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 (tw) sippin' on straight chlorine (nora)

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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:47, édité 1 fois
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" i won't let them win, go quietly "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body run | @nora everdell
/!\


Bien sûr que c'est long, dix putain d'années. Quand on y pense. D i x, quoi. Bordel, c'est pas six mois, c'est pas deux ans, mais une décennie entière. Et qu'est-ce qu'ils ont foutu, pendant autant de temps ? Rien, à part toujours se déchiqueter plus violemment à chaque fois. Elle lui offre à son tour une réplique du film et, bizarrement, ça lui arrache un sourire complice. Comme si pour une fois, ils étaient sur la même longueur d'onde, qu'ils avaient un repère unique à utiliser ensemble. Qu'ils se comprennent, étrangement. Bon, relativise mon gars, on parle d'un film, pas d'une valeur de vie. Et c'est justement c'qu'il fait - relativiser - quand la main s'approche de la poignée et qu'il est là, pantelant à s'dire qu'il lui faut s'enfuir, que l'éloignement de Nora est plus clair qu'une gifle donnée par une gamine à un autre gamin qui la drague. Quand sa proposition lui semble ridicule, maintenant, même à lui-même. Manger des pizzas, non mais il n'a pas mieux ? Et ça lui laisse un frisson dans l'dos, les quelques mots qui s'floutent sur l'écran d'son téléphone, à mesure que son cerveau se déconnecte. Pour l'éloigner du droit chemin, du chemin d'la raison, et des raisons il en a un million pour s'convaincre que c'est le mieux à faire. Partir, la laisser. Cette fois, n'pas las harceler par sms comme un ado, s'casser pour de bon, s'enfuir de sa vie une bonne fois pour toutes quand au bout de dix ans il est plus dans son sillage qu'une mouche à merde. Et pourtant, à croire qu'ça suffit pas. Qu'la curiosité est plus grisante qu'un million de raisons de démissionner d'ce boulot ingrat, d'ce rôle qu'il a enfile v'la trop d'années. Au moment où il fait glisser son caleçon le long de ses jambes, il repense à ce jour où elle est sortie. De taule. Quand c'était au poste, il avait d'la facilité à arranger sa détention, toujours provisoire. Là, en taule, en vraie prison si on peut dire, on s'fout bien d'la parole du shérif du comté. Lui auraient rit à la gueule, les juges. Et puis, savait rien d'elle, Nox. N'avait rien pour la défendre. En sait toujours pas plus aujourd'hui, d'ailleurs. Mais il s'souvient. Quand il était allé la chercher, parce qu'il était l'premier numéro à composer, sans s'demander pourquoi, en s'disant naïvement qu'elle voulait simplement l'garder à sa botte. Sur le chemin, qu'il savait pas trop quoi dire après deux ans sans la voir, sans la griffer, sans l'embrasser. Et qu'elle avait posé la main sur sa cuisse et qu'ça avait engendré la situation dans laquelle ils se sont embourbés aujourd'hui. L'regard d'abord surpris qu'il lui avait lancé en coin, depuis l'arrière du taxi qu'il avait commandé pour venir le chercher déjà lui, puis pour prendre la route d'la prison et enfin, l'adresse d'son appartement à elle. Cette main qui s'était faite aguicheuse, provocatrice. Cette main qu'il avait attendu et crainte pourtant trop d'temps, quand déjà avant ça elle lui faisait des avances qu'il se sentait forcé d'repousser quand il en crevait d'envie d'puis déjà des années. P't'être que c'est à cause de ça, qu'il a commencé. À être agaçant, piquant, blessant. Pour s'venger de ce qu'il s'disait qu'il n'avait pas le droit de faire. S'souvient, Nox. Avoir murmuré une autre adresse, pour l'coup - la sienne - et avoir surpris le sourire mutin du taximan dans l'rétroviseur. Cette main qu'il avait voulu bloquer d'la sienne, quand elle y avait entremêlé leurs doigts, comme s'il était un amant qu'elle retrouvait après deux ans d'absence. Rien à voir. Une façon plus malsaine encore d'le ramener à elle, toujours, d's'assurer pour les années à venir qu'elle avait quelque chose à donner en échange. De services illégaux à services malsains. Alors ouais, il s'souvient avoir cédé. Il s'souvient d'la tension quand il s'était extirpé du taxi, d'la fureur avec laquelle il l'avait plaquée contre la porte d'entrée d'son appartement, sans pouvoir s'retenir plus longtemps. Il s'souvient, Nox, quand les rayons du soleil étaient venus l'réveiller, lui brûler les paupières, au petit matin, d'la violence avec laquelle il l'avait jetée à la porte. D'l'assurance qu'il avait eu d'se répéter que c'était la première et dernière fois.

Et pourtant, l'voilà deux ans plus tard à lui attraper l'bras avec une douceur qu'on ne lui connait pas, pour la retourner vers lui. Elle semble, en même temps que lui, constater les dégâts. Sait pas si elle s'en veut ou en est fière. L'emprisonne d'une poigne délicate, s'attend presque à ce qu'elle se débatte mais non. Reste tranquille et Nox, il s'dit qu'il ne l'a jamais vue si docile. Qu'même la colère semble s'être enfuie d'ses yeux, et ce constat lui semble étrange, anormal. Comme si toute la situation ne l'était pas déjà depuis plusieurs minutes. Elle fixe ses lèvres - son sourire ? - et il laisse la question glisser le long d'son corps avec l'eau brûlante qui ravive les plaies, comme autant de brûlures à son âme. C'est vrai, ça. T'es là pour quoi, alors ? N'a pas d'réponse à lui offrir, Nox. N'en trouve même pas une pour lui et sent déjà qu'ça va l'faire paniquer qu'il ne sache pas c'qu'il fout là. Pour quoi il est là. Alors, il hausse les épaules, comme le gamin qu'il est à cet instant devant elle. Comme le gamin qu'il était quand il l'a sortie, la première fois. S'amuse de ses mots, pourtant, quand l'eau l'aveugle en glissant dans ses yeux, qu'il cligne plusieurs fois des clis pour la garder dans son champ d'vision, l'sourire puérile accroché comme un trophée.Les deux à la fois et en même temps, ça n'donne que toi dans chacun des deux rôles. T'es la seule taularde ramassée à qui j'ai proposé une pizza. Dit comme ça, ça sonne encore plus merdique comme proposition. Grince un peu de la grimace amusée quand elle lui marche sur les pieds, c'est pas comme si son poids plume pouvait lui casser les orteils non plus. Fronce les sourcils à sa remarque, avant d'comprendre qu'elle parle de la taule. L'observe à l'oblique, prend son temps, quand il libère ses bras et qu'il les sent venir étroitement mettre en cage sa nuque, s'croiser derrière celle-ci comme autant de cadenas qui verrouilleraient sa position.Mais.. rassure-moi, c'est pas la première douche que tu prends d'puis que t'es sortie quand même, si ? Et ça pourrait y ressembler. À une attaque. À l'habituelle rengaine. Oui, ça y ressemblerait sûrement si la phrase n'était pas acheminée d'un rire franc, l'genre de trucs qui n'sort que trop peu de sa bouche, au flic. C'est quand, la dernière fois qu'il a vraiment rigolé ? A perdu l'habitude, à tel point qu'le son que ça fait le surprend, qu'il n'y est plus habitué. Noie la fin du rire contre ses lèvres avant d'y céder et de les lui prendre en otage, en bonne et due forme. Il la sent comme s'abandonner, n'sait pas, Nox, s'dit qu'elle est sûrement éreintée d'l'après-midi effarante qu'ils ont traversé comme des comètes. À s'griffer, à s'mordre, à s'user. À s'unir dans un besoin presque violent, commandité, semble-t-il, par une colère bien plus sourde et froide qu'aucune tempête ne pourrait se dire posséder. S'attend à être repoussé, Nox, quand il lui offre un baiser comme ils n'en ont jamais échangé, qu'leurs lèvres se caressent plus qu'elle ne se détestent, à cet instant. Mais il sent Nora aller dans son sens, et ça aussi, ça lui fait drôle. Crois bien qu'elle n'a jamais suivi quoi que ce soit de ce qu'il pouvait dire ou faire, avant ça, avant maintenant. S'en rend pas compte, sûrement, la gamine, qu'à mesure qu'il lui présente ces inédits sur des plateaux timides, qu'elle lui en offre tout autant en réponse. Qu'il les note, Nox. Pour plus tard. Quand ils auront repris le combat. Quand il lui faudra d'nouveau se défendre et qu'il retournera contre elle chaque geste, chaque mot. Alors pour ça, faut bien les noter, faut bien s'en souvenir. N'donne pas de réponse à son prénom lâché dans un murmure, n'en donne pas non plus à c'qui a le malheur de s'échapper après. Croise son regard avec l'appréhension qu'ça soit déjà qu'elle reprend les armes, qu'ces avec ces mots qu'elle va continuer d'le buter. Mais non. Sait pas combien d'temps elle va durer, la trêve, si c'est dix minutes, deux heures ou jusqu'au petit matin. S'fait pas d'illusions, Nox. Qu'ça durera pas plus. Peut-être même qu'il le supporterait pas, d'ailleurs. Peut-être même qu'c'est lui qui va les réveiller l'premier, à charge de revanche. Parce que c'est clair dans sa tête que ça n'va pas durer, et c'est peut-être le détail qui devrait l'interpeller. D'être autant certain qu'ils sont pas faits pour ça. Qu'on aurait presque l'impression qu'ils s'aiment et que malgré-tout, la promesse de la douleur future ne suffit pas à contrer la curiosité de voir jusqu'où un tel répit peut les mener.

Semble réticente, Nora, quand il lui attrape le bras et déballe sa blessure comme on le ferait d'un emballage cadeau. Pour affronter en face l'regard de sa culpabilité. Ne l'écoute pas, trop occupé à s'battre intérieurement avec le monstre pour lui accorder trop d'attention. Pourtant ses yeux vacillent quand elle murmure son nom et il redresse le visage un instant, caressant celui de Nora du sien tant leur proximité est désobligeante. Les abaisse directement, et après une dernière caresse à la blessure, comme on rassure un animal qu'on laisse derrière les cages du vétérinaire, qu'il l'abandonne enfin. Pourquoi tu fais ça. Pourquoi tu l'as pas fait avant. L'échine qu'est parcourue d'un frisson qui n'a rien à voir avec la chaleur ambiante ou un quelconque courant d'air. Sait pas d'quoi elle veut parler, quand il s'demande si elle parle d'avoir mis sa blessure à l'air sous ses yeux ou si elle parle de sa tendresse inopinée. Si elle parle qu'il soit entré dans la cabine de douche ou d'avoir entamé la trêve. Sait pas, Nox, les idées qui divaguent dans tous les sens, à n'avoir comme réponse qu'une bouche qui s'entrouvre sans que rien n'en sorte. Poisson hors de l'eau alors qu'le jet lui coule droit dans les yeux. Qu'il les plisse, la discerne plus vraiment, entend sa phrase à moitié, attend la suite mais décèle qu'elle n'a pas de fin. Sait pas de quel mot elle qualifierait son comportement. Bizarre ? Complètement attardé ? Malade ? Fou ? Aimant ? Elle le serre plus encore contre elle et il sent son coeur se gonfler, prêt à imploser.Parce que j'ai envie d'être... souffle-t-il à même sa bouche, réduisant encore l'espace qui les sépare, laissant le dernier mot en suspens, lui aussi, comme pour lui dire qu'elle peut compléter par ce qu'elle souhaite. S'rend compte, Nox, de tout ce monde qu'il a chassé de sa vie après ce soir-là. De toutes les distances, de toutes les absences. S'est volatilisé, Nox, a dressé une barrière entre lui et le reste du monde. Et, finalement, Nora semble être une des seules de qui il ne s'est pas éloigné. P't'être parce qu'il s'disait que ce côté sombre qui naissait en lui pouvait lui servir. Qu'elle pouvait s'en nourrir. Qu'un monstre ne juge pas un autre monstre.

Et dans sa voix il entend comme de la détresse. Et cela le choque, le bouleverse. Pas l'habitude d'entendre ça. Elle s'accroche à lui et il la soutient, s'offrant pilier solide, même éphémère. Elle l'étreint avec tant de forces qu'il recule lentement, avant d'abattre son dos contre la porte vitrée, à son tour. Sa question ébranle son échine. À cet instant, il ne peut s'imaginer répondre par autre chose qu'la sincérité. Même s'il le regrettera après. Lui avouer la réponse à sa question, leurs lèvres scellées qui semblent n'plus vouloir s'éloigner les unes des autres.J'voulais, oui, mais... j'ai pas réussi, qu'ça s'échoue sur ses lippes blessées que l'eau chaude vient panser, s'immisçant dans leur baiser comme une voyeuriste. Et l'gémissement craintif qu'elle lâche, comme si elle avait peur, c'est sans doute ça qui s'imprime avec plus d'ardeur dans l'esprit du flic. Nora, elle n'a peur de rien. Pas vrai ? Se pourrait-il qu'elle soit plus fragile qu'elle ne daigne le montrer ? Qu'elle comporte des failles quand elle joue, devant lui, au chevalier en armure ? Comprend pas, Nox, d'quoi elle peut avoir pourquoi. Qu'il soit parti ? Qu'il se soit enfuit ? Imagine qu'elle craigne qu'il disparaisse de sa vie, sans pouvoir un instant imaginer quelque chose qui ressemble à la réalité. Le labo, n'en a aucune connaissance, Nox. Tomberait des nues, à coup sûr. Alors pour l'moment, tout ce qu'il s'imagine, c'est ça. Qu'elle ait eu peur de le perdre, naïvement. Lui rend son baiser avec la même intensité, l'souffle court comme s'il allait en manquer.Je suis là..., qu'ça s'échappe dans un râle rendu vibrant par la proximité, par la chaleur, par l'émotion ? Comme pour la rassurer, quand il n'aurait jamais pensé qu'elle en ait besoin. Peut-être qu'il s'trompe sur toute la ligne, encore. Tressaille à ses mots qu'il sent joueurs, d'une provocation qui ressemble pas à celle de d'habitude, qu'est là pour jouer et pas pour l'blesser. Attrape son visage entre ses mains.Tu m'connais trop bien. Sur l'même ton, l'même sourire inscrit sur son faciès. Leurs doigts qui s'entremêlent sans qu'il n'y soit pour quelque chose, lui semble plongé dans une bulle sans vouloir penser à quel moment elle va lui éclater à la figure.Alors j'suis devenu ton prisonnier ? qu'il chuchote en secousses grisantes qu'le rire fait tressauter depuis son dos jusque sous ses côtes. N'relève pas la pique, si ç'en est une, l'accusant de l'avoir congédiée si souvent. Si violemment. Toujours avec la peur qu'la trêve pointe le bout d'son nez, quand il fallait être fort et insistant. Il se laisse faire, se laisse guider, quand elle vient placer sa main entre ses cuisses. La laisse s'écraser contre lui, coincé entre son corps et la vitre, coincé entre la trêve et la tuerie, entre l'repos et la fatigue. Fébrile comme un adolescent, il lui offre d'ces caresses qu'il prend pas l'temps de faire habituellement. D'ces jeux réservés aux amants, ceux qui partagent vraiment quelque chose, ces choses qu'on appelle des sentiments. N'a jamais voulu lui accorder ça, Nox, quand il fallait se montrer géant de pierre. Effleure du bout des doigts d'abord, avant d'paraître plus assuré, sa main prenant d'assaut le feu entre ses jambes, accueillant sur sa paume et au bout de son épiderme quelques flammes, attendant la brûlure sans qu'elle ne vienne encore, sinon qu'pour réveiller l'feu tapit en lui. Croise enfin son regard, après la menace, qu'c'est à prendre ou à laisser et il s'demande, ouais, il s'demande si elle pense vraiment qu'il peut la laisser.Tu deviens impatiente, qu'il commente avec l'ombre d'ce sourire dérobé au fantôme qu'il était autrefois. S'enfonce dans un regard comme sa main s'enfonce en elle, surveillant chacune de ses réactions, avec l'désir pour la première fois peut-être de lui faire plaisir à elle. Quand l'sien passe en second plan, fier égoïste pourtant, l'Nox, à n'jamais rien faire passer avant d'habitude. Mais cet instant-là n'a rien d'habituel et ils le savent tous les deux. Viens chercher sa main, la caresse presque, avant de venir à son tour la guider entre ses jambes, comme s'ils s'montraient, comme s'ils s'apprivoisaient. La glisse ensuite dans le bas de son dos, effleurant ses fesses, pour venir la serrer plus encore contre lui, pour venir accentuer l'contact qui s'est immiscé dans le creux de ses cuisses.

Et qu'ça achève de réveiller tout c'bordel qu'elle fout en lui. Et cet incendie cruel qui le ravage dès qu'il pose les yeux sur elle. Pourrait bien sonner maintenant, l'livreur, qu'il irait le buter lui-même pour oser interrompre ça. Viens libérer ses doigts pour agripper son fessier avec plus d'entrain, venant lentement l'appuyer sur lui pour les unir une nouvelle fois. Une fois trop différente des autres, nullement galvanisée par la colère, nullement amplifiée par la hargne, quand ses griffes se sont rétractées pour ne laisser du bout de ses doigts qu'un contact certes hâtif sans qu'il ne soit violent pourtant. Et par sa position, dos plaqué à la vitre embuée, lui laisse le dessus, Nox. Quand leurs ébats n'sont toujours qu'un combat d'qui sera au-dessus, lui offre là l'occasion d'l'avoir, purement et simplement. Sans chercher à la posséder lui, s'abandonne pour qu'elle prenne possession d'son corps, d'son âme - dirait bien d'autres conneries, Nox, quand il n'peut s'imaginer lui confier aussi son myocarde fébrile et cadenassé. Etouffe un gémissement qui ne chercher pas à s'cacher ou à s'atténuer, qui vient mourir contre ses lèvres. Ses mains sur ses hanches instaurent un mouvement trop lent comparé à la hâte qui le ronge, lui démantèle toute notion d'lui faire du mal. L'regard presque suppliant. Vient ensuite l'étreindre, la serrer fort. Ne me chasse pas. Couvre sa nuque de ses lèvres qui refusent d'ouvrir la porte à ses dents, la couvrant d'une multitude de pointillés alanguissants. Sera pas autant endurant, Nox, avec l'regret qu'ils n'aient pas commencé par ça plutôt qu'par la guerre, pour pouvoir se jouer l'film plus longtemps, avec plus de précisions. S'contente de ça, alors, quand ses soupirs meurent sur l'arête de son épaule et que son bassin s'enclenche, comme un réflexe. Attrape sa cuisse avec une délicatesse qu'il ne se connait plus, pour la soulever légèrement, l'accrocher à sa taille, la pénétrant d'ses yeux qui semblent électriques. La regarde comme s'il la voyait pour la première fois. Comme si c'était la première fois.
Et assurément, pourtant, qu'il s'trompe pas. Que c'est bien la première fois - et elle pourra en râler autant qu'elle veut, la gamine - qu'ils font ça. Qu'ils font l'amour.

Nora.., qu'ça s'échappe encore, comme s'il ne pouvait rien retenir, l'cerveau qui s'embrume autant que la cabine de douche, quand ses mains sur sa peau lui semblent plus brûlantes que l'eau elle-même. Cogne ses lèvres d'un baiser rythmé par les coups de reins qui s'font rapidement plus enchaînés, quand l'plaisir vient déjà faire trembler chacune de ses vertèbres en cadence. Attrape son visage entre ses mains, remonte dans ses cheveux trempés, les écarte d'son visage pour mieux harponner son regard du sien. Y plante des iris orageux, langoureux.J'partirai pas, Nora. Et ça sonne affirmation illusoire, quand on n'sait pas s'il parle du moment où elle le dégagera ou s'il parle de sa vie. Comme pour dire j'serai toujours là, dans les parages. Que peu importe avec quelle violence elle le chassera, qu'il reviendra toujours, poisson mordant à l'hameçon empoisonné. Et ça s'accélère encore, et soudain il n'peut plus résister à la tentation de lui reprendre la main, bien qu'ça n'ait rien d'une guerre à cet instant. L'juste besoin du corps, d'assouvir un besoin animal quand c'est l'coeur qui l'a mené là pourtant. Il attrape fermement sa deuxième cuisse et en la tenant avec assurance malgré l'sol glissant, la soulève pour l'accrocher à lui. Quelques pas lui suffisent pour qu'il vienne appliquer son dos contre l'côté opposé d'la douche. Et reprendre l'assaut, quand déjà apparait l'nuage menaçant de l'apogée. Non, tiendra pas longtemps, Nox. Pas cette fois. Rendu plus fébrile encore par l'caractère trop sincère de l'acte, par la façon trop inédite du jeu nouveau auquel ils jouent. N'a pas lu la notice, Nox, doute même qu'elle existe. Quand il s'dit qu'il ne lui reste que quelques heures - au mieux - pour placer ses pions sur l'échiquier qu'a même changé de couleur. A repris avec plus d'intensité, galvanisé par un plaisir nouveau qu'il n'connait pas, ou plus. Celui d'pas avoir peur, le temps d'un instant, d'plus s'appartenir. D'remettre toutes ses cartes dans d'autres mains, d'accepter tout perdre pour avoir tout misé. Et ses lèvres libèrent des gémissements qui ne s'cachent plus, sonores et tremblotantes, quand il s'remet à murmurer son prénom en boucle comme une litanie.Me chasse pas. Pas maintenant. Pas tout de suite. Voilà qu'il formule à voix haute, maintenant, les honteuses demandes d'son subconscient devenu clairement conscient, pour le coup. Sa voix brisée par l'émotion, la sincérité ou l'plaisir, on saura pas dire. Quand ses doigts viennent caresser sa joue, quand ses lèvres repartent à l'assaut de leurs soeurs avec un goût de reviens-y. Dans une danse où Nox laisse ses lippes, sa langue et trop d'choses se mélanger. Des émotions contradictoires, des sentiments inavouables, des trucs sombres et d'autres, plus clairs, plus criards.J'ai pas envie d'partir... qu'il reprend, la gorge enflammée et nouée à la fois. Attrape délicatement son menton d'une poigne pourtant ferme, pour agripper ses iris des siens.C'est pour ça qu'j'suis resté. Tout qui s'emmêle, devrait garder pour lui, cesser d'lui donner d'quoi le battre en retour. Se plaque soudainement à elle, incarcérant son corps dans le sien parfaitement, chaque courbe épousant chaque forme. Voudrait mourir là, maintenant, juste pour n'pas voir le champ de ruines qu'ça va laisser, ce genre d'abandon. La serre fort, fort contre lui, fort contre la vitre. Fort comme son bassin qui n'veut plus s'arrêter, fort comme les râles qui se diffusent au gré de la danse. Fort comme leurs déchirures, forts comme les gifles qu'ils ont l'habitude de se mettre.J'sais que c'est pas pour nous mais.. Non, pas pour eux. Pas ça. Peine même à parler, à déglutir, à réfléchir. L'univers qui s'fait flou jusqu'à disparaître, pour le laisser seul avec elle. Même la bête est rentrée dans sa tanière, même les démons, même les dangers.Laisse-nous en profiter. Juste un peu. Supplication tordue dans sa bouche qui revient contre la sienne, comme pour l'empêcher d'répondre, quand il regrette les mots à peines formulés, quand il est saisit d'la peur adolescente du rejet. Laisse-nous tester, juste pour une fois. L'bassin qui ondule toujours plus vite. Laisse-nous faire comme si c'était possible. Les lèvres qui s'perdent dans un baiser infini, grisant. Laisse-nous vivre quand on n'sait que se faire crever.


code sleipnir.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:47, édité 1 fois
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" the promises we made "
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S'en fout, Nox, de sentir le fauve. Le fauve, ça lui inspire la puissance. Il se voit comme un lion, soudain, s'il avait pas tant envie de ronronner comme un chaton, bercé par la langueur de leur proximité. Proximité toujours plus étroite, toujours plus vicieuse. Devrait s'écarter, Nox, arrêter ces conneries. Pas trop s'approcher du soleil quand il menace de s'brûler les ailes. Mais Nox n'a pas d'ailes ; et Nora, sûrement, est loin d'être un soleil. Essaie d'se dire qu'il faut pas trop réfléchir, Nox, quand l'cerveau cogite plus qu'une machine à laver. Qu'il pense déjà à l'après sans avoir l'temps de profiter du maintenant. Un instant présent qui se grésille à coup d'nouveautés qu'il n'avait certainement pas prévues, qui se consume à trop frotter leurs peaux l'une contre l'autre. Faut dire qu'ils n'y vont pas de main morte, aujourd'hui, quand tout semble amplifié. La violence, l'attirance. La collision des corps et aussi, beaucoup trop, celle de l'esprit. Le choc de c'qu'ils gardent sous scellé normalement. N'répond pas, perdu au creux de ses lèvres, égaré contre son corps déjà fusionné au sien. Non, il ne suffisait pas de débloquer les verrous. Il ne sait pas ce qui lui a coûté le plus d'efforts. Rester ou contrer l'envie de partir. On n'peut pas dire qu'il ne l'a pas ressentie, quand elle a débarqué en lui comme un instinct de survie. P't'être que tout son être n'est pas sous le joug d'un animal, finalement. Pour sûr qu'elle le connait, il pouffe presque contre ses lèvres et le soulignerait si ça l'faisait pas tant flipper. En vrai, sûrement qu'elle le connait mieux qu'l'inverse. Lui adresse un regard en biais, essayant de capter son regard quand son corps est déjà trop proche du sien ; trop fusionné, déjà.Fais gaffe, ça pourrait me plaire. Fulmine un sourire amusé, un sourire tendre. Un sourire comme on n'en fait plus, d'nos jours, pas dans les jours de Nox, pas dans l'champ de vision de Nora, encore moins. Et toutes les suffocations qui viennent s'échouer à ses oreilles, transpercent le cartilage de ses organes, pour s'immiscer là où les retiendra, là où il se les rejouera, tard dans la nuit quand les griffes des insomnies viendront écorcher sa peau. Murmure son prénom comme pour la faire taire, lui couper l'souffle ; et l'écho du sien qui vient se rencontrer, donne un prénom mixte et mélangé, l'genre de trucs qu'on s'dit pour déconner. L'genre de trucs qu'on dit pas, pourtant, avec Nora. Mais l'plaisir prend trop de place pour qu'il puisse en faire la réflexion, cet émoi qui lui coupe tout - le souffle, la raison, l'appréhension, l'agressivité. Qui met sous cage tout ce bordel qu'elle enflamme d'habitude, comme si là, ils l'avaient juste enfermé pour un moment.

Sa détresse l'étreint comme un enfant abandonné et il la serre contre lui, fort, plus fort toujours. Jusqu'à l'étouffer, voudrait-il presque. Alors il renverse la tendance, la soulève, la prend contre lui, voudrait l'aspirer. Aspirer c'qu'il sent là et qu'il n'a jamais vu, jamais senti, jamais relever. Aspirer c'qui semble la terroriser, d'un seul coup. Il la plaque contre la vitre d'en face, galvanisé par son nom qui sort d'entre ses lèvres comme des supplications. Règle presque la cadence sur les murmures - ou peut-être est-ce l'inverse, il n'en sait rien. J'veux une promesse. Il sent ses cuisses se refermer sur lui et il en gémit presque, forcé à l'arrêt, ralentissant du bassin jusqu'à une immobilisation presque douloureuse. Sans comprendre, la regarde. Une promesse ? Une promesse pour quoi ? Nox, n'fait pas de promesses, bien des décennies qu'il n'fait plus ces merdes, parce que ça s'tient jamais, ça sert juste à briser la confiance, à faire naître la déception. Mais ça l'interpelle, pourtant, quand il aurait bien plus important à s'occuper à cet instant. Et ça pulse, au creux de ses reins, en protestations sourdes qui grincent pourtant jusqu'à ses oreilles. À écraser sa poitrine de son torse, comme pour la faire parler plus vite, à capturer son regard pour le foutre dans un bocal. Et il reste muet, Nox, comme un con. Sans parvenir à répondre quoi que ce soit, à reprendre l'chant du prénom quand elle insiste de promets incessants. Et sa main dans ses cheveux, trop passionnée - la main - qui vient lui relever le visage. L'force à affronter son regard. Mais elle s'escrime, utilise une arme toxique contre lui. Reste. Il se verrait presque tomber sur le sol de la douche, s'il devait pas la tenir, s'ils n'étaient pas en train de faire l'amour. Il se sent défaillir, quand leurs bassins adoptent un rythme entre parfait et explosif. Il se sent presque déjà à l'apothéose, celle qui s'annonce encore plus vibrante qu'la première. Il essaie de se fondre en elle ; plus que ça n'est déjà fait, de se fondre, de fusionner pour qu'il ne reste rien de lui. Rien qu'ça, un dernier soupir, un gémissement un peu lascif, un souvenir disparu. Reste, reste encore. Et il abdique, Nox, enfonçant son minois dans sa nuque, là où elle n'pourra pas voir. Pas voir comme de simples mots peuvent l'atteindre, quand il s'dit intouchable, quand on l'croit inviolable. Pas voir qu'il lui suffit de si peu pour être parfaitement vulnérable. Quand il lui suffit d'un mensonge bien ficelé pour y croire, avec ce qui ressemble à du désespoir. Retiens que quelques mots quand il lui faudrait presque enregistrer c'qu'il entend, avec un appareil, qu'il pense. J'voulais pas que tu partes, ça s'grave, et il attend la suite, relevant le minois malgré l'essoufflement, malgré l'corps qui se tend sous les assauts du plaisir. Qu'est-ce qu'elle ne sait pas dire ? Qu'est-ce qu'elle n'a jamais su lui dire ? Peut pas s'empêcher d'se le demander, Nox, quand ça sonne l'alarme dans son crâne. Mais il l'écoute pas. N'écoute rien, plus rien - juste elle. S'souvient de ses mots, pourtant. C'est comme si je t'avais dit je t'aime... et y a quelque chose qui s'brise encore, à se les rappeler, à s'dire qu'il faudrait qu'il soit moins con, sûrement.

Saisit qu'elle veut temporiser, et lui qu'il veut écouter et sûrement qu'il pourra pas être pleinement concentré s'il s'élance plus fort encore. Aimerait qu'ça s'passe autrement, quand ils n'semblent pouvoir parler qu'pendant qu'ils baisent, comme elle dirait. Comme si fallait qu'les sens soient amoindris, biaisés, dévorés par le plaisir pour qu'ils puissent s'exprimer. Alors, il ralentit la cadence, s'accroche à la vitre embuée, s'accroche à elle par les yeux qu'il pose et sûrement, sûrement qu'il a l'regard attendri, à cet instant. Entièrement dévoué, qu'il pourrait bien balancer toutes les conneries du monde à cet instant, à s'en mordre les doigts après. Et il a envie, Nox. Les mots stupides, il les a au bord des lèvres, mais il écoute, d'abord. Frémit sous la caresse sur sa joue, dans l'attente intenable. Suspendu à ses lèvres comme on se suspend à un rocher, les pieds dans l'vide, à se demander si on va rester pendu comme ça ou si on va réussir à s'reprendre. Parce qu'il sait qu'après ça, tout s'ra différent, Nox. L'est con, parfois, mais pas à ce point. Sait qu'toutes les premières fois bouleversent toujours tout. Et celle-là, de première fois, de s'amouracher à défaut de se griffer, c'est mauvais. Le sait, oui. Mais n'peut plus freiner. Pire. N'en n'a aucune envie. Tu laisseras personne m'emmener loin, là où tu pourrais pas m'retrouver, Nox ? Et ça lui coupe le souffle, d'nouveau. Les jambes, tout. Il chancèle même un peu. Du genou qui s'rattrape contre la vitre, qui la replace. Du regard qui vient s'ancrer dans l'sien. Plus du tout envahi de tendresse, mais d'un mélange bizarre, entre colère, appréhension, incompréhension. Est-ce qu'elle parle de la police ? Est-ce qu'elle a commis quelque chose d'assez grave pour qu'ils l'emmènent ? Comment pas, Nox. Mais peu importe, finalement.Jamais, qu'il répète. S'entête. Comme un écho à sa première promesse. Mais cette fois, ça sonne différemment. Il la coince fermement contre le vitrage. Attrape son visage de ses deux mains. Avec sévérité. Dévore ses iris quand il a voulu la dévorer vraiment si peu de temps avant ça.Jamais, Nora, jamais... personne ne te.. Et il suffoque, de nouveau, en attaques cérébrales qui lui balancent des étincelles au crâne. Pose sa tête contre cette vitre, dans l'espace entre son crâne et sa nuque. La tient plus assurément, plus fortement. Personne ne t'enlèvera loin de moi, mais ça sort pas, ça s'garde. Alors, il fond sur ses lèvres, oubliant la douleur, oubliant l'effroi, oubliant tout c'qu'il ne sait pas. Et qu'il n'a peut-être pas envie de savoir, finalement. Qui sait les réactions trop souvent démesurées qu'il peut avoir. Et le salut qui s'époumonent contre ses hanches, et le corps qui se raidit tout entier, épuisé, fané. Galvanisé. Il se meurt contre elle en étouffant à même sa bouche, tous les soupirs et les non-dits, tout c'qu'il a risqué de laisser s'échapper mais qu'il a quand même gardé sous clé. Tout c'qui pourrait s'entrevoir dans ce sourire d'outre-tombe, dans c'regard qu'il pose même pas sur sa propre fille.Putain, qu'ça s'échappe quand même, de cette réalisation-là ou bien de leurs ébats. On n'saura pas. Dans la litanie, a bien attrapé les mots lancés au vol, comme des roquettes.

