Qui est-elle pour lui à présent, de toute façon ? Son inquiétude d'amie est-elle encore légitime ? A-t-elle seulement envie de la ressentir ? C'est la défiance qui prime alors, les mots qu'elle finit par cracher sont durs et le silence qui s'en suit est presque assourdissant de non—dits. Spencer ne se cache pas derrière les mensonges pourtant, et ça la détend. Si l'honnêteté est de mise, alors ils ont au moins une base à peu près saine pour voir ce qu'il est possible de reconstruire. 

La touche d'humour dans sa réponse lui étire le coin de la lèvre et elle doit se retenir pour garder un air froid. Elle a l'impression d'entrevoir une illusion fugace du Spencer d'avant, du Spencer qu'elle connaissait. C'est à la fois douloureux et rassurant. "Ma cheville va bien, je testais juste si l'herbe était confortable. Elle ne l'est pas, pour ton information." Le silence, encore. C'est difficile de savoir sur quel pied danser. Laisser exploser tous les sentiments accumulés depuis tant de temps ne serait certainement pas une bonne idée, mais tout contenir alors qu'ils sont enfin l'un en face de l'autre semble presque impossible. Elle est douée d'ordinaire pour faire la conversation et combler les blancs, mais la situation n'a rien d'ordinaire. Elle finit par se rabattre sur des excuses, parce que c'est une des seules choses qui semble faire sens à cet instant, mais elles sont balayées en face par une fatalité déconcertante. Une simple phrase qui ne lui suffit pas et, encore une fois, elle doit retenir les mots qui risquent de déborder. Les questions qui veulent s'échapper pour comprendre, enfin. C'est trop tôt pourtant, elle doit se contenter de ça pour l'instant. C'est mal la connaître de penser qu'elle ne cherchera pas à creuser. Il ne la connaît peut-être plus vraiment, en réalité.

L'évocation de la vieille prison comme sujet de photographie éveille son intérêt et son regard se perd un instant sur la bâtisse intrigante. "Je ne suis jamais rentrée non plus, je n'ai pris des clichés que de l'extérieur." Elle n'a jamais été assez irresponsable pour s'aventurer dans des lieux abandonnés en solitaire, n'a jamais non plus su convaincre personne de l'accompagner ici. Elle pourrait presque rire de l'improbabilité de leur rencontre lorsqu'elle repose les yeux sur Spencer. "Non, moi je me suis juste perdue en courant. Comme tu peux voir, je n'ai même pas mon appareil photo." Elle désigne son maigre attirail, c'est-à-dire absolument rien à part son téléphone calé dans un brassard à son bras et des écouteurs qu'elle finit enfin par ranger. "Tu sais, je crois moyennement aux signes de l'univers, mais là c'est même plus un signe. C'est un énorme panneau en rouge, en gras et qui clignote." Elle pourrait calculer les probabilités qu'ils se retrouvent tous les deux ici à cette heure matinale, que ce soit Spencer devant elle après des années d'absence, qu'ils partagent le désir peu commun d'explorer une prison laissée à l'abandon. Elle pourrait, mais il y a une certaine beauté dans l'air de mystère qui plane sur eux.

"Ecoute, ce serait criminel de ma part de te laisser tout seul dans cette exploration avec une jambe amochée." Elle prend un pas en direction de l'ami d'autrefois, braquant un regard presque implorant dans des iris qu'elle avait presque oublié. C'est l'excuse de l'urbex oui, mais c'est l'opportunité cachée de passer un peu de temps ensemble, à nouveau. C'est la volonté inavouée de rouvrir une porte qu'elle pensait fermée à tout jamais, la clé égarée dans le néant. C'est l'occasion de peut-être prendre des nouvelles de façon détournée, moins effrayante. "Et ce serait criminel de ta part de ne pas me laisser t'accompagner alors que je rêve de visiter cette prison depuis longtemps." Message caché, double sens derrière les mots qui se veulent plus légers que la volonté profonde. S'il te plaît, accepte de tenter de renouer les liens que l'on pensait brisés. "En échange, je veux voir en avant-première les photos que tu prendras puisque je n'ai pas mon appareil. Deal ?" S'il te plaît, accepte cette main tendue.