Et sûrement qu'elle se reconnecte avant lui. Peine à sentir sa main contre son torse qui voudrait le repousser, s'extraire de son corps, l'écarter. Met plus de temps à récupérer, l'vieux. Haletant, la chaleur pour nom de famille. Des décharges qui lui parcourent chaque centimètre de l'épiderme, série violente qui continue de le secouer plusieurs secondes après la fin de l'assaut. Recule, pantelant, le souffle happé. Tourne un regard interrogateur en coupant l'eau. La buée la fait sembler irréelle et un instant, il s'perd dans cette contemplation, d'la voir là si près de lui, nue, abandonnée, vulnérable ? Croit pas si bien dire, Nox. Qu'il hausse un sourcil. Bon, ça a dû sonner. Les menaces qu'elle profère, putain qu'il se les imagine assez bien. Et pourtant, rien qu'à entendre ça, parait presque jaloux, Nox, quand il s'imagine le livreur pouvoir s'régaler de cette vue. Les coups à la porte, sûrement pas pour la première fois, l'cri de Nora, un tout qui finit par le réveiller entièrement, l'arrachant à une torpeur ankylosée. Sort de la cabine de douche, découvre le froid du dehors face à la chaleur si intense dedans. S'sent nu, au sens propre du terme comme au figuré, debout là comme un handicapé. C'est quand il sent son regard sur lui qu'il lève un peu la tête, croise son regard, s'électrise au contact de ses yeux comme s'il avait mis les doigts dans la prise.J'm'en occupe, qu'il grogne, comme si ça le faisait chier. Comme s'il aurait bien prolongé un peu. Comme s'il s'imagine déjà qu'c'est terminé, fini, rayé de la carte de leurs souvenirs, cet instant privilégié. L'a pas promis, d'ailleurs, s'en souvient maintenant, avec la honte de celui qui a manqué ses engagements. Il attrape une serviette trouvée là accrochée, se sèche qu'à moitié en attrapant son boxer toujours abandonné au sol. L'enfile, de nouveau, dans un film terrible de le retirer pour le remettre pour le retirer à nouveau. S'demande s'il va devoir le retirer encore. Il s'élance par la porte mais revient sur ses pas. Attrape son bras avec la même douceur mêlée de fermeté. Un éclair dans l'regard, la pupille sincère - beaucoup trop. Beaucoup trop lisse, beaucoup trop transparente. Sur tout c'qu'il pense, là, avant, toujours. Sur tout c'qui semble ne plus pouvoir se cacher maintenant qu'ça s'est montré. L'attire contre lui, dans une étreinte qui s'annonce brusque quand il la réceptionne contre son torse d'une manière beaucoup trop réfléchie, beaucoup trop douce, en somme.Et même si c'est l'cas, Nora, qu'il souffle à demi-mots sur son visage. L'oeil qui fait un aller-retour express à ses lèvres, qu'il a déjà trop embrassées, trop étreintes, quand l'envie d'les rencontrer de nouveau est toujours là.... J'te retrouverai toujours. La voix qui s'casse un peu, une grimace bizarre qui déforme le faciès. D'l'imaginer envolée, loin, partie. Disparue. Que pourrait-il bien faire contre ça, en réalité ? Peut-il lui promettre c'qu'il n'a même pas l'pouvoir d'assurer ? Une protection qu'il n'est pas capable de lui donner, à moins d'être avec elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre, d'habiter avec, de vivre avec. L'épaule secouée d'un frisson surnaturel à cette idée.

Et la laisse avec ça, quand ça tape de nouveau à la porte et qu'il grogne. Il l'ouvre brusquement, découvrant un livreur trop jeune, palot, qui sursaute et, rapidement, blêmit en le voyant si peu vêtu, encore trempé. Doit avoir l'regard un peu fou, certainement, à cet instant-là, alimenté par le sourire féroce qui s'met en place sur ses lèvres, comme un automatisme.Faut être un peu patient, mon bonhomme ! Alors, ça fait combien ? Ah ? Ah oui, j'ai payé en ligne, où ai-je la tête. Il écarte du pied le tas de fringues au sol avec un sourire faussement gêné.Bon, tu comptes pas dîner avec nous, si ? Alors, merci, ciao ! Et sans ménagement, lui claque la porte au nez. Sourire carnassier. S'retrouve désemparé, pourtant, à cet instant. Une question cogne contre son crâne. Et maintenant ?
Est-ce que la trêve est déjà finie ? Est-ce qu'il faut rattraper l'temps perdu à ne pas se mordre ? Est-ce qu'il faut déjà renfiler l'armure et les armes de guerre ? Sait pas, Nox, n'en sait foutrement rien et s'retrouve comme un gamin égaré en pleine forêt. S'mordille la lèvre inférieure, l'est toujours pas sortie de la salle de bain, p't'être même qu'elle n'en sortira pas ?

Déambule dans le salon en trainant du bout de son pied le tas d'habits. Dépose les deux cartons sur la table basse, avise le salon. Est-ce qu'il allume la télé ? Est-ce qu'elle regarde la télé, Nora ? N'en sait rien, putain, à croire la connaître par coeur quand, dans le plus simple appareil, elle lui est totalement inconnue. Connait ses réactions, sa violence, ses ardeurs les plus intenses ; ignore tout de son quotidien, ses habitudes, ses préférences. Enfile son t-shirt avec l'goût de comme s'il allait devoir partir maintenant. L'a pas spécialement faim, Nox. Sauf d'elle. Toujours. Putain, encore, qu'il se dit. À tourner en rond comme un lion en cage, quand elle l'a pourtant épuisé comme jamais. Alors, il récupère son paquet de clopes sur l'canapé, trouve le briquet au sol - décidément, leur affrontement a été brutal. S'allume une clope pour se changer les idées, pour décompresser, pour essayer de faire le point. Le point sur quoi ? Sur ce qu'il vient d'se passer ? S'approche de la fenêtre, téléphone en main qu'il a récupéré avec négligence, vérifiant l'écran qui demeure vierge, parce qu'y a personne pour lui écrire, pour lui faire un appel manqué, pour rien. Ouvre sa messagerie, tombe forcément sur les derniers messages reçus - Nora, Nora et... encore Nora. Un frisson qui l'ébranle, dira que c'est le courant d'air quand il ouvre la fenêtre et s'y accoude. Bon, tu viens ? Bordel, c'était quand même pas une illusion même s'il en a carrément l'impression maintenant. D'avoir rêvé, d'avoir tout imaginé, d'avoir fantasmé. Peut pas s'dire, Nox, d'puis combien de temps - d'années, putain - il aurait eu envie de ça. C'moment, arraché aux griffes des lois du temps, d'la survie. Aurait même pas pu se dire l'avoir voulu quand il l'aurait pas cru possible. Comme un gamin qu'a reçu l'premier baiser d'une fille. Fébrile, adolescent, naïf ? Est-ce qu'il a déjà ressenti ça ? Putain, il lui semble pas. Et ça l'fait flipper, Nox. L'coeur en bandoulière, quand il se demande s'il a pas volé un myocarde sur un étalage en venant tant ça ne lui ressemble pas. Tant tout ça, là, c'est pas lui, bordel. Sait même pas ce qu'il a fait de lui, du vrai, du dur comme le roc, du loup en cage. Bon sang. Et si lui, c'était cette sensation fugace qu'elle faisait naître ? Il a envie de se cogner la tête contre la vitre. Pour se réveiller une bonne fois pour toutes.

Et pourtant. Pourtant. Qu'est-ce qu'il fait ? Il attrape son téléphone. Hésite à pianoter dessus. Se met en suspens. Reste, reste encore, qu'ça sonne contre son crâne. Alors, il tape contre les touches du portable. Avec un fin sourire aux lèvres, sa clope coincée dans la bouche. Puis, l'range dans sa poche. Et finalement, a l'temps de la fumer entièrement. Pour se remettre les pieds sur terre. Pas vraiment comme il l'espérait. Pourtant, semble calme, Nox. Parfaitement maître d'une situation qu'il ne connait ni d'Eve, ni d'Adam. Revient vers la table basse, remarque le couteau tombé au sol. Celui-là même avec lequel elle a voulu l'buter. Ou du moins essayé. Ou du moins l'a menacé. Sait pas trop, Nox, quand ses menaces de mort se brouillent d'cette peur qu'il a vu s'allumer dans ses rétines et qu'il n'peut pas effacer. Le récupère et s'en va vers la salle de bain, d'un pas décidé, sans pantalon comme s'il était chez lui, en boxer avec pour seul autre attirail un t-shirt délavé. Retient son souffle devant la porte. Pense soudainement à Olympia. Quand il l'a retrouvée, après deux ans de séparation. Qu'ça s'est échauffé, qu'elle a murmuré j'veux que ça soit que toi et moi et personne d'autre et que le seul visage qui soit apparu dans son crâne ait été celui de Nora. Chasse tout ça. Parce que, ça n'veut rien dire, pas vrai ? L'entrouvre, finalement, après quelques secondes d'hésitation prépubère. L'embrasse des yeux sans la toucher. S'adosse à la porte, l'couteau dans le dos avec un sourire malicieux, celui-là même qu'elle n'a connu qu'y a une dizaine d'années. Celui-là même qu'on croyait porté disparu.J'croyais que c'était un mythe, qu'les femmes mettaient du temps à s'habiller. Et là, y a un truc qui change tout. Il a dit femmes quand il a l'habitude de dire gamine. C'est un détail. Crucial, pourtant. Pousse un peu plus la porte.Tu peux venir comme ça, hein, fais comme chez toi. Et il se permet même de rire, légèrement, détendu, comme si tout lui appartenait, comme s'il était sûr que la trêve était prolongée. Alors qu'il n'est sûr de rien, bordel. Joue à l'audacieux quand il tremble comme une feuille morte, le pauvre gars. Soupire presque, feignant l'impatience, quand ça s'veut bon enfant.C'est que... les pizzas refroidissent. Il s'avance, et sans prévenir, l'enlance. D'cette manière un peu maladroite qu'ont les gosses d'attraper un autre gosse. Comme s'il savait pas comment faire. Comme s'il avait pas l'habitude.
Mais il n'a pas l'habitude, pas de cette façon, pas comme ça, surtout pas avec elle. Alors, il referme ses bras sur elle, avec cette tendresse qui ne lui ressemble pas.Et puis, tu t'en sers mieux que moi. Et dans son dos, sans agressivité aucune, sans menace aucune, quand ça n'ressemble qu'à un jeu de plus, qu'il frôle sa peau de la lame. Lentement, la fait glisser le long de sa colonne. Lentement, la passe dans son autre main pour venir la lui présenter, comme un présent, comme une abdication. Déposer les armes, la passer au rival qui se ferait peut-être allié, quelques heures durant. Fin sourire accroché aux lèvres, l'regard presque amoureux, bêtement, attendant le verdict. Quand dans ses yeux y a qu'une seule question. Encore un peu ?


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:47, édité 1 fois
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" tell me, would you kill to save a life ? "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body run | @nora everdell
N'a pas su vraiment lui répondre, Nox. N'a pas su lui promettre. N'a pas su trouver les mots, les prononcer. Non, n'a pas su enfiler des engagements qu'il ne sait pas s'il les tiendra. Même s'il sait qu'il fera tout pour. N'est-ce pas ? Mais elle, qu'en sait-elle ? Et s'il avait espéré que ses demi-mots passent comme des lettres à la poste, sûrement qu'il a oublié une seconde qui il avait en face. Pas facile d'espérer quoi que ce soit, avec Nora. Et la voilà qui repart à l'attaque et qu'il déglutit. Jamais quoi ? qu'elle répète et il reste muet, ne lui offrant sinon que quelques gémissements qui franchissent la barrière de ses lèvres, l'coeur emballé tant par l'effort physique que par l'combat psychique. Par les questions qu'ça soulève dans sa poitrine. Qui ou quoi craint-elle ? Mais la brume de son esprit se vide en même temps qu'celle contre la vitre soumise à l'eau brûlante et à la pression de leurs corps enlacés. Qui se délaissent, bien qu'Nox semble avoir du mal à la laisser s'écarter. Comme si elle allait disparaître. Comme si tout était enfin terminé. Mais c'est loin d'être terminé et il va, visiblement, vite le comprendre, l'flic. L'corps encore trempé, à tenter de se sécher en se frictionnant le plus vite possible. Pour essuyer les pensées inédites qui dégoulinent même de ses yeux, sans pourtant se permettre de les laisser sortir par ses lèvres. L'observe du coin de l'oeil, en instants furtifs. S'imagine sa serviette, qui caresse son corps avec une langueur qu'il retient. Et s'il pensait qu'son intervention allait la rassurer, c'est loin d'être le cas. Elle agrippe sa serviette comme une rempart entre leurs corps. Risible, trouve Nox, quand ils se sont déjà trop ébattus au souvenir de caresses insolites. Il affronte son regard courroucé, la découvre en colère quand il a voulu l'apaiser. Fait tout à l'envers, le pauvre, à n'plus comprendre c'qu'il doit dire, à n'plus savoir s'il doit répondre ou si ça ne fera pas qu'aggraver son triste cas. Sent l'épiderme qui se tend, à mesure que les mots se fracassent contre ses tympans. À mesure que les doutes qu'elle émet sur lui et sur ses mots le révulsent. Le blessent. Encore. À quoi il s'attendait, finalement ? La douleur infuse lentement dans ses veines sans qu'il ne montre pourtant sur son faciès une trace de tout ce qui le traverse. C'est comme si je te disais... je t'aime. Serre les dents, le molosse, puisqu'elle le traite comme tel. Rien qu'un chien destiné à la humer. La fixe droit dans les yeux sans se départir de cette assurance qu'il s'invente, continuellement, pour garder l'cap, pour garder contenance. Pour garder son putain d'rôle. T'en fais pas, Nora, t'es déjà bien suffisamment incrustée, qu'il lâche alors entre une mâchoire dégoupillée.

Et il s'enfuit dans le couloir. Loin d'son regard accusateur, loin de cette impression qu'elle est en lui, à capter tout c'qui l'agite, à intercepter la moindre hésitation qu'il tait, à décrypter la moindre ligne qu'il cache entre les mots mâchés. Et ça l'horripile, cette sensation. Alors, bien sûr qu'il s'venge un peu sur le livreur. Jeune, visiblement intimidé, proie parfaite. N'a aucun scrupule, Nox. Pas à c'moment-là. Lui claque presque la porte sur le nez, au pauvre gars. Court presque à la fenêtre, chercher un air qu'il n'trouve plus. Devrait s'enfuir, Nox, s'enfuir avant qu'elle lui ôte toute possibilité de retrouver un oxygène qui n'soit pas toxique, comme celui qu'elle diffuse. Comme celui avec lequel elle le contamine, à la manière d'un virus hargneux. À lui faire ressentir qu'il ne pourrait plus respirer un air convenable si ce n'est le sien, tout aussi véhément. Et pourtant, y a un truc qui l'fait bouger. Un espèce de fil invisible, comme ils disent dans les livres, qui l'tire vers elle, inlassablement. Un jour, l'fil rompra. Si c'est pas sa pauvre carcasse qui se brisera avant, comme une échine qu'on a trop courbé, comme un esprit qu'on a trop usé. Et il revient, en manque de son odeur empoisonnée, en manque de baffes à recevoir, Nox, comme un vrai drogué replonge après une trop courte période de cure. P't'être qu'il veut même pas se soigner, finalement. Condamné, déjà. A vérifié une dernière fois ; n'a pas eu de réponse au message. Sait même pas si elle l'a lu, Nox, qui peine un peu trop avec cette technologie à la con. Pourrait plus s'en passer aujourd'hui pourtant, rien qu'pour lui envoyer cinq cent messages jusqu'au bout de la nuit, à s'insulter comme deux adolescents. Trop contradictoire, tout ça. S'sent revivre une seconde jeunesse à ses côtés, comme réveillée par les coups qu'elle lui donne, sans interruption. La trêve est sans doute déjà terminée, pourtant, il veut savoir, l'con. Il veut essayer, il veut s'prouver que ça a vraiment existé, aussi court cela a été - quand on sait qu'en dix ans, c'est la première fois qu'ça leur arrive, une demi-heure de répit c'est déjà un beau trophée.

Pousse la porte qui grince encore, dénonçant son arrivée même s'il essaie pas franchement de la cacher. Attrape au vol le regard effronté qu'elle lui lance, quand dans l'sien on y lit quasiment rien. Rien sinon un bleu clair et battu par l'espoir. Comme un gamin espèrerait qu'son chien ait survécu à une opération. Mais bon. Nox n'a jamais eu d'chien, il peut pas vraiment savoir c'que ça fait. Sourit quand même, soldat conscient du danger et qui semble l'accepter. Comme une armée toute entière foncerait dans un mur, avec toute la détermination et la loyauté promises. Parce que finalement, il lui a promit. Il a fini par le faire, n'peut plus revenir en arrière. Le sourire en armure quand elle recommence à parler. Putain. Des fois, il s'dit que ça serait certainement moins chaotique si elle était née muette. Peut pas s'empêcher d'élargir le sourire qui lui barre le minois, pourtant. Penche un peu la tête sur le côté. J'ai du mal à t'imaginer pédagogue, Nora. Clin d'oeil provocateur, comme pour lui montrer qu'il abandonne pas. À deux doigts d'vriller, de retomber dans leurs vieux travers juste pour mieux faire face, pour mieux l'enfoncer comme elle le fait, pour toujours lui rendre la pareille quand il aimerait lui dire de la fermer. Le jour où ton appart' ressemblera à une suite d'hôtel, on reparlera de l'option "room-service". L'attire à lui en espérant qu'ça la calme. Que ça la fasse taire. Sent que plus elle parle, puis il risque lui-même de mettre fin à cette putain de trêve. Suffirait que d'une impulsion un peu plus forte. D'une attaque un peu plus solide. Sent bien l'affront, quand ses ongles s'enfoncent dans ses bras comme pour l'éloigner d'elle. Frémit quand elle lui pince le biceps sans pouvoir s'empêcher d'essuyer un soupir. Bon, l'étreinte ne sert à rien puisqu'elle continue ses tirades, à croire qu'elle est repartie et qu'le naturel revient au galop, comme on dit. Approche sa bouche de son oreille en ignorant les piqûres que ses doigts laissent ici et là, visiblement pas déterminée à laisser son corps tranquille, à s'dire qu'elle l'a assez marqué comme ça. T'en fais, y en a certains qui m'échapperont jamais. On n'sait pas s'il parle d'elle ou de ceux qu'il imagine comme ses ravisseurs, aussi flou la notion peut-elle faire surface dans son crâne. S'rend compte qu'elle semble vraiment craindre qu'on l'enlève et il est bien incapable de s'imaginer par qui ou par quoi. Joue le jeu, pourtant, du moins essaie péniblement, à s'escrimer dans le vide sans aucun détail  tangible auquel s'accrocher. S'tend à la caresse des bassins, s'demande sans doute pour la première fois d'sa vie si on peut cesser avoir envie d'quelqu'un. Sait même pas comment il réagirait, si un matin en s'levant, l'image de Nora la dégoûtait purement et simplement. Sait même pas c'qu'il resterait d'eux, sans ça, à trop s'complaire à l'idée qu'leur putain de relation n'tient qu'à ça. S'est persuadé, d'puis qu'il a cédé, dans ce putain de taxi quand elle l'a allumé une fois de plus, que c'est qu'à cause de ça qu'il revient vers elle, venant réclamer sa récompense comme un chien bien dressé. Peut pas s'dire qu'y aurait plus, ça impliquerait trop d'choses, ça l'placerait droit sous la guillotine.

Et la voilà qui s'amuse, lame qui s'agite, sans même qu'il ne craigne qu'elle le plante. Ben merde, on bute personne pendant une trêve, non ? C'est pas à ça qu'ça sert ? Sait bien qu'y a pas de règles pourtant, avec Nora. En a trop souvent fait les frais. Maintient pourtant cet espoir naïf qu'elle respecte au moins celle-ci. Dix ans de service, ça ricoche contre sa caboche, ça fait drôle de l'entendre dans sa bouche à elle. S'le prend comme un couteau dans l'ventre, à s'rendre compte que ça doit sembler pathétique, comme historique, d'lui trainer dans les pattes depuis une décennie, tantôt en la secourant déloyalement face à la loi, tantôt en s'ébattant entre ses cuisses pour s'promettre que c'est la dernière fois. S'le promets plus depuis longtemps, l'flic. Ecoute sa parade sans grande concentration, l'esprit trop distrait, l'échine trop tendue, aussi. La lame à droite, puis à gauche, n'a pas peur pourtant, Nox. Tension venue d'ailleurs, quand il cherche des réponses qu'il ne possède pas. Sent la pression contre son t-shirt, menaçant sa peau d'une nouvelle entaille, et c'est là qu'il affronte son regard décidé. L'sien semble un peu paumé, un peu noyé. Comprend pas où elle veut en venir et hausse les épaules quand il s'imagine qu'elle va continuer quand même, les bras qui tentent contre toute attente de s'accrocher à son bassin pour la ramener vers lui. S'l'imagine moins dangereuse fixée à son corps que loin, bizarrement. Mais ça n'change rien. Elle résiste, elle lutte, et lui assène - encore - un coup. Agenouille-toi, Nox. Et le regard enfantin qu'elle utilise n'rime pas bien avec c'qu'il interprète comme de la sévérité dans l'ton qu'elle utilise. Et ça fait dresser sur son échine un frisson désagréable. S'agenouiller ? Vraiment ? A l'impression qu'elle lui demande quelque chose d'pire que de se mettre à poil et de danser sur la table avec un tutu. N'a pas peur du ridicule, Nox. Parce qu'là, clairement, ça n'a rien de ridicule. C'est tout son être qui se tend, à s'imaginer plier l'échine, et c'est comme briser la règle principale, celle qui régit sa putain d'vie, celle qui lui a si souvent coûté des erreurs monumentales. Même si ça n'en est pas pour lui. Juste une ligne de conduite un peu trop bancale selon d'autres, parfaitement logique pour lui pourtant. Couvrir un des meurtres les plus connu d'Exeter, en tant qu'shérif. Pour rester loyal. On peut dire beaucoup d'choses, sur Nox. Qu'il est impulsif, un peu con, agressif, pas logique. Menteur, égoïste, manipulateur. Mais putain. On peut pas dire qu'il n'est pas loyal. N'a jamais rien révélé. N'a jamais trahi Enoch, quand même l'concerné ignore tout de ça. Du sacrifie de la loi pour la loyauté. Loyauté qui n'va jamais aux bons, diront certains, s'ils savaient. Choisit pas, Nox. Et faut croire qu'à nouveau, il va devoir trancher, prendre un chemin qu'est pas l'bon.

Et il tarde à répondre, tarde à réagir. Sent l'couteau prêt à entailler l'tissu, ça sent pas bon. Déglutit lentement et alors qu'il a cessé de lutter pour la rapprocher de lui, c'est elle qui revient. Trop brusquement, et il l'accueille en reculant d'un pas, à baisser les yeux sur son minois lentement, la bouche serrée, les molaires qui s'font douloureuses. Tu pourrais tuer pour moi, Nox ? La bouche qui s'fait sèche, le palais qui se bloque. Et ça le brûle quelque part, tant et si bien qu'il n'sait pas vraiment où. Si c'est dans l'cerveau, dans la nuque qu'elle vient agripper pour l'forcer à n'pas se dérober de ses yeux, dans l'myocarde où les mots ont réveillé des battements chaotiques et désordonnés. Il sent ses doigts se tendre contre le bas de son dos où il a refermé ses bras. Si c'est pas un caprice... qu'il commence, les muqueuses blanchâtres à trop contracter les muscles de sa mâchoire. Essaie de détourner son regard mais s'retrouve piégé dans un univers où les prunelles de Nora se font trou noir. Un gouffre immense qui l'aspire. Et où, aujourd'hui, il va sûrement y laisser une partie de son âme. Voudrait plaisanter quand même son cerveau n'lui offre aucune alternative stupide à balancer. Qu'y a que les mots qui résonnent. Tu pourrais tuer pour moi, Nox ? Et ça s'fait violence, sous les paupières, avec l'envie d'les fermer, d'oublier, d'tout effacer.
Sa faute, avec sa trêve de merde, son sourire de merde, son regard de merde, ses mots. de. merde. Putain. Si t'es en danger de mort... qu'il continue, les lèvres hésitantes, les mots qui s'échappent à contre coeur, à contre courant. Il lui faut une putain d'échappatoire là.

Plie les genoux, lentement. L'oblige à lâcher prise autour de sa nuque alors qu'il s'abaisse, dans une lenteur voulue. C'est la fierté qui résiste, encore un peu. Jusqu'à-ce qu'un de ses genoux touche le sol - et ça remonte jusqu'à son cuir chevelu, chaque impulsion semblant répéter t'es foutu, t'es foutu, t'es foutu en boucle jusqu'à lui donner mal au crâne. La fixe toujours, pourtant. L'sérieux en ecchymoses quand pourtant sa bouche se déchire en un sourire taquin. Ou malsain. Faut dire qu'on sait pas trop. Mince, j'ai oublié la bague, qu'il s'esclaffe en plissant le nez. L'regard pourtant glacé. Sent c'putain de naturel qui frappe à la porte de son crâne, qui n'demande qu'à être invité de nouveau. Essaie d'y résister, Nox, quand il se saisit de ses jambes et la fait basculer. Comme y a deux jours. Sous l'éclairage criard des lampadaires, seuls témoins d'son carnage. Quand son épaule pissait l'sang, quand il avait voulu la dévorer pour tout faire disparaître. L'aurait dû, n'est-ce pas ?
S'relève en la tenant dans ses bras. C'est ça qu'tu veux, princesse ? Est bien mieux debout, maintenant qu'il s'est relevé, la tenant dans ses bras comme c'qu'on voit dans les films, cette fois vraiment. L'avait dit, non ? Une connerie du genre qu'ça se reproduirait pas. S'contredit tout seul au rythme de ses agissements. Pourrait s'dire que c'est bon, il s'en est sorti. Mais ça cogne. Et ça commence à être douloureux. Tu pourrais tuer pour moi, Nox ? en réponse à C'est comme si j'te disais... je t'aime. Il fait volte face, sans dériver son regard du sien, plus implanté dedans que ne pourrait l'être une lame comme celle qu'elle tient toujours. On croirait qu'il va passer la porte mais il la plaque contre, s'y appuyant, s'faisant mal tout seul aux bras qui la portent. Se penche, approchant son regard du sien et là, là seulement, on peut y lire quelque chose de féroce qui y brille. Tu ne penses pas ? Mais t'en sais quoi, Nora ? Vient appuyer son front contre le sien malgré la tension qu'ça fait naître dans sa nuque tendue. Hein, t'en sais quoi ? De c'que je ferais pour toi ? Ecrase son souffle contre ses lèvres, avec de nouveau l'envie démesurée de les lui abîmer. N'en fait rien, pourtant, l'temps suspendu aux battements de son sang dans ses tempes. Aux battements hérétiques de son coeur qui s'répand contre son corps dans le contact imposé. Et tu penses mal. Vient dérober ses lèvres dans un baiser qui a oublié la douceur d'leurs ébats. Plus hargneux, dans la guerre qui s'livre à l'intérieur de lui, dans les signaux de détresse qu'lui lance son cerveau et qu'il ignore. Parce que oui. J'tuerai pour toi, si tu me le demandais. Et il la lâche presque trop brusquement, la retenant juste assez pour qu'elle se remette debout sur ses pieds. Fait glisser ses mains le long de ses bras, profitant peut-être des répercussions de ses mots et de la surprise que ça aura, peut-être, créé. Il enroule ses doigts aux siens, attrape le manche du couteau. Bon, je vais m'en occuper. Là, elles vont vraiment être froides, les pizzas. N'a plus la timidité des ébats, garde pourtant l'même sourire, comme s'il savait plus l'faire férocement. Garde cet éclat un peu particulier au creux des iris, comme pour dire j'ai respecté le contrat, la trêve est prolongée.

Et le voilà qui s'enfuit de nouveau dans le salon, ouvrant la porte doucement pour ne pas la cogner avec, étant donné qu'ils étaient presque cachés derrière celle-ci. L'envie furieuse de se rallumer une clope, les muscles toujours tendus, les fusées d'secours qui se lancent dans son cerveau et l'embrasent. T'es foutu, t'es foutu, t'es foutu que ça chante encore. Et pourtant.
Et pourtant, on n'pouvait pas rester aveugle et sourd à la sincérité grisante dont il a fait preuve. Et c'est sans doute ça qui l'fait le plus flipper, finalement. Et c'est sans doute à ça qu'il pense, quand il revient s'asseoir sur le canapé en caleçon et t-shirt froissé, à essayer d'couper droit des pizzas quand sa main tremble. Quand elle peut pas l'voir, pas encore, qu'il va lui falloir se reprendre, encore une fois. N'pas montrer qu'ça le déboussole lui-même, finalement. Cette vérité glaçante et monstrueuse.
Parce que oui. Il tuerait pour elle. Comme pour lui prouver qu'un monstre dans sa vie peut lui être utile. Qu'elle le garde dans son sillage en attendant l'moment où elle aura besoin d'cette promesse à la con. En attendant d'savoir qui il va devoir éliminer pour la garder là, près de lui, comme il l'a juré. Jamais on n'pourra l'emmener.
Jamais.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:48, édité 1 fois
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" danse, danse, danse, elle me dit danse "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell
C'est bien vrai, ça. Qu'elle n'a jamais tenté de lui échapper. On dit que l'inaccessible attire, que certains adorent courir après ceux qui les évitent. Pourtant ici, ça n'est clairement pas l'cas. Nora n'a jamais tenté d'lui échapper. Et pourtant, il a toujours eu le sentiment d'lui courir après. Contradictoire. Visiblement, ça la vexe. Le mot caprice et Nox, ça lui donne les armes pour afficher un sourire féroce. Calme-toi, putain, qu'il grogne contre son minois. Et pourtant, c'est comme si ça l'excitait presque, d'la revoir comme ça. Comme si ça lui manquait, à n'plus savoir s'il veut retrouver la sauvagerie qu'il connait ou s'il veut continuer de découvrir c'qu'il connait pas. S'en retrouve un peu perdue, Nox, d'cette contradiction, de toutes ces putain de contradictions qui l'agitent. Mais l'est encore plus secoué, Nox, à toujours s'dire qu'il peut pas être plus en tout avec elle, mais si, ça s'produit toujours. Secoué, ébranlé, l'regard qui s'voile un instant quand elle essaie visiblement d'lui dire quelque chose qu'il n'arrive pas à saisir. Parle qu'à demi-mots entre des crocs venimeux. L'visage plus concentré, qu'a pas totalement abandonné les traits de la colère mais qui s'transforme en quelque chose situé entre l'effroi et une rage froide et sourde. Ne s'souvient pas, Nox, avoir déjà eu peur pour quelqu'un d'autre que lui. Pourtant à cet instant, c'est ce qu'il ressent. Du moins, il n'voit pas comment le qualifier autrement. La peur viscérale de ce qu'elle pourrait subir ou avoir subi. Quelque de pire que la mort. Il la plaque un peu plus fort contre la porte, frustré en plus par le fait de ne pas en savoir plus. Bien sûr qu'y a pire que la mort. Le crache sur son visage entre les canines serrées. Qu'est-ce que t'as enduré d'pire que la mort, hein, Nora ? Parce qu'on parle bien d'toi là, n'est-ce pas ? L'ton toujours plus dur à mesure que ses propres mots se fraient un chemin dans son cerveau. À mesure qu'il l'imagine battue, torturée, séquestrée, qu'en sait-il ? Comment peut-il seulement imaginer ? Appuie un peu plus son front contre le sien, à en faire pâlir leurs peaux. C'est ça qui t'a rendue comme ça ? souffle d'un ton plus bas, presque inaudible, en écho à une question d'y a longtemps, qu'il lui semble. Pas tant que ça, mais c'est que les évènements se sont tant enchaînés ces derniers jours qu'il lui semble avoir passé six mois avec elle d'un coup. Il la tient fermement, aurait envie d'l'étouffer jusqu'à-ce qu'elle crache le morceau. Son regard ferme est enfoncé dans le sien. Dis-moi, qu'ça semble lui dire sans qu'il ne le prononce. Comme s'il avait peur, d'un côté, de savoir. Alors, il lui faut enchainer. La surprendre, lui faire perdre pied un peu comme elle le fait avec lui. Sait même pas si elle s'en rend compte. D'la façon qu'elle le malmène. Alors, un peu à son tour, qu'il décide, en renversant la situation - et elle, par la même occasion. Remarque bien comme ses lèvres s'accrochent presque aux siennes, et ça l'frustre presque, en sentant de nouveau l'envie qui s'pointe. Mais putain. C'est bon là, non ? La repose au sol en s'contenant, mais l'désir de fuir prend le dessus. Parce qu'avec la bombe qu'il vient de lui lâcher, finalement, l'a pas envie de voir sa réaction, Nox. Préfère l'ignorer, préfère penser qu'elle s'en fout, que c'était qu'une question en l'air, qu'elle lui demandera jamais. Vient d'lui balancer qu'il se ferait meurtrier si elle le souhaitait, c'est pas rien. Ou peut-être que ça l'est, quand on c'est qu'il le devient de toute façon, une fois par mois. L'salon lui semble vide. L'avait jamais vu avant aujourd'hui et à cet instant, a presque l'impression d'y habiter tant il lui est familier. Et cette réalisation aussi, ça l'trouble. Comme s'il pouvait s'imaginer ici avec elle. A envie d'rire tout seul, Nox. Comme s'ils pouvaient cohabiter sans se buter, les deux.

S'concentre du mieux qu'il peut, d'ses mains qui tremblent, pour pas s'couper un doigt - manquerait plus que ça. La sent revenir dans son champ de vision comme un animal sentirait une présence. Relève distraitement l'regard, qui s'pose sur elle, la considère un instant, dans le plus simple attirail, comme lui. Comme deux colocataires habitués à s'promener à moitié à poil chez eux. Comme deux amants qui savourent leur début d'romance. Baisse les yeux sur les pizzas qu'il coupe avec plus d'acharnement. C'est comme si je te disais... je t'aime, ça, c'est plutôt bien inscrit, alors ouais, même des colocataires ça semble trop extrême. Trop incorrect. Y a rien qui leur irait, t'façon. Encore moins à l'image qui s'impose près d'lui. Il sent l'affaissement du canapé, fait mine de rester concentré sur sa tâche, pour pas s'rendre encore plus compte de l'ironie d'la situation actuelle. Il est là, chez elle, déjà ça, c'est pas normal. Là après deux nuits à quasiment pas fermer l'oeil, les prunelles éclatées sur l'écran de discussion virtuelle. Là, à s'être flagellés comme jamais. Là, à s'être dévoilés comme jamais. Là, à s'être partagés des secrets. Là, à s'être presque dit des conneries sous la douche, à cause de la fièvre des ébats. Là, à bouffer une putain de pizza quand ils n'ont jamais été capables de juste partager un repas. Pas même un putain d'sandwich. Capable d'rien partager, sinon une haine contre le monde entier, sinon un goût attaché pour une luxure de l'un à l'autre. Il finit à peine d'poser le couteau quand elle se saisit d'une part. C'est ta faute, c'est toi qui traines sous la douche. L'ton de nouveau bien différent. Taquin, presque joueur, et l'ombre d'ce sourire maudit qu'il voudrait lui-même s'arracher d'la bouche. Sursaute au coup de coude, comprenant vite qu'il ne doit pas baisser sa garde, jamais. Tu l'sais pourtant, Nox, non ? Et elle continue à l'emmerder royalement, si bien qu'il ronchonne en sentant à chaque coup ou mouvement brusque qu'sa part lui échappe. La bouche pleine, il la fusille d'un regard où s'mêlent l'affront et le jeux. L'genou retombe sur sa cuisse et il abat son coude dessus pour l'immobiliser, il l'espère, au moins quelques secondes. Bon, t'as fini ? T'as des morpions ou quoi ? qu'il peut pas s'empêcher de grogner, quand ses sourcils se lèvent sous l'envie d'rire. Qu'il réfrène, parce qu'on rit pas, non, on rit pas avec Nora. Faudrait pas s'y risquer. C'est comme si je te disais... je t'aime. Putain, ta gueule ! L'entend, la phrase maudite, à chaque fois qu'il se sent un peu plus léger. Comme pour lui permettre de toujours garder un bout d'colère. Un bout de hargne pour riposter. Mais elle s'enfuit et il la libère en soulevant le coude, en profitant pour engloutir une nouvelle part pendant qu'elle n'est pas là et donc, qu'il peut bouffer tranquille. La foudroie pourtant, en mâchant avec nervosité, d'un regard froid. Putain, mais prends pas ça avec... Il avise la bouteille, n'sait même pas c'que c'est mais bon, ça n'a pas vraiment l'air d'être de l'eau. T'es ingérable, tu me... Nouvelle fois, n'finit pas sa phrase et se contente de la ponctuer d'un gros soupir. Lui attrape la bouteille une fois qu'elle se retrouve sur la table, comme pour la confisquer, en descendre une rasade aussi, pour faire passer la pizza froide. N'sait même plus s'il est alcoolisé tant il baigne dans cet état depuis, lui semble-t-il, bien trop d'heures maintenant. Du coin de l'oeil, il la voit déambuler et ça n'annonce rien d'bon. Putain, elle peut pas s'poser deux secondes ? Elle n'est pas fatiguée, après tout ça ? Elle tourne à quoi, bon sang ? Lui se sent épuisé. Irait presque s'coucher, s'il ne sentait pas l'euphorie de tout c'qui s'est échangé et qui le garderait, à coup sûr, complètement éveillé. Se tend en la voyant pianoter sur son téléphone, et si elle lui répondait ? Au dernier message. J'te te promets ou un truc dans l'genre, veut même pas se souvenir, Nox. Pouffe quand elle s'permet d'ouvrir la bouche, encore. J'te remercie de t'inquiéter de ma santé alimentaire et de ma santé tout court, mais l'jour où t'es médecin aussi, j'te demanderai des conseils mais pour l'instant, j'me débrouille si tu veux bien. Enfin, c'est clair que non, Nora n'veut rien bien surtout si ça n'vient pas d'elle.

La musique agresse un peu son calme intérieur - si on peut appeler ça comme ça - et il fronce les sourcils. Encore plus quand elle lui tend la main. Il la dévisage en fuyant d'sa main qui tient ce qui reste de la part de pizza. Mais elle s'escrime et il grogne sonorement lorsqu'elle le tire par le bras. Comme un gamin, il enfonce bien ses fesses dans l'canapé et se fige tout entier en entendant le mot "danse". Relève lentement les yeux, au ralentis, comme pour dire t'es sérieuse ? mais au vu d'son regard déterminé, elle ne peut que l'être. Mais putain. Il enfourne ce qui reste de la part - c'est sacré, la pizza et puis putain, il les a payées merde - et essaie de se dégager de ses griffes. Profitant de sa proximité, il tend le bras et lui arrache la clope au vol avec une agilité qu'il ne possède pas toujours. Hausse un sourcil pour parer à une quelconque remontrance. Quoi ? Room service, qu'il lui rappelle en la coinçant entre ses lèvres. Il reste fermement posé dans le canapé, opposant une résistance ferme. Croit qu'elle va changer d'avis, passer à autre chose, quand elle le lâche enfin. La dévisage lentement, pourtant, l'instant d'après. Quand elle précise. Qu'elle ne veut pas qu'il danse ou juste danser. Mais qu'elle lui demande de la faire danser. On l'croirait pas sensible, Nox, pourtant pour lui, ça change tout. Crache la fumée d'sa clope avec un agacement certain, pourtant ça pue la résignation. La jette dans le verre qui en contient déjà tout un cimetière. Et se lève, enfin. S'approche lentement, avec un soupçon d'hésitation qu'il aurait voulu voir disparaître. T'es chiante, putain. La dernière fois qu'j'ai dansé, tu devais avoir cinq ans. Pas vraiment une insulte pour elle, plutôt à lui qu'c'est destiné. Comme pour qu'il s'réveiller. Qu'il se dise qu'est-ce que tu fous là, Nox ? mais ça n'a pas l'air de fonctionner alors qu'il s'approche d'elle. S'sent exactement comme ça, comme l'adolescent à son premier bal de fin d'année. N'a jamais vraiment su se servir d'son corps, Nox. Autre qu'au lit, qu'il veut dire. N'a jamais été à l'aise avec ça non plus, plus à l'aise à l'abri derrière un verre. Préfère passer pour un ivrogne qu'un gars handicapé sur une piste de danse. Un peu l'syndrome de croire que tout le monde le fixe. Mais là, y a personne. Y a qu'Nora pour l'voir, pour l'juger, pour décomposer chaque mouvement. Et c'est presque pire, en fait. Quand ça dit s'foutre du regard des autres, tu parles.

S'approche lentement, comme pour retarder l'moment. Plante son regard dans l'sien avec ténacité quand il pose ses mains sur ses hanches. Mais puisque tu le demandes, qu'il insiste sur l'mot. Comme pour dire qu'il a entendu sa comparaison avec tuer quelqu'un. Comme pour dire qu'il se dérobera pas, le jour où ça arrivera. Comme un autre je te promets. Ses deux mains enfin autour de son bassin, il la ramène contre lui brusquement. Dévore son visage des yeux. Putain. S'il avait des crocs dans les iris, il l'aurait bouffée depuis longtemps. Et commence à se déhancher très lentement, mal à l'aise mais galvanisé par sa présence, finalement. S'invente un rythme qui n'a rien à voir avec celui d'la musique qui cogne les murs de l'appartement. Et se laisse prendre au jeu, finalement. S'détend bien plus vite qu'il ne l'aurait cru, sans savoir si c'est parce que c'est pas si dur ou si c'est parce qu'il a déjà trop bu. N'sait pas l'heure, n'sait pas depuis combien d'temps il est là. N'sait pas combien de temps va durer la trêve, mais n'peut refuser quand elle lui propose elle-même de la prolonger. A un peu l'sentiment que ça ne vient pas que de lui, au moins. Même si... c'est comme si je te disais... je t'aime ricoche toujours. L'enfouit loin, juste pour quelques minutes. Et son regard qui s'fait plus expressif, comme là sous la douche, d'un seul coup. Quand on pourrait y lire les blessures qu'elle y a laissé, les écorchures qu'il s'est fait parfois avec d'autres, souvent tout seul. Quand on pourrait y délier, là au fond, l'espèce d'attachement qu'il lui porte, quand il ne peut se résoudre à l'appeler autrement. Quand l'mot lui ferait quitter les lieux sur le champ. Préfère garder ça sous silence. S'frappera avec quand il sera seul, quand elle l'aura jeté, quand elle reviendra sur son reste, reste encore. Qu'elle estimera qu'il est assez resté. Qu'ça laisse trop d'marques sans même qu'il n'y ait de coups. Attrape une de ses mains, étouffe un rire un peu stupide quand il lève son bras au-dessus de sa tête pour la faire tourner. S'y prend un peu mal, ça s'rait touchant s'il avait pas un tigre féroce en face de lui. Va pas le louper, l'sent bien, mais s'sent pousser des ailes. Avec le sourire-fantôme qu'est revenu, qu'il se déhanche plus vite, la fait tournoyer, la ramène férocement contre son torse. S'imagine danseur professionnel, quand l'alcool diffusé dans ses veines lui donne une aisance qu'il n'aurait certainement pas eue sinon. S'sent affamé, de nouveau, mais pas de la façon qui l'effraierait le plus. Et les mouvements qui s'enchaînent, sans plus qu'il n'y ait d'hésitation ni de doute, qu'tout s'efface.

Et que soudain, il la ramène brutalement contre lui une fois de plus. Mais cette fois, il la tient fermement, le bas du dos attrapé du plat de la main, la plaquant contre lui comme s'il voulait l'y fondre. Plonge dans ses yeux clairs, s'y noie, assurément. N'sourient plus, ses lèvres, toujours abîmées. Meurtries d'avoir mordu, finalement. Juste retour des choses. Nora, je.. qu'il s'entend murmurer contre sa bouche, les yeux grands ouverts comme un gars sur le point de faire un arrêt cardiaque. S'mord l'intérieur des joues pour s'retenir de fondre sur ses lèvres, quand son cerveau voudrait l'pousser à céder. Quand ça étoufferait, au moins, c'qui devrait jamais en sortir. J'm'occuperai de n'importe quoi qui te touche, Nora. C'était pas des conneries. J'te l'dis. J'te l'dis, je buterai celui qu'tu voudras pour que tu sois... Mieux ? Tranquille ? En sécurité ? Ressert l'emprise de ses bras autour d'elle, l'souffle qui manque. J'te l'dis, Nora, j'te l'dis, et les lèvres qui s'écrasent enfin contre les siennes à n'plus savoir respirer sans tâter un peu d'son oxygène à elle. Lui offre un baiser profond, lui offre quelques parts qu'il garde pour lui depuis trop longtemps. Depuis dix ans ? Faudrait pas abuser non plus. Et si ? Mélange de salives acidifiées au goût d'éthanol et de tabac froid, à dériver de sa bouche pour encadrer son menton, sa nuque, aposant ses lipes partout où sa peau peut l'accueillir. Et y a des j'te l'dis, j'te l'dis qui ponctuent les baisers piquants entre deux mordillements inoffensifs, quand il vient finir de les perdre sur le sommet de son épaule. La délivre de son étreinte presque forcée, encadre son visage de ses mains qui semblent trop grandes pour son minois qui lui semble trop jeune. D'ses mains qui semblent trop dures et trop calleuses pour la douceur de sa peau. D'sa peau qui semble trop douce pour la dureté de son esprit, d'ce caractère dont il se plaindra toujours et qui, pourtant, l'a toujours attiré. S'fige dans son regard, dans ses grands yeux trop accusateurs toujours, trop sévères souvent, trop acerbes parfois. S'y perd, à se surprendre à chercher ses nuances comme des repères solides, comme des habitudes qu'on n'peut lâcher par peur de se retrouver paumé. Et c'est .
C'est là qu'il lui dit, sans rien prononcer pourtant. Mais ça s'lit, et faut pas avoir un bac plus huit pour le déchiffrer. C'est comme si je te disais... Et l'silence qui parle pour lui, les yeux aussi, tout son corps qui le hurle comme s'il allait s'en soulager. Et ça s'confie pourtant sous un silence éprouvant, sent même une goutte de sueur rouler le long de sa colonne vertébral, rebondir à chaque vertèbre, finir sa course au bas de son dos, au creux de ses reins où l'feu s'est rallumé. Alors oui, c'est là. C'est là ou jamais, sûrement. Plus jamais, certainement. L'est pas con, Nox. J'te chasse pas. Reste. Reste, reste encore.

Glisse ses mains sous son t-shirt. C'est dit, sans un mot pourtant, et ça s'efface dans ses yeux. En reste une trainée pourtant, comme les particules d'une étoile filante qui ont du mal à s'effacer après l'passage brûlant. Ses doigts viennent effleurer sa peau, presque timidement. Comme s'il cherchait une marque, un indice. Comme si c'était écrit à même sa peau, une peau qu'il a lui-même tâchée, arrachée, entaillée. Vaut-il mieux qu'eux ? Que lui ? Que ce fantôme mystérieux qu'il imagine la torturant ? Cette pensée n'veut plus le quitter, ça torture son visage tiré. J'te le dis, Nora. Continue de parcourir sa peau tendrement, sans l'avoir quittée des yeux. Dis-le moi aussi. C'qu'ils t'ont fait, où ils sont, combien ils sont. Remonte ses lèvres le long de sa gorge, ses doigts fourmillent jusqu'à l'épiderme de son dos, le caressant lentement. Sa bouche s'attarde à son oreille. Et cette fois, tu pourras plus dire qu'on l'a pas fait. L'amour. Lui mordille le lobe avant de se décaler à peine pour qu'elle saisisse son sourire malicieux. Fond de nouveau sur ses lèvres, avec appétit, avec besoin, avec addiction. N'cache plus son ardeur qui semble infinie quand son corps hurle sa fatigue et appelle au calme. Au repos. Pas l'temps de se reposer, pas l'temps, ça serait du temps perdu. La tient contre lui, tirant sur son t-shirt avec fièvre, reculant comme pour se diriger vers la chambre peut-être ? La seule pièce qu'il n'a pas encore visitée, finalement. La pire. Celle où tout se terminera, il le sait. Celle où la colère reprendra le dessus. A un instant d'hésitation où il se fige, on pourrait n'pas comprendre, mais dans ses yeux traverse un éclair plein de malice. L'sourire pour défense, quand il attrape de nouveau son regard du sien. Avec l'appréhension qu'il soit allé trop loin. Qu'elle ne se réveille maintenant et qu'elle décide de l'secouer. Vaudrait mieux, n'est-ce pas ? S'dit qu'il s'en fiche, Nox. Qu'ils ont déjà trop échangé pour prétendre qu'ça n'a pas existé, maintenant. Profite. J'te le demanderai pas deux fois, qu'il souffle contre sa peau, l'coeur battant. Un soupçon d'humour quand son cerveau lui lance toutes les sonneries d'alarme possibles au monde pour qu'il fasse demi-tour, pour qu'il se reprenne, pour qu'il se rétracte. Mais ça s'lit encore, dans ses yeux. Non, sûrement qu'après ça, ça sera si violent qu'il lui demandera pas deux fois.
De faire l'amour.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:48, édité 1 fois
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" can you build my house with pieces ?
i'm just a chemical "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell
Comment, qu'elle demande, vraiment ? L'envie d'plonger au coeur du conflit, de saisir la perche qu'elle lui tend, comme une échappatoire à c'qu'il a pourtant lui-même amorcé. D'fuir, parce que c'est toujours plus simple, parce que c'est c'qu'il fait de mieux, Nox. Prendre la fuite dès qu'ça commence à être un tant soit peu compliqué. Je suis enceinte de toi, Nox. Et il avait pris la poudre d'escampette. Je les tuerai toutes, ces créatures. Là aussi, il avait fallu s'casser. On n'a pas l'droit, Nox. Alors, encore une fois, il avait écarté l'problème pour n'plus le voir, dans l'déni toujours, l'flic, à s'répéter que ce qu'il ne voit pas n'peut pas le toucher. À s'dire que ce qu'il ne sait pas, il n'a pas à l'affronter. Même si l'principal problème, il l'sait, c'est qu'lui. Et s'il avait pu s'fuir lui-même, il se serait laissé tout seul comme un con d'puis longtemps. Shérif, tu peux pas me laisser là. Pourquoi il avait pas fuit, ce soir-là ? Le crépuscule qui tombait sur l'poste comme un couperet. Pourquoi il n'avait pas éteint les lumières plutôt qu'de lever son cul pour le porter jusqu'aux cellules ? Pourquoi il avait posé ses putains d'yeux sur l'regard attendrissant qui s'était voulu larmoyant, soudoyant, charmeur ? Pourquoi elle était, finalement, l'seul putain de problème qu'il n'avait jamais réussi à écarter, à fuir, à repousser ? La question qui reste en suspens dans son crâne, ça l'trouble, parce qu'il a tout écarté, en deux ans. A creusé un fossé entre lui et l'reste du monde. Entre lui et tout c'qui pouvait lui compliquer la tâche. Qu'il avait écarté Enoch, qu'il avait écarté Prisca, qu'il avait écarté Olympia. Les uns après les autres, comme autant d'cartes dont on se débarrasse pour espérer s'faire une meilleure main avec la prochaine pioche. Pourtant, y en a toujours une qui s'cachait dans sa manche, à l'abri des regards, dont il n'arrivait pas à s'débarrasser, comme un joker vicieux attendant son tour d'être joué, d'être jeté. Et c'joker ne porte pas de chapeau à clochettes. Juste deux grands yeux qu'il avait vu grandir, évoluer, passer de l'adolescence à l'âge adulte sans s'décider à s'enfuir de son sillage. Alors qu'elle lui demande comment elle est devenue, il la revoit, dix ans en arrière, ses mains à travers les barreaux qui lui agrippaient fermement les manches pour l'retenir. L'oubliera jamais c'moment, Nox. Mémoire sélective, avec un fort penchant pour toutes les images qui n'pourront que l'entrainer au fond de l'abîme. Celles-ci même qui se répètent la nuit, quand il ferme les paupières, pour amorcer un futur qu'il n'est même plus capable de déchiffrer. Voit soudain cette ombre, immense, étouffante. Qui le tire toujours plus bas, toujours plus au fond. A déjà essayé d'voir son visage, de deviner son nom, parce qu'il sait qu'elle existe. Qu'son subconscient, bien qu'fortement délirant, ne l'a jamais trahi. Tantôt fantôme tremblotant, tantôt kraken géant aux milles tentacules, qui le rattrapent toujours. S'est jamais dit, Nox. Qu'le visage du monstre était peut-être pas l'sien, finalement. Qu'c'était peut-être celui de Nora.

N'a pas répondu, avec tout ça. A loupé l'coche pour la guerre, sans doute, devra attendre la prochaine intersection. Va prendre l'autoroute, Nox, pour être sûr de n'pas voir les sorties d'chemin, pour accélérer toujours et encore plus, sans s'mentir sur le fait qu'y a qu'un mur au bout. Et ça repart sur l'ton de la plaisanterie, se sent plus à l'aise, d'un coup. Deux ou trois seulement ? J'suis déçu, que ça chuchote. L'imagine créature de la nuit aux bras de mille amants insipides. S'prétend la même chose, devant elle, pour pas perdre la face, quand ça fait longtemps en réalité qu'il n'enchaîne plus les conquêtes comme il le faisait autrefois. Non, j'arrêterai jamais. D'faire la police. Ou d'lui courir après. D'rester dans les parages, au cas où il aurait d'nouveau à faire grincer une porte métallique pour la délivrer. Peu importe d'qui ou d'quoi, qu'il se dit à cet instant. Parle trop, Nora, et il constate avec une satisfaction certaine qu'elle la boucle quand elle se lève. Lui lance un regard plein de défi. Comme pour dire tu pensais pas que j'le ferai, hein avec un sourire lumineux. L'hésitation qui laisse la place à un naturel enfantin, les joues rosies des premiers émois d'adolescent. Un rock acrobatique ? qu'il répète en pouffant, ceinturant ses hanches. J'suis flic, pas saltimbanque, faudrait pas que j'me déboîte le col du fémur. Rentre dans son jeu, l'premier à se vexer pourtant quand elle le traite de vieux. Elle l'encourage, mais il l'entend à peine, parti loin, dans un autre rôle, dans une autre peau, dans un autre film. L'entraîne sur une piste fictive, au rythme d'une musique qui correspond pas avec celle qui passe mais s'en fiche, Nox. S'dit bien qu'c'est la première fois qu'il fait danser qui qu'ce soit, et en dehors du fait qu'c'est nouveau entre eux, c'est juste carrément nouveau pour lui tout court. Commence à aimer ces surprises, commence à prendre goût à l'inédit et c'est pas bon, ça, c'est pas bon du tout. N'y pense plus, pourtant, quand elle tourne sur elle-même, suspendue au bout d'ses doigts. S'surprend même à afficher un sourire niais au possible, tiraillé entre l'amusement et le délice de s'faire passer pour quelqu'un d'autre. Comme s'il n'était plus Nox et qu'elle n'était plus Nora. Et c'est plus facile comme ça, de la faire danser, quand ça ne les implique pas eux directement. Quand ils sont d'autres et qu'ça rassure le flic.

Aurait presque pu croire qu'ça ferait pas ressurgir l'identité Griffin, du moins pas comme ça, parce que ça aussi, c'est nouveau. S'souvient pas avoir regardé quiconque comme ça, parce que même ses plus proches amis, c'pas vraiment comme ça qu'il regarde Jill ou Ambrose. Mais ça dégueule de ses pupilles comme un trop-plein qu'il ne peut plus contenir. Alors, peut plus s'retenir. D'lui redire, d'affirmer c'qu'il a murmuré dans la brume de la salle de bain. Là, sans l'brouillard pour voiler leurs regards, là où ils peuvent se dévisager jusqu'au fond de la cornée. La regarde comme si elle était nouvelle, comme si lui aussi était nouveau. Réapprend les couleurs d'ses iris, qu'il croyait connaître par coeur quand il en découvre encore d'autres nuances, d'autres couleurs. Sent bien la brutalité du baiser qu'elle lui rend, sans s'demander si c'est de colère ou de satisfaction. Embrasse une mâchoire qu'il sent se contracter, attire contre lui un corps qu'il sent se tendre. S'imagine que c'est à cause de l'étreinte, comme souvent ; c'est rare qu'elle ne s'révolte pas à ses bras trop fermes quand ils l'enserrent. S'dit pas, Nox, qu'c'est en réponse à une bataille qu'il ne peut ni imaginer ni comprendre. Un truc démentiel qui se livre là dans son crâne, un truc qu'il ne peut ni voir ni entendre. Tu l'buteras, tu l'as dit, que ça affirme contre sa bouche. Et il attend qu'ses yeux remontent aux siens lentement pour reprendre de l'assurance, sans plus cacher cette sincérité trop flagrante, trop vibrante, celle-là même qui le mènera au fond du trou. J'l'ai dit, s'époumone en s'jetant tout seul au coeur du typhon qui fait rage. Les doigts qui se referment sur sa peau, l'impression d'avoir franchi un pas, une frontière invisible, un truc qui les séparait sans qu'ils n'en aient conscience. Une putain de barrière de sécurité, ouais, qu'il franchit sans appréhension, comme un allumé traverse l'autoroute à pied sans s'dire qu'on pourrait le faucher. J'le buterai, Nora, j'le buterai, en sourdine alors qu'il a l'impression d'le gueuler haut et fort, comme une fierté malsaine à s'revêtir volontiers assassin, à endosser sans malaise le rôle du tueur à gages. Sait même pas d'qui elle parle, d'qui il parle mais ça n'a pas d'importance. Il existe. Cette entité mystérieuse, celle qui l'a rendue comme ça. Et finalement, ça lui fait drôle, à Nox. À répéter depuis dix ans qu'elle était née connasse, parce que c'est plus facile à accepter. Parce que ça veut dire qu'y a pas de cure, qu'y a pas de miracle à espérer. S'demande, un court instant. Si elle n'avait pas été comme ça, s'il serait quand même là. Sûrement pas. A beau lui cracher à la gueule à chaque occasion, sait pourtant que c'est par ses griffes qu'il s'est enchainé. Qu'c'est par son venin qu'il s'est arrimé à son port bancal et qu'il se serait peut-être même pas retourné sur un bateau en parfait état. Qu'il avait eu besoin de ça, besoin de toutes ces fêlures qu'elle transforme en hargne, besoin d'se confronter à, sinon pire, au moins tout aussi redoutable adversaire. Nox. C'est peut-être un stop, c'est peut-être l'début de la fin mais il s'arrête pas pour autant, Nox. D'la fixer comme si y avait plus rien qui existait. D'la regarder comme il l'a jamais regardée. Et il n'peut plus ravaler tout ce qu'il a vomi en silence par le centre des prunelles. Le pas est déjà franchi. Sent bien ses main forcer ses avant-bras, s'attend à la chute bientôt, comme dans cet équilibre précaire au bord du vide, quand on sait que l'appel du gouffre est plus fort. Je. Peux. Pas. Et c'est là qu'ça arrive. Elle ne peut pas. Tolère c'qui se dit sans ouvrir la bouche. Et curieusement, il lui en veut pas. Cherche déjà une échappatoire, quand son rythme cardiaque s'emballe plus vite encore, qu'il se demande comment filer. Comment il va ajouter son prénom à la liste des disparus des océans, ceux dont on il ne retourne jamais cherché l'épave. Mais y a trop d'incohérences.

Trop d'choses qui riment pas avec ça, trop de détails qu'il peut pas s'empêcher de noter. Il sent ses mains s'affermir contre ses hanches, ses yeux dont il n'peut plus se détacher tant elle a jeté son ancre dans les siens. Non. Si c'était un rejet, y aurait pas tout ça, n'est-ce pas ? Naïf, peut-être. Innocent, à chercher des raisons d'pas vouloir y croire. Il se laisse faire, abandonné, poupée de chiffon qui a remplacé le soldat. Laisse ses mains se déplacer par les siennes, en se demandant si elle se prépare à mettre fin à tout - tout ce qu'il a craché par les yeux, tout ce qui s'est promis, tout ce qui s'est dessiné fébrilement. Ses doigts frôlent ses tempes quand elle y dépose ses mains, s'retrouvant dans une position étrange, les pattes de chaque côté de son front, quand l'incompréhension s'infiltre dans son regard. Parce qu'il comprend pas, Nox, qu'elle est en train de le perdre, de nouveau. Persuadé d'la fin imminente, peut plus s'imaginer autre chose à cet instant, et ça le déstabilise assez pour que ça s'imprime sur son faciès. Et les lèvres de Nora qui s'agitent, débitent un tas de mots qu'il comprend pas. Tente de se concentrer, d'passer au-dessus du soulagement qui crie victoire quand il saisit qu'c'est pas encore terminé. Qu'elle le jette pas. Qu'elle essaie de lui faire comprendre quelque chose. Sourcils froncés, les mains toujours sur ses tempes qu'il s'est mis par instinct à masser lentement, il essaie de lire dans ses yeux ce que sa bouche lui cache. Saisit l'effort, sans le comprendre pour autant. Saisit la difficulté, sans l'imaginer vraiment. Chaque mot semble extirpé avec véhémence, comme si elle avait du mal à parler. Et c'est ce qui le frappe, à cet instant. Comme si quelque chose l'empêchait réellement de parler. Parler, il sait que c'est le dernier mot. S'demande ce que la taule vient faire au milieu, quand son cerveau est prêt à imploser tant il tourne à plein régime, qu'les questions n'en finissent plus de se succéder. Est-ce qu'on peut modifier un cerveau ? Impacter les sens, créer des contraintes ? Sûrement naïf à croire qu'non. Dans sa tête, il fait défiler ces histoires qu'on raconte, à l'époque, quand on ouvrait les cerveaux des patients pour des expériences infâmes. Est-ce qu'elle a subi un lavage de cerveau ? Tu, tu, tu peux l'écrire ? qu'il souffle, naïvement, avec toute la volonté du monde pourtant. Y a un pressentiment malsain qui s'est logé au creux de son être, l'genre à vous pousser dans le couloir de l'urgence, l'genre à déclencher des alarmes qu'on se connait pas. Alors non, Nox n'se rend pas compte de la stupidité de sa question, quand y a toute la volonté du monde à vouloir comprendre, à vouloir savoir, même si quelque chose lui dit qu'il n'est pas prêt pour ça. L'était déjà pas, deux ans en arrière, à comprendre qu'les mythes sont réels, à comprendre qu'les légendes ne sont pas que des histoires factices. Alors, il attrape fermement de nouveau son visage, quittant le contact de ses tempes comme si ça avait brûlé ses doigts, la forçant à affronter son regard déterminé et pressé, comme si elle allait lui échapper d'un instant à l'autre. Comme s'il allait se passer quelque chose qui allait tout effacer. Qu'est-ce qu'on t'a fait ? hurlent l'océan enragé de ses iris. Sait pas comment il pourrait deviner quand il sent déjà que ça dépasse ce qu'il peut imaginer. La tient comme ça, avec fébrilité, avec la peur, soudaine, d'avoir rajouté d'autres blessures, d'autres plaies. Vaut-il mieux que ce lui ? La pensée l'effraie. Voudrait la quitter, là dans l'instant, là pour la laisser en paix, pour pas affronter son impuissance, pour plus s'dire qu'il a participé à quoi que ce soit. Mais la fierté qui lui fait s'demander à qui elle pourrait bien le faire deviner, s'il se casse. S'il l'abandonne. Lui a promis, putain. J'te laisserai pas. J'trouverai, Nora, on.. on, va, trouver, comment, comment le dire sans le dire, comment le faire sans le faire. L'urgence et l'envie démesurées d'y mettre un terme, même s'il ignore à quoi. Même s'il peut même pas se figurer l'ennemi contre qui il a déclaré la guerre.

N'a plus d'oxygène, n'arrive plus à réfléchir, obligé de s'éloigner un instant d'tout ça, de fuir un peu sans s'échapper vraiment. C'est trop d'un coup, c'est trop pour une seule putain de journée, quand ils ont passé dix ans sans faire un pas en avant. Lui adresse une moue faussement vexée quand elle lui répond, quand elle se moque, assurément. La fait taire, de leurs lèvres scellées de nouveau, quand il l'attire en arrière sans savoir où il va vraiment, sans savoir dans quelle merde il se fourre encore. Mais ça n'compte pas, pas encore, pas maintenant. Demain sera là bien assez tôt, qu'il se dit, y a pas d'raison de précipiter la chute qui s'annonce terrible. Qui s'annonce violente comme jamais. Non, faut pas y penser, alors pour combler son angoisse, Nox, déblatère, comble le silence qui s'fait écrasant contre ses tempes maintenant qu'son esprit est rempli d'images qui s'enchaînent sans savoir lesquelles pourraient se rapprocher le plus de tout ce bordel. Et ça l'fait rire, elle est agacée, a presque envie d'lui dire maintenant tu vois c'que ça fait mais n'en a pas le temps qu'elle lui ôte son t-shirt. Repense au moment où il s'est rhabillé, dans la salle de bain, quand il s'était demandé s'il allait devoir retirer tout ça encore une fois. Enchaînent toujours plus les erreurs, les sacrifices qu'ils paieront cher à un moment donné, parce qu'il l'a dit. Y a toujours un prix à payer, ils n'y échapperont pas, n'est-ce pas ? L'esprit naïf du gamin qui s'demande férocement si y a pas quand même un moyen, une solution, quand l'monstre qu'il est sait très bien que non. Pourra pas se dérober, quand la bête sourit déjà au fond de lui, savourant à l'avance toute ce qui va se déchaîner ensuite. Obéit, bizarrement, trop occupé à dévorer ses lèvres pour en remettre une couche. Sent ses talons buter contre le cadre de lit, se sent chavirer en arrière et s'écroule sur le matelas. L'chemin s'est fait rapide, et il n'a pas le temps d'étudier la pièce ne serait-ce qu'une seconde qu'elle est déjà sur lui. Et pour lui aussi, c'est étrange d'être là. Déjà parce qu'il n'y est jamais entré, si on oublie déjà l'fait qu'il n'était même pas venu chez elle une fois. Comme s'ils s'enfermaient encore plus dans cette série noire, ce cercle vicieux de nouveautés, tous ces détails qui rendent accru l'fait que ça n'a rien de normal. Qu'ils devraient tout cesser. Mais ses yeux sont déjà accaparés par son haut qui disparait, par sa poitrine qui se dévoile, par ses mains qui viennent l'agripper dans un désir féroce et impatient.

Elle est déjà là contre sa bouche alors qu'il ne sait plus comment on respire, qu'il a l'impression d'faire une overdose d'son parfum, d'son odeur, de trop s'y accoutumer, à plus savoir le reconnaître dans l'air ambiant tant il lui a été attaché tout au long de la journée. Ose un sourire, un peu victorieux, un peu enfantin, un peu provocateur, aussi. Passe une main derrière sa nuque pour pas qu'elle s'éloigne, juste le temps de susurrer un pour une seule fois, avant de la libérer. Qu'il la laisse parcourir sa peau qui semble animée, qui vibre sous chacun de ses baisers, s'sent déjà prêt à imploser, Nox. Quand ses muscles lui offrent des crampes et des tensions d'arrêt d'urgence, à toujours plus tirer sur la corde pour n'pas s'arrêter là, avec l'impression que tant qu'ils ne s'arrêtent pas, ça s'finira pas, peut-être même qu'ils ne devraient pas dormir, peut-être qu'ils devraient fermer déjà les rideaux et les volets, p't'être qu'ils seront à l'abri plus longtemps, p't'être que s'ils ne voient pas le soleil se lever, peut-être que ça ne finira jamais. S'voile bien la face, le flic, à s'imaginer monts et merveilles quand sa bouche vient déjà lâcher soupirs en confusion. Visage emprisonné entre ses coudes, obligé de remuer un peu la tête pour écarter les mèches d'ébène qui lui coulent sur l'visage, pour pas la quitter des yeux. De toute façon, ils sont déjà allés trop loin, qu'ils s'dit. Fronce un peu les sourcils, à la façon dont elle le regarde, l'appréhension qui lui enserre le myocarde et l'agite, quelques secondes, quand il s'demande si elle n'va pas le planter là, comme ça. Quoi ? qu'il chuchote, sans parvenir à calmer l'anxiété, quand enfin elle délie ses lèvres. Hésite une maigre seconde, à s'demander s'il doit lui mentir pour la rassurer ou pas. À s'demander si c'est ce qu'elle voudrait. Qu'il sache ce qu'il fait. Quand il avance dans l'noir, les yeux bandés, à tâtons comme ses mains qui se perdent de nouveau sur son corps. Qui se glissent plus bas, entre leurs ventres déjà collés, qui s'immisce, là sous le seul tissu qu'il lui reste encore. J'sais ce qu'on fait. L'regard qui a repris de l'assurance, comme s'il avait l'devoir d'être celui qui gère, comme si ça lui suffisait à s'montrer confiant même quand il n'gère rien du tout. La devine perdue, et bizarrement, c'est un constat qui lui plait. D'une main agitée, il fait glisser son bas, se tortille un peu pour retirer l'sien aussi, usant de ses pieds courbés les leur retirer. Sa jambe qui s'enroule autour de son bassin, il la fait basculer d'un mouvement vif, pour l'étendre juste là à côté de lui. Au même niveau. D'égal à égal. Quand aucun des deux n'peut sembler avoir le dessus. S'appuie sur son coude, pour mieux la regarder, sa jambe toujours entremêlée aux siennes, l'ventre bouillonnant et tendu contre sa taille. S'enfonce dans son regard, s'enfonce dans son âme, relâchant un pour une seule fois, répété, contre ses lèvres qu'il revient prendre en otage quand les ondulations s'entament ou reprennent, il ne sait plus trop. Sait pas s'ils ont fait tout ça en continu, si ça a duré des heures, si c'est découpé en plusieurs fois, tant tout se mélange dans sa tête. Et les soupirs qui s'échouent déjà sur son minois, quand il n'arrive même plus à l'embrasser, l'bras passé autour d'elle pour la garder contre lui, pour la garder pour lui. Et p't'être bien qu'y a de nouveau des nora, qui s'entrechoquent contre ses dents, quand les yeux se vrillent, au milieu certainement de quelques une seule fois, gaspillés au moyen d'une salive sucrée. Et toujours c'besoin complètement con qui semble devenir une habitude, aujourd'hui, d'cracher l'improbable, l'impensable. D'profiter du rythme des corps pour dénouer des langues biaisées. Nora, tu, pourquoi, pourquoi on n'a jamais, mais ça s'interrompt aux râles graves qui s'échappent de sa gorge. Pourquoi on s'est jamais permis ça ? Pourquoi on l'a jamais fait ? Est-ce que tu sais, toi, pourquoi ? Les interrogations comme des phares au milieu d'ses lucarnes, quand il n'peut plus rien prononcer sinon son prénom, mélodie interminable aujourd'hui, cruelle symphonie, qu'il vient se pencher contre elle, presque sur elle, l'museau enfoui dans sa nuque pour s'y cacher. Pour y planquer les rougeurs d'ses joues, les émois d'ses lèvres, et tous les sentiments esquintés qui parviennent à s'échapper malgré le filet tendu. Et la peau de son cou qu'il attrape entre ses dents pour y étouffer toute la langueur, au bout de quelques minutes seulement. Putain. S'en voudrait presque, Nox, quand il est d'puis longtemps passé au-dessus de ce sentiment prépubère, d'cette pression inutile qu'on s'met quand on est jeunes. Mais putain, il aurait tué pour qu'ça dure jusqu'au bout de la nuit. Parce que ça n'avait rien à voir avec d'habitude, rien, rien, rien. Laisse ses poumons réapprivoiser un semblant d'oxygène, l'nez perdu dans ses cheveux toujours humides. Il dénoue ses mains inconsciemment crispées sur son bras, sur ses hanches, et progressivement, comme s'il n'avait pas envie de s'arracher à son corps, il se laisse retomber sur le côté, fixant l'plafond, d'abord sans rien à dire. Parce qu'y a pas d'mots, parce que Nox n'les connait pas, parce qu'il n'aurait pas su les prononcer même si c'était l'cas. Ne discerne rien dans la pénombre de la chambre, du moins pas grand chose, et pour dire, son esprit n'est pas assez concentré là-dessus pour avoir ne serait-ce qu'l'envie d'y faire une introspection. Sans la regarder, qu'il murmure : Rappelle-moi tout c'que je t'ai dit. Après, demain, dans dix ans, quand, Tourne le menton vers elle. Quand j'te balancerai tout à la gueule, quand on s'fera la guerre. Comme si tout s'était inversé. Comme si les craintes qu'elle n'utilise tout ça contre lui, comme des armes tranchantes dans leurs combats sanglants, comme si cette crainte s'était muée en l'espoir qu'elle le fasse. Pour qu'il s'rappelle, quand la colère s'ra de nouveau là, quand il aura eu envie d'oublier c'qui s'est passé aujourd'hui, quand il n'voudra plus revoir l'sourire si innocent et si apaisé qu'il lui a arraché pendant la danse. Quand il n'voudra plus se répéter les mots bleus et embués d'la douche. Quand il voudra nier, quand il voudra la piéger, quand il voudra de nouveau la bouffer. Parce que ça s'ra toujours valables. Nouvelle promesse. Celle de s'y tenir. Et il se lève. Brusquement.
L'regard un peu hagard. Inspirant fort comme un plongeur resté en apnée trop longtemps. Et sans un coup d'oeil pour elle, bondit du lit sans demander son reste.