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Spencer Warwick
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Tu pourrais faire semblant que voir cette silhouette ne te serre pas le cœur ou que tu ne la reconnais même pas. Tu pourrais même faire marche arrière, oublier tes projets et ne plus y penser. Comme si cette matinée n’existait pas, juste pour ne pas faire face aux conséquences de tes actions - ou de tes non-actions. Ce serait plus facile, pas vrai ? Mais après avoir mis ta vie en pause si longtemps, avoir perdu pratiquement tout ce qui t’appartenait, dans un sens ou un autre, tu n’as pas spécialement envie de céder à la facilité. Le hasard fait peut-être bien les choses, de l’avoir mise sur ta route aujourd’hui, un vestige un peu plus doux que ce dont tu as l’habitude, d’un passé évaporé. Quand on se trouve loin des gens qui ont compté, ce n’est pas grand-chose de faire croire qu’on s’en fout, que c’est du passé et qu’on ne peut plus rien y faire. Se retrouver confronté à la réalité, par contre, c’est une toute autre paire de manches.

Quand tu ouvres la bouche, tu te doutes déjà de comment tu vas être reçu, mais tu n’hésites pas longtemps non plus. Si ce n’est pas aujourd’hui, alors quand ? Tu ne peux pas espérer la recroiser au détour d’un chemin perdu aux frontières de la ville par hasard, quand tu auras accumulé assez de courage pour être honnête. Ta tentative d’humour, toutefois, tombe moins à plat que ce que tu pensais, même si le ton est toujours froid, face à toi. Est-ce que c’est surprenant ? Pas vraiment. “Hmm. C’est dommage, je me voyais bien y faire une sieste. Tant pis pour moi.” Tout faire pour retarder le moment fatidique où tu allais devoir t’expliquer. Tu le lui devais. Pour autant, pour le moment, y a que des excuses qui sortent. Tu peux pas nier que t’as merdé, mais t’as pas de réponse satisfaisante à donner, pas encore. Peut-être dans cinq minutes, dix ou une heure, peut-être dans quelques jours, peut-être que tu te laisseras avoir par des questions innocentes et que tu retraceras ta vie plus vite que tu ne le crois. Mais pour le moment, à cet instant, tes mots se bloquent et tu peux plus vraiment dire autre chose. La vérité, elle est pas satisfaisante, t’as laissé tomber une des seules personnes qui a été assez stupide pour t’aimer en faveur d’un autre qui t’aimait pas assez, ou peut-être trop fort et mal. C’était aussi con que ça, d’une banalité affligeante.

A la place, tu changes de sujet, tu t’ancres de nouveau dans le présent pour pas partir trop loin dans tes souvenirs, comme t’as l’habitude de le faire. Tu t’expliques alors que tu aurais très bien pu mentir, dire que tu prenais l’air, que c’était vivifiant et que ça te faisait du bien. Mais Maeve, c’est une des seules personnes avec qui tu as jamais pu parler librement de ta passion pour l’urbex, avec qui t’as même pu le partager régulièrement. De ça, vous ne différez pas beaucoup. Il y avait toujours eu plusieurs affects qui vous réunissaient, la photographie en faisait partie, l’objet de celles-ci aussi. La fascination pour les bâtiments pleins d’histoires, dramatiques ou douces, elle ne te vient pas d’hier. “ Moi aussi. J’ai un peu peur qu’ils finissent par la détruire totalement et que je rate ma chance, aujourd’hui c’était une journée comme une autre pour y remédier.” T’es pas sûr que la ville ait le budget pour la réhabiliter, ni même le désir, mais tu t’en voudrais de pas y être allé, de pas avoir fouillé à la recherche de détails intéressants ou de documents oubliés, que t’aies pas de quoi agrémenter ton dossier de découvertes. Tu ris doucement, acquiesçant. Tu as beau ne pas croire réellement au destin et à tout ce que cela implique, t’as envie de penser que ta réunion avec Maeve n’est pas seulement le fruit du hasard, mais peut-être qu’il est effectivement bien temps de mettre les combats derrière vous.