Trouve facilement l'chemin vers le salon ; la porte restée ouverte diffuse une lumière qui lui est agressive quand il y débarque. Ses iris qui se risquent à la porte. Peut pas mentir, cette fois. N'y songe même pas. À s'barrer. N'en a strictement aucune foutue envie. Et c'est cette conclusion-là qui devrait l'réveiller, le faire flipper. Sans savoir s'il est encore sous l'coup de l'alcool ou complètement alpagué par ses émois. Revient devant la porte au bout d'à peine une minute, la lumière qui découpe son ombre façon yéti des neiges. Doit avoir une drôle d'allure, à poil, ses cheveux ébouriffés, l'regard encore brillant. Pourtant, c'est un drôle de sourire qui s'est dessiné sur sa bouche quand il grimpe de nouveau sur le lit, la fixant avec une incertitude camouflée. S'penche contre elle, avec l'excuse de vouloir jeter un coup d'oeil à travers la fenêtre. J'crois qu'il nous reste encore un peu de temps. À croire qu'ils savent très bien qu'la trêve ne durera pas plus loin qu'l'aube, si ce n'est avant. N'sait pas quelle heure il est. Toujours minuit ? Une heure du matin, deux ? S'sent épuisé comme jamais, tiraillé par une fatigue bien plus profonde et bien plus cruelle. A les yeux grands ouverts, pourtant, comme prêt à repartir pour un tour. La malice au bord des yeux, quand il pose devant eux un verre vide. Au fond, les mégots détrempent dans un mélange d'alcool et de cendres. C'est là qu'il agite devant son nez une clope. Room-service, qu'il pouffe comme un gamin, comme s'il avait déjà oublié l'couperet qui leur pend au nez, qui se balance en attendant l'bon moment pour leur tomber sur la gueule. Veut pas y penser, Nox, pas encore. Pas encore, pas encore, pas encore. Allume sa cigarette, la lui allume aussi avec un clin d'oeil, laissant la fumée s'envoler au-dessus d'eux. L'silence ne lui plait pas, devrait sans doute attendre qu'elle le comble de deux ou trois conneries, mais les questions sont d'nouveau là, les images aussi. Et elles sont terrifiantes.
Tourne un visage grave vers elle, dans les ombres que la nuit dessine dans ses traits creusés, dans ses cernes déjà trop criardes. Est repris d'la même urgence, celle de n'pas avoir de deuxième chance. Qu'il aura pas d'autres moments comme celui-là, qu'il n'aura pas d'autre opportunité de creuser. Comment ça va s'passer ? qu'il souffle d'une voix basse et... presque douce ? dans sa direction, essayant de harponner son regard. Comment est-ce qu'ils vont s'y prendre, comment est-ce qu'il peut deviner, comment est-ce qu'ils vont affronter l'réveil, qu'il sait d'avance brutal, féroce, cruel ?
Comment on va survivre à ça, Nora ?
S'penche, poussant l'vice jusqu'au bout, à planter ses lèvres au bord des siennes, dans une tendresse que lui-même ne se connait pas.
Comment t'as survécu jusque-là ?


code sleipnir.




Dernière édition par Nox Griffin le Mar 29 Juin - 11:14, édité 1 fois
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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:48, édité 1 fois
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" don't care what we've been
i'll sink us to swim "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell
Des essais dans l'vide, des ratures au coin d'un carnet mental, parce qu'il cherche, Nox, parce qu'pour une fois, il réfléchit avant d'parler. Parce qu'il voudrait vraiment trouver une solution, et plus il y pense, plus il s'dit qu'elle n'existe pas. Attend avec l'espoir de l'inconscient, Nox, suspendu à ses lèvres qui ne disent rien, qui l'achèvent un peu plus à chaque seconde par leur silence. Non plus et il sent ses poings se serrer un peu plus contre ses hanches, puis dans son dos, là où il délie ses doigts crispés. Son regard qu'appelle au secours, à vouloir invoquer n'importe quel dieu pour comprendre d'quoi il s'agit, pour entendre cette espèce de sorcellerie qu'il n'arrive pas totalement à accepter, encore, certainement, partagé avec le doute qu'elle ne veuille simplement pas lui dire. Sûrement mesquin d'sa part, quand on voit les efforts qu'ça lui a coûté, mais elle lui a appris une chose, Nora, en dix putain d'années. À toujours rester sur ses gardes, même si la garde s'est bien gardée d'se maintenir depuis déjà trop d'heures. N'parvient pas à masquer une espèce de déception puérile, c'lui du gamin qui n'a pas trouvé la bonne réponse, quand le manque d'enjouement d'Nora face à sa volonté qu'il trouvera lui assène un nouveau coup dans le dos. En même temps, peut pas lui en vouloir, Nox. Même lui n'croit pas en lui, alors pourquoi y croirait-elle, elle ? Lui a-t-il seulement déjà prouvé qu'elle pouvait avoir confiance en lui ? Qu'elle pouvait réellement compter sur lui ? Et on n'parle pas de l'avoir faite sortir de la taule misérable qui s'cache au poste d'Exeter. D'une vraie confiance, d'celle dont on n'doute jamais. En dix ans, l'a jamais rien prouvé, Nox - ni à Nora, ni à personne. N'répond rien, sûrement parce qu'y a rien à répondre à ça, parce qu'il veut juste cesser d'penser, parce qu'il veut oublier, au moins un peu. Juste le temps d'un (énième) ébat, le premier pourtant comme ça, ou p't'être que c'est déjà le deuxième, ou p't'être le dixième et qu'ils ne l'ont jamais remarqué, jamais mis d'mot dessus. L'entraîne vers la chambre, déjouant les questions pièges, slalomant entre les obstacles à s'demander quand est-ce que va venir la sortie d'route. Balaie l'ironie qu'elle amène sous les soupirs déjà enfiévrés, sous l'impatience déjà réveillée. N'peut qu'affronter son regard verdoyant, quand elle caresse son menton, quand ses doigts sur sa barbe réveille une multitude de frissons. Alors, s'perd dans leur union, à y balancer trop d'passion, à y vendre un bout d'son âme, une de ces parties qu'il n'a pas encore vendu au Diable - et, finalement, on ne saurait dire, entre le Malin et Nora, lequel est le plus féroce. Satan qui l'pousse à tuer par besoin, et Nora, qui l'pousse à tuer par promesse. Veut plus penser, Nox, quand sa mâchoire se crispe à l'orée de son épaule, qu'il en attrape la peau saillante à son sommet, qu'il y échoue soupirs et espoirs. Y a des jamais plus qui viennent griffer son myocarde, et sûrement qu'le gémissement un peu plaintif passera pas pour ce qu'il est vraiment - un désespoir cruel, une supplication inavouée. Jamais plus, finalement, il veut bien l'accepter, pour n'plus se retrouver aussi vulnérable. Le rythme qui s'accélère, tango encore plus endiablé que la danse d'avant, quand le souffle vient à manquer, quand l'oxygène s'en retrouve confisqué, qu'chaque respiration est pleine de son odeur, de leur odeur. Pleine de leur déni, pleine de leurs secrets, dévoilé à coeur ouvert aujourd'hui. Elle qui manie la, comment on appelle ça, déplacer des objets, télékinésie ? et lui, l'monstre réveillé, révélé. C'est pas nous et il n'peut qu'acquiescer, la gorge brûlante, qui s'resserre alors qu'il tente de se rassurer, d'reprendre confiance à ses mots qui se veulent rassurants quand d'autres s'y sentiraient blessés. C'est pas nous, qu'il répète en rythme, y a pas d'nous, Nora, qui s'extirpe comme en écho à ses pensées à elle, et ça l'conforte de le dire ça. Nous, c'est impensable, ça n'est pas réel, et si ça l'est, c'est juste pour une fois et jamais plus. Se sent mourir au creux de ses bras, les siens la serrant aussi fort qu'il le peut, quand son prénom dans ses lèvres s'écorche à trop s'murmurer. Qu'les yeux se révulsent dans une vibration qui le secoue tout entier, façon corps frappé par la foudre.

Les mots tranchants, déjà ; regrette, déjà, Nox. Aurait juste dû la fermer. À redouter d'avoir tendu lui-même la bombe qu'elle lui jettera à la figure. Pour sûr qu'il en finira défiguré, d'cet attentat à leurs règles. Tout. La regarde pas, peut pas, l'myocarde encore emballé comme chevaux fous et peut presque les entendre, leurs sabots qui cognent sur le terrain instable qu'il pensait suffisamment solide et qui s'effondre, plus encore à chaque seconde, à chaque minute, à chaque heure. Tourne légèrement la tête vers elle, enfin, quand elle parle de secret. S'voudrait voir rassuré, lui aussi - qu'son secret soit protégé, persuadé qu'elle est sincère, persuadée qu'c'est comme une preuve de loyauté, qu'elle le taira, qu'elle ira pas l'crier sous tous les toits - et pourtant, y a cette peur tenace qui ne le lâche pas, qui s'amplifie à mesure que l'adrénaline quitte ses veines. En vient à préférer le poison à la cure. Ils ne partagent pas de secret, eux. C'est trop fort, un secret, c'est un lien de trop et ils semblent les cumuler, quand en dix ans ils n'ont pas échangé une seule confession. C'est ça. Notre secret. L'ton plat et contrôlé, qui s'veut reprendre la main et l'assurance, qui tente d'apercevoir sur le côté du plateau de jeu s'il n'y a pas un moyen de récupérer tous ces pions qu'elle lui a ôté. C'est là qu'il s'enfuit, toujours pour mieux revenir, les résolutions déjà effacées, quand il grimpe sur le lit avec des intentions fébriles, comme le premier bouquet de roses qu'on achète dans sa vie. N'en a jamais acheté, lui, Nox, trouve ça complètement con, en plus. Les fleurs, ça finit toujours par faner. Pose ses fesses sur le matelas, allume leurs cigarettes. Un secret, ça n'fane pas, par contre. Un secret, c'est pour la vie et à l'intérieur, ça panique, à courir dans tous les sens, à s'demander si y a pas un moyen d'lui effacer la mémoire. Pose les questions qu'il faut ou ne faut pas, il sait plus, Nox, à tâter le terrain miné sans savoir si son prochain pas est sûr ou va l'faire sauter. N'peut s'empêcher un sourire pourtant, et sans doute qu'c'est la première fois qu'il remercie son putain d'caractère. À tomber dans la plaisanterie pour lui ôter ce sentiment d'urgence, à tenter d'lui faire croire qu'elle n'va pas mourir demain puisqu'elle a déjà tenu jusqu'ici. Plus de questions, qu'il accepte, qu'il lui cède, tirant sur sa clope en observant les nuages incertains que créent la fumée grise. Essaie de déchiffrer ses mots, quand ça fait repartir la charrue d'son cerveau, à se repasser les mots, les confessions, à savoir c'qu'il a pu louper, à savoir c'qu'il va oublier quand pour l'moment, lui semble qu'tout est inscrit à l'encre de chine. Qu'elle a marqué sa peau et son âme au fer chaud, comme du bétail, l'affiliant directement dans son troupeau pour le restant de ses jours. Nox, s'est toujours vu comme le loup, pas même le berger, encore moins un putain d'mouton. Comme quoi. S'trompe sur beaucoup de choses et l'principal sujet de ses fourvoiements, c'est bien lui, finalement. N'lui a offert qu'un silence consentant quand elle s'éclipse et qu'il se retrouve seul comme un con, à ramener ses jambes vers lui. A presque envie d'les serrer de ses bras, d'se balancer d'avant en arrière, si elle ne revenait pas si vite. Suit les contours de son corps, illuminés par la lueur du couloir. La lumière cruelle s'allume, éclairant leur lit comme coffre à butin, alors qu'il détaille ce qu'elle a ramené. Jette sa clope dans le verre-cimetière, n'a toujours pas décroché un mot, comme paralysé, comme absent. Mais c'est sans doute le naturel de Nora qui lui permet de reprendre pied avec la réalité et finalement, qu'il esquisse l'ombre d'un sourire malicieux en se tournant vers elle. J'suis venu avec un paquet aussi, si jamais, qu'il laisse s'échapper, comme une proposition, comme pour la rassurer. Attrape la bouteille en l'entourant de ses doigts douloureux à être restés trop longtemps crispés. La chaleur que provoque l'alcool dans son gosier termine de le détendre un peu plus, à s'dire que finalement, il s'est peut-être inquiété pour rien, qu'la guerre n'est pas encore en train de frapper à leur porte, qu'elle n'a pas trouvé leur refuge, qu'ils ont encore un peu de sursis.

S'sent soudain partir sur le côté, la tête qui rebondit sur l'oreiller juste à côté d'la sienne et qu'il fronce les sourcils. La voit dégainer son téléphone et bredouille un non, pas de ph.. mais ça s'coupe net quand il comprend qu'il ne pourra rien dire ou faire qui l'en empêchera. Peut pas s'avouer, Nox, qu'ça sera une preuve de plus, qu'ça sera une arme de plus qu'il s'enverra lui-même dans la gueule, quand ils se seront esquintés à l'aube - toujours persuadé de cette idée - et quand il ne lui restera rien sinon les mots en boucle, sinon la rancoeur, sinon la colère et la culpabilité, et qu'il pourra maintenant s'assommer d'images criardes qui lui hurleront tout à la figure. S'marre pourtant, à revêtir le rôle de l'adolescent innocent, à s'prendre au jeu, sans s'occuper de sa remarque - bien sûr qu'ils ont pris dix ans, même vingt avec la gueule que ça leur donne, la lumière rendant leurs peaux blafardes, marquées d'ecchymoses, leurs lèvres enflées et rougeoyantes, leurs regards (bien trop) brillants. Sent avec surprise ses crocs se refermer sur sa joue et attrape alors son bras pour garder le téléphone en l'air. Non, non, il en faut aussi une autre, si tu veux jouer à ça, qu'il murmure en venant à son tour ouvrir sa mâchoire sur le coin de son menton et qu'finalement, au moment où il déclenche l'appareil, ferme ses lèvres presqu'inconsciemment. Jette un oeil à l'écran - génial, parfait photo niaise. Lui jette un coup d'oeil qui s'veut détendu et rieur, à reprendre une gorgée d'alcool quand elle reprend la parole. Moi non plus. Ou plutôt qu'si, en fait, il rêverait de dormir là, d'sombrer, mais il sait très bien qu'il en serait incapable. L'corps qui n'appelle qu'au repos quand l'esprit est trop vif, trop éveillé. Pose la bouteille sur la table de nuit avec un soupir amusé. Putain, mais ça t'arrive d'être fatiguée ? Sourire au coin de la bouche, en secouant la tête dans une exaspération totalement feinte. S'demande pourquoi elle ne passe pas autant de temps chez elle habituellement et la question creuse sa tombe dans son crâne. Est-ce que c'est ici ? Ici qu'on t'a fait tout ça ? semblent demander ses yeux, mais il l'a dit : plus de questions. Reste muet, mais pas longtemps, hoquetant presque de surprise, sourcils froncés. À la plage ? Tu veux pas aussi qu'on fasse un barbecue, tant qu't'y est ? Mais il s'interrompt quand il voit qu'elle est sérieuse. Pour lui, aller à la plage, c'est synonyme de frite sous le bras, la glacière pesant huit tonnes de l'autre et devoir s'entasser sur un bout de sable gris. Mais visiblement, il devine qu'ça a une autre signification pour elle et de toute façon, vu son entrain, il n'a pas son mot à dire. Et p't'être qu'il l'avouera pas, mais p't'être que ça lui plait. D'être mené par le bout du nez comme ça, quand dans sa tête ça n'veut dire qu'une chose : qu'l'aube est encore loin, qu'il reste peut-être même un espoir, celui qu'les rayons du soleil ne viendront pas griller tout ça. Il la suit des yeux, l'observant de dos alors qu'elle se vêtit déjà, les iris qui détaillent son corps qu'il connait par coeur - et ça, c'est sans doute vrai, à force. Soulève le sien avec un grand soupir, comme si ça l'faisait chier, les muscles douloureux, faut bien l'avouer. Récupère son caleçon d'une main, au pied du lit, et s'approche d'elle furtivement avant de se plaquer contre son dos, entourant ses épaules de ses bras. Leur jette un coup d'oeil dans le miroir incrusté à l'armoire face à laquelle ils se trouvent. Et même une photo n'pourrait pas mieux incruster ça dans sa tête, dans sa mémoire. Approche ses dents de son oreille, provocateur. Tu m'épuises, Everdell. Pourtant, ça sonne comme un alors, d'accord.

Et il s'écarte, enfilant son sous-vêtement avant de récupérer son t-shirt à l'entrée de la chambre de laquelle il s'extrait, récupérant le reste de ses fringues éparpillées un peu partout dans l'appartement. Lui jette un coup d'oeil circulaire - un oeil nouveau, aussi. Récupère ses clopes sur la table basse, enfile sa veste. Bon, il t'faut dix heures pour t'habiller ? On va pas au bal, hein. Sourire taquin quand il attrape son téléphone, y pianote pour y découvrir les photos, qu'sa gorge se serre légèrement. A déjà envie de les copier mille fois pour pouvoir les effacer autant d'fois qu'il le voudra, quand il la détestera, pour qu'il en reste toujours au moins un exemplaire pourtant. Note l'heure réelle - une heure quarante-deux - et s'dit qu'il leur reste encore le temps, qu'elle a raison. Qu'il lui faut en profiter. L'attend donc patiemment devant la porte, comme un garçon docile, en s'demandant ce qu'ils foutent, malgré-tout. Qu'c'est pas eux, tout ça. Qu'c'est pas eux la douche, qu'c'est pas eux la danse, qu'c'est pas eux l'amour, qu'ils sont pas faits pour ça et qu'ça semble clair pour eux deux et pourtant, les voilà à tout tenter, à tout franchir. S'il y repense, c'était déjà pas lui de débarquer chez elle. S'allume une autre clope, quand elle se décide enfin à s'montrer. T'as pris le parasol, j'espère, et la crème solaire, qu'il s'en amuse, dans un désir d'cacher son émoi, d'voiler sa fébrilité, quand il se sent plus angoissé qu'un gamin pour son premier jour d'école. Pose la main sur la poignée d'la porte pour la laisser s'y engoufrer avant lui, jetant un dernier coup d'oeil derrière-lui, à ce nid étrange qui a été le repaire de leurs confidences. Comme s'il les laissait derrière-lui, derrière-eux, enterrées ici à tout jamais. La pousse dans l'dos en pouffant, avant de s'mettre à dévaler ces escaliers qu'il a grimpé, il lui semble, y a un siècle déjà. A l'impression d'être resté chez elle des années durant, à s'en extirper enfin, à trier les étages - combien, il ne sait même plus tant les marches s'enchaînent, trois, quatre, trente - jusqu'à revenir devant les boîtes aux lettres. Sourire en coin, l'effervescence qui le reprend pour palier à la tension, l'cerveau qui laisse toujours plus de messages sur l'répondeur. Mais il les écoutera plus tard, Nox, quand il sera disponible, ou peut-être qu'il les écoutera jamais.

Dehors, l'air glacé de l'hiver lui assène une claque qu'il ignore. Tire sur sa clope qui s'épuise déjà, s'tournant vers elle pour la pousser de l'épaule, pour l'emmerder, lui aussi. Pour l'entendre rire, comme y a deux soirs, dans la ruelle près du bar. Veut pas s'souvenir, Nox, qu'y a pas eu d'son rire qui est resté dans son crâne de c'soir là. Mais aussi deux coups de feu. Deux détonations, deux blessures encore à vif - au sens propre comme figuré, d'ailleurs. Et comme pour se le rappeler, comme pour les rassurer, qu'il lance dans un courant d'air frileux, que heureusement, j'ai pas pris mon arme de service, dans un rire qui s'veut léger, qui s'veut comme avant quand il savait encore rire un peu. Marche à ses côtés sans savoir quoi faire d'sa main libre, avec l'envie soudaine et ingérable d'attraper la sienne. Et ni une ni deux, sans consultation préalable à sa raison, qu'il la lui dérobe, pour la tirer vers lui en s'mordillant la lèvre inférieure, l'regard carnassier et brillant des seules lueurs des lampadaires. Entrelace leurs doigts avec empressement, comme si ça allait l'empêcher d'la retirer. Puisque c'est pas nous, autant jouer l'jeu jusqu'au bout, tu n'penses pas ? Oh lui, certainement qu'il ne pense pas du tout, non, à cet instant, l'cerveau sur off. L'entraîne d'un pas vif, déjouant les faiblesses de son corps épuisé, tirant toujours plus sur la corde - de ses forces, de leurs limites. Et sans prévenir, lève sa main vers le ciel et la fait tourner sur elle-même, dans un carillon d'rires inconscients, avant de la ramener contre lui pour la tirer en avant. S'découvre une énergie nouvelle, l'corps qui puisse dans les réserves de survie sûrement, l'cerveau qui se recule dans l'ombre en comprenant qu'il n'pourra plus rien faire. Qu'y a plus rien à faire, à c'niveau-là. Quand on s'jette de si haut avec autant d'élan, on peut pas éviter la chute. On peut juste l'attendre, l'espérer, presque. T'as pris la bouteille ? qu'il demande, un sourcil froncé lui donnant un drôle d'air interloqué, comme s'il aurait dû y penser, accélérant l'pas comme si la plage allait s'échapper. A envie d'se mettre à courir, Nox, d'gueuler dans la rue qu'rien n'peut les arrêter. Et pourquoi ? Parce que c'est pas eux, là. Y a pas d'Nox, y a pas d'Nora, et putain c'que c'est grisant cette consolation, cette assurance-vie qu'il prend pour se détacher de la réalité. Les ruelles sont désertes, en pleine semaine à une heure pareille, la plupart des gens dorment depuis belles lurettes quand d'autres, comme eux, transgressent toutes les lois de l'univers. Alors, il l'entraîne directement sur la route, sans lui laisser l'choix, ses doigts fermement arrimés aux siens, à n'même pas vouloir s'voir là, marcher avec Nora main dans la main. S'en rend pas compte, l'flic, à accumuler c'qui appelle des clichés. J'ai toujours su à l'avance quand t'allais finir au poste. Il balance ça d'un coup, dans l'silence de la nuit, de la rue éventrée de monde, quand il s'croit les seuls sur la Terre entière. Lui jette un regard de biais, avant d'la ramener contre lui, d'lâcher sa main pour attraper son épaule. Pour l'empêcher d'le regarder, peut-être. J'ai jamais rien fait pour l'empêcher, d'ailleurs, si tu t'demandes si oui, j'aurais pu t'empêcher de finir derrière les barreaux des cellules d'Exeter - des petites barreaux, j'parle, hein, qu'il continue, d'sa voix détendue, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps, quand pourtant il s'confie, encore. Fixe une âme égarée qui passe sur l'trottoir, leur jette un regard avant de disparaître dans la nuit - s'demande, vaguement, pour quoi ils passent à cet instant. Mais ça l'ralentit pas, ça l'pousse même pas à l'éloigner d'lui. Peu importe c'qu'ils pensent, les gens, si c'est pas lui. Si c'est pas eux. Ralentit un peu, desserre son étreinte pour tourner la tête vers elle, aguichant ses yeux des siens. Ben ouais, si j'te l'évitais, t'aurais pas eu besoin d'me demander d'en sortir à chaque fois, avec un sourire un peu coupable, laissant trainer l'idée qu'il la voulait enfermée pour pouvoir la confronter, la voir, s'sentir forcé de l'en faire délivrer. S'frotte la barbe, quand il libère enfin son corps, son épaule, tout, pour s'placer face à elle en marchant à reculons. C'est qu'on l'reconnait plus, sur l'coup, quand il continue, quoi ? tu crois qu'y a qu'toi qui a un super pouvoir, princesse ? Et ça raille en museau mangé par la malice. Lui avoue pas tout, quand il en avoue déjà trop. Termine la révélation par un clin d'oeil appuyé, avant d'reprendre son chemin, marchant devant elle d'un pas plein d'un entrain qu'on n'sait pas d'où il l'a trouvé. À croire que l'adrénaline, l'alcool, leurs ébats - finalement, bon combo pour l'garder parfaitement en forme. Laisse l'anxiété et la colère de côté, laisse c'qui lui est arrivé de terrible de côté aussi, laisse la promesse d'y mettre fin en tuant aussi sur le banc de touche. Laisse même la fin, déjà oubliée, déjà rangée, laisse tout, Nox, laisse tout pour s'en retrouver qu'plus léger.
Mademoiselle Everdell, bienvenue à la plage. La taquine avec un sourire effronté, quand il s'efface pour laisser se dessiner l'océan, à portée de vue. Et qu'il s'rapproche, à jouer le jeu jusqu'au bout, comme il l'a dit, quand les embruns salés viennent chatouiller ses narines. Tu viens souvent ? qu'ça se souffle en demande banale, l'regard curieux.
Tu les emmènes tous ici ?
La fixe un instant, l'silence au bord du coeur.
Ou c'est qu'pour nous ?


code sleipnir.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:49, édité 1 fois
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" now let's try our very best to fake it "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell
(xxx)

L'sérieux qui fait briller leurs yeux, à l'unisson, après qu'ça est été corps et âme à vibrer sur le même tempo. L'doute qu'elle laisse planer dans ses mots lui arrache un rictus blessant. J'sais aussi, qu'ça grince entre dents serrées, quand l'envie brusque de la griffer le prend, qu'il l'étouffe dans un hoquet presque douloureux. Sent qu'la limite est là, juste là devant lui, qu'il suffirait de si peu pour la franchir. Mis à nu, encore plus fébrile, par tout c'qui s'est dit, tout c'qui s'est murmuré, et tout c'qui s'est pas dit mais qui s'est entendu, aussi. S'dit qu'les photos lui changent les idées, incrustent un peu plus dans son crâne c'qu'il se passe, où ils sont. Plisse le nez dans une moue amusée, quand elle n'peut pas le voir pour la constater. Qu'il en s'rait presque ému à s'voir immortalisé là. Malgré les cernes, malgré la lèvre enflée, malgré la faim qui, assurément, a marqué ses traits durant ces deux dernières années, pas assez pour que ça se remarque, juste ce qu'il faut pour que lui s'en aperçoive pourtant. Malgré tout ça, qu'il ne se souvient pas s'être vu si inconscient, si détendu, si... bien ? En aurait oublié l'sentiment, Nox. Peut pas s'empêcher de pouffer contre sa tête, soulevant ses cheveux emmêlés de leurs ébats. Généralement, c'est à côté du deuxième quizz de merde, quel amant vous correspond le mieux ? Tourne la tête pour choper son regard, plutôt le harponner, façon pêche au piranha quand on connait la bête. Alors, plutôt l'un ou l'autre ou les deux mélangés dans un seul ? Lève les yeux au ciel, n'rétorque même pas, encaissant les coups sans les sentir, comme si ça n'en était pas vraiment. N'a pas envie, là maintenant, d'la traiter de gamine, quand à ses oreilles, l'insulte serait pour lui plus que pour elle. Surprend dans son attitude comme un indice. Est-ce qu'il l'aurait vexée ? Si en temps normal, il s'en réjouirait - car ça signifierait avoir marqué un point - à cet instant, ça l'décontenance légèrement. Assez pour qu'il ne répond pas tout de suite à sa réplique sur le même ton qu'la sienne. Soucieux de n'pas en remettre une couche, il s'trouve maladroit, l'Griffin, à plaisanter quand, visiblement, ça serait presque de l'ordre de l'aveu et de la proposition sacrée d'aller à la plage. Mais ne l'a pas saisi, ça, Nox. Pas encore, en tout cas. S'colle à son dos quand elle s'habille, comme pour se faire pardonner, secrètement. S'accroche à l'image que ça renvoie de lui, d'elle, d'eux. À s'répéter qu'ils sont pas vraiment là, qu'il l'enlace pas vraiment, qu'il ne l'aime pas vraiment et c'est peut-être ce qui lui donne, finalement, les moyens d'le faire deux fois plus.

Peut pas s'empêcher, Nox, de s'retourner quand elle revient enfin. Et alors, le diadème ? Tu l'trouves pas ? qu'il se moque gentiment avant de parcourir son corps du regard de haut en bas. J'ai pas eu le temps d'aller faire les magasins, encore, chérie, l'mot ponctué d'un clin d'oeil appuyé, mais j'y penserai, tu me donneras ta carte bleue. Peut pas s'empêcher de la taquiner, d'la pousser comme un gamin - et l'attaque lui sied à merveille - quand il la joue gosse puéril comme pour se décharger de l'étiquette du vieux. Qu'il le fait de bon coeur, pourtant, à s'éprendre de cette sensation de revivre, d'retomber dans une jeunesse qu'il se souvient même plus avoir connue. Bien sûr, qu'elle le prend de court et, bien sûr qu'il arrive en bas en dernier. Soupir franchement en admettant que, génial, me voilà un vieux con, maintenant, avec encore un soupir pour bien en rajouter une couche. S'oblige à rappeler les conditions d'leur dernière virée en ville en pleine nuit, sans savoir s'il cherche à faire revenir la culpabilité ou juste le souvenir, fugace, d'une liberté qu'ils ont déjà ressenti. Par moments furtifs, éphémères, celle-là même qui les surprend l'un et l'autre maintenant, peut-être parce qu'pour une fois, l'instant s'étire et dure. Que de quelques secondes, il faut compter en heures. La bouscule, s'jouant l'emmerdeur quand c'est habituellement son rôle à elle et sa façon de l'attraper, là d'un coup, l'fait toussoter, clope à la bouche, quand celle-ci s'échappe au sol et qu'il lui lance un regard accusateur. Affronte la menace de ses iris, comme pour dire j'ai pas peur, à laisser l'impression se diluer par sa proximité, en sentant sa bouche se glisser à son oreille. Attend qu'elle se recule pour lui envoyer une mine qui s'veut rieuse. À moins qu't'aies laissé ton cerveau chez toi, j'me doute bien que t'as ton arme de service sur toi, qu'il en rit encore un peu, d'un tressautement des épaules et y a qu'ça qui témoigne de son amusement, sûrement, quand les yeux sont plus sérieux qu'la bouche.

Et la main dont il se saisit, épris d'trop de liberté sûrement, à affronter son regard qui lui serre la gorge et le coeur, sur l'instant, à s'figer intérieurement en attendant la sentence. En attendant qu'elle la retire brusquement, le pousse. S'en aille ? Est-ce qu'il est allé trop loin dans leur jeu ? Pousse un hoquet de surprise à la sentir peloter son fessier, sans pouvoir contrôler son bassin qui sursaute sur le côté comme pour se dérober au contact, l'entraînant avec lui dans le mouvement, pourtant, par la façon dont elle a passé son bras autour de lui. À n'plus savoir c'qui est du jeu ou non, à n'plus vouloir même se le demander, à improviser sous couvert d'une parfaite maîtrise de la situation et de son rôle dedans. N'répond pas et sûrement que c'est un consentement qui en sera déduit, à pourtant mieux respirer quand elle fait simplement balancer leurs mains entre eux. Des mots lui reviennent à l'esprit, ricochent dans un souvenir qui lui semble lointain quand c'était seulement deux jours auparavant. Pas ici, qu'il lui avait intimé, dans le bar. La même gêne, comme une honte, à c'qu'on les voit. Comme si ça rendrait tout ça bien plus réel qu'il ne le voudrait. Et s'dit bien qu'là, là maintenant, ça s'rait bien de se détacher de cette sale impression qui lui colle à la peau. Qu'est-ce que ça peut leur foutre, aux gens ? Qu'est-ce que ça peut lui foutre, à lui surtout, c'qu'ils pourront en dire ? Pour ça p't'être qu'il la fait danser, tourner sur elle-même, là au milieu de la rue, à découvert, comme une preuve pour lui-même, une résolution nouvelle. Et elle revient vers lui, contre lui, quand elle pose une main contre son myocarde, qu'elle le sentira forcément désinhibé, ou peut-être qu'elle se dira qu'c'est l'alcool, ou peut-être qu'elle le sentira même pas. Qu'il doit s'retenir, presque, quand il sent le secret, son secret, finalement, envahir d'nouveau ses yeux comme un océan qui déborde, qu'a trop besoin de parler aujourd'hui, qui a trop besoin de lui dire. Heureusement qu'elle vient déposer ses lèvres au coin des siennes, qu'il peut battre des cils et effacer. Dans leur trajectoire, Nox, il n'sait même plus où ils vont. À trop s'dire que c'est un jeu de rôles, n'sait plus vraiment c'qu'il fait. S'y est perdu, et n'sait plus vraiment comment il pourra en sortir, à présent. Sourire en coin en devinant la bouteille dans son dos, sans chercher à la lui soutirer pourtant. Fait mine de réfléchir, l'minois vers le ciel dont on ne perçoit pas les étoiles, parce qu'la ville est encore trop étouffante ici. Ou p't'être qu'y a des nuages, aussi. Hmm... t'auras le droit de me redemander une danse. Soupire un peu, feignant l'ennui en baissant l'menton vers elle, l'intérieur de la joue mordillé entre ses canines. Parce que, vraiment, je déteste ça. Et l'est sincère, l'flic. À n'avoir jamais été à l'aise avec ça. Jamais de toute sa vie, qu'il parle, pas seulement maintenant. Et pourtant. Pourtant, qu'elle en doutera pas, qu'il a aimé c'moment franchement chelou.