Tu en as envie en tout cas, même si tu ne rattraperas pas les dix dernières années de vos vies juste en le souhaitant très fort. Tu la fixes alors qu’elle te demande de l’accompagner, saisissant dans son regard comme dans votre échange la volonté de renouer, timidement, une amitié qui était pourtant vraisemblablement perdue. Peut-être que c’était une mauvaise idée, que vous aviez trop changé, pour que ce soit réellement cohérent, peut-être que vous alliez découvrir que vous n’avez plus rien en commun que le passé. Mais peut-être pas. C’est cet espoir-là qui ne te laisse pas réfléchir plus de quelques secondes, et qui te met sur le visage un sourire sincère. “Deal.” Pas besoin d’en dire plus ni d’en faire trop, tu lui montres la voie. “Après toi, je voudrais pas te ralentir avec ma jambe amochée. Tu accentues la grimace de désaccord sur ton visage et finit par reprendre la route. T’as qu’une lampe torche sur toi, mais ça devrait suffire. “Y a une possibilité que le lieu soit squatté, histoire de pas s’attirer d’emmerdes faudra qu’on tende l’oreille. A défaut de pouvoir courir, faut que je sois attentif.” Ta plus grande peur, depuis que tu fais de l’urbex seul, c’est de devoir fuir un gardien avec un chien. Tu serais quand même bien dans la merde. A l’époque, tu l’avais fait, et t’en avais ri ensuite. T’es pas trop sûr que ce serait le cas aujourd’hui.

Tu gardes le silence jusqu'à ce que vous arriviez à la grille rouillée et entrouverte. Tu ne sais plus si vous l'aviez laissé ainsi avec Cecil, mais tu décides que oui. Vaut mieux pas commencer à se poser des questions maintenant. “J'ai eu un accident de voiture y a deux ans. C'est pour ça, la canne.” Tu sais qu'elle se le demande sûrement, t'étais quand même pas mal un gage de flexibilité, à l'époque, contrairement à la posture raide que tu prends maintenant. Et tu préfères que ça sorte maintenant, mettant de côté volontairement tout ce que cet événement a impliqué pour toi. Pour ça, ce n'était pas le moment.



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Si elle est honnête, elle avait déjà imaginé mille scénarios dans sa tête si elle devait un jour à nouveau croiser la route de Spencer. Elle s'était vue en héroïne de sa propre vie, lui énumérant la liste de tous les manqués, de toutes les blessures, de son égo abîmé et de toutes ces choses brisées entre eux qui font qu'elle ne pouvait pas lui pardonner. Elle s'était vue aussi un peu hautaine, à lui faire croire que toute cette histoire ne l'avait pas vraiment touché, fausse armure d'une femme forte qui n'aurait renvoyé l'image que d'une âme insensible. Dans un rêve aussi, une fois, inavoué, elle s'était vu pleurer, le prendre dans ses bras, lui demander de ne plus jamais l'abandonner. C'est simple d'imaginer, de manipuler les sentiments, de calculer chaque mot à la perfection. La réalité est moins belle et surtout, elle est instable. Rien de tout ce qu'elle aurait pu prévoir ne se passe et les émotions sont bien moins claires et définies qu'elle n'aurait pu l'espérer. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle n'a pas vraiment envie de lui crier dessus, ni réellement envie de le voir partir à nouveau. C'est chaotique, bien plus que dans son imaginaire, mais c'est bien plus fort aussi. Elle s'y raccroche.