Et p't'être qu'il aurait dû fermer sa gueule, quand l'expression d'Nora redevient indéchiffrable - sans savoir si y a bien un moment où il peut la déchiffrer, d'ailleurs. Il récupère aussi sa main, s'frottant la barbe dans un tic un peu nerveux. Mais voilà qu'elle revient contre ses flancs et qu'il entoure son épaule, l'regard au loin en tentant de discerner la mer, à s'dire qu'ils n'ont pas partis depuis deux minutes et qu'la distance lui semble déjà trop longue, car trop propices aux questions. Oui, un truc du genre. En fait, ma mère m'a appris à tirer les cartes, qu'il ne peut pas s'empêcher de plaisanter, pour s'détendre lui-même sûrement et parce qu'y a pas grand chose qui sait ça, parce que la plupart ne comprendrait pas, n'est-ce pas ? Qu'ils trouveraient ça fou. Sûrement aussi fou que d'bouffer des gens ou que de déplacer des objets par la pensée. Non ? P't'être pour ça qu'il l'a dit ? L'a confié ? Pour pas se sentir anormal ? Parce qu'elle non plus, alors, ne le serait pas ? Mais les questions s'font plus sérieuses et il serre un peu les dents, à avoir des envies d'se mordre la langue très fort pour l'avoir ouverte. Vraiment, n'réfléchira jamais avant d'l'ouvrir, Nox. N'apprend pas, n'apprend rien. La regarde pas quand il sent ses yeux chercher des réponses, fixe les immeubles gris qui lancent des ombres effrayantes sur la route déserte. Depuis la première fois, Nora. Mais à cette époque-là, j'savais pas. J'savais pas qu'ça allait... devenir comme ça, qu'il crache presque à contre coeur, se renfrognant un peu en lui en voulant d'le tirailler, d'insister, quand il sait qu'le seul fautif, c'est lui. L'a amené l'sujet en espérant quoi ? Qu'elle n'en dise rien ? P't'être qu'il voulait inconsciemment qu'elle le sache. Qu'elle était dans sa tête avant même qu'elle cherche à s'y incruster. Qu'elle n'y est pour rien, donc, sûrement. Et on avait dit plus d'questions, qu'ça se grogne entre les lèvres plissées, sans pouvoir cacher un agacement illégitime.
Oh oui, qu'il l'a vue, sa mise en taule mais pas comme elle l'imagine - ou peut-être qu'elle ne peut même pas l'imaginer, encore, la façon dont il l'a vu. Mais lui s'en souvient très bien. Dans sa vie décadence, rythmée par les images fugaces de son visage derrière les barreaux, à s'demander si c'était demain ou la semaine prochaine, quand un rêve plus frappant qu'les autres était venu sonner à son subconscient. L'ombre, immense, qui l'avait avalée, qu'y avait même pas d'barreaux, et qu'il avait beau courir pour la rattraper, qu'il avait cette sensation désagréable qu'on n'a qu'en rêve de ne pas avancer. Il lui semble qu'plus il se rapprochait d'elle, plus elle s'éloignait, emportée par un courant terrible. Et alors qu'il avait cru la toucher, il s'était heurté à une muraille immense, dont même les briques cuivrées s'foutaient de sa gueule. Il n'avait pas rêvé d'sa future détention, il avait rêvé son absence dans sa vie et ç'avait été encore plus frappant, pour Nox. Parce que ç'avait voulu dire qu'elle était présente dans celle-ci, pour qu'on puisse l'y arracher. S'souvient parfaitement de l'attente, insoutenable, n'sachant pas c'qu'il allait apprendre - imaginait même sa mort, Nox - et du fameux coup d'téléphone. Sur un des seuls jours de repos qu'il s'octroyait à l'époque. L'coup du destin, forcément. Un d'ses employés, sûrement l'seul qui avait compris - compris quoi, Nox n'avait jamais vraiment demandé - et qui l'appelait toujours lui quand ça la concernait elle. Les mots qu'il se souvient encore. Ils l'embarquent. Elle a pris trois ans fermes. L'hésitation, l'silence, la gorge qui s'était serrée. On peut rien faire, là, chef. C'est au-dessus de nous. Comme pour lui dire tu n'peux rien faire, plutôt.

Et sa voix qui l'sort d'un semi-coma hors du temps, lui donnent la claque dont il a besoin, sûrement. Plisse les yeux, sans réussir à s'reconnecter vraiment, à savoir d'quoi elle parle exactement. Si ça m'plaisait pas, certainement qu'non, j't'aurais pas faite sortir autant d'fois. Si tu me plaisais pas. Sait même pas pourquoi il le précise tant ça lui semble logique. Tant c'est trop logique, tant il a l'impression, soudain, d'plus avoir aucun mystère, que ses intentions sont toutes dévoilées et qu'il est en train d'mettre à plat tous ses petits plans secrets cachés dans son crâne. Et ça l'vexe lui-même, d'se sentir aussi prévisible - sans savoir, finalement, qu'leurs pensées sont en écho. Mais elle insiste et il serre les poings, ses ongles entrant délicatement au creux de ses paumes en y entaillant un peu la chair. Braque sur elle un regard féroce, l'envie brutale de l'étrangler. Et ça l'effraie, Nox, d'sentir avec quelle facilité tout ça pourrait revenir, quand l'aube est encore loin, quand il s'pense à l'abri alors qu'il lui suffirait d'un mot de travers, visiblement, pour s'emporter de nouveau. Pour laisser les démons gagner, reprendre leurs droits, récupérer les rênes. J'en sais rien, Nora, putain, qu'il siffle en s'écartant d'elle, l'corps tendu, comme pour lutter contre l'irrémédiable envie de lui faire mal. A la gorge sèche, l'envie d'lui arracher la bouteille des mains quand il les porte plutôt à son crâne, à les passer dans ses cheveux avec une nervosité qu'il peine à cacher. Qui s'voit amplement, d'ailleurs. J'vois plus rien, maintenant. Et ça semble achever la colère, comme si être sincère était la clé, la solution. Bien qu'il n'donne aucune réponse à sa dernière question. Parce qu'il se sent pris au piège, parce qu'il a l'impression qu'elle a raison, qu'il a b'soin de se dire qu'il est utile pour être accepté et finalement, c'est l'genre de répercussion qui remettrait même son choix de carrière en question.
Heureusement, la plage s'offre à eux et Nox l'accueille comme une libération. Attrape la bouteille avec l'ombre d'un sourire sur l'visage, avec un peu d'peine à passer à autre chose avec ces vérités qui éclatent au fond d'lui comme autant de bulles qu'on explose de la pointe d'une aiguille. Et chaque clac le fait frémir. L'alcool dans sa gorge apaise son ressenti, et il accueille sa présence avec, semble-t-il, plus d'entrain que quand il s'en est écarté.

Et s'y attend pas. Qu'elle se fonde en lui comme ça, d'une façon qui semble naturelle quand il se dit qu'elle ne fait ça que pour le jeu, que pour son rôle, quand il crèverait d'envie, là tout au fond, qu'ça soit juste parce qu'elle en a envie. S'sent déjà partir, ses lèvres dans l'attente des siennes sous une caresse qui se fait, à n'en pas douter, volontairement lente, à l'entendre lui confier qu'elle y vient tous les jours. Entoure son corps de ses bras, comme si c'était devenu instinctif, à la serre contre lui pour n'plus la laisser s'y échapper. Offre un rempart au vent glacé qui cherche à les faire chavirer, sûrement, quand ses mots suffisent amplement à l'ébranler déjà. C'est bien parce que c'est toi. Et qu'il sent l'océan encore menacer, dans ses pupilles, de tout dégueuler de travers et qu'il ne la regarde pas, et qu'elle non plus et qu'il se dit qu'c'est tant mieux. Les mots comme des pierres, qu'il reçoit, mais des pierres douces, qui apposent un pansement sur des plaies qu'il ne connaissait même pas. Frissonne, dira qu'c'est le vent. Et les mots qui s'amoncellent, s'empilent pour former comme ces piles qu'on trouve sur les chemins forestiers, ces cailloux irréguliers mis les uns sur les autres, qui tiennent debout en défiant toutes les lois de la physique. S'sent comme un de ces cailloux, Nox, en équilibre précaire quand toute la pesanteur de c'qu'il ressent tend à l'attirer vers une chute vertigineuse. Et qu'pour seule réponse, pour pas s'trahir, pour pas trahir leur jeu, qu'il affermit sa prise sur son corps, qu'il l'enlace avec une passion brûlante, que les courants d'airs venus d'la mer emportent avec ses soupirs. Soupirs créés par les lèvres qui s'impriment sur sa peau, qu'c'est plus fort que toutes les promesses, qu'il lui semble, quand Nox n'a jamais su manier les mots et bien plus les gestes, qu'ils ont plus de sens pour lui qu'aucune prière ne pourrait en avoir. Qu'à cet instant, il n'a pas envie d'lui dire quoi que ce soit, qu'il n'a pas la moindre envie d'lui dire ce je t'aime qu'elle lui a balancé à la gueule, qu'il aurait juste envie de l'aimer, juste pour voir s'il en serait capable, comme une ultime épreuve, un test de plus. Et qu'son visage s'échappe, pour pas qu'elle lise, qu'elle sache. Et qu'le baiser qu'elle lui offre, il s'y accroche avec plus de frénésie qu'le ferait un bateau à son port, qu'il libère ses bras pour attraper son visage avec urgence. Qu'il est perdu, Nox, qu'il a perdu, tout seul comme un con, à son propre jeu, qu'c'était couru d'avance, à juste prétendre l'existence d'un jeu. Qu'il est saisi de cet effroi incontrôlable d'le lui cacher, parce qu'il s'est jamais plus senti vulnérable qu'à cet instant-là. À dévorer ses lèvres, à vouloir y aspirer son âme pour l'inviter un peu en lui, pour la garder un peu avec lui, toujours, même quand elle sera partie. Parce qu'elles partent toujours, n'est-ce pas ?

Et d'ailleurs. La voilà déjà parti. Qu'il est laissé là, comme un abruti, l'souffle court, coup de poing glacé à l'absence de ses lèvres déjà échappées. Ses mains dans l'vide, comme s'il l'avait jamais étreinte, qui retombent le long de son corps et qu'il a la tête qui tourne. Qu'il n'sait plus ce qu'il fait là, qu'il ne sait plus qui il est, avec l'impression contradictoire que tout s'est inversé. Qu'il a joué un rôle toute sa vie et qu'il vient, pour la première fois, d'être lui. Et ça lui fout les jetons, à Nox, comme si tous ses repères s'écroulaient en même temps, autant d'immeubles s'effondrant. Y a pas eu besoin de deux avions terroristes pour ça, seulement deux yeux, pour creuser des tunnels imprenables dans ses fondations. Et il s'maudit pour ça, quand même lui s'pensait pas si faible, qu'il s'croyait à l'abri, à s'dire qu'après quarante ans à avoir esquivé les bombes, il risquait plus d'se faire sauter un jour. Qu'finalement, suffit d'une âme pour attacher la sienne au Diable, définitivement. Qu'finalement, y a pas besoin de grenades ou de kalachnikovs. S'sent fébrile, sait pas s'il titube à cause de l'alcool ou à cause de tout c'qui chavire en lui. Pourtant, prends une dernière gorgée - celle du condamné - et la bouteille s'lâche d'elle-même, s'enfonçant dans le sable sous ses pieds. Et c'est avec l'urgence d'un suicidaire qu'il s'élance à sa poursuite. Parce que finalement, n'est-ce pas ce qu'il fait, depuis dix ans ?
Lui courir après, quand il pensait avoir l'rôle du chevalier ?

Trop loin pour avoir vu la larme, et sans doute qu'c'est mieux, sans doute qu'ça lui aurait fait faire demi-tour. À courir comme un dératé, les cheveux au vent, sans se soucier du sable qui s'infiltre dans ses chaussures ou d'son t-shirt froissé qui se soulève. Sans se soucier qu'il s'enfonce toujours plus, et pourtant, y a une différence.
L'image est toujours restée gravée. Mais aujourd'hui, plus il avance et moins elle lui semble loin. Parce qu'aujourd'hui, c'est pas l'avenir qu'il lit, qu'c'est bel et bien un présent vacillant. Qu'contrairement à son rêve, il a l'impression d'avancer. D'faire un pas de géant, sans s'être rendu compte qu'il a stagné toute sa vie. Elle a reprit sa course, forcément, mais il accélère aussi, et finalement, c'est au bout de quelques minutes fugaces de course poursuite qu'il l'effleure presque et d'un seul coup, qu'son corps rencontre le sien avec fracas, sans contrôler sa vitesse ni l'freinage, dérapant dans l'sable, qu'il l'entoure de ses bras quand il bascule et l'entraîne dans sa chute avec lui. Qu'il tombe en-dessous, qu'il a du sable plein la gueule et qu'il rouvre les yeux en secouant la tête. L'regard transi, l'coeur aussi léger qu'la tête lourde, à poser un regard taquin dans l'sien, fier et victorieux. Alors, pas mal, pour tout c'que je clope, non ? qu'il lui envoie en délivrant un de ses bras coincé sous elle, quand il sait qu'il n'a pas vraiment d'mérite, qu'y a l'entraînement derrière. Et finalement, il la lâche, emmêlés qu'ils sont là, à terre, dans le sable. Lève un regard vers le ciel si noir - et là, les étoiles, il les voit bien. Qu'suffisaient juste de prendre un peu de distance pour les voir, finalement.
Tourne la tête lentement vers elle. Et il la voit, elle aussi. La voit comme il l'a jamais vue, finalement. Parce qu'il n'avait jamais pris assez de distance avec lui-même. Et tout cet effort mérite bien une clope, d'ailleurs. Quoi ? Il faut soigner le mal par le mal. Lance un éclat d'rire qui part en fusée de détresse vers l'océan, qui s'fait silencieux, à ramener ses bras langoureux loin devant eux, sur la jetée. Sort son paquet d'la poche de sa veste, comme avant sur le lit, en allume deux machinalement, comme si c'était déjà une habitude. S'dit que si elle est le mal, il veut bien s'soigner plus souvent. Sait qu'il va en pâtir, mais putain, s'est pas senti aussi vivant d'puis longtemps, s'rend compte, Nox, délivré des entraves qui portent son propre nom. Comme des pièges à ours dans lesquels le chasseur met lui-même les pieds pour s'convaincre qu'il n'est pas capable d'attraper la plus grosse bête de la forêt. Parce qu'il le sait, l'est pas fou à c'point, Nox. Nora, c'est p't'être pas la plus grosse prise, mais c'est de loin la plus féroce, la plus tranchante. La plus précieuse, pourtant, comme le plus gros poisson d'la mare. Et qu'il suffisait peut-être juste d'lui offrir l'océan pour la voir grandir à sa juste taille, à sa juste valeur. Laisse retomber un silence qu'il trouve léger, à calmer son souffle éreinté d'la course parce qu'oui, l'effort a été considérable, peut pas l'nier. Et qu'ses muscles hurlent au repos, cette fois, pourra plus vraiment tirer plus sur la corde prête à céder. S'tourne lentement vers elle, avant d'froncer les sourcils. Et sans un mot, qu'il retire sa veste pour venir la poser sur ses épaules. Sans rien dire. Parce que ça s'rait de trop. Parce qu'on l'a dit : qu'il gère mieux les gestes qu'les mots. Qu'ça a presque plus de sens, pour lui. Et qu'finalement, voudrait pas lui avouer oralement, pour accompagner son geste, qu'c'est comme s'il prenait soin d'elle, comme une promesse de plus. J'le rêve, qu'il balance d'un coup, la tête toujours tournée vers elle, avant de hausser les épaules. C'est là d'puis toujours aussi, d'aussi loin que j'me souvienne. Les rêves que j'fais. C'est comme ça que je l'ai vu.


Essuie un soupir, plus de contentement que d'fatigue, en s'allongeant, prenant appui sur son coude. Porte ses yeux dans les vagues qu'il discerne à peine, trouve le sable froid en pensant à sa peau brûlante, si près d'lui. Qu'il a presque honte, qu'c'est comme lui dire qu'il a rêvé d'elle, beaucoup trop d'fois. C'était pas toujours net, mais avec le temps, j'ai appris à déchiffrer. À anticiper, à comprendre. C'est pas écrit noir sur blanc, les images sont toujours détournées. Trace des dessins improvisés dans l'sable, comme pour cacher sa fébrilité retrouvée, quand il dira qu'c'est le froid qui le fait un peu trembler comme ça, même si la température peut pourtant pas faire vibrer sa voix comme ça. Une semaine avant qu'tu sois condamnée, j'en ai rêvé et... Sa voix qui s'brise et il se redresse d'un coup, pour l'attirer à lui, comme pour consoler l'angoisse d'y a trois ans. Enfoui son visage dans son cou, y faisant rôder ses lèvres, pour cacher l'émoi dans ses yeux translucides. ... et j'pensais que t'allais crever. Remonte la ligne de son menton et cette fois, ancre son regard dans l'sien. Sans y cacher la détresse qu'il avait ressenti à c'moment-là. Sans y cacher la détresse que ça puisse encore arriver. J'ai rêvé d'toi trop souvent pour réussir à t'ignorer, Nora, qu'il souffle contre ses lèvres, l'coeur sur le point d'imploser, à battre en tambours désarticulés, parce que des comme toi, y en n'a pas deux non plus, et ça s'meurt en blanchissant ses lèvres aux siennes, les incarcérant contre sa peau, quand il glisse ses mains sous sa propre veste, froissant son haut au creux de ses paumes pour la garder prisonnière. S'y arrache à bout d'souffle, plus par instinct de survie qu'par réelle envie, à déposer doucement son front contre le sien, à s'noyer dans son regard d'plein gré, quand il n'pense même plus au jeu, quand y a plus d'rôle, quand y a plus non plus d'Nora ni d'Nox, seulement deux échoués des océans, ceux qu'on croyait qu'ils s'noieraient directement et qu'on sait pas par quel miracle, ont l'air d'avoir eu des branchies d'secours qui leur ont poussé sous les côtes. N'a pas hâte qu'on l'réveille, Griffin, veut pas du baiser glacé de l'aurore. Alors, s'noie toujours plus profond, en s'disant que plus il creuse, plus il leur faudra du temps pour retourner à la surface. Qu'plus ils s'enfoncent dans les abysses, qu'moins ils pourront en sortir.
Parce qu'les abysses lui ont jamais paru si belles.
Se remet face à l'océan, finalement, appuyant sa tête contre la sienne, sa main agrippée à son corps comme pour s'assurer d'sa réalité. J'me dis, si t'y viens tous les jours, tu dois en connaître tous ses secrets, souffle doucement, avant d'tourner la tête de nouveau vers elle, d'tirer sur sa clope et de replacer presque tendrement ses cheveux pour dégager son visage.
Tous les secrets d'la plage, qu'il précise, du non-dit au fond des yeux, d'nouveau, comme si ça voulait s'faire un chemin permanent.
Et si on s'voyait tous les jours, nous aussi.
L'myocarde qui se distille dans les iris, les lippes au bord du coeur.
Tous mes secrets, à moi. Tous tes secrets, à toi.
Tous nos secrets, à nous.



code sleipnir.


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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:49, édité 1 fois
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" trust me, it always turn out the same
affection has always been a little game "
lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell
(xxx)

L'chevalier numéro deux, mais bien sûr. Lève les yeux au ciel, comme amusé, quand il s'pose des questions, l'garçon. Mais ça lui parait évident - si évident qu'ça l'touche presque doublement que s'il ne se l'était jamais murmuré. S'imagine même qu'des numéros, y en a plus qu'un, plus que deux. Veut pas savoir, Nox, quand il lui jette toujours à la gueule qu'il doit y en a avoir mille. La dévisage lentement, sans ciller, sans plaisanter, cette fois, quand elle s'tient avec lui devant la porte. Et reste une seconde de trop en latence, à chercher son regard. Si. J'me souviens, qu'il lâche dans un murmure, avant d'ouvrir cette fichue porte et qu'enfin, après la descente trop rapide des escaliers qui lui donnerait presque le tournis, qu'ils peuvent respirer l'air de l'hiver qui s'installe progressivement sur Exeter. Et qu'il tente de l'esquiver, qu'ruer ses coups en avant quand il pousse lui-même les siens vers l'arrière du plateau d'jeu. L'regard qui redevient un peu taquin, pourtant, à hausser un sourcil. Il faut se souvenir d'aujourd'hui alors, Nora. J'crois que c'est la première fois qu'on est d'accord sur quelque chose, pouffe en rire hoquetant, les épaules secouées, quand au fond d'lui, sait bien qu'c'est pas pour la danse détestée qu'ils devraient s'en souvenir, d'cette putain de journée. Pour tout l'reste. Tout. Et y en a trop, quand il essaie d'faire la liste, qu'les mots se mélangent même et qu'il n'essaie pas plus, désireux de les retrouver en parfait état quand il aura besoin de se les rappeler. D's'assommer d'eux, sans deviner que certains sont déjà biaisés par sa mémoire. Qu'il les a déjà modifiés, pour les rendre plus cruels ou plus doux qu'ils ne l'ont été sur l'moment. Pour qu'ça fasse encore plus mal, après. À l'aube, demain, ou dans dix ans. Et forcément, qu'il aurait dû fermer sa gueule là-dessus. Si secret, qu'on s'demande pourquoi il lui livre ça volontairement, s'il est pas un peu con, finalement ? Mais p't'être qu'il a fait l'calcul. Qu'il a appris pour c'qu'elle peut faire de sa tête avec les objets, et qu'elle a su pour sa nature intérieure. Qu'il a appris qu'on lui avait fait quelque chose. Et qu'en retour, qu'est-ce qu'elle a appris sur lui ? N'sait plus, Nox, dans quel camp il est, s'il s'met pas des buts tout seul en ayant oublié d'quel côté il fallait marquer, à rétablir un équilibre qui lui était favorable pourtant. Alors, bien sûr qu'il l'ouvre, à trahir tous ses principes, et qu'il s'mord la langue même pas deux secondes après, juste quand il croise son regard trop sérieux et qu'il le fuit, inévitablement. À chercher une porte de sortie dans un labyrinthe infini. À chercher d'l'air quand ses mots s'appliquent à ses oreilles comme autant de mains qui viendraient couvrir sa bouche. Serre les dents, s'refusant à dire un mot d'plus. Comment ? Pourrait même pas l'décrire, de toute façon, comment c'est devenu. L'foutoir pas possible ? Qu'elle s'incruste dans ses rêves, dans sa vie, qu'il en vient même à débarquer chez elle comme ça, sans prévenir ? Si y avait un mot plus fort que étouffant et explosif p't'être qu'il pourrait le prononcer. Ou p't'être juste que le bon mot s'refuse à son esprit. Alors, il s'énerve. Et l'agacement d'Nora, qu'elle lui renvoie façon boomerang, l'vexe plus encore. Même s'il aurait sûrement réagi de la même manière, vraisemblablement. Et embarqués dans ce cercle vicieux, qu'Nox se rend pas compte que c'est son propre état qui la pousse à y réagir comme ça. Qu'ils seraient, là, si près d'franchir le pas, d'déclencher cette aube factice dont ils n'ont aucunement besoin pour retrouver leurs travers et leurs penchants explosifs. Et finalement, il s'en retrouve épuisé. Déjà lassé, comme si leurs habitudes ne lui convenaient plus, qu'il saurait plus les affronter, parce qu'elles seraient doublement féroces et qu'il, le, sait. Qu'y a pas besoin de se jeter maintenant dans l'arène pour l'savoir, pour l'deviner. Alors, peut-être que c'est ce sentiment d'rejet total pour ça qui l'pousse à s'abandonner autant dans leurs rôles qui peu à peu, revêtent une cruauté pernicieuse. Alors, qu'c'est pour ça sûrement, qu'il l'enlace avec autant d'passion, à n'plus savoir si c'est lui qui se met dans l'rôle ou l'rôle qui le fuit pour le laisser vraiment lui. Qu'il la serre contre lui, marquant dans son esprit chaque baiser qui le crucifie un peu plus à elle, comme autant d'pieux qui viennent se ficher à même sa peau, à s'demander si la déchirure n'va pas être mortelle, quand il faudra s'en séparer. Quand il faudra la repousser. Parce qu'il va bien falloir. N'est-ce pas ?
Mais c'est elle qui s'arrache à lui, et un instant, bien vrai qu'il s'demande si c'est pas elle qui tient les rênes. À le mener par le bout du nez, d'puis le début. Tu viens ?, qu'elle avait écrit, et il était venu. Me faire danser, qu'elle avait exigé, et il l'avait faite danser. On va à la plage, qu'elle avait voulu, et il avait été. Et cette impression s'fraye un chemin jusqu'à son crâne, à s'demander s'il s'est pas déjà paumé en chemin. Pourquoi il ne s'en est pas rendu compte avant ? Peut pas l'accepter, Nox, qu'ça soit elle qui dirige, qui commande. Et si en dépit d'ses putain de rêve à la con, elle avait tout prévu depuis le début ? Et si elle n'attendait, finalement, d'lui qu'il se salisse les mains à sa place et c'est tout ? Tu l'buteras, qu'elle avait dit.
Et qu'il allait l'buter, il avait répondu, en concert, en parfait toutou docile. Et ça l'frappe si fort qu'ça le retient un peu là, les pieds ancrés au sable. Et s'il n'existait qu'pour ça, pour elle ? Qu'depuis le début, qu'depuis dix ans, elle s'était escrimée à l'enchaîner suffisamment pour qu'il accepte à cette seule question, ce soir-là ? Et si tout ça, tout ça là maintenant, c'était juste pour... qu'il revienne pas sur sa décision ? Et si elle l'avait percé à jour d'puis longtemps, qu'elle savait ce qui se cachait au fond d'sa carne, qu'elle savait c'qui se tapissait contre son myocarde, qu'elle le devinait à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle. Est-ce que ça peut s'voir autant ? L'angoisse lui enserre les entrailles, et sûrement qu'c'est sa voix qui l'appelle qui le ramène à la réalité - qu'il trouve soudain glaciale.
Tu viens ?, et encore une fois,
l'gosse qui n'apprend rien, forcément, qu'il vient.

Plus que ça, il court, il vole, Nox, comme si elle allait s'échapper. L'attrape un peu brusquement, menacé par l'urgence d'la situation qu'il sent pigmenter sa peau au rythme de son coeur. Est-ce qu'elle le sent, elle aussi ? Qu'elle pourrait s'échapper, lui échapper ? Est-ce qu'elle le sent, elle aussi, qu'il l'attrape avec sûrement autant d'fermeté qu'y a dix ans et qu'pourtant, les intentions sont si différentes ? Peut pas s'empêcher d'rire un peu, à finalement avoir ris plus de fois en une soirée qu'en dix ans, qu'il lui semble, quand elle le taquine. Ouais, j'ai vu ça, j'ai été obligé d'venir te secourir de ton ennui. C'est c'que font les chevaliers, non ? Clin d'oeil appuyé, a déjà oublié, Nox, c'qui s'est rendu si évident avant. Qu'il était à ses ordres et qu'visiblement, il signe tout seul sans qu'on ait besoin de le forcer. Dans l'déni, s'dira demain, quand il se griffera l'visage de s'être laissé faire. À venir embraser ses pensées comme le bout des clopes, à les faire s'diluer dans l'air au gré de la fumée âcre. Et qu'il vient poser sa veste sur ses épaules, dans un geste encore plus criant, finalement, que s'il l'avait enlacée d'nouveau. Un geste qu'a plus de poids qu'aucun baiser, quand on sait comment ils peuvent être traitres. Comme ils peuvent mentir. Et elle n'fait aucun commentaire, et finalement, p't'être que c'est mieux. L'assume pas trop, Nox, tout ça là. Et qu'il s'allonge, pour mettre ses pensées à plat autant qu'son corps endoloris. S'frotte la lèvre inférieure, qu'il la trouve toujours enflée, toujours sensible. Et qu'il met plusieurs secondes à tourner la tête vers elle, qui le regarde, tempe contre ses genoux. Quand j'étais gosse, j'pensais que c'était qu'des rêves. J'trouvais ça marrant, d'rêver que le chat de la voisine disparaissait, et qu'deux jours après, y avait des affiches dans la rue. D'rêver qu'l'école, c'était nul, et d'me retrouver dans l'bureau du proviseur le lendemain pour bagarre. J'me disais que ça donnait des idées, sûrement, que c'que je rêvais, ça inspirait l'destin, qu'c'était lui qui était soumis à mes rêves. Cruellement l'inverse, pourtant. S'est redressé, mais a plongé ses yeux dans l'regard vaporeux du croissant d'la lune. Certain qu'même elle, elle s'fout d'sa gueule, à cet instant, à arborer pareil sourire en plein milieu du visage obscur d'la nuit qui a refermé ses bras sur eux. Y en a eu plein, des comme ça, puis un jour, j'ai rêvé qu'mon père se battait contre un kraken géant, qu'il luttait de toutes ses forces, et qu'il perdait, et qu'il essuie un sourire transpirant d'une mélancolie cruelle. Qu'il lui avait même raconté, du haut d'ses huit ans, à dire qu'il lui fallait s'endurcir pour vaincre le monstre, quand ça ressemblait qu'à un rêve loufoque venu d'une imagination enfantine. Tourne les yeux vers elle, comme des remords au fond des yeux. Il était marin. J'ai continué d'rêver d'ça, mais il gagnait jamais. Et il avait continué à lui raconter. Sans l'prévenir, juste pour rire. S'mord l'intérieur de la joue jusqu'au sang, quand les souvenirs s'font carnivores. Puis, la semaine d'après, il a pris la mer et il n'est jamais revenu. On a retrouvé son corps au large, dix jours plus tard. Les mots s'font cruels, percent des trous noirs à jour dans la nuit sombre. L'avait jamais raconté ça à personne, Nox, pas même à ses amis d'enfance à l'époque, pas même à Ambrose, pas même à Enoch, pas même à Jill, à personne. L'avait trop honte, Nox. Comme si c'était de sa faute. Comme si c'était lui qui avait donné l'idée qu'ça puisse arriver. Et qu'elle enchaîne et qu'sa bouche se fait sèche, et qu'il regrette d'avoir laissé tomber la bouteille plus loin sur la plage, qu'il cherche une échappatoire sans la trouver, à la fixer comme si elle pouvait voir dans ses yeux, comme si elle pouvait y trouver l'reflet de comment elle est dans ses rêves. T'es.. encore plus toi, qu'il lâchera seulement en guise de réponse. Encore plus féroce, encore plus belle. Et c'est tout c'qu'elle aura pour l'moment.

Et qu'il s'avance trop, qu'ça va lui retomber sur la gueule mais au point où il en est, il s'dit qu'il vaut mieux lui donner le plus d'armes possibles pour qu'ça l'achève vraiment au moment venu. Pour pas qu'ça n'fasse que le laisser à moitié mourant, pour qu'ça l'bute vraiment. Préfère s'imbiber d'essence tout entier pour qu'elle y mette feu en grand, quand ça arrivera, pour pas qu'il perde seulement un bras. S'laisse faire, à pas réagir quand ses doigts agrippent son menton et qu'sa gorge se fait étau infernal. Essaie bien d'jouer des iris pour les garder loin des siennes mais elles s'y fichent presque d'elles-mêmes. Et qu'y a qu'sa détresse qui s'ricoche sur elle, qui l'incarcèrent dans une prison mentale, celle-là même qu'il s'est battie tout autour de lui pour s'protéger et qu'elle a quand même trouvé l'barreau fragile pour s'y engouffrer. Et il ouvre la bouche, réellement prêt à répondre, à lui dire, à lui décrire. Qu'il l'a vue s'échapper, s'éloigner, disparaître. Et qu'finalement, elle le soulage d'ce poids, d'cette obligation qu'il se sent avoir d'lui dire. Qu'il y est pour rien, qu'c'est pas lui qui a donné l'idée au monde d'lui faire ça, qu'il pouvait rien y faire, rien changer, qu'il pouvait rien y changer. Et qu'pour ça, pour la remercier d'lui ôter c'poids-là, comme si elle pouvait savoir c'qui s'cache au fond de ses entrailles, qu'il lui arrache le baiser du survivant, celui-là qui vous coupe le souffle et l'herbe sous l'pied en même temps. Celui-là qui vous fait penser qu'il était nécessaire pour respirer quand il vous ôte tout moyen d'le faire. Celui-là même, qui dit, je suis désolé.

La laisse s'écarter, en restant assis, quand les mots lui font soulever le coin des lèvres, lui font un peu oublier le désarroi qui l'assaille de toutes parts. Les questions, qu'il n'a pas oubliées, qu'il sait pas comment poser. Bien sûr, que j'suis jaloux, acquiesce d'une voix vibrante, qui s'veut malicieuse quand elle est plus sincère qu'elle n'en a l'air. Jaloux d'la plage. L'coeur au bord des lèvres, réellement, quand il sent qu'ça pulse dans sa chair encore rougie. Puis s'sent partir vers l'arrière, voilà qu'elle lui arrache sa clope et qu'il peut pas s'empêcher d'lui lancer l'même regard que dans la rue. Putain, peut jamais fumer tranquille, décidément. Trouve l'attention presque indécente, quand elle le couvre, quand il s'dit qu'c'est son putain d'rôle à lui, qu'il veut pas qu'elle soit attentionnée, parce qu'il risquerait d'imaginer tout et n'importe quoi. Et surtout n'importe quoi, qu'il s'dit dans son crâne, à s'laisser pourtant manipuler. Qu'la question qu'lui-même se pose sort de ses lèvres à elle. Hein, Nox, pourquoi ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi qu'ça ravage sa cervelle en trainées d'poudre prêtes à s'embrasser à la moindre étincelles. Ecarquille un peu les yeux, surpris faut l'avouer, qu'il ait été sur sa liste. J'suis venu. Voudrait s'échapper à son regard, serré contre elle sous une veste qui s'fait couverture trop étroite, qu'il frissonne à cause du sable froid contre ses bras nus, qu'il dira. J'suis venu mais j'ai pas réussi à entrer. J'ai pas réussi à t'voir là-bas. J'ai pas réussi à m'dire que j'avais rien pu y changer. Mais ça s'dit pas. Et ça s'garde, comme autant d'munitions. Tressaille à ses doigts qui tracent les contours d'son visage, d'ses mensonges, d'ses secrets, comme elle si elle pouvait les sentir, les deviner, d'un simple toucher. Secoue simplement la tête, parce qu'Nox, il a jamais demandé à avoir un putain d'pouvoir. Elle gigote, il s'dit qu'elle va s'échapper à c'moment bizarre où ils ressemblent à deux gamins qui ont fugué. D'leur vie, d'leurs principes, d'leurs propres règles. Et qui s'retrouve en cachette, et qu'il faudra plus jamais en parler. Et qu'ça leur fait un secret d'plus à porter. Mais peut pas s'empêcher d'rire, doivent avoir l'air bien couillons, à l'abri du vent sous une veste trop petite pour deux, mais s'en fiche, Nox, à cet instant. L'est déjà suffisamment couillon d'avoir débarqué chez elle, qu'il s'dit, qu'peut pas y avoir pire quand ils enchaînent les conneries. Qu'il entre dans son jeu et attrape les coins opposés pour les tenir à l'abri. À l'abri d'la réalité, à l'abri des menaces, à l'abri de l'aube. Mais ses mots lui glacent l'échine et qu'il s'raidit, tout contre elle. Parce qu'il comprend c'qu'elle sous-entend et qu'soudain, il sent son coeur s'emballer. Et qu'il a peur, réellement. Qu'elle s'assoit sur lui et qu'il est resté paralysé, qu'il secoue la tête. Non, Nora, non, et qu'ça répond à la question qu'elle pose presque simultanément, autant qu'son désir de refuser clairement la proposition qui s'dessine. Et qu'sa demande - comme un ordre - l'frappe plus violemment encore qu'sa crainte. Qu'il préfèrerait presque à cet instant qu'elle le gifle, qu'ils s'épuisent à s'battre de nouveau, qu'il voudrait presque que le soleil les transperce là, maintenant.
Presque.
Et c'est sûrement c'qui fait toute la différence.

Pantin qui se redresse aussi, à la foudroyer d'un regard qu'on n'sait pas conciliant ou accusateur, à passer son t-shirt par-dessus sa tête. À s'relever, à se dévêtir encore, dans un cycle sans fin. Et qu'non, il n'prenait jamais d'bain de minuit, même les soirées au bord d'la mer, à dire qu'il préférait se saouler la gueule pour oublier la terreur que l'océan lui a toujours inspiré. Qu'il veut pas, Nox, qu'il a peur des tentacules géantes, du kraken qui s'dessine dans son crâne quand il s'approche trop de son immensité terrifiante. Qu'ça s'lit aisément sur son visage, quand il fait glisser son pantalon, qu'le reste suit au sol, qu'il la fixe sans ciller pour y trouver un peu d'courage, un peu d'force pour affronter. La mâchoire crispée, qu'il se rapproche d'elle, à essayer d'donner le change, à s'demander s'il pourrait pas lui faire l'amour encore pour qu'elle revienne sur sa décision, pour l'en détourner, quand il sait qu'son corps le supporterait sûrement pas, qu'il tiendrait pas l'rythme. Mais à la voir là offert devant lui, s'rend bien compte qu'il s'découvre des forces qu'il se connaissait pas, à avoir encore envie d'elle, à s'dire qu'il est vraiment foutu pour de bon, cette fois, qu'il a trop prouvé qu'ça sera toujours le cas. Même épuisé, même hors de lui, même terrifié. Et qu'il s'approche juste pour venir effleurer ses flancs d'ses doigts, avant d'attraper sa main, encore, d'enchaîner les erreurs quand y a même plus d'jeu qui se profile, qu'c'est même plus un geste de tendresse, plutôt de soutient. Aide-moi, qu'ça crie au bout d'ses doigts qui s'enlacent aux siens et les serrent fort, si fort, qu'il voudrait les broyer, s'y rattacher. Qu'il veut pas lui dire, s'rabaisser à ça, l'flic qu'a peur de l'eau. Sait même pas s'il sait nager, Nox, quand il a jamais voulu tenter, quand il s'revoit tout haut tout fin, hurler sa rage face à l'océan, à gueuler au kraken qu'lui, il l'aura pas, jamais.
Et pourtant, semble enfin faire le lien, comme s'il avait fallu qu'il raconte cette vieille histoire, comme une légende, pour s'rappeler.
Qu'dans ses rêves, y a toujours un kraken.
Qu'il porte son visage et sa voix, et qu'finalement, qu'il comprend qu'elle l'a déjà eu. Qu'il est déjà voué à perdre contre elle, comme son père a perdu contre l'océan. Et contradictoirement, qu'ça le rassure et lui donne assez d'audace pour l'entraîner vers le bord de l'eau qu'il n'voit même pas. L'immensité noire et qu'il s'raidit tout entier pourtant quand ses pieds entre dans une eau qu'il trouve gelée, qu'ça le brûle de partout. J'ai pas rêvé qu'tu finissais en taule. Semble qu'il se contredit, quand il s'tourne vers elle pour marcher à reculons, pour pas voir les ténèbres dans lesquelles s'enfonce son corps, pour pas voir l'visage terrifiant d'l'océan qui ouvre sa gueule béante pour l'avaler tout entier. J'ai rêvé que j'te perdais, qu'il souffle en l'attirant à lui, de l'eau jusqu'aux hanches quand il s'sent pas capable d'aller plus loin. Qu'il sent plus l'froid contre son corps brûlant, qu'il voudrait la protéger d'la morsure automnale, d'la morsure qu'il lui fera un jour, d'la morsure du présent, de l'avenir, et du passé. Qu'il appuie son ventre contre le sien, ou qu'c'est elle qui l'fait, il n'sait pas vraiment et ça n'a pas d'importance. Pour ça qu'j'suis venu te chercher, quand t'es sortie, l'souffle qui s'échoue contre son visage, bute à ses lèvres, les aveux qui découpent son âme, pour t'retrouver, Nora, t'retrouver, et, et, ça s'meurt en un baiser carnivore, les mains qui s'ancrent aux contours d'son visage avec toute la hargne qu'ça lui amène, toute la détresse qu'ça expulse en bouffées salvatrices. S'y arrache, les poumons hoquetant, l'visage torturé, les démons au bords des cils qui menacent de s'échapper, et Nox s'demande s'il pourrait en être libéré, en s'libérant d'tout ça lui-même.

Les doigts qui effleurent sa joue, qui s'font plus doux et moins brusques, qu'il repousse ses cheveux pour qu'y ait aucune barrière entre ses leurs yeux. J'me suis jamais plus baigné dans l'océan, après ça. Alors, esquisse un sourire un peu honteux, sûrement, alors, te moque pas, te moque pas, parce que j'suis mort de trouille, là. L'avoue comme une bêtise passée, en a vraiment honte, l'flic, faut bien l'dire. Comme une preuve de plus, quand il recule encore, qu'l'eau leur monte jusqu'aux épaules, qu'il veille à toujours garder pied. Pied au sable humide qu'il sent sous les vagues légères, pied à la réalité qui s'marque au fer brûlant. Promets.
Abat son visage contre le sien et toutes ses cartes avec. Même le joker. À toujours veiller qu'son corps est contre le sien, comme pour dire me lâche pas, comme s'il allait s'noyer instantanément sinon. S'empêche de l'embrasser, s'retient, parce qu'il doit savoir, qu'il doit être sûr, qu'il peut pas s'jeter à l'eau comme ça, qu'il peut pas plus se mouiller sans assurance, sans signer l'contrat tacite.
Alors, qu'il répète, promets, promets, promets, en boucle contre ses lèvres, à la tenir comme si elle allait s'enfuir, à reculer encore d'un pas quand il sent qu'le prochain, l'sol se dérobera et qu'il sait pas s'il va flotter ou couler comme une pierre. Qu'il sait pas, Nox, qu'il sait plus rien, plus rien du tout, qu'il sait plus c'qu'il fout là, qu'il sait plus quel jour on est, qu'il sait plus qui elle est, qu'il sait juste qu'il veut pas qu'elle le laisse, qu'il sait juste qu'il a peur comme jamais.

Et qu'il tamponne ses lippes des siennes, et qu'ça recommence, promets, promets qu'j'rêverai plus d'ça, entre deux hoquets, promets, Nora. S'agrippe à son regard une ultime fois.

Promets qu'tu partiras jamais loin d'moi.
Promets qu'tu m'laisseras pas et j'laisserai personne t'enlever.
Promets et j'serai toujours là, qu'importe les coups que tu me donneras.
Promets et j'te dirai tous les secrets sur toi qu'tu connais pas encore.
Promets, Nora, et j'viendrais me noyer avec toi. Pour toi.



code sleipnir.


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" no matter how many breaths that you took,
you still couldn't breath "

lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell

Ah non, bien sûr qu'elle n'va pas tout lui expliquer - lui explique rien, Nora, lui explique pas c'qu'il doit faire, c'qu'il doit dire, c'qu'elle veut entendre ou pas. Et p't'être que c'est sans doute mieux, finalement, pour pas l'tenter d'faire l'exact inverse. Pour la contredire, encore, pour pas la laisser gagner, pour pas lui laisser d'avance, comme il s'dit, depuis le premier jour. Qu'cette course, il doit la gagner, quand il lui semble que plus ça va aujourd'hui et plus son char perd trop d'pièces. Une roue sous la douche et l'capot qui s'envole pendant qu'ils dansent, et l'volant qui fout l'camp face au miroir dans la chambre, et toute sa batterie qui défile, qui s'consume pendant les ébats, toujours plus éprouvants, toujours plus profonds, comme si les abysses ne se connaissaient aucun fond. Et s'retrouve là, sur cette putain d'plage, Nox, avec plus qu'une seule aiguille au compteur, à n'plus savoir si elle représente la distance parcourue, celle qu'il lui reste à parcourir avant que les réserves de fuel soient vides, ou celle d'la vitesse vertigineuse avec laquelle il fonce dans le mur. Et Nox, l'a jamais été bon en mécanique. Peut pas s'empêcher, pourtant, d'prendre le sujet à la rigolade, lui aussi, d'laisser quelques rires filtrer entre ses cils trop sincères quand il raconte le début des nuits vertigineuses. Et si d'autres s'en seraient offusqués, sans doute qu'Nox, à cet instant-là, ça lui permet d'prendre du recul. Comme s'il venait d'lui confier qu'il n'aimait pas les pommes, comme si c'qu'il disait n'avait pas d'importance. J'te jure, mais j'comprends que c'est dur à imaginer, j'ai trop gardé ma tête de premier d'la classe au premier rang. La regarde pas trop, Nox, pour pas vaciller, pour garder l'cap même s'il ne sait même plus où il va, qu'même la boussole s'est arrêtée de fonctionner, comme tout son moteur interne, comme toutes ces putain d'règles mentales qui se fissurent, les unes après les autres. Comme de vulgaires châteaux de sable que Nora écrase et qu'il le remarque sans s'en offusquer, occuper à déjà bâtir l'prochain pour rester roi d'son petit royaume. À construire son propre monde pour mieux pouvoir le détruire quand il le veut. Et puis ça s'rapproche, la tempête, celle qui a engloutit son père, p't'être, ou si faut, c'était juste une putain d'vague trop grande, ou peut-être qu'il avait pris une bouteille de rouge en scred avant de partir, en réalité, comme on l'a retrouvé noyé, on n'a jamais su vraiment pourquoi. Si y avait eu un défaut dans sa péniche, si y avait eu un éclair fulgurant pour frapper son mât branlant, s'il était saoul ou pas. Si y avait eu un putain d'kraken. Et qu'ça s'finit là, sous la confession couverte d'une culpabilité illégitime mais dont il n'a jamais pu réellement s'débarrasser, à trop s'être dit ça gosse pour que ça soit suffisamment ancré en lui. L'a pas eu besoin d'un Larry, lui, pour s'incruster des trucs dans l'crâne qui veulent plus se déloger. Et s'il accueille les mots d'Nora avec un fin sourire, en tournant lentement la tête vers elle, qu'il la voie en train d'serrer ses genoux contre sa poitrine avec ses bras, sûrement qu'lui aussi, il s'retient de l'étreindre à s'moment-là. Peut pas, Nox. Peut pas s'montrer faible - plus que ça, peut pas prendre l'rôle de celui qu'a besoin d'être consolé, quand même sa mère a été incapable de l'faire, à l'époque. On l'console pas, Nox, et il n'console personne en retour. Et sûrement qu'il s'dit que ça serait pas lui plus que pas eux d'être reçu dans ses bras comme un mioche, et qu'ça lui suffit à rester immobile en silence, une reconnaissance timide au creux des yeux.

Y a pas eu de j'suis désolée stupide, d'cette fausse pitié que les gens s'inventent et qu'est devenue symbole de politesse quand Nox, l'a toujours trouvé ces formules complètement con. Y a personne, qui peut être désolé, dans ces moments-là. Même s'il l'a souvent dit, sur la tombe, autrefois. J'suis désolé, Papa, j'suis désolé d'avoir donné l'idée. Et lui donne pas plus d'explications. Tant pour le plus toi qu'pour le jaloux de la plage qu'elle répète et qu'finalement, c'est comme si ça n'le gênait pas, à cet instant, qu'elle le sache jaloux. D'la plage, de tous ces amants et amantes qu'elle lui agite sous le nez, de tout. Comprend bien qu'les signaux, il en a laissé s'échapper trop pour nier là-dessus. Trouvera bien d'quoi contrer l'attaque, si ça le cherche là-dessus, à la rabaisser comme quoi c'est juste le meilleur coup qu'il ait, prêt à l'avouer, ça, Nox, quand il pourrait souligner qu'il n'est pas l'seul, dans leurs ébats, à s'abandonner autant qu'ils se griffent. Mais voilà que ça se corse, qu'le sujet n'lui plait pas parce que ça l'met au pied du mur, qu'elle le pousse dans des retranchements qu'il n'aime pas allez visiter. Qu'il s'tient bien à l'écart, Nox, de toutes ces zones d'ombres qui le peuplent et dont il n'a, lui-même, aucune justification logique. Et qu'ça serre les dents, quand il a du mal à maintenir son regard hors de portée, là abrité sous sa propre veste, quand le courant d'air qui s'y infiltre est glacé. Et qu'il n'a aucun rapport avec l'extérieur, lui semble. C'est pas parce qu'tu vois pas quelque chose qu'ça existe pas, qu'il lâche entre ses mâchoires serrées, son souffle qu'il sent sur son faciès qui le déconcentre, qui l'pousse à s'libérer alors qu'Nox, il voudrait juste se rouler en boule, s'inventer une carapace hermétique. Mais qu'y a des fuites partout et qu'Nora, lui semble bien, plutôt que les colmater, n'fait que les pointer du doigt. L'aurait pas pu se contenter d'ça ? D'savoir qu'il était venu ? J'suis venu. Onze putain d'fois. L'ton qui tremble, de colère ou de culpabilité, on n'sait pas. Onze, l'chiffre maudit. Et si jusque-là, il la fixait sans vraiment la voir, il s'enfonce dans l'émeraude de ses iris avec volontariat et insistance. J'y arrivais pas, ok ? J'voulais pas t'voir là-bas, je, voulais t'voir tout court, j'voulais pas m'sentir coupable, j'voulais pas m'dire que j'pouvais pas te sortir, là-bas, que j'étais impuissant. Faisait toujours demi-tour avant l'accueil, Nox, à n'plus savoir respirer correctement dès qu'il pénétrait le hall d'la prison. Mais y a bien eu une fois. Une seule, une seule et unique, où il avait réussi, à prendre sur lui, à s'dire qu'il pouvait assumer ça, à s'dire que ça devait lui manquer, d'plus le voir se foutre de sa gueule et l'enfoncer, qu'il pouvait recommencer ça même entre quatre murs gris. Je suis navré, elle est déjà en visite, qu'il s'était mangé dans la gueule, pire qu's'il avait été giflé. Alors, sur l'coup, bien sûr qu'il s'était dit qu'elle devait pas en manquer, des visiteurs et qu'même si on lui avait proposé d'attendre, qu'il s'était barré. Et qu'il n'était jamais revenu.

La suit des yeux quand elle esquisse le mouvement qui la relève, franchement pas motivé à suivre l'mouvement, qu'ça serre les dents sous des babines encore esquintées. Non, parce que.. parce qu'il fait froid, putain, parce qu'tu voulais aller à la plage, on y est, et, et, Et quoi, Nox ? Et sous son regard, qui sait qu'il n'a pas la force de refuser. Encore. S'empêche pas d'soupirer, pourtant, à frissoner au froid qui mord la peau qu'il découvre à son tour. À ses ordres, qu'ça sonne dans son crâne, et que plus ça va, plus ça s'intensifie. Qu'il aurait préféré n'pas s'en rendre compte et qu'maintenant, ça enfle façon épidémie. Mais Nox, c'est pas lui. C'est pas lui d'suivre, de dire oui, d'obéir. Alors, s'promet, Nox, qu'c'est que partie remise. Que c'est qu'une trêve, après tout ? Ouais, voilà, s'raccroche à ça. Qu'un putain d'temps mort et qu'après ça, plus jamais, qu'il reprendra les rênes, tant sur elle que sur lui-même. Surtout sur lui-même. Et finalement, l'voilà même que c'est lui qui l'entraîne vers l'océan. S'est toujours dit, qu'le jour où il y retournerait, qu'il serait déchaîné, vrombissant de vagues et de colère et l'découvre calme, là, presque lisse, quand la plus grande tornade, il la tient par la main. Encore, oui, parce qu'la trêve n'est pas finie. Mais que déjà, il peut sentir l'étau qui s'resserre. Sans deviner qu'il la guide, elle aussi, vers une peur encore plus cruelle qu'la sienne, sûrement. Parce qu'y en a qu'on n'peut pas combattre, pas même envisager, et Nox, il l'sait bien, lui, quand ses mains s'sont mises à trembler à n'en plus finir la première fois qu'il a voulu reprendre un volant. L'attire vers lui, contre lui, comme si ça pouvait amortir les questions - légitimes - mais qu'il aurait voulu esquiver. S'dit qu'contre lui, elle pourra pas, elle pourra pas l'transpercer, n'est-ce pas ? Oui, que j'te perdais, qu'tu disparaissais, qu't'étais inaccessible, comme avec mon père, la même chose, que d'un coup, t'étais juste plus là, et j'pouvais pas t'rattraper, tu t'éloignais toujours, et, soupire contre sa bouche, l'coeur en bandoulière qui prend l'eau, assurément. Sûrement qu'il n'a pas utilisé l'bon mot, qu'il ne s'en est même pas rendu compte lui-même, à s'demander pourquoi elle s'emballe comme ça, voulait juste qu'elle saisisse pourquoi il avait cru qu'elle allait crever. Parce que quand l'annonce d'la disparition prend forme dans ses rêves, Nox, il sait jamais sous quelle forme elle va s'mettre en place. Et qu'la plus définitive, bien sûr, qu'il l'avait envisagée. Et semble qu'il a assez expliqué, Nox, quand elle jure et qu'son regard se porte à sa blessure. Qu'il grimace, sans vraiment qu'on sache si c'est de compassion ou d'retenue face à la bête qui gigote. Manquerait plus qu'ça. S'mure dans le silence, Nox, à s'imaginer qu'la tornade qui pouvait les avaler est passée, sans s'rappeler l'adage du calme avant la tempête, sûrement. Et n'lui répond pas, hausse juste les épaules, comme si c'était pas important qu'il sache nager ou pas, qu'au pire, il se débattra jusqu'à retrouver l'sol, qu'il s'dit, quand l'plus dur était d'y entrer simplement et pas forcément d'y rester, maintenant qu'il y est. Qu'l'affront le plus corsé s'trouve pas dans son dos mais juste là, au creux d'ses bras entre lesquels il la tient enfermée. Bien plus prisonnière qu'dans cette cage où il l'a jetée dix ans plus tôt, mais sans doute qu'ils le voient pas, ça. Et il recule encore un peu, à lui retirer l'sol à porter de sa taille, qu'elle s'accroche plus à lui et qu'il s'démonte pas. T'inquiètes, j'suis pas là pour qu'tu me sauves, pouffe le flic, ricochant le rire contre ses joues, à se démener pour la tenir autant qu'pour garder le sable sous ses plantes de pied. Alors, pourquoi t'es là, Nox ? qu'il s'demande et qu'il devine, déjà, qu'elle va le lui retourner aussitôt en retour. S'dit qu'il la connait, maintenant, quand pourtant elle lui fait chevaucher toutes les surprises qu'il a jamais envisagées. Encore moins à deux, encore moins avec elle. Et l'répète, le voeu de la promesse, les rôles échangés, quand y a plus d'buée pour cacher la rougeur de ses joues alors qu'son corps est glacé, qu'y a que le sien pour venir lui procurer une chaleur décente, quand l'tremblement dans ses yeux n'peut pas être pris pour l'eau du pommeau d'douche, à balayer ses interrogations de " promets " incessants. Quand enfin, elle cesse les interrogations, quand elle comprend, quand Nox aurait envie d'se noyer, finalement, tout d'suite plutôt que d'entendre. Plutôt qu'on l'aide à couler. Et qu'il essaie, par instinct de répulsion, d'fuir ses mains en tendant l'cou en arrière, la nuque qui craque face à son ardeur à l'faire, mais qu'elle lui chope quand même l'visage. Contradictoire, à vouloir s'éloigner d'son regard quand il la tient plus fermement qu'jamais. Ouais ben j'choisis pas, si jamais. Elle s'imagine quoi, qu'il peut programmer, qu'il a un programme télé entre les mains avant d'se coucher ? Parce que tu pouvais pas me perdre, Nox. Et il ne sait pas vraiment, à cet instant, à s'inscrire dans son crâne comme une déclaration saisissante, comme si elle disait qu'ils étaient déjà trop liés, à cette époque, pour s'imaginer la perdre, quand son prénom dans sa bouche lui annonce mauvais augures et qu'ça fait clignoter ses cils façon phares avant l'accident. Mais l'a beau appuyer sur tous les boutons, Nox, même les warning ont lâché prise. Et j't'appartenais pas, Nox et sur l'coup, comme un gosse qui s'acharne, n'note que le temps employé. L'passé. L'aurait utilisée l'présent, sinon, qu'il se dit, qu'il s'rassure, quand il manque de perdre pied - dans tous les sens du terme, à avoir cessé de reculer définitivement, à plus vouloir tester s'il sait nager quand il a déjà l'impression d'se noyer sous ses mots. Et il n'arrive pas à se dérober à ses yeux, s'souvient, la première fois, à s'être demandé s'ils étaient verts ou bleues, qu'il les trouve gris quand elle s'énerve, s'approchant de l'onyx, quand ce soir, par la lumière de la lune, qu'ils sont d'un vert pâle. Et les détaille, Nox, détourne c'qui lui serre le poitrail en détaillant les nuances, les lueurs, à la scruter comme s'il devait la dessiner ensuite, trouver la bonne couleur, faire le bon mélange pour pas foirer. Mais y a l'immensité de la nuit qui referme leurs bras sur eux et sûrement, Nox, s'dit que s'ils brillent, ses yeux, c'est qu'parce qu'il fait nuit noire autour d'eux. Et pour rien d'autre.
Pour rien d'autre.

Et il lui est si difficile d'la regarder vraiment, avec l'obsession qu'elle déploie à l'fixer comme ça, quand ses lèvres cognent ses voisines, quand leurs soufflent s'mélangent, quand il essaie d'garder pied, quand il la tient si fort pour pas la lâcher, quand il s'accroche à ses mots qui, certainement, débloquent quelque chose en lui. Vrai qu'c'est pas c'qu'il voulait, mais il sait, Nox. Il sait qu'c'est tout ce qu'elle a à lui offrir, et qu'elle le lui offre, comme ça, avec l'soucis d'enrober ses phrases d'une pseudo-douceur comme pour n'pas l'frapper trop fort, peut rien dire, l'flic.
Peut rien dire, surtout quand l'équilibre se fait précaire, qu'le vide derrière-lui menace de le dérober à c'qu'il voudrait répondre, comme pour lui faire fermer sa gueule pour de bon, et qu'il chavire. Comme le navire d'son père, et qu'l'eau l'envahit, de partout. Et qu'il peut plus respirer, et qu'il étouffe un cri qui s'remplit de sel entre ses gencives, et qu'il la tient fermement. Pour l'empêcher d'partir. Pour l'empêcher de disparaître. Pour l'empêcher de remonter à la surface. Qu'ses yeux s'ouvrent, qu'il voit rien et qu'ça brûle ses rétines façon lasers. Mais qu'il la sent, contre lui, qui s'débat sûrement, ou est-ce que c'est les vagues ? Est-ce que c'est la terreur qui l'prend qui l'assassine, qui l'paralyse au point qu'il ne s'rende pas compte de c'qu'il se passe ? Est-ce qu'on disparaitra, à l'aube, nous aussi, Nora ? Tente d'y voir quelque chose, ses bras fermement accrochés à son corps comme si elle allait s'mettre à flotter comme une bouée, incapable d'les déloger, quand il lui semble s'enfoncer sur des mètres, des kilomètres, l'entrainant vers l'abîme qui menace. Sûrement qu'en réalité, ça n'dure que quelques secondes. Sans doute qu'ils ne coulent pas plus que quelques centimètres, quand ses pieds foulent l'sol, que quelque chose l'effleure, qu'il s'dit, qu'il s'dit qu'c'est le kraken venu le chercher. Venu la chercher. Et qu'enfin, il s'réveille. Qu'la terreur laisse place à une forme de puissance colérique, à une hargne de survie - l'instinct animal, sûrement - et que ses bras s'ouvrent enfin. En glisse un sous sa poitrine ou quelque part comme ça, à prendre impulsion sur ses cuisses pour leur permettre, enfin, après de cruelles secondes d'une terreur sans nom pour lui - et sans qu'il s'en doute, certainement pour elle aussi - de retrouver la surface.

A l'impression qu'la tempête s'est levée, qu'il agite son seul bras libre en la tenant avec fermeté, comme si les tentacules pouvaient lui attraper le pied, les jambes, la lui retirer. Et qu'il la traine, quand il retrouve pied, et qu'il s'éloigne du large où il semblait si confiant, où il pensait sa peur apprivoisée et qu'elle est venue, sournoise, lui montrer qu'un animal sauvage, ça ne s'apprivoise pas. Qu'on a beau venir lui balancer un morceau de viande tous les jours, qu'c'est pas si facile. Qu'même quand ça se laisse caresser le haut d'la tête, faut toujours s'méfier des crocs. Qu'un animal, ça mord quand c'est blessé. Et s'demande, Nox, si c'est pas l'schéma qu'il reproduit depuis dix ans, à venir lui présenter un appât devant la cage, à espérer pouvoir l'apprivoiser, la capturer. Quand, finalement, certainement, qu'il ne l'aimerait pas si elle n'était pas en liberté. Crache ses poumons en avançant vers le sable sec, qu'il fait descendre le niveau de l'eau autour d'eux, et qu'il finit par la lâcher pour s'échouer sur la plage, l'cul vissé au sable humide, l'regard ténébreux, qu'même le sien n'a plus rien d'bleu. Voilà pourquoi j'avais dit non, putain ! qu'il vocifère, comme si c'était d'sa faute. Et qu'la colère monte, dans un supplice intérieur. Qu'il choisit d'ignorer. Hein, dis-moi, Nora, ça s'finira quand ? Sait même pas lui-même d'quoi il parle, grelottant déjà, à n'trouver aucun réconfort nulle part, ni sur la terre ferme, ni sur le regard moqueur d'la lune, ni sur sa silhouette détrempée devant lui, à repousser ses cheveux mouillés en arrière. Une fois que je l'aurais buté ? La voix qui s'est faite plus froide, plus cruelle, comme un juste retour des choses. Qu'il trouve la force d'se relever - Asta lui dit souvent, qu'les wendigos ne sentent pas la fatigue et plus ça va, plus Nox comprend c'qu'il disait, comme si ça mettait plus de temps chez lui à s'mettre en place, parce que c'est pas d'naissance, à toujours se trouver de l'énergie sortie de nulle part même quand il se croit à bout - et s'approche d'elle. Sûrement qu'il la relève, si elle est encore par terre, comme il l'a relevée dans la ruelle après l'y avoir jetée, comme il l'a relevée y a dix ans, comme il la relèvera toujours. Nora, elle reste pas au sol, et même s'il sait pertinemment qu'elle n'a pas besoin de lui pour l'faire, s'y escrime pourtant. C'est ça ? Une fois que ça sera fait, c'est là ? C'est là que t'arrêtera d'être dans les parages ? C'est là qu'tu, qu'tu, et les mots s'effritent, qu'il attrape son visage fermement, quand la colère le transperce, le dévaste, prend tout c'qu'il a pour la laisser là, aussi échoué qu'le corps du paternel quand on l'a retrouvé. Qu'tu disparaitras. Enfonce son regard dans l'sien avec tout autant d'intensité qu'elle l'a fait avant, quand elle voulait qu'il écoute bien, qu'il imprime bien. J'te l'ai promis, Nora. J'le buterai. Cruauté qui s'est enfuie, pour n'laisser qu'un ton tremblant, comme les mains qui encadrent son visage, écartent ses cheveux d'devant ses yeux, accepte de s'y noyer encore. Mais dis-moi. Dis-moi juste si après ça, ça s'ra toujours ta passion, d'me... pourrir la vie, ou si tu vas, ou si tu vas, si tu, et qu'le noeud dans sa gorge enfle tant et si bien qu'un drôle de hoquet s'échappe d'entre ses lèvres. Qu'on croirait presque à un sanglot étranglé, qu'ses yeux rougis par le sel de l'océan ressemble presque à des yeux larmoyants. Et qu'il braque ses lèvres contre les siennes pour y étouffer la détresse sourde qui l'étreint comme aucun kraken ne pourrait l'faire, comme personne n'a jamais su l'faire, comme elle, même, n'l'a jamais fait. J'ai l'droit de savoir. On demande pas ça à n'importe qui. Dis-moi juste. Si tu s'ras encore là. Après. Si t'as pas tout prévu d'puis le début. Et ferme enfin les yeux, abandonnant son visage au sien en l'pressant fort, les peaux ruisselantes qui glissent, s'évitent, esquivent la caresse trop forte, trop dure, trop intense. Qu'il incarcère, pas qu'son corps au sien, mais son âme, signant l'pacte viscéral. Dis-moi, Nora, qu'il supplie presque, quand il s'éloigne toujours plus d'son image, d'celle qu'il a pris quarante putain d'années à construire, quand il a suffit d'une putain d'journée pour tout fragmenter. Ou peut-être que sans qu'il ne s'en soit aperçu, elle y a creusé trop d'trous, depuis dix ans. Son nez qui s'écrase contre son minois, s'y enfonce, voudrait s'y fondre, quand les lippes viennent se torturer au contact des siennes, qu'il l'embrasse comme il l'a jamais fait, comme il le fera jamais plus, il l'sait, surtout pas quand l'soleil aura éclairé tous les ecchymoses qu'ils se sont laissés. Dis-moi, dis-moi, comme pour dire j'peux tout entendre, et certainement qu'à c'moment-là, Nox, il est prêt à tout entendre. Qu'il veut juste l'entendre de sa bouche avant si ça doit s'produire, pour pas l'rêver, pour avoir un coup d'avance, lui aussi, sur ces putains d'songes qui l'ont toujours pris au dépourvu, pour qu'l'idée ne vienne pas d'lui, mais d'elle, qu'il pourra s'autoriser à la détester cent fois plus une fois qu'le meurtre sera fait. Parce qu'il l'a promis, Nox. Et qu'il le fera, même si elle vient l'tuer un peu plus. Les phalanges qui blanchissent autour de sa mâchoire, quand les lèvres s'époumonent, qu'le coeur s'dégueule dans une seule étreinte, qu'il est trop tard pour reculer, qu'il a l'même sentiment d'urgence, Nox, qu'ça va se finir maintenant, qu'il doit en profiter une dernière fois, comme la cigarette du condamnée, d'celui qui part au front sans savoir s'il va en revenir. Parce qu'Nox, il sait pas. C'qu'il sera, après. S'il finira pas sa vie en taule. Qu'il accepte qu'elle prenne toutes les cartes gardées dans sa manche pour les redistribuer, à coups lancinants de " dis-moi " quand l'baiser se meurt comme la fin d'la nuit, alors qu'il leur resterait encore des heures.
Et qu'il a encore l'espoir, Nox, qu'elle soit pas encore finie.
Qu'ça tiendrait, sûrement, qu'à ça. Là, maintenant. Dis-moi, Nora, et j'te promets que je laisserai personne penser qu'tu lui appartiens. La voix vibrante, les poumons atrophiés, à n'plus savoir s'il respire l'air ou la marée. À n'plus savoir c'qu'il veut, c'qu'il demande. Mais qu'il promet. Encore.

Que j'les buterai, tous, s'il le faut.
Qu'si tu m'appartiens pas, t'appartiendras à personne.
Qu'tu seras libre, toujours. Sauvage.
Qu'y aura plus d'otages, plus d'trêve, plus d'cages.