Une vieille prison abandonnée, c'est ça qui les rapproche à cet instant. Après toutes les années dans le flou. Il y a certainement une métaphore quelque part, sur un lieu d'enfermement décrépi par le temps dans sa course infini, mais elle n'a pas envie d'y réfléchir. Pas maintenant. Plus tard, peut-être, lorsqu'elle regardera les clichés que Spencer aura pu capturer ou s'il accepte de s'ouvrir un peu à elle. De commencer à lever le voile entre ces faux inconnus qui ne le sont pas, mais qui le sont paradoxalement tellement aujourd'hui. "Y'a vraiment que toi pour décider consciemment de visiter un tel lieu à cette heure de la journée." C'est faux, il y a elle aussi. Ils sont deux et c'est aussi ce lien qui les avait rapprochés. Elle ne le juge pas vraiment, parce qu'elle est pareille et que cette envie curieuse de découvrir et d'explorer, de poser les yeux et les doigts sur les traces oubliées du passé, vient réveiller l'adrénaline dans son corps aussi. Dix ans après, c'est cette flamme commune qui les réunit à nouveau. Deal.

"Pas de soucis, j'ai une ouïe à toute épreuve." Elle s'avance en première, d'un pas faussement assuré. Elle voudrait rendre la situation normale, mais rien ne l'est et son regard ne fait qu'accrocher la canne qui soutient Spencer. Elle n'ose pas poser la question qui lui brûle les lèvres tandis qu'ils franchissent la grille déjà entrouverte du lieu, mais ses yeux ont dû avoir les mots pour elle. Un accident, un fragment d'information auquel elle se rattache pour revenir dessus plus tard. "Il y a deux ans ? Donc si je comprends bien, c'est pas demain la veille que tu vas m'accompagner dans mes sorties de course à pied. Moi qui cherchais un partenaire de motivation." Masquer la lourdeur de la vie par une touche de légèreté, ça avait toujours été sa façon à elle d'avancer. Elle se rappelle encore les épreuves qu'ils ont fait subir à leur corps autrefois, tordus et enchevêtrés dans tous ces lieux délaissés, et elle se demande si la douleur psychologique ne doit pas être plus grande pour lui que la souffrance physique. "J'ai également eu un accident il y a quelques années. Pas le même genre et pas les mêmes séquelles sur le corps, mais ça a encore un impact aujourd'hui pour moi aussi. Pour toujours, probablement." La main frôle son ventre dans un réflexe irréfléchi, geste anodin qui ne pourrait pas trahir le secret dont seul son frère et un amant du passé sont au courant. Elle se livre sans se livrer, tout doucement, comme Spencer. Parce que c'est donnant donnant.

La prison lui semble immense maintenant qu'ils sont proches de l'énorme porte d'entrée du bâtiment. La façade est pleine d'histoire, de fissures et de plantes grimpantes, un tag ici ou là et elle s'arrête un instant pour l'admirer. Ressentir l'énergie du lieu. "J'aurais vraiment dû amener mon appareil... Faudra que tu me préviennes la prochaine fois qu'il te prend une envie soudaine d'urbex, que je me prépare un minimum au lieu de t'attendre le cul dans l'herbe." Parce qu'il y aura une prochaine fois, s'il le veut bien. "Bon, allez, amène-toi avec ta lampe torche. Je veux bien être ton équilibre, mais il va falloir que tu sois mes yeux." C'est assez simple d'ouvrir la porte sur un lieu sombre, signe qu'ils ne sont pas les premiers à pénétrer entre ces murs. La lumière timide du matin perce ici et là, à travers des vitres poussiéreuses et noircies. L'air frais vient lever les poils de ses bras au travers des carreaux parfois brisés. C'est silencieux et beau d'une façon qu'elle ne pourrait décrire à l'intérieur, simplement ressentir. Son regard admiratif coule doucement sur Spencer et elle peut presque le revoir plus jeune, à côté d'elle, dans un endroit similaire. "Tu te souviens quand on préférait refuser une sortie entre potes pour se planquer dans ce genre d'endroit et tout prendre en photo ?" Un petit sourire un brin nostalgique vient étirer ses lèvres. "Tu aimes toujours autant ça, la photographie ?"

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