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" i punish you with pleasure
and pleasure you with pain "

lovin' what i'm tasting, venom on my tongue, dependant at times ; poisonous vibrations help my body runs | @nora everdell

N's'attarde plus, Nox. L'a assez parlé, assez expliqué, n'a pas d'justifications de plus à lui donner, n'est même pas sûre qu'une seul correspondrait à c'qu'elle attend, n'sait pas, Nox, n'a jamais su c'qu'elle attendait vraiment de lui, c'qu'elle voulait, pourquoi ça la faisait chier qu'il se pointe devant sa cellule, pourquoi elle l'a toujours retenu prisonnier pourtant. Croit même pas qu'elle a la réponse à tout ça, t'façon. Onze fois, qu'elle répète et ça lui glace encore plus le sang de l'entendre dans sa bouche, comme s'il se rendait vraiment compte d'son incapacité à assumer. À assumer quoi ? Il n'sait pas. J'y suis pour rien, j'y suis pour rien, j'y suis pour rien, qu'il se répète. L'a pas voulu qu'elle se retrouve en taule, l'a pas voulu, lui, l'a rien fait pour. Ni contre, qu'ça tambourine dans son crâne, en guerre injuste, quand il sait qu'il ne pouvait rien faire contre. Et qu'les mots l'écorchent plus qu'aucune griffure ne pourrait l'faire, qu'ça lui lacère quelque chose, directement contre le myocarde. Parce qu'il s'en souvient, Nox, même s'il a toujours cherché à l'enfouir, loin, loin, loin. Comme là où ils auraient pu partir. Viens, on part, loin. Et certainement, qu'l'acte manqué était là, trois putain d'années en arrière. Et qu'Nox, il n'est pas prêt à s'le dire vraiment, à l'accepter pour de bon. Et sûrement qu'c'est pour ça qu'ça le fout autant en rogne, qu'ses yeux retrouvent si aisément l'habitude du couteau sous les cils, quand il crache presque : J'pouvais pas et tu l'sais très bien ! Ils auraient eu quoi, comme vie ?
Se l'est souvent demandé, Nox, des jours et des semaines et encore des mois après. Et s'il avait continué d'rouler ? Et s'ils avaient été loin, comme elle le dit, à quoi ça aurait ressembler ? S'voyait pas, Nox, s'installer à l'autre bout du monde comme un fugitif, même si finalement, rien n'le retenait réellement à Exeter. Et après ? Pouvait pas imaginer, Nox, s'installer avec elle et quoi, faire trois gosses aussi, tant qu'on y est ? Non, parce que c'était pas elle et c'était pas lui et qu'à l'époque, y avait encore moins de nous. S'voyait pas, Nox, lui permettre de s'enfuir et qu'elle choisisse, là-bas loin, d's'enfuir pour de bon. Peut-être que c'est que l'égoïsme qui l'a poussé à n'pas céder, finalement. En taule, c'était comme la garder prisonnière. En taule, enfermée, elle pouvait pas s'enfuir loin, loin sans lui. Finalement, la priver d'la fuite, c'était la garder près de lui. N'pas s'enfuir avec elle, c'était la condamner à l'retrouver à sa sortie. N'pas la prendre avec lui, c'était pour mieux la garder près de lui. Et quand tout ça s'fait un chemin dans son esprit, Nox, qu'il a envie d'se griffer la gueule jusqu'au sang et d'hurler à plein poumons. Mais l'océan s'approche déjà, prêt à engloutir ses peurs, ses révélations sur son propre comportement dont il n'a jamais su s'défaire, à promettre qu'il la protègera, quand jusque-là, tout c'qu'il a toujours su faire, c'est placer ses intérêts en tête de liste. N'a jamais fait passer quiconque devant lui-même. Jamais. Ni sa mère, ni Enoch, ni Persephone, pas même Ambrose et les Blackwell, à conserver secret l'identité de l'Archange pour garder Enoch près d'lui, pas même Olympia, à n'jamais céder pour la garder plus près, non, personne, jamais personne, jamais. personne.
Et pas Nora. Pas Nora. N'la jamais faite passer avant, quand il en aurait pu avoir des occasions par milliers. Comme si ça aurait été lui donner plus d'importance, quand elle en a toujours eu, d'puis l'premier jour, d'puis qu'il l'a ramassée dans cette ruelle. Rien qu'se promettre qu'elle aurait jamais l'ascendant sur lui, c'était lui donner une importance capitale. Et Nox, l'a jamais lâchée depuis. Sans s'demander pourquoi. Sans s'demander non plus pourquoi il obéit à chaque injonction quand il a toujours pensé qu'il le fera jamais, avec personne, qu'il est peut-être devenu shérif pour donner les ordres et n'jamais les recevoir. Sans s'demander pourquoi il l'emmène vers l'océan quand sa réveille des peurs enfantines qu'il aurait cru n'jamais se voir affronter, parce qu'il l'a décidé. Parce qu'il a décidé qu'il en avait peur. Qu'c'est de lui qu'est venue l'idée et pas d'un autre, un ordre donné à lui-même et qu'y a qu'à ceux-là qu'il daigne bien répondre. Non, s'demande pas, Nox, quand elle répète les mots comme autant d'enclumes qu'elle accroche à ses chevilles, comme elle a accroché ses bras et ses jambes, autant de tentacules qui vont l'étouffer, un jour, ou l'couler. Mais qu'déjà, pourtant, ils sombrent. S'enfoncent dans des ténèbres bien plus terrifiants qu'il ne l'aurait cru.

Et qu'le noir se fait de plus en plus étouffant. Qu'même les yeux ouverts, Nox n'a jamais eu l'impression d'les avoir aussi fermés. Et qu'il n'sent même pas les griffes du monstre le charcuter, projeté des années en arrière, à s'imaginer s'retrouver à la place de son père, à s'faire avaler par la bouche béante de la mer insatiable. Qu'plus ça va et moins il ressent, Nox. Et s'dit, soudain, que c'est peut-être la solution. Ne plus ressentir. Rien. Ni la colère, ni la faim. Ni la culpabilité, ni l'attachement. Peut plus l'nier, à c'point-là, comme il est attaché à elle, quand l'seul fait de penser c'mot lui vrille le cerveau d'indignation. Mais putain. S'rait pas dans son sillage depuis dix ans, sinon. Et qu'c'est ça qui lui donne la claque pour pousser sur ses jambes plus longues qu'les siennes, la force d'la soulever quand il s'pensait pas capable d'se sortir de l'eau lui-même. S'rend compte, qu'elle fait aucun effort pour se sortir de là, qu'ça lui revient qu'à lui, mais là, il n'arrive même pas à s'délecter de ça. La traine dans les vagues bien moins imposantes qu'il les voit, à la tirer par le bras pour pas qu'elle s'efface, qu'elle disparaisse. J'laisserai personne t'emmener, Nora, qu'il avait dit, et p't'être que c'est la première fois, déjà, qu'il tient sa parole. Puis qu'son corps s'échoue sur la terre ferme, à n'plus savoir comment cracher ses poumons, quand l'air est devenu aussi salé qu'l'eau, que chaque respiration lui brûle l'œsophage. Et qu'Nox, même s'il peine à la regarder au travers de sa vision imposée floue par le sel de l'eau, même s'il la voit, à genoux dans le sable en train de se tenir les yeux, sûrement qu'ses larmes, il ne les voit pas. Ou peut-être qu'il ne veut pas les voir. Et qu'il lui gueule dessus, parce que c'est tout c'qu'il s'est fait quand il se retrouve acculé, c'est tout ce qu'il a appris d'elle. Et qu'elle se réveille, elle aussi, avec tout autant d'mal que lui à ouvrir les yeux, même plus qu'il remarque, quand il tente d'calmer sa respiration rauque, de rassasier ses poumons qui se soulèvent dans des sursauts douloureux. S'demande s'il tremble autant qu'elle, quand il s'dit qu'il l'a jamais vue comme ça, qu'même quand il a tiré, qu'son bras s'est perforé, qu'la douleur était sans doute au-dessus de vingt secondes passées sous la surface de l'eau, qu'même là, non, il l'a pas vue comme ça. Et qu'l'image peine à s'incruster dans sa mémoire, comme si déjà, il voulait l'en effacer. Tu m'as forcée à venir avec toi, qu'elle l'attaque et que ça grince contre son crâne en autant de craies sur l'tableau noir qui crissent et lui font mal aux dents. Refuse d'entendre ça Nox, et ça fait d'jà monter le venin entre ses dents, prêt à l'cracher. Parce qu'non, il l'a pas forcée, il n'a pas voulu, l'a pas fait exprès, d'la garder prisonnière dans ses bras, aimerait lui dire qu'il voyait plus rien, qu'il sentait plus rien, qu'il était plus là. Regrette sûrement qu'elle puisse pas le voir encore, avec la gueule bordée de colère. Regrette encore plus qu'elle daigne encore parler. J't'ai pas, qu'il commence mais qu'elle le coupe. Tu m'as forcée, bordel, à être dans l'noir, putain. Et y a un espace-temps qui se distord. Une faille qui s'ouvre, quelque part, et qui l'avale.

Tu m'fais trop chier, j'me barre, démerde-toi pour cette nuit. L'visage féroce, les sabres suspendues aux canines qui l'attisent, qu'il quête sa réaction, quand il avait espéré qu'elle le retienne. Ok, c'est ça, barre-toi. Et qu'la colère, sûrement, lui avait fait tourner les talons. Loin d'sa cellule, loin d'cette habitude déjà prise d'venir toujours lui tenir compagnie pour l'en délivrer ensuite. Mais éteins pas. L'avait pas compris, Nox. Casse-toi, mais laisse allumé. Et ça s'était déjà reproduit. Une fois, dix peut-être, s'en souvient pas, Nox. Et sur l'coup, l'détail s'était avéré insignifiant. Et des années plus tard, voilà qu'le sens essaie difficilement de faire son chemin dans sa tête. Tu m'as forcée, à être dans l'noir. Le noir. La lumière, allumée. N'éteins pas. Sous l'eau, l'obscurité. Et ses yeux, qu'elle tient fermés, comme encore noyée, comme encore piégée. Nora. La gorge lui brûle, et rien qu'son prénom lui fait l'effet d'y tracer un sillon plus déchirant encore. Sait pas quoi dire, Nox, quand il essaie d'comprendre, qu'il veut pas assumer, sur l'coup. L'noir, l'noir, qu'il répète comme un assisté, à bafouiller, à s'retenir d'la rejoindre quand la colère se rappelle à lui, qu'il lui faut garder ça à l'esprit pour pas s'effondrer, qu'il se sent épuisé, vidé, qu'le vampire qu'elle est lui a aspiré toute once d'énergie, d'force, de raison. Et qu'il essaie juste de s'assommer d'autre chose. Elle a tout prévu. Une fois qu't'aura fait le sale boulot, elle s'cassera, pour de bon. Et qu'ça suffit à lui faire oublier l'reste, à déambuler vers elle comme s'il était complètement ivre, à l'attraper par le bras pour la relever. Qu'elle s'échoue contre lui et qu'il la tient fermement, même si l'idée d'la renvoyer au sol l'effleure, quand il croise ses pupilles dilatées, deux gouffres qui veulent le happer. Qu'elle lui demande s'il veut vraiment savoir et qu'Nox, il n'est plus sûr de rien. Qu'il veut p't'être même plus l'savoir, finalement, l'dessous de sa pensée. Qu'il lâche même son visage, quand ses yeux rencontrent sa peau blanchie par le sel que le vent glacé est venu séché. Et qu'apparaissent, plus distinctement, les sillons brûlants qu'les larmes ont tracé sur ses joues et qu'Nox, ça lui assène un coup plus fort qu'tout c'qu'elle pourra lui dire, lui répondre, lui avancer. Qu'il a envie d'reculer mais qu'elle s'accroche toujours plus à lui et qu'il fixe son visage avec un effroi perceptible. S'demande bien quelle gueule il doit lui renvoyer, lui aussi, avec ses yeux rougis, ses lèvres qui gercent, tout c'qui traverse ses iris, des gestes plus tremblants qu'ils n'ont jamais été. Qu'il veut la faire taire, qu'il veut plus voir son visage, qu'il veut plus s'prendre tout ça dans la gueule, et qu'il l'embrasse juste pour ça. Et qu'elle n'répond pas, et qu'ça l'achève toujours un peu plus. On l'sait bien, qu'il tient plus compte des gestes que des mots, qu'il trouve trop farceurs, qu'il pense qu'les mots peuvent toujours cacher quelque chose, qu'le corps lui, ne ment pas, pas aussi bien, pas aussi facilement. Qu'il s'y arrache sans vouloir la regarder, qu'il secoue la tête comme un gamin dans l'déni, crachant des rien, ça changerait, rien, en boucle, sa joue contre son front, qu'ses mains soutiennent son dos autant qu'il s'y accroche, qu'il voudrait la faire taire, maintenant, et p't'être pour toujours, qu'il répète, rien, nora, rien, encore et encore, même quand elle émet l'hypothèse qu'il sait déjà. Ses lèvres contre sa mâchoire, qu'il secoue toujours la tête, les yeux tenus fermés, comportement enfantin. J'te demanderai pas si j'savais, Nora, j'sais pas, j'sais plus, plus rien qu'il voudrait rajouter, mais qu'elle le fait taire avec son simple prénom dans sa voix. Sait plus, Nox. C'qu'il veut, c'qu'il attend, c'qu'il devrait entendre pour qu'ça aille mieux, pour qu'sa vie ressemble plus à un chaos permanent, qu'il sait même plus si c'est à cause d'elle, tout ça ou s'il a juste besoin de désigner un coupable quand y a tant de mesures qui entrent en jeu. Et quand sa bouche happent la peau de son cou pour s'y apposer, certainement qu'il lâche un soupir rauque, par une voix éraillée qui n'arrive plus à parler. Qu'il sent sa jugulaire battre un rythme indécent quand elle se pose dessus, et qu'elle lui dit des mots qu'il a sûrement envie d'entendre, et qu'il n'arrive pas à imprimer. Chut, arrête, qu'il supplie presque contre son front, les yeux toujours fermés, et qu'y a qu'au ça sera pas fini qu'il les rouvre, ces putain d'yeux qui se figent immédiatement dans les siens, à n'plus en voit l'émeraude, à s'dire qu'il doit plus y avoir d'bleu dans les siens non plus. Sait pas, Nox, comment ils en sont arrivés là. Plus jamais, qu'il s'promet, qu'il tente, avec une endurance qu'il doit puiser au plus profond d'lui. Veut plus la voir comme ça, veut plus s'voir comme ça, à s'sentir aussi misérable qu'un gosse sans défenses.

Et quand elle l'entraîne, c'est presque naturellement qu'il se laisse glisser au sol, les fesses sur ses talons, qu'il plie les genoux pour retrouver la stabilité d'un sol plus près. Qu'il pourra moins s'casser la gueule, qu'il se dit, à se sentir plus éméché qu'jamais, quand l'eau et l'froid l'ont bien fait dessaoulé, pourtant. Ou peut-être pas, p't'être que l'alcool a joué, p't'être que ça a permis aux failles d's'ouvrir plus grand. Pas habitué à ces gestes, Nox, quand elle lui effleure la joue puis repousse quelques mèches de sa tignasse, à la fixer comme s'il ne la reconnaissait pas, quand c'est bien lui, qu'il n'reconnait plus. Qu'il fronce les sourcils, parce qu'il comprend pas, parce qu'il veut pas comprendre, et qu'il essaie presque de se dégager mais qu'elle l'entraîne quand même avec lui. Tu t'fais du mal. Qu'il se retrouve allongé, à n'plus savoir si elle est sur lui ou lui sur elle, quand il sent le sable contre sa peau, qu'il sent encore la chaleur laissée par le soleil de plomb qui s'échappe vers le ciel, qu'il lui semble qu'il n'a jamais eu aussi froid, pourtant. Les yeux grands ouverts, l'incompréhension qui s'mêle à la rancune, vibrante. Qu'est-ce que t'en sais, Nora, qu'il peut pas s'empêcher d'asséner, l'regard plus dur, quand le rythme cardiaque ne daigne plus se calmer. Qu'est-ce qu'tu sais, de c'qui m'fait du mal, ou pas. À s'répéter, qu'elle le connait pas, autant qu'il n'la connait pas, elle. À s'dire, qu'bien sûr qu'ça l'tue, chaque année un peu plus, chaque mois un peu plus, chaque jour, chaque seconde encore un peu. Mais qu'ça l'tuerait encore plus vite, dans l'autre cas. Et qu'Nox, sûrement qu'il a choisi la mort lente et douloureuse. S'en fout, à cet instant-là. Et qu'sa voix s'élève de nouveau, qu'il ferme les yeux contre son visage, qu'la promesse détournée impacte ses tympans assourdis par la peur, et qu'il s'effondre un peu plus contre elle. Et qu'il répond rien, s'noyant contre ses lippes, à en faire blanchir les siennes, à y mêler sa langue pour l'empêcher de se délier plus encore.
Parce qu'il en a assez dit. Ils en ont assez dit.

Emmêlés au sol, les échoués des océans, qu'il se demande comment il va se relever de ça. Comment ils vont passer au-dessus. Parce qu'il va bien falloir oublier. Parce qu'il va bien falloir survivre. Qu'le souffle s'égare contre sa bouche quand l'appel de l'oxygène se fait trop fort, qu'le silence est retombé comme une guillotine, l'amputant de la colère, l'amputant d'tout sentiment trop fort, coquillage vide abandonné sur le sable. Et qu'il dégage une main d'sous son corps pour venir à son tour dégager ses cheveux de son visage, à chercher son regard, à chercher les mots qu'il n'a jamais su maîtriser. Si c'est pas nous, Nora, qu'il commence, l'étau se resserrant le long de sa trachée, mais il lutte, encore un peu, pour poursuivre, p't'être que nous, c'est ça. Se redresse sur son coude pour mieux la regarder, haussant même une épaule, un éclair désinvolte sous les cils, comme une nouvelle provocation à c'qu'ils sont. P't'être qu'on arrêtera jamais. De se faire du mal. Et tout c'que je sais, là, maintenant, c'est que j'veux pas qu't'arrêtes. De me faire du mal. Se soulève un peu pour mieux se rapprocher, ancrant son corps contre le sien, l'y épousant comme s'ils se connaissaient chaque courbe, chaque creux, chaque relief. Extirpe un soupir, expirant un air toxique et pourtant habituel. Et p't'être qu'on survivra jamais à l'aube. La fixe intensément, l'ton d'un calme effroyable, percuté par c'qu'il dit autant que comme ça s'impose à lui. Et p't'être que c'est juste comme ça. Et alors. Qu'est-ce que, ça, fait. Et finalement, s'laisse retomber, dos contre le sable devenu glacé, l'corps douloureux. Comme s'il s'adressait plus vraiment à elle, plus vraiment à lui. J'voulais pas. J'savais pas, Nora. Le noir, j'voulais pas... et sa voix qui s'meurt, qui s'étouffe dans un semblant d'sanglot parce qu'la culpabilité est trop forte. J'voulais pas t'forcer à être dans le noir. J'voulais pas te tirer dessus. Coupable, Nox. Depuis l'premier jour. L'aurait jamais dû entrer dans sa cellule. A toujours eu l'malin plaisir de faire l'inverse de ce qu'il aurait dû. Et pourtant, l'arrive pas à l'regretter, l'arrive pas à s'en vouloir assez pour ça. Tourne la tête vers elle, avant de tendre la main, d'attraper son bras avec délicatesse, pour la tirer vers lui, la réceptionnant sur son corps nu, sur son âme nue. Je suis désolé, chuchotent ses yeux aux reflets cruels. Mais ça n'sort pas. Qu'un sourire s'étire sur ses lèvres crispées, qu'une malice nouvelle s'installe au creux de ses prunelles, qu'elles laissent de nouveau un peu d'place au bleu. Mais la nuit est pas finie. Penche la tête, ses doigts pianotant sur ses épaules sur lesquelles il est venu les déposer, pour les faire glisser le long de son dos, la presser encore un peu plus contre lui. Et si ça doit s'finir dans quelques heures, autant qu'on en profite encore un peu, non ? chuchote en tendant la nuque, pour effleurer ses lèvres, la dénouant sans contact pourtant, le crâne revenu s'enfoncer dans le sable. Et p't'être qu'un jour, on sera plus dans la cage. Et p't'être qu'un jour, on survivra à l'aube.

Trouve un peu d'force pour se redresser, sans la lâcher, pour la garder assise sur lui. S'fout de leur position, Nox, l'esprit à des kilomètres de ça pour l'moment. Les mains qui reviennent tracer les contours de son visage. De ses yeux, de ses pommettes, de son menton. Mais tant qu'on y est encore, c'est toi qui choisis. Où tu veux qu'on aille. La scrute avec plus d'attention que jamais, l'urgente impression d'vivre un truc qui se reproduira pas deux fois, quand les mots écorchés ne s'époumoneront jamais plus. Chez toi ? Chez moi ? Qu'on marche ? Qu'on reste ici ? Pour la première fois, lui offre l'choix. Pour la première fois, la laisse choisir, même si elle l'aurait fait quand même et qu'il aurait suivi.
La tient plus fermement contre lui, échappant son museau dans sa nuque, se délectant d'son odeur saline, s'imprimant à même son épiderme en autant d'caresses presque indicibles. Que ses lèvres remontent à son oreille, dont il dégage les mèches collées. Décide-toi vite, avant qu'j'change d'avis, qu'il minaude d'un ton mutin au creux de ses tympans, l'coeur alangui, parce que j'ai très envie d'une clope, là. S'permet de lâcher un rire bancal, adolescent maladroit. Avant d'décaler son visage pour perforer ses yeux des siens. Sans ressentir la peur d'y lire des choses qu'il voudrait pas, ou qu'elle y lise, dans l'sien, des choses qu'il peut pas dire. Parce que ça n'compte pas, à cet instant. Parce qu'y a qu'eux, parce qu'il fait nuit, parce qu'l'aube ne les jugera pas. Dis-moi où tu veux qu'on aille. Et un jour, ça sera mon tour. Et j'ralentirai pas. Dépose ses lèvres à la commissure des siennes, promesse sourde. Un jour, c'est moi qui t'emmènerai.

Loin, comme là où tu voulais aller,
Loin, comme tu me l'as demandé,
Loin, où y a pas d'aube et pas d'nuit noire non plus.
Loin d'toi, loin d'moi, loin d'nous, Nora.





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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:50, édité 1 fois
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" one day it's hell
the next day is the dawn "
you can't take back the damage you've done, oh, you can hide, but you can't run, no, you can't take back the damage you've done, afraid of what you might become, a man or a monster (www) @nora everdell

Sûrement qu'avec Nora, il préfère le silence à la répartie, parfois. Quand la discussion n'a plus rien d'un jeu, quand ça se joue en joute cruelle, quand ça s'assomme de vérités glaçantes, quand ils n'l'ont jamais fait. Jouer avec la vérité, quand ils ont toujours préféré s'battre à coups fictifs, à s'envoyer des vents aux goûts meurtriers mais qui s'effaçaient, finalement, au passage de la prochaine bourrasque. Mais là, Nox, il les sent bien, les mots. S'incruster au fer rouge, s'inscrire dans sa peau à l'encre de chine, qu'aucun laser ne saurait brouiller le tatouage cruel que ça dessine. Qu'les plaies continueront d'brûler, bien après l'aube, et qu'y aura pas besoin d'un bain salé pour ça. Et qu'il laisse les mots s'égarer jusqu'à franchir les lippes, sans plus savoir, Nox. Pourquoi il lui demande de parler, pourquoi il lui demande de se taire, quand tout s'enchaîne de façon désorganisée dans son crâne. S'il ne sait plus s'il veut savoir ou ignorer. S'il ne sait plus s'il est mieux quand il est sur l'point de la chasser ou quand il s'apprête à la retrouver. Quand elle frappe à sa porte, qu'la nuit est tombée, amputant haine et couteaux quand il ne suffit que de quelques rayons pour les ramener à eux - et à lui, pour la jeter dehors. Trop rapidement au sol, jetés là comme les vagues abandonnent les algues sur la jetée, celles que les pêcheurs viennent ramasser au petit matin, celles aussi, qu'on ne ramasse pas. S'demande de quel type ils sont, eux, même si son p'tit doigt lui dit qu'personne ne les ramasse jamais. Sauf l'un et l'autre. Qu'il aurait pas dû la ramasser, ce soir-là, cette nuit d'été. S'est toujours dit, Nox, quand il la virait de chez lui ou d'la cellule, qu'ça lui donnait l'dessus, que c'était lui qui choisissait quand ça devait s'terminer. A pas souvent eu tort, sur lui-même ou sur les autres, le flic. A toujours eu tout faux, pourtant, avec Nora. À s'complaire chacun en croyant avoir l'ascendant, quand y en n'a jamais eu un pour être mieux qu'l'autre, pour être plus fort ou plus faible, quand ils agissaient toujours en miroir désuet. Et qu'il a envie d'lui griffer le visage, quand les mots ricochent, qu'il lève un regard franchement malmené, parce qu'y a plus grand chose à cacher après cet après-midi, après cette soirée, après cette nuit. Et qu'est-ce que tu vois, Nora ? Mais les mots sortent pas. Piégés dans sa gorge qui se resserre, l'étau terrifiant. Longtemps qu'il s'demande, s'il respire mieux avec elle ou si elle l'étouffe toujours plus. Et qu'les mots qu'elle rajoute font gonfler quelque chose qui s'approche de la fierté, du coeur, aussi. Comme une attention discrète qu'pourtant il attrape entièrement, en saisissant la portée et l'intention. Et qu'sur son visage tordu, le bord des lippes se soulèvent en un sourire bancal. C'est ça, ma tête de base, oui, qu'il souffle en reprenant ses mots, comme soulagé, comme s'il pouvait la croire quand il sait qu'c'est qu'un moyen de l'épargner un peu. Et ça l'fait flipper, souvent, quand elle peut comme ça deviner comment il fonctionne, quand elle peut avec autant d'facilités abattre la carte qu'il faut, démanteler le rouage principal ou, au contraire, choisir d'ne pas le frapper. Il en dirait bien des conneries, encore, Nox, parce qu'il n'en a pas assez dit, mais elle vient achever ses lèvres contre les siennes, et sans doute qu'il s'confond en l'embrassant, quand y a pas meilleure façon d'se bâillonner.

Sa peau tressaille sous les griffes rétractables de Nora, qu'il les découvre rangées encore un peu, qu'il la sent effleurer chaque boursouflure qu'le sel a entamé d'cicatriser dans une brûlure cuisante qu'il sent à peine, pourtant. Qu'il débite encore cinq cent conneries à la minute, sans pouvoir plus s'arrêter, d's'embourber dans un jeu rempli d'images et de métaphores, comme pour mieux s'dire que c'est pas réel, qu'c'est définitivement pas eux et qu'c'est tant mieux. Et qu'en parfait schéma de reproduction, qu'ses lèvres se tordent en un sourire malicieux, à son tour, qu'il réplique, du tac au tac : Tu sais bien qu'j'vais pas cesser de m'en plaindre. Et qu'le sourire se fane tout aussi vite qu'il est venu, balayé par une vague d'assentiments, de ressentiments. Mais on est déjà mort, Nox. Et qu'il trouve même pas d'connerie à répliquer, sur le coup, l'herbe coupée sous l'pied, quand on sait qu'y a pas d'herbe qui pousse sur le sable. Qu'y a rien, qu'y a rien pour y grandir, quand ils n'sont pas venus là pour faire pousser quoi qu'ce soit. Qu'il préfère l'attirer sur lui en se murant dans l'silence, parce qu'y a rien à répondre à ça. Qu'ils sont déjà morts, qu'elle le dit si justement, qu'Nox il a l'impression d'mourir encore un peu à chaque fois. D'être mort sous son je te HAIS et encore plus à son je t'aime sournois. Quand il sait qu'y en a aucun des deux qui est juste, qui est vrai, quand c'est plus compliqué qu'ça, et qu'la majorité des gens n'pourraient pas comprendre. C'qui s'passe entre eux. Qu'même lui, il n'peut pas comprendre, même si ça fait dix ans qu'ça dure, même si tout s'est accéléré l'jour où elle est sortie. Qu'elle a posé sa main sur sa cuisse et qu'Nox, d'un seul coup, il n'a plus eu aucune envie d'résister. Qu'lui céder ne voulait même plus dire perdre, qu'c'était juste un chapitre de plus, qu'c'était juste les mourir un peu plus. Il fait glisser ses mains sur ses épaules, puis dans son dos à son tour, s'demandant de quel droit il s'était permis d'la marquer à ce point, qu'il applique sur sa peau glacée par le vent d'octobre une couverture chaude par son contact. Comme pour la protéger de la morsure du froid, quand il n'pourra jamais la protéger des propres morsures qu'il lui assènera. Qu'il l'écoute, avec une attention toute particulière qui donne l'impression qu'il est complètement absent, quand pourtant, il s'abreuve de ses mots comme on se noie dans la première oasis après la traversée du désert. Qu'il revit cette nuit qu'elle imite, celle qu'elle décrit comme sa première mort, sans plus savoir s'il avait déjà claqué avant ou s'il a juste fait un infarctus à chaque fois. Et p't'être que c'est là, qu'il le réalise, quand il pense souvent dans ses nuits blanches aux idées noires, qu'il est l'seul à mourir un peu à chaque fois. Qu'il comprend, lentement, qu'elle a rendu l'âme au moins autant d'fois que lui. Et curieusement, Nox, il n'en tire pas vraiment plus de soulagement qu'ça. J'pensais pas que tu l'garderais aussi longtemps, qu'il sourit presque en miroir à dame lune et son croissant, son dernier souffle, qu'il parle. Comme une offrande, comme un bout d'lui qu'il lui aurait cédé. À croire qu'avec tout ce qu'ils se sont pris, qu'ils peuvent reconstruire le puzzle, mais qu'chacun garde jalousement les pièces dérobées, comme autant d'trophées, de preuves utiles si un jour, il faut dénoncer l'crime. Qui a tué qui, dans une partie plus longue encore qu'aucun Cluedo connu, qu'y a trop de pièces en lice, qu'y a trop d'armes du crime, qu'y a pourtant qu'deux assassins mais qu'les corps se sont égarés d'partout. Qu'il s'ancre à la réalité par le contact de ses mains sur sa peau, sur son front, à revenir accrocher ses prunelles aux siennes quand elles se sont égarées quelque part entre la nuit et l'océan, quelque part entre l'enfer et l'enfer, puisqu'ils n'connaissent rien d'autre. S'redresse, la garde sur lui, réimprimant l'doute de leurs lèvres qui se touchent, comme souvent, sans s'épouser. Qu'les mots les plus cruels et les plus acérés sont sûrement ceux qu'on murmure dans cet espace qu'on n'voit pas. Qu'la lueur amusée qu'il lit dans ses yeux, qu'il n'sait pas trop c'que ça annonce et qu'il trouve la force de se redresser complètement, sans s'attendre à l'étreinte qu'elle lui offre, parce qu'rien qu'ça, c'est pas eux, à croire qu'ils se sont laissés chez elle, qu'ils sont là-bas en train de s'étriper, qu'ils se sont dédoublés dans un univers parallèle, quand il sait pourtant qu'il faudra en assumer les conséquences. Et quand il sait, plus encore, qu'il n'a pas du tout envie d'retrouver le cercle infernal. Pas maintenant, pas encore, et qu'il veut la pousser à l'penser, à elle aussi. Qu'ils ont encore du temps, du répit, qu'ils peuvent prolonger, qu'ils n'ont qu'à le décider pour l'faire, à toujours avoir cru qu'ils étaient obligés d'flancher face à l'aurore. Et il l'écoute, Nox, avec toute l'attention du monde, suspendu à ses lèvres, au sens propre comme figuré, à enrouler ses bras autour d'elle pour mieux la sentir se fondre contre son torse. Et l'aspirer, encore un peu, quand il s'demande, cruellement, qui va mourir cette nuit. Si c'est son tour à elle, son tour à lui. Qu'il dérobe son regard au sien, avec l'excuse de s'égarer dans sa nuque, quand elle le rappelle à l'ordre, qu'il sent ses cheveux se tirer. Et qu'ce sourire, Nox, ce sourire-là sur ses lèvres, qu'il croit bien qu'il ne l'a jamais vu avant. Ou p't'être que si, y a dix ans, ou p't'être y a cinquante ans, dans une autre vie. Qu'il s'y accroche, qu'il le note, mentalement.

Un jour, qu'il répète à l'unisson avec elle, l'sourire fin qui se dessine aussi sur ses lippes, à plus vouloir s'poser de questions. Qu'il l'observe s'éloigner, la suivant des yeux jusqu'à-ce que sa nuque puisse plus suivre le mouvement, qu'elle disparait dans son dos. Qu'il sent la morsure glacée de l'hiver qui s'annonce meurtrier, et dans quel sens, n'peut que le deviner vaguement. Qu'il la suit, comme toujours, qu'son corps n'semble plus qu'être relié au sien et qu'il pourrait bien s'y opposer fermement, qu'son crâne ne pourrait le freiner. À revenir vers leurs affaires, à réenfiler sa chemise, secouer son jeans, à la deviner dans son champ de vision comme pour n'pas la laisser s'y effacer. Qu'la curiosité ferait presque taire la fatigue, quand il demande sur un ton enfantin : Et où on va ? mais qu'il devine qu'elle ne lui dira pas. Qu'il sursaute presque quand elle revient contre lui, brusquement, quand elle n'a de cesse d'le surprendre, de casser l'image qu'il croyait bien ficelée, depuis dix ans à la dessiner, à en esquisser chaque concourt et chaque limite, et qu'il comprend qu'il n'saura jamais. Qu'il ne la connaitra jamais. Et qu'ça fait battre son coeur plus vite, à s'en retrouver plus curieux encore, à s'dire que peu importe le nombre de morsures acides qu'ils s'infligeront encore, qu'il se damnerait encore cent fois pour la découvrir. Pour jeter un coup d'torche sur ces pièces qu'elle-même n'éclaire pas, pour en faire pâlir d'effroi les visages monstrueux qui s'y tapissent, qu'un jour, il les chassera tous, à coups d'flashs criards. À coup d'balle dans la tête, s'il le faut. Qu'il s'mord la lèvre, pour s'empêcher de fondre sur les siennes, pour s'laisser le temps de réapprivoiser l'oxygène qui flotte autour d'eux. Hausse un sourcil, l'air de dire, vraiment ?, parce qu'elle sait comment l'mener par le bout du nez, qu'Nox, il lui suffit d'un défi pour foncer comme un taré. Qu'y a l'aube qui essaie d'lui infuser une piqûre de rappel mais qu'Nox, comme un toxico, repousse la cure. Et qu'il s'escrime, pendant qu'elle finit de se rhabiller quand lui a déjà fini, à faire barrage de son corps contre les bourrasques qui le fouettent d'un sable tranchant dans le dos, à pester lui aussi dans sa barbe, qu'son briquet semble avoir rendu l'âme, qu'il n'peut rien y faire, comme si l'univers entier lui criait à la gueule qu'il est con, putain, qu'l'aube se lèvera quand même. Et Nox, qui s'acharne avec une hargne nouvelle, une urgence insensée, comme si c'qu'elle avait lancé s'imposait en règle universelle. Qu's'il n'y arrivait pas, qu'ça allait les dévorer plus vite qu'ils ne peuvent le t'nir. Et qu'il s'agace, s'énerve, à jurer d'plus en plus fréquemment mais qu'enfin, enfin, une minuscule flamme grignote le bout d'sa clope. Et voilà, qu'ses yeux se révulsent de soulagement, qu'il l'utilise pour allumer la deuxième, accroupi au sol pour qu'le vent ait moins d'emprise sur lui. Pour qu'le soleil ait moins d'emprise sur eux. Et qu'il récupère sa veste, une clope au bec, l'autre au bout des doigts, à la garder presque contre son torse pour n'pas faire flancher l'bout qui rougeoie faiblement, à la découvrir déjà éloignée, à savoir qu'la flamme tiendra pas jusqu'à là-bas. À savoir qu'la nuit ne tiendra pas jusqu'à là-bas. Et qu'il s'met en route, l'corps vaillant contre le vent, quand celui-ci revient la bousculer contre lui, qu'il échange la bouteille contre la clope, qu'il étouffe un nouveau hoquet quand l'choc lui percute le dos, à froncer les sourcils pour s'demander à quoi elle joue. J'sais qu'tu te prends pour un koala, mais, et il est interrompu par son museau dans sa nuque, qu'ça le chatouille, et qu'c'est presque son coeur qui en rit, à secouer la tête, non, j'veux pas rester là. Accueille la gorgée salvatrice de l'alcool, à n'plus savoir s'il valait pas mieux rester sobre après avoir dessaoulé, ou s'ils vont avoir besoin de s'anesthésier un peu encore.

Sourire en coin, quand il la suit, avançant face à elle, dévorant son visage des yeux en la voyant pianoter, à s'demander à qui elle peut bien écrire à une heure pareille, en s'demandant, avec jalousie, à qui elle peut bien penser là, maintenant, après tout ça. Et sûrement qu'il le cache sous ses lèvres carnassières, à ramener le goulot à ses lèvres pour y étouffer les bouffées malsaines et mal venues, quand il choisit c'moment pour venir dans son dos, s'y caler en y incrustant son torse, à la pousser de ses mains sur ses hanches pour l'aider à lutter contre le vent sournois. Qu'tout pousse à les ralentir, à les prévenir qu'le fossé se rapproche et qu'la chute d'une falaise pareille, aucun bateau d'secours ne pourra les sauver, qu'il restera tellement rien, qu'y aura rien à ramasser sur le rivage. Mais qu'ils n'écoutent pas, ni l'un ni l'autre, et qu'le silence qui s'installe, il est obligé d'le briser un peu, de quelques " dis-moi où on va, allez, dis-moi " de gamin impatient, sous revers de sourires malicieux. Qu'le bitume accueille leurs semelles d'où s'échappent trop d'grains de sable, comme autant de pièces à conviction, qu'ses cheveux mouillés lui laissent des frissons glacés dans la nuque, et qu'sa poche vibre. Qu'il en extirpe le téléphone, sourcils froncés, la bouteille calée sous l'coude, et qu'une bouffée de soulagement cruel l'envahit, à l'idée qu'elle lui écrivait à lui. Qu'pourtant, y a comme une appréhension insidieuse qui se faufile sous ses entrailles, entre les côtes où ça s'remet à pulser. Si on arrive sur la grande colline en moins d'une heure le soleil a perdu. Qu'ses rétines se bousillent à fixer les chiffres, sans vouloir les imprimer, l'urgence qui lui adresse une étreinte cruelle. Non, peut pas déjà être cette heure-là, n'ont pas passé quoi, trois heures ? quatre, cinq ? sur cette putain d'plage, à s'noyer pour mieux se secourir, mais faut croire que si. Qu'il s'laisse pas déconcentrer quand elle l'emmerde continuellement, à pianoter à son tour sur les touches, les doigts agités d'nervosité avant de l'enfouir dans sa poche. Sa poche où il manque quelque chose, mais qu'emporté par une euphorie nouvelle, Nox, il ne le remarque pas. Qu'il attend avec patience qu'elle lise le message, sûrement, un sourire malicieux au bord des lèvres, à lui couler tout autant d'regards en coin.

Sait pas c'que ça annonce, ça, Nox. Quand une nouvelle donnée entre dans la bataille, qu'pour une fois, ils ne se battent pas seulement l'un contre l'autre, que c'est plus lui contre elle ou elle contre lui, que c'est eux contre le soleil. Et qu'il vient la bousculer un peu plus, avant d'refermer ses bras sur elle, piège tendre, la bouteille au bout des doigts dans son dos. Alors, va falloir avancer plus vite qu'ça, sauf, et qu'il la retourne pour harponner son regard d'toute sa détermination, d'cet espoir naïf qu'ils ont une chance, qu'ils peuvent le faire, qu'ils vont gagner, qu'pour une fois, y a une issue différente qui s'annonce, qu'ils peuvent contourner le schéma cruel et répétitif. Qu'p't'être cette fois, ça sera ni lui ni elle qui s'apprête à mourir, que p't'être que c'est le soleil et qu'il taquine son nez du sien, le sourire sous les mots qui reprennent, sauf si tu joues pour perdre. Réminiscence spéciale, à volontairement lui rappeler sa propre défaite, d'son plein gré, d'cette nuit dans la cage, la première. D'celle qui a scellé un drôle de pacte entre eux. Qu'il joue de ses lèvres aux siennes sans les y plaquer, juste pour l'attiser, pour lui partager cet engouement nouveau et assassin. Qu'le mur se rapproche et qu'Nox, il veut accélérer encore plus. Alors, il l'attrape par le bras, mais pas d'la même façon qu'y a dix ans, pas d'la même façon qu'quand il l'a relevée, dans la ruelle y a deux jours, pas d'la même façon que quand il l'a jetée au sol de nouveau. Plutôt d'la façon qu'il a eu d'la tirer hors de l'eau, hors du noir. Et qu'il se jette sur la route déserte d'un seul coup. On va prendre un raccourci. Par le lac, n'voit que ça pour leur permettre de l'atteindre à temps, qu'il l'entraîne déjà à travers les ruelles plus étroites qui finissent par se dégager, qu'les immeubles un peu délabrés de Sirenwhyte s'écrasent pour laisser place à des sentiers de moins en moins bétonnés. Qu'il récupère sa main, s'rend compte qu'il n'sait pas ce qu'il a fait d'sa clope, qu'il s'en rallume une, là où l'vent s'est calmé. Qu'il lui tend son paquet, en souvenir d'qu'il ne lui en reste plus beaucoup avant l'aube et qu'elle n'en a pas d'autre. Que quelques maisons apparaissent encore, quand ils finissent par se retrouver entièrement sur un sentier forestier. Qu'il lui tend la bouteille, dans laquelle doit pas rester plus d'une gorgée, qu'il veut s'en débarrasser, pour libérer ses mains, ses bras, n'ont qu'à l'abandonner là sur un muret de pierres. Allez, m'dis pas que t'es fatiguée, qu'il pouffe en venant la bousculer. Pour l'emmerder un peu, lui aussi. Reprendre un peu d'consistance, n'pas se laisser happer par l'accalmie de la plage bien qu'ils ont peut-être embarqué avec eux trop d'grains de sable pour l'oublier, qu'ça le démange un peu partout sous ses fringues, autant qu'les pensées viennent gratter contre sa boîte crânienne. Les arbres se referment sur eux, nouvelle prison, nouveaux barreaux, mais Nox se jette soudain sur elle, pour la bloquer entre ses bras. Et non, on s'baigne pas, qu'il se permet de ricaner, comme pour parer à la pire éventualité, devant les berges du lac qui se révèle à quelques mètres d'eux. Qu'il prend le temps, deux ou trois secondes, pour la garder là, contre lui. Comme si c'était la dernière fois qu'il le pouvait, comme si l'ascension promettait déjà d'briser les rôles, d'créer de nouveau l'fossé qu'ils n'ont jamais su enjamber. S'permet de l'enlacer, à s'dire qu'ils n'sont pas à quelques minutes près, quand c'est peut-être ce seul instant qui leur sera fatal. Qui les fera perdre. Mais qu'est-ce qu'on peut bien encore leur ôter, finalement ? Qu'est-ce qu'ils possèdent qu'on peut encore leur prendre ? Sûrement c'qui les a toujours rendus doublement plus dangereux, tant avec les autres qu'entre eux. De n'avoir rien à perdre, à s'en faire blanchir les idées en carambolages. Et qu'il cale son minois dans le creux de sa nuque, tête baissée, à s'imprégner de son odeur salée, à dégager sa tignasse emmêlée pour laisser ses dents venir picorer sa peau, celle-là même qui lui brûle les lèvres. Qu'il effleure sa bouche de la sienne, dans une danse mille fois répétée, qu'il ne lui a jamais senti cette saveur-là. Celle de la délivrance ou de l'absolution, à s'dire qu'après ça, tout n'peut être qu'différent, pour lui comme pour elle. À s'dire qu'ça n'en sera pas forcément mieux mais certainement pire. Alors autant s'cramer un peu plus, parce qu'il sait, Nox. Il sait qu'il faut jamais sous-estimer cet aspect-là, qu'y a toujours pire. On va voir si t'as pas trop clopé pour la suite, quand il attrape son visage pour figer son regard clair dans l'sien, allumé d'un nouveau défi, d'une nouvelle malice. Désigne du menton le sentier qui s'étire sur les bords du lac, celui-là même qui grimpe, bien plus que jusque-là, parce qu'faut la mériter, la colline, qu'c'est c'que son père lui disait, quand ils y venaient et qu'lui râlait qu'c'était trop long, trop dur, qu'il était fatigué. Revient sur son visage, qu'un sourire s'étire lentement, si tu m'rattrapes, non seulement le soleil perd, mais en plus, tu gagnes. Et qu'il la libère d'un seul coup, pour s'écarter brusquement, inscrivant c'qu'il pourra saisir sur son visage, pour s'enfuir, à son tour.

Qu'il lui faut quelques foulées pour aborder ledit chemin, qu'il en écarte quelques buissons, traçant à travers les fourrés, sans vraiment savoir où il puise l'énergie. Qu'il sait, Nox, qu'il n'a pas besoin d'regarder l'heure pour ça. Qu'il ne leur reste que trop peu d'temps, qu'l'aube s'avance déjà, qu'il peut sentir dans son dos l'horizon qui blêmit. Mais qu'le temps compte plus, qu'y a plus de nuit, qu'y a plus de jour, qu'ils sont perdus dans cet espace-temps inconfortable et imprécis. L'entre-deux. Entre la nuit et l'enfer. Entre l'enfer et l'aube. Entre l'avant et l'après. Et qu'il peut s'en passer, des choses, dans ce parallèle effrayant. Alors, sûrement qu'il trace, plus vite qu'il n'a couru cette nuit-là pour la rattraper quand elle était saoule, plus vite qu'il n'a couru dans son rêve pour la rattraper quand elle s'éloignait, plus vite qu'il n'a couru pour s'fuir lui-même, quand il a su qu'il était devenu différent. Qu'pour la première fois d'sa vie, peut-être, qu'il n'court pas pour fuir mais pour attraper. Et sans doute qu'son tempérament imprévisible l'pousse à se fondre dans la nature, à venir cacher son corps derrière un tronc gris. Qu'il s'y plaque, dos au sentier, invisible, tapi comme un prédateur quand il s'plait à jouer à la proie, qu'il revêtirait bien n'importe quel rôle puisqu'elle les lui fait tous enfiler les uns après les autres depuis dix ans. Qu'bientôt, il devra en porter un autre, et qu'celui-là, il lui collera à la peau, qu'il n'pourra plus totalement jamais le retirer entièrement. Qu'celui-là, il le sait, Nox, qu'ça sera le rôle de sa vie. Celui qui l'fera entrer dans une catégorie bien précise, d'celle dont on n'en sort jamais totalement, d'celle tenue sous le joug des barreaux à vie. Et pourtant, il a promis. Et en l'attendant, plus haut sur le sentier, quand il peut sentir l'air nocturne qui se rétracte comme autant de pactes qui se renient, qu'il sort son téléphone de sa poche, toujours sans remarquer c'qu'il manque, à pianoter dans un souffle heurté. Sûr qu'il est épuisé, mais semble être passé en mode survie, là où l'organisme délivre des denrées supplémentaires pour continuer l'affront. S'en moque, Nox. A toute la vie, après, pour s'reposer. Toute la vie, après, enfermé au trou, par exemple. L'aura que ça à faire, s'reposer. Alors pour l'moment, y a pas d'repos qui compte. Y a pas d'pause qui compte. A fini d'écrire le message, attend quelques secondes avant de l'envoyer, et remet l'appareil dans son jeans. Quêtant son arrivée, quand l'sommet de la colline est encore loin pourtant, l'idée dérangeante d'se demander si elle va venir, si elle a suivi. Si elle va relever l'épreuve. Si elle n'a pas déjà disparu. Peut pas l'croire, Nox, quand ça serait défaite cuisante, à ses yeux. Qu'la motivation d'un défi en pire provocation a toujours fonctionné sur eux. Mais est-ce que c'est vrai ? Est-ce qu'il peut prétendre la connaître assez pour s'avancer à c'point, Nox ?

Qu'y a plus d'temps ni de nuit,
Qu'y a plus l'temps, Nora, pour parier,
Qu'c'est toi et moi contre l'aube,
Ou qu'la cage se refermera pour toujours.

Et qu'cette fois, on sera morts pour de bon.





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Dernière édition par Nora Everdell le Dim 2 Jan - 16:50, édité 1 fois
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" one day it's hell
the next day is the dawn "
you can't take back the damage you've done, oh, you can hide, but you can't run, no, you can't take back the damage you've done, afraid of what you might become, a man or a monster (www) @nora everdell

S'échappe un rire enfantin entre ses lèvres, qu'il la laisse descendre au sol, lui jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule. Un wendigo, vraiment ? qu'il pouffe en secouant la tête. La trouve déjà suffisamment redoutable comme ça, manquerait plus qu'elle n'ait besoin d'bouffer des gens, maintenant. La catastrophe, qu'il se dit, Griffin. Rien qu'pour ça, qu'il n'doit jamais, jamais, la mordre. Elle croit déjà s'échapper mais le sable défile sous ses semelles quand il la rattrape, la pousse contre les bourrasques infernales, à n'plus se rappeler la dernière fois qu'il a pu rire autant, comme ça et pas d'façon moqueuse ou sarcastique, d'juste lâcher des hoquets enfantins, d'juste être bien. Le sable qu'ils laissent derrière eux, quand il rétorque avec un hochement de la tête très sérieux : Oui, et surtout, j'crois qu'le gars meurt en se sacrifiant pour elle, alors... La bouscule, sans cesse, l'regard alangui, alors, rêve pas trop. Clin d'oeil en coin, et qu'il n'peut pas, finalement, la laisser loin trop longtemps. Comme un besoin vital, qu'il revient greffer son corps au sien, pour la retenir prisonnière, quand il aurait cru qu'elle se dégagerait mais qu'là encore, elle n'semble pas vouloir suivre l'schéma qu'il croyait pourtant irrévocable. Qu'elle s'plait bien, à continuer dans cette direction ; celle d'se révéler toujours imprévisible. Et qu'la ville cède la place à la campagne, et la campagne à la forêt, et la forêt au lac qui s'dessine. Qu'il sent son téléphone vibrer à son tour, qu'un sourire malicieux s'étire sur ses lèvres quand il l'en extirpe, comme si l'message allait contenir une réponse existentielle. Qu'il plisse les yeux, lui coulant un regard en biais en secouant la tête. Un peu déçu, p't'être, mais sans l'montrer. Qu'il pianote rapidement en retour, sans vraiment d'entrain, sans vraiment d'réponse, à le ranger de nouveau. Parce qu'lui il sait. Qu'ils ont pas grand chose à laisser dans cette nouvelle course, dans cette nouvelle épreuve digne de Fort Boyard. Ouais, c'est ça, merci d'me laisser ce petit plaisir, c'est vraiment trop attentionné. L'sourire en coin, quand à cet instant, p't'être même qu'il s'en fiche, Nox. De mener, de diriger, d'être au-dessus. Et qu'il la ceinture, comme pour s'venger, face au lac dans lequel il pourrait la jeter. P't'être qu'une autre nuit, il l'aurait fait. P't'être qu'dans une autre vie, il l'aurait fait. P't'être que dix ans plus tôt, ou trois ans plus tôt, ouais, p't'être qu'il l'aurait fait. Et ça l'crispe un peu d'se dire qu'aujourd'hui, il le fait pas, et qu'trop de choses nouvelles sont entrées dans l'équation. Trop d'inconnues, et qu'Nox, il n'a jamais aimé les maths. Et qu'il la serre un peu plus contre lui, à soupirer au passage de son museau contre la peau de son cou. Qu'il voudrait qu'le temps s'arrête, là, juste là, qu'son esprit est trop embrumé pour qu'il puisse voir à quoi ressemble la situation. D'puis l'extérieur, c'que ça semble dessiner. Fait mine de réfléchir, perché contre ses lèvres, à n'plus savoir s'il veut les fusionner aux siennes ou conserver ce touche-moi-pas-assez entre elles. J'me souviens plus, ça fait trop longtemps, qu'il fait croire d'un ton léger, qui veut dire j'me souviens. Qu'il avait joué à perdre, juste pour lui laisser l'illusion d'la victoire, et p't'être que c'était juste ça qui lui donnait, à lui, l'impression d'gagner. Et qu'il n'peut pas la laisser deviner, et qu'il n'peut pas s'retenir de lui lancer un nouveau défi, quand c'est pas souvent lui qui les lance, quand c'est pas souvent lui qui s'enfuit. Quand il inverse les rôles, pour voir. Pour voir si pour la première fois en dix ans, si tout c'qu'il y a d'plus sombre entre eux suffit pour qu'elle lui coure après. Quand lui semble que c'est c'qu'il fait depuis trop longtemps. Alors, il s'enfuit, sans l'embrasser, avec l'sourire du gamin qui s'prépare pour la plus grande course de sa vie, celle qui le rendra célèbre dans la cour de récré.
Celle qui lui donnera accès à la plus belle fille du lycée.

Et l'temps qui s'étire, depuis qu'il est greffé à l'écorce de l'arbre, qu'le doute devient d'plus en plus effrayant. Peut-être qu'elle n'viendra jamais. Et p't'être que l'humiliation s'ra encore plus forte, trop imposante. Qu'il n'osera même plus s'pointer devant sa porte. Qu'la nuit s'étire et s'efface, qu'il lui semble qu'à chaque minute l'obscurité meure un peu plus, qu'les dix minutes passent comme dix heures. Comme dix ans. Comme si d'puis le début, depuis la première nuit en cellule, c'était pour ce test-là. Pour cet instant-là. Pour voir si elle allait venir. Et qu'son téléphone vibre, qu'ses lèvres esquissent un sourire timide, d'peur qu'elle n'abandonne, d'peur que c'était trop demandé. Mais l'sait, Nox. Qu'aucun défi n'est trop dur pour un esprit d'compétition comme le sien. Qu'elle fera toujours tout pour l'battre, pour l'dépasser, même quand ça voudrait dire l'suivre, l'écouter, lui courir après. Et quand un nouveau message arrive, qu'il comprend qu'elle essaie d'le traquer. Qu'il sait plus où on éteint la sonnerie, qu'il s'demande s'il ferait mieux pas d'éteindre l'appareil directement, qu'elle s'en sert comme point d'repère, qu'elle l'a bien eu et qu'elle gagnera toujours. Et concentré, sûrement, à s'acharner sur son téléphone, qu'il ne l'entend pas approcher et qu'd'un seul coup, elle est là. Qu'il chancèle presque, s'retenant au tronc dans son échine, à envoyer son rire ricocher contre l'écorce. Qu'ses bras se posent sur ses hanches avec un naturel qui devient dérangeant, mais qu'il n'y pense pas, Nox, à s'demander pourquoi tant d'gestes interdits lui semblent à la fois si nouveaux et si habituels. Et qu'il plonge dans le regard qu'elle lui offre, qu'c'est tout son corps qui en est secoué. Qu'son coeur s'agite nerveusement, à attraper tout c'qu'il pourrait en décortiquer, des iris qu'ont presque l'air épargnés, qu'ont pas encore vu tout c'qu'elle a vu, qu'ont pas encore subi tout c'qu'elle a subi. Qu'c'est comme un retour aux sources, à l'innocence, quand ils n'savaient pas encore c'qui les attendait. Qu'elle savait pas encore qu'elle allait finir enfermée, qu'il savait pas encore qu'il allait devenir un monstre. Qu'ils n'savaient pas encore qu'ils allaient devoir se tuer, encore et encore, inlassablement, à toujours renaître pour mieux s'achever. J'aurais payé la tienne, si j'avais pu, tu sais, qu'ça se lâche en naturel déboussolant, autant qu'en sincérité troublante, sur son visage qui se tend vers lui. Parce qu'il avait voulu, réellement. Qu'il lui aurait jamais dit, sûrement, qu'c'était lui. Mais qu'si le shérif était plein aux as, ça se serait su d'puis longtemps et qu'la somme avait été dérisoirement élevée, pour un crime comme l'sien. Qu'il avait trouvé ça dépassé, Nox, à s'dire qu'elle s'était mis à dos un truc bien plus puissant qu'il ne pouvait le concevoir. Et qu'ça dépassait toute volonté d'pouvoir contribuer à sa sortie. Et qu'il s'enfonce dans le baiser qu'elle entreprend, à lui rendre le double, le triple, à lui donner son souffle et ses aveux, à lui offrir toujours plus d'lui, à lui dérober toujours plus d'elle. Qu'd'une main au creux de ses reins, qu'il l'incruste contre lui, à n'plus vouloir se délivrer de son étreinte, à sentir l'soulagement de les avoir trop effleurées sans se les approprier, à s'dire qu'il en aurait presque perdu l'goût et l'habitude, surtout. Parce qu'ils s'embrassent pas comme ça, eux, jamais. Pas l'droit. C'est pas dans l'contrat.

Et qu'il faut repartir, quand le lippes se dissolvent, qu'Nox peine à retrouver son souffle, qu'il dira qu'c'est la course, qu'il dira qu'c'est la fatigue. Qu'il prend les devants, à marcher devant elle, comme pour la guider. Comme pour garder l'impression d'mener, comme elle dit. Alors forcément, qu'il voit pas. Forcément, qu'il s'méprend et la coupe presque, sans se retourner, l'coeur léger. Tu crois rien du tout, Nora, on peut encore l'faire, comme pour la rassurer, comme pour s'rassurer lui aussi, quand l'heure tourne trop et qu'son cerveau s'est mis sur pause d'puis qu'ils ont quitté son appartement. Ou d'puis qu'il est parti d'chez lui, peut-être. Ou p't'être qu'y a un truc qui a cessé d'fonctionner cette nuit-là, quand il l'a ramassée dans la ruelle, tout juste trentenaire. Ou p't'être qu'y a carrément plusieurs wagons qui ont déraillé, aux deux détonations, et surtout à celle qui a touché. Et fais pas d'cinéma, j'te porterai pas, qu'il ricane, toujours aussi léger, sans se retourner, toujours aussi inconscient. Toujours aussi aveugle à la réalité. Mais qu'c'est sa main qui agrippent soudain son bras qui l'fait freiner. Parce qu'elle s'est arrêtée et qu'Nox, il a un drôle de pressentiment. Qu'Nora, elle s'arrêterait jamais. Mais qu'là, elle le force à l'arrêt et que l'appréhension qui dévale les pentes de son organisme n'est pas à ignorer. Qu'il s'tourne enfin vers elle, à comprendre un peu tard que l'équilibre lui est précaire. C'est parce que j'ai trop saigné. Et qu'ça peine à faire face dans son crâne, même quand il sent sa poigne se raffermir sur son bras, se faire plus lourde, pas décidé à comprendre l'urgence. Qu'il n'comprend pas, Nox, ou n'veut pas saisir, qu'il la réceptionne tout juste quand elle s'écrase le front contre lui. Et qu'les mots s'enchaînent, les réalités aussi, quand il n'a toujours pas bougé, qu'c'est sa joue contre sa nuque qui le fait tressaillir. Qu'sa peau est trop chaude, qu'il remarque qu'elle a retiré son pull, qu'il remarque ses cheveux collés à son front et qu'c'est pas la mer, qu'c'est pas le sel, qu'c'est pas la course. Nora. Qu'il se retrouve comme anesthésié, les bras qui peinent à se démanteler d'leur position figée, quand il lève pourtant l'dos de sa main pour le poser sur son front. Qu'le frisson qui l'ébranle est autant glacé qu'sa peau est brûlante. Qu'il la perfore d'un regard tendu, quand il trouve ses pupilles trop dilatées, ses yeux trop brillants. Et qu'il aurait préféré qu'elle lui hurle dessus. Qu'elle l'incendie, s'énerve, l'insulte. Qu'son ton calme est encore plus cruel, qu'sa culpabilité ne trouve aucune force à puiser là-dedans pour s'révolter. Tu perdras pas, Nora. J'te perdrai pas. Et y a une partie en lui qui aimerait l'ignorer. La trainer jusqu'au sommet s'il le faut, la forcer à continuer, la tuer d'épuisement s'il peut prouver qu'ils peuvent gagner. Qu'il s'est trop demandé, Nox. Puisqu'ils sont morts tous les deux, d'qui c'était le tour cette nuit. Si c'était elle, si c'était lui. Et qu'à cet instant, ça s'impose en vérité acérée sous ses côtes. Et si c'est ça, c'qui leur reste à perdre ? La vie. Sont pas aussi immortels qu'ils le pensent, sont pas des putain d'phœnix à renaître à l'infini, à s'dire qu'ils peuvent bien s'assassiner sans relâche, qu'ils pourront recommencer. Qu'à cet instant, il l'envisage, la mort. Qu'à cet instant, il s'demande s'il pourra assumer. Avoir gagné. L'avoir tuée. Plaque une main contre sa bouche, avec hâte mais douceur, dans un oui Nora, j'te crois, j'te crois, et qu'il l'attrape par les épaules, pour mieux la soutenir, pour mieux lui asséner la vérité, qui se bredouille au bord de lèvres aux traces du meurtrier, mais là c'est fini, Nora. Sait même pas d'quoi il parle. De la nuit, d'la trêve, de l'inconscience. D'elle, d'lui, d'eux. De la compétition, d'la guerre, d'la haine. Parce qu'tout c'qu'on peut lire au fond des abysses aux reflets des topazes, c'est une peur qui s'incruste lentement. Parce qu'elle a raison. Qu'on n'va jamais très loin dans une cage. Et s'ils ont voulu en appréhender les limites, qu'les barreaux se sont imposés à eux. Qu'ils vont pas là où l'aube n'existe pas. Qu'ils n'en sortiront jamais.

so look into the mirror and tell me who do you see,
is it still you, or is it me ?


Il se recule légèrement pour mieux l'observer, sans la lâcher, qu'il plaque de nouveau une main sur son front. J'crois, j'crois qu't'as de la fièvre, et, et quoi ? L'est pas médecin, Nox. N'en sait rien, d'ce qu'elle a. Mais on lui a souvent dit qu'la fièvre se manifeste pour combatte une infection. Est-ce que ça plaie s'est infectée ? De la poussière, du sable, de la mer, d'la sueur, d'lui. Est-ce que c'est lui ? Est-ce qu'il aurait pu s'en rendre compte ? Qu'il l'a meurtrie sous les griffes et les crocs, qu'il l'a transpercée sur le divan, qu'il l'a agonisée un peu plus sous l'eau brûlant d'la douche, qu'il l'a anesthésiée prudemment avec la danse, qu'il l'a abattue dans la chambre, qu'il l'a immolée au fond des abîmes d'onyx. Qu'il l'a sacrifiée, y a trois d'nuits de ça, d'une balle. Et que ça s'imprime lentement en sueurs froides. Ta faute, ta faute, ta faute. Qu'il n'sait pas quoi faire, que la panique s'infuse plus vite qu'avec une perfusion dans ses veines, le paralyse, le tue un peu, lui aussi, comme s'il voulait prendre un peu d'sa mort à elle. Qu'il s'demande s'il peut appeler l'ambulance, les pompiers, s'il doit l'emmener aux urgences. Mais qu'il leur dira quoi ? J'l'ai trouvée comme ça ? Avec un trou dans l'bras, des points faits par un doc qu'il n'peut pas mentionner, avec la gueule blanche d'celui qui a fauté ? Et qu'ça tourne en boucle, et qu'il reste deux longues minutes plongé dans cette terreur grandissante, avant de l'attraper par la main. C'est pas langoureux, cette fois, c'est pas ambiguë, il serre ses doigts avec urgence, pour pas qu'elle le lâche. Pour pas qu'elle lâche. Viens, et qu'il la tire un peu derrière lui, quand la pente lui semble vertigineuse, quand il s'pensait si près du but, quand il tourne le dos à la colline, à la victoire, à l'amour. Parce qu'ils n'gagneront pas, qu'ils ne gagneront jamais. Qu'les monstres ne finissent jamais héros, qu'les tueurs ne trouvent jamais la paix. Et qu'y a trois jours, Nox, qu'il le veuille ou non, il a tué.

so embrace the darkness, and i will help you see
that you can be limitless, and fearless,
(if you follow me)


Et le chemin lui semble trop pentu, qu'il essaie d'pas paniquer, quand il n'sait même pas où aller, où l'emmener. Qu'le lac apparait déjà, qu'il le fuit du regard, comme s'il pouvait l'entendre lui hurler à la gueule des ta faute, ta faute et qu'il n'voulait pas l'entendre. J'te ramène chez toi. L'ton froid, comme s'il détournait la culpabilité sur elle. Mais sûrement qu'il lui trouve pas un équilibre terrible, malgré les pas lents et mesurés, ou p't'être qu'il a toujours un peu d'alcool dans l'sang et que c'est lui, qui marche pas droit, mais n'empêche qu'il finit par se tourner vers elle, sans l'avoir lâchée, sa main comprimée dans la sienne, lui faire face, encadrer son visage de celle qui est libre. À palper sa peau, son front, à en écarter les cheveux qui sont revenus s'y plaquer. Qu'il soupire, avec la force d'esquisser un demi-sourire. J'avais dit que c'était l'unique et dernière fois, et c'est la troisième fois, putain, qu'il aurait presque envie d'en rire, si ça le malmenait pas autant, quand il reproduit, encore, le même schéma. Qu'y a trois jours. Qu'après la douche. À s'courber, lâcher sa main, glisser ses bras sous ses genoux et la renverser pour la porter. Qu'le lac s'efface dans leur dos, en même temps que les premiers doigts brûlants viennent s'emparer du sommet d'la colline. Qu'il n'voit pas, Nox, qu'c'est une nouvelle course qui s'annonce. Qu'l'aube est là, déjà, à venir bouffer le terrain, lentement. Qu'il les suit, pour mieux les attraper. Qu'il les suit, pour mieux les déchirer. Mais qu'Nox, il l'laissera pas faire. Qu'son pas s'accélère, qu'les forces s'amenuisent mais qu'il n'écoute pas non plus, Nox. On possède plus de forces que le commun des mortels, qu'Asta lui disait, et qu'c'est le moment d'le vérifier. La tient bien fermement dans ses bras, comme y a trois soirs d'ça, et qu'ça lui rappelle trop d'souvenirs glacés à sa mémoire qui aurait bien voulu faire l'impasse. Et qu'il sait, Nox. Qu'c'est fini, terminé, qu'ils ont échoué - et qu'il a perdu. Et pourtant, il ne s'arrête pas. Qu'en temps record, le film se répète à l'envers. Que le lac cède place à la forêt, qu'la forêt cède place à la campagne, et qu'la ville se rapproche. Qu'il s'arrête quelques secondes, pour reprendre le souffle qui commence à lui manquer, à lui aussi, pour baisser les yeux sur son visage, s'assurer qu'elle est bien là, qu'elle l'abandonne pas, qu'elle s'est pas endormie ou évanouie parce qu'Nox, il saurait même pas faire la différence, à cet instant. Et qu'il lui répète, en souvenirs troubles et malicieux, à s'dire qu'il faut bien faire revenir la malice pour la tenir éveillée, à s'dire qu'y a sûrement que la hargne qui les maintient en vie. T'as pas intérêt d'crever, Nora. Parce qu'si tu crèves, tu pourras pas m'buter. Et les semelles reviennent accrocher difficilement les pavés bétonnés, qu'il sait plus s'il a plus mal aux pieds ou au crâne, l'regard un peu trouble à trop réfléchir. Qu'son immeuble apparait enfin et qu'il la dépose sur le trottoir lentement. Tu peux marcher ? qu'il souffle, sans pouvoir se débarrasser de cette angoisse vicieuse qui lui colle à la peau. Tu vas devoir te débrouiller pour les escaliers. Fait une pause, Nox, cruelle. L'regard qui s'amenuise, la patience aussi. Quoi ? qu'il ricane presque, en glissant un regard dans la rue d'où ils viennent. Qu'le soleil commence à éclairer, qu'les rayons s'apprêtent à dévorer. Mais qu'pour l'moment, ils les ont pas encore touchés. Qu'ils ont pas encore perdu, finalement. Qu'l'aube n'a pas été assez rapide, même s'ils sont pas montés en haut d'la colline, même s'ils sont pas allés au bout d'la cage. Et l'ton froid et féroce, en guise de self-défense, quand il vrille ses yeux aux siens. J'vais pas venir te border, Everdell.

Et puis, qu'il pouffe, en la poussant dans le dos tout en s'assurant qu'elle s'effondre pas sous ses yeux. Aimerait bien, Nox, à cet instant. Avoir la force, l'énergie, la volonté. D'l'abandonner là. Qu'il lui fait passer le hall de l'immeuble, qu'les escaliers s'annoncent à eux et qu'il la retient, juste encore un peu. Qu'il se glisse dans son dos, enfonce son corps au sien une fois encore, en approchant ses lèvres de son oreille. Allez, Nora. Dernière ligne droite. La colline est p't'être pas celle qu'on croit. Et alors qu'tout laissait croire qu'il allait s'enfuir, parce que ça serait sûrement plus facile, qu'il s'engage dans son dos vers les marches. T'as vraiment cru qu'j'allais pas attendre que tu me condédie comme j'te l'ai appris ? Allez, grimpe, le wendigo, j'accepte de te border, même si tu m'avais promis l'contraire. Et qu'il fait face, Nox, avec le peu d'détermination qu'il lui reste. À s'dire qu'ils vont affronter le dernier round, qu'c'est bel et bien là, finalement, qu'ils vont s'enterrer. Mais qu'il a peur, Nox, qu'il a trop peur d'la laisser. Qu'il a peur d'être allé trop loin, qu'il a trop peur qu'elle crève, pour de vrai. Pour la laisser, pour suivre les règles. Qu'entre eux, y a jamais eu d'règles assez solides pour leur résister.

Parce qu'les règles sont pas faites pour nous, Nora,
qu'on les respectera jamais,
que j'te laisserai jamais,
pas même si c'est moi qui t'fais crever.





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